Vous êtes sur la page 1sur 95

Faculté de Droit et des Sciences

Politiques de Tunis

2ème année licence fondamentale en


droit public
Cours : Finances publiques
HANÈNE TURKI
2019-2020
CHAPITRE1: LES
PRINCIPES
BUDGÉTAIRES
SECTION 1: LES PRINCIPES BUDGÉTAIRES
CLASSIQUES

SECTION 2: LES PRINCIPES BUDGÉTAIRES


MODERNES
Section 1: Les principes budgétaires classiques

 I. Le principe de l’annualité

 II. Le principe de l’unité

 III. Le principe de l’universalité

 IV. Le principe de spécialité

 V. Le principe de l’équilibre
Les principes budgétaires classiques

 Les principes directeurs des finances de l’Etat ont été


dégagés au cours de la première moitié du 19ème
siècle en même temps que se développait le régime
parlementaire.
 Ces principes ont pour objectif:
 - donner les moyens au Parlement de contrôler
efficacement le gouvernement
 - permettre une gestion claire et raisonnable des
services administratifs.
 Ces principes ont été pour longtemps respectés à la
lettre, mais avec l’évolution du cadre financier et du
rôle de l’Etat, ces principes ont connu une
considérable transformation.
 Ces principes appellent à une réflexion de nature à
permettre d’apprécier leur fondement, leur portée,
leur pertinence en considération de ce qui est
nécessaire à notre temps. Autrement dit, ces
principes classiques présent-ils le même intérêt?
I- Le principe de l’annualité
1. Présentation du principe

Le principe de l’annualité budgétaire signifie d’une


part que le budget doit comporter des prévisions
de recettes et des prévisions de dépenses de l’Etat
pour une année entière. Cela signifie que le budget
doit être prévu et autorisé chaque année à une
date précise.
D’autre part, ce principe signifie que le budget une
fois établi doit être exécuté dans le cadre d’une
année budgétaire.
ANNUALITE

Budget
contient des Autorisation
Cadre
prévisions de valable pour
d’exécution
R/ D pour une année
une année
a. Le fondement juridique

 Selon l’article 4 de la loi n° 2019-15 du 13 février


2019, portant loi Organique du Budget: « La loi de
finances prévoit pour chaque année, l’ensemble des ressources et
des charges de l’Etat, arrête l’équilibre budgétaire qui en résulte et
précise leur nature et leur répartition. Elle les autorise dans le
cadre des plans de développement, du budget économique et dans
le cadre du budget à moyen terme, conformément aux objectifs et
aux résultats attendus des programmes prévus par ladite loi et sur
la base des équilibres généraux »
 Article 9 de la LOB : « L’année budgétaire
commence le 1er janvier et se termine le 31 décembre
de la même année ».
 Article 39 de la LOB: « Les prévisions des ressources
et des charges de l’Etat se font sur la base des
équilibres généraux et dans le cadre des plans de
développement, du budget économique et d’un cadre
budgétaire à moyen terme fixé pour trois ans et
actualisé chaque année.
 La loi de finances de l'année autorise la perception
des ressources et fixe les charges pour la première
année uniquement ».
b. Les justifications du principe

 - La période annuelle est parfaite pour que les


prévisions de recettes et de dépenses soient
relativement exactes.
 - Pour le contrôle parlementaire la période annuelle
est également parfaite.
 - L’annualité coïncide avec les cycles de production
et permet de déterminer les prélèvements d’impôts
nécessaires pour le financement du budget.
 Mais conformément à la nouvelle LOB les prévisions

de R et D se font à la lumière des prévisions fixées


dans le cadre budgétaire à moyen terme qui est une
technique de programmation glissante qui permet de
préparer le budget selon un horizon pluriannuel.

 Le cadre budgétaire à moyen terme est élaboré pour

une période triennale et actualisé chaque année.


2. L’ assouplissement du principe de
l’annualité

 Selon le principe de l’annualité, le budget de l’Etat

est valable pour une année les autorisations


qui ont été accordées et n’ont pas été utilisées sont
annulées.

 Mais il y a des exceptions à cette règle.


