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L'Information Grammaticale

Oral et familier : Le style oralisé


Françoise Luzzati, Daniel Luzzati

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Luzzati Françoise, Luzzati Daniel. Oral et familier : Le style oralisé. In: L'Information Grammaticale, N. 34, 1987. pp. 15-
21.

doi : 10.3406/igram.1987.2086

http://www.persee.fr/doc/igram_0222-9838_1987_num_34_1_2086

Document généré le 16/10/2015


ORAL ET FAMILIER
Le style oralise

F.etD. LUZZATI

Dans les deux précédents volets de cette étude (1), on gagné au temps ma romance. Après des années d'oubli
s'est efforcé de montrer que l'oral et le familier relèvent c'est plus qu'une fête démodée l'ouvrage
de deux ordres distincts. L'un, qui se caractérise par une d'imagination . . . Enfin avec Gustin j'aurais toujours une
organisation du discours spécifique, a été opposé à opinion juste et sincère. Je l'ai mis tout de suite dans
l'écrit, alors aue l'autre a été situé dans l'échelle des l'ambiance.
niveaux de langue, essentiellement en fonction de la Gustin que je lui ai fait, comme ça tu n'as pas
natur du lexique utilisé. toujours été aussi connard qu'aujourd'hui, abruti par les
circonstances, le métier, la soif, les soumissions les
Il est certes manifeste que le niveau de langue familier plus funestes . . . Peux-tu encore, un petit moment, te
se rencontre principalement dans les discours oraux. rétablir en poésie ? . . . faire un petit bond de coeur et
L'opposition en tout cas n'aurait guère de sens si on ne de bite au récit d'une épopée, tragique certes, mais
pouvait souligner que les discours oraux à la fois noble . . . étinceiante ! . . . Te crois-tu capable ? . . .
spontanés et non familiers sont fréquents, et que la pratique Il restait là Gustin assoupi sur son escabeau, devant
du style oralise consiste souvent à obtenir un effet les échantillons, le placard béant . . . Il ne pipait plus
d'oralisation plutôt qu'à utiliser des structures . . . il ne voulait pas m 'interrompre . . . (2)
véritablement orales.
Divers traits semblent toutefois relever du code oral. Le
Comme on a déjà évoqué les discours oraux non vocabulaire, délibérément familier, voire argotique, fait
familiers, l'objet de ce troisième et dernier volet est référence aux énoncés oraux spontanés. Les
d'examiner différentes formes d'écrit qui, volontairement ou constructions clivées /// restait là Gustin) sont constamment
non, semblent procéder de discours oraux, même si, utilisées à l'oral et presque totalement bannies à l'écrit.
à l'évidence, il ne s'agit nullement d'oral. On s'intéressera L'absence de discordantiel dans la négation est
tout d'abord au style oralise littéraire, c'est-à-dire à également une pratique essentiellement orale. La parataxe
celui qu'on rencontre dans des textes comme ceux de est parfois préférée à l'hypotaxe, qui évoque peut-être
L.F. Céline ou de R. Queneau. On évoquera ensuite le à tort l'oral.
style oralise dans la littérature pour la jeunesse, à travers
des textes comme Le petit Nicolas. On abordera enfin Si on compare une page comme celle-ci à la transcription
un style oralise involontaire, en l'occurrence dans les d'un discours similaire (ton familier, narration qui mêle
travaux scolaires, en nous demandant dans quelle mesure le récit au discours rapporté), ces traits n'évoquent plus
quelques unes des difficultés que rencontrent certains guère qu'un oral bien abstrait :
élèves ne tiennent pas à une confusion entre oral et // y en a une elle s'est permis de me/ de critiquer le
écrit. patron à plate couture tourte là le mettre plus bas que
terre/ alors elle me trouvait en plus moi sympathique
I - LE STYLE ORALISE LITTERAIRE et tout/ mais elle me dit alors vous ça va elle me dit
ah vous alors/ qu'est-ce que vous êtes gentil et tout
1 Une page de Mort à crédit mais votre patron hein/ ah elle dit c'est ben le roi des
merdeux et tout// et ça me répond et patati et patala
Dans une page de L.F. Céline par exemple, la et pi je la laissais faire et je poussais un petit peu à la
ponctuation, la régularité de la syntaxe, l'absence d'hésitations roue pour qu'elle insiste encore/ et quand elle a eu
et de "ratés", dénotent le code écrit : fini j'ai dit mais madame j'ai dit/ êtes-vous sûre de
C'est à propos de ma légende que je voulais lui bien le connaître le patron/ elle me ah je pense bien
causer. On avait retrouvé le début sous le lit de que je le connais/ mois je dis moi ça m 'étonne elle me
Mireille. J'étais bien déçu de la relire. Elle avait pas dit mais pourquoi vous dites ça/ ben je dis pasque le

