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Ressources documentaires.

Technologies de l’environnement / Module Banque, assurances


et finance durable – Techniques de financement solidaire et écologique

Techniques de financement solidaire et écologique

Dr. Ivanne KOUM

Table des matières

Introduction ................................................................................................................... 2
SÉQUENCE 1 : La finance solidaire et écologique .................................................. 3
A. Finance solidaire ....................................................................................................... 3
B. La finance verte ......................................................................................................... 5
SÉQUENCE 2 : Les techniques de financement solidaire et écologique.............. 7
A. Le financement interne ............................................................................................. 7
B. Le financement externe ............................................................................................ 8
SÉQUENCE 3 : Les techniques de financement solidaire et écologique au travers
du crowdfunding ......................................................................................................... 12
A. Le financement par crowdfunding ........................................................................ 12
B. Les projets écologiques et solidaires financés par Tagus Investment ............ 13
Conclusion ................................................................................................................... 15

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et finance durable – Techniques de financement solidaire et écologique

Introduction
Bonjour et bienvenue dans ce module portant sur les techniques de financement solidaire et
écologique. Dans l’objectif de soutenir des actions et solutions novatrices qui allient inclusion
sociale, progrès économique et protection de la planète, ce cours a pour objectif de renforcer
les possibilités d’auto-employabilité des jeunes francophones en leur permettant de connaître
les canaux de financement solidaire et écologique.

A la lecture de l’intitulé de notre cours, l’on serait tenté de penser que notre cours sera articulé
autour de deux axes : les techniques de financement solidaire et les techniques de
financement écologique. L’articuler ainsi serait restreindre certaines spécificités qu’il serait
important de souligner. Tout d’abord, la finance solidaire et écologique fait partie de la finance
durable qui recouvre traditionnellement trois concepts : la finance solidaire, la finance
socialement responsable et la finance verte. Ensuite, le crowdfunding ou financement
participatif est considéré par certains comme un financement solidaire ; mais il n’est pas
véritablement un financement solidaire vu qu’il est établi sur un postulat différent. Ainsi, afin
de pouvoir comprendre ce cours, il est nécessaire de présenter tout d’abord la finance solidaire
et écologique (séquence 1) car il est impossible de présenter les techniques de financement
sans savoir de quoi il s’agit ; ensuite, les techniques de financement solidaire et écologique
(séquence 2) ; enfin, les techniques de financement solidaire et écologique au travers du
crowdfunding (Séquence 3).

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SÉQUENCE 1 : La finance solidaire et écologique


Bienvenue dans cette première séquence. Elle abordera la question de la finance solidaire et
écologique. Mais qu’entend-on par-là ?

A. Finance solidaire

Cette notion doit être comprise sur deux angles ; le deuxième angle nécessitant plus de
développement. Tout d’abord, il doit être analysé sous l’angle de placement de l’épargne sur
des produits financiers solidaires ; Enfin, sous l’angle de social business.

Tout d’abord, la finance solidaire concerne les placements de l’épargne sur des produits
financiers solidaires. Elle représente des fonds versés à des projets qui n'entrent pas dans les
circuits financiers classiques, comme les activités d'insertion liées à l'emploi au social et au
logement, à la solidarité internationale et à l'environnement. Toute personne physique ou
morale, désirant financer son projet au travers de la finance solidaire, doit se rapprocher des
institutions et organismes qui proposent des produits de finance solidaire. En effet, ces
organismes intervenant dans la finance solidaire collectent des fonds auprès des personnes
physiques ou morales qui souhaitent donner du sens à leur argent. Ainsi, les porteurs de projet
ont la possibilité de recourir à des investisseurs solidaires, prêts à investir dans le capital de
leur société. En fonction des caractéristiques de leur projet et de leurs perspectives de
développement, les porteurs de projet peuvent choisir la voie de l’endettement en s’adressant
à un organisme de microfinance.

