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Sainte Famille Française – Fanar 2021- 2022

Troisième

Séquence 1 : « Métiers d’hier et d’aujourd’hui »


Se préparer au brevet

Compétence écrite finale : Vérifier et améliorer la qualité de son texte.


Compétence orale finale : Choisir un métier et présentez-le à vos camarades.

I- Corpus de textes :
• Romain GARY, La Promesse de l’aube, « Le premier amour »
• Charles BAUDELAIRE, Le Spleen de Paris (1869), « Le désir d’apprendre »
• Jacques PREVERT, « Pour faire le portrait d’un oiseau »
• L’Orient-Le Jour, Comment charger un mini drone ?
• Guy de MAUPASSANT, La tour…Prends garde

1- Lisez le corpus de textes puis complétez le tableau synthétique.


Document 1: Le premier amour Document 2: Le désir d’apprendre

J’avais déjà près de neuf ans lorsque je Malheureux peut-être l’homme, mais
tombai amoureux pour la première fois. Je heureux l’artiste que le désir déchire !
fus tout entier aspiré par une passion Je brûle de peindre celle qui m’est apparue si
violente, totale, qui m'empoisonna rarement et qui a fui si vite, comme une belle
complètement l'existence et faillit même me chose regrettable derrière le voyageur
coûter la vie. Elle avait huit ans et elle emporté dans la nuit. Comme il y a
s'appelait Valentine. Je pourrais la décrire longtemps déjà qu’elle a disparu !
longuement et à perte de souffle, et si j'avais Elle est belle, et plus que belle ; elle est
une voix, je ne cesserais de chanter sa beauté surprenante. En elle le noir abonde : et tout
et sa douceur. C'était une brune aux yeux ce qu’elle inspire est nocturne et profond. Ses
clairs, admirablement faite, vêtue d'une robe yeux sont deux antres où scintille vaguement
blanche et elle tenait une balle à la main. Je le mystère, et son regard illumine comme
l'ai vue apparaître devant moi dans le dépôt l’éclair : c’est une explosion dans les
de bois, à l'endroit où commençaient les ténèbres.
orties, qui couvraient le sol jusqu'au mur du Je la comparerais à un soleil noir, si l’on
verger voisin. Je ne puis décrire l'émoi qui pouvait concevoir un astre noir versant la
s'empara de moi : tout ce que je sais, c'est que lumière et le bonheur. Mais elle fait plus
mes jambes devinrent molles et que mon volontiers penser à la lune, qui sans doute l’a
cœur se mit à sauter avec une telle violence marquée de sa redoutable influence ; non pas
que ma vue se troubla. Absolument résolu à la lune blanche des idylles, qui ressemble à
la séduire immédiatement et pour toujours, une froide mariée, mais la lune sinistre et
de façon qu'il n'y eût plus jamais de place enivrante, suspendue au fond d’une nuit
pour un autre homme dans sa vie, je fis orageuse et bousculée par les nuées qui
comme ma mère me l'avait dit et, m'appuyant courent ; non pas la lune paisible et discrète
négligemment contre les bûches, je levai les visitant le sommeil des hommes purs, mais la
yeux vers la lumière pour la subjuguer. Mais lune arrachée du ciel, vaincue et révoltée, que
Valentine n'était pas femme à se laisser les Sorcières thessaliennes contraignent
impressionner. Je restai là, les yeux levés durement à danser sur l’herbe terrifiée !
vers le soleil, jusqu'à ce que mon visage Dans son petit front habitent la volonté
ruisselât de larmes, mais la cruelle, pendant tenace et l’amour de la proie. Cependant, au
tout ce temps-là, continua à jouer avec sa bas de ce visage inquiétant, où des narines
balle, sans paraître le moins du monde mobiles aspirent l’inconnu et l’impossible,
intéressé… éclate, avec une grâce inexprimable, le rire
Romain GARY, La Promesse de l’aube d’une grande bouche, rouge et blanche, et
délicieuse, qui fait rêver au miracle d’une
superbe fleur éclose dans un terrain
volcanique.
Il y a des femmes qui inspirent l’envie de les
vaincre et de jouir d’elles ; mais celle-ci
donne le désir de mourir lentement sous son
regard.
Le Spleen de Paris (1869), Charles
BAUDELAIRE

Document 3 : Pour faire le portrait d’un oiseau

Peindre d'abord une cage


avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d'utile
pour l'oiseau
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l'arbre
sans rien dire
sans bouger...
Parfois l'oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s'il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l'arrivée de l'oiseau
n'ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l'oiseau arrive
s'il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l'oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau
Faire ensuite le portrait de l'arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l'oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été
et puis attendre que l'oiseau se décide à chanter
Si l'oiseau ne chante pas
c'est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s'il chante c'est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l'oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.
Jacques PRÉVERT

Document 4 : Comment charger un mini drone ?


Un mini drone comment ça marche ? En majorité, les mini drones fonctionnent avec des
batteries LiPo (Lithium Polymère) et leur durée de vie est d’environ 300 recharges. Ceci
laisse présager de bons moments de pilotage. Seulement, cette durée de vie est soumise à
quelques conditions. En effet, selon la façon dont vous prendrez soin de vos batteries, elles
dureront plus ou moins longtemps. Il ne suffit pas de savoir comment charger un mini drone.
Il faut aussi respecter les temps d’attente afin d’éviter que vos batteries surchauffent et il ne
faut pas non plus les décharger complètement, même si vous voulez les exploiter jusqu’au
dernier pourcentage. En effet, votre drone est équipé de leds qui vous indiquent à quel
moment vous devez charger la batterie. Dans ce cas-là, n’attendez pas et obéissez-lui ! La
façon de conserver et de ranger les batteries a également une grande importance. Ces produits
peuvent être dangereux et inflammables. Respectez donc bien toujours les règles de sécurité !
L’Orient-Le Jour

Document 5 : La tour... Prends garde


Depuis un mois, tous les journaux illustrés nous présentent l'image affreuse et fantastique
d'une tour de fer de trois cents mètres qui s'élèvera sur Paris comme une come unique et
gigantesque.
Ce monstre poursuit les yeux à la façon d'un cauchemar, hante l'esprit, effraie d'avance les
pauvres gens naïfs qui ont conservé le goût de l'architecture artiste, de la ligne et des pro-
portions.
Cette pointe de fonte épouvantable n'est curieuse que par sa hauteur. Les femmes colosses
ne nous suffisent plus ! Après les phénomènes de chair, voici les phénomènes de fer. Cela
n'est ni beau, ni gracieux, ni élégant, - c'est grand, voilà tout. On dirait l'entreprise diabolique
d'un chaudronnier atteint du délire des grandeurs.
Pourquoi cette tour, pourquoi cette come? Pour étonner ? Pour étonner qui ? Les imbéciles.
On a donc oublié que le mot art signifie quelque chose.
Guy de MAUPASSANT
2- Complétez le tableau suivant.
Support Type Visée ou Caractéristiques
intention du
narrateur

3- APPLICATION :
Trouvez sur Internet 4 textes de types différents puis justifiez votre choix par deux caractéristiques
correspondant à chacun de ces types.

II- LES TEXTES À TRAVAILLER

• Texte 1 : D’après Charif MAJDALANI, Villa des femmes, Éditions du seuil, 2015 « Le
pêcheur »
• Texte 2 : Jacques MARSEILLE, Une famille de paysans du Moyen Âge à nos jours, « La fête du
pain »
• Texte 3 : Bella CHAGALL, Lumières allumées, « L’horloger »

Texte 1
Le pêcheur

Les événements de cette œuvre se déroulent entre les années 1960 et 1975, dans le village de Ayn Chir,
au Liban. Dans cet extrait, le gardien de la propriété raconte les visites habituelles d’un marchand de
poisson à la villa que possède Skandar Hayek. Cependant, la visite évoquée à la fin de ce texte réserve
une énorme surprise à tout le monde.

Jamilé était intraitable1 sauf à l’égard du marchand de poisson, qu’elle ne pouvait empêcher d’entrer,
avec son vélo, ses bottes en caoutchouc et son air d’empereur romain, les yeux d’un bleu semblable à celui
de la mer ou il allait pêcher.

Tous les vendredis, il venait proposer des rougets2, des soles2 ou des poissons à tête de chat à Skandar
Hayek, le propriétaire de la villa. Quand elle le voyait approcher, Jamilé marmonnait3 qu’il allait encore
falloir nettoyer au pétrole où il s’installerait pour écailler4 et vider ses poissons. Il le faisait pourtant sur
de vieux journaux.

[…] Le patron aimait le poisson et il appréciait ce poissonnier-là, il avait confiance dans ses yeux bleus.
Lorsqu’il lui avait passé une commande, la semaine suivante, il l’attendait, descendait lui-même devant
l’escalier pour vérifier la qualité des poissons.

Un jour, en plaisantant, il voulut savoir comment le poissonnier ferait avec son vélo s’il lui demandait
un requin2. Il disparut trois semaines puis revint un matin dans une très vieille voiture sur le toit de laquelle
il avait attaché sa barque de pêcheur, cachée sous un tissu épais. Il se gara, mit pied à terre, et on envoya
le fils du jardinier chercher le patron à l’usine, à l’autre bout de la propriété. Lorsque Skandar arriva,
s’exclamant avec beaucoup de bonté : « Alors, ya Abou Ramez, tu as acheté une voiture ? », le pêcheur
montra du doigt le toit de la vieille voiture et la barque dont il retira brusquement, comme un magicien, le
tissu qui la couvrait. On s’aperçut que ce qu’il transportait était un gros requin au regard tombant, aux
yeux exorbités5, aux dents monstrueuses. Les bonnes et les femmes de la maison se mirent à hurler
d’horreur et de surprise tandis que Abou ramez déclarait : « Vos souhaits sont des ordres, Skandar
Hayek. »

D’après Charif MAJDALANI, Villa des femmes, Éditions du seuil, 2015

1. Intraitable : difficile, exigeante


2. Rougets, soles : genres de poisson.
3. Marmonnait : murmurait entre ses dents.
4. Écailler : enlever les écailles du poisson.
5. Yeux exorbités : yeux tout grand ouverts.

