Il s’agit d’agiter le problème identifié sous ses différents aspects ; une façon de
l'expliciter, de mieux le comprendre pour mieux l'appréhender.
Objectif général
Objectifs opérationnelles
Hypothèse générale
Chez les élèves de condition pauvre, le rapport au savoir et aux enseignants, ainsi que
le sens donné au travail scolaire surdéterminent et conditionnent davantage le « métier
d'élève » et provoquent la réussite scolaire.
Hypothèses opérationnelles
L'amour élevé pour l'école chez ces élèves détermine leur adhésion active à l'école et
à ses activités.
Plus que les élèves de condition favorable, les élèves pauvres s'impliquent et
s'investissent d'autant dans le « métier d'élève » et s'approprient le savoir qu’ils
donnent sens au travail scolaire,
Ces élèves de condition défavorable, valorisés par le contexte scolaire d'accueil qui
reconnaît leurs performances à travers les bons résultats, s'adonnent davantage au
travail dont il espère un bon avenir professionnel.
2.6. Définir les variables et leurs indicateurs
Une variable est un groupement logique d’attributs ou de caractéristiques qui
décrivent un phénomène observable empiriquement. Exemples: La variable sexe
regroupe deux attributs (masculin et féminin) ; la nationalité regroupe plusieurs
attributs (par exemple : Ivoiriens, Béninois, Français, Russe, Chinois, etc.).
La définition opérationnelle d’une variable est construite de telle sorte que la
variable puisse être mesurée ou manipulée dans une situation concrète,
L'indicateur est ce qui indique, permet de reconnaître une variable, un concept
plus abstrait et vaste. Exemples: la profession du père est considérée comme
l’indicateur d'une origine sociale ; le diplôme comme l’indicateur du niveau
d'instruction ou même du niveau culturel.
En d’autres termes, pour que l’étude soit opérationnelle, il faut traduire les concepts
et précisément les variables en indicateurs observables et mesurables.
Dans la plupart des hypothèses, on considère deux principaux types de concepts:
les causes (ou facteurs) qui ont des effets (ou des conséquences). Les causes sont
aussi nommés variables indépendantes tandis que les effets prennent le nom de
variables dépendantes. Dans une relation entre deux variables d'une hypothèse,
la variable à expliquer est la variable dépendante et le facteur explicatif est la
variable indépendante.
Exemple d’indicateurs avec le même sujet
Pour l'hypothèse selon laquelle «Le sens donné à l’école et au travail scolaire
provoquent la réussite chez les élèves de condition pauvre (réussite paradoxale)»,
il faut mesurer la réussite et le sens donné au travail scolaire
Pour la variable dépendante (variable à expliquer, variable provoquée) « Réussite
scolaire », on peut retenir comme indicateurs :
La réussite établie par les notes de classe et les moyennes ;
La réussite attestée par le classement ;
La réussite exprimée par le niveau d’étude atteint ;
La réussite certifiée ultérieurement par l’insertion professionnelle.
Le chercheur analyse les textes pour en faire une étude critique; il doit être
capable de les regrouper, de les classer sous des rubriques.
Exemple. Un chercheur travaille sur le sujet : « Effets des médias,
appartenance ethnique et choix des électeurs dans la région du Moronou ».
Il peut envisager ces quatre dimensions par rapport auxquelles il fera l’état
critique de la question : 1°) Elections et démocratie, 2°) Les médias en
situation électorale, 3°) Ethnie et comportements électoraux, 4°) Entre fraude
électorale et quête de crédibilité.
Faire la revue, c’est ainsi faire l'état des connaissances sur un sujet dans un
espace cognitif (sociologie, psychologie, économie, communication, etc.).
Avoir une idée claire des débats qui existent, les fondements théoriques des
problèmes qui ont déjà fait l'objet de recherche.
3.2. Elaborer le cadre de référence ou du champ
théorique
C'est le cadre ou le champ théorique dans lequel le problème, placé, prend sens,
envergure, allure ou orientation.
Le chercheur inscrit « son » problème dans un cadre de référence en montrant qu'il
connaît clairement les tenants et aboutissants des théories et concepts engagés
dans la formulation du problème en question.
Le cadre de référence définit la perspective selon laquelle le problème de recherche
sera abordé et fournit un contexte pour examiner le problème.
Il indique l’orientation ou la perspective théorique dans laquelle s’inscrit l’étude.
Exemple avec le sujet sur les élections. Le chercheur peut situer le cadre de
référence ou le champ théorique dans la perspective particulière 1°) de la « théorie
des effets » et, 2°) de la « théorie de la préférence électorale ».
NB : Parfois les écrits sur un sujet sont apparemment insuffisants ou font défaut. Il faut
savoir qu‘il y a toujours quelque chose de déjà écrit : si ce n'est pas directement sur
notre thème ou notre sujet, c'est sur des aspects approchants ; si ce n'est pas chez
nous, c'est sous d'autres cieux.
Exemples de revue de la littérature
1er Exemple avec le sujet : La réussite paradoxale à l’école (Extrait)
1. L’état critique des connaissances sur le sujet
La présente revue commence par l’analyse des écrits traitant des questions de l’éducation et de la pauvreté,
de la pauvreté et des inégalités de réussite scolaire, examine ensuite ceux qui étudient les réussites paradoxales,
avant de s’intéresser à ceux qui considèrent le métier d’élève, le rapport au savoir et le sens du travail scolaire.
