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1. INTRODUCTION
En France chaque année, plus de 10.000 personnes meurent par suicide et 160.000 font une TS.
Le suicide est la 2ème cause de mortalité pour les 15-34 ans.
Le sujet reste tabou. Dans beaucoup de pays il est sanctionné la loi et stigmatisé par beaucoup de religions.
Le geste suicidaire est ambivalent : il est tantôt perçu comme un acte noble ou détestable, un signe de courage
ou de lâcheté, un acte imprévisible ou longuement préparé, un acte rationnel ou fou, un appel à l’aide ou une
marque de retrait social, une marque de la liberté de l’homme ou de son aliénation.
Ces facteurs ralentissent la prévention : le suicide reste perçu comme une destinée (hérédité, transmissibilité)
imprévisible et impossible à prévenir.
La prévention du suicide passe autant par l’accroissement des connaissances que par la prise en compte des
idées inconscientes et des croyances de chacun.
• Une amélioration du diagnostic et de la PEC : pour les TS et ceux qui sont habités par des idées
suicidaires.
• Une amélioration des compétences des équipes de soin : une meilleure conscience des
représentations, croyances et pensées à propos du suicide et la maladie mentale.
• Une amélioration de l’information de la population et des médias. Car il est possible de reconnaître
précocement la crise suicidaire, de développer la connaissance du rôle des facteurs de stress. Ceci
permettrait d’accréditer l’idée de la nécessité de se doter de réseaux de prévention et de soin
opérants et faciles d’accès. Passer des messages sur le rôle positif du sommeil, d’une alimentation
équilibrée, d’un environnement sans drogue ou alcool.
Il convient de mettre en place aussi des actions plus ciblées en direction d’un public plus spécifique qui est
amené à côtoyer les personnes présentant un risque suicidaire : les personnels des lycées et collèges, des
associations de chômeurs, de policiers, d’homosexuels, d’alcooliques, des personnes qui ont en charge les
populations précarisées (SFD, RMIs, détenus, migrants, …).
En résumé, la stratégie de prévention doit être dirigée en direction des personnes à risque, de leurs proches,
des équipes de santé mentale (il existe un lien entre certains troubles mentaux et le suicide) et les décideurs au
plan politique et économique de la mise en place de la politique de prévention.
• Médicaments : antidépresseurs, lithium, neuroleptiques (psychoses).
• Psychothérapie : thérapies orientées en direction de la résolution des problèmes immédiats, celles
qui cherchent à améliorer l’image de soi, les sentiments de compétence personnelle.
• Accès aux moyens : « L’accès immédiat à une méthode définitive de suicide est un facteur majeur
de suicide ». (O.M.S, 2002). La réduction de la consommation d’alcool, un accès plus difficile aux
armes à feu, des ouvrages d’art mieux protégés, des médicaments plus difficiles à obtenir.
1.2. La prévention du suicide en France
La France est l’un des pays industrialisés qui a le plus fort taux de suicide : en vingt ans, le nombre des décès
par suicide a augmenté de 50% (Beaudelot & Establet, 2006).
Le suicide est la 1ère cause de mortalité chez les 25-34 ans.
Trop de personnes, accueillies aux urgences après une TS, en ressortent en moins de 24 heures. Le plus
souvent, elles n’ont bénéficié que d’une évaluation psychiatrique sommaire débouchant rarement sur un suivi
psychologique à l’extérieur. D’autres sont dirigées vers un service de psychiatrie, même en l'absence de troubles
mentaux. Cette orientation est souvent mal comprise par les familles, et dissuade toute prise en charge sur le
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long terme. Pourtant, un grand nombre de suicidant rechutent l'année suivante. Un geste qui, pour 10% d'entre
eux, est définitif.
1- Les personnes qui veulent se suicider ne donnent pas d’indication sur leur intention à
leur entourage avant de le faire.
Vrai - Plutôt vrai -- Plutôt faux - Faux
5- L’amélioration qui suit une crise suicidaire signifie que le risque est passé.
