Vous êtes sur la page 1sur 13

Mai 2002

APM-BENIN / PROJET FEDERATEUR / FILIERE RIZ


-----------------------------------------------
Etude des initiatives Paysannes n°6 : Département de l'ALIBORI
du 22 au 27 avril 2002

Compte rendu de mission


INTRODUCTION

Dans le cadre de la poursuite de l’étude des initiatives paysannes dans la filière


riz, la mission APM-BENIN s’est rendue dans le Département de l’ALIBORI du
22 au 27 avril 2002.

Cette étape est la dernière après celles de Dangbo et Adjohoun (Département de


l’Ouémé) du 7 au 9 janvier 2002, du Zou – Collines du 11 au 18 janvier 2002 ;
du Mono – Couffo du 18 au 20 mars 2002, de l’Atacora du 25 au 30 mars
2002 et du Borgou du 8 au 13 avril 2002.

La mission était composée de riziculteurs et de techniciens :

1- RIZICULTEURS

KOUDANDE Athanase APM-Bénin


IWIKOTAN Mathurin UNIRIZ-Collines
BIO GORADO Amadou USPP/N’Dali (Borgou)
SEKOSSOUNON Daouda UDP-Atacora
LEKOULA Kodjo UDP-Mono
AVOTCHEKPO Gabriel Coop des riziculteurs de Koussin Lélé (Zou)
KASSA Kouandy UDP-Atacora
GATTA Matchou USPP N’Dali (Borgou)

2- TECHNICIENS

EVIN Jildaz PPAB


OLOULOTAN Sikirou Secrétaire APM-Bénin
N’DAH Michel UDP/Atacora

L’objectif visé par le réseau APM – Bénin, initiateur de la présente mission, est
une meilleure connaissance par les producteurs des initiatives économiques des
OP dans la filière riz, c’est pourquoi il a été choisi de parcourir tous les
départements pour rentrer en contact avec les producteurs et leurs organisations
sur leurs lieux de travail, connaître leurs difficultés, analyser l’organisation du
travail et le fonctionnement des organes de décision et de gestion mis en place,
puis les initiatives qui sont développées. Tout ceci devant permettre d’analyser et
de comparer ces initiatives (points forts, points faibles) d’en tirer des leçons pour
bâtir par des producteurs une "politique filière riz" au Bénin, à soumettre et à
discuter avec les acteurs de développement (administration publique, acteurs
professionnels, représentants des bailleurs de fonds, …).

Au bout de cette dernière étape dans l’Alibori nous avons constaté que du Nord au
Sud et de l’Est à l’Ouest, la culture du riz tient une place non négligeable après le
coton au point de vue structuration. En effet, la culture du riz est à l'origine de la
création de nombreux groupements de producteurs et de productrices et même
d'unions de groupements. Mais, aujourd’hui, deux gros problèmes se posent à
savoir :
- l’approvisionnement en intrants agricoles (semences améliorées, engrais,
produits phytosanitaires, …)
- l’organisation de la transformation et de la commercialisation

La levée de ces deux obstacles devrait permettre un développement plus


important de la filière riz.

Le séjour de la mission sur le terrain a duré 5 jours et a connu la visite de 4


localités dans l’ALIBORI à savoir : Malanville, Banikoara, Kassakou à Kandi et
Bagou dans Gogounou.

1- ETAPE DE MALANVILLE

1ère étape : Malanville, le 23 avril 2002

La mission s’est rendue sur le périmètre irrigué de Malanville. Les informations


contenues dans le rapport UDP/Mono (Voyage du comité Riz du 23 au 27 avril
2001) ne sont pas reprises ici.

Aujourd’hui l’UGPPM (Union des Groupements de Producteurs du Périmètre de


Malanville) compte un effectif de 537 membres dont 80 femmes, d’autres
demandes d’adhésion (plus de 1000) seraient encore en instance.
Selon le CA de l’UGPPM, la seule solution pour le moment pour accepter de
nouveaux adhérents est l’extension du périmètre puis un tirage au sort des
demandes pour désigner les nouveaux conformément aux disponibilités des
parcelles.

L’UGPPM est dirigée par un CA de 13 membres dont une femme.

