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25 janvier 2020

Résumé by PM
Déontologie et éthique du psychologue : statuts, écrits, responsabilités

Véronique Barfety - 2019/2020

Notions déontologiques = les règles consensuelles choisies pour la pratique du métier,


évoquées dans le code.

Il s’agit de réfléchir aux bases éthiques (respect de la personne, consentement libre et


éclairé, secret professionnel) du code qui permettent le discernement nécessaire à
l’exercice de la profession de psychologue.

Le regroupement sera l’occasion de reprendre des textes qui vous seront diffusé tout au
long de l’année et de réfléchir ensemble aux questions déontologiques, statutaires et
éthiques que vous vous posez à partir de la clinique de vos stages.

Examen semestriel d’1h30 = une réflexion argumentée à partir d’un cas clinique en lien
avec le code de déontologie. Il ne s’agit d’écrire beaucoup mais ce qui est nécessaire et le
plus lisible possible. La présentation et la clarté de votre travail seront notées.

Statuts et exercice professionnel du psychologue :


Le titre de psychologue
L’usage du titre de psychologue est réglementé par la
- loi du 25 JUILLET 1985
- Article 44 en vigueur Modifié par Ordonnance n°2016-1809 du 22 décembre
2016 – art 12

TITRE Ier. MESURES RELATIVES A LA PROTECTION SOCIALE. CHAPITRE V. MESURES


RELATIVES A LA PROFESSION DE PSYCHOLOGUE. ARTICLE 44
Les personnes autorisées à faire usage du titre de psychologue sont tenues de faire
enregistrer sans frais, auprès de l’agence régionale de santé ou de l’organisme désigné à
cette fin, leur diplô me.
L’usurpation du titre de psychologue est punie des peines encourues par le délit
d’usurpation de titre prévu par l’article 433-17 du code pénal, soit 1 an
d’emprisonnement et 15 000€ d’amende.

A l’heure actuelle, seul le titre est protégé par la loi, l’activité ne l’est pas. Cela concerne
aussi bien l’exercice libéral que celui en institution privée ou publique. L’exercice
professionnel n’est pas protégé et les mésusages, que l’on connaît, ne peuvent être
sanctionnés. La protection du titre permet d’établir une unité par le titre qui reconnaît
une diversité des diplô mes recouvrant des enseignements diversifiés et des champs
d’intervention également variés.

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Différents statuts mais tous cadre A
- fonction publique hospitalière (FPH)
- fonction publique territoriale (FPT) : (cadre d’emploi médico-social des services
de l’aide sociale à l’enfance (ASE), de protection maternelle et infantile (PMI),
d’insertion, des services de gestion des ressources humaines, ou autre fonction des
institutions communales, départementales, régionales).
- protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)
- l’éducation nationale : (cadre d’emploi soit dans la spécialité éducation,
développement et apprentissages (EDA, écoles maternelles et primaires), soit
dans la spécialité éducation, développement et conseil en orientation scolaire et
professionnelle (EDO, établissements du 2d degré et enseignement supérieur).

La révision du statut de psychologue a été demandée par l’amendement n°AS 755 le


11 octobre 2019 :
Cet amendement a été déposé mais déclaré irrecevable par les services administratifs de
la séance de l’assemblée nationale pour des raisons constitutionnelles nommé « cavalier
» : la notion de cavalier renvoie à l’article 98 du règlement de l’assemblée nationale qui
permet à ses services de ne pas retenir un amendement s’ils estiment qu’il n’est pas
suffisamment en lien avec le contenu de la loi considérée.

Voilà un écueil directement observable de la multiplicité des ministères dont dépendent


les psychologues. Pour changer le statut du psychologue alors que tous les psychologues
ne travaillent pas au ministère de la santé, il est nécessaire que tous les ministères aient
la volonté au même moment de ce changement. Néanmoins et parce que le ministère de
la santé est plus gros employeur des psychologues, il est nécessaire qu’il initie ce
changement et travaille avec les autres ministères dont dépendent les psychologues.