Image 1 : Image relative à la finance solidaire

Ensuite, la finance solidaire est une finance investie dans l’économie sociale ou solidaire. Le
concept d'économie sociale et solidaire (ESS) désigne un ensemble d'entreprises organisées
sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement
interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d'utilité sociale. A titre
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d’exemple, au Cameroun, existent les CEC-PROM MATURE (Coopératives d'Épargne et


de Crédit des Promotrices Matures). Celles-ci ont pour mission d’être les premiers vecteurs
d’amélioration des conditions de vie des femmes de toutes les couches sociales et de leur
famille, à travers : le développement des services d’épargne et de crédit de qualité et
répondant à leurs besoins ; une formation permanente et adaptée ; des services financiers
complémentaires pour faciliter le développement de l’esprit associatif et des échanges entre
les femmes. Il s’agit, en effet, d’un réseau d’institutions de micro finance de type coopératif
pouvant offrir, dans un souci de viabilité à long terme, des services de qualité en facilitant le
financement de micro et petites entreprises des femmes. Ceci permet aux CEC-PROM
MATURE de jouer un rôle indéniable dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Ces entreprises sociales et solidaires adoptent des modes de gestion démocratiques et


participatifs. Elles encadrent strictement l'utilisation des bénéfices qu'elles réalisent : le profit
individuel est proscrit et les résultats sont réinvestis. Leurs ressources financières sont
généralement en partie publiques.

Le social business ou économie sociale et solidaire est une nouvelle forme d’activité
économique. Il a été mis sur le devant de la scène par Muhammad Yunus, économiste et
entrepreneur bangladais, pionnier du microcrédit et prix Nobel de la paix en 2006. Le social
business est en fait une forme d’entreprise socialement innovante, une entité indépendante
des financements publics ou privés, rendant à l’Homme sa place centrale. Jouissant d’un
contexte économique et sociétal favorable, ce modèle solidaire peut s’appliquer dans presque
tous les domaines (santé, éducation, nutrition, énergie, protection de l’environnement, etc.),
afin de concilier rentabilité et impact social. La fondation « Educ-Réhab », au Cameroun, est
une entreprise sociale et solidaire spécialisée dans la santé et l’éducation. Il s’agit d’un centre
de neuro-réhabilitation proposant des spécialités comme l’orthophonie, l’éducation
spécialisée, la kinésithérapie, la psychomotricité, et la psychologie. Le centre concilie
rentabilité et impact social, dans la mesure où les frais d’inscription et de scolarité permettent
de subvenir aux besoins du centre et que l’objectif visé par le centre a un impact social.

Cette forme d’activité est un modèle entrepreneurial ambitieux en pleine expansion, c’est un
secteur créateur d’emplois. Raison pour laquelle l’État l’encourage indirectement par la loi
relative à l’économie sociale et solidaire. Au Cameroun, par exemple, c’est la loi N° 2019/004
du 25 Avril 2019 qui porte sur l’économie sociale et solidaire.

En conclusion, lorsque l’on parle de social business, il ne s’agit pas de financement en


première intention, mais d’entreprises à mission sociale qui réinvestissent leurs bénéfices
dans des actions de développement solidaire, de lutte contre les discriminations et l’exclusion,
de protection de la biodiversité et toute autre démarche s’inscrivant dans une dynamique de
développement responsable et durable. La finance solidaire quant à elle mobilise des
investissements consacrés à des secteurs tels que l’insertion ou le retour à l’emploi, le
logement social ou encore la solidarité (y compris à l’international), mais également au
domaine de l’environnement.

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Image 2 : Image relative au Social business

B. La finance verte

La volonté nouvelle de guider les flux financiers dans un but de préservation de


l’environnement et de créer des règlementations écologiques internationales n’est pas issue
de rien. Le récent braquage de projecteurs sur la finance verte est dû à des évolutions rapides
dans la production académique de l’économie, et dans la pertinence croissante des
recherches liant croissance économique, marchés financiers et préservation de
l’environnement.

