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Typologie des sols


Sommaire de la page (Articles, Dossiers, Études...) : Les horizons / Les sols salins /
Les podzols et les sols podzoliques / Les sols hydromorphes / Les sols rouges / Les
sols bruns / Les sols isohumiques / Les sols ferralitiques / Les sols ferrugineux /
Typologie des sols selon Duchaufour / Les principales familles de sols d'après le
référentiel pédologique / Pergélisols arctiques : une bombe climatique plus grosse
que prévue ? /

Corrélats /

Un sol est
composé
par une
succession
de couches,
appelées
horizons, de
composition
et de
structures
différents et
constituant
son profil.

1 Sols salins / 2 Podzol / 3 Sols hydromorphes / 4 Sols rouges


5 Sols bruns / 6 Sols isohumiques / 7 Sols ferralitiques / 8 Sols
ferrugineux

On distingue généralement cinq types d'horizons :

» L'horizon A est un horizon de surface, constitué surtout de matières organiques et


soumis à un fort lessivage qui l'appauvrit en éléments fins et en fer.

» L'horizon B est un horizon enrichi par illuvion en éléments fins et amorphes : argiles,
oxydes de fer et d'aluminium, humus. Cet horizon est souvent appelé horizon
structural ou horizon d'altération. Il diffère de l'horizon A par sa structure et de la
roche-mère par son plus fort degré d'altération (présence de Fe 2O3 libre).

» L'horizon C est un horizon correspondant au matériau originel à partir duquel se


forment les horizons A et B supérieurs. Il est peu différent de l'horizon RM désignant la
roche-mère non altérée.

» L'horizon G est un horizon de couleur gris verdâtre, caractéristique des sols


hydromorphes, riche en fer ferreux, avec des taches de couleur rouille (fer ferrique) se
formant au contact de l'oxygène encore présent dans la zone de battance de la nappe
phréatique.

1) Les sols salins.

Les sols salins se rencontrent principalement dans les régions sèches. Ils se
développent au-dessus de roches riches en sodium. Il peut s'agir de roches
naturellement riches en sodium ou de roches secondairement enrichies en sodium en
provenance d'une nappe salée d'origine continentale ou marine. L'enrichissement
secondaire peut aussi résulter de mauvaises pratiques culturales, au cours desquelles
des remontées d'eau chargées en sel finissent par stériliser les sols. Les causes de
ces remontées de sel sont multiples. L'irrigation, associée à une forte
évapotranspiration, est une des causes la plus souvent avancée.

Les sols salins se caractérisent par un profil simple avec un seul horizon A, assez
épais, constitué de matières organiques et minérales encroûtées de dépôts de sel
précipité.

2) Les podzols et les sols podzoliques.

Les podzols sont des sols très évolués. On les rencontre principalement en climat
froid. Ce sont les sols caractéristiques de la taïga. L'humus des podzols est un mor
acide. Cette acidité résulte du fort lessivage qui affecte ces sols et qui a pour effet
d'entraîner les éléments basiques des horizons supérieurs A0 et A1 vers un horizon
plus profond Bh d'accumulation de substances humiques et un horizon Bs
d'accumulation de minéraux (sesquioxydes). Entre l'horizon A1 et l'horizon Bh
s'intercale un horizon éluvial A2, cendreux et souvent très épais.

3) Les sols hydromorphes.

Les sols hydromorphes se rencontrent surtout dans les régions humides. Ils résultent
de l'engorgement permanent des horizons profonds les rendant asphyxiques et
réducteurs. L'horizon A1 supérieur est un horizon mixte organique et minéral. Les
humus, selon les conditions, sont des hydromulls, des hydromoders, des hydromors
ou des anmoors.

L'horizon profond est un gley ou un pseudogley. Cet horizon se caractérise par ses
conditions asphyxiques et réductrices où le fer à l'état divalent (ferreux) lui confère
une couleur verdâtre. Dans la zone de battance de la nappe phréatique qui l'ennoie, on
peut observer des zones où le fer, parce qu'il a été au contact de l'oxygène, est sous sa
forme trivalente (ferrique) et de couleur rouille. La répartition, dans le profil du sol de
ces plaques de fer ferrique, sont une bonne indication sur l'amplitude de variation en
hauteur de la nappe d'eau.

4) Les sols rouges.

Les sols rouges sont aussi appelés sols fersiallitiques. Ces sols se développent
surtout dans les régions méditerranéennes. Ils sont le résultat d'une association forte
et stable entre des colloïdes argileux (montmorillonite) et des oxydes de fer. Les " terra
rosea " méditerranéennes sont des sols rouges riches en oxydes d'aluminium qui se
sont formés lorsque ces régions connaissaient un climat tropical.

Ces sols sont généralement riches et fertiles, avec des humus stables, voire peu
mobilisables. Mais ce sont de sols fragiles, particulièrement sensibles à l'érosion
éolienne ou hydrique, surtout dans la situation de découverture végétale dans laquelle
ces sols se retrouvent après un incendie ou par suite du surpâturage. L'érosion réduit
ces sols à des sols squelettiques autour de croûtes calcaires stériles.

5) Les sols bruns.

Les sols bruns sont les sols les plus fréquemment rencontrés dans les régions
tempérées. Ils se développent surtout sur des pédoclimax forestiers aussi bien sur
sols siliceux que calcaires. Ce sont ces sols qui fournissent les meilleures terres
agricoles. Celles-ci, quand elles sont fragilisées (manque d'amendement humifère ou
calcique), deviennent plus sensibles au lessivage, s'acidifient, deviennent battantes.
Cet appauvrissement est accéléré quand les agriculteurs " oublient " de pratiquer des
rotations dans les cultures et qu'ils satisfont les besoins des plantes, seulement en
leur apportant des engrais, en oubliant de soigner les sols. La maïsiculture intensive
est une pratique culturale très appauvrissante pour les sols.

L'horizon supérieur A1 est organique et minéral. Il peut être plus ou moins lessivé.
Selon la nature de la roche-mère, l'humus peut être un mull (sols riches en bases et/ou
en calcium actif), un moder (sols riches en bases, roche-mère siliceuse) ou un mor
(roche siliceuse ou argiles, sols pauvres en bases, acides).

L'horizon B est dit d'altération ou structurel.

6) Les sols isohumiques.

Ce sont des sols épais, noirs, très riches en matières organiques qui se forment en
région tempérée au climat sec (pluviométrie inférieure à 500 mm par an), sur un
pédoclimax de prairie ou de steppe, de fruticées épineuses ou de forêt claire. Ces sols
sont des chernozems ou des brunizems. Ils donnent des terres agricoles très fertiles.

