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Séquence poésie

LOUISE LABE, Sonnets (1555)


Sonnet n°4

Table des matières


Introduction ....................................................................................... 2
Présentation ................................................................................... 2
Projet de lecture .................................................................................................................................. 2
Mouvements ....................................................................................................................................... 2
ETUDE LINEAIRE....................................................................................................................................... 2
PREMIER MOUVEMENT....................................................................................................................... 2
Négativité (termes dépréciatifs)...................................................................................................... 2
Amour ennemi désigné (propulsion, sujet, majuscule)................................................................... 3
Acharnement (anaphore, indices de temps) ................................................................................... 3
Sonorités désagréables (allitération en (r]) ..................................................................................... 3
Ambiguïtés dérangeantes (équivocité) ........................................................................................... 3
Réduction de la poétesse ................................................................................................................ 3
SECOND MOUVEMENT ........................................................................................................................ 3
Militarisation du propos .................................................................................................................. 3
Amour qui va être à peu combattu ................................................................................................. 4
Héroïsme de la poétesse souligné ................................................................................................... 4
Force d’opposition........................................................................................................................... 4
TROISIEME MOUVEMENT ................................................................................................................... 4
CONCLUSION ....................................................................................................................................... 5
BILAN ............................................................................................................................................... 5
OUVERTURE ..................................................................................................................................... 5
Introduction

Présentation
Renaissance, 16e s ; Invention de la langue française
Modernité
Emprunts à l’Antiquité (mythologie) Réf. A la poétesse grecque
Sappho
Vie sulfureuse => les Libertins célèbrent Louise Labé ; les Un amour tirant à l’arc. D'après RAPHAEL.
Féministes revendiquent Louise Labé Musée du Louvre

Invention littéraire ?
Ici, en apparence, le sonnet voudrait célébrer l’amour = éloge de l’amour ?
En réalité, l’image de l’amour est beaucoup plus ambivalente

Projet de lecture
L’amour est-il une chance ? L’amour est-il le véritable enjeu du poème ?

Mouvements
• 2 quatrains v.1-8 Amour menaçant = l’ennemi à combattre
• 1 tercet, 2 tercet
er e v. 9-13 résistance à l’amour, qui nous valorise
• Vers final v.14 renversement ; tout l’édifice s’effondre
avec ce dernier mot « paraître » (ce qui nous permet de donner un autre sens
rétrospectif à cette répétition suspecte de « fort » qu’on a crue d’abord être une
insistance)

 Ennemi (amour) => chance paradoxale ? => ou indice de notre orgueil ?


 Ne sommes-nous pas nous-mêmes nos propres ennemis ?
 Quelle est la véritable cible du poème ? l’amour dangereux ou notre propre orgueil ?

ETUDE LINEAIRE

PREMIER MOUVEMENT
Comment rendre l’amour préoccupant et même, inquiétant
Négativité (termes dépréciatifs)
• Accumulation de termes dissuasifs, au moins un à chaque vers (« cruel »,
« empoisonner », « feu », « brûler », « fureur » etc.) doublés par des négations
grammaticales en fin de strophes : « n’abandonna », « ne s’étonna »
• Crescendo dans la deuxième strophe menace/ruine/mort : de plus en plus littéral, de
plus en plus transparent
Amour ennemi désigné (propulsion, sujet, majuscule)
• Amour propulsé, mis en exergue au vers liminaire « Depuis qu’Amour … » le premier
nom du texte
• Importance donnée à la notion amour est surmonté d’une majuscule : Amour (il en
impose)
• Amour, personnifié, devient le sujet des verbes : « Amour empoisonna » = amour
devient une force animée maléfique, créature agissante
(Amour au vers 1 reviendra au vers 9)

Acharnement (anaphore, indices de temps)