La finance a un rôle majeur d’allocation des ressources dans l’économie. Seulement, la


finance traditionnelle dirige l’épargne vers les projets les plus rentables, sans prendre en
compte les aspects environnementaux des investissements effectués. La finance verte, quant
à elle, finance des projets ne portant pas atteinte à l’environnement, ou permettant le
développement d’une économie durable. Comme son nom l’indique, la finance verte s’inscrit dans
une démarche respectueuse de l’environnement. C’est-à-dire que les investisseurs s’orientent ici
vers des fonds, vers des entreprises qui développent des produits et services en faveur de la
transition énergétique notamment. Le concept est formalisé par l’Accord de Paris de 2015 qui fait
des flux financiers compatibles avec la lutte contre le réchauffement climatique, une priorité.

Généralement considérée comme un pan de l’Investissement Socialement Responsable


(ISR), la finance verte remplit également les conditions de performance finance et performance
extra financier. Les aspects extra-financiers y sont non seulement considérés à égalité avec
ceux de la performance économique, mais deviennent même prépondérants dans la mesure
où le choix du projet à soutenir dépend directement de ces critères extra-financiers. Il faut
savoir que l’ISR consiste à intégrer de façon systématique et traçable des critères
environnementaux, sociaux et de gouvernance (dits « ESG ») à la gestion financière et aux
décisions d’investissement. Il favorise une économie responsable en incitant les sociétés de
gestion de portefeuille (SGP) à prendre en compte des critères extra-financiers dans la
sélection de leurs valeurs mobilières.

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Image 3 : Image relative à la finance verte

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SÉQUENCE 2 : Les techniques de financement solidaire et écologique


Bienvenue dans cette deuxième séquence. Après nous être intéressés aux grands principes
de la finance solidaire et écologique, nous verrons ici plus en détails les techniques de
financement existantes.

Il ne faut surtout pas confondre le financement avec l’investissement. Un investissement est


une dépense qui impacte durablement le cycle d’exploitation de l’entreprise et contribue à
accroitre ses recettes futures. Par contre, le financement est le processus de collecte ou
d’appels de capitaux (prêt, subventions, etc.) pour réaliser un investissement. Le financement
est un ensemble de ressources financières tant internes qu’externes à disposition d’un agent
économique et lui conférant les moyens d’action nécessaires pour réaliser son activité. Il peut
être interne (A) ou externe (B).

A. Le financement interne

Le financement interne solidaire et écologique concerne surtout le financement des


entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations.
Un accent sera mis sur les coopératives car leur fonctionnement légal nous permet de
comprendre les techniques de financement interne.

L'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (en abrégé OHADA) a
légiféré dans le domaine de la Société coopérative. La société coopérative est un groupement
autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins
économiques, sociaux et culturels communs, au moyen d’une entreprise dont la propriété et
la gestion sont collectives et où le pouvoir est exercé démocratiquement et selon les principes
coopératifs1. Il en résulte qu’elle est une variante des sociétés civiles mais elle est proche de
l’association de par ses objectifs ; et que contrairement à la société commerciale, son but n’est
pas de réaliser et partager un profit mais d’améliorer le sort de ses membres.

Toute personne physique ou morale peut être coopérateur d’une société coopérative. Chaque
coopérateur doit faire un apport à la société coopérative. Chaque coopérateur est débiteur
envers la société de tout ce qu’il s’est obligé à lui apporter en numéraire, en nature ou en
industrie2. Deux formes d’apport sont possibles : l’apport en biens et l’apport en industrie.

L’apport en bien peut être en numéraire ou en nature. L’apport en numéraire est l’apport le
plus connu et le plus demandé. Il s’agit de l’apport en argent. En contrepartie, on reçoit des
parts sociales émises par la société coopérative. A côté de l’apport en numéraire, le législateur
autorise d’apporter les droits portant sur des biens en nature, mobiliers ou immobiliers,
corporels ou incorporels.

1 Article 4 de l’Acte uniforme OHADA relatif au droit des sociétés coopératives (AUDSC)
2 Article 30 de l’AUDSC
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Le mot industrie est dérivé du mot latin « industria » qui signifie « travail humain ». L’apport en
industrie consiste donc à travailler pour la société. Chaque associé peut apporter à la société
coopérative : de l’industrie, par apport de main d’œuvre ou de savoir-faire. Le processus de
collecte ou l’appel des capitaux interne renvoie généralement aux apports. Nous parlons
évidemment des apports des associés des entreprises sociales et solidaires. Le processus de
collecte externe fait intervenir d’autres techniques.

