400 F Cfa Siège social : Yaoundé- TSINGA Directeur de Publication : Hervé WOUEMETAH

N°019 du 19 Jan. 2021 Tel : +237 699 30 45 63

Email : financiapresse@gmail.com

IMBRICATIONS ENTRE
L’éducation financière pour tous HEBDO
SECTEURS FORMEL ET INFORMEL

GROUPEMENTS TONTINIERS
ET BANQUES
Une réflexion de Manuel Roland
TCHEUMALIEU FANSI
Chargé de cours – FSJP – Université
de Yaoundé II (SOA)
Avocat au Barreau de Paris

Programmes du FMI pour le développement

des économies africaines
CYCLE OU NON ? VICIEUX OU VERTUEUX ?

Pourquoi la COSUMAF
AFRIQUE CENTRALE MARCHE FINANCIER

De nouveaux veut intégrer les

dirigeants à la crypto-monnaies dans
tête de la BAD l’Appel Public à l’épargne
P.5
P. 3
CE QUE JE PENSE
Une année 2021 sous fond de
renforcement de l’inclusion financière
jectifs du Millénaire
pour le Développe-
ment (OMD) en
2000, et réaffirmée
en 2015, à travers
les Objectifs du
Développement
Durable (ODD) et
en novembre 2020
pour le cas du Ca-
meroun, à travers la
révision de la stra-
tégie nationale de la
finance inclusive
pour le compte de
la période 2021 -
2025.
L’inclusion finan-
cière est dès lors
un sujet central qui
occupe une place
importante dans les
différents agendas
de développement
économique natio-
L
naux, et sur lequel les autorités de
REGARD
_______________________
►Hervé WOUEMETAH la CEMAC, les institutions finan-
_______________________
cières internationales(le FMI, la
Banque Mondiale), les organisa-
’inclusion financière, définie
comme l’accès des popula- tions internationales (OCDE etc.),
reconnaissent que son intensifica-
tions et des petites et
moyennes entreprises aux services tion est une affaire de tous : les
Gouvernements, la Banque Cen-
financiers de base, représente un
enjeu considérable pour les pays trale et le secteur privé.
Ainsi, Une bonne éducation finan-
en développement. Il est en effet
aujourd’hui estimé que 1.7 mil- cière accompagnée avec des pro-
duits financiers adaptés aux
liards d’adultes dans le monde –
soit environ la moitié de la popu- besoins permettrait aux popula-
lation active mondiale – n’ont pas tions de prendre des décisions fi-
accès aux services financiers de nancières avisées, que ce soit en
base (Banque mondiale, 2020). qualité d’épargnants, de consom-
Pourtant, l’accès aux services fi- mateurs, d’investisseurs, de pre-
nanciers en matière de développe- neurs de crédit et d’assurance, de
ment humain, notamment de lutte propriétaires immobiliers, d’entre-
contre la pauvreté et de dévelop- preneurs, d’employés. Elle per-
pement économique a été mise en mettrait également de mieux
comprendre les risques et les op-
LEXIQUE
avant lors de la définition des Ob-
C
AFFACTURAGE
’est une technique de financement et de recouvrement de créances mise
en œuvre par les entreprises et consistant à obtenir un financement anti-
cipé et à sous-traiter cette gestion à une entité spécialisée et dénommée
l’affactureur. Longtemps considéré comme le dernier recours des sociétés en dif-
ficultés financières, l’affacturage est aujourd’hui un outil souple au service des en-
treprises. C’est un procédé à la fois d’externalisation de tâches administratives,
d’assurance contre les impayés et de financement à court terme. L’affacturage ne
peut pas gérer les créances sur les particuliers ; il ne concerne que le commerce
entre entreprises.
N°019 du 19 janvier 2021 - Financia // 02
N°019 du 19 janvier 2021 - Financia
portunités de la finance, savoir où
trouver conseil et savoir quoi faire
pour améliorer leur bien-être fi-
nancier. Et l’économie en général L’éducation financière pour tous
en profiterait. Car l’endettement
privé serait beaucoup plus respon-
sable, l’inclusion financière serait Directeur de Publication
boostée et on observerait aussi Hervé WOUEMETAH
une diminution des cas d’ar-
naques. Conseil Editorial
A l’aube de l’exercice 2021, les dif- Ibrahim YAOBA
férentes politiques nationales s’ac- Dr Willy ZOGO
cordent à promouvoir désormais Florentine ESSO
le développement de l’inclusion fi-
nancière dans les différents es- Rédacteur en Chef
paces tel un vœu si cher à la Fabrice PORO
communauté internationale; cette
démarche hautement salutaire qui Rédacteur en Chef Adjoint
épouse largement notre vision, Idrissou YAHAYA
contribue alors à renforcer l’édu-
cation financière de toutes les Desk anglais
couches sociales afin de susciter en Jonathan ASHU
elles des comportements respon-
sables et conséquents.
Point focal Douala
Nos vœux sont manifestement
Desmond WOUEMETAH
axés sur cette vision qui se décli-
nerait par l’appropriation par tous
Equipe de rédaction
les acteurs de la société civile, des
instruments financiers et juri- Olivier DANG; Fabrice PORO
Idrissou YAHAYA;
diques qui régulent le fonctionne-
ment de la société toute entière, du Daniel EBOGO
Eric FOTSO
moins dans le cadre de la consom-
mation des produits et services fi- Ismael Atontsa Nguetsop ( Stg)
nanciers. Cette vision hantera en
permanence notre ligne éditoriale Service Commercial
et Marketing
au courant de l’exercice entamé, en
complémentarité avec les initia- Marie Louise EMAKAM
tives découlant des pouvoirs pu-
blics et auxquelles nous nous Conseil Juridique
associerons totalement. La Cabinet DMF
construction et le renforcement
des capacités financières dans l’es- Montage
pace CEMAC devient plus que ja- Branding Africa
mais pressant.
Imprimerie
JV GRAF
Tirage
3000 Exemplaires
Distribution
Ca Presse
Une production de
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PARTENAIRE
Association Nationale pour la
Consommation et la Promotion
des Produits Bancaires,
d’Assurances et Financiers
MARCHE FINANCIER
Pourquoi la COSUMAF veut intégrer les
crypto-monnaies dans l’Appel Public à l’épargne
Les levées de fonds et les placements de produits financiers en Afrique Centrale ont mis le gendarme financier (La
Commission de Surveillance du Marché Financier d’Afrique Centrale – COSUMAF) face aux insuffisances de la réglemen-
tation jusqu’ici en vigueur.
Les crypto-monnaies ont été en partie l’une des sources de cet embarras. Avec la réforme en cours depuis novembre
2020, le régulateur envisage d’intégrer ces actifs dans le champ de l’Appel Public à l’Epargne (APE). Comprendre !
D
CEMAC
_______________________
► Dr Willy ZOGO
_______________________
ans l’acte uniforme révisé relatif
au droit des sociétés commer-
ciales et du groupement d'intérêt
économique (AUSC-GIE) adopté le 30 jan-
vier 2014 par l’Organisation pour l’Harmo-
nisation en Afrique du Droit des Affaires
(OHADA), l’Appel public à l’épargne
(APE) est constitué dans les cas suivants.
D’une part, les valeurs mobilières d’une so-
ciété (Actions, Obligations, Parts
d’OPCVM) sont admises à la négociation
sur la bourse des valeurs d'un État partie
(Dans le cas d’espèce la BVMAC), à dater
de l'admission de ces titres.
D’autre part, l’offre au public des valeurs
mobilières (Actions, Obligations, Parts
d’OPCVM) se fait :
- soit par une communication adres-
sée sous quelque forme et par quelque
moyen que ce soit à des personnes et pré-
sentant une information suffisante sur les
conditions de l'offre et sur les valeurs mo-
bilières à offrir, de manière à mettre une
personne en mesure d'envisager d'acheter
ou de souscrire ces valeurs ;
- soit par un placement de valeurs
mobilières par des intermédiaires financiers
dans le cadre soit d'une émission soit d'une
cession.
On remarquera que le législateur OHADA
ne fait allusion qu’aux valeurs mobilières.
Aux termes de l’article 744 de l’AUSC-GIE,
il ressort que les valeurs mobilières émises
comprennent les titres de capital et les titres
de créance autres que les titres du marché
monétaire. De plus, le législateur admet
comme titres financiers, les contrats finan-
ciers, également dénommés « instruments fi-
nanciers à terme ».
Au niveau de la réglementation du marché
financier de la CEMAC, le Règlement gé-
néral de la COSUMAF (en vigueur en at-
tendant la réforme) se limite lui aussi aux
valeurs mobilières comme repère dans l’ap-
plication des règles d’Appel Public à
l’Epargne.
Par voie de conséquence, les offres pu-
LA COSUMAF ENVISAGE
bliques n’incluant pas les valeurs mobilières
ne ressortissent pas du pouvoir de la CO-
SUMAF. Ainsi, toute levée de fonds auprès
DÉSORMAIS SA COMPÉTENCE SUR LA BASE D’UN
CONTENU ÉLARGI POUR L’APPEL PUBLIC À L’ÉPARGNE.
du public n’incluant pas un placement de
valeurs mobilières mais des prêts d’argent
par exemple doit être du ressort de la Com-
mission Bancaire (COBAC). Car, en effet,
cette dernière régule les opérations de col-
lecte de fonds en vue d’octroi de crédit en
vertu de la protection du monopole ban-
caire.
Un caDre jUriDiqUe qUi
n’était plUs aDapté
Cette limitation du champ de l’Appel Public
à l’Epargne « dépassée par l’évolution des
techniques de financement » a été mise à
l’épreuve par l’irruption des placements en
crypto-actifs en zone CEMAC. On se sou-
vient ainsi que la COSUMAF a officielle-
ment interdit toute transaction sur les
crypto-actifs le 23 octobre 2020. Une déci-
sion qui intervient dix jours après qu’elle a
validé le projet de mise en place d’une ré-
glementation desdits crypto-actifs le 13 oc-
tobre dernier. Mais avant cela, dès le mois
de septembre 2020, elle avait déjà envisagé
de structurer un cadre juridique pour les ac-
tivités liées aux crypto-actifs, adoubant ainsi
l’initiative prise par Global Investment Tra-
ding (GIT), un intermédiaire en finance-
ments innovants. De plus, au Cameroun,
on se rappelle également que la fin d’année
2020 avait été émaillée de remous liés à des
placements financiers effectués par des in-
vestisseurs sur des produits financiers à très
haut rendement. La COSUMAF avait tôt
fait de bannir « des produits portés par des
entités n’ayant reçu aucun agrément finan-
cier de sa part COSUMAF ». Au Came-
roun, le souvenir revient notamment sur les
affaires Mekit-Invest, Africa’Lif et autres.
En tout état de cause, il est a été clairement
établi que les crypto-actifs ne rentraient pas
dans la catégorie juridique de « valeurs mo-
bilières » au sens du droit OHADA et du
droit financier. C’est-à-dire : « [des titres qui]
confèrent des droits identiques par catégorie et don-
nent accès directement ou indirectement à une quo-
tité du capital de la société émettrice, ou à un droit
de créance général sur son patrimoine. Ceux-ci étant
indivisibles à l'égard de la société émettrice ».
Vers Un nOUVel appel
pUblic à l’éparGne
Conscient de cette insuffisance du droit fi-
nancier en Afrique Centrale, la COSUMAF
envisage désormais sa compétence sur la
base d’un contenu élargi pour l’Appel Pu-
blic à l’épargne. En effet, dans le projet de
Règlement Ministériel de l’UMAC, l’Article
N°019 du 19 janvier 2021 - Financia // 03
N°019 du 19 janvier 2021 - Financia
U-OMF 2–1 précise ce qui suit ;
L’appel public à l’épargne est une commu-
nication adressée sous quelque forme et par
quelque moyen que ce soit à des per-
sonnes et présentant une information
suffisante sur les conditions de l’offre
et sur les instruments financiers à offrir,
de manière à mettre un investisseur en me-
sure de décider d’acheter ou souscrire ces
instruments.
Cette définition s’applique également au
placement :
- d’instruments financiers, en de-
hors des opérations de placement privé,
par des intermédiaires de marché;
- de jetons présentant des caractéris-
tiques similaires aux instruments financiers.
Dans la foulée, il est précisé qu’un jeton
renvoie à tout bien incorporel représentant,
sous forme numérique, un ou plusieurs
droits pouvant être émis, inscrits, conser-
vés ou transférés au moyen d’un dispo-
sitif d’enregistrement électronique
partagé permettant d’identifier, directement
ou indirectement le propriétaire dudit bien.
Pour ratisser plus large, le législateur ajoute
qu’un émetteur offrant au public des jetons
autres (c’est-à-dire ne présentant pas des ca-
ractéristiques similaires aux instruments fi-
nanciers) peut (possibilité pas obligation)
solliciter une autorisation de la COSUMAF
dans certaines conditions.
En fait, en attendant la définition juridique
des crypto-actifs venant de la COSUMAF,
les jetons dont il est question dans ce projet
de texte incluent, à l’analyse, les crypto-ac-
tifs…
En dernière analyse, en dépassant le cadre
des valeurs mobilières et en intégrant les
instruments financiers () et les jetons (
coins), il est clair que la COSUMAF veut se
donner davantage de moyen d’agir dans
le cadre de la protection de l’épargne
public.
BANQUE ET MARCHE MONETAIRE N°019 du 19 janvier 2021 - Financia

