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https://togetpainout.wordpress.com/
30 janvier 2020
L’AUTOMUTILATION EN FRANCE
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L’automutilation en France [2020]
https://togetpainout.wordpress.com/
CONSEQUENCES
Cette ignorance au sujet de l’automutilation en France peut avoir des conséquences graves sur
ceux qui souffrent de ce symptôme. Trop souvent on ne comprend pas que l’automutilation est une
tentative de faire face à des émotions négatives, c’est une béquille, une solution, qui n’est certes pas
saine, pour réguler ces émotions. On oublie aussi trop souvent que l’automutilation est un symptôme
et non un syndrome, qu’elle témoigne d’un mal être ou d’un trouble mental et que même s’il est
naturel d’être choqué par un tel comportement, il faut avant tout s’inquiéter de la cause même de ce
comportement. L’automutilation reste encore perçue à tort comme le comportement d’un adolescent,
souvent féminin, qui chercherait à « faire son intéressant » ou exprimer une admiration sans limite
pour ses idoles. Les motivations des personnes qui s’automutilent ne sont pas considérées comme
légitimes et l’automutilation est vue comme immature et propre à l’adolescence, d’autant plus que la
plupart des papiers français se focalisent sur l’automutilation des adolescents.
Ce comportement n’est donc pas pris au sérieux et les concernés obtiennent rarement de l’aide
car on estime souvent que « ça lui passera », que l’adolescent arrêtera en grandissant. La
stigmatisation de ce symptôme pousse aussi ceux qui en souffrent à garder ce comportement secret
au lieu de chercher de l’aide, de peur d’être jugés. Ils peuvent également se sentir coupable et avoir
honte si eux-mêmes ont intériorisés les idées préconçues et se reprocher de ne pas avoir de souffrances
légitimes ou d’être immatures, surtout chez les adultes. De plus, le manque de ressources sur
l’automutilation en français rend plus difficile pour les personnes qui ne parlent pas anglais (souvent
les enfants et les adolescents) d’obtenir de l’aide et d’accéder à des informations seuls. On ne parle
jamais de l’automutilation dans les médias et aucune prévention n’est faite à l’école (sauf pour
quelques comportements autodestructifs comme la consommation d’alcool ou de drogue, le
tabagisme ou les relations sexuelles non protégées). Une personne qui souffre d’automutilation, qui
n’ose pas en parler à ses proches ou à des professionnels de la santé de peur d’être jugée et qui ne
peut pas comprendre les informations en anglais se sentira non seulement incomprise mais ne se
comprendra pas elle-même. Son isolement ne fera qu’accroitre la souffrance qui la pousse déjà à
s’automutiler. Un adolescent qui s’automutile et à qui on n’apporte aucune aide en pensant que ce
comportement « lui passera » avec l’âge continuera à vivre dans la souffrance car les causes du
symptôme n’auront pas été traitées : l’automutilation cessera peut-être effectivement mais sera
remplacée par une autre forme d’autodestruction comme l’alcoolisme. Si ce n’est pas le cas, sans
« béquille », ne se mutilant plus, la personne en souffrance pourrait ne plus parvenir à faire face à son
mal-être et dans le pire des cas se suicider.
La compréhension du public sur la santé mentale s’affine mais plus d’information et de
discussion sont encore nécessaires pour sensibiliser le public à l’automutilation en France et mettre
fin à la stigmatisation de ce symptôme.
Reference
Trybou, V., Brossard, B., & Kédia, M. (2018). Automutilations: Comprendre et soigner. Odile Jacob.