Vrai - Plutôt vrai -- Plutôt faux - Faux
9- Les personnes qui menacent de se suicider ne le font que pour attirer l’attention
Vrai - Plutôt vrai -- Plutôt faux - Faux
10- Les personnes qui pensent au suicide souffrent souvent d’une maladie mentale
Vrai - Plutôt vrai -- Plutôt faux - Faux
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1.3. Définition actuelle de la crise suicidaire
• Cette crise constitue un moment d'échappement. Elle survient suite à l'installation d'un état
psychologique plaçant la personne dans un état de vulnérabilité à l'égard de son équilibre
relationnel habituel. Cet état est réversible et temporaire. Cette crise peut être représentée comme
la trajectoire qui va du sentiment péjoratif d'être en situation d’échec à une impossibilité ressentie
d'échapper à cette impasse. Elle s'accompagne d'idées suicidaires de plus en plus envahissantes
jusqu’au passage à l'acte. La tentative de suicide ne représente qu'une des sorties possibles de la
crise, mais lui confère sa gravité.
• La crise suicidaire n'est pas un cadre nosographique simple. C'est un ensemble sémiologique
variable en fonction des sujets, des pathologies associées des facteurs de risque et des conditions
d'observation. Elle peut être difficile à identifier...»
Cette définition met l'accent sur la notion de crise et son caractère réversible et temporaire. A partir de là, il
devient possible d'intervenir à chaque étape du processus suicidaire même quand l'urgence est avérée. 60% des
personnes décédées par suicide ont consulté un professionnel dans le mois qui a précédé leur geste ; parmi eux,
seuls 3% bénéficiaient d'un traitement adapté à leur cas particulier. 2 remarques :
• Pour le patient : Pourquoi consulter un professionnel si la décision de mourir est prise ? Ceci
indique la forte ambivalence du sujet. Si une alternative valable lui était proposée peut-être qu'il
diffèrerait son geste ?
• Pour le professionnel : Le professionnel consulté est souvent un médecin qui a reçu une formation
au cours des 5 dernières années que dans 4% des cas.
Le clinicien doit se montrer attentif et vigilant quant à ses propres sentiments sur la vie et la mort et ne
pas émettre de jugement moral sur le discours du patient.
2. EPIDEMIOLOGIE
Un million de personnes décèdent tous les ans par suicide (O.M.S, 2002). Le suicide concerne plus
spécifiquement les pays riches. Aujourd’hui :
• La quasi-totalité des sociétés réprouve le suicide
• Il existe une relation générale entre la richesse d’un pays et son taux de suicide
• Les conduites suicidaires sont davantage le lot des jeunes et des anciens. Il frappe davantage les
personnes appartenant aux classes défavorisées des pays riches. L'Allemagne et le Japon sont
plus épargnés que la France (qualité de l’insertion sociale ?).
• La Chine est le seul pays où le suicide des femmes est supérieur à celui des hommes
• Le développement économique de l’Inde s’accompagne d’une augmentation du taux de suicide
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2.2. Le suicide en France
La France l'un des pays de l'Union Européenne le plus touché : 2 fois plus que l'Angleterre ou l'Espagne.
La France s'est laïcisée, la religion y a perdu de son influence. Or celle-ci protège contre le suicide, comme la
famille : les divorcés et les célibataires se suicident plus que les gens mariés.
Les régions bénéficiant plus de la modernité paraissent plus interactives et mieux armés contre la solitude.
2.2.2. Age
Ratio = 3 H / 2 F
Les F s’enferment moins dans le retrait et à font davantage appel aux ressources offertes par le réseau social et
médical. Si l’identité masculine est davantage remise en question par le chômage, il est aussi moins à l’aise pour
recourir aux services sociaux et aux bienfaits de la parole.
2.2.4. Profession
Le chômage faisait partie des facteurs de risque, au contraire, la surabondance des liens sociaux protège.
Certains milieux sociaux, certaines professions sont moins protectrices vis-à-vis du suicide.
Chez les hommes de 25 à 49 ans qui travaillent, le taux de suicide augmente quand l'on descend dans l'échelle
sociale : 15 pour 100 000 chez les professions libérales, 35 chez les artisans et commerçants, 40 chez les
ouvriers, 62 chez les employés : quand ces derniers occupent un poste administratif dans une entreprise, le
chiffre monte à 86.
D’une façon générale, plus le niveau de revenu est faible, plus la position sociale est basse (INED, 2005) et
plus les moyens choisis pour se suicider sont radicaux (pendaison, arme à feu) ; à l’inverse, on cède moins à la
tentation de disparaître quand le niveau social est élevé.