1.1. La question de l’éducation et de la pauvreté
La question de l’éducation a toujours occupé une place de choix dans les projets gouvernementaux. En
France, d’après Le Rapport National (L’évolution du système éducatif de la France, 2001 et 2004), le système
éducatif a été l’objet (…)
1.2. Pauvreté et inégalités de réussite scolaire
Beaucoup de sociologues de l’éducation ont souvent fait le lien entre la situation sociale et les résultats
scolaires (…)
Bourdieu et Passeron (1964 et 1970), faisant appel au « handicap socioculturel », montreront que l’école
privilégie une certaine forme de culture scolaire, élégamment taillée, faite d'aisance naturelle. Or, les différentes
classes sociales se trouvent à une distance totalement inégale face à cette culture (…)
En fait, l’école sélectionne pour les classes dites supérieures les éléments de la bourgeoisie et pour les
classes dites inférieures la main d’œuvre qualifiée utile au développement du capital. Mais la chose est si bien
goupillée que la classe dominée accepte la domination sur elle comme légitime et naturelle (…)
1.3. Réussites paradoxales
La réflexion sociologique qui s’est formée autour de la réussite scolaire semblait tenir à l’écart l’appréhension
des situations exceptionnelles, c’est-à-dire des situations hors normes. Et même quand Bourdieu (1989)
considérait le cas d’enfants de classes populaires qui parvenaient à « survivre » à la sélection scolaire jusqu’aux
études supérieures, il parlait de « miraculés sociaux » (…)
C’est donc dans cette nouvelle vision que se sont engagés des sociologues qui réfléchissent sur les
positionnements sociaux et les résultats à l’école (…) Zaïhia Zéroulou (1988) s’est intéressée à la question en
décrivant « La réussite scolaire des enfants d'immigrés », réussite apparemment paradoxale, « en termes de
mobilisation ». L’enquête compare deux groupes de quinze foyers d’origine algérienne (…)
2. Le cadre de référence théorique
Cette étude s’inscrit dans la perspective particulière des connaissances théoriques sur le métier d’élève, le
rapport au savoir, le sens du travail scolaire et à l’école.
2.1. Le métier d’élève
Le concept de « métier d’élève » pose le postulat qu’à l’école, l’élève accomplit un travail, certes un travail ayant
un caractère spécial, un travail non rémunéré au sens strict du terme (…) La Borderie (1991) fut le premier à utiliser le
concept dans une œuvre du même nom où il évoque l’élève en tant qu’un apprenti qui reçoit l’enseignement d’un
maître au sein de l’institution scolaire et qui a un travail à accomplir : le travail scolaire (…)
Avec le métier d’élève l’accent est désormais mis sur l’activité du sujet, de l’individu. La préoccupation est plus
portée sur la manière dont ce dernier construit son rapport aux études afin de se garantir des résultats probants (…)
2.2. Le rapport au savoir
Charlot (1982) définit le rapport au savoir comme l’ensemble d’images, d’attentes et de jugements qui portent à
la fois sur le sens et la fonction sociale du savoir et de l’école, sur la discipline enseignée, sur la situation
d’apprentissage et sur soi-même (…) Le savoir est lui-même défini en termes de relation - du sujet à son monde - et
est soumis à des processus de validation, de capitalisation et de transmission (…)
Il y a bien un lien entre métier d’élève, rapport au savoir, sens donné au travail scolaire : la réussite des élèves, y
compris les enfants d’origine pauvre, se comprend par rapport à leur investissement dans le métier d’élève, au
rapport qu’ils établissent avec le savoir reçu et au sens qu’ils accordent au travail à l’école, et par conséquent les
stratégies qu’ils mettent en place pour parvenir à la réussite. C’est la perspective particulière de cette étude (…)
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
2 ème Exemple de revue de la littérature avec le sujet : « Effets des médias, appartenance ethnique et choix des
électeurs dans la région du Moronou »
4.1.2.2. La population
Il s’agit d’un ensemble d'unités élémentaires (une personne, un groupe,
une ville, un pays) qui partagent des caractéristiques communes précises
par un ensemble de critères.
Les critères peuvent concerner par exemple l'étendue de l'âge, le sexe, la
scolarité, le revenu, etc.
4.1.2.3. L’échantillon
Le chercheur inscrit le nom de chaque individu sur une liste et lui assigne
un numéro d'identification à l'aide de nombres consécutifs.
Il les dépose dans une urne, mélange, puis tire un nom à la fois jusqu'à ce
que le nombre d'éléments désiré pour constituer l'échantillon soit atteint.
L'échantillon systématique
Est constitué d'individus pris à intervalle fixe dans une liste (par exemple un
individu, tous les cinq, tous les dix).
Pour trouver les sujets qui doivent entrer dans l'échantillon et représenter la
population, on subdivise la population en intervalles réguliers (K est le symbole
de la grandeur ou taille de l'intervalle).
On applique la formule : K (intervalle) = N (population) / n (échantillon)
Exemple pour une population de 100 sujets si on a besoin de 25 sujets:
100 (N)
K (intervalle) = 4 (taille de K, l'intervalle)
25 (n)
L'intervalle étant 4, ce sont les sujets 1, 6, 11, 16, 21 ...
Désigne des entretiens à visée plus large et complète (raconter une vie)
que l'entretien semi-directif.
Porte sur une vaste série de sujets (des souvenirs, des rêves, des espoirs,
des craintes, des joies, des souffrances, le travail, les relations avec les
amis, avec la famille, avec les patrons, la vie sentimentale et sexuelle, la
conception de la justice, de la religion, de la politique, la vision du monde,
etc.).
Chaque entretien est plus spécifiquement centré sur un thème ou sur une
«tranche de vie», un moment de la « vie ».
Les retours sur un même sujet sont fréquents : la conduite de l'entretien,
coupée de temps de réflexion sur ce qui a été dit et sur l'orientation de
l'entretien suivant, développe une explication et engage des analyses
rétrospectives plus poussées.
Il s'agit de faire entendre la parole des personnes interrogées et de
proposer au lecteur une «tranche de vie». Ce « témoignage » doit
cependant être situé par rapport à d'autres témoignages et à d'autres
informations.
4.2.3. Interroger des documents : cas de l’étude de
documents ou étude documentaire
L’étude de documents porte sur des objets dont l’observation est indirecte, et
ce grâce aux traces qu’ils ont laissées.
Elle permet au chercheur d’avoir ce dont il a besoin pour expliquer ou
comprendre un phénomène.
Elle met à disposition les informations générales concernant un sujet et un
domaine à l’étude.
L’étude documentaire n’est pas à confondre avec la recherche
documentaire qui, elle, permet de rassembler la documentation substantielle
sur une question à l’étude et de disposer du maximum d’informations utiles dans
un domaine sur le sujet à traiter.