L'horizon A1 est épais, voire très épais, très riche en matière organique. La structure
est très grumeleuse, aérée. Les humus sont très stables, voire difficilement utilisables.

L'horizon A2 est très enrichi en calcium.

L'horizon inférieur est calcique.


7) Les sols ferralitiques.

Les sols ferrallitiques sont des sols rouges très riches en oxydes de fer et en oxydes
d'alumine. Ces sols se forment sous couvert forestier et en climat tropical ou
équatorial. Ce sont des sols très riches, mais extrêmement fragiles. Dès l'instant où
l'on supprime le couvert forestier qui les protège de l'érosion, mais surtout du
lessivage, ces sols se transforment rapidement en cuirasses par suite d'une
latéritisation. Les oxydes de fer et d'alumine colloïdale précipitent pour former des
nodules (alios) qui, s'ils se soudent, forment des cuirasses définitivement stériles.

8) Les sols ferrugineux.

Ces sols se forment essentiellement dans les régions où règne une très longue saison
sèche et sur un pédoclimax de savane à graminées, c'est-à-dire en Afrique tropicale,
en Amérique centrale ou en Asie méridionale.

Ces sols sont riches en fer, en argiles (kaolinite), mais pratiquement, voire totalement
dépourvus d'alumine libre.

L'horizon A1 est peu épais, riche en matières organiques et en minéraux. Il surmonte


un horizon éluvial A2 et un horizon Bt enrichi en colloïdes argileux, entraînés par
lessivage.

Si ces sols se révèlent peu sensibles à l'action humaine, il n'en va pas de même de
leurs couvertures végétales qui, suite aux cultures sur brûlis, sont profondément et
durablement appauvries.

Typologie des sols selon Duchaufour : voir tableau.

A - Les sols peu évolués.

Les sols peu évolués sont des sols jeunes qui se distinguent par une faible altération
des minéraux et une faible teneur en matière organique laquelle se superpose
généralement au substrat minéral sans former de complexe organo-minéraux. Ces
sols ont des origines diverses liées au climat, à l'érosion ou encore aux apports
extérieurs.

1) Les sols peu évolués climatiques :

1.1 - Les sols désertiques ou aridisols : ce sont des sols à peu près
totalement dépourvus d'humus et qui résultent d'une dégradation physique :

a) Les regs ou hamadas sont des déserts de pierre à patine ferro-


manganite rouge ;

b) Les ergs sont des déserts de sable ;


c) Les takyrs sont des dépressions argileuses, peu profondes et
sans écoulement, rencontrées dans les déserts de l'Asie Centrale.
Périodiquement submergées ; après évaporation de l'eau, une
croûte asséchée avec des fentes polygonales dues au
dessèchement se forme à la surface ;

d) Les sols arides à croûtes gypso calcaire.

1.2 - Les sols des toundras : ce sont des sols gelés en permanence en
profondeur (pergélisol ou permafrost). La matière organique hydromorphe
s'accumule en surface pour former soit de la tourbe, soit un anmoor.

2) Les sols peu évolués d'érosion.

Ce sont des sols caractéristiques des pentes continuellement soumises à l'érosion.


Les matériaux les plus fins et la matière organique disparaît rapidement. On parle de
régosols lorsque ces sols s'installent sur des matériaux tendres (craies, argiles,
marnes, loess, sables, etc.). On parle de lithosols lorsque ces sols se rencontrent sur
des matériaux durs.

3) Les sols peu évolués d'apport.

3.1 - Les sols colluviaux.

Les sols colluviaux ou de bas de pente sont formés à partir des matériaux
arrachés par l'érosion aux pentes situées au-dessus. Ces sols sont le plus
souvent dépourvus de nappe d'eau souterraine.

3.2 - Les sols alluviaux.

Les sols alluviaux caractérisent les dépôts récents réalisés par les rivières et
les fleuves à la faveur des crues. Le plus souvent, ces sols sont pourvus
d'une nappe fortement battante (en relation avec les crues et l'étiage du
cours d'eau), la texture de ces sols est anisotrope (alternance sans ordre, ni
de granulométrie, ni de nature, de divers matériaux (argiles, sables, graviers)
; une forte production d'humus doux (mull actif) sauf si les alluvions sont
hydromorphes : nappe longtemps haute et à faible circulation.

Les sols alluviaux sont généralement fertiles et facile à cultiver : ils sont
plats, de texture légère, riches en limons et bien alimentés en eau. Les sols
alluviaux hydromorphes font souvent de bonnes prairies.

B - Les sols calcimagnésiques ou calcimorphes.

Les roches calcaires ou magnésiennes, quand elles libèrent des quantités suffisantes
de calcaire actif, sont à l'origine des sols calcimagnésiques, encore appelés sols
calcimorphes.
On peut rappeler que le calcaire actif a quatre effets principaux sur les sols : il stimule
fortement l'activité des lombrics, des bactéries et des autres composantes de la
pédofaune ou de la pédoflore ; il provoque un blocage précoce de l'humification avec
la formation de mull carbonaté (l'humus est fortement lié à l'argile par un pont
calcique) ; le complexe argilo humique est très fortement floculé, ce qui donne aux
sols une structure grumeleuse très caractéristique ; le fer est retenu dans les horizons
supérieurs qui apparaissent très colorés.

On distingue généralement trois types de sols calcimagnésiques que l'on classe en


fonction de leur richesse en humus et de leur profil :

a) Les rendzines, humifères (horizon A unique, de 30 cm d'épaisseur, coloré


en noir sous couvert forestier, en gris sur les causses, en brun rouge si le fer
est abondant : terra fusca et terra rossa) ;

b) Les sols bruns calcaires et les sols bruns calciques, peu humifères. Ce
sont des sols plus profonds et surtout beaucoup plus riches, initialement, en
argile que les rendzines vraies. Cette richesse en argile influe sur les
processus de décarbonatation qui sont favorisés et entretenus ;

c) Les sols humo calcaires, humo calciques et litho calciques, très


humifères. Ce sont des sols qui se forment en montagne, principalement
parce que le climat humide et froid qui règne pendant un long temps en
altitude empêche la dégradation de la matière organique qui s'accumule.

