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Dieu aime

les affligés
© Copyright 2012 par Sheila Walsh

Published in English by Thomas Nelson


Nashville, Tennessee, USA
under the title : «God Loves Broken People»

Traduit de l’anglais par Annie Hertzmann

ISBN : 978-2-84700-256-0

Copyright © de l’édition française en 2015 par les Éditions VIDA,


Mas des Rosiers – 130, rue du Moulin Vedel – 30900 Nîmes (France).
www.vida-editions.com

Tous droits réservés.

Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Louis Segond révisée,
dite « à la Colombe ».

Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme que ce
soit ou par n’importe quel procédé, y compris la photocopie, l’enregistrement ou tout autre
moyen de stockage ou de récupération des données, sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

Imprimé par IMEAF - La Bégude de Mazenc (France)


Dépôt légal 2e trimestre 2015 - N° d’impression XX
SHEILA !WALSH

Dieu aime
les affligés
À la mémoire
de Ruth Bell Graham
qui m’a appris
à rechercher la beauté
que Dieu cache
dans nos souffrances


Ne pas aller bien


n’est pas un problème

S
’il m’avait été donné de n’écrire qu’un seul livre dans ma
vie, j’aurais demandé à Dieu que ce soit celui-ci, l’ouvrage
même que vous tenez à présent entre vos mains.
Le message de ce livre est la passion de ma vie. J’ai en moi
cette conviction profonde que Dieu aime tous ceux dont le cœur
est meurtri et dont la vie est brisée et qui, à un moment donné,
au cours même du processus douloureux de leur brisement et de
leur affliction, trouvent le moyen de l’accueillir dans leurs té-
nèbres et y découvrent son amour comme jamais auparavant ils
ne l’avaient ressenti ni ne l’auraient imaginé. Et cela, mes amis,
ce n’est pas une petite expérience.
Le jour où s’écroulèrent les murs de la cage de verre dans
laquelle je m’étais confinée durant tant d’années fut pour moi le
début d’une nouvelle vie. Il me fut alors impossible de compter
sur la sécurité que ces murs m’avaient procurée dans le passé.
Cela n’avait rien de bon pour moi, absolument rien. Au début,
rien non plus ne pouvait me rassurer. Cependant, c’était la réalité.

—!#!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

Je me voyais comme un agneau blessé, suivant son Berger, en


boitant, ne sachant pas où il allait tout en sachant que là où il
irait, je l’accompagnerais. À l’heure qu’il est, je demeure pleine-
ment convaincue d’une vérité qui jamais ne changera : le Berger
m’aime. Les paroles d’un chant que je fredonnais étant enfant,
me semblent aujourd’hui encore plus vraies que jamais :

« Jésus m’aime, et cela, je le sais ! »

J’ai ressenti cette même conviction dans la vie de per-


sonnes que j’ai eu l’occasion de rencontrer tout au long de ces
années et dont la vie avait été brisée par les épreuves. Bien que
ces hommes, ces femmes n’auraient pour rien au monde, choisi
de passer par de telles étapes – et, d’ailleurs, qui en aurait en-
vie ? – aujourd’hui, ils n’ont aucun regret et ne voudraient rien
changer à leur vécu. Rien ne pourrait les inciter à remplacer cette
relation plus intime avec Dieu qu’ils ont développée au sein de
leurs épreuves. Ce n’est pas que, parmi nous, Dieu aime plus
ceux dont le cœur a été meurtri que ceux qui pensent aller bien,
mais c’est simplement que nous nous savons aimés de lui. C’est
pour nous une certitude. Nous avons osé y croire et nous savons
à présent, qu’en dehors de lui, il n’existe aucun espoir, aucune vie
et aucun sens à notre existence.
C’est à l’âge de onze ans que j’ai donné ma vie à Jésus. À
présent, j’en ai cinquante-cinq et, après quarante-quatre ans de
mon parcours, j’ai investi dans ces pages tout ce en quoi je crois
et que je ressens au plus profond de mon être.
Cela ne veut pas dire que vous allez découvrir dans ces
pages une vie parfaite au quotidien, où tout va pour le mieux.
J’aimerais pouvoir vous dire aujourd’hui qu’autrefois tout
allait de travers et qu’à présent tout va bien, et que les nombreuses
pages éparpillées de l’histoire de ma vie ont toutes retrouvé leur
place dans leurs casiers respectifs.
Mais je ne peux pas vous dire cela.

—!,!—
INTRODUCTION

Du moins pas encore…


Et sans doute pas avant d’avoir franchi le seuil de l’éternité !
Oui, il y a des jours où le sentier devant moi paraît dégagé
et où je me sens envahie par l’amour et la grâce de Dieu. Mais il
y a encore des jours où tout me paraît bien sombre, et où les nuits
sont plus noires encore.
Un rêve revient souvent me hanter. Même si les circons-
tances et les personnages changent, le message reste le même :
« Tu es seule ! Tu as toujours été seule et tu le resteras toute ta
vie ! »
Pratiquement tous les matins, je me réveille avec ce cau-
chemar, essayant au mieux de m’en débarrasser, et je me verse
une tasse de café bien chaud afin de réserver un meilleur ac-
cueil à cette nouvelle journée. Cependant, il arrive que le mau-
vais rêve laisse dans son sillage quelques petites empreintes très
noires, des taches qui ont bien du mal à s’effacer et qui, pendant
des heures, s’accrochent à moi.
Depuis mon enfance, ce cauchemar me harcèle. Je me vois
longeant le couloir menant à la salle d’exécution, sur le point
d’être mise à mort pour un crime que je n’ai pas commis. À
travers les vitres du corridor, en passant, je vois ma famille et
mes amis se parler, rire et se raconter des histoires. Je crie alors
de toutes mes forces, les supplie de me venir en aide… mais en
vain : personne ne semble m’entendre.
Je me réveille ensuite avec des sueurs froides. Mon époux
est allongé près de moi, mon fils dort profondément dans la
chambre du haut et mes chiens, l’un à moitié affalé sur mon
oreiller et l’autre étalé sur mes pieds, reposent en toute quiétude.
Je sens le poids rassurant de Belle pesant sur mes chevilles en
signe de bienvenue, preuve tangible que je ne suis pas seule.
Alors, pourquoi donc le rêve continue-t-il de me hanter,
même après toutes ces années ? Malheureusement, les vieilles
blessures laissent des marques qui ne s’effacent pas toujours
avec le temps. Une fois réveillée, et après avoir attendu que les

—!-!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

battements de mon cœur retrouvent un rythme normal, je remer-


cie le Seigneur de m’aimer, même si je ne suis pas au meilleur
de ma forme.

Ne pas aller bien n’est pas un problème


Êtes-vous prêt à le croire ? Prêt à rassembler tous les débris de
votre vie – y compris les restes de vos vieilles blessures et des
cauchemars qui viennent hanter vos nuits ? Êtes-vous prêt à les
confier au Seigneur, afin qu’il s’en occupe et qu’il fasse ce que
lui seul a la capacité de faire ?
Nombreux sommes-nous à vouloir relever un tel défi… si
seulement nous avions cette faculté de croire que nous sommes
véritablement aimés !
C’est en tout cas la prière que de tout cœur je formule à
votre égard, alors que nous nous apprêtons à commencer en-
semble notre périple ! Je prie donc que vous puissiez pleinement
savoir, au plus profond de vous, que Dieu vous aime d’une pas-
sion farouche et éternelle.
Sachez que vous n’êtes pas seul et qu’il s’est engagé, dans
sa toute-puissance, à vous ramener en toute sécurité sur le che-
min conduisant à sa demeure.

—!./!—
4

Je ne suis pas
en train de faire signe,
je me noie !
Quand dans les eaux profondes
l’amour est encore plus profond

D
epuis sa plus tendre enfance elle avait lutté contre un
sentiment de tristesse qui ne la quittait jamais. Devenue
adulte, cet état persistait en elle.
La poétesse britannique Stevie Smith attribue son com-
bat à une enfance difficile et à la détresse qui s’abattit sur elle
après que son père eut abandonné sa famille. Le plus célèbre de
ses poèmes emprunta son titre à une collection qu’elle publia en
1957. Elle l’intitula simplement : « Je ne suis pas en train de faire
signe, je me noie ! »
Son court poème de douze vers décrit un homme sur le
point de se noyer, se débattant dans les vagues et agitant déses-
pérément les bras. Il ne réussit pas à attirer l’attention des pas-
sants sur la plage afin qu’ils puissent lui venir en aide. Certes, les

—!..!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

gens le voient, mais ils pensent que cet homme leur fait simple-
ment signe. Ils poursuivent alors leur chemin, et peut-être même
qu’ils le saluent à leur tour… Le poème se termine par ces lignes
de désolation :

« Toute ma vie je me suis tenue trop au large


Sans faire signe, me noyant. »

Vous est-il arrivé de vous trouver dans une situation sem-


blable à celle-ci ?
Pour ma part, oui. Et il m’arrive encore de vivre de tels
moments.
Malgré le très grand amour de Jésus et la grâce incom-
mensurable de Dieu, il m’arrive parfois de lever les bras en bat-
tant fébrilement l’air. Les gens, pensant que je leur fais signe, me
saluent en retour par un sourire et un geste de la main.
Mais ce n’est cependant pas un salut que je leur adresse ;
c’est un signe de désespoir, juste avant de me noyer. Même pour
ceux qui, parmi nous, marchent depuis des années avec Jésus,
les blessures du passé peuvent encore ressurgir et venir les as-
saillir par surprise, comme une violente tempête.
Il y a deux semaines par exemple, les eaux se sont mises à
monter alors que je revenais d’une conférence que j’avais donnée
au cours du week-end. Comme à mon habitude, au moment où
les roues de l’avion touchèrent le sol, j’envoyai un texto à mon
mari avec ces deux petits mots : « Bien arrivée ! » Je m’attendais
à recevoir de suite sa réponse habituelle : « OK ! » Mais cette
fois, il ajouta qu’il allait chercher notre fils chez son meilleur ami
chez qui il avait passé la nuit.
Il était un peu plus de dix heures du soir lorsque je récupérai
mon bagage, puis ma voiture au parking. Comme nous habitons
à une demi-heure environ de l’aéroport, j’étais persuadée que
Barry et Christian seraient rentrés avant moi. Mais en remontant
l’allée de notre maison, je constatai que tout était sombre.

—!.5!—
J E!N E!SU I S!PA S!EN!TR AI N!D E!FAI R E!SI G N E "!J E!M E!N O I E!!

Quel sentiment de désolation m’étreignit, alors que je m’at-


tendais à être accueillie par un flot de lumières jaillissant des
fenêtres !
Bon, me dis-je, ils ont dû mettre plus de temps que prévu
pour récupérer toutes les affaires de Christian qui devaient traî-
ner dans des endroits où seuls les adolescents auraient l’idée de
les mettre ! Je secouai mes petites frayeurs et me mis sans plus
tarder à ranger mes affaires de voyage.
Cependant, vers onze heures du soir, toujours pas de
nouvelles.
J’appelai donc Barry sur son téléphone portable, mais il ne
décrocha pas.
Je lui envoyai alors un SMS pour lui demander où ils se
trouvaient. Rien. Toujours pas de réponse.
Minuit approchait et je n’avais toujours pas reçu de nou-
velles. Des flots de panique commencèrent à déferler sur moi et
les affres de la peur enserrant ma gorge me faisaient suffoquer.
Ces émotions ne me sont que trop familières. Je reconnais
la voix que je déteste, venue du fin fond de mon âme, murmurant
à mon cœur : « Ils sont partis, à jamais ! Tu as toujours su que
cela arriverait un jour… Tu perds tout ce que tu aimes, Sheila.
Cela a toujours été, et il en sera toujours ainsi ! »
Pour la troisième fois, ma panique ressurgit, mais peu de
temps après, j’entendis enfin la voiture de Barry entrant dans
le garage. Cela aurait pu être – aurait dû – être pour moi un
moment chaleureux, plein de joie, une famille à nouveau réunie,
soulagée et heureuse, s’embrassant dans la joie des retrouvailles.
Mais il n’en fut rien.
Paralysée par la peur, au lieu d’aller vers mon époux, je me
détournai afin de me réfugier dans ma propre carapace. Au lieu
de recevoir l’accueil chaleureux d’une femme vraiment recon-
naissante parce qu’il était arrivé sain et sauf à la maison, mon
mari subit le silence pesant des questions que je ne savais com-
ment poser. Quand enfin je retrouvai un semblant de voix, je les

—!.6!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

lançai en désordre, dans le désir d’interpeller mon fils et mon


mari – mais elles piquaient comme des flèches.
En ce qui me concerne, je trouve souvent la colère moins
stressante que la peur. La colère me donne une illusion de
contrôle, alors que la peur m’expose au grand jour et me rend
vulnérable.
Quand enfin les vagues de peur se furent éloignées de moi,
la honte m’envahit.

Comment se fait-il que je réagisse ainsi ?


N’ai-je donc rien appris depuis tant d’années ?
Comment puis-je perdre pied aussi rapidement ?

Barry était resté chez ces amis plus longtemps que prévu,
afin de partager avec eux une tempête qui s’était abattue dans
leur propre vie. Il avait aussi pensé que j’apprécierais de passer
un peu de temps seule après un week-end fatigant… Quelle iro-
nie, alors que je rentrais d’une conférence où je venais de dire
à une dizaine de milliers de femmes que Jésus nous donnait sa
paix au milieu des tempêtes les plus dévastatrices… Voilà que je
me laissais frapper par mes propres paroles !
Non ! Je ne fais pas signe, je suis bel et bien en train de me
noyer !