(DI.G. N° 28, janvier 1986; I.G. N© 30, juin 1986. (2) L.F. Céline, Mort à crédit, éd. Folio, T. 1, p. 23.
Juin 1987 15
patron vous l'avez/ en face de vous/ le patron c'est c - discours rapporté
moi (3). Le discours rapporté est certainement l'angle par lequel
la différence entre oral et style oralise apparaît le plus
a - syntaxe clairement. L'écrit dispose par nature de la typographie
Structure phrastique : chez Céline, la structure reste et de la mise en page. L'oral par contre doit pallier
phrastique. D'une part la notion de cohérence l'absence de tirets, de guillements ou de paragraphes par
syntaxique est constamment bornée, à gauche comme à des éléments qui s'inscrivent dans le fil du discours. Les
droite, par des points. D'autre part, chaque mot est incises, beaucoup plus nombreuses dans la transcription
hiérarchiquement relié aux autres mots de la même (9 pour 6 répliques) que dans la page de Céline (2 pour
phrase. A l'oral, la notion de cohérence syntaxique est 2 répliques), ont ainsi une fonction beaucoup plus
une fenêtre qui défile sur l'énoncé et qui n'a jamais de complexe :
frontière fixe (elle me dit alors vous ça va elle me dit). On en rencontre une en tête de chaque réplique. Ce
Les mots ont par ailleurs une existence beaucoup plus sont donc moins des incises que des "indicateurs de
libre : ils peuvent rester en suspens (elle s'est permis discours rapporté" qui remplacent les guillements
de me/ de critiquer), ou avoir un statut difficile à définir ouvrants ou les tirets.
(alors elle me trouvait en plus moi sympathique et tout). Ces "indicateurs de discours rapporté" ne s'embaras-
L'utilisation de la parataxe n'est par ailleurs pas un trait sent d'aucune complexité lexicale particulière : dire est
particulièrement oral (4). Cela permet surtout d'obtenir
un effet rythmique qui évoque les mots prosodiques presque systématiquement employé, alors qu'un auteur
de l'oral (5). comme Céline use de toute une panoplie de termes
adaptés (répondre, répliquer, ajouter, préciser, crier,
Constructions clivées : Les constructions clivées sont murmurer, rappeler, prévenir, demander, poursuivre . . .).
certes utilisées par Céline, mais essentiellement sous Dès que la réplique s'allonge, on en rencontre
forme d'anticipations (6), alors que l'oral spontané plusieurs, comme pour rappeler s'il s'agit toujours de
privilégie en général les reprises. La conscience de ce qui discours rapporté (elle me dit alors vous ça va elle me dit
est dit ayant un caractère transitoire, il devient ah vous alors /qu'est-ce que vous êtes gentil et tout mais
nécessaire de rappeler le thème du propos avant les syntagmes votre patron hein / ah elle dit c'est ben le roi des mer-
prédicatifs. Dans cette page de Céline, on a, sur trois deux et tout).
constructions clivées, deux anticipations (elle avait pas
gagné au temps ma romance /il restait là Gustin) pour Dans la page de Céline par contre, les incises ne sont
une reprise (Gustin que je lui ai fait). Dans notre jamais en tête de la réplique : elles suivent toujours le
