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Suicide et crise

Au fil de dix-huit années d'engagement en prévention du suicide, j'ai côtoyé


des centaines de personnes suicidaires. La très grande majorité est parvenue
à franchir ce passage de sa vie et y a fait la découverte de nouvelles forces,
d'un nouvel espoir. Un certain nombre d'entre elles se sont suicidées, parfois
après un long dialogue avec le désespoir et l'envie de vivre. Auprès de ces
personnes, j'ai beaucoup appris sur la vie, sur ce qu'elle livre de plus beau
comme sur ce qu'elle recèle d'insoutenable. Paradoxalement, les personnes
suicidaires tiennent à la vie... Elles en attendent bien mieux que ce que leur
existence leur a jusque-là offert. C'est bien de la vie dont il est question. Vie
menacée, fragile, malheureuse... Vie en quête d'apaisement, derenouveau,
de profonde liberté. Les personnes suicidaires luttent contre la tentation de
renoncer à vivre, et cette ambivalence, si lourde à porter, est la source même
d'énergie qui peut les conduire à réinventer leur équilibre1.

La littérature sur le suicide propose des réflexions à plusieurs niveaux. L'épi­


démiologie étudie les variations des taux de suicides à travers le temps et les
pays. L'étiologie définit les causes du suicide, les facteurs de risque et les
modèles pouvant expliquer ce phénomène complexe. Enfin, l'intervention
porte sur les manières d'agir auprès des personnes présentant des compor­
tements suicidaires. Pour ce guide pédagogique, nous n'allons qu'effleurer
les deux premiers niveaux de réflexion ; de nombreux ouvrages peuvent être
consultés si le lecteur souhaite plus d'information. Nous nous proposons
ici d'aborder plus spécifiquement, et de manière très concrète, l'entretien

1. Lorraine Deschênes, dans L. Lewis. Le suicide: un saut dans le néant, Montréal: Éditions
Nouvelles, 2001, page 9.
Intervenir en situation de crise suicidaire

avec une personne suicidaire sur la crise, en offrant des exercices théoriques,
des laboratoires, des analyses et des histoires de cas. Ce guide se veut un outil
concret et rapide de consultation. Il permettra de rendre disponible aux
cliniciens et aux futurs intervenants la connaissance faisant consensus actuel­
lement.

1.1 SUICIDE: QUELQUES DONNÉES STATISTIQUES

Selon L'Organisation mondiale de la santé (OMS) :

• Toutes les 40 secondes, une personne se suicide quelque part dans le


monde.

• Toutes les 3 secondes, une personne tente de se suicider.

• Le suicide est une des trois causes principales de mortalité chez les jeunes
de 15 à 35 ans.

• Chaque suicide a une répercussion sérieuse sur au moins 6 autres per­


sonnes.

• L'incidence psychologique, sociale et financière du suicide sur la famille


et la communauté est incommensurable.

Le suicide est un phénomène complexe. Il est le résultat d'une interaction


associée à des facteurs biologiques, génétiques, psychologiques, sociaux et
environnementaux. Il est difficile d'expliquer pourquoi certaines personnes
se suicideront alors que d'autres se trouvant dans la même situation, voire
pire, ne se suicident pas. Le suicide constitue de nos jours un problème
majeur de santé publique. Aussi, aider les équipes de santé publique à définir,
évaluer, gérer et repérer toute personne suicidaire rencontrée dans la com­
m unauté constitue une dém arche im portante pour la prévention du
suicide2.

Taux de suicide pour la France

La France, est l'un des pays de l'Union européenne le plus touché, soit deux
fois plus que l'Angleterre ou que l'Espagne3. En France, les disparités entre

2. OMS, 2007.
3. OMS, 2002.

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1 - Suicide et crise

les régions sont importantes. Les habitants des départements et des régions
fortement urbanisés semblent moins touchés par le suicide que ceux demeu­
rant dans les régions rurales4. Le suicide chez les personnes âgées de 30 à 59
ans est également en augmentation5.

Taux de suicide pour le Québec

Le taux de suicide au Québec a connu une augmentation rapide à partir de


1960, soit une hausse de 3 0 0 % jusqu'aux années 1990. La tendance se
maintient depuis. Cette croissance fut d'autant plus bouleversante, indivi­
duellement et collectivement, que le Québec avait enregistré jusque-là un
taux de décès par suicide relativement bas, passant de 5 % en 1960 à 18%
en 1987 (Bureau du coroner du Québec). Le taux a diminué dans la deuxième
moitié des années 1980 et a recommencé à augmenter dans les années 1990,
passant de 1 165 décès en 1990 à un sommet de 1 624 en 1999, pour enfin
se situer à 1 323 décès en 2001 et à 1 1 7 2 en 2004. Selon Statistique Canada6,
37 % de tous les décès par suicide au Canada se produisent au Québec. Le
suicide est la première cause de mortalité au Québec chez les hommes âgés
de 15 à 39 ans. En 1996, sur les 1 136 décès par suicide chez les hommes,
66 % (n = 753) touchaient des adultes âgés de 25 à 54 ans7. Les taux les plus
élevés sont relevés chez les groupes d'âge de 25 à 64 ans. Le taux de suicide
chez les femmes est demeuré sensiblement le même depuis les années 1975.
Par contre, depuis le début des années 1990, nous remarquons une hausse
importante des décès par suicide, particulièrement chez les jeunes femmes
de 10 à 19 ans. Heureusement, ôn note une baisse marquée du nombre de
suicides depuis l'an 2000. Il est passé de 1 624 personnes en 1999 à 1 172
en 2004.