Le Congo affiche ses ambitions sur le marché

des titres publics de la Beac
En publiant ses projections sans certitude absolue de levées de fonds sur le marché des titres publics sous
régional, le Congo œuvre pour le dynamisme du marché financier sous régional.

Une telle dynamique devra assurément booster l’éclosion des marchés financiers dans la zone CEMAC.

L
CEMAC
_______________________ nauté des épargnants investisseurs de Assimilables d’une période de 52 se- mars. La date d’échéance étant le 10
la Sous-région pourrait être sollicitée maines portant sur un montant de 10 septembre 2021. Le 18 mars, il de-
► Olivier DanG le 21 janvier par le pays du Président milliards de FCFA et celle, le 11 fé- vrait s’agir de lever une somme, va-
_______________________
Denis Sassou Nguesso pour la mise vrier d’Obligations du Trésor Assi- riant entre un minimum de 15
e Congo a publié un calen-
à disposition de leurs ressources fi- milables (OTA) pour un montant milliards de FCFA et un maximum
drier présentant ses perspec-
nancières dans le cadre de l’émission variant entre 15 et 20 milliards de de 20 milliards de FCFA, en émettant
tives de levées de fonds sur le
de Bons du Trésor Assimilables FCFA. Adjugés le 10 février, les BTA des OTA de 3 ans ; adjugées le 24
marché des titres à souscription libre
(BTA) de 26 semaines pour un mon- prendraient valeur le 12 février ; leur mars, elles prendraient valeur le 26
de la BEAC couvrant le premier tri-
tant de 12 milliards de FCFA ; la date échéance tombant le 11 février 2022. mars avec pour date d’échéance le 26
mestre 2021. Il s’agit d’informations
d’adjudication serait alors le 27 jan- Quant aux OTA, elles seraient adju- mars 2023.
publiées à titre indicatif ; mais en fi-
vier pour une date de valeur arrêtée gées le 17 février et prendraient va- Les épargnants peuvent d’ores et déjà
nance, toutes informations, surtout
au 29 janvier. Les souscripteurs récu- leur deux jours plus tard pour un se tenir prêt car ces informations leur
celles qui sont frappées du sceau de
pèreraient leurs fonds investis à la montant global compris entre 15 mil- sont destinées. Il ne s’agit pas seule-
l’officialité, sont à prendre avec beau-
date d’échéance fixée au 30 juillet liards et 20 milliards de FCFA. ment de participer au financement de
coup d’attentions.
2021. En mars, les intentions affichées sur l’économie congolaise ; il est aussi
Les intentions d’émissions de titres
Pour le mois de février 2021, le Mi- le marché des titres à souscription question de leur offrir des opportu-
de la République congolaise sur le
nistre des Finances et du Budget libre de la CEMAC par le Congo nités de placements rémunérés et
marché des titres publics de la BEAC
congolais présente une possible font état le 04 mars de l’émission de sans risque à leurs épargnes. Alors ne
L’information émane du Ministre
émission de titres à termes plus avan- BTA de 26 semaines pour un mon- laissez pas passer ces occasions !!
congolais des Finances et du Budget
cés avec l’émission envisagée le 04 fé- tant de 10 milliards ; date d’adjudica-

Sénégal: l’Etat lève 79,8 milliards de Fcfa sur le marché financier de l’Umoa
Calixte NGANONGO ; la commu-
vrier 2021 de Bons du Trésor tion 10 mars et date de valeur le 12

Ce qui donne un taux d’absorption très

L’Etat sénégalais par
le truchement de la Direc-
tion générale de la comp-
tabilité publique et du
trésor a levé le 15 janvier
élevé de 94,10% .Les titres émis seront
assimilables du trésor
(OAT) de maturité 36 et 60 remboursés le premier jour ouvrable sui-
mois, organisée en parte- vant la date d’échéance fixée au 18 janvier
2024 pour les OAT à 3 ans et au 18 janvier
2026 pour les OAT à 5 ans. Quant aux in-
nariat avec l’Agence UMOA
- Titres basée à Dakar. térêts, ils sont payables annuellement sur
la base d’un taux fixe de 5,60% pour les

2021 sur le marché finan-
cier de l’Union monétaire
ouest africaine (UMOA) un
montant de 79,800 mil-
liards de FCFA (119,700 mil-
lions d’euros)
Au terme de son
émission simultanée par
adjudication d’obligations
U
CEMAC
_______________________
► idrissou YaHaYa
_______________________
n accord favorable pour les in-
vestisseurs opérant sur le marché
qui ont répondu à la sollicitation
du trésor public Sénégalais qui recher-
chaient 75 milliards de FCFA, en propo-
sant des soumissions globales de 84,805
milliards de FCFA. Ce qui donne un taux
de couverture du montant mis en adjudi-
cation de 113,07%. Sur le montant global
des soumissions, le trésor public sénégalais
en a retenu 79,800 milliards de FCFA et
rejeté les 5,005 milliards de FCFA restant.
OAT à 3 ans et 5,70% pour les OAT à 5
ans, et ce dès la fin de la première année.
En guise de rappel, l’Union économique
et monétaire ouest-africaine (UEMOA)
est une organisation ouest-africaine créée
le 10 janvier 1994 qui a comme mission la
réalisation de l'intégration économique des
États membres, à travers le renforcement
de la compétitivité des activités écono-
miques dans le cadre d'un marché ouvert
et concurrentiel et d'un environnement ju-
ridique rationalisé et harmonisé.

N°019 du 19 janvier 2021 - Financia // 04

BANQUE N°019 du 19 janvier 2021 - Financia

Les grands défis qui attendent Serge N’guessam et

Salomon Kone en Afrique Centrale
Ils ont été nommés aux postes respectifs de Directeur général et Directeur général adjoint du bureau régional de la
Banque africaine de développement (BAD)

LES NOUVEAUX DIRECTEURS

Les missions qui attendent ces deux personnalités sont de diriger et assurer l’efficacité opérationnelle, l’efficience et
la santé générale du portefeuille de la Banque dans toute la région d’Afrique centrale.

I
BAD
_________________________
► Fabrice pOrO
_________________________
ls joueront un rôle important dans
le processus de renforcement de la
résilience des Etats de la sous-ré-
gion. Serge N’guessam et Salomone
Kone respectivement Directeur général
et Directeur général adjoint, vont pour-
suivre l’implémentation de la Stratégie
décennale (2013-2022) pour transfor-
mer l’Afrique centrale et améliorer la
croissance qui décote à cause de l’envi-
ronnement économique perturbé par la
pandémie du Coronavirus. Honoré par
cette marque de confiance de la part du
président de la Banque, Solomone ras-
sure être « déterminé à faire preuve du
leadership nécessaire sur le terrain pour
la réalisation de sa vision et de son am-
bition en cette période critique pour
nos économies. » Cinq grands do-
maines sont inscrits dans leur cahier de
VONT VEILLER SUR LE DROIT DE FIDUCIE ENTRE
L’INSTITUTION ET LE CAMEROUN DANS LE CADRE
DU FINANCEMENT DE LA CONSTRUCTION DE
L’USINE DE PIED DU BARRAGE DE LOM PANGAR.
charge. Notamment intensifier la colla-
boration avec les Etats pour accélérer
l’obtention de résultats à savoir : l’éner-
gie, l’agro-industrie, l’industrialisation
et l’intégration entre autres. Les nou-
veaux directeurs vont veiller sur le droit
de fiducie entre l’institution et le Came-
roun dans le cadre du financement de
la construction de l’usine de pied du
barrage de Lom Pangar (30 MW), à
l’Est du Cameroun, conjointement fi-
nancé par la Banque africaine de déve-
loppement (BAD) et la Banque des
États de l’Afrique centrale (BDEAC) à
hauteur de 39 milliards FCFA. Ainsi
que sur la ligne de crédit d’environ 313
milliards de FCFA que la BAD a accor-
dée au Cameroun en juin 2020.
Conformément aux exigences de l'Ac-
cord portant création de la Banque afri-
caine de développement et de l'Accord
portant création du Fonds africain de
développement, qui stipulent que « la
Banque prend des dispositions pour
s'assurer que le produit d’un prêt ac-
cordé ou garanti par elle n’est utilisé
qu’à la seule fin à laquelle il est destiné,
en donnant aux considérations d’éco-
nomie et de rendement l’importance
qui leur est due ». Un crédit dédié à la
construction, la réhabilitation et l’amé-
lioration des infrastructures dans qua-
tre secteurs de production. Notamment
au financement des projets de dévelop-
pement dans les secteurs de l’énergie,
de la route, de l’élevage et du climat.
Ces fonds vont contribuer à la réalisa-
tion du projet d’aménagement de la
route nationale N°11, dénommée la
Ring Road, à l’interconnexion des ré-
seaux électriques entre le Cameroun et
le Tchad, amélioration de la résilience
des populations et des écosystèmes par
une gestion durable des ressources na-
turelles via le Programme intégré de
développement et d’adaptation au
changement climatique dans le Bassin

Profil des nouveaux dirigeants de la BAD Afrique centrale

du Niger.

