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Résumé by PM
CHAPITRE 1
Origine des psychothérapies de groupe
la psychiatrie
» IV Influence de la psychosociologie
CHAPITRE 2
Les psychothérapies psychanalytiques : les grandes
1
2. H. Ezriel
2
3. E. Pichon-Rivière (1907-1978)
rêve
3. R. Kaës
CHAPITRE 3
Les psychothérapies non
corporelles
2. La bioénergie
3. La Gestalt-thérapie
4. Les thérapies
primales 5. Le rebirthing
6. L’analyse transactionnelle
existentielle 1. Thérapies
existentielles
3
2. Groupes de rencontre
IV Groupes comportementalistes
4
1. Thérapies comportementales
2. Thérapies cognitives
3. Les sexo-thérapies
CHAPITRE 4
Théorie du cadre
symbolisation
2. Caractéristiques du cadre
3. Institutionnalisation du
originaire
CHAPITRE 5
Mise en place du
processus
1. En fonction de la théorie
6. Besoins du patient
5
II Types de dispositifs et
verbale
6
2. Psychodrame
thérapeutique
Bibliographie
Index
7
Avant-propos
Les groupes présentent une certaine efficacité dans la réduction des symptômes, ils
absorbent une plus grande quantité de patients et sont + économiques en temps et en coût.
De par les contraintes de temps dans les institutions, de nouveaux travaux sur la théorie
de la médiation se sont multipliés au détriment peut-être de la théorie des groupes.
Par la réflexion sur les fonctions du cadre, les étudiants pourront prendre en compte les
variables mises en jeu (formation du thérapeute, type et âge des patients, environnement
institutionnel…). Le cadre n’est pas le même si le projet tend à la socialisation des enfants
ou s’il recherche l’interprétation des conflits intrapsychiques inconscients dans le transfert
avec des adultes névrosés, s’il s’agit à travers la métaphore du groupe d’aider un enfant
psychotique à reconstruire des enveloppes et des contenants fiables qu’il pourra introjecter.
La cohérence du cadre psychanalytique est un modèle souvent difficile à égaler, laissant
un peu orphelin les autres types de psychothérapies (toutes issues, à l’exception des TC,
soit de l’adaptation de cette cure type, soit des dissidences théoriques psychanalytiques).
Mais les limites de la cure psychanalytique et les théorisations récentes du cadre
thérapeutique permettent de penser les psychothérapies de groupe avec une certaine
cohérence et non plus comme des formes mineures d’un cadre idéal.
Les groupes thérapeutiques sont très proches des thérapies individuelles et des rituels
culturels. L’ethnologie offre de bons exemples de thérapies de groupe dont les cadres sont
parfaitement cohérents surtout au regard des références culturelles (mythes et institutions).
Le plus souvent reposant sur des rituels de possession, ces techniques thérapeutiques
impliquent des éléments répétitifs :
– il y a presque toujours un changement d’identité du possédé, ce changement de
personnalité se faisant sous la forme d’une crise extatique. Mais cette crise est rarement
anarchique, elle est orchestrée comme un rôle théâtral, elle s’intègre dans un culte
organisé, qui possède ses prêtres, son panthéon, et ses règles strictes ;
– l’aspect groupal et surtout social est prédominant, car les possédés sont toujours
entourés de spectateurs.
Toute société supporte mal les désordres, surtout s’ils sont induits par la maladie (et encore
plus par la folie). La société met en place des institutions comme les cérémonies – pour
sauvegarder son homéostasie, en donnant un sens au désordre et en proposant ces rituels
comme médiation entre l’individu et le groupe social.
Ces cérémonies sont des techniques de régulation, agissant à travers un univers
symbolique donneur de sens, et utilisant des techniques de jeu se plaçant dans l’espace du
spectacle (monde du théâtre avec la catharsis ou de l’illusion, avec la magie et les
techniques corporelles comme la danse). Chaque élément du rituel trouve sa justification
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dans le mythe thérapeutique.
À travers l’exemple du « tarentisme », nous allons montrer que les dispositifs peuvent être
très semblables ou pour le moins présenter certaines analogies avec ceux que les
thérapeutes de groupe mettent en place, à la différence cependant que la théorie est ici
remplacée par un mythe.
Le tarentisme : rituel de possession de l’Italie du Sud en 2 temps différents :
1. le rituel se fait de manière individuelle ; le tarenté est seul à entrer en possession et il
est entouré par des musiciens, véritables co-thérapeutes ;
2. une cérémonie collective où tous les possédés de l’année se retrouvent ensemble et
entrent en transe.
Dès qu’un individu se sent mordu par la tarentule (ou d’une araignée, un serpent, un
frelon…), il présente des symptômes (crise hystériforme, hallucinations…) qui doivent être
encadrés par un rituel. Celui-ci a lieu dans sa maison en compagnie de sa famille et de
musiciens spécialistes. Souvent, la musique attire les villageois. La musique jouée (une
tarentelle) doit permettre d’identifier l’animal possesseur et de l’éloigner du possédé.
La cérémonie est donc très proche dans le temps et dans l’espace de la crise initiale
(initiatique). Ici, c’est le tarenté qui décide du moment de cette cérémonie domestique qui
est extrêmement contrôlée, ordonnée, dirigée et individuelle. Le but de cette cérémonie est
d’entrer en contact avec l’animal possesseur, de le nommer et de le faire danser jusqu’à ce
qu’il accepte de libérer le possédé (ce qui n’est pas toujours le cas).
Une fois par an, les tarentés de l’année se retrouvent dans une chapelle et entrent en
possession collective. Cette cérémonie est violente, faisant penser au chahut de certains
groupes thérapeutiques d’enfants difficiles – cris, injures, pleurs, coups, transgressions (ils
montent sur l’ancien autel, font des contorsions, vomissent, bavent…). Pour ce 2 ème rituel, il
n’y a pas de musique. Le groupe de possédés est englobé par des contenants qui se
symbolisent de + en + ; ainsi après les murs nus de la chapelle, les tarentés sont contenus
par le groupe de spectateurs (représentant le groupe social) puis à la fin de la cérémonie,
les participants réintègrent les rites religieux (messe) et sociaux (fête foraine).
Les 2 cérémonies se déroulent dans une parfaite symétrie de lieu, de temps,
d’organisation. La première des configurations fait penser au psychodrame individuel, et la
deuxième aux thérapies régressives en groupe.
Le travail thérapeutique part du malade pour aboutir au groupe (collectif), car la fonction
de ce type de rituel est d’offrir un cadre d’étayage pour la névrose individuelle en lui donnant
un sens social (et non plus privé). C’est aussi l’occasion de donner à voir à l’ensemble de la
communauté que le désordre privé puis groupal ne remet pas en cause la cohésion de la
société ; au contraire celle-ci est rassemblée comme contenant et négatif de ce désordre.
Cette cérémonie substitue un mythe collectif au mythe individuel. A la place de la théorie
psychanalytique, il y a recours à un mythe thérapeutique.
Dans L’Efficacité symbolique, Lévi-Strauss confronte la psychanalyse aux rituels de
guérison. Comparant l’efficacité du chamanisme / psychanalyse, il se demande comment
une réorganisation structurale est produite au niveau du corps en faisant vivre au malade un
mythe « reçu (le chamanisme), ou produit (la psychanalyse) ». Pour lui, l’inconscient n’est
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qu’un organe qui se borne à imposer des lois structurales, « qui épuisent sa réalité, qui
proviennent des : pulsions, émotions, représentations, souvenirs… Le vocabulaire importe
moins que la structure, tout comme la forme mythique prime sur le contenu du récit ».
Question : soit les thérapies de groupe ne sont que des traitements socioculturels qui
occultent la réalité des difficultés individuelles, soit certains mécanismes psychiques plus
généraux peuvent être appliqués aux différents types de traitements collectifs.
S. Freud n’a jamais proposé une quelconque forme de psychothérapie de groupe. Tout au
plus laisse-t-il entrouverte la possibilité de mettre en place d’autres cadres thérapeutiques :
« Nous nous verrons obligés d’adapter notre technique à ces conditions nouvelles… nous
serons obligés de mêler à l’or pur de la psychanalyse une quantité considérable du plomb
de la suggestion directe. » (1919). Pourtant, pour Freud, le facteur social intervient comme
l’un des pôles conflictuels auquel l’individu est confronté : peut-être plus qu’à la réalité
physique, les désirs les plus profonds de l’individu se heurtent à la réalité sociale.
Tout au long de ses écrits, S. Freud soutiendra que la société et l’individu sont dans une
opposition d’intérêt. Dans Avenir d’une illusion : « Chaque individu est virtuellement un
ennemi de la civilisation. » 4 types de réflexions vont s’imposer pour comprendre les liens
qui unissent groupe et individus. 2 d’entre elles sont liées à l’évolution de ses concepts et
tentent de comprendre l’influence de la société sur les difficultés individuelles. Les 2 autre
renvoient à des études plus ciblées : l’une propose des hypothèses sur l’origine du social et
du complexe d’Œdipe (Totem et tabou, 1943), et l’autre (Psychologie collective et analyse du
Moi) qui reste un modèle utilisable pour la compréhension des groupes.
Pour lui, les déboires de la société moderne sont dus à l’excès de répression sexuelle et
la névrose en est la conséquence : « La civilisation est construite sur la répression des
pulsions. » Cette répression sexuelle empêche l’activité de connaissance car l’interdit sur la
sexualité entraîne l’interdit sur l’activité de pensée. S. Freud évoque la religion pour laquelle
le péché se fait par pensée, par parole, par action et par omission. En levant la censure
morale trop sévère qui porte sur la sexualité, on pourrait avoir une action prophylactique sur
les névroses. Freud abandonnera en partie cette conception, mais certains analystes, dont
W. Reich, fonderont leur théorie sur cette approche de la névrose en insistant sur la
nécessité d’alléger la morale sexuelle par une action politique.
Dans Malaise dans la civilisation, il reprend la question des relations entre l’individu et la
civilisation avec la pulsion de mort. Ce dualisme qui oppose Éros à Thanatos entraîne un
remaniement de sa 1ère conception car ce n’est plus la sexualité qui est la plus menaçante à
l’égard du processus de civilisation mais la pulsion de mort. En effet, la civilisation détourne
la pulsion de son but sexuel afin de renforcer les liens sociaux par des liens libidinaux pour
contrer l’agressivité humaine, qui représente une menace pour la société.
La civilisation doit tout mettre en œuvre pour limiter l’agressivité humaine et pour en
réduire les manifestations à l’aide de réactions psychiques d’ordre éthique. De là, cette
mobilisation de méthodes incitant les hommes à des identifications et à des relations
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d’amour inhibées quant au but… de là cette restriction de la vie sexuelle. (S. Freud, 1929)
Les tendances agressives issues de la pulsion de mort sont naturellement dirigées vers
l’extérieur, elles investissent donc le champ social. Pour contrer cette pulsion, la civilisation
utilise la sexualisation des liens sociaux, et cherche en outre à retourner l’agressivité contre
le sujet lui-même. Elle exige le sacrifice des tendances sexuelles et de l’agressivité.