Les sols où abonde le calcaire actif sont des sols agricoles difficiles. Ils sont très
collants aussitôt qu'il pleut et bien trop secs pendant la période estivale. Si la matière
organique est rapidement décomposée, l'humus formé est tout à fait indisponible. Le
blocage du fer interdit pratiquement certaines cultures, par exemple, celle des fruitiers
rapidement atteints de chlorose. Le pH des sols est souvent alcalin ce qui limite
certaines cultures et certains microorganismes. Le phosphore est souvent bloqué
pour les plantes car il se trouve sous la forme apatite peu mobilisable.

Naturellement, les sols bruns calcaires et les sols bruns calciques, parce qu'ils sont
moins affectés par le calcaire actif, ne présentent pas tous les inconvénients cités et
sont de très bonnes terres pour les céréales.

C - Les sols humifères désaturés sur roche-mère cristalline.

Ces sols se caractérisent par un horizon humifère très noir, épais, désaturé, voire
acide. Cet horizon repose directement sur la roche-mère qui, si elle est une roche
silicatée, donne un sol nommé ranker et si elle est de nature volcanique, donne un
andosol.

D'un point de vue strictement morphologique, les rankers sont assez ressemblants
aux rendzines décrites précédemment puisque l'horizon superficiel unique se
compose d'un mélange d'humus et de fragments de roches.Mais les rankers se
distinguent des rendzines au fait que leur pH est acide (pH de 4.5 à 5) et que l'humus
qu'on y trouve est de type moder, sinon de type mor.
Généralement, on distingue trois types de rankers : les rankers d'érosion ou de pente,
souvent surmontés de maigres forêts de résineux ; les rankers alpins, principalement
en zone d'alpage, caractérisés par un humus de type hydromor ; les rankers
cryptopodzoliques, principalement en zone côtière venteuse et surmontés de landes
atlantiques.

Les andosols se forment surtout sur les cendres, les scories et les laves volcaniques.
Le plus souvent, la richesse en alumine de ces matériaux favorise la stabilisation de la
matière organique sous forme de complexes humus - alumine.

D - Les sols brunifiés : les sols bruns et les sols lessivés.

1) Les sols bruns

Les rankers, qui sont des sols jeunes, se caractérisent par un humus de type moder,
c'est-à-dire par un humus pauvre en azote et en bases. Cet humus se lie difficilement
avec les argiles néo formées à partir de la désagrégation des roches sous-jacentes.

Mais à mesure que l'altération de la roche-mère se poursuit dans le temps, les


horizons superficiels s'enrichissent des divers cations libérés (Ca ++, Mg++, K+, etc.) et
remontés en surface du fait essentiellement de l'activité biologique qui se produit
dans cet horizon (activité microbienne et lumbricienne). Cette activité biologique,
l'installation d'une végétation plus améliorante, la décomposition des matières
organiques, l'humification et la formation d'un complexe argilo-humique concourent à
la transformation d'un humus de type moder en humus de type mull acide.

Progressivement, l'altération de la roche-mère libère aussi des hydroxydes de fer et


d'alumine. La remontée des bases grâce aux bactéries et aux lombrics rend le sol
moins acide. Dès lors, les ponts " alumine " entre argile et humus sont remplacés par
des ponts ferriques.

L'altération de la roche-mère s'accompagne aussi de la mise en place d'un horizon plus


profond très peu imprégné par les humus de surface. Un horizon B s'intercale entre la
roche-mère et l'horizon humifère A. Cet horizon B est surtout coloré en brun par des
oxydes de fer. On parle alors de sol brun acide.

L'altération de la roche-mère continue aussi à libérer des bases qui contribuent à


rendre le sol de moins en moins acide.

Au bout d'un certain temps (plusieurs centaines, voire milliers d'années), le sol brun
acide devient un sol brun eutrophe (pH neutre) dans lequel l'humus est devenu un mull
eutrophe. On parle aussi souvent de mull forestier pour la raison que cette évolution
de ranker à sol brun acide et sol brun eutrophe se fait sous un couvert forestier qui lui
est très favorable.

Pour résumer, on peut dire que la brunification d'un sol :

a) Passe par la libération du fer actif qui insolubilise les substances pré-
humiques dans le mull forestier et forme un pont ferrique entre les argiles
néoformées et les humus.
b) Se produit plus favorablement sous un climat atlantique ou semi
continental, tempéré, humide et à faible altitude ; sous une végétation
améliorante de type forêt de feuillus dominants en plaine et forêt mixte
feuillus conifères en basse montagne.

c) Se rencontre sur différents matériaux : roches cristallines, magmatiques,


métamorphiques ou sédimentaires (grès, limons, alluvions) et même sur
calcaire si la roche subit une décarbonation suffisante pour libérer assez
d'argiles.

L'évolution du ranker au sol brun illustre bien la notion de climax pédologique pour
lequel, finalement, ce n'est pas la nature de la roche-mère qui influe le plus sur le
devenir d'un sol, mais le climat qui règne sur la région et influe sur la végétation qui y
pousse.

En fait, la pédogenèse est évidemment orientée initialement par la nature de la roche-


mère, mais à partir du moment où plusieurs horizons, suffisamment profonds isolent
assez la roche-mère de la végétation, c'est celle-ci qui va orienter la pédogenèse.

Dans la nature, on va ainsi pouvoir mettre en évidence que sur un type de sol, on
observera toujours, dans des conditions normales, un type de végétation ultime que
l'on appelle le climax. Sur les sols bruns, en France, le climax serait la chênaie
charmaie atlantique.

2) Les sols bruns lessivés.

Lorsque la couverture végétale a disparu ou si elle est trop sollicitée (incendies,


coupes à blanc, essartage, soutrage, étrépage, défrichage, etc.), le sol reçoit
directement les pluies qui le percolent, entraînent un certain nombre de composants
vers les horizons inférieurs (humus, sels de fer, bases, argiles, etc.). On aboutit à ce
que l'on appelle un sol lessivé.

Une des conséquences parmi les plus importantes est la constitution d'un horizon
d'accumulation de l'argile en profondeur (horizon Bt) qui a pour effet de créer une
couche imperméable qui favorise la mise en place d'une nappe perchée plus ou moins
durable sur l'année. C'est cette couche imperméable qui peut favoriser la constitution
des sols hydromorphes.

Le plus souvent, les sols lessivés s'acidifient. Le mull eutrophe se transforme en


moder. La matière organique, en se décomposant, libère des acides qui accéléreront la
destruction du complexe humus - fer - argile. Ces acides détruiront même les feuillets
argileux dans le cas d'une podzolisation.