De vieilles leçons qui ne sont toujours pas sues


Au fil des années, j’ai appris que, bien que l’amour de Jésus pour
nous était constant, l’expérience que nous avions de cet amour
ne l’était pas. C’est un véritable problème pour un grand nombre
d’entre nous puisque, dans notre croissance, nous pensons qu’une
fois les leçons que Dieu veut nous apprendre sont sues, nous pou-
vons naviguer triomphalement sur un nuage doré malgré tous les
défis et les difficultés qui viennent frapper à notre porte (ou les
enfoncer !). Sans doute, vous est-il arrivé, tout comme je l’ai fait,

—!.7!—
J E!N E!SU I S!PA S!EN!TR AI N!D E!FAI R E!SI G N E "!J E!M E!N O I E!!

d’argumenter avec Dieu et de dire : « Seigneur, j’ai appris cette


leçon. Je la sais vraiment bien ! Alors, s’il te plaît, ne pourrions-
nous pas passer à la suivante ? »
Toutefois, « passer à la leçon suivante » n’est pas toujours
une option. La vie est ce qu’elle est, et nos défis sont ce qu’ils
sont. De même que les grands changements auxquels nous aspi-
rons tant peuvent prendre place au-dedans de nous-mêmes, plu-
tôt qu’autour de nous, au sein des circonstances de nos vies. Il
m’a fallu un certain temps avant d’arriver à « enregistrer » cette
leçon. À dire vrai, je n’ai pas encore fini de l’apprendre.
N’allez toutefois pas vous imaginer que ma vie ne cesse de
passer des sommets les plus élevés aux points les plus bas. En
réalité, certaines des situations dans lesquelles je me suis retrou-
vée peuvent en fait s’avérer assez comiques – du moins après
coup !
Il y a quelques années, j’ai reçu une invitation pour par-
ticiper à une croisade à Londres. Le pasteur Paul Yonggi Cho
de Séoul en Corée du sud, devait apporter la prédication prin-
cipale, et moi je devais chanter. Comme je saisis toujours avec
joie la moindre opportunité de retourner dans mon pays d’ori-
gine, j’étais emballée à l’idée que cet événement allait avoir lieu
à l’O2 Arena de la capitale anglaise, nouvelle salle omnisports
qui contient vingt mille places. Je pris l’avion la veille et, pen-
dant que je me rendais à l’hôtel, je téléphonai à l’organisateur de
l’événement pour savoir à quel moment je pourrais répéter sur
la scène. Il me répondit qu’il viendrait me chercher pour m’y
conduire le lendemain après-midi.
À trois heures, Quand j’entendis frapper à ma porte, je sai-
sis en toute hâte mes affaires, prête pour l’O2 Arena. Mais quelle
ne fut pas ma surprise de voir que ce n’était pas l’organisateur
qui se tenait à la porte, mais un petit comité d’accueil ! Ils me
dirent qu’ils venaient tout juste de la chambre de Yonggi Cho et
souhaitaient entrer bavarder quelques instants avec moi. Je les
invitai donc à entrer, puis après un silence embarrassant, l’un des

—!.8!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

hommes s’éclaircit la voix et déclara qu’il y avait eu « un petit


changement de programme ».
Rétrospectivement, on pourrait comparer cette scène à
celle d’un marin se trouvant à bord du navire avec Jonas battu
par la tempête, qui dirait au prophète : « Il y a là un petit poisson,
juste au-dessus du bord du navire, qui voudrait vous saluer ! »
Ils me firent comprendre que plutôt que de promouvoir cet
événement eux-mêmes, ils avaient espéré que Dieu s’en serait
chargé lui-même, mais qu’apparemment, il ne l’avait pas fait.
L’homme reprit qu’en raison de ces nouvelles circonstances,
d’autres mesures allaient être prises et qu’au lieu de faire la croi-
sade à l’O2 Arena, elle aurait lieu au Lycée Peckham ! (C’est
comme si l’on vous renvoyait du célèbre stade de football améri-
cain, le ‘Cowboys Stadium’ de Dallas au Texas, pour vous pro-
duire dans un stade pour débutants.)
« Bon, cela ne me cause aucun problème » répliquai-je.
Seulement j’avais parlé trop vite…
« En fait, poursuivit notre homme, nous avions espéré que
vous voudriez bien vous rendre à l’O2 Arena avec un panneau
disant que le lieu de l’événement avait été déplacé… juste pour
le cas où des personnes s’y rendraient. N’hésitez surtout pas à
agiter le panneau aussi haut que vous le pouvez ! »
Avais-je bien entendu ?
Je déclinai poliment la proposition puis allai m’instal-
ler dans la salle de gym du lycée, pour chanter à l’aide d’un
porte-voix !
Quelle déception à l’époque, mais aujourd’hui cela me fait
bien rire !

Mais que dit la Parole de Dieu ?


Reconnaissons dès à présent que bien souvent un vif signe de
main ne signifie pas : « Salut ! ». Parfois, il arrive qu’il veuille
dire : « Au secours ! ».

—!.9!—
J E!N E!SU I S!PA S!EN!TR AI N!D E!FAI R E!SI G N E "!J E!M E!N O I E!!

Selon moi, cela se vérifie surtout lorsque notre vie ne se


déroule pas vraiment comme nous l’avions prévu. Peut-être
avons-nous commencé notre vie chrétienne en faisant de grands
rêves, nourrissant des espoirs prometteurs et en élaborant des
plans avec ferveur. Mais quelque part, au fil du temps, ces rêves
ont été déçus, ces espoirs se sont envolés et ces plans n’ont pas
vu le jour. De vaines attentes peuvent nous plonger dans le dé-
sespoir, la désolation et le désarroi.
Avez-vous lu attentivement le Psaume 88 ?
Vous ne risquerez sans doute jamais de voir les paroles
de ce Psaume joliment encadrées et suspendues au mur, ou bien
reproduites sur un canevas au point de croix sur une cloison de
votre salle de séjour. Ce Psaume de lamentations pourrait lui-
même donner une mauvaise réputation aux autres Psaumes.
En général, la majorité des Psaumes qui commencent par des
supplications (« Jusques à quand, Éternel, m’oublieras-tu sans
cesse ? ») se terminent par une louange, ou du moins un espoir,
aussi léger soit-il : « Je chanterai à l’Éternel car il m’a fait du
bien » (Psaume 13:1, 6).
Ce qui n’est pas le cas du Psaume 88.
Oui, en effet, il s’ouvre bien avec une lamentation, un
appel à l’aide : « Je crie le jour et pendant la nuit devant toi.
Que ma prière parvienne en ta présence ! Tends l’oreille à mon
cri ! » Mais c’est en vain qu’à la fin de ce chant, vous cherche-
rez toute trace de louange, d’espérance ou même d’un infime rai
de lumière. L’auteur décrit les « ardeurs de la colère » de Dieu
passant sur lui, ainsi que ses « épouvantes » qui l’environnent et
l’enveloppent, pour ensuite l’anéantir.
Puis vient le verset 19 :

« Tu as éloigné de moi amis et compagnons ;


Ceux que je connais, ne sont que ténèbres. »

Ensuite, plus rien. Fin du Psaume. Point final.

—!.#!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

Quand avez-vous vu pour la dernière fois une personne


utiliser ce verset pour conclure un culte de louange ? En tout cas,
moi, jamais, et je suis quasi certaine que vous non plus d’ailleurs !
Alors pourquoi Dieu a-t-il inclus le Psaume 88 dans sa
Parole ? Pourquoi donc s’y trouve-t-il ? Nos difficultés et nos
peines sont-elles minimes au point que nous ayons à en prendre
connaissance dans les Écritures ?
Je vous ai dit dans l’introduction de ce livre que je ne vous
présenterai pas une méthode de foi bien ficelée qui vous permet-
trait de guérir toutes vos blessures, qui ferait entrer le soleil dans
vos vies et donnerait envie aux anges d’entonner des chants de
louanges. En vérité, je crois que le Psaume 88 a véritablement sa
place dans notre Bible, parce que tout ce qui est écrit est vrai. Il
reflète ce que parfois nous ressentons, oui même pour ceux dont
le cœur bat avec passion pour Jésus.
Avez-vous l’impression que la colère de Dieu vous ait dés-
tabilisé, que ce soit pour une raison particulière… ou pour au-
cune raison ? C’est ce que le psalmiste a éprouvé.
Avez-vous l’impression que ses terreurs vous aient détruit,
enveloppé et complètement englouti ? C’est aussi ce que le psal-
miste a ressenti.
Avez-vous l’impression que vos amis, vos compagnons
vous aient été arrachés ? Le psalmiste, lui aussi, l’a ressenti.
Les ténèbres sont-elles pour vous comme votre plus proche
ami ? C’est ce qu’elles sont réellement pour le psalmiste.
Au chapitre 6, nous parlerons des moyens à employer pour
vaincre les sentiments qui nous entraînent dans les ténèbres,
mais pour le moment, je désire simplement que vous reconnais-
siez que Dieu sait que de tels sentiments existent, et qu’il choisit
de les honorer en les citant dans sa sainte Parole.
Pourquoi ? Pour la raison que ce sont des paroles pouvant
surgir un jour de nos propres cœurs, si elles ne l’ont pas déjà fait.
De plus, « Il sait de quoi nous sommes formés, il se souvient
que nous sommes poussière » (Psaume 103:14). Ne commettez

—!.,!—
J E!N E!SU I S!PA S!EN!TR AI N!D E!FAI R E!SI G N E "!J E!M E!N O I E!!

pas l’erreur commune qui est de nier vos sentiments ou de pré-


tendre qu’ils importent peu, ou encore de vous sentir coupable
ou condamné à cause d’eux. Bien que je ne vous conseille pas de
vous complaire dans ces sentiments, je ne vous suggère pas non
plus de vous en cacher ou de fuir leur existence.
Lisez l’une de mes citations préférées de Shakespeare. Elle
est tirée de l’histoire particulièrement tragique du Roi Lear :

Il nous faut subir le fardeau de cette triste époque ;


Dire ce que nous ressentons, et non ce que nous de-
vrions dire.

N’oubliez pas ceci : Dieu voit vos bras battre l’air, il sait
très bien que ce n’est pas un salut de votre part et que c’est la
troisième fois que vous coulez. En tant que suprême Sauveteur,
il a vu bien des bras s’agiter au-dessus de la surface de la vie :

MOÏSE – « Plutôt que de me traiter ainsi, tue-moi donc…


et que je n’arrête pas ma vue sur mon malheur. »
(Nombres 11:15)
JOB – « Pourquoi m’as-tu fait sortir du sein maternel ?
J’aurais expiré, aucun œil ne m’aurait vu. » (Job 10:18)
DAVID – « Que gagnes-tu à verser mon sang, à me faire
descendre dans le gouffre ? » (Psaume 30:10)
JONAS – « Maintenant, Éternel, prends-moi donc la vie,
car la mort m’est préférable à la vie. » (Jonas 4:3)
ÉLIE – « C’en est trop ! Maintenant, Éternel, prends ma
vie, car je ne suis pas meilleur que mes pères. »
(1 Rois 19:4)
LES DISCIPLES – « Maître, tu ne te soucies pas de ce que
nous périssons ? » (Marc : 4:38)
PAUL – « Nous désespérions même de conserver la vie.
Mais nous, en nous-mêmes, nous avions accepté notre
arrêt de mort. » (2 Corinthiens 1:8-9)

—!.-!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

JÉSUS – « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu aban-


donné ? » (Matthieu 27:46)

Oui, il s’agit bien de noyades.

Morceaux brisés
Très tôt le matin, j’aime prendre une tasse de bon café bien cor-
sé dans le patio et regarder le soleil se lever. L’arrière de notre
maison donne sur un lac et ce paysage magnifique change avec
les saisons. Cependant, et malgré toute la splendeur et les cou-
leurs de l’environnement, mon regard revient immanquablement
se poser sur une certaine pierre… une pierre en mosaïque en
bordure de notre pelouse. Avec ses coloris vifs un tant soit peu
criards et ses formes inégales, vous pourriez penser qu’elle n’a
pas franchement sa place dans ce cadre. Pourtant, à mes yeux,
elle représente un trésor inestimable.
Je me souviens parfaitement du jour où mon fils Christian,
âgé alors de sept ans, m’a offert cette pierre. Je m’en souviens
pour deux raisons : la première est que ce merveilleux cadeau
réalisé de ses propres mains venait tout droit du cœur de mon
petit garçon ; la seconde, parce qu’il a bien failli écraser mes
poumons en me le donnant !
Alors que mon anniversaire approchait, Christian dit à son
papa qu’il voulait me faire un cadeau très spécial. Après avoir
passé en revue quelques idées, leur choix se porta sur un projet
dont Christian avait vu la publicité dans un magazine – un kit de
mosaïque en pierre.
Une très belle photo représentait l’œuvre une fois terminée
et je pense que Christian avait imaginé que c’était ce qu’il allait
recevoir. C’est pourquoi, quand le kit arriva et après qu’il l’eût
ouvert, il fut très déçu.
« Regarde, papa ! C’est juste une boîte pleine de morceaux
brisés… je ne peux pas donner ça à maman ! »

—!5/!—
J E!N E!SU I S!PA S!EN!TR AI N!D E!FAI R E!SI G N E "!J E!M E!N O I E!!

Barry lui expliqua qu’il allait devoir utiliser les morceaux


pour créer son propre dessin et en faire un cadeau tout à fait
unique. Après avoir jeté un coup d’œil au plan, Christian fut
vraiment emballé par l’idée. Les jours qui suivirent, Christian et
son papa me bannirent de la chambre d’amis où ils avaient étalé
tout le matériel nécessaire sur une grande serviette, le temps de
réaliser le chef-d’œuvre. Barry recommanda à notre jeune fils de
choisir les morceaux qu’il allait devoir utiliser, mais Christian
se montra bien déterminé à se servir de toutes les pièces se trou-
vant dans la boîte – sans exception ! Sa création une fois termi-
née, après avoir été coulée dans du béton, semblait peser une
tonne !
Le matin de mon anniversaire, Christian, encombré de son
cadeau qu’il avait placé dans une boîte, entra dans notre chambre
en titubant. Il me demanda de fermer les yeux puis de tendre les
mains en avant. Je fermai donc les yeux et me préparai à tendre
les mains mais, le présent devenant trop lourd pour lui, il le fit
malencontreusement basculer et celui-ci atterrit sur moi, man-
quant de peu de m’aplatir comme une crêpe ! Le matin même,
nous avons sorti la mosaïque et l’avons placée en bordure de la
pelouse près du patio, et encore à ce jour, c’est la première chose
que vous voyez lorsque vous mettez le pied dehors !
J’aime cette mosaïque !
J’aime la manière dont Christian a disposé tous les mor-
ceaux, donnant la préférence au violet, ma couleur préférée. Ce
que j’aime par-dessus tout dans sa création, c’est qu’il a écrit,
juste avant que le béton ne soit sec : « Je t’aime, maman ! » avec
son petit doigt !
Un matin, alors que je m’étais assise dans le jardin et
contemplais la mosaïque qui scintillait dans la lumière du soleil
matinal, Christian est sorti me rejoindre et, de but en blanc, me
posa cette question :
« Maman, penses-tu que les morceaux ont été cassés
exprès, ou bien qu’ils ont été rassemblés pour être utilisés ? »

—!5.!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

Je lui ai répondu que j’imaginais qu’ils avaient ramassé les


pièces brisées, mais sa question m’a longtemps poursuivie et je
dois avouer qu’à ce jour je m’interroge encore.
Je pense à toutes les pièces de ma vie et à toutes celles des
gens que j’aime, des hommes et des femmes que j’ai rencon-
trés au cours de mon ministère. J’ai souvent demandé à Dieu s’il
programmait les pièces brisées de nos vies, ou s’il nous invitait
simplement à lui rapporter tous les débris.
Le fait de penser à cette question en a entraîné une autre :
« Cela importe-t-il vraiment ? Notre relation avec
Dieu serait-elle différente suivant la réponse qu’il
nous donne ? »
C’est une chose d’aimer Dieu quand nous pensons à lui
comme étant celui qui soigne nos plaies, mais qu’en est-il s’il est
celui qui permet que nous soyons brisés et s’il participe même à
notre brisement ?

Où est Dieu ?
J’étais de nouveau assise ce matin-là à contempler ma mosaïque
et à prier pour certains de mes amis dont le lot est la souffrance,
la peine et le brisement. Parmi eux, deux personnes sont aux
prises avec une douloureuse affaire de divorce : l’une le souhaite
et l’autre pas. J’y vois tant de douleur et de rancœur. Je me sou-
cie beaucoup de chacune d’elles, mais ne peux rien faire pour
les aider. Je les écoute, pleure et prie le Seigneur, mais ne peux
régler leurs problèmes. Je n’ai pas la capacité de restaurer leur
mariage, de défaire les mauvais plis qui ont été pris au cours de
leur parcours, ni d’apporter la guérison à leurs cœurs.
Tout au long des années, j’ai parlé à de nombreux couples
en péril. Ils m’ont si souvent posé cette question :

« Pourquoi Dieu ne change-t-il pas le cœur de mon mari ? »

—!55!—
J E!N E!SU I S!PA S!EN!TR AI N!D E!FAI R E!SI G N E "!J E!M E!N O I E!!

« Si Dieu a tellement horreur du divorce, pourquoi ne


m’aide-t-il pas à reconstruire notre relation ? »
« Je ne souhaite pas que mes enfants figurent à leur tour
dans les statistiques de ceux qui proviennent d’un foyer
brisé. Je me sens si impuissante ! »

Mains en l’air. Bras levés battant l’air. Pas de signe. Noyade.