Les exceptions au principe de l’annualité

 1- Les crédits pluriannuels


 2-Les comptes spéciaux :
 Les comptes de concours
 Les comptes spéciaux du Trésor
 3-Les budgets sont rattachés pour ordre au budget de l'Etat
1- Les crédits pluriannuels
LES DEPENSES

 Article 21 de la LOB: Les crédits du budget de l'Etat


ont un caractère limitatif et ne peuvent être engagés
ou ordonnancés que dans la limite des crédits
répartis. Les crédits afférents aux dépenses des
charges de financement, des comptes spéciaux et des
établissements publics dont les budgets sont
rattachés pour ordre au budget de l'Etat, ont un
caractère évaluatif.
LES DEPENSES

Les dépenses à caractère Les dépenses à caractère


limitatif évaluatif

 Ce sont les dépenses  Ce sont les dépenses


dont les crédits qui peuvent être
autorisés par la loi de modifiées en plus ou en
finances ne peuvent moins au cours de
être dépassés. l'année en fonction des
ressources
effectivement réalisées.
Les crédits pluriannuels

 Art. 22 de la LOB: La loi de finances répartit les


crédits d’engagement et les crédits de
paiement des dépenses du budget de l’Etat par
mission et programme.
 Les crédits d’engagement sont les crédits mis à la
disposition de l’ordonnateur pour engager les
dépenses prévues par la loi de finances.
 Les crédits de paiement servent à émettre les
ordonnances de paiement des montants mis à la
charge de l'Etat et ce, dans la limite des crédits
d’engagement correspondants.
 Art. 23 de la LOB: « Les crédits d’engagement relatifs aux
dépenses d’investissements et aux dépenses des
opérations financières sont reportables sans
limitation de durée. Toutefois, ces crédits peuvent être
annulés par arrêté justifié du ministre chargé des finances,
après avis du chef de la mission et selon des conditions et des
modalités qu’il fixera par arrêté.
 Les crédits de paiement non utilisés à la fin de l’année
budgétaire sont annulés. A titre exceptionnel, il peut être
procédé au report d’une partie des reliquats des crédits de
paiement relatifs aux dépenses de gestion non consommés à
la date du 31 décembre de l’année budgétaire concernée, et ce
par arrêté du ministre chargé des finances après avis du chef
de la mission et conformément à des règles et procédures qu’il
fixera par arrêté ».
Les comptes spéciaux

 Article 29 : Les comptes spéciaux sont créés en vue


d'affecter des recettes pour couvrir des dépenses
déterminées ayant une relation avec l’origine de ces
recettes et ce dans le but de contribuer au
financement des programmes prévus par la loi de
finances. Il ne peut être affecté de crédits budgétaires
à ces comptes. Les comptes spéciaux comprennent
les comptes spéciaux du trésor et les comptes de
concours
 Article 32 de la LOB: «Les recettes des comptes
spéciaux ont un caractère évaluatif et sont
utilisées selon les mêmes normes et règles que
celles relatives aux dépenses du budget de l’Etat
[…]. Les excédents des comptes spéciaux
sont reportables d’une année à une autre
sauf disposition contraire dans le cadre de
la loi de finances. Les comptes spéciaux qui
n'ont pas réalisé de dépenses durant trois années
consécutives sont obligatoirement supprimés et
ce, conformément aux dispositions des articles
30 et 31 de la présente loi »
Les comptes spéciaux
Les comptes spéciaux Les comptes de
du Trésor concours
 Art. 31 LOB: «Les comptes
 Art. 30 LOB: «Les recettes
des comptes spéciaux du de concours représentent les
trésor sont affectées au sommes payées par les
financement d’opérations personnes physiques et les
déterminées de certains entités morales au titre d'une
services publics. Les comptes contribution volontaire au
spéciaux du trésor sont créés, financement de certaines
modifiés ou supprimés par loi opérations d’intérêt public. Il
de finances de l’année ou par ne peut être affecté de recettes
loi de finances rectificative ». fiscales aux comptes de
Ex. Fonds de dépollution, concours. Les comptes de
fonds de la protection civile et concours sont créés, modifiés
de la sécurité routière ou supprimés par arrêté du
ministre chargé des
finances ».
Les établissements publics dont les budgets sont rattachés
pour ordre au budget de l'Etat

 Article 37 : Les excédents de recettes constatés à la


fin de l’année sont reportés au budget de
l’établissement pour l’année suivante, ils sont
utilisés selon les mêmes procédures relatives à la
répartition du budget de l’établissement. Dans le cas
où un établissement enregistre durant trois années
consécutives des excédents de recettes non utilisés, il
peut être opéré en vertu de loi des finances au
transfert total ou partiel de ces excédents au profit
des recettes du budget de l'Etat et ce, après avis du
chef de la mission concerné.
3. L’application de la règle de l’annualité