FIR/DIRES :
Dans la fonction publique hospitalière, il est statutaire et ne peut dont être interdit. Dans
la fonction publique territoriale, il est évoqué mais sans aucune obligation d’en
permettre l’usage.
Le temps FIR représente une démarche personnelle du psychologue qui comprend :
- une actualisation des connaissances concernant l’évolution des méthodes et
l’information scientifique
- une participation, impulsion, réalisation, communication de travaux de
recherche.
Le psychologue est responsable de son temps FIR mais il doit en justifier à sa direction.
L’arrêté du 22 juin 2006 de la cour d’appel de Nancy « le temps FIR est un temps de
service dont le directeur peut contrôler non pas la nature mais son accomplissement
effectif en instaurant un contrôle du temps passé ».

Autorité hiérarchique
Du fait de son statut, le psychologue dépend du directeur d’établissement, sauf si celui-ci
délègue par écrit cette autorité à un représentant. Le directeur a pouvoir de nomination,
d’affectation, de gestion de carrière, de son avancement et de son éventuelle mutation
(Romano H (2014) le vade-mecum des psychologues ).
Dans certaines institutions les directeurs délèguent leur autorité hiérarchique à des

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cadres administratifs, voire à des cadres de santé qui gèrent habituellement les
personnels administratifs et paramédicaux. Ce glissement de compétences n’est pas sans
conséquence sur la représentation du métier par les directions et sur la place que
souhaitent leur donner les instances institutionnelles.

Déontologie du psychologue et son code :

Le statut du psychologue n’impose qu’une seule obligation, son diplô me.


Ses obligations sont objectives et impératives.

Les devoirs que chaque psychologue doit respecter sont définis par :
- la réglementation de son lieu d’exercice
- et par lui-même.
Ses devoirs sont subjectifs et renvoient chacun à sa propre éthique (Dupont M, Lebrun PB
(2019) Droit à l’usage des psychologues) et au code de déontologie des psychologues.

La déontologie = relève du domaine professionnel matérialisé par un code. Ni


individuelle ni personnelle, elle s’incarne dans des pratiques et oriente le travail des
professionnels. Elle établit des codes et énonce une loi à respecter.

La déontologie est le socle identitaire de la profession.

L’éthique = est le parti pris d’un sujet socio-désirant de décider, comme il peut, de suivre
ou de ne pas suivre, malgré ou grâ ce aux lois, les règles. Elle énonce des valeurs.

La réflexion éthique fonde l'essence même de la compétence

La morale : est sociale, propre à une communauté, un pays, un groupe. Elle prescrit un
devoir d’observance à l’égard du bien et du mal. Elle dicte donc des règles et des
impératifs de conduite.

Le code de déontologie de toute profession est d’abord une déclaration publique. Il


rassemble des prescriptions qui ont fonctions de règlements édictant des normes
assimilables à des règlements qui font loi. Bien qu’il s’inspire des principes généraux
portant sur le respect des droits de la personne, le code de déontologie d’une profession
voit son application limitée aux membres de cette profession. Lorsqu’il est inscrit au
code pénal, (médecin, avocat, architecte…), il détermine un cadre pénal ayant une
fonction de juridiction particulière pour la profession et ses normes sont alors
obligatoires.
Si la déontologie comporte une part de droit applicable aux professionnels, elle ne peut
s’affranchir des règles imposables à tous (article 40 du code de procédure pénale). Elle
n’a pas d’autre choix que de s’appuyer sur le droit commun et le droit professionnel (s’il
y a lieu) tout en préservant la dimension morale et éthique.

En ce qui concerne les psychologues, le code de déontologie vise à asseoir la


profession, à faire reconnaître ses compétences, la responsabilité, l’indépendance et
l’autonomie du psychologue à l’égard de l’usager et de la société.

Actuellement, le code de déontologie des psychologues n’a pas de caractère normatif


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obligatoire ni de caractère légal. Il n’est donc pas inscrit au code pénal et ne protège pas
l’exerce de la profession. Il propose des principes et des règles de bonnes conduites, des
valeurs communes.