Un autre de mes amis, cher à mon cœur se bat avec un can-


cer au cerveau. Il est entouré d’une famille extraordinaire, cha-
cun des membres étant solidement ancré dans sa foi. Cependant,
ses trois jeunes fils se demandent, dépités, ce qui se passe et leur
posent des questions très pertinentes :

« Dieu entend-il nos prières ? »


« Pourquoi ne guérit-il pas mon papa ? »
« Est-ce que mon papa va mourir ? »

Pas de signe. Noyade.

Ceux de mes amis qui se battent avec des problèmes de


stérilité posent une autre série de questions. Il en est de même
pour ceux qui sont confrontés au chômage, qui se retrouvent fi-
nancièrement ruinés ou qui font faillite. D’autres, à l’âge adulte,
essayent toujours de panser les blessures de l’enfance, les mal-
traitances subies – qu’ils aient été violentés, négligés ou aban-
donnés. Quelle que soit leur douleur, leurs questions sont au
final toujours les mêmes :

« Où es-tu, Seigneur ? » (ou bien « Où étais-tu ? »)


« Ne vois-tu pas ma douleur ? »
« Tu dis que tu m’aimes. Alors comment cela se fait-il que
tu me laisses ainsi ? Comment peux-tu te détourner de
moi ? Pourquoi ne fais-tu rien pour m’aider ? »

—!56!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

Élevant nos voix angoissées, nous continuons à nous écrier


comme les disciples sombrant dans une barque qui prenait l’eau,
tandis que leur Messie était assoupi : « Maître, tu ne te soucies
pas de ce que nous périssons ? » (Marc 4:38).
Se pourrait-il que ce soit justement la question que vous
vous posiez en ce moment ?

Va-t-il finir par décrocher ?


Il y a des années de cela, un homme désespéré a conduit sa
femme malade à des centaines de kilomètres pour se rendre au
« 700 Club » – programme religieux sur le réseau de radiodif-
fusion chrétien CBN – avec l’espoir que les prières adressées par
les chrétiens de la télévision seraient plus efficaces pour sa bien-
aimée que les requêtes qu’il avait lui-même adressées à Dieu en
pleurant. Il croyait apparemment – comme tant d’autres – que
ceux qui sont connus ont de meilleurs rapports avec le ciel, que
ceux qui restent dans l’anonymat.
Il m’est souvent arrivé que des femmes me disent, à peu
de chose près, ceci : « Sheila, il y a plus de chance que Dieu
décroche le téléphone si c’est toi qui appelles que moi. » Ces
femmes pensent sincèrement que Dieu est en relation avec moi,
mais qu’il ne l’est pas avec elles.
Durant quelques minutes, une femme, dans son égare-
ment, m’agressa amèrement au sujet de mon fils – paraît-il « par-
fait » (selon ses termes). Elle me fit savoir, sans mâcher ses mots,
qu’elle en avait assez de m’entendre parler des réussites de mon
fils et de sa merveilleuse croissance spirituelle. Elle ne pouvait
supporter tous mes commentaires et détestait les moindres dé-
tails sur les victoires de Christian.
Puis, d’un coup, elle s’effondra et fondit en larmes. Son
propre fils était mort subitement et elle ne pouvait supporter
l’idée que Dieu puisse épargner le cœur d’une mère et briser le
sien. Sa déception amère vis-à-vis de Dieu pour la disparition si

—!57!—
J E!N E!SU I S!PA S!EN!TR AI N!D E!FAI R E!SI G N E "!J E!M E!N O I E!!

soudaine de son fils faisait qu’elle se répandait dans les moindres


recoins de sa vie.
Cette femme était brisée. C’était une femme pour laquelle
Jésus était mort et que Dieu aimait tellement qu’il avait envoyé
son propre Fils au Calvaire afin de préparer le baume servant
à guérir les cœurs brisés. Cela paraît simple, vous ne trouvez
pas ? Cela résonne comme une vérité. L’idée d’un Sauveur avec
suffisamment de puissance pour réparer nos cœurs anéantis et
meurtris !
Pourtant, ce brisement en lui-même nous est intolérable.
Bien sûr, nous pouvons énoncer les versets bien connus sur
le fait que « tous ont péché » et que « nous étions tous errants
comme des brebis » (Ésaïe 53:6). Toutefois en général, mieux
vaudrait ne pas méditer sur le désespoir (lié à notre brisement)
que le péché nous a légué, et encore moins tenter d’y remédier.
Mais alors quelle alternative nous reste-t-il ? L’amertume,
comme chez cette maman dont l’enfant est décédé ? La culpabi-
lité comme pour cet homme dont l’épouse était malade ? Un pro-
fond manque de confiance en nous, comme pour ces femmes qui
croyaient que les « lignes téléphoniques » étaient défectueuses ?
Voire aussi l’emprise angoissante de la mort sur les pro-
messes du Seigneur, comme le Fils de Dieu crucifié et brisé ?
Vous savez sans doute qu’au moment où Jésus s’est
écrié sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu
abandonné ? » ses paroles faisaient écho au Psaume 22:2 de
David, qui prophétisait la crucifixion du Seigneur, plus de mille
ans avant la mort du Christ. Bien que ce fait soit suffisamment
remarquable, n’oubliez pas que Jésus n’a pas simplement pro-
noncé ces mots sur la croix afin que la prophétie s’accomplisse.
Non ! Ces paroles ont été tirées du plus profond de son âme –
torturée, angoissée, troublée, tourmentée. Les cieux eux-mêmes
sont devenus ténèbres en raison du terrible drame qui se jouait.
Nous ne savons pas exactement quelle mystérieuse tran-
saction divine se passa au cours de ces heures sombres, et ne le

—!58!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

saurons sans doute jamais. Pour une raison ou pour une autre,
alors que Jésus prenait sur lui tous les péchés du monde, le Père
regardait ailleurs – ce qui poussa notre Sauveur à crier sa douleur
d’avoir été abandonné tandis qu’il plongeait dans des ténèbres
que nous ne connaîtrons jamais.
Puis ce moment passa, comme tous les moments le font.
Et, alors que les fers de lance des Romains lui perçaient
encore les mains et les pieds, et que son sang coulait encore et
tachait le bois de la croix et la poussière de la terre, la véritable
agonie – spirituelle et émotionnelle – s’apaisa. Dans ses derniers
moments, Jésus pardonna à l’un des voleurs et laissa ses ins-
tructions pour qu’on prenne soin de sa mère. Il s’écria enfin :
« Tout est accompli ! ». Il avait alors bu la coupe de colère de
Dieu jusqu’à la dernière goutte et ensuite, il recommanda son
esprit aux soins de son Père céleste.
Où trouva-t-il la force de se remettre ainsi ? Bien que je
ne puisse le prouver, je crois qu’il fit davantage que ce que nous
pouvons lire à la seconde ligne du Psaume 22, à l’heure la plus
sombre de sa vie (une heure bien plus noire que la plus noire des
nuits que nous avons connue et ne connaîtrons jamais). Selon
moi, il a dû mentalement se tracer le chemin tout au long du
Psaume.
Quand nous nous penchons sur le Psaume 22, beaucoup
parmi nous se focalisent sur les étonnantes prophéties qui se sont
révélées avec autant d’authenticité à la crucifixion de Jésus : son
cri de désespoir et son sentiment d’abandon (v. 2), les railleries et
les huées de ses cruels ennemis (vv. 7, 8), la description de l’état
physique d’un crucifié (vv. 15-16), les mains et les pieds percés
du Christ (v. 17), le partage de ses vêtements et le tirage au sort
de sa tunique (v. 19). Nous poussons alors un soupir de stupéfac-
tion, puis nous tournons la page.
Mais cette page, nous la tournons trop vite !
Pendant que Jésus était encore sur la croix, je pense qu’il
a dû se transporter dans la suite de ce Psaume, dont les versets

—!59!—
J E!N E!SU I S!PA S!EN!TR AI N!D E!FAI R E!SI G N E "!J E!M E!N O I E!!

parlent de sa résurrection (v. 23), la naissance de l’Église à tra-


vers le monde, et son règne suprême sur la terre (vv. 31-32).
Comment notre Seigneur a-t-il pu tenir jusqu’à la fin ? Comment
a-t-il pu passer d’un sentiment d’abandon à une confiance abso-
lue dans l’étreinte accueillante, chaleureuse et pleine d’amour de
son Père ? Comme il l’a fait toute sa vie, Jésus s’est emparé des
promesses et de la vérité de la Parole de Dieu.
Jusqu’à la fin de ce livre, je vous donnerai de nombreux
témoignages et incidents que j’ai vécus ainsi que d’autres récits
tirés de la vie de personnes que j’ai rencontrées, tout ceci avec le
désir de vous témoigner – et, Dieu m’aidant, vous convaincre –
de l’espoir que nous avons en Jésus-Christ, quel que soit le degré
du mal ou du mal-être dont nous souffrons. Mais, alors que vous
lisez cet ouvrage, souvenez-vous qu’aucun de ces témoignages
ne peut faire pour vous ce que la Parole de Dieu fera. C’est pour
cela que mon intention est d’enraciner dans les Écritures tout ce
que j’écrirai.
J’aime particulièrement ce que l’auteur – et pasteur – John
Piper écrit au début de son livre Prendre plaisir en Dieu. Il dé-
clare que, s’il ne pouvait prouver que son enseignement venait de
la Bible, il ne s’attendrait pas à ce que les gens soient intéressés,
et encore moins persuadés par ce qu’il dirait ou écrirait. Cette
déclaration me plaît vraiment ! La citation que voici recueille
également toute mon approbation :

Il existe un millier de philosophies de vie élaborées


par l’homme. Si celle-ci venait s’y ajouter, qu’elle
avorte : Il n’y a qu’un seul rocher : la Parole de Dieu.

Alors que nous poursuivons ce voyage ensemble, j’aime-


rais que vous habituiez vos yeux à deux éléments à la fois im-
portants et merveilleux qui vont de pair : l’un ancien et l’autre
nouveau.
Le prophète Jérémie nous parle de l’ancien :

—!5#!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

Ainsi parle l’Éternel :


Placez-vous sur les chemins, regardez,
Informez-vous des antiques sentiers :
Où donc est le bon chemin ? Marchez-y,
Et trouvez le repos de vos âmes ! (Jérémie 6:16)

Cet « antique sentier » et ce « bon chemin » ne sont rien


d’autre que la Parole de Dieu, la Bible. Vous et moi, tout au long
de ce livre, reviendrons constamment sur sa sagesse et nous ap-
puierons sur son conseil car, si nous voulons trouver du repos à
nos âmes, c’est là que nous le trouverons.
Vous vous rappelez Stevie Smith, la poétesse qui a écrit
Je ne suis pas en train de faire signe, je me noie ! ? Pour autant
que je sache, elle ne trouva jamais le repos de l’âme, qu’elle avait
pourtant si désespérément recherché, sa vie durant. Elle n’a cessé
de faire des signes, jusqu’à ce qu’elle coule. Clive James a dit
d’elle :

« Ses poèmes, s’ils étaient des remèdes pour vaincre


la tristesse, n’ont en tout cas jamais eu le moindre
effet sur elle. »

Les mots, quelle que soit la puissance émanant d’eux,


manquent simplement de musculature spirituelle pour donner à
nos âmes le repos.
C’est pour cela que la poésie, la philosophie ou la sagesse
humaine ne suffisent pas ; ce dont nous avons besoin, c’est de la
parole vivante de Dieu et de son souffle.
Ésaïe nous ouvre un nouvel horizon. Non seulement, nous
nous reposons sur le solide roc de la Parole de Dieu, mais nous
sommes appelés à ouvrir nos yeux afin de voir ce que Dieu fait
en nous, et ce qu’il nous prépare en ce moment-même ! Dieu
parle à travers le prophète pour nous édifier :

—!5,!—
J E!N E!SU I S!PA S!EN!TR AI N!D E!FAI R E!SI G N E "!J E!M E!N O I E!!

Voici que je fais une chose nouvelle,


Elle est maintenant en germe,
Ne la reconnaîtrez-vous pas ?
Je mettrai un chemin dans le désert
Et des fleuves dans la terre aride. (Ésaïe 43:19)

Bien trop souvent, quand nous nous sentons sur le point


de nous noyer, nous fixons notre regard sur le rétroviseur de
notre vie. Nous y voyons très clairement nos erreurs, nos mau-
vais tournants si manifestes, ainsi que nos dérives et les mal-
heureux revirements de situation qui marquent notre histoire
personnelle.
Ainsi nous paraît la vie… dans notre rétroviseur.
Mais qui pourrait se rendre quelque part en regardant dans
le rétroviseur ? Ce miroir a été placé de manière stratégique au-
dessus du pare-brise de façon à ce que nos yeux puissent jeter
un rapide coup d’œil à tout ce qui se passe derrière, avant que
nous regardions tout ce qui se passe devant. Nous jetons un
coup d’œil furtif à la route qui se situe derrière nous, mais nous
fixons nos yeux sur la route qui se trouve devant nous.
Parmi nous, il en est qui permettent à un douloureux passé
de les absorber, de les consumer et de les retenir. Ainsi, qu’ils
fuient leur passé ou qu’ils vivent dedans, celui-ci continue à les
contrôler.
Personne ne peut conduire de cette façon… ni vivre ainsi.
Dieu vous dit, à vous comme à moi : « Le moment est venu
pour vous de vivre en nouveauté de vie. J’ouvre devant vous
d’autres chemins, je désire remplir le désert de votre âme avec
une eau vive, et étancher votre soif avec des courants rapides et
rafraîchissants. Ne vivez pas dans le passé, et refusez de vous
installer dans les tragédies de votre vécu ou de celles du passé de
votre famille. Laissez tout cela derrière vous ! Et ensuite venez
avec moi, car j’ai prévu quelque chose de vraiment nouveau pour
vous. »

—!5-!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

Ainsi donc, serrant fortement la Parole de Dieu d’une


main, et tendant l’autre pour recevoir l’avenir tout nouveau que
le Seigneur se hâte de nous préparer, faisons ensemble ce voyage
dans le meilleur de ce que Dieu a à nous offrir.
Peut-être que ce ne sera pas facile, mais cela en vaudra
vraiment la peine !

—!6/!—
4

Agneaux rejetés
et moutons noirs
Un berger qui part à la recherche des victimes
mais aussi des méchants

I
l m’arrive parfois d’être sollicitée pour lire les manuscrits
d’autres auteurs afin d’y écrire quelques phrases de recomman-
dation. J’accepte bien volontiers lorsque je connais personnel-
lement celui ou celle qui a écrit l’ouvrage, et c’est avec un réel
plaisir que je découvre sa nouvelle œuvre avant de rédiger un
commentaire, d’autant qu’au cours de la lecture, il me semble en-
tendre sa voix quand nous prenions ensemble une tasse de café.
Mais de temps à autre, il m’arrive de recevoir le manuscrit
d’une personne qui m’est inconnue – que jamais je n’ai rencon-
trée, et dont je n’ai même jamais entendu parler. Dans ce cas, s’il
m’arrive d’être attirée par le livre, c’est que je suis interpellée par
le sujet traité, ou aussi peut-être par un titre qui me surprend et
m’intrigue. C’est ce qui s’est passé le jour où mon assistant m’a
tendu la copie d’un livre intitulé Heaven Has A Blue Carpet (Le
ciel a un tapis bleu).