 - Le système de l’exercice
 - Le système de la gestion

 En Tunisie Le système de la gestion aménagée


Droit tunisien

 Article 61 de la LOB : Les propositions


d’engagement ne peuvent être présentées après la
date du 31 décembre de l'année. Les ordonnances
de paiement ne peuvent être présentées après la date
du 10 janvier de l'année suivante.
 Les ordonnances de paiement se rapportant à une
gestion peuvent être visées au cours d’une période
complémentaire allant jusqu'au 20 janvier de
l'année suivante ; ces dépenses sont comptabilisées
au titre de cette même gestion.
1.Définition

 La règle de l’unité est définie comme étant


l’obligation faite au gouvernement de présenter au
Parlement l’ensemble des dépenses et l’ensemble des
recettes prévues dans un document unique.
Fondement juridique

 Article 4 de la LOB: «La loi de finances prévoit pour


chaque année, l’ensemble des ressources et des charges de
l’Etat, arrête l’équilibre budgétaire qui en résulte et précise
leur nature et leur répartition. Elle les autorise dans le
cadre des plans de développement, du budget économique
et dans le cadre du budget à moyen terme, conformément
aux objectifs et aux résultats attendus des programmes
prévus par ladite loi et sur la base des équilibres
généraux ».
 Principe de l’unité

L’intégration de l’ensemble des recettes L’intégration de l’ensemble


des recettes
et des dépenses dans le budget de l’Etat
et des dépenses dans un doucement
unique
Le pluralisme des actes budgétaires

 Les actes législatifs:

Loi de finances de
l’année
Loi de finances
rectificative

Loi de règlement du
budget
Les actes budgétaires réglementaires:

Actes de répartition:
Arrêtés de répartition (art.24, 52 de la LOB)

Actes réglementaires de modification des


crédits:
décrets d’avance (art.60 LOB) / actes de transferts
et de virements des crédits ( articles53- 54-56 de la
LOB)
1-Présentation du principe:

 Définition
 Fondement juridique
a-Définition

Ce principe est composé de deux règles:

La règle du produit brut La règle de non-


affectation
ou de non-compensation
La règle du produit brut:

 La règle générale: le gouvernement doit observer


qu’aucune recette ne doit être compensée par une
dépense Cela signifie que chaque recette
doit apparaître pour son montant intégral sans
aucune compensation avec une quelconque dépense.
 L’exemple célèbre du Château de Versailles : chauffer
les bâtiments avec du bois provenant du parc
constituait une violation de la règle.
Fondement juridique:

L’article 11 de la LOB dispose que «Les ressources


et les charges de l'Etat sont prises en compte dans
le budget pour leur montant intégral et brut
sans compensation entre elles. L’ensemble des
ressources de l'Etat est utilisé pour couvrir
l’ensemble de ses charges. »
La règle de non-affectation

 Article 11 de la LOB: L’ensemble des ressources de


l'Etat est utilisé pour couvrir l’ensemble de ses charges.
{ le principe}
 Cependant, il peut être procédé à l’affectation :
 - de recettes pour couvrir certaines dépenses au moyen
de comptes spéciaux et de fonds spéciaux ainsi qu’à
travers les établissements publics dont le budget est
rattaché pour ordre au budget de l'Etat.
 - des ressources des Sukuks et des emprunts extérieurs
pour financer des dépenses d’investissement et
exceptionnellement, une partie limitée des dépenses
d’interventions et des opérations financières. (V. Loi n° 2013-
30 du 30 juillet 2013, relative aux sukuk islamiques )
- des revenus provenant de l’exploitation des
ressources naturelles à la promotion du
développement régional à l’échelle nationale, tout en
respectant le principe de la discrimination
positive dans leur répartition.
a- Les assouplissements de la règle du
produit brut

 Art.39 du Code de la comptabilité publique dispose

qu’: «aucune compensation ne peut être faite


entre les créances et les dettes publiques, sauf
dérogation par décret »
b- Les atténuations à la règle de non-affectation

 1- Les comptes spéciaux :