4. DREES, Suicides et tentatives de suicide en France, DREES, Études et résultats, mai 2006,
488 p.
5. S. Letellier. « Le suicide des 30-59 ans augmente», Tribune santé, Grigny, vol. 78, 2007, p. 4.
6. Statistique Canada, 2001.
7. Ministère de la Santé et des Services sociaux, 1996.

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Intervenir en situation de crise suicidaire

1.2 CRISE

1.2.1 Définition de la crise

Pour comprendre une personne qui est en urgence suicidaire, il est nécessaire
de situer ce qu'elle vit lors d'une crise. En effet, une personne ne se suicide
pas de façon « soudaine » ; il s'agit plutôt de l'aboutissem ent d'un processus
qui a été douloureux et qui s'enracine dans des problèmes de longue date.
Selon Caplan8, la a is e se définit comme suit :
[... ] un état qui se produit quand une personne fait face à un obstacle, à un des
buts importants de sa vie qui, pour un certain temps, est insurmontable par
l'utilisation des méthodes habituelles de résolution de problème. Une période
de désorganisation s'ensuit, période d'inconfort durant laquelle différentes
tentatives de solution sont utilisées en vain. Éventuellement, une certaine forme
d'adaptation se produit qui peut être ou non dans le meilleur intérêt de la
personne et de ses proches [...].

Le modèle de référence, retenu par Mazet et Darcourt9 à la suite de la confé­


rence de consensus sur la crise suicidaire, est celui développé à partir des
travaux et des recherches de Caplan10 et Aguilera11. La crise suicidaire survient
à un moment où la personne est plus vulnérable et qu'elle est moins disposée
à lutter contre l'adversité. Tout au long de son développement, la culture,
l'éducation, l'expérience, etc., contribuent à l'épanouissement d'une personne
apte à surmonter les stress et les épreuves qu'elle vivra au cours de son exis­
tence. Les mécanismes adaptatifs lui permettent généralement de surmonter
la souffrance psychique née de la rupture de l'harmonie préexistant à la crise.
Lorsque la douleur psychique envahit la personne de façon trop intense et
que les ressources adaptatives sont déficientes, des idées suicidaires peuvent
germer de la crise. La qualité de ses attachements (culture, religion, aoyances,
famille, image de soi) fonde l'être humain. La crise naît de la menace d'une
rupture avec ces attachements. Elle entraîne le développement de la vulné-
rab ilisatio n , de la sou ffrance psychique et de l'ap p aritio n d'idées
dépressogènes.

8. G. Caplan, dans M. Séguin, A. Brunet et L. Leblanc. Intervention en situation de crise et en


contexte traumatique, Montréal : Gaëtan Morin, 2006, page 4.
9. Mazet et Darcourt, 2003.
10. Caplan, 1961, 1964.
11. Aguilera, 1995.

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1 - Suicide et crise

1.2.2 Processus de la crise

Les personnes font face aux événements stressants de la vie quotidienne en


trouvant des réponses variées pour s'y ajuster et pour maintenir un équilibre
dans leur vie. Ces réponses se divisent en trois grandes catégories :

• Réponses comportementales : manger, dormir, faire du sport, écouter de


la musique, etc.

• Réponses émotives: colère, peine, joie, etc.

• Réponses cognitives : modifier la perception de la situation, nier ou


admettre les faits, se bâtir un plan d'action, etc.

Notre équilibre se maintient en fonction de ces choix de réponses que nous


faisons par rapport aux situations que nous vivons. Lors d'un stress subi dans
l'exercice d'une nouvelle fonction au travail, certains en parleront, d'autres
feront du sport, d'autres encore liront des informations sur leur nouveau
milieu d'emploi, etc. Chacun trouve des réponses qui lui conviennent et qui
lui permettent de gérer la situation qu'il vit. Lorsque les réponses sont satis­
faisantes, la personne se sent mieux et plus apte à affronter sa situation. Elle
retrouve alors un certain équilibre dans sa vie.