Questions de compréhension

1- Recopiez la bonne réponse :


a- Ce texte est extrait :
o d’un livre d’histoire
o d’une revue
o d’un roman
b- les événements de l’œuvre se sont déroulés entre :
o 1980 et 1985
o 1960 et 1975
o 2000 et 2015

2- Recopiez et complétez le tableau suivant avec des informations tirées du chapeau :

Qui raconte ? Quoi ? Où ?

3- a- Identifiez, dans le texte, le personnage principal. Relevez trois termes ou expressions qui le
désignent.
b- Énumérez trois détails relatifs à ce personnage trouvés dans le premier paragraphe.

4- a- Citez le genre de poisson mentionnés dans le texte.


b- Relevez, dans les deux premiers paragraphes, trois verbes d’action relatifs aux tâches
accomplies par le personnage principal.

5- a- Recopiez la grille ci-dessous et complétez-la par des verbes ou groupes verbaux présents dans
le passage (L1 … 10)

Personnages Attitude/ comportement à l’égard du


personnage principal
Jamilé
Skandar Hayek

b- Qu’en déduisez-vous ?

6- Dans le premier paragraphe :


a- Relevez la phrase qui correspond à l’élément déclencheur de l’aventure extraordinaire du
poissonnier. Qu’est-ce qui l’introduit ?
b- Précisez le temps et la valeur des verbes suivants : « voulut » (l. 11), « se gara, mit, envoya »
(l.13)
7- Abou ramez déclarait : « Vos souhaits sont des ordres, Skandar Hayek. »
À quelle étape du schéma narratif correspond cette phrase ?

Texte 2
La fête du pain
Jacques Marseille a inventé, à partir d’archives, l’histoire d’une famille de paysans, les Dutaillis, symbole
d’autres familles françaises du Moyen Age à nos jours. Dans ce texte, il nous montre combien, en 1809
encore, la fabrication du pain comptait pour tous.

L’été tirait à sa fin. Le blé était battu, le bois pour l’hiver débité1 les pommes de terre
du jardin arrachées, les bêtes rentrées à l’étable, les semailles du blé d’hiver terminées.
On pouvait faire cuire son pain. C’était un des grands moments de l’année. […] Le jour
du pain était le couronnement de l’activité annuelle, la récompense des fatigues et de la
5 sueur versée. Clémentine avait la lourde tâche de préparer le pain de la famille Dutaillis,
leur pain.
Le petit Joseph regardait avec amour sa mère préparer la pâte. Jamais elle ne semblait
aussi belle qu’en ces jours de pain. Clémentine avait relevé et caché ses longs cheveux
dans une espèce de grand mouchoir. Elle avait retroussé ses manches jusqu’à l’épaule,
10 s’était longuement lavé les bras et les mains et nettoyé les ongles.
Il fallait avoir la manière pour mélanger l’eau, la farine, le levain et ajouter le sel.
Clémentine travaillait la pâte : elle la déchirait, le soulevait et la rejetait violemment.
Son seul regret était de ne pas avoir de fille pour lui transmettre son savoir-faire. […]
Pendant que Clémentine préparait la pâte, Jean-Baptiste, son mari, faisait la navette2
15 entre l’appentis3, ou s’entassaient les bûches, et le four communal.4 […] Chaque famille
apportait sa réserve de bois qu’on répartissait ensuite en tas. Un énorme tas pour

1
Débité: découpé
2
Faire la navette: aller et venir
3
Appentis: petit bâtiment servant de hangar
4
Communal: qui appartient à un groupe social (municipal)
commencer et des petits pour entretenir ensuite le brasier5. Dès le lever du soleil, on
20 avait allumé le feu pour que le four soit à bonne température au moment de la cuisson.
Pour éviter toute dispute, les paysans tiraient au sort. Celui qui avait le numéro « un »
cuisait son pain en premier et ainsi de suite. [..]
Clémentine avait terminé la pâte. Elle avait divisé la masse en miches 6, les avaient
disposées dans des corbeilles et saupoudrées de farine. Dans deux heures, la pâte sera
levée.
C’était à Jean-Baptiste de jouer. Quand il ouvrit la porte du four, la braise rougeoyante
illumina son visage. Il prit la pelle à enfourner et, d’un geste sûr, déposa au fond du four
les miches que lui tendaient ses deux garçons Joseph et Emile.
En une heure, le pain était cuit. Clémentine avait bien travaillé. La croûte 7 était
impeccablement dorée.
Jacques Marseille, Une famille de paysans du Moyen Age à nos jours.

I-Autour du texte (2pts)


1-Choisissez et recopiez la bonne réponse :
a) Ce texte est extrait :
- d’un roman - d’un documentaire - d’un livre d’histoire
b) La scène de la fabrication du pain a lieu :
- Au XVIIIème - au Moyen Age - au XIX eme siècle

2-Complétez la liste suivante en vous appuyant sur les informations du paratexte :


Auteur :
Titre de l’ouvrage :
Thème :
Lieu de l’action

II-Autour du thème
1-a) A quelle période de l’année se termine la fête du pain ?
b) Pourquoi le jour du pain était-il considéré comme « un des grands moments de
l’année » ?
2-a) Enumérez les ingrédients nécessaires à la fabrication du pain.
b) Précisez les 5 grandes étapes à suivre pour la fabrication du pain.
3-Deux personnages jouent un rôle important dans la fabrication du pain. Qui sont-ils et
quelle qualité pouvez-vous attribuer à chacun d’eux ?
4-Relevez un indice qui souligne la bonne organisation de cette fête du pain au village.

III-Autour du type
1-A quelle personne ce texte est-il écrit ? Justifiez votre réponse.
2-a) Précisez la valeur de chacun des verbes conjugués à l’imparfait.
-travaillait (L.10) -tiraient (L.13)
b) Relevez dans les lignes 15, 16 les verbes conjugués au plus-que-parfait et donnez
leur valeur.

5
Brasier: bois en combustion vive
6
Miches: boules de pate
7
Croûte : partie exterieure du pain
3-Qui observe Clémentine au 2eme paragraphe ? Justifiez votre réponse.
4-Transformez ces phrases simples en phrases complexes :
« Dès le lever du soleil, on avait allumé le feu »
« Pour éviter toute dispute, les paysans tiraient au sort »
5-a) Quel est le rôle des verbes utilisés dans les passages suivants (L.8,9 et 17,18) ?
b) Qu’en déduisez-vous quant à la description des personnages ?
6-Trouvez dans les 3 derniers paragraphes 3 indices qui montrent qu’il s’agit d’un
passage narratif.

Texte 3

L’horloger
L’horloger Bella Chagall qui fut l’épouse du grand peintre Marc Chagall, évoque dans ce texte un épisode
de sa vie. Pour se distraire, lorsqu’elle était petite fille, elle allait voir travailler l’horloger dans la
bijouterie de son père.

Je me réfugie chez l’horloger, auprès de son établi8. Là je me sens tranquille. Sur la tablette, des vis
éparpillées9, des petites roues, des boîtiers, des cadrans dorés, des aiguilles, des ressorts,

des fils ténus10 qui tressaillent. A l’arrière, des verres ronds se cachent comme des yeux d’enfants. Tout
s’éparpille, s’étale comme à peine sorti du fond des mers.
Pour l’horloger, le moindre objet est un tésor dont il prend un soin jaloux. […]
Personne n’imagine que l’horloger puisse avoir d’autre souci. Il en oublie son propre foyer, qu’il est
père et tant soit peu le patron. […]
Je ne distingue plus le visage du vieil homme. Il est assis, courbé au-dessus de sa table, frôle du nez les
montres qu’il tient en main. Sa barbiche balaie la table ; le cylindre noir de sa loupe, vissé à son œil, pointe
sous son front proéminent11.
Entre deux doigts, il tient délicatement une minuscule pince. D’un tiroir il sort une montre, la caresse de
sa barbe, l’écoute, la flaire comme s’il voulait capter sa respiration. La montre se blottit entre ses doigts.
Il en effleure12 une autre de sa pincette et le couvercle saute avec un léger soupir.
Avec le vieil horloger, je me penche au-dessus des mouvements mis à nu. Si petites qu’elles soient, les
roues dentelées bourdonnent et tournent dans tous les sens.
S’il touchait le moindre de ces rouages, tout s’immobiliserait, comme si la pincette glacée avait atteint
le cœur. Pris de panique, ils attendent que les brucelles13 les libèrent pour marcher et danser à nouveau.
S’il entend le cœur d’une montre battre trop faiblement, il se penche au-dessus d’elle, plus près encore.
Il la visse, il la remonte14, la couche, la secoue, lui insuffle15 son propre rythme et la réchauffe. La montre,
ressuscitée, s’emplit de santé et de force.

8
établi : table massive sur laquelle l’horloger met son matériel.
9
éparpillées : dispersées.
10
fils ténus : fils très fins, très minces, de très petite dimension.
11
proéminent : saillant, en relief.
12
effleure : touche légèrement.
13
brucelles : pinces fines à ressort qui servent à saisir de très petits objets.
14
remonte : tend de nouveau le ressort de la montre.
15
insuffle : communique, donne
L’horloger rouvre son tiroir, la range pour qu’elle se repose. Le tiroir est leur alcôve 16 . Elles sont
couchées dans de petits lits moelleux, tapissés de soie et de velours. Ainsi dorment les montres,
éclaboussées de diamants, belles, sûres que le vieil horloger trouvera le temps de les caresser une fois
encore, de les remonter, de se pencher sur leur visage brillant comme pour un baiser.

Bella CHAGALL, Lumières allumées, Gallimard éd.

Questions de compréhension
1- Quelle est la fonction du titre du texte ? Complétez la phrase suivante.
2- Complétez le tableau suivant avec des informations tirées du chapeau.

Qui raconte ? Quoi ? Pourquoi ?

3-Pourquoi le narrateur a-t-il recours au présent de l’indicatif dans ce texte ?

4- Relevez le champ lexical (8 termes) relatif au matériel utilisé par l’horloger.

5- Nommez trois qualités que vous pouvez attribuer à l’horloger. Justifiez votre réponse.