 Les comptes de concours
 Les comptes spéciaux du Trésor
 2- Les fonds spéciaux
Les comptes spéciaux
Les comptes spéciaux Les comptes de
du Trésor concours
 Art. 31 LOB: «Les comptes
 Art. 30 LOB: «Les recettes
des comptes spéciaux du de concours représentent les
trésor sont affectées au sommes payées par les
financement d’opérations personnes physiques et les
déterminées de certains entités morales au titre d'une
services publics. Les comptes contribution volontaire au
spéciaux du trésor sont créés, financement de certaines
modifiés ou supprimés par loi opérations d’intérêt public. Il
de finances de l’année ou par ne peut être affecté de recettes
loi de finances rectificative ». fiscales aux comptes de
Ex. Fonds de dépollution, concours. Les comptes de
fonds de la protection civile et concours sont créés, modifiés
de la sécurité routière ou supprimés par arrêté du
ministre chargé des
finances ».
Les Fonds spéciaux

 Art33 LOB: «Des fonds spéciaux sont créés par la loi des
finances de l'année ou la loi de finances rectificative pour
financer des interventions dans des secteurs déterminés.
 La gestion de ces fonds peut être confiée à des établissements
ou institutions spécialisés moyennant des conventions signées
avec le ministre chargé des finances et le chef
d'administration, et par le biais desquelles sont fixés les
objectifs à réaliser et les indicateurs permettant d'évaluer les
résultats.
 Des crédits budgétaires ainsi que d’autres recettes peuvent
être affectés au profit de ces fonds en plus des montants qui
peuvent être recouvrés au titre des prêts accordés.
 Ces fonds sont modifiés et supprimés par loi de finances ou loi
de finances rectificative».
 Nomenclature budgétaire
Arrêté du ministre des finances du 10 avril 2019
1. La spécialité du vote budgétaire

 Article 48 de la LOB :La loi de finances est votée


dans les mêmes conditions que les lois ordinaires,
sous réserve des dispositions suivantes :
 -Les prévisions des dépenses du budget de l’Etat

font l’objet d’un vote par mission et mission spéciale


-Les autorisations de recettes du budget de l’Etat
font l’objet d’un vote par partie ;
 -Les recettes et des dépenses des comptes spéciaux
du trésor font l’objet d’un vote global par compte ;
 -L’ensemble des recettes des comptes de concours
font l’objet d’un vote global ;
 - L’effectif global du personnel autorisé des
ministères, y compris leurs services centraux et
régionaux et des établissements publics dont les
budgets sont rattachés pour ordre au budget de l’Etat
fait l’objet d’un vote global,
 -L’ensemble des dispositions de la loi de finances fait
l’objet d’un vote global et final.
Le vote de la loi de finances
 Article 48 de la LOB: La loi de finances est votée
dans les mêmes conditions que les lois ordinaires,
sous réserve des dispositions suivantes : (…)

 7. l’ensemble des dispositions de la loi de finances


fait l’objet d’un vote global et final.
2. Les assouplissements
à la règle de la spécialité
budgétaire
2. Les assouplissements à la règle de
la spécialité budgétaire

 a- Le dépassement des montants votés


 b- Le cas de changement d’affectation de crédits
Dépassement des montants votés

 Les dépenses imprévues  Les décret d’avance

( art.24 de la LOB) (art.60 de la LOB)


Les dépenses imprévues

Article 24 de la LOB: « Les crédits afférents aux dépenses


imprévues et non réparties sont utilisés pour faire face aux dépenses
imprévues et aux dépenses qui ne peuvent être réparties au moment
du vote ; les prévisions y afférentes ne peuvent dépasser 3 % du
montant total des prévisions de dépenses budgétaires. Les dépenses
imprévues et non réparties sont réparties, au cours de l'année par
arrêté du ministre chargé des finances. Le ministre chargé des
finances promulgue après la fin de l'année budgétaire un arrêté
portant sur l'ensemble des crédits repartis ».
Décrets d’avance

 Article 60 de la LOB :En cas de calamités ou de

nécessité impérieuse d’intérêt national, des crédits


supplémentaires peuvent être ouverts par décret
gouvernemental dans la limite de 1% du total du
budget de l’Etat, sous réserve d’en d’informer
l’Assemblée des Représentants du Peuple.
b- Le cas de changement d’affectation de crédits