transcription par contre, les trois constructions clivées sont premier syntagme. Dire est le plus souvent remplacé par
des reprises (il y en a une elle . . . /votre patron hein ah d'autres verbes, en l'occurrence faire et prévenir. Céline
elle dit c'est bien . . . /le patron vous l'avez . . .). enfin use d'une tournure par que qui constitue un cliché
du style oralise mais que l'on ne rencontre que très
Interrogation : de part et d'autre on rencontre deux rarement à l'oral (qu'il me fait, qu'il me dit).
interrogations directes. Chez Céline, elles se
matérialisent, comme c'est presque toujours le cas, par deux 2 Une page de Zazie dans le métro
inversions du sujet. Dans notre transcription, si on peut
en relever une, c'est bien parce qu'il s'agit d'un passage Comme en témoignent les différents textes contenus
où le locuteur se veut emphatique (j'ai dit mais madame dans Bâtons, chiffres et lettres (7), R. Queneau est sty-
j'ai dit êtes-vous sûre de bien le connaître le patron). listiquement plus militant que Céline. Pour lui, l'emploi
du style oralise est moins une question de littérature
b - lexique qu'une question d'évolution de la langue française : "Il y
a deux langues distinctes : l'une qui est le français qui,
En ce qui concerne le lexique, Céline n'utilise pas vers le quinzième siècle a remplacé le francien . . .
d'appuis du discours (alors, hein, ben . . .). Ils sont cependant l'autre, que l'on pourrait appeler le néo-français, qui
fréquents à l'oral, surtout lorsque le niveau de langue est n'existe pas encore et qui ne demande qu'à naître" (8).
familier.
La première page de Zazie dans le métro peut ainsi être
En outre, le vocabulaire de Céline, et cela dénote bien le considérée comme un manifeste stylistique, et il est
texte littéraire, n'est pas un vocabulaire banal. Cela est intéressant de s'interroger sur son oralité :
vrai de l'argot comme du vocabulaire soutenu (les
soumissions les plus funestes). De la même manière, Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. Pas
on ne trouve guère de mots-substituts, qui évitent la possible, ils se nettoient jamais. Dans le journal, on
recherche systématique du terme le plus propre, alors dit qu'il y a pas onze pour cent des appartements à
qu'à l'oral ils sont fréquents (et tout, patati et patala). Paris qui ont des salles de bains, ça m'étonne pas,
mais on peut se laver sans. Tous ceux-là qui
(2) D. Luzzati, Recherches sur la structure du discours oral m'entourent, ils doivent pas faire de grands efforts. D'un
spontané, thèse de 3ème cycle, Paris III, 1983, p. 45. autre côté, c'est tout de même pas un choix parmi
(4) J. Pinchon, Morphosyntaxe du français. Hachette les plus crasseux de Paris. Y a pas de raison. C'est le
université, Paris, 1986, p. 255. hasard qui les a réunis. On peut pas supposer que les
(5) M. Rossi et al.. L'intonation, de l'acoustique à la
sémantique, Klincksieck, Paris, 1981.
(6)C Vigneau, Remarques sur la reprise et l'anticipation
dans Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit, Grammatica (7) R. Queneau, Gallimard, Paris, 1965.
IV, Toulouse, 1975. (8) id., p. 66.

