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Éthique et déontologie – CM4

Le secret professionnel et le signalement ne peuvent pas être séparés, surtout


d’un point de vue juridique.

à Le secret professionnel est un mécanisme juridique qui sanctionne le fait de


répéter/révéler à des personnes qui n’ont pas à le savoir des renseignements qu’on a
appris en exerçant son métier.

Secret professionnel et signalement sont liés mais dans un rapport conflictuel/de


tension. Le secret professionnel a une sanction de la révélation des faits mais le signalement
impose dans certaines circonstances de signaler certaines choses, notamment les crimes
(ex : viol) à certaines personnes (comme un procureur de la république). Donc d’un côté on
ne peut pas parler et d’un autre on a un devoir de parler, ce qui est sanctionnable dans les
deux cas.

On se demande d’abord si les psychologues sont soumis au secret professionnel. Le


secret professionnel n’est pas une unité unique, c’est une unité très composite. Il est
prévu par plusieurs déontologies donc celle des psychologues. La différence entre le droit et la
déontologie est que le droit est obligatoire alors que la déontologie ne l’est pas. Les lois
sont à respecter. La déontologie n’est pas obligatoire car elle émane de personnes
privées. De nombreux codes de déontologies sont repris par une norme juridique mais
pas celui des psychologues qui n’a donc pas valeur de loi.

Le secret professionnel n’est pas unique même dans le droit, il y en a dans le droit
pénal mais aussi dans d’autres branches (civil, administratif, santé publique, social…). Toutes
ces branches évoquent à leur façon le secret professionnel. Le droit pénal sanctionne les
infractions au code et aux lois pénales et le secret professionnel en fait partie, son non-
respect est donc un délit sanctionnable. En droit administratif, les fonctionnaires sont
soumis au secret professionnel du code pénal. Le droit administratif distingue le secret
professionnel de la discrétion professionnelle. Pour un fonctionnaire, le secret
professionnel concerne les informations concernant le public (extérieur). La discrétion
professionnelle concerne ce qui se passe dans l’administration (intérieur). Mais en droit
civil, les juges emploient discrétion mais dans le sens de secret, cela concerne donc
l’extérieur. Par exemple un psychologue poursuivi en droit civil pour divulgation
d’informations sur le patient peut l’être pour la discrétion professionnelle. En effet, le droit
civil ne prévoit pas explicitement l’obligation de respect du secret professionnel.

à Exemple d’un psy qui a envoyé les résultats des tests neuropsy au patron de son patient qui
était envoyé à la demande de ce dernier. Le patient a été licencié après et a poursuivi le psy mais il
avait mis confidentiel sur l’enveloppe donc en soi il n’a pas violé le secret professionnel.

En droit on distingue client de patient : le client est celui qui paye la consultation et
le patient est celui qui consulte. Le patient a droit au secret professionnel vis-à-vis du client.
Le secret professionnel a commencé en droit pénal :

à Article 226-13 du code pénal : « La révélation d'une information à caractère secret par une personne
qui en est dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison d'une fonction ou d'une mission
temporaire, est punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. »

Pour les psychologues, on ne sait pas s’ils sont soumis au secret professionnel pénal. La loi
en elle-même suggère que toutes les personnes travaillant en France y sont soumises mais en
réalité ça n’est pas le cas. Pour savoir quels professions y sont soumises, il y a 3 façons :

- Si une loi le dit (fonctionnaires, assistantes sociales, infirmières) (pour les médecins
ce n’est pas une loi mais un règlement donc inférieur à une loi) ;
- Si les textes d’organisation de la profession le disent ;
- Si les juges le disent : décision jurisprudence de justice sur le fondement de l’article
226-13 (pas sur le fondement d’une autre loi ou un règlement).

Une dernière façon est si on le pense. C’est un peu ce qui se passe avec les psychologues.

Tout le régime juridique de la profession du psychologue est contenu dans l’article 44 de la


loi de 1985. Il n’y a aucune loi en France disant que les psychologues sont soumis au secret
professionnel.

à 1. Loi n° 85-772 du 25 juillet 1985 portant diverses dispositions d'ordre social

Chapitre V : Mesures relatives à la profession de psychologue (Articles 44 à 45).

Article 44 (Modifié par Ordonnance n°2016-1809 du 22 décembre 2016 - art. 12).

I - L'usage professionnel du titre de psychologue, accompagné ou non d'un qualificatif, est réservé aux
titulaires d'un diplôme, certificat ou titre sanctionnant une formation universitaire fondamentale et
appliquée de haut niveau en psychologie préparant à la vie professionnelle et figurant sur une liste
fixée par décret en Conseil d'État ou aux titulaires d'un diplôme étranger reconnu équivalent aux
diplômes nationaux exigés.

Les personnes autorisées à faire usage du titre de psychologue sont tenues de faire enregistrer sans
frais, auprès de l'agence régionale de santé ou de l'organisme désigné à cette fin, leur diplôme
mentionné au précédent alinéa ou l'autorisation mentionnée au II. En cas de changement de situation
professionnelle, elles en informent l'agence ou cet organisme. (…)

IV - L'usurpation du titre de psychologue est punie des peines encourues par le délit d'usurpation de
titre prévu par l'article 433-17 du code pénal.

Le code de déontologie le précise mais il n’est pas repris par une norme. Ce code de
déontologie existe et est important mais n’est pas repris par une norme, une loi, ni un
règlement. Donc, les psychologues ne sont pas soumis au secret professionnel par le code
de déontologie car ça n’est pas une norme mais ce code a son importance donc c’est un peu
oui aussi.