 Article 54 : Des virements de crédits entre des


programmes relevant du même chef de mission peuvent
être effectués dans la limite de 2 % de l’ensemble des crédits
accordés à chaque programme. Les virements des crédits
entre les programmes sont effectués au cours de l’année par
arrêté du ministre chargé des finances, ce dernier
promulgue après la fin de l’année budgétaire un arrêté pour
l’ensemble des virements.
 Article 55 de la LOB : Les redéploiements des
crédits à l’intérieur d’un même programme peuvent
être effectués par arrêté du chef de la mission.
Toutefois, il ne peut être procédé ni à l’augmentation
des dépenses de rémunération ni à la diminution des
dépenses d’investissement et des dépenses des
opérations financières.
Transfert de crédits

 Article 53 : Aucun transfert de crédits ne peut être


opéré entre des programmes ne relevant pas du même
chef de mission sauf s'il est dû à une réforme
gouvernementale ou administrative ou à un transfert de
compétences entre l’autorité centrale et l’autorité locale
et sous réserve qu’il n’en découle pas de modification de
la nature des dépenses. L’opération de transfert sus-
indiquée est effectuée par décret gouvernemental sur
proposition du ministre chargé des finances
V-Le principe de l’équilibre
budgétaire
1.Définition:

 La notion d’équilibre budgétaire suppose que

le total des dépenses budgétaires n’est pas


supérieur au total des ressources publiques.

 Elle signifie l’égalité mathématique entre les


recettes et les dépenses publiques.
Finances classiques

 Le principe de l’équilibre budgétaire est la clef de

voûte des finances publiques classiques.


 On observe un équilibre budgétaire absolu
arithmétique entre l’ensemble des recettes de l’Etat
et l’ensemble des dépenses de l’Etat. Ceci signifie
que toutes les dépenses de l’Etat doivent être
financées par des recettes définitives.
 →Interdiction du déficit budgétaire
 →L’emprunt était strictement interdit
Abandon de l’équilibre

 Du déséquilibre budgétaire à l’équilibre macro-


économique

 Le déséquilibre un instrument du

développement économique
Les causes de la transformation de l’équilibre
budgétaire:

 Evolution du rôle de l’Etat

 Le déséquilibre s’explique aussi par des:

 raisons économiques

choix politiques
La théorie du déficit systématique
de KEYNES
 Selon la théorie keynésienne, il est possible, lors des
périodes de dépression économique, de laisser s'aggraver
le déficit budgétaire afin de relancer l'activité économique.
Les investissements réalisés à ce moment induisant de
nouvelles richesses, les recettes fiscales de l'Etat pourront
s'accroître et l'équilibre budgétaire retrouvé. Cette théorie
n'est valable que si la politique du déficit budgétaire est
provisoire, faute de quoi l'endettement deviendrait
excessif et avec lui, l'inflation galopante. Le déficit
budgétaire est conçu comme un moyen d'assurer une
expansion de l'économie en période de chômage et
d'atteindre le « plein emploi ».
 Il sert ainsi à relancer une économie en stagnation.
 Le déficit budgétaire est conçu comme un moyen
d’assurer une expansion de l’économie en période de
chômage et en vue d’atteindre le plein emploi.
 La théorie de Keynes s’appuie sur le constat suivant:
il existe une contradiction entre l’équilibre
économique et l’équilibre financier stricte pour
résorber cette contradiction, Keynes propose d’agir
sur l’équilibre macroéconomique.

Déficit systématique mais calculé du budget


Le déficit plafonné de l’Etat néolibéral:

 Les économistes néolibéraux invitent à une nouvelle

conception de l’équilibre budgétaire qui cherche à


joindre la neutralité financière et donc économique
de l’Etat à une certaine dose sélective
d’interventionnisme économique et social.
En Tunisie:

 Selon l’article 4 de la LOB: La loi de finances prévoit


pour chaque année, l’ensemble des ressources et des
charges de l’Etat, arrête l’équilibre budgétaire qui en
résulte et précise leur nature et leur répartition. Elle les
autorise dans le cadre des plans de développement, du
budget économique et dans le cadre du budget à moyen
terme, conformément aux objectifs et aux résultats
attendus des programmes prévus par ladite loi et sur la
base des équilibres généraux »
 Article 39 : Les prévisions des ressources et des
charges de l’Etat se font sur la base des équilibres
généraux et dans le cadre des plans de
développement, du budget économique et d’un cadre
budgétaire à moyen terme fixé pour trois ans et
actualisé chaque année. La loi de finances de l'année
autorise la perception des ressources et fixe les
charges pour la première année uniquement.
 Article 59 : Afin de préserver l’équilibre budgétaire,
les crédits ouverts par la loi des finances peuvent être
bloqués ou annulés. Le blocage des crédits est
effectué par arrêté du ministre chargé des finances.
L’annulation de crédits est effectuée par un décret
gouvernemental sur proposition du ministre chargé
des finances. L’Assemblée des Représentants du
Peuple est informée du projet dudit décret. Le
montant cumulé des crédits annulés ne peut pas
dépasser 1,5% des crédits ouverts par la loi de
finances de l’année ou par la loi de finances
rectificative.
 Le législateur a prévu que la loi de finances est un
acte de prévision et d’autorisation établit compte
tenu de l’équilibre économique et financier.
 La formulation de l’article 4 de la LOB signifie que la
recherche d’un équilibre est obligatoire pour le
gouvernement simplement cet équilibre doit être
recherché non pas à l’intérieur du budget mais plutôt
par le budget.
 Une articulation entre le plan de développement
et le budget de l’Etat