Par l’action du Surmoi qui engendre le sentiment de culpabilité et l’autopunition,
l’agressivité est intériorisée et retournée vers l’individu. L’autorité parentale intériorisée, qui
constitue une part du Surmoi, défléchit l’agressivité, que le sujet dirigeait primitivement
contre cette autorité, vers le Moi. L’angoisse devant l’autorité contraint l’individu à renoncer
à satisfaire ses pulsions ; ce Surmoi force non seulement le sujet au renoncement, mais le
punit en outre de la persistance de ses désirs.
On a échangé un malheur extérieur « menaçant » perte de l’amour de l’autorité extérieure
et punition de sa part – contre un malheur intérieur continuel, à savoir cet état de tension
propre au sentiment de culpabilité. (S. Freud, 1929.)
Les hommes sont unifiés par le sentiment de culpabilité. C’est la lutte entre Éros et
Thanatos qui est au centre du processus civilisateur mais, avec le renforcement du Surmoi,
le conflit est intériorisé. Du point de vue de la prophylaxie, Freud (1929) revoit donc ses
positions :
Le fait de cacher aux jeunes le rôle que la sexualité jouera dans leur vie n’est point la
seule faute imputable à l’éducation d’aujourd’hui. Car elle pèche aussi en ne les
préparant pas à l’agressivité dont ils sont destinés à être les objets.
C’est à ce propos qu’il imagine que certaines névroses sont liées à l’influence de la
société, avançant le terme de « névrose collective ». Il entrevoit les possibilités de
traitements collectifs, seul moment dans son œuvre où la thérapie de groupe ou
institutionnelle est abordée :
Quant à l’application thérapeutique de nos connaissances… à quoi servirait donc
l’analyse la plus pénétrante de la névrose sociale, puisque personne n’aurait l’autorité
nécessaire pour imposer à la collectivité la thérapeutique voulue ? En dépit de toutes
ces difficultés, on peut s’attendre à ce qu’un jour quelqu’un s’enhardisse à entreprendre
dans ce sens la pathologie des sociétés civilisées. (S. Freud, 1929)
Malaise dans la civilisation est un texte pessimiste qui ne laisse comme salut à l’individu
civilisé que la sublimation, qui donne des satisfactions plus élevées, « mais dont l’intensité
est affaiblie » (par rapport aux satisfactions pulsionnelles immédiates). Plus radicalement
encore, dans l’un de ses derniers textes, Pourquoi la guerre ? (1933), S. Freud constate que
le processus civilisateur (sublimation) porte atteinte à la fonction sexuelle et il craint que ce
dernier mène à l’extinction de la race humaine (chute démographique).
Freud marque l’importance du groupe dans la vie psychique, et propose une réelle théorie
psychanalytique pour comprendre les phénomènes de groupes et institutionnels.
Dans la vie psychique de l’individu, l’Autre intervient en tant que modèle, objet, soutien,
et adversaire et de ce fait la psychologie individuelle est aussi d’emblée et simultanément
une psychologie sociale en ce sens élargie mais parfaitement justifiée. (S. Freud, 1921)
S. Freud distingue :
- les foules passagères : se caractérisent par « l’abaissement de l’activité intellectuelle, le degré
démesuré de l’affectivité, l’incapacité à se retenir, la tendance à dépasser les limites et les
interdits par l’action ». La description est inquiétante : sentiment de puissance invincible,
expression d’instincts que l’individu réprime habituellement, disparition de la conscience
morale et du sentiment de responsabilité, contagion mentale, suggestibilité…
Dans la foule, l’individu se débarrasse des refoulements de ses motions pulsionnelles
inconscientes.
La foule est impulsive, mobile, irritable. Elle est conduite presque exclusivement par
l’inconscient… elle ne supporte aucun délai entre son désir et la réalisation de celui-ci.
Elle a un sentiment de toute-puissance… en foule, toutes les inhibitions individuelles
tombent et tous les instincts cruels, brutaux, destructeurs, résidus des âges primitifs
dormant en chacun d’eux, sont réveillés, rendant possible la libre satisfaction des
pulsions. Mais les foules sont également capables, sous l’influence de la suggestion, de
grands accès de renoncement, de désintéressement, de dévouement à un idéal. (S.
Freud, 1921)
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2. T. Burrow (1875-1950) et la groupanalyse : « Le précurseur »
3. Influence de la psychosociologie
C’est surtout la psychosociologie américaine d’avant la WW2 représentée par les travaux
de l’école de Kurt Lewin (1890-1947), qui influera n pratiques de psychothérapie de groupe.
Enseignant à l’Institut psychologique de Berlin ; ses recherches sont inspirées par la «
Gestalt-théorie ». En 1933, il émigre aux États-Unis, où il élabore une théorie de la
personnalité, en appliquant à la psychologie des modèles empruntés à la physique.
Le concept de « champ dynamique » est un des éléments essentiels de cette théorie, il
désigne l’ensemble des forces (sociales, psychologiques, biologiques, physiques…) qui, à
un moment donné, s’exercent sur un individu ou sur un groupe.
Adoptant une visée gestaltiste, il montre comment un groupe se structure, formant un tout
qui possède des propriétés particulières indépendantes de la simple somme des qualités
des participants. Les individus interagissent et créent un état d’équilibre qui résulte des
forces dynamiques mises en jeu. L’homéostasie du système se maintient de la façon la plus
stable possible. Le groupe doit être appréhendé en tant que totalité dynamique résultant des
interactions entre les membres. D’où l’expression « dynamique de groupe ». En 1945, il
crée au MIT le Research Center for Groups Dynamics et à Bethel (Maine), en 1947, il met
en place les Training-Groups ou T-Groups (abréviation de basic skills training groups qui
deviendront en France : les groupes de diagnostic, les groupes de base ou les groupes
d’évolution). De tels groupes aident les participants à comprendre les enjeux des relations
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interpersonnelles et permettent des changements d’attitudes envers les autres.
La théorie du champ de forces de Lewin a influencé les travaux psychosociologiques et
les théories systémiques. La dynamique de groupe a mis l’accent sur les pratiques
groupales des nouvelles thérapies mais à travers la Gestalt-théorie, elle a influencé les
psychanalystes, qui se sont intéressés au groupe en tant qu’entité (Foulkes ou Anzieu).
Les T-Groups seront importés en France en 1956 (par Bradford) sous le nom de « groupes
de diagnostic », Ces groupes seront utilisés pour la formation aux techniques de groupe.
Leur pratique mettra en évidence des phases d’organisation (incertitude initiale,
dépendance / animateur et recherche de l’autorité, intérêt pour le pouvoir interne au groupe,
et enfin période de maturité) et des processus particuliers comme l’organisation d’un
langage de groupe, des types de communication, ou des phénomènes de feed-back.
Slavson institua la technique de groupe chez l’enfant, en mettant sur pied l’AGT (Activity
Group Therapy-1934). Son but était d’organiser, dans un climat permissif, des groupes
encourageant les relations entre les enfants ; le thérapeute intervient au minimum.
a. Les playtherapies
Le matériel doit pouvoir être utilisé de façon symbolique : jouets, poupées figurant la
famille, soldats, marionnettes, animaux, tout objet pouvant révéler les préoccupations
inconscientes de l’enfant.
Les relations entre enfants ont un effet catalytique. Le groupe stimule l’expression des
fantasmes et des émotions. Par ailleurs, l’effet contenant du groupe est apaisant.
Le principe le plus actif est la catharsis. L’enfant exprime naturellement par le jeu ses
préoccupations et ses émotions. C’est cette situation vécue, exprimée, puis reconnue par le
psychothérapeute qui est en elle-même thérapeutique.
L’insight est accru par l’effet catalytique (par la stimulation groupale et les effets de miroir).
Le principe de réalité est mis à l’épreuve, car le groupe est un environnement social avec
ses exigences propres. La présence des autres enfants ancre la situation thérapeutique
dans la réalité. Le groupe, en effet, ne répond pas toujours aux demandes individuelles.
La sublimation est amorcée par le jeu qui, avec le matériel et les règles qui accompagnent
leur utilisation, canalise les pulsions.
Pour Slavson, les enfants ont un Moi peu organisé et ont des difficultés à traiter les
rapports entre les pulsions et les exigences externes. L’activité physique est alors
essentielle à l’équilibre des émotions, l’enfant évacuant les tensions internes qu’il ne peut
élaborer psychiquement. Si l’on empêche cet acting-out, l’enfant deviendra affectivement
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instable et socialement inadapté. Il remarque aussi les limites du langage chez l’enfant pour
exprimer ses tensions ou pour communiquer avec autrui.
À partir de ces constatations, S.R. Slavson met en place une technique de groupe où
l’activité physique répondra au besoin qu’a l’enfant de s’exprimer et de communiquer par le
mouvement - induisant le libre passage à l’acte des pulsions ».
La position du thérapeute est éducative afin de devenir le Moi auxiliaire des enfants qui
éprouvent certaines difficultés à se contrôler. Ses interventions aident à surmonter les
angoisses dues au Surmoi (surtout le Surmoi archaïque) et, par-là, génèrent une
réassurance par rapport aux angoisses de destruction.
Slavson utilise aussi l’AIGP, Activity Interview Groups Psychotherapy car certains enfants &
ados névrosés supportent mal le jeu du passage à l’acte et deviennent craintifs et anxieux
devant les manifestations d’agressivité.
M. Sugar (1974) pratique l’Interpretative Group Psychotherapy (IGP). Dans ces groupes, le
thérapeute élucide les conflits intrapsychiques par l’intermédiaire des fantasmes et des
défenses verbalisées. Sugar décrit en trois phases pour les enfants :
1. Ils sont inquiets et frustrés, ce qui les conduit souvent à vouloir quitter le groupe. Le
climat est lourd, triste, avec des silences persécuteurs. Il y a des sentiments de gêne, de
répétition, d’isolation et des évitements. La fin de cette période se caractérise par une
cohésion négative : le thérapeute semble exclu de leurs pôles d’intérêts.
2. Ils réalisent que le thérapeute n’est pas là pour diriger ou enseigner. Ils commencent à
parler entre eux, puis à s’identifier les uns aux autres et à faire des comparaisons. Ils
peuvent parler d’eux ou de leurs rêves. Des transferts multiples apparaissent. C’est dans
cette période que se fait la plus grande partie du travail psychanalytique.
3. Ils fonctionnent de mieux en mieux entre eux, ils sont coopérants et peuvent trouver leur
place au milieu du groupe.
Groupes thérapeutiques d’ados sans médiateur (US) = Verbal Interaction Group n’utilisant
que les échanges verbaux. On se préoccupe des régressions, des fixations, des difficultés
liées à la libido, et des défenses et résistances qui se développent au sein du groupe.