Le stade le plus avancé de la dégradation des sols bruns lessivés est réalisé avec les
sols lessivés glossiques ou sols à pseudogley. Dans l'horizon Bt d'accumulation de
l'argile, en été, il se forme des fentes de retrait. En hiver, ces zones de drainage
préférentiel vont se remplir d'eau acide qui contribuera à détruire les argiles et le fer
par complexolyse. L'horizon Bt va ainsi présenter des glosses (langues) blanches
entourées de concrétions de couleur rouille. Les sols à pseudogley n'autorisent
aucune culture. Il arrive même que la forêt n'y pousse que pauvrement. Les
enrésinements sur de tels sols sont catastrophiques puisqu'ils signent leur
destruction définitive.

E - Les sols hydromorphes ou sols à gley.

Lorsqu'une nappe d'eau perchée, temporaire ou permanente, affecte les couches les
plus superficielles d'un sol, les conditions asphyxiques qui règnent dans les horizons
du sol le font évoluer vers un sol hydromorphe.

Les sols hydromorphes sont caractérisés, d'une part, par le fer qui est réduit en milieu
asphyxique (couleur verte du fer ferreux) et oxydé en milieu aéré (couleur rouille du fer
ferrique) et, d'autre part, par la faible vitesse de décomposition et d'humification de la
matière organique qui va donc s'accumuler.

Les sols hydromorphes se forment naturellement :

a) Dans les stations basses qui subissent la battance des nappes


phréatiques comme les fonds de vallée, les cuvettes, etc. (sols à gley,
tourbes).

b) Dans les stations où les sols sont très riches en argiles lesquels
s'opposent au drainage et créent les conditions requises à l'hydromorphie
(Pélosols et planosols).

c) Dans des sols lessivés dès lors que l'entraînement et l'accumulation des
argiles dans l'horizon Bt crée les conditions d'une nappe perchée plus ou
moins permanente (sols à pseudogley ou sols glossiques).

Les tourbes, les gleys et les pélosols sont des climax stationnels au sens où leur
existence ne dépend pas d'un climat ou d'une végétation, mais des conditions
hydrogéologiques locales où l'excès d'eau prédomine.

F- Les sols podzolisés : sols podzoliques et podzols.

Lorsque les sols sont originellement filtrants, pauvres en argiles et en bases, le


lessivage, quand il les atteint, se traduit par une dégradation des qualités du sol
connue sous le terme de podzolisation.

La podzolisation est une étape qui suit celle du lessivage, puis celle du lessivage
acide. Au cours du lessivage acide, les argiles et le fer sont entraînés séparément vers
les horizons inférieurs. Dans les horizons superficiels, l'humification se fait moins bien
du fait du ralentissement de l'activité biologique. Les acides fulviques solubles vont
prédominer.

Le moder va progressivement se transformer en mor acide. Dès lors, les acides


organiques qui vont prédominer dans la décomposition partielle et incomplète de la
matière organique vont, d'une part, détruire les ponts ferriques du complexe argilo
humique et, d'autre part, détruire les feuillets d'argile eux-mêmes (complexolyse). Les
sels d'alumine et de fer libérés (sesquioxydes) s'accumulent dans un horizon Bs.
Dans cet horizon Bs, les acides fulviques peu colorés (gris) s'accumulent également.
Les horizons superficiels ne contiennent plus que du quartz. Le sol n'a plus aucune
structure grumeleuse, on dirait de la cendre d'où le nom de podzol qui veut dire cendre
en Russe.

Les sols podzoliques et les podzols se forment essentiellement sous des climats
froids (taïga, montagnes), fortement arrosés (régime atlantique) et sur des sols
pauvres en argiles.

En France, les grandes régions à podzols sont la Sologne, les Landes, la Brenne,
diverses stations sur quartzites en Bretagne ou en forêt de Fontainebleau, sur des
graves dans le Bordelais, etc.

Les sols podzoliques et les podzols sont des sols pauvres sur lesquels se développe
seulement une végétation acidiphile (éricacées, résineux, fougères, etc.). Cette
végétation acidiphile est aussi acidifiante et concoure donc à accentuer la dynamique
de podzolisation des sols sur lesquels elle s'installe.

Aujourd'hui la reconquête des sols podzolisés à la suite de mauvaises pratiques


forestières passe par le reboisement à partir de mélanges d'essences de feuillus et de
résineux desquels on exclut les épicéas et le pins sylvestre beaucoup trop acidifiants.
On leur préférera le mélèze et surtout des essences caducifoliées comme le hêtre, le
chêne, le châtaignier, l'érable, etc.

Il n'est pas certain que les tentatives menées pour reconquérir des podzols ou des
sols podzoliques à des fins agricoles soit une bonne chose quand on sait qu'il faut à la
fois drainer et arroser, par exemple, pour espérer de maigres rendements en maïs,
seule culture, avec le fourrage, susceptible de pousser sur ces terrains.

G - Les sols isohumiques : Chernozems, Brunizems, etc.

Les sols isohumiques sont caractérisés par le fait qu'ils ont une même teneur en
humus dans tout le profil au-dessus de la roche-mère laquelle est le plus souvent un
loess.

Les sols isohumiques se forment sous climat continental, très froid en hiver, très
humide pendant le dégel printanier et très chaud et très sec en été.

Ces sols sont peu propices à l'installation des forêts, mais davantage à des
formations graminéennes de type steppes. Le chevelu racinien des graminées est
particulièrement favorable à une forte activité biologique de décomposition de la
formidable quantité de matière organique produite. L'humification est très intense et
aboutit à des humus gris très stables. Cette stabilité est liée au fait que les sols
isohumiques produisent des argiles néoformées de type illite et montmorillonite. Ces
argiles légèrement gonflantes piègent les hydroxydes de fer entre leurs feuillets. Les
ponts argile humus ainsi formés sont particulièrement stables puisque, dans les
chernozems, on admet souvent que les humus de surface peuvent être âgés de plus
de mille années et de plus de cinq mille ans en profondeur.

Parmi les sols isohumiques les plus remarquables, on peut citer les chernozems
(Ukraine, Russie), les castanozems ou sols châtains (Moyen-Orient, Géorgie), les
brunizems (prairie nord américaine), les sols marrons (Maghreb, Arizona), les
siérozems ou sols gris désertiques (désert du Néguev / Jourdain, Ouzbékistan).