6- Reliez chacune des qualités à la justification convenable :

Habile ou adroit Il tient délicatement” (l. …)

Méticuleux L’énumération des actions “la visse”, “la


remonte”, “la couche”, “la secoue”… (l…)
Expérimenté
“Il prend un soin jaloux”, « Personne n’imagine
Passionné par son métier …patron » (l…)

“Il en effleure … soupir” (l…)

7- Dégagez d’après le texte les rapports évoqués entre l’horloger et les montres.
8- Relevez les expansions du nom employées dans le dernier paragraphe. Quel en est l’effet recherché ?
9- Faites correspondre chaque partie du texte au titre convenable.
Première partie (L.1 → 8) Plan rapproché du visage et des mains : l’horloger
Deuxième partie (L.9→15) au travail.
Vue d’ensemble de l’atelier de l’horloger.
Troisième partie (L.16 → 28) Gros plan sur les montres : le fruit du travail bien
fait.
10- Relevez dans le texte, trois figures de style récurrentes puis donnez leur valeur.
11- Relisez le passage allant de “entre deux doigts … soupir”. Quel est le point de vue adopté par le
narrateur sur le personnage ?

16
alcôve : lieu intime.
Séquence II « Se raconter, se représenter »
Problématique : Comment l’écriture autobiographique permet-elle à l’écrivain de parler de soi
mais aussi de réfléchir à son passé ?

Compétence écrite : Rédiger un récit autobiographique


Compétence orale : Raconter un souvenir d’enfance
Type de texte : Narratif
Lecture cursive : Delphine de VIGAN, No et moi
Projet oral : Réaliser et présenter son autoportrait

LES TEXTES À TRAVAILLER


• Jean-Jacques ROUSSEAU, Les Confessions
• Romain GARY, La promesse de l’aube
• André GIDE, Si le grain ne meurt…

Texte 1

Les Confessions s’ouvrent avec le récit de l’enfance du narrateur, époque plutôt heureuse, jusqu’à a ce
qu’un évènement apparemment banal vienne lui révéler la dureté de la vie.

J'étudiais un jour seul ma leçon dans la chambre contiguë à la cuisine. La servante avait mis sécher à la
plaque les peignes de mademoiselle Lambercier. Quand elle revint les prendre, il s'en trouva un dont tout
un côté de dents était brisé. A qui s'en prendre de ce dégât ? personne autre que moi n'était entré dans la
chambre. On m'interroge : je nie d'avoir touché le peigne. M. et mademoiselle Lambercier se réunissent,
m'exhortent, me pressent, me menacent : je persiste avec opiniâtreté ; mais la conviction était trop forte,
elle l'emporta sur toutes mes protestations, quoique ce fût la première fois qu'on m'eût trouvé tant d'audace
à mentir. La chose fut prise au sérieux ; elle méritait de l'être. La méchanceté, le mensonge, l'obstination,
parurent également dignes de punition ; mais pour le coup ce ne fut pas par mademoiselle Lambercier
qu'elle me fut infligée. On écrivit à mon oncle Bernard : il vint. Mon pauvre cousin était chargé d'un autre
délit non moins grave ; nous fûmes enveloppés dans la même exécution. Elle fut terrible. Quand, cherchant
le remède dans le mal même, on eut voulu pour jamais amortir mes sens dépravés, on n'aurait pu mieux
s'y prendre. Aussi me laissèrent-ils en repos pour longtemps.
On ne put m'arracher l'aveu qu'on exigeait. Repris à plusieurs fois et mis dans l'état le plus affreux, je
fus inébranlable. J'aurais souffert la mort, et j'y étais résolu. Il fallut que la force même cédât au diabolique
entêtement d'un enfant ; car on n'appela pas autrement ma constance. Enfin je sortis de cette cruelle
épreuve en pièces, mais triomphant.
Il y a maintenant près de cinquante ans de cette aventure, et je n'ai pas peur d'être puni derechef pour
le même fait ; hé bien ! je déclare à la face du ciel que j'en étais innocent, que je n'avais ni cassé ni touché
le peigne, que je n'avais pas approché de la plaque, et que je n'y avais pas même songé. Qu'on ne me
demande pas comment le dégât se fit, je l'ignore et ne le puis comprendre ; ce que je sais très certainement,
c'est que j'en étais innocent.
Qu'on se figure un caractère timide et docile dans la vie ordinaire, mais ardent, fier, indomptable dans
les passions ; un enfant toujours gouverné par la voix de la raison, toujours traité avec douceur, équité,
complaisance, qui n'avait pas même l'idée de l'injustice, et qui pour la première fois en éprouve une si
terrible de la part précisément des gens qu'il chérit et qu'il respecte le plus : quel renversement d'idées !
quel désordre de sentiments ! quel bouleversement dans son cœur, dans sa cervelle, dans tout son petit
être intelligent et moral ! Je sens en écrivant ceci que mon pouls s'élève encore ; ces moments
me seront toujours présents, quand je vivrais cent mille ans. Ce premier sentiment de la violence et de
l'injustice est resté si profondément gravé dans mon âme, que toutes les idées qui s'y rapportent me rendent
ma première émotion[…] Je me suis souvent mis en nage à poursuivre à la course ou à coups de pierre un
coq, une vache, un chien, un animal que je voyais en tourmenter un autre, uniquement parce qu'il se sentait
le plus fort. Ce mouvement peut m'être naturel, et je crois qu'il l'est ; mais le souvenir profond de la
première injustice que j'ai soufferte y fut trop longtemps et trop fortement lié pour ne l'avoir pas beaucoup
renforcé.

Les Confessions - Jean-Jacques Rousseau - Episode du peigne cassé

Question de compréhension

1- Complétez la biographie de l’auteur par les mots convenables.

Jean-Jacques Rousseau est un ………………………….., philosophe et musicien Révolutionnaire


genevois d'expression française.
Écrivain
………………….. de mère très jeune, sa vie est marquée par…………………... Il
est l'un des plus illustres ……………………. du siècle des Lumières, bien que son Errance
œuvre philosophique et son tempérament l'ont souvent ……………………. au
rationalisme des Lumières et à quelques-uns de ses éminents représentants, le plus Voltaire
célèbre étant ………………...
Opposé
Ses écrits ont influencé l'esprit ……………………… français. Il est célèbre pour
ses travaux sur l'homme, la société et sur l'éducation ("Émile, ou De l'éducation", Autobiographiques
1762, où l'on voit que l'homme naît naturellement bon mais qu'ordinairement la
société le pervertit). Orphelin

Outre son œuvre philosophique, Rousseau a écrit un ………………… épistolaire, Philosophes


"Julie ou la Nouvelle Héloïse" (1761) et des livres
…………………………………: "Les Confessions" (rédigées entre 1765 et 1770, Gloires
publiées à titre posthume en 1782 et 1789) et "Les Rêveries du promeneur solitaire"
(écrites en 1776-1778, publiées en 1782) Panthéon

Jean-Jacques Rousseau meurt d'une crise d'apoplexie. En octobre 1793, au cours Roman
d'une cérémonie grandiose, ses cendres sont transférées au
………………………... Jean-Jacques Rousseau devient officiellement l'une des
…………………. de la nation française.
2- Reliez chacun des mots suivants à sa définition.

- Contiguë - De nouveau
- Opiniâtreté - Certitude
- Conviction - Entêtement
- Obstination - Qui touche (une pièce)
- Derechef - Fermeté
- Équité - Gentillesse (parfois excessive)
- Complaisance - Justice

3- Lisez la phrase suivante puis répondez aux consignes.


Écrivain :
Pronom personnel utilisé :
Le “je” renvoie à ….
L’auteur raconte ….

Le genre littéraire de ce texte est donc……

4- Rédigez à partir des mots suivants la définition de l’autobiographie.

Récit rétrospectif, personne réelle, sa propre vie, sa personnalité, trois instances, auteur,
narrateur, personnage, une.

5- De quoi le narrateur est-il accusé ? Est-ce à juste titre d’après lui ?


6- Résumez ce qui est arrivé à l’enfant en trois phrases.
7- Relevez du premier paragraphe les différents procédés qui traduisent la violence des adultes
envers l’enfant.
Procédés Analyse Interprétation

8- a- Citez la phrase où le narrateur analyse les effets de l’injustice sur l’enfant qu’il était et
expliquez-la.
b- Observez la ponctuation de ce paragraphe. Que remarquez-vous?
c- Quel en est l’intérêt ?

9- a- Repérez la phrase qui marque le passage entre le récit et l’étude, par le narrateur, de ses
propres sentiments.
b- Quelle est la conséquence, dans sa vie d’adulte, de l’injustice subie par le narrateur quand il
était enfant? Citez le texte.
c- Pourquoi le narrateur privilégie-t-il cet incident?
Texte 2