16 Juin 1987
gens qu'attendent à la gare d'Auster/itz sentent plus surcomposé (quand elle a eu fini j'ai dit mais madame
mauvais que ceux qu'attendent à la gare de Lyon. j'ai dit) au passé antérieur.
Non vraiment, y a pas de raison. Tout de même quelle
odeur. En fait de style oralise, des auteurs comme Céline ou
Gabriel extirpa de sa manche une pochette de soie Queneau n'utilisent donc guère que des signes d'oral
couleur mauve et s'en temponna le tarin. isation qui ne correspondent pas toujours à des réalités
de l'oral. M s'agit notamment du vocabulaire argotique
a - le "néo-français" ou familier, en définitive recherché, d'expressions
comme que je lui fais, de suppression des discordantiels
Avec l'incipit, Doukipudonktan, l'atmosphère est ou de quelques orthographes phonétisées.
d'emblée particulière. Le problème fondamental du style
oralise est ainsi posé : si un tel style devait réellement
ressembler à de l'oral spontané, et non se limiter à
l'utilisation de quelques clichés, cela supposerait le recours à Il - LE STYLE ORALISE DANS LA LITTERATURE
une orthographe phonétisée. POUR LA JEUNESSE

Cinq syllabes ont cependant semblé suffisantes à R. Avec une certaine forme de littérature pour la jeunesse,
Queneau, tant il est manifeste que l'absence de l'effet d'oralisation tient certes à une intention littéraire,
séparation entre les mots, voire entre les phrases, condamnerait mais également à un désir de communication avec un
tout texte à l'illisibilité. Les homophones et les variantes public particulier. Il s'agit essentiellement d'une
phonologiques poseraient en outre des problèmes littérature à la première personne dont le narrateur est un
difficiles à résoudre. enfant. Elle est illustrée par d'assez nombreux titres,
parus dans les collections pour les 8/15 ans (9), dont bon
Quelques réductions lexicales sont réalisables, et nombre sont des traductions. Le petit Nicolas (10) est
Queneau ne s'en est pas privé : cela devient ça, et // y a se sans doute l'exemple le plus ancien. C'est en tout cas
réduit en ya (peut-être et puis peuvent également devenir celui qui nous semble le plus représentatif et sur lequel
ptêt et, pil. Sur le plan syntaxique par contre, il s'est nous nous appuierons ici.
limité à quelques élisions, comme celle du ///de qui suivi "tu as eu une bonne idée, Alceste, j'ai dit, quand je
d'un mot commençant par une voyelle (qu'attendent). pense aux copains qui sont à l'école en train de faire
Des séquences comme /kila/ deviendraient par contre de l'arithmétique, j'ai envie de rigoler ! Moi aussi",
difficilement interprétables si l'on utilisait une a dit Alceste et nous avons rigolé. Quand on a eu fini
orthographe phonétisée. de rigoler, j'ai demandé à Alceste ce qu'on allait faire.
Queneau souligne par ailleurs le rôle accessoire du discor- "Je ne sais pas, moi, a dit Alceste, on pourrait aller au
cinéma." Ça aussi, c'était une drôlement bonne idée,
dantiel. Dans cette courte page, il parvient en effet à mais on n'avait pas de sous. Dans nos poches, on a
insérer huit négations, en omettant systématiquement trouvé de la ficelle, des billes, deux élastiques et des
ne. On remarque enfin l'importance des ellipses, ce qui
donne aux différentes phrases un caractère inachevé qui miettes. (11)
rappelle l'oral (on peut se laver sans).
1 Un style "enfantin"
b- discours et récit
Si bien des choses peuvent demeurer sous-entendues, a - simplicité
c'est surtout grâce au type de discours qui est ici en
cause : le monologue intérieur. Le lecteur est en effet Les signes d'oralisation que l'on a pu relever
sensé suivre la réflexion d'un personnage et il paraîtrait précédemment sont ici quasiment absents : les discordantiels sont
pour le moins étrange que ce dernier explicitât toutes presque toujours présents, les indicateurs de style direct
les étapes de sa réflexion. ont en général la forme la plus simple qui soit (X a dit),
et l'orthographe n'est presque jamais phonétisée.
Le problème du style oralise se pose d'ailleurs
différemment selon le type de discours concerné. Dans le Le vocabulaire est également beaucoup plus simple que
discours rapporté, comme au théâtre, il peut sembler dans les textes de Céline ou de Queneau. Il dénote ainsi
naturel de s'efforcer de reproduire la façon dont on parle la classe d'âge à laquelle est destiné ce genre d'ouvrage
réellement (cf Piarrot dans le Dom Juan de Molière). (ce qui ne signifie nullement que ce soit précisément le
Dans un texte à la première personne, comme dans vocabulaire des enfants en question). On relève tout au
Mort à crédit, l'auteur peut parfois feindre de ne pas plus quelques termes familiers (copain, rigoler,
vouloir s'encombrer de la rigidité de la langue drôlement, sous), associés à un lexique de l'enfance (école,
académique. Dans un texte à la troisième personne, comme arithmétique, ficelle, bille, élastique, poche).
dans Zazie dans le métro, l'emploi du style oralise est
moins naturel, et par là-même plus provocant. (9) Quelques titres nous semblent particulièrement
significatifs : H. Rey, Je m'appelle Juliette, Les plaisirs de Juliette,
Queneau suit d'ailleurs bien des habitudes du récit écrit. Juliette et les histoires de papa, Magnard, coll. 'Tire lire poche";
Il utilise par exemple le passé simple (extirpa, N. Ciravègna, Chichois de la rue des Mauvestis et M. Paz, Pape-
tamponna), extrêmement rare dans les discours oraux lucho. Bordas, coll. "Aux quatre coins du temps".
(10) Sempé-Goscinny, Oenoël, Paris, 1960. Nos références
spontanés. Ainsi, dans la transcription qui précède, le renvoient à l'édition Folio, qui date de 1973.
passé composé correspond-il au passé simple, et le passé (11) p. 127.