Image 4 : Image relative aux apports (en numéraire, en nature et en industrie)

B. Le financement externe

Le financement externe peut être direct ou indirect. Le financement externe direct est un
financement dans lequel un agent économique, à besoin de financement s’adresse
directement au marché des capitaux. Le financement externe indirect est le financement par
le crédit bancaire.

Dans le but d’appréhender les techniques de financement externe solidaire et écologique,


nous n’analyserons pas le financement externe sous le prisme de financement externe direct
et de financement externe indirect, mais sous le prisme de financement public et financement
privé. Le premier nous fera parler des subventions et le second, des produits financiers
solidaires et écologiques.

La subvention désigne une aide financière accordée à une personne physique ou morale.
Cette aide financière se matérialise sous la forme d’un don réel et est versée par une entité
publique à titre ponctuel ou reconductible.

Investir dans la finance durable permet de donner du sens à ses placements. La finance
verte réunit les projets qui contribuent à la transition énergétique et qui luttent contre le
changement climatique. Cette forme de finance durable prend en compte deux
principaux produits financiers verts : les obligations vertes (“Green Bonds”) qui servent des
projets écologiques et les fonds verts qui investissent dans des entreprises qui agissent

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positivement pour l’environnement. La décarbonisation des portefeuilles des investisseurs, à


travers le financement d’entreprises limitant leur empreinte écologique est une approche
complémentaire. Les épargnants financent ainsi dans des projets positifs pour l’environnement
comme la gestion des déchets, de l’eau ou de l’énergie.

L’épargne solidaire facilite le financement de projets qui privilégient l’humain (associations,


fondations ou coopératives par exemple). Ainsi, tous types d’établissements peuvent
bénéficier de cette aide (entreprises comme associations) si elles ont une activité socialement
utile et pas nécessairement rentable. En d’autres termes, l’argent devient un outil
pour développer la solidarité. Investir dans une économie sociale ou solidaire revient à
soutenir les activités d’insertion liées à l’emploi, l’accompagnement de personnes en difficulté,
la solidarité internationale ou la lutte contre le mal logement. Créés à l'initiative de banques
coopératives et d'établissements de crédit, les différents types de produits financiers
solidaires sont : les fonds solidaires (investissements dans des entreprises socialement
responsables), les fonds de partage (investissement où l’on touche peu ou pas de revenus
générés) et les investissements solidaires qui consistent à placer son épargne dans des
activités solidaires.

Pour une meilleure compréhension, de prime abord, il est important de présenter la différence
entre les fonds ISR et les fonds solidaires. L’Investissement Socialement Responsable (ISR)
comme la finance solidaire visent à faire émerger une économie plus durable. Pourtant, leur
fonctionnement et leurs buts sont différents. Les fonds ISR conjuguent la contribution au
développement durable (considérations environnementales, sociales et de gouvernance
– critères ESG) avec une perspective de retour financier sur investissement. Il s’agit d’investir
dans des entreprises au comportement responsable et d’en récolter les fruits. L’ISR est donc
un mode d’investissement favorable au développement durable mais visant à générer du
rendement. De leur côté, les fonds solidaires investissent dans l’Économie Sociale et Solidaire
(ESS). L’ESS est un secteur très spécifique qui vise avant tout un impact social fort, par
exemple pour faciliter l’accès à l’emploi et au logement pour des personnes en difficulté. Les
entreprises solidaires sont généralement non cotées et plus petites que les entreprises cotées.
Leurs résultats sont majoritairement réinvestis et les profits individuels limités. Il s’agit
d’adopter une méthode de fonctionnement fondée sur la solidarité et l’utilité sociale.