Le budget permet une réalisation des objectifs du plan


En Tunisie:

 le déficit budgétaire pour l’année 2019 a atteint les

3,9% du PIB.
Crise de la dette dans la zone euro
Pacte de discipline budgétaire de
janvier 2012
 Le 30 janvier 2012, les chefs d’Etat Européens se sont
mis d'accord sur un « Traité pour la stabilité, la
coordination et la gouvernance dans l'Union
économique et monétaire ».
 Ce traité donne un droit de regard à la Cour de justice
de l'Union européenne sur les règles d'or qui devraient
être mises en place dans les États de la zone euro. Par
ailleurs l'article 3 stipule que le déficit structurel ne
devra pas dépasser 0,5 % du PIB. Au delà de ce
seuil, des mécanismes de correction seront
automatiquement déclenchés. Enfin lorsque les déficits
dépasseront 3 % du PIB les sanctions deviendront
quasi-automatiques.
Soutenabilité du budget de l’Etat

 La soutenabilité du budget de l'Etat : c'est continuité

de la capacité de l'Etat à honorer ses engagements et


ses obligations et à préserver les équilibres
financiers.
Réflexion

 Economie et droit budgétaire

 Equilibre budgétaire et équilibre économique global


Section 2: Les principes
budgétaires modernes
Section 2: Les principes budgétaires modernes

 La gouvernance moderne des finances publiques

répond à des exigences nouvelles.

 La nécessité des principes modernes découle de

l’approfondissement de la démocratie avec


l’indissociable droit de contrôle qu’elle implique.
GBO

 La Gestion Budgétaire par Objectif vise un nouveau

mode de gestion qui nécessite un degré de


transparence des dispositifs financiers de l'Etat, dans
le sens où, il permet la mise en place d'un budget
établi par programmes traduisant les politiques
publiques avec des indicateurs de performance
permettant de mesurer la réalisation des objectifs
envisagés.
 Ce qui permet de renforcer l'efficacité de l'action
publique et accroître la performance en orientant le
budget vers les résultats.

 La GBO se base donc, sur deux éléments


fondamentaux de la bonne gouvernance à savoir : la
transparence et la performance de la gestion
financière.
 La gestion budgétaire par objectif implique le
développement de nouveaux principes budgétaires,
notamment: -le principe de sincérité
-le principe de transparence
I- Le principe de sincérité budgétaire

 Il vise pour l’essentiel à assurer la transparence de la

gestion publique, en effet, Il peut être invoqué à


l'encontre des artifices de présentation auquel se
livre traditionnellement les gouvernements
successifs, afin de mettre en évidence une situation
plus apparente que réelle.
 Le principe de sincérité est apparu dans les années
1990 dans la jurisprudence du Conseil
Constitutionnel français. En effet, les décisions
n°320 du 21 juin de 1993 et n°330 29 décembre 1993
et la décision n°94-351 du 29 décembre 1994, (loi de
finances pour 1995), marquent ainsi le début d’une
jurisprudence qui s’est développée sans fondement
textuel explicite et selon laquelle le conseil
constitutionnel français veille explicitement au
respect de la sincérité budgétaire par les lois de
finances.
 Avec la LOLF de 2001, la sincérité budgétaire est
désormais clairement érigée en principe. Le nouveau
texte comporte en effet un chapitre intitulé : du
principe de sincérité.
 Selon l’article 27 de la LOLF: « l’Etat tient une
comptabilité des recettes et des dépenses budgétaires et
une comptabilité générale de l'ensemble de ses
opérations.
En outre, il met en œuvre une comptabilité destinée à
analyser les coûts des différentes actions engagées dans
le cadre des programmes.
Les comptes de l'Etat doivent être réguliers, sincères et
donner une image fidèle de son patrimoine et de sa
situation financière ».
 Selon l’article 32 de la LOLF: « Les lois de finances

présentent de façon sincère l'ensemble des


ressources et des charges de l'Etat. Leur sincérité
s'apprécie compte tenu des informations disponibles
et des prévisions qui peuvent raisonnablement en
découler ».
Droit tunisien