—!6.!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

J’aime ce genre de titre. Il provoque une réaction immé-


diate de notre part et alors nous nous interrogeons : « Ah oui ? Le
ciel a un tapis ? Et le tapis est bleu ? Qui donc le savait ? »
En vérité, je n’avais aucune idée d’où pouvait venir ce
titre, mais ce dont j’étais quasi sûre, c’est qu’il n’était pas tiré du
livre de l’Apocalypse ! En me plongeant dans le récit de Sharon
Niedzinski, ma lecture fut entrecoupée de rires et de réflexions
personnelles. Par moments, je riais de bon cœur. Puis je marquais
une pause afin de réfléchir aux observations plus profondes de
cette femme au foyer qui vivait en banlieue, et qui, figurez-vous,
était en passe de devenir bergère !
Sharon, son mari et ses six enfants avaient quitté le lieu
de vie confortable qu’ils auraient pu mener bien des années en-
core, pour aller s’installer dans une ferme délabrée. Ensuite, ils
se mirent à apprendre à s’occuper de brebis. Lire leurs aventures
me plut beaucoup et c’est avec une grande joie que je recomman-
dais ce livre très bien écrit. Je fus particulièrement intriguée par
l’approche de Sharon des vérités spirituelles et des leçons de vie
que nous apprenons de la vie des bergers et de leurs moutons.
Dans son ouvrage, Sharon nous parle d’une brebis qui
avait mis bat des triplés et n’en avait accepté que deux. Chaque
fois que le troisième agneau tentait d’approcher sa mère pour
téter, elle le repoussait. Sharon et sa famille firent tout ce qu’ils
purent pour que la brebis accepte l’agneau qu’elle avait rejeté,
mais c’était peine perdue car elle continuait à le repousser en lui
donnant des coups de sabot. On ne peut pas faire changer d’avis
une brebis bornée !
À un certain moment, Sharon s’aperçut que la tête de
l’agneau était rejetée en arrière, et elle crut qu’il s’était blessé au
niveau du cou. Mais en y regardant de plus près, ils n’y virent
aucune trace de blessure. En réalité la petite bête avait cessé de
lutter pour vivre.
Sharon découvrit par la suite que ce qui était arrivé à cet
agneau était assez fréquent. Il arrive aussi que la mère meure,

—!65!—
AGNEAUX!REJETÉS!ET!MOUTONS!NOIRS

laissant ainsi son petit orphelin. Il se peut également que la bre-


bis se laisse dépasser par les événements lorsqu’il s’agit de sa
première mise bas et finisse par ignorer son agneau plutôt que de
lutter pour s’en occuper. Dans le cas de la brebis de Sharon, où
elle ne produisait pas suffisamment de lait pour nourrir une por-
tée de plusieurs agneaux, elle avait décidé d’en allaiter certains
et d’en rejeter un. Dans ce cas, on parle d’agneaux orphelins ou
encore rejetés.
Bien trop souvent, ces précieux agneaux dans le besoin et
rendus ainsi vulnérables ne vivent pas longtemps. N’ayant pas
la force de survivre, ils se laissent mourir. Les seuls qui par-
viennent à subsister – ceux qui trouvent la force de surmonter le
rejet de leur mère – sont ceux qui sont recueillis et soignés par
le berger.
Sharon et sa famille accueillirent chez eux Joey, l’agneau
rejeté. De rejeté qu’il était, Joey devint un agneau béni, choyé par
les personnes qui le nourrissaient, veillaient sur lui et le proté-
geaient. Il apprit à marcher sur le tapis bleu de la salle de séjour
dans la maison de Sharon – le ciel pour cet agneau abandonné
par sa mère !
Plus tard, Joey eut suffisamment de forces pour aller brou-
ter l’herbe bien grasse de la pâture. Mais, la toute première fois,
il se montra réticent et marqua quelque hésitation avant de s’y
aventurer. En effet, quel était donc ce curieux revêtement vert ?
Pour Joey, quelque chose n’allait pas : il se sentait tellement plus
à l’aise sur le tapis bleu si moelleux !
De cette expérience unique, Sharon fit une observation
très concluante : les agneaux rejetés sont en réalité les plus bénis
de tous les moutons de la pâture, car ce sont ceux qui ont été les
mieux soignés par le berger qui s’en est personnellement occupé.
Ils développent ainsi une relation particulière avec le berger que
les autres moutons ne pourraient pas même imaginer ! Ils res-
sentent un amour qui surpasse tout ce que peut leur offrir la
pâture, et parfois les brebis dans leur inconstance.

—!66!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

Lorsque le berger appelle le troupeau, devinez qui ac-


courent vers lui en premier ? Les agneaux rejetés, les orphelins !
Pourquoi ? Parce qu’ils connaissent mieux la voix du ber-
ger que les autres, et qu’ils ont été serrés contre son cœur ! Ce
n’est pas parce qu’il les aime davantage, mais c’est juste parce
qu’ils ont été suffisamment brisés pour que son amour pénètre…
au plus profond d’eux-mêmes.

Les agneaux rejetés de Dieu


Au sens spirituel, nous sommes tous des « agneaux rejetés » per-
dus dans le péché, brisés dans notre esprit, blessés dans notre
cœur et dans notre tête… parfois aussi dans notre corps. Nous
sommes nombreux à nous sentir comme des agneaux abandon-
nés, rejetés, violentés ou négligés.
Mais, heureusement pour nous, l’Écriture attribue souvent
à Dieu le nom de Berger et dit de nous, que nous sommes ses bre-
bis. Le psalmiste a déclaré : « Il m’a fait sortir pour me mettre à
l’aise, il m’a retiré, car il m’a pris en affection » (Psaume 18:20).
La bonne nouvelle est que malgré toutes les souffrances
que nous avons subies dans le passé ou la sombre vallée que nous
traversons actuellement – que notre brisement soit dû à ce que les
autres nous ont fait subir, ou à ce que nous nous sommes infligés
à nous-mêmes – nous avons un Berger céleste qui se soucie
profondément de nous et qui nous aime d’un amour tellement
grand que nous ne pouvons le mesurer. Le prophète Ésaïe nous
dit que Dieu est : « Comme un berger, il fera paître son trou-
peau, de son bras il rassemblera des agneaux et il les portera
dans son sein ; il conduira les brebis qui allaitent » (Ésaïe 40:11).
Si vous vous sentez comme un agneau délaissé, ayez bien
à l’esprit que, lorsque Ésaïe déclare que le Seigneur « rassem-
blera », il utilise un terme hébreu qui, dans la majorité des cas,
signifie rassembler les personnes en un seul et même endroit.
Il parle d’un acte souverain, intentionnel. Il vous cherchait et,

—!67!—
AGNEAUX!REJETÉS!ET!MOUTONS!NOIRS

quand il vous a trouvé, il vous a saisi de ses bras et vous a placé


à l’abri, dans un endroit sûr au milieu de son troupeau. Ce n’était
pas de sa part une idée de dernière minute. Ce n’est pas non plus
que vous ne vous trouviez pas au bon endroit au bon moment
pour attirer son attention. Non, loin s’en faut ! Dans son amour
et sa majesté, il vous a vraiment cherché, il vous a retiré de là où
vous étiez pour vous mettre en ce lieu sûr et vous serrer très fort
dans ses bras.
Toutefois, il ne s’en est pas seulement tenu là !
Notez bien qu’Ésaïe a dit qu’il vous « portait dans son
sein ». Edward Young, spécialiste du prophète Ésaïe a commenté
ce verset. Voici ce qu’il dit :

Au verset 10, il avait déjà été fait mention que son


bras lui assurait la souveraineté. Ce bras est le sym-
bole de sa puissance et de son pouvoir ; il est suffi-
samment fort pour rassembler le troupeau, le mettre
en lieu sûr afin que les brebis aient tout ce dont elles
ont besoin. Lorsqu’elles se retrouvent blotties dans
les bras du Berger, il ne peut leur arriver aucun mal
et rien ne peut venir les séparer de lui. Celles qu’il
rassemble sont décrites comme étant des agneaux.
Ils sont nouvellement nés, donc les plus faibles par-
mi le troupeau et dépourvus de défense contre les at-
taques. Ils ont besoin d’une protection constante de
leur Berger. De son bras, celui-ci les rassemble et les
porte afin qu’ils puissent reposer sur ses bras, contre
son sein. Ainsi n’auront-ils pas à marcher seuls. Ils
ne trébucheront pas, ne s’égareront pas.

Ce divin Berger est à notre recherche. Sans relâche, nuit


et jour, il arpente les collines en tous sens. Il nous saisit et nous
porte dans ses bras jusqu’à ce que nous soyons suffisamment
forts pour marcher. Il nous adopte même dans sa famille !

—!68!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

Quel acte de tendresse !


Quelle compassion envers ceux qui sont meurtris et brisés !
Ésaïe a dit de lui : « Il ne brisera pas le roseau broyé et il
n’éteindra pas la mèche qui faiblit » (Ésaïe 42:3).
Pensez-vous être ce roseau broyé – blessé, courbé en deux,
prêt à vous rompre au moindre souffle de brise ? Votre Berger
voit votre situation précaire et jamais il ne vous brisera ! Ce qu’il
veut, c’est au contraire panser toutes vos plaies.
Peut-être vous comparez-vous davantage à une mèche qui
se consume, qui faiblit puis se calcine, et ne devient plus qu’une
légère volute de fumée couverte d’une fine couche de suie ? Votre
Berger jamais n’éteindra votre flamme vacillante : vous avez sa
promesse ! Ses mains attentionnées soigneront avec douceur vos
meurtrissures et maintiendront la mèche de votre vie, même si
celle-ci venait à se trouver sur le point de s’éteindre.
Bien évidemment, cela ne veut pas dire que vous allez
avancer sur le chemin de la vie sans souffrance. Il ne nous a
jamais fait cette promesse ! En nous disant qu’il nous envoyait
Jésus « pour panser ceux qui ont le cœur brisé » (Ésaïe 61:1),
Dieu a employé le mot hébraïque chavash, qui signifie : « atta-
cher, envelopper ; bander comme pour une plaie, mettre un pan-
sement, couvrir, draper (protéger), entourer ». Le cœur brisé
saigne, et la seule façon d’arrêter l’hémorragie est de compres-
ser la blessure. Dieu appuie juste à l’endroit de la partie atteinte
– non pour déclencher une douleur, mais pour juguler le flux de
sang.
Voici ce qu’écrit Beth Moore dans l’un de ses ouvrages :

« Quelle magnifique image du Christ ! Une violente


douleur se déclenche. Alors, la main bienveillante
marquée de cicatrices de Jésus appuie sur la bles-
sure ; l’espace d’un instant, la douleur paraît s’inten-
sifier… puis finalement le saignement cesse. »

—!69!—
AGNEAUX!REJETÉS!ET!MOUTONS!NOIRS

Il est clair que Jésus devait penser à des passages comme


ceux tirés du prophète Ésaïe, ou des Psaumes tel celui-ci : « Il
guérit ceux qui ont le cœur brisé et panse leurs blessures »
(Psaume 147:3) – quand il se révéla comme le Bon Berger en
Jean 10. Quel est donc le rôle du Bon Berger ? Il appelle ses
brebis par leur nom et elles viennent à lui. Il les conduit pour
qu’elles trouvent de la nourriture et de l’eau. Il les devance pour
s’assurer que le territoire est sans danger et qu’elles seront en
sécurité et bien nourries. Il accueille toutes les brebis qui lui ap-
partiennent, quel que soit l’enclos d’où elles proviennent et leur
donne la vie, la vie en abondance, sacrifiant sa propre vie afin
qu’elles puissent participer à la plénitude de sa vie.
À votre avis, pour quels moutons Jésus fait-il tout cela ?
Pour ceux qui remportent des prix ? Les plus belles brebis ?
Les béliers qui ont fière allure ? Ceux dont la laine est la plus
épaisse, les yeux les plus brillants et dont les membres sont les
plus robustes ?
Non, pas du tout ! Jésus le fait pour les brebis errantes qui
trébuchent, celles qui sont faibles. Il le fait pour les brebis reje-
tées, orphelines, tout comme vous et moi. Pour son troupeau, il
a de grandes choses en réserve : « Quand le Chef des Bergers
paraîtra, vous recevrez la couronne glorieuse qui ne perdra
jamais son éclat » (1 Pierre 5:4, BIBLE EN FRANçAIS COURANT).
Et même alors, à la fin des temps, ce Bon Berger, ce Grand
Berger, ce Chef des Bergers, ne cessera d’apporter avec une in-
fime minutie maintes attentions à chacune de ses brebis rejetées.
Jean nous dit que parmi ses brebis, nombreuses seront celles qui
auront à passer par de dures épreuves dans cette vie, et sur cette
terre déchue, mais à la fin…

« Ils se tiennent devant le trône de Dieu et lui


rendent un culte nuit et jour dans son Temple. Et ce-
lui qui siège sur le trône les abritera sous sa Tente.
Ils ne connaîtront plus ni la faim, ni la soif ; ils ne

—!6#!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

souffriront plus des ardeurs du soleil, ni d’aucune


chaleur brûlante. Car l’Agneau qui est au milieu du
trône prendra soin d’eux comme un berger ; il les
conduira vers les sources d’eaux vives, et Dieu lui-
même essuiera toute larme de leurs yeux.
(Apocalypse 7:15-17, VERSION SEMEUR)

Les moutons noirs


Peut-être me direz-vous : « Sheila, ce que vous nous dites est
vraiment merveilleux, mais vous ne comprenez pas. Je suis loin
d’être l’agneau rejeté dont vous parlez : je ne suis qu’un vilain
petit mouton noir. J’ai fui le Bon Berger un nombre incalculable
de fois. J’ai refusé de me réfugier dans ses bras pour me jeter
dans ceux qui, en fait, voulaient uniquement se servir et profiter
de moi. Ma vie s’est éteinte, je n’ai plus rien. Ce que vous dites
paraît si extraordinaire, seulement… ce n’est pas pour moi. »
Désolée de vous contredire, mais je suis sûre que vous
avez tort.
Voyez-vous, la Bible à ce sujet ne parle pas de « brebis
blanches » – ni d’ailleurs de « moutons noirs ». En vérité, la seule
couleur qu’elle semble attribuer aux brebis de Dieu est un rouge
cramoisi – un rouge foncé, presque violet. Ne vous fiez pas sim-
plement à moi et écoutez plutôt Dieu vous parler :

Venez donc et plaidons, dit l’Éternel.