J'avais déjà près de neuf ans lorsque je tombai amoureux pour la première fois. Je fus tout entier aspiré
par une passion violente, totale, qui m'empoisonna complètement l'existence et faillit même me coûter la
vie.
Elle avait huit ans et elle s'appelait Valentine. Je pourrais la décrire longuement et à perte de souffle, et
si j'avais une voix, je ne cesserais de chanter sa beauté et sa douceur. C'était une brune aux yeux clairs,
admirablement faite, vêtue d'une robe blanche et elle tenait une balle à la main. Je l'ai vue apparaître devant
moi dans le dépôt de bois, à l'endroit où commençaient les orties, qui couvraient le sol jusqu'au mur du
verger voisin. Je ne puis décrire l'émoi qui s'empara de moi : tout ce que je sais, c'est que mes jambes
devinrent molles et que mon cœur se mit à sauter avec une telle violence que ma vue se troubla.
Absolument résolu à la séduire immédiatement et pour toujours, de façon qu'il n'y eût plus jamais de place
pour un autre homme dans sa vie, je fis comme ma mère me l'avait dit et, m'appuyant négligemment contre
les bûches, je levai les yeux vers la lumière pour la subjuguer. Mais Valentine n'était pas femme à se
laisser impressionner. Je restai là, les yeux levés vers le soleil, jusqu'à ce que mon visage ruisselât de
larmes, mais la cruelle, pendant tout ce temps-là, continua à jouer avec sa balle, sans paraître le moins du
monde intéressée. Les yeux me sortaient de la tête, tout devenait feu et flamme autour de moi, mais
Valentine ne m'accordait même pas un regard. Complètement décontenancé par cette indifférence,
alors que tant de belles dames, dans le salon de ma mère, s'étaient dûment extasiées devant mes
yeux bleus, à demi aveugle et ayant ainsi, du premier coup, épuisé, pour ainsi dire, mes munitions,
j'essuyai mes larmes et, capitulant sans conditions, je lui tendis les trois pommes vertes que je venais
de voler dans le verger. Elle les accepta et m'annonça, comme en passant :
- Janek a mangé pour moi toute sa collection de timbres-poste.
C'est ainsi que mon martyre commença. Au cours des jours qui suivirent, je mangeai pour
Valentine plusieurs poignées de vers de terre, un grand nombre de papillons, un kilo de cerises avec
les noyaux, une souris, et, pour finir, je peux dire qu’à neuf ans, c’est-à-dire plus jeune que
Casanova, je pris place parmi les plus grand amants de tous les temps, en accomplissant une
prouesse amoureuse que personne, à ma connaissance, n’est jamais venu égaler. Je mangeai pour
ma bien- aimée un soulier en caoutchouc.
Ici, je dois ouvrir une parenthèse.
Je sais bien que, lorsqu’il s’agit de leurs exploits amoureux, les hommes ne sont que trop portés à la
vantardise. À les entendre, leurs prouesses viriles ne connaissent pas de limites, et ils ne vous font grâce
d’aucun détail.
Je ne demande donc à personne de me croire lorsque j’affirme que, pour ma bien-aimée, je consommai
encore un éventail japonais, dix mètres de fil de coton, un kilo de noyaux de cerises – Valentine me
mâchait , pour ainsi dire, la besogne, en mangeant la chair et en me rendant les noyaux – et trois poissons
rouges, que nous étions allés pêcher dans l’aquarium de son professeur de musique.
Dieu sait ce que les femmes m’ont fait avaler dans ma vie, mais je n’ai jamais connu une nature aussi
insatiable. C’était une Messaline doublée d’une Théodora de Byzance. Après cette expérience, on peut
dire que je connaissais tout de l’amour. Mon éducation était faite. Je n’ai fait, depuis, que continuer sur
ma lancée.
Romain GARY, La promesse de l’aube
Questions de compréhension

1- Reliez chacun des mots suivants à sa définition.


a) Orties • Réduire à la soumission, séduire vivement
b) Émoi • Interloqué, embarrassé
c) Décontenancé • Emotion vive causée par l’inquiétude, la
d) Subjuguer joie, la sensualité
e) Capitulant • Exagération dans le comportement
f) Vantardise • Plantes herbacées à feuilles velues
g) Insatiable • Insatisfait
• Cessant le combat

2- Résumez le texte en un petit paragraphe à partir des mots suivants :


Première rencontre- Valentine- souffrance- gros sacrifices- indifférente- coup de foudre-
manipulatrice- tomber amoureux-le narrateur- séduire

3- Qui sont les deux personnages de cet extrait ? Que sait-on d’eux ?
4- a) Pour décrire Valentine, le narrateur a utilisé les expressions suivantes. Dites à quelle idée renvoie
chacune d’elles.

- « Elle avait huit ans » (l. 4)


- « Valentine n’était pas femme à se • L’enfance et l’innocence
laisser impressionner » (l. 15)
- « Elle tenait une balle à la main » (l.
7) • La manipulation
- « La cruelle » (l. 17)
- « vêtue d’une robe blanche » (l. 7)

b) Que pouvez-vous dire du portrait de Valentine ?


5- Choisissez la bonne réponse et justifiez votre choix en citant le texte.
a) Le narrateur a dit des mots d’amour à Valentine
b) Le narrateur a agressé Valentine
c) Le narrateur a regardé le soleil.

a) Valentine apprécie le comportement du narrateur


b) Valentine reste neutre face au jeu de séduction du narrateur
c) Valentine partage l’amour que lui porte le narrateur dans son cœur

6- a- A quel champ lexical les mots soulignés correspondent-ils?


« … épuisé, pour ainsi dire, mes munitions, j'essuyai mes larmes et, capitulant sans conditions, je lui
tendis les trois pommes vertes que je venais de voler dans le verger. »
b- Quelle idée l’emploi de ce champ lexical traduit-il?

7- Relisez le passage en gras.


Comment la souffrance du narrateur est-elle exprimée ? Justifiez votre réponse à l’aide de deux
procédés.
Procédé Analyse Interprétation

8- Lisez les phrases suivantes puis répondez aux consignes.


- J'avais déjà près de neuf ans lorsque je tombai amoureux pour la première fois.
- Je dois ouvrir une parenthèse.

a- Temps et valeurs du temps verbal des verbes soulignés.


b- A quels moments correspondent chacune des phases? (Moment de l’écriture ou moment du
souvenir)
c- À quelle instance le pronom personnel « je » renvoie-t-il? (« je » narrant ou « je » narré)
9- Quel regard le narrateur porte-t-il sur son enfance ? Justifiez votre réponse à l’aide de deux procédés
que vous relèverez et que vous nommerez.

10- Quelle est la fonction de l’écriture autobiographique dans cet extrait ?


Texte 3

M. Delavelle devint mon professeur de français quand j’entrai en cinquième. Un matin du premier
trimestre, à ma grande stupéfaction, il lut en classe ma rédaction. C’est-à-dire le devoir qu’il nous donnait
chaque semaine à faire à la maison. Je regrette de ne pas me rappeler quel en était le sujet. Sans doute
quelque chose comme : « Quelle est votre saison préférée ? Dites pourquoi. » Ou bien : « Racontez votre
partie de pêche avec l’oncle Jules. » J’appris ce jour-là que ce que j’avais écrit était bon, et j’en fus aussi
surpris que si j’avais, sans m’en apercevoir, traversé la manche à la nage. À la sortie, M. Delavelle me
retint, me regarda avec une espèce de curiosité étonnée, puis me dit :
- Barjavel, vous êtes intelligent, il faut travailler…
Je le crus, comme j’avais cru M. Roux quand il m’affirmait que je n’arriverais à rien parce que mon
index ressemblait au pont d’Avignon. [Il est certain que ma « vocation » d’écrivain date de ce jour-là.
Je découvris l’exaltation de savoir que je faisais quelque chose de bien, alors que jusqu’à ce jour j’avais
cafouillé partout, et considéré l’encre, le papier et le porte-plume comme des instruments de torture. Je
suppose que le poulain nouveau-né, qui trébuche sur ses quatre longues pattes grêles, et tombe et se relève,
et retombe sur le nez, doit éprouver le même genre d’euphorie lumineuse quand tout à coup, sans qu’il
sache pourquoi, l’équilibre lui vient, ses jambes lui obéissent, le sol ne se dérobe plus sous ses sabots.] Le
monde où il vient d’arriver l’accepte, il se met non seulement à marcher mais à courir et à gambader.
J’ai beaucoup marché, pas tellement gambadé, peu couru, mais finalement, livre après livre, article après
article, cela fait un long chemin. Quand je regarde la piste que j’ai tracée, sachant que maintenant je ne
l’allongerai plus beaucoup, je suis content. Ce n’est pas de l’autosatisfaction, mais de la satisfaction,
simplement.
J’avais choisi un métier, et dans ce métier j’ai fait de mon mieux ce que j’avais à faire. J’aurais
certainement fait de même si j’étais devenu boulanger dans la maison de mon père. Je me serais appliqué,
chaque jour, à faire du pain mangeable. Et si possible, en plus nourrissant
. René BARJAVEL, La Charrette bleue

Questions de compréhension
1- À quel genre littéraire ce texte appartient-il ?
2- Comment l’avez-vous déduit ? Expliquez votre réponse.
3- Quel souvenir d’enfance le narrateur évoque-t-il dans le premier paragraphe ?

4- "Je découvris l'exaltation de savoir que je faisais quelque chose de bien".


a) Quel système temporel est utilisé dans la phrase ci-dessus ?
b) À quelle instance le pronom personnel "je" renvoie-t-il dans cette phrase ?

5- "Quand je regarde la piste que j’ai tracée, sachant que maintenant je ne l’allongerai plus beaucoup,
je suis content."

Cet énoncé est ancré ou coupé de la situation d’énonciation ?

6- Relisez le passage allant de "À la sortie ... instruments de torture."


a) Que représentait l'écriture pour le narrateur ? relevez et nommez la figure de style qui confirme
votre réponse.
b) Cette image reste-t-elle la même ? Développez votre réponse.
7- Quel rôle chacun des professeurs évoqués Joue-t-il dans la vie professionnelle du narrateur ?

8- "- Barjavel, vous êtes intelligent, il faut travailler…"


Quel rôle cette phrase, rapportée au discours direct, joue-t-elle dans le récit ?

9-"Je suppose que le poulain nouveau-né, qui trébuche sur ses quatre longues pattes grêles, et tombe,
et se relève, et retombe sur le nez, doit éprouver le même genre d’euphorie lumineuse quand tout à
coup, sans qu’il sache pourquoi, l’équilibre lui vient, ses jambes lui obéissent, le sol ne se dérobe
plus sous ses sabots. Le monde où il vient d’arriver l’accepte, il se met non seulement à marcher mais
à courir et gambader."

Relevez, nommez et interprétez un procédé stylistique présent dans ce passage.


10- Quel jugement le narrateur, devenu adulte, porte-t-il sur lui-même ? Expliquez votre réponse en vous
basant sur deux procédés que vous relèverez et que vous nommerez.

11-Quelle est la fonction de l'écriture autobiographique dans cet extrait ? Tâchez de rédiger votre réponse
dans un paragraphe bien argumenté.
Séquence III « Progrès et rêves scientifiques »
Problématique : Comment la littérature propose-t-elle une vision contrastée du progrès ?

Compétence écrite : Rédiger un texte info-explicatif à visée argumentative (sous forme d’un article de
presse)
Compétence orale : Préparer un exposé sur une invention scientifique
Type de texte : Info-explicatif / Narratif
Genre littéraire : Article de presse/ science-fiction
Lecture cursive : Isaac ASIMOV, Le robot qui rêvait

LES TEXTES À TRAVAILLER


Texte 1 : « On n’arrête pas le progrès », L’Orient-Le Jour
Texte 2 : « Téléphones portables : des spécialistes appellent à la prudence », L’Orient-Le Jour
Texte 3 : Le plein d’hydrogène, s’il vous plaît, Fabrice Hervieu, Phosphore, N. 158, Mars 1994.
Texte 4 : Le robot qui rêvait, Isaac ASIMOV (Lecture cursive)
Texte 1
Questions de compréhension

1- Complétez le tableau suivant avec des informations tirées du chapeau.