Toutefois, certains événements très stressants peuvent se produire dans une


période de temps relativement courte. Pensons au deuil d'un proche, à la
perte d'un emploi, à une séparation. De tels événements peuvent déstabiliser
une personne à un point tel que ses réponses habituelles aux situations
difficiles ne parviennent pas à l'aider ou à faire baisser le stress vécu et,
conséquemment, à retrouver son équilibre. Lorsque la tension continue à
augmenter, la personne se retrouve dans un état de vulnérabilité : « Ça ne
marche plus». Elle perçoit de façon négative sa situation. Une confusion
émotive s'installe, généralement accentuée par la diminution de ses ressources
cognitives. Habituellement, la personne en état de vulnérabilité essaie par
tous les moyens de rétablir son équilibre antérieur. Toutefois, malgré ses
efforts, elle ne trouve plus de solutions « adéquates » pour réduire la tension
et la souffrance qu'elle ressent. Elle ne sait plus comment s'en sortir. Plus la
personne «élim ine» des solutions possibles pour surmonter ses difficultés,
plus elle «avance» dans le processus de crise. On voit alors apparaître des
comportements de démission par rapport aux difficultés éprouvées, car rien
ne semble fonctionner. Par exemple, certaines personnes en chômage pour­
ront se décourager et cesser de chercher du travail après avoir subi plusieurs

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Intervenir en situation de crise suicidaire

refus; d'autres s'isoleront parce qu'elles croient déranger tout le monde


autour d'elles et d'autres encore se mettront à boire de l'alcool, à faire des
achats dispendieux, à jouer à des jeux de hasard, etc.

Lorsque l'état de vulnérabilité se maintient ou s'accentue, la présence de


nouveaux événements peut entraîner la personne dans un état de crise, lequel
peut durer entre six à huit semaines12. Cette période est exigeante, la personne
souffre. Le niveau de tension ne peut être toléré longtemps. C'est pourquoi
elle mettra tout en œuvre pour diminuer la tension et faire cesser la souffrance
à l'aide de solutions plus ou moins adéquates.

Le schéma de la figure 1 démontre comment la crise peut se développer13.

F igure 1
La progression de la crise

Temps

L'état de crise se divise en trois phases : la phase de désorganisation, la phase


aiguë et la phase de récupération.

• Durant la phase de désorganisation, la personne n'a plus la capacité de


faire appel à ses schèmes habituels. Elle vit une grande confusion. Son
jugement est fortement altéré et elle a de la difficulté à comprendre ce

12. J.M. Messick et D.C. Aguilera. Intervention en situation de crise : théorie et méthodologie (2e éd.),
St-Louis: Mosby, 1976.
13. M. Séguin, A. Brunet et L. Leblanc. Intervention en situation de crise et en contexte traumatique,
Montréal: Gaëtan Morin, 2006.

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l - Suicide et crise

qui lui arrive. Elle est extrêmement anxieuse, tendue et obsédée par ses
problèmes et ne voit pas de solutions pour les résoudre. Elle se sent
impuissante, désespérée ou très en colère. Elle vit une perte d'estime de
soi, éprouve de la culpabilité, a peur. Elle dort peu ou pas du tout et ne
mange plus. Elle s'isole et elle délaisse ses activités habituelles. Elle peut
tenir des propos suicidaires ou meurtriers persistants. Dans plusieurs
situations, la phase de désorganisation amène la personne ou son entou­
rage à se mobiliser, à trouver des solutions qui font baisser la tension
avant l'escalade jusqu'à la phase aiguë, c'est-à-dire le passage à l'acte.
Toutefois, lorsque la personne n'arrive pas à trouver des solutions effi­
caces, la tension culmine jusqu'à la phase aiguë.

• Un éventail de réactions comportementales variant en intensité sont


possibles durant la phase aiguë : fugue, crise d'agressivité, etc. Le passage
à l'acte suicidaire est également une réaction possible.

• La phase de récupération permet à la personne de retrouver progressivement


ses sens et de refaire le plein d'énergie, car la crise est souvent très éprou­
vante et épuisante. Cette phase offre plusieurs issues. D'abord, la crise
peut être une occasion de croissance qui amènera la personne à faire de
nouveaux apprentissages et à développer des ressources personnelles
pour s'adapter aux situations qu'elle vit. Ensuite, la crise peut être suivie
d'un retour à l'équilibre sans qu'il y ait nécessairement de changement
ou de croissance. Finalement, la crise peut entraîner une détérioration
de la situation qui conduira à un autre passage à l'acte, à court ou moyen
terme.

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Intervenir en situation de crise suicidaire

1.2.3 Exercice sur les phases de la crise

e^ rcicesuiu .es I'ha^ 'mEmWmÊ


-’ >.
%
Consignes
Lisez la mise en situation portant sur Martin et répondez aux deux questions
suivantes en vous référant au texte sur le processus de la crise, (voir la section
1.2.2.).

a) Nommez les phases de la crise dans la situation présentée.


b) Faites ressortir des exemples des trois ordres de réponses utilisées par Martin
(comportementale, émotive et cognitive).

Mise en situation
Martin, 35 ans, est m arié et a deux enfants : Julie, 5 ans, et Simon, 7 ans. Il a connu
sa fem me, Carole, il y 12 ans et ils sont mariés depuis 10 ans. Martin s'implique
quand il le peut auprès de ses enfants, mais il ne les voit pas aussi souvent qu'il le
voudrait puisqu’il travaille beaucoup (heures supplémentaires). Il est technicien de
laboratoire dans un hôpital depuis plus de 10 ans. Il adore son travail et le trouve
très valorisant. C'est un homme habile, autonome, qui travaille bien en équipe et
qui est reconnu pour son jugement professionnel. Il ne s'est absenté que deux fois
pour des congés de maladie. Deux fois par semaine, il joue au badminton avec des
amis et va souvent prendre un verre avec eux après les parties. Martin est une personne
appréciée par ses amis pour son sens de l'humour et sa gentillesse.