Les 6 Principes généraux commencent par une précaution posant d’entrée la notion de
discernement et de réflexion éthique. Il s’agit là de faire remarquer que ce code s’entend
de façon générale et s’applique de façon particulière.

1. Respect des droits de la personne.


Les cadres législatifs national, européen et international s’imposent au psychologue. La
notion d’autonomie de la personne est énoncée renvoyant à celles d’information, de
choix, de compréhension et de décision de chacun.
Le secret professionnel est abordé pour la première fois dans le code.

2. Compétence

- le psychologue doit réactualiser ses connaissances : il s’agit de sa responsabilité


de compléter ses connaissances et sa compréhension de l’humain
- il y a des limites dans l’exercice de la profession de psychologue et c’est à celui-ci
de le déterminer.
- le psychologue doit travailler à se connaître, être supervisé afin de pouvoir faire
la différence entre lui et l’autre.

3. Responsabilités et autonomie

Il s’agit de la question de la responsabilité professionnelle du psychologue. Le


psychologue est responsable de ses choix, de sa parole et de ses actions. Il est pour cela
autonome dans ses choix professionnels. Il ne peut être imposé au psychologue une
façon de travailler, un outil spécifique, en contrepartie celui-ci est en mesure de donner
des arguments concernant ses choix.
Attention : en institution, autonome ne veut pas dire indépendant. Le psychologue
travaille en équipe et doit pouvoir éclairer les mouvements psychiques du sujet pour
aider à la compréhension et orienter les choix thérapeutiques. L’employeur peut lui
demander des comptes sur son emploi du temps, son organisation, le temps FIR…

4. Rigueur

Suite de l’article précédent concernant la valeur scientifique des choix professionnels du


psychologue.

5. Intégrité et probité

Le psychologue a une position professionnelle et doit faire absolument la distinction


entre le domaine privé et le domaine professionnel. Ses qualités de probité c'est-à -dire
d’honnêteté, de justice et de respect des règles sont attendues.

6. Respect du but assigné

La méthode utilisée doit être adaptée au but poursuivi. Il s’agit de déterminer un

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objectif, des moyens, et de s’arrêter à cet objectif. L’idée énoncée est aussi de se
questionner sur l’utilisation possible du travail psychologique par un tiers.

Le code se divise ensuite en trois grands titres.

Titre I : L’exercice professionnel

5 chapitres regroupant 33 articles. Le code s’applique aussi bien à un psychologue


salarié, quel que soit le secteur qui l’emploie, qu’à un psychologue libéral.

Article 2 : « La mission fondamentale du psychologue est de faire reconnaître et


respecter la personne dans sa dimension psychique. »

L’article 3 fait une liste exhaustive des activités du psychologue et des contextes dans
lesquels il peut intervenir.

Chapitre II pose les conditions d’exercice en particulier la reconnaissance des


spécificités des collègues et autres professionnels ainsi que le respect du secret
professionnel. Le psychologue ne fait pas partie des professions auxquelles le secret
professionnel est imposé intrinsèquement comme le médecin ou l’assistante sociale.
La question du consentement est ensuite abordée dans plusieurs articles.

Chapitre III aborde les modalités techniques d’exercice. Il n’y a pas de points complexes
dans cette partie.

Chapitre IV reprend l’idée de la communauté de pairs et de la définition des différents


cadres de travail.

Chapitre V aborde la question de la diffusion et de la capacité de discernement dans la


diffusion de la psychologie.

Titre II : Formation des psychologues regroupant 9 articles.

Pas de difficultés de compréhension à propos de ces articles. Ce qui est repris est la
notion de diffusion de la déontologie, de l’application de celle-ci aux situations de
formation et d’apprentissage et sur l’ensemble des écrits produits pendant la formation.
Il est indiqué également que les étudiants doivent être respectés dans leur position
d’étudiant et non considéré comme patient.

Titre III. Recherche des psychologues regroupant 11 articles.

Ces articles reprennent trois idées majeures : la démarche scientifique de toute


recherche, le consentement libre et éclairé et le plus exhaustif possible de la personne
participant à une recherche, la gestion des données acquises pendant et avant une
recherche en psychologie.
La charte européenne reprend les principes fondamentaux de respect, dignité,
consentement et confidentialité ainsi que les notions de compétence, de responsabilité
et de probité.
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Quel bilan ?