Selon Durkheim (1912) toute mise en relation du suicide avec une variable qui semble relever de la
psychologie est suspecte. A son avis, la sociologie serait à même d’expliquer à elle-seule le suicide dans son
entier. Pourtant, l’approche psychologique même si elle est limitée dans ses interprétations, permet dans ses
applications de venir en aide à de nombreuses personnes en détresse.
3.1. ASPECTS HISTORIQUES
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3.1.1. FREUD (1921)
• Les EVE agissent comme des influences directrices mais ne sont pas à l’origine des
comportements qui ont leur origine dans les expériences de l'enfance.
3.1.2. RADO (1969)
• Les interprétations concernent l’ici et maintenant où se trouvent les causes de l’échec adaptatif.
• Le passé du sujet n’a guère d’influence sur la situation actuelle.
• La guérison n’est pas due à une prise de conscience mais grâce à l’apprentissage de nouveaux
automatismes. Elle s’opère à partir du champ de la réalité quotidienne et non à partir du cabinet
du psychothérapeute.
3.1.3. LINDEMANN (1956; 1995)
• Dans la vie, il y a des événements inévitables, des situations à risque, des fragilisations
génératrices de tensions émotionnelles : naissance, mariage, deuil. Pour y faire face, l’individu
met en œuvre des mécanismes adaptatifs qui peuvent conduire soit à :
• L’acquisition de la maîtrise de la nouvelle situation
• Soit à l’échec et à une détérioration plus ou moins durable des facultés de
fonctionnement.
3.1.4 CAPLAN (1961; 1964)
• La maturité du moi dépend de 3 facteurs :
• La capacité de résistance au stress et à l’angoisse
• Le degré de réalité reconnue et affrontée pour résoudre le problème
• Les mécanismes adaptatifs
• L’individu vit dans un état d’équilibre émotionnel et son objectif est de maintenir cet
état.
En cas de d’échec, un nouvel équilibre doit se mettre en place, meilleur ou pire. Cette dernière éventualité
s'accompagne d'une augmentation de :
• La tension interne
• L’angoisse
• La désorganisation émotionnelle
L’issue de la crise dépend du type d’interaction entre le sujet et les personnes de son milieu émotionnel.
Pour Caplan (1961), l’intervention en situation de crise, s’inspire à la fois de la psychanalyse et des thérapies
brèves. Son ambition se limite à la disparition ou à l'allègement des symptômes spécifiques. Elle ne cherche pas
à reconstruire la personnalité et les questions posées au sujet sont du type :
• Pourquoi venez-vous maintenant ?
• Quelle forme d’aide attendez-vous ?
Il faut déterminer si le S possède ou non les ressources, pour rétablir son équilibre suite au stress subi.
Présence des ressources adaptatives Absence des ressources adaptatives
a) Perception réaliste de l’événement a) Perception déformée de l’événement
b) Soutiens adéquats b) Peu ou pas de soutien
c) Mécanismes de maîtrise adéquats c) Peu ou pas de mécanisme de maîtrise
d) Résolution du problème d) Non résolution du problème
e) Équilibre rétabli e) Déséquilibre persistant
L'entretien de crise doit permettre au clinicien d’évaluer le problème présenté par le sujet et d’intervenir
afin de diminuer le niveau d’intensité de la crise :
3.2. IMPLICATIONS PRATIQUES
Bien qu’un grand choc, puisse causer une crise, elle est le plus souvent le résultat d’une évolution allant d’un
état d’équilibre à un état de vulnérabilité qui peut culminer par une crise psychique aigüe. Elle peut conduire au
suicide ou la rupture psychotique quand le S a le sentiment d’avoir épuisé son panel de réponses.
Étymologiquement « crise » (du grec krisis, la séparation) renvoie à 2 notions, danger et opportunité. La crise
est un passage (cf. la crise de l’adolescence), un temps où la personnalité change, se transforme. De crise en
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crise, l'être humain naît et meurt. L'être humain est en quelque sorte programmé pour affronter les crises.
Les crises sont plus dangereuses quand la personne ne dispose pas d’un soutien social, que les événements de
vie stressants ne font pas l’objet d’une réponse socialisée. La personne se retrouve alors seule confrontée à son
impuissance et à ses sentiments d’incompétence, ouvrant sur la dépression et la souffrance morale.
3.2.3. L’avancement de la crise
Pour Seguin (2004), citant Aguilera (1995) : « Une crise est provoquée par une perception déformée de
l’événement et/ou par un manque de soutien adéquat, et/ou par l’absence de mécanismes de maîtrise adéquats.