Si vos péchés sont comme le cramoisi,
Ils deviendront blancs comme la neige ;
s’ils sont rouges comme l’écarlate,
ils deviendront comme de la laine. (Ésaïe 1:18)

De même que dans certains domaines, nous nous identi-


fions tous aux « brebis rejetées », de même, dans tous les do-
maines nous nous identifions tous aux « moutons noirs ». Mais

—!6,!—
AGNEAUX!REJETÉS!ET!MOUTONS!NOIRS

quel que soit le degré de noirceur de la tache que, selon vous,


votre péché a laissé, celui-ci ne pourra jamais vous séparer de
Dieu. Votre esprit borné est le seul à le faire ! Le Seigneur vous
dit : « Viens ! » Oui, c’est à vous qu’il le dit. À vous, le mouton
noir à la toison noire, qui errez avec vos sabots ! Et quand vous
arrivez, il sait comment traiter les laines, et quelles que soient
leurs couleurs, il les transforme en un blanc immaculé, éclatant
comme la neige !
La vôtre ne fera pas exception.
Alors que j’écris ces mots, une immense confiance
m’étreint et m’envahit de plus en plus. De bien des manières, elle
est depuis toujours le message de ma vie, mais à l’heure qu’il est,
elle brûle en moi comme jamais elle n’a encore brûlé !
Juste tel que vous êtes, en cet instant, avec tous les choix
que vous avez faits – bons ou mauvais – dans vos meilleurs jours
comme dans les pires, avec les secrets les plus profonds et les plus
noirs enfouis de votre cœur que vous n’ayez jamais confiés à votre
Père, ainsi que ceux que vous tentez encore de dissimuler – vous
êtes aimé de Dieu d’un amour ardent qui jamais ne faillira.
Pouvez-vous vous approprier cette vérité, même si vous
avez l’impression d’être ce mouton noir ? Voulez-vous vous l’ac-
cepter même si vous vous sentez en disgrâce et éprouvez un sen-
timent de honte ? Et même si vous avez échoué lamentablement
et avez déçu tant de personnes autour de vous ? Serez-vous à
même de vous dire que malgré tout cela, cette vérité est bien
pour vous ?
Si vous êtes en train de livrer un combat pour accepter cette
vérité, permettez-moi de vous rappeler une des paraboles racon-
tée par Jésus. Il parlait d’un homme qui possédait une centaine
de brebis. Un jour, l’une d’elles s’échappa et le berger laissa alors
les quatre-vingt-dix-neuf autres pour aller à la recherche de la
brebis égarée – vous savez, celle qui a quitté toutes les brebis
« bonnes » et « blanches » pour aller vagabonder… Vous rappe-
lez-vous ce que cet homme a fait après avoir retrouvé sa brebis

—!6-!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

perdue (que sa robe de laine soit noire, blanche, ou écossaise – il


n’en est pas fait mention dans la parabole) ? Jésus a déclaré qu’il
s’était réjoui pour celle-ci encore plus que pour les quatre-vingt-
dix-neuf autres (voir Matthieu 18:12-13).
Si vous étudiez les récits des évangiles, vous trouverez
cette histoire dans Luc également, avec une différence qui ne
manque pas d’intérêt. Dans la version de Matthieu, le mouton
qui manque à l’appel représente un croyant. Dans celle de Luc,
la brebis perdue fait référence à une personne venant juste de
découvrir la foi, et Jésus de dire : « Il y a plus de joie dans le
ciel pour un seul pécheur qui se repent et revient à Dieu, que
pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui ne se sont pas égarés »
(Luc 15:7, VERSION NLT, TRADUCTION LIBRE). Les deux versions de
la parabole nous enseignent que le Bon Berger aime tendrement
toutes ses brebis, qu’elles soient venues récemment à la foi, ou
qu’elles soient retournées vers lui après avoir erré pendant bien
longtemps.
Le travail de Jésus est de rechercher, trouver et secourir
les brebis égarées sans tenir compte de la manière dont elles se
sont perdues. Des brebis errantes ? Peut-être bien. Ignorantes ?
Certainement. Des moutons qui ne perçoivent même pas qu’ils
sont égarés ou ne comprennent pas qu’ils sont brisés ? Bon, oui,
merci beaucoup de me rappeler ma propre histoire. En fait, peu
importe le genre de brebis perdue que vous êtes.
Vous êtes-vous égaré ? Vous a-t-on éloigné ? Avez-vous dé-
sobéi ? Avez-vous volontairement pris la décision de suivre votre
propre voie, alors que vous connaissiez un chemin meilleur ? Il
n’y a rien d’important dans tout cela tant que vous décidez un
jour de revenir. Dans son amour et sa grâce, le Bon Berger vous
en fait sortir et vous ramène à ses côtés. Et ne prenez surtout pas
la peine de tenter de « vous blanchir » avant : vous perdriez du
temps !
Et que diriez-vous si je vous suggérais dès maintenant de
marcher sur les traces d’un petit chien du nom de Mason dont je

—!7/!—
AGNEAUX!REJETÉS!ET!MOUTONS!NOIRS

vous livre à présent le récit, et de le suivre pas à pas sur le che-


min qu’il vous montre ?
Le 27 avril 2011, une tornade dévastatrice balaya
l’Alabama, réduisant la ville de Tuscaloosa en un tas de dé-
combres. Les météorologues estimèrent la largeur de la tornade
à environ un kilomètre et demi de large – le second ouragan le
plus meurtrier de l’histoire des États-Unis, entraînant la dispa-
rition de plus de trois cents personnes. Les témoins filmèrent
des scènes terrifiantes avec leurs téléphones portables et les en-
voyèrent sur YouTube et sur Facebook. La tornade emporta sur
son passage des maisons entières, soufflant leur toiture et vidant
leur contenu dont les débris volaient en éclats et tournoyaient
dans les airs comme des fétus de paille ; des voitures volaient de
toutes parts semblables à des jouets d’enfants.
Au plein cœur de ce drame et de toute cette dévastation,
apparurent au fil des jours des témoignages de personnes mira-
culeusement rescapées – des récits encourageants pour ceux qui
continuaient à chercher leurs proches et leurs amis disparus.
Parmi les témoignages, il en fut un qui fit particulière-
ment vibrer la corde sensible des gens : celui d’une petite fille
qui refusa d’abandonner les recherches jusqu’à ce que l’on re-
trouve son chien, Mason, un jeune terrier de deux ans. Le jour
de la tornade, Mason se trouvait dans le garage et il fut aspiré
vers l’extérieur par la tornade et emporté dans son tourbillon. La
maison fut réduite en un tas de décombres, sauf une partie du
porche restée debout. Jour après jour, les membres de la famille
retournaient sur le site dévasté au cas où leur petit chien aurait,
contre toute attente et espérance, survécu à la tornade et retrouvé
son chemin.
Pouvez-vous vous imaginer leur joie et leur surprise
lorsque vingt-trois jours plus tard, soit trois bonnes semaines
après que l’ouragan eût frappé, ils découvrirent Mason, assis sur
ce qui restait des escaliers du porche d’entrée ? Personne ne sait
quelle distance il a dû parcourir en se traînant sur ses deux pattes

—!7.!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

avant brisées pour revenir chez lui. Ses os fracassés semblaient


prêts à transpercer sa peau. Mason souffrait d’une terrible dés-
hydratation et avait perdu la moitié de son poids habituel. Mais
il était en vie ! Il avait eu cette farouche détermination de rentrer
à la maison pour retrouver les personnes qui l’aimaient. Quand
enfin il vit sa famille arriver, ce pauvre petit chien à l’air si misé-
rable, qui faisait plus que pitié, agita la queue avec empressement
et avança vers eux comme il le pouvait.
Il me semble que nous pourrions apprendre une ou deux
leçons de ce précieux petit chien. Peu lui importait son apparence
en arrivant de son terrible périple. Il n’en ressentait aucune honte
et il n’était pas embarrassé par son aspect. Il ne cherchait pas à
s’enfuir ou se cacher ni à se laver pour paraître plus présentable.
Il savait qu’il était perdu.
Il savait que son petit monde avait été renversé.
Il savait qu’il avait besoin d’aide. C’est ainsi qu’il s’était traî-
né jusqu’à son foyer, jusque dans les bras de ceux qui l’aimaient.
Pourquoi fuyons-nous si souvent celui qui nous aime,
lorsque nous sommes meurtris et brisés ou que nous ne nous
sentons pas présentables ? Honteux, nous baissons la tête, espé-
rant que notre présence passera inaperçue. Nous essayons, dans
notre coin, d’arranger les choses. Il se peut que nous méprisions
notre état, que nous en ayons honte et qu’il nous répugne même,
tout en pensant que Dieu éprouve la même chose que nous. Nous
ne comprenons pas qu’il puisse nous aimer comme il le fait. Il
nous est difficile de croire mais c’est pourtant vrai !
Malgré nos égarements, nos manquements, tous les mau-
vais choix que nous avons faits, le nombre de fois où nous avons
chuté et ne l’avons pas assumé, nous devons, en quelque sorte,
arriver à croire au plus profond de nos âmes que c’est avec une
immense joie que Dieu nous accueille à bras ouverts. Il est impa-
tient de nous voir arriver sains et saufs à la maison !
Il n’est pas rare que certaines personnes apportant un en-
seignement sur le passage biblique de la « brebis égarée », en

—!75!—
AGNEAUX!REJETÉS!ET!MOUTONS!NOIRS

viennent presque à plaisanter en parlant de l’inconscience et de


la folie du berger qui n’hésite pas à mettre quatre-vingt-dix-neuf
brebis en danger pour partir à la recherche d’une seule.
Mais ce n’est pas une plaisanterie. C’est la réalité.
Dieu nous aime à un point tel qu’il ne recule devant rien
pour nous ramener dans ses bras réconfortants et mettre ainsi
son troupeau à l’abri du danger. (Il est évident que contrairement
à tous les bergers de cette terre, Dieu est omniprésent et tout-
puissant. Il peut partir à la recherche de sa brebis égarée tout en
restant avec les quatre-vingt-dix-neuf autres !)
En outre, si votre Berger vous trouve, il ne vous réprimande
ni ne vous demande la raison pour laquelle vous êtes parti. Il ne
va pas réclamer son « kilo de gigot ». Il ne dira pas : « O.K. petite
brebis, c’est ta dernière chance. Si tu franchis une seule fois la
limite de l’enclos, c’est fini : je ne m’occupe plus de toi ! » Au
contraire, c’est bien sur ses épaules qu’il va vous ramener à la
maison, et organiser un festin parce que vous êtes rentré !
C’est cela la grâce illimitée et l’amour de Dieu dispensés
à chacune des brebis égarées, quelle que soit la raison pour la-
quelle elles se sont perdues.
Cela vous paraît-il injuste ? Je l’espère, car ce n’est pas
juste. La grâce n’est pas une question de « justice », mais d’un
amour qui dépasse tout entendement. Nous parlons de l’amour
infaillible de Dieu.
Et la réalité – que vous la perceviez ou pas – est que cha-
cun d’entre nous est cette brebis perdue.
Une brebis blanche.
Une brebis noire.
Une brebis d’un rouge cramoisi.
Quelle importance !
Ne lui sommes-nous pas reconnaissants d’être parti à notre
recherche, de s’être ainsi réjoui pour nous ? Pourquoi donc par-
fois semblons-nous rendre le retour au bercail plus difficile pour
d’autres brebis perdues ?

—!76!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

Quelle petite friponne !


Je me demande si les quatre-vingt-dix-neuf brebis restées dans
l’enclos ne se tapotaient pas l’échine pour se féliciter d’être de
bonnes brebis parfaitement bien élevées. J’entends d’ici le genre
de propos qu’elles tenaient à propos de la brebis égarée.
« La voilà encore partie vadrouiller ! – quelle petite
friponne ! Je me demande bien pourquoi il perd son temps avec
elle !
– Je suis bien d’accord avec toi, Margot. La semaine der-
nière, je lui ai demandé de nous aider à répandre le grain dehors
pour la réunion de mercredi soir, et tu sais quoi ? Elle n’est même
pas venue !
– Et franchement, Gertrude – entre toi et moi – je pense
que sa toison est un peu courte pour une brebis de son âge !
– J’allais justement le dire, Margot ! »

Un jour, une femme ayant une réputation de pécheresse


patentée vint jeter le trouble lors d’une fête privée dans le des-
sein d’exprimer ses remerciements à Jésus pour s’être préoccupé
de son sort. Quelle réputation pour une femme dans une si petite
ville !
Nous ignorons de quelle manière elle rencontra Jésus ni
comment elle entendit son message, puis crut en lui et reçut son
amour. Peut-être se trouvait-elle au milieu de ces multitudes ac-
courues pour l’écouter annoncer la Parole dans les champs ou
dans les rues de la cité. En revanche, ce que nous savons, c’est
qu’elle fut si profondément touchée par ce que Jésus avait fait en
sa faveur, que son unique désir était de lui exprimer personnelle-
ment sa reconnaissance d’une manière significative.
Cette femme avait pris un gros risque en s’introduisant de
la sorte dans la maison de Simon, le pharisien – mais quel autre
choix aurait-elle pu avoir ? N’était-ce pas en cet endroit que se
trouvait Jésus ? (Voir Luc 7.)

—!77!—
AGNEAUX!REJETÉS!ET!MOUTONS!NOIRS

Cette personne qui n’avait pas été invitée et qui était loin
d’être la bienvenue, s’agenouilla aux pieds de Jésus, y déversant
d’abondantes larmes de gratitude – véritable fontaine qui ne ta-
rissait pas – et essuya les pieds de son Sauveur avec sa cheve-
lure. Des murmures circulaient de toutes parts et les doigts se
pointaient vers elle. Combien cela a dû être dérangeant ! Simon,
l’hôte de la maison était vraiment indigné par cette situation,
mais Jésus se tournant vers lui, lui présenta son hypocrisie sur
un plateau :

« Tu vois cette femme ? Je suis entré chez toi et tu


ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds ; mais elle
m’a lavé les pieds de ses larmes et les a essuyés avec
ses cheveux. Tu ne m’as pas reçu en m’embrassant ;
mais elle n’a pas cessé de m’embrasser les pieds de-
puis que je suis entré. Tu n’as pas répandu d’huile
sur ma tête ; mais elle a répandu du parfum sur mes
pieds. C’est pourquoi, je te le déclare : le grand
amour qu’elle a manifesté prouve que ses nombreux
péchés ont été pardonnés. Mais celui à qui l’on a
peu pardonné ne manifeste que peu d’amour. »
(Luc 7:44-47,
VERSION BONNES NOUVELLES AUJOURD’HUI)

Il n’était pas dans les intentions de Jésus de dire que Simon


n’avait pas péché autant que cette femme, mais seulement que
lui-même ne se voyait pas sous cet angle. Il arrive que nous nous
laissions aveugler par notre propre justice ! Ainsi, Dieu, dans sa
miséricorde, fera tout ce qu’il faut pour nous ouvrir les yeux. Il
nous laisse vagabonder suffisamment loin pour que nous puis-
sions réaliser à quel point nous sommes égarés et l’avons tou-
jours été.
Je trouve remarquable que cette femme de mauvaise répu-
tation ait bravé les insultes, les regards furieux, les commentaires

—!78!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

méprisants et narquois ainsi que le rejet qui, sans doute le savait-


elle, finiraient par se répandre. La majorité d’entre nous, contrai-
rement à elle, n’aurait pas osé agir comme elle l’a fait. Pourquoi
effectivement prendre un tel risque ? Mieux vaut se faire oublier,
se blinder, ériger des murs autour de soi. Il est préférable de ne
pas laisser autrui nous côtoyer de trop près, d’éviter toute rela-
tion avec les autres… quitte à mourir à soi-même.
Je connais certaines femmes ayant subi de nombreuses
violences dont la souffrance était si grande qu’elles m’ont dé-
claré : « C’est sûr ; jamais je ne voudrais redevenir vulnérable. »
Ce qu’elles voulaient dire par là c’est : « Jamais, je ne laisserai
quelqu’un s’approcher suffisamment près de moi pour me faire
du mal. » Ainsi, effleurent-elles la surface de la vie, échangeant
peut-être de temps à autre quelques regards furtifs avec des
hommes, des femmes, sans jamais s’attarder trop longtemps,
dans le but d’éviter de créer des liens. Il apparaît clairement
que C. S. Lewis avait dû lui-même croiser de telles personnes,
puisqu’un jour il a écrit ces mots :

« Aimer tout court, c’est être vulnérable. Aimez


quelque chose, quelqu’un – quel que soit l’objet de
votre amour – et votre cœur ne manquera sans doute
pas d’être tourmenté, puis vraisemblablement broyé !
Si vous souhaitez vous assurer de le garder intact,
ne donnez jamais votre cœur à qui que ce soit, pas
même à un animal… mettez-le à l’abri en l’enfer-
mant à double tour dans le cercueil de votre égoïsme.
Toutefois, dans ce cercueil – en sécurité, à l’abri de
la lumière, de tout mouvement, de l’air – votre cœur
subira des changements. Il ne sera pas brisé ; il de-
viendra indestructible, impénétrable, incurable. »

Beth Moore a aussi exprimé cette pensée d’une manière


différente :

—!79!—
AGNEAUX!REJETÉS!ET!MOUTONS!NOIRS

« En général, lorsque notre cœur est meurtri, nous


nous armons en l’endurcissant, nous promettant de
ne jamais plus nous laisser gagner par la souffrance.
Ce n’est pas ce que Dieu attend de nous. Il ne faut
pas oublier que les forteresses que nous bâtissons,
non seulement vont empêcher l’amour de sortir, mais
elles vont aussi l’empêcher d’entrer. Nous risquons
ainsi de rester prisonniers de nos propres murs pro-
tecteurs. Seul Dieu a le pouvoir de rassembler à nou-
veau toutes les pièces de notre cœur, de refermer
toutes nos blessures, et de les entourer d’un bandage
poreux afin de les protéger de toute infection… mais
qui permet à notre cœur libéré d’inhaler l’amour et
de l’exhaler. »

Je l’ai déjà dit et le redirai : le brisement est un cadeau.


