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Définition :
Le terme danger signifie: ce qui menace ou compromet la sûreté, l’existence
de quelqu’un ou de quelque chose.
L’étymologie du terme danger vient de « Damnarium », issu lui même de
« Damnium » : le châtiment, le dommage.
Le dictionnaire Larousse définit le danger comme les «circonstances où l’on
est exposé à un mal, à un inconvénient, ce qui légitime une inquiétude».
La dangerosité est en rapport avec des formes de violence et d'agressivité
mettant en danger la sécurité du sujet même ou représentant une menace
pour autrui.
Nous empreindrons à Frédéric Millaud, les distinctions terminologiques suivantes :
pas de cause unique plusieurs facteurs s’ajoutent les uns aux autres, déterminant la
violence
L’agressivité ne s’observe que chez une petite minorité des malades mentaux.
- Elle est contemporaine d’une pathologie aigue : confusion mentale, psychoses
aigues, ivresses pathologiques
- ou s’inscrit dans le cours d’une pathologie chronique : schizophrénie et délires
chroniques, atteintes cérébrales organiques, personnalités pathologiques de
type antisociale ou borderline, alcoolisme et toxicomanies.
• Tout médecin peut être confronté à prendre en charge un malade dangereux
d’où la nécessité de bien connaitre la conduite à tenir devant cette situation.
Epidemiologie :
La violence figure parmi les principales causes de décès des 15 à 44 ans dans le
monde; elle est responsable d’environ 14% des décès chez les hommes et de 7%
des décès chez les femmes
En 2000, on estimait à 520000 le nombre de décès dans le monde imputables à la
violence interpersonnelle, ce qui correspond à un taux de 8,8pour100000.
On estime que 815000 personnes se sont donné la mort en 2000, ce qui fait du
suicide la treizième cause de décès dans le monde. C’est dans les pays d’Europe
orientale que les taux sont les plus élevés, tandis que les plus faibles sont
enregistrés principalement en Amérique latine et dans certains pays d’Asie.
Intérêt de la question:
• Motif sérieux de consultation relevant du domaine médico-légal.
• Reconnaître un état dangereux et déceler des signes avant-coureurs de
violence.
• Des mesures urgentes à entreprendre dans le but de protéger le patient et
son entourage.
Types de dangerosité:
La dangerosité criminologique :
Elle prend en compte l’ensemble des facteurs environnementaux et situationnels
susceptibles de favoriser l’émergence des passages à l’acte. Dans cette conception,
on envisage le comportement du sujet à travers sa capacité à commettre une
infraction de nature criminelle ou délictuelle, portant atteinte aux personnes et/ou aux
biens et par le risque de récidive.
La dangerosité criminologique est définie lorsqu’il n’existe pas de pathologie
mentale. Elle peut être en lien avec la dangerosité individuelle ou collective.
La dangerosité psychiatrique
Il est important d’attirer l’attention sur la confusion possible – et fréquente dans le
grand public- entre dangerosité et maladie mentale.
La plupart des crimes violentes sont commis en l’absence de trouble psychiatrique
majeur. Il existe une surestimation manifeste du risque de comportement violent
chez des personnes souffrant de troubles mentaux, en lien avec des représentations
de la maladie mentale parfois erronées.
Il est nécessaire de distinguer la dangerosité réelle et l’idée que l’on peut en avoir. La
maladie mentale a tendance à être criminalisée, à l’encontre de l’esprit de la loi qui
se voulait protectrice à l’égard des personnes souffrant de troubles mentaux, le
quantum de peine est souvent renforcé en pratique, les jurés craignant plus de
libérer un individu malade, et donc forcément plus dangereux à leurs yeux.
En pratique, la considération de la dangerosité psychiatrique a conduit le législateur
à penser la mise en place du suivi socio-judiciaire dans le cadre d’une injonction de
soins.
La dangerosité psychiatrique peut se définir: comme une manifestation
symptomatique liée à l’expression directe de la maladie mentale.
L’agression est une traduction possible d’un trouble mental. L’expression
comportementale actuelle tient désormais à l’interface entre la psychose et les
troubles du comportement à expression caractérielle. En terme médical, la
dangerosité relève non de la démarche diagnostique mais de l’évaluation pronostic.
Theories éthiopathogeniques:
Approche neurobiologique
Les neurobiologistes ont localisé certaines régions du cerveau impliquées dans la
production d’un comportement agressif et ont déterminé la nature des
neuromédiateurs probablement enjeu.
Certaines structures cérébrales comme le septum, l’hypothalamus ventro-médian et
les noyaux du raphé seraient impliquées dans la modulation de la réponse agressive.
De même, le rôle de l’amygdale semble déterminant dans la préparation d’un
comportement agressif. Le cortex préfrontal interviendrait comme structure
régulatrice.
Au niveau biochimique: les comportements dangereux, d’agression et d’impulsivité
seraient sous la dépendance de différentes substances exerçant des activités
neuromodulatrices complexes :
systèmes sérotoninergiques : la diminution de l’indice 5-HIAA dans le LCR
serait corrélée à des comportements impulsifs auto ou hétéro agressifs.
systèmes noradrénergiques : mise en évidence de comportements
agressifs liés à une activité paroxystiques des systèmes noradrénergiques
chez les primates.