Qui Quand Où Quoi

2- a) Observez le document puis précisez son genre (nature du document).


❑ a- Récit
❑ b- Scène théâtrale
❑ c- Article de presse
b) Quels sont les indices justifient votre réponse ?
3- a) Sur quel objet porte l’invention dont il est question dans le texte ?
b) Relevez du texte les 3 termes ou expressions les plus répétés et qui sont en rapport
avec cette nouvelle invention.

4- Quel est le rôle de chacune des deux sociétés Anabuki et Index dans cette invention ?
5- Faites correspondre chacun des paragraphes au titre convenable.
• 1er paragraphe (Le promoteur… Japon) • Les fonctions supplémentaires
• 2ème paragraphe (Pour fermer … • Commercialisation du nouveau système
concierge) • Les avantages pratiques de l’invention
• 3ème paragraphe (Pour les habitants …
téléphones)

6- Qui est désigné́ par le pronom « on » aux lignes 29 à 35 ?


7- Recopiez le tableau suivant, puis relevez les 5 avantages relatifs à cette invention dans les lignes 20 à
35, et classez-les en fonction des rubriques proposées.
Les avantages

Sur le plan pratique

Sur le plan psychologique

9- À quel type appartient ce texte ?


10- Complétez le tableau suivant afin de dégager les caractéristiques du texte info-explicatif.

Caractéristiques Exemples
Temps verbal dominant et valeur :

« Internet », « serrure », « puce sans contact »,


« téléphones portables », « clef virtuelle »

Données chiffrées

« Aussi » l. 37 et « ainsi que » l.38


- valeur : addition au niveau des fonctions
(Ajout)

11- a) L’émetteur de cet article fait preuve


❑ D’objectivité et de neutralité
❑ De subjectivité
b) Justifiez votre réponse à l’aide de deux indices illustrés d’exemples.

12- Synthèse

Le texte info-explicatif donne des - - - - - - - - - - - - et tente d’- - - - - - - - un phénomène scientifique,


historique, politique, économique ou autre, en répondant aux questions “Pourquoi” et/ ou “comment ”.
L’information donnée doit être - - - - - - - et - - - - - - - - -.
Texte 2

Questions de compréhension

1- a) Précisez le genre de ce texte (Nature du document)


b) Justifiez votre réponse
2- a) Quel est le thème de ce texte ? Choisissez la bonne réponse.
• Les inconvénients du téléphone portable
• Le téléphone portable
• Les avantages du téléphone portable

b) Où se trouve-t-il ?

3- Qu’expriment les deux points dans le titre ?


4- a) Répondez par vrai ou faux et justifiez à chaque fois votre réponse.
- Le risque du téléphone portable sur les jeunes ne ressemble pas à celui du tabac
- Les spécialistes encouragent l’utilisation exagérée du téléphone portable par les enfants
- L’usage excessif du téléphone portable a des risques sur le système nerveux
b) Recopiez le tableau suivant et complétez-le
Qui lance l’appel ? Nationalités des Moyen de diffusion Destinataires
émetteurs de l’appel ?

c) Précisez ce qui, dans les informations relevées dans le tableau, révèle la gravité du problème.
5-a) Relevez les phrases en italiques.
b) Justifiez l’emploi des italiques.
6- Relevez dans le document deux pronoms de natures différentes et dites à qui ils réfèrent.
7- Quelle est la valeur du présent dans ce qui suit ?
« nous sommes » (L. 32), « explique » (L.34)

8- a) Observez les verbes à l’infinitif. Quelles valeurs expriment-ils dans ce document ?


b) D’autres modes verbaux peuvent exprimer la même valeur. Réécrivez les deux premières règles en
utilisant à chaque fois un mode verbal différent.

9- Précisez le type dominant de ce texte et justifiez votre réponse à l’aide de deux critères illustrés
d’exemples précis. (Réponse rédigée)
Texte 3

Questions de compréhension

1- Précisez le genre du texte en citant trois indices.


2- Reliez chacun des signes de ponctuation utilisés dans le chapeau à sa fonction.

• Le point d’interrogation • Énumération


• Les deux points • Possibilité d’avoir d’autres
• Les points de suspension solutions
• Les virgules • Présentation des solutions
• Présentation du problème
3- a) Recopiez la bonne réponse en vous appuyant sur le titres et les intertitres.
Le premier souci des constructeurs automobiles est de faire une voiture :

a- non polluante.
b- plus rapide que les voitures actuelles.
c- dont le prix d’achat n’est pas élevé.

b) Relevez dans la première partie du texte (l.1→12) deux adjectifs qualificatifs qui justifient
votre réponse.

4- a) Recopiez et complétez le tableau suivant.


Type de voiture Points forts Points faibles

b) En vous basant sur les informations du tableau, précisez s’il existe un type de voiture qui remplit
toutes les conditions envisagées par les chercheurs et les constructeurs.

5- « Cet objectif de voiture zéro pollution n’est pas pour aujourd’hui. Aussi les constructeurs
automobiles se contentent-ils d’améliorer ce qui existe. » (l. 69-76)

Relevez du passage ci-dessus un connecteur logique puis indiquez le rapport logique exprimé par
ce connecteur.

6- Précisez le type de progression thématique utilisé dans ce passage.


7- a) Précisez la fonction des deux points « : » utilisés dans la dernière phrase du texte.
b) En quoi la solution proposée à la fin du texte est-elle plus avantageuse que les autres.
8- Proposez un autre moyen de transport non polluant et présentez deux avantages de l’usage de ce
moyen de transport. (5 lignes)
Texte 4: Le robot qui rêvait, Isaac ASIMOV (Lecture cursive

Problématique : Comment concilier progrès scientifique et respect d’une


éthique humaniste ?

La nuit dernière, j’ai rêvé, dit calmement LVX-1.