Masculin 40 60 100
Féminin
60 40 100
5.1.2.2. Liaison entre plus de 2 variables : analyse multivariée
- Exemple d’analyse multivariée : Niveau d’étude en fonction de l’écoute
des émissions politiques et de l’âge
Inférieur 28 72 100
Inférieur 19 81 100
Pour plus de 40 ans
modalité 2 de la variable
test (âge)
5.2. Les données qualitatives : Analyser et catégoriser
les données recueillies
5.2.1. La condensation des données
Débute dès la phase de collecte des données : le chercheur organise ses
notes, les regroupe, les classe, les résume ; et, le processus se poursuit
jusqu’à l’achèvement de son travail.
Il transcrit les données, réalise des fiches de synthèse, procède au codage
des transcriptions.
Il construit des unités de signification regroupées entre elles. Celles-ci feront
apparaître des sous-thèmes et contribueront à faire émerger des catégories
qui se précisent.
5.2.2. La présentation des données
Fournir un format de présentation des données qui corresponde à un
ensemble organisé, structuré d’informations d’où seront tirées des
conclusions.
Habituellement, la format de présentation est celle d’un texte narratif à
l’instar de compte rendu d’étude de cas ou recherche ethnographique,
organisé autour de thèmes développés ensuite pour construire un
argumentaire.
Exemple d’analyse de données qualitatives (entretien) avec le sujet sur la réussite
des élèves en situation de grande difficulté matérielle
L’analyse des propos élèves enquêtés permet de s’arrêter dans un premier temps aux difficultés que les uns et les
autres rencontrent, dans un deuxième temps aux différentes stratégies qu’ils mettent en place et adoptent, et
dans un troisième temps au sens qu’ils donnent à l’école, à l’activité scolaire et à la projection de qu’ils feront
dans l’avenir.
La question de nourriture est soulevée par Florent, 13 ans, habitant du foyer précaire de San-Pedro et élève en
classe de 5ème au Lycée Inagohi : « On a des problèmes pour manger ici. Et quand j’ai faim, j’ai des problèmes
pour bosser ». Jacques, 19 ans, en classe de 2nde lui aussi au Lycée Inagohi de San-Pedro, ne dit pas autre
chose : « On mange difficilement, et quand c’est comme ça, c’est difficile d’étudier ». Toujours, à San-Pedro,
Dieudonné, 18 ans, en 1ère A au Lycée Municipal et habitant Colombie, au Bardot indique quant à lui ceci :
« Puisque ma famille n’a rien, on a des difficultés pour manger. Je n’arrive pas à me nourrir au quotidien, ce qui
n’est pas fait pour faciliter la bosse ». A Blingué (Abidjan-Cocody), le même problème de nourriture se pose, et,
c’est Adjaratou (17 ans), en 3ème au Collège Moderne de Cocody qui en parle : « En plus des autres problèmes,
je n’ai que le repas du soir. Ce n’est pas facile pour moi de tenir toute la journée et attendre le soir pour manger.
C’est vraiment difficile pour un élève qui doit faire des devoirs et des interrogations pendant la journée, suivre les
cours et tout ça, de rester le vendre vide. Bon, mais on va faire comment ? »
Un autre problème de ces élèves en milieu pauvre se pose au niveau de l’acquisition des fournitures
scolaires. Visitons quelques propos sur ce sujet. Philippe (Blingué), 16 ans, en classe de 4ème au Collège Ozanga
Koné (Adjamé) : « Pour payer ma scolarité et mes fournitures, on ne trouve pas l’argent » ; Lamine (Blingué), 15
ans, en 3ème au Collège St Bernard (Adjamé) : « Mes problèmes se présentent surtout quand il faut payer les
fournitures ou les frais d’inscription ». Edith (17 ans, en 2nde A, LYMA), Adeline (16 ans, 2nde C, Lycée Moderne
d’Angré-Cocody) ou Louise (19 ans, en 1ère G2 au Cours Loba de Yopougon), toutes de Blingué, disent la même
chose. Au foyer précaire de San-Pedro, les interventions concernant les frais de scolarité et de fournitures sont
autant révélatrices. Zakaria a 16 ans, il est en 4ème au Lycée Inagohi, c’est lui qui en parle : « Je n’ai seulement
que quelques cahiers ; je n’ai jamais eu de livre. C’est avec ça que je travaille ». Edouard, 19 ans, en TD dans le
même lycée, ajoute : « La question de fournitures se pose réellement à notre niveau. D’abord, n’ayant pas nos
parents avec nous, nous devons, au retour de l’école, faire notre propre cuisine avec ce qu’on a sur la main… ! ».
Avec une dose d’aigreur mal dissimulée, Laurent, 20 ans, en TD à Inagohi comme Edouard intervient : « Tout ça,
c’est révoltant ! C’est comme si on est venu accompagner nos amis. On a fait quoi au Bon Dieu pour être
pauvre ? Mais, on garde espoir qu’un jour ça va aller chez nous aussi et qu’on va vivre à l’aise avec nos enfants
qu’on aura ». Au Bardot, c’est le même son de cloche. Ainsi, Anatole, 15 ans, élève en 4ème au Lycée Municipal et
habitant à Zimbabwe révèle : « Je manque de soutien et je n’arrive pas à trouver les documents nécessaires pour
étudier. Je n’ai aucun livre. Je manque de tout ». Son aîné de TD, Sassouma, du même établissement et du
même sous-quartier raconte que ses difficultés « sont liées aux frais de scolarisation et l’obtention de documents
pour mieux travailler »…
Il y a aussi les conditions d’étude qui posent problème à ces jeunes. En effet, ils sont confrontés à la question
de lumière ou d’espace approprié ; ce qu’expliquent les enquêtés du foyer précaire à San-Pedro : D. Florent (en
5ème à Inagohi) : « On n’a pas de courant dans nos chambres. Pour étudier, on est obligé d’utiliser des lampes
tempêtes » ; Laurent (en TD à Inagohi) : « Il y’a véritablement manque d’endroit pour bosser. Il n’y a pas de
lumière là ou on habite. On est obligé d’attendre tard la nuit quand les bruits des maquis cessent pour aller bosser
sous les lampadaires ». Les élèves habitant le grand Bardot ne sont pas épargnés par cette difficulté…
Face aux difficultés, ces jeunes mettent en place un ensemble de stratégies en vue de contourner ou surmonter
les blocages.