Sa femme, âgée de 31 ans, est retournée sur le marché du travail depuis environ deux
ans. Elle avait cessé de travailler comme secrétaire après la naissance de Julie. Il y a
trois ans, elle a décidé de se réorienter et a suivi une formation pour devenir agente
immobilière. Elle adore son nouveau travail, qu'elle trouve plus valorisant que le
précédent. Elle a pris beaucoup d'assurance depuis et s'affirme de plus en plus. Son
assurance et son affirmation ont eu des répercussions sur sa relation avec Martin.
Alors qu'auparavant elle exprimait peu ses besoins( maintenant elle le fait de plus
en plus. C'est pourquoi, depuis un an, leur relation est plus difficile. Elle lui reproche
de ne pas être assez souvent à la maison. Elle dit qu'elle doit s'occuper de tout (l'édu­
cation des enfants, les tâches ménagères, etc.) et que, contrairement à lui, elle ne
peut pas investir autant qu'elle le voudrait dans sa carrière. Elle trouve qu'il la tient
pour acquise. De son côté, Martin dit qu'il n'a pas le choix de travailler beaucoup.

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l - S uicide et crise

Il trouve que Carole a beaucoup changé, qu'elle n’est plus comme avant, qu’elle est
devenue exigeante et compliquée, qu’elle lui fait constamment des reproches. Ils ont
l'impression de s'éloigner l’un de l’autre et ne savent pas comment améliorer leur
relation. La situation a des répercussions sur les enfants qui sentent les tensions entre
leurs parents. Les enfants sont plus agités depuis plusieurs mois. Souvent, ils se dis­
putent. Lorsqu'il intervient, Martin est rapidement impatient avec eux et les conflits
se terminent dans les cris et les pleurs des enfants.

Depuis trois mois, un nouveau coordonnateur est arrivé à l'hôpital. Il a réorganisé le


service pour gérer les réductions de ressources du réseau. Cette réorganisation a généré
beaucoup de frustrations chez les employés, dont Martin. C ’est souvent à lui que les
gens se confient. Il a parfois l’impression de porter les frustrations de tout le monde.
Certains jours, il n'a vraiment pas envie de travailler et il compte les heures. Il est très
préoccupé et, dernièrement, il a éprouvé de plus en plus de difficulté à dormir, ce qui
ne lui était jam ais arrivé. Ses amis ont remarqué qu'il était moins souriant, ils lui
demandent parfois où est passé son sens de l'humour. D ’ailleurs, il y a. quelques
semaines, il a lancé sa raquette de badminton par terre, au grand étonnement de tous,
après avoir manqué un coup. Parfois, il se demande où il s'en va et il a des images
où il se voit partir en voyage et laisser tous ses problèmes derrière lui.

Hier, un incident s’est produit. Son coordonnateur l’a fortement critiqué devant
d ’autres collègues et des patients de l’hôpital; ce fu t la goutte qui a fait déborder le
vase. Martin lui a répliqué en le traitant de tous les noms et en lui disant tout ce
qu'il avait sur le cœur depuis trois mois. Son coordonnateur a réagi en le suspendant
et en produisant un rapport sur lui. Depuis ce temps, il est rentré chez lui et il a bu

...
beaucoup d ’alcool, contrairement à son habitude. Il n'a ni mangé ni dormi. Il ne
veut parler à personne. Il a l’impression que tout s'écroule autour de lui. Il a, pour
la première fois de sa vie, des idéations suicidaires. Sa fem m e est très inquiète. Elle
n'arrive pas à lui parler, car il est enfermé dans son mutisme. Une am ie à qui elle
a parlé, lui a recommandé de téléphoner au centre de crise pour recevoir de l'aide.

T :-------- - ■-----:--- ; ;------------------------ ■---- :------- :----- :---:—-----T---------- --—— ———■----- :------- ï T * ' —

13
Intervenir en situation de crise suicidaire

1.3 TYPOLOGIE DE LA CRISE

L'intervenant qui rencontre une personne en crise suicidaire doit être en


mesure de comprendre de quel type de crise il s'agit, car le processus de crise
décrit précédemment varie en fonction de ce facteur. Or le modèle générique
de crise ne permet pas de tenir compte de la complexité des possibilités. Il
nous faudrait disposer d'une typologie qui permet de comprendre et
d'orienter les personnes en crise.

Séguin, Leblanc et Brunet14 proposent justement une typologie qui distingue


trois grands types de crise : la crise psychosociale, la a is e psychopathologique
et la crise psychotraumatique. Comme cette proposition offre des distinctions
claires et fort utiles sur le plan de l'intervention, c'est sur cette base que nous
avons créé l'intervention suicidaire illustrée dans le DVD.