L’intervention doit alors porter sur le ou les facteurs de déstabilisation. Lorsque la dimension cognitive est
défaillante, la situation est perçue comme étant menaçante, d’autant plus que l’individu en crise généralise les
répercussions négatives sur les objectifs futurs. »
Un facteur de sécurité et de solidarité s’est délité avec l’augmentation de la mobilité. Là où il existe et où il est
pratiqué, le rituel facilite l'entrée dans un processus de deuil et sa résolution. Le rituel permet l’apaisement et le
retour progressif à la vie quotidienne (veillée funéraire, mise en terre, quarante jours, couleurs du deuil)
3.3. Equilibre-vulnérabilité-crise aigüe
La crise peut durer entre 6 et 8 semaines. Après quoi, une solution –adéquate ou non - s’impose au sujet. Elle
peut se résoudre par un passage à l’acte dont le suicide.
3.3.1. État d'équilibre
C’est l’état habituel du sujet, il sait faire face à la grande majorité des difficultés de vie.
3.3.2. L’état de vulnérabilité :
L'incapacité à trouver des solutions conduisant au retour à l’équilibre induit des sentiments d'incapacité et de
dévalorisation personnelle augmentation de sa sensibilité au stress et partant, sa vulnérabilité psychique. À
cette étape, l’individu a épuisé son répertoire de réponses adaptatives habituelles. Il ne parvient plus à
évacuer une tension devenue trop intense. La personne évalue sa situation de manière négative ; ces
sentiments contribuent d’accroître la tension qui devient de plus en plus difficile à éliminer. L’épuisement des
ressources cognitives peut provoquer des émotions souvent négatives qui brouillent encore davantage sa
perception de la réalité. L’individu entre dans une phase de désorganisation et de confusion émotive. L’état de
déséquilibre prend alors graduellement le dessus et la personne se retrouve en crise.
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3.3.4. Résolutions possibles de la crise
A. Le sujet en crise est ambivalent : « Il existe un sentiment partagé entre le désir de mourir et le désir de
vivre. Si ce sentiment ambivalent est abordé par le médecin dans le sens du désir de vivre, le risque de
suicide est réduit. » (O.M.S, 2002)
B. Le sujet en crise est impulsif : Une TS est un phénomène impulsif et donc transitoire. Il est déclenché par
les évènements négatifs dont l’intensité est sans commune mesure avec la réponse suicidaire.
C. Le sujet en crise est rigide : Les troubles de la pensée (rigidité, égocentrisme) induisent : une constriction de
la pensée, de l’humeur et de l’action. L’idée de suicide demeure constante et unique, elle est incapable de
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concevoir d’autres solutions au problème.
Situer l’intensité de la crise sur l’échelle des 8 stades permet au clinicien de développer une stratégie de soin.
Plus ce niveau est élevé, plus le sujet est psychiquement vulnérable et ses capacités de jugement sont
amoindries. Souvent un état dépressif s’accompagne d’une rigidification de la pensée et se traduit par des
remarques du type :
• « J’ai tout essayé ! »
• « Il n’y a pas d’autre solution »
• « Personne n’est à ma place »
• Le sujet en crise a tendance à croire, du fait de son incapacité à se décentrer, que le clinicien
partage son point de vue et ses conclusions. Le jugement du clinicien est réputé sain. Sa pensée se
caractérise par la distanciation, l’analyse, la diversité des points de vue. Pour ces raisons, il est
capable d’empathie et de nouer une alliance avec la personne.
L’entretien de crise permet de déterminer le stade où se situe le sujet. Les réponses thérapeutiques sont
fonction de l’intensité de la crise suicidaire. Un sujet qui évoque l’idée suicidaire mais qui n’a pas encore trouvé
ni le moyen - ni le lieu - ni le moment n’est pas dans un état d’urgence extrême et le clinicien peut sonder la
présence de ressources positives dans l’entourage. Comme le passage à l’acte n’est pas envisagé à CT, des ECs
peuvent être mis en place et le sujet être orienté vers un psychothérapeute.
La meilleure façon de s’assurer de l’intentionnalité est d’interroger directement la personne. Parler de suicide
ne précipite pas l’acte. Le S est en fait reconnaissant et soulagé de pouvoir parler librement.