2. Les stratégies mises en place
Les différents propos mettent en évidence cinq (5) stratégies : il y a d’abord ce qu’on pourrait qualifier de
stratégies de survie, ensuite les stratégies face à l’école, puis les stratégies face aux enseignants, après viennent
les stratégies face aux disciplines enseignées, et enfin les stratégies de travail.
Les stratégies de survie concernent un ensemble de bricoles, de petits métiers ou autres choses de ce genre que
les jeunes mettent en place pour tenir le coup et aller de l’avant.
Ainsi à Blingué, pratiquement tous les jeunes, filles comme garçons, exercent un petit boulot en marge de l’école.
C’est ce qu’indiquent les différents récits. Saboratou (15 ans, en 5ème au Collège Jean Piaget, à la Riviera) :
« Après l’école, je vends du jus pour les parents, mais aussi pour avoir quelque chose en main » ; Philippe (16
ans, en 4ème au Collège Ozanga Koné à Adjamé) : « Moi, je fais du jardinage pour avoir un peu d’argent avec la
vente des fleurs » ; Rodrigue (16 ans, en 3ème au Collège St Bernard à Adjamé) : « Quand je n’ai pas cours, je
suis aide-maçon. Comme ça j’ai un peu d’argent en main »…
A San-Pedro, les élèves du foyer précaire fréquentant le Lycée Inagohi se débrouillent aussi comme ils peuvent.
Ici, le petit métier exercé, c’est surtout la gérance de cabine. Ainsi, que ce soit Florent (13 ans, en 5ème), Jacques
(19 ans, en 2nde), Innocent (16 ans, en 3ème), Eric (17 ans, en 3ème), Christophe (18 ans, en 2nde), Edouard (19
ans, en Tle) ou Laurent (20 ans, en Tle), tous gèrent des cabines après l’école : « On se débrouille en gérant
cabine, on essaie de tenir avec ça », indique Christophe.
Tout comme ceux du foyer précaire, les enfants habitant au Bardot font aussi, certes à moindre échelle, la
gérance de cabine cellulaire : « Avec mon portable, je fais cabine. Quand je suis à la maison, je mets ma caisse
pour attendre les clients, et quand je viens à l’école, je l’ai sur moi ; les gens savent que je fais cabine, donc
quand ils veulent appeler, je suis là », dit Elie, un élève de 20 ans, en TD au Lycée Municipal. Quant à Nadège,
également 20 ans et en TD dans le même lycée, elle se « débrouille en vendant à l’école des croquettes et des
‘Toffi’» qu’elle a dans ses affaires. Dié, 14 ans en 4ème dans le même lycée : « Je fais le cirage de chaussures. Je
fais aussi le transport des bagages dans les brouettes à la gare et au marché »…
2.2. Stratégies face à l’école
Face à l’institution elle-même, c’est-à-dire l’école, deux comportements sont adoptés : l’assiduité et le respect
des règlements.
Le premier comportement, c’est celle donc d’être toujours en classe, sinon de se mettre à jour aussi
rapidement que possible en cas d’absence. Cette attitude, comme la deuxième qui suivra, a été mentionnée par
presque l’ensemble des élèves rencontrés. Maurice, 19 ans, élève en 1ère C au Lycée Inagohi, habitant le foyer
précaire explique : « Nous avons compris que nous n’avions pas d’autres choix, avec ce que nous vivons ici, que
de voir l’école comme notre porte de sortie de la misère. Ce qui signifie que nous devons faire en sorte qu’on ne
nous renvoie pas. Aussi, nous avons pris l’option de ne jamais ‘sécher de cours’[1]. » Maurice continue : « En tout
cas, tant que nous avons la force pour nous lever, nous allons en classe. Quand par malheur nous ne pouvons
pas, nous nous mettons rapidement à jour…». Toujours à San-Pedro, Oumou, 18 ans, en 1ère A au Lycée
Inagohi tient des propos identiques : « Quand on est pauvre, on tire pas cours. On va toujours à l’école pour
préparer son avenir. C’est les enfants de riches qui peuvent s’amuser à faire ça ». Ces propos sont renchéris
370 Km plus loin, à Abidjan par Justine (16 ans, 3ème au Collège Moderne de Cocody), résidante de Blingué :
« On aime trop l’école, et puis ce n’est pas dans notre intérêt de tirer les cours. Quand je rate un cours, ça me fait
tellement mal et rapidement, je cours vers mes camarades pour me mettre à jour ».
Le deuxième comportement concerne le respect des différents règlements de l’école. « … Aussi, continue
Maurice parlant comme au nom de son groupe du Foyer précaire, nous avons compris qu’il nous faut respecter
les règlements qu’on nous donne à l’école. Sinon, si on nous renvoie pour mauvaise conduite, comment ferions-
nous ? Qui nous paiera des cours ? Quand vous regardez où nous habitons, vous comprenez que nous ne
pouvons pas faire comme les autres qui ont des parents bien placés et qui savent que si on les chasse du lycée,
le privé les accueillera.»
Ainsi, face à l’institution scolaire, ces jeunes font tout pour demeurer dans le circuit. C’est le sens des différentes
stratégies déclinées dans les lignes précédentes. Voyons maintenant leurs attitudes face aux enseignants.
2.3. Stratégies face aux enseignants
Les attitudes adoptées face aux professeurs sont la suite logique de celles adoptées face à l’école.
Ainsi, les élèves en situation précaire obéissent à leurs enseignants (tout comme ils respectent les règlements de
l’école). Attitude qu’expliquent les élèves du foyer précaire de San-Pedro : Ferdinand, 17 ans, en 3ème au Lycée
Inagohi : « Moi, je ne veux pas me faire remarquer en mal par un professeur. Je suis venu à l’école pour
apprendre et pour gagner mon pain de demain. Ce sont eux qui me donnent la formation qui me fera manger
demain. Ne pas les respecter est piégeant : on ne pourra plus leur demander ce qu’on ne comprend pas ».
Edouard (19 ans, TD) ne dit pas autre chose : « Je pense que c’est se suicider que de tenir tête aux profs et de
ne pas les respecter. Moi, je veux réussir et ce sont eux qui sont là pour m’aider ». Dans leur propre intérêt, les
enfants habitant le Bardot se donnent également l’obéissance comme règle d’or : « Nous ne pouvons que
respecter les professeurs car quand nous n’avons pas compris quelque chose, ce sont eux que nous approchons
après les cours pour des explications complémentaires », dit Adama, 20 ans, en 1ère A, au Lycée municipal.