Juin 1987 17
b - maladresse mon petit pain au chocolat et le petit chien a mangé
le petit pain au chocolat et il s'est mis à remuer la queue
On a ainsi l'impression d'avoir affaire à un style enfantin, dans tous les sens et moi je l'ai appelé Rex) mais on le
avec tout ce que cela comporte de maladresses diverses : constate encore mieux dans le passage suivant :
En sortant de l'école, j'ai suivi un petit chien. Il Alors moi j'ai expliqué à papa que maman ne voulait
avait l'air perdu, le petit chien, il était tout seul et ça pas de Rex et Rex c'était mon ami et j'étais le seul
m'a fait beaucoup de peine. J'ai pensé que le petit ami de Rex et il m'aiderait à retrouver des tas de
chien serait content de trouver un ami et j'ai eu du bandits et il ferait des tours que je lui apprendrais et
mal à le rattraper. Comme le petit chien n'avait pas que j'étais bien malheureux et je me suis remis à
l'air d'avoir tellement envie de venir avec moi, il pleurer un coup pendant que Rex se grattait l'oreille
devait se méfier, je lui ai offert la moitié de mon pain au avec la patte de derrière et c'est drôlement difficile à
chocolat et le petit chien a mangé le petit pain au faire. On a essayé une fois à l'école et le seul qui y
chocolat et il s'est mis à remuer la queue dans tous les réussissait c'était Maxient qui a des jambes très
sens et moi je l'ai appelé Rex, comme dans te film longues. (14)
policier que j'avais vu jeudi dernier. ( 1 2)
Cet usage de la coordination conduit à des ruptures de
Redondance : petit chien apparaît cinq fois dans ce construction. C'est particulièrement manifeste dans
seul paragraphe. De façon générale, Goscinny remplace des exemples comme le suivant, dans lequel
volontiers les pronoms par les referents. Il évite tout l'anacoluthe (15) se fait dans l'ellipse de que qui devrait
particulièrement les relatives explicatives (je lui ai offert ta reprendre parce que : j'ai dit à la dame que je voulais un gros
moitié de mon pain au chocolat et le petit chien a mangé bouquet de fleurs pour ma maman, mais pas de bégonias,
le petit pain au chocolat). parce qu'il y en a des tas dans notre jardin et ce n'est
Repérage spatio-temporel flou : des notions complexes pas la peine d'aller en acheter ailleurs. (16)
comme le maniement des modes et des temps ou le 2 Un style linéaire
repérage spatio-temporel sont présentées comme si elles
étaient mal maîtrisées. Une expression comme un film Ces diverses maladresses procèdent souvent d'un principe
policier que j'avais vu jeudi dernier par exemple dénote que l'on retrouve dans le discours oral spontané : la
soit un emploi erroné du plus-que-parfait, soit une linéarité. Même s'il s'agit ici d'un article de style, on a
mauvaise maîtrise des couples demain/lendemain, hier/ également le sentiment qu'il n'est pas question de revenir
la veille, dernier/précédent, prochain/suivant ... En sur ce qui a été dit, "sinon en prolongeant le message par
outre, comme dans l'oral spontané, le passé simple est un second message" (17).
délaissé au profit du passé composé, et le passé
surcomposé remplace le passé antérieur (cf. Quand on a eu fini a - linéarité et syntaxe
de rigoler dans le passage cité précédemment).
Discours rapporté : le discours rapporté est également Coordination : ainsi s'expliquent les continuelles
"guirlandes" de propositions coordonnées et les hyper-
l'objet de diverses maladresses. Ainsi dans l'extrait qui
suit, a-t-on un constant flottement entre le discours bates qui en sont issues. Comme les énoncés oraux, un
grand nombre de phrases du Petit Nicolas semblent ne
indirect et le discours indirect libre. La présence de que (que
maman ne voulait pas de Rex; que j'étais bien pas avoir la fin, et à peine paraissent-elles se terminer
qu'elles embrayent sur la suite avec un et, fût-ce au
malheureux) traduit le style indirect. Son absence (et Rex détriment de la logique et de la cohérence.
c'était mon ami et j'étais le seul ami de Rex et il m
'aiderait à retrouver des tas de bandits et il ferait des tours Phrases ou énoncés : la notion même de phrase
que je lui apprendrais) renvoie au discours indirect libre. s'estompe, tant la définition formelle d'espace compris entre
deux points et la définition sémantique d'énoncé pourvu
c - syntaxe relâchée d'un sens complet sont en opposition. On trouve ainsi
en deux phrases des énoncés qui, du point de vue du
La syntaxe, tout comme l'ensemble du discours, fait sens comme de la syntaxe, ne devraient en constituer
preuve d'une absence de rigueur délibérée. Cela se qu'une : J'avais une grosse boule dans la gorge. Comme
manifeste tout d'abord par l'abondance des constructions
clivées, plus fréquentes sous forme de reprises que quand je ramène mon carnet à la maison avec des zéros
d'anticipations. La conjonction des deux donne parfois dedans (18). On trouve également à l'intérieur d'une
des constructions en apo koinou, le syntagme en phrase des structures en apo koinou, que l'on a déjà
évoquées plus haut, c'est-à-dire des énoncés qui
commun étant constitué du réfèrent : // avait l'air perdu, s'étendent sur une phrase alors qu'ils devraient s'étendre sur
le petit chien, il était tout seul. deux : ça ne les regarde pas les copains, si je veux offrir
Cela se manifeste également par un usage répétitif de la des fleurs à ma maman, c'est mon droit . . . (19).
coordination et de l'hyperbate (13) : on rencontre Liaisons : des termes de liaison comme alors ne sont
constamment des "guirlandes" de propositions coordonnées quasiment jamais intercalés à l'intérieur d'un syntagme :
par et, dont l'une (souvent la dernière) n'a pas de
rapport logique avec les précédentes. On peut le constater (14) p. 51.
dans le passage qui précède (je lui ai offert la moitié de (15) cf. H. Morier, id.
(16) p. 67.
(17) J. Peytard, dans Grammaire du français parlé. Hachette,
(12) p. 48. Paris, 1971, p. 168.
(13) cf H. Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, (18) p. 71.
Puf, Paris, 1961. (19) p. 70.