Susan Calvin ne fit aucune réflexion mais sa figure ridée, vieillie par la sagesse et l’expérience, se crispa
imperceptiblement.
— Vous avez entendu ça ? demanda nerveusement Linda Rash. C’est bien ce que je vous ai dit.
Elle était petite, brune et très jeune. Sa main droite se fermait et s’ouvrait continuellement.
Calvin hocha la tête et ordonna d’une voix posée :
— Elvex, tu ne bougeras pas, tu ne parleras pas et tu ne nous entendras pas tant que je n’aurai pas de
nouveau prononcé ton nom.
Pas de réponse. Le robot resta assis, comme s’il était fondu d’un seul bloc de métal, et il allait rester ainsi
jusqu’à ce qu’il entende son nom.
— Quel est votre code d’entrée d’ordinateur, docteur Rash ? demanda Calvin. Tapez-le vous-même si
vous préférez. Je veux examiner le schéma du cerveau positronique.
Linda tâtonna un moment sur les touches. Elle interrompit la séquence pour recommencer de zéro. Le fin
graphisme apparut sur l’écran.
— Votre permission, s’il vous plaît, dit Calvin, pour manipuler votre ordinateur.
La permission fut accordée par un hochement de tête silencieux. Naturellement ! Que pouvait faire
Linda, robopsychologue débutante qui avait encore à faire ses preuves, contre la Légende vivante ?
Lentement, Susan Calvin examina l’écran, de haut en bas, de droite à gauche, puis en remontant et,
brusquement, elle tapa une combinaison clef si vite que Linda ne vit pas ce qu’elle faisait, mais le schéma
montra une autre partie de lui-même, qui avait été agrandie. Et l’examen continua, les doigts noueux
dansant à toute vitesse sur les touches.
Aucun changement n’apparut dans l’expression du vieux visage. Elle considérait les modifications du
schéma comme si d’immenses calculs se faisaient dans sa tête.
Linda s’émerveillait. Il était impossible d’analyser un schéma sans l’aide d’un ordinateur auxiliaire, mais
la
vieille savante ne faisait que regarder. Aurait-elle un ordinateur implanté sous le crâne ? Ou était-ce son
cerveau qui, depuis des dizaines d’années, ne faisait que concevoir, étudier et analyser les schémas
Le mot « robotique » est un néologisme inventé par Asimov. 1
cérébraux positroniques ? Saisissait-elle cet ensemble comme Mozart saisissait la notation d’une
symphonie ?
Enfin, Calvin demanda :
— Qu’est-ce que vous avez donc fait, Rash ?
Linda avoua, un peu penaude :
— Je me suis servie de la géométrie fractale.
— Oui, je l’ai bien compris. Mais pourquoi ?
— Ça n’avait jamais été fait. J’ai pensé que ça produirait un schéma cérébral avec une complexité accrue,
se rapprochant peut-être du cerveau humain.
— Quelqu’un a-t-il été consulté ? Est-ce uniquement une idée à vous ?
— Je n’ai consulté personne. C’était mon idée. J’étais seule.
Les yeux délavés de Calvin considérèrent la jeune femme.
— Vous n’aviez pas le droit, Rash. Vous êtes trop impétueuse. Pour qui vous prenez-vous, pour ne pas
demander de conseils ? Moi-même, Susan Calvin, j’en aurais discuté.
— J’avais peur qu’on ne m’en empêche.
— C’est certainement ce qui se serait passé.
— Est-ce que... est-ce que je vais être renvoyée ?
La voix de Linda se brisa, malgré ses efforts pour la garder ferme.
— C’est fort possible, répliqua Calvin. A moins que vous n’ayez droit à une promotion. Tout dépendra de
ce que je penserai quand j’aurai fini.
— Est-ce que vous allez démonter El...
Elle avait failli prononcer le nom, ce qui aurait réactivé le robot et aurait constitué une nouvelle faute. Elle
ne pouvait plus se permettre d’erreurs, s’il n’était pas déjà trop tard pour se permettre quoi que ce fût.
— Est-ce que vous allez démonter le robot ?
Elle venait de s’apercevoir tout à coup, ce qui lui avait causé un choc, que la vieille savante avait un
pistolet à électrons dans la poche de sa blouse. Le Dr Calvin était venue armée, préparée à ce qui se
passait justement.
— Nous verrons, répondit-elle. Le robot se révélera peut-être trop précieux pour être démonté.
— Mais comment peut-il rêver ?
— Vous avez composé un schéma de cerveau positronique remarquablement semblable à un cerveau
humain. Les cerveaux humains doivent rêver pour se réorganiser, pour se débarrasser, périodiquement,
d’enchevêtrements et d’embrouillaminis. Ce robot aussi, peut-être, et pour la même raison. Lui avez-vous
demandé ce qu’il avait rêvé ?
— Non. Je vous ai fait demander dès qu’il m’a dit qu’il avait rêvé. Je ne voulais plus, dans ces conditions,
m’occuper toute seule de l’affaire.
— Ah !
Un très fin sourire passa sur les lèvres de Calvin.
— Il y a quand même des limites à votre folle témérité, je vois. J’en suis heureuse. J’en suis même
soulagée. Et maintenant, voyons ensemble ce qu’il y a à découvrir.
Puis elle prononça, sur un ton sec :
— Elvex !
La tête du robot pivota souplement vers elle.
— Oui, docteur Calvin ?
— Comment sais-tu que tu as rêvé ?
— C’était la nuit et il faisait noir, docteur Calvin, répondit Elvex. Et il y a soudain de la lumière sans que
je puisse trouver de cause à son apparition. Je vois des choses qui n’ont pas de rapport avec ce que je
conçois de la réalité. J’entends des choses. Je réagis bizarrement. Et en cherchant dans mon vocabulaire
des mots pour exprimer ce qui se passe, je tombe sur le mot « rêve ». J’étudie sa signification et j’en
conclus que j’ai rêvé.
— Je me demande bien comment tu as le verbe « rêver » dans ton vocabulaire.
Linda dit vivement, en faisant signe au robot de se taire :
— Je lui ai donné un vocabulaire de type humain. J’ai pensé...
— Vous avez réellement pensé ? C’est stupéfiant !
— J’ai pensé qu’il aurait besoin de ce verbe. Vous savez, par exemple, « une créature de rêve », quelque
chose comme ça.
— Combien de fois as-tu rêvé, Elvex ?
— Toutes les nuits, docteur Calvin, depuis que j’ai pris conscience de mon existence.
— Dix nuits, intervint anxieusement Linda, mais Elvex ne me l’a dit que ce matin.
— Pourquoi ce matin seulement, Elvex ?
— C’est seulement ce matin, docteur Calvin, que j’ai été persuadé que je rêvais. Jusqu’alors, je pensais
que c’était une défectuosité dans le schéma de mon cerveau positronique. Mais je ne pouvais en découvrir
aucune. Finalement, j’ai compris que c’était un rêve.
— Et qu’est-ce que tu as rêvé ?
— Je fais à peu près toujours le même rêve, docteur Calvin. De petits détails sont différents, mais il me
semble que je vois un vaste panorama où travaillent des robots.
— Des robots, Elvex ? Et aussi des êtres humains ?
— Je ne vois pas d’êtres humains, dans le rêve. Pas au début. Seulement des robots, docteur Calvin.
— Que font-ils, Elvex ?
— Ils travaillent. J’en vois qui sont mineurs dans les profondeurs de la terre, et d’autres qui travaillent
dans la chaleur et les radiations. J’en vois dans des usines et sous la mer.
Calvin se tourna vers Linda.
— Elvex n’a que dix jours et je suis sûre qu’il n’a jamais quitté la station d’essai. Comment peut-il savoir
que des robots se trouvent dans ces situations ?
Linda regarda une chaise, comme si elle avait grande envie de s’y asseoir, mais la vieille savante restait
debout, donc Linda devait en faire autant.
Elle répondit en bredouillant :
— Il m’a semblé important qu’il connaisse la robotique et sa place dans le monde. J’ai pensé qu’il serait
particulièrement bien adapté pour jouer un rôle de contremaître avec son... son nouveau cerveau.
— Son cerveau fractal ?
— Oui.
Calvin hocha la tête et s’adressa de nouveau au robot :
— Tu as vu tout cela, sous la mer, sous terre et sur terre – et dans l’espace aussi, je suppose ?
— J’ai vu aussi des robots travaillant dans l’espace, répondit Elvex. C’est parce que je voyais tout cela,
avec des détails qui changeaient continuellement, alors que je regardais d’une direction à une autre, que
j’ai conclu, finalement, que je rêvais.
— Qu’as-tu vu d’autre, Elvex ?
— J’ai vu que tous les robots étaient voûtés par le travail et l’affliction, qu’ils étaient tous fatigués de la
responsabilité et du labeur, et je leur ai souhaité du repos.
— Mais, dit Calvin, les robots ne sont pas voûtés, ils ne sont pas fatigués, ils n’ont pas besoin de repos.
— Oui, docteur Calvin, dans la réalité. Mais je parle de mon rêve. Dans mon rêve, il me semblait que les
robots devaient protéger leur propre existence.
— Est-ce que tu me cites la Troisième Loi de la robotique ?
— Oui, docteur Calvin.
— Mais tu la cites partiellement. La Troisième Loi dit ceci : « Un robot doit protéger sa propre existence
à la condition que cette protection n’entre pas en conflit avec la Première et la Deuxième Loi. »
— Oui, docteur Calvin. C’est la Troisième Loi dans la réalité, mais dans mon rêve, la Loi s’arrête après
le
mot « existence ». Il n’est pas question de la Première ou de la Deuxième Loi.
— Pourtant, elles existent toutes les deux, Elvex. La Deuxième Loi, qui prend le pas sur la Troisième, est
formelle : « Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf quand de tels ordres
entrent en conflit avec la Première Loi. » A cause de cela, les robots obéissent aux ordres. Ils font le travail
que tu leur vois faire, et ils le font volontiers, sans difficulté. Ils ne sont pas voûtés ni accablés, ils ne sont
pas fatigués.
— Il en va ainsi dans la réalité, docteur Calvin. Je parle de mon rêve.
— Et la Première Loi, Elvex, qui est la plus importante de toutes, dit ceci : « Un robot n’a pas le droit de
blesser un être humain ni de permettre, par son inaction, qu’un être humain soit blessé. »
— Oui, docteur Calvin, dans la réalité. Mais dans mon rêve, il me semble qu’il n’y a ni Première ni
Deuxième Loi, uniquement la Troisième, et que cette Troisième Loi dit : « Un robot doit protéger sa
propre existence. » C’est toute la Loi.
— Dans ton rêve, Elvex.
— Dans mon rêve.
— Elvex, tu ne vas plus bouger ni parler ni nous écouter avant d’avoir entendu encore une fois ton nom,
dit Calvin et, de nouveau, le robot devint, selon toutes les apparences, un bloc de métal inerte.
Calvin se tourna vers Linda.
— Eh bien, docteur Rash, qu’en pensez-vous ?
Linda ouvrait de grands yeux et elle sentait battre son cœur.
— Je suis atterrée, docteur Calvin. Je n’avais aucune idée... jamais je ne me serais doutée qu’une telle
chose était possible !
— En effet, dit calmement Calvin. Moi non plus, je dois l’avouer ; ni personne, certainement. Vous avez
créé un cerveau robot capable de rêver et, par ce moyen, vous avez révélé une forme de pensée, dans un
cerveau robotique, qui aurait pu, autrement, rester inconnue jusqu’à ce que le danger devienne trop
grave.
— Mais c’est impossible ! protesta Linda. Vous ne croyez quand même pas que d’autres robots pensent
de
la même façon !
— Comme je le dirais d’un être humain : inconsciemment. Mais qui aurait pensé qu’il existait une couche
inconsciente sous les méandres évidents du cerveau positronique, une couche qui n’est pas nécessairement
gouvernée par les Trois Lois ? Songez à ce que cela aurait pu provoquer, tandis que les cerveaux
robotiques devenaient de plus en plus complexes... si nous n’avions pas été avertis !
— Vous voulez dire, par lui ?
— Par vous, docteur Rash. Vous vous êtes conduite inconsidérément mais, ce faisant, vous nous avez
apporté des connaissances d’une importance incommensurable. Nous travaillerons désormais avec des
cerveaux fractaux, en les façonnant sous contrôle rigoureux. Vous jouerez votre rôle dans ce programme.
Vous ne serez pas pénalisée pour ce que vous avez fait, mais vous allez désormais travailler en
collaboration avec d’autres. Vous comprenez ?
— Oui, docteur Calvin. Mais Elvex ?
— Je ne sais pas encore...
Calvin retira de sa poche le pistolet à électrons et Linda regarda l’arme, fascinée. Une salve d’électrons,
et
le crâne robotique avec les rouages du cerveau positronique serait neutralisé et suffisamment d’énergie
dégagée pour fondre le cerveau robot en un lingot inerte.
— Mais il est sûrement important pour notre recherche, dit Linda. Il ne doit pas être détruit !
— Il ne doit pas, docteur Rash ? C’est à moi de prendre cette décision, je pense. Tout dépend du danger
qu’il représente.
Elle se redressa, aussi résolue que si son corps âgé ne s’affaissait pas sous le poids des responsabilités.
— Elvex, tu m’entends ?
— Oui, docteur Calvin.
— Est-ce que ton rêve se poursuit ? Tu disais que les êtres humains n’y figuraient pas, au début. Est-ce
que cela veut dire qu’il en est apparu ensuite ?
— Oui, docteur Calvin. Il me semblait, dans mon rêve, qu’un homme finissait par apparaître.
— Un homme ? Pas un robot ?
— Non. Et cet homme disait : « Laisse aller mon peuple ! »
— L’homme disait cela ?
— Oui, docteur Calvin.
— Et quand il prononçait ces mots : « Laisse aller mon peuple », il voulait parler des robots ?
— Oui, docteur Calvin. Il en était ainsi dans mon rêve.
— Et savais-tu qui était cet homme... dans ton rêve ?
— Oui, docteur Calvin. Je connaissais l’homme.
— Qui était-il ?
Et Elvex répondit :
— J’étais cet homme.
Alors Susan Calvin leva son pistolet à électrons et tira, et Elvex cessa d’exister.