A Blingué, c’est le même son de cloche. « Les profs, dit D. Wahab, 15 ans, élève de 4ème au Collège Moderne
de Cocody, je les respecte, et je fais tout pour ne pas les énerver ». Adjaratou, Lamine, Adeline, Louise et autres
disent ainsi la même chose que leurs camarades de San-Pedro…
2.4. Stratégies face aux disciplines enseignées
Au niveau des disciplines enseignées, un premier groupe d’élèves préfère ne pas avoir de préférence, mais
cherche à les comprendre toutes. « Je pense que toutes les disciplines sont là pour nous. Alors, je ne me pose
pas mille questions, je les étudie toutes. » (Marie, 17 ans, habitant au Bardot-Colombie de San-Pedro et élève
de 3ème au Lycée municipal). Augustin, 16 ans en 4ème au lycée Inagohi (et habitant Terre Rouge du Bardot)
ajoute : « On ne sait pas où se trouve notre chance. Pour le moment, je m’intéresse autant aux cours d’Arts
Plastiques ou d’EPS qu’à ceux de Mathématiques ou de Français »…
Un deuxième groupe préfère plutôt, sans toutefois négliger les autres disciplines, passer beaucoup plus de
temps dans celles où chacun se sent plus à l’aise. Cette stratégie est perceptible, à San-Pedro, au Foyer, dans
les propos de Maurice (1ère C) : « Je préfère accorder plus de temps à mes matières de base que sont les
matières scientifiques et, je m’arrange pour avoir juste la moyenne dans les autres ». Lambert, 21 ans, en TD au
Lycée Inagohi et logeant à Zimbabwe au Bardot a la même vision des choses : « On n’a pas assez de temps,
donc on met le paquet dans nos matières où y a beaucoup de points. Moi principalement je mets l’accent sur les
maths, physiques et SVT. Ces 3 matières font coefficient 12. Si je bombarde là-bas, je sors hauts les mains. Mais
2.5. Stratégies de travail
Plusieurs types de stratégies sont ici mis en œuvre : Il y a celle qui consiste (pour contourner le problème de
l’absence d’électricité) à rester à l’école, après les cours pour étudier les leçons et faire les différents exercices.
Cette stratégie est adoptée par la quasi-totalité des élèves interviewés, autant à San-Pedro qu’à Abidjan-Blingué.
C’est ce qu’explique Christophe, un élève de 18 ans locataire du ‘Foyer’ et en 2nde C au Lycée Inagohi de San-
Pedro…
Une autre stratégie consiste à étudier sous les lampadaires, la nuit tombée : « La nuit, nous ‘bossons’ aussi sous
les lampadaires. C’est vrai qu’il y a beaucoup de moustiques et que quand il pleut, ça devient compliqué, mais on
va faire comment », explique Bruno (17 ans, 2nde C, Lycée Inagohi San-Pedro).
On pourrait ainsi dégager des différents propos trois significations – ou missions – données à l’activité scolaire et
à l’école elle-même.
Pour les tenants de ces propos, on va à l’école d’abord pour apprendre à lire, à écrire, en gros à se former
intellectuellement et humainement. C’est ce que révèlent les différentes interventions qui suivent. Ce que traduit
Florent (13 ans, en 5ème) : « Pour moi, l’école représente un lieu de bonnes manières de vivre, de connaître son
pays, d’être un bon citoyen. Et puis ça permet d’avoir du travail » …
Ainsi, ce premier groupe met avant tout l’accent sur la fonction éducative de l’école : l’école instruit, forme,
éduque. Mais les différents propos indiquent aussi l’autre fonction qui est la conséquence de ce qu’on apprend à
l’école : l’insertion professionnelle. Les acquis de l’école ouvrent les portes de l’avenir et de la « réussite ».
Un deuxième groupe d’élèves voit d’abord l’école comme un lieu pour se faire une place au soleil.
3.1.2. L’école vue d’abord comme le lieu de se faire une place au soleil
A San-Pedro (foyer précaire), beaucoup pensent ainsi. C’est ce que révèlent les propos des différents
intervenants. Florent, Didier et Christophe le montrent bien dans leurs élocutions. Ainsi, pour Christophe, L’école
« représente le lieu pour réussir et être heureux, avoir le bonheur de devenir cadre »…
Ici, c’est la fonction de promotion sociale ou de changement de classe sociale qui est mise en avant. L’école,
pour ce groupe de jeunes issus de milieux pauvres et précaires, permet de se faire une place au soleil, et une
bonne place, non seulement pour soi-même, mais aussi pour les siens.
Au niveau du troisième groupe, qui ne s’éloigne pas du deuxième, on confond l’école et la vie.
3.1.3. L’école vue comme une nécessité vitale
C’est ainsi que pensent, à San-Pedro, autant Innocent qu’Éric du foyer précaire. Éric révèle que selon lui, « la
réussite est la clef de la vie ». Innocent renchérit : « l’école, c’est la clef de la vie, le seul chemin pour réussir
dans ce monde et dans la vie ». Pour Nadège ou Fatou, toutes deux du Bardot, le moyen pour réussir sa vie ne
peut être que l’école ; c’est « le moyen pour qu’on puisse vivre la vie de demain », selon le terme de Nadège. A
Blingué, Philippe pense aussi que « la réussite est la clé de la vie ». Cet avis est partagé par Franck qui ajoute,
plus explicite : « C’est la clé de la vie, la clé qui permettra d’ouvrir demain les portes de la réussite et d’avoir ce
qu’on veut »…
Les élèves en difficultés matérielles partageant cette perception mettent en exergue une fonction vitale de l’école.
En d’autres termes, c’est par elle qu’ils auront de quoi se nourrir pour se maintenir en vie. C’est d’ailleurs la
raison pour laquelle beaucoup se projettent dans l’avenir à travers elle.
