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Présentation
Renaissance, 16e s ; Invention de la langue française
Modernité
Emprunts à l’Antiquité (mythologie) Réf. A la poétesse grecque
Sappho
Vie sulfureuse => les Libertins célèbrent Louise Labé ; les Un amour tirant à l’arc. D'après RAPHAEL.
Féministes revendiquent Louise Labé Musée du Louvre
Invention littéraire ?
Ici, en apparence, le sonnet voudrait célébrer l’amour = éloge de l’amour ?
En réalité, l’image de l’amour est beaucoup plus ambivalente
Projet de lecture
L’amour est-il une chance ? L’amour est-il le véritable enjeu du poème ?
Mouvements
• 2 quatrains v.1-8 Amour menaçant = l’ennemi à combattre
• 1 tercet, 2 tercet
er e v. 9-13 résistance à l’amour, qui nous valorise
• Vers final v.14 renversement ; tout l’édifice s’effondre
avec ce dernier mot « paraître » (ce qui nous permet de donner un autre sens
rétrospectif à cette répétition suspecte de « fort » qu’on a crue d’abord être une
insistance)
ETUDE LINEAIRE
PREMIER MOUVEMENT
Comment rendre l’amour préoccupant et même, inquiétant
Négativité (termes dépréciatifs)
• Accumulation de termes dissuasifs, au moins un à chaque vers (« cruel »,
« empoisonner », « feu », « brûler », « fureur » etc.) doublés par des négations
grammaticales en fin de strophes : « n’abandonna », « ne s’étonna »
• Crescendo dans la deuxième strophe menace/ruine/mort : de plus en plus littéral, de
plus en plus transparent
Amour ennemi désigné (propulsion, sujet, majuscule)
• Amour propulsé, mis en exergue au vers liminaire « Depuis qu’Amour … » le premier
nom du texte
• Importance donnée à la notion amour est surmonté d’une majuscule : Amour (il en
impose)
• Amour, personnifié, devient le sujet des verbes : « Amour empoisonna » = amour
devient une force animée maléfique, créature agissante
(Amour au vers 1 reviendra au vers 9)
SECOND MOUVEMENT
Comment la poétesse met-elle en place une stratégie de résistance à l’amour qui la valorise ?
Militarisation du propos
• « assaillir », « forces » « combats » au premier tercet, trois termes qui renvoient au
lexique militaire, dont deux sont au pluriel = la bataille fait rage
Le terme « assaillir » apparaît en fin de vers : il résonne dans notre oreille
Amour qui va être à peu combattu
• « Amour » nommé au premier tercet nommé => « Cil qui les dieux et les hommes
méprise » (une longue périphrase) :
• Amour est peu à peu disqualifié
V. 9 « Tant plus qu’Amour // nous … » face à face des belligérants
V. 10 « « Plus il nous fait // … » au cœur des combats, contact direct (dans le même
hémistiche)
V.12-13 v. 12 « nous favorise » … mais l’amour est repoussé au vers suivant v.13 « Cil
qui les Dieux … »
TROISIEME MOUVEMENT
Après le paroxysme de l’héroïsme : retournement de situation qui renvoie le lecteur à ses
propres illusions sur lui-même
• « plus fort que les forts paraître » système comparatif (« plus… que ») selon le schéma
héroïque où c’est seul contre tous.
• Mot « paraître » le terme de clôture, qui nous fait comprendre que notre victoire n’est
que provisoire et relative, donc illusoire ;
Notre force de résistance dépend en effet de notre ennemi (on n’est fort de façon absolue en
nous-mêmes, mais en comparaison avec, ou contre un autre) : ce n’est jamais qu’une force de
réaction, de pure circonstance.
Dénonciation de notre victoire qui n’est qu’apparence => le poème devient un discours sur le
vrai/le faux => sonnet devient véritablement philosophique
=> question de morale : le véritablement ennemi, celui qui nous a trompés, qui nous a fait
croire qu’on était fort = nous-mêmes
Ce qui permet d’expliquer aussi le passage de « Amour » nommé à son évocation indirecte
sous la forme d’une périphrase désormais « Cil qui les Dieux et les hommes… » ; certes l’amour
est craint mais au fond, il n’est pas lui le vrai problème.
Critique de l’orgueil, de la vanité, de l’hybris
CONCLUSION
BILAN
• Plainte sur les tourments de l’amour, l’amour est l’ennemi => ennemi utile, meilleur
ennemi de la poétesse => véritablement ennemi, soi-même
• Passage de la poésie élégiaque à la réflexion philosophique et morale sur notre
orgueil qui nous trompe plus encore que l’amour
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