A titre d’exemple, nous pouvons citer le fonds d’investissement solidaire FADEV. Issu du
compartiment « Fond Afrique » de la coopérative GARRIGUE, investisseur solidaire en
France, FADEV s’est transformé en 2013 en une structure indépendante avec le même objectif
de contribuer à un développement équilibré de l’Afrique par l’apport d’une réponse appropriée
aux besoins des entrepreneurs de ce continent. Il apporte un appui financier sous forme de
prise de participation au capital et de prêt en compte courant associé, et un accompagnement
technique de proximité pendant toute la durée de sa présence au capital de l’entreprise. Pour
être précis, FADEV apporte son financement en réalisant une prise de participation minoritaire
(entre 5 et 30%) du capital de l’entreprise. Le financement est complété par un compte courant
d’associé, avances de fonds émis par un des associés, aux taux et aux modalités de
remboursement très flexible. FADEV investit en Afrique comme un capital risqueur, ayant pour
objectif de sortir du capital de l’entreprise dans un horizon de 5 ans à l’issue du remboursement
de tous les prêts. L’une des success stories de FADEV est l’investissement dans l’entreprise

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sénégalaise « Baobab des Saveurs ». Cette Entreprise contribue au développement


responsable de son pays par la lutte contre la pauvreté au travers de la création d’emplois et
la création de richesse en milieu rural et urbain. Elle, qui avait 14 millions de FCFA comme
chiffre d’affaires en 2011 lors de l’entrée de FADEV dans le capital de l’entreprise, avait 95
millions de FCFA comme chiffre d’affaires en 2019 lors de la sortie de FADEV du capital de
l’entreprise. Le principe est le suivant pour l’épargnant. FADEV est une Société coopérative
d’Intérêt Collectif sous forme de société anonyme qui permet aux personnes individuelles
d’acheter des parts sociales. Chaque part sociale peut être achetée pour une valeur unitaire
de 10 euros. Le minimum d’achat est de 4 parts sociales, soit 40 euros d’investissement. Tout
sociétaire solidaire est convoqué aux assemblées générales et peut ainsi participer aux
réflexions stratégiques et aux prises de décisions sur l’orientation de FADEV. Les
souscriptions dans FADEV sont déposées sur le compte de FADEV ouvert dans leur banque
partenaire (Crédit coopératif) avant d’être investies sous forme de prise de participation au
capital ou de compte courant associé (prêt) dans des entreprises d’utilité sociétale en Afrique
Le fonds d’investissement FADEV est un fond ISR dans la mesure où comme nous l’avons vu
plus haut, il y a une recherche de rentabilité.

Par contre, le Fonds européen de financement solidaire pour l’Afrique (FEFISOL) est un
fond solidaire. En effet, c’est un instrument multi-bailleur. Il est le premier instrument
spécialisé dans l’appui aux institutions de microfinance rurales et aux organisations de
producteurs actives dans les domaines du commerce équitable et des produits
biologiques en Afrique. Il a pour objectif de répondre aux besoins de microfinancement
des ménages ruraux pauvres, et de soutenir les investissements agricoles de petite taille
sur l’ensemble du territoire africain. FEFISOL souhaite se distinguer des fonds classiques
présents en Afrique en intervenant essentiellement dans le monde rural sous forme de prêts,
de garanties, et de participations au capital auprès d’institutions de microfinance ainsi
qu’auprès d’organisations de producteurs exclus des systèmes bancaires traditionnels et dont
l’essentiel de leurs activités est à l’export (notamment via leur affiliation au réseau du
commerce équitable et/ou bio).

