Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
La crise du coronavirus qui a touché l’Europe au début du mois de mars et le confinement qui
en a résulté perturbent profondément nos vies actuellement. Mais celles-ci doivent continuer
dans des conditions aussi normales que possible et apprendre, étudier, consolider ses
connaissances et entrainer son esprit d’analyse sont parmi les activités les plus stimulantes
pour nous occuper pendant ces temps troublés.
Or, la crise du coronavirus en Europe pose de nombreuses questions qui intéressent
directement le cours de droit matériel de l’Union européenne. En guise de séance de clôture
de notre cours, je vous propose donc de prendre un temps de réflexion ensemble pour mettre
les connaissances que vous avez acquises pendant cet enseignement au service de la
compréhension de l’actualité.
Les questions qui suivent vous invitent à mobiliser vos connaissances et vos capacités de
réflexions pour comprendre quel rôle peut vraiment jouer l’Union européenne dans la gestion
de la crise du coronavirus. Nous examinons ici la crise du coronavirus sous ses deux angles
principaux : l’angle sanitaire et l’angle économique.
***
Rappelez-vous, nous avons évoqué ce point lorsque nous nous sommes intéressés 1. à la
possibilité pour les Etats membres d’adopter des MEERQ fondées sur l’objectif de protection
de la santé et 2. à la possibilité pour le législateur européen d’adopter des mesures de
rapprochement des législations nationales qui touchent au secteur de la santé.
Réponse : pas de compétence exclusive générale de l’UE dans le domaine de la santé, en tant
que telle.
L’UE a une compétence d’appui en matière de santé, par rapport à celle des Etats membres.
1
Cf. article 6 TFUE :
L'Union dispose d'une compétence pour mener des actions pour appuyer, coordonner ou
compléter l'action des États membres. Les domaines de ces actions sont, dans leur finalité
européenne: a) la protection et l'amélioration de la santé humaine;
On a ainsi vu que l’UE ne pouvait pas adopter des mesures d’harmonisation dans le domaine
de la santé proprement dite.
Cf. article 168 TFUE : la réglementation européenne ne peut pas se substituer à la
réglementation des Etats membres.
Le fait que la santé relève principalement de la compétence des E m se manifeste encore par
la possibilité qu’ils ont d’adopter des MEERQ pour des raisons de santé publique – article 36
TFUE et exigences impératives d’intérêt général
Mais, principe dit de « la santé dans toutes les politiques » l’UE peut nécessairement
légiférer, indirectement, dans le domaine de la santé : innerve toutes les politiques de l’UE :
PAC, environnement, commerce ...
On a vu aussi que UE peut procéder à rapprochement des législations qui ont pour objet
l'établissement et le fonctionnement du marché intérieur (article 114 TFUE) cf. exemple de
la réglementation sur le tabac dont on a parlé en cours.
Donc l’UE n’est pas totalement démunie dans le domaine de la santé. Mais compétence
subsidiaire ; compétence prioritaire des E m. Symbolisé par le faible budget alloué à la santé
(quelques centaines de millions d’euros).
Il n’est donc pas surprenant que les E m, face à l’arrive du covid 19, aient d’abord réagi de
manière unilatérale, tout azimut, pour protéger leur système de santé, leur population et
l’ordre public.
2
entre E membres : interdites en vertu du marché commun et des libertés de circulations
avec les E tiers : a priori, compétence exclusive de l’UE (PCC) et risque d’incompatibilité
avec les obligations internationales comme OMC
***
***
Quatrième question : afin de limiter autant que possible les conséquences économiques,
potentiellement catastrophiques, du confinement, les Etats membres de l’UE ont pris plusieurs
mesures de soutien aux entreprises. L’Etat français a par exemple décidé de procéder à des
remises d’impôt direct, à des reports de payement des loyers, des facteurs d’électricité, de gaz,
d’eau … L’Etat français a mis en place un dispositif d’aide financière directe aux petites
entreprises directement menacées par la chute de l’activité économique. L’Etat français
propose encore sa garantie à certaine entreprise pour honorer leurs dettes et emprunts.
Comment analysez-vous ces mesures ? Vous pouvez faire ici un parallèle avec les
mesures adoptées par les Etats lors de la crise financière de 2008. A quelles dispositions
des traités ces mesures peuvent-elles se heurter ? Le droit de l’UE permet-il de justifier
de telles mesures ? Qui est compétent pour contrôler la légalité de ces mesures ?
3
Ces mesures peuvent s’analyser en aide d’Etat, au sens de l’article 107 TFUE. Elles doivent
donc être notifiées à la Commission européenne, sous peine d’être illégales.
Mais question est de savoir si, sur le fond, elles sont compatibles avec le droit de l’UE.
En 2008, la Commission européenne avait adopté des règles temporaires spéciales relatives au
soutien accordé aux banques, qui permettaient aux Etats membres de manière temporaire, et
jusqu’à fin 2010, d’octroyer des aides financières, des garanties pour les prêts assortis d’une
réduction de prime ou des prêt bonifiés aux banques, dès lors que ces dernières s’engageaient
à adopter des mesures de lutte contre la crise économique.
1. Commission reconnaît que les Etats peuvent mettre en place, sans intervention de la
Commission, des mesures applicables à toutes les entreprises, comme l’octroi de subventions
salariales, la suspension de paiement de l’impôt sur les sociétés et de la taxe sur la valeur
ajoutée ou des cotisations sociales, ou d’un soutien financier direct aux consommateurs en cas
d’annulation de services ou de billets qui ne sont pas remboursés par les opérateurs concernés
aides non spécifiques / donc pas d’incompatibilité avec le droit de l’UE / même pas besoin
de notification à la commission
3. article 107 § 2 point b) TFUE : les aides destinées à remédier aux dommages causés par les
calamités naturelles ou par d'autres événements extraordinaires
notification à la commission
Commission énumère les aides qui peuvent être temporairement compatibles avec le droit
de l’UE : garanties de l’Etat sur les prêts, taux d’intérêt bonifiés pour les prêts, assurance-
crédit à l’exportation à court terme
4
***