1.3.1 Crise psychosociale

La crise psychosociale se traduit par la présence d'une détresse provoquée par une
situation problématique, interne ou externe, prévisible ou imprévisible mais dont la
nature demeure dans les frontières de la normalité. Par exemple, les pertes, les ruptures,
les deuils, ou alors les événements provoqués par des transitions telles que des démé­
nagements, les changements d'école, d'emploi, etc.15.

1.3.2 Crise psychopathologique

La crise psychopathologique s'inscrit dans un processus où une personne a des antécé­


dents de problème de santé mentale, est souvent déjà en état de déséquilibre, de grande
vulnérabilité et qu'elle se retrouve à la suite de l'apparition de situations de stress à
intensité variable, en état de crise et à haut risque de passage à l'acte. La présence de
comorbidité est fréquente notamment la présence de troubles de l'humeur, de dépen­
dance aux substances ou de troubles de la personnalité16.

Il n'est pas toujours simple de distinguer ces deux types de crise, particuliè­
rement au moment du premier contact avec la personne en crise suicidaire.
En effet, selon Séguin et Leblanc, « la symptomatologie entre la crise psycho­
sociale et la crise psychopathologique est similaire. Ce qui est différent est

14. M. Séguin, A. Brunet et L. Leblanc, op. cit.


15. Ibid., p. 8,
16. Ibid.

14
l - Suicide et crise

le passé personnel et la vulnérabilité psychologique sur lesquels se greffe


cette nouvelle crise17». Comme nous le verrons plus loin, cette similarité
impose à l'intervenant de bien évaluer la situation afin de saisir le type de
crise en cause pour savoir comment aider la personne à la résoudre.

1.3.3 Crise psychotraumatique

La a is e psychotraumatique se présente lors d'une situation qui « menace


l'intégrité physique» ou lors d'une «confrontation soudaine et inattendue
avec la mort18 ». Elle « doit susciter aussi une réaction intense de peur, d'im­
puissance ou d'horreur19».

F igure 2
Schéma des types de crise et de leurs trajectoires

17. Ibid.
18. Ibid.
19. G. Vaiva, A. Brunet, F. Lebigot, V. Boss, F. Ducrocq, P. Devos, P. LafFargue et M. Goudemand.
«Fright (effroi) and other peritraumatic responses after a serious motor vehicle accident:
prospective influence on acute PTSD development», Can. }. Psychiatry, 2003.

15
Intervenir en situation de crise suicidaire

1.3.4 Crise suicidaire et psychopathologie

Les recherches démontrent que les personnes décédées par suicide faisaient
face, pour une très grande majorité, à une crise psychopathologique (voir
section 1.4.2.). En effet, les «études d'autopsies psychologiques réalisées
depuis les trente dernières années indiquent un taux de psychopathologie
variant autour de 90 % chez les personnes décédées par suicide et des taux
de problèmes comorbides variant autour de 6 5 % à 7 0 % 20». De plus, on
trouve des problèmes de toxicomanie, dont la durée est importante, chez les
deux tiers des personnes décédées par suicide, ce qui en fait un des éléments
les plus importants. Finalement, dans la grande majorité des cas, les per­
sonnes qui décèdent par suicide ont un cheminement de difficultés qui
s'échelonne sur toute leur vie et qui est constitué d'un cumul de problèmes
personnels, familiaux, relationnels, psychologiques, sociaux persistants.

Ces données confirment ce que les intervenants de crise constatent dans leur
pratique : la crise psychopathologique est souvent celle qui mobilise le plus
leur énergie puisque les personnes qui la vivent connaissent des difficultés
qui durent depuis longtemps et il n'est donc pas facile pour elles de s'en
sortir sans une aide particulière. C'est le type de crise qui laisse souvent
l'intervenant démuni par rapport à l'ampleur du défi. C'est pourquoi le
modèle d'intervention présenté dans ce DVD s'appuiera sur la situation d'un
individu aux prises avec une crise psychopathologique. Il nous semble que
même si ce modèle d'intervention peut susciter des craintes chez la personne
en formation à l'intervention suicidaire, il est utile de la préparer à cette
réalité.

20. M. Séguin, A. Brunet et L. Leblanc, op. cit., p. 14.

16
1 - Suicide et crise

1.3.5 Questionnaire sur la crise

1. L'évolution de la crise passe par les étapes suivantes: état d'équilibre,_____________ ,


désorganisation, phase aiguë, récupération.
2. Le déséquilibre de la personne est lié à son sentiment de perte de maîtrise de soi et à son
incapacité à résoudre la situation problématique par ses moyens habituels d'adaptation.
Vrai ou Faux.