Seules les brebis qui se savent brisées – et cependant aimées –
peuvent apprendre à se confier, non en elles-mêmes, mais en la
sagesse, la force et la miséricorde du Bon Berger.

—!7#!—
4

Les vieilles blessures


ont une bonne mémoire
Trouver un moyen de sortir des ténèbres

A
u beau milieu de cette journée-là, le ciel s’obscurcit
comme en pleine nuit.
Non pas qu’il fût noir comme la nuit. Mais, dans mon
souvenir, je vois comme un vert très foncé, tirant sur le noir…
On aurait plutôt dit un vert militaire, mais tout à fait inhabituel.
La couleur inquiétante du ciel poussait les voitures à se garer
promptement au bord de la route, laissant les conducteurs dé-
semparés. Ils ne savaient quelle décision prendre.
Je garde le souvenir d’un incident plutôt singulier, aussi
clairement que s’il s’était produit hier. Avant qu’une pluie tor-
rentielle ne vienne s’abattre sur nous et que les éclairs ne nous
forcent à nous précipiter tant bien que mal vers des abris impro-
visés, un calme inquiétant avait envahi l’atmosphère environ-
nante. Même les oiseaux semblaient s’être immobilisés, perchés
sur les branches, comme présageant un événement de mauvais
augure.

—!7-!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

Je me garai derrière deux autres véhicules sous un pont,


puis coupai le contact. Le conducteur de la voiture qui me précé-
dait arriva en courant vers moi et frappa à la vitre, que j’abaissai
promptement.
« Je pense que nous devrions partir d’ici, fit-il. C’est sûre-
ment une tornade !
– Peu importe » répliquai-je, sans lever les yeux.
Après avoir dit ces mots, je n’ai pu voir la réaction de cet
homme, mais je l’ai vu partir à toutes jambes pour regagner sa
voiture, d’où il extirpa précipitamment sa sacoche, avant de dis-
paraître dans la nuit.
Je restai là, assise, le visage inondé de larmes, répétant
sans cesse, comme une litanie : « Je suis désolée, vraiment, déso-
lée… je suis désolée ! »
Aussi insensé que cela puisse paraître, je pensais au plus
profond de moi être la cause de cette terrible tempête, et croyais
que, par ma faute, les cieux en colère s’étaient réunis pour se
déchaîner contre moi. Cette fausse croyance venait d’un terrible
manque de compréhension de ma part sur la véritable nature de
Dieu et sur son immense amour pour moi.

Voir sans comprendre


Alors qu’assise dans ma voiture ce jour-là, je pleurais toutes les
larmes de mon corps, convaincue que mes actes avaient déclen-
ché le courroux de Dieu, je me sentais seule, perdue comme une
âme errante, ressentant en moi comme un mélange de religiosité
et de méchanceté. Et je n’avais, par ailleurs, nulle part où fuir, et
aucun moyen d’appeler chez moi.
En ce qui me concernait, attendre dans l’obscurité et sous
un pont me semblait être un endroit opportun.
De tels moments peuvent vite se montrer traumatisants.
Je n’ai jamais voulu devenir une âme errante, seule et perdue
par une nuit d’encre dans un lieu incertain. J’ai, au contraire,

—!8/!—
LES!VIEILLES!BLESSURES!ONT!UNE!BONNE!MÉMOIRE

toujours désiré être forte. J’ai toujours souhaité être de celles qui
rassemblaient les âmes égarées pour les aider à regagner le bon
chemin. Mais là, mon âme brisée était une faiblesse, et celle-ci
me terrifiait. Être faible, c’était aussi être vulnérable.
Bien sûr, je sais à présent que, déjà dès mon plus jeune âge,
de telles peurs étaient gravées au plus profond de mon âme. Il est
à déplorer que les vieilles blessures aient hélas bonne mémoire,
mais également une sérieuse incompétence pour les interpréter.
Tandis que la douleur entretient notre mémoire qui demeure
ainsi vivante et fraîche – en tout cas, comme peut l’être un au-
tomate – celle-ci obscurcit aussi la vérité et nous empêche d’en
comprendre véritablement la cause. L’analogie la plus proche qui
me vienne à l’esprit est la manière dont les enfants ont la faculté
d’entendre et de voir tout ce qui se passe autour d’eux, sans tou-
tefois en comprendre véritablement le sens.
J’étais toujours surprise par mon fils Christian assis à l’ar-
rière de la voiture, apparemment très absorbé par un jeu, qui,
quelques instants plus tard, alors que je venais de parler à voix
basse à l’attention de son père, disait :
« Maman, c’est pas comme ça que c’est arrivé ! »
Je me demandai alors comment il avait bien pu entendre
nos propos.
Les enfants, c’est vrai, semblent tout voir et tout entendre,
mais, bien souvent, ils ont une mauvaise interprétation de l’in-
formation donnée. Leurs conclusions ne sont pas les bonnes. Par
exemple, quand le mariage de leurs parents prend malheureu-
sement fin, c’est toujours le même schéma, ils intériorisent et
personnalisent ce qui s’est passé.
« Est-ce que papa serait resté si j’avais tenu ma chambre
plus propre ? »
« Est-ce que maman est partie parce que je ne l’aidais pas
à la maison ? »
« Qu’aurais-je pu faire ? Mais, qu’ai-je donc bien pu faire ?
C’est sûrement de ma faute. »

—!8.!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

Mon père est mort alors que je n’avais que cinq ans. J’avais
toujours été « la petite fille à son papa », mais en 1961 après
une hémorragie cérébrale, il devint partiellement paralysé et fi-
nit même par perdre l’usage de la parole. Je me tenais toujours
auprès de lui et lui servais d’interprète, mais rapidement sa per-
sonnalité se mit à changer. Il s’assombrit et devint menaçant. Un
jour, alerté par le grognement de mon chien, j’évitai de justesse
un coup de canne que s’apprêtait à m’asséner mon père. Il pro-
jeta même violemment ma mère contre un mur et il fallut quatre
hommes pour le maîtriser et le conduire à l’hôpital psychiatrique.
Quelque temps après il s’échappa et son corps fut retrouvé dans
la rivière. Il n’avait que trente-quatre ans.
Pour moi, la violence de mon père, bien que provoquée par
une défaillance de son cerveau, montrait que ce qu’il voyait en
moi était tellement mauvais qu’il avait décidé de mettre un terme
à ma vie.
La dernière fois qu’il me regarda dans les yeux, ce que je
vis dans son regard n’était que pure haine.
J’aimais mon papa, et dans mon esprit d’enfant, il ne pou-
vait pas avoir tort – ce qui pour moi voulait dire qu’une chose
terrifiante devait forcément m’habiter. Après sa mort, je fis en
sorte de ne jamais plus laisser qui que ce soit s’approcher trop
près de moi, de peur que ce que mon père avait vu en moi ne soit
découvert.
Cette sinistre stratégie éclaboussait ma relation avec Dieu.
C’est ainsi que je pris la résolution de devenir « la » chrétienne
parfaite afin que le Seigneur ne découvre jamais rien en moi qui
puisse le pousser à détourner son regard de moi avec dépit, et à
ne plus m’aimer.
Comment aurais-je pu supporter le même regard que celui
de mon père dans ses yeux ?
Sombre chemin, me direz-vous. Oui, assurément. Mais de
nos jours, nombreux sont ceux qui l’empruntent.

—!85!—
LES!VIEILLES!BLESSURES!ONT!UNE!BONNE!MÉMOIRE

Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ?


Je reçois, chaque année, du monde entier, des centaines de lettres
émanant de femmes qui ne cessent de se débattre contre cette
image déformée qu’elles ont d’elles-mêmes – image qui m’est
tellement familière. Cette image est en général due aux évé-
nements qui se sont produits au cours de leur passé. Certains
thèmes sont récurrents :

« Mon père n’a pas seulement quitté ma mère ; moi


aussi, il m’a quittée. Qu’ai-je bien pu faire de mal ? »
« Quand j’étais petite, mon père n’avait jamais de
temps à me consacrer. Maintenant, j’essaye seule-
ment de me faire oublier. »
« Ma mère me disait toujours que j’étais stupide. Elle
avait raison. Je gâche toujours ce que je fais. »
« Mon mari me maltraite… mais je le mérite. »
« Quand je me regarde dans la glace, ce que j’y vois,
c’est une femme énorme et qui n’a rien pour plaire. »
« Je resterai toujours célibataire. Qui d’ailleurs vou-
drait de moi ? »
« Je ne peux pas avoir d’enfants. Je pense que Dieu
me punit à cause de ce que j’ai fait dans le passé. »

Alors que la liste ne cesse de s’allonger, le sujet, lui ne


change pas : « Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? »
Nul doute que les vieilles blessures ont réellement bonne
mémoire ! Il arrive en fait que ces vieilles images deviennent si
fortes que notre mental finit par déteindre sur notre physique.
Je me souviens d’une dame pour laquelle j’avais travaillé
un été quand j’étais adolescente. J’avais fait sa connaissance plus
tôt puisqu’elle avait fréquenté notre église mais, avant qu’elle ne
devienne ma patronne pendant quelques mois, je m’étais tou-
jours arrangée pour garder mes distances avec elle. Elle avait

—!86!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

l’air extrêmement sévère et critique. L’expression qu’elle affi-


chait, avant même que vous n’ayez posé la question, traduisait
un « Non ! » des plus catégoriques.
Mon cœur flancha soudain lorsque je pris conscience que
tous les matins j’allais me trouver sous ses ordres. Mais, tandis
que les quelques matinées prévues au départ finirent au fil du
temps par se transformer en semaines puis en mois, les dispo-
sitions de mon cœur pour cette femme se mirent à changer. Je
m’appliquai alors à mettre en place des moyens pour me rendre
plus utile auprès d’elle et pour l’aider du mieux que je pouvais.
J’observais ses doigts recroquevillés, tout déformés par l’arthrite,
tentant désespérément de saisir un crayon ou de tenir une tasse.
C’était avec beaucoup d’attention que je l’écoutais raconter sa vie
remplie d’amertume et de déception. Chaque fois qu’elle s’était
autorisée à fréquenter quelqu’un, elle avait essuyé un rejet ; et,
quand il lui fallut s’occuper de ses parents malades et que des
années durant elle leur prodigua mille soins, elle ne reçut en
retour que très peu de marques de reconnaissance de leur part.
Il me semblait, en l’écoutant, voir dans son apparence physique
le reflet de son mal-être intérieur. On aurait dit qu’elle n’avait
jamais eu l’opportunité de donner avec joie. Que tout lui avait été
pris ou arraché de force. Tout ceci l’avait laissée amère et crispée
au-dedans d’elle-même, comme au dehors. Elle revêtait cette vie
dépourvue de grâce comme un lourd manteau de honte.

Honte et culpabilité
Voici ce qu’écrit Lewis Smedes dans son excellent ouvrage
Shame and Grace (Honte et grâce) :

« La différence entre la culpabilité et la honte appa-


raît clairement – en théorie. Nous nous sentons cou-
pables de ce que nous faisons. Nous ressentons de la
honte pour ce que nous sommes. »

—!87!—
LES!VIEILLES!BLESSURES!ONT!UNE!BONNE!MÉMOIRE

Jamais je n’oublierai le moment où j’ai lu cette déclaration


pour la première fois. Je me suis écriée : « Mais c’est tout à fait
vrai ! C’est exactement ce que je ressens et que je n’ai jamais pu
exprimer par des mots jusque-là. » Pour moi, saisir cette idée
était phénoménal : c’était comme si j’avais trouvé la clef d’une
cave plongée dans l’obscurité, où jamais je n’avais osé m’aventu-
rer, par crainte de ce que j’aurais pu y découvrir !
Appropriez-vous ce que je vais vous dire : si vous avez mal
agi, vous pouvez toujours essayer de redresser la situation. Vous
avez la possibilité de demander pardon et d’agir en conséquence.
Mais, si au plus profond de vous-même, vous croyez que c’est
en vous que réside le mal, alors, comment comptez-vous vous
extirper de là ?

Ici, pas de séraphins !