4. Les projections
Les élèves rencontrés ont pour ambition de sortir de cette situation de précarité et de pauvreté. Ils pensent aussi
que c’est par l’école qu’ils y parviendront, étant entendu que dans cette société moderne, rien ne peut se faire
sans instruction préalable. C’est ce dont témoignent les propos ci-dessous….
Bref, presque tous les enfants interviewés ambitionnent de « devenir quelqu’un », et, c’est par l’école qu’ils
veulent passer pour atteindre leur objectif.
Que retenir ?
Les résultats de l’entretien ont, d’une part, confirmé les difficultés matérielles que ces jeunes vivent, et d’autre
part, montré les paradoxes des bons résultats de fins d’années eu égard à ces difficultés.
Ainsi, grâce à l’observation, l’on peut se rendre compte qu’à tous les niveaux, rien n’est facile pour ces jeunes.
Qu’ils soient locataires du foyer précaire du Lac à San-Pedro, qu’ils logent dans les sous-quartiers du bidonville
de Bardot toujours à San-Pedro ou qu’ils soient dans le bidonville de Blingué, à Abidjan, dans la commune de
Cocody, tous ont ceci en commun qu’ils sont mal logés, que leurs lieux de vie sont la mise en scène du drame
dans lequel peuvent plonger la pauvreté et la misère. Ils ont aussi en commun de ne se nourrir que péniblement,
voire « par accident », pour emprunter l’expression du célèbre rappeur BILLY Billy. Ils ont également en commun
de manquer de conditions adéquates pour étudier, pour apprendre leurs leçons.
Les convergences, on les voit aussi à travers les stratégies qu’ils mettent en place, à travers le sens qu’ils
donnent à l’école et à l’activité scolaire, et à travers les projections qu’ils font. On note d’abord que dans les trois
lieux concernés par l’étude, les élèves conçoivent des stratégies pour leur survie, c’est-à-dire pour tenir le coup.
Ces stratégies consistent particulièrement en la mise en place de cabine cellulaire. En outre, tous ont
pratiquement des stratégies similaires face à l’institution école - où présence régulière et obéissance sont les
maîtres mots -, face aux enseignants et face aux disciplines enseignées. Egalement, dans les trois lieux, une
valeur euphorisante est donnée à la souffrance, et le parcœurisme constitue la stratégie de travail la mieux
partagée.
Quant à l’école, tous sont unanimes qu’elle est un lieu de formation en vue de se faire une place au soleil, qu’en
ce sens, elle a une mission ou une fonction utilitaire.
Le paradoxe des bons résultats obtenus est tout aussi un point commun. En effet, dans les trois milieux
paupérisés, certains élèves, en plus d’obtenir des moyennes de passage en classes supérieures, obtiennent de
bonnes moyennes qui leur valent des distinctions, au moins des Tableaux d’Honneur, et se classent parmi les
élites de la classe.
Néanmoins, même si dans leur surgissement les éléments se ressemblent dans ces trois endroits, on constate ici
et là quelques variantes dans leurs manifestations. Ainsi, au niveau des difficultés, certes on ne peut pas
affirmer qu’ici, elles sont ‘‘plus … que’’ là (ce qui serait d’une certaine manière nier et les difficultés vécues par un
groupe et leurs corollaires douloureux vécus individuellement : d’ailleurs elles surgissent partout de façon acerbe
et astreignante), mais on peut noter que les enfants de Bardot et ceux de Blingué, du fait qu’ils sont pour la
plupart avec leurs parents ou avec des tuteurs (ce qui n’enlève rien aux difficultés en elles-mêmes), ont la
possibilité de se consoler en ayant ne serait-ce l’illusion que ces derniers s’occupent des questions matérielles.
En outre – et c’est le plus important – ils peuvent, au cœur des souffrances les plus atroces, compter sur leur
affection, sur leur présence (et ce n’est pas rien !). Cette ‘chance’, les enfants du foyer précaire, livrés à eux-
mêmes, ne l’ont pas. Ils n’ont qu’eux-mêmes et eux seuls sur qui compter.
Par ailleurs, toujours au chapitre des variations de détails, on observe que la stratégie de l’étude à la lumière des
lampadaires ne peut se réaliser qu’au niveau des jeunes du foyer précaire ; qu’en revanche, au bardot et à
Blingué les précieuses lumières n’existent pas. Aussi ces jeunes gens du foyer peuvent-ils s’estimer heureux de
ne pas avoir à parcourir les longues distances pour se rendre au cours ou se préoccuper des questions de frais
de transport, comme c’est le cas dans les deux autres endroits. Quant aux petits métiers exercés de part et
d’autre, on constate beaucoup plus d’activités manuelles à Blingué : jardinerie, maçonnerie, etc.
Enfin, au niveau des résultats, on fait le constat qu’il y a plus de grosses moyennes au bardot et à Blingué, que
par conséquent on y a plus de distinctions, particulièrement les encouragements et les félicitations. Quant aux
jeunes du foyer précaire du Lac, ils n’ont en leur sein que quelques « Tableaux d’Honneurs » et n’ont ni de
« Félicitations » ni d’« Encouragements ».
6°) Discuter les résultats
Trois préoccupations pour répondre à la question : Que valent les résultats
obtenus?
6.1. L’interprétation des principaux résultats (ou l’authenticité des résultats)
6.1. Les résultats obtenus confirment-ils les hypothèses ?
Montrer comment les résultats confirment ou infirment l’hypothèse de départ?
Dégager une explication sur la nature des relations entre les variables et la possibilité que
d'autres variables expliquent ces relations.
En de divergence entre les résultats obtenus ou observés et les résultats attendus, montrer
d'où viennent les écarts et voir en quoi la réalité est différente de ce qui a été supposé au
départ.
6.2. Les résultats vont-ils dans le sens des résultats d’autres chercheurs ?
Comparer ses résultats aux résultats d'autres études existants. Si les résultats obtenus
diffèrent en certains points des résultats obtenus avec d'autres études ayant porté sur le
même phénomène, analyser les raisons de ces différences.
Par exemple, le chercheur pourra tenir compte des circonstances de l'étude pour établir ses
comparaisons et justifier la découverte éventuelle d'associations entre des variables.
6.3. Quelles sont les implications des résultats à la lumière des théories
utilisées ?