H - Les vertisols et les sols vertiques

Les sols vertiques sont ainsi nommés parce qu'ils sont l'objet de mouvements
verticaux déterminés par le retrait et le gonflement des argiles qui les constituent. Les
sols vertiques sont, en effet, des sols très argileux, constitués d'argiles gonflantes
(montmorillonite). Ces mouvements vertiques incorporent la matière organique très
profondément dans tout le profil du sol sans l'intervention d'une activité biologique.

Tous les types de sols peuvent avoir une extension " vertique " : sols bruns vertiques,
chernozems vertiques, sols alluviaux vertiques, sols à pseudogley vertiques, etc. Ce
qui détermine cette appellation, c'est la présence marquée des mouvements dus au
gonflement / retrait des argiles. Généralement, en été, les sols vertiques sont très
marqués en surface par d'importantes fentes de retrait. Généralement, en hiver ou
après une bonne pluie, le sol reste recouvert d'une couche d'eau de pluie que le sol a
du mal à absorber et qui s'évaporera surtout.

En Afrique, les sols vertiques sont surtout voués à la culture du coton et du riz.

I - Les sols fersiallitiques, ferrugineux et ferrallitiques.

Ces sols caractérisent surtout des régions soumises ou ayant été soumises à un
climat chaud. Ces sols sont le plus souvent riches en sesquioxydes de fer et
d'aluminium. Ils sont généralement colorés, mais leur couleur n'est pas seulement due
à leur teneur en fer, mais aussi à la nature des oxydes de fer présents.

Ces sols ont un certain nombre de points en commun :

a) L'altération de la roche-mère est plus poussée et plus profonde


que dans les sols sous climat tempéré.

b) La matière organique y est plus rapidement dégradée. Les


acides organiques libérés agissent assez peu sur l'altération de la
roche-mère située trop profondément. Cette altération libère des
oxydes de fer et d'alumine qui sont peu mobilisés et restent donc
dans le profil sous forme de sesquioxydes (Fe 2O3 et Al2O3).

c) L'oxyde de fer, au lieu de servir de lien entre l'humus et les argiles


comme dans les sols sous climat tempéré [hydroxyde de fer
Fe(OH)2], sous climat chaud et humide a tendance à cristalliser
soit sous forme de goethite de couleur ocre, soit sous forme
d'hématite de couleur rouge. La goethite se forme dans les régions
plutôt régulièrement humides. L'hématite se forme plutôt dans les
régions soumises à une longue saison sèche.

d) Tous ces sols sont très anciens. Ils sont âgés de plusieurs
centaines de milliers d'années à un million d'années. Pour
comparaison, les sols en Europe n'ont guère plus de 15 ou 20 000
ans, c'est-à-dire qu'ils se sont construits depuis la dernière
glaciation.

e) Normalement ces sols supportent des forêts ou des savanes


arbustives. Dans les régions trop peu arrosées pour permettre la
forêt, ces sols sont couverts d'une savane herbacée. Mais ces sols,
à cause de la dynamique graminéenne et l'influence de sa
rhizosphère, évoluent vers des sols que l'on rattache aux sols
isohumiques.
1) Les sols fersiallitiques

Les sols fersiallitiques caractérisent des sols qui se forment en climat


tempéré chaud (climat méditerranéen). Ce climat affecte les régions
méditerranéennes sensu stricto, mais aussi diverses régions comme la
Californie, certaines provinces d'Australie ou d'Afrique du Sud, du Mexique,
de Chine, etc.

Ces sols se forment sur tous les types de sols à la condition qu'ils ne
contiennent plus de carbonates. Sur les sols cristallins, ça n'est pas difficile.
Sur les sols calcaires, ceux-ci doivent donc avoir été décarbonatés. C'est
ainsi, par exemple, les argiles de décarbonatation formées à partir des
calcaires durs (terra rossa) supportent fréquemment ces sols fersiallitiques.

Toutefois, les sols cristallins peu riches en Ca, Mg et Fe (quartzites, granites,


etc.) n'autorisent pas les sols fersiallitiques.

Les sols fersiallitiques sont de sols peu acides. Leur formation passe par un
certain nombre d'étapes :

a) L'altération des matériaux est intense pendant la saison humide.

b) Une forte remontée des bases libérées se produit, par capillarité,


au début de la saison sèche.

c) L'humification, favorable à un mull eutrophe, permet une fixation


des bases libérées sur le complexe absorbant. Ces bases sont
moins sensibles au lessivage et le pH du sol reste neutre.

d) Le lessivage affecte aussi assez peu les argiles. Lorsqu'il y a un


léger lessivage, les argiles s'accumulent dans un horizon Bt.

e) Les oxydes de fer cristallisent sous forme d'oxydes ferriques


Fe2O3, dépourvus de charges électriques et de facto, incapables de
former des ponts entre les humus et les argiles. Ces oxydes
pourtant restent dans le profil qu'ils colorent dans toute sa masse
(rubéfaction). Ces oxydes ne cristallisent pas en profondeur
comme ils le feraient sous climat tempéré.

On considère qu'il y a trois grands types de sols fersiallitiques : les sols


fersiallitiques rouges ou sols rouges méditerranéens (forêt climacique à
chêne vert) ; les sols bruns fersiallitiques dans lesquels la rubéfaction est
incomplète ou sur lesquels un processus de brunification s'est installé (terra
rossa fossile, dolines karstiques, etc.) ; les sols fersiallitiques acides qui font
la transition avec les sols ferrugineux.

Les sols fersiallitiques sont de bons sols agricoles ou forestiers, à la


condition qu'ils soient protégés de l'érosion. Mais ce sont des sols fragiles,
d'autant plus qu'ils sont soumis à un climat rude : pluies orageuses
violentes, très forte sécheresse prolongée. Diverses pratiques agricoles :
surpâturage, cultures sans restitution et divers méfaits comme l'incendie de
la végétation ou le déboisement fragilisent ces sols qui se retrouvent parfois
dégradés jusqu'à la roche-mère (Cf. maquis et garrigues).

2) Les sols ferrugineux

On pense généralement que les sols fersiallitiques pourraient évoluer vers


des sols ferrugineux et des sols ferrallitiques. L'affaire n'est pas aussi simple.
Évidemment, sous des climats différents, les sols riches en sesquioxydes
sont différents *. Ainsi, sous climat tropical type, avec une saison sèche de 8
à 5 mois et une saison humide de 4 à 7 mois et une végétation de type
savane arbustive et arborée climacique, les sols les plus anciens seront
ferrugineux alors que les plus jeunes pourront encore être fersiallitiques.
Sous climat tropical humide, avec une saison des pluies de plus de 9 mois et
une saison sèche de moins de 3 mois, avec une forêt claire climacique
comme végétation, éventuellement une savane arbustive de dégradation, on
observera des sols ferrugineux, des ferrisols et des sols ferrallitiques. Sous
climat équatorial, sans saison sèche, avec une forêt dense climacique et
divers types de forêts de dégradation, on observera des ferrisols, des sols
ferrallitiques et des ferralites.