La durée d’une crise suicidaire qui est habituellement de 2 mois, peut se trouver singulièrement
raccourcie du fait que la personne souffre de maladie mentale, qu’elle est adolescente ou encore
qu’elle a des antécédents de tentative de suicide.
COMMENT ABORDER LA QUESTION DU SUICIDE ? (O.M.S, 2002)
Il n’est pas facile d’interroger une personne sur son intentionnalité suicidaire.
Il est utile d’aborder ce risque graduellement en s’aidant de questions telles que :
• Etes-vous triste ?
• Vous sentez-vous non aimé ?
• Trouvez-vous que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue ?
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• Avez-vous l’intention de vous suicider ?
• Isolement : tendance de plus en plus nette au retrait social, apparition de conduites d’évitement
des relations avec parents et/ou amis
• Attirance exagérée pour le thème de la mort ou de la vie après la mort
• Don d’objets significatifs : cadeaux, lettres
• Classement des affaires, mise en ordre
• Réconciliations spectaculaires
• Intérêt soudain pour les armes
• Planification du moyen
• Consommation brutale et abusive d’alcool, drogue ou médicaments
• Dégradation des soins apportés au corps ou négligence de plus en plus affirmée de la tenue
vestimentaire
• Visites chez le médecin
• Modification du comportement alimentaire (modification du poids de plus de 5%)
• Troubles du sommeil ou de l’endormissement
• État de fatigue perpétuel
• Tentative de suicide
• Signes psychologiques et affectifs
• Pessimisme
Ils peuvent être interprétés comme des signes d’un projet suicidaire. Après la TS, l’entourage se reproche
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souvent de ne pas avoir interprété ces messages, de ne pas les avoir pris suffisamment au sérieux :
- « Je suis tellement fatigué que je ne veux plus me réveiller, simplement dormir, dormir, encore dormir. »
- « Bientôt, je ne poserai plus de problème à personne. »
- « Vous verrez bien quand je ne serais plus là ! »
- « De toute manière, j’ai toujours été un nul ! »
- « Vous aurez bientôt une surprise. »
- « La vie n’est que souffrance. »
- « Ça fait trop mal, je n’en peux plus ! »
- « Des fois, je pense que la vie ne vaut pas d’être vécue. »
- « Je suis allée chez le notaire. »
Ces messages indiquent la maturation du projet suicidaire. Plus directs, ils laissent à l’entourage moins la
possibilité de ne pas entendre le désir de mort :
- « Je n’en peux plus. Je veux mourir »
- « Est-ce que tu as pensé au suicide ? »
- « Je veux arrêter de vivre. »
- « Je n’ai plus d’autre alternative »
- « S’il n’y avait pas mes parents, ma petite sœur, ça fait longtemps que je l’aurais déjà fait ! »
- « J’ai acheté une carabine. »
- « J’ai tout ce qu’il faut pour le faire. »
- « J’ai pris mes dispositions. Vous trouverez mon testament dans ma chambre. »
La résilience = aptitude des individus et des systèmes (familles, groupes) à vaincre l'adversité ou une situation
de risque. Cette aptitude évolue avec le temps ; elle est renforcée par les facteurs de protection.
Par ex : dans la maltraitance, il a été montré qu’une majorité de personnes avaient surmontent le traumatisme en
l’absence de toute intervention spécifique, simplement parce qu’elles en avaient spontanément la capacité.
S’il existe des facteurs psychosociaux pour aider à surmonter des épreuves, il y en a d’autres qui ont un effet
contraire. Ces capacités se mettent en place à l’enfance. A tout âge, la personne est capable d’apprendre de
nouvelles compétences et de changer.
4.3.1. Facteurs positifs de la résilience
Évaluer l’urgence ou l’imminence du passage du passage à l’acte =f (présence d’un scénario, son réalisme
et l’absence d’alternative autre que le suicide).
4.4.1. En urgence faible, une personne qui au STADES = 1 - 3
• est dans une relation de confiance établie avec un praticien
• désire parler et est à la recherche de communication
• cherche des solutions à ses problèmes
• pense au suicide mais n’a pas de scénario suicidaire précis
• pense encore à des moyens et à des stratégies pour faire face à la crise
• n’est pas anormalement troublée mais psychologiquement souffrante
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4.5. LA DANGEROSITE
Dangerosité du scénario suicidaire = f (létalité & facilité d’accès direct aux moyens, facteurs de risque).