2
Au sein du CA deux (2) producteurs sont élus responsables chargés à
l’hydraulique et deux (2) autres à l’agronomie.

L’assemblée Générale est l’organe suprême, elle a élu un comité de surveillance


composé de 03 membres.

1-1 - L’ORGANISATION DU TRAVAIL PAR L'UGPPM

Le CA assure la coordination des travaux, le maintien et la gestion du patrimoine


du périmètre. Le suivi et la bonne marche des travaux reviennent au CA. Malgré
l’existence de sous-groupes qui rendent compte régulièrement au CA, il veille sur
le curage des canaux d’irrigation ainsi que leur propreté. Ils font des curages
même au niveau de l’entrée principale d’eau qui débouche sur le fleuve NIGER
qui est de ce fait menacée d’ensablement.

Des 516 ha que couvre le périmètre, 285 ha sont en culture dont 180 ha réhabilités
et 105 ha sommairement aménagés dont 30 depuis juin 2001.
La réhabilitation a tenu compte du fait (contrairement aux aménagements
sommaires) que les casiers sont plus bas que les canaux d’irrigation qui sont de
4 types : Principal ; secondaire, tertiaire et arroseur.

La zone Nord du périmètre est en voie d’être réhabilitée. Il semblerait qu’une


mission chinoise est attendue pour le mois de mai 2002.

Parmi les membres du CA, certains jouent un rôle essentiel en ce qui concerne la
production : les responsables chargés de l'hydraulique veillent à la régulation de
l'eau (amenée ou arrêt) sur tout le périmètre. Ceux chargés de l'agronomie
s'occupent des problèmes agronomiques notamment de besoins d'eau ou de son
excès.

Il existe deux cycles de culture.


Un cycle en hivernage (juin à décembre) et le second en culture de contre saison
(janvier à juin).

Cette union parvient à s’approvisionner en semence de base auprès de la station


de recherche de l’INA au prix de 18.000 FCFA le sac de 50 kg, qu’elle met à la
disposition des multiplicateurs sur le périmètre qui sont au nombre de 16. Ils
vendent le sac de 80 kg de semence certifiée à 15 000F. Les multiplicateurs sont
soumis à un contrôle strict du CARDER et de la Recherche et peuvent être
déclassés. Le rendement de ces semences de base tourne autour de 7 tonnes ou 7,5
tonnes à l’hectare.

3
Une visite du périmètre nous a permis de constater qu’il existe une station de
pompage, des groupes électrogènes, 3 au total, et des casiers de 25 x 100m et ceux
de 50m x 50m.
Le producteur qui a le plus grand nombre de casiers sur le périmètre dispose de 6
casiers.

1-2 - LA COMMERCIALISATION ET L’APPROVISIONNEMENT

L’union prend des initiatives cherchant elle-même des partenaires. Elle a déclaré
ne rencontrer jusqu'à présent aucun problème de commercialisation.
L’approvisionnement en intrants est fait avec la caution de l’USPP. Il existe un
lien de collaboration entre l’UGPPM et l’USPP de Malanville. L’union a pu payer
au comptant cette année (2002) 92 tonnes d’engrais et 100 tonnes à crédit soit au
total (192 tonnes d'engrais).
Le nouveau CA a hérité en juin 2001 d'une dette de 70 000 000 F CFA. Il en a
remboursé 10 000 000 F CFA et obtenu un échéancier de remboursement sur
deux ans pour les 60 000 000 F CFA restant. Pour éviter qu’une telle situation se
répète, deux comptes sont ouverts dont un à la CLCAM et le second à
ECOBANK respectivement pour le fonctionnement et le remboursement du crédit
engrais.

DEMARCHE DU CA

Le CA a effectué des visites d’échanges au BURKINA – FASO et au NIGER.


Une requête de financement est adressée à l’ambassade de France et à APM-
Bénin pour la recherche d’un fonds de roulement.
L’UGPPM est soucieuse du bradage des produits en période de récolte. C’est
pourquoi l'initiative est prise pour acheter le riz paddy auprès de ses membres, le
stocker puis le revendre.
Le réseau APM a travaillé sur cette demande avec l’union au cours de la présente
mission.
C’est d’ailleurs sur ce point que la rencontre avec l’Union a pris fin. En début
d’après midi la mission a rencontré des femmes commerçantes de la ville de
Malanville.
Elles affirment ne pas constituer un groupe et assurer la transformation et la vente
du riz de façon individuelle. Certaines parmi elles sont également des productrices
de riz.
Pour la plupart, elles s’approvisionnent sur le périmètre et sur le marché. Le prix
d’achat au producteur varie entre 10 000 et 13 500 F CFA le sac de 80 kg.