S
erge N’Guessan de nationalité
canadienne et d’origine ivoi-
rienne, dispose à son actif de
plus de 30 ans d’expérience dans le
développement international et la
gestion de portefeuille. Selon le pré-
sident Adesina, « son expérience pra-
tique et sa capacité à fournir des
résultats seront un atout pour soute-
nir la transformation et l’intégration
dans la région». Il est titulaire d’un
doctorat en aménagement du terri-
toire et en urbanisme de l’université
de Montréal (Canada), d’un master en
architecture de l’université du Colo-
rado (Denver, États-Unis), ainsi que
d’un diplôme d’ingénieur de génie
civil de l’École nationale supérieure
des travaux publics de Yamoussou-
kro en Côte d’Ivoire. Avant de rejoin-
dre la Banque, il a dirigé la division
des projets internationaux d’OMIRA
Inc, une société canadienne (1996-
2000). Entre 1992 et 1996, il a été
chef de projet de Dirigo Land & Li-
vestock, une société américaine basée
à Denver, au Colorado. Au sein de
l’institution financière, qu’il a rejoint
en 2000 en tant qu’architecte princi-
pal et spécialiste chargé de la mise en
œuvre au sein du département du
Développement humain, il a occupé
entra autres fonctions celles de spé-
cialiste principal de la passation des
marchés avant d’être promu chargé
en chef de la gouvernance en 2008,
au département de la Gouvernance et
de la Gestion financière. Il a aussi oc-
cupé des postes de représentation,
notamment avant sa nomination, ou
il était directeur général adjoint de la
Banque pour l’Afrique de l’Ouest de-
puis septembre 2018, représentant ré-
sident au bureau de la Banque au
Togo depuis octobre 2011.
De nationalité ivoirienne, Solomane
Kone est le chef du bureau-pays du
groupe de la BAD au Cameroun.
Fonction qu’il cumule avec celle de Di-
recteur général par intérim de la région
Afrique centrale. Titulaire d’un docto-
rat obtenu en janvier 1990 et d’un mas-
ter en planification et économie du
développement obtenu en 1993 de
l’université Cornell aux États-Unis, ce
dernier a contribué à développer l’ac-
tivité de la Banque et à superviser la
performance du portefeuille du Came-
roun, le plus important d’Afrique cen-
trale (35 opérations pour environ 3,1
milliards de dollars américains). Il a oc-
cupé plusieurs fonctions de direction
en qualité de spécialiste en chef éco-
nomie pour le département régional
Est 2 de novembre 2009 à juillet 2012,
directeur régional par intérim d’OREB
de juillet 2012 à octobre 2013, conseil-
ler du vice-président chargé des Pro-
grammes nationaux et régionaux
(ORVP) devenu RDVP (Développe-
ment régional, intégration et prestation
de services) de novembre 2013 à sep-
tembre 2017.

N°019 du 19 janvier 2021 - Financia // 05

FINANCES N°019 du 19 janvier 2021 - Financia

Programmes du Fmi : Cycle ou non ? Vicieux ou vertueux ?

Le Fonds Monétaire International est traditionnellement nanti de la volonté de soutenir les
économies africaines et des pays en voie de développement, à la faveur des programmes qui
se sont malheureusement succédés et dont la mise en œuvre a parfois été mitigée.

Cette succession de programmes semble illustrer le caractère cyclique ou non de ceux-ci, au

point où il n’est pas exagéré de s’interroger désormais sur leur caractère vicieux ou vertueux.