Comme pour les autres techniques, l’analyse reste centrée sur l’individu. Les
préoccupations tournent autour du transfert et du contre-transfert. Le psychanalyste est
actif, présente une image idéalisante et montre une certaine fermeté. Il empêche les
passages à l’acte par une attitude assez directive pour contenir le groupe dans des limites
précises.
■ Présupposés de la group-analyse
Plan de l’image du corps ou archaïque : ce plan correspond aux relations d’objets partiels et
narcissiques. Le groupe représente souvent l’image de la mère. L’image du corps est
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reflétée et représentée par le groupe et par ses membres.
Plan essentiel : c’est le soubassement phylogénétique par lequel des images « essentielles »
communes à l’humanité se forment selon la conception de l’inconscient collectif de Jung.
■ Le concept de matrice
Foulkes note que les mécanismes décrits par la psychanalyse à propos du rêve, de la
névrose et des mécanismes de défense peuvent être observés en situation de groupe. Dans
les groupes, on rencontre des phénomènes de clivage, de représentation multiple, de
condensation, de déplacement, des rôles instanciels, des processus primaires…
Le groupe peut ainsi symboliser une variété d’objets ou de personnes (ex : le corps et le
plus souvent l’intérieur du corps de la mère : la matrice). Il peut représenter les « autres »,
l’opinion publique, le monde, mais aussi de façon structurale et dynamique le monde
psychique, par exemple le Surmoi.
■ Résonance
Foulkes propose l’association libre des idées dans le groupe. C’est l’équivalent groupal de
l’association libre en psychanalyse. À partir de cette technique, il constate qu’il existe un
niveau d’échanges très sélectif et spécifique, qu’il dénomme la résonance. C’est une
communication sans interaction active précise, sans aucun message émis ni reçu, pas
nécessairement de nature télépathique, mais qui s’exprime sur le mode du retentissement.
La psychothérapie de groupe est une tentative pour traiter les réseaux pathologiques de
l’individu, en transférant cette trame dans un groupe d’étrangers. La matrice interactionnelle
du groupe thérapeutique forme un réseau. L’individu participe à sa création et tente de
rétablir les conditions de son propre réseau primitif. C’est l’équivalent pour le groupe de la
névrose de transfert telle qu’elle est observée clairement dans la situation psychanalytique.
Le groupe présente à chaque moment un réseau transpersonnel qui subit l’influence de
l’individu, des membres du groupe et qui agit sur eux à son tour. Toute intervention
individuelle a un impact sur l’ensemble du groupe et inversement toute action sur le groupe
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induit des changements chez les individus. Dans cette théorie, le choix entre le travail à
partir du groupe ou de l’individu ne se pose plus.
Les communications peuvent prendre des formes variées comme des verbalisations, des
actions, des mouvements, des expressions d’humeur et d’émotions diverses, des
transmissions silencieuses, des états d’âme… Ces processus de communication peuvent
être conscients ou inconscients. Foulkes décrit 4 formes de communication :
1. Verticale : les individus s’adressent au thérapeute, avec le fantasme que les pulsions
sont réprimées et contrôlées par le thérapeute ;
2. Triangulaire : le groupe s’adresse au thérapeute ; les pulsions sont comprises et
contrôlées par le thérapeute ;
3. Horizontale : il y a égalité entre les membres et la pulsion est reine ;
4. Circulaire : il y a reconnaissance de la fonction du thérapeute et du statut de chacun, la
pulsion est alors comprise et traitée suivant les exigences de la réalité.
■ Les réponses « G »
Au-delà de cette vision génétique du groupe, Foulkes décrit des mécanismes groupaux
qu’il : les réponses « G » organisées autour de 6 axes :
1. Phénomènes de chaîne : le groupe a la capacité de créer des chaînes associatives. Ces
associations engendrent une tension qui cherche une décharge ;
2. Phénomène de condensateur : suite aux associations libres, on constate des décharges
soudaines & violentes par l’intermédiaire d’un matériel inconscient très archaïque ;
3. Résonance : liée aux phases psychosexuelles de l’évolution. En groupe, un membre
peut amener les autres à régresser au stade de développement où il est resté fixé ;
4. Phénomènes de miroir : l’individu est confronté en groupe à son image tant sociale que
psychologique, et aussi bien consciente qu’inconsciente. Ainsi, le patient est replacé
devant un narcissisme remanié ; car l’image renvoyée par autrui est différente de l’image
névrotique (retrait imaginaire du réel) qu’il s’est constituée ;
5. Principe d’homéostasie : le groupe cherche continuellement un équilibre entre les n
angoisses de ses membres, de façon à être le moins perturbé possible (cet équilibre
intègre l’amour-la haine, l’agressivité-la passivité, la froideur-l’excitation). Chaque
membre cherche à attirer cet équilibre de façon à satisfaire ses besoins, ce qui
engendre un équilibre très fragile. Il faut remarquer que le plus menaçant, c’est le
thérapeute qui risque de rompre cet équilibre à tout instant ;
6. Mécanismes de défense : certains prennent modèle sur des mécanismes individuels,
d’autres sont propres aux groupes. Mécanismes groupaux = la résistance au
changement (silence) ; le passage à l’acte qui est une défense très forte (couplage
amoureux, transgression des règles, formation de sous-groupes), c’est une réponse G
car elle est dirigée vers le groupe pour sauvegarder son homéostasie ; l’éclatement du
groupe, mécanisme normal au début du groupe avec un sentiment de juxtaposition, et
un rejet du sentiment de groupe (peur de perdre son identité au profit du groupe) ; le «
moi-aussi-sme », besoin qu’ont les membres de se présenter tous semblables ; le
carambolage, propagation par contagion émotionnelle d’un patient à un autre. Cette
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contamination peut se propager à partir d’un thème de rêve, d’une mimique, d’une
attitude physique ou d’un son de voix ; l’attaque du bouc émissaire (thérapeute ou un
membre du groupe) pour renforcer la mutualité des membres du groupe.
Certains mécanismes sont des défenses individuelles mais utilisées à des fins groupales.
Si l’individu se sent menacé par le groupe, il utilise ses défenses individuelles sur un mode
paroxystique. Elles deviennent caricaturales et sont repérées par les autres. Ex : l’analyse
de l’autre (pour ne pas parler de soi), la référence à l’histoire personnelle (pour annuler
l’existence du groupe), l’évocation de changements individuels (divorce, mariage,
changement de poste), qui génère un remaniement dans l’équilibre du groupe. Ces
défenses stérilisent le groupe à certains moments mais en contrepartie elles renforcent sa
cohésion (ainsi après une avancée thérapeutique, ou au retour de vacances).
Pour Foulkes, les principaux leviers de changements durables chez le patient sont la
levée des résistances et le relâchement des défenses. Foulkes utilise la notion de transferts
multiples = les réactions transférentielles aux caractéristiques des différentes personnalités
des membres du groupe. Par son anonymat, le thérapeute est sujet à des phénomènes de
même nature, mais il reste central par sa position de « chef d’orchestre ».
Du point de vue du contre-transfert, le groupe suscite au début des angoisses intenses.
Elles sont liées à la nouveauté de la situation, mais aussi à la vision imaginaire qu’a le
thérapeute de son rôle et du degré de perfection qu’il devrait atteindre, et inconsciemment il
dépose ses angoisses et ses attentes sur le groupe. C’est « une épreuve émotionnellement
éreintante » car l’attention du thérapeute devra, tout au long de la séance, se concentrer sur
chaque détail dans le groupe et l’écoute se faire aux différents plans décrits plus haut. Il doit
être entraîné à la perception des phénomènes de groupe comme celui de la résonance, car
le thérapeute fait partie du groupe et donc participe aux émotions qui traversent le groupe.
2. H. Ezriel
3. E. Pichon-Rivière (1907-1978)
Il propose une conception psychosociale de l’homme (au sens où l’entendait Freud), c’est-
à-dire qu’il imagine une psychologie, à partir du sujet socialement et historiquement
déterminé, se formant au sein d’une interaction constante avec l’environnement.
Le besoin pousse l’individu à rechercher un contact avec le monde externe, dans le but
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d’être satisfait. Le besoin renvoie à l’objet et, après un processus progressif d’intériorisation
des premières expériences, le besoin est modifié par l’objet. L’objet structure le monde
interne du sujet. C’est l’expérience avec autrui qui détermine la subjectivité. C’est
l’intériorisation des relations humaines comme système de représentations qui sera à
l’origine du surgissement de la pensée, du langage et de la symbolisation.
L’homme s’approprie l’environnement en le modifiant en vue de ses besoins mais, par ce
travail, il se transforme lui-même. Dans ce double mouvement, l’homme, producteur,
protagoniste de la praxis, de l’histoire, est à son tour produit déterminé. À partir de ces
conceptions, E. Pichon-Rivière propose un travail de groupe tout à fait original : pour lui,
c’est la praxis qui introduit l’intelligibilité dialectique dans les relations sociales et rétablit le
lien entre représentation et réalité.
Les groupes qu’il met en place associent une tâche (apprentissage), un travail d’analyse
sur le groupe et une visée thérapeutique, par l’élaboration des anxiétés émergeant de la
situation de changement. C’est ce qu’il appelle la didactique, qui est destinée non seulement
à communiquer des connaissances (tâche informative) mais aussi à développer des
aptitudes et à modifier des attitudes (tâche formative). Il propose un instrument conceptuel
permettant cette analyse de la multiplicité des déterminismes mis en jeu à l’intérieur du sujet
: le Schéma Conceptuel, Référentiel et Opérationnel (SCRO), qui placera le sujet dans le
champ (le référentiel) qui lui permettra de les aborder à partir d’éléments conceptuels, de les
comprendre et d’agir sur eux à l’aide des techniques appropriées. En s’appuyant sur cette
pratique, il déterminera des mécanismes groupaux comme le porte-voix (le groupe dépose
un fantasme commun dans un des membres du groupe).
Recherches sur les petits groupes, montre l’évolution théorique de Bion, le dernier chapitre
est une réinterprétation des phénomènes de groupe à l’aide des concepts kleiniens. Bion
distingue 2 modalités de fonctionnement dans un même groupe :
– prédomine le processus secondaire qui aide à l’accomplissement des projets du groupe
;
– prédominent les processus primaires et des mécanismes propres aux groupes. C’est
surtout ce groupe de base qui intéresse W.R. Bion.
Pour lui, le groupe se constitue en tant qu’entité et fonctionne avec des principes propres,
indépendamment des sujets qui le constituent. C’est ce qu’il nomme « la mentalité de
23
groupe », dont la première caractéristique est l’anonymat :
Je ferai donc l’hypothèse d’une mentalité de groupe constituant le fonds commun où sont
versées les contributions anonymes et grâce auquel les pulsions et les désirs que celles-
ci contiennent peuvent être satisfaits… Je pense que cette mentalité de groupe présente
une uniformité contrastant avec la diversité de pensée propre à la mentalité des individus
qui ont contribué à la former. (W.R. Bion)
Ce qui veut dire qu’il y a un anonymat des contributions individuelles et une uniformité des
contributions anonymes. Ce mécanisme engendre un conflit entre le fonctionnement
anonyme collectif et le fonctionnement individuel.