4
Les charges liées à l’étuvage d’un sac de 80 kg se résument comme suit :
Eau = 100 F
Bois = 500 F
Décorticage = 750 F
Transport riz blanc 100 F
Un sac de paddy donne entre 49 et 51 tongolos de riz blanc vendus entre 200 F et
300 F pièce.

Elles affirment que si la production de Malanville est épuisée, elles


s'approvisionnent dans les villages environnants et même chez certains grossistes
de la place.

Une faible quantité de cette production serait vendue au NIGER et au NIGERIA.

2- ETAPE DE BANIKOARA

2-1 - LE BAS-FOND DU VILLAGE KORIKIKOUROU

Après Malanville, l'étape suivante a été Banikoara, le 24/04/2002. La mission


était dans le village de Korikikourou (commune de ARBONGA) et a rencontré le
groupement des producteurs du riz.

Ce groupement est créé en 1992, avec un effectif de 33 adhérents dont 8 femmes.


Il compte à la date de la visite 72 personnes dont 24 femmes.
Le groupement est l'une des "cellules de base de bas-fond"1 mises en place dans la
sous-préfecture.

Pour être membre du groupement il faut libérer par hectare (ha) exploité 4000 F
par an représentant une cotisation pour le fonctionnement du groupement soit
1000 F par ¼ ha ou 500 F par 1/8 ha par an. La superficie du bas-fond cultivée
était de 17,5 ha dont 11 ha sommairement aménagés par le projet cellule bas-
fond financé par la BOAD. Il n’est plus exploité depuis 1998, année où la
production a baissé totalement au niveau du bas-fond ; parce que les producteurs
ne trouvaient plus de tracteur pour les aider à faire le labour (le fils du village qui
les aidait à en trouver a obtenu un travail en ville et a quitté) et de plus la
commercialisation n’est pas organisée. Néanmoins le marché existe, les
commerçants imposent leurs prix.

Les digues faites à la main par les producteurs avec l'aide du tracteur ne sont plus
entretenues, le tracteur n'étant plus disponible chaque année. Les activités de

1
Cette appellation de "cellule bas-fonds" semble avoir été introduite par des agents du CARDER. Il s'agit d'un
regroupement des producteurs qui cultivent un même bas-fond.

5
production de riz ont cessé dans le bas-fond à cause entre autre des difficultés de
labour.

La variété de semence de riz cultivée est ADNY11 avec un rendement de 8 à 9T


/ha2. Le groupement n’est pas enregistré au CARDER mais dans chaque village
de Banikoara il existe des groupements de producteurs de riz appelé "cellule bas-
fond" qui pensent se retrouver en assemblée générale pour créer le bureau sous-
préfectoral de producteurs de riz.

Il faut noter que l’aménagement est entrain de perdre sa valeur avec la disparition
des diguettes. Les vannes semblent très basses ne pouvant plus maîtriser l’eau.

Une partie du bas-fond est actuellement mise en buttes et plantée d'igname.


Chaque occupant plante l'igname sur sa parcelle à l'endroit moins hydromorphe
qui ne s'engorge pas d'eau.

COMMERCIALISATION

Le prix du sac de 80 kg de paddy varie de 8.000 F (au moment de la récolte en


octobre – novembre) à 16.000 F (durant la période de soudure en avril - mai
jusqu'à la nouvelle récolte). Parfois certains producteurs prennent l’argent chez les
commerçants 4 000 F à 5 000 F (avance sur récolte) pour rembourser le double ou
pour un sac de 80 kg du riz paddy.

La mesure du riz blanc est autour de 200 F à 400 F pour une mesure de 2,100 kg
(mesure locale appelée NOMBAYIROU),

APPROVISIONNEMENT EN INTRANTS

Le groupement des producteurs de riz de Korikikourou s'approvisionne par le


biais du CARDER, à crédit. Le remboursement du crédit intrant se fait en nature.
Après deux années d'expériences, il y a eu des problèmes pour écouler le riz
remboursé en nature. C'est ainsi qu'il a été décidé d'opérer par la rétention à la
source sur le revenu coton pour le recouvrement des crédits intrants (tous les
producteurs de riz produisent également du coton).