FEFISOL a assisté techniquement le groupe « waka » pour sa filière de sésame au


Burkina Faso. Le groupe Waka - exportateur de sésame - avait sollicité en 2015 un appui
des organisations paysannes productrices de sésame afin que leur offre soit en quantité
suffisante et croissante, d’une bonne qualité et que les capacités de négociations soient
optimisées. C’est dans cette logique qu’une assistance technique à hauteur de 7500
euros avait été demandé à Nitidæ par Waka, avec le soutien de FEFISOL, programme
de SIDI, afin de renforcer les capacités des producteurs. A titre d’information Nitidæ est
une association fondée à Lyon en France et qui a pour objectif de concevoir, développer
et mener des projets qui associent la préservation de l'environnement et le renforcement
des économies locales. Les résultats de FEFISOL sont généralement réinvestis et les
profits individuels limités. Le capital de FEFISOL provient essentiellement d’investisseurs
privés et publics, comme la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et l’Agence Française
de Développement (AFD), mais les trois fondateurs sont aussi copropriétaires du fonds :
Alterfin (Société coopérative belge), Sidi (Solidarité Internationale pour le Développement et
l’Investissement) et Etimos (une société d’investissement coopérative italienne).

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Quant au fonds de partage, nous pouvons citer le fond commun de placement « Faim et
développement » de la SIDI. Il faut savoir que FEFISOL que nous avons mentionné plus haut
comme étant un fond solidaire a été également créé par la SIDI. La SIDI (Solidarité
Internationale pour le Développement et l’Investissement), créée en 1983, par l’ONG de
développement CCFD-Terre Solidaire a pour mission de contribuer à la promotion d’une
économie plus inclusive, qui donne sa chance aux populations défavorisées, dans les pays du
Sud et de l’Est. Actrice pionnière de la finance solidaire en France, la SIDI mobilise depuis
près de quarante ans des institutionnels et des particuliers lui donnant les moyens financiers
de son action sans attendre d’abord un retour financier, mais plutôt un retour humain, social
et environnemental. Sa mission d’accompagnement (appui conseil et assistance technique)
est financée grâce au partage d’une partie des revenus des épargnants du fonds commun de
placement « Faim & développement », tandis que ses actionnaires donnent à la SIDI les
ressources nécessaires au financement des organisations partenaires. Le Fonds commun de
placement “Faim et développement – Agir CCFD”, au Crédit Coopératif, est accessible
dans toutes les banques. Il a été créé en 2007 avec pour objectif de concilier
investissement éthique et solidarité avec les populations les plus démunies. Entre 5 % et
10 % de son actif sont investis dans des entreprises solidaires non cotées à forte plus-
value sociale. Le montant minimum pour la souscription est de 150 euros. Il permet de
reverser sous forme de dons 50% des revenus annuels du placement. Le don
est déductible des impôts pour un montant égal à 66 % du montant du don, dans la limite
de 20 % du revenu imposable.

Des placements sont faisables grâce à l’Investissement solidaire (via des microcrédits) ou
l’Épargne de partage. L’épargne de partage consiste à aider financièrement des associations
grâce à l’argent placé sur un compte en banque.

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SÉQUENCE 3 : Les techniques de financement solidaire et écologique


au travers du crowdfunding
Bienvenue dans cette troisième séquence consacrée au crowdfunding ou financement
participatif. Le financement participatif est souvent considéré comme un financement solidaire,
dans la mesure où il fait intervenir plusieurs personnes pour le financement d’un projet.
Cependant, la finance solidaire découle d’un mouvement social quand la finance participative
découle d’un réseau social.

La finance solidaire fait partie avec la finance écologique de la finance durable.


Le crowdfunding, ou finance participative, ne constitue pas un secteur de la finance durable
en soi, dans la mesure où ses adeptes peuvent en user pour soutenir tout type de projet à
connotation sociale ou environnementale, mais également d’autres actions sans relation avec
les objectifs du développement durable.

Motivé par l’intérêt de rendre notre cours pratique, il sera question dans un premier temps de
présenter les techniques de financement solidaire et écologique par le crowdfunding (A). Dans
un second temps, il sera question de présenter des cas d’espèce (B).

A. Le financement par crowdfunding

Encore appelé financement participatif, le crowdfunding est un mode alternatif de


financement des projets. « Il s’agit d’un outil de collecte de fonds fonctionnant sur une
plateforme internet et permettant à un ensemble de contributeurs de choisir collectivement de
financer directement et de manière traçable des projets identifiés3 ». Des projets solidaires et
écologiques peuvent être financés sous plusieurs formes via le crowdfunding. Il a connu un
essor ces dernière années à travers des plateformes comme Kickstarter ou GoFundMe, par
exemple.