[* Voir aussi : Carte de sols en Afrique]

Deux processus conjoints interviennent pour transformer des sols


fersiallitiques en sols ferrugineux d'abord, puis ferrallitiques pour finir :
d'abord le vieillissement du sol dont ce seront les stades normaux
d'évolution, ensuite des modifications du climat s'il devient de plus en plus
chaud et humide.

La ferrugination est une évolution dans laquelle le lessivage débarrasse les


profils supérieurs des argiles sensibles au lessivage (montmorillonite) et ne
laisse que celles qui sont peu sensibles (kaolinite). Les argiles sont d'autant
plus sensibles au lessivage qu'elles sont plus aptes à se disperser, c'est-
à-dire qu'elles sont plus chargées électriquement. Les kaolinites sont des
argiles peu chargées.

La ferrugination s'accompagne de la rubéfaction des oxydes de fer dans les


mêmes conditions que celles observées dans la fersiallisation.

3) Les sols ferrallitiques

La ferrallitisation est une évolution dans laquelle tous les matériaux


primaires du sol, hormis le quartz, sont altérés. Seule la kaolinite associée
l'alumine résiduelle (gibbsite) et en mélange avec les oxydes de fer, se
rencontrent dans le profil. Parfois, le fer rendu mobile peut participer à la
fabrication de carapaces et de cuirasses ferrallitiques.

Les carapaces et les cuirasses ferrallitiques sont des indurations de


sesquioxydes de fer qui cristallisent sous l'effet des températures élevées.
On parle de carapaces quand ces indurations peuvent encore être brisée à la
pioche et de cuirasses quand les dalles ne peuvent plus être brisées par des
outils maniés la seule force humaine.

Les cuirasses se forment de différentes façons :

a) Les cuirasses de nappe se forment quand le fer mobilisé, sous


forme ferreuse, affleure dans les dépressions. Le fer précipite sous
forme ferrique et cristallise sous forme de goethite ou d'hématite.
Il arrive parfois, dans des sols hydromorphes, que la présence
permanente de la nappe ne permette pas le durcissement des
oxydes qui restent mous. On parle alors de plinthites.

b) Les cuirasses d'érosion se forment à la suite d'une découverture


végétale importante comme le passage d'une forêt à une savane
par défrichement, feu de brousse ou tout autre raison anthropique.
Sous un couvert forestier dense à clair, même si des noyaux de
cuirasses se forment, l'humidité qui règne sous le couvert
empêche le durcissement des cuirasses. Ce n'est plus le cas
lorsque la couverture végétale est enlevée, puisque la cuirasse va
pouvoir durcir dans un sol surchauffé et sec. De plus, ces sols
déboisés sont très sensibles à l'érosion.

On sait aujourd'hui que des pratiques agro forestières très anciennes,


connues sous le vocable de " jachère forestière ", permettaient une bonne
conservation des sols, pour un temps d'exploitation relativement court
(quelques années) suivi d'une reconstitution de la forêt sur une période de
50 années au moins. On sait aussi que si ces délais ne sont plus respectés,
les sols forestiers sont très vite dégradés de façon irréversible. C'est ce que
l'on constate de plus en plus souvent sur des surfaces considérables en
Afrique, Asie ou Amérique du Sud. C'est particulièrement mis en évidence
pour les forêts primaires comme pour la forêt amazonienne.

Parce que leurs réserves en bases s'appauvrissent jusqu'à être nulles, parce
que leur structure devient médiocre faute d'argile pour former des agrégats,
parce qu'ils deviennent battants et sensibles à l'érosion, parce qu'à mesure
où la kaolinite domine, leurs capacités d'échange diminuent, puis cesse,
parce que les phosphates sont insolubilisés en présence des oxydes de fer
et d'alumine, les sols les plus évolués deviennent de moins en moins fertiles.

Ainsi on peut dire que la fertilité d'un sol diminue depuis les sols bruns
eutrophes, les sols rouges fersiallitiques, les sols ferrugineux tropicaux, les
ferrisols, les sols ferrallitiques jusqu'aux ferrallites.

Même si les sols ferrallitiques sont parmi les moins fertiles, ils supportent
très bien des forêts denses qui y prospèrent magnifiquement. La raison est
que toute la circulation de la matière est en circuit fermé. L'intense
production de matière organique est rapidement dégradée et humifiée. Les
minéraux sont ramenés dans les profils superficiels par l'intense activité de
la rhizosphère. Les sols protégés par la canopée ne souffrent pas du
lessivage en dépit des fortes précipitations quasi quotidiennes.

Si le couvert forestier disparaît au profit d'une culture, la matière organique


est vite épuisée, l'humus est rapidement minéralisé et lessivé et la migration
des argiles et des oxydes de fer favorise le caparaçonnage des sols.

Aujourd'hui et, de plus en plus, on préconise d'associer les arbres aux


cultures sur brûlis, particulièrement les arbres de la famille des
légumineuses dont on connaît le rôle des bactéries symbiotiques des
racines sur la nutrition azotée. Idéalement, il faudrait aussi compenser la
disparition progressive des argiles stabilisantes par l'ajout de matières
organiques, particulièrement issues de l'élevage. Mais, dans ces régions, les
habitudes culturelles associent rarement cultures sur brûlis et élevage.

Il reste encore des possibilités d'utiliser de la matière organique issue du


compostage ou des semis d'engrais verts. Mais, là encore, ces habitudes
sont assez mal intégrées par les populations. Différentes autres techniques
sont intéressantes comme le mulching à partir de branchages broyés. Enfin,
seules des pratiques de rotation de culture sont en mesure de garder à ces
sols une relative fertilité. On est souvent loin de ces pratiques dans les
grandes exploitations où l'on pratique la monoculture intensive sans souci
de la disparition programmée à terme des terres conquises sur la forêt et
vouées à la désertification. Ce ne sont pas quelques soubresauts du
président brésilien qui changeront fondamentalement ce qui se passe
aujourd'hui sur les territoires de l'Amazonie voués à la culture intensive de
plantes OGM ou destinées à fournir des biocarburants aux pays riches.