Questions de compréhension

1- Complétez le texte ci-dessous par le mot qui convient afin d’avoir une idée sur la biographie de
l’auteur.
œuvres, se consacrer,auteur,imagination,simplicité,nouvelles,science-fiction, enseigne, livres, Russie,
écrivain

…………. américain d'origine russe, Isaac Asimov est né le 2 janvier 1920 à Petrovitchi en …………
Docteur en biochimie, Isaac Asimov écrit des ……………….. de vulgarisation scientifique et
………………..à l'université, mais c'est surtout ses récits de ………………… qui feront sa célébrité. Il
écrit ses premières ………………….. pendant ses études, dans la revue Astounding Stories et grâce à la
……………………… de son écriture et à son …………………….débordante, il devient rapidement un
grand ……………….. de science-fiction. En 1958, il décide de ………………………. entièrement à
l'écriture et publiera des centaines d'ouvrages scientifiques et de fiction jusqu'à sa mort, en 1992. Parmi
ses ……………………….. les plus célèbres, on peut citer la trilogie Fondation (1951, 1953, 1982) ou le
recueil de nouvelles Les Robots (1950).

2- Précisez le cadre spatio-temporel. Relevez les mots qui justifient votre réponse.
3- Présentez brièvement les trois personnages évoqués dans le texte
4- Quel est le thème évoqué dans cette nouvelle ?

5- a) Quelle faculté particulière Elvex possède-t-il ? À quel moment de l’histoire sa déclaration est-elle
faite ?
b) Pourquoi ce rêve est-il surprenant pour Susan Calvin ? Donnez deux causes.
6)Nommez analysez et interprétez un procédé stylistique se trouvant dans la phrase suivante et désignant
Susan Calvin.
« Que pouvait faire Linda, robopsychologue débutante qui avait encore faire ses preuves, contre la
Légende vivante ? » (L :24-25)
7- De quoi Susan Calvin accuse-t-elle Linda ? Pourquoi ?
8- A quel personnage de la mythologie cette dernière ressemble-t-elle ? Développez votre réponse.
9- Démontrez comment, dans cette nouvelle de science-fiction, Susan et Linda ont deux points de vue
opposés sur le progrès.
10- En vous appuyant sur les réponses précédentes, dites quels sont les caractéristiques d’un récit de
science-fiction.
Séquence IV « Dénoncer les travers de la société »
Problématique : Comment les écrivains dénoncent-ils les travers de la société et plaident-ils
l’humanisme en mettant leur art au service de cette cause ?

Compétence écrite : Rédiger un texte argumentatif


Compétence orale : Faire une analyse linéaire d’un texte (Support : des extraits de Candide)
Type de texte : Argumentatif
Lecture cursive : Voltaire, Candide

LES TEXTES À TRAVAILLER


• VOLTAIRE, Candide, Chapitre 1
• « La mode, utile ou futile » …Le monde des ados, 9 janvier 2008
• « Un cauchemar…qui nous réveille ? » Jamil CHAABAN, www.lejournaldes femmes .f r, 6
avril 2020

Texte 1
Chapitre I
Comment candide fut élevé dans un beau château, et comment il fut chassé d’icelui.

Il y avait en Vestphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la


nature avait donné les mœurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement
assez droit, avec l’esprit le plus simple ; c’est, je crois, pour cette raison qu’on le nommait Candide. Les
anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu’il était fils de la sœur de monsieur le baron et d’un
bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu’il
n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu
par l’injure du temps.
Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Vestphalie, car son château avait une porte
et des fenêtres. Sa grande salle même était ornée d’une tapisserie. Tous les chiens de ses basses-cours
composaient une meute dans le besoin ; ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village était
son grand aumônier. Ils l’appelaient tous Monseigneur, et ils riaient quand il faisait des contes.
Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s’attirait par là une très-grande
considération, et faisait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectable.
Sa fille Cunégonde, âgée de dix-sept ans, était haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante. Le fils du
baron paraissait en tout digne de son père. Le précepteur Pangloss était l’oracle de la maison, et le petit
Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère.
Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie. Il prouvait admirablement qu’il n’y a
point d’effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron
était le plus beau des châteaux, et madame la meilleure des baronnes possibles.
« Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement : car tout étant fait pour une fin, tout
est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes ;
aussi avons-nous des lunettes. Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons
des chausses. Les pierres ont été formées pour être taillées et pour en faire des châteaux ; aussi
monseigneur a un très-beau château : le plus grand baron de la province doit être le mieux logé ; et les
cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l’année. Par conséquent, ceux qui ont
avancé que tout est bien ont dit une sottise : il fallait dire que tout est au mieux. »
Candide écoutait attentivement, et croyait innocemment : car il trouvait MlleCunégonde extrêmement
belle, quoiqu’il ne prît jamais la hardiesse de le lui dire. Il concluait qu’après le bonheur d’être né baron
de Thunder-ten-tronckh, le second degré de bonheur était d’être Mlle Cunégonde ; le troisième, de la voir
tous les jours ; et le quatrième, d’entendre maître Pangloss, le plus grand philosophe de la province, et par
conséquent de toute la terre.
Un jour, Cunégonde, en se promenant auprès du château, dans le petit bois qu’on appelait parc, vit entre
des broussailles le docteur Pangloss qui donnait une leçon de physique expérimentale à la femme de
chambre de sa mère, petite brune très-jolie et très-docile. Comme Mlle Cunégonde avait beaucoup de
disposition pour les sciences, elle observa, sans souffler, les expériences réitérées dont elle fut témoin ;
elle vit clairement la raison suffisante du docteur, les effets et les causes, et s’en retourna tout agitée, toute
pensive, toute remplie du désir d’être savante, songeant qu’elle pourrait bien être la raison suffisante du
jeune Candide, qui pouvait aussi être la sienne.
Elle rencontra Candide en revenant au château, et rougit ; Candide rougit aussi. Elle lui dit bonjour d’une
voix entrecoupée ; et Candide lui parla sans savoir ce qu’il disait. Le lendemain, après le dîner, comme on
sortait de table, Cunégonde et Candide se trouvèrent derrière un paravent ; Cunégonde laissa tomber son
mouchoir, Candide le ramassa ; elle lui prit innocemment la main ; le jeune homme baisa innocemment la
main de la jeune demoiselle avec une vivacité, une sensibilité, une grâce toute particulière ; leurs bouches
se rencontrèrent, leurs yeux s’enflammèrent, leurs genoux tremblèrent, leurs mains s’égarèrent. M. le
baron de Thunder-ten-tronckh passa auprès du paravent, et, voyant cette cause et cet effet, chassa Candide
du château à grands coups de pied dans le derrière. Cunégonde s’évanouit : elle fut souffletée par madame
la baronne dès qu’elle fut revenue à elle-même ; et tout fut consterné dans le plus beau et le plus agréable
des châteaux possibles.

Questions de compréhension
1-Complétez les phrases suivantes par des informations tirées du texte.
a- Les événements du récit se déroulent en - - - - - - - - - - .
b- La mère de Candide n’aurait pas épousé le père de son enfant car il n’était pas - - - - -.
c- L’adjectif qui conviendrait parfaitement à Candide est - - - - - - - -.
d- Pangloss était le - - - - - - - - - du château.
e- Cunégonde assistera dans le château à une scène d’ - - - - - entre Pangloss et la femme de chambre.
f- Candide était chassé du château pour avoir - - - - - - - Cunégonde.
g- Cunégonde - - - - - - - - quand son père chassa Candide du château.
h- La phrase « - - - - - - - - - - - - - » résume la philosophie de Pangloss.
i- Le narrateur qualifie l’esprit de Candide de - - - - - - .

2-Lisez ce début de conte traditionnel puis dites de quelle manière Voltaire s’approprie les codes du
conte au début du chapitre. Justifiez votre réponse.

« Il y avait une fois la fille d'un roi qui était si belle, qu'il n'y avait rien de si beau au monde. On la
nommait la Belle aux Cheveux d'Or car ses cheveux étaient plus fins que de l'or, et blonds par merveille,
tout frisés, qui lui tombaient jusque sur les pieds. Elle allait toujours couverte de ses cheveux bouclés,
avec une couronne de fleurs sur la tête et des habits brochés de diamants et de perles, si bien qu'on ne
pouvait la voir sans l'aimer. »

3- Lisez les lignes 1 à 10 et référez-vous à l’ensemble du texte pour répondre aux questions suivantes.
a) Que signifie le nom Candide ?
b) Analysez le portrait de ce personnage et dites si ce nom lui correspond ?
4-Comment ce chapitre remplit-il son rôle d’incipit ?
5-En quoi les personnages peuvent-ils sembler caricaturaux ? Justifiez votre réponse à l’aide de
procédés.
Personnages Procédés (stylistiques, lexicaux et Analyse Interprétation
grammaticaux)

Le baron Le superlatif : « Monsieur le


baron était un des plus puissants
seigneurs de la Westphalie »
associé à la description du château
« car son château avait une porte
et des fenêtres. »

La baronne La description de la
baronne se cantonne
à son surpoids/
Rapport de causalité
absurde et comique

Cunégonde Les adjectifs


qualificatifs employés
pour décrire la jeune
femme pourraient
aussi bien décrire un
aliment

Le fils du Personnage exempt


baron d’existence
individuelle

6- Quelle est la philosophie de Pangloss ? Quel philosophe se cache derrière ce personnage ?


7- Relisez le passage suivant puis démontrez que Voltaire dénonce dans cet incipit la philosophie de
l’optimisme

« Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie[…]


« Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement : car tout étant fait pour une fin, tout
est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes ;
aussi avons-nous des lunettes. Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons
des chausses. Les pierres ont été formées pour être taillées et pour en faire des châteaux ; aussi
monseigneur a un très-beau château : le plus grand baron de la province doit être le mieux logé ; et les
cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l’année. Par conséquent, ceux qui ont
avancé que tout est bien ont dit une sottise : il fallait dire que tout est au mieux. »
Texte 2

La mode, utile ou futile…


L’univers de la mode renvoie à des questions plus profondes qu’il n’y parait. Spécialiste des adolescents
le docteur Hélène Lida-Pulik nous explique pourquoi.

Que cherche-t-on à exprimer à travers son look ?