2-2 – LES ENTRETIENS AVEC DES PERSONNES RESSOURCES

Des entretiens ont été menés avec des personnes ressources notamment Monsieur
BIO TOUROU BANI, ancien secrétaire de l'Union des producteurs de riz de la
sous-préfecture de Banikoara et Monsieur BAGOUDOU Orou Guessou

2
Les chiffres de rendement ont été donnés par les personnes rencontrées. Ces données n'ont pas pu être vérifiées et
sont nettement supérieures aux données fournies par le CARDER (cf. infra).

6
(Technicien spécialisé en Technologie Agroalimentaire et Commercialisation du
projet PADSA).

L'ancien secrétaire de l'Union3 des producteurs du Riz de Banikoara serait


apparemment le seul à maîtriser le dossier de la ligne de crédit mise en place par
la BOAD aux producteurs du riz de la localité en 1997. Cette ligne de crédit d'un
montant de 125.000.000 F CFA a été logée à la CLCAM pour faire de petits
crédits aux producteurs dans le but d'accroître la production. Ce crédit a été placé
aussi bien aux producteurs individuels qu'à l'union. C'est ainsi que Banikoara
centre a reçu 9.770.000 FCFA et Goumori plus de 13.000.000 FCFA pour les
producteurs individuels puis l’union des producteurs du riz de Banikoara a reçu
10.000.000 FCFA dont 2.000.000 FCFA comme dépôt préalable. Ainsi l’union a
reçu 8.000.000 FCFA pour acheter et revendre le riz qu'elle a stocké dans l’un des
magasins du CARDER et une partie à la CLCAM de Goumori. Malheureusement,
cette année là, le prix du riz n’a pas augmenté jusqu’en août (250 F la mesure de
2,100 kg soit 10.000 F le sac de 80 kg de riz paddy), alors que le crédit est à court
terme d'une durée de 6 mois. L'union s'est alors retrouvée face à un impayé et une
pénalité supplémentaire.

Les producteurs individuels aussi n’ont pas vendu très tôt leur production espérant
la montée du prix de vente sur le marché local.

Il y aurait eu incompréhension entre les producteurs et les agents de la CLCAM


parce que au départ il aurait été dit que le remboursement serait en nature et à un
taux d’intérêt de 15% alors que la CLCAM s’est basée sur 17 %.

Dans le stock au magasin, il a été enregistré une perte de 36 sacs sur les 733 sacs
stockés (soit 5% environ). Cette perte serait due entre autre aux rats, aux mesures
non justes à l'achat, à l'éventuelle perte de poids du riz... Ce qui a entraîné pour
l’union des impayés. L’USPP de Banikoara en tant qu’avaliseur de l’union a dû
verser le montant de 1.031.000 F en plus de 714.000 F de pénalité soit au total
1.745.000 FCFA.

Le crédit individuel était de 60.000 F par producteur pour ¼ ha à rembourser avec


intérêt par 7 sacs de 80 kg de riz paddy (capital emprunté + intérêt = 69.600 F).

A l'échéance, la CLCAM au regard des difficultés rencontrées par l'union pour la


vente de riz acheté auprès de ses membres la première année, aurait décidé
unilatéralement du remboursement par la rétention à la source sur le revenu coton;
et ceci avec le concours des secrétaires des GV sans l'avis de l'Union.
3
Aujourd'hui, les groupements parlent de se constituer en union. Cependant, une union "riz" a déjà existée dans la
sous préfecture de Banikoara. En fait, il semble que cette union a été mise en place avec l'appui du CARDER au
moment de l'obtention du prêt de la BOAD. Les producteurs la mentionnent en disant que cette union était
"informelle".

7
Actuellement les producteurs ne veulent plus prendre de crédit à la CLCAM : les
fonds seraient disponibles mais sans preneurs.
Monsieur BAGOUDOU, le TS-TAC, a fait part à la mission de l'expérience
d'étuvage de riz à Banikoara dans le cadre du PADSA.