En utilisant les anglicismes, le crowdfunding se décline sous différentes formes ou métiers : le


crowdinvesting (investissement), le crowdlending (prêt), le don et le rewards-based
crowdfunding (financement avec contreparties). Dans cette hypothèse, les deux premiers
métiers relèvent essentiellement de la finance dans la mesure où ces produits
d’investissement offrent généralement une rentabilité potentielle. Les deux derniers métiers
s’inscrivent plus dans une logique philanthropique4.

Le crowdfunding est très peu connu et utilisé dans les pays d’Afrique francophone. Cette
lacune s’explique par un défaut de législation dans le domaine. L’environnement juridique
actuel ne tient pas compte de l’existence du crowdfunding pourtant un cadre juridique
protégeant les épargnants et clarifiant les devoirs de tout un chacun est un impératif pour le

3 https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Financement_participatif.
4C. Goblin, L’affectif et les valeurs dans le choix d’investissement en equity crowdfunding 1 : approche
théorique transdisciplinaire, Londres, Éditions ISTE, 2021., p. 14.
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développement harmonieux de l’activité dans la zone 5. Toutefois, en Afrique francophone, une


plateforme de financement participatif permet de financer les projets solidaires et écologiques.
Il s’agit de la plateforme de financement nommé « Tagus Investment ».

B. Les projets écologiques et solidaires financés par Tagus Investment

Nous présenterons deux projets financés par cette plateforme de financement participatif : l’un
à essence écologique et l’autre à vocation solidaire. Tagus Investment propose d’investir dans
l’économie réelle en achetant des actions ou des parts sociales dans des entreprises
nouvellement créées ou déjà existantes ; des entreprises qui ont besoin d’augmenter leur
capital. Ainsi, cette plateforme propose l’investissement en actions ou parts sociales pour
investir dans des startups. Cette plateforme de crowdfunding propose ainsi des financements
selon le modèle crowdequity (investissement par achat du capital), qui est une branche du
crowdinvesting. Le crowdinvesting autorise l’apport de ressources financières à une entreprise
sous forme de fonds propres ou de dettes, et concerne toutes les émissions de titres. Le
crowdequity, qui fait partie du crowdinvesting est centré sur les opérations d’augmentation de
capital par souscription d’actions ordinaires, d’actions de préférence ou de titres participatifs.

Le projet SMART FAN TECHNOLOGY est un projet d’un futur ingénieur camerounais en
robotique de l’école polytechnique de Douala, du nom de Steve ELLAH. Le projet se fonde sur
un contexte alarmant de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Selon elle, on dénombre
chaque année entre 200 et 220 millions de cas de paludisme dans le monde, donc 93 % sont
en Afrique ; Soit, plus de 2 800 décès par jour en Afrique subsaharienne. Autrement dit, un
bébé meurt toutes les 5 secondes. Selon l’Agence internationale de l’Energie, sur les 2,8
milliards de personnes vivants dans les lieux les plus chauds du monde, seules 8 % sont
équipées de climatiseurs adaptés. Une estimation de passage de 1,6 milliards de climatiseurs
aujourd’hui à 5,6 milliards d’ici 2050. Un taux d’équipement qui demanderait l’équivalence
énergétique de l’Europe, des États Unis, et du Japon cumulées pour les faire fonctionner, ce
qui aurait pour effet, l’augmentation du nombre de centrales à gaz ou à charbon qu’il faudrait
construire.