Scruter et interprète les résultats pour comprendre leurs significations et implications à la
lumière des théories utilisées dans l’étude.
6.2. La question de la généralisation des résultats et de leur limite
Montrer en quoi les résultats (qui concernent un groupe) peuvent être étendus au-
delà des échantillons concernés à d’autres groupes et à d’autres contextes
6.2.2. Les limites de l’étude
Indiquer honnêtement les limites de l’étude, c’est-à-dire les éléments explicatifs de
ces limites, et signaler en quoi ces limites peuvent affecter les résultats.
6.2.3. Elaboration théorique sur la base des résultats (surtout en thèse)
Dégager la valeur théorique de ses résultats en procédant à un essai de
théorisation sur la base de ces résultats. Les connaissances ainsi que
l'imagination, l'esprit d'à-propos sont utiles pour rechercher des explications et
interprétations.
Réinterroger et revisiter les paradigmes, les théories et concepts mobilisés pour et
dans la recherche, pour éventuellement esquisser une théorie nouvelle.
Exemple de plan de discussion
La réflexion théorique convoque à l’examen critique six points importants dégagés de l’analyse et de
l’interprétation des résultats : 1- le fatalisme socioéconomique ; 2- chocs de la vie et la résilience ; 3- la réussite
scolaire et la réussite de la vie ; 4- le pauvre et la pauvreté ; 5- le métier d’élève et le métier d’homme : la
constitution du sujet ; 6- l’individu-sujet et la société-sujet ; 7- pour « la société des égaux ».
1. Le fatalisme socioéconomique
Les résultats de cette recherche Il n’est pas ici question de dédouaner l’école d’être reproductrice des inégalités ni
de nier que certains élèves ont un avantage certain de disposer de presque tout tandis que d’autres subissent un
handicap réel de manquer de presque de tout. Il s’agit de montrer que cet état de fait n’est pas en soi une
fatalité, et d’appeler du même coup à une vigilance scientifique pour éviter toute analyse mécaniste. Alain Léger
(1991) faisait déjà la remarque suivante :
« Certes, si l’on n’est pas suffisamment attentif, on pourrait croire que puisque les fonctions sélectives ne changent
pas - tout au moins dans leurs conséquences sociales - puisque l’école ne s’est pas démocratisée, nous sommes
en présence d’un constat fataliste et donc d’un constat accablant du point de vue de ceux qui souhaitent des
transformations égalitaires. Mais… si l’école, à certaines conditions et pour certains élèves, crée l’échec, c’est qu’à
d’autres conditions, elle pourrait créer leur réussite. Quoi de moins fataliste que de montrer concrètement que tout
ne se joue pas hors de l’école, et que finalement l’école ne sert pas à rien ! ».
Ainsi, même si l’école reproduit la société, les acteurs aussi ont une certaine marge de manœuvre qu’ils exploitent
assez souvent. Tout dépend de leur vision de l’avenir et des projections qu’ils font. À la vérité, plus ils ont une
vision positive de l’école et attendent qu’elle leur permette de marquer leur passage dans ce monde, plus ils ont le
courage d’avancer, de foncer même, nonobstant les difficultés qui se présentent devant eux.
Ces jeunes qui se voient porteurs de l’ambitieux projet de sortir leur famille de la misère veulent faire oublier
l’épisode de la misère douloureusement vécu. Convaincus à leur façon que la misère est la négation de l’homme,
ils se voient en messies appelés au secours de la communauté. Il s’agit en fait pour eux de rompre la chaîne de
pauvreté ou de misère afin que surgisse de leur sein et de leur lutte une nouvelle génération, c’est-à-dire une
génération inscrite à une nouvelle classe sociale. Le changement de position sociale se trouve ainsi souvent au
cœur même des efforts de réussite des jeunes en situation précaire.
pas de fatalisme de l’évidence de la réussite scolaire des enfants des milieux aisés. Toute analyse déterministe
butte inévitablement sur la pierre de la limite, de l’incomplétude, car elle porte en elle le handicap de ne pas
prendre la pleine mesure de l’ensemble des cas à partir d’angles de vue pluriels, c’est-à-dire de ne pas assez
considérer les cas individuels, exceptionnels, paradoxaux.
En tout état de cause, la réflexion sociologique sur la réussite des enfants d’origine pauvre s’oblige à répondre à
cette question lancinante : peut-on apprendre quelque chose des mécanismes généraux qui déterminent ces
trajectoires scolaires atypiques aboutissant à des repositionnements sociaux ? La répondre apparaît évidente et
positive, pourvu que ces réussites provoquent un changement de regard (Claude Pair, 1982), une réorientation,
une refondation des perceptions….
2. Les chocs de la vie et la résilience
La capacité des acteurs à supporter, à resurgir, à rebondir et à s’en sortir malgré les chocs de la vie rejoint ce que
les psychologues désignent par le terme résilience. Utilisée à l’origine dans la métallurgie pour indiquer la
capacité d’un métal à supporter un choc jusqu’à sa rupture, l’expression est reprise en psychologie pour désigner
« la capacité à se développer quand même, dans des environnements qui auraient dû être délabrants » (Boris
Cyrulnik, 1998).
En effet, quoique visiblement condamnés à l’échec du fait de leur handicap matériel et de ses conséquences
stressantes et traumatisantes, certains acteurs démontrent leur capacité à supporter les coups de la vie. Ainsi se
comprennent les propos d’un Damase, convaincu qu’il faut faire avec « les épreuves de la vie ». Tout comme lui,
les personnes dont l’histoire de vie a été relatée ici montrent bien qu’elles ont réussi à prendre acte de la situation
vécue et ont fait avec pour s’en sortir.
C’est dire que de la façon dont les sujets des milieux pauvres acceptent la situation, et de ce qu’ils en font
dépendent leurs succès, leurs réussites… Le regard posé sur l’évènement vécu et sur soi-même est, en effet,
déterminant pour triompher des situations astreignantes, contraignantes, et contrariantes. Assurément, il n’en va
pas de même selon qu’on se voit en simple « casseur de cailloux » ou comme un possible « bâtisseur de
cathédrales ». Se considérer comme « bâtisseurs de cathédrales », de vie, c’est ce que les sujets étudiés ont fait.