Avant d’aller plus loin, je dois faire une distinction importante.
La plupart du temps, lorsque les gens d’aujourd’hui évoquent la
honte, tous s’accordent pour dire que c’est une mauvaise chose
dont il faut se débarrasser ou qu’il vaut mieux à tout prix éviter.
Ainsi avons-nous cette impression qu’en l’effaçant de notre vie,
nous nous porterons beaucoup mieux.
Ayant terriblement souffert de ce sentiment de honte pen-
dant de nombreuses années, je dois admettre que mon cœur
apprécie l’idée de l’expédier le plus loin possible – ou mieux
encore, de le faire disparaître de la surface de la planète ! Mais
alors que je me plonge dans la Bible, celle-ci semble me dire :
« Eh, pas si vite, Sheila ! »
La Bible utilise un grand nombre de mots, aussi bien hé-
breux que grecs, pour décrire différents aspects de ce que nous
appelons la « honte ». Dans l’ensemble, la Bible considère la
honte comme « une condition de disgrâce humiliante. » Dans
de très nombreux passages, certaines personnes, comme le roi
David par exemple, disent à Dieu : « Mon Dieu… que je ne sois

—!88!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

pas couvert de honte » (Psaume 25:2), ou diront du camp ad-


verse : « Que les méchants soient dans la honte » (Psaume 31:18).
Personne n’aime éprouver un tel sentiment ; personne ne veut se
sentir humilié et déshonoré. C’est mon cas, et je pense qu’il en
est de même pour vous. Et la promesse glorieuse de l’Évangile
est que ceux qui, à la fin, placeront leur foi en Jésus seront pour
toujours délivrés de la honte et de l’ombre qu’elle projette.
À plusieurs reprises, le Nouveau Testament, s’inspirant de
l’Ancien, déclare que ceux qui placent leur confiance en Dieu
« ne seront jamais confus » (Romains 9:33 ; voir aussi Romains
10:11 ; 1 Pierre 2:6 ; Psaume 25:3). Lorsqu’un jour nous nous
tiendrons devant Dieu, revêtus de la lumière de justice de Jésus,
jamais plus nous ne ressentirons ce sentiment de honte. Alléluia !
Certes, c’est vrai, mais jetez plutôt un coup d’œil rapide
autour de vous. Y voyez-vous des séraphins ? Et des portes cou-
vertes de pierres précieuses ? Non ? Moi non plus d’ailleurs, mais
j’y vois une petite raison à cela :
Nous ne sommes pas encore arrivés à la maison !
Sur cette planète déchue, il semblerait qu’une certaine
honte ait encore un travail à accomplir – et, à moins que je ne me
trompe sérieusement – un travail qui vient de Dieu. Qu’Adam et
Ève en soient remerciés !
Avant qu’Adam et Ève n’aient désobéi à l’Éternel dans le
jardin d’Éden, la honte n’habitait pas leur cœur. Ainsi la Bible
nous dit que « l’homme et la femme étaient tous les deux nus
mais n’en avaient pas honte » (Genèse 2:25). En effet, pourquoi
donc auraient-ils éprouvé ce sentiment ? Ils étaient libres dans
leur relation parfaite et sans tache avec Dieu, ainsi que dans leur
propre relation. Pas de secrets. Pas de jalousie. Rien à cacher.
Rien à regretter. Avant que le péché ne fasse son entrée en Éden,
la honte ne s’y développait pas davantage qu’un bananier pous-
sant sur le côté obscur de la lune !
Bien évidemment, le péché changea tout. Après qu’Adam
et Ève eurent désobéi à Dieu, la honte trouva les conditions

—!89!—
LES!VIEILLES!BLESSURES!ONT!UNE!BONNE!MÉMOIRE

idéales pour s’enraciner dans leurs cœurs nouvellement déchus,


telles les mauvaises herbes croissant dans une serre mal entre-
tenue. Depuis, nous essayons d’éradiquer ces indésirables. Nous
fléchissons sous le poids de la honte. Celle-ci n’existait pas dans
le cœur de l’homme avant la Chute. Dieu l’a bannie de son ciel
pour l’éternité. Sans doute conviendrez-vous que la honte est une
mauvaise chose, n’est-ce pas ?
En fait, peut-être pas tant que ça.
Voyez-vous, il m’arrive fréquemment de tomber sur des
versets comme au Psaume 83:17, dans lequel Asaph fait à Dieu
une demande étonnante concernant des personnes qu’il consi-
dérait comme ses ennemis : « Qu’ils soient couverts de honte »
(VERSION SEMEUR), ce à quoi j’aurais pu m’attendre. Mais ensuite il
poursuit en disant : « afin qu’ils cherchent ton nom, ô Éternel ! »
Là, je ne m’y attendais pas du tout, et vous ?
Il semblerait que dans un monde mortellement blessé par
la désobéissance et irrémédiablement infecté par la maladie du
péché, la honte ait bien un rôle à jouer dans les plans de rédemp-
tion du Seigneur. Dieu n’hésite pas à se servir même de la honte
pour nous amener à lui, et nous permettre en même temps de
vivre à jamais libérés d’elle.
Au cas où vous auriez espéré que cette stratégie ne fût va-
lable que dans l’Ancien Testament, permettez-moi d’attirer votre
attention sur quatre versets d’un des livres de la nouvelle alliance
que j’ai trouvés particulièrement édifiants ; vous allez voir, c’est
assez surprenant.
L’apôtre Paul, souvent appelé « l’apôtre de la grâce », a
traversé une période difficile avec l’une des Églises qu’il avait
aidé à fonder. La congrégation corinthienne semblait toujours
s’écarter du droit chemin, que ce soit en matière de comporte-
ment ou de doctrine. Aussi Paul écrivit-il la première épître aux
Corinthiens, dans l’espoir de les voir reprendre le bon chemin.
Au tout premier chapitre de sa lettre, voici ce qu’il leur écrit :
« Dieu a choisi les choses folles du monde pour couvrir de honte

—!8#!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour cou-
vrir de honte les fortes » (1:27, VERSION SEMEUR POUR LES CARAC-
TÈRES DROITS). Le terme grec traduit par honte signifie : « mettre
la honte, humilier ».
Ah, vraiment ? Savez-vous qui « met la honte » ici ? C’est
Dieu lui-même !
Notre Seigneur plein de miséricorde – qui nous aime au
point d’avoir envoyé son Fils unique dans le monde pour mourir
pour nos péchés, afin que nous puissions avoir la vie éternelle
avec lui – se sert parfois de la honte comme d’un outil pour ra-
mener des personnes à lui.
Bien entendu, Dieu ne va pas systématiquement – ni même
souvent – employer le moyen de la honte, et certainement pas à
l’aveuglette. Ses serviteurs ne le font pas non plus. Ainsi Paul
dira un peu plus tard : « Ce n’est pas pour vous faire honte que
j’écris cela ; mais je vous avertis comme mes enfants bien-ai-
més » (4:14). Le mot grec ici traduit par honte diffère du terme
employé en 1 Corinthiens 1:27, mais pas tant que cela en fait. Il
signifie : rendre quelqu’un honteux. À ce stade de la lettre, Paul
ne souhaitait pas utiliser le mot honte afin qu’un changement
bénéfique puisse s’opérer chez ses amis : il espérait qu’un simple
avertissement ferait l’affaire.
Pourtant, deux chapitres plus loin, l’apôtre change de ton.
Il pouvait à peine croire que des membres de son Église avaient
pris la décision de plaider contre des frères pour des questions
d’argent. Nous pourrions presque l’entendre dire : « Vous vous
moquez de moi ? Vous êtes sérieux, là ? Vous seriez prêts à le
faire ? Vous traîneriez vos amis chrétiens en justice devant des
infidèles ? Je n’y crois pas ! À quoi donc pensez-vous ? »
« Mais pourquoi donc, se disait-il, n’ont-ils pas l’idée de
trouver des médiateurs au sein de leur propre église ? Il y a
sûrement parmi vous un homme sage qui puisse prononcer un
jugement entre ses frères » (6:5).
Que se passe-t-il ici ?

—!8,!—
LES!VIEILLES!BLESSURES!ONT!UNE!BONNE!MÉMOIRE

À ce stade, nous n’avons pas l’impression d’entendre le bon


et gentil Paul des chapitres précédents. Il leur écrit même : « Je
le dis à votre honte » (6:5) en se servant du même mot utilisé
en 1 Corinthiens 4:14 (quand il leur déclare qu’il ne le dit pas
pour leur faire honte). Ainsi, voilà Paul le grand apôtre écrivant
sous l’inspiration du Saint-Esprit qui, de façon délibérée, utilise
la honte comme un signal de réveil pour des croyants qui ne
semblaient pas avoir l’esprit très clair.
Mais il n’en avait pas encore fini avec eux.
Vers la fin de sa lettre, après avoir énuméré toutes sortes
de péchés et de mauvais comportements parmi ceux qui fré-
quentaient cette église, il les enfonce un peu plus encore en leur
disant :

Ressaisissez-vous, comme de juste, et ne péchez pas,


car quelques-uns n’ont pas la connaissance de Dieu,
je le dis à votre honte. (15:34)

Le mot traduit par honte dans ce verset est le même que


l’apôtre a employé dans les deux dernières citations. Paul leur dit
que c’est honteux – et même davantage encore : il voulait que les
Corinthiens ressentent véritablement cette honte. Il désirait que
ceux-ci prennent conscience que l’Église était devenue si per-
missive qu’elle avait laissé entrer parmi ses membres des indi-
vidus qui ne croyaient même pas que Jésus était ressuscité des
morts. Paul appelait ces incroyants les « ignorants de Dieu ».
Ne passez surtout pas outre la remarque cuisante qu’il fait
à la fin du verset : « Je le dis à votre honte ! » (15:34).
Paul se sert de ces mots comme d’une tactique pour encou-
rager ses amis – les vrais chrétiens et non les incroyants – à
revenir à la raison.
Ce sentiment de honte n’a rien pour me plaire. Je n’aime
pas ce qu’il me fait ressentir. Pourtant, il apparaît parfois qu’il
soit un outil entre les mains du Saint-Esprit pour nous amener à

—!8-!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

être en communion avec lui, que ce soit pour la première fois, ou


que nous le connaissions depuis un certain temps déjà.

Honte et cholestérol
Je pense que la honte a beaucoup de points en commun avec le
cholestérol. Le cholestérol est une substance grasse produite par
notre foie ou nos intestins que notre corps utilise pour fabriquer
la vitamine D, certaines hormones ainsi que d’autres substances
nécessaires à la formation de membranes cellulaires saines. On
ne peut s’en passer et notre sang le transporte à travers tout notre
organisme.
Les docteurs nous disent cependant que nous avons à la
fois du « bon » et du « mauvais » cholestérol. Le bon appelé
HDL, ou lipoprotéines de haute densité – qui nous maintient en
bonne santé en protégeant notre système cardiovasculaire. Le
mauvais cholestérol – le LDL, ou lipoprotéines de basse densité –
source de problèmes pour notre organisme, pouvant par exemple
boucher nos artères et ainsi déclencher des crises cardiaques.
Malheureusement, d’une manière générale, notre organisme a
tendance, dans nos temps modernes, à fabriquer davantage de
cholestérol du type LDL que du bon cholestérol. Ceci est dû en
partie au fait que nous ingurgitons trop d’aliments gras.
Quelles raisons me font donc penser que honte et cholesté-
rol puissent avoir des points en commun ?
J’en vois deux. La première, parce qu’ils s’introduisent
dans notre vie sous deux aspects : le bon et le mauvais. Et la
seconde, le mauvais tend généralement à surpasser en nombre le
bon et à en triompher.
Un grand nombre de femmes auxquelles je m’adresse
viennent vers moi épuisées et décontenancées par la honte qui
les envahit. Elles vivent avec ce sentiment (si toutefois on peut
parler ici de « vivre ») et finissent par tomber plus bas que terre.
Dans la majorité des cas, ces femmes sont aux prises avec la

—!9/!—
LES!VIEILLES!BLESSURES!ONT!UNE!BONNE!MÉMOIRE

honte du type LDL ou mauvais cholestérol (paroles mensongères


de l’ennemi). À un moment donné de leur passé, un ami « digne
de confiance », un membre de la famille, peut-être ou encore
une personne faisant figure d’autorité, s’est servi d’un lance-
flammes pour atteindre leur amour-propre : « Tu ne vaux rien,
et tu ne seras jamais bonne à rien », « Pourquoi fais-tu tout de
travers ? », « Tu es si stupide que tu échoues dans tout ce que tu
entreprends »… et ces femmes n’ont de cesse de ressasser ces
mensonges dans leur esprit.
Tant qu’elles permettent à ce mauvais cholestérol de s’ac-
cumuler dans leur organisme, elles courent un risque de plus en
plus grand et peuvent avoir une attaque spirituelle (voire même
cardiaque). Comme me l’a expliqué mon ami, le docteur Henry
Cloud, lorsque nous nous installons dans ces mauvais cholesté-
rols, les trois « P » suivants entrent en action :

Personnel – nous pensons que tout ce qui nous arrive est


de notre faute.
Pénétrant – nous pensons que ce qui nous trouble n’est
pas seulement en nous, mais aussi dans tout ce qui nous
entoure.
Permanent – nous pensons que notre vie ne changera ja-
mais, que nous devrons vivre ainsi tout au long de notre
existence.

À l’inverse, certaines des personnes que j’ai rencontrées


m’ont parlé de péchés qui persistent dans leur vie, mais ce
qu’elles veulent, c’est se débarrasser de leur honte et non de leur
péché. Je ressens en elles l’action d’une honte du type bon cho-
lestérol ! Dieu essaye de se servir de leur « bonne » honte dans
le but d’attirer leur attention, de leur donner le désir d’emprunter
une nouvelle direction. Il ne les pousse pas à en utiliser à forte
dose, mais suffisamment pour qu’elles retrouvent une bonne
santé spirituelle.

—!9.!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

L’un de mes amis m’a raconté qu’il y a bien longtemps, il


avait écouté un sermon sur la vie chrétienne dont le prédicateur
était l’évêque George McKinney de l’Église de Dieu en Christ
de la Cathédrale St Étienne. Mon ami évoque que, d’une voix
tonitruante, l’évêque avait prononcé ces paroles :

« Aujourd’hui, les gens n’ont pas envie d’apprendre


à vivre dans la sainteté. Ce qu’ils veulent, c’est
apprendre à forniquer sans se compromettre. »

Parce que nous souffrons de désirs avilissants – que


l’évêque McKinney décrit avec une verve haute en couleur –
Dieu, dans sa miséricorde, a créé la honte du type bon choles-
térol. Sans elle, nous pouvons sombrer du mauvais côté de ces
terribles versets : « Ils devraient avoir honte des horreurs qu’ils
commettent, mais la honte ne les atteint pas, ils ne savent plus
rougir » (Jérémie 6:15, voir aussi Jérémie 3:3 ; 8:12).
Bien que je n’aime pas les sentiments de honte, je peux
aujourd’hui remercier Dieu d’avoir créé la honte du type bon
cholestérol. Toutefois je n’ignore pas que le sentiment de honte
habitant la majorité des femmes d’aujourd’hui s’apparente à la
mauvaise catégorie… celle qui bouche les artères, détériore le
cœur (dictée par les mensonges de l’ennemi).
S’en suit la question : « Comment me débarrasser de la
honte du type mauvais cholestérol ? Comment ne plus écouter
les mensonges sataniques et commencer une nouvelle vie selon
la vérité qui nous donne accès à la santé ? »
Comme je ne suis pas en mesure dans ce livre de vous
donner de plus amples détails sur la manière de changer votre
pensée, je ne peux que vous conseiller de lire des ouvrages ayant
été entièrement consacrés à ce sujet (je pense à l’ouvrage rédigé
par William Backus Bien se connaître pour mieux vivre, par
exemple). Je suis certaine que ce livre vous indiquera la bonne
direction.

—!95!—
LES!VIEILLES!BLESSURES!ONT!UNE!BONNE!MÉMOIRE

Pour vous, le moment est venu d’entrer en action


L’un des plus grands défis face à nos vies brisées est d’entraîner
nos cœurs à entendre l’amour de Dieu au-delà de notre honte du
type mauvais cholestérol. Le seul moyen que nous ayons pour
y parvenir est de changer notre mode de pensée. Ce processus
demande généralement beaucoup de temps et une multitude de
batailles dirigées contre l’ennemi de nos âmes, dont l’unique
dessein est de nous plonger dans les ténèbres et la douleur.
Il vous appartient de gagner ce combat. Vous le pouvez, et
je le sais pour avoir rencontré de très nombreuses femmes qui s’y
sont lancées. J’apprends également à livrer bataille. Afin de vous
aider à démarrer sur le bon chemin, j’aimerais vous donner trois
stratégies. Celles-ci ne suffiront peut-être pas à terrasser l’ennemi
et à vous déclarer vainqueur, mais elles seront néanmoins suffi-
santes pour commencer à changer le cours de la guerre.
Parvenir à ce stade est déjà réjouissant.
En fait, il s’agit bel et bien d’une guerre. J’espère vraiment
que dans le quotidien de votre vie, il n’y aura pas un seul jour où
vous n’y penserez pas ! La bataille que vous menez est spirituelle
et durera jusqu’à la fin de vos jours. Votre ennemi, le diable,
parcourt la terre entière comme un lion rugissant, cherchant qui
dévorer. D’ailleurs, à cette heure-ci, il se pourrait bien qu’il soit
en train de vous tenailler. Si c’est le cas, il est grand temps de
vous libérer de ses crocs en mordant à belles dents la Parole de
Dieu.
Je vous ai dit que les vieilles blessures avaient bonne mé-
moire. Mais en réalité il ne s’agit là que de la moitié de l’histoire.
Il s’avère aussi que la vérité de Dieu triomphe même des meil-
leures mémoires. Si vous voulez changer de mode de pensée,
vous devez renouveler votre intellect – et cela demande un inves-
tissement certain de votre part. Je vous encourage par consé-
quent sans plus attendre à activer ce processus, en vous concen-
trant sur les trois stratégies suivantes :

—!96!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

1. Quoi de plus normal que de se parler à soi-même ?


Assurez-vous toutefois de dire ce qui convient.
Cette première stratégie n’émane pas de la psychologie popu-
laire, mais bien des Écritures. Écoutez le psalmiste parler :

Pourquoi t’abats-tu, mon âme,


Et gémis-tu sur moi ?
Attends-toi à Dieu,
Car je le célébrerai encore
Pour son salut. (Psaume 42:6)

Nous nous parlons tous à nous-mêmes. Nous le faisons de


mille manières, et souvent sans y prêter attention. Nous devons
absolument nous dire la vérité et surtout ne pas répéter sans y
prendre garde, les paroles mensongères et blessantes de l’enne-
mi. Le premier pas vers le renouvellement de votre intellect est
de reconnaître que c’est réellement à votre âme – la vôtre – que
vous vous adressez. Prenez donc la décision d’énoncer unique-
ment des paroles de vérité !