J - Les sols salsodiques ou sols halomorphes.

Les sols salins qui contiennent du sodium sous forme de chlorure de


sodium Na Cl ou de sulfate de sodium Na 2SO4 et les sols sodiques qui
contiennent du sodium lié au complexe absorbant sont maintenant appelés
sols salsodiques.

Le chlorure de sodium en solution ne libère ni ion H + ni ion OH -. Ce sel n'a


aucune influence sur le pH des sols dans lesquels on le trouve. Ce n'est pas
exactement ce qui se passe quand le sodium est lié au complexe absorbant.

En effet, si le sol qui contient le sodium reçoit des quantités significatives


d'eau de pluie, qui est une eau déminéralisée dépourvue de cations, les ions
Na quittent le complexe absorbant et sont remis en suspension au profit des
ions H+ qui se fixent sur le complexe et les ions OH - qui se retrouvent dans la
solution du sol qui devient alcaline.

En dehors de quelques plantes parfaitement adaptées aux sols salés et


qu'on appelle halophiles, la plupart des plantes supportent mal la pression
osmotique développée par le sel et meurent faute de pouvoir absorber l'eau
de la solution du sol. La plupart des plantes supportent aussi très mal les pH
alcalins qu'on trouve généralement dans les sols salés.
Les principaux sols salés sont les solontchaks caractéristiques des steppes
et des sub déserts (anciens lacs salés, sols des lagunes proches de la mer,
etc.), les sols salins à sulfato-réduction (polders, mangroves), les sols à
alcalis (marais côtiers, marais salants), les solonetz et les soloths (régions
continentales à climat très contrasté).

La salinisation des sols pose de multiples problèmes graves en termes


d'infertilisation des sols que l'on ne sait pas souvent résoudre. Aujourd'hui
les problèmes majeurs de salinisation sont surtout dus à des irrigations mal
conduites et de trop forte ampleur qui provoquent la jonction entre les eaux
de percolation et les eaux de la nappe salée. À la faveur de remontées
capillaires dues à l'évaporation et à l'évapotranspiration, les eaux salées
remontent vers la surface et stérilisent les sols.

Si l'exemple historique de la Mésopotamie (Irak) est significatif de ces


processus de salinisation, un autre exemple nous est fourni aujourd'hui en
Égypte qui voit bon nombre de ses sols souffrir de salinisation le long du Nil
à cause d'une irrigation trop forte. En outre, le traitement correctif de cette
salinisation qui était réalisé par les crues du Nil n'existe plus à cause du
barrage d'Assouan lequel finalement, à maints égards, se révèle comme une
imbécillité écologique… Mais fallait-il attendre autre chose de l'ami
soviétique quand il faisait déjà tout pour détruire la mer d'Aral ?

Les principales familles de sols d'après le référentiel pédologique (Voir aussi horizons
du sol)

1 - LES ALOCRISOLS se caractérisent par la séquence d'horizons A / Sal (S


aluminique). Ils correspondent à l'ancienne dénomination "Sols bruns acides" et à la
part des "sols bruns ocreux" qui n'ont pas d'horizon podzolique BP. Certains "Rankers
alpins" et "Rankers humifères" sont désormais inclus dans la famille des ALICROSOLS
HUMIQUES.

On les observe souvent sous forêts ou végétation naturelle sur roches cristallines
acides altérées, les "arènes" granitiques ou schisteuses du Massif Armoricain, des
Vosges, du Morvan, du Massif Central.

2 - LES ANTHROPOSOLS (du grec anthropos, l'homme) sont les sols fabriqués par
l'homme (apports de matériaux artificiels ou de terre transportée) ou tellement
transformés par les activités humaines que le sol originel n'est plus reconnaissable ou
est enterré.

2.1 Les anthroposols transformés sont issus d'un sol naturel transformé par
la culture ou autres activités humaines

2.2 Les anthroposols artificiels proviennent d'un apport : déblais de mines


ou de carrières, dépôts de déchets, scories, gravats, décombres...
2.3 Les anthroposols reconstitués résultent de la mise en place d'autres sols
dans les jardins, espaces verts, et autres plantations.

3 - LES ARÉNOSOLS sont des sols très sableux sur une épaisseur d'au moins 120 cm.
Ils ne sont pas affectés par des excès d'eau.

4 - LES BRUNISOLS correspondent à l'ancienne nomenclature des "Sols bruns". Ils


sont caractérisés par la présence d'un horizon structural (horizon S) très bien
développé, à structure fissurale et biologique, jamais calcaire. Ils ne présentent ni
horizon E (lessivé) ni BT (accumulation) Les Brunisols se rencontrent surtout sous
climats tempérés atlantiques ou semi continentaux, chaque fois que l'illuviation
(lessivage) est ralentie, notamment par la faible perméabilité de la roche-mère.

5 - LES SOLS CARBONATÉS ET SATURÉS sont caractérisés par la dominance des ions
Ca2+ et/ou Mg2+. Cette grande famille comprend plusieurs groupes :

5.1 les RENDOSOLS correspondent aux "Rendzines" de l'ancienne


classification, à horizon Aca ou LAca / C ou M ou R. Un horizon O peut
exister en surface.

5.2 Les RENDISOLS ne contiennent plus de carbonate, et correspondent


donc aux anciennes "Rendzines brunifiées" et "Sols bruns calciques", avec
horizons Aci ou LAci / C ou R ou M.

5.3 Les CALCOSOLS correspondent aux anciens "sols bruns calcaires", avec
horizon Aca ou LAca / Sca / C ou M ou R. Il en existe de nombreuses
variantes selon le type de roche calcaire qui leur a donné naissance :
Calcosol argileux issu de marne, Calcosol graveleux, pétro-calcarique,
dolomiteux, pierreux, humifère, décarbonaté en surface...

5.4 Les CALCISOLS correspondent aux anciens "Sols bruns calciques", au


profil décarbonaté mais encore saturé par Ca 2+ et/ou Mg2+. Leur profil est
de type A ou Aci ou LA / Sci / C ou M ou R.

5.5 Les CALCARISOLS possèdent un horizon Kc ou Km à moins de 20-25 cm


de profondeur, avec une épaisseur de plus de 10 cm. Ils correspondent, dans
l'ancienne classification, aux sols à encroûtements calcaires.

6 - LES COLLUVIOSOLS sont des sols formés sur les versants, dans le fond des
vallées, au pied de grands talus ou terrasses, sur des éboulis ou colluvions. Ils
correspondent aux "sols peu évolués d'origine colluviale" de l'ancienne nomenclature.