À partir de ces postulats, W.R. Bion définit des concepts permettant d’éclairer les
phénomènes groupaux : le protomental, les hypothèses de base, la valence et la
régression au niveau des objets archaïques.
Les hypothèses de base (HB) : comportements propres aux groupes, de nature répétitive. Le
groupe se structure spontanément pour agir conformément à ces HB. Ce sont les principes
organisateurs des émotions et des représentations collectives :
– le couplage : formation de couple porteur des espérances mythiques du groupe sous la
forme de la mise au monde d’un enfant-messie (issu du couple) qui sauvera le groupe de
ses difficultés (réponse à la scène primitive) ;
– l’attaque-fuite : solution groupale spontanée et périodique d’attaque ou de fuite devant
un danger qui menace l’unité du groupe (réponse aux angoisses persécutives) ;
– la dépendance : le groupe s’unit pour établir un objet dont il pourra dépendre de façon
totale et absolue (réponse aux angoisses de séparation).
La valence : exprime la faculté qu’ont les individus de se combiner de façon spontanée pour
agir selon une HB qu’ils partagent. C’est ce qui constituerait l’aspect grégaire de la
personne humaine. Il y a là une réaction très archaïque à la racine du surgissement
émotionnel.
La régression aux niveaux archaïques : suite à son analyse avec M. Klein, Bion s’engage dans
la réinterprétation des phénomènes de groupe à l’aide de concepts kleiniens. Pour Bion, les
groupes font régresser les individus à des niveaux très archaïques (phases schizo-
paranoïde et dépressive).
Résumé : dans les groupes les individus subissent une régression avec des craintes de
perte identitaire ; chacun a la conviction alors qu’il existe une entité groupe indépendante de
ses membres. Des relations fantasmatiques s’instaurent, sur le modèle des relations du
nourrisson avec le sein maternel (donc avec des objets partiels) et apparaissent les HB pour
protéger les membres du groupe des angoisses psychotiques.
24
Pour Bion le thérapeute est impliqué au niveau du contre-transfert groupal, et sa fonction
sera de ressentir les émotions qui traversent le groupe, et puis de les rendre
communicables.
M. Klein, considérant que son intérêt pour les groupes était une résistance à l’analyse, il
abandonnera l’étude des groupes pour se consacrer à la psychose et à la théorie de la
construction de l’espace psychique. La fonction alpha et la notion de « groupe de
transformation » seront reprises par R. Kaës.
Dans les années 50/60, engouement des Français pour les groupes, sous 2 formes : l e
groupe non directif d’association libre (psychanalyse de groupe et T-groupes), et le
psychodrame. Chefs de file de « l’école française » : D. Anzieu et R. Kaës au sein d’une
association de formation (lCEFFRAP).
Ils adoptent les règles de la psychanalyse : association libre (favorise les processus
primaires), abstinence (pas de lien dans la réalité entre les animateurs et les stagiaires).
Des dispositifs secondaires permettent à la régression d’être contenue par la stabilité du
cadre (règle des 3 unités : temps, lieu, action) et le renforcement de la différenciation
dehors-dedans (discrétion, restitution).
J.-B. Pontalis attribue au groupe une valeur d’objet psychique, le groupe étant considéré
comme un objet d’investissements pulsionnels et de représentations inconscientes. D.
Anzieu assimile le groupe au rêve, c’est-à-dire un lieu de la réalisation imaginaire des désirs
(inconscients infantiles). R. Kaës formule l’hypothèse d’un appareil psychique groupal dont il
décrit l’origine (des organisateurs inconscients qu’il nomme des « groupes internes ») et les
fonctions (de transformation au sens de Bion). Il propose des organisateurs du groupe dans
une perspective structurale, alors que Anzieu insistera sur leur aspect génétique.
■ Les principes
■ Les organisateurs
En restant dans le cadre dispositif de ces groupes, il est possible de constater que ceux-ci
passent par des phases d’auto-organisation qui sont assez récurrentes.
1. Période initiale : angoisses archaïques et menace de perte d’identité. Le groupe implique
le remaniement de l’identité des individus, donc des fantasmes de perte identitaire qui
font régresser les membres du groupe à des phases archaïques et en particulier aux
positions schizo-paranoïdes et dépressives décrites par M. Klein.
– Ces angoisses archaïques sont d’autant plus intenses que le groupe est important
(moins on peut se connaître, plus les menaces de perte identitaire sont fortes) et
inorganisé.
26
– Ces menaces suscitent toutes les formes d’angoisses archaïques comme : l’angoisse
d’annihilation et de vide (peur d’effondrement physique du groupe, silence), l’angoisse
de morcellement (fantasme d’éclatement du groupe), l’angoisse persécutive (« on veut
nous détruire ou nous empêcher de fonctionner ») et l’angoisse dépressive (« on est un
mauvais groupe, on n’arrivera à rien »). Ces angoisses mobilisent les processus
défensifs comme le clivage, la projection, l’identification projective et la réparation.
2. L’illusion groupale : un état psychique où les membres du groupe sont euphoriques. Les
mauvais objets sont projetés à l’extérieur du groupe. Il y a en fait 2 moments différents :
a) L’unité contre le bouc émissaire (ce phénomène est le 1er élément constitutif de
l’identité du groupe, et représente le stade le plus archaïque de différenciation. C’est au
thérapeute d’assumer ce rôle par clivage du transfert.
En effet, selon l’expression de D. Anzieu, « Pour que le groupe puisse devenir le
bon sein introjecté, il lui faut donc trouver un mauvais objet sur lequel est projeté le
mauvais sein clivé », le thérapeute tient alors une fonction maternelle de transformation
des mauvais objets projetés sur lui. Le phénomène du bouc émissaire configure
l’organisation la plus rudimentaire du groupe, donc la plus simple, qui fait passer d’un état
fusionnel et indifférencié à une fonction de tri par clivage, entre le bon et le mauvais,
entre le collectif et l’individuel. On comprend que le bouc émissaire soit dans une position
intermédiaire. En effet, il est dans le groupe, car nécessaire à sa 1 ère organisation, et hors
du groupe comme support des projections de ce dernier. Organisateur du groupe, il en
marque aussi l’enveloppe et la limite.
b) L’indifférenciation groupale : c’est la contrepartie des angoisses archaïques et
qui génère des identifications primaires ou narcissiques. Pour D. Anzieu, l’égalité ne peut
être obtenue que par la « participation fusionnelle à un sein tout-puissant et autosuffisant
de la mère vécue comme objet partiel. ».
Cette nécessité de faire un bon groupe implique l’inclusion des thérapeutes (ou du bouc
émissaire) et la projection des mauvais objets. Face à la menace visant le narcissisme
individuel, l’illusion groupale répondra par la constitution d’un narcissisme groupal, l’identité
individuelle est alors remplacée par une identité de groupe. L’illusion groupale apporte aux
membres une confiance de base dans leur groupe, qui devient un espace transitionnel au
sens winnicottien car il y a confiance en une double continuité, entre la réalité psychique
interne individuelle et la réalité psychique interne au groupe. Cette idéologie égalitariste
affirme la similitude des membres entre eux, en niant les différences de sexe, de génération.
L’illusion groupale répond à plusieurs critères :
- Aspect dynamique : une défense hypomaniaque collective contre les angoisses avivées
par la situation de groupe, de morcellement et de persécution
- Aspect économique : un clivage du transfert. Les pulsions libidinales sont concentrées
sur l’objet groupe ; les pulsions destructrices sont clivées et projetées sur une victime
émissaire interne ou périphérique au groupe
- Aspect fantasmatique : l’illusion à l’œuvre constitue le groupe en un objet total. C’est une
illusion-écran contre la régression à la relation aux objets partiels, suscitée par la situation
de groupe. L’objet groupe est massivement investi par la libido et la pulsion de mort
27
- Aspect topique : l’organisateur psychique inconscient du groupe est un imago maternel,
toute puissante et bonne pour ses enfants. Ceux-ci, par fusion avec elle, s’imaginent
participer de son omnipotence narcissique. L’illusion groupale provient de la
substitution, au Moi idéal de chacun, d’un Moi idéal unique partagé et a-conflictuel
■ Période de redifférenciation
Les identifications mises à mal par cette construction de l’identité groupale vont se
réorganiser à partir des identifications aux autres membres du groupe, sur le modèle des
relations spéculaires (identification en miroir, thérapeute inclus). Ce processus introduit une
ré-individualisation conduisant à reconnaître les différences entre les membres du groupe et
dans le même temps l’identité collective est conservée. Le groupe peut exister avec des
membres différenciés fonctionnant de façon homomorphe. Le groupe présente alors des
capacités d’entraide et de travail efficaces. Dans les groupes thérapeutiques il y a une
élaboration possible de thèmes œdipiens.
Cette généralisation théorique de la vie affective et imaginaire des groupes permet une
étude des phénomènes de groupe comme le leader, le bouc émissaire, les fantasmes qui
traversent les groupes ou les types de transferts agissants sur le psychothérapeute, sur les
autres membres et sur le groupe.
3. R. Kaës
Des formations intrapsychiques dotées d’une structure et de fonctions de liaison entre les
pulsions, les objets, les représentations et les instances de l’appareil psychique, dans la
mesure et sous l’aspect où ils forment un système de relations qui lient leurs éléments
constituants les uns aux autres. Selon cette conception, la groupalité psychique est une
organisation spécifique de la matière psychique. Elle n’est pas la simple projection
anthropomorphique des groupes intersubjectifs, ni la pure introjection des objets et des
relations intersubjectives. Elle a une consistance comme formation de l’inconscient.
Il y a donc dans la psyché un grand nombre d’éléments combinés entre eux, par exemple
les identifications, les relations d’objet, les fantasmes, l’image du corps…, mais ce sont les
fantasmes originaires qui sont les paradigmes du groupe interne car organisés en scénario.
L’activité principale de la vie psychique est une série d’actions qui consistent dans le fait
d’associer, de dissocier, de combiner… C’est une activité de liaison entre : les pensées, les
représentations (de mots ou de choses), les affects et les objets internes… La groupalité
génère des lois de composition structurale (entre les pulsions, les objets, les
représentations, les instances et les imagos), ainsi que des fonctions de liaison, de
représentation et de transformation (déplacements, permutations, condensations, et
diffractions des objets suivant les lois psychiques). Donc le sujet gère une société interne
28
composée des objets internes, des parents internes, de la famille interne, allant de ses
formes les plus élémentaires à ses formes les plus complexes.