I
MONDE vel instrument, qui privilégiera cette fois-ci la lutte FCFA en janvier 1994) et une politique Au regard de l’ensemble des programmes
_________________________ contre la pauvreté dans le pays ». Ce potentiel d’endettement qui visait à éviter les risques présentés ci-dessus, on peut donc penser
► ismaël atOntsa nGUetsOp programme susceptible d’entrer en vigueur de surendettement et à placer la dette pu- nous retrouver dans un cycle de pro-
_________________________
dès cette année devrait susciter des interro- blique sur une trajectoire soutenable. grammes donc la conception (d’inspiration
nitialement prévu en date du 25 juin gations quant à l’efficacité, de l’ensemble de Ensuite, les programmes dans le cadre de libérale) et la mise en œuvre demeure in-
2020 , la dernière revue ( sixième) du programmes mis en œuvre depuis fort l’Initiative en faveur des Pays Pauvres très changées, seules la dénomination et la prio-
Programme Economique et Financier longtemps et dont, les résultats continuent Endettés (IPPTE). L’Accord de Confirma- rité aux objectifs de ces programmes
avec le Fonds monétaire international (FMI) d’être mitigés. tion signé le 27 septembre1995 par le gou- changent. Toutefois, Qu’en est-il donc de la
dans le cadre de la Facilité élargie de crédit vernement camerounais et le fonds marquait nature (vicieux ou alors vertueux) de ces pro-
(FEC) s’est finalement tenue au mois de sep- prOGraMMes DU FMi : Un le début de ce programme, et visait en outre grammes au regard de notre du niveau de
tembre de la même année à la demande du cYcle OU nOn ? le rétablissement de la stabilité macroécono- développement ?
gouvernement Camerounais. Toutefois, les C’est une lapalissade, de penser que les pro- mique et la création des conditions de la
résultats de cette évaluation restent encore grammes du FMI dans les économies en dé- croissance du pays. prOGraMMes DU FMi :
méconnus jusqu’à présent, alors que le suc- veloppement s’apparentent à un cycle. Achevé, le 26 septembre1996 cet accord VicieUX OU VertUeUX ?
cès de cette dernière, conditionne un sep- Depuis les années 80 jusqu’à nos jours, plu- donnera naissance le 28 aout 1997 à un nou- Pour mieux dégager la nature des pro-
tième décaissement d’un montant de 55,2 sieurs économies en développement, se sont vel accord au titre de la Facilité d’Ajustement grammes du FMI dans les économies en dé-
millions de DTS (20 % de la quote-part), soit vues imposer un nombre considérable de Structurel Renforcée (FASR), visant à la fois veloppement en général, et celui du
près de 43 milliards de FCFA. Ce 7e décais- programmes par l’institution de bretton la réduction substantielle de la dette exté- Cameroun en particulier, plusieurs points
sement porterait à 427,8 millions de DTS woods et dont, les effets sur les perfor- rieure publique et la réduction de la pauvreté méritent d’être analysés:
(331 milliards de FCFA) le montant cumulé mances macroéconomiques restent mitigés dans le pays. C’est donc ce programme qui Au niveau des performances économiques
alloué par l’institution de Bretton Woods, soit et ne cessent de faire l’objet de nombreuses permettrait au Cameroun d’atteindre son du pays : il est clair, que depuis les lustres les
155 % de la quote-part. critiques tant par les académiciens, socio- point de décision en octobre 2000, tout en niveaux de performances économiques du
En outre, en raison de la crise sanitaire liée logues, les politologues que pour la plupart lui ouvrant le droit à un allégement de dette Cameroun et ceux des pays de la sous-ré-
à la pandémie du COVID-19, le conseil des intelligences nationales. C’est le cas par- de 1,26 milliard de dollars. Toutefois, un troi- gion CEMAC demeurent critiques, même si
d’administration du Fonds a approuvé deux ticulier du Cameroun qui depuis 1988, a dû sième accord fut signé le 21 décembre 2000 en 2020 ils se sont amplifiés en raison de la
décaissements au titre de la facilité de crédit également s’inscrire comme la plus part des par le gouvernement camerounais et le FMI crise sanitaire liée au covid-19. Ni l’objectif
rapide (FCR), la première en date du 04 mai autres économies en développement dans au titre de la Facilité pour La Réduction de de réduction de la pauvreté, ni l’objectif de
2020, d’un montant de 226 millions de dol- l’agenda des pays emprunteur du fonds. la Pauvreté et la Croissance (FRPC). Il visait croissance durable et inclusive longtemps
lars (soit 60 % de la quote-part du Came- En effet, depuis fort longtemps, le Came- principalement à faire des efforts de réduc- clamé dans la sous-région n’ont été atteints,
roun), et la seconde le 21 octobre 2020 pour roun se voit affliger par le FMI, un certain tion de la pauvreté dans le pays un élément par contre tout laisse croire le contraire. Fort
un montant d’ environ 156 millions de dol- nombre de programmes bien déterminés : décisif et plus explicite d'une stratégie éco- de ce constat, le FMI accuse les gouverne-
lars (soit 40 % de la quote-part du Came- D’abord, les fameux programmes d’ajuste- nomique renouvelée et orientée sur la crois- ments emprunteurs de mener les politiques
roun). L’objectif étant ainsi, de soutenir les ment structurel qui a fait l’objet de la signa- sance. Son échéance, initialement prévue économiques laxistes, ce qui se justifie par la
efforts des autorités visant à répondre aux ture d’un accord de confirmation conclu le pour le 23 décembre 2003 s’était vu proro- suspension des financements. A titre
besoins urgents de la balance des paiements 19 septembre 1988, et qui s’était achevé le gée pour un an supplémentaire du fait de la d’exemple le Cameroun ; pour l’ensemble
du pays résultant de la pandémie de 30 juin 1990 puis, renouvelé deux fois de non observation de certains critères de réa- des financements reçus du fonds, un seul ti-
COVID-19 et des chocs des termes de suite en dates respectives du 20 décembre lisation. Ce qui permettrait vraisemblable- rage a jusqu’à présent été effectué avec suc-
l’échange résultant de la forte baisse des prix 1991 et du 14 mars 1994. Ces programmes ment quelque temps plus tard l’atteinte de cès à hauteur 100%, notamment celui du 28
du pétrole. visaient en outre une politique monétaire gé- son point d’achèvement le 1er mai 2006. aout 1997 au titre de la Facilité d’Ajustement
Par ailleurs, dans une interview accordée le néralement marquée par une prudence re- Enfin, le Programme des Reformes Econo- Structurel Renforcée (FASR) et dont le mon-
06 mai 2020 au quotidien national bilingue flétant le besoin de maitriser l’inflation ( miques et Financières de la CEMAC tant s’estimait à 162,1 millions de DTS. Pour
Cameroon Tribune, le ministre des finances autour de 2% tel que prévu par les statuts de (PREF-CEMAC)en 2016, sous l’initiative la plupart restants, les montants des tirages
Louis Paul Motaze, annonçait déjà les cou- la BEAC) et de renforcer la position des des chefs d’Etat de la sous-région et du FMI, sont inférieurs à 50% du montant initiale-
leurs d’un nouvel accord. « J’ai déjà reçu l’ins- avoirs extérieurs nets du système bancaire, visant à la mise en œuvre des actions ment prévu. Ce qui traduit un mauvais res-
truction du président de la République de lancer les une politique budgétaire visant à retrouver rapides, vigoureuses et coordonnées, aussi pect de la conditionnalité et donc des
négociations. Les idées doivent être corrigées à l’aune l’équilibre des finances publiques (en passant bien au niveau national que sous régional, mesures édictées qui parfois se soldent
de la situation actuelle. Car, nous ne pouvons plus né- soit par l’accroissement des recettes, soit par pour la stabilisation du cadre macroé- même par un arrêt du programme.
gocier comme au départ, parce que nous ne savons pas la réduction des dépenses publiques), une re- conomique et une transformation struc-
dans quel état sera notre tissu économique après cette structuration des entreprises publiques, une turelle et profonde des économies de
pandémie » expliquait-il. Il affirmait également politique de change qui recherche un taux la Sous-Région, afin d’en renforcer la
que : « A son terme en septembre 2020 (au lieu de de change réaliste favorisant les exportations
juin), ce programme sera ensuite remplacé par un nou- ( ce qui justifie d’ailleurs la dévaluation du
résilience et de les placer sur le sentier
de l’émergence. La suite à la page 7
N°019 du 19 janvier 2021 - Financia // 06
FINANCES
Lutte contre les salariés fictifs : L'Etat du Cameroun
implémente une nouvelle stratégie
Ce nouveau dispositif qui est l’émanation de la loi de finances 2021 vise davantage à ligaturer les fis-
sures dans les caisses de l'État.
L’optimisation de la dépense publique apparaît dès lors comme un impératif catégorique.
A
CAMEROUN
_________________________
► idrissou YaHaYa
_________________________
u Cameroun , la perception
des salaires fictifs plombe les
caisses de l'État et représente
un véritable goulot d'étranglement
pour le développement .Ainsi ,dans la
perspective de l’assainissement du fi-
chier solde de l’Etat impulsé depuis
près de trois ans à travers le comptage
physique des agents publics , «le Minis-
tère des Finances en collaboration avec
les administrations parties prenantes,
poursuivra avec la gestion de la phase
post censitaire devant permettre entre
autres, le recouvrement auprès des
Programmes du Fmi : Cycle ou non ? Vicieux ou vertueux ?
E
n outre, les programmes du
FMI reposent sur une idéolo-
gie libérale d’économie de
marché qui n’est pas adaptée pour les
pays en voie de développement, mais
pourtant semblent efficace. C’est le cas
des politiques de restructuration du
secteur public (privatisation, licencie-
ment du personnel) recommandées par
le FMI qui ont toujours fait l’objet de
nombreuses critiques. Or, Si l’on s’en
tient au paysage économique actuel du
Cameroun, des entreprises publiques
comme Camair-Co, la BICEC, et la
BC-PME se doivent d’être privatisées
pour une gestion plus efficace, et bien
d’autres d’ailleurs. Par ailleurs, plus de
dynamisme de la part de nos gouver-
nements pourront rendre les pro-
grammes du FMI plus réalistes, et
notamment plus adaptés aux
contraintes politiques et sociales des
banques et des microfinances des
sommes indument perçues par les
agents publics suspendus»; telle est la
substance d’une circulaire du Ministère
des Finances .Le recouvrement de ces
salaires auprès des établissements ban-
caires est rendu possible grâce à un
nouveau système baptisé « Système de
télécompensation en Afrique centrale »
(Systac), piloté par la banque centrale
depuis août 2020. Ledit système per-
met au Trésor public d’approvisionner
directement le Relevé d’identité ban-
caire (RIB) du bénéficiaire de la solde
ou de la pension, à l’opposé de l’ancien,
baptisé Système de gros montants au-
tomatisé (Sygma).Le défaut de Sygma
pays, les administrations nationales ont
un rôle essentiel à jouer. Elles l’ont
bien peu fait jusqu’ici, notamment en
Afrique. Même si avec le Programme
des Reformes Economiques et Finan-
cières de la CEMAC on note une nette
amélioration. Les autorités doivent
mieux s’impliquer dans la définition
des programmes, surtout au début.
Eviter que cela se fasse assez unilaté-
ralement par les organisations interna-
tionales comme dans les années 90 et
début des années 2000 (y compris les
lettres d’intention et autres déclarations
de politique économique, rédigées dans
un style purement washingtonien).
S’il est constant que ni la méthode ré-
sultat objectif, ni la méthode avant et
après programmes ne permettent d’ap-
précier l’efficacité des programmes du
FMI, force est de relever que nous ne
semblons pas toujours converger vers
la trajectoire d’une croissance écono-
était lié au fait que des fonds étaient
mis à la disposition des banques, qui se
chargeaient alors de les redistribuer
dans les comptes des salariés de l’État,
ce qui ne permettait pas au Trésor de
contrôler les volumes décaissés ou non.
Pis, les montants non perçus par les sa-
lariés parfois fictifs ou décédés étaient
généralement gardés par les banques,
parfois pendant plusieurs mois, sans
être retournés au Trésor. Ce qui privait
l'Etat de ressources financières.
Or, le Trésor public dépense à peu près
105 milliards de FCFA par mois pour
les salaires et pensions des agents pu-
blics. Ce qui représente plus de 1000
milliards de FCFA annuellement, soit
mique durable et inclusive comme l’a
longtemps clamé le fonds. A qui donc
la faute ? Revient elle (la faute) à une
institution qui accorde des prêts selon
des statuts bien définis et connus ou
alors aux gouvernements emprunteurs
peut être laxistes ? Néanmoins, nous
recommandons aux gouvernements
emprunteurs de mettre l’accent sur une
bonne et saine gouvernance, pour une
meilleure gestion des derniers publics
(de punir sévèrement les autorités
laxistes). Quant au fonds, nous propo-
sons d’impliquer de plus en plus le sec-
teur privé pendant les négociations
avec le gouvernement.
Au niveau des performances économiques
du pays : il est clair, que depuis les lustres
les niveaux de performances économiques
du Cameroun et ceux des pays de la sous-
région CEMAC demeurent critiques,
même si en 2020 ils se sont amplifiés en rai-
son de la crise sanitaire liée au covid-19. Ni
N°019 du 19 janvier 2021 - Financia // 07
N°019 du 19 janvier 2021 - Financia
pratiquement le quart du budget de
l'Etat (4 865,2 milliards de FCFA) en
2021.
S’exprimant le 25 novembre 2020 de-
vant les députés, dans le cadre de la
présentation du programme écono-
mique, financier, social et culturel du
gouvernement pour l’année 2021, le
Premier ministre (PM) camerounais,
Joseph Dion Nguté, a révélé que le
Trésor public a réalisé des économies
de 40 milliards de FCFA sur la masse
salariale de l’État, au cours de l’année
qui s’achève. Ces économies, a-t-on ap-
pris, sont consécutives aux actions im-
plémentées par le gouvernement, pour
assainir le fichier solde de l’État.
l’objectif de réduction de la pauvreté, ni
l’objectif de croissance durable et inclusive
longtemps clamé dans la sous-région n’ont
été atteints, par contre tout laisse croire le
contraire. Fort de ce constat, le FMI accuse
les gouvernements emprunteurs de mener
les politiques économiques laxistes, ce qui
se justifie par la suspension des finance-
ments. A titre d’exemple le Cameroun ;
pour l’ensemble des financements reçus du
fonds, un seul tirage a jusqu’à présent été
effectué avec succès à hauteur 100%, no-
tamment celui du 28 aout 1997 au titre de
la Facilité d’Ajustement Structurel Renfor-
cée (FASR) et dont le montant s’estimait à
162,1 millions de DTS. Pour la plupart res-
tants, les montants des tirages sont infé-
rieurs à 50% du montant initialement
prévu. Ce qui traduit un mauvais respect de
la conditionnalité et donc des mesures édic-
tées qui parfois se soldent même par un
arrêt du programme.
EDUCATION FINANCIÈRE
Les imbrications entre les groupements
tontiniers du secteur informel et les
banques et IMF/EMF du secteur formel
Par Manuel Roland TCHEUMALIEU FANSI
Chargé de cours – FSJP –Université de Yaoundé II (SOA)
Avocat au Barreau de Paris
E
REFLEXION
________________
___________________
n Afrique comme ailleurs, le
système bancaire est très ex-
clusif et laisse par conséquent
hors du circuit bancaire la plus impor-
tante frange de la population pauvre.
D’après une étude de la Banque Mon-
diale, « les trois quarts de pauvres n’ont pas
accès aux services bancaires ». Indiscuta-
blement, les coûts engendrés par la
gestion d’un compte bancaire, les inté-
rêts liés aux prêts ou microcrédits se-
raient insupportables pour leurs