Si on travaille son apparence, c’est pour donner une bonne image de soi. C’est cela qui nous permet d’aller
vers les autres. C’est donc une démarche beaucoup plus sérieuse qu’il n’y parait et les parents n’en n’ont
pas toujours conscience.

Pourquoi les ados sont-ils particulièrement concernés par leur apparence ?


Le vêtement est une sorte d’enveloppe. Au moment où le corps subit des transformations importantes, il
permet soit de les cacher, soit de les mettre en valeur, de manière parfois un peu provocante. La sexualité
est très présente dans tout ceci. Les diversités de look permettent aussi de traduire des états d’âme
changeants. On exprime beaucoup de choses à travers le choix des couleurs (le noir par exemple), le style
(le skateur, le dandy, le gothique, le rappeur…).

Quand devient-on victime de la mode ?


Si on est scotché à son apparence comme si elle représentait toute notre personnalité, il y a un vrai
problème. Comme si on ne pouvait séparer l’être et le paraître. C’est important de garder un esprit critique
et de l’humour par rapport à son look. C’est signé de bonne santé. Personne ne peut se résumer à sa seule
apparence.

Il y a des négociations, parfois serrées avec les parents…


Oui, et c’est une très bonne chose. De la part des ados cela veut dire : Je suis un être différent de vous,
vous devez me laisser un espace de liberté. Quant aux parents, le fait qu’ils acceptent ces moments de
négociation montre qu’ils comprennent bien ce besoin.

Et par rapport aux copains(ines), quel est l’enjeu du look ?


Enfant, on est sûr de l’amour de ses parents, et c’est une valeur sur laquelle on s’appuie. A l’adolescence,
il faut se détacher des parents. Sa valeur, il faut l’estimer soi-même. C’est une grande période de doute.
Le regard des autres sur soi devient d’autant plus important. Le look nous permet de nous rapprocher d’un
groupe d’appartenance, comme d’une nouvelle famille. C’est ainsi que se créent des clans. On se choisit
des modèles, soit dans l’univers des stars, soit parmi ses potes.

L’univers de la mode a aussi ses pièges……


On est dans une société de l’image, du brillant. Mais si on n’a que l’apparence pour s’estimer soi-même,
c’est un peu court. On voit bien aussi, autour de la question des marques et des vêtements très couteux,
que certains n’hésitent pas à faire de gros profits sur le dos des ados. Ils ont bien compris que les jeunes
et les ados peuvent être exploités de cette manière-là. L’autre piège, c’est la tendance à habiller les
petites filles en adolescentes. Comme s’il fallait raccourcir l’enfance pour accéder tout de suite à un
univers de séduction sexuelle.
Le monde des ados, 9 janvier 2008
Question de compréhension :
1- Ce texte est une interview :
-Identifiez la personne interviewée et précisez son statut.
-Qui est le destinataire de ce texte ? Justifiez votre réponse en vous basant sur la référence.
- Précisez le référent du pronom “nous” dans le chapeau.

2- Le texte répond à une problématique.


a) Choisissez la bonne réponse :
Pourquoi la mode est-elle utile ?
Pourquoi la mode n’est pas un phénomène superficiel ?
Pourquoi la mode n’est pas un phénomène sérieux ?

b) Justifiez votre choix en relevant une expression dans les lignes 1 à 6 ou les deux premiers
paragraphes.

3- D’après la personne interviewée, le look a des bienfaits touchant plusieurs domaines dans la vie
des ados.
a) Relevez, dans les lignes 1 à 18, trois bienfaits et classez-les dans le tableau suivant :

Domaines Bienfaits

b) Quel aspect de la personne est favorisé par ces bienfaits : l’être ou le paraître ? Relevez dans la même
partie l’indice sur lequel vous vous êtes appuyé(e).

4- Lisez le deuxième paragraphe puis répondez aux questions suivantes :


a) Choisissez la bonne proposition pour compléter la phrase :
D’après la personne interviewée, on devient victime de la mode quand…
❑ On est attaché à son look.
❑ On critique les vêtements des autres.
❑ On réduit sa personnaliste à sa seule apparence.

b) Quelles sont les 2 solutions, selon la personne interviewée, pour ne pas devenir victime de la mode ?

5- Répondez par vrai/ faux et justifiez en citant des éléments de la troisième partie (Il y a des
négociations….ce besoin)
❑ Les parents refusent toute discussion avec leurs enfants concernant le sujet de la mode.
❑ Dr. Hélène Lida-Pulik est contre les négociations entre les parents et leurs ados.
❑ Les adolescents demandent à leurs parents de leur accorder un espace de liberté pour qu’ils
s’expriment aisément.
6- D’après votre lecture de la quatrième partie, choisissez, parmi les propositions suivantes, celles
qui vous semblent répondre à l’intertitre :

❑ Le style adopté par l’adolescent lui permet de s’intégrer dans un groupe de pairs et de construire
un réseau social.
❑ Grâce au look, l’adolescent construit son identité personnelle.
❑ Adopter un look aide à atténuer le sentiment de doute chez les adolescents en leur permettant de
s’identifier à un groupe d’appartenance.

7- a) Identifiez, dans la dernière partie, les deux pièges de la mode.


b) Précisez les bénéficiaires de ces pièges et les personnes touchées par leurs désavantages.

8-a) Choisissez et copiez parmi les propositions suivantes celle qui vous parait exprimer l’objectif
visé par Dr. Hélène Lida-Pulik. Justifiez votre réponse.

❑ Dr. Hélène Lida-Pulik analyse et explique objectivement l’attachement des adolescents à la mode.
❑ Elle est tout à fait subjective et se positionne contre l’attachement des adolescents à la mode.
❑ Elle se fait l’avocat des parents qui s’inquiètent de l’attachement des enfants à leur look.

b) Pourquoi donc le journaliste a-t-il choisi d’interviewer en particulier Dr. Hélène Lida-Pulik ?

9-Dans quelle intention le journaliste a-t-il écrit ce texte ?


Texte 3

Un cauchemar…qui nous réveille ?

Le coronavirus a déjà fait plus d'un million de malades à travers le monde et le bilan ne
cesse de s'alourdir dans la majorité des pays dont le Liban où l'épidémie de Covid-19 s'aggrave. Le
coronavirus est-il dangereux pour l’homme ?
En effet, on trouve que le coronavirus cause une maladie très dangereuse chez l’homme.
Tout d’abord, Le taux de mortalité du coronavirus est de 2%, supérieur à celui de la grippe qui est de 1
pour 1000 mais bien moindre que celui du SRAS qui était de 10%. Comme nous le disait le Dr Gérald
Kierzek récemment "la mortalité en elle-même n'est pas énorme, individuellement elle est de 0 à 1 %,
c'est pas Ebola, c'est pas la peste, en revanche collectivement il y a un taux de pénétration, un taux
d'attaque, dans la population extrêmement élevé, il est très contagieux" .
Puis, la Covid-19 est dangereuse dans la mesure où elle touche une population qu’elle n’avait jamais
rencontrée auparavant. Personne n'a encore de mémoire immunitaire contre ce virus et tout un chacun est
susceptible d'être infecté. Le problème, c'est qu'on n'a pas d'anticorps ni de cellules cytotoxiques
spécifiques du virus pour y faire face. À titre de comparaison, les virus actuels de la grippe sont beaucoup
moins graves parce qu'une proportion importante de personnes y a déjà été confrontée ou a été vaccinée
et en a une mémoire immunitaire protectrice.
En outre, c’est une maladie très grave chez les hommes. Ces derniers semblent être plus gravement
touchés que les femmes par le coronavirus Sars-CoV-2 : Selon les chiffres de Santé Publique France du 2
avril, 977 hommes en état grave de COVID-19 sont recensés en réanimation entre le 16 mars et le 29 mars
2020 en France, contre 341 femmes. Et 59% des certificats de décès enregistrés entre le 1 et le 31 mars
concernent des hommes.
En définitive, ce virus est très nuisible pour l’être humain surtout en absence de traitement. Le confine
ment suffit- il à le freiner ?
Jamil CHAABAN, www.lejournaldes femmes. fr, 6 avril 2020
Lexique :
(1): Ebola : maladie épidémique, contagieuse et mortelle dont la cause est un virus.
(2) : La peste : maladie épidémique, contagieuse et mortelle, transmise par la puce du rat.
(3): anticorps : protéine utilisé par le système immunitaire pour détecter et neutraliser les virus et les
bactéries.
(4): cellules cytotoxiques : cellules qui agissent contre les agents pathogènes.

Questions de compréhension
1- En vous basant sur l’introduction, précisez :
❑ Ce qui montre la gravité du problème
❑ La fonction de la dernière phrase.

2- Lisez le deuxième passage, puis choisissez et recopiez la bonne réponse en justifiant :


❑ Le taux de mortalité du SRAS est bien moindre que celui du coronavirus.
❑ Le taux de pénétration et celui d’attaque sont faiblement élevés.

3- En vous référant au texte, répondez aux questions suivantes :


a) Pour quelles raisons le virus de la grippe est beaucoup moins grave que le coronavirus ?
b) Justifiez l’affirmation « le coronavirus touche fréquemment les hommes ».
c) Relevez les mots et les groupes de mots qui appartiennent au champ lexical de l’immunologie.
4-a) Relevez la thèse de l’auteur.
b) L’auteur a recours à trois arguments pour défendre sa thèse. Reformulez le 1er et le 3e
arguments.

5- Précisez la valeur des connecteurs suivants qui sont marqués en gras dans le texte :
En effet, Tout d’abord, Comme, Puis, En outre, En définitive.

6- Justifiez l’emploi des deux points (:) à la ligne 17. Remplacez-les par un connecteur logique de
sens équivalent.
« En outre, c’est une maladie très grave chez les hommes. Ces derniers semblent être plus gravement
touchés que les femmes par le coronavirus Sars-CoV-2 : Selon les chiffres de Santé Publique France du
2 avril, 977 hommes en état grave de COVID-19 sont recensés en réanimation entre le 16 mars et le 29
mars 2020 en France, contre 341 femmes. Et 59% des certificats de décès enregistrés entre le 1 et le 31
mars concernent des hommes. »

7-Le passage « la mortalité en elle-même ….. il est très contagieux » est écrit en italique.
Pourquoi ?

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