Les groupes internes sont les organisateurs du lien intersubjectif et ils sont à l’origine de
la formation de l’appareil psychique groupal. Ils ont un double destin : dans l’espace
intrapsychique ils exercent des fonctions fondamentales dans l’organisation et le travail de
l’appareil psychique ; dans la genèse et le fonctionnement des formations et des processus
inter et transsubjectifs de groupe.
Le modèle psychique du groupe est constitué par ces formations groupales représentées
par l’objet groupe. Le groupe se constitue et se structure à travers cette « fiction » d’un
appareil psychique groupal sur le modèle de l’appareil psychique individuel. Cette
concordance peut se faire soit sur un mode isomorphique (refus de la différence entre
appareil psychique groupal et appareil psychique individuel) soit sur un mode
homomorphique (reconnaître les différences mais aussi les ressemblances). La construction
du groupe nécessite donc l’élaboration d’un appareil psychique groupal issu « du conflit
entre les motions pulsionnelles antagonistes qui traversent chaque participant ». Cet
appareil psychique groupal serait une construction de la libido narcissique car résultant
d’une activité fantasmatique qui vise à lutter contre la pulsion de mort et les angoisses
primaires liées à la perte de la cohésion des relations aux autres. Par cet « objet-groupe
scénarisé », les objets primaires des participants retrouvent des liens.
Dans une période initiale, il y a isomorphie entre les organisateurs groupaux du
psychisme individuel et l’appareil psychique groupal. Cette isomorphie s’applique aussi à
l’objet groupe identifié aux autres sur le mode de relation aux objets partiels (ceci explique la
prédominance au début des groupes des processus schizo-paranoïde ainsi que toutes les
figurations liées à la mère archaïque…). L’appareil psychique groupal reçoit par
identification projective les parties bonnes des objets internes des participants qui les
mettent ainsi à l’abri de leur propre destructivité. La plus grande partie de l’agressivité est
conservée par chacun des participants avant d’être utilisée dans l’attaque du mauvais objet.
Kaës émet l’hypothèse que si les bons éléments externalisés dans l’appareil psychique
groupal et incarnés dans un rôle instanciel, objectal ou imagoïque sont suffisamment
solides, alors ils assurent une capacité analogue à la « fonction alpha » de la mère définie
par Bion (capacité de la mère à contenir, métaboliser et élaborer les projections agressives
du nourrisson). Par la réintrojection de ces bonnes parties déposées par les membres du
groupe dans l’appareil psychique groupal, les participants pourront expérimenter leur propre
fonction alpha (capacité de rêver, de mentaliser, de fantasmer, de penser).
La qualité thérapeutique d’un groupe sera donc son aptitude à contenir, à désintoxiquer et
à transformer les éléments bruts projetés en particulier sur le cadre (fonction alpha de Bion).
Le groupe dit de thérapie serait donc un « groupe de transformation ».
Bion propose des étapes dans la construction de l’APG (Appareil Psychique Groupal)
proches de celles décrites par D. Anzieu ; citons pour mémoire :
– Le moment fantasmatique : les membres du groupe doivent combler l’écart entre les
groupes internes et la réalité du groupe ; ils le font à travers une activité fantasmatique
organisatrice des relations d’objet par la résonance interfantasmatique (un fantasme
individuel est repris par le groupe pour assurer un lien entre les membres de celui-ci).
29
– Le moment idéologique : un fonctionnement idéalisé et/ou maniaque qui fait référence à
l’illusion groupale, cette phase importante que nous avons décrite comme agissant sous
l’emprise de la toute-puissance narcissique. Ce moment, que Kaës appelle idéologique,
décrit bien le processus qui aboutit à cette étape groupale.
Dans cette période du groupe, le dilemme des participants est de systématiser la
constitution de l’appareil psychique groupal (système délirant par un certain côté) ou de
mourir en tant que groupe si cette construction venait à disparaître. Apparaît alors une
activité idéologique qui cherche à réduire la vie fantasmatique individuelle et même qui tend
à supprimer toute différence entre les membres du groupe. Le groupe prend corps et il se
trouve une identité à partir d’un repli narcissique intense.
– Le moment figuratif transitionnel
Le repli narcissique et l’apparition d’une fonction alpha dans l’appareil psychique groupal
rendent possible l’introjection stable de bons objets, ceci éloigne les craintes paranoïaques
et autorise la prise en compte des représentations réprimées. On assiste alors à la
transformation du système idéologique par la figuration d’objets abstraits et à la construction
d’un système utopique avec le réinvestissement des conflits infantiles au plus près des
figurations symboliques. Il est possible alors de constater une relance fantasmatique et un
recours aux œuvres culturelles (mythes, romans, contes, tableaux).
– Le moment mythopoétique
Au moment où l’espace psychique interne (individuel) se distingue de l’espace psychique
groupal, le groupe apparaît comme un agencement symbolique de relations entre les
membres du groupe. Ce phénomène entraîne un deuil de l’objet groupe, l’accès à
l’ambivalence et à l’activité symbolique. Mais cette individualisation peut constituer une
nouvelle menace pour l’appareil psychique groupal et pour la cohésion du groupe. Apparaît
alors l’idéalisation narcissique d’une personnalité créatrice (le poète-héros) ou l’élaboration
de nouvelles positions idéologiques pour sauver le groupe.
30
« J’ai pu mettre l’accent sur le fait que chaque sujet est précédé par le groupe dans
lequel il est appelé à prendre place et à contribuer à sa maintenance. De cet espace
groupal qui le précède, il est tout à la fois l’héritier, le serviteur, le bénéficiaire et le
maillon. » (Kaës)
« Si l’inconscient n’est pas contenu tout entier dans les limites de l’appareil psychique
individuel, s’il y a de la réalité psychique dans d’autres espaces que celui du sujet
singulier, et si l’inconscient s’inscrit dans plusieurs espaces psychiques, divers dans leurs
structures, hétérogènes dans leurs formations et dans leurs processus, mais œuvrant sur
la même matière psychique, nous sommes alors devant la tâche nouvelle de penser les
conséquences de cette nouvelle extension du domaine théorique et pratique de la
psychanalyse. » (Kaës)
Kaës propose alors une métapsychologie du 3ème type : « un singulier pluriel dans
l’intersubjectivité ».
Le sujet est doublement divisé : par la détermination inconsciente de ses conflits
intrapsychiques, par ses alliances inconscientes qui lui préexistent dans le lien.
L’inconscient est « intrapsychique et extratopique » : il est interne, et inclus dans les liens
aux autres. Par extension, il agit dans des ensembles plus importants comme les groupes et
les institutions. Il est donc, pour une part, hors sujet.
Pour Avron la notion de relation d’objet est insuffisante pour rendre compte du
fonctionnement psychique interindividuel dans les groupes. Elle propose des concepts
nouveaux / à la métapsychologie freudienne sans la remettre en cause.
À la suite du concept de pulsion freudien, Avron fait l’hypothèse d’une pulsion
interénergétique (indépendante des pulsions sexuelles) i.e. une pulsion d’interliaison
rythmique, dont le rôle est de maintenir une stimulation réciproque entre les individus. La
pulsion sexuelle clôture narcissiquement la relation psychique alors que la pulsion
d’interliaison ouvre le sujet aux influences du monde humain. Dans ce contexte, tout être
vivant, tout groupe humain est à la fois source et objet d’influence.
1
Veut dire « porter »
31
5. Les groupes fermés chez l’enfant et l’adolescent
Decherf, Chapelier et Privat proposent des groupes thérapeutiques axés sur l’association
libre et l’analyse de la dynamique groupale. Ils retrouvent les processus d’Anzieu et de Kaës
et les appliquent aux groupes thérapeutiques. Pour eux, les petits groupes autorisent une
approche groupale et individuelle. En appliquant l’ethnopsychanalyse complémentariste de
Devereux ils prennent en compte les 2 éclairages. Un comportement dans un groupe peut
être expliqué par une problématique individuelle ou un phénomène groupal.
Ils emploient 2 approches (la psychanalyse de groupe + la psychanalyse en groupe),
mais dans des temps différents. Il est plus pertinent de travailler d’abord au niveau du
groupe pour la constitution d’une entité stable. Après une période d’indifférenciation, les
thérapeutes attendent que les enfants retrouvent une identité personnelle tout en
reconnaissant leur appartenance au groupe (passage de l’isomorphie à l’homomorphie). La
tâche du groupe est alors l’entraide pour comprendre les difficultés individuelles (autres
enfants = co-thérapeutes) en utilisant les capacités d’identification et le mécanisme du miroir
(cf. chapitre 2). Dans cette deuxième période, quand les phénomènes de groupe
réapparaissent, ils peuvent être interprétés par rapport à l’histoire de la construction du
groupe.
Obs concernant phase 1 : à certains moments difficiles, l’interprétation individuelle peut
renforcer la désignation d’un bouc émissaire. Cette phase 1 a aussi l’intérêt de faire vivre
une régression, qui, une fois dépassée, a quelquefois des effets thérapeutiques. Le travail
individuel de son côté conforte ces effets thérapeutiques.
Ces auteurs montrent que chez l’enfant, à la différence de l’adulte ou de l’ado, la
structuration du groupe s’organise à partir d’une régression autour de la relation à l’adulte,
avec une préoccupation pour la scène primitive comme étant à l’origine du groupe (+ ou -
archaïque). Partant d’une matrice contenante, l’organisateur sera donc la scène primitive et
l’Œdipe. L’illusion groupale renforce les assises narcissiques, mais cette période reste très
courte chez les enfants (sauf à être entretenue par le psy). La présence de l’adulte renvoie
l’enfant à la castration et à l’abandon de la position phallique au profit du désinvestissement
libidinal ; mais ce qui est le plus actif, c’est l’utilisation d’organisateurs groupaux internes qui
s’appuient sur le modèle familial de différenciation.
Le psychodrame restera attaché à son nom. Moreno remarqua non seulement des effets
thérapeutiques dans le couple mais il constata que la catharsis gagnait le public. Sa théorie
du rôle : le sujet se libère du rôle dans lequel la vie sociale l’a aliéné avec ses conflits. Il
recréer sa propre personnalité en fonction de nouvelles perceptions de lui-même et d’autrui.
4 niveaux dans cette théorie :
– Une conception de la vie des groupes : chaque groupe possède une structure formelle
et une base sociométrique (mesure des relations entre les hommes) correspondant à la
structure consciente et inconsciente du groupe ; chaque groupe se développe selon des
normes sociogénétiques ; l’attraction et la répulsion entre les individus et les groupes
suivent des lois sociodynamiques ; il y a plusieurs formes de groupes : avec leader (isolés,
populaires, puissants) ou centrés sur le groupe (sans leader) ; chaque groupe a une
cohésion définie. But de la thérapie : amener un groupe malade d’un faible niveau de
cohésion à un niveau élevé de cohésion et de communication ;
– Une théorie de la spontanéité : il existe des actes qui jaillissent imprévisibles et qui
expriment la personnalité totale de l’individu. La spontanéité est inventive et imprévisible,
elle éveille la créativité et a de grandes capacités d’adaptation. Il est possible de déterminer
une psychopathologie de la spontanéité : trop de spontanéité engendre l’arriération, pas
assez, l’inhibition, et enfin une spontanéité sans créativité est à l’origine de la psychose ;
– Une théorie de la catharsis : La catharsis atteint les spectateurs et surtout les acteurs.
L’abréaction des conflits internes entraîne une purification et a un effet thérapeutique. Il y a
dans le psychodrame catharsis sans hypnose ;
– Une théorie des rôles : l’individu souffre de ne pouvoir employer tous les rôles qu’il
porte en lui. Origine de l’angoisse : la pression qu’exercent tous ces rôles inemployés.
2 sortes de rôles : les rôles appris (des rôles sociaux figés) ; les rôles improvisés qui
s’originent dans la spontanéité. Dans la pathologie : une faible diversité avec des rôles
pauvres et stéréotypés. Le psychodrame est censé agir à ces différents niveaux :
33
essaie de pourvoir le patient de plus de réalité que la lutte pour la vie ne lui en a donné
jusqu’alors. Son but est une plénitude de réalité. Cette richesse d’expérience vécue et
vivante aide le patient à élargir constamment son contrôle et sa maîtrise de soi et du
monde par l’événement vécu et l’exercice et non par l’analyse. (J.-L. Moreno)
Il pensait se situer dans un registre plus régressif que la psychanalyse puisque touchant
aux couches non verbales du patient. Quelques phrases montrent cette vision : « le
problème de l’expression vécue (acting-out) est lié aux états inconscients », « L’action
précède le mot et le renferme », « Le comportement symbolique peut être étudié plus
efficacement par la méthode d’action et de représentation que par des méthodes verbales ».
Utilisation (variées) du psychodrame : instrument éducatif (à l’école, in entreprises avec les
jeux de rôles) ; tests (de spontanéité, diagnostic, sélection) ; technique d’intervention dans
les organisations. En France, le psychodrame a été détourné par les psychanalystes, il est
très utilisé dans les groupes de formation ou thérapeutiques (cf. chapitre 5).
Il reprend les concepts de Reich (réflexe orgastique, cuirasse musculaire, travail sur les
tensions, les zones de blocage et la respiration…) mais s’intéresse surtout à la posture du
corps, tant pour le diagnostic que pour la thérapie. À partir de la lecture du corps et de
l’analyse caractérielle, il met en place une typologie caractérielle (schizoïde, orale,
34
psychopathe, masochiste, rigide…). Nous répétons souvent les mêmes gestes, les mêmes
cris, en se limitant à un registre particulier d’expressions. La nécessité de reproduire
d’autres gestes facilite les déblocages et la recherche de nouvelles expressions.
Les techniques marquent la prépondérance du non-verbal comme forme d’expression. Le
thérapeute peut proposer au groupe des techniques gestuelles d’imitation (« passage de
geste »), de contention physique (le cercle), d’improvisation collective (avec des instruments
de musique), de dessins collectifs et des jeux dramatiques. Il peut introduire des exercices
corporels, des techniques de sensibilisation et d’explorations sensorielles qui amplifient et
diversifient tous les registres d’expressions et de sensations.
Dans le groupe, le thérapeute se centre sur 1 personne ; il fait passer le patient par
certaines phases comme la mise en évidence des tensions, suivie de la décharge
émotionnelle (pleurs, colère, cri) avec un temps d’intégration et de verbalisation.
3. La Gestalt-thérapie de F. Perls
Hyp = une pathologie provient de la souffrance liée aux besoins physiologiques et affectifs
non satisfaits dans la petite enfance. Il préconise de faire revivre la « scène primale » au
cours de laquelle la souffrance de l’enfant avait induit ce clivage, afin qu’il retrouve son
unité. Le cri involontaire que le patient pousse quand il se retrouve impuissant devant la
souffrance est un des moments importants de la thérapie.
Méthode : moments d’isolement, ou de privation de sommeil. À la suite de la thérapie
individuelle intensive, le patient assiste à des séances groupales qui l’aident à revivre des
primals. Le groupe est utilisé pour provoquer une régression profonde qui conduit le patient
à remonter toujours plus loin dans son enfance.
Finalité de l’AT : faire prendre conscience au malade des scénarios qui commandent sa
vie afin qu’il puisse s’en détacher et rétablir les communications faussées avec autrui.
3 états du Moi : Parent, Adulte, Enfant. On diagnostique, dans une relation, quel état du
Moi intervient et quelles sont les différentes formes de transactions entre ces différents
niveaux. Pour se protéger, on utilise des jeux inconscients pour manipuler autrui.
Scenario = ensemble des jeux qu’une personne répète au cours de l’existence. Il
s’élabore très tôt dans l’enfance, en réponse aux pressions et aux désirs des parents.
De nombreux thérapeutes, tout en utilisant la méthode de l’AT s’appuient sur des
techniques empruntées aux groupes de rencontre, et à la Gestalt- thérapie.
1. Thérapies existentielles
En Europe, à partir de 1920, s’est développée une école de psychothérapie marquée par
la phénoménologie et l’existentialisme avec 2 formes de pratiques : la psychothérapie
existentielle et l’analyse existentielle. La 1ère, dérivée de Kierkegaard, regarde la névrose
comme un « monde inauthentique » dont le malade doit prendre conscience par la
rencontre avec un thérapeute. La 2ème, inventée par L. Binswanger, se fonde sur les
thèses d’E. Husserl et de M. Heidegger : le phénoménologue suspend son jugement,
l’important pour lui est de dégager le sens des choses et non de les expliquer.
Karl Jasper sera un des premiers à préconiser une phénoménologie descriptive : le
psychopathologue doit négliger la genèse des phénomènes et leurs représentations
inconscientes pour ne s’occuper que de ce qui est réellement vécu. Cette approche a connu
un écho plus tardif aux US, où plusieurs noms de la psychologie (G. Allport, C. Rogers, R.
May, E. Fromm, A. Maslow) s’y sont référés explicitement. C’est par ce relais que la
psychologie existentielle a influencé la psychologie humaniste.
La psychologie existentielle veut redonner au patient un pouvoir de décision sur sa vie.
Cette approche met l’accent sur les notions d’identité, d’expérience, d’actualisation du Moi,
d’authenticité ; elle accorde une importance particulière au futur, plus encore qu’au passé, à
travers les idées de croissance, de développement et de « potentiel humain ».
36
La psychologie existentielle met la technique au second plan et insiste sur la qualité de
présence du thérapeute, son ouverture aux éléments de la communication avec le patient
(les expressions de son visage, ses gestes, ses intonation), préférant l’éprouvé à l’expliqué,
l’empathie à l’interprétation. La thérapie existentielle est une expérience cathartique où la
personne affronte ses conflits et essaie, avec l’aide du thérapeute, d’élargir sa conscience .
2. Groupes de rencontre
4. Groupes comportementalistes
1. Thérapies comportementales
2. Thérapies cognitives
Utilisent la même méthodologie que l’approche comportementaliste, elles agissent sur les
processus de la pensée. Hyp : le patient a une distorsion perceptive des informations
renvoyées par l’environnement, ce qui engendre une vision erronée et pessimiste de lui-
même et du monde. Ce processus est à l’origine des symptômes anxieux ou dépressifs.
Elles renouvellent les recherches sur le conditionnement par l’étude des processus
cognitifs (pensées, images mentales, croyance), et par l’importance accordée à
l’apprentissage social par imitation (cf. A. Bandura). Les individus perçoivent
l’environnement et les événements à travers des schémas cognitifs : des croyances, des
valeurs, des attitudes qui organisent notre façon de percevoir et de traiter l’information.
Restructuration cognitive : mettre en évidence les croyances irrationnelles qui perturbent
la vie affective, puis à les modifier en leur substituant par des pensées rationnelles.
Technique la plus utilisée : le jeu de rôles pour expérimenter de nouvelles formes
d’expression et de comportement. Ces techniques, proches du psychodrame, se pratiquent
souvent en groupe, elles peuvent aussi associer des méthodes empruntées aux groupes de
rencontre et d’expression corporelle. Ces pratiques utilisent le travail individuel en groupe,
les autres membres aident à mettre en évidence les distorsions et renforcent (par des
approbations) le changement de stratégie perceptive.
3. Les sexo-thérapies
- Selon lui le cadre doit fonctionner comme une structure d’étayage de l’activité
symbolisante. Il doit représenter, dans et par sa structure, les règles ou contraintes à
respecter pour que la symbolisation ou un certain type de symbolisation puisse avoir lieu.
- Dans la cure psychanalytique, la raréfaction des perceptions « visuelles », leur fixité
poussent à la nécessité de figuration représentative visuelle, et invitent à la
métaphorisation.
- Dans le psychodrame, la scène métaphorise le fantasme sous-jacent, l’acte suspendu
(faire semblant) renvoie au sens de l’acte plus qu’à sa décharge…
- Cette théorie du cadre est issue d’une expérience pratique, pas d’une théorie.
- Le cadre doit maintenir les 3 niveaux de symbolisation :
1. Primaire : Le cadre sera, de façon inconsciente, issu des théories sexuelles infantiles et
en particulier des théories sexuelles infantiles du soin
2. Secondaire : Chaque élément du cadre doit pouvoir fournir les raisons logiques de son
existence, en cohérence avec les raisons affirmées du travail thérapeutique
3. Tertiaire : Les différences entre les symbolisations secondaires et primaires vont générer
un conflit entre ces 2 mécanismes. Le processus thérapeutique est le fruit du travail de
symbolisation tertiaire (Green), qui cherche à articuler les 2 types de symbolisations.
Exemple : pour Roussillon quand le cadre est menacé, atteint dans sa fonction
symbolisatrice, c’est que le processus thérapeutique a transféré une atteinte historique de
39
la symbolisation sur le dispositif. Il est possible d’analyser ces éléments qui ont pu
entraver ou mettre à mal la fonction symbolisante au cours de l’histoire du patient.
2. Caractéristiques du cadre
Elliott Jaques, intervenant dans des entreprises, constate la mise en jeu d’angoisses
archaïques (persécutives ou dépressives) lors de changements du cadre institutionnel. Il
suppose que les individus projettent les pulsions et objets internes qui sont sources
d’angoisses psychotiques sur les structures institutionnelles. Les groupes trouvent leur
cohésion en défense contre les angoisses psychotiques. Ces angoisses agissent par des
mécanismes archaïques comme l’identification projective, le clivage, le déni ou la projection.
Ainsi, les objets internes inquiétants sont déposés dans le psychisme de certains membres
du groupe, mais comme membres identifiés à des places institutionnelles (c’est le cas par
exemple des chefs, sous-chefs, délégués, boucs émissaires).
■ Le cadre fantôme
J. Bleger fait une constatation similaire en étudiant le cadre thérapeutique dans la cure
type de la psychanalyse : certains patients décompensent sur un mode psychotique alors
que rien ne le laissait prévoir, à la suite d’un changement de cadre (déménagement,
changement d’horaires). Il en déduit que dans la situation thérapeutique, il y a 2 systèmes :
1. le cadre (setting de Winnicott) : qui contient des constantes, à l’intérieur duquel un
processus a lieu. Ce système est un non-processus, c’est une constante ;
2. le processus interne à la psychanalyse : sujet d’étude commun à l’analyste et au patient ;
c’est la variable.
Le cadre paraît inexistant et le patient n’en prend conscience que quand il vient à
manquer ou lorsqu’il change. Le cadre est pour Bleger dépositaire de la partie psychotique
(surtout symbiotique) de la personnalité en lien avec l’organisation la plus primitive et la plus
indifférenciée de l’individu, c’est la partie qui conserve la fusion « Moi-corps-monde ». Ce
lieu de non-processus qui renvoie au « non-Moi » du patient, monde fantôme, est
dépositaire de la partie indifférenciée et non résolue des liens symbiotiques primitifs. Il
étendra cette conception au cadre groupal et institutionnel.
Pour résumer, reprennons les 4 fonctions principales du cadre définies par Kaës :
- contenante car si le cadre est « récepteur de la symbiose » (Bleger), par sa stabilité il a un
rôle de contenance des objets internes et des processus psychiques qui se déroulent
pendant la séance ;
- limitante car le cadre assure la distinction entre le Moi et le « non-Moi », permettant ainsi
la constitution d’une intériorité et d’une extériorité corporelles puis psychiques. Le cadre est
le garant de l’espace psychique individuel ou groupal
- symboligène car le cadre contient une théorie de la symbolisation (Roussillon)
- transitionnelle car frontière entre le Moi et le « non-Moi », le cadre participe de cet espace
d’échanges conceptualisé Winnicott, où règnent la paradoxalité et l’indécidabilité.
40
3. Institutionnalisation du cadre
Lévi-Strauss montre que les mythes sont de même nature : ils ont une fonction
structurante. Laplanche et Pontalis, reprenant les conceptions de Freud, notent que ces
fantasmes originaires tout comme les mythes collectifs apportent une représentation et une
solution à ce qui pour l’enfant s’offre comme une énigme majeure : sa propre origine.
On est frappé par l’extrême diversité des dispositifs et des cadres dans les thérapies de
groupes, diversité qui contraste avec la grande rigidité de la cure type. Or, c’est bien la mise
en place du cadre qui donne naissance au traitement. Dans la cure type, l’origine serait
transgénérationnelle alors que dans les thérapies de groupe, chaque thérapeute, en couple
avec l’institution, devient géniteur du groupe.
Foulkes (cf. chapitre 2,) a mis en évidence la soumission (suggestion et conformisme) du
groupe au thérapeute / ses options conscientes ou ses désirs inconscients.
La non-maîtrise du cadre par le thérapeute devrait faire partie de la règle fondamentale de
l’abstinence, afin que chaque thérapeute de groupe ne puisse pas reprendre à son compte
l’expression de Moreno : « I am God, the father, the creator of universe ».
1. En fonction de la théorie
La psychanalyse (et les théories néo-freudiennes à composante corporelle) travaille plutôt
avec la régression, la psychosociologie avec la socialisation et la communication, le
comportementalisme sur les apprentissages. Chaque élément du cadre a une fonction qui
vient étayer les moyens et la finalité du traitement. Les divers cadres se déduisent d’une
série de combinaisons impliquant :
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2. Groupe ouvert, groupe fermé
Le choix entre un groupe ouvert ou un groupe fermé est un des éléments déterminants
issus de la théorie de référence, mais surtout de l’orientation que le thérapeute veut donner
à ses interventions (groupales ou individuelles). Cette alternative s’impose au thérapeute
dès la constitution du groupe. Le plus souvent, ce sont des raisons plus pratiques que
théoriques qui président à cette option, car les groupes ouverts sont plus faciles à mettre en
place ; ils répondent au défaut d’indications et mettent à l’abri des échecs dus au départ
intempestif des participants. À chaque départ, les thérapeutes font entrer un nouveau et, au
fur et à mesure que de nouvelles indications se présentent, le groupe est élargi. Une telle
souplesse est un avantage institutionnel évident.
À l’inverse, les groupes fermés nécessitent un temps de préparation long. Chaque
désertion par suite d’une mauvaise indication, d’une préparation insuffisante ou encore d’un
changement dans la réalité – menace le groupe de destruction.
Les groupes ouverts font, de par leur structure, référence à la famille, avec de nouveaux
membres qui arrivent (comme des nouveau-nés), d’autres qui partent (comme les enfants
devenus adultes) avec un couple de thérapeutes immuable, à la manière des parents. Le
groupe ouvert peut s’institutionnaliser : il tend vers l’immuable ; ses membres (thérapeutes
compris) peuvent y entrer / partir sans en remettre en cause l’existence.
On ne saurait effectuer dans les groupes ouverts une analyse de groupe, car celui-ci ne
peut pas se constituer en tant qu’entité, et les phénomènes groupaux ne peuvent s’y
exprimer que partiellement. Inversement, l’analyse individuelle est facilitée dans les groupes
ouverts car les individus sont stimulés par leur confrontation aux autres membres.
Le groupe ouvert rassure contre les angoisses de morcellement et de destruction puisqu’il
est indestructible dans le temps. On comprend que les tensions et les angoisses vécues
dans ces groupes soient quantitativement plus faibles que dans ceux qui sont fermés. Les
groupes demandant une régression peu marquée, comme les groupes d’accueil, les
groupes d’observation, les groupes de stimulation ou encore les psychanalyses dans le
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groupe, ont tout intérêt à rester ouverts. De cette situation induite par le groupe ouvert il
résulte que leurs avantages en constituent aussi les inconvénients. Ainsi, si l’on vise à
utiliser la vie du groupe, ses régressions, ses tensions et son évolution comme instrument
thérapeutique, il est préférable de mettre en place des groupes fermés.
Le groupe fermé cherche une cohésion interne, les phénomènes de groupe y sont plus
marqués et ne sont pas perturbés par le départ ou l’arrivée de certains de ses membres.
Les régressions sont plus intenses mais les étapes d’évolution du groupe sont aussi plus
facilement identifiables. Les régressions sont mieux contenues car les limites entre dedans
et dehors sont plus clairement définies.
La question de la fin de ce type de groupe est un problème complexe et même
douloureux. Car chacun doit faire le deuil du groupe qui va disparaître dans la réalité. Le
groupe doit entreprendre l’élaboration psychique de la séparation et des angoisses de
destruction ou d’engloutissement qui renvoient à cette mort prochaine inexpugnable.
Anzieu montra (cf. chapitre 2,) que plus un groupe était large, plus les angoisses archaïques
de mise en groupe y étaient intenses : les risques de perte identitaire y sont plus forts. Les
grands groupes, en revanche, déploient les phénomènes de groupe plus rapidement.
Le cercle, avec un vide central, évoque la topographie du corps maternel avec des
fantasmes d’être aspiré par le vide, des tables au centre réduisent ces angoisses. Mettre les
participants en rang (comme à l’école) renvoie à la rivalité œdipienne…
Les parois et le volume de la pièce ont un rôle important en début de groupe et renvoient
à des effets de contenance qui réduisent ou augmentent les inquiétudes. Un espace trop
grand ou ouvert empêche l’union groupale ; trop petit, il peut générer des angoisses
claustrophobiques, la qualité des matériaux peut avoir de l’importance surtout dans les
groupes d’enfants où ils cherchent à éprouver la solidité des contenants physiques…
Certaines pathologies nécessitent des séances rapprochées (ex : personnalités
abandonniques ou narcissiques).
Les groupes limités dans le temps (sur le modèle des thérapies brèves) n’ont pas les
mêmes fonctions que ceux qui sont immortels (comme les groupes ouverts).
L’organisation du groupe par la tâche, par l’attribution de statuts ou d’une hiérarchisation
réduit les angoisses archaïques (projetées sur la structure organisationnelle) ; à l’inverse, la
non-directivité et l’association libre confrontent le groupe à ce type d’angoisse.
La position physique et psychique du thérapeute est déterminante. En s’éloignant du
groupe, il devient persécuteur ; en s’en rapprochant, il suscite l’illusion groupale.
4. Co-thérapie ou mono-thérapie
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La co-thérapie serait justifiée par le fait que face à un couple, les patients ont la possibilité
d’effectuer un « transfert total », sur le couple et sur chacun des thérapeutes (représentant
les imagos paternelle et maternelle). Mais, certains comme Slavson, remettent en cause ce
dispositif reproduisant un cadre familial.
Arguments en faveur de la mono-thérapie :
- Le fait d’être seul autorise une mobilité et une disponibilité plus grandes du thérapeute.
Le groupe ne peut se structurer que si le thérapeute y est intégré à certains moments et
qu’à d’autres, sa fonction d’analyste puisse s’exercer par un retrait de la vie du groupe. Ce
mouvement oscillatoire permet au groupe de prendre forme, et au thérapeute d’interpréter,
car ce dernier doit entrer en résonance avec les fantasmes des participants (être dans le
groupe) puis s’en dégager pour pouvoir en parler (être hors du groupe).
- Le couple introduit des paramètres d’une telle complexité que l’analyse des phénomènes
transférentiels, contre-transférentiels et intertransférentiels est difficile à mettre en œuvre.
Le couple induit dans le groupe des défenses particulières en fonction des différents
niveaux fantasmatiques abordés (archaïques ou œdipiens) ; ceux-ci interagissent sur le
vécu inconscient du couple qui, à son tour, rejaillit sur le comportement du groupe,
l’ensemble étant soumis à une difficulté de plus : celle de faire la différence entre couple réel
et couple imaginaire. Et selon Anzieu : « il y a une différence fondamentale entre donner à
voir le fantasme (séduction) et le donner à entendre (interprétation) ».
Alternative : en raison de la violence et de la richesse des contre-transferts, le thérapeute
doit parler de sa pratique à un tiers (collègue, groupe de travail). Ainsi, la présence
rassurante d’un co-thérapeute sera déportée hors du groupe, avec l’avantage de la co-
thérapie effet contenant et prise de distance - tout en en évitant les écueils mentionnés.
La pertinence de la co-thérapie doit être interrogée selon qu’il s’agit de formation, de
groupe de psychotiques ou de relaxation ou de psychodrame, et d’enfants en bas âge.