18 Juin 1987
Alors, que nous on n'en a pas encore et moi je voudrais bien
m'a donné moi, une
j'ai gif
donné
fie. On
le bouquet
s'est battu
à Alceste
et puis et
j'aiGeoffroy
dit qu'il que papa en achète une (26). Lorsqu'il ne part pas dans
se faisait lard, alors on s'est arrêtés. (20) Ce sont de semblables digressions, le récit suit exactement le fil
d'ailleurs des appuis du discours courants dans les énoncés des événements, profitant de la naïveté qui émane d'une
oraux spontanés. A l'écrit par contre, on les intercale et telle vision du réel.
on les transforme volontiers en donc.
Structures orales : cette linéarité ne suppose pas Les passages de discours rapporté au style direct sont
enfin délibérément linéarisés. Goscinny se refuse à
qu'on ne rencontre aucune phrase construite, mais celles- profiter de la mise en page pour mettre les dialogues en
ci le sont souvent suivant des modèles que l'on observe évidence. Ceux-ci sont systématiquement rapportés
dans les discours oraux spontanés. Ces phrases reposent sans aucun alinéa. Les guillemets se trouvent seulement
notamment sur des constructions clivées, le plus souvent au début et à la fin de l'ensemble du dialogue, et les
des reprises, ce qui contribue à en faire de véritables tirets qui indiquent le début des diverses répliques sont
périodes (21), avec un rythme particulier. Dans l'exemple insérés dans le texte :
suivant, on a ainsi trois périodes ternaires, relativement
autonomes, bien qu'elles soient incluses dans la même Ru fus a dit qu'il ne connaissait pas la fable par cur,
phrase : mais qu'il savait à peu près de quoi il s'agissait et il
a commencé à expliquer que c'était l'histoire d'un
Le lendemain /quand le ministre est venu, /ça c'est corbeau qui tenait dans son bec un roquefort. "Un
bien passé / roquefort ?" a demandé l'inspecteur, qui avait l'air
mais nous / on ne l'a pas vu, /parce qu'on nous avait de plus en plus étonné. "Mais non a dit Alceste,
mis dans la buanderie, c'était un camenbert. Pas du tout a dit Ru fus, le
et même si le ministre avait voulu nous voir /il n'aurait camenbert, le corbeau il n'aurait pas pu le tenir dans
pas pu / parce que la porte était fermée à clef. (22) son bec, ça coule et puis ça sent pas bon I Ça sent
pas bon, mais c'est chouette à manger, a répondu
Ces périodes reposent sur une organisation sémantique Alceste. Et puis ça ne veut rien dire, le savon ça sent
des énoncés. En général, il s'agit soit d'une organisation bon, mais c'est très mauvais à manger, j'ai essayé, une
consécutive, soit d'une organisation causale. La première fois. Bah ! a dit Rufus, tu es bête et je vais dire à
correspond à une formule du type Pierre / (quand) il a mon papa de donner des tas de contraventions à ton
faim / (alors) il mange, dans laquelle le second élément papa !" Et ils se sont battus. (27)
se présente souvent sous la forme d'un circonstant
temporel de simultanéité, le troisième étant la Bien entendu, nous ne prétendons nullement que Le
conséquence de ce qui précède. La seconde correspond plutôt petit Nicolas ne soit pas un texte. Ces différents
à une formule comme Pierre /il mange / (parce qu') il phénomènes, qui relèvent de la pratique langagière commune
a faim, dans laquelle le troisième élément est souvent lorsqu'il s'agit d'oral spontané, sont un artifice de style
un circonstant causal. sous la plume de Goscinny, qui profite ainsi de la
Refus de l'inversion du sujet : pratiquer l'inversion du spontanéité accordée à un narrateur enfant. On peut par
sujet suppose une organisation de l'énoncé qui ne va pas ailleurs relever des tournures essentiellement écrites,
avec la linéarité. On n'en trouve d'ailleurs pratiquement comme la présence des discordantiels, dont on a déjà
pas dans Le petit Nicolas. C'est le cas lorsqu'un adverbe parlé, l'emploi de quelques passés antérieurs (Mais après
se trouve en tête de phrase ou de proposition : Nous qu'Agnan eut sorti ses rudiments à Djodjo, Djodjo l'a
avons attaché papa à l'arbre à l'aide de la corde à linge, regardé . . .) (28), de la première personne du pluriel au
et à peine on avait fini . . . (23). C'est également le cas lieu de l'unipersonnel on (Nous sommes sortis du bureau
de l'incise ou de l'interrogation directe : "Tu fais une de tabac et nous étions bien embêtés) (29), de certaines
partie de billes ?" il m'a demandé (24). Quand celle-ci utilisations de dont (Je suis monté dans ma chambre
ne se traduit pas uniquement par le point pour prendre ce dont j'aurais besoin) (30), ou de
d'interrogation, elle se traduit par la locution est-ce que qui quelques cas d'inversion du sujet (J'étais dans mon jardin et
est le plus souvent doublée d'une construction je ne faisais rien, quand est venu Alceste) (31 ).
clivée, ce qui transforme l'inversion du sujet en
anticipation : "Qu'est-ce qu'il a mon bouquet ?" j'ai crié à
Joachim (25). Ill -UN STYLE ORALISE INVOLONTAIRE LES
TRAVAUXSCOLAIRES
b - linéarité et récit
Il existe enfin une forme de style oralise involontaire,
La linéarité concerne également la construction du récit. celui que l'on rencontre par exemple dans certaines
Celui-ci, au lieu d'être ordonné suivant une quelconque copies d'élèves. On se fondera sur la copie suivante,
logique, est susceptible à chaque moment de bifurquer rédigée en classe par une élève de troisième qui s'est par
vers une digression : Et il a mis les poings devant sa la suite orientée avec succès vers un BEP sanitaire et
figure et il a commencé à danser tout autour d'Eudes social. Le sujet, fondé sur un texte décrivant le travail
comme les boxeurs à la télévision chez Clo taire, parce de péagiste était le suivant : "De plus en plus, des
(20) p. 68. (26) p. 61.
(21) D. Luzzati, 1983. (27) pp. 45-46.
(22) p. 93. (28) p. 57.
(23) p. 20. (29) p. 99.
(24) p. 69. (30) p. 149.
(25) p. 70. (31) p. 94.