• Ennemi insistant : ses dommages sont martelés par l’anaphore « quelque menace »,
« quelque travail », « quelque penser » (v.5-7)
• Amour s’acharne dans la durée : indices de temps fréquents « Depuis que … » (débute
le temps) Premièrement (4 syllabes), « Toujours », « un seul jour », « prochaine »,
« termine »
Sonorités désagréables (allitération en (r])
• « Amour » se propageait d’une façon insidieuse et désagréable : on entend le roulis
de l’amour : du [r] final => allitération en [r] « amour », « cœur », « ruine »,
« fureur », « travail » …
Ambiguïtés dérangeantes (équivocité)
• Hésitation inconfortable entre deux sens du mot « feu », « brûler » : à la fois le sens
premier et la connotation négative du « feu » comme réalité physique dangereuse (feu
ravageur) mais aussi le sens galant (que les Précieux au 17e s. vont particulièrement
utiliser par la suite) : le feu de la passion : feu ; brûler, ardent (*ardeo : brûler, en latin)
Réduction de la poétesse
• Face à cet Amour dévorant, la poétesse est réduite à peu de choses : par synecdoque,
la poétesse se désigne par « poitrine », puis à deux reprises par « cœur » : effet de
zoom (on passe de la zone thoracique à l’organe lui—même) ; l’amour atteint la
poétesse au plus profond d’elle-même.

SECOND MOUVEMENT
Comment la poétesse met-elle en place une stratégie de résistance à l’amour qui la valorise ?
Militarisation du propos
• « assaillir », « forces » « combats » au premier tercet, trois termes qui renvoient au
lexique militaire, dont deux sont au pluriel = la bataille fait rage
Le terme « assaillir » apparaît en fin de vers : il résonne dans notre oreille
Amour qui va être à peu combattu
• « Amour » nommé au premier tercet nommé => « Cil qui les dieux et les hommes
méprise » (une longue périphrase) :
• Amour est peu à peu disqualifié
V. 9 « Tant plus qu’Amour // nous … » face à face des belligérants
V. 10 « « Plus il nous fait // … » au cœur des combats, contact direct (dans le même
hémistiche)
V.12-13 v. 12 « nous favorise » … mais l’amour est repoussé au vers suivant v.13 « Cil
qui les Dieux … »

Héroïsme de la poétesse souligné


• Généralisation => toute une armée qui se constitue « nous vient », « nos forces »
• Démonstration de force polyptotes « fort assaillir » (v.9), « nos forces » (v.10), « plus
fort », « les forts » (v.14) champ lexical insistant censé impressionner l’ennemi
Force d’opposition
Louise Labé se présente comme une résistance : « mais » conjonction de coordination à valeur
adversative aux vers 12 & 14

TROISIEME MOUVEMENT
Après le paroxysme de l’héroïsme : retournement de situation qui renvoie le lecteur à ses
propres illusions sur lui-même

• « plus fort que les forts paraître » système comparatif (« plus… que ») selon le schéma
héroïque où c’est seul contre tous.
• Mot « paraître » le terme de clôture, qui nous fait comprendre que notre victoire n’est
que provisoire et relative, donc illusoire ;
Notre force de résistance dépend en effet de notre ennemi (on n’est fort de façon absolue en
nous-mêmes, mais en comparaison avec, ou contre un autre) : ce n’est jamais qu’une force de
réaction, de pure circonstance.
Dénonciation de notre victoire qui n’est qu’apparence => le poème devient un discours sur le
vrai/le faux => sonnet devient véritablement philosophique
=> question de morale : le véritablement ennemi, celui qui nous a trompés, qui nous a fait
croire qu’on était fort = nous-mêmes
Ce qui permet d’expliquer aussi le passage de « Amour » nommé à son évocation indirecte
sous la forme d’une périphrase désormais « Cil qui les Dieux et les hommes… » ; certes l’amour
est craint mais au fond, il n’est pas lui le vrai problème.
Critique de l’orgueil, de la vanité, de l’hybris
CONCLUSION

BILAN

Double glissement dans le sonnet, en quatorze vers à peine

• Plainte sur les tourments de l’amour, l’amour est l’ennemi => ennemi utile, meilleur
ennemi de la poétesse => véritablement ennemi, soi-même
• Passage de la poésie élégiaque à la réflexion philosophique et morale sur notre
orgueil qui nous trompe plus encore que l’amour

OUVERTURE

Le Pérugin, Le Combat de l'Amour et de la Chasteté, v. 1525. Musée du Louvre.

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