 Selon l’article 8 de la LOB: Le principe de la sincérité

exige de ne pas sous-estimer ou surestimer les


prévisions des charges et des recettes prévues par la
loi des finances et de faire apparaître les éléments
des actifs financiers et du patrimoine de l’Etat.
 Cependant, le principe de sincérité est « un
principe ambigu, plus politique que juridique et qui
constitue ainsi plus un dogme, une règle morale,
qu’un véritable principe juridique ».
II. Principe de transparence

 La transparence se définit comme « le degré


d’observation dont les citoyens peuvent se prévaloir
à l’égard des stratégies et des décisions fiscales et
budgétaires du gouvernement, et de leurs résultats ».
 Par cela, nous entendons, l’accès facile et rapide à
des informations fiables, exhaustives, dans les délais,
compréhensibles et comparables sur les intentions
de politique budgétaire, les comptes du secteur
public et les prévisions.
Droit tunisien

 Le principe de la transparence exige de clarifier le

rôle des différentes structures de l’Etat, de fournir les


informations sur le budget de l’Etat suivant les
méthodes et procédures utilisées ainsi que des
rapports sur l’exécution du budget de l’Etat et sur la
performance et de les publier dans les délais.
( art.8/2 de la LOB)
 Les bonnes pratiques observées à l’échelle
internationale en la matière (OCDE) ajoutent à ces
éléments, la notion d’une documentation standard
requise qui devrait être disponible tout au long du
processus budgétaire.
 La transparence budgétaire revêt plusieurs dimensions :
 la transparence de l’information – la production d’une
information budgétaire fiable, respectant les délais, pertinente
et accessible ;
 la transparence des processus de prise de décisions
budgétaires ;
 la transparence des rôles et responsabilités institutionnels
dans ces processus.
 Ces trois dimensions sont étroitement liées ; prises ensemble,
elles montrent que l’information budgétaire est
compréhensible et utilisable dans le processus de décision.
 Le Code de Transparence des finances publiques du FMI repose sur quatre
grands principes :

  Définition claire des rôles et des responsabilités. Il doit y avoir une


distinction nette entre les activités du secteur public et les activités
commerciales. La gestion des finances publiques doit s’inscrire dans un cadre
juridique et institutionnel clairement défini. Au sein du secteur public, la
répartition des fonctions de décision et de gestion doit être elle aussi clairement
définie et rendue publique.

  Transparence des procédures budgétaires. Les données budgétaires doivent


être présentées de manière à faciliter l’analyse et à promouvoir la
responsabilisation des pouvoirs publics. La documentation budgétaire doit
préciser les objectifs de la politique budgétaire, les hypothèses
macroéconomiques qui les sous-tendent et les principaux risques identifiables.
Les modalités du recouvrement des recettes et du suivi des dépenses
approuvées doivent être clairement établies.
  Accès du public à l’information. Le public doit être
pleinement informé de l’activité passée, présente et prévue
des administrations publiques en matière budgétaire. Les
pays doivent s’engager à diffuser en temps opportun des
informations sur les finances publiques.
  Garantie d’intégrité. L’information budgétaire doit
satisfaire aux normes de qualité convenues et faire l’objet
d’un examen indépendant.

 Source : FMI (2007), Code de bonnes pratiques en matière de transparence des finances
publiques, FMI, Washington, D.C.
 D’autant plus, ce principe a une valeur
constitutionnelle ( articles 15 et 117)
 Le droit à l’information est garantie par la nouvelle
Constitution (art.32)

 Voir: Loi organique n° 2016-22 du 24 mars 2016,


relative au droit d’accès à l’information.
 Les principes (efficience, transparence, redevabilité,)

issus de la nouvelle constitution servent de


catalyseur pour la mise en place d’une bonne
gouvernance financière axée sur la performance.

Une nouvelle gestion publique


Bonne continuation

Vous aimerez peut-être aussi