.... ............. _____________________________ :___Lj_________ ‘A V* < ____:_____ Lj______ _______________ :_______ !_____:... ......... :___
3. Il existe trois catégories de réponses par rapport aux événements stressants de la vie quoti­
dienne: les réponses comportementales, les réponses émotives et les réponses_________ .
4. La tension au moment d'une crise est tellement intense que la durée de l'état de crise ne
dépasse pas six à huit semaines.
Vrai ou Faux.
5. La crise se termine toujours par une croissance qui permet à l'individu de faire de nouveaux
apprentissages.
Vrai ou Faux.
6. La personne qui se trouve en état de désorganisation va automatiquement se rendre à la
phase aiguë.
Vrai ou Faux.
7. Les trois types de crise sont la crise psychosociale, la crise psychopathologique et la crise

_
8. La crise psychosociale se produit généralement en l'absence de problèmes de santé mentale
et nécessite une intervention brève.
Vrai ou Faux.
9. Au moment d'une crise psychopathologique, la personne se retrouve plus lentement en
crise étant donné son état de vulnérabilité déjà existant.
Vrai ou Faux.
10. La symptomatologie entre la crise psychosociale et la crise psychopathologique est assez
semblable.
Vrai ou Faux.
11. Une intervention à plus long terme est nécessaire pour une crise psychopathologique afin
de travailler les difficultés persistantes et les problèmes de santé mentale.
Vrai ou Faux.
12. L'évaluation de la personne en crise est surtout importante dans le cas d'une crise psycho­
pathologique. C'est pourquoi elle demande beaucoup plus de temps que dans le cas d'une
crise psychosociale.
Vrai ou Faux.
---------! ---- -TT----- ----- ~----------- "---- —----------- ^
17
Intervenir en situation de crise suicidaire

1.4 p r o c e s s u s d e c r i s e s u i c i d a i r e

Nous vous proposons ici une petit questionnaire qui vous permettra de
porter un regard critique sur les mythes entourant l'acte suicidaire. Nous
nous inspirons des ouvrages de Lewis21 et de Diotte22.

1.4.1 Mythes liés au suicide

1. Les personnes qui en parlent ne le font pas. V ou F


2. Les personnes qui se suicident sont vraiment décidées à mourir. VouF
3. Le suicide est un acte de courage ou de lâcheté. VouF
4. Suicide un jour, suicide toujours. VouF
5. Le suicide est héréditaire. VouF
6. Parler du suicide à une personne perturbée lui donnera l'idée
de passer à l'acte. VouF
7. Les gens en crise souffrent d'une forme de maladie mentale. VouF
8. Les gens en crise peuvent s'aider eux-mêmes. VouF
9. Seuls les spécialistes et les thérapeutes peuvent aider les gens
en crise. VouF
10. Une personne suicidaire paraît nécessairement déprimée. VouF
11. Les personnes qui se suicident le font par choix. VouF
12. Une personne dont un parent a commis un suicide est plus
à risque de se suicider. VouF
13. Une amélioration soudaine et radicale pendant une période
de crise signifie qu'il n'y a plus de risque. VouF
14. Les gens qui parlent de leurs intentions suicidaires veulent
seulement attirer l'attention. VouF
15. Une façon d'aider une personne suicidaire est de lui dire qu'elle
n'a pas raison de vouloir se suicider et qu'elle est égoïste
d'y penser. VouF

21. L. Lewis. Le suicide un saut dans le néant, Montréal : Éditions Nouvelles, 2001.
22. M. Diotte. Formation sur l'intervention auprès de la personne en état de crise, Gatineau :
Réaction-Vie, Centre d'aide 24/7, 2003.

18
l - Suicide et crise

La réalité sur les mythes

1. Faux. La grande majorité des personnes qui se sont suicidées ont laissé
des indices de leurs intentions. Les messages directs ou indirects que les
personnes que nous côtoyons envoient doivent être pris au sérieux.
Toutefois, nous devons reconnaître que chez une petite proportion, le
geste peut être impulsif.

2. Faux. La personne veut cesser de souffrir. Le suicide est perça comme la


seule solution pour cesser de souffrir.

3. Faux. Le suicide ne peut être qualifié d'acte courageux ou lâche. Il s'agit


plutôt de l'aboutissement d'un processus dans lequel la personne ne
voit plus d'autres issues pour mettre un terme à sa souffrance devenue
insupportable.

4. Faux. Le suicide peut être longtemps perçu comme étant LA solution


pour la personne. Le processus peut être arrêté par une intervention
appropriée qui permet à la personne d'entrevoir d'autres solutions
lorsqu'elle se retrouve avec des difficultés.

5. Faux. On ne devient pas suicidaire par hérédité mais parce qu'on fait
face à une situation intolérable. Toutefois, les études récentes démontrent
que certaines dimensions génétiques peuvent augmenter la présence de
certains facteurs de risque.

6. Faux. Il ne faut pas hésiter à demander directement à une personne si


elle pense au suicide. Au contraire, cela peut l'aider à exprimer sa souf­
france, Son mal de vivre, briser son isolement et lui permettre d'amorcer
un processus de résolution de problème par rapport aux difficultés qu'elle
vit. Bien que ces interventions soient de bonnes pratiques cliniques, les
intervenants doivent être prudents lorsqu'il s'agit d'intervention en grand
groupe.