maigres revenus. Cette situation
amène inévitablement les populations
démunies à se tourner résolument vers
le secteur informel qui leur offre un
cadre approprié d’auto-organisation,
d’entraide et de fonctionnement pour
leurs besoins de prêts et d’épargne. En
France où l’on peut remonter ses ori-
gines avec le banquier napolitain
TONTI, l’expression « tontine", aussi ap-
pelée ";Clause d'accroissement" ou "; Pacte
tontinier", est une convention intervenant
entre plusieurs personnes mettant des biens ou
des capitaux en commun avec cette particula-
rité que les sommes versées, leurs produits ou
les biens meubles ou immeubles qui auront été
achetés à l'aide du capital ainsi constitué ap-
partiendront au dernier survivant ». Toute-
fois, en Afrique, en Asie ou en
Amérique latine, la tontine traduit une
autre réalité. Contrairement à la France
où la tontine est un phénomène du
secteur formel, en Afrique, elle reste
une institution du secteur financier in-
formel. Par ailleurs, les tontiniers en
Afrique se regroupent pour mobiliser
collectivement de l’épargne et accorder
du crédit aux membres, alors qu’en
France, seul le dernier survivant peut
bénéficier des biens acquis à l’aide du
capital constitué par les membres
concernés par la clause tontinière. En
Afrique, la tontine est donc la forme la
plus achevée et remarquable d’auto-or-
ganisation informelle des personnes à
des fins de mobilisation collective de
l’épargne et de crédit. Marquées très
fortement par les caractéristiques d’in-
tuitu personae comme tout groupe-
ment de personnes, les tontines qui
symbolisent le secteur financier infor-
mel occupent une place de choix en
Afrique, tant la souplesse ainsi que
l’absence des contraintes qui les carac-
térisent cadrent avec les mœurs afri-
caines. Deux raisons principales
justifient l’engouement des popula-
tions vers le secteur financier informel.
La première est liée au fait que les pla-
cements y sont très rémunérateurs, la
seconde s’explique par l’accès moins
contraignant au crédit. Contrairement
aux institutions financières du secteur
formel, les groupements tontiniers
n’ont pas à faire face aux frais de ges-
tion administrative, au coût opération-
nel lié à leur activité, au traitement
salarial du personnel. Dans ces condi-
tions, les tontines peuvent se permet-
tre d’accorder les crédits avec des taux
d’intérêts raisonnables et bien concur-
rentiels par rapport à ceux pratiqués
par les banques et les institutions de
microfinance. Dans les pays en déve-
loppement et particulièrement en
Afrique subsaharienne, le système de
prêt informel constitue de nos jours
une véritable alternative au crédit ac-
cordé par les institutions financières
formelles. Toutes les politiques de dé-
veloppement initiées en Afrique qui se
veulent complètes doivent absolument
prendre en compte le secteur informel.
En Afrique subsaharienne, même les
personnes titulaires de compte ban-
caire d’épargne sont toujours portées
vers le système informel d’épargne ou
tontinier que certains qualifient d’«
épargne communautaire » ou « clubs
d’épargne ».Toutefois, il importe de re-
lever que les secteurs financiers infor-
mel et formel n’évoluent pas en vase
clos. Même si le secteur financier in-
formel est parfois perçu à bien des
égards comme une nébuleuse dont la
démystification est complexe, il existe
pourtant des passerelles qui lui per-
mettent de communiquer avec le sec-
teur financier formel. C’est tout l’enjeu
de cette étude qui porte sur les imbri-
cations qui existent entre les groupes
financiers informels dominés par les
tontines et les Banques et IMF/EMF
du secteur formel. Il ne s’agit pas ici de
N°019 du 19 janvier 2021 - Financia
faire interagir le droit dans un domainedéterminé. Toutefois, dans le sillage
qui n’est pas encore appréhendé par le africain, la tontine constituée sous la
législateur lui-même, mais d’explorer forme associative reste dominante car
simplement les passerelles de dialogue la plupart des associations ou presque
entre les deux secteurs. Cette imbrica- toutes prévoient d’une part un volet dit
« tontine » ou « cotisation »et d’autre part
tion peut varier en fonction de la taille
ou de l’implantation géographique du un volet dit « banque » dans leur fonction-
groupement tontinier en question. Les nement. C’est pourquoi, la tontine est
entités tontinières des zones rurales ouégalement définie comme une « associa-
enclavées sont de toute évidence tion rotative d’épargne et de crédit » ou «
moins marquées par les instruments AREC ». De cette définition, il est
d’imbrication au contraire des groupe- probable de déceler que le fonctionne-
ments tontiniers des zones péri-ur- ment de la tontine intègre deux com-
baines ou urbaines qui multiplient les pétences qui sont traditionnellement
dispositifs de dialogue avec les entitésréservées aux établissements de crédit
financières du secteur formel. La mise ou aux établissements de microfi-
en œuvre de ces outils de communica- nance. Prévu par les règlementations
tion est faite par les responsables de CEMAC et UEMOA, le monopole des
ces groupements informels. L’identifi- banques et des IMF sur l’accomplisse-
cation des dispositifs de dialogue entrement de certaines opérations de
le secteur informel et formel montre banque telles la collecte de l’épargne,
qu’il y a d’une part, les passerelles del’octroi de crédit est complètement mis
communication classiques à l’instar des à mal. Sans viser expressément les
comptes bancaires tontiniers et des groupements tontiniers, la législation
chèques sous leurs différents contours CEMAC en des termes à peine voilés
ainsi que des garanties multiples et fixe les conditions d’exercice
d’autre part, les instruments de dia- par des associations de l’acti-
logue modernes et innovants comme vité de microfinance. Toutefois,
l’exercice des opérations d’épargne et
le flash cash, les virements et transferts
électroniques. En dépit de cette dis- de crédit par les groupements tonti-
tinction des instruments classiques et niers nécessite inévitablement l’utilisa-
modernes qui s’impose a priori, il pa- tion des dispositifs pouvant permettre
raît judicieux d’orienter notre analyse de sécuriser les fonds qui y sont collec-
d’une part, sur les dispositifs de dia- tés. C’est tout l’enjeu de l’ouverture des
logue entre l’informel et le formel qui comptes bancaires tontiniers par les di-
concourent à la sécurisation des fonds rigeants de ces groupements atypiques
auprès des établissements de crédit ou
tontiniers (I) et d’autre part, sur les ou-
tils de communication mis en œuvre d’institutions de microfinance (A). Les
pour parfaire les engagements tonti- autres instruments modernes et inno-
niers (II). vants notamment le flash cash, les
transferts, les virements électroniques
I-INSTRUMENTS DE DIA- et via le téléphone portable constituent
LOGUE LIÉS À LA également d’autres moyens de dialogue
SÉCURISATION DES entre le secteur financier informel et le
FONDS TONTINIERS secteur financier officiel et contribuent
Le secteur financier informel en avec perfection à la sécurisation des
Afrique est substantiellement dominé fonds collectés par les groupements
par les tontines. Ces dernières ne ré- tontiniers (B).
pondent à aucun regroupement juri-
dique spécifique. Ces entités
tontinières sont ainsi considérées soit
comme les associations, soit comme
La suite à la page 9
des mutuelles, soit comme de simples
groupes de personnes aux dénomina-
tions diverses sans vêtement juridique
N°019 du 19 janvier 2021 - Financia //08
EDUCATION FINANCIERE
A- L’OUVERTURE DES
COMPTES BANCAIRES
TONTINIERS POUR
SÉCURISER LES FONDS
TONTINIERS
Les fonds qui y sont collectés doivent
être sécurisés non pas par les groupe-
ments tontiniers eux- mêmes puisqu’ils
n’en ont pas les moyens, mais par les éta-
blissements agréés du secteur formel.
C’est pourquoi, l’ouverture des comptes
bancaires tontiniers auprès des banques
ou institutions de microfinance s’impose
comme un impératif incontournable.
Les conditions d’ouverture d’un tel
compte sont variées et dépendent de la
taille de chaque groupement (1). Le fonc-
tionnement du compte bancaire tontinier
rend compte de l’intensité des liens et des
enjeux croisés entre le secteur financier
informel et le secteur formel. Par l’ou-
verture des comptes suivie des dépôts et
retraits successifs, le groupement tonti-
nier sécurise ses fonds tandis que l’insti-
tution domiciliataire du compte effectue
à son tour, une opération traditionnelle
de collecte et de mise à disposition des
fonds (2).
1- les conditions de mise
en œuvre du compte
bancaire tontinier
Le compte bancaire tontinier est un
compte collectif qui est ouvert au nom
du groupement auprès d’un établisse-
ment de crédit ou institution de microfi-
nance. Les diligences liées à l’ouverture
de ce compte sont faites par les diri-
geants de fait ou de droit. Le degré d’im-
brication par le compte bancaire varie en
fonction de la taille ou de l’implantation
du groupement tontinier. Les groupe-
ments des zones rurales très enclavées ou
les groupements qui gèrent les modestes
sommes d’argent se remettent à la dili-
gence et au sérieux de leur trésorier sta-
tutaire ou élus pour sécuriser leurs fonds
à charge pour lui de restituer à première
demande. Il s’agit en tout cas d’une per-
sonne en qui, ils ont toute confiance. La
personne de confiance dépositaire des
fonds tontiniers assure pour le compte
du groupement tontinier selon l’expres-
sion pertinente de Michel LELART, la
fonction de « garde-monnaie » avec une
obligation de restitution à première de-
mande. Dans la pratique, les gardes-
monnaie qui ne sont pas eux-aussi
totalement épargnés des risques de perte
et de vol trouvent de nos jours la néces-
sité d’ouvrir un compte bancaire en vue
de sécuriser les fonds reçus des membres
du groupement. Le compte bancaire
peut être ainsi ouvert au nom du grou-
pement ou plus généralement au nom
des gardes-monnaie pour sécuriser les
fonds reçus. Dans ce dernier cas, ils peu-
vent déposer ces fonds « à la banque dont
ils peuvent ainsi devenir un client important et
régulier, voire un auxiliaire dûment rémunéré ».
Par contre, les groupements tontiniers
périurbains et urbains ou ceux qui gèrent
les fonds importants trouvent toujours la
nécessité d’assurer la sécurisation des
fonds collectés par l’ouverture d’un
compte bancaire. Les diligences liées à
cette ouverture sont faites par les diri-
geants. Les conditions requises pour
l’ouverture du compte bancaire tontinier
sont celles requises pour les personnes
morales. La banque ou l’institution de
microfinance exige en effet pour l’ouver-
ture du compte bancaire tontinier les do-
cuments tels : le procès-verbal de dési-
gnation de l’assemblée ayant désigné les
dirigeants ainsi que leur mandat d’agir au
nom du groupement, un exemplaire des
statuts du groupement en vue de vérifier
les pouvoirs des membres du groupe-
ment tontinier appelés à effectuer les
opérations notamment de retrait sur le
compte, l’adresse exacte ou le siège social
voire la localisation schématique du
groupement ainsi que la somme requise
pour l’ouverture d’un tel compte qui
peut osciller entre 1000 francs cfa à 5000
francs cfa. Dès que le compte bancaire
tontinier est ouvert, le dialogue entre le
groupement tontinier et la banque ou
l’institution de microfinance se matéria-
lise dans les faits par les opérations régu-
lières de dépôts et de retraits.
2-le dialogue à travers les
opérations sur le compte
bancaire tontinier
Dès l’ouverture du compte bancaire ton-
tinier, les opérations de versements et de
retraits peuvent y être effectuées. Les
opérations qui y sont effectuées symbo-
lisent en quelque sorte les enjeux croisés
entre les deux secteurs. Par exemple, si
les opérations de dépôt de somme d’ar-
gent sur le compte bancaire tontinier re-
présentent pour le groupement tontinier
déposant une opération d’épargne, elles
représentent par contre une opération de
collecte de l’épargne par l’institution do-
miciliataire de compte. C’est le flux
d’opérations de dépôts réalisées par les
groupements tontiniers auprès des insti-
tutions financières du secteur formel qui
permet d’avoir une certaine lecture sta-
tistique ou traçabilité des fonds qui cir-
culent dans les tontines en Afrique. Par
exemple, selon le document de stratégie
de la microfinance au Cameroun réalisé
par le ministère des finances en avril
2013, les tontines font « circuler environ
190 milliards de francs cfa ». Au demeu-
rant, l’ouverture des comptes bancaires
tontiniers auprès des banques ou institu-
tions de microfinance pour sécuriser les
fonds collectés par les tontines est la par-
faite illustration de la libéralisation finan-
cière longtemps chère à la Banque
mondiale dont la formule à ce sujet a
toujours été sans équivoque : « Libérons
les banques, elles accueilleront l’argent des ton-
tines et des tontiniers… ».
B- LES MOYENS MO-
DERNES ET INNOVANTS DE
SÉCURISATION DES FONDS
TONTINIERS
La sécurisation des fonds tontiniers a
toujours été un réel handicap au sein des
groupements tontiniers de l’espace
OHADA. Chaque groupement tontinier
étant une association rotative d’épargne
et de crédit de fait ou de droit, chaque
séance ou session est empreinte par les
cotisations des membres. Les fonds ainsi
collectés à chaque séance représentent
une bonne manne et celle-ci sera remise
au bénéficiaire du jour ou de la séance.
Toutefois, la manipulation des espèces en
pleine séance a toujours été source d’en-
nuis notamment en termes de sécurité.
À cause de nombreux cas de braquages
orchestrés dans ces milieux, la probléma-
tique de sécurisation des fonds tontiniers
s’est donc posée avec acuité. D’où la
mise en œuvre des dispositifs modernes
et innovants de sécurisation à l’instar du
flash cash (1) ainsi que des virements ou
transferts tontiniers (2).
1- l’utilisation de la monnaie
dématérialisée : exemple du flash
cash
Le flash cas est un dispositif basé sur
l’utilisation de la monnaie immatérielle
en lieu et place des espèces en séance
tontinière. Avec la manipulation des es-
pèces, les groupements tontiniers
n’étaient pas à l’abri des risques de perte
et de vol des fonds collectés. Pour éviter
ces pertes et faire face aux braquages en
pleine séance qui se multipliaient dans les
milieux tontiniers, l’adoption des me-
sures de sécurisation devenait une néces-
sité. C’est dans ce contexte que le
système d’utilisation de la monnaie im-
matérielle a été mis en œuvre. Véritable
partenariat entre le secteur informel fi-
nancier dominé par les tontines et le sys-
tème bancaire classique, le flash cas a été
mis en œuvre pour la première fois au
Cameroun par la banque Afriland First
Bank. Système basé sur la l’immatérialité
de la monnaie, le flash cash est une solu-
tion pour « la sécurité de l’épargne ». Conçu
sur du papier infalsifiable, le flash cash
est disponible en coupures de 5 000, 25
000, 50 000, 100 000, 300 000, 500 000
et 1 000 000 fcfa. Le client d’un compte
flash cash fait des dépôts bancaires et au
moment du retrait, il achète des flashs
cash à un taux moindre (0.025%) de la
valeur de ses flash cash dans tous les gui-
chets de la banque émettrice, chez ses
partenaires et même dans les zones ru-
rales avec le réseau MC2/MUFFA.
Considéré comme un moyen de paie-
ment, le flash cash est notamment conçu
pour faciliter les « cotisations » au sein des
tontines. Ainsi, tout groupement tonti-
nier peut ouvrir un compte flash cash au-
près d’Afriland first bank pour permettre
à ses membres d’accomplir en toute sé-
curité, leur obligation de cotisation.
Concrètement, les membres peuvent co-
tiser auprès de la banque par le verse-
ment dans le compte tontinier, du
montant correspondant à leur engage-
ment par séance contre les flashes cash
correspondants. Ainsi, ceux ayant ac-
compli cette formalité n’apporteront les
flashes cash que comme la preuve de leur
versement ou dépôt bancaire lors des
séances.
2-les virements et transfert : mobile
banking-ou mobile transfert
Dans certaines circonstances, les cotisa-
tions tontinières sont effectuées à travers
les virements ou transferts. À l’heure de
l’innovation technologique, les moyens
de transferts et de virements se moder-
nisent aussi. L’utilisation des nouvelles
technologies de l’information et de la
N°019 du 19 janvier 2021 - Financia // 09
N°019 du 19 janvier 2021 - Financia
communication dans le domaine des
transferts et des virements est spectacu-
laire et même indispensable. Les immi-
grants africains une fois installés dans les
pays d’accueil s’évertuent toujours à créer
et à développer des structures de solida-
rité. Ces structures sont déclarées auprès
des autorités du pays d’accueil sous
forme d’association. Toutefois, il apparaît
au regard de la pratique, que chaque as-
sociation des immigrants africains a un
réel volet tontine que l’on qualifie pro-
saïquement « de volet cotisation » qui ne
figure pas dans les statuts mais dans le
règlement intérieur. Les cotisations peu-
vent servir à la réalisation des projets
aussi bien dans le pays d’accueil que dans
les pays d’origine. La création des struc-
tures de solidarité sert ainsi de cadre
idoine de mobilisation de l’épargne aux
fins de son rapatriement dans le pays
d’origine pour le financement de plu-
sieurs projets ou d’aide aux proches. En
effet, la plupart des membres de la dias-
pora africaine sont également membres
d’un ou de plusieurs groupements tonti-
niers dans leurs pays d’origine. Les enga-
gements tontiniers sont dans ces
circonstances, effectués par l’intermé-
diaire des virements et des transferts. Les
virements sont accomplis par les tonti-
niers disposant d’un compte bancaire.
Dans ce cas, le virement se réalise par
l’ordre de débit de leur compte personnel
contre le crédit corrélatif du compte
bancaire tontinier bénéficiaire dans le
pays d’origine. Par contre, le transfert est
une opération qui peut être exercée hors
de l’existence de tout compte bancaire.
Dans ce cas, le tontinier donne l’ordre de
transfert du montant de sa cotisation soit
auprès des établissements de paiement
soit auprès des banques. Le montant
transféré peut être au nom d’un bénéfi-
ciaire membre du même groupement
tontinier, soit au nom du représentant du
groupement tontinier s’il est désigné par
les statuts ou le règlement intérieur pour
recevoir les transferts. Cette dernière hy-
pothèse est mise généralement sur pied
lorsque les membres du groupement
tontinier vivent dans plusieurs villes ou
dans plusieurs pays. Les séances de coti-
sation dans cette hypothèse sont en prin-
cipe mensuelles. Cette épargne des
migrants africains vers leurs pays d’ori-
gine constitue l’épargne brute.
En effet, « L'épargne du pays d’accueil est des-
tinée à plusieurs usages : remboursements de
dettes, investissement dans un réseau social de so-
lidarité (cotisations dans une tontine ou une as-
sociation de migrants) et investissement sur
place (placements financiers ou création de pe-
tites activités)». En créant et en dévelop-
pant les entités tontinières de solidarité
et de mobilisation de l’épargne et de
levée de fonds qui sont ensuite transférés
ou virés en Afrique, les migrants africains
gardent toujours un lien fort avec leur
pays d’origine en contribuant substantiel-
lement à leur développement. Les immi-
grés africains ont l’habitude de se
regrouper dans les tontines pour mobili-
ser l’épargne qui sera transférée par la
suite en Afrique pour satisfaire plusieurs
besoins. C’est ce que certains analystes
ont appelé la « culture d’épargne et transfert
d’argent ».
La suite à la page 10
EDUCATION FINANCIÈRE
Parfois aussi, les envois de fonds par les
migrants africains se font dans le cadre
d’un partenariat interbancaire avec la mise
en œuvre « de transfert groupés ». Les
transferts groupés dans ce cas se font très
souvent effectués par les personnes qui
sont déjà membres d’une tontine de la
diaspora africaine vers leur pays d’origine.
C’est le cas du programme PASECA pour
les migrants maliens dont le but est de
chercher « à collecter et de drainer dans leurs
banques, ou caisses villageoises, les ressources pro-
venant des transferts financiers des migrants (…).
Grâce à un partenariat interbancaire, un système
de transfert reposant sur les transferts groupés per-
mettant de diminuer les coûts, et en conséquence de
drainer les envois réguliers. Ainsi, ce produit d’ap-
pel qu’est le service de transfert permet de s’appuyer
sur ces ressources transférées pour proposer divers
produits et services financiers au migrant (ou son
mandataire) dans le pays d’origine ». À travers
les transferts permanents et successifs, les
immigrés sont devenus les grands
consommateurs des nouvelles technolo-
gies et de la communication appliqués aux
moyens de paiement. L’utilisation des
structures comme les banques, les établis-
sements de paiement et l’emprunt des dis-
positifs de transferts comme la téléphonie
mobile et internet ont complètement dopé
les besoins d’envoi d’argent de ces mi-
grants vers leurs pays d’origine. Le lien
qu’entretiennent les immigrés africains
avec leur pays d’origine est si fort et dé-
montre à juste titre leur attachement au
développement de leur continent. L’utili-
sation des canaux d’envois d’argent
comme les transferts de fonds permet
d’établir les statistiques qui contribuent à
l’éclairage des pouvoirs publics sur les
données chiffrées des flux financiers des
migrants sur l’économie et le développe-
ment des pays d’origine. En effet, «les évo-
lutions dans la gestion des transferts d’argent sont
très rapides en Afrique. Le continent reçoit an-
nuellement près de 40 milliards de dollars de ses
migrants éparpillés à travers le monde malgré la
crise financière internationale ».
En 2008, les estimations de la Banque
mondiale pour le volume global des trans-
ferts ont été de 500 milliards de dollars US
environ, dont 328 milliards de dollars US
pour le formel et 200 milliards de dollars
US pour l’informel. Annuellement, la ma-
jorité des pays en développement reçoit
plus d’un milliard de dollars US de fonds
transférés.
En Afrique, 18 des 53 pays reçoivent cha-
cun plus de 500 millions de dollars US.
Toutefois, ces flux sont sous-estimés à
cause des voies non formelles ou non of-
ficielles utilisées par les expéditeurs vers
ces pays. La justification de la sous-estima-
tion des transferts informels qui échap-
pent aux statistiques officielles est
pourtant évidente : Aux termes de l’article
5 du règlement (CE) n° 1889/2005 du
Parlement européen et du Conseil du 26
octobre 200531, « l'argent liquide trans-
porté par une personne physique entrant
ou sortant de la Communauté doit être
soumis au principe de la déclaration obli-
gatoire ». Or, aux termes de l’article 6 de
ce règlement, « seuls les mouvements d'un mon-
tant égal ou supérieur à 10 000 EUR devraient
être soumis à une telle obligation ». Il appert de
constater que les migrants africains s’organisent
pour faire transférer de l’argent liquide par les ton-
tiniers qui traversent les frontières sans se soumettre
à l’obligation de déclaration prévue. Il suffit sim-
plement de fractionner un important montant en
plusieurs lots de moins de 10.000 euros que l’on
confiera à plusieurs tontiniers voyageurs ce qui per-
met aisément de traverser les frontières sans se sou-
mettre à l’obligation de déclaration douanière. De
nos jours, « ces importants transferts de fonds re-
présentent entre 9% et 24% des PIB des pays afri-
cains et entre 80% et 750% de l’aide publique au
développement ». Grâce à ces transferts, les
migrants africains sont devenus de facto,
les premiers bailleurs de fonds du conti-
nent. Il apparaît dès lors que les transferts
de fonds représentent l’une des passerelles
de communication entre l’informel et le
formel et s’imposent également comme
de véritables outils statistiques nécessaires
pour la détermination des flux financiers
qui circulent entre ces deux secteurs.
Par ailleurs, le développement des services
bancaires avec la manipulation et surtout
la circulation de l’argent immatérielle à tra-
vers les transferts d’argent via le téléphone
portable a accentué le dialogue entre le
secteur informel et le secteur formel. L’ar-
gent immatériel transféré à travers le télé-
phone portable ou « mobil transferts » a
permis une intégration plus rapide des po-
pulations rurales dans les systèmes finan-
ciers, élargissant par conséquent le marché
de la microfinance. Quelques chiffres sont
pertinents à cet égard. Dans le monde, 1,7
milliard de personnes n’ont pas de compte
bancaires, mais possèdent un téléphone
portable. Le mobil transfert fait de chaque
utilisateur de téléphone portable un po-
tentiel consommateur de ce mode aty-
pique et moderne de transfert.
Concrètement, le mobil transfert ou le
transfert d’argent via le téléphone portable
est un mécanisme qui permet de changer
de l’argent liquide en monnaie immaté-
rielle et le transférer directement à un ou
d’autres utilisateurs du même réseau qui à
leur tour le changeront en argent liquide.
En Afrique, le Kenya est pionnier de ce
moyen moderne et atypique de transfert
et de mise à disposition des fonds. Sur les
30 millions d’abonnés de téléphonie mo-
bile que compte le Kenya, plus de 10 mil-
lions sont déjà client du système de
transfert par téléphone « M-PESA » mis
sur pied par l’opérateur de télécommuni-
cation kényan Safaricom depuis 2007. Le
recours à l’argent immatériel est devenu
une nécessité et même un phénomène de
mode en Afrique et permet aux utilisa-
teurs de téléphonie mobile d’effectuer non
seulement les transferts d’argent pour sa-
tisfaire parfois leurs engagements tonti-
niers mais surtout pour sécuriser les fonds
tontiniers qui sont dans ces conditions in-
susceptibles de perte et de vol. Véritable
phénomène d’actualité, le transfert d’ar-
gent via la téléphonie mobile est « devenu
omniprésent : 73% des adultes kényans se servent
d’argent mobile, et 23% y recourent au moins une
fois par jour ».
Le phénomène se vulgarise progressive-
ment partout en Afrique comme on a pu
constater sa mise en œuvre au Cameroun
depuis novembre 2011 par l’opérateur de
téléphonie Orange. Avec le porte-mon-
naie électronique,le transfert d’argent dé-
matérialisé par téléphonie mobile
contribuent à lutter contre la sous-banca-
risation et l’offre de service de service fi-
nancier à des couches de population qui
même étant dans l’informel, peuvent sé-
curiser leurs fonds à travers les envois et
les transferts successifs dans leurs groupe-
ments tontiniers respectifs.
II- DISPOSITIFS DE
DIALOGUE NÉCESSAIRES
POUR LE RESPECT DES
ENGAGEMENTS
TONTINIERS
Le dialogue entre les secteurs informels et
formels dans l’espace OHADA est très
souvent le fruit des dispositifs innovants
ou particuliers. Dans la plupart des grou-
pements tontiniers des centres péri-ur-
bains ou urbains, l’utilisation du chèque
s’impose désormais comme une règle
d’exigence maximale. L’utilisation de cet
instrument de paiement permet de sécu-
riser les fonds tontiniers et permettre aux
membres émetteurs d’honorer en toute
quiétude, sécurité et rapidité leurs engage-
ments de cotisation ou de remboursement
du crédit (A). Le fonctionnement des
groupements tontiniers fait souvent appel
à la mise en œuvre d’autres instruments
comme le cautionnement ou le caution-
nement réel ainsi que l’hypothèque (B).
a- l’UtilisatiOn Des
cHèqUes pOUr parFaire les
enGaGeMents tOntiniers
Dans les groupements tontiniers, les en-
gagements des membres sont en principe
fondés sur la foi de la parole donnée. Au
sein des groupements tontiniers de la so-
ciété traditionnelle africaine, le respect de
la parole donnée est le crédo nécessaire qui
guide toute vie en communauté. Par
conséquent, tout membre qui ne mettrait
pas un point d’honneur sur le respect de
la parole donnée court le risque de l’exclu-
sion et par conséquent de l’isolement au
sein de la communauté. Cette situation
correspond à la mort civile. Pour éviter les
défaillances qui pourraient conduire aux
exclusions, le chèque est le moyen le plus
utilisé dans les entités tontinières. Le
chèque est ainsi émis soit à titre de paie-
ment (1) soit à titre de garantie (2).
1-chèque émis à titre de paiement
Les engagements tontiniers doivent être
absolument respectés au risque de voir le
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N°019 du 19 janvier 2021 - Financia
socle social lui-même s’écrouler. Étant une
entité de personnes marquée par la pré-
pondérance de l’intuitu personae, la ton-
tine est appelée à s’armer de tous les
instruments pour amener ses membres à
honorer leurs engagements. Contraire-
ment aux tontines des milieux ruraux et
des zones très enclavées où le lien social
reste très fort entre les membres, les ton-
tines des centres urbains et périurbains,
conscients du risque lié à l’amenuisement
du lien social dans ces milieux commen-
cent de plus en plus à innover par la mise
en œuvre du chèque pour honorer leurs
engagements tontiniers. Dans la pratique,
l’utilisation des chèques dans les groupe-
ments tontiniers poursuit deux principaux
objectifs. Primo, le chèque avec sa fonc-
tion libératoire oblige le tontinier émetteur
à tout mettre en œuvre pour honorer ses
engagements pris à l’encontre du groupe-
ment tontinier. Dans la mise en œuvre, le
chèque émis par le membre est tiré sur sa
propre banque. Le montant porté sur le
chèque est soit le montant cumulé des co-
tisations dont le membre émetteur reste
débiteur à l’égard du groupement tonti-
nier, soit le montant d’un emprunt qu’il a
souscrit. Segundo, l’utilisation du chèque
permet de limiter la manipulation des es-
pèces au cours des séances. C’est ainsi que
les chèques émis dans les tontines obéis-
sent à des fonctionnalités multiples no-
tamment de paiement et de garantie.
2-chèque émis imparfaitement et
abusivement à titre de garantie
Dans ces groupements, le chèque est très
généralement utilisé imparfaitement ou il-
légalement à titre de garantie. Ainsi, pour
éviter toute défaillance, malhonnêteté et
toute insolvabilité, tout membre qui béné-
ficie de la manne tontinière, sans au préa-
lable cotiser au prorata du nombre des
tontiniers, doit déposer un chèque dit «
chèque de caution » que le groupement
conserve sous forme de garantie. Or, cette
utilisation du chèque à titre de garantie est
prohibée par le législateur car « le chèque est
payable à vue. Toute mention contraire est réputée
non écrite ».
Le chèque remis à titre de garantie est ainsi
tiré sur le compte bancaire du remettant
ouvert auprès d’un établissement de crédit.
Le groupement tontinier conserve le
chèque comme un moyen de pression
contre l’émetteur voire comme une garan-
tie. Le chèque ne lui sera retourné qu’après
accomplissement intégral de ses engage-
ments envers la tontine.
Pour éviter la manipulation de la monnaie
en espèces lors des séances, certaines ton-
tines préfèrent ouvrir un compte bancaire
dit de « cotisation » auprès des banques ou
IMF. Ainsi, l’insécurité découlant de la ma-
nipulation des espèces dans les tontines et
par les tontiniers a fait émerger l’adoption
des mesures sécuritaires idoines pour faire
reculer les risques de perte, de vol notam-
ment les braquages parfois spectaculaires
en pleine séance ou ciblés des porteurs de
fonds tontiniers.
La suite à la page 10
EDUCATION FINANCIERE N°019 du 19 janvier 2021 - Financia