Approche génétique
le chromosome Y surnuméraire( 47xyy) découvert chez 1% des criminels violents a
été suspecté de tenir un rôle important dans les comportements agressifs
les systèmes sérotoninergiques et noradrénergique sont tous deux sous contrôle
génétique.
La tentation de mettre en liaison le patrimoine génétique existe mais se limite
actuellement à la notion de « vulnérabilité » et doit être associé à une réflexion
éthique.
Approches psychologiques
1926-1931 : Freud distingue des types de criminels :
les criminels par culpabilité: chez lesquels le passage à l’acte est mu par une
culpabilité inconsciente et qui se soulagent de leur culpabilité par l’acte et trouvent
dans le texte de loi un moyen de symbolisation d’une identité floue.
les criminels sans culpabilité « monstres narcissiques » dans la transgression
pure, ils ne ressentent aucune tension entre Moi et Sur Moi.
Approche sociologique
Le crime atteste de la socialisation manquée des criminels :
construction de leur personnalité dans un environnement affectif et socio culturel
perturbé.
l’instabilité socio culturelle et l’indisponibilité des parents compromettent l’insertion
sociale du sujet.
le recours à des conduites interdites est déterminée par la proximité de pairs
traversant les mêmes crises (le groupe).
la précarité et des traits psychologiques particuliers.
Clinique de la dangerosité:
L’appréciation clinique de l’état dangereux comporte plusieurs étapes, elle doit être
fine, d’ordre sémiologique et symptomatique.
Différents types de violence et d’agressivité :
Violence: on distingue :
• La violence émotionnelle : défensive réactionnelle, survenant dans un
contexte où le sujet se sent menacé, majoritairement en cause dans le
contexte des urgences.
• La violence instrumentale appartient au registre de la délinquance, non
réactionnelle, requiert un détachement affectif. Elle est planifiée,
déterminée et dirigée vers un but, sans comportements avant-coureurs
ce qui la rend plus imprévisible. Elle est destinée à l’obtention de
bénéfices secondaires (pouvoir, argent, satisfaction sexuelle).
Agressivité:
• Les conduites hétéro-agressives peuvent consister en attitudes hostiles
ou opposantes, en paroles (injures, menaces, calomnies), ou en actes
(dégradations diverses, crises clastiques, coups, blessures, meurtres).
Elles sont ou non associées à des conduites auto-agressives : gestes suicidaires,
automutilations, conduites à risque
L’agressivité peut aussi s’exprimer de façon moins explicite : opposition passive ou
semi – mutisme
Trajectoires criminelles pathologiques:
Très schématiquement, cinq trajectoires peuvent être distinguées:
Le patient « dangereux précoce », inaugurant ses troubles psychiques par un acte
violent; le prototype pourrait en être le crime immotivé du schizophrène;
Le patient « dangereux tardif » passant à l’acte après une longue maturation de
ses troubles; le prototype pourrait en être le délirant persécuté paranoïaque qui ne se
résout à tuer qu’après épuisement de tous les autres « moyens de défense » contre
les persécuteurs ;
Le patient « dangereux par intermittence », dont la dangerosité suit l’évolution
discontinue de sa maladie; le prototype en serait le trouble bipolaire ;
Le patient « dangereux aigu », passant à l’acte de façon brutale et imprévisible
dans un contexte qui n’est d’ailleurs pas forcément celui d’une pathologie aiguë ;
ainsi, l’agression peut émerger en même temps qu’un ordre hallucinatoire de tuer,
dans un contexte de psychose chronique .
Le patient « dangereux chronique », évoquant d’emblée le déséquilibre
psychopathique dont la violence semble être une nécessité vitale impérieuse .
Facteurs de risque de la dangerosité :
Eléments socio-démographiques :
- Sexe masculin
- Jeune âge
- Faible statut socio-économique
- Caractéristiques physiques : taille, musculature
- Goût pour les armes, en particulier si leur port est usuel
- Difficultés de réinsertion au sortir d'une hospitalisation
Antécédents :
o angoisse
o agitation
o conduites d'autostimulations
o déambulations
o vociférations
o actes impulsifs
Cadres nosographiques :
Schizophrénie:
Trouble délirant :
Thématique de persécution
Systématisation du délire
Manie :
26 % des patients maniaques sont violents dans les 24h suivant leur
admission.
Manie délirante
Fort risque en association avec une intoxication éthylique
Moment : virage de l’humeur, alcoolisation.
Dépression :
Dépression hostile.
Idéations et conduites suicidaires
Troubles anxieux :
Epilepsie temporale
Coma agité: Hypoglycémie, hypoxie, hypercapnie
Douleur
Episode maniaque:
Délire paranoïaque :
Les Neuroleptiques :
Indications :
Les Benzodiazépines :
Indications :
• Associées aux neuroleptiques pour la schizophrénie, la manie et d’autres
troubles psychotiques.
• Seules pour la gestion de la violence chez des patients non psychotiques.
Conclusion: