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Mémoires concernant

l'histoire, les sciences, les


arts, les moeurs, les usages,
&c. des Chinois

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Amiot, Joseph (1718-1793). Auteur du texte. Mémoires
concernant l'histoire, les sciences, les arts, les moeurs, les usages,
&c. des Chinois. 1780.

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Vj 1)1 &-? 8-i S


~;i-.I Y k' ..a ~`a -çe, s!~ k.
CONCERNA N T

L'HISTOIRE, LESSCIENCES,
LES LES MŒiURS LES USAGES tv.

DES CHINOIS,
ARTS

F' S.~i_~ C' .1: H .t- T


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r~,

PAR LES MISSIONNAIRES DE PE-KIN.

T O M E S IXï E M E.

la P A II I S
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Chez N v on i'uïnô Libraire rue du Jardine; vi--n-\ ;, i~ ruo


Mignon, près c:c 1 imprimeur élu Puriemenr,,

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C A V F KO V AT l0A
D CC. a

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11 J
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L - .- > V
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AVERTI S S E M E N T.
CE fixierne Volume des Mémoires concernant
l Chinais
les '1" préfente
r d'abord 0
d, b .ci un Ouvrage confidé-
('
rable fur la Mujîque des Chinois tant anciens que
modernes par M. Amiot Millionnaire h Pc-kin,
connu depuis long-tems en Europe par fes correspon-
sc'
dances & les travaux Littéraires. D'après les éloges que
ce Savant fait des rares <Zr& profondes
C 1connoilTances
de M. l'Abbé Rouflîer, en fait de Mufiquc ( Foye-
CI

pag. jj & fiuv. ) il eût defiré (ans doute que Ion


Ouvrage fut revu, par cet habile Théoricien, M. l'Abbé
Rouffier a fait pi us il s'efi; non-feulement charge d'en
faire l'édition mais il l'a accompagnée de notes &
de differtations favanres il en a vermé les calculs il
en a réduit les planches dont il a aufiî rédigé les
explications il y a ajouré une table raifonnee en
un mot, il en a rait un Ouvrage fondamental, où
les principes de cet Art, qui iont efiennellemcnt
invariablest
1 & les
0 les mîmes par-tout, font approfondis t'
& développés.

1
A ce grand Mémoire on a ajouté un Eîlai fur le:-

l
Pierres
7) fonorcs
1 0
1 1\
qui s'emploient dans la Musique chi- 1

noiie. Ce morceau n'eii


nciie. morceau n'eit point
point de M. Arr.iot
Amiot mais
n-saisc
d'un autre Millionnaire de Pe-kin. i\î. l'Abbo
Roufîier en a iuivi auiii l'imprcfiion. & v a ajoute
les
~les notes
ilotes dont cet ciîaî pouvoit avoirbefoin.
¡"
J
.;I.
3

On trouvera eniuue ci;:férens extraits d'une het-


îre très-longue de iM. Amiot, où, à l'occanon d'un
A V E R T I S S E M E N T.
Livre intitule* Recherches Philofophiques fur les
£o-} yiicfit & les Chinois F Auteur éclairât piuueurs
points important relatifs à l'étal & aux mœurs de
la Chine. Après avoir porté (on jugement en géné-
rai fur le cara clerc de cet Ouvrage & i'efpriî qui
y règne, il réfute ce qui y cM dit concernant la Popu-
lation & les Roc nus de l 'Empire de la Chine, la
Polygamie des Chinois leur Aflronomie leurs Eunu-
ques l' Infanticide qu'on leur reproche leur Gouver-
iienieni l ordre de fiiccejjion à F Empire & le climat
du P ctchcly enrin il donne des détails j7/r la mort &
les funérailles de i Impératrice mère de 'l'Empereur
s
arrivée en 1777. On a jette à la nn du Volume le
dénombrement: des habitans de la Chine par pro-
vince traduit liftérciiernenî d'après le tableau ori-
ginal du Tribunal des Fermes de îa Chine qui a
cîé envoyé cette année en caractères chinois
comme pièce authentique.
On a été obligé de rendre ce volume moins
fort que les précedens pour ne point faire deux
nrix vu le nombre considérable des gravures dont
:1
a [al lu accompagner celui-ci.

MÉMOIRES
MEMOIRES 1

CONCERNANT
LES CHINOIS.
DE LA MUSIQUE DES CHINOIS,
TANT ANCIENS QUE MODERNES;
Par M. AMIOT, MiJJîonnalrc a Vihln.

DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
TJ_*
premier de mes foins en arrivant a la Chine
E fut
d'étudier la langue & les mœurs de ceux qui l'habitera afin
de pouvoir leur annoncer avec quelque eipérance de fv.ee es
les vérités de notre lainte Religion. Sachant que de tous les
moyens qu'on peut employer pour s'en faire écouter les
Sciences éc les Arts font les plus efficaces fur-tout dans h
Capitale & à la Cour, où je me rendis par ordre de mes Supé-
rieurs; je crus que je ne devois négliger aucune des avances
que je pouvois avoir dans plufieurs parties des Mathématiques,
dans celles fur-tout qui font le pins au goût des Chinois.
Je favois paffahlement la Mufique je jouois de la flûte
iravcrf.ere & du clavecin; j'employai tous ces petits talens
pour me faire accueillir.
Dans les différentes occafions que j'eus d'en faire ufage
pendant les premières années de mon féjour à Péking je
n'oubliai rien pour tacher de convaincre ceux qui m'écou-
toient, que notre Mufique l'emportoit de beaucoup fur celle du
Pays. Au furplus c'étoient des perfonnes inftmltes en état de
comparer & de juger; des pcrfollues du premier rang qui,hono
r;mt les Millionnaires François de leur bienveillance, venoient
fouvent dans leur maifon pour s'entretenir avec eux de quel-
ques objets concernant les Iciences ou les arts cultivés en Chine
Les Sauvages les Cyclopes (a) les plus belles fonates les
airs de flûte les plus mélodieux & les plus brillans du Recueil.
de Blavet rien de tout cela ne faifoit impreffion fur les Chi-
nois. Je ne voyois fur leurs phyfionoiiiies qu'un air froid &
diiîxait qui m'annonçoit que je ne les avois rien moins qu'émus.
Je leur demandai un jour comment ils trouvoient notre Mufique,
s
& les priai de me dire naturellement ce qu'ils en penfoient.
Ils me répondirent le plus poliment qu'il leur fut poffible

que Nos airs nciant point faits pour leurs ore'dles^ni leurs oreilles

(<•) Pièces de clavecin & de ros &celles qui font mar-


caractère du ccic&re Rameau. quées par des aftérifques font

l'Al>hé Rouff.ev. le
AvirtiljenuTiî. Les notes de ce
Dii'-ours Préliminaire l'ont de M.
corps
de i'Duvra^e celles qui iont jnt;r-
<i^:cc-: \)dV des cKîrfCi font du P.
des portions du texte rejeî-
îées en notes pour plus de préci-
fion dans le difeours. Enfin, toutes
celles qui font marquées par des
leurc; ont etc ajoutées par M,
ri'otjfous leurs mCiïiCG .;ii:r;< i'AL'bc îlouiîier,
pour nos airs, il nétoit pas furprenam qu'ils n'en fentijfent pas
les beautés comme ils fentoient celles des leurs. Les airs de
notre Mufique ajouta un Do£ïeur du nombre de ceux qu'on
appelle Han-lïn & qui etoit pour lors de fervice auprès de
Sa Majefté les airs de notre Mufique paffent, de C oreille juf
qu'au cœur, & du cœur jufquà l'ame. No '.s les [entons nous les
comprenons ceux que vous vene^ de jouer ne font pas fur nous
cet effet- Les airs de notre ancienne Mufique etoient bien autre
ckofe encore, il fuffifoit de les entendre pour être ravi, Tous nos
Livres en font un éloge des plus pompeux mais ils nous appren-
nent en même tems que nous avons beaucoup perdu de l'excel-
lente méthode qu' 'employaient nos Anciens pour opérer de f mer-
veilleux ejfets 5 &c.
De femblables difeours répétés plus d'une fois & par
plus d'une perfonne me firent naître l'envie de connoître la
Mufique Chinoiie & de m'inflruire à fond, û je le pouvois
de toutes les règles qui en conftituent la théorie. Le P. Gaubil,
qui étoit très-verle dans plufieurs parties de la Littérature des
Chinois m'excita à mettre la main à l'œuvre s'engageant à
me fournir tous les fecours qui dépendraient de lui. Je deman-
dai à quelques Lettrés de ma connoiffance un catalogue des
Livres dans iefquels je pourrois puifer les connoiffances que je
voulois acquérir. J'en parcourus quelques-uns, à l'aide de mon
Maître de Langue mais comme ce Maître tout habile Lettré
qu'il étoit, n'avoit aucune teinture de Muiique il le trouvoir
encore plus embarraffé que moi quand il etoit queiHon de
calcul ou de quelques termes de l'art, & de certaines exprei-
fions confacrées qui ne font connues que de ceux qui font
verfés dans la Mufique,
Les difficultés que je rencontrais pour ainu dire à chaque
pas, m'auraient infailliblement rebuté fi je ne m'etois apper-
eu qu'à l'occaiion de la Mufique je pouvois .me former une
idée de la plupart des Sciences que les Chinois cultivent Se
nfinltruire fur-tout de leur ancienne manière de pratiquer les
cérémonies reiigieufes & civiles fur lefquelles ils ont appuyé
là plus grande partie du vafre édifice de leur gouvernement.
Je continuai donc lire & à méditer fur ce que je lifois. Je
ne fus uns îoiipr-tems fans m'appercevoir & fans être convaincu
que de tems immémorial la Mufique avoit été cultivée en
Chine & qu'elle avoit fait l'un des principaux objets de l'at-
tention des Magiftrats & des Souverains; qu'érigée en feience
dès les commencemens mêmes de la Monarchie elle avoit
jotfi chez les anciens Chinois, du double avantage de pouvoir
charmer les cœurs par les différentes impreffions dont elle les
affecloit & faire en même tems les délices de l'eiprit par l'evi-
dence des dcmunilrations, exactement déduites de principes
qui pofent fur Tinconteftable vérité.
IL ne me fuffiibit point d'être convaincu de tout cela il me
falloir quelque choie de plus. J'aurois fouhaité que parmi les
anciens Sages, qui avoient pris la Mufique pour le fujet de
leurs méditations les plus profondes, & en avoient fait l'objet
de leurs plus îérieul'es occupations, il s'en fut trouvé quelques-
uns qui euffent parlé clairement dans leurs ecrits du principe
fur lequel ils fondoient toute la théorie d'une fcience qu'ils
regardent comme la Science univerfelle comme la Science
des feiences en un mot comme celle au moyen de laquelle
on peut expliquer toutes les autres fciences, à laquelle fe
rapportent toutes les autres Sciences, & de laquelle, comme
d'une fourec des plus fécondes, découlent toutes les autres
fciences. J'aurois voulu trouver des règles détaillées & une
méthode pour faire l'application de ces règles. 11 ne rne fut pas
poflible de me procurer alors cette fatisfaclion.
Cependant à la periuafion du P. Gaubi! je me déterminai,
à traduire un ouvrage fort eftimé qui a pour titre Kou-yc-
king-tc/wuen c'eft-à-dire Commentaires fur le Livre dafjuyue
touchant la Mujique des Anciens par Ly-koar.g-ty Miniitre
d'Etat, & membre du premier Tribunal des Lettrés. C'eir. en
effet celui de tous les ouvrages fur la Mufique qui. fuivant le
peu de lumières que j'avois alors me parut mériter le plus
d'attention. Ma traduction finie je l'en, oyai au P. De Latour
Procureur de la Million françoife de Chine, avec promeffe
de lui envoyer chaque année autant de fupplémens qu'ii juge-
roit à propos, fi ces matières etoient de fon goût & lui paroif-
foient pouvoir être de quelque utilité. Je le priai en même tems
de vouloir bien remettre mon manuferit à -M. de Bougam-
viile (£)» alors Secrétaire de l'Académie des Infcriptions 8c
Belles-Lettres & auquel jJeus l'honneur d'écrire pour lui recom-
mander ce fruit de mon travail.
Ce que j'adreflai directement au P. De Latour à diverfes
repriies, arriva en France mais M. de Bougainville n'etoit
déjà plus lors de mon dernier envoi & le P. De Latour en
1763 interrompit toute communication avec nous. Ainfi
n'ayant pu favoir quel avoit eté le fort de mes écrits fur la Mufi-
que Chinoife je ne m'en occupai plus, & je dirigeai mon
travail vers des objets que je crus n'être pas tout-à-fait indignes
de l'attention des favans & qui même pouvoient en être bien
reçus parce qu'ils n'avoient point encore été traités par aucun
des Millionnaires mes prédécefîeurs.
L'année derniere ( 1774 ) M. Bignon Bibliothéquaire du
Roi qui neû. pas moifts zelé peur tout ce qui peut avoir quel-
que rapport au progrès des feiences que ne l'ont été lesilluitres
perfonnages de ton nom, qui depuis près de deux ficelés ont
rendu iucoeflivement des fervices fi imponans à lu république

(/•) Ce il 17^4 que ce Ma-


en m
dans fon Code
eau- <!: Muflqui
nuienî a ihc renab à M. de Bou- page 1S9,
gainville félon une note de B.a-
des Lettres eut la bonté de m envoyer un Livre que ] avois
demandé à feu M. Bignon ion Père. Il ajouta à ion envoi uu
autre Livre que je n'avois point demandé, mais qu'il jugea
pouvoir m'ètre ici de quelque utilité à railbn du fujet qu'il
traite & des matériaux qui y l'ont ii judicicuiement employés.
C'eil le Mémoire de M. l'Abbé Rouffur fur la Mujl.juc des
Anciens.
Cet ouvrage l'un des meilleurs & des plus folides à mon
avis qu'on puifTc taire en ce genre m'a éclairé fur une foule
d'objets, même chinois, que je ne f'aiibis qu'entrevoir aupa-
ravant, &: que je n'eut revoy ois qu'à travers les plus épais nua-
ges. Il mefembloit., en le liiant, que j'étois devena l'un des
dilciples du fameux Pythngore ou l'un des initiés dans le
Collège des Pi eues d'Egypte. Quel dommage, diibis-je en
moi-même que M. l'Abbé Roufficr n'ait pas pu fouiller dans les
antiquités des Chinois, comme il l'a fait dans celles des Egyp~
tiens & des Grecs En remontant julqu'à la fource primitive
d'un ivilème de Mufique connu à la Chine depuis plus de
quatre mille ans en approfondifTant les principes fur lefquels
ce iyirême s'appuie; en développant fes rapports avec les autres
feiences; en déchirant ce voile épais qui nous a caché jufqu'ici
la majeftueuie iîmplicité de fa marche, ce Savant eût pénétré
peut-être jufque dans le ian&uaire de la nature pour y décou-
vrir cetre harmonie univerielle qui foumet tout à fes immuables
loix. Tout au moins, il fut parvenu iufqu'au terme de ce tems
heureux où les premiers Inftituteurs du genre humain ont fait
en tout genre les découvertes, qui de la partie orientale du
globe que nous habitons, le répandant de proche en proche
dans le refle de l'Univers, font enfin arrivées non fans beau*-
coup de peine jufque dans nos climats occidentaux.
En réunifiant les lambeaux épars des archives du monde,
ceux fur-tout des plus anciennes archives qui exiftent aujour-
d'hui fur la terre parmi les nations qui l'habitent il eût décou-
vert qu'avant Pythagore qu'avant l'établifieincnt des Prêtres
d'Eoypte qu'avant Mercure lui-même on connoiffoit en
Chine la diviiion de l'oftave en douze demi-tons, qu'on appel-
loit les clause lu que ces douze lu, distribués en deux clafi.es 7
étoient distingués en parfaits & en w. tarfaus fous les noms
y
&yan<r-lu & A'y/i-lu qu'on y connoiffoit la nécefîité de cette
ciiftinftion j & qu'enfin la formation de chacun de ces douze
lu & de tous les intervalles muficaux qui en dépendent, n'etoir.
dans le Syfteme QU'ON Y AVOIT inventé qu'un (impie réi'ul-
tat de la pr ogre filon, triple de douze termes depuis l'unité
jusqu'au nombre 177147 inclusivement (c).
Pouffant fes découvertes plus loin, M. l'Abbé Roufïîer eût
trouve fans doute les véritables raifbns qui ont engagé les Clii-
nois de hi plus haute antiquité, à ne faire mention dans leur
échelle muucale que des cinq tons koung c/iang klo tché
yu qui répondent h fa tjol, la ut re tandis qu'ils avoient
dans ce qu'ils appelloient le picn-koung, répondant notre mi
& le pïen-tché o'dfï, de quoi completter leur gamme, & rem-
plir les prétendues lacunes cjiu paroijfait au premier coup-
d'œil, attendre dans leur j'y 'jtime toujours quelques nouveaux
fons ( d).
Il fe feroit peut-être convaincu par 'lui-même que les rap-
ports que les Egyptiens ont aiîlgnés entre les fons de la Muiique
& les planètes entre les mêmes fons & les douze figues du
zodiaque les vingt-quatre heures du jour, les fept jours de ta
iernaine & autres objets ( c ) ne font qu'une copie informe

(f) Voyez le Mémoire far la ci-après note b c!e la troint:


;M>i!ic;He des Anciens art. 9, p. sy. Partie.
(.) iVicm. fur la Mufique clés
Ane, art. ) § 59 p;i«. 33 &
£v(>.)
iuiy, H.v~
IbU, An, 10 5c 1 1 pag.
f'
IL", 71i
ijotî 16,$ 6y? p-ig. ^y. Voyez
de ce tiui aveit été fait par les Cliinois bien des ficelés avant
que les Egyptiens euiîcnt une diviium du zodiaque en douze
iîgnes avant qu'ils euilent les noms de Saoanth (/') de Satur-
ne èv' tous les antres noms qui pouvoient déiigner ies cliilorens
objets de ces rapports.
Frappé de l'attention fcrupuleuie des premiers Cliinois
dans leur. opérations iur les ions <Sc plus encore clc leur conf-
tance à ne vouloir opérer iur ces mêmes ions qu'an moyen des
inlhumens à vent, M. l'Abbé Rouiiier eût conclu fans doute
qu'ils etoient les Inventeurs de leur méthode. Peut-être eût-
il conclu encore que l'heptacorde des Grecs anciens que la
Lyre de Pythagore que ion inverfion des tétracordes diatoni-
ques, cV la formation de ion grand fyftème (g), font autant
de larcins faits aux Cliinois du premier âge auxquels on ne
peut contefter l'invention de deux anciens initrumens le Khi
£v le Chc (]i) qui réunifient eux feuls tous les fyfrêmes imagi-
nables de Muiique. Ilfe feroit apperçu que les Egyptiens les
Grecs Se Pythagore lui-même n'avoient fuit qu'appliquer
aux cordes ce que les Chinois dil oient avant eux en parlant
des tuyaux.
En examinant de près les différentes méthodes employées
par ces anciens Chinois pour fixer le lu générateur, &:
le ton fondamental de ce lu, M. l'Abbé Rouilïer fe fût con-
vaincu encore que pour avoir ce point fixe cette regle authen-
tique & infaillible que la nature affigne elle-mêmeles Chinois
n'avoient pas craint de fe livrer aux opérations les plus péni-
bles de la géométrie aux calculs les plus longs & les plus
rebutans de la feience des nombres & à une infinité de

(/") Mém. fur la MuGq. des (lï) Voyez ci-apres la Première


Anc.
pag. 94 note c. Partie, art. fixiemc1 touchant le
(Y) ïbid. Art. 3 &4, pag. i<57 Km & le Clu,
1 7 ÔC iuiv.
minutieux
fciîuutieux détails en tout genre au moyen defquels ils ont.
enfin obtenu finon les vraies dimenfions de chaque ton la
-vraie mefure des intervalles qui les confirment & les limitent,
3a légitimité de leur génération réciproque & les chfférens
rapports qu'ils ont néceiTuirement entre eux; du moins ces
approximations fatisfaifantes qui fe confondent, en quelque
forte avec le vrai. Alors je n'en doute point M. l'Abbé
Rouffier plein d'eftime pour les anciens Chinois leur eût
transféré fans peine les éloges dont il gratifie les fages Egyp~
tiens & n'eût pas hérité à leur faire honneur du fyftême très-
étendu qu'il attribue à ces derniers ou à tout autre Peuple-
plus ancien que les Grecs & les Chinois (z).
Son ouvrage fur la Mufique des Anciens nous eut peut-
être fait connoître à fond le plus ancien lyitême de Mufique
qui ait eu cours dans l'univers & en l'expofant avec cette
clarté cette préciiion cette méthode qui ne laiffent pour
ainfi direrien à délirer il eût fervi comme de flambeau
pour éclairer tout-à-la-fois & les gens de Lettres & les
Harmonift.es les premiers, dans la recherche des ufages anti-
ques & les derniers dans celle du fecret merveilleux de
rendre à leur art l'efpece de toute-puiffance dont il jouiiToiî
autrefois & qu'il a malheureufement perdue depuis.
On fait bien en Europe que l'Egypte a eu fon Mercure
( j) Mérn. fur la
note 16 pag. 129.
des Ane.anciens Chinois mais que les
approximations dont parle ici ce
On verra par les notes & les l'avant Millionnaire lont l'ouvra-
obfervations que j'ai jointes à ce ge des Chinois modernes, c'eli-
Mémoire non-feulement que ]ee à-dire la luite des erreurs dans
penfe avec le P. Amiot, que les kfquelles les Chinois paroiffent
vraies dimenfions de chaque ton être depuis deux ou trois ficelé»
¡;
leur génération réciproque en un avant l'Ere chrétienne. Vovcz la
mot que les vraies proportions première & la quatrième obiervu-
Kiulicaîes celles qu'adoptoit Py- îion j à la fin de ce Mémoire,
fhagore font réellement dues aux
fon trois fois grand ( Trifmégifte ) 'qui par la douceur de fort
chant acheva de civilifer les hommes; l'on fait que la Grece a.
eu ton Orphée & fon Amphion qui, par les fons mélodieux
de leurs Lyres pouv oient fufpendre le cours des ruiffeaux, fe
faire fuivre par les rochers enchaîner Cerbere lui-même dans
les Enfers; mais l'on ignore les merveilles étonnantes qui ont
été opérées a la Chine par les Lyng-lun par les Kouci &
par les Pin-mou-kia. Non moins habiles & aufli puilTans que
les Mercures, les Orphées & les Amphions, les Muficiens-
Philofophes de la Chine en accordant leur Kin & leur Chê
à l'uniffon du King (k) par la méthode infaillible de leurs
Lu en tiroient des fons qui pouvoient apprivoifer les bêtes
les plus féroces, & adoucir les mœurs des hommes fouvent
plus féroces que les bêtes.
Quand je fais réformer les pierres fonores qui conzpofert mon.
JR-iNC, les animaux viennent fe ranger autour de moi, &
tref aillent d'aije difoit à Chun l'inimitable Kouei plus de
mille ans avant l'exiilence du fameux Chantre de la Thrace,
s
& environ huit fîecles avant que parût le célèbre fils d'Antiope.
L'ancienne Mufique difent les plus diflingués d'entre les
Auteurs Chinois de tous les âges pouvait faire défendre du
ciel fur la terre les Ejpnts fupérieurs elle pouvoit évoquer les
ombres des Ancêtres Ole. elle injpiroit aux hommes F amour
de la venu & les portoit à la pratique de leurs devoirs, &C
Veut-on f avoir difent encore les mêmes Auteurs (î un
Royaume efl bien gouverné fi les mœurs de ceux qui l'habitent,
font bonnes ou mauvaifes ? Qu'on examine la Mujîqite qui y
a cours.
Ccll
C'ci! rfur-tout à quoi faifoit
(' C fi
attention le grave Confucins ?
en parcourant les différens petits Royaumes qui compofoient
(j/c)Cet infiniment eu. compofé res. Voyez ci-après l'article 3 de
•i*uh aïlortiment de pierres fono- la premiere Partie.
alors l'Empire de la Chine. Les traces de l'ancienne Mufique
n'etoient pas encore entièrement effacées de ton tems. ïl etoit
convaincu, par fa propre expérience, de l'effet prodigieux
que des fons bien ménagés peuvent produire fur l'amc &: fur
toute la conftitution de la machine qu'elle anime. Arrivé dans
les Etats de Tfi nous difent les Hiftoriens de fa vie on lui fit
entendre un morceau de la Mufique Chao c'eft-à-dire de
cette Mufique que Kouei compofa par ordre de Chun &
pendant plus de trois mois il ne lui fut pas poffible de penfer à
autre chofe. Les mets les plus exquis & le plus délicatement
apprêtés ne furent pas capables de réveiller fon goût ni d'exclu
ter fon appétit &c. &c.
Encore une fois quel dommage que M. l'Abbé Rouflîer &
les autres Savans d'Europe ne puiffent pas puifer par eux-
mêmes dans les fources Chinoises, comme ils puifent dans les
fources Egyptiennes & Grecques Que de belles chofes ils
découvriroient J'ai bien fait tous mes efforts autrefois pour y
fuppléer en quelque forte, par la traduction de l'ouvrage de
Ly-koci7ig-ty dont j'ai parlé ci-deffus & à laquelle j'avois
joint tout ce que j'avois puifé moi-même dans divers Auteurs
Chinois touchant la feience des fons. Mais, à juger par les
lambeaux epars qu'on a produits de cette traduction j'ai tout
lieu de croire que mes ecrits ayant patte par plusieurs mains
ont fouffert quantité d'altérations qui les ont défigurés. Rameau
lui-même, qui n'auroit dû prendre pour lui que ce qui concerne
le fyftême Chinois, me fait parler d'un incendie arrivé, h ce quïl
fait entendre, 22.77 ans avant Jefus-Chrift tandis que l'incen-
die dont je parle, ou pour mieux dire dont parle l'Editeur
de l'ouvrage que je traduifois n'eft qu'un incendie particu-
lier, un incendie qui confuma la maiion de l'Auteur, dont
les ecrits devinrent la proie des flammes; en un mot un
incendie arrivé, pour ainii dire ? de nos jours. Sa date cil de
l'année y-ycou vingt-deuxième du Cycle des Chinois, & ia
quarante-troifieme du règne de Kang-hy c'efl-à-dire fuivant
notre manière de compter, l'an 1705 (/). Du refte, je n'ai
pas lu l'ouvrage dans lequel Rameau me fait parler de cet
incendie. Je n'en fuis inftruit que par la citation de M. l'Abbé
Rouflier, note 18 page 135 de ion Mémoire fur la Mufîque
des Anciens (m).
Les poffeffeurs de mon manuferit pourront fe convaincre de
cet énorme anachronifme de Rameau je les invite à lire feule-
ment la premiere page de la Préface du Livre que j'ai tra-
duit (n). Si ceux qui ont publié ce que j'ai dit dans le même

(/) Le cycle dont parle le P. d'après le Manuîcrit du P. Amiot


Amiot, eft le (bixante-qnatorzie- cahier A page 30 où commence
.rne il a commencé en 1684 par la Préface dont il vient de parler,
conséquent la vingt-deuxième, Cette Préface efî de TJîng-tchê
ïtnnée de ce cycle à compter fils de Ly-koang-ty Editeur de
depuis 1684, tombe en 1705. l'ouvrage de fon père c'eft de
(ot) Le Manuferit de M. Bertin Ly-koang-ty qu'il parle.
ajoute Je fuppofe <jus M. l'Abbé « II fit un recueil de tout ce qu'il
Rtmffîcr qui cjï tris-exact dans tout » avoit pu trouver fur l'ancienne
et qu'il dit n'aura point oublié fon » Mufique dans les livres les plus
exactitude dans cette citation. Je dois » eitimés & les plus authentiques;
donc affurer ici le P. Amiot que » il le mit en ordre & le diviia
en
cette citation eft exactement con- » huit parties dont voici les
forme à l'énoncé de Rameau. Je » titres i°. Théorie de la Mufique
viens de la vérifier fur Ion Code » en général; %°. Effets delaMufi-
ili Mufique d'où elle eft tirée ( pag. »-que 30. Explication des diffé--
i 8 9 a ia note). Jeremarque même » rentes efpeces de Mufique;4Q. dus
que le mot- F 'cking dans ma cita- » règles de la .Mufique 50. des
tion efi: ortographié Pékin à la » inilrumens dont on fe fervoit
manière de Rameau. » anciennement dans l'exécution
(n) Comme l'erreur de Rameau, » de la Mufique 6°. de la MufU
touchant l'incendie dont il s'agit » que vocale 70. de la Mufique
ir:'a fait propofer dans mon Mé- » qu'on employoit anciennement
moire, une conjeûure qui ne petit » pour les danfes & la comédie î,.
iubi'iftfr aujourd'hui c'eft une » 8°, de l'ufage de chaque efpece
l
rai Ton de plus de rapporter ici ce » de mufique en particulier.
qui concerne ik. cet incendie, & » L'ouvrage achevé ajoute
l'ouvrage racine ùï Ly-koang-ty » TJîng-tché le feu prit à notre
ouvrage, fur les anciennes cérémonies, tant reiigieufes que
civiles, & particulièrement fur les Danfes qui les accompa-
gnoient, m'ont fait parler à proportion comme l'a fait Rameau
fur l'incendie je prie les Savans de regarder comme fabuleux
& fuppofé tout ce qu'on aura pu avancer à cet égard..
J'ai une autre raifon qui m'engage à leur faire cette prière
elle me paroît affez, importante la voici. Dans le tems que
j'ai écrit fur l'ancienne Mufiquc des Chinois n'ayant ni les
lumières que je puis, avoir aujourd'hui fur cet objet, ni les
connoiffances que j'ai acquifes depuis fur les mœurs les ufages
& les Livres du Pays, ni les fecours en tout genre que j'ai ea
occafion de me procurer je ne puis qu'avoir fait une infinité
de fautes dans mes premiers écrits dans ceux fur-tout où je
me fuis expliqué fur un fujet que très-peu de Lettrés entendent
& dont par conféquent ils n'ont pu me donner alors que des
explications fautives ou peu exactes. Ainfi je le répete l'on
ne doit point compter fur mon manufcrit, i'eût-on fans aucune,
altération &tel qu'il eft forti de mes mains (o). Ceci néanmoins.

M
maifon & confuma dans un M
lefquels en peu de mois en eurent
» inftant le fruit d'un travail im- » achevé la première édition ».
»>• menfe. Ce
fâcheux accident arri- (o) Le P. Amiot veut parler ici
» va l'année du cycle y-yeou. des Préliminaires qu'il a ajoutés à
» L'année Ou-tjïe ( 1708 ) mon fa traduction de l'ouvrage de L\~
? père eut réparé en partie la koung-ty dans Iefquels en lui-
t> perte
qu'il avoit faite. Ii chercha vant les explications des Lettrés
» de nouveau dans les fources où qui l'ont aidé dans ton travail il
» il avoit pvdlé auparavant mais a expofé quelques objets d'une
n comme il ne les eut pas toutes manière différente de ce qu'il éta-
» fous fa main &C qu'il avoit blit aujourd'hui dans ce Mémoire.
t> perdu la mémoire de bien des Mais ces objets font en bien petit
» chofes il racourcit ton pre- nombre, & l'on trouve dans fes
» nùer deffein & le rédtiifit à des Préliminaires quantité de très-
« bornes plus étroites. bonnes choies. A l'égard de fa
( Page 32). » Enfin l'année T'"S~ traduction même je crois qu'elle
»-ovc: ( 1727), l'ouvrage fut mis rend essftemenfle iens de Ly
mais il faut obferyer
w

j> çalre
Içs mains des Impriœeiirs kbang-ty
ne doit s'entendre que de ce qui regarde directement la Mim-
que car pour ce qai efl des cérémonies & des autres objets
dont il y eft fait mention on peut s'en tenir à ce que j'en ai
dit. Les Lettrés Chinois dont je me fervois alors etoient très
en état de me fournir des lumieres à cet égard.
Cependant comme la Mufique Chinoife ou pour mieux
dire comme le fyflême mufical des Chinois eft, à ce que je
crois, plus ancien qu'aucun autre de tous ceux qu'on nous a
fait connoître jufqu'à préfent il me paroît à propos & même
de quelque importance pour les amateurs de la vénérable
antiquité d'en donner une connoiffance auffi exafte qu'il
pourra fe faire, afin qu'on puiffe le comparer avec celui de*
Egyptiens & celui des Grecs.
M. l'Abbé Roufiier a très-bien prouvé que ces trois fyftêmes
ne différent entre eux que comme les différentes parties, prifes
féparément, different de leur tout; i mais il n'a pas auffi bien
prouvé, ce me femble, que le tronc du fyftême général de
ce grand fyftême dont les fyftêmes particuliers des Grecs &
des Chinois ne font que les branches eût fa racine autre part
que dans la Grece ou la Chine.
Comme ces fortes de faits ne fe devinent pas (p) Se qu'il n'a
eu entre les mains aucun monument qui pût lui fervir d'appui
que cet Auteur, outre qu'il a rai qui font à la fin de ce Mémoire
femblé dans fon ouvrage divers mais en abandonnant l'explication
textes de doftrines contraires de Ly-koang-ty lorfqu'elle m'a
s'eft trompé encore lui-même quel- paru fauffe ouerronnée. On pourra
quefois dans les explications qu'il juger par la pureté de doftrine
joint à ces textes. Cependant cet énoncée dans les textes que j'ai
ouvrage de Ly-koang-ty n'en eft rapportés qu'en général la tra-
pas moins précieux pour cela. dudnon du P. Amiot eft exacte
Parmi les textes qu'il renferme & que fon Manufcrit ne fera pas
il y en a plufieurs qui nous tranf- inutile à ceux qui 'auront prendre
snettent l'ancienne doctrine des le vrai où il fe trouve.
Chinois. Je me fuis appuyé de (/>) M cm. fur la Mufiq. des Ane.
quelques-uns dans les obiervations pag. 61,
pour une affertion dans les formes, il n'en parle que comme
d'une chofe qui lui paroît très-probable. En affurant donc que
le fyftême très-étendu d'où dérivent tous les fyftêmes parti-
culiers a pris fon origine che\ les Egyptiens ou cher tel autre
Peuple quon voudra, pourvu qu'il fut plus ancien que les
Grecs & les Chinois (q°) il ne veut nous donner que fes cou-
jeétures ou nous préfenter des conféquences déduites des
principes qu'il établit il nous laiffe libres de penfer ou de ne
penfer pas comme lui»
Il feroit heureux pour moi & je crois de quelque utilité
pour la république des Lettres fi je pouvois fournir à M. l'Abbé
Rouffier ou à quelqu'autre Savant dans fon genre de quoi
confeater que les Chinois font auteurs du fyftême de Mufîque
qui a cours chez eux que ce fyftême date du commencement
même de leur Monarchie, c'eft-à-dire au moins 2637 ans
avant l'Ere Chrétienne & que s'il a été altéré ou tronqué
dans des fiecles poftérieurs c'eit que les principes fur lefquels
il eft fondé n'ont pas toujours été connus ou que fe trouvant
mêlés avec des Sciences vaines & abfurdes telles que la
Divination par les nombres & l'Aitrologie judiciaire les
vrais Savans les ont négligés. Une autre fource de l'altération
ou peut-être de la corruption de ces principes c'eft que les
Chinois ayant eu de tout tems un fyftême universel, lié dans
toutes fes parties & auquel ils rapportent tout tant dans le
politique que dans le phyfique & le moral, ils ont voulu, de
quelque manière que ce fût faire quadrer toutes les règles &
îous les détails qui ont rapport à la Science des fons avec les
détails & les règles qui concernent leurs autres feiences &
qui ont lieu pour tous leurs ufages religieux & civils.
Si l'on vouloit donner feulement un abrégé de ce qu'ils ont

(%q) Ibld, Note 16, pag. 119 & art. 5 § 60 2 61,


écrit fur ce fyftême qu'ils prétendent être fondé fur les ïoix
immuables de l'harmonie univerfelle il faudroit, à leur exem-
ple, compofer un grand nombre de volumes; mais comme
ce n'eft pas ici mon objet, je me contenterai de rapporter les
principaux traits qui cara&érifent leur Mufique & ces traits
'je les emprunterai des monumens les plus authentiques de la
Nation. J'en conclurai, & j'efpere que nos Savans le concluront
avec moi, que les Egyptiens n'ayant pu communiquer aux
Chinois un fyftême de Mufique antérieur 4e plufieurs fîecles
à la Lyre de Mercure {/) & ce fyftême étant lié avec les
autres connoiffances qui donnent à une nation fon exHlence
morale & politique, il s'enfuit néceffairement que les Chinois
font cette nation ancienne,' chej laluelle 7:p/Z-/t;K/e/7!ë/Zt l~s
Grecs mais la nation Egyptienne elle-même, ont puifé-les dé-
mens des Sciences & des Arts qui ont été tranfinis enfuite aux
peuples barbares de l'Occident.
Cette conféquence placée à la fuite de celle que j'ai déjà1
tirée dans ma differtation fur l'antiquité des Chinois, prouvée
par les monumens {s) fera la dernière par laquelle j'appuie-
rai mon opinion. Je fens bien qu'une foule de vérités Chinoises
quime font démontrées, pourront ne paffer que pour des para-
doxes auprès de ceux qui ne voient qu'à travers leurs pré-
jugés. yNe pouvant leur donner ce coup-d'œil ceta£l? cette
maniere d'envifager, de fentir & de juger, qui ne s'acquierent
qu'à la longue, avec beaucoup de peine, & dans le pays
même je leur préfenterai du moins les principaux monumens
d'après lefquels ils pourront exercer leur fagacité & faire
ufage de leur critique.
S'il eft des écrits, qui, pour être goûtés & pouvoir être

(V)Mcm. fur la Mufique des (Y) Voyez le fécond volume


Anc. art. i pag. 1 1 & troifieme de ces Mémoires pag. 6.
pbfcrvation § 60 pag. 33.
compris, comme ils doivent l'être exigent de la part de ceux
qui les lisent une attention toujours fuivie ce font en particu-
lier ces fortes d'ouvrages, qu'on regarde comme peuïntéref-
Iàns en eux-mêmes, & qui ne roulent que fur des vérités
feches dont les détails n'offrent rien d'?mufant pour l'imagi-
nation. Ce que j'ai à dire dans ce Mémoi. e fera ibuvent de ce
genre; 1 y des matières qui demandent de l'attention, de La
patience & quelquefois une certaine contention d'efprit. 11
faut, en particulier fe faire aux idées des Chinois fe mettre
pour ainfi dire à leur ton (t on veut les entendre.
Qu'on ne s'effraie point à la vue du grand nombre de figu-
res que préfement les planches & dont j'ai cru devoir accom-
pagner ce Mémoire. Elles m'ont paru néceffaires pour faciliter
l'intelligence de ce qu'on n'aurait peut-être pas compris fans
leur fecours.
Quant à cette multitude de noms & de mots etrangers à
notre langue qu'on trouvera pour ainfi dire à chaque pas
dans ce Mémoire, il ne m'a pas été poffible de leur fubftituer
des mots franc ois qui exprimaffent la même chofe. J'ai eu foin
cependant de donner toujours l'explication des termes Chinois,
lorfque cette explication m'a paru néceffaire pour l'intelligence5
de ce que j'avois à dire.
Dans l'incertitude de l'ufage qu'on pourra faire de ce
Mémoire je me fuis déterminé à en envoyer deux exemplai-
res écrits l'un & l'autre de ma propre main, l'un à M. Bignon
pour la Bibliothèque du Roi & l'autre à M. Bertin, Mimftre
& Secrétaire d'Etat protecteur non moins éclairé que zélé
>
des différons objets de la Littérature Chinoife. J'ai joint à
chaque exemplaire deux cahiers de Planches l'un écrit en
carafteres Chinois l'autre en François. En comparant celui-ci
au premier, on verra que les figures font exactement dans le
eoftume chinois, & que je n'ai fait que tranferire en François
3
ce que les Chinois expriment fur ces mêmes figures par
leurs caractères.
Comme l'exemplaire que j'adrefîe à M. Bertin efl le der-
nier que j'ai ecrit j'ai fait quelques petites corrections & un
petit nombre d'additions qui n'intéreffent en rien le fond ni
l'efîentiel de l'ouvrage on pourra y avoir égard fi l'on veut (t).
Cet exemplaire augmentera le nombre des curiofités Chinoi-
fes qui font dépofées dans le cabinet de ce Miniftre & afin
qu'il puifle avoir place dans ce cabinet, à titre de curiofité?
3
je l'accompagne de quelques inftrumens de Mufique des plus
anciennement inventés.
Le premier efl un Km à fept cordes non tel que ceux
d'aujourd'hui, mais comme les Km du tems de C/um, de
Yao de Hoang-ty & de Fou-ki lui-même. Il eft fait d'une feule
pièce de bois. J'en ai donné la tablature dans le cours du
Mémoire (u).
Le fécond inftrument eft un K'mg ifolé, c'eft-à-dire une
feule pierre fonore du nombre de celles qui etoient placées
en-dehors de la falle, & qui ne fervoient que pour avertir
foit les Danfeurs foit les Muficiens, quand ils dévoient com-
mencer ou finir, les uns quelque évolution les autres quelque
partie d'un Hymne d'un Chant &c. foit enfin pour donner
d'autres fignaux femblables.
Le troifieme des anciens inftrumens que j'envoie } eCt celui
qu'on appelle Cheng. On en trouvera la defcription à l'arti-
cle 9 de la premiere Partie de cet Ouvrage fur chaque tuyau
de rinrtrumenî j'ai écrit le nom du ton qu'il donne.
A ces curiofités antiques j'ajoute une pièce moderne, non
moins digne d'occuper une place dans le cabinet de M,

(/) C'efî l'exemplaire de M, {h) Voyez l'article 4 de la troï-;


Bertin qu'on a huvi principale- fieme Partie,
ment dans cette édition,
Bertin à qui je l'envoie. C'eft un Diapafon fait au com-
mencement de ce fiecle par l'un des Fils de l'Empereur
Kar>v-hi. Ce Prince etoit à la tête des tribunaux de la Littéra-
ture 6k des cérémonies de l'Empire, lorfqu'il fit lui-même,
ou qu'il fit faire fous fes yeux le Diapafon dont je parle t
c'eft un bâton d'un peu plus de deux pieds & demi & d'en-
viron quinze lignes de diamètre fur lequel on a gravé les
dhneniîons des principaux inftrumens de la Mufique Chinoife

& leurs divifions réciproques pour leur faire rendre avec
jufleffe les fons qu'on en veut obtenir. Ce Diapafon ou bâton
harmonique., eft une efpece d'abrégé de tout le fyftême muii-
cal. On conçoit comment un grand Prince qui avoit fous fes
ordres les Savans les plus diftingués de l'Empire & tous les
Ofliciers qui préndent aux Rits & à la Mufique a pu faire
lui-même un modèle de proportions un bâton harmonique
s
qui renfermât en fubftance tous les principes fur lefquels on
fonde la fcience des tons.
On voit par-là combien les Sciences & les Arts doivent être
en honneur dans ce vafte Empire puifque les plus grands
Princes & les Souverains eux-mêmes ne dédaignent pas de
s'en occuper férieufement (x).
J'ai donné fur un tableau à part l'explication françoife de
tout ce qui eft marqué en Chinois fur le bâton harmonique
& afin qu'on pût avoir les dimenfions juftes des inftrumens qui
y font défignés j'ai tracé à côté de cette explication le pied
(.r) On peut ajouter à cette membre du premier Tribunal des
réflexion du P. Amiot que les Lettrés de l'Empire auxquels on
deux Auteurs qu'il a fuivis par- peut joindre le Prince Houi-nan-
ticulièrement dans fon Mémoire ifu cité affez fouvent dans le
{Voyez l'article i de la premiere cours de cet Ouvrage. Voyez la
Partie ) font le Prince Tfai-yu note s de la feconde Partie & le
de la famille Impériale des Ming texte auquel fe rapporte cette
& Ly-koang-ty Minifire d'Etat & note» art, 5.
Ci]
fur lequel elles ont été prifes. Ce pied eft calqué exactement
fur l'étalon clépofé dans [es Tribunaux.
Si ceux qui liront ce Mémoire fans préjugé & avec l'atten-
tion requife ne fe forment pas une idée brillante du fyftême
de Mufique des Chinois, ils fe convaincront du moins que
c'eft un fyftême qui leur eft- propre. Si dans îa manière dont
je l'ai préfenté ils trouvent des détails inutiles des répétitions
tandis que j'omets peut-être despoints effentiels,ou que je n'infiile
pas affez fur le fond & les preuves du fyiîême ils doivent m'ex-
eufer en faveur des monumens que je leur tranfmets, monu-
mens uniques & de l'antiquité la plus reculée qu'on connoiïle.
D'ailleurs j c'eft ici un Mémoire, & non un Traité en forme fur
la Mufique Chinoife. Dans cette extrémité du monde où je
ne faurois acquérir les connoiflances néceffaires ni me procu*
rer les fecours dont j'aurois befoin pour pouvoir compofer un
ouvrage complet, j'ai cru que c'etoit bien affez pour moi que
de fournir des matériaux aux Savans d'Europe qui font en etat
d'en tirer parti.
Ce que j'ai eu principalement en vue en travaillant fur un
fujet iî peu connu jufqu'ici, a été de fournir des objets de
comparaifon entre les Chinois & les autres Peuples & fur-
tout entre ces mêmes Chinois & les Egyptiens, afin que s'il fe
trouve entre ces deux Peuples des refîemblances qui puiffent
faire conclure raifonnablement que l'un a eté formé par l'autre
P

on ne prive pas de l'honneur de la primauté celui à qui il appar=


rient inconteftablement.
AMIOT Millionnaire à Péking l'an de
J.C. 1776, du règne de Kien-long
la quarante-unième année.

Je mets ici le Catalogue des Livres Si autres ouvrages où


(e trouvent les matériaux qui om fervi à compofer ce Mémoire,
C'cit moins pour la iatisfachon des Savans a'Europe que
pour celle des Miffionnaires à venir qui pourr oient être tentés
de traiter le même fujet. Ce fera leur épargner la moitié de la
peine que de leur incliquer les fources où ils peuvent puifer.
Tout extraie de cet ouvrage qui ne fera pas exacleiner.t
conforme à l'exemplaire de M. Bertin ou à celui de la Biblio-
thèque du Roi, doit être regardé comme n'ayant pas été fait
fur mon Mémoire. Je prie ceux qui voudront en faire ufage f
de fe conformer fcrupuleufement à h manière dont j'écris les
mots chinois. Je les écris comme on les prononce à la Cour
& dans la Capitale, Ceux qui les écrivent d'après les Diction-
naires faits dans les Provinces font à-peu-près comme ferok
un Gaicon qui ecriroit les mots françois de la manière don;:
on les prononce dans fon pays.

CATALOGUE
JDes Ouvrages ou fe trouvent matériaux qui ont
les
fervi h la compofîtion du Mémoire fur la Mufiauc
des Chinois,
s3
ï je donne ici la lifte des principaux Ouvrages où Ton peut
trouver les matériaux qui ont fervi à la compofîtion de ce
Mémoire } ce n'eu, pas feulement pour faire voir que j'ai puifé
dans de bonnes iources; c'eft encore pour épargnera ceux
qui voudront travailler fur le même fujet la peine qu'ils fc
clonneroient de chercher ailleurs. Je n'écris que les {impies
îitres en termes originaux, & je les diftingue par des chiffres
correfpondans à ceux que j'ai ajoutés aux titres écrits en
caractères chinois, Tous ces Livres ont été recueillis avec foin
fous la Dynaftie des Ming. Us ont eté abrégés & donnés au
Public fous le règne de Ouan-ly. Cette compilation eft intitu-
lée Lu tfou tfan kao c'eft-à-dire Examen critique des Livres
de Mujique.
§. L

Livres faits par ordre des Empereurs & dans lefquels on n'a,
employé que ce qu'il y avoit de plus authentique dans les
ouvrages jur la Idujzque.

i. Ta-ming ki ly.
z. Ta-ming hoei tien.
3. Tilng pan ou King, fee-chou ta tfiuen.
4. Tfing pan fîng ly ta tfiuen chou.
5. Tinig pan iy tay toung kien tfoan yao.
6. Tfing pan ly tay ming tchen tfeou y.

S- H.
Livres qui traitent en même tems des Danfes & de la Mujîqufr

7. Tcheng tfou yu tché hiuen kiao yo tchang pou.


8. Che tfoung yu tché hiuen kiao yo tchang pou.
9. Tien ty, tan, ta fee yo tchang pou.
10. Tay-miao ou fiang yo tchang pou.
1 1.
Ouang fou kia miao yo tchang pou.
1 2.
Ouang fou leang tan yo tchang pou.
1 3.
Sien ché miao y tien ly tou.
1 4.
Koung miao pao tfoung ly yo tou.
15. Ta tcheng yo ou pou.
\6. Tay tchang tfoung lan pou.
17. Hing tao tchang pou.
18. Pou hiu tfee pou.
î9- Ou koung ou pou.
20. Ouen tê ou pou.
§. IIL
Livres qui contiennent ce qu'il a de plus effamei à favoir fur
y
l'ancienne Mujîque & un examen c, itique dz tout ce qu'en

ont écrit les différens Auteurs fous chaque Dynajiie,

2.1. l,
Hoang ming lei tchao ming tchen tfcou y.
H 1 1 e-

2.2. Hoang ming ming tchen king ki lou,


23. Kieou joui ta hio yen y pou.
24. Hia yen teng {y pou tfeou y.
25. Lieou king tou choue.
2.6. Tchang ngao tfm lu tou choue,
27. Lu jan clic yo tou pou.
28. Nio tao nan lun ko ché.
29. Ouang cheou jin lun ko ché,
30. Ouang ting fiang lu-Iu lun,
3 1. Ki. pen yo lu
tfoan yao.
32. Ki pen lu-lu pié chou.
33. Ho tang yo lu koan kien,
34. Hoang tfouo yo tien.
35. Han pang ki tché yo.
36. Han pang ki lu-lu tché kié^
37. Ly ouen ly lu-lu yuen cheng.
38. Hoang ki tfîng yo lu koang kien,
39. Tchang ou lu-lu fin choue kié,
40. Ly ouen tcha lu chou pou tchoUo
41. Ly ouen tcha hing yo yao lun,
42.. Ly ouen tcha kou yo tfien ty.
43. Ly ouen tcha tfing koung yo tiao,
44. Lieou lien yo king yuen y.
45- Lieou lien kieou tai yo tchang.
46. Chao koung tchou kou yo y.

IV.
'["
§.

Z~7'<
Livres qui traitent en
g/2 particulier a'c
y 1 Km &
de l'iifage du Kîil
depuis l'antiquité la plus reculée jufquaux tems où ces
r
.c du CKc
Ghc
»

Livres ont été écrits.

47. Heng fou kao tang ouang chê pou.


48. Lieou yun chê pou.
49. Kou tchouen kin pou.
l) o. Chen ki mi pou.
ij1
Tay-kou y yn.
5 2..
Kin joan ki mong.
53. Sien ko yao tché.
54. Tchoung ho fa jen.
55. Y fa kin pou.
56. Tchan tchou kin pou.
57. Hoang fîen kin pou.
58. Siao loan kin pou»
S- v.
Uvres qui traitent en particulier de la Mujîque employée pendant
les cérémonies de l'exercice de la flèche du fejlin folent*
nel ? &c

ffîj.Tchan jo choui cheng hio ko ou toung.


60. Tchan jo choui eulh ly king tchoan tfê.
61. Tchan jo choui ting yen chê ly y.
<d£. Han yo koang fîang chê ly y kié.
63. Tcheou fou toung chan chou yuen y kié.
S. VI.
Livres qui traitent du calcul du diamètre & de la circonférence.

64. Kou yng fiang tsê yuen liai kin£ fen Iei y chou.
6j. Tang chun tchê hou ché keou kou joung fang yuen lun,
66. Sing yun lou, hou ché keou kou ko yueafoan fa.
S- VIL
Livres qui traitent des mefures employées pour la conjîrucdion
des Lu, & en général de toutes fortes de mefures

67. Ta-ming y toung tché.


68. Ko cheng toung tché ki fou tcheou fien tché.
6y. Ko cheng fiang ché lou yo lu tcheng tsê.
Outre les Ouvrages mentionnés dans ce Catalogue on a
encore mis à contribution les treize King ( che-fan king ) les
vingt-une hiftoires ( Eulh che y che ) c'eft-à-dire toute
l'hilloire depuis Fou-hi jufqu'à la Dynaftie des Ming. D'où il
faut inférer qu'on n'avance rien fur la Mufique des Chinois
qui ne foit pris de leurs meilleurs Auteurs & des Ouvrages
les plus authentiques de la Nation.

*{ Ici ejl placé dans les deux JAanufcnts9 le même Catalo-


gue écrit en caractères Chinois & contenant les G<) Titres de
Livres dont on vient de voir l énumération.
AVE R TISS EMENT.
§ ,E
Manufcrit du P. Amiot contient cent
dix-huit planches chaque figure y forme une
planche & le plus fouvent l'explication de la figure
efl fur la planche même. Pour ne pas fùrcharger ce
Volume d'un fi grand nombre de planches on a
d'abord imprimé à part toutes les explications“
afin de pouvoir réunir plufieurs figures dans une
même planche. Ces explications forment un corps
à la fuite du Mémoire, & précedent immédiatement
les planches. En fécond lieu on a fupprimé celles
des figures qui n'etoient que la reprétentation d'un
même objet fous des grandeurs différentes, ou la
continuation d'un même fujet dont la premiere
figure (uffit pour donner l'idée., Mais l'on a confervé
à chaque figure le même numéro qu'elle porte dans
le Manufcrit, fous le titre de planche. On a feule-
ment changé, dans cette édition le mot de planche
en celui de figure, à caufe de la réunion de plufieurs
figures dans une même planche. Ainfi ce qu'on
appelle ici figure t figure z &c. foit dans le corps
de l'Ouvrage foit dans les explications, répond à
planche i planche z &c. du Manufcrit du P,
Amio t,>
MÉMOIRE
SUR LA MUSIQUE
DES CHINOIS,
TANT ANCIENS QUE MODERNES;
Par M. A M I O T Miffionnaire à Pékin.

PREMIERE PARTIE.
A R T I C L E P R E M I E R.
D v Son en général.
DE tous les tems les Chinois ont regardé le fon comme un
bruit ifolé qui a un éclat plus ou moins fort, plus ou moins
clair de plus ou de moins de durée conformément à la na-
ture du corps qui le tranfmet mais qui n'étant point encore
fournis à la mefure & aux regles qui condiment le ton, n'a
befoin, pour devenir tel, que d'être circonfcrit dans les limites
qui font fixées par les loix immuables de ce qu'ils appcllem
~u ( y ).
(i) J'expliquerai en fon lieu ce douze Lu fur l'application deï-
que c'eft que Lu («). En atten- quels les Auteurs Chinois ont
dant, ceux qui 1 lient peur s'mi- beaucoup varié ne font autre
tniire, peuvent ne prendre d'abord chofe dans le i'ens primitif de
qu'une îimple idée de cet Ouvrage, leur inititution qu'une lérie de
& referver leur attention pour douze fois fondamentaux gardant
une féconde ledure qui leur entr'eux la même proportion,
développera ce qu'ils n'auront vu comme feroit une férie de Quar-
que fuperfkiellement dans la pre- tes de Quintes ou de Dou^jtmzsy
mière. Au refte on ne doit pas car il n'y a que ces intervalles
perdre de vue en lifant ce Mé- confonans qui puiflent être des
moire que mon principal objet Principes des Loix des mefures
étant de faire connoître un iyftême du fort. Ainfi la férie des confo-
purement chinois j'ai dû en nances fi mi la rc Sic. ou fa,
empruntant les idées & le langage ut fol rc &c. conçues comme
même des Chinois nvenoncer Quartes ou comme Quintes ou
ibuvent comme le feroit un Chi- comme Douzièmes fort en mon-
nois qui expliquerait lui -même tant, l'oit en defeendant» eft une
fon fyltème. féne de Lit.
(.;) Comme cette explication Cette férié pouffée jufqifau
dépond de la lecture attentive de nombre de douze Lu, comme ,fi?
plusieurs articles de la féconde mi la re ,Jol ut ,ja ,Jl c mi \>
Partie de cet Ouvrage j'ai cru la b rc fol \i ou fa ut fol
devoir prélenter ici une idée des re lu mi fl, fa ut fol
Lu. Je commence par l'interpréta- k% la ->? forme cette règle inva-
tion du mot Lud'après le maiiuf- riable du Ion ce modele, & pour
crit fur la Mulique que le P. amfi dire, cette mafurc qui doit le
.Amiot avoit autrefois envoyé en constituer ton muiïcal.
France 8c dont il eil parlé à la Les t"yaux qu'on fuppofe ren-
page 5 du Diicours Préliminaire. dre ces fons ainfi détermines 9"
« Le mot ou la lettre Lu font également appelles Lie; ainfi.
pris
it en lui-même & dans toute fa le Ion re par exemple conçu
si lignification veut dire Prin- dans certaines proportions, rela-
jt clpc Origine Loi Mefurg Rc- tivement à la férie de confonances
»gL-,&cc."y> Traduction :de l'Ou- dont il fait partie
ou bien le
vrage de Ly-Koang-ty Prélimi- tuyau qui rend ce même n font
naires, cahier^ page i^. l'un & l'autre la régie le /.?/,
Les Chinois admettent douze le modèle d'intonation pour tous
Lu comme on le verra à l'arti- les re qu'on peut former foit ci la
cle i de Sa féconde Partie. Ces voix ioit fur des inïtmmens. Il ca
De tout tems encore ces mêmes Chinois ont diftinguc huit
efpeces différentes de fons & ont penlé que, pour les pro-
duire, la nature avoit formé huit fortes de corps fonores fous
lefquelles tous les autres pouvoicnt fe claffer. Ces huit fortes
de corps fonores font la peau tannée des animaux la pierre
le métal, la terre cuite la foie, le bois le bambou & la calc-
baffe. Cette divifion difent les Chinois, n'eft point arbitraire;
on la trouve dans la nature quand on veut fe donner la peine
de l'étudier. Elle découle comme naturellement ajoutent-
ils, de la doctrine des trigrammes de Fou-iù (£). Ainfi que
ces trigrammes elle a ion principe dans le nombre 3 qui défigne
ici les trois principaux règnes de la nature l'animal le végé-
tal & le minéral & elle eft limitée par le nombre 8 nombre
qui Gompofe aufîi la totalité des trigrammes. Comme tout ce
qui eft dans la nature difent encore les Chinois tient aux
trigrammes de même chacune des huit efpeces de fons eft
engendrée par un trigramme particulier & eft analogue à
tout ce que ce trigramme repréfente. Voye^ dans les Planches
la figure 1 & fon explication,
C'eft ainfi qu'en voulant tout rapporter aux trigrammes &
tout expliquer par leur moyen les Chinois plus modernes
ont tellement obfcurci les principes de la Muiique, qu'il feroit
difficile d'en retrouver les traces fi une certaine claffe de
Lettrés, par un attachement inviolable pour tout ce qui venoit
des anciens ne nous eût confervé ces mêmes principes fous
leur premiere forme.

eft de même des autres Lit qui de trois caraôeres ou fignes qui
font toujours le type des intona- ne confiaient qu'en de {impies bar-
tions préciles de chaque intervalle res, fou entières comme –
muiical ibit ton loit demi-ton i'oit coupées 3 dont on
lbit tierce &c. verra l'uiage dans la i'ecende Par-
(Z>) Ces trigrammes font com- tie de cet Ouvrage,
poiés comme leur nom le porte
Le défordre général que firent naître dans 1 Empire les guer-
res prefque continuelles dont il fut agité pendant près de quatre
fîecles après l'extinftion des Han les mœurs des Tartares
que ces mêmes guerres introduifîrent dans les Provinces les plus
voulues de ces Peuples, & la préférence qu'on y donnoit aux
armes fur les Lettres firent négliger l'étude des anciens prin-
cipes de laMufique. Mais dans lesProvinces méridionales quel-
ques Lettrés du premier rang s'attacherent à conferver les an-
ciens ufages dans toute leur pureté & comme IaMufique tenoit
à la plupart de ces ufages, ils la conferverent pareillement telle
qu'ils l'avoient reçue de leurs ancêtres. Ils ne changerent rien
aux Inftrumens ils s'appliquerent au contraire à développer
la méthode fuivant laquelle ils etoient conftruits & en les
comparant avec ce qui en efl dit dans les Livres les plus au-
thentiques, avec les descriptions faites dans les premiers tems
j.
& avec ce qu'une tradition non interrompue leur afluroit avoir
eté déterminé par Hoang-ty lui même ils fe convainquirent
qu'en fait de Mufique comme en toute autre chofe ce qui
leur venoit des anciens etoit préférable à ce qu'introduifoient
chaque jour les modernes. Si en fouillant dans les Livres &
dans les Mémoires particuliers qui traitoient des lu ils n'y
découvrirent point encore ce principe qui en eft la bafe & fur
lequel les premiers inventeurs avoient appuyé tout l'édifice
mufical, ils mirent du moins par leurs écrits ceux qui de-
voient venir après eux dans la voie qui pouvoit les conduire
à cette découverte.
Après l'extinction de toutes ces petites dynafties qui régne-
rent depuis l'an de Jefus-Chrifl 265 jufqu'à l'an 61 8 l'Empire
réuni fous la domination d'un feul Souverain fembla vouloir
reprendre fon ancienne fplendeur. Les illuftres Princes de
la race des Tang en accordant aux Lettres une proteclio^
dont elles avoient été privées pendant les quatre fîecles pré-
cédens, les firent renaître pour ainfi dire en les tirant de
cette efpece d'oubli dans lequel elles etoient comme ensevelies.
Parmi les Lettrés qui s'appliquèrent à débrouiller le chaos de
l'antiquité deux favans, Sou-fieou-fun 8c Tchang-ouen-cheou
s'occupèrent de Mufique. Ils donnèrent par extrait ce qu'il y
avoit de plus effentiel dans les ouvrages des Auteurs qui les
avoient précédés & en particulier de King-fang qui floriffoit
vers l'an 48 de l'ère chrétienne, & de Lin.-tchcou-k.Uou con-
temporain & ami de Confucius.
Sous les cinq petites dynafties poftérieures qui gouvernerent
l'Empire après les Tang c'efl-à-dire depuis l'an 907 jufqu'à
l'an 960 la Chine redevint guerriere & la Mufique fe cor-
rompit ainfi que les moeurs.
Vinrent enfuite les Soung. Sous les Empereurs de cette illuftre
race les fciences reprirent une nouvelle vigueur. On ecrivit
fur tous les genres ? mais félon les faux principes qu'on s'étoit
faits. La. plupart des Lettrés rejetterent tout ce qu'ils n'ente n-
doient pas, ou dédaignèrent ce qui leur parohToit trop iimple
parmi les découvertes & les travaux des anciens. Pour faire
parade d'érudition quelques Auteurs parlerent avec emphafe
de divers Inilrumens des anciens mais fans toucher à rien qui
eût trait aux principes fur lefquels ces Inïîrumens avoient été
conftruits. D'autres ont décrit fort au long les dimenfions des
divers lu mais tout ce qu'ils en ont dit ne fauroit faire con-
noître le principe de ces dimenfions le principe des lu. Auffi
ont ils paiTé fous filence ce qui concerne le fon conhdéré
comme ton muucal comme circonfcrit dans telles ou telles
limites par le principe des lu.
Laiffant à part ce principe ce tronc du grand fyftême je
veux dire la progreflion triple pouffée jufqu'à douze ter-
mes (c) ils ne s'attachèrent qu'à des petites branches fépa-
rées, à des fyftêmes particuliers & même à des parties de
fyitêmes parce qu'ils pouvoient en déduire avec plus de faci-
lité tous les rapports qu'ils croyoient devoir fe trouver entre
les trigrammes de Fou-hï & tout ce qui eft dans la nature. C'eft
ainfi qu'en voulant faire honneur aux anciens de leurs propres
idées, ils travaillèrent, fans le favoir., à leur ravir la gloire
d'avoir trouvé le vrai fyftême de la Mufïque.
Quelques Lettrés fe préferverent de la contagion & laif-
fant aux anciens leurs combinaifons leurs allégories, non feu-
lement ils ne leur en fuppoferent pas de nouvelles mais ils
prouvèrent que celles dont les anciens avoient fait ufage
n'etoient, à l'égard des principes, que des acceffoires & des
objets de furérogation. C'eft à ce petit nombre de Savans que
la poftérïté eft redevable de plufieurs monumens antiques qui
ont été confervés fans altération tels font en particulier quel-
ques Livres fur la Mufique qu'ils ont arrachés à la faulx du
tems, en les faifant réimprimer tels qu'ils etoient fans vouloir
s'en faire.accroire en les interprétant à leur maniere.
C'eft dans ces fources, ainfï que dans les Livres claffiques &
dans les Mémoires qui ont fervi pour la compofition de

(c) La progreffion triple pouf- fous des formes différentes. Or,9


fée jufqu'à douze termes, comme ce principe pour achever de le
i 3 9 27 &c. eft l'exprefllon bien faire connoître dès à préfent,
numérique d'une férie de confon- n'efl jamais autre chofe, de quel-
nances, appellées Douzièmes dont que maniere qu'on le repréfente
la Quinte & la Quarte font l'image. qu'un affemblage de confonnances
Voyez ci-devant note a. Ainfi l'on de même genre de même nature
peut dire que la regle d'une férie & d'une égalité inaltérable de
de douze termes en progreffion proportions. C'eft-là. la bafe du
triple la règle des Lu, ou la regle •fyftême des anciens Chinois qu'il
d'une fuite de fons à la quarte à faut bien diflinguer dans ce Mé-
la quinte ou à la douzième l'un de moire, des principes, ou pour
l'autre font une feule & même mieux dire des erreurs des Chi-
règle un feul & même principe nois modernes,
l'hifloire des trois premières dynaitics, que Filimlre Prince Tfai-
yu, de la famille Impériale des Ming; aidé des plus habiles Let-
très de ton tems, puifa le vrai fyftême de l'ancienne Mufique
Chinoife qu'il a développé dans un ouvrage fur les lu ( z )“
C'eft de ces mêmes fources que le célèbre Ly-koang-ty a
tiré les lumières qui l'ont éclairé dans la composition de l'ou-
vrage qui fut publié, fous le règne de Kang-hi fur le même
fujet (d)i & c'eft dans les écrits de ces deux favans Auteurs
que j'ai pris moi-même une partie des matériaux dont j'ai
compofé ce Mémoire. Je n'ai pas vérifié leurs citations, parce
qu'il m'eût fallu recourir à des Livres qui ne fe trouvent guere
que dans la Bibliothèque Impériale mais on peut s'en rap-
porter à la fidélité & à l'exactitude de ces deux Auteurs.
J'ai trouvé dans leurs ouvrages & dans tous ceux qui parlent
de Mufique que du tems même de Yao & de Chun on diftin-
guoit huit fortes de fons, produits par autant de corps fonores
différens & qu'on avoit des Inftrumens particuliers défîmes
à faire entendre ces huit fortes de fons. J'y ai trouvé encore
que dès ce même tems on avoit fait des recherches pour obte-
nir le ton propre de chacun de ces huit corps fonores afin
de pouvoir en tirer ces modulations ravivantes feules capa-
bles de charmer tout-à-la-fois & l'oreille & le coeur.

( x ) Cet Ouvrage en: intitulé manufcrit qui contient la traduc-


Lu-lu-tfng-y c'eft-à-dire expli- tion de cet Ouvrage faite par le
cation claire fur ce qui concerne les P. Amiot, m'a etc confié en 1770,
Lu. Le Prince Tfai-yu le préfei-ita J'en ai cité divers partages dans
à l'Empereur Ouan-ly à la troi- une Lettre touchant la divilion du
iieme lune de l'année P'mg-chen Zodiaque, inférée dans le Journal
trente-troifieme du cycle & la des Beaux-Arts & des Sciences
vingt-quatrième du règne de cet par M. l'Abbé Aubert mois de
Empereur c'eft-à-dire Fan 1 596. Novembre 1770. Voyez cette mê-
(<i) L'Ouvrage de Ly-koang-ty me Lettre imprimée à part p. 7
a paru en 1717. Voyez note n du oupag. 103 du Journal.
Difcours Préliminaire, page 1 2. Le
Les Chinois font peifuadés en général que, quoiqu'on puifie
tirer de chaque corps fonore tous les tons de la Muiîque il
eil cependant pour chaque corps particulier un ton plus
analogue aux parties qui le compofent, un ton propre que la
nature dans la diftribution des chofes pour le concours de
l'harmonie univerfelle lui a affigné elle-même en combinant
ces parties.
Cependant, comme les fentirnens font partagés fur la fixa-
tion de ce ton "propre je n'entrerai point ici dans une difcuf-
tion néceffaircment longue & qui ne me conduiroit à rien
d'utile pour l'objet que je me propofe. îl me fufilt d'observer
que l'ordre le plus anciennement affigné aux huit corps fonores
qui rendent les huit fortes de fons eil i v. le métal 2°. la.
pierre, 3°. la foie, 40. le bambou, j°. la calebafîe, 6°. la
terre cuite, 70. la peau tannée des animaux, 8°. le bois. Cet
ordre a eté renverfé dans la fuite des tems par ceux d'entre
les Lettrés qui ont voulu faire accorder à leur manière les huit
trigrammes de Fou-hi avec les huit fortes de fons mais cet
arrangement ne remonte pas plus haut que les Soung (e).
Les anciens comme je l'ai dit avoient des liiflrumeils
particuliers qui faifoient entendre le fon propre de chaque
corps fonore. Je vais énoncer ici ces Inftrumens en préfen-
tant l'ordre plus moderne que les Chinois donnent aux huit
fortes de fons.
i°. Le fon de la peau etoit rendu par les tambours; i°. le
fon de la pierre par les klng 3°. celui du métal, par les clo-
ches 40. celui de la terre cuite, par les hiuen; 50. celui de la
foie par les kin & les ché 6°. celui du bois, par les yu & les
te hou 70. celui du bambou par les différentes flûtes & les
(e)La Dynaftie des S mm a Amiot, dans fa traduftion de
commencé en 960 & a fini en l'Ouvrage de Ly-koang-ty Cahier
1 179
félon une remarque du P. B ? n°, 14 page 41 note 124,
koan; 8°. celui de la calebafle par les cheng. Tel eft l'ordre
repréfenté à la première figure de la Planche I & c'eft cet
ordre que je vais fuivre dans autant d'articles particuliers oui
termineront cette premiere Partie. Voyez figure 1.

ARTICLE SECOND.
Du SON DE LA PEAU.
JL^és les premiers tems de la Monarchie Chinoife avec la
peau tannée de quelques quadrupèdes on conftruiibit divers
Inftruraens que je ne faurois déligner en François que
par le nom général de tambour. Ces Infïrumens etoient de
piufïeurs efpeces & différaient les uns des autres tant par
leur forme que par leurs dimensions.
Le plus ancien tambour qu'on connoifïe cit le tou-kou de
chen-noung. On l'appelloit tou-kou qui lignifie tambour ds
terre parce que ce qui en formoit la caiiTe etoit en effet de
terre cuite, 6c l'on tendoit fur fes deux extrémités la peau dont
on devoit tirer le ion.
Un Infiniment aufli fragile etoit encore néceffairenient lourd
& difficile à manier pour peu qu'il 'fût gros. Aufli ne tarda-
t-on pas de fubftituer le bois à la terre cuite. L'on conftruiiit
des tambours dont on varia la groffeur & la forme fuivani
les différens ufages auxquels on les deftinoit.
Les anciens n'ont rien laiffé par écrit iur l'efpece de bois
qu'on employoit dans les premiers tems pour la conftruftion
des tambours mais on fait par tradition que dans les Pro-
vinces du Midi, le cèdre, le fandal &c tous les bois odoriférante
etoient choiiîs de préférence à tous les autres, & que dans les
Provinces du Nord on failbit ufage du mûrier ou de quelque
autre bois fembiabie.
Comme on ne trouve aucun monument authentique tou-
chant la forme des premiers tambours je ne parlerai ici que
de ceux qui ont cté employés foit dans la Muflque foit dans
les cérémonies, fous les trois premières dynafties depuis Yu
le grand jufqu'aux Tckeou inclurivement c'eil-à-dire depuis
le règne de Pharaon Apophis dans la baffe Egypte jufque
vers le tems où les Héraclides s'établirent à Lacédémone &
dans le Péloponefe ou fi fon veut depuis le tems du Patriar-
che Jacob, jufqu'à l'établiffement des Rois Saiil & Davido L'un
des objets que je me fuis propofé en compofant ce Mémoire
étant de prouver que les Chinois n'ont emprunté leurs feiences
& leurs
arts d'aucun autre Peuple je dois quand l'occaiîon
s'en préfente les rapprocher des plus anciens Peuples connus,
9
afin qu'on puiffe comparer les uns & les autres entre eux &
ne pas refufer l'honneur de l'invention à ceux qui le méritent
à jufte titre. Je n'avancerai rien dont je ne puiffe fournir les
preuves & ces preuves je les tirerai des Livres Chinois les
plus authentiques & dont l'autorité ne fauroit être révoquée
en doute.
Comme le Chou-king, le Ché-king, le Ly-ki & autres anciens
Livres claffiques ne font aucune mention des tambours des pre=
miers fiecles je me bornerai comme je l'ai déjà annoncé
à ne parler ici que des tambours en ufage fous les trois dynaf-
ties Hia Chang & Tcheou les feuls dont parlent ces Livres
claffiques.
On compte huit efpeces de ces tambours ou pour mieux.
dire on donnoit huit noms différens à des tambours conftruits
à peu près de méine mais qui différoient en quelque chofe
foit dans leurs formes particulières, toit dans leurs dimenfions.
Ceux du tems des Hia, dont le fondateur fut affocié à l'Em-
pire par Chun l'an avant Jefus-Chriir. 2224 etoient appellés
Tfou-kouk leur forme etoit à peu près femblable à. celle de
nos barils. Une piece de bois ayant un pied fait en forme de
croix fans aucun ornement, traverfoit, par le milieu, le corps
de l'Inftrument pour le foutenir. Voyez figure 2.
Cette forte de tambour portoit encore le nom de pen-kou
comme qui diroit tambour lourd & c'eft fous cette dénomi-
nation qu'il en eft parlé dans le Ché-k'ng.
Après l'extinction de la dynaftie des Hia, c'eft- à-dire vers
ce tems où le Peuple de Dieu tombé dans l'anarchie pour la
troifieme fois fut de nouveau réduit en fervitude fous les
Moabites, l'an 1756 avant l'ère chrétienne, fuivant le P. Pezron
5
la dynaftie des Chano monta fur le trône de la Chine. Cette
dynaflie fit quelques changemens aux cérémonies Si comme
les tambours fervoient dans les cérémonies, elle changea auffi
quelque chofe à leur forme. On les appella Yn-kou & on ne
parla plus des Tf&u-kou fous cette dynaftie.
h'yn-kou etoit, comme le tfou-kou traverfé par une piece
de bois equarrie mais cette piece de bois etoit fans pied j
on Fenfonçoit dans la terre affez, profondément pour que le
tambour ne pût vaciller lorfqu'on le frappoit. Cette forte de
tambour portoit encore le nom de kao-kou, &: c'eil fous cette
dénomination qu'il en eft parlé dans le Ché-king. Voyez fig. 3.
L'an 11 22 avant l'ère chrétienne Ou-ouang fe trouva
3
par la mort de Tcheou-Jîn feul maître de l'Empire & fonda
ia troifieme dynaftie dite des Tcheou. Il laiffa fubfifter l'ufage
de Y yn-kou mais le tambour employé dans les cérémonies
particulieres de fa dynaiie fut le hiuen-kou fa forme etoit à
peu près la même que celle du tfou-kou des Hia on y avoit
joint deux petits tambours fufpendus à fes côtés. Voyez fig. 4,
Ces deux petits tambours avoient des noms différens fuivant
qu'ils etoient placés à l'eft ou à l'oueft c'eff-à-dire à la droite
ou à la gauche de celui qui devoit en tirer le ion. Les uns
s'appelloient cho-yng les autres eulh-pis mais ils etoient com-
pris fous le nom du kiuen-kou dont ils formoient l'accompa-
gnement.
Le kin-kou à peu près femblable au tfou-kou avoit diffé-
rens noms il s'appelloit kien-kou quand il etoit fans aucun
ornement extérieur & on lui donnoit les noms de lei-kou
de linçr-kou & de lou-kou félon ce que repréfentoient les
peintures qui décoroient fa circonférence. Voyez fig. 6.
Le tao-kou etoit diftingué en grand & petit. Voyez fig. 7.
Le grand tao-kou fervoit à donner le fignal pour commencer
le chant; & le petit tao-kou etoit pour avertir quand une ftance
une ftrophe ou une partie de la piece qu'on chantoit étoit
finie.
Le ya-kcu & le po-fou l'un fait en forme de baril l'autre
fait en cylindre voyez les figures 1 o & 11, avoient cela de
particulier qu'ils etoient remplis de ton de ri^'c'eft-à-dire de
cette enveloppe que quitte le riz quand on le monde. La peau
tendue fur ces tambours devoit non feulement être tannée
mais il falloit encore qu'on, l'eût fait bouillir dans une eau fans
mélange. Le fon de ces deux Inftrumens etoit doux. Uya-kou
etoit placé hors de la faile des cérémonies & celui qui en
jouoit fe tenoit debout. Au lieu que le po-fou devoit être dans
la falle même il fervok à accompagner les voix, & celui qui
en jouoit étoit afïïs tenant le po fou fur tes genoux. Il le
remettoit enfuite fur la table qui fervoit de fupport à cet Inf-
trument, lorfque la mufique etoit finie. Le nom de po fou
donné à cette forte de tambour défigne plutôt la maniere
dont on le frappoit, que le tambour lui-même il s'appelloit
po lorfqu on le frappoit de droite à gauche & fou quand on
le frappoit de gauche à droite ou fi l'on veut po c'étoit le
frapper de la main droite & fou de la gauche.
Au refle ce qu'on a avancé clans quelques ouvrages tou-
chant: les tambours à quatre fix & huit faces, ne mérite pas
qu'on y fafîe attention. Il n'y a jamais eu de tambours à plus
de deux faces. Voici ce que penfe à ce fujet un excellent
Auteur dont j'ai actuellement l'ouvrage fous les yeux Quand,
à l'occafion des tambours il cfl parié dans les anciens mo-
numais de
quatre, fix oïl huit j 'aces, c.lci fignifie feulement quil
y avoit quatre, fix, ou huit tambours de même efpece fur une
même face cejl-à-dire fur un même rang.
C'eft-là à peu près tout ce que je trouve de plus elTentielà
dire fur les Infrrumens construits pour faire entendre le fon
propre de la peau.
Si les détails dans lefquels je viens d'entrer paroifïent trop
minutieux on doit faire attention crue ce n'eft que par ces
même que je puis mettre fous les yeux du Lecleur
«détails
les occupations des hommes dans ces tems heureux où la race
humaine étoit pour ainfi dire encore dans fon enfance. Or
cette enfance, loin d'avoir rien de puérile pour les Philofo-
phes fera pour eux un fujet de réflexions.

ARTICLE TROISIEME.
Du SON DE LA_PI£JIRE.
J_/
'a*
a s. T de faire fervir les pierres même à l'ufage de la
Mufique eft je penie, un art particulier aux Chinois du
moins je n'ai lu nulle part que les Grecs, les Egyptiens, les
Chaldccns, les Arabes ni aucun des anciens Peuples connus
l'aient pratiqué ou en aient eu feulement l'idée. Il falloit
pour l'inventer un peuple naturellement pbuloiophe fi je
puis parler ainfi un peuple curieux de connoître les produc-
tions de la nature accoutumé à les contempler & aiTez in-
rlu&ieux pour en tirer parti. Tel a été cet ancien peuple qui
dès les premiers fiecles du monde vint habiter la Chine.
Nous liions dans le Chou-king que du tems même d'Yao &
de Chun les Chinois avoient déjà obfervé que parmi les
différentes fortes de pierres il s'en trouvoit qui rendoient un
fon propre à la mélodie que ce fon tenoit un milieu entre le
fon du métal & celui du bois qu'il etoit moins fec & moins
aigre que le premier, plus eclatant que le fecond plus bril-
lant & plus doux que l'un & l'autre; que déjà ils avoient taillé
ces pierres fuivant les règles des lu pour leur faire rendre de
véritables tons & en avoient fait des Inftrumens qu'ils appel-
loient kieou & auxquels on donne aujourd'hui le nom de
king. Voyez fig. 13.
Nous trouvons encore dans le Chou-king que vers ce même
tems d' Ya o de Chun, c'eft-à-dire plus de 2200 ans avant
&

l'ère chrétienne les différentes pierres fonores propres à faire


les king, font fpéciiîées parmi les tributs qu'Yu le grand avoit
déterminés pour chaque Province. Celle de Su-tcheou devoit
fournir les pierres dont on feroit les fou-king (*). La Province
de Yu-tcheou celle pour les king-tfouo, c'eft-à-dire, ces king
de grandeur indéterminée, grands ou petits, fuivant le ton fur
lequel on devoit les mettre. Enfin la Province de Leang-tcheou
devoit fournir les pierres nommées de Yzc dont on faifoit les
nio-king ( ).

(* ) Ces pierres fonores fe trou- rence fur les autres pierres fonores qui
vent fur la fuperficie de la terre fe trouvent dans lefein de la terre ou
près des bords de la riviere Sic. dans le fond des eaux fait qu'elles
Les Phyficiens Chinois qui ont y /oient ifolécs ou qu' 'elles foient erz
interprété le Chou-king difent bloc, ou par couches dans les carrie-
que ces pierres expofées au foleil & res. ( Extrait du texte du P. Amiot, )
a toutes les variations de l'air, acquiè- (**) H faut remarquer dit L'm-
rent une dureté qui fait qu'elles ren- chl que iorfqu'il eu parlé, dans
dent un Jon plus clair plus net 6" les anciens Livres du Nio-king
plus terminé. C'efl pourquoi ajou- & du Kieou-king on entend les
lent-lls j o?i leur donnait la préfé- King faits de pierre deju, &qne
Sous le regne de Tcheng-ty dixième Empereur de la dy-
naftie des premiers H an vers l'an 3
avant Jefus-Chrift on
trouva dans le fond d'un étang un ancien king compofé de
feize pierres.
L'un 247 de l'ère chrétienne on 1. -éfenta à l'Empereur un
yu-king, c'eft-à-dire un king fait de pierres de Yu compofé
de feize pierres. Cet Inftrument fut trouvé près àcHlué-tcheng
dans le diftriér. de Su-tcheou. Les Dofteurs les plus habiles de
ce tems-là convinrent tous que /à forma etoit celle des plus an-
ciens king. Ils reconnurent qu'il donnait quatre fons au-dejjiis
des dou^e lu & que tous fes tons étaient de la denuere juj-
tejfe (/")• Ils fervirent de modèle à Tcheng-ché lorfqu'ii voulut
fixer les lu fupérieurs.
Sous le nom général de king on difiingue le ifé-king & le
pien-king. Le tfê-king confiftoit en une feule pierre fonore
3
qui ne rendoit par conféquent qu'un feul ton il fervoit ainfi
que le gros tambour & la grande cloche, à donner le fignal
pour commencer ou pour finir. Le pien-king eftun affortiment
de feize pierres formant le fyftême de fons qu'employoient

ces King ne pouvoient être em- comme on le verra à la féconde


ployés que dans la mufique qui fe Partie -de ce Mémoire font tom-
faiîbit chez l'Empereur. Dans celle bés dans les fauffes intonations
qui fe faifoit chez les Princes les qui rcfultent du fyftûme abfurde
King etoient d'une pierre fonore de confondre le demi-ton chroma-
moins précieule que leyw. (Extrait tique avec le demi-ton diatonique
du texte du P. Amiot. ) ( La-dufi avec Ji-bèmol &c. ) pour
(/) La jufteffe de ce King avoir, ainfi que nos Fafteurs d'inf-
prouve encore fon antiquité, puif- trumens à touches des demi-tons
queles anciens Chinois fe régloient à-peu-près égaux entr'eux des
par la progreffion triple pour obte- demi-ions de fantaiile à la place
nir des tons & des demi-tons de ceux qu'exige la loi immuable
tels que les donne la fuite des des confonnances la règle inva-
confonnances reprélentée par riable des Lu. Voyez les notes a
cette progreffion triple. Au lieu & c pag. 28 ôc 32.
que les Chinois plus modernes ?
les anciens Chinois dans leur Mufique tel que celui de la
figure 13.
Les anciens avoient encore le cheng-king & le foung-king.
Voyez n"g. 1 4 & fon explication.
Quelques Auteurs ont prétendu que le tfê-king, c'eft-à-dire
le king ifolé dont nous avons parlé en premier lieu etoit
anciennement employé pour marquer la mefure & même
chaque tems de la mefure foit que l'on chantât, foit qu'on
jouât des Inftrumens & que les king qui donnent tous les tons
de la Mutique ne commencerent que fcus les Chang. Mais ces
Auteurs ont eté réfutés par un excellent Critique Tfai-yuen-
ting qui rapporte que tous les anciens fragmens ont toujours
parlé de feize cloches de feize king de feize pei-jiao (g)
ce qui dépefe en même tems contre les différentes opinions
de quelques Ecrivains de la baffe antiquité qui ont compofé
l'affortiment du pien-kmg les uns de douze pierres les autres
de vingt-quatre & qui ont avancé que c'étoit-là la doctrine
des anciens. Mais ce qui eil rapporté, foit dans les ufages du
Tay-tchang-fée foit dans les fragmens des anciens Livres fait
voir le faux de ces différentes opinions.
( g") Indépendamment des preu- & même ton, ce qui ne peut même
ves tirées des anciens fragmens être fuppofé fer-tout pour la
il etoit aifé de démontrer à ces Mufique instrumentale.
Auteurs que fi, felon eux les Il réfulte donc de cette obfer-
Anciens fe fervoient du King ifolé vation qu'on ne peut contefler aux
pour marquer la mefure il leur Anciens l'ufage de plufieurs Kings^
falloir, néceffairement avoir plu- c'eft-à-dire d'un aflbrtiment com-
fieurs de ces Kln«s ifolés relati- pofé d'un certain nombre de pier-
vement aux divers tons fur lefquels res fonores 9 quand même ce
on pouvoit exécuter de la mufï- 11'auroit été que pour battre la
que. Un feul King n'ayant que fon mefure dans les divers tons fur
ton propre èc même un ton fixe lefquels on faifoit de la mufique.
les Auteurs qui ont avancé l'opi- Or avec un tel aflbrtiment qu'efî-
nion qu'on réfute ici auroient dû ce qui empêche de jouer des airs,
prouver auparavant que tout ce de iuivre la voix o\i les autres
qui fe chantoit, ou tout ce qu'on ¡T1fh"l1mpn~
jcuoit ïu'.treibis etoit fur un feul
ARTICLE Q U A T R I E M E.
Du SON D U MÉTAL.
1 i e métal tient
un rang diftingué dans l'ordre que gardent
entre elles les produ£Hons de la nature. C'eft fuivant la phy-
fïque des Chinois, l'un des cinq elémens que la nature emploie
pour conftituer l'effence des autres corps. L'art de mettre le
métal en fufion par le moyen du feu de le purifier & de
l'employer à divers ufages efl prefque aufii ancien que le
Monde mais l'art de le faire fervir à la Mufique n'a pas eté
iî-tôt connu chez les diverfes Nations. Les Chinois font peut-
être le feul peuple de l'univers qui fe foit avifé de fondre
d'abord une premiere cloche pour en tirer ce ton fondamental
fur lequel ils devoient fe régler pour avoir douze autres clo-
ches qui rendirent exactement les douze fémitons qui peuvent
partager l'intervalle entre un fon donné & celui qui en eft la
réplique, l'image, c'eft-à-dire Yoffave & enfin de former un
affort-iment de feize cloches pour en tirer tous les fons du fyÇ-
tême qu'ils avoient conçu, & fervir d'Infiniment de Mufique j
car il ne faut pas croire qu'il s'agit ici de cloches comme
celles qui font fufpendues à nos tours. Voyez la figure 16 &
fon explication.
On diftingue chez les anciens, trois fortes de cloches les
po-tchoung les tê-tchoung &les pien-tchoung c'eit-à-.dire, trois
efpeces défignées par po tê & pi en; car tchou/ig ûgnihe cloche.
Les po-tchoung etoient des cloches ifolées fur lefquelles on
frappoit, foit pour donner quelque fignal au commencement
d'une Pièce, foit pour avertir, pendant la Piece même ou les
danseurs ou les joueurs d'Inflrumens lorfqu'ils dévoient com-
mencer ou finir. Ces fortes de cloches etoient les plus greffes
de toutes on les appelloit encore du nom de Young & c eït
fous ce nom qu'il en eft parlé dans le Di&ionnaire Eulh-ya.
Les tê-tchoung etoient de moyenne groffeur. On employoit
ces cloches dans l'exécution de la murique, foit pour marquer
la mefure, foit pour faire la partie qui leur etoit propre. Dans
plufieurs Livres ou dans les monumens anciens elles font con-
nues fous le nom de piao elles avoient la forme de celle qu'on
voit à la figure 1 7.
Les cloches pien-tchoung appellées autrement tchan, etoient
les plus petites & c'eft fur-tout de celles-ci qu'on formoit un
affortiment de feize cloches pour joindre à l'affortiment des
king ou pierres fonores. Voyez fig. 1 8.
Sans m'arrêter ici à décrire les proportions que doivent avoir
les cloches pour qu'elles rendent des fons conformes aux regles
des lu ( ) je dirai feulement pour ce qui regarde la matiere
dont elles etoient compofées qu'un mélange d'étain & de
cuivre a été de tout tems celle que les Chinois ont employée
pour leurs cloches. Sur fix livres de cuivre rouge (dit le Tchcou-
fy) il faut mettre une livre d'étain. Quant à la forme elle
n'a pas toujours été la même; les anciennes cloches n'étoient
point rondes mais applaties, & terminées en croiffant dans
leur partie inférieure.
La méthode de proportionner les cloches fuivant les règles
invariables des lu fut exactement obfervée depuis le règne
de Chun jufque vers la fin de celui des Tcheou c'efl-à-dire
depuis l'an 225 5 avant Jefus-Chrift, jufque vers l'an 250 avant
l'ére chrétienne.

( ) La maniere de faire les Tcheou. Je ne l'ai point rapportée


cloches, conformément aux regles ici parce qu'elle m'auroit mené
des Lu, efl expliquée en détail dans trop loin. ( Extrait du texte du
l'article Kao-koung-ki inféré dans P, Amiot. )
ie Tcheou-ly ou cérémonial des
A cette epoque tout prit une nouvelle forme dans l'Empire.
Le barbare TJîn-ché-hoang-ty ne fe contenta pas de faire, pour
ainfi dire la guerre aux Lettres & d'abolir autant qu'il lui
fut pomble, tous les monumens Littéraires il voulut encore
effacer jufqu'au fouvenir de la vénérar'e antiquité en détrui-
fant tout ce qui pouvoit directement ou indirectement rappeller
ce fouvenir dans l'efprit de ceux qui viendroient après lui. Les
Initrumens de mufique parmi lefquels les cloches tenoient
un rang diftingué furent détruits. On en conftruifit de nou-
veaux par tes ordres & fur des principes différens de ceux que
prefcrivoit l'ancien cérémonial. Les cloches même du Tay-
tekang-fée c'eft-à-dire, du tribunal qui préfidoit à la Mufique
& aux Rits, furent remifes en fonte & pour qu'aucune des
anciennes cloches ne pût dépofer contre les principes arbi-
traires, & peut-être faux, qu'on avoit fuivis à l'égard des nou-
velles, fous prétexte que le Prince avoit befoin de matière
pour les ftatuescoloffales qu'il vouloit faire placer à l'entrée
de fon Palais on enleva des différentes villes de l'Empire
autant de cloches que fon put trouver.
Cependant il fut plus facile aux Muficiens de conferver
leurs Inftrumens qu'il ne le fut aux Lettrés de confervcr leurs
Livres. Ils etoient en bien plus petit nombre que les Lettrés
auffi furent-ils recherchés moins rigoureuiement & ils s'en
prévalurent pour cacher pluiîeurs affortimens de cloches, qu'on
a découverts dans la fuite des tems, tantôt dans des jardins
au milieu des villes tantôt dans la campagne foit en creu-
fant des puits foit en labourant les terres.
Sous le règne des TJîn & long-tems après cette dynaffie
oh négligea la méthode défaire le koung primitif avec chacun
des dou^e lu ( h~). Contens de tirer de leurs Inflritmens les jevz
( Faire le Koitng primitif avec
) une modulation fur chacun fies
chacun des douze Lu c'eit établir douze ions fondamentaux qui ior-
modulations communes ( i ) les Mujîciens fe perfuaderent peu
à peu qu'il etoit "impojjihle d'en tirer d'autres & ne fe mirent
point en peine de ce qui avoit été pratiqué par les anciens.
Sous les Han Orientaux vers l'an 60 de l'ère chrétienne
Pao-jé Préfident du tribunal des Rits fit tous fes efforts
pour réformer la Mufique de fon tems. Il compofa un ouvrage
très-favant dans lequel il développa toute la doftrtne des
anciens fur la Mufique. Les Lettrés accueillirent cet ouvrage
avec transport mais les Muficiens accoutumés à leur rou-
tine, firent naître une foule de difficultés qui empêchèrent
que la réforme n'eût lieu. La Mufique refta dans l'état d'im-
perfection où elle etoit alors, jufqu'au tems des Soui c'eft-à-
dire, jufqu'au fixieme fiecle de l'ère chrétienne. On décou-
vrit quelques affortimens d'anciennes cloches, & l'Empereur
les fit mettre entre les mains des Officiers qui préfidoient à la
Mufique de fon Palais, avec ordre de s'en fervir mais comme
ancienne méthode etoit ignorée les Mujîciehs ne firent ufage
que de fept cloches dans un nzême ajjortiment les cinq cloches
rejîajites furent appellées les cloches muettes.
Vers l'an 640, le grand Tay-tfoung, de la dynaftie desTang,
nt faire des recherches fur l'ancienne Mufique. Il ordonna que
tout ce qu'on pourroit trouver fur cette matière importante
tant en Livres qu'en Inftrumens fut envoyé à la Cour. Une
foule de Mémoires & de fragmens d'ouvrages tant imprimés

ment les douze Lu ou comme de Lu comme on le verra dans la


l'entendent aujourd'hui les Chi- féconde Partie de ce Mémoire.
nois, fur chacun des douze demi- ( i ) Par les fept modulations
tons qui divifent une oftave & communes il faut entendre ici
qui. ne font qu'une combinaifon les fept degrés ordinaires d'une
des douze fons primitifs à la quarte gamme quelconquc. J'expliquerai
ou à la quinte l'un de l'autre. C'ert plus en détail dans la note lui-
à cette combinaiion à cet ordre vante, ce que les Chinois enten-
de demi-tons que les Chinois dent par modulation.
plus modernes ont attaché l'idée
que manufcrits lui furent adreflés. Il les livra au corps des
Savans pour être examinés & comparés avec ce qu'on avoit
déjà dans les king & dans l'Hiftoire. Tfou-fiao-fim & Tchang-
ouen-cheou rédigèrent le tout, & démontrèrent que les anciens
faifoient ufage dans leur Mufique de b t modulations (/c). Ils
firent exécuter eux-mêmes en préfence de Sa Majejlé les 84 mo-
dulations fur les anciennes cloches & les anciens king de pierres
fonores qu'on avoit déterrés depuis peu. Après cette découverte
les gens de Lettres prodiguèrent à tenvi les éloges les plus bril-
lans au grand Tay-tfoung & crurent devoir le comparer aux
cinq Ty ( cefl-à-dire à Fou-hi Chen-noung Hoang-ty Yao
& Chun ). Rien en effet ne rapproche plus Tang-tay-tfoung des
premiers fondateurs de la Monarchie que les foins qu'il fe donna.
pour le rétaBhjfement de la bonne Mufique*
Sur la fin de cette dynaftie des Tang lors de la révolte de
Ngan-lou-chan & de Ché-Jêe-ming l'Empereur s'étant enfui de
fa Capitale le Palais fut pillé; les Initrumens de mufique par-

( k ) Les Chinois n'ont pas plus cun de ces fept degrés ou ce


de modulations que nous mais qui eit la même choie chacun dms
ils entendent par modulation ce douze Lu devant contenir les fept
que nous appellerions à l'égard degrés qui conftituent fa gamme
d'un Ion, fa poiïtion fa maniert il eft clair que 1 fois ces 7 degrés
d'arc dans un ton déterminé. Un font 84 rapports ou manieres
ut par exemple dans nos princi- d'être fouslefquels les Lu peuvent
pes, peut être tonique dans fon être confidérés.
propre mode ficonde-nou dans le Au relie ces 84 rapports ou
mode de f-bcmol médianes dans modulations fuppofent l'octave di-
celui de la-bimol &c. Ainfi ces viiee en douze demi-tons e»aux
manières d'être que j'appellerai entr'eux comme on le verra dans
degrés font au nombre de fept la fuite de cet Ouvrage. Erreur
lavoir premier degré, deuxième, dont Fancienneté chez les Chinois
troifieme quatrième cinquième, prouve pour le dire en paffant
fixieme & feptieme. Or chacun des1 la haute antiquité des vrais princi-
douze La des Chinois pouvant pes de la Mufique.
être confidéré fous l'idée de cha-
tie chiperfes partie emportés en Tartarie ne purent plus être
raffemblés. On en fit de nouveaux; mais on ne garda, dans
leur conftruclion ni les regles des lu ni celles de l'harmonie.
Les Officiers qui préfidoient aux cérémonies s'en plaignirent.
On fit rechercher les anciens lnftrumens & fur-tout les clo-
ches. On offrit aux Tartares des fommes immenfès pour rache-
ter celles dont ils etoient en poffeffion il ne fut jamais poffibfe
de les retirer d'entre leurs mains. Ils alléguerent d'abord diffé-
rens prétextes ils répondirent à la fin qu'ils ne favoient pas ce
qu'elles etoient devenues.
Les cinq petites dynafties qui régnèrent fucceffivement après
celle des Tans; ne s'embarrafferent guere de Mufique 6k la
laiflerent dans l'état où elle etoit. Après ces dynafties vinrent
les Soung qui remirent en vigueur la Littérature firent fleurir
les Arts & n'oublièrent rien de ce qui pouvoit contribuer à
rendre à l'Empire fon ancien éclat. Mais les Lettrés donnèrent
dans une extrémité oppofée à celle de la barbarie d'où ils
fortoient ils prétendirent qu'on trouvoit tout dans les ecrits
des anciens mais en les expliquant à leur maniere & fans
s'appercevoir des erreursdans lef quelles les jettoientleurs fauffes
explications. Les expériences qu'ils firent fur les cloches fail-
lirent à replonger la Mufique dans l'état de barbarie d'où les
Tang l'avoient tirée. Ils fondirent d'abord douze cloches
croyant y avoir obfervé les regles des lu & en fuivant les
inïlruftions détaillées dans le Tcheou-ly de la manière qu'ils les
entendoient. Ils firent enfuite un certain nombre d'autres clo-
ches pour avoir les octaves tant aiguës que graves de
leurs douze premieres. Ils furent fi contens de leurs opérations,
9
qu'ils n'héfiterent point à préférer leurs cloches à toutes celles
qui avoient eté faites depuis les Tcheou puifqu'ils les croyoient
conformes aux inilruclions du Tcheou-ly. Sur cette idée &
fur le rapport des Lettrés de fa Cour, l'Empereur donna ordre
qu'on remît en fonte les cloches de fa mufique pour leur en
fubftituer de femblables à celles qu'on venoit de faire.
Mais les Muiiciens ne jugerent pas des nouvelles cloches
auffi favorablement que l'Empereur; 's furent très-mortifiés
qu'on les contraignît de fe fervir d'inftrumens dont ils trou-
voient tous les tons faux, & qui ne reffembloient aux inftru-
mens des Anciens que par leur forme. En obéiffant aux ordres
de l'Empereur, ils eurent cependant la confolation de fauver
i'affbrtiment complet d'anciennes cloches qui etoit dans le Tri-
bunal du Taj-tc/iang-fee ( Tribunal de la Mufique & des Rits)»
Ils gagnerent les bas-Officiers de ce Tribunal, lefqueis du
confentement tacite de leurs Supérieurs enterrèrent de nuit
j,
dans une des cours du Palais, ces mêmes cloches qu'il etoit
ordonné de livrer aux Fondeurs elles ont été déterrées depuis,
y
& on s'en efl fervi comme de modeles pour en faire de
femblables.

ARTICLE CINQUIEME.
Du SON DE LA TERRE CUITE.
JLj e
shommes n'eurent pas plutôt trouvé l'art de durcir la
terre par le moyen du feu qu'ils découvrirent dans cette
terre, ainfi durcie des qualités qu'on croyoit auparavant lui
être abfolument etrangeres. Celle qui la rendit propre à l'har-
monie fut obfervée en particulier par les Chinois. Ce fage
peuple qui n'employa d'abord la Mufique que pour rendre
hommage au Chang-ty ( l'Etre fuprême ), & honorer les Ancê-
tres, crut devoir faire concourir toute la nature à la perfection
d'un art, au moyen duquel il rempliffoit ce double objet. La
terre defféchée & durcie au feu ne rendit d'abord que des
fons trop bruyans, dans fon choc avec quelqu'autre corps dur.
On modéra peu à peu l'eclat de ces fons foit en tendant une
peau tannée fur quelque vafe de terre cuite, foit en façonnant
diverfement ces mêmes vafes pour les mettre à l'uniffon pour
ainfi dire de quelqu'autre infiniment.
Tous ces effais n'avoient abouti qu'à faire un instrument
monotone, dont le fon n'avoit ni la douceur, ni le brillant de
ceux que rendoient les autres corps fonores & l'on vouloit
que la terre qui renferme elle-même dans fon fein les principes
des autres corps, figurât dans la Mufique d'une manière qui
ne fût pas indigne de fa qualité de mère commune de toutes
chofes l'on vouloit qu'elle pût compofer un infiniment dont
les tons renfermaient éminemment toutes les qualités des autres
fons, & qui par fa matière fût l'allégorie des bienfaits dont
cette mère commune comble les hommes.
Après bien des tâtonnemens on parvint à faire un infiniment
à vent qui, dans fon principe, dans fa matière dans fa for-
me, dans. fon aftion & dans ies effets, rempliffoit toute l'éten-
due de ce qu'on s'etoit propofé. On prit une certaine quantité
de terre la plus fine qu'on pût trouver on la raffina encore
en la lavant dans plufieurs eaux 6k on lui laiffa prendre la.
confiftance d'une boue encore liquide voilà la matière. Pour
ce qui eft de la forme, deux œufs l'un d'oie l'autre de
poule, furent le modèle de l'inftrument, L'oeuf de poule don-
noit les dimenfions de fa furface intérieure celui d'oie donnoit
celles de fa furface extérieure & i'efpace entre l'œuf de poule
& celui d'oie en les fuppofant l'un dans l'autre, faifoit
l'epaiffeur de l'inftrument. On fit une ouverture à la pointe
de cette forte d'ceuf de terre on fotiffla dans l'ouverture & il
en réfulta un fon mélodieux & affez grave, qui fut le koung
de hoang-tchoung, ç'eft-à-direle ton fondamental le principe
des autres tons,
Pour obtenir ces autres tons, on perça cinq trous, c'eft-à-
dire, trois fur la partie de l'inftrument qui devoit être en
devant & deux fur la partie oppofée qui devoit être en
derrière. Les trois de devant formoient un triangle renverfé
c'eft-à-dire ayant la pointe en bas eet.x de derriere etoient
en ligne horizontale, & diamétralement oppofés aux deux qui.
formoient la bafe du triangle. Par cet arrangement on eut
cinq fons différais & pour qu'ils formaffent les cinq tons
koung chang kio tché yu {fa fol-, la re) on ne fit
ut
qu'agrandir ou retrécir les trous, fuivant qu'il falloit hauffer ou
baiffer les fons pour leur donner la jufteffe requife ( /).
Cette opération finie, on mit l'inftrument dans un fourneau
& on l'y laiffa jufqu'à ce qu'entiérement pénétré par le feu,
il.eût acquis la folidité qui lui etoit néceffaire. Oeil cet infini-
ment qu'on connoît aujourd'hui fous le nom de Hiuen. Sou
antiquité le rend refpe&able aux yeux des Chinois il date
de plus d'un fiecle avant le règne de Hoang-ty dont la
foixante-unieme année comme je l'ai déja dit, eft fixée a
l'an 2637 avant l'ère chrétienne fa forme & tout ce qu'il
repréfente fymboliquement le font admirer des Antiquaires.
Cet infiniment fut perfectionné enfuite fous les T~c~eoM il
(Z) Il paroît que les Auteurs re comme feroit fi ou fi-bimol
Chinois qu'a fuivis ici le P. Amiot, entre la & ut ou mi au-deffus de
ont oublié que rinftrument fans re. Mais comme il n'eft fait men-
trous donnoit déjà comme on l'a tion ici que des cinq tons il faut
vu le Koung de Hoang-tckoung croire que ce cinquieme trou don-
c'eft-à-dire fa. Or le premier noit l'octave du Koung c'eft-à-
trou ouvert pour fuivre ici l'or- dire, de/à, & qu'on n'avoit pas
dre des cinq tons des Chinois, doit encore trouvé alors le moyen
donner fol; le fécond trou, la; d'obtenir cette octave en rebou-
le troifieme, ut; le quatrième m chant tous les trous, & foufflant
& il refle encore le cinquième plus fort, comme on le fait fur la
trou qui peut donner ou l'oâave flûte &£ comme l'ont fait dans la
«Se /à, ou un nouveau (on hors la fuite les Chinois eux-mêmes fui'
elaffe des cinq tons fa ,fo! la ut les leurs.
a
y en avoit de deux fortes, le grand & le petit /7~<M & l'ún
& l'autre etoit percé de fix trous fans compter l'embouchure.
Le grand Hiuen dit YEulh-ya efi comme un œuf d'oie &
le petit Hiuen comme un œuf de poule fa figure efl comme le
poids de la balance il a fix trous pour les tons } & un feptieme
trou pour l'
embouchure 3 &c. Le Tcheou-ly le Ouen-hien-
toung-kao & le Fong-fou-toung parlent également du Hiuen.
comme d'un inftrument à fix trous parce qu'ils ne font men-
tion que du Hiuen perfectionné par les Tcheou (m*). Ceux des
Anciens n'avoient que cinq trous. Voyez les figures 19 & zoa

ARTICLE SIXIEME.
J\.
Du
v
son d. e la Soie.
aN que les Chinois eurent inventé l'art de travailler
T
la foie & de l'employer à la fabrication des étoffes, ils avoient
trouvé le fecret de la faire fervir leur Muiîque & d'en tirer
les plus doux & les plus tendres des fons. Du tems même de
Fou-hi ils fir ent un inftrument qui ne coniiîtoit qu'en une
fimple planche d'un bois fec & léger fur laquelle ils avoient
tendu plusieurs cordes, faites de fils de foie qu'on avoit joints
enfemble en les tordant entre les doigts. Peu-à-peu ils façon-
nerent la planche elle fui courbée envoûte & on y obferva
certaines dimenfions. Les cordes furent filées plus exactement
(m) Ces Hiucn à fix trous vien- complet. Par exemple fi le fon
nent à l'appui de ce que j'ai obier- grave eâfii le premier trou don-
vé dans la note nrécédente. Avec nera fol le iecoîid la le troi-
ces fix trous le (on grave que
& fieine (iowf-blmol le quatrième
donne l'inftrument tous les trous lit le cinquième, rc le fixieme
étant bouchés, on a les fept fons mi & en rebouchant tous les
différens qui condiment une gam- trous & fouftîant plus fort on
me, & qui forment un iyftCme aura l'oftave de/r.
Se avec plus d'art les fils de foie qui les compofoient furent
comptés & l'on en détermina le nombre félon les différentes
groffeurs qu'on vouloit avoir. Ces cordes, pincées légèrement
rendirent ainfi tous les tons, graves aigus ou moyens, félon
le degré de tenfion qu'on leur donnoit, & le nombre des fils
dont elles etoient compofées.
Telle eiî en fubftance l'origine du Kin & du Ché. Je joins
ces deux inftrumens, parce qu'ils font de même date de même
nature & qu'ils rendent l'un & l'autre le fon propre de la
foie. On en attribue l'invention à Fou-ki. Voyez les figures
ai 22.
A l'égard du Kin, Fou-hi dit le Clze-pen employa le
Toung-mou ( forte de bois ), & en fit V infiniment de Mufi-
que que nous appellons aujourd'hui Kik. Il l'arrondit fur fa
partie fupérieure pour repréjenter le Ciel y il l'applanit dans fa
partie du defjous pour reprêfenter la terre. Il fixa à huit pouces
la demeure du dragon (3) pour reprêfenter les huit aires (le vent
& donna quatre pouces au nid du FouNG-HO AN g pour reprê-
fenter les quatre faifons de V année. Il le narrât de cinq cordes

I J~
pour reprêfenter les cinq planetcs & les cinq démens & déter-
mina fa longueur totale à fept pieds deux pouces pour repré-
fenter l'univerj "alité des chujes.
9

(3) La cUmmre du dragon & le dans le Kln la tête le corps &


nid du foung-hoang dont il va la queue. La tête comprend tout
être parlé dans ce paffage font îehaut jufqu'au chevalet; le corps
des expreflions qui défignent dif- depuis le chevalet jufqu'au trou5
férentes parties du Kin. Voyez par où parlent les cordes & la
la figure 21, La demeure dit dragon queue, depuis le morceau de pierre
é'j%ne la partie fupérieure zde-de- de ya iur lequel appuient les cor-
puis le chevalet en la prenant des, immédiatement au-deflus du
dans fa largeur le nid. du foung- trou jusqu'au Dont de l'inflru-
hca'ig défigne la même partie en ment. Les échancrures qui ïor.t aux
la prenant" dans ia hauteur. En deux côtés repréientent les ima-
gcuér al on reconnoit trois parties ges ? &iç,
Au moyen de cet infiniment il régla d'abord fon propre
coeur & renferma fes pajjîons dans de jujles homes il travailla,
enfuite à civilifer les hommes il les rendit capables d'obéir aux
loix de faire des actions dignes de.recompen.fe & de cultiver en
paix l'induflrie d'où, naquirent les ans.
Voici ce que dit du Chê le Koang-y un-chou Ouvrage
très-eftimé des Antiquaires.
Le Chê ( fig. 22 ) efl une efpece de Kin il a été inventé
par P ao-hi-chÉ (4). efl long de fept pieds deux pouces &
large d'un pied, huit pouces. Originairement il etoit monté de
cinquante cordes mais dans la fuite le nombre des cordes fut
réduit à la moitié.
Il n'eft guere de Lettrés d'un certain ordre qui n'ait parlé
du Kin & du Chê, foit dans des Ouvrages faits exprès pour
cela foit par occafion ou dans des notes particulieres fur
d'autres Ouvrages. Mais la plupart, félon que le remarque
l'iilultre Prince Tfai-yu dont je lis actuellement l'Ouvra-
ge (5) n'ont avancé que des abfurdités tant fur le nombre
des cordes du Kin & du Chê que fur la nature mêmç de ces
inftrumens & en particulier du Kin. Plufieurs ont avancé que
cet infiniment n'avoit originairement que cinq cordes & que
Ouen-ouang & Ou-ouans; l'augmentèrent chacun d'une corde î
qu'ainfî le Kin n'a été monté de fept cordes que depuis le tems
des Tcheoit.
Le Kin, dit le Prince Tfai-yu a toujours eu fept cordes ï
on l' accordait fur deux modes differens («), dans l'un defquels
(4) Pao-hi-ché efl un des noms fils fut imprimé la trente-troifieme
qu'on donne à Fou-hi. année du cycle c'efl-à-dire en
(5) Tfai-yu etoit fils d'un Prince 1596, la même année que cet Ou-
tributaire de la Famille Impériale vrage avoit été préfente à l'Empe-
àesMing, à qui l'Empereur Ouan- reur. Voyez note 2, pag. 33.
ly avoit donné le titre de Tcheng- (tz) Par le mot mode, il faut
ouang. L'Ouvrage du Prince ion entendre, dans ce paffage,un fyf-
nefaifoit ufige que des cinq tons J~O~WC Cx~wG j~70
on
TcbÉ Yu. On donnait à ce mode le nom de Kin à cinq cor-
des & au mode dans lequel outre les cinq tons pleins on
faifoit ufage des deux demi-tons qu'on appclioit alors Chao
& qu'on a appellé enfuite PlEN ( ) on donnoit le nom de
KlN à fept cordes.
A l'egard des deux cordes que quelques Auteurs ont cru
avoir eté ajoutées au Kin par Ouen-ouangSc Ou-ouang ces fî
Auteurs ajoute le Prince Tfai-yu av oient été au fait de
l'ancienne Mujîque & fur-tout de la Mu (t que du tems des
TcheOV ils auroient fu que la corde appellée LA CORDE de
Ouen-ouang newit ainfi. nommée que parce qu'elle donnoit
le ton au mode tendre & doux qui fert à exprimer les avantages
que l'on retire de la paix & de l'étude des Lettres car Ouen-
ouang flgnijîe Prince pacifique amateur DES Let-
tres &c. Us auroient fu encore que la corde qui portoit le
nom de Ou-OUANG n'etoit ainfi nommée que parce qu'elle
donnoit le ton au mode brillant qui exprime les qualités guer-
rières Ou-ouang fignifie Prince
le Kin, tel que nous le tenons de Fov-hi
guerrier En un
a toujours eu
mot
Jbpt cordes (o). Ceux qui ofent affurer le contraire font dans
F Cireur*

tême d'un nombre indéterminé (le le /yftême de fons ut n,fa,fol


fons, parce qu'il ne s'agit pas ici la ut 7v dans lequel il n'y a que
de ce que nous appelions un mode cinq fons difrerens, puifque Y ut Si
mais feulement d'un fyfiême par- le re étant répétés à l'octave ne
ticulier de cinq ou de fept fons. forment pas de nouveaux fous 9
(*) Chao fignifie diminué petit tantôt ces fept cordes préfentent
moindre &c. & Pien fignifie qui fept fons réellement différens en-
paffe dt. l'état de poJJîbU'ué à celui tr'eux, comme ,fa ,fol la fi ut
d'exijicnce &c. { Extrait du texte n mi, En confondant feus la même
du P. Amiot. ) idée, du moins fous la m Orne e.v-
(o) Ces fept cordes comme preflion la corde & le (on il a
on le verra ù l'article 4 de la troi- etc aiié aux Muficiens Chinois de
.fiejne Partie préfcnte.nî tanîOt parler de Km à cinq cordas Si aux
Comme je ne parle du Kin qu'à l'occafion du fon propre
de la foie qui cil le fujet de cet article je n'entrerai pas dans
un plus grand détail fur cet infiniment. Je me propofe d'en
parler plus au long dans la troifietne Partie où je traiterai, à
l'article 4 de la manière d'accorder le Kin foit dans le fyfte-
me de cinq cordes foit dans celui de fcpt cordes. Il me fuffit
de dire pour le préfent que cet instrument efl l'un des plus
anciens que l'on connoiffe que dès le tems de Fou-là c'efl-
à-dire, plus d'un fiecle avant la foixante-unieme année du
regne de Hoang-ty fixée à fan 2637 avant l'ère chrétienne, 1.
il fer voit à l'accompagnement d'un Hymne en l'honneur du
Ckang-ty qu'on montoit fes cordes qui etoient de foie fur
le ton du Cheng, infiniment à vent, dont je donnerai la des-
cription à l'article 9 que depuis l'antiquité la plus reculée
jufqu'au tems des Soui c'eft-à-dire jufque vers l'an 600 de
l'ère chrétienne, on faifoit fur le Kin fept oftaves dont on
tiroit quatre-vingt-quatre modulations, & qu'enfin au moyen
du feul Kin on a pu de tout tems repréfenter tout le fyflême
muficai.
Les Chinois tant anciens que modernes ont donné les
éloges les plus pompeux à cet admirable infiniment. Le haut,
le bas, le defîus le deffous les côtés, les fept cordes dont il
efl monté, les trois ottaves qu'on peut tirer de chacune de ces
cordes les treize points qui indiquent les principales divifions
de ces mêmes cordes pour en tirer les fons des trois oÊlaves
l'arrangement que ces divifloiis conservent entr'elles; ce point
feul qui eft au milieu, les deux placés de fuite à chacun de tes
côtés les quatre qui occupent l'une & l'autre des deux extrémi-
tés, formant la proportion 1,2,4; en un mot, la conflruclion
du Kin fa forme, difent les Chinois, tout en lui efl doctrine
s
Lettrés qui n'etoient pas Mufi- Kin qui n'avoient que cinq cordes.
ciens de croire qu'il y ait eu des
tout y efl repréfentation ou iymbole. Les fons qu'on en tire,
ajoutent-ils difripent les ténebres de l'entendement, & rendent
le calme aux payions mais pour en recueillir ces précieux
fruits, il faut être avancé dans l'etude de la fageffe. Les feuls
fages doivent toucher le Kin les perfcnnes ordinaires doivent
fe contenter de le regarder dans un profond filence & avec le
plus grand refpecl:.
Sous les Tcheou les regles du Kin etoient gravées dans la
partie creufe de rinftrument même ( c'eft-à-dire fur la partie
de deffous ) & les Muficiens chargés du Kin dévoient favoir
ces regles par cœur; elles etoient exprimées par 260 carafte-
res. Les treize points qui marquent, fur la table de l'initrument s
les principales divifions des cordes etoient autant de clous d'or
fin pris de la riviere Zy-c~of~ la partie qui termine la lon-
gueur des cordes, du côté oppofé au chevalet, etoit une pierre
de yu de l'efpece la plus précieufe le corps de l'inftrument
etoit d'un bois appelle toung-mou & l'arbre dont on tiroit ce
bois devoit être de ceux qui croiffent fur le penchant des
montagnes, du côté expofé au midi.
Pour accorder le Kin, on prenoit ou le ton du Ckeng^
comme on l'a vu ci-devant ou celui de la cloche& du tambour,
félon que ces divers imlrumens dévoient accompagner la voix,
conjointement avec le Kin. Ceux qui veulent en tirer des fous
capables de charmer difent les Auteurs Chinois en parlant du
Kin, doivent avoir une contenance grave, 1 &
un intérieur bien
réglé ils doivent le pincer légèrement & le monter fur un ton
qui ne fou ni trop haut ni trop bas. On ne fait pas au jufle la
vraie grandeur de "ancien KlN mais on connoit toutes jes
dimenfions relativement aux Lu (*)•

(*) On pourra voir cet infini- Miniftre Si Secrétaire d"Etar à


ment dans le cabinet de M. Bertin qui je me propoie d'en envoyei;
Pour ce qui efl du Chê, c'eil comme je l'ai déjà dit une
efpece de Kin. Je l'appellerois volontiers le premier & le plus
parfait des inftrumens chinois parce qu'il repréfente feul toute
l'étendue de leur iyftême mufical. Son origine eft auffi ancienne
& auffi noble que celle du Kin il la doit au Fondateur de la
nation à Fou-hi comme je l'ai dit ci-devant.
Fou-hi-chê cliient d'un commun accord & les Kiftoriens
& les Savans & tous les gens de Lettres Fou-hi-ché prit
du bois nommé toung-mou Olt du bois appellé sang (c'efl
le mûrier ) & en fit l'inJJrument auquel il donna le nom de mer-
veilleux & que nous appelions Chê. L'intérieur de cet infini-
ment etoit creux Fou-hi le monta de 50 cor des mais Chen~
noung félon les Auteurs Chinois rédidjît le Chê à la moitié,
en fup primant les 2.5 cordes les plus graves.
Il n'y avoit que trois efpeces de Kin, le grand le moyen
& le petit mais il y avoit quatre efpeces de C/ié, qui font le
grand Ckê le Chê moyen le petit CAé, &un quatrième plus
petit encore que le petit Ckê. Ils etoient tous montés d'un egal
nombre de cordes, c'eïr-à-dire de a 5 & ces cordes for-
moient entr'elles deux klun c'eft-à-dire tous les fons qui font
renfermés dans l'intervalle de deux octaves ( q ). Chaque corde

un calqué fur le modelé des plus de droit à ceux qui font leur prin-
anciens Kin qu'on connoiffe (/> ) cipale étude de la littérature Se de
la fajïeffe. ( Extrait du
car c'eft cette efpece en particulier texte du P.
qui fait les plus cheres délices des Amiot. )
Amateurs de l'antiquité. Notre {<?) Il faut entendre icil'o£lave
Empereur lui-même n'a pas dédai- diviïce en douze femi-tons com-
gné de (e faire peindre plusieurs me le défigne i'expreffion du P.
fois dans l'attitude d'un homme AmSot tous lis fons qui font renfer-
profondément occupé à tirer des més &c. Le Klun n"e/i pas pro-
ions d'un infiniment qui paire prement une ocîave mais Faflem-
dans ion Empire pour ctre dévolu blagede treize ionsà un demi-tonIl
{p ) Ce Kin a été envoyé il eft dans
l'un de l'autre. Ainfi, en comptant
le cabinet de M. Bertin, par demi-tons, on trouvera que 15 <;
avoit fon appui ou chevalet particulier, élevé fur la furface
du Chê, de deux pouces fept lignes. Ces chevalets, entre eux
tous repréfentoient les cinq couleurs. Les cinq premiers
etoient bleus les cinq qui fuivoient etoient rouges les cinq
du troifieme rang etoient jaunes, les cirq du quatrième etoient
blancs, & les cinq derniers etoient noirs.
Du refte tous ces chevalets etoient mobiles afin de pou-
voir rendre les cordes plus longues ou plus courtes fuivant
qu'il etoit néceffaire car il paroît que les cordes du Ckê
p
depuis le tems de Fou-hi jufqu'aux Tcheou etoient toutes
compofées de 8 1 fils de foie crue fans qu'il y eût par confé-
quent aucune différence entr'elles de groffes & de petites.
La, plupart des Auteurs qui ont écrit fur l'antiquité n'ont
pas manqué de faire mention du Chê comme d'un infini-
ment auffi ancien que la Monarchie, puifqu'il doit fon origine
à Fou-hi mais plufieurs de ces Auteurs en ont parlé d'une
maniere qui n'eft rien moins qu'exacte. Les uns difent que
parmi les différens Chê il y en avoit qui n'etoient montés
que de cinq cordes d'autres prétendent que le grand Chê de
Fou-hi fut réduit par Chen-noung à %j ou à 23 cordes, &
le petit CM à 1 5 &c &c.
Ces Auteurs peu infiruits dans la Mujlque félon le Prince
Tfaï-yu, dont j'emprunte ici les paroles, n'ont pas compris
les exprejjions des anciens quand ils ont lu que pour tel YA
pour tel SouNG pour telle autre pièce il y avoit accompa-
gnemcnt du Chê à 5 z 5 19 23 cordes &c ils ont cru
bonnement qu'il s'ag/ffoit d'un ChÊ de 3 de ib tg ou 13 cor-
cordes ne font que deux Kiun Amiot ne dife pas que les 15 cordes
tandis que ce que nous appelions du CT^etoierit accordées à un demi-
une oftave ne contenant que 8 ton l'une de l'autre la manièree
degrés, il ne faut que 15 de ces dont il s'exprime & ce que j'ob»
degrés pour former deux de nos fcrve ici, doivent le taire conclure,-
Graves, Au refte quoique le P,
des tandis qu'il n'etoit quejîion que du nombre des cordes
employées pour V accompagnement de tel YA de tel SouNG l~-

ou de telle autre pièce qu'on chantoit dans les cérémonies publi-


ques. En un mot ajoute le Prince il n'y a jamais eu de
Chê à b ib 19 2 j & xy cordes. Depuis Fo u-ht jufquà
Hoang-tt le Chê fut monté de bo cordes c`3 depuis
Hoang- TY jufqu'au tems préfent il a eté monté de zb cordes
feulement. L'éloge & les regles du Chê ^etoient ecrits ancien-
nement fur la furface inférieure de ïinfirument même. On y
employoit 1189 caracleres dont chacun renfermait un fais très-
profond. Ceux qui veulent jouer du Chê, difoient les Anciens,
doivent avoir les paffîons nzortifiées & l'amour de la vertu
gravé dans le cœur fans cela ils n'en tireront que des fons
(îé'riles qui ne produiront aucun fruit.
Je ne prétends pas adopter les idées Chinoifes fur la per-
fection du Chê mais j'ofe affurer que nous n'avons en Europe
aucun infirument de Muiîque qui mérite de lui être préféré.
Je n'en excepte pas même notre Clavecin parce que les fons
aigres des cordes de métal & le bruit que font quelquefois les
touches & les fauteraux, affeftent défagréablement une oreille
un peu délicate.
Les dimensions réelles du CM n'ont pas toujours été les
mêmes, parce que les mefures ont varié. Le pied a cté tant-
tôt plus long tantôt plus court. Néanmoins la plupart des
antiquaires conviennent que fous les trois premières dynafties
la longueur totale de cet inftrument etoit de neuf pieds que
fa tête c'eft-à-dire cette partie qui efl au-deffus du che-
valet fixe avoit en hauteur neuf pouces & que la queue
c'eft-à-dire cette partie inférieure de Finirrument où vont
aboutir les cordes, avoit en longueur un pied huit pouces.
Cependant on employoit des Chê qui avoient d'autres dimen-
fions félon les différentes circonfrances.
ARTICLE SEPTIEME.
Du son il 7? o i s. U

LE bois eft
une des productions de la nature dont l'hom-
me retire les plus grands avantages. C'eft un préfent du ciel s
difent les Auteurs Chinois qui exige de notre part les aftions
de graces les plus finceres & ce ne fut que pour laiffer un
monument eternel de fa reconnoiflance que le faint hom-
me {Fou-hi} détermina que dans la munque en l'honneur
du ciel il y auroit toujours quelques inftrumens propres à
rappeller le fouvenir de cet infigne bienfait.
Ces inftrumens font le Tckou le Ou & le Tcnoung-tou.
Voyez les figures 23, 24 2 & 26.
Le Tckou repréfente les avantages que les hommes fe pro-
curent les uns aux autres depuis qu'ils font unis entre eux
par les liens de la fociété. Cet infiniment a eu de toute anti-
quité la forme de cette forte de boiffeau qui fert à mefurer
les denrées qui nous font vivre & au moyen defquelles nous
prenons notre accroiffement. Il etoit placé au Ncrd-Eft des
autres infoumens & on le jouoit en commençant la mufique.
Le Ou a la forme d'un tigre couché qui fe repofe il eft
par cette attitude, le fymbole de l'empire que les hommes
ont fur tous les êtres qui jouiflent comme eux de la vie. Il
etoit placé au Nord-Oueft des autres inftrumens & on le jouoit
en firiffant la mufique. Anciennement on tiroit du Ou juf-
qu'à fix tons pleins, au moyen des chevilles qu'il a fur ton
dos on ne frappoit pas fur la tête comme on l'a fait dans
la finte ious les Tang 6k tes Soung, on fe contentoit de
racler légèrement les chevilles avec le Tcken ou baguette •.

on failoit trois fois cette cérémonie en iiniliant la niulïqutv


Le Tcnoung- tou ou les Planchettes tiennent un rang dif-
tingué parmi les inftrumens repréfentatifs moins parce qu'on
en tire le fon du bois que parce qu'à leur occaiîon on rappelle
le fouvenir de l'invention merveilleufe au moyen de laquelle
les hommes fe font communiqué mutuellement leurs idées
fans le fecours de la parole.
Avant qu'on eût trouvé l'art de faire le papier, on ecrivoit
fur des planchettes comme fur autant de feuilles on les joi-
gnoit les unes aux autres en les liant enfernble & l'on en
compofoit les Livres. Cet ufage qui efl de tems immémorial
en Chine, n'a ceffé d'avoir lieu que du tems des Han, Les
Auteurs ne font pas d'accord fur la matiere dont on faifoit
les Planchettes dans leur premiere inftitution. Les uns
croient qu'elles etoient uniquement de Bambou, les autres
affurent qu'elles étoient indifféremment ou de Bambou, ou de
quelque efpece de bois que ce fût. Quoi qu'il en foit l'u-
fage d'admettre les Planchettes dans la Muiîque eft ires-ancien
s
puifqu'il eft: dit dans le Tcheou-ly, que le Maître du Cheng
doit l'être aujji du Tchoung-tou.
LesPlanchettes ont eu différens noms fuivantlcurs différentes
formes & leur deflination. On appelloit Tfê, celles fur lefqu elles
on ecrivoit des ouvrages d'une certaine importance elles
etoient liées les unes aux autres, avec une courroie en forme
de Livre ( voyez, la figure %6 ) & on ecrivoit fur la pre-
miere de ces Planchettes les premiers mots de l'ouvrage, ou
le fujet ou fimplement le titre. Ces Planchettes avoient de
longueur deux pieds quatre pouces.
On appelloit Tou les Planchettes fur lefquelles on ecri-
voit de petites pieces fugitives, ou tel autre ouvrage qui ne
demandoit pas beaucoup de paroles; elles n'avoient qu'un
pied deux pouces de longueur.
Celles qui etoient etroites & fur lefquelles on ne pouvoit
écrire qu'un rang de caractères portoient le nom de Kien,
Elles etoient indifféremment longues ou courtes fuivant le
nombre de caractères qu'elles dévoient contenir.
Les King c'efï-à-dire les livres facrés de la nation
etoient ecrits fur les Planchettes dites Tfê, dont la longueur
etoit, comme je l'ai dit de deux pied quatre pouces. Dans
la fuite, on fit l'honneur au Tchun-tficou de Confucius de
l'ecrire comme les King, c'eft-à-dire fur des Planchettes de
pareille longueur. Les premiers Empereurs des H an faifoient
écrire leurs Edits, & tout ce qui emanoit de leur autorité fuprê-
me, fur des Planchettes dont la longueur n'etoit que de deux
pieds ne voulant pas qu'elles fuffent au niveau pour ainfi
dire de celles fur lefquelles on avoit ecrit les King.
Le Tchoung- ton ou les Planchettes à l'ufage de la Mufî-
que, etoient anciennement de la longueur d'un pied deux
pouces, &larges d'un pouce. Cet instrument etoit compofé de
douze Planchettes, pour repréfenter les douze Lu fonde-
ment de la Mufique. Elles etoient liées enfemble comme
on l'a vu figure 26, & on s'en fervoit pour battre la mefure9
en les tenant de la main droite & les heurtant doucement con-
tre la paume de la main gauche.

ARTICLE H U l'T I E M E.
Dv son r> u Bambou.
Des Koan-tfee.
JlL
paroît d'abord que le bambou qui eft une efpece de
rofeau, ne devroït pas être diftingué du bois. Il y a cepen-
danr félon les Chinois une très-grande différence entre le
bambou & le bois. Le bambou difent-ils n'eit proprement

comme étant l'un & tout


ni un arbre ni une simple plante mais il peut être regardé
à la fois. C'eft un végétal
fingulier & unique dans fon efpece qui réunit en foi les prin-
cipales propriétés des arbres & des plantes c'eft celui de tous
les végétaux que l'homme peut employer à un plus grand nom-
bre de befoins & qui eft en général d'une utilité plus uni-
verfelle pour les différens ufages de la vie civile mais il fem-
ble que la nature en le produifant l'a defriné en particulier à
1'ufage de la Mufîque. Le vuide qui fe trouve dans l'intérieur
d'un nœud à l'autre la distance & la proportion entre ces
nœuds cette dureté & cette efpece d'incorruptibilité qui afTu-
rent au bambou une fi longue durée tout, en un mot fera-
ble inviter l'homme à effarer fi en foufflant dans des tuyaux
que la nature elle-même a pris foin de préparer il ne pourroit
pas en tirer des fons propres à l'harmonie. C'efl ce que firent
les premiers habitans de la Chine, & ce qui les conduisit à l'in-
vention de leur Mufîque.
Quelques hommes plus eclairés que les autres, s'apperçurent
que.plus le tuyau dans lequel on fouffloit etoit long plus le
fon .qu'on en tiroit etoit grave mais que quand les longueurs
de divers tuyaux de même calibre, etoient ou doubles, ou
la moitié les unes des autres, les fons fe confondoient de ma-
niere qu'ils paroiffoient ne faire entr'eux qu'un feul & même
fon, Se n'etoient en effet que la repréfentation, l'image & pro-
prement la répétition à l'aigu ou au grave les uns des autres,
Dans des forêts de bambous ils coupèrent des tuyaux de
toutes les longueurs, ils comparèrent les uns aux autres tous
les fons qu'ils en tir oient & après plusieurs expériences ils
trouverent que tous les tons intermédiaires depuis un fou
donné jufqu'à celui qui en etoit la répétition au grave ou à
l'aigu & que nous nommons octave fe réduifoient au nom-
bre de douze (r) comme celui qui donnait le plus exactement
( r) D'un fon donné à fon ofta- a que onze -d'intermédiaires entre
ye, il y a treize fons, & il n'y en ce premier fon donné, & celui
fousc
tous les intervalles fenfibles ( s ). Ils choifirent des tuyaux pour
exprimer ces intervalles, & leur donnèrent le nom de Ko an-

qui en çû î'oftave mais il faut chants que je viens d'apporter en


entendre ici les douze fons diffé- exemple ce qui dans ce cas ne
rais contenus dans une oûave feroit pli'î qu'un chant idéal un
divifée par demi-tons. Voyez ci- chant compofé d'intervalles faiVi-
après note b de la Seconde Par- ces un chant en un mot qui n'en
tic. efl pas un, puifqu'il ne feroit que
(s) Cette rédu&ion d'interval- îa manière de détonner, de chanter
les, au nombre de 12 efl bien faux, dans l'un ou l'autre fyftême
plutôt une idée moderne, que le ,>
de demi-tons, fa ff a- Jlcfi &c.
procédé des premiers Inflituteurs ou fa fol-bémol fol, &c. que
de la Mufique. Je dis une idée j'ai donnés pour exemple. Or,

ou parce qu'en effet une d'un fon à fa réplique, à Ion


moderne
telle opération eft, on trop fa- octave il y a bien plus de douze
trop erronée pour le manières de détonner, bien plus
teiîis.Sc la circonflance oit l'on de douze intervalles feniïbles
iuppole ici les anciens Chinois. puifqu'Ariftoxene chez les Grecs y
Elle efl trop favante fi les into- outre tes moitiés de ton y voyoit
nations intermédiaires entre un encore des tiers de ton des
fon donné & fa réplique font quarts &c. Mais il faut remarquer
conçues comme des demi tons que du tems d'Ariftoxene la
jjuftes tels que (croient les divers Mufique loin d'être à la naiflance
demi-tons apotome & limma marchoit au contraire, &c l'on
eu limma & apotome que for- peut dire a grands pas, vers !a
ment les chants fa, fa-dhjï fol, décadence, comme le prouve l'idée
&c., ou fa, fol-bhnol, fol &c. ces même d'Ariftoxene qui n'eût pu
chants n'ayant pu être imaginés ctre proppfée dans un tems où les
ni mcme foupçonnés avant l'éta- principes etoient en vigueur. Je
bliffement des douze Lu, c'eft-à- reviendrai fur cet objet à l'occa-
dire, des douze ions fondamen- iïon des Lu dans la ieconde Par-
taux à la quinte l'un de l'autre tie de ce Mémoire &C en parti-
dont ils font le réfultat ( Voyez culier dans la troifieme Obfcrva-
note a, p. 28 ). Ou bien cette opé- tion qu'on trouvera à la fin où
ration efltrop erronée trop abfur- je ferai voir ce qui a pu conduire,
de, fi les demi-tons qu'on peut foit les Chinois ibit Anftoxene
concevoir entre un ion & fa à vouloir te donner, contre le
réplique font fuppofcs égaux Sentiment de l'oreille des demi-
entr'eux c'eiî-à-dire font ftippo- tons factices &C qui ne tuflenr.
fés n'être ni des apotome ni des décidément ni le hmma ni
limma & par com'équent ne for- Ttipotorne,
mer, ni l'un ni l'autre des deux
tfee avant qu'ils leur euflent donné celui des Lu qu'ils repré-
fentoient. Voyez figure 27.
Les Koan-tfee ou tuyaux furent rangés fous trois claffes,
compofées chacune de douze tuyaux. Ceux de la premiere
claffe donnoient les fons graves ceux de la féconde les
fons moyens & ceux de la troifieme les fons aigus. Cha-
que claffe avoit fes douze tuyaux liés les uns aux autres
avec une fimple ficelle", & de la manière qu'on le voit à la
figure 27.
Cependant comme ces douze tuyaux ne différoient l'un
de l'autre que d'un demi-ton on trouva quelque difficulté à
s'en fervir pour l'accompagnement des paroles qu'on chantoit
en l'honneur du ciel ou des ancêtres. Le chant procédant par
des tons, il falloit que l'accompagnateur donnât fur le champ
le ton requis avec quelqu'un de fes Koan-tfee & il n'etoit pas
rare fur un infiniment dont les tuyaux etoient rangés par
demi-tons que cet accompagnateur prît un tuyau pour l'autre,
& occafionnât une cacophonie insupportable.

Pour parer à cet inconvénient on s'avifa de féparer les


tuyaux & de les ranger de manière que de l'un à l'autre il
y eût l'intervalle d'un ton entier. Les fix qui correipondoient
aux nombres impairs c'eft-à-dire le premier, le troifieme,
le cinquième le fepticrne le neuvième & le onzième furent
placés de fuite & les iix autres qui correfponduient
aux nombres pairs c'eft-à-dire le fécond le quatrième3
le fixieme le huitième le dixième & le douzième furent
pareillement placés de fuite ce qui conftitua deux ordres de
tuyaux dont le premier fut appelle -Yang c'eft-à-dire du
premier ordre Parfait, &c. & le fécond Yn c'eft-à-dire,
du fécond ordre, > Imparfait &c. (t). On lia les uns aux autres

(i) Le texte du P. Amiot, porte fait &c. yr c'eit-à-dire mï~


ici
i.ei Yanb
Yang) J1. J.. par- rze:~r,
c'eft-à-dire majeur., ydu~ inzprrfzit &c;
rieur, imparfait 'iL
ÔC c,c'efï 1
F~c.; depuis
Clepltls
les fix tuyaux de chaque ordre & ces deux ordres de tuyaux
furent comme deux inftrumens particuliers, dont on tira, pour

fes premiers manufcrits fur la en les prenant de deux en deux


Miuîq.ue des Chinois que le P. aucune fupériorité aucune préé-
Amiot fe fert des termes de ma- minence réelle les uns fur les
jeur & de mineur pour rendre autres. Dans le fyftême des con-
le fens de Vyang & de Vyn des fonnances, on aura, en prenant:
Chinois. Voyez dans les Variétés ceux de nombre impair, les ton;:
Littéraires, tome pag. 318 la confécutifsfa, fol, la, &c. & zn
note fur les Lu. prenant les nombres pairs on
J'ai cru devoir fubftituer ici, aura les tons ut re mi, Sec. De
8c dans tout le cours de cet Ou- même dans le fyftême des demi-
vrage, l'expreffion de premier tons, on aura également d'un,
ordre, fecond ordre, aux termes de côté fa fol la. &c. de l'autre
majeur & de mineur. D'abord pour fa-diefe, fol-diefe la-diefi &c.
plus de clarté en fecond lieu entre leiquels i! y a toujours même
pour deux raifons qui m'ont paru intervalle, même intonation en
affez importantes. La premiere un mot, un même chant, procé-
parce que les termes de majeur & dant par tons. On voit par-là
1,

de mineur préfentent parmi nous combien les termes de majeur &


des idées dont il n'eft nullement de mineur, appliqués à ces diffé-
quefKon dans cet Ouvrage la rentes féries de tons auroient pu
leconde parce que les dénomina- nous éloigner de l'idée que nous
tions chinoifes ne font pas pro- devons nous former des lu ou
prement relatives aux Lu pris en fons yang &c des lu ou fons yn
eux-mêmes mais feulement aux entre lefqueis il n'y a, comme je
qualités que les Chinois attribuent l'ai dit, nulle prééminence réelle,
aux nombres auxquels ces Lu cor- nulle autre particularité, fi ce n'eft
refpondent Vyang, comme on l'a celle d'être le premier ou le fe-
vu répondant aux nombres im- cond, le troifieme ou le quatrie-
pairs, & l'yn aux nombres pairs me, <kc. de l'ordre à-peu-près-
les uns regardés comme parfaits arbitraire dans lequel ils font ex-
les autres comme imparfaits ou fi pofés, ce qui fans doute n'a rien
l'on veut Vyang repréfentant le de commun avec l'idée que nous
mâle Yyn la femelle idées que nous formons de majeur & de
Pythagore a fu s'approprier dans mineur.
fa doSrine fur les nombres. Or Au refle pour mieux faire
les Lu foit qu'ils foient difpoiés comprendre ce que c'eft que Vyang
par des confonnances ou par des & Vyn des Chinois, je rapporterai
demi-tons, comme fa ut ,fol, re ici ce qu'en dit le P. Amiot lui-
la mi &c. ou fa fa-diefe fol même, dans les Préliminaires des
fol-dhfe la, la-diefe &c. n'ont, manufcrits envoyés autrefois à
l'accompagnement tous les tons qui font renfermés entre les
bornes de l'oftave.
On ne fut pas long-tems fans s'appercevoir que ces deux
efpeces d'initrumens étoient trop incommodes & trop bornés.
On tâcha d'en corriger l'imperfefticn on les rendit plus com-
modes en les joignant l'un à l'autre, non plus avec une (im-
ple ficelle comme auparavant mais en les affujétiffant entre
deux ais. On en augmenta l'étendue en ajoutant quatre tuyaux.
Ainfi au lieu de deux inftrumens on eut un feul & même
iniîrumentj compofé de feize tuyaux, auquel on donna le nom
de Siao.
A l'imitation de ce nouvel inflrument on en fit un plus
petit, dont tous les tuyaux fonnoient l'oftave aiguë du premier.
On appella ce premier, grand Siao & l'autre petit Siao;3
Voyez la figure 34. Le tuyau qui donnoit le Hoang-tchoung3
fon le plus grave du grand Siao avoit deux pieds de lon-
gueur, & le Hoang-tchoung du petit Siao n'étoit que d'un
pied.
Deux Muficiens étoient ci devant chargés des tuyaux liés
avec une ficelle. L'un fouffloit dans les tuyaux Yang ou du

M. de Bougainville cahier A aucune différence réelle entre les


page 7. Lu du premier ordre & ceux du
« Le ciel eu yang la terre eu iecortd les termes à'yang&C d'yn
» yn le foleii cû yang, ia lune n'ont pu leur êire appliqués que
» efï yn l'homme eit yang la pour indiquer la clafîe à laquelle
» femme eu yn le haut çftyang, ils appartiennent Yyang cléiignant
» le bas efl yn le deffus eu yang, celle des nombres parfaus ou im-
» le défions eft yn en un mot, pairs, ÔcYyn désignant celle des
;> tout ce
qu'il y a de plus parfait nombres imparfaits ou pairs; cîaffes
» dans les efpeces tout ce qu'il que j'ai appeiiécs premier &; fecoîid.
» y a de plus accompli, z&yang; le ordre d'autant que le P. Amiot
» moins parfait efi: yn. La matière vient de parler lui-même de deux
» en mouvement eûjang, la ma- ordres de tuyaux Se qu'il emploie
» ticre en repos efl: y/?, &c.»
» la mcmeexpreflion immédiatement
On voit par-ià que n'y ayant après ce pafiage.
premier ordre l'autre dans les tuyaux Yn, ou du fecond ordre
deux Muficiens encore furent chargés des Siao L'un du grand
Siao pour les tons graves & l'autre du petit pour Les tons
aigus.
§. il.
IL
Du Yo.

Il n'étoit pas encore venu en penfée aux Chinois, qu'on


pouvoir avec un feul tuyau donner tous les tons qu'on obte-
noit avec les douze ou les feize tuyaux des deux fortes d'inf-
trumens dont nous venons de parler ils l'imaginèrent enfin
& comprirent qu'un tuyau qu'on perceroit à différentes dif-
tances, donneroit différens fons & repréfenteroit ainiî
autant de tuyaux qu'il y auroit de trous dans une partie de
fa longueur. Ils firent l'initrument auquel ils donnèrent le
nom de Yo. Voyez la figure 36, A.
Cet inftrument fut percé non pour moduler indifférem-
ment fur tous les tons mais pour un ton fixe & déterminé.
On ht le premier Yo fur la mefure du Hoang-tckoung ainfi
le fon fondamental qu'il fit entendre tous les trous étant
bouchés, fut le Koung, que je traduis par fa &c non par
lit pour des raifons que je dirai dans la fuite en parlant des
tons. En foufSant plus fort, au lieu du Koung, le tuyau fit
entendre le Tché, c'eft-à-dire m quinte au-defïus de fa (</).

( h) Le ]" Amiot corijedure ici 3z après avoir vérifié la chofe,


avec beaucoup de railbn que cet j'ai cru devoir iubibtuer à la con-
ut ii'.i-deffus de fa eli apparem- jecture du Pi Amiot les mots tres-
ment lu aouïictiic du Koiins: c'eiî poûùis, ijuinte au-.lc(fu.s Je fa. Voici
.ton expj-ciïion. Cette conjecture ce qui décide pour la quinte.
eft fonclcc iur ce que tout corps Nous avons eu Provence un
honore donne parmi fes harme- infiniment de même genre que le
quinte. Mai:, il ici
îiiques, la douzième, & nc;i la yo, & qui nu c-«J.lenient quj trois
d'un tait trou.: ccû l-j tluut trcs-conmi
Dès-lors trois trous fuffirent pour donner tous les autres tons.
Voici comment l'explique le Prince Tfaï-yu après en avoir
fait l'expérience par lui-même.
Torrs les trous étant bouchés £ infiniment donnoit le Ko UNC
(fa ). En ouvrant le premier trou & en foufflant modé-
rément on eut le ChANG (fol ) en foufflant plus fort on
entendit réfonner le Yu ( re ). En ouvrant enfemhle le premier
& le fécond trou on eut le Kio (la) en foufflant modéré'
ment & le Ho (mi ) en foufflant plus fort. En fermant le
trou du milieu, les deux trous extrêmes étant ouverts, on fit
réfonner le Tchoung (fi ) en foufflant modérément & l'on
eut ainfl tous les tons (x).

fur-tout à Marfeille &C à Aix. Cet miers fons felon les trous qu'on,
infiniment dont le fon grave eft tient ouverts ou fermés. Si i'on
communément re ne donne, par fouffle un peu plus fort, on obtient
fa conftruâion que quatre fons l'oftave & enfin la douzième par
confécutifs qui font, ri mi, fa un fouffle beaucoup plus fort. Ainf^
fol%. Or, pour obtenir les autres après un fon grave donne le pre-
ions qui doivent completter la mier fon obtenu par la différence
gamme de cet infiniment c'eft-à- du fouffle efl la quinte vient
dire les fons la ,f, ut il faut enfuite Toftave & en dernier lieu
en fouillant un peu plus fort, faire la douzième. C'efl: à quoi fe réduit
qtunter rinftrument. Ainfi le re par la gamme du Flutet que M. Clia-
ce moyen donne fa quinte La; le mi teauminois a bien voulu me donner
donne fi, et lefa^ donne !W%. par ecrit. Cette gamme efï pour
Quant aux oftaves on les obtient un Flutet en mi-bémol mais c'efi:
en fouillant encore plus fort que toujours le même phénomène pour
pour la quinte. le Flutet en re. La différence du
J'ai confulté fur cela M. Cha- fon fondamental ne change en
teauminois, Muficien, & excellent rien l'opération de la nature com-
Maître de Flutet, à Paris. Il a eu me on le voit d'ailleurs par le yo
la bonté de me donner tous les dont le fon grave cû.fa.
eclairciffemensquejelui ai deman- (.r) II refaite de ce paffage, que
dés. En embouchant moi-même le le yo donne en premier lieu, Se
Flutet, j'ai eté filrpris de l'extrême par la manière dont il ett percé
facilité avec laquelle, en fortifiant les quatre fons confécutifs fa
tant foit peu le fouftle on obtient fol la ,fi; qu'enfitite les trois pre-
la quinte de l'un des quatre prc- miers de ces fons ,fa, fol &C la,
Les fentimens font partagés fur le nombre des trous dont
on perça l'ancien Yo. Les uns /'& c'eft le plus grand nom-
bre, croient qu'il n'avoit que trois trous au moyen defquels
on obtenoit différens tons les autres, au contraire prétendent
qu'il avoit fix trous pour former les douz^ Lu mais cela revient
au même dit le Prince Tfai-yu car en ajoutant un trou entre
le premier & le fécond entre le fécond & le troijieme, & un autre
plus bas que le premier on a les Jîx trous qui donnent les dou^e
Lu 3 ou les dou^e demi-ions de l'oclave de la manière que je
vais dire (y)., &C. Voyez la figure 36, B.

en faifant entendre leurs quintes ner fur cet infiniment la quarte


par la feule différence du foufïïe jufle du fon grave le troifieme
achèvent de completter la gamme trou étant par-deflbus, on le ferme
chinoife fa, fol, la, fi, ut, rc7 mi. à moitié avec l'extrémité du pou-
Or, le Flutet dont j'ai parié à la ce ci. cette quarte redevient tri-
note précédente en fuivant le ton, II on laiffe le trou entièrement
même procédé a encore cela de ouvert mais il eiî aifé de remar-
remarquable que fes quatre pre- quer que cette aftion de fermer à
mieres notes forment exactement moitié le troineme trou, eft un
les mêmes intervalles les mûmes artifice & que la nature du Flutet
trois tons confccutifs que le yo 9 eft de donner, comme leyo, trois
celui-ci diiant_/îi,fol, lii,Ji, & le ions coniécutil's un triton, rél'ul-
Flutet re i;û fi >Â- fol d'où tat d'une opération très-naturelle,
rélulte par la différence du (ouffle, dont je parlerai à la note a a.
une gamme femblable à celle du (jk) Hparoît aifez par ce paf-
yo. Cette intonation de notre mi- fage que le yo à iix trous n'eit
trument provençal paroitra fans qu'une fuppofition des Chinois
doute imguliere ibit en elle-mê- modernes conçue d'après l'idée
me, foit par fa conformité à celle qui fait coniîfter l'etabhuement
de rinfînnnent chinois mais il des principes de la Muficme dans
faut obierver que îe ton propre du une diviïion de l'oclave en douze
Flutet n'eft pas c;lui du ton le plus deim-tons égaux ou à-peu-près
grave di> 'l'inllrurnent mais celui égaux entr'eux ( Voyez, note s
de la quinte de ce ion «rave pag. ). iNiais le piiénorac-ae du
6=;
qu'ainil le Fluret dont le fon grave yo ù l'on y fait attention démon-
eit n c(t percé pour ie ton de la tre bien évidemment l'abllir.lité de
& que celui dont le l'on f;rave dt cette idcj pu'ifque k-s quintes
ml-bc.'nol a pour ton pronre fi- ji-iftes que x\ût entondre cet inltru-
bimol, Il cil ailé d'ailleurs de don- ment ne peuvent donner Je.>
On voit par-là ajoute Tfai-yu qu'on peut obtenir les mêmes
tons du Yo v foit qu'il ait Jîx trous foit qu'il n'en ait que trois.
Cependant à dire ici ce que je penfe Les plus anciens Yo
n'avoient que trois trous. J'en ai vu un moi-même dont l'anti-
quité etoit fans contredit avant les Tcheou & qui etoit tel.
D'ailleurs le Tcheou-ly I'Eulu-ya & ce qu'il y a de plus,
authentique parmi nos monumens n'en parlent que comme d un
infiniment à trois trous. Mao-chÉ cjl le premier que je fâche
qui en ait parlé comme a un infiniment à Jix trous. Le torrent
des Lettrés Jans fe donner la peine d'approfondir l'opinion de
Mâo-chÉ ont été de fou f animera &c.
Les Anciens dit encore le Prince Tfai-yu, faifoient un très-
grand cas du Yo,• parce qu'ils ax oient dans cet infiniment les
principes qui avaient fervi aux premiers Inflimteurs pour fixer
les Lu les poids & les dimenfwns (^ ). L'ancien Yo etoit très-

demi-tons égaux entr'eux. On va pas fa ou ce qui eâ la même


voir d'ailleurs ce que penfe le chofe, la quinte de la-dïefi ne fau-
Prince Tfai-yu lui-même du yo à roit s'accorder avec l'oftave de
iix trous. fa. qu'elle furpaffe de près d'un
Au relie la maniere dont fe quart de ton car la nature, dans
forment les douze lu, par le yo à le phénomène du yo, ne connoît
fix trous que décrit ici fort en pas le tempérament ou telle autre
détail le Prince Tfai-yu fe ré- abfurdité imaginée par les hom-
duit ce que ces Iix trous ré-
fol fol
mes. Voyez note q de la féconde
Partie.
pondant à fn la
La^ fi donnent chacun leur ( i ) Le phénomène que préfente
quinte par la différence du fouffle. le yo en ce qu'il fait entendre fa
J'ai fuppriiné cette defeription quinte par la feule différence du
non-feulement comme inutile à la louffie a dû iutEre aux premiers
queflion préfente mais parce Instituteurs pour fonder tout le
qu'elle eft vicieufe. Notre illuftre fyftè-me mufical qui n.'ell au fond
Auteur, arrivé au cinquième trou, qu'un affembiage une fuite de
qui eû la-diefe dit que ce trou quintes, ou de conlonnanccs qui la
donne le tchiung-lu & le hoang- reprcfentent ( Note a pag. 28).
tchoung, c'eft-à-dire la-duf Se fi Un fimple tuyau dans lequel
ce qui îVeft pas. La quinte de la- ces premiers Inltituteurs auront
dkfc eit mi-rdlcfi or mi-dieft n'eft découvert ce phénomène fi finçu-
difficile à jouer. Nos Mujîciens modernes auraient bien de la
peine, à l'accorder avec les injlnunens donv on Je fert aujour*
d'hui (aœ).

iier & naturellement fî. remar- conclure ru'en formant feulement


quable a pu les conduire à faire un nouvel o à l'ottave au-de(ïbus
en même teins de ce tuyau un de ce fa-d'ujï ou bien d'autres yo
infiniment complet, & une règle au ton des trous foi la & fl du
authentique pour La formation pr emier il n'aura pas été difficile
des lu. aux Inftituteurs d'obtenir plus de
Supposons que ce tuyau ait été tons fondamentaux que n'en em-
au ton de fa. Ce fa comme on l'a ploient aujourd'hui les Chinois
vu à la page 6y, donne fa quinte dans leur fy {terne qu'ils bornent
?«, en foulant un peu plus fort. à douze lu pris individuellement
Or il n'a fallu que couper un depuis /i, comme on le verra à la
fecond tuyau à l'uniflbn de cet ut, féconde Partie de ce Mémoire.
pour avoir par la différence du On peut croire, au refte que c'eft
îbuffle une nouvelle quinte un la perte ou le non ufage du yo qui
fol, qui a fervi de modèle de a jette les Chinois modernes dans
regle d'intonation, pour le fol que ces proportions fachees eue l;i
donne le premier trou percé fin- réduction du fyftême nuuical ù
ïe yo. douze tons déterminés entraîne
Ce premier trou par le même nécessairement. Je traiterai de cet
phénomène, donnant la quinte rc objet dans la troifieme observa-
un troifieme tuyau mis à l'uniflbn tion, à la fin de ce Mémoire.
de ce re, a fourni la quinte la, (tf.j) Ce dernier parTage mérite
modèle du la que donne le fécond la plus grande attention il ren-
trou du yo. verie totalement la doctrine des
Ce iecond trou, ce la. donnant, proportions factices des Chinois
comme le premier fa quinte mi modernes. En efïet l'ancien yo,
il n'a plus fallu qu'un quatrième comme on fa vu ci-devant, don-
tuyau coupé à FunifTon de ce mi, ne, dans fa longueur totale, fa.
pour en obtenir, par la différence
du fonffle fa quinte^?, modèle de
cejï qui paroît choquer furie troi-
Les trois trous dont il eil percé
rendent les trois fons fol, A.r
c'efî-là l'opération de l'homme
&
sième trou du yo quand on n'a c'eft l'intonation quïi a" voulu
que des gammes dans la tête.. mettre fur cet infiniment mais
On a donc par cette opération l'intonation des trois autres fons
les huit fons fondamentaux, ut, de la gamme au. yo lavoir, l'in-
fol /?, la mi ,fî,fa que donne tonation cYut de rc & de mi ne
le yo, car le trou qui ionney?, dépend pius de lui. En jouant ft ~z

fournit comme les autres fa propre il n'a qu'à fouffler un peu plus fort,
axûnte fa-dùjï. D'où il eft aifé de la nature lui tait entendre elle-
Leyo etoit au rang des înftrumens itables on ne pouvoit s'en
fervir pour moduler indifféremment fur divers tons. Il avoit

même un ut quinte de (on fa de le fon donne par la longueur to-


même en jouant fol & la s'il tale de l'inftrument au lieu d'une
fouffle un peu plus fort la nature quarte jufte. Car les hommes en
lui fournira re & mi, quintes jitftes perçant l'un ou l'autre de ces deux
de Ion fol & de fon la. Quintes inftrumens, ne fe font pas guidés
qui ne fauroient fe foumettre à par des divifions arbitraires de
aucun fyftême de tempérament à tons ou de demi-tons mais par
aucune de ces intonations affoiblies des quintes comme on en fera
que l'homme imagine pour fe don- convaincu fi on fait bien atten-
ner des demi-tons égaux ou à-peu- tion à tout ce que j'ai déjà dit au
près égaux entr'eux. fujet du yo & fur-tout à ce tri-
Or, ce font ces quintes natu- ton fa fi, entre le fon grave ôi le
relles, obtenues par la feule diffé- troifieme trou, réfultat jufte d'une
rence du fouffle qui ont guidé les férie de quintes & réfultat abfur-
anciens Chinois pour la place & de, fi l'on fuppofe une férie de
la jufle proportion des trous du tons. Revenons au procédé que je
yo; foit qu'ils aient eu recours à viens de décrire.
d'autres tuyaux comme je l'ai On a donc par ce procédé la
expoié à la note précédente foit férie de quintes
qu'ils fe foient conduits comme fa ut fol re la mi fi,
je vais le fuppofer. les unes ( ut, re & mi ) données
La premiere quinte entendue directement par la nature les au-
l'ut au-deffus de fa,, a indiqué l'in- tres (fol la&cjî') feulement indi-
tonation de fa propre quinte quées. Or ceci explique la propo-
l'intonation de fol; & l'on a percé fition du Prince Tfai -yu fur
le premier trou pour donner laquelle j'ai fait cette note nos
l'octave au-deffous de ce fol. La Mujïcicns modernes auroient bien de
quinte de fol c'eft-à dire re en la peins, à l'accorder ( l'ancien yo )
indiquant également fa propre avec les inflrumens dont on fi jert
quinte, qui eft la a fait fentir où aujourd'hui. En effet comment
il falloit placer le fecond trou accorder cet ancien yo tel que
pour avoir l'oftave au-deffous de nous l'avons vu fe former avec
ce la. Enfin, mi, obtenu par la des inftrumens dont les quintes
différence du iouffle, en jouant la, ou du moins plufieurs quintes
a indiqué comme les autres fa font altérées & mifes hors de leurs
propre quinte c'eft-à-dire fi, & proportions uniquement pour
voilà pourquoi l'inftrument chi- leur faire rendre ces demi-tons
nois, ainfi que le Fltitet dont j'ai factices ces demi-tons de fantai-
parlé aux notes u & x fonne le fie, par. lesquels les Chinois mo-
triton ou quarte fuperflue contre dernes ont voulu divifer i'otlave ?'f
comme je i'ai dit, un ton fixe ÔC déterminé, dont il ne fortoit
jamais; & ce ton, ainfi qu'on l'a vu ci-devant, fut d'abord
celui du Hoang-tckoung ( le premier des lu ). On fit enfuite
autant de yo qu'il y avoit de lu, afin de pouvoir employer
cet inhument dans toute forte de Mufique fur quelque ton
qu'elle fût. L'on donna à ces différent yo & le nom & les
dimensions des lu qu'ils repréfentoient.
Pour ne pas décider la queilioi-1 entre ceux qui prétendent
que l'ancien yo n'avoit que trois trous, & ceux qui veulent
qu'il en ait eu jufqu'à fix; j'ai mis l'un & l'autre fous la figure 36.
Le yo tel que je l'ai décrit, etoit un Simple tuyau d'une
longueur déterminée ouvert dans fes deux extrémités &
percé dans fa partie inférieure de trois ou de fix trous. Il n'etoit
pas aifé d'en attraper l'embouchure de manière à en tirer des
fons clairs & nets. Cette difficulté fit imaginer l'inflrument
fuivant.
§. III.
Du Ty.
Le Ty n'eft autre chofe qu'un yo, à l'extrémité fupérieure
duquel on mit un tampon. On fit à ce tampon une ouverture
d'une demi-ligne, & l'on echancra d'autant le bout du tuyau.
Voyez la figure 39, A. Par ce moyen l'on eut une embouchure
plus aifée à trouver, &il ne fallut pas une fi grande dépenfe de
foufile. Voilà au vrai ce que c'etoit que l'ancien Ty. Cependant
tous les Antiquaires ne conviennent pas entr'eux fur le nom-
bre de trous dont etoit percé cet ancien Ty. Les uns lui en

Cette obfervation vient à l'appui qu'une férie de demi-tons égaux en-


de ce que j'ai déja infirmé à la tr'eux, 6c par confdquent taux
note ( s ), favoir que c'efl d'une puiffe jamais donner, ni quinte, ni
férie de quintes juftes que l'ont quarte, ni aucun autre intervalle
formés & les demi-tons & les jufle.
divers intervalles muiicaux, loin
domu'iK trois, les autres quatre. quelques-uns riiK| ex d,iu-
(ces jutqu'à (cpt. M, lis il e(l évident que ces Ailleurs, ne parlant,
de cet iiil'iunu'iii: ijue p.iv occalion eV fans le connoiire, ils
l'ont confondu ,nee le Tv moderne. Celui-ci quoique pci-
U'clioune p.ir degrés, s'cll iou|ours unie (r.mh erl.ileiiienl ce
qui n.i jamais cté de 1 ancien .7 v qui ne diflcroit du yo
comme je I ai dit que p;ir l'embouchure qu'on .noir perfec-
tionnée.
§. IV.
Du Tché.
les tli<lefOïis inicnimcns dont. Ce (ervoïent les anciens
Parmi
Chinois pour ;n oir le ion propre <\v B;iml>ou ? il n'y en a
point qui (oit eonlbuir d'une f.içou plus linmilicrc tjue cc:lii!
:niquel ils ont donné le nom de fc/ic e'cfl une clpece de (lùtc
tT.nertiere fermée d.ms tes deux bouts, ;iy;nu l'cmboueliiirc
i}au< le milieu de t.i longueur, 6c trois trous à chacun des côtes
tle 1 embouchure. Voyez, In ligure 42-
On tiroit trois tons chilérens de chaque trou. Cet infiniment
dit le Prince Tiai-yu ac \vr-tout en ufa^e fous les trois pre-

y:: y. c" .'es m. uns un jiniii.jue.ire .ji/i en jaifoit plus de

/;, ;.
vjtjcljist: j
t-' er: e.i
f:e::s. ylvec :;i:
obtenu du moins de pouvoir le confi.dérer à
pr:s ewiclement la figure t-' toutes les dunen-
Je B .im hou j'en ai me/ure le contour, j'ai'. &

-e
rrv.v;' fa circonférence et'ott la me/ne que celle des monnaies
cil'v; pjrtcv.c l errifrcuitc des deux Caracle/'ds Kai-
y us y (7). Q:o;^e de ces pièces de monnaie placées de j une
(-)
M.s.
À.1 .•;
r.-x:j:
eit le nom eue
aurreir.cnt dit
Chrirt 713 jiifqu'à l'an 741 niciiL-
iivemenr. Hiucn-tjon/ig d\ un des
rl:x:h;. : z • iaiiine E!î"ijNereur plus ^rancis Princes qui ait occupe
de<
'.l:i
T.ç don::?. ?.u>: amice:; tle le Trône Chinois,
ic:\ regiio depuis I.:i1
1 V ~iïl~tils CA~ ~LÂt\v~
i an de Jclus-
l'une contre l'autre donnaient exactement. \a. longueur. Joui le
mon Je fait que le diamètre des monnaie, tnjcnies /{ Ai-rur.N
doit d'un pouce de l'ancien pied.; par conféquem /</ lomnicur
de f ancien T'eut-: croit de quatorze pouces ou d'un pied quatre
qui revient: même. I.'epaiJJeur du /l.unlxiu noir,
pouces cc au
d'une H'jne & demie Le diamètre de fou mhnuclmre de. trois
Ho nés. Sur la partie inférieure de I. infiniment et oient l'iavés trois
caractères anciens des plus extraordinaires. Les caractères je
Lifeiu HoANC-TcirouNG-rcitÉ c'cTr-a-dire TcuA du
H.OANG-TCJIOUNG. Du rcjlc je Jais Jûr amant qu'on peu/,
l'être que le Tcif que j 'ai eu cuire les mains & que /'ni exa-
miné avec foin cfl véritablement un antique. Il efl conforma à.
toutes les dejcnpiLons que fai. lues 6' dans le Tchequ-lv
& dans des frainnens plus anciens encore.
Je me fuis trop étendu fans cloute fur ce qui. regarde les
inftrumens qui donnent le Ton du Bambou; mais on doit faire
attention que ces fortes d'inftrumcns ayant contribué plus que
tous les autres à Fetabliffement des règles de la Mufique j'ai
dû entrer dans quelques détails a cet égard. En effet, c'efr. au
moyen des tuyaux de Bambou que Lin g- Lan. vint à bout
félon les Auteurs Chinois, de trouver les douze demi-tons qui
font renfermés dans les limites d'une octave &: qu'on appelle
les douze Lu. Or ce Ling-lun etoit un des Grands de la Cour
de Moang-ty & la foixante-unicme année duregne de Hoang-
jty répond a l'an 2637 avant l'ère chrétienne. Qu'on juge par
cette époque de l'ancienneté de la Mufique chez les Chinois»
ARTICLE NEUVIEME.
J
Du son de
E
la Calebasse.
l'ai déja dit, & je le répete avec plaisir les anciens Chi-
nois ces hommes qui les premiers donnèrent des loix dans
cette portion de la terre, qu'on appelle la Chine ont eté les
inventeurs de cette Mufique qui a eu cours de tout tems chez
la nation qu'ils formerent. Le premier ufage qu'ils en firent
fut pour chanter des Hymnes en l'honneur du Ciel & en l'hon-
neur des Ancêtres. Ces deux fortes de cultes, quoique très-
différens entr'eux & rendus dans des lieux féparés n'ont
jamais eté à la Chine l'un fans l'autre. Par le premier, les
anciens Chinois rendoient grace au Ciel de tous les bienfaits
dont il ne ceffoit de les combler & par le fécond, ils remer-
cioient leurs Ancêtres de leur avoir donné la vie & les avoir
mis ainfl en etat de pouvoir jouir de tous les dons du Ciel. En
s'acquittant de ce double devoir, ils vouloient, dans la Mufi-
que qui accompagnoit l'une & l'autre cérémonie avoir fous
leurs yeux les différentes matieres qui pouvoient exciter leur
reconnoiffance en leur rappellant le fouvenir de ce qui fer-
voit à leur nourriture, à leur entretien & à leur bien-être
dans l'ufage ordinaire de la vie.
Déjà dans leurs inftrumens de mufique ils employoient la
peau & la foie comme un figne de leur fupériorité fur les
animaux & de leur prééminence fur ce qu'il y a de plus pré-
cieux dans la nature. Déjà d'autres inftrumens de terre de
pierre & de métal etoient l'emblème & de la terre qu'ils
habitoient & de l'ufage qui leur avoit eté accordé de tout ce
que cette même terre contient fur fa furface, ou de ce qu'elle
renferme dans fon fein. Déja le fon des inftrumens de bois,
a
& celui des tuyaux de Bambou, leur rappelloient les avanta-
ges fans nombre qu'ils retiroient de toutes les productions des
forêts & de la campagne. Il leur manquoit un huitieme ton
pour completter le nombre qui, félon eux, etl fixé par la
nature & que désignent les huit ko a ou trigrammes deFou-hi,
Sans s'écarter de leurs habitations ils le trouvèrent ce ton
particulier, dans l'enceinte de leurs jardins.
Parmi ces plantes annuelles qui pourvoient aux befoins de
la vie, il en eft une de la claffe des courges, dont le fruit a
une ecorce mince liiïe & dure qui par la direction l'arran-
gement & le tiffu des fibres qui la composent, nous fait affez
connoître que la nature ne l'a ainfi travaillée que pour la
mettre au rang des corps fonores. Ce fruit, auquel nous don-
nons, enfrançois, le nom de calebafïe, eft appelle Pao par
les Chinois; fa figure eft comme celle de nos gourdes de Pèle-
rins. C'eft cette efpece que choifîrent les1 anciens Chinois pour
repréfenter dans leur Mufique les légumes & les herbages dont
le Ciel a accordé à l'homme la connoiffance & Tufage libre
& c'etoit pour accompagner les Hymnes qu'on chantoit en
reconnoiflance d'un pareil bienfait qu'ils fe fervoient d'un
inftrument dont la partie principale etoit faite avec le Pao
c'eft-à-dire la calebaffe.
Cette partie etoit le corps même de l'inftrument différens
tuyaux de Bambou etoient adhérens à ce corps & c'eft ce
corps même qui, recevant immédiatement le fouffle de l'hom-
me, le diftribuoit aux tuyaux & leur faifoit produire divers
ions, félon les regles des Lu. J'oie le dire les anciens Egyp-
tiens, avec leurs hiéroglyphes, n'ont été que des enfans en
comparaifon des anciens Chinois. Dans le feul inftrument dont
il s'agit ici que de merveilles n'aurions-nous pas a découvrir
Son origine ion antiquité, fa matière fa forme ton ufage
tout eft allégorie, tout eft myftere en lui. Que ne puis-je
entrer dans quelque détail à ce fujet niais continuons;
Dans l'intention de faire entrer dans leur Mufique des gran-
des cérémonies un infiniment qui pût repréfenter pour la
nombreufe claffe des légumes les lnftituteurs Chinois imagi-
nèrent un moyen qui ne leur réuïïit pas d'abord mais qui les
mit fur la voie qui devoir leur faire trouver ce qu'ils fouhai-
toient ils prirent une calebaflc de médiocre groiTeur la per-
cerent à cette partie par où elle tient à la plante pour avoir
une embouchure & ils firent un certain nombre de trous dans
différens points de fa panfe pour avoir les différens tons. Le
fon lourd & mat qu'ils tirerent de ce nouvel infiniment le leur
fit abandonner ils penferent à un autre expédient ils coupe-
rent rouie la partie fupérieure qui forme le cou de la calebafTe
& en ne réiervant que la partie inférieure de manière à pou-
voir y adapter un couvercle de bois ils percèrent ce cou-
vercle d'autant de trous qu'ils vouloient avoir de tons différens.
Ils placerent dans chaque trou un tuyau de Bambou plus ou
moins long, félon le ton qu'il devoit donner.
La conftruction de ces tuyaux fut toute différente de celle
des tuyaux dont j'ai parlé dans les articles précédens. Ceux-là
rendoient leur fon propre lorfquJon fouffloit à travers l'echan?
crure du bout fupérieur au lieu que les nouveaux tuyaux ne
devant être que comme le canal du fon de la calebaffe ne
fervoient qu'à modifier ce for par leurs différentes longueurs,
de manière à lui faire rendre tel ou tel ton. Le bout inférieur
de ces mêmes tuyaux celui qui enrroit dans le corps de la
calebaffe etoit exactement fermé avec un tampon; mais une
echancrure d'environ cinq ou fix lignes de long fur trois ou
quatre de large faite à quelque diitance du tampon tenoit
lieu d'ouverture. On y avoit appliqué une feuille très-mince
d'or fin battu, au milieu de laquelle etoit découpée une lan-
guette de la longueur d'un peu plus des deux tiers de celle de
la
la feuille. Cette languette, ne tenant à la feuille très-mince,
dont elle faifoit partie, que par l'une de fes extrémités pou-
voit être agitée en tout fens par le moindre fouffle & laiffoit
unpafîage libre à l'air, foit qu'on voulût le pouffer ou l'attirer à
foi par le moyen d'un ruyau de bois qui ivoh la forme du cou
d'une oie & qu'on avoit adapté au corps même de la cale-
baffe pour fervir d'embouchure. Voyez la figure 45.
Les Chinois comme on peut bien le penfer ne manquent
pas de raifons très-myftiques touchant la figure de ce tuyau
mais comme elles ne font pas à mon fujet, je me contenterai
de dire pour ne pas fruftrer en entier la curiofité du Lefteur
que cet infiniment, plus parfait qu'aucun autre forti jufqu'alors
de la main des hommes, en ce qu'il pouvoit lui feul rendre
de la manière la plus exacte, tous les Lu & tous les tons
devoit encore exprimer allégoriquement les divers fons que
fournit la nature dans les principales productions de fes trois
regnes l'animal le végétal & le minéral. CJeft ce que fait
cet infiniment, au moyen des différentes matieres qui le com-
pofent, & par la maniere dont il en: conftruit. Le cou d'oie
repréfente, pour le regne animal; le bois le Bambou & la
courge pour le végétal & la languette d'or fin battu, pour le
minéral.
L'infrrument ainfi conftruit par les premiers Chinois, pour
rendre le ton propre de la calebafle n'a pas toujours porté le
même nom. Les Lettrés les plus verfés dans l'antiquité pré-
tendent que le plus ancien nom cru'il ait eu efl celui de fu 6k
que les noms de Tchao de Ho & de Cheng ne lui 'ont eté
donnés que fucceflïvement, à mefure qu'on changeoit quelque
1
chofe foit à fa matière foit à fa forme. D'autres Lettrés &
c'eft aujourd'hui
i le plus grand nombre, difent qu'il y en avoit
de trois ordres différens v que dans le premier ordre etoient les
1

Yu & les Tchao dans le fécond, les Ho ,• & dans le troineme


i
les Cheng. Ils ajoutent que les Yu & les Tchao etoient compofés
de 24 tuyaux, les Ho de 19, & les Cheng de 13feulement.
Voyez l'explication de la figure 45 pour les Cheng à 19 & à
13 tuyaux.
Un troifieme fentiment eft que les anciens ne connouToient
en général que deux efpeces d'inftrumens à vent, qui donnaf-
fent le fon propre de la calebaffe qu'ils appelloient l'une la
grande efpece & l'autre la petite que les inffcrurciens de ia
premiere efpece avoient 36 tuyaux & ceux de la petite
efpece 17.
Je vais rapporter ici les paroles du Di&ionnaire Etdh-ya
aux articles jya & ho pour que le Lecteur puiffe fe décider en
quelque façon. Je crois, dit l'Auteur de cet ancien Livre que
ce qu'on appelle aujourd'hui le grand Cheng à dix-neuf languet-
tes ( ou tuyaux ) efl le vrai YU des Anciens & que notre
Cheng ordinaire à treize languettes efl ce qu'on appelloit autre-
fois ho & petit YU.
Le cheng à treize tuyaux, ou petit yu, ne donne que les
lu dits naturels, c*eft-à-dire les douze demi-tons de l'o&ave
moyenne le treizieme tuyau efr. pour completter cette oftave
par la réplique du premier fon.
Je dois faire obferver avant de finir que les anciens
Chinois fe fervirent de tuyaux & de cordes pour régler les
proportions des douze Lu. Ils appellerent les inftrumens qui
repréfentoient ces Lu dans leur jufte proportion Lu-tchun
qui fignifie regle ou mefure des Lu. Le Lu-tchun à vent etoit
compofé de treize tuyaux & le Lu- tchun à cordes, de treize
cordes, mais celui-ci fe régloit fur l'autre, comme étant un
ïnftrument fixe & dont les intonations etoient permanentes,
Auffi les différentes fortes de cheng, c'eft-à-dire le yu le
tchao le ho & le cheng proprement dit tiennent-ils après
\a cloche & la pierre fonore le premier rang parmi les
inftrumens de mufique. C'eil: fur le cheng que fe règlent les
autres inftrumens & le Maître du cheng, dans l'ancien céré-
monial etoit un de ceux qui recevoient immédiatement leurs
ordres du Tay-tchang-fee c'eft-à-dire du Grand-Maître ou.
Préfîdent du Tribunal des Rits.
L'ancien cheng, tel que je l'ai décrit m'a paru n'être pas
eout-à-fait indigne des regards de nos François. Un Antiquaire
Chinois m'en a procuré des deux efpeces ( le grand & le petit
cheng) qui font, au nombre des tuyaux près exactement
conformes auxyu & aux ho des Anciens je les envoie à M.
Bertin (bb). Ce digne Miniflre ami zélé des Arts leur
donnera fans doute une place dans fon cabinet des curiofités
chinoifes où les Savans & les curieux pourront les aller voir
& les examiner à loifir. J'en envoie une paire de chaque efpe-
ce, car ces inftrumens vont toujours par paires, & j'aurois
manqué effentiellement au cérémonial des Chinois fi je
m'etois avifé de les ifoler.
L'on pourra en démonter un de chaque efpece en ôter les
tuyaux, pour voir comment ces inftrumens font conftruits. Si
on les fait fonner, on n'aura pas befoin de recourir à des juges
étrangers & quelquefois fufpe£ts pour décider fur quel ton
eft la mufique chinoife d'aujourd'hui car dans les mufîques
ordinaires le cheng e(l l'infirument fixe fur lequel comme je
l'ai dit tous les autres doivent fe régler. S'il me refte afl'ez de
tems j'en donnerai la tablature à la fuite de celle du Kïn à
la fin de ce Mémoire (ce ).
Voilà fur les différentes fortes de fons un trèi-petit abrégé

( bb ) Ces chengont été envoyés. cette tablature. On ne la trouve


Ilsiont dans le cabinetde M. Bertin. ni dans le Manukrit de M. Bénin
(ce) Les travaux multiplies de ni dans celui de la Bibliothèque
notre illnftre Miffionnaire l'ont du Roi. Celle du Kïn eft ù la Uo;
empêché fans dqute de donner fieme Partie ? article 4.
de ce qui fe trouve très au long & féparément dans une multi-
tude de Livres, difficiles à débrouiller, plus difficiles encore à
analyfer. Cette première Partie de mon Mémoire, qui, pour
parler le langage Chinois ne traite que des fons non encore cir-
confcrits dans les limites du ton, n'eft intéseffante qu'autant
qu'elle met fous les yeux la manière tout-à-fak finguliere dont
on envifage les objets dans cette contrée du monde. Cette fingu-
làrité feule eft une preuve que les Chinois font auteurs d'un
fyftême qu'aucun autre peuple n'a traité comme eux. On pour-
roit encore en conclure que puifqu'elle a eu lieu dès les pre-
miers tems de leur Monarchie ils font les inventeurs encore
d'une foule d'autres Arts, fans lefquels ils ne fuffent jamais venus
à bout de tirer, des différentes productions de la nature les
huit fortes de fons auxquels ils croient que tous les autres fe
rapportent. En effet combien de connoiffances ne falloit-il pas
que ceux qui les premiers ont fait les ïnftrumens dont j'ai parlé,
euffent déja acquifesI
Quoi qu'il en foit fi l'on a quelque peine à tirer cette der-
niere conféquence fur ce que j'ai déja dit dans cette première
Partie on y fera peut-être forcé, après qu'on aura lu ce qui me
refle à dire.
Jufqu'à préfent, avec un peu de patience, le Lecteur a pu me
comprendre mais pour les matières qui me relient à traiter,
outre la patience, je lui demande une attention plus qu'ordi-
naire, & je le prie de vouloir bien, en fe dépouillant de tout
préjugé ne voir les objets que dans le point de vue convena-
ble, & de ne former de jugement qu'après avoir tout vu.

Fin de la première Partie.


SECONDE PARTIE,
DES LU,
ARTICLE PREMIER.
DES L v en C É N É R A L.
J_j E
s Inventeurs de la Mufique, chez les Chinois, ne penfe-
rent pas d'abord que l'Art qu'ils venoient d'inventer pouvoit
être elevé à la dignité de Science, de Science proprement dite,}
& dans toute la rigueur du terme. Contens d'avoir fu tirer, des
diverfes produétions de la nature différentes fortes de fons
qu'ils pouvoient marier avec ceux de leur voix, lorfqu'ils chan-
toient des Hymnes & des Cantiques en l'honneur du Ciel 8c
des Ancêtres, ils ne fuffent peut-être pas allé plus loin fi la
difficulté de renouveller les inftrumens dont ils tiroient ces fons
ne les eût comme forcés de chercher quelque moyen facile &
fur qui les difpenfât des tâtonnemens, ..& des effais multipliés
qu'il avoit fallu faire pour la conftruclion des premiers inftru-
mens.
L'oreille avoit été jufqu'alors leur feul guide. Mais tout le
monde a-t-il de l'oreille ? & ceux qui en ont pofledent-ils tou-
jours cette adreffe, ces talens néceffaires, fans lefquels il eft
dinicile de travailler avec fuccès ? Les Chinois comprirent
enfin qu'il n'etoit pas impomble de trouver quelque méthode,
quelque regle infaillible, qui pût fuppléer les fecours de l'oreille.
Hoang-ti venoit de conquérir l'Empire & de mettre fous
le joug tous ceux qui s'etoient rangés fous les étendarts de
Tché-ycou. N'ayant plus d'ennemis à combattre, il s'appliqua
de toutes tes forces à rendre fes fujets heureux. Il régla leurs
mœurs par de fages loix & par l'invention de la plupart des
Arts utiles & agréables, il leur procura les avantages & tous
les agrémens qu'on peut goûter dans la vie civile. Que ne puis-
je, fans m'ecarter trop de mon fujet, tracer dans le détail
toute la conduite de ce fage Légiflateur Tout ce que l'hiftoire
profane nous raconte des Légiflateurs des autres nations, n'ap-
proche pas fans doute de ce que je pourrois dire, avec vérité,
du Légiflateur des Chinois. Mais je ne dois rapporter ici de lui
que ce qui concerne le fujet que je traite.
/7<?n/y dit fHifloire o>donna ci LYmG-LUN de travailler
à régler la Mujîcjue. Lyng-lun fe transporta dans le pays de
Si-joung, dont la pofition eft au nord-oueft de la Chine. Là eft
une haute montagne au nord de laquelle croiffent des bam-
bous d'une très-belle venue. Chaque bambou eft partagé, dans
fa longueur, par plufieurs nœuds qui, féparés les uns des autres,
forment chacun un tuyau particulier (a).

(a) Je Supprime ici diverfes terre avec bouillonnement rend


fables que racontent les Chinois, un fon & ce fon etoit précifément
{avoir, que Lyng-lun prit l'un de fur le ton du tuyau ouvert par fes
ces tuyaux, le coupa entre deux deux bouts. Voilà le premier fon
nœuds en ôta la moëlle fouffla le fon fondamental des Lu, bien
dans le tuyau & qu'il en fortit un établi. Mais voici tous les douze
fon qui n'etoit ni plus haut ni Lu.
plus bas que le ton qu'il preno'u lui- Le foung-hoang ( oifeau comme
même lorf qu'il parloit fans être notre phénix ) accompagné de
officié d'aucune paffiorz effet bien fa femelle, vient tout-à-coup fe
plus que merveilleux puisque percher fur un arbre voifin le
dans un tuyau ainfi ouvert & aufli mâle donne fix fons différens &
court qu'on le fuppofe ( etant la femelle fix autres voilà bien
coupé entre deux nœuds ) le les fix lu yang & les fix lu yn
fouffle doit paffer de part en part ( Voyez note t de la première Par-
fans rendre aucun fon. Quoi qu'il tie, page 66). Enfin le premier
en foit, non loin de-là, la fource fon que donne le foung-koang mâle
du fleuve Hoang-ko, forîanî de fg trouve comme cela devoit
Lyng-lun, muni d'un bon nombre de ces tuyaux, de diffé-
rentes longueurs, vint les etaler
devant fon Souverain, en
préfence de tous les Sages qui compofoient fa Cour. Il avoit
déja fait la découverte que l'intervalle que nous nommons
octave etoit diviiïble d'une manière fenr.ble en douze demi-
tons il fépara des autres tuyaux ceux qui
donnoient ces demi-
tons (l) les fit fonner l'un après l'autre & reçut les applau-
diffemens qu'il méritoit.

être (quoique le texte dife par toujours les Auteurs Chinois dit
un bonheur inefpéré) fur le même ici Il fépara des autres Us do;rLe
ton du tuyau ouvert par fes deux tuyaux qui donnoient tous les fons
bouts, & du fou rendu par le de ïoclave. J'ai eté obligé de chan-
bouillonnement de la fource du ger cet endroit parce que pour
Hoang-ho fon qui ne peut cepen- avoir tous les fons d'une o£tave
dant être qu'un bruit. Néanmoins divifée par demi-tons il faut
d'après toutes ces indications treize tuyaux. J'aurois pu fubfhtuer
Lyng-lun coupe douze tuyaux, les le mot treize à celui de dou^e fi
prépare & après les avoir accor- le plan de cet article, comme on
dés, dit le P. Amiot, avec les l'a déja vu à la note précédente
douzefons du chant de l'un & n'etoit de trouver dans douze
l'autre foung-hoang de la maniere, objets l'origine des douze lu. IL
ajoute-t-il avec raifon que tout le eft certain qu'il ne faut que douze
monde petit bien imaginer il s'en tuyaux pour former douze lu
retourna vers l'Empereur pour lui mais il en faut treize pour avoir
rendre compte de la découverte. douze demi-tons parce qu'un lu,
Dépouillons ce récit continue le un fon quelconque n'eft ni un
P. Amiot de tout ce qu'il peut avoir ton ni un demi-ton. Ce qu'on
de fabuleux &c. C'eft ici que j'ai appelle ton ou demi-ton eft l'in-
repris fon texte. tervalle entre un lu & un autre
Au refte les Chinois ne font entre un fon & un autre fou. Par
pas le feul peuple dont les Ecri- exemple, l'intervalle entre ut 8; ra,
vains qui n'entendoient rien à la eft un ton l'intervalle entre mi
icience des fons aient inventé 6cfa, eft un demi-ton. Mais ni
des fables pour honorer, à leur fut, ni le mi dans ce cas ne font,
manière, les instituteurs des prin- ni un ton ni un demi-ton bien
cipes de la Mufique. Voyez dans que plufieurs perfonnes l'entendent
mon Mémoire fur la Mujique des ainfi. On pourroit néanmoins fou-
Anciens, la note a de l'avant-propos, tenir à ces perfonnes, d'après leurs
page 2, & la note 37, 5
page 22.1. idées mêmes, que l'ut n'eft qu'un
(£) Le P. Amiot en fuivant demi-ton 3 que le mi eft \m ton;
&
3
11 talloit donner un nom à chacun de ces tuyaux; il falloit
en fixer les proportions réciproques il falloir en mefurer toutes
les dimenfions. La fécondité de fon génie lui fournit
un expé-
dient facile pour venir à bout de tout cela.
Parmi les différentes fortes de grains que la nature produit
pour la nourriture & les autres befoins de l'homme il en eft
d'une efpece qui prefque tous femblables entr'eux &
par
leur forme, & par leur poids, & par leurs dimenfions, font
dcfignés par un caractère qui fe lit chou. Je crois que nous
pourrions Fappelier du nom de gros millet mais laiffons-lui fon
nom chinois pour ne pas nous tromper. C'efr. aux grains de
chou que s'attacha Lyng-lun pour exécuter ce qu'il avoit
imaginé.
Il s'en fît apporter de toutes les couleurs; car il y en a de
jaunes, de noirs, de cendrés, & de prefque rouges. Il choifït
les noirs préférablement aux autres parce qu'ils lui parurent
en général d'une figure plus régulière plus uniformes entre
eux, plus durs & moins fujets à être altérés foit par les
il n'y auroit pour cela qu'à faire les fept notes conjointes fa fol
une autre fuppofition que la leur la fi ut,re, mi, ils ont cinq tons
c'eft de monter à'ut à rc-bcmol &C & deux demi-tons. Or, il eft ai{é
de rni à fa-diefe. On voit par-là de voir par ma remarque que
qu'un ut un. re un mi un fon pour bien entendre ce que veulent
quelconque en un mot n'eft pas dire les Chinois par leurs tons &
plus un ton qu'un demi-ton, ou leurs demi-tons, il faut fous ces
bien il eft ce qu'on veut fi on expreffions, n'envisager autre chofe
prend la choie dans un iens ab- que des fons. En eftet dans leurs
ilirde. cinqtons, par exemple fa fol
Cette remarque feroit peut-être la ut rc il n'y a réellement que
51

trop minutieufe par-tout ailleurs trois tons tfafol fol la ut rc &


ne l'eft point ici, parce une tierce la ut bien qu'il y ait
mafs elle
que les Chinois comme on le cinq notes ou ions de même
dans fa, fol, la ,Jî, ut re, mi il
verra dans cet Ouvrage ont eux-
memes cinq tons iiivoïr ,fi, fol, n'y a que cinq tons & un demirton,
la ut rc, ck deux pien ou demi- quoiqu'il y ait fept fons.
tons, fi Si mi enfone que dans
infectes foit par les variations & les intempéries de l'air. Il
en rangea l'un contre l'autre & fe touchant par le plus petit
diametre autant qu'il fut iiéceffaire pour égaler la longueur
du tuyau dont il avoit tiré le fon primitif & fondamental il
les compta & trouva que le nombre etoit exactement de
cent.
Il les rangea enfuite dans un autre fens de manière qu'ils
fe touchoient par leur plus grand diametre & il ne lui fallut
plus que quatre-vingt-un grains pour égaler la longueur des
cent, rangés dans le premier fens. Il s'en tint à ce nombre de
quatre-vingt-un pour fixer la longueur du tuyau qui donnoit le
fon primitif. 11 falloit donner un nom à ce ton primitif, il fut
conclu qu'on l'appelleroit JCoung. Ce mot pris dans le fens
littéral fignifie Palais impérial, Maifon royale &c. mais
dans le fens figuré il lignifie le foyer dans lequel fe réuniffent
tous les rayons de lumière qui eclairent le gouvernement & le
point central de toutes les forces qui le font agir &c. Par
conféquent le nom de Koung, donné au premier des fons
exprime, dans le fens figuré le fon fur lequel efl fondé tout le
fyfléme mufical.
ïl falloir encore donner un nom au tuyau dont on tiroit ce
fon primitif; on l'appella Hoang-tchoung., nom qui veut dire
à la lettre cloche jaune mais qui dans le fens figuré fignifie »-

.Principe inaltérable de tous les injîrumens dont on peut tirer les


différais fons. Le hoang-tchoung fut ainfi nommé difent ceux
qui ont glofé fur l'Hiftoire", par allujîon ci la couleur jaune
de cette terre primitive qui efl l'un des principes de tous les
corps & à la qualité invariable de la matiere qu'on fait entrer
dans la compojîtion de la cloche (c).

( c) On peut penfer que ces voir. La couleur jaune défignee


GloiTateurs ne voient pas, dans le par ce mot étant la première des.
mot hoang, tout ce qu'il faut y cinq couleurs des Chinois il y a
A
il falloit donner un nom à chacun de ces tuyaux; il falloit
en fixer les proportions réciproques; il falloit en mefurer toutes
les dimenfions. La fécondité de fon génie lui fournit
un expé-
dient facile pour venir à bout de tout cela.
Parmi les différentes fortes de grains que la nature produit
pour la nourriture & les autres befoins de l'homme il en eft
d'une efpece qui prefque tous femblables entr'eux & par
leur forme, & par leur poids, & par leurs dimenfions font
défignés par un caraâere qui fe lit, chou. Je crois que nous
pourrions l'appeller du nom de gros millet mais biffons-lui fon
nom chinois pour ne pas nous tromper. C'eft aux grains de
chou que s'attacha Lyng-lun pour exécuter ce qu'il avoit
imaginé.
Il s'en fit apporter de toutes les couleurs; car il y en a de
jaunes de noirs, de cendrés, & de prefque rouges. Il choifit
les noirs préférablement aux autres parce qu'ils lui parurent
en général d'une figure plus régulière plus uniformes entre
eux, plus durs & moins fujets à être altérés foit par les
il n'y auroît pour cela qu'à faire les fept notes conjointes fa, fol^
une autre fuppolîtion que la leur la ,Jî ut, re, mi, ils ont cinq tons
c'eft de monter d'ut à n-btmol & & deux demi-tons. Or, il eft aifé
de mi à fa-diefe. On voit par-là de voir par ma remarque que
qu'un ut un re, un mi un fon pour bien entendre ce que veulent
quelconque en un mot n'eft pas dire les Chinois par leurs tons &
plus un ton qu'un demi-ton, ou leurs demi-tons, il faut fous ces
bien il eft ce qu'on veut fi on expreffions, n'envifager autre chofe
prend la choie dans tin fens ab- que des fons. En effet dans leurs
ilirde. cinq tons par exemple fa, fol
Cette remarque feroit peut-être la m re il n'y a réellement que
trop minutieufe par-tout ailleurs trois tons fa. fol fol la ut n &C
mais elle ne l'eu point ici parce une tierce la ut bien qu'il y ait
que les Chinois comme on le cinq notes ou fons de même
verra dans cet Ouvrage ont eux- dans fa fol la fi ut re mi il
mçmes cinq tons, lavoir fa, fol, n'y a que cinqtons & un dçmi-:ton}
J
la ut n & deux pien ou demi- quoiqu'il y ait fept fons.
,
tons, fi & mi enforte que dans
infe&es
)1
1'employa, & toutes les difficultés disparurent. L'on dit dès-
lors, comme on a toujours dit depuis le diametre d'un grain
de chou, ou gros millet, équivaut à un fin ou une ligne dix
fen ou lignes egalent un tfun ou pouce dix tfun ou pouces
font la longueur d'un tché ou pied dix tc/ié ou pieds font un
tchang & dix tchang font unyn.
L'on procéda de la même manière pour les mefures décroif-
fantes, c'eft-à-dire pour celles qui'devoient défigner les frac-
tions du fin ou ligne, & l'on dit le diametre d'un grain de
choit, eft ce qu'on défigne par le mot fen ( ou ligne ). La
dixième partie de ce fen eft un ly, la dixieme partie du ly eft
un hao la dixieme partie du hao eft un fee, la dixieme partie
du fee eft un hou la dixieme partie du hou eft un ouei 8c la
dixieme partie du ouei eft un kié. Le kié eft donc la dix-millio-
nieme partie d'un/è/z ou ligne.
Après avoir fixé l'évaluation de l'étendue, on travailla à
fixer celle de la capacité, pour l'autre genre de mefures. Les
grains de chou furent encore employés & le fon fondamental,
le hoang-tchoung, fut auffi le principe des nouvelles mefures. Le
tuyau qui donne le ton de hoang-tchoung contenant 1200
grains de chou, on donna à ce tuyau, pris pour mefure le
nom de yo & l'on détermina que deux yo feroient un ko
que dix ko feroient un cheng que dix cheng feroient un teou
& que dix teou feroient un hou.
Quelques Auteurs prétendent que du tems de Hoang-ty
même on avoit trouvé que le folide duyo, & par conféquent
du tuyau qui fonne le hoang-tchoung etoit de ySifen, 92ly
750 hao que le folide du ko etoit d'un tfun, 964 fen,y
1^1 ly & demi que le folide du cheng etoit d'un tché 9 tfun,
641 fen, 855 ly que le folide du teou etoit de 196 tfun F
418 fen 550 ly & enfin que le folide du hou etoit de
1964 tfun 1*85 fen & demi. J'entrerai dans le détail de ces
mefures à l'article i o de cette feconde Partie.
D'autres Auteurs afîurent qu'outre les mefures dont je viens
de parler Hoang-ty en fixa quelques autres qui nous ont eté
confervées par les foins de Ouen-ouang, de Tcheou-koung fon
fils & du fage Tay-koung.
Il réfulte de tout ce que je viens d'expofer, que les Inven-
teurs de la Mufique chez les Chinois donnerent pour ainfi
dire un corps au ton fondamental; qu'ils mefurerent ce corps
dans toutes fes dimenfions & qu'ils firent de cette mefure le
principe & le fondement de toutes les autres mefures. Ils alle-
rent plus loin par le moyen de ce même fon fondamental
ils fixerent les poids & la balance.
Le tuyau qui rend ce fon fondamental, le hoang-tchoung
comme on l'a vu, contient 1200 grains de chou. Ainfi il fut
aifé de ftatuer que tout corps qui feroit équilibre avec ces
i 200 grains, feroit dit avoir le poids d'un yo. Sur ce poids on
fixa tous les autres voici comme on raconte que procédèrent
les Sages de la Cour de Hoang-ty.
Les douze lu, dirent-ils, ou ce qui eft la même chofe les
douze demi-tons qui font renfermés entre les bornes d'une
oftave font tous contenus dans le hoang-tchoung comme
dans leur principe ( e ); partageons le hoang-tchoung en douze
(e) Les douze Lu fa, ut ,fol donnent, en y ajoutant l'ofîave du
re, la, mi Jî,fa% ut% ,fol% premier fon la férie des douze
re%, la^ etant rapprochés par demi-tons fuivans
les moindres intervalles poffibles
E X E M P L E.
FA/^ fol fom la laUfi ut ut% re rc^ ml fa.
De quelque manière que l'on tchoung, qui eft ici fa eft le prin-
conçoive l'ordre des là il eft tou- cipe des autres lu.
jours vrai de dire que le hoang-
parties egales & nous aurons cent grains pour chacune de ces
parties. Le poids de ces cent grains aura le nom de tchou &
tout corps qui fera équilibre avec cent grains fera dit avoir
le poids d'un tchou. On conçoit aifément tout le refte de leur
procédé pour la fixation des autres poids. Je me contenterai
d'en mettre ici le réfultat en commençant par le poids d'un
grain de chou, qui efl le plus petit des poids ordinaires.
On compte un grain de chou, deux, trois, &c, jufqu'àneuf
enfuite dix grains font un lez dix lei font un tchou fix tchou
font un tfee quatre tfee font un leang qui eft l'once. Ainfi. le
yo, mefure du f on fondamental du hoang-tchoung & qui
contient 1 200 grains, pefe une demi-once. Un yo fait le demi-
leang ou demi-once deux yo ou 24 tchou font un leang ou
l'once feize leang font un kin c'eft la livre trente kin ou
livres font un kiun, & quatre kiwi font un tan.
On voit par-là que le lu fondamental eft regardé comme
un corps qu'on peut pefer & mefurer qui peut fe compofer
& fe décompofer, & dont toutes les parties peuvent être cal-
culées.
Sous Hoang-ty le lu générateur fut fixé, comme je J'ai dit
plus haut, à neuf pouces de longueur. Ce nombre eil le der-
nier terme de la figure lo-chou. Neuf fois 9 egalent 81 ainfî
hoang-tchoung, qui eft ce lu générateur eft conftitué par §1l
parties egales dont on peut prendre tel nombre qu'on voudra
pour former les autres lu.
Pour la facilité du calcul, onfubftitua, comme je l'ai dit,
le nombre i o à celui de 9 & l'on procéda par la progreffion
décuple. Or 10 eft le dernier terme de la figure ho-tou ,• ainfi
en formant le' lu générateur, fuivant cette figure, le hoang-
tchoung aura 10 pouces de longueur, & le nombre de fes par-
ties fera de 100 parce que dix fois 10 egalent 100 (le pouce
étant de i o lignes )..
Pour bien faire dit Tfai-yu, il faut fuivre la méthode des
Anciens & joindre les nombres impairs de la figure lo-chou,
aux nombres pairs de la figure ho-tou ( f ). Cette méthode n'ejî
pas fimpkment l'ouvrage de l'homme; elle a etéfuggérée à l'hom-
nze par le Ciel lui-même
lorfqu'il lui montra les figures lo-
chou & HO-TOU fur la maifon de la tortue myfiérieufe & fur
le corps du dragon-cheval.
Ce qui efi caufe, continue Tsai-YU que les lu font depuis
prés de trois mille ans dans un etat et imperfection qui eût révolté
les Anciens (g) c'eft que quand l'empire des Tcheou com-
mença à décheoir de fon anciennefplendeur, l'on ne s'occupa
plus que de guerre & la doclrine des Lu fut entièrement négli-
gée. Vinrent enfuite les TsiN qui bouleverferent tout. Après les
TsiN les H AN mirent tous leurs foins ci recouvrer tout ce qui
s'etoit perdu de la vénérable antiquité mais Lieou-hING &
Pan-kou qui furent chargés de régler les Lu les calculèrent
mal, parce qu'ils nentendoient pas bien tous les myfleres qui

( f) Paffage bien précieux, dont de cette méthode qu'il dit avoir


il feroit à fouhaiter que les Chinois été fuggérée à l'homme par le Ciel
modernes n'eurent pas perdu le lui-même mats dont il paroît à
fens & l'application En effet joi- peine avoir fenti tout le mérite
gnez, fuivant la méthode des An- puifqu'il confeille comme on le
ciens, les nombres pairs aux nom- verra à l'article 5 à ceux qui vou-
bres impairs c'e/î-à-dire la. pro- droient travailler fur les Lu de
greffion double à la progreffion ne pas tant s'attacher à fuivre la pro-
triple, & vous aurez tout le iyftême greffîon triple des Ancims qu'ils
muflcal. Voyez dans mon Mémoire nen ajoutent quelqu'autre pour lui
fur la Mufique des Anciens page fervir de fupplément & même de
248 le tableau qui repréfente correciif dans certaines oesafons.
par ces deux progreffions c'efl-à- Nous verrons en fon lieu (art.
dire, par les nombres pairs & les 13), que ce fupplément & ce cor-
nombres impairs deux portions rectif ne donnent malheureufement
du fyftême général, donne par une que des fons irrationnels,des demi-
férie de douze fons fondamentaux. tons de fantaifie pur ouvrage de
(g) Aveu de la part du Prince V homme, & noTïfuggérésparle Ciel.
TJài-ju, qui confirme l'excellence
font renfermés dans les nombres des figures lo-CHO V & HO-
toc/. Ceux qui font venus après eux les ont pris pour modèles,
font entrés dans les routes qu'ils avoient tracées &fe font éga-
rés comme eux, &c.
Suivons nous-mêmes le Prince Tfai-yu pas à pas. Voyons
s'il a pris la route des Anciens, ou fi, comme les autres, il ne
s?eft point egaré. Mais auparavant, il nous faut dire quelque
chofe de chacun des Lu en particulier c'eft le fujet de l'arti-
cle fuivant.
Au refte le commun des Lefteurs peut paffer légérement
fur certains détails où je vais entrer dans cet article. Mais ceux
qui veulent que les Chinois foient redevables aux Egyptiens de
leurs arts & de leurs fciences doivent tout lire avec attention.
Ce n'eft qu'à ce prix qu'ils peuvent fe mettre en état de porter
un jugement exempt de tout préjugé.

ARTICLE SECOND.
D E S • Lu EN PARTICULIER.
jLj
ESLu font au nombre de douze, dont fix font yang ou
parfaits, & les fix autres yn ou imparfaits cela veut dire que
parmi les douze demi-tons qui partagent roc'ta-ve ( h ) il y en

(A) Les douze demi-tons qu'on tuyaux dis-je rangés par ordre il
peut placer dans une octave ne felon leurs diférentes longueurs
font qu'une combinaifondes douze c'eft-à-dire par demi-tons com-
lu rangés par quintes. Voyez ci- me le font les cordes de nos cla-
devant note e page cji. C'eft vecins, ôntpu jetter dès long-tems
néanmoins cette combinaifon que les Chinois dans cette erreur &c
les Chinois modernes regardent ils ont appliqué à cette fuite de
comme l'ordre naturel des Lu. Les demi-tons, les noms que les an-
tuyaux qui repréfentent ces lu &c ciens Chinois avoient impoiés à
qui font des lu eux-mêmes ces une fuite de confonnances comme
a fix qui répondent aux nombres impairs premier, troifieme 9
cinquieme &c. ce font les yang; s fix qui répondent aux
&

nombres pairs deuxième quatrieme, fixieme, &c., ce


font les yn (z).
Les Lu yang, ou parfaits, gardent conflamment le nom de
lu; mais lesLujTz ou imparfaits font appellés indifféremment
y ri' lu fee toung & le caraftere Chinois qui défigne Xyn-lu
eft tout différent de celui par lequel on exprime Yyang-lu.
Hoang-tchoung tay-tfou kou-Ji joui-pin, y-tfê & ou-y 5
font les noms qu'on a donnés aux fix yang- Lu ou de nombre
impair. Ta-lu kia-tchoung tchoung-lu lin-tchoung nan-hc
Scyng-tchoung, font les noms qui défîgnent les fix yn-lu ou de
nombre pair. Tous ces noms font fymboliques & font allufion
de près ou de loin aux différentes opérations de la nature, dans
l'efpace des douze lunalfons, dont une année commune eil
compofée, parce que chaque lu, fuivant la doQxine Chinoife,'}
correfpond à une lunaifon, & lui donne fon nom.
Hoang-tchoung qui efl le principe le pere & le géné-
rateur des autres lu, répond à la onzieme lune, parce que
c'eft à cette lune que fe trouve le folflice d'hiver que c'eft à
ce folftice que commence l'année agronomique, & que la
onzième lune eft regardée comme le principe de toutes les
autres. Auffi porte-t-elle le même nom que le lieu du zodiaque
où fe trouve alors le foleil & s'appelle tfee. Ce nom eft celui
du premier des caractères cycliques. Ainfi lorfque par le
caractère tfee, on défigne & le hoang tchozcng~, & la onzieme

on le verra dans la feconde Obfer- (/) J'ai fupprimé ici les mots
vation, à la fin du Mémoire. En de majeur Se de mineur, par lefquels
attendant il faut fe mettre au point le P. Amiot défigne ces deux fortes
où en font les Chinois modernes de lu. Voyez les raifons que j'ai
fi l'on veut entendre leur doÛrine apportées à ce fujet, note de la
t
fur divers objets. premiere Partie page 66.
lune & le point du ciel par où l'on commence pour régler
l'année l'on entend défigner celui des douze lu d'où dérivent
tous les autres celle des douze lunaifons qui donne commen-
cement à l'année folaire, & le lieu d'où le foleil eft cenfé partir
pour commencer fa courfe annuelle.
Tay-tsou le fecond des yang~lu répond à la lune qui
commence l'année civile appellée communément première
lune & défignée par le caraftere cyclique yn. Comme alors
tout ce que doit produire la terre a déja pris racine, commence
à prendre ton accroiffement & eft encore fans marque dif-
tinéKve de ce qui, de fa nature, doit atteindre à la plus grande
hauteur, ou de ce qui ne doit que ramper fur la terre ou ne
s'elever que très-peu,, on a donné à cette lune, & à fon lu cor-
refpondant, le nom de tay-tfou qui fignifie la grande égalai.
Kou-Sl, le troifieme des yang-lu répond àlatroifieme lune
de l'année civile, défignée parle caraâere cyclique tchen.
Comme alors toute la nature femble reprendre une nouvelle
vigueur on voulut que cette lunaifon & fon lu correfpondant,
euffent le nom de kou-Jî qui fignifie Y ancien renouvelle.
Joui-pin le quatrieme des yang-lu répond à la cinquieme
lune de l'année civile, défignée par le caraftere cyclique ou.
Cette lune & ion lu correfpondant portent le nom de joue-pin
qui Cigmiie peu nécejjaire dont on peut fe pajjir &c.
Y-tsè le cinquieme des yang-lu répond àlafeptieme lune
de l'année civile, défignée par le caraftere cyclique clien. Cette
lune & fon lu correfpondant, portent le nom dey-tfc. PTignifie
tuer mettre à mort &c.; & tfè infiniment de fupphces &C.
Ce lu & cette lunaifon ont été ainfi appellés, parce que c'eft
dans ce tems qu'on coupe les fruits qui font alors tous ou prel-
que tous dans leur maturité.
Ou- Y le fixieme &r le dernier des yang-lit, répond à la
neuvieme lune de l'année civile défignée par le cara&ere
cyclique jîu. Cette lune & fon lu correfpondant portent le
nom de ou-y, qui fignifie non encore fini, parce que dans ce
tems, qui eft celui de l'automne la nature venant de donner
fes productions laiffe cependant appercevoir encore quelques
reftes de cette vertu productrice qui anime tout.
Les yn-lu ont aufli leurs noms fignificatifs & fymboliques
comme les yang-luje vais en fuivre l'ordre comme j'ai fait
de ceux-ci.
TA-LU le premier dcsyn-lu répond à la douzieme lune
de l'année civile défignée par le caractère cyclique tckeou.
Cette lune & fon lu correfpondant portent le nom de ta-lu
qui fignifie grand coopéraieur parce que les deux principes
yn & yang concourent egalement alors à la production des
chofes, en fourniffant Fun & l'autre les vertus qui leur font
propres.
Kia-tchoung, le fecond desyn-lu répond à la féconde
lune de l'année civile, défignée par le cara&ere cyclique mao.
Cette lune & fon lu correfpondant portent le nom de kia-
tc/ioung, qui fignifie cloche fenée des deux côtés, parce qu'alors
tous les germes font encore enveloppés dans les pellicules qui
les renferment mais comme les principes yn & yang agiffent
confhmment fur eux, ils en reçoivent peu-à-peu la force de
pouvoir fe développer quand il en fera tems.
Tchoung-lu le trôifieme des yn-lu répond à la quatrie-
me lune de l'année civile, défignée par le cara&ere cyclique
fee. Cette lune & fon lu correfpondant portent le nom de
tchoung-lu qui fignifie coopérateur moyen parce que c'eft
alors que le principe inférieur (Yyn ) femble pour la feconde
fois reprendre toutes fes forces
pour concourir fuivant fa
nature à la produftion des chofes.
LIN-TCHOUN G le quatrieme des yn-lu répond à la fixieme
lune de l'année civile défignée
par le cara&ere cyclique ouei.
Cette lune & fon lu correfpondant portent le nom de lin-
tckoung, qui fignifie cloche des forêts, parce que c'eft alors que
les forêts font embellies de toute la verdure dont elles font
fufceptibles & qui fait leur principale beauté.
Nan-lu le cinquieme des yn-lu, répond à la huitieme lune
de l'année civile, défignée par le cara&ere cyclique yeou.
Cette lune & fon lu. correfpondant, portent le nom de nan-lu
3
qui fignifie coopératzur du midi parce que c'eft alors que la
terre eft chargée de fruits, & que ces fruits font l'ouvrage de
ïYang-kl, auquel ïYn-kï a prêté fa coopération, pour la croif-
fance & la nutrition.
Yng-tchoung le fixieme & le dernier des yn-lu, répond.
à la dixieme lune de l'année civile, défignée par le caractère
cyclique hai. Cette lune & fon lu correfpondant, portent le
nom de yng-tchoung qui fignifie cloche d'attente parce
qu'alors l'ouvrage commun des deux principes yn tk yang,
etant dans l'attente de fon développement le principe yang,
ou parfait, celle fes opérations, & jouit d'un repos qui doit
lui faire acquérir de nouvelles forces pour recommencer quand
il en fera tems.

ARTICLE TROISIEME.
Dimensions des Lu. S
JLjES
lu font invariables, parce que n'etant par eux-mêmes
que la repréfentation de retendue de Foétave divifée en douze
demi-tons, il eft evident qu'ils confervent toujours entr'eux la
diflance qui leur a eté affignée par la nature. Les hommes ne
peuvent rien contre cette loi éternelle tout au plus ils peuvent
donner des preuves de leurs talens ou de leur mal-adreffe en
affignant bien ou mai, ou par des calculs ou au moyen de
fimples inftrumens les bornes de chaque division. C'eft-là
précifément ce qui efl arrivé aux Chinois, dès les premiers tems
de leur Monarchie.
La divifion de l'oftave en douze demi-tons, fut trouvée
fous Hoang-ty leur Légiflateur. On a vu à l'article premier
de cette féconde Partie, comment on s'y prit pour faire'cette
divifioii. Douze tuyaux, de même calibre mais de différentes
longueurs, furent les premiers moyens dont on fe fervit pour
obtenir les douze lu. Le lu principal donna lieu à l'invention
des mefures & l'on employa les mefures pour affigner une
proportion fixe à chacun des autres lu. Mais comme fous les
trois premieres dynafties, les mefures ont varié, & que les lu,
toujours les mêmes entr'eux n'ont pu varier comme elles, on
s'eft contenté de changer les dimenfions du lu primitif, du
koang-tchoung & par une conféquence néceffaire les dimen-
fions des autres lu ont dû être changées proportionnellement,
à celles de leur générateur. On ne s'attend pas fans doute que.
j'entre ici dans tous les détails des différentes opérations qui
ont occupé en divers tems les Muficiens-Philofophes de la
Chine, lorfqu'il a été queftion d'affigner à chaque lu fa véri-
table mefure. Je me contenterai de donner le réfultat de ce
qui me paroîtra mériter le plus .l'attention de nos Philofophes-
Muficicns..Voyez la figure i de cette féconde Partie, & fon,
explication.
Sous Hoang-ty on commença par affigner, au lu primitif,
des- dimenfions par nombres impairs. Sa longueur fut de 8.1t
parties égales fa circonférence de 9 & fon diametre de 3.
On fubftitua enfuite comme je l'ai dit à l'article premier la
progreffion décuple à celle de c> les nombres pairs eurent la
préférence, & la longueur du hoang-tchoung c'efl-à-dire de
ce lu primitif & fondamental fut divifée en cent parties
égales.
Le grand Yu, plus de quatre cens ans après Hoang-ty reprit
les nombres impairs & redonna au hoang-tchoutig les mêmes
dimensions qu'on lui avoit afiignées d'abord. Mais les Empe-
reurs des Hia, c'eft-à-dire ceux de la dynaftie donc le grand
Yu lui-même eft le chef & le fondateur, revinrent aux nombres
pairs & affignerent au hoang-tchoung pour fa longueur 100
lignes, pour fon diametre extérieur lignes, & pour l'on dia-
mètre intérieur 3 lignes cinq dixièmes & trois centièmes de
ligne.
Les C/iang, qui fuccéderent aux Hia, l'an avant Jefus-Chrift
1783 fixerent la longueur du hoang-tchoung à 80 lignes fon
diametre extérieur à 4 lignes, & fon diametre intérieur à 2
lignes, huit dixièmes & deux centièmes de ligne.
Les Tcheou en prenant la place des Chang, l'an avant Jefus-
Chrift 1 1 22 affignerent au hoang-tchoung pour û\ longueur
un pied 2 pouces 5 lignes, c'eft-à-dire, 125 lignes pour ton
diametre extérieur 6 lignes, deux dixièmes & cinq centiemes
de ligne & pour fon diamètre intérieur 4 lignes, quatre dixie-
mes & un centieme de ligne.
Les 7y?rt, par qui les Tcheou furent détruits, boule verferent
tout. Scus cette dynaflie on fit tous les efforts poffibles pour
abolir le fouvenir de la vénérable antiquité. La Mufique ne fut
pas plus epargnée que les autres fciences, & l'on ne fit rien de
nouveau alors en ce genre qui mérite d'être rapporté, il
fon en excepte quelques Ouvrages publiés fous le nom de

le Tfun-tfieou c'eft-à-dire le printems &. F automne


parlé des lu à la manière des Anciens.
il
,Lu-ché, pere de TJîn-ché-hoang-ty parmi lefquels on compte
eft

Les Han travaillèrent, de leur mieux & firent tout leur poiTl-
réparefHés'-pé:te,s littéraires qu'on
ble pour avoit faites fous
les TJin. Ils n oublièrent rien en particulier pour raire revivre
l'ancienne Mufique. Calcul, géométrie, inftrumens tout fut
mis en ufage pour tâcher de perfectionner la méthode des lu
qui etoit fort altérée de leur tems. Ils fixerent, comme Hoang-
ty l'avoit d'abord fait la longueur du hoang-tchoung à 9 pou-
ces, c'eft-à-dire 81 lignes, parce qu'ils compoferent le pouce
de 9 lignes, & donnerent au hoang-tchoung pour diamètre
intérieur 3 lignes, quatre dixiemes & fix centiemes de ligne.
Ce diametre fut le même pour tous les lu, dont ils proportion-
nerent les longueurs à celle du hoang-tchoung.
Depuis les H an jufqu'aux Ming exclulivement c'eft-à-dire
depuis environ l'an avant Jefus-Chrift 179 jufqu'en 1573 de
l'ère chrétienne, premiere année du regne de Ouan-ly on
gâta plutôt qu'on ne perfectionna la Mufique. Les dimenuons
des lu etoient devenues comme arbitraires, & ceux qui les
déterminoient ne manquoient pas de dire que c'etoit d'après
les préceptes & la méthode des Anciens qu'ils avoient fait tou-
tes leurs opérations.
Enfin, fous le même Ouan-ly le Prince Tfal-yu dont j'ai
déjà parié fi fouvent, aidé de tout ce qu'il y avoit de plus
habile dans l'Empire, entreprit de rendre à la Mufique fon
ancien luftre en la rétabliflant dans l'état où elle etoit lors de
fon origine fous Hoang-ty. Il préféra les mefures des Hia à
toutes les autres par la raifon felon lui que celles des Chang
etoient trop longues & celles des Tcheou trop courtes. Celles
des HW dit-il encore tiennent un milieu entre les unes les
autres; les HiA étaient d'ailleurs plus voifins du tems de
Hoang-ty & il ejl à préfumer qu'ils n avoient point encore
oublié tout ce qui s' etoit fait fous ce grand Prince.
Tfai-yu confulta tous ceux qui etoient en etat de l'inflruire
ou de l'eclairer. Il fouilla dans tout ce qu'il y avoit de plus
ancien & de plus authentique en fait de monumens & pour
fruit de toutes fes recherches, il trouva que le pied dont fe
fervoient les Hia, devoit être le même quant à fa longueur
abfolue, que celui du tems de Hoang-ty &c que le pied
employé fous Hoang-ty devoit être tel que celui dont il avoit
trouvé la defcription dans des anciens fragmens de Livres &
dont il avoit vu l'empreinte fur: quelques vieux monumens. II
en fit conflruire un femblable, & y employa tous les foins &
toute l'exactitude dont il etoit capable. Voici en abrégé quelles
furent fes opérations.
Au lieu d'or pur dont fe fervoient les Anciens & qui pro-
bablement fut employé par Hoang-ty, il prit fix onces de cui-
vre rouge auxquelles il ajouta une once d'etain fin & mit
le tout en fonte. Sur la furface du creufet s'eleva d'abord une
vapeur noire; à cette vapeur en fuccéda, quelque tems après,
une autre d'un jaune foncé; vint ensuite une vapeur bleuâtre
& enfin une vapeur blanche qui ne changea plus. Il jugea que
la matiere etoit fuffifamment préparée, & la jetta en moule.
Il en fortit le pied qui eft repréfenté dans fa grandeur natu-
relle, à la figure 4, a. Voyez cette figure.
•Ce pied a quatre faces ou côtés qui font egaux entr'eux.
L'intérieur eft creux & parfaitement rond, il a 9 lignes de cir-
conférence fon diametre eft celui du hoang-tchoung & fa
capacité eft la mefure dnyo, qui contient 1 200 grains de chou,
ou gros millet; fon poids eft de 12 tchou. On infinue les grains
de millet par l'ouverture A qui eft à l'un de fes bouts. En
fouillant dans cette même ouverture, on obtient le koung du
hoang-tchoung, c'eft-à-dire le ton fondamental, le premier
& le générateur de tous les autres tons. Celui des côtés du

pied qui eft infcrit face de devant eft la mefure du véritable


pied mufical, appellé en chinois lu-tchi ou pied de lu. Il eft
divifé en 9 pouces, & chaque pouce en 9 lignes, & contient
lequel on prétend que
par conféquent 81 ligues nombre fous
Hoang-ty lui-même renferma tout le calcul des lu, & la méthode
dont il voulut qu'on fe fervit pour les calculer.
Le côté infcrit face de derrière eft la mefure du pied de
compte c'eft-à-dire du pied dont on fe fert pour l'ufage
ordinaire. Il eft appellé en chinois tou-tché il eft divifé en i o
pouces, & chaque pouce en 10 lignes. Les grains de chouf
ou gros millet ont été employés pour la divifion de ces deux
fortes de pieds. Les lignes du pied mufical font l'efpace que
renferment 8 1 grains rangés de fuite en fe touchant l'un
l'autre par leur plus long côté & les lignes du pied ordinaire
font exactement fefpace que renferment cent de ces mêmes
grains ie touchant l'un l'autre par leur plus court diametre
comme on voit au demi-pied repréfenté fous la figure i.
Le côté infcrit côté gauche, contient trente-deux caractères
du genre de ceux qu'on employoit dans la haute antiquité. Le
fens de ces caractères eft tel, & c'eft du lu-tché qu'il s'agit
Le pied du LU qui donne le hoang-tchoung & la mefure
YO a g lignes de circozzférezzce il e~ lon~ de g pouces, & ces
pouces font la mefure exacte du pied. Il contient zzoo grains
de CHOU, & pefe iz TCHOU. Il ne doit avoir ni plus ni
moins pour être parfaitement jufle.
Enfin la quatrieme face, infcrite côté droit, contient egale-
ment trente-deux carafteres de même genre que ceux qui fe
lifent fur le côté gauche en voici le fens Comme l'unité efl h>
principe de tout de même le HOANG-TCHOUNG efl l'origine de
toutes fortes de mefures. On évitera toute erreur en fe réglant fur
le HOANG-TCHOUNG. Les huit fons les fept principes, les cinq
tons le calcul la mefure, la géométrie la balance & les poids,
tout fe trouve réuni dans le pied & dans le YO.
Le pied mufical ou lu-tché difent les Savans qui ont tra-
vaillé fur cette matiere eft le pied qui fut employé par
i
Hoang-ty & le pied ordinaire, ou tou-tché eft le pied du
grand
grand Yu & de la dynaflie Hia c'eft-à-dire pour la mefure
des chofes ordinaires. Quoi qu'il en foit, c'eft ce même
tou-
te hé divifé en dix pouces de dix lignes qui a fervi
au Prince
Tfaï-yu pour déterminer la mefure des lu de la manière qui fuit.
Pour s'accommoder à la portée des divers inftrumens & des
différentes voix, Tfaï-yu a rangé les /«fous trois clafles. Sous
la premiere, il met les lu qu'il appelle donbles c'eJ1-à-dire,
ceux qui donnent les fons graves; fous la féconde, les lu
moyens ou naturels; & fous la troifieme, ceux qu'il nomme les
moitiés de lu c'eft-à-dire les lu qui donnent l'oftave ati-d effus
des lu moyens, par la ration qu'il a appelle doubles ceux qui
donnent l'oâave au-deflous de ces mêmes lu moyens. Voici
les dimenfions qu'il donne à chacun des lu (k).

Dimenjlons des Lu fulvant le pied ordinaire des


Hia dit Tou-tché.
§. I.
Lu doubles ou graves.
XiOANG-TCHOUNG.
Sa longueur eft de i pieds, c'eft-à-
dire, de 20 pouces, ou de 200 lignes. Son diametre extérieur
eft de 7 lignes & fept centiemes de ligne. Son diametre inté-
rieur eft de lignes.
(A) Il auroit eté à fouhaiter qué à une pure combinaifon des
que le Prince Tfaï-yu qui a tant lu, à un ordre où ils fe trouvent
fàit de recherches touchant la rangés par demi-tons les noms
doctrine des Anciens fur la Mufi- etablis pour exprimer une férie de
que, fe fût apperçu que l'ordre confonnances. Quelle figure fe-
qu'il fuit ici pour les lu Hoang- roient en effet les nombres 1,3,
tchoung Ta-ln Tay-tfou &c. 9, 27, 8i tkc. ou; 81, Z7,
1-

1 à côté des
etant relatif à celui des lunes 9 3 ions Jî Jî\?
Tjee Tchcau Yn Mao & la la h fol, &c., ou fa, fa
&c.
à la progreffion triple, employée fol ,fol%, la &c. ? Voyez ci-
par ies Anciens n'eût pas appli- devant note h page 95.
Ta-lu. Sa longueur eft d'un pied 8 pouces 8 lignes fept
dixiemes & fept centiemes de ligne. Son diametre extérieur
eft de 6 lignes, fix dixiemes & fix centiemes de ligne. Son
diamètre intérieur eft de 4 lignes, huit dixièmes & cinq cen-
tiemes de ligne.
TAY-TSOU. Sa longueur eft d'un pied 7 pouces, 8 lignes
Tô> t!f de ligne. Son di.ametre extérieur eft de 6 lignes –“
de
ligne. ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes j~o de

Kia-tchoung. Sa longueur eft d'un pied 6 pouces 8


lignes, j~ de ligne. Son diametre extérieur eft de 6 lignes
•jV, Tbo de ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes T|^
de ligne.
Kou-si. Sa longueur eft d'un pied pouces, 8 lignes
-jt±- de ligne. Son diametre extérieur eft de 6 lignes de
ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes, r^ de ligne.
Tchoung-lu. Sa longueur eft d'un pied, 4 pouces, 9
lignes, tzô de ligne. Son diametre extérieur efi -de 6 lignes
"To 5 yÎô de ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes – 9
ïf- de ligne.
Joui-pin. Sa longueur eft d'un pied, 4 pouces une ligney
rs 1 rlode ligne. Son diametre extérieur eft de 5 lignes

de ligne. Son diamètre intérieur eft de 4. lignes, de


ligne.
Lin-tchoung. Sa longueur eft d'un pied, 3 pouces,.3
lignes y^ T§5"de ligne. Son diametre extérieur eft de 5 lignes.
Ta > ~hs de ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes ™
de ligne.
Y-tsê. Sa longueur eft d'un pied 2 pouces lignes,
de ligne. Son diametre extérieur eft de 5 lignes ?
T|- de ligne. Son diamètre intérieur eft de 3 lignes -^de9

ligne.
Nan-lu. Sa longueur eft d'un pied i pouce 8 lignes
~?5) tÎ~6 de ligne. Son diametre extérieur eft de lignes -~s.}
de ligne. Son diametre intérieur eft de 3 lignes T^ de
ligne.
Ou-Y. Sa longueur eft d'un pied r pouce, 2 lignes ~'f
rfô- de ligne. Son diametre extérieur eft de lignes, £0 de
ligne. Son diametre intérieur eft de 3 lignes de
ligne.
YNG-TCHOUNG. Sa longueur eft de 10 pouces,lignes
y
~rs-> rtô de ligne. Son diametre extérieur eft de 5 lignes
T^ de ligne. Son diamètre intérieur eft de
lignes, y§5
de ligne.
S. IL
Lu moyens ou naturels.

Hoang-tchoung. Sa longueur eft de 10 pouces ou utt


pied. Son diametre extérieur eft de
lignes. Son diametre
intérieur eil de 3 lignes de ligne.
TA-LU. Sa longueur eft de 9 pouces 4 lignes, -£-o de
ligne. Son diametre extérieur eft de 4lignes, deligne.
Son diametre intérieur eft de 3 lignes y^-o de ligne.
Tay-tsou. Sa longueur eft de 8 pouces ,9 lignes y|-0 de
ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes, –, de ligne.
Son diametre intérieur eft de 3 lignes, de ligne.
Kia-tchoung. Sa longueur eft de 8 pouces, 4 lignes, a
de ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes de
ligne. Son diametre intérieur eft de 3 lignes, de
ligne.
Kou-si. Sa longueur eft de 7 pouces 9 lignes f^ tfo de
ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes, rJ-o de ligne.
Son diametre intérieur eft de 3 lignes -~0 de ligne.
Tchoung-lu. Sa longueur eft de 7 pouces 4 lignes
de ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes -& ï£0 de
ligne. Son diametre intérieur eft de 3 lignes, y£0 de ligne.
Joui-pin. Sa longueur eft de 7 pouces rib de ligne..
Son diametre extérieur eft de 4 lignes de ligne. Son diamè-
tre intérieur eft de 2 lignes ^-0 de ligne.
Lin-tchoung. Sa longueur eft de 6 pouces 6 lignes, ~^9
~£-o de ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes t§-o de
ligne. Son diamètre intérieur eft de 2 lignes, ~o de ligne.
Y-tsê. Sa longueur eft de' 6 pouces, 2 lignes, ïf0 de
ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes f^ de ligne.
Son diamètre intérieur eft de 2 lignes de ligne.
Nan-lu. Sa longueur eft de 5 pouces 9 lignes, de
ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes •– de ligne.
Son diametre intérieur eft de 2 lignes, {- – de ligne.
Ou- y. Sa longueur eft de 5 pouces, 6 lignes, rs ^-o de
ligne. Son diametre extérieur eft de 3, lignes -~ode ligne.
Son diametre intérieur eft de 2 lignes, de ligne.
Yng-tchoung. Sa longueur eft de5 pouces 2 lignes
r£-o de ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes, y|-0 de
ligne. Son diamètre intérieur eft de 2 lignes de ligne.
"s. m.

Lu aigus ? ou demi-lu.

Hoawg-tchoung. Sa longueur eft de pouces, ou jo


lignes. Son diamètre extérieur eH de 3 lignes, tVî rfb de ligne.
Son diamètre intérieur eft de 2 lignes de ligne.
Ta-lu. Sa longueur eft de 4 pouces, 7 lignes y- ,-f^ de
ligne. Son diamètre extérieur eft de 3 lignes, ^-6 j^0 de
ligne. Son diamètre intérieur eft de z lignes fk 3 rl"o de
ligne.
TAY-TSOU. Sa longueur eft de 4 pouces 4 lignes,
ff^ de ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes }
0
de ligne. Son diametre intérieur eft de 2 lignes x-^ de
ligne.
Kia-tchoung. Sa longueur eft de 4 pouces, 2 lignes,
,r*ô de ligne. Son diametre extérieur eft de lignes,
de ligne. Son diametre intérieur eft de 2 lignes, de
ligne.
Kou-si. Sa longueur eft de 3 pouces 9 lignes ~-0 de
ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes, de ligne.
Son diamètre intérieur eâ de 2 lignes, y^-o de ligne.
Tchoung-lu. Sa longueur eft de 3 pouces 7|lignes -fs
r£-o de ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes – 0 de
ligne. Son diametre intérieur eft de 2 lignes – de ligne.
Joui-pin. Sa longueur eft de 3 pouces,lignes, de
ligne. Son diametre extérieur eft de lignes, de ligne.
Son diametre intérieur eft de 2 lignes de ligne.
Lin-tchoung. Sa longueur eft de 3 pouces, 3 lignes
Y^o de ligne. Son diamètre extérieur eft de 2 lignes, ,-f-o
de ligne. Son diametre intérieur eil de 2 lignes P ~o de ligne.
Y-tsê. Sa*longueur eft de 3 pouces une ligne de
ligne. Son diamètre extérieur eft de z lignes, .de ligne. Son
diametre intérieur eu d'une ligne f^ de ligne.
Nan-lu. Sa longueur eft de 2 pouces 9 lignes de
ligne. Son diametre extérieur eft de 2 lignes, – z-f^ de ligne.
Son diamètre intérieur eft de 1 ligne, £– de ligne.
Ou-Y. Sa longueur eft de 2 pouces 8 lignes, ~ode ligne.
Son diamètre extérieur eft de lignes ^-o de ligne. Son
diametre intérieur eft de i ligne -ps de ligne.
i~o-o

Yng-tchoung. Sa longueur eft de 2. pouces, 6 lignes, /0


§3 de ligne. Son diamètre extérieur eft de lignes, ,-– de
ligne. Son diametre intérieur eft de ligne, – –^ de ligne.
Telles doivent être felon T/ai-ju, les dimensions des trente-
fix tuyaux qui donnent les lu de trois o£taves (/). Il prétend
qu'avec ces dimenfions on a au jufte les véritables tons de la
Mufique des Anciens & en particulier de celle qui etoit en.
ufage du tems de Hoang-ty. Je n'oferois contredire fes préten-
tions 5 elles font trop bien fondées (»z). Il ajoute qu'il ne croit
pas que les voix des Anciens puffent embraffer tout l'intervalle
de ces trois oftaves & que comme ils n'inventerent leur fyftê-
me de mufique qu'en le fubordorinant à retendue de la voix
humaine, dont les inftrumens ne doivent être que les foutiens
9
les aides, ou les fupplémens, il fe regarde comme fuffifamment
autorifé àrefferrer ce fyftême dans les bornes de deux ofta-
delà manière qu'il eft repréfenté à la figure 4 h. Il
ves ( n )
fixe au nombre de fix, tant les lu aigus que les lu graves c'eft-
à-dire, ceux qui ne font pas de l'octave moyenne ou naturelle.
Au-deffus du lu Yng-TCHOUNG qui efi le plus haut des dou^e
lu naturels dit-il, la voix humaine ne monte pour l'ordinaire 9

(/) C'eft-à-dire dé trois fois d'une férie de quintes juftes telles


îes douze Lu qui font bien trente- que les donne la progreflîon triple.
ûx fons mais non pas trois oc'ta- On verra d'ailleurs à l'article 13
ves. Pour avoir les lie de trois de cette feconde Partie, quel eft
octaves il faudroit après yng- le fyfîême du Prince TJ'ai-yu.
tchoung dernier des fons aigus ( n ) C'efl-à-dire de vingt-qua-
ajouter encore la replique du tre lu douze moyens, fix aigus Se
Jzoang-tchoung ou fa, qui feroit le fix graves. Voyez la figure citée
trente-feptieme'on ik. complette- dans le texte. Les deux oûaves ne
roit les trois oftaves. Voyez ci- font pas complettes dans cette
devant note b page 87. figure. Il faudroit, pour avoir deux
( m ) Les calculs du Prince oftaves fuppofer du côté de
Tjai-yu n'etant fondés que fur ce l'aigu la répétition du fon le plus
cu'il regarde comme des correctifs grave, c'eft-à-dire de 'joui-pin
neceffaires à la progreflîon triple ou fi, ou fuppofer aii-deflbus de-
( Voyez ci-après art. 5 ) on peut ce fon grave, la répétition du fou
ofer contredire tes prétentions le plus aigu de tckoung-lu on
puifque les viritabhs tons des An- la-diefe.
ciens n'etoie:it que le réiultat
qiiejufquau Tchoung-lu & au-dejfous du Hoang-tchovng
elle ne fauroit defcendre plus bas que le Joui-pin. Au-dejfus ou
au-dejfous de ces deux termès ce feroit un nouveau j'y flâne.
C'eft donc fur ces fons & uniquement fur ces tons félon
le Prince Tfal-yu qu'eil fondé tourne fyftême mufical des
anciens Chinois, comme on le verra bientôt.
Les Modernes l'ont un peu raccourci, en opprimant encore
deux lu de chaque côté c'eft-à-dire les deux lu les plus aigus,
}
& les deux la les plus graves du fyftême des Anciens. Au-dejfus
de Kia-tchoung difent les Chinois modernes pour leurs rai-
fons, la voix, nefl plus naturelle elle ne donne que le faujfet
au-dejfous de Y-tsê les fcns qu'elle donne font des efpeces de
râlemens.
Quoique le Prince Tfaî-yu adopte lui-même ce retranche-
ment des modernes, comme on le verra à l'article fuivant il
me femble que la fupprefiion des deux lu de chacun des
extrêmes, loin d'avoir perfectionné ia Mufique des Anciens,
l'a entièrement défigurée. La fuite de ce que j'ai extrait des
Livres, tant anciens que modernes, mettra le Lefteur à portée
de pouvoir juger.

ARTICLE QUATRIEME.
Formation du système musical DES Chinois.
JLi e
s lu ainfi que j e l'ai déjà dit, font des fons qui ne différent
l'un de l'autre, en montant ou en descendant par degrés con-
joints, que de l'intervalle que nous appelions un demi-ton. Ce
fut d'abord avec ces demi-tons que les anciens Chinois formè-
rent leur fyftême. Ils ne notoicnt leurs airs, ils ne déiignoient
les intervalles que par les noms des douze lu. Cette méthode
9
toute facile, toute commode toute exafte même qu'elle etoit,
leur parut n'être pas fuffifante pour embraffer toute l'étendue
d'un fyftême accompli. Ils joignirent Xyn à Yyang, c'eft-à-dire
l'imparfait au parfait, un lu du fecond ordre à un lu du pre-
mier ordre, & ces deux fons réunis furent appellés tons.
Après avoir combiné de bien des manieres, pour pouvoir
faire de ces tons un arrangement qui pût repréfenter l'ordre
harmonique des lu ils firent une echelle de cinq tons & de
deux dêmi-tons (o). Ils donnerent aux tons les noms de koung.,

(o) Pourquoi ces demi-tons, combinée de fept degrés de fept


voudrois-je demander aux .Chi- tons comme fa ,Jbl la
/z, iit%
nois, qui penfent que les premiers re mi M ? car ce dernier ton
elémens de la Mufique confifleiit pour parler comme les Chinois
dans une férie de demi-tons & ce mi diejè devra completter
fur-tout de demi-tons égaux en- l'échelle en fonnant Fo&ave de
tr'eux comme ils le fuppofent ? fa, s'il eft vrai que les demi-tons
Quelle raifon auroient eue les Inffi- foient égaux entr'eux. Mais faites
tuteurs, en combinant une fuite de travailler les Inftituteurs fur un.
demi-tons les accouplant deux à fond de confonnances donnez-
deux pour en tirer un fyftême tout leur, au lieu de demi-tons, les
différent une echelle compofée fept LU fa, ut, fol, re, la, mi, f,
de tons quelle raifon dis-je, que vous répéterez pliifietirs fois
1,

auroient-ils eue de faire entrer auflî fi vous voulez, & ils n'auront plus
des demi-tons dans cette echelle, à combiner de bien des manières ni
d'y placer des fons ifolés & non à rechercher fi des tons feuls peu-
accouples comme les autres ? vent former une echelle ou s'il
Pourquoi n'attroient-ils pas com- faut la mêlanger, & comment la
pofé tout de fuite leur echelle mélanger, de tons & de demi-tons.
EXEMPLE.
FA, ut, fol, re, la, mi, fi, fa, ut, fol, re, la, mi, fi, fa, ut, fol, re, la, &c.

Prenez de deux en deux les fons premier, troifieme cinquieme


de cet Exemple & vous aurez &c. ou deuxième quatrième 5
des echelles toutes faites toutes fixieme, &c. Commencez par fa,
aflbities de leurs demi-tons s'il vous aurez l'echelle chinoife fa
en faut fans autre combinaifon fol la Ji tu re mi commencez
que celle de prendre, comme je parfi, vous aurez l'echelle des
le dis, les ions de deux en deux Grecs fi tu re mi fa fol la;
chang
chang, kio, tché, yu, & les deux demi-tons furent appellés
J'un pien-koung, ç'eft-à-dire, qui devient koung, & l'autre
pien-xcké, c'eft-à-dire qui devient tché. Voyez la figure f b;i
elle comprend l'échelle entiere du fyftême les lu, les noms
anciens & modernes des tons de la Mufique chinoife & les
noms des notes qui dans notre Mufique correfpondent aux
tons des Chinois.
En commençant cette echelle par te degré le plus bas, elle
dit, felon les anciens noms chinois, pien-tcké tché yu pien-
koung enfuite koung, chang kio, pïen-tchè tché ,yu picn-
kourz~; & enfin koung, clzang, kio ce qui felon nos notes
répond à fi ut re mi fa fol la fi ut re mi fa fol la.
En appliquant fucceffivement cette échelle à chaque lu, les
anciens Chinois faifoient 84 modulations différentes, en ce
fens, que les douze lu etant ftables les feuls tons etoient mobi-
les, & changeoient chacun douze fois de place comme on le
voit à la figure 6.
Les 84 modulations, repréfentées dans cette figure ont
paru défeftueufes au Prince Tfai-yu en ce qu'elles s'etendent
trop du côté de l'aigu. Il les a arrangées d'une autre maniere t
en les bornant au lu kia-tchoung felon les idées des Modernes,

par fol, vous aurez la gamme de quels on a poféles principes de la


Gui d'Arezzo fol la fi ut re Mufique. Ce font en effet les con-
mi fa; par ut vous aurez notre fonnancesqui ont fourni aux hom-
echelle du mode majeur mes leurs différentes echelles, leurs
ut re
mi fa fol la fi prenez enfin en divers arrangement de tons comme
rétrogradant & commencez par s'exprime le texte pour repréfenter
le dernier la vous aurez notre l'ordre HARMONIQUE des LU. Pa-
echelle du mode mineur roles bien remarquables ici &
la fol
fa mi n ut fi {la} 6c vous dont cette note n'eft comme on
voit, que le développement. Voyez
conclurez, de ces divers réfultats
que ni une echelle ni encore la note aa de la premiere Partie
moins une fuite de demi-tons ne page 73.
font les premiers elémens fur lei-
& comme je l'ai dit a la fin de l'article précédent. Ce nouvel
arrangement, difent les Ciiinois vaut beaucoup mieux que
l'ancien. Mais eft-ilplus conforme à la fimplicité primitive des
Inventeurs ? C'eft fur quoi ils feroient peut-être embarrafles de
décider.
Pour mettre le Lefteur à portée de juger lui-même, je lui
préfente la table corrigée, dans la figure 7. Je le prie de faire
attention en l'examinant, que lorfque je me fers du terme de
moduler, je n'entends dire autre chofe fi ce n'eft que tel lu
par exemple fait tel ton. Ainfi, quand je dis kia-tchoung
module en koung tchoung-lu module en chang lin-tchoung
module en kio &c., c'efl comme G. je difois le ton que donne
kïà-tchoung eft alors le koung, le ton que donne tchoung-lu eft
chang celui de lin-tchoung eft kio &c. (p ).

(/> ) C'eft comme nous dirions peut voir ce que j'ai dit ce
fujet,
kia-tchoung eft premier degré note k de la premiere Partie p. 47.
tchoung-lu fecond degré lin- Voici le rapport des tons Chinois
ichoung troifieme degré, &c. On avec ces degrés.

E X E M P L E.
1er, degré. 2me. 3me. 4me. jme. éme. 7me. octave.
Kou/ig Chang Kio Pkn-tclû Tchê Yu Picn-koun.g Koung.

Au refte fans vouloir décider n'ont voulu représenter autre cho-


la queftion que le P. Amiot laiffe fe, par la figure 6 que les degrés
au jugement du Lefteur favoir qui correspondent à chacun des
fi l'arrangement que le Prince Tfni- lu pris alternativement pour pre-
yu propofe dans cette figure 7 mier degré ou ponr parler chi-
vaut mieux que celui des Anciens, nois, pris pour faire le koung.
expofé à la figure 6 j'obferverai D'après ce plan ils ont dû pofer
que le fyftême des Anciens me pa- fiiccemVementle koung fur chacun
roît n'avoir aucune relation avec des LV,fa,fa% fol, ,fom, &c.
la portée de la voix. Je penfe en comme on le voit dans la figure
effet que les Anciens qui avoient au premier lu de chaque colonne.
une multitude de lu les graves En examinant enfuite chacune de
les moyens & les aigus comme ces colonnes en particulier on
on l'a vu à l'article précédent, voit que fi le premier lu, le hoang-
On fera peut-être furpris de voir qu'en traduisant les tons &
les lu des Chinois, je fais répondre le ton générateur, le hoang-
tchoung, à notre fa, & non pas à fut, qui eft le premier fon de
notre gamme. J'en ai agi ainfi i°. parce qu'en prenant fa pour
le fan générateur tout le fyftême diatonique des Chinois fe
trouve rendu par des notes naturelles, fans avoir récours à
aucune diefe, fi ce n'efl pour les lu qui font hors du fyftême
diatonique 2°. parce que l'intonation en eft plus conforme à
celle des Chinois; 30. parce qu'alors les cinq tons koung,
chang, kio, tché,yu, & les deux pien, ou demi-tons pisn-
koung & plen-tché peuvent moduler fans fortir des bornes du
fyftême 4°. enfin parce qu'après avoir noté des airs chinois
à notre manière, en faifant répondre le koung au fa j'ai tou-
jours fatisfait les oreilles chinoifes en les exécutant; ce qui ne(k
point arrivé quand j'ai rendu le koung par ut ou par toute
autre note. On pourroit peut-être en trouver la raifon, ou
dans la nature de nos inftrumens, ou dans la manière dont
les Chinois montent, ou percent les leurs, & auxquels ils font
accoutumés.

tchoung OU fa eu koung, c'eft-à- des voix il me femble qu'en fui-


tlire premier degré tay-tfou fera Vant même ce plan, il auroit pu
chang ou fécond degré kou-fi fera l'arranger d'une manière moins
kio ou troifieme degré, &c.; & que embrouillée. Mais je periifte £
fi ta-ln ou fa eft koung kia- croire que le fyflcme des Anciens
tchoung ou fol §^ fera chang n'ayant aucune relation comme
c'eft-à-dire fécond degré tchoung- je l'ai dit, avec les tu formés par
lu fera kio, outroifieme degré, &c., la voix, mais feulement avec ceux
& ainfi de fuite pour chaque co- que repréfentent les tuyaux n'a-
lonne. voit befoin que d'être compris, &
Quant au fyftême de la figure 7 non pas d'être différemment arran-
que le Prince Tfai-yu a voulu gé. J'er, remets comme le P,
arranger, relativement à la portée Amiot, le jugement au Lefteur.
ARTICLE CINQUIEME.
GÉNÉRATION DES Lu.
ILeft aifé de parler des lu dit Tfai-yu il eft aifé de les
repréfenter, en quelque forte, au moyen de cordes ou de
tuyaux; mais il eft très-difficile d'en parler exactement & il
eft plus difficile encore de les repréfenter avec la derniere
juftefTe.
Après ce début & quelques excurfions fur différens Ouvra-
ges qui ont été faits fur la Mufique depuis la renaiffance des
Lettres fous les Han, il confeille à ceux qui auroient quelque
envie de travailler fur les lu d'éviter avec grand foin les incon-
véniens dans lefquels font tombés Lieou-hing Pan-kou &
particuliérement ceux qui ont ecrit du tems de Ouang-mang
c'eft-à-dire entre la huitieme année de l'ère chrétienne & la
vingt-troifieme; en fecond lieu, de ne pas tant s'attacher à fui-
vre la progreffion triple des Anciens, qu'ils n'en ajoutent quel-
qu'autre pour lui fervir de fupplément & même de correctif
dans certaines occafions (q).
Le lu primitif & fondamental dit-il, ne dépend ni Ju cal-
cul, ni de la mefure; c'efl par lui au contraire qu'on iejï formé
(?) Voici la raifon de ce cor- il n'y ait pas cette différence de
rectif. La progreffion triple donne majeur & de mineur, il faut alors
une fuite de douzièmes, ou quintes pour ces demi-tons neutres ou
1.

jiiftes. Un certain nombre de ces recourir à ce que les Européens


quintes fournit, par fa combinai- appellent tempérament, ou imagi-
fon, une fuite de demi-tons diffé- ner quelque correctif comme le
rens entr'eux, l'un dit majeur, recommande le Prince Tfai-yu.,
l'autre mineur. Voyez ci-devant afin que chaque quinte, obtenue
note e page *)%. Or, lorfque dans par la progrefiion triple puiffs
un fyftême de Mufique on veut tomber jufle au point idéal ou l'on
avoir des demi-tons, entre lefquels fouhaite placer le demi-ton.
mt calcul & qu'on a réglé les mefures Ce feroit dénaturer
le hgang-tChoung que de le foumettre à une mefure arbitrai-
re. Tenons-nous en à la méthode qui a eu lieu depuis Hoang-TT
jufquaux Han cejl-à-dire concevons le hoang-tchoung
s
compofé de 81 parties égales & partons de-là. Quatre-vingt-un
ejl le nombre de la figure to-CHOU. Ce nombre ejl YANG, ou
parfait; il ejl le produit deg multiplié par lui-même. Neuf vient
de 3 & 3 vient de i. Aux nombres de la figure lo-chou qui
font YANG joigne^ ceux de la figure ho-tou qui font YN &
vous en déduire^ la valeur de chaque lu avec toute l'exaBitude
pojfible (r).
Après plufieurs pages, d'un langage à-peu-près femblable à
celui que je viens d'expofer, il conclut que pour fe former une
idée jufte de la Mufique des Anciens, il ne faut s'attacher qu'à
bien comprendre ce qui en eft dit dans le Tcheou-ly Ouvrage
compofé par Tcheou-koung, au moins onze cens ans avant l'ere
chrétienne dans le Tfo-tchouen ou Commentaires de Tfo-
kieou-ming l'un des Hiftoriens du Royaume de Lou du tems
de Confucius dont il etoit i'ami dans le Koué-yu excellent
Ouvrage fait avant la décadence des Tcheou dans lequel on
trouve à chaque pas les précieux veftiges de la plus haute anti-
quité & fur-tout dans le Lu-lan de Koang-tjée qui etoit
Miniftre d'Etat dans le Royaume de 7fi, fous Hoang-koung
environ fix cens ans avant Jefus-Chriit. On ne faaroit dit-il,
s'ecarter de la vraie route enfuivant de pareils guides. Un aure
ancien Auteur dont il fait beaucoup de cas, & dont il cite
fouvent les paroles eft Hoai-nan-tfee ainfi appellé parce

(r ) Si la progreflion triple i plèmznt ou même quelque correc-


5,9, &c. cnoncée affez expref- tif, comme le confeilloit tantôt le
fément ici, donne la valeur de cha- Prince Tfii-yu puifqu'en altérant
que LU avec toute Vcxaclititdcjio(Jlb!c^ la progreffion triple, on détruit en
comment peut-on vouloir ajoiiter même tems la jnfle valeur des lu
-à cette progreflion quelque fup- que doit donner cette progreflion?
qu'il etoit Roi de Hoai-nan (s). Ce que dit cet illuftre Auteur
fur les lu mérite d'avoir fa place ici, parce que c'eft comme
un précis de tout ce qui en avoit été dit depuis Hoang-ty juC-
qu'aux Tcheou.
« Le principe de toute doctrine -dit Hoai-nan-tfée eft un.
» Un en tant que feul, ne fauroit engendrer mais il engen-
» dre tout en tant qu'il renferme en foi les deux principes
» dont l'accord & l'union produifent tout. C'eft dans ce fens
» qu'on peut dire 1 engendre 2; z engendre 3 & de 3 toutes
;» chofes font engendrées.
» Le ciel & la terre
forment ce que nous appelions en géné-
» rai le tems. Trois lunaifons forment un che ( une faifon ). C'efl
» pourquoi lorfqu'anciennement on faifoit les cérémonies
M
refpeftueufes en l'honneur des Ancêtres, on faifoit trois
« offrandes (t ) on pleuroit trois fois. Les anciennes armées!,
» quelque nombreufes qu'elles
fuffent, n'etoient jamais com-
» pofées que
de trois kiun ( c'eft-à-dire de trois grands
» corps ) &c.
» Il en eft ainfi pour les lu. Un engendre 3 3 engendre 9,
» 9 engendre 81 («). Un, c'eft le hoang-tchoung 81 font les

(s) « On l'appelle auffi Hoaî- manuferits fur la Mufique, vivoit


»
?ian-vang (Owàng') parce qu'il 105 ans avant Jefus-Chrift. Cahier
» etoit Roi de Hoai-nan..Son Palais B, /z°. 14, nottSs..
» etoit une académie de Savans ( t ) Voyez dans le Mémoire fur
» avec lefquels il creufoit dans la Mujique des Anciens la note yyy 9
» l'antiquité la plus
reculée; c'eft page 80, touchant les trois offran-
» pourquoi fes Ouvrages font très- des des Egyptiens &c. & fur le
» curieux, & fon ftyle eft très- nombre 3.
>>
beau ». Note du P. de Premare ( a ) Le nombre 9 n'engendre
dans fon Difcours Préliminaire pas dire&ement 81 il engendre
mis à la tête du Chou-king, publié vj parce que trois fois neuf font
par M. de Guignes Paris ijjo 27 & c'efi de la même maniere
page xlvj que 17 engendre 81. Si ce n'eft
Hoai-nan-tfee. felon une note pas ici une omiflion de la part de
du P. Amiot dans fes premiers Hoai-nan-tfee il a pu dire dans
» parties qui le compofent. Le koitng de hoang-tchoung eft le
» pere le chef, le général de tous les autres tons. C'eft pour
» cette raifon que la place du hoang-tchoung eft à tfée qui
» défiome la onzieme lune, celle où fe trouve le folftice d'hiver.
» Son nombre eft 81.
( x ) » La onzieme lune engendre, en defcendant, la fixieme
» lune où fe trouve lin-tchoung, dont le nombre eft 54.
» La fixieme lune engendre en montant la première lune “
» qui eft la place naturelle de tay-tfou dont le nombre eft 72.

un très-bon fens, que 9 engendre de lunes mais bien de celle des


81, c'eft-à-dire au moyen d'une fons ou lu qui correfpondent
génération intermédiaire tout de aux lunes on pourroit être em-
même qu'onpourroit dire du même barraffé pour concevoir comment
S 1 qu'il eft engendré de 3 ou les Chinois descendent de fa à ut
même de i car 3 9, 2.7 & Si en paffant par les demi tons fail

viennent de 1 fouche commune fa* fol fol* la la* fi ut on


de tous les termes de la progrefflon comment ils montent d'«/ h fol,
triple, qu'il eft aifé de reconnaî- en paffant par ut fi la* la fol* fol.
tre ici. Ainfi, lorfque l'Auteur fe fert de
( x ) Pour l'intelligence du relie l'expreffion en defcerclant ou de
de ce paffage je vais mettre icii l'expreflion en montant on n'aura
l'ordre des lunes celui des lu & qu'à deicendre ou à monter réelle-
fur-tout les fons que Hoai-nan-tfee ment, d'une ligne à l'autre dans
fait correfpondre aux lu. Comme chacune des colonnes de l'exemple
il ne s'agit pas ici d'une génération fuivant.
Lunes. Lu. SONS.
fa.81.
T.
XII.Tay-tfou
XL

III.
IL
Hoang-tchoung
Ta-lu, fa*.
fol.
fol*.
la.
72.
Kia-tchoung
Kou-fi 64.
V. Joui-pin
IV. Tchoung-lu la


VI.
IX.
X.
n.
Lin-tchoung
VII. Y-tfê
Ou-y 48.
VUI. Nan-lu
Yng-tçhoung
fi.
ut.
ut*.
re
ml
54.

(43 ),
» La premiere lune engendre, en descendant la huitieme
» lune où fe trouve le nan-lu, dont le nombre eft 48.
» La huitieme lune engendre, en montant la troifieme lune,
» où fe trouve le kou-fi dont le nombre eft 64.
» La troifieme lune engendre, en defcendant, la dixieme
» lune, où fe trouve yng-tchoung dont le nombre eft 43.
» La dixieme lune engendre en montant la cinquieme
» lune, où fe trouve joui-pin dont le nombre eft 57.
» La cinquieme lune engendre en montant, la douzieme
» lune qui eft la place naturelle de ta-lu, dont le nombre
» eft 76.
» La douzieme lune engendre en defcendant, la feptieme
» lune, où fe trouve y-tfê dont le nombre eft 51.
» La feptieme lune engendre en montant, la Seconde lune,
» où eft le kia-tchoung dont le nombre eft 68.
» La féconde lune engendre, en defcendant la neuvième
» lune, place naturelle du 011-y dont le nombre eft 45.
» La neuvieme lune engendre en montant, la quatrieme
» lune où eft le tchoung-lu dont le nombre eft 60 ».
Telle eft la génération des douze lu, donnée par Hoai-nan-
tfée, plufieurs fiecles avant l'ère chrétienne & en expofant
ainft cette génération, ce favant Auteur ne prétend donner
qu'un précis de la doctrine des plus anciens Ecrivains de fa
nation (y).
(y ) C'eft un vrai malheur pour dant l'exemple de la note précé-
les Chinois. La génération dont il dente, d'après le texte font 81,
s'agit ici n'embrafle que leurs cinq 71 64 54 48. De ces nombres,
tons fa fol la ut re donnés, le feul 8 1 eft radical les autres
comme on Fa vu, par les lu fa font les différentes oûaves des
ut fol re la. Tous les autres lu radicaux 27 9 3 & i donnaht,
font irrationnels & abfolument avec 81 la férie de fons
etrangers au principe qui donne les 81. 27. 9.
cinq tons. Les nombres fixés-à ces fa ut Jol rc3. la.
il.

cinq tons & que j'ai transcrits Il eft aifé de vpu; que c'eft ici la
Les
Les figures 9 &
8 o
mettront cette doftrine fous les yeux
du Lefteur. La figure 8 repréfente, i°. le koung du hoang-
tchoung regardé comme fon fondamental & générateur de

même génération décrite dans le je l'ai déja annoncé mi 41 y,


texte & qui fe réduit félon feptieme oftave au-deffous du nou-
l'exemple de la note précédente veau nombre radical y. La quinte de
à ce que fa engendre ut; qu'ut en- |
ce mi, eil fi 5 6 neuvieme oftave
gendre fol que fol engendre re au-deffous du radical II n'eft pas
que re engendre la. Mais cette gé- néceflaire d'examiner les autres
nération ne s'etend pas plus loin. fons engendrés du mi 43 Il fuffit
Le dernier fon, la 64, qui répond que celui-ci ne foit plus harmoni-
à kou-jl dans le texte n'engendre que lui-même avec ceux qui pré-
pas yng-tchoung ou mi porté à cedent, pour que toutes les quin-
43. Ce nombre eft irrationnel, & tes que fournit 43 foient irration-
un mi ainfi entonné n'eft pas la nelles, faufles exharmoniques
mi 41 f
quinte de 64. Le la 64 a pour quinte
fi l'on veut fuivre l'ordre
de génération déjà établi & qu'on
quand même elles feroient toutes
juftes entr'elles & c'eft malheu-
reufement ce qu'on ne trouve pas
voit bien qu'aucune raifon aucune dans les nombres énoncés parHoai~
confidération ne peuvent per- nan-tfée, pour les fons ultérieurs
mettre d'interrompre. fi, fan, uf%, &c. Le par
Il paroît donc par ce texte, qui exemple pour former la quarte
a déjà quelque ancienneté puifque jufte au-deffous de ml pofé à 43
Hoai-nan-tfée felon ce qu'on a vu doit être 57 j. Or ce^f ou ce qui
à la note s .page 118, vivoit 1055 eft la même chofe le joui-pin
ans avant Jefus-Chrift il paroît, dans le texte n'eft qu'à 57 d'où
dis-je que les Chinois poftérieurs il ne peut former ni la quarte du
de quelques fiecles aux Inftitu- ton irrationnel 43 ni celle du ion
teurs, prenant d'abord la progref- 42 y quinte jufte de la 64. On eft
fion triple à rebours & la faisant fâché de conclure de tout ceci
commencer par le terme 81 n'ont que dès long-tems les Chinois ont
plus fu où paffer quand ils font perdu la marche des principes fim.
arrivés à i. Ou peut-être ont-ils pies mais fublimes en même
craint de fe jetter dans les fra&ions tems pofés foit par Hoang-ty
car les termes qui fuivent 1 en foit par tout autre. Principes que
voulant continuer la même pro- fon Instituteur a confignés dans la
greffion, fontT –, &c. Mais progreffion triple, Se dont il ne
dans ce cas il y avoit un moyen faut que connoître l'ufage pour
bien fimple que j'indiquerai ail- s'epargner bien des calculs des
leurs ( Première Obfirvadon à la tâtonnémens & mille peines per-
fin du Mémoire). Revenons au la dues pour l'oreille, qui n'admet
64 ce fon a pour quinte, comme que des fons juftes.
tous les autres fons; i°. les douze lu & leur génération 30. les
carafteres cycliques qui défignent chacun des douze lu; 4°. la
correfpondance qu'on fuppoie entre les douze lu & les douze
lunaifons, dont une année commune eft co.rnpofée.
La figure 9 a contient les nombres employés par les plus
anciens Chinois pour la formation de leurs lu. Les nombres
fupérieurs qui répondent à chaque lu, favoir ,81,76,72, &c.,
font les nombres entiers qui expriment la mefure, dont les
nombres inférieurs repréfentent les parties ou fractions.
La formation des douze lu par la progreffion triple, depuis
l'unité jufqu'au nombre 177147 inclufivement, date encore
des premiers fiecles de la Monarchie chinoife, & l'addition
qu'on y a faite, par manière de fupplément ou de correction
eft antérieure de bien des fiecles au tems où vivoit Pythagore.
Ainfi, ce n'eft point des Grecs que les Chinois ont emprunté
leur fyftême mufical; & l'on n'eft point fondé à dire qu'ils l'ont
pris des Egyptiens puifqu'il eft évident que le fyftême chinois
a été trouvé du tems de Hoang-ty & que le tems de
Hoang-ty précède de bien des fiecles, celui où l'on fait vivre
l'Inventeur de la lyre. Voyez la figure 9 h où fe trouve toute
la férie de la progreffion triple augmentée d'une autre pro-
greffion, alternativement double & quadruple.
La figure 10 repréfente cette même génération des lu 'par
des lignes courbes qui les lient les uns aux autres. On lit, à
droite, que les LU longs engendrent en defcendam les LU
courts & que la génération defcendante fe fait après un inter-
valle de 8 on voit., à gauche que les LU courts engendrent
en montant les LU longs & que la génération montante fe fait
après un intervalle de 6 ( { ).

(^) Ces expreffions en defcen- dans cette figure, & en général à


dant en montant font relatives à l'écriture des Chinois qu'on fait
la maniere dont les lu font ecrits être par colonnes & en defcendanr,
Pour exprimer ce langage à notre manière on peut dire
que le premier fon fondamental, le hoang-tchoung ou fa
placé au haut de la figure engendre fa quinte utj qu'ut engen-
dre à fon tour fa quinte fol, placée à la quarte au-deffous d'ut,
en remontant dans la figure que fol produit fa quinte re que
re produit fa quinte la, placée encore ici à la quarte aii-deffous
de ce même re & en remontant dans la figure & ainfi du
refte en fuivant toujours les lignes courbes, qui coiiduifent
d'un lu à un autre dans l'ordre de leur génération réci-
proque.
La figure i 1 repréfente une main harmonique portant fur
quatre de fes doigts les noms des douze lu que je me fuis
contenté de défigner par les chiffres i 2
3
&c. Ces
placés comme s'ils formoient la circonférence d'un cercle dont
font

le centre feroit entre le doigt du milieu & fauriculaire c'eft-


à-dire, fur le quatrieme doigt. En pofant le pouce fur le lu
par lequel on veut faire commencer le fon principal d'un mode,
on fait le tour, en commençant par ce lu qui devient alors le
premier dans l'ordre numérique. Cette manière cie compter
eft très-aifée pour un Chinois, parce quil eft accoutumé dès
l'enfance à fupputer ainfi fur ies doigts les années du cycle
pour pouvoir affigncr fur le champ l'intervalle d'une telle épo-
que, d'une telle date à telle autre.
Ainfi, dans la fuite des modes, koung tché change &c,
infcrits fur le côté droit, au haut de la planche fi ~oK/~ ou
fa eft pris pour le ton principal d'un mode, puifque koung

Si l'on ecrit de la même manière l'exemple de la note .v, page 1 19.


les tons ut re mi fa par exem- Ainfi la génération defcendante des
ple, on trouvera que pour paffer Chinois, eft pour les Européens
à'ut à rc à mi à fa les yeux une progreffion de fons qui mon-
defcendent pendant que l'efprit tent & leur génération montante,
monte & c'efl le contraire pour une progreffion de fons qui defcen-
revenir de fa h mi, à re, &c. Voyez dent.
répond à hoang-tchoung l'ordre des lu commencera par hoang-
tchoung, c'eft- à-dire omme au premier rang des cafés infé-
rieures, qui répond au premier mode & les autres lu feront
tci-lu tay-tfou &c. felon les chiffres fupérieurs qui indiquent
leur ordre, en allant de droite à gauche. Si tché, ou ut efl
pris pour le fon principal d'un mode puifque tché répond à
lin-tchoung alors l'ordre des lu commencera par lin-tchoung y.
c'eft-à-dire comme au no. II des chiffres romains lin-tchoung^.
y-tfé nan-lu &c toujours de droite à gauche & en fuivant
les chiffres fupérieurs. Si chang ou fol efl: pris pour le fon prin-
cipal d'un mode l'ordre des lu fera comme au n°. III des mêmes
chiffres romains & ainfi de fuite, tant pour les autres modes
indiqués fur la planche le quatrieme le cinquieme &c.
5
que pour ceux qu'on peut etablir fur les lu ultérieurs lavoir9
ta-lu ou fa y-tfé, oua: kia-tchoung ou fol ou-y
ou re & tchoung-lu ou la qui comme les précédens,
deviendront fucceffivement premiers, dans l'ordre naturel des
lu & auront pour douzieme celui qui les précede immédiate-
ment dans cet ordre.

ARTICLE SIXIEME.
DE la circulation DU son f o n ij ament al*
I iF.
fon fondamental efl: le koung du hoang-tchoung, c'eft-à-
dire, fa. Ce koung, difent les Chinois ne fauroit ni fe
reproduire ni parcourir l'un après l'autre tous les lu, fans quel-
que fecours. Cefecours lui a eté donné par la nature ( aa), &
( aa ) Les Chinois peuvent bien arbitraire des demi-tons auxquels
s'exprimer ainfi mais cette nature ils font enfuite engendrer les con-
eu l'ouvrage même des Chinois fonnances, comme on le verra
modernes, Elle eft prife de l'ordre dans cet article.
3 le trouve dans les deux lu extrêmes qui ferrent des deux côtés
le hoang-tchoung qui en: la demeure primitive du koung*
Voyez la figure a. Tous les tons qui complettent I'oclave y
ajoutent les Chinois, font liés les uns aux autres par le moyen
du ho, qui eft le pien.-k.oung {mi) & du ,'choung, qui eft le
pien'tche {fi)-
Entre le koung & le chang, il y a le vuide d'un lu~y de même
qu'entre le changlk. le kio mais entre le kio & le tché {la ut)
«
il y a le vuide de deux lu. Le lu le plus près du tché, donne
comme un paffage au tché &le fon qu'il rend eft le commen-
cement du tché ou le fon qui fait vivre le TCHÉ qui le nourrit
& le fortifie. Entre le tché & le yu, il y a le vuide d'un lu
mais fi du yu l'on paffe à la reproduction du koung ( de re à
fa ) il y a le vuide de deux lu. Alors le lu le plus près du
koung prend le nom de pien-koung & eft comme le com-
mencement àukowig, auquel il donne une nouvelle vie en le
faifant changer de demeure ( c'eft-à-dire en le portant à
i'oclave ).
Ce n'eft pas tout le koung de hoang-tchoung en tant que
Son fondamental, eft ioutenu & aidé par tchoung-lu & iin-
tchoung & c'eil par le moyen de ces deux lu qu'il peut engen-
drer fans obftacie tous les autres tons ( bb ).. Voyez la figure 1 3
3

( bb ) Les Chinois poftérieurs ici de ceux qui portent des diefes


aux Instituteurs ayant appliqué & qui viennent de bien plus loin .}

l'ordre des lu à une férie de demi- encore, on voit par les nombres
tons il a fallu enfuite palier par même qui accompagnent les au-
une foule de ces demi-tons pour tres fons, queyô/ym'a d'exigence
trouver les quintes & les quartes. que par ut. 54 dont il eit ennen-
Voyez l'exemple de la note x\ dré cet ut l'ayant été directement
page 1 19 oàponr parvenir feule- par fa. 81 on y voit encore que le
ment de fa à lit, il faut paffer par la 64 elt le produit d'un ion qui eil
fa fol fol M la v la X< fans dé]a au-delà de la route où nous
qu'on fâche pour ainfi dire d'où cherchons Vue, qu'il eft produit par
Tiennent ces ions. Car fans parler re 48 engendre lui-même de fil
dans laquelle en comptant de droite à gauche les tons s en-
gendrent les uns les autres dans l'ordre fuivant koung tché
chaftg yu kio ho tchoung c'eft-à-dire en allant par quin-
tes, fa ut fol rt la mi fi. Mais en comptant de gauche à
droite, c'eft un autre ordre de génération qui procède ainfi:
tchoung ho kio yu chang tché, ho un g c'eft-à-dire en
montant de quartes, fi mi la re fol ut fa.
Dans cette double génération on ne fait ufage que de fept
lu c'eft pourquoi on appelle la figure qui la reprélente Y ordre
des fept réunis ou les fept principes. ICotmg&C tchoung (fa &
fi) y font en oppofîtion & agiffent l'un fur l'autre ( ce ). Les
cinq lu qui font à droite reftent inutiles & on les appelle les
cinq termes ou fins parce que c'eft à ces lu que fe termine l'une
& l'autre génération par/à & par_/r qui ne peut embraffer
que fept ions.
Voici deux paflages, l'un fur le pien-tché l'autre fur le pien-
koung. Le premier eft de Tfo-kieou-ming plus ancien que
Pythagore le fecond de Hoai-nan-tfee qui vivoit dans un
fiecle peu éloigné de celui du Philofophe Grec ( dd).

"~ji. Voyez la note y, page no, oh honores, pour l'évaluation du fon,


les nombres de cet exemple fe & principalement même fur des
trouvant réduits à leurs radicaux tuyaux plutôt que fur des cordes.
il fera plus facile d'y reconnoître (cl) Fa&cfeVdnt les deux ex-
la vraie génération des ions dans trêmes, fila vénération commence
le iens des Chinois. Mais il l'on y par fa pour en obtenir l'ordre de
regarde avec attention, on s'apper- quintes \efi fera le dernier terme
cevra bien que la marche qu'ils & ii la génération commence par
tiennent eft rétrograde & que le fi, pour en obtenir l'ordre de quar-
vrai fens de la progreffion, fa mar- tes, le fa fera le dernier terme.
che la plus naturelle, & încontefta- Voilà comment ces deux tons agif-
blement la premiere imaginée, eft fent Fun fur Future comment ils
i 3 9 27 8 1 fur-tout pour les font alternativement le principe Si
Chinois eux-mêmes, qui ne con- le terme l'un de l'autre.
noiffant pas nos vibrations, n'opè- Çcid) Ces deux partages font ex-
rent que fur les longueurs des corpss traits de la planche 14 du maniifcrit.
Tfo-kïeou-ming dit dans fon Tchoucn Du TCHOUNG,en
de fc aidant le Kirf n'a plus de tons j mais ait moyen de ce

TCHOUNG il pajfe au tche. C'eji ce qui a fait donner à ce ion


le nom de I'IEN-tché (comme fion difoit ton nui devient
TCHÉ ).
Hoai-nan-tféc dit Kio efl ci kou-si ko u -si engendre
YNG-TCHOUNG. Yng-TCHOUNG na point de ton proprei
mais il fe joint à un autre ton, & devient le ton auquel il Je
réunit; c'ejl pour cette raifon qu'on l'a appelle PIEX-KOU.VG
& ho. On a vu plus haut ( art. 4 page 113), quepien-koung
fignifîe ton qui devient koung. Ho fignifie accord, union &c.

ARTICLE SEPTIEME.
GÉNÉRATION DES Lu PAR LES DEUX KûA,
KlEN ET KOUEN.
%^J N entend par koa, les trigrammes de Fou-hi & les hexa-
grammes de Cken-noung expliqués d'abord par Quen-ouang
8a par Tcheou-koung plus de mille ans avant l'ère chrétienne
5c enfuite par Confucius, environ cinq cens ans avant Jeius-
Chrilt; ces explications fubnllcnt encore. Les Chinois font
perfuadés de tems immémorial, que tout, foit dans le moral,
foit dans le phyfîque dérive des koa & eft formé myflique-
ment par les koa. Il n'eft donc pas furprenant qu'ils aient trouvé
dans les koa la génération &: des lu & des tons, & tout ce
qui compofe le fyilême mufical.

En réuniffantfous une même figuree rapprochés de ce qu'on vient de


les planches 13 & 14 j'ai cru de- lire an tujet de leurs Auteurs par
voir placer ici ces deux paffages ou le P. Amiot terminent cet arti-
d'autant qu'ils feront ainfi plus cle en renvoyant à la planche 14,
Les koa trigrammes font au nombre de huit. Chaque ko ci en
formé par trois lignes ou entières ou. brifées ou mi-parties*
C'eit de l'arrangement & de la combinai fon des koa & des
lignes qui les compoient que dépend la formation myiliquc
de tour ce qui exilte.
Les koa hexagrammes font au nombre de foixante-quatre.
Chaque hexagramme en. formé par hx lignes ou entières ou
brifées, ou mi-parties. Tout ce qui fe dit des trigrammes s'appli-
que également aux hexagrammes. Les uns & les autres font
également les iymboles des changemens qu'éprouvent les êtres
dans leurs divers états de génération d'accroiffement de
deftruftion &c. avec cette différence que les hexagrammes
etant chacun en particulier le double d'un trigramme & dans
leur totalité, l'oftuple des huit trigrammes, ils ouvrent une
carrière plus vafte à l'art înépuifable des combinaiibns.
Voici ce qui concerne les deux koa kien èckouen dont les
lu font engendrés.
Le koa ou hexagramme kien, repréfente le ciel, ou le prin-
cipe varfj.it que les Chinois appellent y ang. Il eft compofé de
iîx lignes entieres, qui portent chacune le nom du nombre 9,
nombre parfait, avec cette dininftion que la ligne la plus baffe
eft appellée le premier g celle qui la fuit le fécond 9 la troi-
iîeme le troifieme 9 , &ainh de fuite jufqu'à la fixieme ligne,
qu'on appelle le c, jupérieur, au lieu de fixieme g. Voyez, la
figure 1 5 a.
Le koa, ou hexagramme kouen repréfente la terre, ou le
vrincîpe imparfait que les Chinois appellent yn. Il eft compofé
de fix lignes brifées qui portent chacune le nom du nombre 6,
nombre imparfait. On les distingue par Fepithete de premier 6,
fecond(5,&c. en commençant par la ligne la plus baffe,
jufqu'à la fixieme appellée le 6 fit parieur.
Quant à la génération des lu par ces deux koaon fait
qu'il
qu'il y a douze lu ou douze demi-tons qui partagent 1 inter-
valle d'une oftave; que fix de ces lu iont y<mg ou parfaits
& que fix font yn ou imparfaits j or, les hx. lu yang font
placés fur les lignes yang c'eJ'r-à-dire celle:, qui repréfen-
tent le ciel, & les fix lu yn font place fur les lignes yn
celles qui repréfentent la terre; en un mot, les f i x premiers
fur les lignes entières, les fix lu yn fur les lignes
1~ bnfées.
orlf~cs.
Laiffant à part le langage figuré des Chinois uou le rédui-
L)

o 0 0
fant au langage fec & fans images que nous employons
pour mamtefter nos idées il réfulto de tous les rnif.-nncrncns
des Auteurs Chinois que le ion fondamental faengendre fa
quinte ut, que cette quinte, devenue fou fondamental à (on
four, engendre de même fa propre quinte fol laquelle conti-
nue ia génération jufqu'au douzième terme, ou la.1%. comme
il efc ailé de ie voir par les lignes tracées entre les koa & qui
joignent les parfaits avec les imparfaits car, difent les Chi-
nois, il en ejt des koa comme du mile & de la femelle la
première ligne du koa KIEX qui cfl comme le mâle jointe à 1er
première ligne du koa KO VEN qui ejl comme la femelle engendre
la féconde ligne du koa kien laquelle fe joignant à la féconde
ligne du koa kouks engendre la troijieme èc ainfi des autres.
îl n'eit pas néceiîaire de développer" plus au long cette
doftrine. Par l'application des fous aux lignes des hexagiani-
mes, les Lecteurs Muiiciens verront aifément que ces lignes
repréfentent de l'une à l'autre la génération des tons fonda-
mentaux, puifqu'ils trouveront une luire de quintes prenant la
place l'une de l'autre (ec) jufqu'au terme pofé par la nature

(se) Ces quintes iont dites pren- tour générateur & produit >v, &r
dre la place l'une ck TauTrc en ce aini'i de 'mte d'une qu-me à l'au-
([Lie '\l ut engendré de fr devient tre jufqu\;u Li >' qui eit ce terne
lui-même générateur pour pro- P'ifJ p.ir L: n-.iturc dont p.r'e lec,
duire fol. Celui-ci devient à ion P. Amiot mais auciuel le 5 Chi-
1
Tome VL
.J
il
elle-même & les Muficiens Philoibphes y découvriront peut-
être tout le fyftême de la baffe fondamentale du célèbre
Rameau (£[').
nois quand ils veulent font pro- échelle contient de fons differens.
duire le hoiiTi^-tchoung ou fa En un mot, il faut les fept fons
qu'ils prennent alors pour
#
'?< fondamentaux f: ta fol ri la
'/ni, tous' à la quinte l'un de
quinte de Li ^'oyez. ci-aj^rcs
note i"v, p"e 131.
(./)'')Le (yirime de Rameau n'a
l'autre, pour former l'échelle Cl ut-
il L'i manière des Chinois. On peut
d'autre coïMorunrj- avec celui des voir à Tarticle iz de mon Mémoire
Ch:nois crue dnns la m;ir:iere jurlaMujnjUtJc.s Aucuns p'.lijc 84,
dont Yur. clés ibiis engendrés par un plus loua; détail touchant ces
3a bai'ie 'oiidamenvalc cL vient à deux fyflême: Carie fyiléme des
fon tour fondamental pour en Egyptiens & celui des Modernes
engendrer d'autres. Voye*. la note dont je traite dans cet article, ne
précédente. Or en ceci même font autre choie, fous des noms
on apperçoit encore une différence differens que celui des Chinois &
entre ce lyftéme & celui des Chi- celui de Rameau.
nois puisqu'un fon fondamental Il faut obiérver au refte que
dans le lylléme Européen ell la baiïe fondamentale de Rameau
fuppofé porter avec lui fa tierce a deuv objets bien diflincïs l'un
& fa quinte tandis que dans le de fonder la valeur d;s ions qui
fyilême chinois chaque ton fon- compoient le fyitême muiical
damental eit ifolé & ne fujjpoié l'autre de réduire en principes la
dans la réionnance aucun harmoni- pratique de l'harmonie. Rameau
que
qUI! auc::n fon concomitant j)
aucun ion phé-
C peut n'avoir pas réuiTi dans fon
nomène dont heureufement les premier objet, à l'égard de cer-
Chinois n'ont pas même l'idée. tains ions auxquels il attribue les
Mais voici cruelle eu la différence proportions factices dépofées
eiTeiitielie entre ces deux fyitcines. cL:is tous les écrits des Modernes,
Par exemple, pour former îa M;:i-> fon f.cond objet qui cil le
gamme a ut par le fyllême de ieui qui iméreife tes Harmoaifies
Rameau, il ne faut que les trois efi rempli parfaitement, Ce n'cfl
fons fondamentaux fa, ru & fol même que depuis l'époque de la
qui avec leurs tierces & leurs bi'/Te fondamentale que l'harmonie
quintes donnent les trois grouppes (Si devenue une icience. Cette
de ions fii lu ut ut mi fol fol fi obfei vâiiûn pourra n'être pas inu-
rt dont fe forme l'échelle ut m tile ici parce que c'efl pre ci fu-
mi f.i fol la fi ut. Au lieu que ment contre cette partie di: iyÛCrne
pour former la même échelle par de Rameau contre îa bafle .011-
]c fyiîéme chinois il faut autant damentale aue s'elevent les
de ions fondamentaux que cette Compofitears ians principes 6s
A cette explication des lu, par les deux hexagrammes qui
font le fymbole du ciel & de la terre, je vais ajouter dans
l'article fuivant une autre explication, tirée encore de la
combinaiibn des lignes qui compofent ces deux hexagrammes.
Je préviens le Lecteur que lorfque j'emp*. >ie le ligne du diefe
à côté d'un ton, je ne prétends que marquer l'élévation d'un
demi-ton (gg) au-deffus du ton fur lequel il eit placé.

ARTICLE H UI T I E M E,

Génération DES Lu par les quatre Ko a


Kl EN ET K OU EX, Kl-KI ET OuEI-KI.
\_> 'est toujours en employant le langage figuré, que les Chinois

continuent à expofer la génération des lu. On a vu dans l'ar-


ticle précédent comment les deux hexagrammes kien èckouen
ont engendré les douze lu & comment ces douze lu, deve-
nant générateurs ont produit tout le iyitême des demi-tons.

que leurs déclamations ont ion- fole le guide le flambeau du


vent arrêté les progrès qu'auroient Compoliteur. Faut-il s'étonner fi

thode de La
pu faire des Mufkiens de génie
par la connoiffance de cette mé-
baffe fonda-
mentale il efl: bon de l'apprendre
ici aux Amateurs ne coniîile qu'à
c'eft cette lumière qu'en veulent
les Compôhteurs de routine ? Non
tant à cauie qu'elle pcH'rrou les
éclairer, mais parce qu'elle edaire
les autres Iur ce qu'il y a de vicieux
enieigner comment tels & tels dans leurs compoiîrionj.
accords particuliers iur l'emploi (£Tj) -Le P. Amiot entend ici
defquels les Muficiens errent iou- par tlenn-'on une intonation in-
vent ouibntembarfailés, ie rédui- termédiaire entre le demi-ton
fent à trois ou quatre accords nvd]tur èc le c!emi-ton mineur
primitif:; plus connus que Rameau eniurte qu'im I.i-JuJ, par exem-
appelle fo;idamenr;!u\- & dont la ple pir.ile être conçi! comme un
marche n'clt ignorée pour ainii ji-btuiol un mi-.ihj; comme un
dire, d'aucun Écolier. Aufïï a-t-oa f.i, c'vc. clair> les cLvcrj ob]ecss
appelle cette harmoir.e primitive qui cié'pendenc de cette identut
cette bafie fondamentale la boul- iorcOe cic ibjis.
Nous allons voir à prefent un autre ordre de génération
formé par le mélange des lignes qui compofent les deux hexa-
grammes précédens.
Si l'on prend alternativement une ligne de l'un & l'autre
de ces deux hexagrammes c'eft-à-dire une ligne entière &
une ligne brifée en continuant de même jufqu'à ce qu'on ait
employé toutes les lignes qui les compofent, on obtient deux
autres fortes d'hexagrammes l'un appelle ouci-ki l'autre ki-ki.
Le nom du premier fignifie qui n'a pas encore ce qu'il lui
faut qui fe remplît peu-à-peu &c. & ki-ki fignifie à qui il 1

ne manque rien qui ejî rempli &c. Ces expreflions font allu-
fion à la manière dont les Chinois conçoivent la génération
des êtres par le concours de leurs deux principes le parfait
& l'imparfait le mâle & la femelle le mouvement & le
repos Sic. en un mot Yyang & Yyn.
Pour appliquer cette doftrme à la génération des lu & à
la formation du fyftcine mufical, ils diient Les quatre fiexa-
grammei kien koueN ovej-ki & ki-ki donnent le prin-
cipe, [ Liccroijpme.it la perfection ou le complcmera à la
fubhme feience des fons.
On a déjà vu à l'article précédent comment, au moyen
des deux koa kicn & kouen fe formoit la iucceffion fonda-
mentale des fons c'eft-à-dire la mcceiïïon des quintes. Cette
fuccefiioii fuffiroit feule pour le développement de tout le
fyftême mufical puifque dans les fons fondamentaux on a les
différentes combinaifons des degrés plus rapprochés. Cepen-
dant, pour faciliter, & l'intonation, Se Tunige qu'on peut
faire d'une fuite de demi-tons pour paffer d'un mode à l'autre,
les Chinois ont imaginé de réunir les lignes brifées avec les
lignes entières des deux koa kien & kouen de la figure ir ,7?
pour en furmcr les deux autres koa, ki-ki & ouei-ki, de la.
figure 1 5 £ qui préfente leur échelle chromatique mi
a
fa,
re
fa%, fol, foin. i*> l* (°u/ b ), ut, ut% re

Uscomparent cette échelle à la manicre dont les deux prin-


cipes yn Szyang agiffent de concert, en le mêlant l'un avec
l'autre en montant & en defeendant depi is la onzième lune,
où fe trouve le folftice d'hiver, jufqu'à la cinquième, où cit.
le folftice d'été & depuis celle-ci juf qu'au retour à la onzième
par où l'on avoit commencé à compter.
Je ne m'étendrai pas davantage fur la formation de ces deux
derniers hexagrammes. L'infoection de la heure fera allez
connoître en quoi confifte leur combinaifon de celle des demi-
tons qui en réfukent.

ARTICLE N E U V I E M E.
CéxÉRATION DES Lu PAR LES LTCN ES DES HEXAGRAMMES
QUI COMPOSENT DOUZE KO A.

Y oc i la dernière & la plus compiette des générations


des fous par les koa. Nous avons vu que les lignes entières font
yang, oa parfaites & que les lignes briJces font yn ou impar-
faites que c'eft de la réunion du parfait avec l'impartait de
Xyang avec \yn que tout ce qui exiite reçoit fa manière d'être.
Uyan <? difenî les Chinois, cherche toujours à le joindre à
['yn tk réciprecT'en:ent L'yn veut le réunir à yang. \Jy\mg ein
Tel prit gcnéraicar c'eft le kl vivifiant, qui de ia nature eft
;î;hr. L'y/2 cil: l'eiprit coopérateur le kl nournllant & pafiif
de ia nature. Le premier, donne le fécond reçoit. Quand
Yyanq a donné il fe repole quand \'yn a reçu il a ion tour
pour agir. C'ell par cette alternative de mouvement & de
repos que tout prend fon exiftence fa modification l'on
accroiilement &: la coniommation,
C'eft-ià en fubflance ce que repréfentent les douze koa de

licriles entières & bïifées de ces


lignes ces douze l'
la figure i j c. Chaque koa a foh nom propre le premier eil
appellé fou le Second lin le troiiîeme tay & ainfi de fuite
félon les nombres qu'on trouve fur la figure même. C'eft des

les douze lu de la manière que le repréfente la figure.