Ils ont réalisé que tout s’obtient dans une lutte et dans une quête qui amènent à trouver même dans l’apparent
hideux du beau. Ils ont compris que tout le monde souffre, mais que l’homme véritable sort grandi de sa
souffrance car il ne ronchonne ni ne râle, il travaille à trouver la voie de sortie ; qu’en revanche, l’idiot, celui qui ne
s’arrête que sur ce qui est difficile dans les difficultés, grogne et pleure : celui-là, il est à plaindre, car il est foutu….
7. Pour « la société des égaux »
La création de soi aboutit inévitablement à la vie sociale, étant entendu que l’action de chacun intensifie l’action
d’autrui. La société devient ainsi une mise en commun des énergies individuelles qui convergent vers une quête
commune, celle de rechercher un certain équilibre au sein de la communauté. Les acteurs, à cause de leur
expérience de vie, sont poussés à la quête d’une solidarité plus active se fondant sur une « égalité-relation »,
selon le terme de Pierre Rosanvallon (2011). Ce qui conduit « à simplifier l’idée d’égalité en la rapportant aux
façons d’être avec autrui : dans une position relative, en interaction, dans un lien de participation », écrit-il. À le
comprendre, l’essentiel, ce sont « des catégories de relation qu’il s’agit de développer et d’optimiser ».
La société des égaux a donc pour ambition d’arracher le sujet « aux héritages et aux situations qui bornent son
horizon, l’enferment dans sa condition et le privent de la possibilité de se donner un avenir ». Elle est celle qui, à
la question L’école peut-elle être juste et efficace ? (Marcel Crahay, 2003), martèle pour rassurer : « De l’égalité
des chances à l’égalité des acquis ».
Conséquemment, une école juste est une école qui fait réussir les individus indépendamment de la naissance ou
de l’origine sociale. Mais il faut penser que l’école seule ne peut créer l’égalité des chances scolaires, comme le
signifie Dubet (2004) qui préconise, à côté de méritocratique, l’égalité distributive des chances, c’est-à-dire
l’équité qui vise à produire de l’égalité de manière plus volontaire. En fait, l’équité légitime le langage de la
différenciation. Elle vise particulièrement un traitement plus individualisant de la justice sociale. Comme le dit
Danilo Martuccelli (1997), elle suppose que l’égalité des droits soit conçue en tenant compte de la situation
particulière de chaque personne. En effet, la société des égaux doit désormais s’appuyer entre autres sur les
principes de singularité : c’est à partir de leur singularité, c’est-à-dire de leur spécificité, que les individus veulent
faire société. Cela conduit nécessairement à redéfinir les politiques sociales, qui ne doivent plus seulement
s’appuyer sur des transferts monétaires passifs, mais outiller l’individu pour lui donner les moyens de l’autonomie.
Les politiques sociales deviennent alors des dispositifs de constitution du sujet ; des sujets ayant appris à pêcher
eux-mêmes au lieu de toujours recevoir du poisson en don.
Bref, si l’on admet d’une part l’idée de milieux différenciés, de groupes hétérogènes où ce sont toujours les plus
fragiles qui tombent dans la course, et d’autre part l’urgence de la prise en compte des particularités, il est alors
question d’être plus attentif aux élèves qui partent avec le moins de chance, le plus de handicaps. L’idée de
l’égalité et de l’équité oblige, comme l’affirme Martuccelli, à « assumer la participation égalitaire au sein de la
compétition sociale ».
7°) La conclusion et l’introduction
7.1. La conclusion
7.1.1. Rappel des grandes lignes de la démarche et des résultats
Exemple : L’entretien, indique Paul N’Da (2015 : 142), est « un tête-à-tête oral
entre deux personnes ou une personne (ou plusieurs) et un groupe de
personnes dont l’une transmet à l’autre des informations recherchées sur un
problème précis ».
Références successives au même document ou à la même partie du
document, on remplace la référence complète de l'ouvrage par idem ou id.
(= le même) ;
S'il s'agit des fois suivantes ou de la même page, on écrit ibidem ou ibid.
(= ici même au même endroit).
Si la référence précédente est éloignée de quelques pages et s'il y a d'autres
citations d'ouvrages, on utilise op. cit. (opere citato = œuvre citée) ;
s'il s'agit d'un article, on utilise loc. cit. (loco citato = revue citée)
8.2. La bibliographie en fin d’ouvrage
Une diversité de normes.
• Il existe une diversité de normes bibliographiques : Norme ISO, AFNOR,
APA, etc.
• Il est possible d’avoir une préférence pour telle ou telle norme.
• Mais éviter de les mélanger en passant d’une norme à une autre dans le
même travail.
La norme CNRS, avec la virgule comme séparateur unique des zones : plus
pratique, simple et commode, d‘usage aisé et adéquat.
Pour les thèses et mémoires : Nom, Prénom, année, mois (si c’est précisé), titre,
suivi de la mention Thèse de doctorat, avec précision de la discipline, université de
soutenance, lieu.
Exemple : EHOUMAN Ellingan Thomas, 2017 août, Le traitement du phénomène
des microbes par RTI 1 et Fraternité Matin, Mémoire de Master de Journalisme,
ISTC, Abidjan.
9.2. À rechercher :
- Lisibilité : texte facile à comprendre, combinant bien fond et forme
- Style soutenu, qui montre la recherche de l’objectivité scientifique
- Densité du texte, c’est-à-dire exhaustivité au plan de l’idée à
exprimer et brièveté au plan de l’expression.
10°) Plan de mémoire et thèse (en partie)
Introduction
Première partie : Considérations d’ordre théorique et méthodologique
Chapitre 1 : Spécification de la problématique
1. Justification du choix du sujet
2. Problème de recherche
3. Questions de recherche
4. Objectifs de recherche
5. Hypothèses de recherche
6. Variables et indicateurs de recherche
Chapitre 2 : Revue de la littérature
1. Etat critique des connaissances sur le sujet
2. Élaboration du cadre de référence de l’étude (ou du champ théorique)
Chapitre 3 : Considérations d'ordre méthodologique
1. Description du milieu, de la population et de l'échantillon / Description du corpus
2. Stratégie de vérification et instruments de collecte des données
3. Déroulement de la collecte des données
4. Plan d'analyse des données