- les psychothérapies dans le groupe : utilisent les effets du groupe, pour stimuler l’activité
fantasmatique et pour réduire les résistances, et où les individus sont l’objet des
préoccupations et des interprétations du thérapeute. Les phénomènes de groupe ne sont ni
suscités ni utilisés ; ce sont des groupes ouverts, réduits (4 à 6 sujets), animés par un
couple. Du fait du renouvellement des participants, ce dispositif provoque l’émergence de
thématiques œdipiennes liées à la rivalité et à la scène primitive. La séparation s’élaborera
individuellement par rapport à un groupe imaginé comme étant immortel. Les interprétations
se font dans le transfert sur les thérapeutes. L’approche corporelle ou le psychodrame
(thème issu d’un membre du groupe) facilite le travail individuel ;
– les psychothérapies par le groupe : utilisent surtout les phénomènes de groupe. Le
groupe est fermé, il peut être plus large (10 à 12 sujets), il est animé le plus souvent par un
seul psychothérapeute qui interprète les phénomènes de groupe et les réactions
individuelles face au groupe. Le groupe induit une régression et des effets de diffraction du
44
transfert, c’est l’influence de la structuration du groupe sur la vie interne des sujets qui est
prise en compte. Le thérapeute interprète le transfert du groupe sur lui et celui des individus
sur le groupe. Certains médiateurs favorisent les processus groupaux comme les dessins
collectifs, le psychodrame (thème élaboré en commun), la musique…
6. Besoins du patient
Le cadre adopté doit tenir compte des capacités du patient : ses réactions à l’épreuve de
la réalité (psychotiques), ses tolérances à la frustration, sa capacité à moduler l’agressivité
et à différer l’action, ses possibilités de sublimation et d’identification. À partir de l’estimation
de ces divers éléments, il faut adapter le cadre (à partir de la théorie choisie) afin que
tous les éléments puissent être utilisables et acceptés par les patients. Cette homogénéité
n’est pas facile à réaliser car, au-delà de la pathologie, il faut tenir compte de l’âge, du sexe,
de la classe sociale, et de la culture des patients.
45
2. Psychodrame
47
2. Groupe fermé pour élaborer les processus groupaux
3. Associations libres : pour laisser émerger une organisation groupale à partir d’une
certaine régression et de la vie fantasmatique des participants
4. Régularité du cadre : régulier en temps, en lieu, et en heure. A savoir espace clos
imaginaire coupé des réalités sociales ( l’abstinence, la discrétion)
5. Matériel : aucun, pour obliger les adolescents à utiliser le langage
6. Nombre de thérapeutes : un seul, pour analyser aussi de manière approfondie le
contre-transfert
7. Interprétations dans un premier temps : sur le vécu et les émotions groupale. Transfert
du groupe sur le thérapeute et des participants sur le groupe sont pris en compte
8. Interprétations dans un second temps : sur le vécu individuel dans le groupe.
Transferts des individus sur le groupe, le thérapeute, et les autres membres du groupe
9. Supervision : systématique.
10. Contrat : présence jusqu’à la fin du groupe. Nous n’édictons aucun interdit particulier
pour ne pas désigner de modèles de méconduite.
La restauration narcissique et le réaménagement de l’Idéal du Moi sont les 2 éléments qui
font penser aux groupes ados. Mais, les groupes thérapeutiques d’inspiration analytique ont
une autre visée : transformer le groupe en un lieu d’étayage et non d’élaboration.
3 éléments mettent en danger l’étayage narcissique et ce générer des violences et
remettre en cause le traitement : si a sécurité narcissique de l’ado est menacée, la relation
de confiance, nécessaire pour à établir l’alliance thérapeutique est remise en cause :
1. La situation groupale fait advenir une révélation sur ce qui est étranger à nous-mêmes :
les participants ont l’impression d’être la proie d’une force qui les dépasse et sur
laquelle ils n’ont pas de prise ( angoisse de perte du contrôle, du caractère
mystérieux et terrifiant de cette force). Les interprétations groupales, en particulier,
renforcent le sentiment que nous ne nous appartenons plus.
2. Sensibilité des ados à toute attaque au cadre contenant : quand le groupe a enfin
permis un étayage narcissique, le départ d’un participant, des séances annulées, des
vacances… peuvent induire des réactions très violentes ;
3. Violence de la confrontation des participants à la castration et la nécessité d’assumer
une certaine dépression, seul accès à une problématique œdipienne. Les ados peuvent
préférer de se réfugier dans l’illusion groupale.
Cette opposition entre les buts de la psychothérapie de groupe et les raisons qui font
qu’un ado recherche un groupe explique sans doute le nombre très restreint de comptes
rendus de groupes d’inspiration psychanalytique d’ados. Elle justifie par un certain nombre
de techniques employées par les thérapeutes pour mener à bien les thérapies de groupe.
Conseils des Anglo-Saxons au thérapeute : avoir dans le groupe une position centrale et
se présenter comme étant une image identificatoire idéalisée, chercher à minimiser les
effets de groupe (cf. chapitre 2, I, 2).
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Autres aménagements techniques : utiliser une technique défensive par rapport à la
dépression (ex : psychodrame ou des groupes avec des activités valorisantes - sport,
cinéma, musique) ; soit de profiter des effets contenants et idéalisants des institutions.
Utilisation des groupes ouverts : ils perdent une partie de leur intérêt pour l’ado, mais qui
n’exposent pas aux mêmes difficultés que les groupes fermés, en particulier parce que ces
groupes vivent sur le fantasme de l’immortalité (du groupe et des animateurs).
Techniques selon les différentes phases de l’adolescence :
A la puberté : la préoccupation majeure est la lutte contre le débordement pulsionnel à
cause de la problématique œdipienne et des menaces surmoïques. Le psychodrame
collectif prend bien en compte ce type de conflit ; par le jeu, il y a maîtrise de la vie
pulsionnelle et de l’imaginaire, par la participation des adultes il y a distanciation par rapport
aux images surmoïques et donc une meilleure gestion des conflits intrapsychiques. Par son
aspect actif, le psychodrame encourage l’illusion groupale ou pour le moins les défenses
maniaques, ce qui permet de ne pas confronter trop tôt l’ado à la dépression.
A partir de 15-16 ans : la préoccupation est d’ordre narcissique puis identificatoire. Le
groupe analytique est à conduire avec prudence : suivre les conseils des Anglo-Saxons,
considérer que les capacités contenantes du thérapeute ne se règlent pas seulement par
une directivité accrue. La permanence du cadre doit être respectée avec beaucoup de
rigueur.
A partir de 17-19 ans : pas d’aménagement particulier, le but du groupe étant de les aider
à surmonter les différents deuils et acquérir une autonomie psychique tout en acceptant leur
appartenance groupale (et donc sociale).
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Les institutions sont caractérisées par leur ambiguïté : elles permissives & répressives ;
elles lient et séparent à la fois. Elles organisent les rencontres, rendent les actes possibles,
mais édictent les règles et les interdits. Freud assimile l’ambiguïté des institutions à
l’oscillation entre la mélancolie (dépression due à la quotidienneté des normes) et la manie
(fête comme inversion des normes).
Les institutions, comme nous l’avons vu, sont particulièrement sensibles aux angoisses
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persécutives (cf. chapitre 4) ; il arrive aussi que, n’étant plus contenues, les angoisses
primaires empêchent toute possibilité de secondarisation et d’élaboration.
Les groupes thérapeutiques sont inconsciemment ressentis comme une menace pour le
cadre institutionnel car pouvant induire des changements dans son organisation par les
tentations, ce qui mobilise des angoisses persécutives ou dépressives.
Les institutions et les groupes ont donc des difficultés à entretenir des liens d’autonomie,
de reconnaissance et de respect mutuel. Ces 2 entités sont dans des rapports soit de
contrôle (emprise et identification projective), soit de dédoublement (imitation,
indifférenciation), soit de clivage (projection et idéalisation).
Index
A
abstinence 1, 2, 3 activation de la libido 1 Activity Group Therapy 1 affirmation de soi 1
analyse transactionnelle 1, 2
angoisses archaïques 1, 2, 3, 4
anonymat 1
appareil psychique groupal 1, 2, 3, 4
association libre 1, 2
autosuffisance 1 B
bioénergie 1, 2
bouc émissaire 1, 2, 3 C
cadre 1, 2, 3, 4, 5, 6
catharsis 1
cathartique 1, 2
co-thérapie 1, 2, 3
cognitivisme 1
complémentarisme 1, 2
contre-institution 1, 2
cuirasse caractérielle 1 D
dynamique de groupe 1, 2, 3 E
efficacité symbolique 1 encadrement social de la névrose 1
existentielle 1
expérience émotionnelle correctrice 1, 2, 3 F
faim sociale 1
fantasmes originaires 1, 2 fixation de la libido 1 fonction alpha 1
fonction du Moi 1 fonction orgastique 1
formation 1
foules conventionnelles 1, 2
51
foules passagères 1, 2 G
gestalt-psychologie 1
gestalt-théorie 1
gestalt-thérapie 1, 2
groupalité 1, 2
groupe d’adolescent 1
groupe de transformation 1, 2
groupe fermé 1, 2, 3, 4
groupe interne 1, 2
groupe marathon 1
groupe ouvert 1, 2, 3 H
homéostasie 1, 2
horde primitive 1 hypothèses de base 1 I
Idéal du Moi 1, 2
identification primaire 1
illusion groupale 1, 2, 3, 4
image du corps 1
imago 1, 2, 3
indifférenciation 1
insight dérivé 1
institution 1
inter-fantasmatisation 1
interprétation 1, 2
Interpretative Group Psychotherapy 1 isomorphie 1, 2
J
jeu 1, 2 M
matrice 1, 2
médiateur 1, 2, 3, 4, 5 mentalité de groupe 1 meurtre originaire 1
mirroring 1, 2
mono-thérapie 1, 2
morale sexuelle 1
mythe originaire 1 N
non-processus 1 O
objet transitionnel 1
œdipe 1, 2, 3, 4
orgone 1, 2 P
pèlerinage 1
52
perte d’identité 1 phénomène de chaîne 1
phénomène de condensateur 1 play-therapie 1
processus 1
proto-mental 1
psychodrame 1, 2, 3, 4, 5
psychothérapie institutionnelle 1 pulsion de mort 1
R
rebirthing 1
régression 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 réponses « G » 1
répression des pulsions 1
réseau 1
résonance 1
résonance inter-fantasmatique 1
rêve 1, 2, 3
rôle 1, 2, 3, 4, 5 S
Schéma Conceptuel, Référentiel et Opérationnel 1 sentiment de culpabilité 1, 2
spontanéité 1, 2
structuralisme 1
suggestion 1, 2
symbolisation 1, 2, 3, 4 T
T-Group 1, 2, 3
tarentisme 1, 2
thérapie cognitive 1
thérapie comportementale 1, 2
thérapie existentielle 1, 2
thérapie primale 1
transfert 1, 2, 3, 4, 5
transfert groupal 1
transferts latéraux 1
transferts multiples 1
Verbal Interaction Group 1
53