Au regard de ces deux contextes, sanitaires et énergétiques, il était question de trouver une
idée pour protéger les 40% de la population mondiale exposée au paludisme et pour équiper
les 92% de la population restante des zones les plus chaudes du monde des
climatiseurs/ventilateurs. La solution apportée par ce jeune talent est d’une part la mise en
place d’une usine numérique 4.0 basée sur la plasturgie avec des sites de production
intelligent et d’autre part la conception et la fabrication des systèmes de ventilation
(ventilateurs, climatiseurs, plafonniers) intelligents antipaludéens fonctionnant à l’énergie
solaire. L’impact et la valeur ajoutée de cette idée résident dans la baisse du taux de mortalité
dû au paludisme, à la création des emplois, à l’amélioration des conditions de vie des
populations, à la protection de la couche d’ozone et à la réduction de la pollution. Smart Fan

5 P. N. D. Essiane, J. Onomo Betsama, « Le développement du crowdfunding dans la CEMAC : opportunités,


frein et rôle de la banque centrale », BEAC occasional papier BOP, N°02/18, Janvier 2018., pp. 8 à 9.
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Technology SARL s’est donnée pour premier objectif de lever 200 Millions de Francs CFA,
pour sa réalisation. L’investissement minimal (pour l’achat d’une action) initial était de 500
FCFA, soit 0,77 €; cette valeur devant évoluer avec le temps. En effet, la durée de la levée de
fond avait été prévue pour une période de 15 mois, partant du 01 er Avril 2021 au 30 Juin 2022.
Cette durée devait être segmentée en 9 phases dans lesquelles le prix de l’action se devait
d’augmenter avec le temps. Elle débutait à 500 FCFA l’action à la première phase et celle si
devait grimper jusqu’à 10.000 XAF à terme. Cette stratégie de phases avait pour but de
récompenser les premiers investisseurs qui auront pris le risque d’investir. Smart Fan
Technology n’a pas suivi son augmentation du prix de l’action comme convenu, mais a quand
même pu lever la somme de 20 millions de FCFA.

Un autre projet est celui porté par GIC LE PETY FORESTIER des Agriculteurs Producteurs
de Manioc concerne la culture, la transformation en amidon et farine de manioc et ses dérivés.
En droit camerounais, un groupe d'initiative commune (GIC) est une organisation autonome
et privée, créée librement, qui appartient à ses membres, et est administrée, financée et
contrôlée par ces derniers. On peut dire que c’est le petit frère de la coopérative. Rappelons
que nous avons vu plus haut que la coopérative est une entreprise sociale et solidaire. Comme
tel est le cas, une mini coopérative est en cours de financement par une plateforme de
crowdfunding. Conformément à la politique de financement de la plateforme Tagus
Investment, la politique d’achat des parts n’est que mise en ligne après que le projet a suscité
un certain nombre de vote de la part des internautes. N’ayant pas encore atteint ce nombre,
nous sommes dans l’impossibilité de présenter le prix de l’action. L’intérêt pour nous en
présentant cet exemple, était celui de faire comprendre que les GIC pouvaient chercher un
financement au travers du financement participatif.

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Ressources documentaires. Technologies de l’environnement / Module Banque, assurances
et finance durable – Techniques de financement solidaire et écologique

Conclusion
Rendu aux termes de ce cours, celui-ci a été articulé autour de trois points : la finance solidaire
écologique, les techniques de financement solidaire et écologique et les techniques de
financement solidaire et écologique au travers du crowdfunding.

Il est à retenir que la finance solidaire concerne les placements de l’épargne sur des produits
financiers solidaires. Elle représente des fonds versés à des projets qui n'entrent pas dans les
circuits financiers classiques, comme les activités d'insertion liées à l'emploi au social et au
logement, à la solidarité internationale et à l'environnement. La finance verte, quant à elle,
finance des projets ne portant pas atteinte à l’environnement, ou permettant le développement
d’une économie durable.

Les entrepreneurs peuvent financer leurs projets solidaires et écologiques au travers des
apports en numéraire, nature et industrie lorsqu’ils sont organisés en entreprises sociales et
solidaires. Ils peuvent aussi obtenir des subventions des services publics ou se rapprocher
des entités qui proposent des produits financiers solidaires et écologiques.

Une autre possibilité leur est aussi offerte au travers du crowdfunding.

Dès maintenant, je vous encourage à vous diriger vers les canaux de financement propres à
votre projet solidaire et/ou écologique et à votre particularité. Vous verrez forcément qu’une
voie de financement vous est idéale.

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