Facteurs de risque = âge (nombre élevé de morts par suicide > 75 ANS) & des antécédents de TS.
4.6. EN RESUME :
■ Sexe
Trois fois plus d’hommes réussissent leur suicide (1 point )
■ Âge
Risque suicidaire élevé avant 19 ans, et après 45 ans (1 point)
■ Dépression, désespoir
Les déprimés se suicident 30 fois plus que la population générale (2 points)
■ Statut marital
Veuvage, divorce, séparation et vie isolée augmentent le risque (1 point)
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■ Organisation du suicide
Une intention non ambivalente, et des moyens de mise en œuvre efficaces sont des facteurs de risque
décisifs. Communication non verbale indirecte (dont testament, lettre, …) (2 points)
■ Néant social
Absence ou perte de liens significatifs ou de statut social (1 point)
■ Sévérité de l’intention
Maintien de l’intention de mourir, incapacité de garantir ses gestes ultérieurs (2 points)
6. LA CONDUITE DE L’ENTRETIEN
La personne en crise suicidaire peut être motivée à recevoir de l’aide afin de réduire le niveau d’angoisse.
L’intervention doit être immédiate car le sujet est ambivalent, impulsif et fait preuve de rigidité cognitive.
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Encourager l’exploration et l’expression des émotions afin de diminuer le sentiment de détresse.Cela permet de
briser l’isolement dans lequel se situe la personne suicidaire. La formulation de la crise
6.6. La formulation de la crise
Il est un moment où le sujet a besoin de se sentir validé dans son ressenti avant toute approche cognitive.
Quand l’interprétation du clinicien a été validée alors il est possible d’aborder les intentions suicidaires.
C’est à ce moment que le clinicien peut introduire la dimension cognitive de la compréhension de l’événement
déclencheur. Il serait en effet vain de vouloir raisonner ou apporter des solutions à une personne submergée par
ses émotions.
• Aborder directement les intentions suicidaires
« Est-ce que tu souffres au point de vouloir te suicider ? »
« Est-ce que tu as pensé à la manière dont tu pourrais te suicider ? »
• Écouter et permettre l’expression des émotions
« Dis-moi ce qui te fait mal au point où tu voudrais te suicider. »
Il est un moment où le sujet a besoin de se sentir validé dans son ressenti avant toute approche cognitive : face
aux émotions, le clinicien s’abstient de faire appel aux capacités d’analyse et de compréhension en utilisant des
termes tels que : « Ne pensez-vous pas que… » ; « Je pense que… »
Ce n’est que dans un deuxième temps, que le clinicien propose une compréhension cognitive
des événements qui ont mené à la crise (Recadrage cognitif)
6.7. Briser l’isolement
Le but de l’intervention de crise est de briser l’isolement du sujet. La mobilisation du réseau peut s’avérer
efficace pour désamorcer une crise aiguë.
6.8. Etablissement d’ententes
L’établissement d’une entente claire peut constituer une entente de non-suicide ou un report de l’échéance du
passage à l’acte suicidaire. Durant cette “ période d’accalmie ”, la personne dispose de temps pour réaliser les
démarches prévues et cheminer graduellement vers une résolution positive de la crise. Un suivi doit également
être planifié dans un bref délai, (souvent <24 heures), et un numéro d’urgence (24/24) doit être remis.
C’est grâce à l’évaluation de l’urgence suicidaire que le clinicien peut passer une entente : « Promets-moi d’être
là lundi à huit heures ! », « Que tu ne prendras pas de cachets ce week-end » ou encore, « Si tu te sens trop mal
appelles-moi. » ou encore « Passes à la consultation même si tu n’as pas de rendez-vous. Je te recevrai. »
6.9. La question du secret
Le clinicien doit, après évaluation, mettre au courant les proches, les parents de la personne
6.10. La place de la famille
Le clinicien doit nouer une alliance en priorité avec des personnes perçues comme ressource par le patient.
Le contact avec les professionnels peut être interrompu pendant une durée plus ou moins longue au cours de
laquelle le passage à l’acte demeure possible (beaucoup de tentatives de suicide en lieu le week-end). nte.