7 - LES FLUVIOSOLS et THALASSOSOLS se forment sur les dépôts fluviaux ou


marins, les grèves alluviales et autres dépôts côtiers, parfois lagunes asséchées.

8 - LES HISTOSOLS correspondent aux "tourbes", sols hydromorphes organiques. Ils


comportent de nombreux sous-types : les histosols leptiques, fibriques, mésiques,
sapriques, composites, recouverts, flottants... selon leur végétation, la nature des eaux
et des roches qui les portent, le degré d'aération...

9 - LES SOLS A CARACTÈRES HYDROMORPHES comportent tous un horizon


réductique (Gr et Go, ou rédoxique g ou -g). Une très grande famille où l'on trouve :

9.1 Les RÉDUCTISOLS correspondant aux sols hydromorphes à gley ou à


stagnogley. Plusieurs types :

a) Réductisols typiques à saturation permanente remontant avec la


saison, sols de fonds de vallées ;

b) Réductisols stagniques à saturation prolongée de surface


(nappe perchée ou imbibition capillaire de l'horizon A).

c) Réductisols dupliques, résultant de 2 nappes superposées, une


nappe profonde permanente et une nappe perchée temporaire ou
semi permanente (ou d'imbibition capillaire).

9.2 Les RÉDOXISOLS possèdent un horizon g ou -g traduisant les


alternances de périodes humides et sèches, avec remontée et redescente de
la nappe. Ils sont très fréquents et correspondent aux anciennes
dénomitations de sols à pseudogley.

10 - LES LITHOSOLS sont limités en profondeur par un matériau dur, roche non altérée
ou horizon pédologique durci à 10 cm de la surface ou moins.

11- LES LUVISOLS correspondent à la grande famille des sols lessivés et bruns
lessivés. Ds sont caractérisés par l'illuviation (lessivage) de l'argile, et présentent donc
un horizon E appauvri, et un horizon BT enrichi. De plus, d'autres horizons sont
possibles : O, A, LA, LE, LBT, Btg,... De nombreux sous-types : Luvisol typique, Luvisol-
rédoxisol, Luvisol dégradé, Néoluvisol, etc.

12 - LES ORGANOSOLS sont constitués uniquement d'un horizon organique O et/ou


d'un horizon A semi organique, en milieu aérobie, sur plus de 10 cm d'épaisseur. La
version sur roche calcaire de ces organosols correspond aux anciens "sols humiques
carbonatés". Il existe aussi des organosols calciques, insaturés, organosols-
alocrisols...

13 - LES PÉLOSOLS sont tellement riches en argile et en limons fins que leurs
caractéristiques pédologiques en sont affectées profondément.

14 - LES PEYROSOLS sont ceux dont la texture pierreuse et caillouteuse est telle que
leur pédologie en est affectée. On parle de peyrosol pierrique, cailloutique, avec des
versions calcaire, humifère, fersiallitique...

15 - LES PLANOSOLS ont un profil très contrasté dans lequel on distingue :


a) des horizons supérieurs perméables, saisonnièrement soumis à l'excès
d'eau, avec des caractères rédoxiques (-g).

b) un horizon plus profond dont la perméabilité est très faible ou nulle, le


"plancher".

16 - LES PODZOSOLS correspondent à la grande famille des "podzols" et "sols


podzoliques", caractérisées par :

a) une forte altération acide (Tacido-complexolyse) qui dégrade les argiles ;

b) une migration intense avec immobilisation en profondeur, de constituants


organiques, de complexes organo-minéraux d'aluminium et/ou de fer.

Comme dans l'ancienne nomenclature, les sous-types sont nombreux :

16.1 Podzosolsduriques, meubles, placiqueséluviques, correspondant aux


anciens "podzols"

16.2 Podzosols ocriques correspondant aux sols ocre-podzoliques;

16.3 Podzosols rédoxiques et réductiques corespondant aux podzols


hydromorphes.

16.4 Arénosols podzolisés et Podzosols juvéniles correspondant aux sols


podzoliques.

16 - LES RANKOSOLS corespondent aux "Rankers" de l'ancienne nomenclature, sols


peu différenciés qui se forment en altitude ou sur pentes rajeunies continuellement
par l'érosion.

17- LES REGOSOLS sont des sols très minces sur matériau non ou peu évolué. On
trouve des régosols sur dunes, plages, ergs des déserts, sur colluvions, carrières,"
badlands" de ravinement...

18 - LES VERACRISOLS désignent des sols de landes à ajoncs présentant un horizon


humifère particulier, très épais et sombre, formé par l'action principale des vers de
terre sous un climat doux et humide, dans des conditions très acides avec
engorgement fréquent, conditions se rencontrant dans le Béam, sur les landes à
ajoncs ou "Touyas", d'où le nom de " Touyasols" envisagé. Mais l'on a préféré VER-
ACRISOL pour souligner l'action des vers de terre.

19 - D'AUTRES SOLS DU RÉFÉRENTIEL.

Outre les "principaux sols d'Europe", le référentiel pédologique traite aussi des sols
présents non seulement aux marges méridionales et orientales de ce continent, mais
aussi des sols répandus largement au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, etc.
Il s'agit surtout des sols suivants :

. Les CRYOSOLS, des régions gelées une grande partie de l'année.

. Les FERSIALSOLS à pédogénèse liée aux liaisons argile-fer-aluminium, sous climats


méditerranéens et tropicaux.

. Les FERRALLISOLS, anciennement "Sols ferrallitiques", sols des régions tropicales.

. Les GYPSOSOLS, dominés par l'abondance du gypse ; . Les sols SALSODIQUES liés
au sodium et au sel.

. Les CHERNOSOLS, CASTANOSOLS, BRUNIZEMS et SOLS MARRONS, formés sous


climat fortement continentaux.

. Les YERMOSOLS sols des déserts chauds.. Etc.

LES PRINCIPAUX TYPES DE SOLS :


http://www.u-picardie.fr/~beaucham/mst/typsol.htm

SOLS DE MIDI-PYRENÉES @@@@ :


http://cra-mp.org/morpho/

L'ARCHITECTURE VERNACULAIRE DE LA FRANCE


http://pierreseche.chez-alice.fr/VAFrance.html

Le sol, un milieu complexe au pouvoir épurateur limité :


http://www.engref.fr/coursenligne/Sol/sol.html

[ Corrélats : Pédologie / Pédogenèse / ...]

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