Il n’y a aucune décision de la cour de cassation ou du conseil d’état (hautes


instances juridiques) qui décide explicitement que la profession de psychologue est soumise
au secret professionnel pénal, alors que la cour de cassation s’est penchée dessus.

Donc, a priori, les psychologues ne sont pas soumis au secret professionnel pénal.
Cependant, en raison de la nature même de la profession et de son exercice, il y aurait toutes
les raisons qu’elle le soit. L’hypothèse la plus probable est qu’une majorité écrasante de
psychologues doivent respecter au moins un type de secret professionnel (civil).
En revanche, tous les psychologues FONCTIONNAIRES et/ou qui travaillent dans un
endroit soumis au secret professionnel pénal sont soumis au secret professionnel pénal.

à Secret professionnel pénal :

- La fonction publique territoriale, ce sont toutes les collectivités territoriales. De


nombreux psychologues en font partie (clinicien mais aussi du travail et des
organisations).
- Les psychologues du ministère de la justice peuvent aussi être cliniciens et du
travail.

• Le signalement
Il faut signaler certaines choses à certaines personnes. Tout ce qui est maltraitance,
infractions…

Une partie du signalement est dans l’article 226-14, qui dit que le secret professionnel
(226-13) n’est pas applicable dans certaines circonstances et pour certaines personnes.
Il ne dit donc pas qu’il est obligatoire de signaler, mais qu’il n’y a pas de sanction de la
révélation d’un secret. Mais cette signalisation n’est pas obligatoire.

à Hypothèses où le secret professionnel n’est pas applicable = Dérogation au SP :

- Pour quelqu’un qui informe les autorités judiciaires, médicales ou administratives,


de privation ou de sévices, y compris atteintes et mutilations sexuelles, si celles-
ci ont été accomplies sur un mineur ou sur une personne vulnérable (non défini)
à celui qui est soumis au SP PENAL, s’il signale au
juge/procureur/commissaire/directeur de l’ARS des privations/agressions commises
sur un mineur ou une personne vulnérable, il ne peut pas être poursuivi pour violation
du SP.
- Pour les médecins et les professionnels de santé à les mineurs, personnes
vulnérables et majeurs pour des violences/privations physiques et/ou psychiques
à PAS pour le psychologue car PAS professionnel de santé donc le psychologue qui
signale cela ne bénéficie pas de la dérogation et pourrait être condamné pour violation
du SP.
- Pour violences exercées au sein du couple MAIS pour médecins et professionnels
de santé donc PAS le psychologue.

Le psychologue libéral n’est pas soumis au secret professionnel pénal et ne bénéficie


donc pas de la dérogation. La loi n’oblige pas à signaler/dénoncer les crimes et délits.
Mais l’article 434-1 du Code Pénal dit qu’il y a en France une obligation de dénonciation
de crimes en train de se commettre/ dont les effets se poursuivent/ dont l’auteur peut
commettre de nouveaux crimes. Donc le psychologue libéral n’est pas obligé de signaler des
violences sur majeur.
Le psychologue soumis au SP pénal peut cependant signaler les personnes
dangereuses : possédant une arme ou ayant l’intention d’en acquérir une et qui est
dangereux pour lui-même ou pour autrui.

Article 226-14 : Pour les médecins et professionnels de la santé 1 et de l’action sociale.

Article 434-3 : tout le monde sur le territoire national doit signaler des
maltraitances/privations/sévices pour mineurs et personnes vulnérables à SAUF pour
les professionnels soumis au SP pénal (donc psychologues fonctionnaires). Mais donc le
psychologue non soumis au SP pénal (libéral par exemple) doit signaler (sauf pour un adulte
non vulnérable).

à Vulnérable : ne pas être en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son


incapacité physique ou psychique.

- Non-assistance à personne en péril (article 223-6)

AUCUNE DEROGATION à 2 cas :

o Alinéa 1 : Non empêchement d’infraction : si quelqu’un est en péril du fait


d’une infraction contre son intégrité corporelle, on doit empêcher ce
crime/délit ;
o Alinéa 2 : Omission de porter secours : si en péril pas à la suite d’une
infraction, on doit lui porter secours.

Du fait de l’absence absolue de dérogation pour cela, les juges ont assez vite poursuivi
les médecins pour non-assistance car ils ne pouvaient pas faire jouer l’option de conscience
(entre signalement et secret professionnel).

Article 226-3 : action immédiate n’a jamais voulu dure qu’il faut s’interposer. Action
immédiate correspond à prévenir les secours ou la police. Il faut donc soit porter
assistance soit prévenir les secours.

Péril était d’abord interprété comme un risque imminent pour sa vie puis c’est le risque
qui est devenu imminent et certain. Le risque doit être certain mais pas le péril.

à Cas : service de gérontologie avec maltraitances (brûlures de cigarette, nourriture à 100°,


obligation de douches froides sur une jambe) à le chef de service le savait et n’a pas dénoncé donc
a été poursuivi à relâché mais procureur a dit que l’option de conscience n’était pas valable pour
le 223-6 donc condamné.

à En 2000, cas d’un psy condamné car un enfant atteint d’une maladie grave placé chez une
nourrice agressé et violé par un autre enfant chez la nourrice à toute l’équipe a été poursuivie
pour non-dénonciation de sévices sur mineur et non-assistance à personne en péril.

Si on est soumis au secret professionnel, on peut toujours ne pas signaler pour l’option
de conscience. Mais de plus en plus il faut de bonnes raisons éthiques pour ne pas
signaler.

1
Différent de professionnels de santé qui sont listé dans le code de santé publique

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