A cette occasion, le clinicien peut :
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• Maintenir ou restaurer le lien affectif du sujet malgré ses tentatives à s'isoler
• Eviter l’accès aux moyens pour s’auto-agresser
• Etre attentive aux signes évolutifs de la crise
• Renforcer au sein de la famille la capacité de mettre en mots, les tensions ressenties
• Favoriser les initiatives positives de la personne
6.11. Proposer des alternatives valables
La personne suicidaire est ambivalente / a réalisation de son projet. Elle a accepté la rencontre et espère entendre
un discours susceptible de proposer des alternatives réalistes à sa décision. Ces propositions ne peuvent
intervenir qu’en fin d’entretien et si la personne est apaisée.
• Planifier des démarches simples et réalistes que le sujet est capable d’entreprendre et dont elle peut
rendre compte. Claires et précises, elles ne doivent pas submerger les ressources du sujet..
• Etablir des ententes afin d’assurer un suivi à court ou à moyen terme
6.12. L’après-crise
Après une crise aiguë, on peut observer une amélioration. Les membres de l’entourage et les intervenants
peuvent se démobiliser. Le sujet reste toutefois vulnérable. La période qui suit une crise suicidaire est
considérée comme une période à risque.
7.1. LA DEPRESSION
Une tristesse généralisée, une perte d'intérêt ou de plaisir dans la plupart des activités et un ralentissement de
l'activité intellectuelle et motrice ( tlj > 2 semaines ).
Les symptômes de la dépression recouvrent en réalité plusieurs mécanismes physiologiques distincts. Ceci
explique pourquoi les antidépresseurs ont un effet bénéfique sur certains patients et pas pour d’autres.
La dépression relève de plusieurs attributions causales. Elle résulterait de la rencontre d’une prédisposition avec
un certain nombre de circonstances défavorables. Parmi celles-ci, on distingue :
7.1.2. Les facteurs environnementaux de la dépression
La dépression est un désordre où certaines émotions sont vécues de façon très intense.
Les désordres psychotiques sont plutôt des désordres de la pensée.
Mais l’intensité émotive d’une dépression amène également des problèmes d’ordre cognitif.
7.1.5. Dépression à l’enfance et à l’adolescence
Les problèmes psychiques chez les enfants et les adolescents, et en particulier la dépression, sont souvent sous-
estimés. Pourtant, plus de 2% des enfants et de 5 à 10% des adolescents souffriront de dépression.
Traits pouvant accompagner la dépression chez l’enfant et l’adolescent :
Près de 95% des suicidés ont une déficience en sérotonine. Ces déficiences sont 3 fois plus fréquentes chez ceux
qui planifient le plus rigoureusement leur suicide et qui, par conséquent, le réussissent le plus souvent.
Le taux de sérotonine = un facteur de prédiction rigoureux du suicide ?
7.1.8. Symptômes d’un trouble dépressif (DSM-IV, 1996)
En résumé, un changement drastique de toute conduite et tout sentiment ou par des bizarreries.
Le risque de suicide chez le schizophrène est aggravé dans les cas suivants :
CONCLUSION
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« Le suicide n’est pas une fatalité ».
Il s’agirait de combattre l’isolement social et affectif des plus fragiles dans une période où sont chantées les
bienfaits de l’individualisme et la liberté.
L’air du temps incline au repérage des facteurs de risque, ainsi le dépistage des facteurs de risque dépressif
permettrait-il de traiter médicalement les déprimés potentiels !
Les psychologues ont, aux côtés d’autres cliniciens, un rôle à jouer dans la prévention des conduites suicidaires.
Comme il s’agit « d’un état réversible et temporaire », il importe d’être convaincu que le but princeps est
d’empêcher la personne de passer à l’acte.
Trop d’« idées-reçues » entravent la prise en charge, le suivi et l’appropriation des savoirs par le plus grand
nombre.
Loin d’être un tabou, cette question peut être débattue au sein de la population.
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POTENTIEL SUICIDAIRE
FACTEURS DE RISQUE
Suicide = faillite de la communication. Toute TS vise à donner un sens à la vie. 15% meurent dans les 5 ans
d’une TS.