1
douzekoa que font engendrés

engendre le hoang-tchouns;, ou fa, fon


La .ligne entière du koa fou > n°. i nommée le premier g

fondamental.
Le ki de ce fon fondamental le porte jufqu'à tchoung-lu là il
9

cede fa place à joui-pin parce que c'eft à joui-pin que com-


mence Yyn-ki engendre par la ligne brifee ou premier 6 du
koa keou répondant à la cinquieme lune par où commence
une nouvelle génération.
La ligne enticre du koa fou ou premier koa, s'etant accrue
fucceiîivement jufqu'au koa kien ou fixieme koa, ne (auroit
aller plus loin. C'eil-là le terme du repos & le moment où le
principe yang ayant acquis toute lu plénitude de fa force, doit
diminuer dans le koa keou où commence le principe yn, qui
continue la génération. Ce koa keou répond à la cinquième
lune, où fe trouve le folftice d'été. La première ligne brifée
commence ici & produit le lu joui- pin ouf. Cette ligne
brifée va en augmentant par degrés julqu'àla dixième lune,
où elle atteint à la plénitude de l'on eilence qui coniiiîe à for-
mer Fhexagramme kouen. Là les fix lignes brifées engendrent
ynv-idiQun° douzième lu qui répond à notre mi. Ce mi peut
parler au fa (au hoang-tchounpf) pour recommencer la fuite
des demi-tons, ou bien il peut être fondamental lui-même pour
commencer un autre mode.
L'infpeftion de ia iigure fuppléera à tout ce que je pourrois
ajouter ici.
ARTICLE DIXIEME.
F 0 R M AT I O N DES L U PAU L ±. S X 0 M 23 R E S

JlL en es des nombres comme des autres êtres. Ils ont leur
deux principes, le parfait &
yang; & leur yn c'ell-à-dire les
Y imparfait qui par leur union & leur mutuel concours, proclui-
fent clans l'eipece tout ce qui peut être produit. Ainit les
nombres impairs Comyang, ou parfaits; les nombres pairs lont
y/i ou imparfaits. C'eft de l'union des uns (les
autres que
refaite la perfection en tout genre c'eft par la combinaison,
des uns avec les autres que la nature produit les merveilles que

t~ >
nous admirons & c'clt en les aflociant à propos qu'on peur
donner à la ilibiime feience des »
la vertu d'éclairer i'eiprit
(jus ions l~l
des plus vives lumières, d'échauffer le eccur, en l'excitant à
1)

l'amoiir du devoir, & de charmer l'oreille par la douceur de


la mélodie.
Il a plù aux anciens Chinois, d'appclict les nombres impairs
3
du nom de nombres du cidl, parce que le ciel eilyang; & les
nombres Dairs du nom de ;-o??:5res de Li terre parce que la
terre eft yn &: par une analogie naturelle ils ont dit de mhne
que par l'accord du ciel 6' de la terre, toutes e.hojesfe compojeni
& fe dczompofent prennent leur j 'orme !e::r accroifjcimnt &
Icurperfcaio:: i ,i:njî par ui combmaifon f union 6' l'accord des
nombres pairs & impairs qui les repréjentent on peut également
compojcr & décompojer les êtres, leur donner la forme l'accroif-
Icmcnt 6' la perfection.
On voit par-là que lorfque les Chinois parlent de la vertu cv
de la t ûuîe-puiilance des nombres, ce quiis en dilent n'eir
que dans un feus figuré, & qu'ils ne prennent point à la lettre
les exprefiions qu'ils emploient. Ce feroit leur faire injure, &
fe faire tort à ioi-même que de penfer qu'ils ont cru & qu'ils
croient encore que ici nombre, par exemple produit le feu,

gage, fans ilde


tel autre le fon tel autre la terre &c. Pour le;, bien entendre
il faut tâcher de pénétrer leurs idées il faut fe faire à leur lan-
feroit ailé de ieur prêter des inepties
auxquelles ils n'ont jamais penfé & dont ils rougiroient fans
doute s'ils faiioient
roient. le n'ai
liront en entier ce
de cas de ceux qui les leur attribuc-
pareil à craindre de la part de ceux; qui
ils prouveront font
entrés dans mes vues, en (aiiiilant Le vrai feus des expreffions
qu'ils
chinoifes,
Un
Tchov en
} deux, trois & dit Tfo-kieott-ming dans fon
renferment la doctrine la plus profonde ( hli ). Cette

( hh ) C'eft-là ie facré quater- » a fiez viiiblement la progreiïïon


naire des Pythagoriciens. Auffi ce .v
double,Sec. ».
partage mérite-t-il la plus grande Quoique le facré quaternaire ne
attention. Les nombres i, z,3, i oit connu, chez tous Les Auteurs
4
renferment en abrégé les prin- que fous le nom de Pythagore j'ai
cipes fondamentaux du iyftêrne ofé préiumer, à la note 15 page
muiical. J'ai traite de ce facré qua- 147 de mon Mémoire que Pytha-
ternaire à l'article 7 de mon gore n'etoit pas lui-même YJ/ifri-
Mémoire fur U Mu fiant des Anciens. tnuur ni de cette méthode ni des
Je vais tranferire ici une partie du principes vraiment admirables aiLcIU
paragraphe 69, page 38, pour renferme; & l'on voit aujourd'hui
iérvir de développement au partage que c'en aux Chinois qu'on doit le
&<t 'Tj'c-ki'-ou-niLii^ facré quaternaire. Au rciïc ce
Ce facre quaternaire confifte
«
qui m'a voit conduit i cette affer-
» dans
l'aggrégation des quatre tion c'elt que dans le courant de
nombres 1,2,3,4. On a dans mon Mémoire n'ayant pu regar-
y>

» ces nombres de n'u,


la pro- der Pythagore comme l'Auteur
•» portion de l'octave de 2 à 3 foit de la progreflion triple, foit
» celle de la quinte; & de 3 à 4, des principes fondamentaux de la
3» celle de la quarte. De pins, de 1 Muiique je ne devois point lui
» h 3 la douzième ( fondement attribuer une méthode faite pour
>i de la progrejïïon triple); de 1 présenter en raccourci pour ainij
» A 4, ia double ottave, ce epu dire & cerre progreffiun & ces
?» entre i a } &. 2 4 indique principes. En effet, 1, elt le
dociri'is
Je répète ici

quent plus que


car ilil eft
ici, car qu'on s'en
11, bon qu'on ["
doctrine n'avou point échappé à nos Anciens, qui en fdijoieni
l'objet de leurs études & de leurs méditations (es plus profondes.
que 7/o-
s'en fouvienne que
kieou-ming etoit contemporain de Confucius
Pythagore.
Tfo-
& par confé-
1

Un & rm font deux, dit encore Tfo-kieou-ming dans un


autre endroit de fon Tchouen un & deux font trois. Les
hommesvulpaires ne voient rien dans cet énoncé mais les Sa^es
[avant en tirer parti, quand ils calculent les lu &c.
L'unité félon la doctrine des Chinois eft le principe du
calcul & le commencement des nombres la dixaine cil le
terme où aboutit le calcul, & le complément des nombres.
Depuis jufqu'à 10 c'eft la repréfentation des deux principes
1

yn &yang dans l'état de la confuhon primitive. 1 3 5,7, <


9
font les nombres parfaits. Ces nombres n'ayant point la
dixaine, ont le principe & n'ont pas le terme ils ont le com-
mencement mais ils n'ont pas la (in. C'cil pourquoi ii cil: dit
dans YY-K7NG l'efprit vital cherche à produire Sec. 2,4,
6,85 10, font les nombres imparfaits. Ces nombres n'ayant
point l'unité, ont le terme mais ils n'ont pas le principe ils
ont la fin mais ils n'ont pas le commencement. C'eft pourquoi
il eft dit dans le même y-king l'efprit erre & cherche à s'unir
pour pouvoir agirfuivant fa. nature 6' acquérir l.i perjeclion de
fon être. La figure \6 repréfente dans cette occahon, les deux
principes yang & yn comme non encore ieporés l'un de l'au-
tre, & dans leur état d'inaction. Les nombres pairs & impairs
y font également repréfentés comme non encore employés au
modèle le premier pas de la pro- pairs, & la première yn ou en
greffion double 1,2,4,8, &c. -9
nombres pairs. Voyez le tableau
&C 1 3
eft le modèle de la pro- qui présente la formation du fyftc-
greffion triple, ,1,3,9,17, &c. mc des Grecs par ces deux princi-
•celle-ci ytf/zg' ou en. nombres im- pes, page 248 de mon Mémoire.
calcul. Les points blancs défignent le principe yang & les
nombres du ciel, ou impairs les points noirs défignent le prin-
cipe yn & les nombres de la terre, c'efi-à-dire, les nombres
pairs. Nous allons voir comment par la iéparation & la combi-
naifon de ces nombres on efl venu à bout de former les lu
ou les douze demi-tons de l'oétave.
C'ejî le ciel, & non pas l'homme difent les Chinois qui a
fait la féparation & la combinaifon des nombres pairs & impairs
d'où refaite la formation des Lu & c efl fur le corps du dragon-
cheval que. cette jéparadon cette combinaifon ont été montrées
à Fou-hi telle qu'on la voit dans la figure HO-TOU. Voyez la
figure 17 & ion explication.
La combinaifon des nombres pairs & impairs eft fi bierl
distribuée dans cette figure, qu'il femble qu'elle n'ait été faite
que pour repréienter le fyitêrne muiical. On y trouve en efîet
les cinq tons & la mefure des tuyaux dont on les tire.
Les perits nombres, félon les expreilions chinoifes engen-
drent les grands. 1 2 3 4,5, font les nombres générateurs
6,7,8,9,10, font les nombres engendrés.

notnl~:es engendrés
des nombres
cies l,
Ainlï 1 premier des nombres générateurs & 6
l,~figure
aus nord de la
emge:zclrés, placés au
premierï~
fgure, à côté
l'un de l'autre font le fymbole de l'eau. Ils défignent le ton
'A.'
yu, ou re qui eft rendu par un tuyau de 6 pouces.
1, le fécond des nombres générateurs, &7, le fécond
des nombres engendrés placés au midi de la figure à côté
l'un de l'autre, font le fymbole du feu. ils défignent le tché ou
ut (ii) qui eit rendu par un tuyau de la longueur de 7 pouces,
( ï ) On lit ici ch;r;s le manuferit P1EN-TCHÈ ( Si ) q;ù efl ren-
dcMBertin Us dîjiyicnt Ur-IEN- du &c.
TCI/É ( cifi notre S] ) qui cji C'eft une faute d;ms le:; deux
ren-
du &c. exemplaires. J*;u cru devoir fubfti-
Le manuferit de la Bibliothèque tuer ici Via au fi,
& le tdic
an
du Roi porte: Ils dcfignmt U pien-tdiL Frank rement parce qu'il
3 le troifieme des nombres générateurs, & 8 le troi-
fîeme des nombres engendrés, placés à l'orient de la figure,
à côté l'un de l'autre font le fymbole du bois. Ils défignent le
kio ou la qui eft rendu par un tuyau de la longueur de huit
pouces.
4, le quatrième des nombres générateurs, & 9 le qua-
trieme des nombres engendrés placés à l'occident de la
figure à côté l'un de l'autre, font le fymbole du métal. Ils
défignent le chang ou fol qui eft rendu par un tuyau de la
longueur de neuf pouces.
5 le cinquième & le dernier des nombres générateurs
& 10 le cinquieme & le dernier des nombres engendrés, font
le complément des nombres ils représentent le principe uni-
5

verfel d'où dérivent toutes chofes & qui renferme éminem-


ment le germe de tout ce qui peut être produit. Ces deux nom-
bres font placés enfemble au centre de la figure ils font le
fymbole de la terre & défignent le koung de hoang-tchoung
>

ne s'agit toit dans cette explica- yu tcliê ou n ut c'( fl que le


tion, toit dans la figure 17 que P. Amiot s'eil guidé par les pro-
des cinq tons des Chinois comme portions que portent les deux
l'a annoncé le texte, mais qui font tuyaux qui doivent rendre ces
pris ici en rétrogradant c'efi-à- deux fons ie premier de G pieds
dire en commençant par le ion comme on vient de ie voir, &
'Jo

le plus aigu yu, cché, kio chang l'autre de 7. Or, le rapport de


koung, ou, rc, lit la, fol, fa. En 6 à 7 répond plutôt une tierce
fécond lieu, parce que les planches mineure à rc Jî qu'à un ton
des deux exemplaires foit celles rc ut. Mais on verra à ia note
qui font ecrites en françois foit fuivante que le nombre 7 eft un
celles qui font ecrites en chinois nombre faftice qui ne répond pas
portent très-exa&ement toutes les plus ïijl qu'à & que ce nombre
quatre, dans leurs explications les précaire n'eu: placé ici que pour
cinq tons cti cet ordre yu, tché former une proportion arithméti-
kio chang, koung; le yu ayant 6 que entre 6 & 8 proportion abdir-
pouces le tché 7 le kio 8 &c. de en matière de corps fonores
Si dans les deux textes on lit qui ne fe mefurent que géométri-
yu, pien-tché, ou rejî, au lieu de quement.
le ion fondamental, flr qui eft
ou rendu p;:r un tuyau de la
longueur de dix pouces (kk).

(Ak) On voit par ceîte explica- un pouce de plus de 7 à S ilon-


tion que les cmq tons pris en nera-t-il la tierce Li ? Ou bien,
descendant rc m la /'•' répon- fi tic 6 à 7 i)ii n la t'erce rc (1
dent .u:\ nombres 6 7 o 0 comment de 7 à 8 yura-t-on la
10 qui marcliert p::rune pro'^rei- féconde, le toi! J! l:i ? On voit par-
fion antlimetique dnv.t l'excès là que quelque parti que Ton
d'un nombre Air celui qui le pré- prenne, le nombre 7 1 ft abiurde.
cède, cil toujours 1 esxès qui ne Jl en elt de môme du nombre 10;
l.iuroit donner une (cne d'inter- car ii l'on a un ton de c à 9 l.tj.il,
valles imiiic;ui\" (juand riième le comment la proportion de 9 à IQ
jnemur ieroit jviile ce qui n'eii: donnera-r-elle le même intervalle,
p.;s comme nous Talions voir. le même ton de fol à fi? Cette
De ces nombres les uns (ont obfervation ieroit plus que (uffi-
légitimes les autres (ont de pure i'ante pour les Chinois mais com-
iantaiiie. Le 6, le S cv le 9 ont leur me les Européens ont un ton de 9
principe da ri s 'la pro;j,i eilion triple. à îo, outre le ton muiical de 8 à
Le 0 qui répond au /< eil radi- 9 je nie vois forcé d'allonge:" cette
cal il (. il i-iii;c!:dré cle 3 ou r\- note. Voici donc nies valions.
repivii.ni>. par 6 qui en e!r l'oCta- 1 °. Le raifonnement que ]C viens
ve 5 eil engeridrc de 1 ou de l'aire ne doit pas être jugé par r
rejM'êlenté par 8 triple octave rerreur mais p:'r des principes.
tle 1. O:i a donc la proereliioii 1 2°. Le ton tle 9 à 10, les Européens
3,9, poiir les ions l.i n fol. En l\ippe!iei:t ri;ci:r, &C ils lTCOniiOlf-
iuivant ctlie pro^reilion on ;ui- ient qu'il n'elî pas le mémo que
roit pour ut le nombre 27 & l'ancien ton des lîrecs le ton de
pour/,? le nombre 81. Or, en S à q qu'ils appellent nui/ciir. Or
rapprochant ces nombres de ceux un ton moindre un ton ar:-peiL- .>

du texte chinois un aura d'un munur, prouve par l'erreur même


}
coté 137, moitié de 17 & 6
moitié de 1 3 }
40 -J-, moitié de 81
de 'l'autre on aura 9
où veulent être les Européens que
la proportion de à 10 n'eit pas
io-\ moitié la même que celle de 8 à 9 ce qui
de 40 -i-, & 1 o { moitié de 20 4-. fuffit pour faire voir que dans le
C/eil clone cet ut 6 -J- ck: ce fa 1 o j- texte chinois quiaoccalionné cette
qu on a cru représenter par les note, le nombre 10 eu ablurde
uoinbivs îaclices 7 & 10 dans le puisque les Chinois cuoicm'ils
texte chinois. Mais ii les nombres aient suffi leurs erreurs n'ont p,is
6 7 8, 9 10, repréiéntent di:^ .néanmoins celle d'un ton renvei
pouces comme on l'a 11 dans ce tronqué, que nous appelions plus
texte ck: fi de 6 à 7 un pouce de honnêtement mineur. On pourroit
plu., donne le ton /v ut comment voir ce que j'a.i dit dans nion Mi-
Les nombres pairs & impairs yn tkyan» placés comme
ils le font dans la figure ho- ton déliguent l'accord parfait qui
nature j eu
la nature)
dans lu
repue clans
rcgnc en m(~l1le donnent cciui
qu'ils nous cunl1cm
même rems cr3.i'iIs celui
qui refaite des lu pour la formation des tons. 9 & 10 font
le fondement fur lequel tout appuie le p -iucipe & la fin de
tous les calculs.
Les grains de chou ou gros millet, mis en travers & fe
touchant l'un l'autre par l'endroit d'où fort le germe cU(igne;-t ~c

Vrff & l'rANG en conjonction. C'eir. pourquoi la longueur du


hoançr-tchounir c'eft-à-dire du tuyau qui donne le ion fonda-
mental eit 8i produit de cette conjonction par le nombre 9

¡
car 9 muîtiplié par 9 donne 81.a
Ces mêmes grains de chou placés il côté l'un de l'autre
ayant la pointe en haut ou en bas, déjignem l'rx 6' yaxg l
ayant mis le complément à leur ouvrage qui je trouve pj.r-Li
[' ~t,o/z.
<~w fort état de perfection. C'eil
dans C' j' pourquoi ta
pourquoi la longueur
loupucur du
hoang-tchoung étant la même que î'eipace qu'occupent les
c'eft-à-dire, étant
orains ainli rangés c'eit-a-dirc,
gramsaini~rariges, étant del cent lignes, cetta
cette
longueur efî; cenfée dans fon eau de perfection car o iiiulri-
pliés par !0 donnent 100.
Les calculateurs peuvent choiMr
ca cu atcnrs peuvent choirir à vo
volonté une ou ['autre
onte l'une l'autre de
ces «deux manières ils arriveront au même terme parce eue

moire, fier la jSluÇque des Anciens quintes ou ditTcrc-nres forte1, de


aux notes 24, 28 35 pag. 144 quartes, xowi r.iiivz autant d'eipe-
158, 197 & ailkuis touchant ces de tons que vous voudrez, ou
l'intervalle appelle ton ïjns que bien, raccourcifiez un pied, de
je m arrête ici à prouver tjuii ay i'épauTeur du petit doigt, diviiez-
a [tas en niufiqiie deux: ior'.es de
tons tout di; mûuie tiu jÏ n'y vl pas
>
le e;: douze, vou, aurez avec lesS
pouces que nous connoiiToub des
tleux iorres de quintes ckax ioi- pouees niAiturs des pouces
ï^:> de quartes qui jinuFeiit ics pro- murs & cela ne iera j)-b phib
<
duire. Le im ov.X iht ies Grecs
ifl /:txch
ai)iurde que notre du-inue (ni" le
la quinte fur la quarte. ton,
Or ? ciéc'z difi'éreraes fortes dç
la longueur réelle du hoang-tckoung clr toujours iuppoiee la
même foit qu'on la divife en 81 parties ou en 100, & que
les longueurs des autres lu gardent entr'elles les proportions
qu'elles doivent avoir relativement au lu générateur.
Les Lettrés ordinaires dit Tfai-yu n'entendant rien à cette
doctrine ont fait dire aux Anciens bien des chojes auxquelles
ils nom jamais penfé. Cependant toutes leurs méthodes pour
le calcul des lu peuvent fe réduire à quatre principales.
La première confifle à donner au hoang-ichoung 9 pouces
de longueur, le pouce compofé de 9 lignes, & à faire ufage
de la progreflion triple. Le hoang-tchoung aura alors 81lignes.
La féconde confifte à lui donner 8 pouces, plus une ligne,
le pouce étant compofé de 10 lignes, le hoang-tchoung aura
alors 81 de ces lignes.
La troifîeme à lui donner 1 o pouces compofés de io
lignes. Le hoang-tchoung aura alors 100 lignes.
Enfin, la quatrième n'a eu lieu que dans la baffe antiquité
c'eft-à-dire du rems des Han. On donnoit au hoang-tchoung 9
pouces de longueur le pouce étant compofé de 10 lignes. Le
.hoang-tchoung avoit aind 90 de ces lignes.
Nous allons voir à l'article luivant les méthodes particu-
lieres dont fe fervoient les anciens Chinois pour obtenir par
les nombres, tous les fons qui divifent l'octave.

ARTICLE ONZIEME.
Formation des Lu par les nombres à la manière des anciens
Chinois depuis Hoang-ty jufqu'aux Han.
JLj
A méthoded'opérer fur les fons, par laquelle on fuppofe
la longueur du hoang-idwun^ de 81 parties, félon ce que j'en
l '[
ai dit à l'article précédent eft fans contredit la plus ancienne
de toutes, puifqr.e c'eft celle qui a été employée la première
fous le règne de Hoang-ty. TousTousles raréfient, &
les monumens l'atteftenr.
perfonne à la Chine ne l'a encore révoqué en doute.
Le fameux ïloai-nan-tfec cet iiluftre Prince qui avoit
fait de fon Palais une académie de Savans, prétend c[uc
tout l'artifice de la méthode des Anciens confiftoit à diftinguer
dans le corps fonore deux fortes de générations l'une en.
defeendant c'eft celle que nous appellons la quinte l'autre en
montant c'eft la quarte de la quinte déjà produite {II).
Pour avoir en nombres i'expreflion de la quinte il faut dit
Hoai-nan-tfee multiplier la longueur du corps fonore égal à
Si par 500 on obtient 40500. On divife ce produit par
749, & l'on a pour quotient 54 qui eft le nombre de lin-
tclwuno. Voilà pour la génération defeendante. Ce corps ionore
évalué à Si eft notre fa & le iin-ichoung répond à notre ut
c'eft donc fa 8 1 ut 5 4.
Pour avoir I'expreflion numérique du tay-tfou qui eft la
quarte de im-tchoung c'eft-à-dire pour avoir I'expreflion du
fol, quarte au-deflbus à! ut on multiplie par icco le u:i-
tchoung 54, ou ut. Le produit de cette multiplication eft
^4000 qu'il faut divifer par 749 le quotient fera pour t.v-
(//) La quinte dont parle ici le fortes d'expreiTions lcrfqu'elles fe
F. Amiot, fe prend en montant, rencontrent dans le texte il n'y
& la quarte le prend en defeen- aura qu'à y faire attention. On doit
dant. J'ai dé|a fait obferver à la fe fouvenir que le P. Amior a
note { page 112. que Texprellion averti iouvent que pour bien en-
Ciiinoife, en defandant eft pour tendre ion Mémoire, il tklloit ie
r.ous une marche montante de faire aux idées des Chinoii. En
même que leur cxpreiîion, en mon- effet, lorfqu'il s'agit iuv-ro.i: de
tant s'applique chez nom à des pafiages d'Auteurs chinois ce
ions qui delcendent. C'eft pour ieroit les dénaturer que de vou-
prévenir en quelque manière le loir traduire en idcCb Européenne;.
Leireur cet égard que j'ai fan celles des Chiner,
mettre en ciirafteres italiques ces
/fou ou fol 72. Il n'en pas néccilaire d'avertir ici quon
néglige les fraftions. On n'a qu'à fuivrc cette méthode pour
avoir tous les autres tons (mm). Voyez la figure 9, a dans
laquelle on a marqué, fous chaque lu ton expreillon numéri-
que, & au-deffous du nombre qui la repréfente le produit
qui doit être divifé par 749. Ce divifeur n'eft pas marqué
parce qu'il cil; toujours le même. Je me difpenfe de plus amples
explications parce que je fuppofe que cette partie de mon
Mémoire ne fera lue que par ceux qui entendent ces matieres.
Une méthode encore plus (impie eft celle qui fuppofe le
koang-tcfioung divifé en 9 parties appeliées pouces, à la
manière des Anciens. Ainfi le koung de hoang-tchoung ou fa,
étant fuppofe 9 on double ce nombre & on divifé le produit
par 3. Or le double de 9 eft 18 18 divifé par 3 donne 6
c'efr. donc 6 qui fera l'expreflion numérique de lln-tchoiuig ou
ut. Voilà pour la génération défendante c'eft-à-dire de la
quinte. Quant a la génération montante c'eft-à-dire de la
quarte on quadruple le nombre de lin-tchoung, ou ut, qui eft
6 le produit de ce nombre eft 24. On divifé ce produit par
3^0: l'on a pour quotient 8 qui fera l'expreflion numérique
du tay-tfou ou fol. On procède de la même manière pour
avoir la valeur des autres ions. Voyez la figure 9 b. En lifant
les nombres de cette figure il faut fubftituer 9 à 1 6V aller
de fuite.
Cette même méthode a lieu, en fuppofant le hoang-tchoung
(7/Z/72) Mais ces tons en négli- objet important feroit trop longue.
geant les fractions feront-ils juftes ? Je me propofe d'examiner en par-
On a déjà vu à la note y, page 1 io, ticulier les proportions que pré-
ce qu'on doit penfer durcfultat de fente cette figure, afin de {"avoir
cette méthode donné par Hoai- ce qu'on doit penfer de la méthode
n.m-rj'ii à l'a rude 5 Voyez page de négliger ies fractions. Voyez la
119). Comme la figure 9, <z, expofe première Oblervation à la iln du
ce même rclultat, je n'en dirai pas Mémoire,
davantage ici la dii'çufiion de cet
on fa, egal à i& l'on opere alors fur les fra&ions de la
même manière que l'on a opéré fur les nombres entiers. Les
anciens Chinois n'en ont pas fait ufage. Ils ont fuppofé que t
valoit 10 ils doubloient ceio, & en divifoient le produit par
5 en cette maniere 2 fois ic font 20 20 Jiyifé par 3 donne
6~. On négligeoit la fra£Kon, & fon s'en tenoit au nombre
entier 6 qui etoit la valeur numérique du lin tchoung
ou ut. On quadruploit cette valeur du lin-tchoung c'elt-à-
dire, 6, & l'on avoit 24 ce produit étant divifé par 3 don-
noit 8 valeur du taj-tfou, ou fol. On opéroit de même pour
obtenir la valeur des autres lu {nn ). Voyez la figure 9 b, pour
tordre des lu ainii engendrés l'un de l'autre,

(nn) Si l'on veut pouffer plus portant les nombres fuivans


loin cette opération en partant
de tay-cfou ou fol évalué à 8 il 10. 6. 8. 5. 6.
faut doubler ce 8 & on aura 1 6 fa ut fol rc la.
on prendra enfuite le tiers de 16 Il eft ailé de voir que Vus étant
ou comme dit le texte on divifera 6 fa tierce au deffous 'La, ne fau-
1 6 par 3 on aura 5 } & en négli- roit être exprimée p:r le même
geant la fraction réitéra 5 pour nombre 6 que fi étant 1 o ia
la valeur de nan-lu ou re quinte fixte au-deiTus n
au-deffus de fol. Pour avoir la reprélentée par 5 puifque 10 5
ne peut être
ck
quarte au-deffous de re c'efl-à- font 1'ex'prelîion de l'octave. Mai.
dire, la, il faut quadrupler 5 on fi l'on ccntiiiue la même opéra-
aura 10; divifez 2.0 par 3 vous tion, on trouvera mi 4 qui don-
fi
aurez 6f négligez la fraûion, ne, pour fa quarte au-deffous,
refte 6 pour la valeur de kou-fi 5 | c'eft-i-dire 5 puifque les
ou la. Il réiulte donc de cette mé- fraftions font nulles dans cette
thode, fans aller plus loin quant méthode. Or on a vu plus haut le
à préfent que le fon fondamental re h 5 donc le Ji ne fauroit être
fa étant 10, comme on l'a vu dans également 5 ce qui doit fuffire
le texte ià quinte au-deffus ou pour s'appercevoir que l'idée de
ut eft 6 que la quarte au-deffous négliger les fraûions, tant pour
de cet ut eu fol 8 que la quinte cette méthode que pour toute
de ce fol, cft rc 5 & que la quarte tre, eft bien plutôt chez les Chi-
au-
au-deffous de re 5 eft la 6 ce qui nois,
une erreur des modernes“
donne la férie de quintes & de que le procédé des Anciens plutôt
quartes alternatives ,/« ut fol rc la. un vice qu'une règle.
Tome VL
d T
a
Le Chc'-ki de See-ma-tjîcn & l'ancien Lu-chou ou Livre
ïur la Muhque font mention encore de deux autres méthodes,
qui etoient enufage du tems des Tcheou Si long-cems avant
eux.
Par la prensiere de ces méthodes on fuppofoit la valeur da
hoang-tchoung ou/à, égale à ioj on multiplioit cette valeur
par 50, & l'on en divilbit le produit par 75. Ainfi hoang-
tchoung 10, multiplié par 50, donne 500; ce nombre divifé
par 75 donne 6~. On négligeait la fra&ion & l'on s'en
tenoit au nombre entier 6 qui etoit la valeur du lui-tchoung :J
ou ut quinte du hoang-tchoung, fa. Pour avoir la valeur du
tay-tfou ou fol quarte au-deflous cYut on quadruploit la
valeur du lin-tchoung ou ut 6; ainfi quatre fois 6 donnent 24 j
14 divifé par 3 donne 8 qui efl la valeur du tay-tfou ou fols.
& ainft des autres en les prenant alternativement par quin-
tes & par quartes.
La feconde de ces méthodes confiftoit à multiplier la valeur
du lin-tchotmg par ioo; & à divifer le produit par 75. Or,
lïn-tchoung 6 multiplié par too, donne 600 ce nombre
divifé par 75 eft égal à 8 ^-°, valeur du tay-tfou ou foL
Quant à la méthode qui fuppofe le hoang-ichouno de c> pou-
ces, compofés de 10 lignes elle ne vaut pas la peine qu'on en
parle ici. Elle eft de l'invention de Pan-kou & de Lieou-hlng
mais tous ceux qui ont travaillé fur les lu, d'après les Anciens,
la rejettent comme fautive. Ces deux Auteurs n'ont pas fait
attention qu'en compofant le pouce de 1 o lignes il ne falloir
pas alors multiplier par 9, mais par 10. Ainfi tout leur travail
n'a produit que des --erreurs dit le Prince Tfai-yu.
Je pourrois m'etendre davantage fur la manière d'opérer
des Anciens; mais puifque tout ie réduit aux méthodes que je
viens d'expofer je vais donner le réfultat des opérations de?
Modernes.
ARTICLE DOUZIEME.
Dimenfions des Lu calculés plus ngou cufement par les
Chinois modernes.
\_} N
a vu au commencement. de cette féconde Partie
quelles etoient les opérations faites par les Chinois de la plus
haute antiquité, pour obtenir la divifion de i'o&ave en douze
demi-tons qu'ils ont appelles lu. comment à i'occafion de ces
lu ils avoient inventé les mefures de divers genres & com-
ment enfuite ils s'etoient fervi de ces mêmes mefures pour
connoître & ramener à un point fixe toutes les dimensions de
chacun des douze lu. J'ai expofé leurs différentes méthodes,
& j'ai fait connoître ce que les Chinois avoient de propre 6c
d'uniquement à eux dans la manière de traiter les différentes
parties du fyftême mufical. Il leroit fuperflu d'entrer ici dan;
le détail des opérations géométriques, des calculs pénibles dont
ilsfe font occupés, pour obtenir plus exactement les dimenfions
déjà fixées par les Anciens.
Si les Chinois ont cherché la quadrature-du cercle s'ils ont
travaillé à trouver des méthodes pour la duplication du cube
les Grecs en ont fait autant. Mais ce que quelques Philosophes
Grecs n'ont fait peut-être que pour remplir un loùlr qui leur
etoit à charge ou pour fatisfaire une curiofité ftérile les Phi-
lofophes Chinois l'ont fait dans des vues d'utilité pour la per-
fection de celle de leurs fciences, qu'ils regardent comme la
clef de toutes les autres. S'ils ont cherché la quadrature du
cercle c'eft pour trouver le rapport exact du diametre à la
circonférence, afin de pouvoir déterminer avec prccihon l'aire
de chaque lu. S'ils ont travaillé à la duplication du cube c'eft
pour pouvoir mefurer exactement le i'olide d'un lu quelconque, 'J
afîigner un fécond folide parfaitement fcmblable à ce pre-
mier, & parvenir aintt à une connoiffance fùre de la jufteffe
du ton.
Comme tout le travail des Chinois à l'égard de ces deux
objets, n'a abouti qu'à des approximations, & qu'ils ne fe
font livrés à ce travail que depuis un ou deux liccles avant l'ère
chrétienne, je crois pouvoir me dilpenler d'en faire ici l'ex-
pofé. Je dis, au rclte depuis un ou deux fïecles avant l'ère
chrétienne parce que tout ce qui m'a paffé par tes mains, en
fait de géométrie & en matière de calcul pour la quadrature
du cercle & la duplication du cube, relativement à la Mufi-
que ne m'a pas paru remonter plus haut que les Han. Du
moins je n'ai vu aucun monument authentique qui m'atteftât
le contraire. Les Chinois cependant ne penfent pas de même-,
ils font perluadés que ce que fit Lyng-lun fous Hoang-ty
9
plus de 2.637 ans avant l'ère- chrétienne etoit bien autrement
exact que tout ce qui s'eil fait fous les Han. Ils penfent que
ce qu'avoit tait Tchcou-koung du tems de Ouen-ouang,c'ei\-
à-dire plus de j 1 22. ans avant Jeius-Chriit que ce qu'avoit
fait Lin^-tchecu-kLcou du teins de Confucius qu'en un mot,
tout ce qu'ont fait tant d'autres grands hommes fous les trois
dynafties qui ont précédé celle des Han etoit marqué à un
coin de précihon & d'exaôitucîe bien au-defTus de tout ce qui
a paru après eux. Mais la faulx du tems, difent-ils, a moiflbnné
la plupart des productions du génie des Anciens. Il ne nous en
refte que quelques fragmens par lefquels nous pouvons juger
de ce qui nous manque.
Je vais donner le {impie réfukat des opérations des Moder-
nes, touchant les dimenfions de chacun des douze lu. Ce
réi'u'itat eft le fruit du travail de l'illuilre Prince Tfai-yu dont
j'?,i parlé il fouvem dans ce Mémoire. Les ligures io_, Ï9 &
20 préfentent ce réfultat. J'ai ajoute à la figure i S les tons

Chinois, fous les lu auxquels ils répondent ,&; les fyllabes


Européennes fa ,jbl, la, &c. par lesquelles j'ai traduit les
tons chinois dans le courant de cet Ouvrage. On pourra
Toir ainfi d'un coup d'œil fi les tons s'av cordent avec les
nombres.
Tout le calcul de Tfal-yu cil fondé fur la fuppofmon que
le pied qui donne la longueur du hoang-tchoung ou fa cil
divifé en dix pouces le pouce en dix lignes les lignes en dix
autres parties & ainfi de fuite.
Quant aux deux autres figures, les détails qui les concer-
nent font fur les planches mêmes pour plus de commodité.

ARTICLE TREIZIEME.
Manière d e p r o u y e ji l £s Lu,
J. OUR éprouver la jufteffe des lu les Chinois ont inventé
un infiniment qui réunit, félon eux, la perfeâlion du kin a
celle du ché ils l'appellent lu-tckun il eil plus grand que le
kin & plus petit que le ché. Sa conftruttion eft toute mvfté-
rieufe il eft en petit l'image de tout ce que reprefente la Mu(î-
que elle-même. On peut le rappeller ce que j'ai dit du kiu &
du chê à l'article 6 de la première Partie, & l'appliquer au
lu-tchun. Ainfi iaiflant à part tout ce que cet inihument a de
myftérieux & de fy mbolique je pafle à ce qu'il a d'efientici
par rapport aux lu, dont il doit éprouver & conilater, pour
ainfi dire la juilefTe,
Les Anciens avoient fait deux fortes de lu-tchur. la premiers
forte etoit de la forme du chë & la féconde reffembloit au
kïn. Les lu-tchun faits comme le ché., etoient longs de dix
pieds les autres n'avoient que fix à fept pieds. Le nombre de
cordes, pour les uns & les autres, etoit indifféremment de
d onze ou de treize. Cet infiniment etoit très en ufage du tems
des Han.
Parmi les Auteurs qui ont parlé du lu-tchun on en compte
quatre principaux. Le premier efl Lïng-tcheou-kleou qui vivoit
fous les Tckeou environ 500 ans avant l'ère chrétienne. Le
fécond efl Kuig-fang il vivoit fous les premiers Han, vers le
commencement de notre ère. Le troifieme eft Tchen-tchoung-
jou il a écrit du tems des Ouci poftérieurs c'eft-à-dire un
peu pius de deux fiecles après Jefus-Chrift. Enfin le quatrieme
nommé Ouang-pou a écrit fous la petite dynaftie des Tcheou
vers l'an 560 de notre ère. Je ne parle que de ces quatre
Auteurs parce qu'ils ont vécu en différens fiecles & qu'ils
jouiffent dans leur pays d'une eftime plus univerfelle.
Il s'en faut bien cependant que ces Auteurs aient traité du
Iu-tchun avec l'exactitude reqnife pour un pareil fujet. Ils ont
cru qu'il fuffifoit pour la pratique de donner des à-peu-pres
fans faire attention que ces à-peu-près devenoient des erreurs
énormes quand on les ramenoit au calcul.
Le Prince Tfai-yu qui a travaillé avec plus de méthode
que tous ces Auteurs & qui avoit les fecours néceffaires pour
le faire avec plus de fuccès; ce Prince, dis-je après avoir
dépouillé tous les Livres tant anciens que modernes qui ont
parlé du lu-tchuii, conclut que cet inflrument pour être exact
& conforme en tout aux vues de ton Inventeur, devoit être
tel que celui qu'il s'en1 donné la peine de conirruire lui-même.
Ii eft repréfenté a la figure zi. En voici une courte defcription
tirée de l'Ouvrage même de Tfai-yu.
Pour avoir un bon lu-tchun dit cet ilkiftre & favant Auteur,
oc pour que ce lu-tchun ait toutes les qualités qu'exigeoient les
,• ciens pour repréfenter la perfection de leur Mufique, il faut
employer le bois appelle loung-mou. On donnera a ce bois une
forme oui tienne un milieu entre celle du kin H< cuic du die.
Car le lu-tchun,
é'~ir
l'autre de
être exactement ni cornais :"[;1) ni
Il-lC Utll, fans être exaccement Jl1 cÙm:11': ï-m
inftrumens doit cependant
nI
reiTembler
comme ces
en quelque chofe à tous les deux. Il faut qu" foit également:
1

large par-tout qu'il ait deux ouvertures, faites en rond fur ia


partie de derrière & une couche de vernis noir fur fa partie
de devant. Ses dimenfions doivent être fixées au moyen du
pied des Hia.
La longueur totale de TinUrument doit être de 5 pouces
nombre complet du ciel & de la terre & fa longueur d'un
chevalet à l'autre c'eft-à-dire la longueur du corps fonore
doit être de 50 pouces, nombre de la grande expanfion.
La largeur tant au haut qu'au bas de l'inflrument doit être
de 8 pouces nombre qui repréiente les 8 aires de vent & fon
epaifieur, c'eft-à-dire fa hauteur depuis fa furface fupérieure,
jufqu'à fa furface inférieure doit être d'un pouce & demi.
Le rebord ce ( figure 21 ) de l'extrémité de la partie fupé-
ïieure doit être de pouces pour repréfenter les trois lunai-
fons dont chaque laiton de l'année eit compofée.
Il doit avoir cordes pour former les douze lu, fk 2.
12 ti
points de divifion, fervant à l'accord de l'inflrument ce nom-
bre de 2 repréfente les douze lunaiions de l'année commune.
1

Le chevalet ff, qui eft à la partie fupérieure de l'inllrument


doit avoir 6 lignes de hauteur, & celui d'en bas go- {\\ dixiè-
}

mes de ligne pour repréfenter les ûx heures que les Chinois


comptent de minuit à midi Se depuis midi jufqu'à l'autre
minuit ( on fait que nos 24 heures ne font que 12 heures chi-
aoifes ). La largeur de l'un & l'autre chevalet doit erre de
lignes & la longueur de 8 pouces, Ces divers nombres de 5 5

de 6 & de 8 qui répondent aux différentes mefure.s délirent


les 5 tonsP les 6 yang-lu ( appelles fimplement lu ) «Se les S foiv-,
Le diamètre des deux ouvertures, ou trous a ù, doit être
de 3 pouces. La diftance depuis le centre du trou a jufqu'5.
l'extrémité du rebord de la partie fupérieure ee doit être d'un
pied & depuis le centre du trou b jufqu'à l'extrémité de la
partie inférieure la dnlance ne doit être que de 5 pouces. Ces
nombres 3 5 & 1 font le fymbole du tout, concentré dans
l'unité*
L'epaiffeur du bois doit être par-tout de 4 lignes pour
repréfenter les quatre faifons. Les tuyaux qui donnent les douze
vrais lu ou lu moyens doivent être mis en dépôt dans le
corps de l'inftrument en les faifant entrer par les ouvertures
a ,,b & cela pour défigner que le lu-tchim eft un abrégé ou
contient en abrégé toute la Mullque.
Les chevilles dd font pour arrêter fixement les cordes,
ou'on tend Se détend au moyen des chevilles c. Ces cordes
doivent être comme celles du kin. Il faut choifir les meilleures,
& en prendre deux affortimens. La premiere, qui donne le
hoanv-tchoung oiifa, & celle du milieu font uniques tou-
tes les autres doivent être doubles, pour fortifier le ion.
Les divifions feront d'autant plus juftes que les points qui
Les indiquent feront plus -fins; chaque divifion défigne un lu.
Ainfi la premiere, c'efl-à-dire, celle qui partage la corde en
deux parties égales eit l'octave du hoang-tchoung la Seconde
eft yng-tchoung ou mi la troifieme ou-y c'efl-à-dire re^
& ainfi des autres jufqu'à la divifion d'en bas, après laquelle

eft le hoang-tchoung grave donné par la longueur totale de la


corde. Voilà pour l'ordre rétrograde. En fuivant l'ordre natu-
rel, on compte pour premiere divifion celle qui eft la plus près
de l'extrémité de rinftrument alors la premiere division répond
au td-lu ou fa la feconde a taï-ifou ou fol 8cc jufqu'àn
la douzième qui eft l'oclave du hof.ng-iclioung.
Lorfqu'on veut accorder le lu-içh.un on retire les tuyaux
des
deshi, mis en dépôt dans le corps de l'inilniment on fait
fonner celui du hoang-tchoung, & l'on met la premiere corde
à l'uniffon. On peut, fi l'on veut, accorder les autres cordes
en prenant le ton des tuyaux de leurs lu correfpondans mais
la véritable manière (o o) efl une de celles qui (lavent.
La premiere corde, mife exactement au ton du premier
tuyau des lu donne le hoan.g-tchoung dont Focl-ave eft à la
premiere diviilon.
La féconde corde doit donner le ta-lu. Pour s'afïurer que ce
ta-lit eft jufte il faut mettre le doigt fur li féconde diviilon

& pincer la corde. Si le ton qu'elle rend alors cil à l'unifTon
du koang-tchoung toute fa longueur donnera le véritable ta-lu.
La troilleme corde doit donner le tay-tfou. Si en la parta-
geant au point de la troillemediviiion elle eft à l'unilîon du
hoang-tchoung toute fa longueur donnera le véritable tay-tjou.
Il en eft ainfi des autres cordes la quatrième la cinquième
la fixieme &c., qui partagées à la quatrième la cinquieme
la fixieme divifion &c., feront bien accordées fi elles (ont à
i'unifîon du hoançr-tchounsr.

(00) Le P. Amiot a raifon de vient de le voir, il n'eft que la


s'exprimer ainfi car la manière de copie des intonations que préien-
retirer les tuyaux du corps de l'ini- tent les tuyaux iur lefquels on
trument, les taire ionner, & met- l'accorde ?f
tre chaque corde au ton du tuyau Ce qu'on auroit eu à délirer ici
qui lui correfponcl eft bien plutôt à l'égard de cet infiniment ce
la manière d'éprouver le lu-tchun feroit de lavoir quelle eft la jufre
lui-même que celle d'éprouver proportion que gardent entr'elles
au contraire les lu fur le lu-tchun. les di vivions mr.rqué-es par des
Mais dès qu'on a des tuyaux bien points. On pourroit alors le regar-
d'accord, ne feroit-il pas plus iim- der comme un modelé de demi-
ple de comparer à ce modèle à tons tunpcris propres à être trani-
cette forte d'original tout autre portés iur nos înitrumeiis à tou-
tuyau tout autre infiniment en ches, c'elt-à-dire, ceux qui n'ont
un mot, tout ce qui doit donner qu'une feule touche pour deux ions
les lu que de parler par la céré- différens,
monie du lu-tchun fi, comme on
Tome VL ·
Y
Pour épargner au Lcftcur la peine d'avoir fans ceffe les
yeux fixes fur la figure qui repréfente les & leur correfpon-
dance avec nos tons je vais expliquer à notre manière cette
premiere méthode d'accorder le lu-tckun.
La premiere corde ou fa partagée en deux parties égales
c'eit-à-dirc au point qui marque la première divihon donne
(on oâave fa.
La féconde corde fa^, partagée au point de ia féconde
clivihon doit être à l'unifion de la première corde ,fa.
La troiheme corde, fol, partagée au point de la troifîeme
diviiion doit être à l'uniffon de la première corde fi.
La quatrième corde, fol% partagée au point de la
quatrième divihon doit être à l'uniflon de la première cor-
de ,/fl.
La cinquieme corde, la partagée au point de la cinquieme
divihon doit être à l'uniiTon de la première corde ,fa & ainil
des autres cordes, jufqu'à la douzième, lefquelles partagées
chacune à leur divifîon correipondante doivent être à l'uniflon
de la premiere corde fa. O.i comprend allez cette métho-
de dont on petit te fervir aufîi pour vérifier la juflede des
dhiiîons.
La féconde méthode confifle à accorder les cordes qui don-
nent les fons fondamentaux avec celles qui doivent donner
leurs harmoniques ou, pour rn'exprimer comme les Chinois
s
cette méthode confifte à accorder les fons fondamentaux avec

méthode.
erzVoici
les fons qu'ils engendrent par V intervalle de huit en défen-
dant & par l'iczrervalle d~~ -jr~c cette

La premiere corde, hoanp;-ichoung fa & la huitième corde


lin-tckoung ou ut, doivent être d'accord; ck lin-tchouns ut,
doit s'accorder avec tay-tfou fol, parce que /ioap.p;-ichoun<{
y
fa. } engendre, en defeendant par l'intervalle de huit., Un-
tchoungr^ut ,8>tcF\e Hn-tchoungi ut, engendre, en montant,
par l'intervalle de iïx, tay-tfou ,fol (pp ).
La troifieme corde tay-tfou fol, doit s'accorder avec la
dixième corde nan-lu re & nan-lu re doit s'accorder avec
kou-fi la, par la même raifon que ci-deffus.
La cinquième corde kou-fi, la, doit s'accorder avec la dou-
zième corde yng-tchoung mi & la douzième corde yn%-
ichoung mi, doit s'accorder avec la feptieme corde joui-
pin, fi. L

La feptieme corde joui-pin, fi, doit s'accorder avec la


féconde corde ta-lu ,fa ^-f & la féconde corde ta-lu j.i 3€ ?
y
doit s'accorder avec ia neuvième corde y-tfé ut
La neuvième corde y-tfè ut doit s'accorder avec la
quatrième corde kic-tchoung foi ,• la quarrieme corde
&

kia-tchoung fol%. doit s'accorder avec


onzième corde
°u-y 7 rc M-

La onzième corde ou-y re doit s'accorder avec la


iîxicme corde ichowng-lu, la^j Scia dixième corde tclcozcnJ-i.c
la^ doit s'accorder avec la première corde ho.vig-tchoun^,
~à(%;).
(PP
que la pre-
) C'eft-à-dire ( 1 '1 ) Cvefl-à-dire a\"ec hoansr
mière corde étant ja la huitième ichcun™ Ou ;\i pris ici pour rm-
corde, ou ut devra former la d'ufi quarte au-deffous de lu-
quinte avec ce j-.i & la quarte
avec fol. Quant aux cordes iuivan- la' doit lonner la quarte. On \o:i
tes, le texte qu'on va lire le reduit par-là Que le lu-:chim du Prince
à ce que rc ionne la quinte avec IJai-yu nVir qu u;i i!io\"cn niccha-
fol. Si la quarte avec ta; que mi n.ique pour obtenir des quintes &
ionne la quinte avec Li & la des quartes tc/nnJrJcs c'eil-à-dir;3
quarte avec fi & ainii de fuite des quintes & des quartes hors des
pour V:s ions qui relient, formant proportions que donne le mono-
avec les precédens laicrie alterna- corde, OU canon liarmani^ii-: vrai
tive de quintes & de quartes lu-tchun pour les ions juites, puis-
fa ut fil rc l.i mi fi fa ut, fol #* qu'il n"e il au fond, comme je l'ai
d;t dans mon Mémoire, .v: ..-
Le lu-tchun ainfi accordé, peut fervir de règle à tous les
autres inftrumens il peut rendre tous les fous de la Mufi-
que (/r).

fuirai de la progreflîon triple ( pagejours que ce n'eil qu'à beaucoup


6, §. 8). Voyez ibiJ. page 103 près qu'un la-dicfe peut repréfenter
§• 10. Ji-hcmol un mi-diefe fa un re-
Excepte les ml-diefcs les
(rr) diefi /7~y!o/ mais il s'agit
&c. mais
mi-bémol &~c. s'agit
fl-bimoh les mi-bcmols &c. qui ici d'un fyflême tempéré comme
ne peuvLMit être représentés qu'à- on l'a vu à la note précédente
peu-pres par_/Ir, par la-dkfc par d'un ryflcme où le Prince TJÏu-yu
rt-diefi ôcc. Je dis à-peu-prbs mais emploie ce qu'il appelle des cor-
les théoriciens favent, & les per- rectifs. Voyez ci-devant l'article 5
fonnes qui jouent du violon ou du & la note q page 1 1 6>
violor.celle éprouvent tous les
TROISIEME PARTIE,
ARTICLE PREMIER.
Ce que LES Chinois entendent par ton.
M E
ton j fuivant les Chinois, efl un fon modifié qui efl de
quelque durée & qui ne peut occuper qu'une étendue que la
nature elle-même a fixée par les immuables loix.
On voit par cette définition que le ton eft distingué du bruit,
du fimplefon, & de ce que les Chinois appellent lu. Ainfi
tout ion qui n:eft pas modifié qui n'eft pas de quelque durée
& qui n'a pas l'étendue qui lui a été fixée par la nature n'eft
qu'un bruit fans vie auffi incapable de rien produire hors de
foi que de fe reproduire lui-même. Il réfuite dé-là que le
véritable ton eft un fon animé, un ton fécond qui donne l'être
à d'autres tons, & qui a la vertu de le reproduire.
Les tons doivent être envifagés fous deux points de vue
différens i°. comme ifolés 8c indépendans l'un de l'autre;
29. comme étant nécefTairemcnt liés entr'eux, & h étroitement
liés qu'ils ne peuvent exifter l'un fans l'autre.
Les tons enviiagés fous le premier point cie vue c'eft-à-dire,
comme il oies & indépendans font appelles du nom de chen°-
ôedéfignés par un caractère particulier envifagés fous le fécond
point de vue c'eft-à-dire comme liés entr'eux ils font appel-
les jy/z, &: on les déngne par un caraflere tout différent du
premier. Les c/ie;:g &: les yn font la mélodie appellée yo la
mélodie & les_v« ront la Mufique, qu-on exprime ordinairement
par les deux carafteres yn-yo.
C cil pour n avoir pas connu toutes ces différences & pour
avoir confondu les eneng avec les yn (les fons ifolés avec les

fur la Mulîquc les


ions liés entr'eux ) que la plupart des Auteurs qui ont écrit
H. m ont avance tant d'abfurdités.
En lilant par exemple dans les anciens Livres les deux cara-
ctères on y a qui iignihent les chuj tons ils n'ont vu autree
choie dans cette cxpreiTion qu'une échelle ou une gamme
de cinq tons confécutirs, & ils fe font trompes. Les cinq tons
koung cher; g kio tchc “ yu ( /.r la loi
ut rc) n'ont jamais
conlikué une échelle comoletre. Si ces Auteurs avoient été
plus verlés en Mul;qu-% ï.s auroicnt vu que les cinq tons
n'eroicnt delignes eue comme un rcîultat des Cinq premiers
termes de la progreihon triple, 1,3,9, 27, Si, & qu'ils
n'ctoien: c[ue les cinq tons piincipaux du iyilème diatonique
formes par une férié de quintes fa ut ut fui, fol rc rc ii
comme on peut s'en convaincre par la feule infpe£uon de la
Ji^urc 1 c!e cette troiiiemc Partie. La ojcnératioii de ces cinq
tons v eil trop bien exprimée pour qu'on puiiîc s'y mépren-
dre ( .1). ce 11 d\ pas encore-là un fyitêmc complet c'en eil.