La déontologie est le socle identitaire de la profession. Il réaffirme les valeurs


fondatrices de notre identité professionnelle. Un seul code régit les conduites
professionnelles de tous les psychologues. Il s’applique quels que soient les champs et
les modes d’exercice professionnel. Il traite des conduites professionnelles mais pas des
pratiques en ce qu’elles se réfèrent à un modèle ou à une obédience théorique. Il énonce
des règles qui protège le public et indirectement le psychologue.

Ce qui est certain, c’est ce que l’exercice du psychologue doit s’accompagner de :

- d’une formation en déontologie : en cursus initial et/ou continue

- de conseils: possibilité pour le psychologue d’être éclairé sur les enjeux, les
conséquences, les alternatives à telle ou telle conduite.

- de réflexions/élaborations : analyse des pratiques, le psychologue doit s’engager à


participer à ce type de démarche. À travers des échanges sur les pratiques, cela
permet de favoriser l’émergence d’une réflexion, d’une distanciation sur sa
pratique. Cela permet, enfin, un ajustement des pratiques professionnelles,
notamment en articulation avec la déontologie.

- d’une supervision individuelle : travail sur soi dans l’accompagnement des patients
et/ou de groupe

Secret, discrétion, réserve : que dit la loi, quelle éthique ?

C’est un chapitre compliqué dans lequel nous pouvons nous perdre au regard des
interprétations de la loi.
Tous les professionnels d’une institution sont susceptibles d’être dépositaires des
paroles du patient et tous sont convoqués à des moments d’échanges et de réflexion en
équipe qui construisent cette vision unifiée du patient porteuse de sens.

A cet égard, la place du psychologue n’a rien de spécifique. Il est un des interlocuteurs
avec lequel le patient se raconte. Cependant, pour le psychologue, l’écoute, la manière de
recevoir et de traiter le discours du patient constituent autant de postures spécifiques à
sa pratique. Jusqu’où , sans la contrarier, peut-il ou doit-il, transmettre des informations
pour la compréhension pluridisciplinaire du fonctionnement d’un patient ?

Au fond, l’attention du psychologue porte sur ce quelque chose si difficile à partager : la


subjectivité du patient.
Entre les injonctions qui invitent :
- à dire, en termes d’exigences légales, éthiques et déontologiques,
- à se taire comme le « devoir de réserve » ou le secret professionnel, la voie est parfois
mince et subtile pour une parole échangée et partagée, laquelle pourtant absolument
nécessaire à la cohésion de l’équipe et du soin prodigué.

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Le secret professionnel

Il est possible d’être soumis au secret professionnel par :


- état : les ministres du culte (évêques, prêtres, pasteurs, rabbins, imans)
- profession (sanitaire, médico-social et social): assistants de service social,
infirmiers, sages-femmes, médecins, pharmaciens.
- fonction : voir la liste https://secretpro.fr/secret- professionnel/fiches-par-
theme/qui-est-soumis-au-secret
- mission temporaire : voir la liste https://secretpro.fr/secret
professionnel/fiches-par-theme/qui-est-soumis-au- secret

Depuis longtemps, les psychologues de la fonction publique considèrent être tenus au


secret professionnel du fait de leur statut administratif de fonctionnaire (et par
extension pour les contractuels travaillant en institutions publiques).

Les psychologues de la FPH considèrent être tenus au secret professionnel par l'article
L1110-4 du code de santé publique : il indique que [le secret] s'impose [...] à tous les
professionnels intervenant dans le système de santé. Les hô pitaux font partie du système
de santé.

Le secret porte sur : ce que le patient dit directement, ainsi que sur ce que le
psychologue entend ou déduit à propos de ce patient par le biais de la connaissance
d'éléments obtenus auprès d'un autre professionnel lui aussi soumis au secret.

Le code de déontologie fait référence au secret professionnel à plusieurs reprises :

Article 7 :" Les obligations concernant le respect du secret professionnel s’imposent quel
que soit le cadre d’exercice."