7. Faux. Il arrive qu'on ait peu de difficultés psychologiques et qu'on


devienne suicidaire à la suite d'un trauma qui nous rend la vie tempo­
rairement insupportable.

8. Vrai. La personne est au cœur de l'intervention. L'aide apportée vise


toujours à mobiliser les ressources de la personne afin de lui permettre
de surmonter la a is e qu'elle vit.

19
Intervenir en situation de crise suicidaire

9. Faux. Chacun d'entre nous peut aider une personne en a is e suicidaire.


D'ailleurs, les proches sont souvent mis à profit par les intervenants pour
aider la personne à se sortir de la crise suicidaire.

10. Faux. Il arrive souvent qu'une personne manifeste des symptômes de


dépression. Les études démontrent que 6 0 % des personnes décédées
par suicide vivaient, à ce moment-là, une dépression. Toutefois, certaines
personnes masquent leur état d'être réel en adoptant d'autres compor­
tements tels que faire rire les autres, être de bonne humeur, afficher un
air «dur», etc.

11. Faux. En fait, la personne suicidaire est dans une impasse; elles ne
trouvent pas de solutions.

12. Faux. Bien que les personnes endeuillées après un suicide aient déjà été
considérées comme un groupe à risque, les études ne démontrent rien
de tel. Cependant, le deuil vécu après suicide revêt des dimensions qua­
litativement différentes des autres deuils.

13. Faux. Une personne en a is e qui décide de s'enlever la vie peut se sentir
temporairement soulagée d'avoir trouvé un moyen de cesser de souffrir
et peut ainsi présenter un mieux-être trompeur.

14. Faux. Il est possible que certaines personnes parlent de suicide pour
obtenir de l'aide. En ce sens, toute verbalisation suicidaire doit être prise
au sérieux et évaluée.

15. Faux. Il faut éviter de faire la morale aux personnes suicidaires. Il est
préférable de les encourager à exprimer leur souffrance et d'essayer de
déterminer leurs besoins.

1.4.2 Explication du processus23

La personne en crise suicidaire passe par un processus que l'on peut diviser
en cinq étapes. L'intervenant à l'aise avec ce modèle théorique sera apte à
cerner à quelle étape se situe la personne et il pourra orienter ses actions en
fonction des besoins précis de la personne.

23. M. Séguin. « Comment désamorcer une crise suicidaire avant la phase aiguë ou le passage à
l'acte ? », dans La crise suicidaire, Reconnaître et prendre en charge, Conférence de Consensus de
la Fédération Française de Psychiatrie, John Libbey Eurotext: Paris, 2001.

20
1 - Suicide et crise

Avant toute chose, il faut comprendre que ces étapes s'échelonnent dans le
temps, mais le processus peut être très rapide dans certains cas, selon la
situation de la personne et les facteurs de risque en présence. Il faut savoir
également que l'ambivalence par rapport au suicide est présente tout au long
du processus et qu'elle se conjugue avec la souffrance et le sentim ent
qu'aucune autre solution n'est possible pour mettre fin à cette souffrance.

Description de chacune des étapes

• Recherche active de solutions

À cette étape, la personne perçoit et envisage encore des solutions par


rapport aux difficultés qu'elle éprouve. La situation de déséquilibre dure
depuis un bon moment, mais la personne persévère dans la recherche
de solutions.

• Début des pensées suicidaires

Lorsque la personne se retrouve à cette étape, son éventail de solutions


lui semble moins grand et la détresse émotive est de plus en plus intense.
La personne lance des messages indirects et le suicide apparaît progres­
sivement comme une solution possible. De plus, lorsque les solutions
s'éliminent ou ne permettent pas de faire baisser suffisamment la tension
et la souffrance, l'idée de suicide se fait plus présente: «Si j'étais mort,
cela réglerait le problème. »

• Rumination des pensées suicidaires

À cette phase, l'anxiété et l'angoisse sont des sentiments dominants qui


attisent la souffrance de la personne suicidaire. Des distorsions cognitives
importantes sont présentes et exacerbées par la détresse ressentie. Dans
les faits, la personne pense constamment au suicide, elle a de plus en
plus le sentiment qu'elle a fait tout ce qu'elle pouvait pour se sortir de
son impasse mais sans y arriver. Ses perceptions de la situation l'amènent
progressivement à croire que le suicide est la seule solution pour cesser
de souffrir.

• Cristallisation des pensées suicidaires

La personne ne voit plus d'autre solution que le suicide pour mettre fin
à sa souffrance. Elle est convaincue d'avoir tout essayé sans succès et, si
ce n'est déjà fait, elle développe le scénario de son suicide (où, quand,

21
Intervenir en situation de crise suicidaire

comment). L'ambivalence demeure toujours présente, mais la douleur


est devenue intolérable. Fréquemment, la personne semble aller soudai­
nement mieux, ce qui peut laisser croire à son entourage qu'elle va bien
et qu'il n'y a plus lieu de s'inquiéter. Un tel état est trompeur, car cette
réaction s'explique par un sentiment de soulagement, l'impression d'avoir
repris le contrôle et la perspective prochaine que la souffrance va bientôt
cesser.