B- LA MISE EN ŒUVRE DES
GARANTIES PARTICU-
LIÈRES : REMPART CONTRE
LES ÉVENTUELLES DÉFAIL-
LANCES
Le fonctionnement de la tontine est
fondé originellement sur le respect de la
parole donnée. Toutefois, pour parer à
toute éventualité de défaillance émanant
des tontiniers malhonnêtes ou de mau-
vaise foi, certains groupements tontiniers
ont mis sur pied des barrières de sécurité
notamment par l’exigence des garanties.
Les garanties qui sont régulièrement
caution doit s’obliger à bénéficier de la finance l’acquisition par un membre d’un
manne tontinière après le tontinier débi- groupement tontinier ou par le groupe-
teur à tel point qu’en cas de défaillance, ment tontinier lui- même, d’une machine
sa manne peut être mobilisée pour l’apu- agricole ou industrielle. À travers le dis-
rement du passif. Le cautionnement est positif du leasing, le matériel profession-
surtout perçu comme un des dispositifs nel acquis par l’emprunteur isolé ou la
de communication entre l’informel et le collectivité tontinière emprunteuse reste
formel notamment lorsque le groupe- propriété de l’institution financière prê-
ment tontinier impose à la caution un teuse de derniers jusqu’à son paiement in-
cautionnement réel. Dans le cadre du tégral. Cette forme de garantie a été
cautionnement réel, la caution accom- développée à Madagascar par les
pagne son engagement par la mobilisa- CECAM et à Bangladesh par la Grameen
tion d’un bien qui peut être saisi par le Bank du professeur Yunus MOHA-
groupement tontinier en cas de défail- MED.