Attachement insécure, donc anxieux. (p. 33 Doc C). MIO Modèle interne opérant de Bowbly : représentations
mentales (inconscientes). Propose des explications de la continuité du fonctionnement humain dans le domaine
affectif et familial. Les mécanismes en jeu dans la transmission intergénérationnelle des modalités
d’attachement peuvent expliquer des souffrances insupportables
Maltraitance physique ou morale, inceste, abus sexuel (p. 38 Doc C)
Difficulté à mettre des mots sur les émotions et les affects et à communiquer au sein de la famille. (p. 39 Doc C)
Alexithymie = « absence de mot pour les émotions » :
- l'incapacité à verbaliser les émotions ou les sentiments ;
- la limitation de la vie imaginaire (absence de rêves, de fantasmes, de rêveries) ;
- la tendance à recourir à l'action pour éviter ou résoudre les conflits ;
Défaillance du processus d’introjection perte de contact avec soi-même, difficultés de symbolisation, actes
symptômes pour évacuer affects intolérables, transmission de génération en génération (p. 41 Doc C).
Nous pourrions dire que le style d’attachement, le mythe familial, les cartes du monde de chacun, les
événements de vie, etc… constituent un « assemblage » qui peut expliquer l’émergence de la tentative de suicide
chez un individu.
L’individu perçoit la situation où il se trouve comme un problème insoluble, une impasse dont il ne peut sortir
que par la mort (p. 45 Doc C).
Le chômage fait partie des facteurs de risque, au contraire, la surabondance des liens sociaux protège.
L’hypothèse n-1 : « Tout marchera mieux après moi » (p. 47 Doc C).
Difficultés d’individuation
- S'il lui apparaît impossible aussi bien de rester dans sa famille que de la quitter et s'il ne peut parler nulle part
de l'impasse dans laquelle il se trouve, tant dans la réalité que dans le fantasme ; si la famille dans son ensemble
ne peut envisager le départ de l'un de ses membres sans se sentir menacée de destruction et si même le simple
fait d'envisager sérieusement cette éventualité est déjà une agression, alors la tentative de suicide devient
inéluctable pour peu qu'en plus, mal dans un corps qui devient sexuellement adulte, l'adolescent contraint à une
identité sexuelle irréversible rejette inconsciemment ce corps sexué plus ou moins haï pour ce qu'il est et pour ce
qu'il mobilise comme désirs. (Arligui, 1999)
- La tentative de suicide est la métaphore de l’autonomie vécue comme une menace de séparation de la famille
d’origine. La tentative de suicide est une sorte de répétition générale qui préfigure le départ de l’adolescent ou
bien de l’adulte jeune hors du cercle de famille. C’est comme s’il fallait tester les capacités du système familial à
supporter un tel départ à ce moment de son cycle vital. (Vallée, 1998)
1. Aider le S à acquérir une compréhension intellectuelle de sa crise, faire une hypothèse expliquant le
problème, déterminer le catalyseur, les symptômes, l’ampleur de la perturbation
2. Lui faire prendre conscience de ses sentiments actuels (colère, deuil inachevé), quelquefois
provoquer la décharge émotionnelle
3. Rechercher avec lui les mécanismes de maîtrise, trouver des moyens quelquefois originaux
4. Faciliter la réouverture sur le monde social
Le sujet en crise est : ambivalent (à aborder), impulsif (donc temporaire), rigide (souvent dépressif,
difficulté de trouver des solutions). L’intervention de crise suicidaire s’appuie sur le fait que la
personne est ambivalente et qu’un soulagement, même léger, de la souffrance peut différer l’acte.
Voir Jean
Dépend du niveau du stade d’urgence (phase d’idéation, phase où le suicide devient une intention,
phase de programmation de l’acte suicidaire) et éventuellement agir rapidement.
- Évaluer la nécessité d'hospitalisation en lien avec le médecin traitant, la nécessité de sécuriser
l'environnement.
- Informer la famille (avec accord du résidant) et l'impliquer dans la démarche d'accompagnement
1. Nouer une alliance : le sujet en crise a tendance à croire, du fait de son incapacité à se décentrer, que le
clinicien partage son point de vue et ses conclusions. Le jugement du clinicien est réputé sain. Sa pensée
se caractérise par la distanciation, l’analyse, la diversité des points de vue. Pour ces raisons, il est
capable d’empathie et de nouer une alliance avec la personne.
Reconnaitre l’état de crise (Parler de suicide ne précipite pas l’acte. Le S est en fait reconnaissant et
soulagé de pouvoir parler librement).
Apporter un soulagement immédiat à la souffrance de la personne. Permettre l’expression des émotions.
2. Évaluer son potentiel suicidaire à partir de la triple lecture des analyses RUD
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