Article 19 : "(...) le psychologue évalue avec discernement la conduite à tenir en tenant
compte des dispositions légales en matière de secret professionnel. »

Or le code de déontologie des psychologues n'est pas légiféré.

Ce code est une norme déontologique mais pas une norme légale.

Toutefois le dernier ouvrage (Dupont M, Lebrun PB (2019) Droit à l’usage des psychologues)
sur le sujet ne considère pas les psychologues tenus au secret professionnel. Dans tous les cas,
le secret professionnel, même si le psychologue y est soumis, n’est pas opposable à la justice.

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Cet article plus général du code civil concernant le droit au respect de la vie privée est très
certainement celui qui n’est pas discutable et sur lequel s’appuyer dans le quotidien de
la clinique.

Dans tous les cas, pour permettre l’établissement de la relation thérapeutique, il faut un
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cadre, un balisage, des limites qui assure et protège la parole dans l’espace de la
rencontre. Le cadre est une notion issue de la pratique psychanalytique appliquée
ensuite à tous les développements de la psychothérapie.

Le cadre analytique classique est défini par des critères précis dont la confidentialité et
le secret sont des éléments essentiels du dispositif.

Le secret est le ciment d’une cohésion psychique chez le patient. En contenant le contenu
des pensées, le secret devient une sorte de « contenant- contenu » psychique, garant du
sentiment identitaire.

Ê tre exposé à un contenant défaillant met en danger cette relation thérapeutique mais
aussi le psychisme du sujet parfois fragile. La perméabilité des informations, déposées
dans un cadre rassurant et confiant, peut renvoyer le sujet à une éventuelle porosité de
sa propre enveloppe psychique et générer un vécu d’angoisse massif.

Un défaut de contenance met à mal le lien thérapeutique et entraîner chez des sujets une
confusion psychique liée à la réactivation d’une indifférenciation dedans/dehors.

Respecter la confidentialité, c’est éviter de favoriser un fonctionnement clivé, mode de


fonctionnement défensif inconsciemment privilégié chez beaucoup de patients.

Le secret partagé

En droit pénal, il n'existe pas de secret partagé.

En droit civil et administratif, si :


Article L1110-4 du code de la santé publique : "Lorsque ces professionnels appartiennent
à la même équipe de soins, au sens de l'article L1110-12, ils peuvent partager les
informations concernant une même personne"

La loi de modernisation du système de santé de janvier 2016 a étendu le partage des


informations de santé aux professionnels du médico-social et du social.
• Le décret n°2016-994 précise les modalités de partage d'information
entre professionnels du champ de la santé et ceux du champ médico-social
et social et il liste les professionnels (dont les psychologues) qui peuvent
partager des informations (sous conditions)
• Le décret n°2016-996 est relatif à la liste des structures de coopération,
d'exercice partagé ou de coordination sanitaire ou médico-sociale dans
lesquelles peuvent exercer les membres d'une équipe de soins.
• Le décret n°2016-1349 indique les conditions du partage d'informations entre
professionnels ne faisant pas partie de la même équipe de soins.

Pour remplir sa fonction de contenant, le secret partagé doit comporter des limites
claires et explicites :

Dans un fonctionnement institutionnel, ces limites sont les membres d’une même équipe
soignante. Au-delà , il peut y avoir transgression des droits de confidentialité du patient.

Toutefois, les psychologues travaillant aussi avec les médecins généralistes, il semble
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important de pouvoir éclairer les mouvements psychiques avec lesquels le patient est
aux prises lors du soin.

Il est fondamental de ne pas échanger avec le patient autour de ce que l’on a pu lire dans
les transmissions ou entendre lors des réunions, en somme autour de ce qui constitue la
réflexion d’équipe et qui ne doit rester que dans l’équipe.

Toutefois, certains soignants peuvent parfois accueillir des paroles et des


représentations, jusque-là indicibles, dans un cadre plus informel lorsqu’une alliance et
un lien fort de confiance ont pu s’établir.

Il leur revient alors de juger du bien-fondé à partager ces informations si cela leur paraît
utile à la dynamique de réflexion de groupe.