CONCLUSION
mises en œuvre dans les groupements lance du tontinier débiteur principal.
dispositif de garantie le plus répandu en Afrique
tontiniers sont les garanties personnelles Dans tous les cas, les poursuites judi-
sub-saharienne a été souvent imposé sans discer-
et réelles. Ces garanties peuvent être ciaires sont initiées par le groupement Les normes bancaires sous régionales
nement à des groupes importants (associations vil-
mises en œuvre par le biais du cautionne- tontinier lorsque la défaillance du débi- CEMAC, UEMOA et mêmes l’acte uni-
lageoises par exemple) et sans tenir compte de la
ment (1) ou par l’entremise de l’hypo- teur principal n’est pas palliée par l’enga- forme OHADA révisé sur les sûretés ne
nature des liens sociaux préexistants ». Pour le
thèque (2). gement de la caution ordinaire ou de la sont pas socialisées à suffisance pour at-
rendre plus efficace et effectif, « les groupes de cau-
caution réelle. Ces poursuites donnent tirer la population dans son ensemble. Il
tion, en général de 5 à 10 personnes, doivent être
1- le cautionnement souvent l’occasion aux autorités d’opérer a été démontré que près de 80% de la po-
organisés par des emprunteurs qui se choisissent
et ses variantes une certaine traçabilité sur les engage- pulation se trouve en dehors du circuit
librement en fonction des liens de confiance et des
Dans la pratique tontinière africaine, un ments financiers nés dans les groupe- des affaires. Pour preuve, les banques
intérêts existants entre eux ». Au demeurant,
adage bien connu stipule que la « tontine ments financiers informels. Les bases de ainsi que les institutions de microfinance
le dispositif de cautionnement solidaire a
ne connaît ni la maladie, ni le deuil ». Ex- données sur les risques pesant sur la col- de l’espace OHADA sont depuis de
été mis en œuvre depuis de nombreuses
pression anodine, mais qui a certainement lecte de l’épargne dans les milieux tonti- nombreuses années en situation de surli-
années sous deux principales formes no-
une très grande influence sur la portée niers peuvent être rassemblées à partir quidité. Toutefois, elles ne peuvent pas
tamment celle de la Grameen Bank et
des engagements des tontiniers. En prin- des plaintes et des poursuites initiées par paradoxalement accorder les prêts voire
celle pratiquée dans les organisations pay-
cipe, cet adage signifie tout simplement, les membres de ces groupements tonti- des micro prêts à cette large proportion
sannes au sein des filières intégrées.
que les évènements malheureux de la vie niers ou par ces entités morales infor- de population pauvre car cette dernière
d’un membre ne doivent pas exonérer ce melles elles-mêmes. manque de garanties fiables lorsqu’elle ne
1- l’hypothèque et le
dernier du respect de ses engagements fi- Par ailleurs, la pratique du cautionnement trouve pas les normes du secteur bancaire
crédit-bail ou leasing
nanciers à l’égard de la tontine. Cela peut solidaire s’implante de plus en plus dans et de la finance formelle trop complexes
Le fonctionnement des groupements
paraître déraisonnable si l’on considère le les rapports des groupements tontiniers et lourdes pour leur besoins. D’où, l’inté-
tontiniers classiquement obéit en principe
groupement tontinier seulement du point et le secteur formel financier. Le caution- rêt de cette dernière de s’auto-organiser
au respect de la parole donnée. Toutefois,
de vue de cercle d’entraide et de solida- nement solidaire est de plus en plus une dans les milieux informels à des fins de
seul cet engagement oral ne suffit plus à
rité. La rigueur ici se rapproche de celle exigence des institutions de microfinance. mobilisation collective de l’épargne afin
parfaire les engagements tontiniers. L’im-
en vigueur dans les institutions du secteur L’idée est venue du fait que beaucoup de de faire face à leurs besoins de crédit. Il
pératif de lutte contre les défaillances en
formel. Par conséquent, le tontinier qui personnes prises isolement ne pouvaient ressort en dernière analyse que cette acti-
milieu tontinier a nécessité l’exigence des
échoue à la cotisation, c’est à dire qui pas, faute de garanties suffisantes, accéder vité informelle d’épargne et de crédit
garanties dont l’une des plus importantes
n’honore pas ses échéances de rembour- au programme de microcrédits proposés pose en substance, la délicate probléma-
demeure l’hypothèque. Par hypothèque,
sement n’est pas digne de confiance et par les institutions de microfinance prê- tique d’atteinte au monopole que le légis-
on entend « l’affectation d’un immeuble déter-
court le risque de l’isolement s’il ne s’isole teuses de deniers. À travers le mécanisme lateur a reconnu aux Banques et aux IMF
miné ou déterminable appartenant au constituant
pas lui-même. de cautionnement solidaire, l’institution dans l’accomplissement de ces opérations
en garantie d’une ou plusieurs créances, présentes
Pour éviter l’isolement, de leurs pairs, le de microfinance exige aux éventuels de- qui font pourtant partie du noyau dur des
ou futures à condition qu’elles soient déterminées
fonctionnement des tontines intègre de mandeurs de microcrédit, une adhésion opérations de banque. Loin de s’offus-
ou déterminables ». L’Hypothèque d’après
plus en plus les mécanismes de garanties préalable à une entité tontinière laquelle, quer contre ce qui pouvait être considérée
l’article 190, alinéa 2 de l’acte uniforme
notamment avec la mise en œuvre du en tant que personne morale sera respon- comme une concurrence déloyale, les
ohada révisé sur les sûretés peut être lé-
cautionnement. Le fonctionnement des sable des insolvabilités de ses membres à banques ainsi que les IMF multiplient
gale ou conventionnelle. Dans la pratique,
groupements tontiniers conduit très sou- l’égard de l’entité prêteuse. Il s’agit de plutôt des passerelles de communication
l’hypothèque pratiquée au sein des entités
vent à la mise en œuvre du cautionne- trouver aux ménages les plus vulnérables avec les groupements financiers tonti-
tontinières est conventionnelle puisque
ment. Par cautionnement, on entend « un financièrement qui n’avaient pas de ga- niers du secteur informels avec pour des-
résultant de la volonté du constituant et
contrat par lequel la caution s’engage, envers le ranties suffisantes à fournir aux prêteurs, sein inavoué, la réception du flux
du groupement tontinier. Avec l’hypo-
créancier qui accepte, à exécuter une obligation les formes alternatives de garanties leur financier collecté par les tontines. Le dia-
thèque, le groupement tontinier ayant ac-
présente ou future contractée par le débiteur, si permettant d’accéder aux microcrédits. logue entre le secteur financier informel
cordé un crédit à l’un de ses membres
celui-ci n’y satisfait pas lui-même ». En effet, « le principe de la caution solidaire et formel bien que teinté de confiance et
exige de ce dernier débiteur un bien im-
Toutefois, dans les groupements tonti- veut qu’au sein d’un groupe d’emprunteurs qui de méfiance profite aux deux blocs. De
mobilier pour pallier à toute éventuelle
niers africains, l’expression ordinairement se sont choisis librement, tous sont responsables nos jours, le législateur assiste simplement
défaillance à échéance. Qu’il soit bâti ou
utilisée pour désigner la garantie person- du bon remboursement de l’ensemble du groupe. médusé à ce mariage d’intérêt entre ces
non bâti, le constituant donne le titre fon-
nelle est l’aval. Cette situation est tout La caution solidaire s’appuie sur les liens sociaux deux secteurs et semble abandonner ses
cier qui représente l’immeuble au grou-
simplement incompatible avec la nature entre les individus (parenté, voisinage, classe d’âge, velléités de réglementation du secteur in-
pement tontinier à titre de garantie. Ainsi,
de l’aval qui est mis en œuvre seulement relations d’alliance, d’association, d’amitié) et re- formel. Les populations de cet espace
l’entité tontinière créancière peut faire
lorsque l’engagement de l’avaliste porte pose sur les pratiques ancestrales des valeurs de pour les raisons de souplesse, de mœurs
inscription de sa garantie au RCCM. Dès
sur un effet de commerce. Dans la me- solidarité (groupe d’entraide, caisses villageoises et us bancaires s’accommodent mieux au
l’inscription de l’hypothèque du groupe-
sure où les groupements tontiniers ne informelles, tontines, etc.), d’honneur et de respect phénomène tontinier. Dans ces condi-
ment tontinier au RCCM, l’engagement
manipulent pas les effets de commerce, des engagements. Si un emprunteur ne peut pas tions, toute réglementation rigoureuse du
sort du cadre informel de la tontine pour
la seule garantie personnelle qui est mise rembourser, le groupe va rembourser à sa place. cadre tontinier par le législateur risquerait
être retracé dans le cadre formel. Le grou-
en œuvre est bien le cautionnement. À Si le groupe ne rembourse pas, aucun membre du certainement de déboucher sur un effet
pement tontinier bénéficiaire s’il arrive à
travers ce contrat, la caution promet de groupe ne pourra avoir accès à un nouveau prêt, pervers notamment avec le retour à
réaliser l’hypothèque peut à son tour ac-
pallier à l’éventuelle insolvabilité du ton- qu’il ait ou non remboursé à titre individuel l’épargne sous le matelas, ce qui priverait
céder au crédit notamment bancaire par
tinier à échéance. Dans la pratique, seuls ».41 En dépit de sa pertinence, le cautionnement le secteur bancaire formel et même l’éco-
la fourniture de cette garantie hypothé-
les membres anciens peuvent s’engager solidaire s’est parfois heurté à de réelles difficultés. nomie toute entière d’une manne finan-
caire. Quant au crédit-bail ou le leasing, il
par cautionnement à l’égard du groupe- Même s’il connaît parfois de nombreuses difficul- cière importante.
s’agit d’une forme de crédit par laquelle,
ment tontinier pour pallier l’éventuelle tés. Ces difficultés sont liées au fait que « le cau-
l’institution financière du secteur formel
défaillance des nouveaux membres. La tionnement solidaire pourtant réputé comme le
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