2. Remplissez votre esprit de la Parole de Dieu


– qui est la vérité.
Je vous recommande vivement de disposer de tout un arsenal de
versets bibliques disponibles à tout instant. Si vous n’avez jamais
essayé de mémoriser de versets bibliques, concentrez-vous au
début, sur les deux points clés suivants :

En premier lieu, vous devez toujours penser à ce que Dieu


dit de lui (et ce qu’il représente pour vous).
Pour cela, rassemblez des versets qui vous parlent, dans
lesquels vous vous sentez concerné, des versets qui soient spé-
cifiques à vos attentes et à vos besoins. Dans ce but, laissez-moi
vous citer quelques passages de la Bible qui se sont avérés parti-
culièrement significatifs pour moi.

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LES!VIEILLES!BLESSURES!ONT!UNE!BONNE!MÉMOIRE

• Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui


aurais-je peur ? Le Seigneur est la forteresse de
ma vie, devant qui tremblerais-je ?
(Psaume 27:1, VERSION TOB)
• Fais-moi entendre dès le matin ton amour infail-
lible ! Car je me confie en toi. Fais-moi connaître
le chemin où je dois marcher. (Psaume 143:8)
• Car je suis persuadé, que ni la mort, ni la vie, ni les
anges, ni les dominations, ni le présent, ni l’avenir,
ni les puissances, ni les êtres d’en-haut, ni ceux
d’en-bas, ni aucune autre créature ne pourra nous
séparer de l’amour de Dieu en Christ-Jésus notre
Seigneur. (Romains 8:38-39)
• Celui qui habite sous l’abri du Très-Haut repose à
l’ombre du Tout-Puissant. Je dis à l’Éternel : Mon
refuge et ma forteresse, mon Dieu en qui je me
confie ! (Psaume 91 :1-2)

En second lieu, observez bien attentivement dans sa Parole,


ce que Dieu dit que vous êtes (et ce que vous êtes pour lui).
Une fois que vous aurez une compréhension plus claire de
la véritable nature de Dieu, vous aurez besoin de vous fortifier
afin d’avoir une meilleure vision de votre nouvelle nature en
Christ. Là encore, les versets que vous choisirez devront vive-
ment interpeller votre âme. Mais au cas où quelques exemples
convaincants pourraient vous être utiles, permettez-moi à nou-
veau de vous transmettre une petite liste des textes qui m’ont
vraiment aidée :

• Je peux tout par celui qui me fortifie.


(Philippiens 4:13)
• Il n’y a donc maintenant aucune condamnation
pour ceux qui sont en Christ-Jésus.
(Romains 8 :1)

—!98!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

• Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi, je


vous ai choisis et je vous ai établis, afin que vous
alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit
demeure, pour que tout ce que vous demanderez
au Père en mon nom, il vous le donne. (Jean 15:16)
• Et il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance
s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai
donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin
que la puissance de Christ repose sur moi.
(2 Corinthiens 12:9)

L’évangéliste Luis Palau a aidé des centaines de milliers de


personnes dans le monde entier à venir à la foi en Jésus, et l’un
des textes dont il a coutume de se servir est tiré de l’épître aux
Hébreux. Des gens affligés se sentant écrasés par la culpabilité
et tenaillés par la honte viennent en grand nombre le voir. Alors
même qu’ils entendent l’Évangile, ils ne peuvent croire que ces
bonnes paroles soient aussi pour eux. Un soir, une femme du nom
de Sue appela Luis Palau lors d’une émission télévisée en direct
(où il intervient souvent) lors d’une de ses campagnes d’évangéli-
sation. Elle sanglotait parce qu’elle avait eu des rapports sexuels
avec un collègue, ami de la famille depuis de longues années.
« Je sais que je n’ai pas respecté l’une des lois de Dieu,
dit-elle dans ses pleurs, je sais que Dieu ne pourra jamais me
pardonner pour ce que j’ai fait.
– Permettez-moi de vous contredire, répliqua Luis, Dieu
vous pardonnera. »
Mais Sue ne pouvait pas croire à ces paroles. Les senti-
ments de culpabilité et de honte qu’elle nourrissait pour avoir
trompé son mari la dominaient.
« J’ai trahi Dieu, ne cessait-elle de répéter. Je ne sais plus
quoi faire. Je suis désespérée. »
Luis lui cita alors la promesse écrite en Hébreux 9:14 qui
dit ceci :

—!99!—
LES!VIEILLES!BLESSURES!ONT!UNE!BONNE!MÉMOIRE

« Combien plus le sang du Christ – qui par l’Esprit


éternel s’est offert lui-même sans tache à Dieu - pu-
rifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes pour
que nous servions le Dieu vivant. »

« Tout cela est très bien, répondit Sue, c’est juste que je ne
me sens pas pour autant purifiée. »
Luis lui expliqua que Dieu demeurait fidèle quand bien
même nous ne le resterions pas. Puis il lui posa cette question :
« Sue, est-ce que vous voulez être pardonnée, ou bien
préférez-vous continuer à vous complaire dans cette misère tout
au long de votre vie ?
– Si, si ! Je veux être pardonnée ! » répliqua Sue.
Ensuite, Luis pénétra au cœur du sujet – pour Sue, et pour
chacun de nous, quels que soient les péchés commis :

« Que faire pour redresser la situation concernant


votre adultère ? Confessez votre péché. Acceptez
le pardon de Dieu. Mais n’allez surtout pas me sor-
tir des sornettes du genre : ‘Je ne peux me pardon-
ner’. C’est un fait, vous ne pouvez vous pardonner.
Personne ne le peut. C’est Dieu qui pardonne, et
si nous acceptons son pardon, alors nous sommes
pardonnés. Dieu vous citera sa Parole : ‘Femme, je
te pardonne parce que je suis mort à ta place pour
ce péché qui t’a souillée’. À partir de maintenant,
vous voici libérée de votre péché, comme si vous ne
l’aviez jamais commis. Le Seigneur vous pardonnera
et vous purifiera, et vous marcherez librement. En
Christ, vous serez libre de marcher avec Dieu. »

Luis nous dit : « Sue a fini par comprendre, et après notre


discussion, elle s’est sentie libérée de cette culpabilité et de cette
honte qui la retenaient prisonnière. »

—!9#!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

Si vous aussi ployez sous le poids de la culpabilité et de


la honte, cette même vérité s’applique à vous de la même façon.
Croyez ce que Dieu dit à propos de vous : si vous confessez votre
péché, que vous vous en détourniez et que vous demandiez au
Seigneur de vous purifier, il le fera et vous pourrez commencer
à vivre libre.

3. Entourez-vous de personnes attentionnées, aimant Dieu,


qui pourront vous rappeler la Parole de vérité.
Il n’a jamais été dans l’intention de Dieu de voir des chrétiens
vivre dans l’isolement. Son plan est à l’opposé. Se retrouver seul
au fond d’une caverne quelque part au Moyen-Orient, assis en
tailleur et drapé d’une longue robe noire, serait plutôt salutaire
pour certains, mais nulle part dans l’Écriture ce mode de vie
n’est recommandé.
Le fait est que vous avez besoin des autres, et que les autres
ont besoin de vous. Vous avez besoin d’entendre de leur part des
paroles de bénédiction et d’encouragement, et ils ont aussi be-
soin d’entendre les vôtres. Ne sous-estimez jamais le pouvoir des
paroles que les autres vous adressent – que ce soit pour le meil-
leur ou pour le pire ! Comme il est stipulé en Proverbes 18:21:
« La mort et la vie sont au pouvoir de la langue ». En effet, des
paroles qui se veulent rassurantes, empreintes de vérité et de cer-
titude peuvent radicalement changer une vie.
Howard a grandi dans un foyer brisé (ses parents ont divor-
cé juste après sa naissance). Il a toujours pensé qu’il était la cause
de leur rupture et il a été élevé par sa grand-mère. Howard passa
presque toutes ses années de primaire dans un quartier pauvre
de Philadelphie, et à l’école, on le décrivait comme étant un élève
désobéissant et perturbateur.
Un jour, sa maîtresse de CM2, une certaine Mademoiselle
Simon, l’attacha sur sa chaise avec une corde et lui scotcha la
bouche. Elle prédit que, selon elle, cinq élèves de sa classe se
retrouveraient en prison et que Howard était du nombre. Sa

—!9,!—
LES!VIEILLES!BLESSURES!ONT!UNE!BONNE!MÉMOIRE

prédiction se vérifia pour trois d’entre eux. Howard garde un


mauvais souvenir de son CM2.
En début d’année suivante, alors que Howard se présentait,
ce que Mademoiselle Noe (professeur de Sixième) lui dit allait
à jamais changer sa vie : « J’ai beaucoup entendu parler de toi,
lui dit-elle, (et Howard se dit : « On y vient ! ») puis elle continua
avec un large sourire encourageant : « Mais moi, je ne crois pas
un traître mot de tout ce que j’ai entendu dire sur toi ! »
À partir de ce moment, Mademoiselle Noe fit comprendre
pour la première fois de sa vie à Howard, que quelqu’un se sou-
ciait de lui. Ainsi Howard peut-il proclamer aujourd’hui : « Les
gens recherchent toujours une personne qui leur dise : ‘Eh, mais
moi je crois en toi !’ »
Soit dit en passant, le nom de famille d’Howard est
Hendricks ! C’est un éminent professeur du Séminaire de Dallas
depuis plus d’un demi-siècle ; il enseigne, stimule et soutient
des professeurs d’études bibliques parmi les plus expérimentés
de l’Amérique, comme Chuck Swindoll, David Jeremiah, Tony
Evans, Bruce Wilkinson et tant d’autres encore.
Veillez à vous entourer de personnes qui proclameront
avec amour des paroles de vérité pour le bien de votre âme. Puis
laissez ces paroles transformer votre esprit et renouveler votre
vie.

Du désespoir à l’espérance
Lorsqu’il était jeune homme, le grand-père de mon mari fut
victime d’un terrible cambriolage. Les voleurs firent irruption
dans l’épicerie où il travaillait, le frappèrent, le clouèrent dans
un énorme tonneau de whisky où ils le laissèrent pour mort. Le
lendemain, des collègues le découvrirent… vivant, mais terri-
blement changé.
Jusqu’à la fin de sa vie, cet homme vécut dans la peur,
tourmenté par les voix de ses agresseurs qui résonnaient toujours

—!9-!—
DIEU!AIME!LES!AFFLIGÉS

dans sa tête, et par la vision de l’énorme baril de whisky, cette


froideur humide de ténèbres épaisses et lugubres qui, il en était
sûr, allait devenir son cercueil. La peur qui l’habitait était non
seulement palpable, mais également envahissante pour son
entourage et celle-ci fit son chemin dans le cœur de son fils,
William – le père de mon époux, Barry.
Le premier souvenir de Barry sur la manière dont cette
peur l’affecta, remonte au moment où un soir il regardait les
informations avec son père ; il avait alors environ cinq ans. Un
jeune garçon du coin s’était noyé dans un accident de bateau et,
secoué et terrifié par cet événement, William dit à Barry : « Ne
mets jamais les pieds dans un bateau, tu m’entends ? Jamais !
Sinon, cela t’arrivera à toi aussi. Tu m’as bien compris ? »
Barry se souvient de la peur qui l’étreignit, s’imaginant
lutter désespérément pour reprendre de l’air, impuissant, sans
aucun espoir à l’horizon. En grandissant, il apprit à contenir sa
peur, mais il lui arrivait encore de temps à autre de se trahir.
Au tout début de notre mariage, une décoration de Noël sur
laquelle on pouvait lire : « Notre premier Noël, 1994 » échappa
de mes mains. Barry se tourna vers moi, l’air terrifié et dit :
« ça veut dire quoi, ça ?
– Je crois que… tu as épousé une empotée !, répondis-je.
– Non, non ! Je veux dire : penses-tu que c’est un signe ?
– Oui, répliquai-je, à mon avis, cela pourrait bien vouloir
dire que tu es complètement dingue ! »
Il sourit, mais je lus dans ses yeux quelque chose de beau-
coup plus profond.
Comme Noël 1996 approchait, Barry et moi nous prépa-
rions à accueillir notre fils en ce monde.
« Je veux mettre un terme à tout cela, en ce lieu, et à
l’instant même, me dit un soir Barry. Pas question que je conta-
mine notre fils ! »
J’ai observé Barry alors qu’il remplaçait intentionnelle-
ment les mensonges qu’il avait reçus comme héritage, par les

—!#/!—
LES!VIEILLES!BLESSURES!ONT!UNE!BONNE!MÉMOIRE

paroles de vie de l’Écriture. Il mémorisait de nombreux versets


bibliques, et élevait vers Dieu tous les soirs une prière percutante
tirée du livre écrit par Richard Foster, intitulé La prière, que je
tiens particulièrement à vous livrer ici :

Par l’autorité du Dieu tout-puissant, je renverse les


forteresses que Satan a érigées dans ma vie, dans
la vie de ceux que j’aime et dans la société dans la-
quelle je vis. Je m’empare des armes que sont la vé-
rité, la justice, le salut, la Parole de Dieu et la prière.
J’ordonne à toute mauvaise influence de me quitter.
Votre place n’est pas ici, vous n’avez aucun droit et
je ne laisserai aucune brèche ouverte. Je réclame que
la foi en moi, l’espérance et l’amour soient décuplés
par la puissance de Dieu. Je peux être une lumière
placée au sommet d’une montagne qui fera fleurir
la vérité et la justice. Ces choses, je les demande par
amour pour celui qui m’a aimé et s’est donné pour
moi. Amen.

À l’instant où j’écris, je regarde Barry en train de pêcher


sur un bateau avec notre fils et, bien que les vieilles blessures
aient bonne mémoire, je sais qu’aucun cauchemar ne fera le
poids face à l’amour rédempteur de notre Sauveur.
Tandis que vous pensez à la vie que vous menez et aux
endroits où vous avez été envahi par la honte, seriez-vous prêt
à déposer les mensonges, les peurs et vos ténèbres aux pieds du
Christ ?
La honte nous fait croire que notre brisement intérieur est
définitif. La croix de Jésus nous montre qu’il s’est chargé pour
toujours de nos vies brisées, de façon à ce que nous puissions
vivre à jamais en toute liberté.

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