Ladite expérience consiste à améliorer le système d'étuvage utilisé par les femmes
à Banikoara. Dans un premier temps deux demi-tonneaux ont été testés. Cette
formule n'a pas été retenue car les tonneaux s'oxydaient très rapidement.
Actuellement, les essais ont été faits avec l'utilisation des marmites en aluminium
qui seraient bientôt diffusées.

VISITE AU RDR

Tableau de production de riz dans le secteur Agricole de Banikoara au cours des


cinq (05) dernières campagnes

Production de riz dans la Sous-Préfecture de Banikoara :

Campagne Superficie Production Rendements


(ha) (tonnes) (tonnes / ha)
1997/1998 787 1574 2
1998/1999 1094 3282 3
1999/2000 1802 5406 3
2000/2001 1612 5642 3.5
2001/2002 2224 5560 2.5
Source : CARDER - BANIKOARA

3 – ETAPE DE KANDI ET DE GOGOUNOU

La journée du 25/04/02 a été consacrée à la rencontre de groupements de


producteurs de riz : des GF du village KASSAKOU (Sous-préfecture de KANDI)
et le groupement de BAGOU dans la sous-préfecture de GOGOUNOU.

3-1 – ENTRETIENS AVEC LES GF DE KASSAKOU

1°/ A KASSAKOU, les groupements des productrices de riz ont constitué 4


cellules bas-fonds de femmes au niveau des 4 bas fonds que sont : GARAGORO,
BAH YOROU, TENGOU et FIRIBOUANRA. Ces 4 groupements de femmes
portent les noms de ANKOUAMON 1, 2, 3 et 4.

8
Identification des groupements

Nom du groupement Date de Bas-fond Effectif des membres


(GF) création exploité
Initial Actuel
1 – ANKOUAMON 1 1997 GARAGORO 50 dont 1 H 150 dont 5 Hommes
2 – ANKOUAMON 2 1995 BAH YOROU 40 dont 4 H 176 dont 8 hommes
3 – ANKOUAMON 3 1999 TENGOU 30 dont 5 H 50 dont 10 hommes
4 – ANKOUAMON 4 ? ? ? ?

Pour être membre du groupement de GARAGORO, une cotisation annuelle de


1.200 F est demandée. A BAH YOROU, il faut être du village, être honnête et
dévoué au travail et puis verser 50 F pour contribution à l’ouverture du compte
du groupement à la CLCAM et 1.200 F de part sociale et de droit d’adhésion. Ils
bénéficient chaque année de 5 % des ristournes versées par le GV pour le
fonctionnement des GF. TENGOU fait la même chose que les deux premiers. Les
3 premiers groupements ci-dessus mentionnés sont officiellement enregistrés au
CARDER et disposent des statuts et règlement intérieur de même que les
documents de gestion. Les superficies occupées des bas-fonds donnent :

- 1/16 ha (625 m2) par personne au départ et aujourd’hui 1/8 ha (1.250 m2) sur
GARAGORO
- idem pour BAH YOROU et TENGOU
- Signalons l’existence d’autres superficies exploitées par certains producteurs
en dehors des 4 bas-fonds précités.

Seul le bas-fond de GARAGORO a été sommairement aménagé par le projet


PSSA (programme spécial de sécurité alimentaire, FAO) avec l'appui de
l'assistance technique vietnamienne. BAH YOROU et TENGOU n’ont pas été
aménagés mais les productrices ont bénéficié des formations en techniques
d’aménagement du PSSA.

Le labour se fait à la charrue à 30.000 F à l’ha (7.500 F pour ¼ ha) et à la main à


56.000 F/ha (14.000 F pour ¼ha) à cause du long et pénible processus :
désherbage - labour - hersage - aplanissement.

Les variétés de riz cultivées sont l’INARIS au départ (semences qui provenaient
du village SONSORO) mais, aujourd’hui, d'autres variétés sont utilisées.
Le semis se fait à la volée au départ et en ligne actuellement pour GARAGORO –
en ligne au départ et à la volée actuellement pour BAH YOROU et uniquement en
ligne pour TENGOU.

L’engrais utilisé est l’engrais coton commandé par le GV.

9
La consommation de l’engrais varie : - un sac au ¼ d’ha soit 200 kg/ha pour
GARAGORO – ½ sac au ¼ d’ha pour Bâh YOROU – idem pour TENGOU et le
4ème groupement, soit 100 kg/ha.