Juin 1987 19
machines (robots, caisses enregistreuses . . .) remplacent par rapport au code oral, s'ajoute l'absence de maîtrise
les hommes. Qu'en pensez-vous ? Donnez votre avis en des autres signes de ponctuation. Sans parler des deux
vous fondant sur des exemples précis." points, ponctuation sémantique peut-être délicate à
Les robots remplaceront-ils les êtres humains ? manier, les virgules sont placées sans discernement. Les
constructions clivées devraient notamment, en toute
Maintenant les machines remplacent les êtres logique, être coupées par une virgule : Maintenant (,) les
humains. Dans un sens ce n'est pas si mal. Pour nous machines remplacent les êtres humains. Dans un sens (,)
c'est très pratique. Les tâches ménagères, comme ce n'est pas si mal. Pour nous (,) c'est très pratique.
l'aspirateur, la cafetière électrique, le café se fait-il
tout seul, le grill-pain, le lave linge, le lave vaisselle, b - syntaxe
la télévision, c'est une machine qui nous donne du
plaisir, le téléphone grâce à lui on peut communiquer Parfois, la syntaxe est bien celle de l'écrit : à deux
avec une personne qui est au bout du monde. Les interrogations directes correspondent deux inversions du
machines causent un problème, le chômage. Les sujet. Parfois, ce n'est pas le cas : le discordantiel est
hommes qui sont remplacés. Ils sont sans travail donc omis une fois sur deux, dans une négation exceptive il
ils sont chômeurs. Surtout pour les hommes qui est vrai (Il y aura peut-être que des machines). On peut
travaillent dans les usines comme renault, Citroën et également relever une rupture de construction qui ne
d'autres encore. Ces usines mettent beaucoup de correspond à aucun effet stylistique : Le distributeur de
machines parce qu'ils vont plus vite et fabriquent plus billets, avant c'était un homme ou une femme /on
en quantité. Il y a aussi le contact humain. Le pouvait lui parier. On observe enfin une curieuse masculini-
distributeur de billets, avant c'était un homme ou une sation des machines (ces usines mettent beaucoup de
femme on pouvait lui parler mais avec la machine, elle machines parce qu'ils vont plus vite; Il y aura peut-être
donne l'argent et c'est tout. Ce que je pense c'est que que des machines, les hommes seront remplacés par
dans quelques années à venir. Il y aura peut-être que eux), sans doute assimilées par syllepse à des robots.
des machines, les hommes seront remplacés par eux.
Il se pourrait qu'on soit dominé par les machines. Quelques maladresses de jeunesse mises à part (dans
Pourquoi pas ? quelques années à venir), on remarque surtout
l'abondance des constructions clivées. Dans ce court devoir, on
I - Un "style" oralise n'en relève pas moins de huit, dont cinq avec reprise et
aucune avec anticipation. On retrouve donc les mêmes
Une telle copie ne dénote pas une ignorance globale du pratiques syntaxiques que dans les discours oraux
français écrit : l'orthographe par exemple est loin d'être spontanés.
catastrophique. Il ne s'agit pas non plus d'une mauvaise
appréciation des différents niveaux de langue : le c discours
vocabulaire n'est pas particulièrement familier. Il s'agit plutôt
d'une incapacité à organiser son discours en fonction des Un devoir comme celui-ci se caractérise en définitive
contraintes inhérentes à toute situation de moins par la syntaxe que par l'organisation du discours.
communication écrite. Linéaire, ce discours perd sa cohérence syntaxique en
opérant des disgressions dans le fil d'une enumeration :
L'élève en question est ainsi incapable de construire des Les tâches ménagères, comme l'aspirateur, la cafetière
énoncés écrits, correctement construits et syntax ique- électrique, le café se fait-il tout seul, le grill-pain, le lave
ment clos. Elle rédige en somme comme elle parle et elle linge, le lave vaisselle, la télévision, c'est une machine
ne s'applique pas à contrôler la cohérence syntaxique qui nous donne du plaisir, le téléphone grâce à lui on
de son discours en dehors d'une fenêtre relativement peut communiquer avec une personne qui est au bout
étroite qui défile sur son texte. Celui-ci est donc du monde.
fondamentalement linéaire, et les éventuelles relectures sont
manifestement restées sans effet. Les liaisons sont ici moins apparentes qu'à l'oral. On a
ainsi peu de chance de rencontrer des appuis du discours
a - ponctuation comme ben ou même alors. Donc les remplace
Selon la norme de l'écrit la ponctuation est pour le cependant, avec une utilisation strictement identique : Les
moins fautive. En fait, elle n'est pas totalement mise au hommes qui sont remplacés. Ils sont sans travail donc
ils sont chômeurs. Il est situé en tête du dernier élément
hasard, et il s'agit pour l'essentiel de points indûment d'une période ternaire, alors qu'il pourrait s'intercaler
placés entre des énoncés syntaxiquement dépendants : (ils sont donc chômeurs) ou être remplacé par un
Les hommes qui sont remplacés. Ils sont sans travail . . . subordonnant qui porterait sur un syntagme antérieur
Ce que je pense c'est que dans quelques années à venir. (Comme les hommes sont remplacés . . .)
II y aura peut-être que des machines . . .
On ne peut donc pas dire qu'un tel texte soit dépourvu
L'élève s'astreint sans doute à faire des phrases courtes, de structure. Comme à l'oral, la structure énonciative
sans songer à employer une syntaxe adaptée. Son texte l'emporte simplement sur la structure syntaxique, qu'elle
est construit tout comme un discours oral. Il serait peut même contredire. Ce devoir utilise par ailleurs de
d'ailleurs presque aussi compréhensible sans aucune belles périodes ternaires, telles qu'on en rencontre dans
ponctuation. Le petit Nicolas ou dans les discours oraux spontanés :
A cette incapacité à contrôler la notion même de phrase, les hommes qui sont remplacés /ils sont sans travail /
qui suppose l'assimilation de la spécificité du code écrit donc ils sont chômeurs