• Passage à l'acte

Le passage à l'acte se produit fréquemment à la suite d'un événement


déclencheur qui peut être perçu comme banal pour l'entourage, mais
qui, pour la personne en crise suicidaire, est « la goutte qui fait déborder
le vase ». À cette étape, la personne est en tentative ou très près du passage
à l'acte ; elle nécessite donc une intervention immédiate.

1.4.3 Schéma de modélisation de la crise suicidaire24

F igure 3
Modélisation de la crise suicidaire

Solutions inefficaces
ou inadéau ates

Solution
P * * »
Solution Solution
Solution
Solution Solution

Solution

r Flash
Recherche
Messages
active de
indirects
solutions Ruminations
x ____________ ) V _________ ■J Messages verbaux

24. M. Séguin et J.L. Terra. Formation à l'intervention de crise. Manuel du Formateur, Ministère de la
Santé et de la Protection Sociale, Direction Générale de la Santé, France, 2004.
22
l - Suicide et crise

1.4.4 Signes précurseurs

Les personnes suicidaires montrent bien souvent des signes qui laissent
présager leurs intentions. Les professionnels qui connaissent les signes pré­
curseurs du suicide peuvent ainsi être plus attentifs aux personnes à risque
et être à même de déceler celles qui auraient des idées suicidaires.

Définition

« Les signes précurseurs ou avant-coureurs du suicide sont un ensemble de


comportements et d'attitudes manifestés par une personne et servant à
signifier à l'entourage son intention de commettre un acte suicidaire25. »

Catégories

Diotte et Lewis26 relèvent quatre catégories de signes qui se regroupent ainsi :


les messages verbaux directs, les messages verbaux indirects, les signes com­
portementaux et les signes ou les symptômes dépressifs.

A Messages verbaux directs :

• « Je veux mourir, j'ai trop mal. »


• « Si ça continue, je vais aller me jeter en bas du pont. »
• « Ça m'arrive de penser à me tuer. »
• « Je termine les choses qu'il me reste à faire et après je me suicide. »

B Messages verbaux indirects :

• «Dans quelque temps, vous n'entendrez plus parler de moi, ni de


mes problèmes. »
• « Bientôt, je vais avoir la paix. »
• «Je vais faire un long voyage. »
• «Ne vous en faites pas: bientôt, je ne vous dérangerai plus. »

25. C. L'Écuyer. Clientèles et problèmes d'adaptation U, Gatineau: document inédit, 1998,


page 65.
26. M. Diotte, op. cit., L Lewis, op. cit.

23
Intervenir en situation de crise suicidaire

C Signes comportementaux:

• Dons d'objets significatifs


• Changements radicaux dans les comportements
• Retrait, isolement
• Acquisition d'une arme, d'une corde ou achat de médicaments
• Mise en règle de ses affaires
• C onsom m ation abusive et inhabituelle d'alcool et de m édica­
ments ■
• Changement dans la tenue vestimentaire et dans les habitudes d'hy­
giène
• Diminution de la performance à l'école ou au travail
• Changements dans les habitudes alimentaires et dans le sommeil
• Préoccupations morbides (sujets ésotériques, vie après la mort,
réincarnation, etc.)

D Signes ou symptômes indiquant possiblement un état dépressif :

• Désintérêt, perte de plaisir et de désir


• Émotions qui éclatent soudainement, irritabilité
• Brusques changements de l'humeur
• Difficultés de concentration
• Incohérence, confusion dan§ le langage
• Pleurs, tristesse, apathie
• Sentiment de dépersonnalisation
• Culpabilité
• Désespoir
• Angoisse
• Indécision
• Fatigue chronique

24
1 - Suicide et crise

1.4.5 Questionnaire sur le suicide

1. La crise suicidaire constitue un processus dans lequel la personne se sert du suicide comme
moyen de manipulation.
Vrai ou Faux.
2. Les taux de suicides entre les hommes et les femmes sont à peu près équivalents.
Vrai ou Faux.
3. Mettez les énoncés du processus de la crise suicidaire dans l'ordre où ils devraient normale­
ment se produire.
a) Rumination : angoisse, pense tout le temps au suicide.
b) Image: première apparition de l'idée de suicide.
c) Recherche active de solutions : élimination de solutions inadéquates.
d) Cristallisation : suicide retenu comme la solution.
e) Idéations: idées de suicide plus fréquentes.

4. L'ambivalence par rapport au suicide est seulement présente dans les trois premières étapes
du processus suicidaire.
Vrai ou Faux.
5. À l'étape de « Cristallisation », la personne peut laisser croire à son entourage que tout va
bien.
Vrai ou Faux.
7. Nommez les quatre catégories de signes précurseurs du suicide.

8. Donner des objets significatifs peut être interprété comme un signe comportemental du sui­
cide.
Vrai ou Faux.
9. Nommez quatre signes ou symptômes dépressifs liés au suicidé.

10. Une personne qui dit: «le veux mourir, j'ai mal» exprime un message indirect de sui­
cide.
Vrai ou Faux. :
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