Les rendements varient : selon les femmes, elles obtiendraient 4 sacs et demi de
80 kg de paddy par 1/16 d’ha pour GARAGORO ; 5 sacs et demi de paddy par
1/16 d’ha (pour les femmes) et 25 sacs par ¼ d’ha (pour les hommes) dont le
décorticage donne 25 tongolos de riz blanc par sac. Pour TENGOU, les hommes
obtiennent 23 sacs paddy par ¼ d’ha. Ces rendements n'ont pu être vérifiés et
paraissent très élevés.

Le décorticage se fait au niveau de deux décortiqueuses dans le village. Certaines


femmes vendent le paddy et d’autres le riz blanc aux commerçantes de KANDI.
Une bonne partie du riz produit est auto consommé dans le village. Le paddy se
vend entre 7.000 et 12.000F par sac de 80 kg selon les périodes. Le riz blanc
coûte entre de 200 et 350 F le tongolo.

Les femmes acceptent des avances sur culture à condition d'acheter leur
production le moment venu au même prix que celui proposé par les autres
commerçants.

Ces productrices ont pu bénéficier au départ d’un crédit PADEC de la SNV pour
un montant de 20.000 à 25.000F CFA / femme, mais aujourd’hui elles n’en
bénéficient plus, ce qui a entraîné la chute de leur production.

Parmi les difficultés qu’elles énumèrent, on retient :

- le manque de marché organisé pour le riz, ce qui entraîne le bradage de leur


production pour satisfaire leurs besoins,
- le manque d’herbicides pour les herbes très résistantes,
- l'existence de sangsues qui piquent dans les bas-fonds,
- le manque d’équipements (bœufs de trait, charrues, tracteurs, décortiqueuses).

Elles ont enfin souhaité une aide par rapport à l’équipement, au tri de cailloux
toujours persistants dans le riz décortiqué et à l’organisation d’un marché
d’écoulement du riz.

3-2 – ETAPE DE BAGOU

A BAGOU, le groupement rencontré a pour nom : "SOU KATIGNINA" ce qui


veut dire "comptons sur nos propres forces".

Créé en 1993 avec un effectif initial de 70 personnes dont 28 femmes ce


groupement compte actuellement 83 personnes dont 45 femmes.

10
Pour devenir membre du groupement, l’adhérent doit accepter les clauses des
statuts et règlement intérieur du groupement puis verser une part sociale de
1.500F et un droit d’adhésion de 1.000F. Officiellement enregistré au CARDER,
le groupement dispose des documents de gestion, disponibles chez le secrétaire
général.

Le groupement travaille dans un bas-fond qui serait étendu sur 32 km, dont 20 ha
exploités et aménagés par un projet avec forage de puits. Les producteurs ont
participé à l’aménagement par l’élévation des diguettes.
La superficie occupée dans le bas-fond est de 1/8 d’ha par femme et de ¼ d’ha par
homme. Le labour se fait soit à la charrue, à la main ou au tracteur. Les variétés
de semences sont l’INARIS et l’ADNY11 obtenues à la station de recherche
d’INA, pour 2 campagnes d’utilisation.

L’approvisionnement en engrais se fait au niveau du GV et il est utilisé ½ sac de


NPK (25 kg) et ½ sac d’urée (25 kg) par ¼ d’ha. Le remboursement de l’engrais
se fait sur le revenu du coton.

Le semis est direct, en ligne, avec un espacement de 20 cm entre les poquets et les
lignes.

Pour l’entretien correct de la rizière, le sarclage commence 15 jours après les


semis. Les attaques des plants (jaunissements) s’observent mais ne sont pas
traitées par les producteurs, sauf utilisation de la cendre par certains.

Les rendements obtenus étaient de 14 sacs de 3 bassines de paddy juste après


l’aménagement sur ¼ d’ha et, aujourd’hui, avec l’appauvrissement du sol, malgré
l’augmentation de la dose de l’engrais, on obtient 11 ou 12 sacs de 80 kg de
paddy.

Le riz est consommé localement, et vendu en paddy et en riz blanc aux


commerçants de KANDI, de PARAKOU, de GOGOUNOU et de BEMBEREKE.

Il n’existe pas de problème de commercialisation puisque les acheteurs venus


nombreux se bousculent toujours à leurs portes mais le prix demeure non
satisfaisant.