20 Juin 1987
le distributeur de billets / avant/ c'était un homme ou donc effectivement oralise, mais ce n'est pas un style car
une femme il ne correspond à aucune intention littéraire, bien au
ce que je pense / c'est que dans quelques années à contraire. Il dénote moins une confusion entre les
venir /il y aura peut-être que des machines niveaux de langue qu'une incapacité à construire des
énoncés appropriés à une situation de communication
2 La population concernée autre qu'orale.
A la suite de l'analyse de cette copie, rédigée par une Le style oralise d'auteurs comme L.F. Céline ou R.
élève de troisième qui se destine à un BEP, une question Queneau est pour sa part effectivement un style, mais
se pose : quelle est sa représentativité ? Il s'agit de se son oralité est sujette à caution. Elle se limite en effet
demander quels sont les élèves qui s'expriment ainsi et à quelques clichés que l'on rencontre rarement dans les
dans quelle mesure les adultes sont également concernés. discours oraux spontanés. Il s'agit en fait surtout
d'employer un vocabulaire familier ou argotique, c'est-à-dire
On peut à cet égard disposer de quelques éléments de pratiquer avec art une forme de discours familier.
chiffrés, et notamment les flux scolaires (32) ou les
résultats statistiques des tests effectués lors des épreuves Les seuls textes qui peuvent donc répondre au
de sélection pour le service national (33). Les uns qualificatif de style oralise, se trouvent dans la littérature pour
comme les autres révèlent que moins de 20% de la la jeunesse, et l'exemple le plus représentatif nous
population française, soit sensiblement ceux qui ont un paraît être Le petit Nicolas. On y trouve effectivement
niveau supérieur au baccalauréat, ne sont nullement un style à la fois original et caractéristique, et ce style se
concernés par ces problèmes. Plus de 60% de nos distingue par une réelle oralité. Le discours en effet y
concitoyens ont par contre un niveau égal ou inférieur au CAP est souvent linéaire, c'est-à-dire construit comme une
ou au BEP, et ils s'expriment en général avec des chaîne dont chaque maillon est relié au suivant,
difficultés de cet ordre. Quand ce n'est pas le cas, c'est indépendamment de ce qui précède ou de ce qui suit. Comme,
d'ailleurs bien souvent parce qu'ils savent à peine écrire en dehors de quelques termes comme copain ou rigoler,
ou parce qu'ils n'écrivent quasiment jamais. le vocabulaire est à la fois simple et courant, ce genre
de texte se caractérise bien plus par l 'oralité du style
Enfin, il convient de souligner encore une fois que cette que par la familiarité du ton.
copie n'a rien d'exceptionnel : elle rassemble simplement
en quelques lignes des phénomènes souvent plus épars. F.etD. LUZZATI
L'élève en question n'était d'ailleurs par particulièrement CNRS
faible, et elle possédait une orthographe bien meilleure
que la moyenne de ses camarades, victimes eux aussi de SUPPLEMENT BIBLIOGRAPHIQUE (34)
la prédominance du monde oral sur le monde écrit, et
d'un enseignement qui oublie parfois la technique au C. Blanche-Benveniste et C. Jeanjean, Etudier et
profit de l'art. éditer le français parlé, Didier, Paris (sous presse).
J. Pinchon, Morphosyntaxe du français. Hachette
Le "style" oralise que l'on rencontre dans les université, Paris, 1986.
productions scolaires ou sous les plumes inexpérimentées est D. Laroche-Bouvy, La conversation quotidienne,
introduction à l'analyse sémiolinguistique de la
conversation, Didier-Credif, Paris, 1984.
E. R ou let et al., i 'articulation du discours en français
contemporain, Berne, 1985.
(32) Documentation du SPRESE 7, 58, bd du Lycée-, Vanves, Langage (à compléter).
92170. Le français aujourd'hui N© 71, septembre 1985 :
(33) Des illettrés en France, Documentation française, Dialoguer, de la conversation au texte.
janvier 1984; documentation de la direction centrale du service
national, 8, rue H. Bottier, Compiègne, 60200. (34) Une bibliographie a été fournie dans le premier volet de
cette étude, I.G. N° 28, janvier 1986.

Juin 1987 21

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