La pertinence à transmettre soumet souvent le soignant à une gymnastique intellectuelle


périlleuse, non des moins difficiles dans le travail institutionnel.

Obligation de discrétion et obligation de réserve

L’obligation de discrétion professionnelle : fait partie des obligations de tout agent de la


fonction publique, ne pas la respecter est une faute professionnelle susceptible de
conduire à des sanctions :

La discrétion professionnelle porte sur : les faits, infos ou documents dont les agents de
la fonction publique ont connaissance dans l’exercice de leurs fonctions. Ils ne peuvent
être déliés de cette obligation que par décision express de l’autorité dont ils dépendent.

L’obligation de réserve fait aussi partie des obligations de tout fonctionnaire. Elle est
définie comme un principe de neutralité du service public qui interdit au fonctionnaire
de faire de sa fonction l’instrument d’une propagande quelconque. La portée de cette
obligation est appréciée au cas par cas par l’autorité hiérarchique. Cependant, la liberté
d'opinion est garantie aux fonctionnaires (article 6 loi Le Pors)

Tous les psychologues de la fonction publique (titulaires ou contractuels) sont tenus à


l’obligation de discrétion et obligation de réserve
Les écrits du psychologue : que dit la loi, quelle éthique ?

Statut des écrits du psychologue :


Si l’on se réfère au décrit du 31 janvier 1991 qui considère le psychologue comme « un
acteur de la démarche de soin » le psychologue devrait renseigner le dossier patient.

Toutefois attention:
- avis 2006-1864 du 27 avril 2006 : les notes informelles mais achevées figurant au
dossier médical et ayant concouru à l’établissement d’un diagnostic entrent dans
ce cadre alors même que la qualité du professionnel de santé d’élu auteur n’est
pas avérée.
- avis 2020-2025 du 11 mai 2006 : les bilans psychologiques ne sont pas médicaux
sauf s’ils sont joints à un dossier médical.
(Romano H (2014) le vade-mecum des psychologues )

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Notes personnelles : Ce sont les écrits les plus sujets à confusion.
La dernière jurisprudence 2015 du tribunal administratif de Melun a statué que les notes
personnelles des psychologues font partie intégrante du dossier médical et sont
communicables à la demande. Donc même s’il s’agit de brouillons ou de documents
inachevés et du moment qu’elles participent à l’élaboration et au suivi de la prise en
charge du patient, les notes lui sont communicables.

Deux situations sont exclues de cette transmission :


- si suppression des notes à la fin du suivi
- si les notes sont recueillies à des fins de recherche. Dans ce cas précis, elles
doivent absolument être anonymisées et avoir été obtenues après le
consentement du patient de participer à une recherche.

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Dans le cadre d’une activité libérale, il n’est fait mention de rien. Les notes du
psychologue ne font donc pas partie du dossier médical et entrent dans le cadre du texte
de 2007 article L 111-7 du code de santé publique : tout usager pouvant avoir accès aux
informations le concernant.
(Dupont M, Lebrun PB (2019) Droit à l’usage des psychologues)

Attestation
Cf article 20 du code de déontologie :
Les documents émanant d'un psychologue sont datés, portent son nom, son numéro
ADELI, l'identification de sa fonction, ses coordonnées professionnelles, l'objet de son écrit
et sa signature. Seul le psychologue auteur de ces documents est habilité à les modifier, les
signer ou les annuler. Il refuse que ses comptes rendus soient transmis sans son accord
explicite et fait respecter la confidentialité de son courrier postal ou électronique.