Au lendemain de l’aménagement de son bas-fond, le groupement a bénéficié en


1999 d’un crédit japonais mis en place par le CARDER d'un montant de
7.600.000 F pour 5 ans, à un taux d’intérêt de 5%, où chaque femme devait
bénéficier de 35.000 F contre 75.000 F CFA pour chaque homme. Le
remboursement a déjà commencé depuis 2 ans et le crédit continue de courir pour
3 ans encore.

11
Par rapport aux avantages tirés du crédit obtenu, il ressort que ce dernier a permis
aux producteurs de rentabiliser la culture du riz et de rembourser leurs dettes.
Certains ont acheté des bœufs de trait à l’image du président du groupement.

On constate dans le village des avances aux producteurs faites et entretenues par
les commerçants qui se font rembourser parfois même jusqu’à 1 sac de riz en
paddy de 80 kg pour 5 000 F reçus.

Par rapport aux difficultés rencontrées par les producteurs, ils souhaitent :

- l'organisation de la commercialisation du riz,


- la mise en place d’un mécanisme d’approvisionnement en intrants par un autre
créneau que le GV et avec remboursement de crédit intrants par le riz et non le
coton,
- la recherche d’une solution aux attaques du riz (virus de la panachure jaune du
riz),
- l’approvisionnement des producteurs en semences améliorées de bonne qualité
et à haut rendement.
- la recherche d’équipements de production et de transformation.

Enfin, la rencontre s’est terminée par la visite d’une décortiqueuse de marque


TAKA YAMA d’une capacité assez forte, fournie par un projet, dont les
modalités d'acquisition et la propriété avaient l'air assez flou. Installée seulement
l’an dernier (2001), elle a généré des recettes au groupement. Ces recettes sont
versées à la CLCAM. Sur les 9 décortiqueuses du village, elle serait la plus
grande et la plus performante.

EN CONCLUSION

Il faut noter que les problèmes sont les mêmes dans tout le département avec
quelques particularités dans certaines localités.

Partout la volonté de se mettre ensemble existe et l’esprit d’initiative est


perceptible.

En ce qui concerne l’organisation, la volonté d’avoir des structures plus


autonomes pour le riz s'est souvent manifestée aussi bien pour la production que
pour sa commercialisation par des organisations de producteurs. Des groupes
dynamiques et organisés de producteurs de riz ont été rencontrés.

Au nombre des problèmes il y a les difficultés de s’approvisionner en intrants


agricoles (semences, engrais, produits phytosanitaires, …), d'acquisition de

12
matériels de labour et de transformation, et enfin de trouver un déboucher sûr
pour la commercialisation du riz à un prix rémunérateur.

Le souhait des riziculteurs est de ne pas dépendre de la culture cotonnière pour


l'approvisionnement en intrants et le remboursement du crédit.

Cette ambition des riziculteurs ne peut trouver sa réponse que dans les
concertations, les rencontres des riziculteurs, les échanges d’expériences en
matière d’organisation afin d’aboutir à une formule d’organisation qui serait plus
efficace.

L’initiative de l’APM-Bénin vient juste au moment où la filière a besoin de


promoteurs et d'un appui institutionnel pour franchir la barre et s’afficher comme
filière porteuse d’avenir pour le monde paysan.

EN RECOMMANDATIONS

1 – Le groupe de travail/réflexion sur le riz du réseau APM-Bénin dégage à l'issue


de cette mission les éléments ci-après :

- le problème d'approvisionnement en intrants (semences, engrais, produits


phytosanitaires, …) ;
- le souci de remboursement des crédits intrants par le riz (remboursement en
nature, …) ;
- le souci d'une meilleure organisation des producteurs de riz ;
- le souci d'une meilleure organisation de la commercialisation de riz par les
producteurs

2 – Faire connaître des producteurs par des canaux appropriés, le nouveau


système d'étuvage mis au point par le PADSA à Banikoara.

_________________________

Voici une proposition de recette pour lutter contre la sangsue : enduire les pieds
de jus de citron ou de beurre de karité ; pour que le produit tienne, il est souvent
nécessaire d'enduire les pieds puis de passer des chaussettes par dessus.

13

Vous aimerez peut-être aussi