L’attestation doit être réalisée par le psychologue à titre :


- professionnel : pour un patient sur laquelle il sera noté « attestation réalisée à la
demande de l’intéressé et remis à celui-ci pour faire valoir ce que de droit »
- privé : pour un ami ou un proche mais ne pas utiliser de papier en-tête de
l’institution
Toute institution engage celui qui l’écrit. Elle doit être rédigée avec prudence et
n’attester que des faits directement constatés. Par précaution, il peut être indiqué
« J’atteste de bonne foi et en fonction des éléments qui sont actuellement en ma
connaissance »
(Romano H (2014) le vade-mecum des psychologues )

Dossier psychologique
Pas de statut défini par la loi ou la réglementation. La commission d’accès aux documents
administratifs a rendu plusieurs avis sur la place spécifique du dossier psychologique :

« Ne sont pas considérés comme des documents médicaux les documents qui ont été établis
par une autorité administrative et non par un médecin, tels que le rapport d’un psychologue
ou d’un travailleur social, sauf s’ils font partie intégrante d’un dossier médical »

En pratique le dossier du psychologue contient des éléments relatifs à la vie psychique


du patient, d’éventuels protocoles / tests, des courriers, comptes rendus.
 Ces éléments peuvent être toutefois considérés comme partie intégrante du
dossier patient, notamment ne milieu hospitalier.
 En activité libérale, le dossier psychologique n’a pas à être communiqué au
psychiatre ou à d’autres professionnels.

Conservation des dossiers selon le Code de santé publique


• en service hospitalier : patient majeur = 20 ans, patient mineur = jusqu’à leur
28ème anniversaire, 10 ans à compter d’un patient décédé
• en activité libéral : conseillé pour majeur = 10 ans après fin de prise en charge,
mineur = jusqu’à leur 28è me anniversaire, 10 ans à compter d’un patient décédé
(Romano H (2014) le vade-mecum des psychologues )

Protection des données


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Depuis juin 2018, la France a adapté la loi informatique et libertés aux
recommandations européennes et mis en place le Règlement Général de Protection des
Données - RGPD.
Donnée à caractère personnel = toute information relative à une personne physique qui
permet de l’identifier directement ou indirectement :
- directement : par un nom, une photo, une adresse postale, un courriel, un numéro
de téléphone
- indirectement : par le recoupement de plusieurs informations comme l’â ge, le
sexe, la ville, les diplô mes, …
Dès qu’une base de données est créé, elle entre dans le cadre de cette loi. Les données
psychologiques entre dans cette définition.
Source : Dupont M, Lebrun PB (2019) Droit à l’usage des psychologues

Clé USB
Comme tout professionnel, le psychologue n’a pas le droit de stocker sur un support
numérique, des données susceptibles de permettre l’identification des personnes
concernées, sauf accord de la CNIL. Il est aussi formellement interdit de transférer les
dossiers des patients d’une institution sur une clé USB.
Pour les libéraux, ce transfert n’est autorisé que si et seulement si aucune donné ne
permet d’identifier le patient. La responsabilité pénale des professionnels est engagée.
(Romano H (2014) le vade-mecum des psychologues )

Les écrits du psychologue doivent donc répondre à une triple demande :


- la demande légale : le patient a rencontré différents professionnels pendant ses
soins, il doit y en avoir trace dans son dossier,
- la demande administrative qui est de valoriser le travail et de quantifier les actes,
- les attentes cliniques des médecins ou collègues désireux d’obtenir des
éléments cliniques, psychodynamiques, pour soutenir leur travail auprès du
patient et assurer du lien et une cohérence dans la PEC.

Les psychologues, comme tous professionnels de santé travaillant en institution, sont


soumis au devoir de tracer chaque « acte » dans le dossier unique du patient. Ainsi, dans
le cas de procédures juridiques, la trace écrite de la prise en charge permet de
démontrer que tout a été mis en œuvre en termes de moyens.

En effet, chaque patient a la possibilité de lire les écrits le concernant et d’obtenir un


compte rendu compréhensible de ses évaluations, quels qu’en soient les destinataires.

Toutefois, si la loi pose l’exigence d’une transmission de l’information pour permettre la


« traçabilité » du soin et la bonne information du patient, elle se désintéresse de la
transmission comme mode d’échange entre les acteurs de la prise en charge.

 Le dispositif légal laisse le champ libre au thérapeute de communiquer à l’équipe


soignante au regard de ce qu’il juge utile et opportun à la prise en charge du patient.

Mais cette liberté est toute relative, car elle demeure balisée par des exigences éthiques
et déontologiques…

En résumé, il existe différents niveaux d’exigences qui régissent, limitent et définissent le


contenu des transmissions :
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- la loi exige une trace précise du parcours du patients dans le soin.

- concernant la circulation des informations dans l’équipe ce sont plutôt des « valeurs »
éthiques et déontologiques qui en déterminent le contenu.

Le clinicien permet de prendre conscience des mouvements psychiques mobilisés dans


la rencontre avec le patient et de mieux percevoir ce que revêt le pouvoir excessif du
soignant. Si le psychologue doit rester maître du choix de ses techniques, il doit aussi
pouvoir éclairer la pertinence de ses analyses.

Les savoirs acquis doivent se transformer en une parole qui va s’inscrire chaque fois
dans une relation singulière. Une parole pour :
 le patient
 les proches,
 l’équipe,
 le médecin avec qui peut se discuter le choix d’une orientation, d’un mode de
prise en charge.

Cet échange, qu’il soit formel ou non, ne peut prétendre au dévoilement de l’intime du
patient. L’échange se situe donc dans cet interstice particulier qui articule
compréhension du sujet et prise en charge : rendre compréhensible les mouvements
inconscients du sujet, éclairer la fonction du symptô me, permettre d’entrer dans une
prise en charge du sujet qui prenne en compte plainte, demande, corps et psyché.
(Barfety-Servignat V (2019) La question du diagnostic psychologique en clinique de la douleur)

Il faut avoir, avant chaque acte de transmission (oral ou écrit), une réflexion éthique, de
penser les conséquences de sa pratique bien plus loin que l’ici et le maintenant.

Le psychologue engage quelque chose de lui-même, de sa propre responsabilité tant sur


le plan moral que juridique.

Finalement l’éthique

Si la morale énonce des principes, l’éthique les interroge.

Elle ne se réfère pas au collectif mais se définit bien plutô t comme l’art de diriger sa
conduite sur le plan individuel. Elle fait appel au sujet dans sa solitude, sa singularité,
réalisant un acte au plus près de la vérité, de ce qui lui paraît le plus juste, sans qu’un
jugement portant sur le bien ou le mal n’intervienne.

Par ailleurs, alors qu’il existe un statut juridique du corps de l’être humain, il n’existe
aucun statut de la psyché ni de ses productions.

Dans son éthique professionnelle, le psychologue doit être en mesure de faire le tri entre
le possible et l’impossible, entre le permis et l’interdit, savoir dire non lorsque le sujet
n’est pas respecté dans sa dignité, ne pas céder sur ce qui pourrait paraître comme un
intérêt d’ordre général au détriment de la vérité du sujet.

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L’éthique se trouve alors au centre de 3 questions :
Le désir : ce que je veux faire,
Le devoir : ce que je dois faire,
Le possible : ce que je peux faire.

La clinique nous confronte à des situations où ces 3 questions nous mettent en tension
entre :
- nos valeurs et représentations personnelles,
- notre éthique de vie et professionnelle,
- les valeurs de l’autre (patients, autres intervenants institutions, public, politique…).

Articles :
- Barfety-Servignat V (2019) La question du diagnostic psychologique en clinique
de la douleur. Annales Médico-Psychologiques. 177/4 : 352-357
- Bon N, Schoutith I (2019) Faites un écrit ! Le journal des psychologues. 2/364:
18-23
- Cohen P (2016) 30 ans après le titre : le code et la profession. Le journal des
psychologues. 5/337 : 18-25
- Le Bianic T (2013) Une profession balkanisée : les psychologues face à l’état en
France (1945-1985). Politix. 2/102 : 175-207

Sites :
www.codededeontologiedespsychologues.fr
www.sfpsy.org
https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid66177/psychologue-une-
profession-reglementee-en-france.html
http://www.psychologue-legislation.com/statuts.php
http://www.sfpsy.org/-deontologie-et-ethique-de-la-.html
https://psychologues.org/la-profession/
http://www.ffpp.net/index.php?option=com_jdownloads&view=download&id=96&Ite
mid=425
http://www.cncdp.fr
www.ccne-ethique.fr

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