O. voir c-, crïït Jrns cette


(«0
h<j,i:rc !
1 3 9 17, 81
L
s:>i~.cr;iTion tics iiunibrcs
répondre r.ii.v
a i 3 ou 3 9 ike, les quintes
inoutîint fa ni ou ut j\,l &c.
en
\oycv. la figure 1 de la premièree
ions jd m \ol rc La, II cil' tros-vrai Partie où les tons & les nombres
que 1 cH.cnJre 3 cnic 3 enten- font pris dans leur vrai fens c'eft-
dre 9 & a:fi clc imte. Mais quant à-dire, 011 le ton koiuig, ou fa,
auv noms des T.otes ces nombres porte le nombre Si. C^e nombre,
C2VJ'oie/it ttre pris en rétrogra- oc ceux tics autres tons de l.i même
dant eu bien leb noml^res étant figure iont confirmés par le texte
dans leur ordre naturel celui des de Hodi-rr.n-ijic rapporté ù l'art,
-otes devroit liâ-irênie être rérro- de la féconde Partie. Voyez p. 1 19,
cracle ccïhthc /> fol iuj-1, (ur Au rer;e toutes ces ^aridtions
les nombres 1 3.9, ôcc. parce des Chinois touchant l'apphca-
que ces r.ombrcs déhgrnr.t les !oîi- non des nonibrcs n'cnipûclient
çueurs des tv.vaux qui lonnent les pas que les cir.q tons ne ioienr
/.v, 1! iîr.p'.iquc ù: î^ire répondre ioi:jouri le rcHiltat des cinq pre-
du moins le commencement. Nous allons voir qu'en ajoutant
à ces cinq tons ce que les Chinois appellent les à^xpien
c'eft-à-dii-e le ml & le/
on a tout ce qu'on peur cleiircr pour
rendre ce lyftèmc complet ( b ).
miers termes de la progreffion teurs des cinq tons. Ce fera la
triple, pris dans un feus ou dans mienne ou la leur, peu importe
l'autre à droite ou à gauche par c'c'iî l'idée de l,i choie.
i e. ?<?

i ou par 81. Concevez, le lydème harmoni-


(i) Cette doftrine des cinq que de doii'e (ons à l.i quime l'un
tons, qui femble n'avoir produit de l'autre repréiertés par la léne
que des erreurs chez les Chinois des douze ternies de !a progrefîion
eft néanmoins une des belles dé- triple, auxquels vous fort" corres-
couvertes en munque dues cette pondre des quintes ino.i:a:ues ou
ancienne nation. Voici l'idée que des quintes dépendantes à votre
je l'uppoie à cet égard aux inftitu- choix:
E X E M P L E.
i. 3. 9. 27. 81.243.729.1187.6561.19683.59049.177147.
fa(. ut fol rc. la mi fi fi% rteti /<>*? /•“;< lu v
fi mi la rc fol ut fi f: [•.·
{- Liïi rcïijol^vi^pi'&jl mi U r-z
·z
Li :·V
Jbl1
rj ?;
fol..
fj.
1 ut
Prenez les cinq premiers termes un Sixième par quelque ternie
ion
de cette pros/ciuon ou ii vous de la progrefîion que Ton com-
voulez., les cinq premiers ions fi nu'nce à compter ioit en i'l;iv,int
ut fol n lu du premier r^ng de l'ordre naturel, ioit
en rétrogra-
arraiigez-les de différentes dant îVeil: phis que ce quelles
notes
manières, vous aurez, pour les Chinois ap-^eilent un ch,™ un
moindres intervalles poiîiblcs tes intervalle moindre yeiit intervalle
tons ut rc fa Jbl & fol la ou que nous nommons denù-ton.
félon les Chinois, les cinq tons J'ai dit pur quelque i;nnc qui Ton
ja,j:il La ut rc. Prenez un terme commence a compter &c. 6; c'elt
de plus, vous aurez avec le pre- précilément en cela que lado£lrine
mier terme un nouvel inter- des cinq tons paroît admirable. En
valle plus petit que le ton vous effet comptez depuis le Second
aurez/" nu au premier rang, fi terme (celui qui répond à 3 ) juf-
vi au fécond & la $£ fi au troi- qu'à l'on Sixième, vous aurez le
sième. Voilà donc pourquoi les demi-ton ut fi au premier ranç
anciens Chinois dans rémunéra- mi fa au lecond rc% mi au troi-
tion des fons qu'ils appellent tons, licme.
ne parlent jamais que de cinq. Car Partez du terme qui porte le
ARTICLE SECOND.
DES SEPT PRINCIPES.
J E
Chinois appellent du nom de fept principes ou de
S
tfi-ché la réunion des cinq tons & des deux picn en un mot
t
tous les tons qui, dans l'intervalle d'une oclave diatonique, y

chiffre g vous aurez de ce terme §. 182, 183 1S4, page 198.


à fon lixieme ,1e àemi-tanjol fa §¥ Il rclulte do cette obfervation

on làjtl* 5 ou. fol %$ la & ainli du que rinflituteur des cinq tons, chez
refte. Vous trouverez également les Chinois, a pu vouloir repré-
Tin demi-ton en remontant du der- fenter, par cette forte de tableau,
nier terme à ion iixieme de l'avant l'idée d'un genre qu'on pourrait
dernier ou de tout autre à ion appeller à la lettre, diatonique â
iixieme. d'un genre dont les moindres inter-
On peut donc, en fuivant ce valles font le ton; puiique plufieurs
procédé définir le demi-ton dia- airs chinois, & divers autres mor-
tonique ou limma dont il s'agit ceaux de leur Mufique ne font.
ici le chant ou l'intonation qui compofés qu'avec ces cinq tons
»
réfulte d'un ternie donné de la n'ont pour elémens que les fons
progrefllon triple & de fon fixie- koung chang kïo uhi yu tan-
me en les rapprochant l'un de dis que le prétendu genre diatoni.
l'autre ou fi l'on veut le rappro- que des Européens n'eft pas fine-
chement de deux termes entre tementtel, pmfqu'i! admetles tons
lefquels il y en a quatre d'inter- & les demi-tons, îk que de l'aveu
médiaires. même des Grecs,de qui nous tenons
Par la même méthode on aura cette dénomination, ce genre n'eft
la définition de l'autre lorte de ainfi appelle que parce qu'il pro-
demi-ton appelle chromatique cede principalement par des tons.
ou apotonn il le trouve d'un ter- Encore faut-il le prêter à cette idée,
me donné à fon huitième. Ainfi on & la circonferire ainfi que le fai-
aura un apotome du premier terme foienr les Grecs dans le chant que
au huitième fi fa¥i ou Jîfïb forme un tétracorde car dans des
ou Az'& la; du lecond terme au chants particuliers comme mi fa
neuvième m ut mi mi b n rc Jol ou Jî ut n mi fa ou fol la fî
ciu troiiieme au dixième &c. &c. ut re mi fa qui font pourtant dia-
On peut voir le développement toniques, il y a autant de tons que
de ce procédé pour d'autres inter- de demi-tons.
valles 3 note Y) démon Mémoires
peuvent commencer une modulation, ou coniVituer un mode,
& que nous appellerions une échelle une gamme &c. Voyez
la figure 2.
Ces fept principes connus de tout tems à la Chine par les
Sages, ont été ignorés par les Lettrés vulg ires parce qu'ils
n'ont connu, ni le fens de l'expreffion qui déiîgne ces fept
principes ni l'application qu'on eu faifoit dans la icience des
fons. Ils n'ont voulu admettre dans la Mufique des Anciens
que les cinq tons (fa fol la ut re ) & ont rejette les deux pieu
mi &cfi), comme etant, difoient-ils de nouvelle invention.
Ho-foui y Tchen-yang & Sou-kouei ont eté les plus ardcns ài~
profcrire les pieu. Les deux premiers de ces Auteurs ont
avancé que le pien-koung & le pien-tché, etoient aufli inutiles
dans la Mufique que le feroit un doigt de plus à chaque main
ÔC le dernier dit que fit l'on admet les deux pien il ny a plus
de correfpondance entre les LU & les lunaifons dont une année
ejl compofée & que tout l'ordre du cérémonial fe trouve ren-
verfé &C.
Il faut avouer, dit le Prince Tfai-yu avec une efpece
d'indignation que nos Lettrés font quelquefois bien hardis dans
leurs décifions. Un peu moins de hardieffe & un peu plus de
fcience les empêcher oient fouvent de faire certaines bévues
qui les rendent méprifables aux yeux de ceux qui entendent ces
matières.
Il ny a qu'à lire ajoute Tfai-yu, les commentaires de
Tso-kieou-ming le K.OUE-YU les Ouvrages de Confu-
eues le Chou-kihg lui-même pour fe convaincre que depuis
l'antiquité la plus reculée 072 a connu & fait ufage dans l'Em-
pire d une mufique qui adnzet les fept modulations principales
comme le fondement de toutes les autres que parmi ces fept
modulations il y en avoit une en pien-koung & une
autre en
Pien-tché & qu'enfin c'efi ce qui efi défigné dans les plus
Tome VL V ° .1
X
anciens Livres
CIPES.
fous le de 1 si-CHE } ou des SEPT PRIN-
En un mot il ne lausoit y avoir de vraie mujique
fans le pien-koung & le pien-tche. Comment les Anciens
auroient-ils pu jaire circuler le koung, ou fon fondamental
par toutes les modulations des lu s'ils nav oient employé les
deux PIEN ? Sec.
Voyez les figures 3,4, &rc. jufqtxà la huitième inckiiîve-
rnenf. Elles présentent tes modulations des fix autres ions, qui
avec la figure précédente, forment les modulations des fept
principes (c). On fe convaincra par-là que les Chinois ont

( t) j'ai réuni toutes ces figures faifoit le koung, lorfqu'il etoit pre-
en. un ieul tableau ioit pour dimi- mier degré; modulation en-kio iigni-
nuer le nombre des planches foit fie, modulation de La qui*etoit
pour présenter fous le même kio lôrfque/i etoit premier degré 9
ccup-d'œil -pour ainfi dire les & ainii'du refle. CJeft à-peu-près
ic;>t modulations dont il s'agit ici. comme nous dirions d'une pièce
Pour pouvoir former cette réu- en re ou en mi qu'eUe eft an ton
nion, il m'a fallu fortir ducoftume de la Jiconde note, au ton de la
chinois, mais je ne l'ai fait qu'a médiame, parce que lorfqu'on eft
l'cg-rd de la forme, fans rien chan- en ne ce re eft féconde note ce
ger au rond comme on en jugera mi eu mediante ou, comme difent
par la figure 1 que j'ai répétée affer. férieufemeni quelques per-
pour la mettre la tete des fix au- fon.ncs peu verfées en mufique
5
tres modulations. J'infibU de. quinte, fenjibl; dt fécon-
Les titres particuliers des figures de ( ) &c. ou bien paffer an ton
3,4, &c. que j'ai conferves tels de la dominante ait ton de l.ifoudo-
qu'ils ctoient l'avoir modulation minantt &c. fans faire attention
in chana modulation m lin &r. que cette quinte & cette féconde ne
uourroient peut-être encore embar- font .plus ni cinquième ni fécond
rafie-r le Lecteur, malgré la clartc degré dès qu'on aceufe leurs notes
que j'ai tâché de répandre fur cet fenfibles leurs feptiemes degrés
objet mais voici ce que c'efi. & que cette dominante & cette
Là modulation en koung eïi foudominanu ne lont plus telles
comme on l'a vu à la figure 2 celle dès qu'on parte à leur ton qu'on
oh fa fait le kc;?g. Or modulation en fait des ioniques. Car un Euro-
en chang fignifie ici modulation péen n'efl pas plus en ut quand il
de jol qui etoit cùœng lorfque fa pafie en fol ou en re &c. qu'un
pour principe i°. que les lu font immuables 20. que chacun
des douze lu peut former fucceiîlvement les fept tons qui
constituent ce qu'on appelle les fept principes d'où l'on con-
clura, qu'avec les douze lu & hs fept principes ils ont un
fyftêrne de mufîque çpmplet.
Mais pour que ce fy flâne fait y entablement complut dit le
célèbre Tchou-hi je crois qu'il 'faut prendre ces mots LES
sept principes dans un fais plus étendu, & qu 'aux fept
principes il faut joindre les cinq compléments.
Voici félon cet Auteur, quels font les fept principes & les
cinq complémens.
Premier principe hoang-tchoung & lin-tchoung c'eft-à-
dire, fa ut.
Second principe, lin-tchoung & tay-tfou, ut fol.
Troifieme principe tay-ifou & nan-lu fol re.
Quatrième principe, nan-lu & kou-fi re la.
Cinquième principe, kou-fi & yng-tchoung la mu
Sixième principe yng-tchoung Se joui-pin mi f.
Septième principe, joui-pin fi (d).

Chinois ne devroit être en fa, lorf- telligence de toutes les parties da


qu'il fait le koung fur foi fur la tableau.
fur ut &c. (</) Cet exemple de Chou-hi au-
Au refte les modulations de roit été plus clair, s'il n'avoir pas
fol, de la &c. dans le manufmt affocié chaque lu avec celui qu'il
du P. Àmiot font toutes expri- entendre le fa avec Vut l'ut avec
mées par les fept notes fa fol la. jl fol, &c. Des qu'on fait une fois
ut re nu. C'eft une forte de tranfpo- que le hoang-nhoujjg ou/.i, en-
fition muficale par laquelle on dit gendre i'a quinte ut que celle-ci
fi fur le dernier diefe or ici ce engendre fol que fol engendre
dernier diefe eft toujours le pien- /v &c. il etoit plus limple de
tché. J'ai cru devoir faire difparoî- dire que les fept principes font
tre cette tranlpofition, qui auroit les iepr fons fi ut, fol, ;v, U
trop contredit les vrais noms des mi fi c'elt-ii-dire, les cinq tons
notes que j'ai ajoutés dans la avec les deux p'un pris dans Tor-
colonne des lu pour faciliter l'in- dre de leur génération £c que les
joui-pin oujî fe forme le premier
Du feptieme principe
des complémens de la manière qui fuit.
Premier complément joui-pin & ta- lu c'eft-à-dire (î &
fa^. Second complément, ta-lu & y-tfê c'eft-à-dire /<r %>.
& //r^. Troisième complément, y-tfé 8i kia-tchoung c'eft -à-
dire, ut^Sc fol%. Quatrième complément kia-tchoung &
au-y, c'eft-à-dire,fol^. & re% Cinquième & dernier com-
plément, ou-y & tchoung-lu c'eil-à-dire re & Az^.
Ce que j'appelle ici principes & complémens, pourrait être
traduit de quelqu'autre manière plus conforme peut-être aux
idées fous lesquelles nous concevons les objets. Quoi qu'il en
foit le Lefteur mufteien ne verra dans ces expreflions qu'une
férie de quintes formées par la progreffion triple depuis
l'unité jufqu'au douzième terme incluiîvement & c'efttoutee
dont il s'agit ici.

ARTICLE TROISIEME.
Si les Chinois connoiffent ou ont connu anciennement ce que
nous appelions Contrepoint.
v3
l'on me demandoit fimplement les Chinois connoiffent-
1
ils ou ont-ils connu anciennement £ harmonie ? Je réponc'roîs
affirmativement & j'ajouterois que les Chinois lont peut-être
la nation du monde qui a le mieux connu l'harmonie & qui

cinq complémens font dans le mê- ifolé & que cejî qui eft le Jep-
me ordre les ions fa M ut tiant principe pourroit ctre regar-
Jbl% ri% > la'ï& tous engen- dé ii on voulo;t comme principe
drés de la fouche commune fa & complimint tout à la fois
par une fuite de lu filiation précé- puifqu'on le rencontre encore dans
dente. Au lieu qu'avec le plan qu'a la claffe des complémc-ns. Voyez
liiivi l'Auteur chinois, il lui arrive la fuite du îe>te,
que le joui-pin ou fe trouve
en a le plus univerfellement obfervl U. loi'VLls quelle oit
cette harmonie ajcuteroit-on dont r:s Cuisis o.t r; ;n
obfervé les loi* ? Je répondrois cette harmonie con-sfe ^,ns
un accord général, entre les choies phyllques nierai js &
politiques, en ce qui coniHtue la Religion 3c le Gouverne-
ment accord dont la feience des tons n'ert qu'une repréfenta-
îion n'eft que l'image. Quel eft donc cet accord, puisqu'il ne
s'agit ici que de Mufique ? A cela les Chinois tant anciens que
modernes, feront la réoonfe iuivante que j'extrais de leurs
Livres. Je l'abrégerai, pour ne pas répéter ce que je puis avoir
dit dans le cours de ce Mémoire.
La Mufique difent les Chinois, n'eft qu'une eipece de lan-
gage dont les hommes fe fervent peur exprimer les fentimens
t
dont ils font affectés. Sommes-nous affligés Sommes-nous
touchés des malheurs de quelqu'un ? Nous nous aurifiions
nous nous attendrirons & les fons que nous formons n'expri-
ment que la trifteffe ou la compafiîon. Si au contraire la joie
eft dans le fond de notre cœur notre voix la manifefie au-
dehors le ton que nous prenons éft clair nos paroles ne font
point entrecoupées chaque fyllabe eil prononcée distincte-
ment, quoiqu'avec rapidité. Sommes-nous en colère ? nous
avons le fon de voix fort & menaçant. Mais h nous fomrnes
pénétrés de refpecl ou d'eirime pour quelqu'un nous prenons
un ton doux affable & modefte. Si nous aimons, notre voix
n'a rien de rude ou de groflîer. En un mot, chaque paillon a
fes tons propres & fon langage particulier.
Il faut par conséquent que la Mufique pour être bonne
toit à l'unifîbn des pallions qu'elle doit exprimer. Voilà le pre-
mier accord.
Il faut outre cela que la Mufique module, en n'employant
que le ton propre car chaque ton a une manier-.» d'être &
d'exprimer qui n'appartient qu'à lui. Par exemple le ton houn?
a une modulation férieufe & grave parce quelle doit
reprefeuter l'Empereur, la fublinu'té de (a dofhine (f), la
ink\']etlé de la contenance & de toutes les actions. Le ton c/ntng,
au contrair j a une modulation forte & un peu acre, parce
qu'elle doit reprefenter le Miniitre & ion intrépidité à exercer
la initiée même avec un peu de rigueur. Le ton kio a une
modulation unie ev douce, parce qu'elle doit rcprélenter la
modeltie la foumiflion aux Loix, cv la coudante docilité que
doivent avoir les peuples envers ceux qui font chargés de les
cTouverncr. Le ton tchcaxmo modulation rapide, parce qu'elle
vepréiente les adirés de l'Empire, l'exactitude & la célérité
avec lefquelles on doit les traiter. Le tonyw a une modulation
haute cv brillante, parce qu'elle représente l'univerfalité des
choies & les difiorens rapports qu'elles ont entr'elles pour
arriver à la même fin.
(
Que ces modulations 1 oient employées à propos en n'ex-
primant que ce qu'elles doivent reprefenter, ce fera le fécond
accord.
Les tons lent comme les mots du lançaore mufical les modu-
lations en font les phrales. Les voix, les inftrumens & les
cianlcs forment le contexte cv tout l'enfemble du difcours.
Lorlque nous voulons exprimer ce que nous fentons nous
employons, dans nos paroles des tons hauts ou bas, graves
ou aie;us torts ou foibles lents ou précipités courts ou de
quelque durée. Si ces tons font réglés par les lu fi les inftru-
mens foutiennent la voix & ne font entendre ces tons ni
plutôt ni plus tard qu'elle fi chacun des huit fortes de ions a
été mis au ton qui lui convient & n'eil employé que lorfqu'i!
ell à propos cm il le ioit; li les danfcurSj par leurs attitudes

{J) II faut ie Convenir que ce font s'agit ici des règles pour faire de !a
k^ Chinois qui parlent & qu'il mulïque en Chine.
& toutes leurs évolutions difent aux yeux ce que les voix &
les inftrumens difent aux oreilles (/) fi celui qui fait [es céré-
monies en l'honneur du Ciel ou pour honorer les Ancêtres
montre par la gravité de fa contenance & par tout fou main-
tien, qu'il cil véritablement pénétré des fentirn >ns qu'expriment,
& le chant ëz les danies voila l'accord le plus parfait; voilà,
la véritable harmonie. Nous n'en connoijjons point & nous n'en
avons jamais connu d'autre.
ïl me femble qu'on ne peut pas réfoudre plus clairement la
queflion. Un exemple achèvera de mettre fous les yeux du
Lecleur quelle efv. la forte d'harmonie dont les Chinois ont
fait ufage dans leur muiîque depuis les tems les plus reculés
jufqu'à celui où nous vivons. Je le tire de ce qu'il y a de plus
facré parmi eux, & en même tems de ce qu'il y a de plus
authentique dans leur cérémonial. C'eftun Hymne qu'on chan-
toit du tems des Tcfieou dans la falle des Ancêtres, lorfque le
Souverain y faifoit les cérémonies refpeftueufes clans tout
l'appareil de fa grandeur. Voyez le Supplément à la fin de cette
troiiieme Partie (g).

(/) Les danies font en même ces deux objets, formoient la lvitc
tems que le chant, comme on le de cet article.J'ai rejette le tout à
verra à la Un de l'Ouvrage. Mais la fin fous le titre de Supplément
cela n'empêche pas quoique la à ce troiiieme article. Cette tranf-
danfe ne vienne chez nous qu'après poiïtion m'a paru néceffaire pour
le chant, que nos Directeurs de rapprocher davantage l'article fui-
fpeftacîes, en Europe, ne puffent vant, & fur-tout la conclufion
beaucoup profiter de cet article. par ou fe termine le Mémoire du.
(g) Cet Hymne fa traduction, P. Ajniot.
&. tous les détails qui concernent
DE LA MUSIQUE
c'eft-à-dire celles où. le Compofiteur n'avoit fait ufage que
des cinq tons, koung, chang, kio te lié yu.
La manière la plus générale de monter le kin etoit celle où
li'on faifoit ufage de fept fons différens, en cette maniere.

Accord du Kin à fept cordes procédant du grave à Caigu.

La premiere corde répondant au hoa.ng-teh.oung donnoit le

tonchcaig
ton koung,
La feconde corde répondant au tay-tfou donnoit le

La troifieme corde, répondant au kou-fl donnoit le ton


kio,
fa.

fol.

la.
La quatrieme corde répondant au joui-pin donnoit le
pien-tché fi.
La cinquieme corde répondant au hn-tchoung donnoit
le ton te hé uu
La fixieme corde, répondant au nan-lu donnoit le ton
yu,1 rt.
La feptieme corde, répondant à yng-tchoung donnoit
le pien-koung mi.

Cette feptieme corde etoit appellée ho qui fignifie corde


de V union & la quatrieme, qui répond au pien-tché ou fi «
etoit appellée tchoung qui fignifie moyenne.
J'ai dit, en parlant du kin à l'article 6 de la première Partie,
qu'il y avoit à cet infiniment treize points ou marques qui indi-
quoient la divifion des cordes. Ces treize marques dans les
premiers tems, etoient autant de clous de l'or le plus fin. Lorf-
que les cordes du km etoient montées félon le fyftême de fept

que la premiere corde hoang-tchoung


£. 1 <L? 1 '? --––
cordes il falloit, pour coafhuer la juflefTe de fon accord

~7. -c -jou fa, en mettant le


2
y
doie,t iur le dixième clou donnât fa quarte tchoung-lu ou
/7-/v>m/, reprefenré par (/' ).
L.i féconde corde r.:v-i'«, ou /u/ diviiec de même au
dixième clou devoit donner le Im-tcliaunsr ou
La troiiieme corde kou-ft ou Li divilée an dixième clou,
devoit donner /;> ou ;r.
La quatrième corde joui-pin ou/?, divifée au dixième clou,
devoit donner \n$-t chouan; ou mu
La. cinquième corde lïn-tchoung, ou m divifée au dixième
clou devoit donner le Iwcing-tchoung aigu c'ett-à-dire3
Foclave de /•.
La tixieme corde nan-lu ou rc divifée au dixième clou,
devoir donner, Toclave du ta\-tfou, ou /<
La ieptieme corde vn^-tclioun^ ou /;«' divifée avi dixième
clou devoit donner l'ocïavc de keu-fi ou /^7.
On accordoit le ,t'« iur le ton rixe des lu c'eit-à-dire que
la première corde fe mettait au ton de tel ou, tel Lu, fuivant.
les mttrumens itables avec lelqucls on Taccordoit. De cette
maniore -on tiroit du ieul kir. S 4 modulations lorfqu'il etok
monté .7 jerr cordes c'eit-à-dire pour rendre iept ions diffé-
rent :iu lieu qu'on ne tiroit que foixante modulations du kin>
dit >z c:n.j civ\L-s c'ell-à-dire monté pour ne rendre que les
cinq tons, comme on l'a vu a la page 168.
Dans ce kin de cinq tons le koung & le tchc c'eft-à-dire
ie Se l'ut s'engendrent mutuellement; le tchc & le change
c eit-à-dire, l'ut&z lejol, s'engendrent mutuellement le cliang

( •: ) 11 s'agit ici d'un iyjlème il


tout-à-tait mutical ne fiiudroïi
pour cela que doubler tes clous y
pr:s -po\\?J:-ti;:?o!. quoiqu'on iache arîn qu'on put mettre le doisjt un-
c;; cr_ muUqLie cela!P. iveit pas ainfi le clou de La Je ou iur celui d«
( ove; note rr de iaicconck- Par- jl-bimol de /v^ ou de mi-bcmol
:.e p;;ge 1 16 ). Il ieroit ii aile aux &c. félon le beibin qu'on auroiî
<.r;-c;s Prendre cer inùrument de ces divers ions.
&z leyu c'eft-à-dire le foi & le re s'engendrent mutuellement
le yu &: le kio c'eft-à-dire 1ère & le la s'engendrent mutuel-
lement niais le kio & le koung, c'clt-à-dirc la &<r ne (au-
roient s'engendrer parce que c'efl: an kio nue te ternùnc le
calcul pour cette partie du grand fyftême ( i).
Dans l'accompagnement qui fc fait avec le kin on pince
toujours deux cordes en même tems. Dans le kin monté pour
les cinq tons les accords d'en bas (k) fe font par ce que les
Chinois appellent ta-kiuen-kcou c'eft-à-dire par le grand inter-
valle, qui efl la quinte & les accords d'en'haut le font par le
chao-kiue/i-keou c'eft-à-dire par le petit intervalle qui cft la
quarte (/).
Je crois qu'en voilà bien aviez pour donner à un Lcclc-ur
européen une connoiflance exafte de la Mufiquc des Chinois.

( i ) Pour l'intelligence de ce c'ert-à-dire comme les rennes en


pnflage il faut avoir fous les yeux dejce/rdaiu &£ en monuiit !((-
iur
cette génération des fons avec les quels j'ai prévenu le Leckurà la
nombres radicaux qui leur font note de la (econtle Partie. Voyez,
affectés en divers endroits de ce cette note, page 143.

/
Mémoire favoir
81. 27. 9.
111 fol
3.
Iii.
rc
1.

Il elt aii'é de voir que c'efl réel-


lement à kio, ou la portant le
( /) Voilà tîciic une forîe d h;ir-
monic chez, les Chinois, ^eii'
effet la ieu'e qu'ils eor-iioifient
la feule que connuflent les drecs
C\C celle-là même par oii nos pères
en

nombre 1 que fe termine le calcul. ont commencé. Elle ie rucLul à la


Ceft-là a la lettre ce que j'ai pref- quinte d'un Ion donné placée au-
fenti à la note y de la féconde deflus de ce ion ou au-deilous
Partie, lorfque j'ai dit qu'il paroif- comme quarte. C'efl: un ut p?a-
foit que les Chinois poltéricurs cxemple accompagné de iongrj.nd
aux Inftituteurs n'avoient plus fu imcrvtilk de fa quinte fol; ou de
oit paffer quand ils etoient arrivés ion petit 'intervalle de l'a quarte au-
au terme 1. Voyez cette note, deffous qui n'eil autre choie que
page 120. la répétition au grave l'octave
( k ) Les accords d'en bas ainfi du même fol. La vielle &: quel-
que ceux d'en haut dont il va être quesiîîftrumcns champtîres nous
parlé (e prennent dans un iens retracent encore, avec leurs bour-
contraire à l'expreffion chinoiie dons, cette forte d'harmonie.
Le Lettré que j'ai employé pour travailler à ce Mémoirel
délire que j'y ajoute l'Hymne en l'honneur des Ancêtres, noté
à la maniere des Anciens qu'il s'eit donné la peine de copier.
Voyez la iigure 9 & ton explication.
11 me demande encore d'y joindre quelques planches qui

repréfentent des rangs de Muficicns & de Danfeurs afin


dit-il qu'on puiiïe en Europe fe former une idée de la majefté
de nos cérémonies. Je ne dois pas le mécontenter; je l'ai occupé
pendant quatorze mois iàns lui donner preique un moment de
relâche. Ceft bien' le moins que je lui accorde cette légere
fatisfaclion. Voyez la figure 39 cv les fuivantes ( 1 ).
CONCLUSION.
De tout ce qui a été dit fur la Mufique des Chinois dans
les trois Parties de ce Mémoire il me l'érable qu'on peut légi-
timement conclure
i°. Que les Chinois ont eu de tout tems, ou du moins bien
long-tems avant les autres nations, un lyiteme de mufîque
fuivi lié dans toutes les parties & fondé îpécialement fur les
rapports que les différens termes de la progrefîlon triple ont
entr eux.
20. Que ces mêmes Chinois font les Auteurs de ce fyftême .>
puiique, tel que je l'ai expole, d'après leurs Livres les pluf
authentiques il eft antérieur à tout autre lyftême de mufique
dont nous ayons connoriîance je veux dire atout autre fyftê-
me dont les Auteurs nous foient connus autrement que par
des conjectures, ou des inductions forcées.
3°. Que ce fyilême renfermant à-peu-près toat ce que les

( i ) Pour bien entendre tout ce chinois du Miniftre (M. Bertio)


que j'ai dit fur le kin il endroit qui daigne m'encourager dans mes
l'avoir ious les yeux. J'en envoie travaux littéraires,
un pour le cabinet des curioiîtcs
Grecs & les Egyptiens ont mis en œuvre dans lesleurs, &c étant
plus ancien il s'enfuit que les Grecs & même les Egyptiens
ont pnifé chez les Chinois tout ce qu'ils ont dit fur la Mufique
& s'en font fait honneur comme d'une invention propre.
4°. Qu'il pourroit bien être que le fameux Pyth.agorc qui
voyageoit chez les nations pour s'initruire & qu'on iait fûre-
ment avoir été dans les Indes fût venu jufqu'à la Chine où
les Savans & les Lettres en le mettant au tait des Sciences &
des Arts en honneur dans le pays, n'auront pas manqué de
lui faire connoître celle des feiences qu'ils regardoient comme
la premiere de toutes, je veux dire la Mufique & que Pytha-
gore, de retour en Grèce aura médité ïur ce qu'il avoit appris
en Chine fur la Mufique & en aura arrangé le fyJtérnc à fu
manière d'où fera. venu ce qu'on appelle le Jyjlême de Pyiha-
gore (»0-

(/?/) Cette conje&urc du P. fous fl ut rc nu rcnk-rnics dans le


Amiot le tourne en certitude par cercle inférieur.
l'inspection de la figure 2 de cette Si les autres fons tic Tcchellc
troiiicme Partie. On y voit, en chmoiie ne font plus diiuugués par
commençant d'en haut la férie tétracordes dans cette figure
des fons diatoniques [a fol fa ml rc c'eft-îà ce qu'a de propre !e fyiiême
ut fî, la fol fa mi rt ut Jl. C'eft des Chinois & l'on ne laie fi Py-

exactement pour le nombre & thagore a m'ieux tait de couper


l'ordre des fons le iyilcme de toute la férie des ions par tétra-
Py thagore ou fi l'on veut, celui cordes que de laii'Ter iioLs com-
des Grecs dont on auroit (upprimé me ils le iont chez les Chinois les
la corde ajoute-: le lu inférieur iept ions différens qui composent
que les Grecs eux-mêmes regar- le fyitêmo mufical dit diatonique,
doient comme étrangère au (yliê- dont ie font formées les diverfes
me &i qu'ils appelloient Projlum- gammes ou échelles des différens
banoment de peur qu'on ne la peuples. Qno: qu'il en l'oit on voit
confondît avec le iyfîême que leur toujours & par le tétracorde Jl
avoit donné Py thagore. ut rc mi du cercle intérieur, & par
Mais ce qu'il y a encore de re- la tcriC totale des ions du fyttéme
marquable dans cette figure c'ell chinois &i par l'idée même de
le modèle des tétracordes des fous moyens tranlporïee dans le
Grecs que prclcntent les quatre i'yfîcme des Grecs (tétracorde des
5°. Que quoiqu'il paroifîe au premier coup-d'oeii que les
rapports que les Egyptiens ont trouvés entre les fons de la Mufi-
que & divers autres objets («) ibient à-peu~près les mêmes
que ceux qu'ont etablis les Chinois il y a cependant une très-
grande différence & cette différence eil dans ce qu'il y a
ci'efTentiel dans le fyftême muiîcal. Je prie le Lefteur de revoir
ce que j'ai dit dans la féconde Partie de ce Mémoire en par-
lant des lu &c.
6°. On peut conclure enfin qu'il n'eft pas jurle d'imputer en
général à tous les Chinois, Yufage gauche (o) que quelques-uns

moyennts} que Pythagore n'a pas puifque, dans le fyftême dePytha-


mis beaucoup du lien dans celui gore, ley? inférieur porte le nom-
qui porte fon nom, ou comme le bre 8191 treizième oclave du
dit le P. Amioî dans le fylreme premier terme c'eft-à-dire du fi
des Chinois qu'il a atr.inv;c à fa¡,[ défigné par l'unité. La figure 1 de
rii.wLrc. On peut même remarquer la feconde Partie & fon explica-
que cet arrangement ne lui a pas tion, femblent confirmer cette
été bien difficile à imaginer. Des conjecture. On peut voir d'ailleurs
douze lu tournis par les douze ce qui eft dit au fiuet des deux or-
termes de la progremon triple, dres de génération par fa &C par
Pythagore en a pris huit, oC ion fi, à l'article 6 de la même féconde
fyfîême a été fait. Voyez dans le Partie pages 125 116.
Mémoire fur la Mu/îque des Anciens Au relie il eit bon de remar-
le tableau de la page 45 oii les quer que le fi inférieur dont je
huit premiers termes de la progref- viens de parler cette corde, la
fion triple font comme le texte plus baffe du fyftême chinois Py-
dont le fyftême de Pythagore n'eft thagore l'a appellée dans le lien
que le développement & ce dé- Yh.ypate des hypaus c'eft-à-dire
veloppement lui etoit fourni par la première des premières. C'eft
le fyftème chinois. Il femble môme exactement, comme nous la nom-
qu'on pourroit conclure de ce merions nous-mûmes la figure 2 à
que nous venons d'obferver que la main & les yeux fixés fur le
le premier terme de la progreflion cercle inférieur :fi ai re mi.
triple, à l'époque où l'on peutfup- ( n ) Mémoire fur la Mufiqut des
poier que Pythagore ait voyagé en Anciens articles io&ii pages
Chine, que ce premier terme, dis- 71 & fuiv.
je, répondoit indifféremment à fa ( o ) Ibid. page 3 3 §. 58. Ce que
ou à fi chez les Chinois & peut- je dis en cet endroit de mon Mé-
être même exclufîvernent à fi,moire, n'eft comme j'en ai préve-
de leurs Auteurs ont fait de la progrcfîion triple appliquée
aux fons. C'eft comme û l'on rendoit tous les Auteurs francois
refponfables des impertinences qui ont été avancées par Y Au-
teur rijîblc dont parle M. l'Abbé Rouffier dans la note de la
page 72 de fon Mémoire fur la Mufique des Anciens,
Si le Lefteur a quelque peine à tirer toutes ces confcquen-
ces, parce qu'il ne verra pas affez clairement tout ce que j'ai
tâché d'établir & de développer dans ce Mémoire il peut
n'envisager mon Ouvrage que comme un Ecrit, où j'expofe
avec fincérité des ufages antiques, qui lui mettent fous les yeux
ce qui s'eft pratiqué chez une grande nation, dès les premiers
fiecles du monde.

AMIOT Millionnaire à Péking l'an de


J. C. 1776 "clu règne de Kiai-long
la quarante-unième année. A

nu, que d'après les idées de Ra- à la page 9 du cahier A, & il pou-
meau, &c fur ce qu'il a rapporté voit voir à la pnge 15 de ce
dans ton Code de l'ancien manuf- même cahier, les cinq tons bien
criî du P. Amiot. Mais je vois au- énoncés koiais; chang k'10 sc/ij,
jourd'hui, par ce même manuf- mots chinois, à la venté,
':)
yu
crit, que Rameau en beaucoup mais à côté de ces noms font écrits
d'endroits, n'a pas voulu fe donner les nombres 177147 19683
la peine d'entendre ce qu'il lifoit. 2187 59°495 6561 qui dévoient
Ce font en effet les opinions de être le langage naturel de Rameau;
quelques particuliers touchant ce font les nombres radicaux des
les cinq tons que le P. Amiot ex- cinq tons (* ). Aujourd'hui que je
poie dans fes Préliminaires fur la puis lire pour ainfi dire dans les
traduction de l'Ouvrage de Ly- îources, le P. Amiot verra par la
koang-ty. Les nombres 3 27 note b de cette troiiîemePartie,pag,
243 Sic. que cite Rameau, font 1 5 9 ce que je penfe des cinq tons,
(*) L'oidre fondamental de ces tons, eft comme à l'exemple de h note b.
pag. 159 pris en rétrogradant, fiivok
177147. 5C049. 19683. 6561. 1187.
fii ut fol ri
SUPPLÉMENT l l'Article III
De cette troifieme Partie.

HYMNE CHINOIS,
En l' honneur DESS
Premiere Partie.
Ancêtres.
i,
Jee hoang rien Tfou,
z. Yo ling yu Tien
3
Yuen yen tfing lieou
4. Yeou kao tay hiuen.
5. Hiuen fun cneou ming
6. Tchoui yuen ki fien
7. Ming yn ché tfoung
8. Y ouan fee nien.
Seconde Partie,
i. Toui yué tché tfing
2. Yen jan jou cheng.
3. Ki ki tchao ming,
4. Kan ko tfai tin g.
5. Jou kien ki hing
6. Jou ouen ki cheng
7. Ngai eulh king tché>
8. Fa hou tchoung tfing.
Troijieme Partie.
i, Ouei tfien jin koung
2.. Té tchao yng Tien.
3. Ly yuen ki yu
(*) Siao-tfee
4. Yuen cheou fang koue
l* ) Ces deux mots fe difent à part & n'entrent point dans ia confïru&ion du vers.
5. Yu pao ki tê,
6. Hao Tien ouang ki.
7. Yn tfin fan hien
8. Ouo fin yué y.
Avant de mettre fous les yeux du Lefteur le chant que
portent ces paroles, je vais donner la traduction de l'Hymne
afin qu'on fe pénètre d'avance des fentimens qu'on doit trouver
dans l'expreffion de la mufîque. Chaque partie de cet Hymne,
comme on vient de le voir, efl compofée de huit vers &
chaque vers compofé de quatre pieds. En le traduifant en
vers François j'ai doublé le nombre des vers j'en ai employé
feize pour chaque partie & ces vers font de différente mefu-
re. On font affez que cette traduction n'eft point littérale il
m'eût été impoffible de la faire telle mais j'ai tâché de rendre
exactement le fens dé l'original. Je dois prévenir d'ailleurs que
je touche à ma foixantierne année, & que depuis vingt-fept
ans que je fuis en Chine, je ne me fuis guere occupé de
Poéiîe.
Pour trouver quelque fatisfa£tion à lire cette pièce il faut
tâcher de fe perfuader que la reconnoiffance envers ceux de
qui l'on tient la vie, efl l'un des principaux devoirs de l'hom-
me, & que ce n'eft qu'en s'acquittant de ce devoir, comme
difent les Chinois, que l'homme fe diftingue de la brute. J'ofe
ajouter que fi l'on veut eprouver une partie des effets que
produit fur les Chinois une mufique au moyen de laquelle
on témoigne fa gratitude envers les Ancêtres il faut, comme
eux être pénétré de tous les fentimens d'amour de refpeft
& de reconnoiffance qu'on doit à ceux à qui l'on efl redeva-
ble & de la vie & de tous les autres biens dont on jouit.

1
Alors on peut fe transporter en efprit dans la falle deftince à
leur rendre hommage.
On trouve d'abord dans le veftibule tous ceux qui portent
1_ f__
les etendards qui annoncent que c'eft dans ce lieu que le
Prince doit fe transporter. On y voit les principales cloches
& les principaux tambours les Officiers des gardes & quel-
ques Mufîciens tous rangés avec fymmétrie & immobiles
dans leurs poftes. En entrant dans la falle on voit, à droite &
à gauche les joueurs du cheng, du king & autres joueurs
d'inftrumens rangés egalement par ordre. Vers le milieu de
la falle font les danfeurs, habillés en uniforme & tenant
à la main les inflrumens qui doivent leur fervir dans leurs
evolutions (p ). Plus près du fond font placés les joueurs du
kin & du c/ië, ceux qui touchent fur le tambour po-fou & les
chanteurs. Enfin dans le fond même de la falle on voit la
représentation des Ancêtres, c'eft-à-dire, ou leurs portraits,
ou de fimples tablettes fur lefquelles leurs noms font écrits
depuis celui qu'on compte pour le Tay-tfon c'eft-à-dire, celui
qui eft reconnu pour avoir commencé la tige, jufqu'à celui
qui a tranfmis la vie & l'Empire au Souverain actuellement fur
le trône. Devant ces repréfentations eft une table garnie de
tout ce qui doit fervir à l'offrande & aux libations ( Voyez la
figure 39). En même tems que les yeux fe repaiffent de ce
fpeclacle & que le cœur difpofé comme je le fuppofe eft
agité des plus douces fenfations on entend le fignal qui avertit
de l'arrivée du Fils du Ciel ( l'Empereur )= Le profond filence
qui fuccede à ce fignal la démarche grave & majeftueufe
du fils du ciel qui s'avance vers la table des parfums com-

(/>) Le P. Amiot ne dit rien fur ou un petit bâton furmemté de


ces inftrumens mais je trouve plumes 011 un dard &c. & l'on
dans fa iraduûion de l'Ouvrage de appc-loit la danfc de f 'homme, celle
Ly-koang-ty qu'il y avoit, chezz où les danfeurs avoient les mains
les Anciens des danfes appellécs libres & ne portoient rien dans
du drapeau des plumes du dard leurs évolutions. Cahier A, page
&c. parce que les danfeurs te- 63 explication de Ly-koang-ty,
noient en main ou un étendard
mencent à infpirer ce que les Chinois appellent une fainte
horreur fur tout û comme eux, l'on eft perfuadé que les
Ancêtres defcendent du ciel, pour venir recevoir les nomma-,
ges qu'on fe difpofe à leur rendre. Mais lorfque le Souverain
etant arrivé devant la repréfentation de fes Ancêtres les Mufi-
ciens commencent à entonner l'Hymne je fuis perfuadé que
les premiers fons qu'on entend pénètrent jufqu'à Famé &
réveillent, dans le cœur les plus délicieux fentimens dont il IL

puiffe être affefté. C'eft ainfi qu'on peut expliquer comment


la Mufique a pu opérer de fi grandes merveilles chez les anciens
peuples, tandis que la nôtre, avec toute fon harmonie, peut à
peine effleurer Tarne, pour ainfi dire.
_“

Traduction DE L'HYMNE EN l'honneur


des Ancêtres.
S

Première Partie ( ).
JLiORSQUE je penfe à vous, ô mes fages Aïeux! 1

Je me fens élevé jufqu'au plus haut des Cieux.


Là, dans l'immenfité des fources éternelles
De la folide gloire & du conftant bonheur,
Je vois avec transport vos ames immortelles
Pour prix de leurs vertus pour prix de leur valeur
De délices toujours nouvelles
Goûter l'ineffable douceur.
Si malgré mes défauts & mon infuffifance
9
Les décrets de la Providence

( ) C'efl au nom de l'Empereur etant entré dans la falle, fe place


que les Muficiens chantent cet debout devant la table où font les
Hymne. Ils commencent la pre- repréfentations de fes Ancêtres.
miere partie lorfque l'Empereiir ?
M'ont placé fur la terre au plus fublime rang
C'efl parce que je fuis de votre augufte fang.
Je ne faurois marcher fur vos brillantes traces
a
Mais mes foins affidus mon rcfpecl: mes efforts,
Prouveront aux futures races
Qu'au moins j'ai mérité de vivre fans remords ( ).

Seconde Partie.

Je vous dois tout j'en fais l'aveu fans peine


Votre propre fubltance a compofé mon corps
Je refpire de votre haleine
Je n'agis que par vos rcfiorts.
Quand pour donner carriere à ma reconnoiffance
Conduit par le devoir, je me rends en ces lieux,
J'y jouis de votre préfence
Vous defcendez pour moi du féjour glorieux.
Oui vous êtes préfens votre augufte figure
Fixe par fon eclat mes timides regards
Le fon de votre voix, de la douce nature,
Réveille dans mon cœur les plus tendres égards.
Humblement profterné je vous rends mes hommages,
O vous, dont j'ai reçu le jour
Daignez les accepter comme des témoignages
Du plus profond refpeft du plus parfait amour (•).
(*) Après cette eipece d'exor- ( ) Lorfque l'Empereur a
de, qui n'elt que comme une pré- fini les cérémonies refpeftueufes
paration, ou une manière de fe c'eft-à-dire après qu'il a offert
difpoferàfaire dignement les céré- les viandes qu'il a fait les liba-
monies refpechieuies l'Empereur tions, ou vcr'é le vin qu'il a
fe profterne à trois reprifes diffé- brûlé les parfums & qu'après
rentes frappe à chaque reprile s'être proilcrné il a frappé neui
trois fois la terre du front, fait les fois la terre du front de la ma-
libations & les offrandes. Pendant nière accoutumée il ie relevé &
ce rems-là les Muficiens chantent fe tient debout dans la même atti-
la feconde partie de l'Hymne, tou- tude que lorsqu'on chantoit la pre-
jours au nom de l'Empereur, miere partie de l'Hymne. Alors les
1 Troijieme Partie.
Je viens de retracer dans ma foible mémoire
Les vertus, les travaux, les mérites fans prix
De ces fages mortels qui parmi les Ef^-its
Sont placés dans le Ciel au faîte de la gloire.
Ils tiennent à mon cœur par les plus forts liens
Ils m'ont donné le jour, je poffede leurs biensy
Et plus encor je rougis de le dire,
(*) Moi chétif. après eux je gouverne l'Empire.
Le poids d'un fi pefant fardeau
Me feroit trébucher fans cefle
Si le Ciel ne daignoit foutenir ma foibleffe
Par un fecours toujours nouveau.
Je fais ce que je peux quand le devoir commande
Mais comment reconnoître hélas tant de bienfaits ?
Trois fois avec refpeft j'ai fait ma triple offrande (** )
Ne pouvant rien de plus, mes vœux font fàtisfilits.
L'Hymne fini, l'Empereur fe retire avec fes Miniftres &
tout l'on cortège dans le même ordre que lorsqu'il eft entré
dans la falle. Pendant ce tems-là la mufique continue jufqu'à
ce que Sa Majeité foit rentrée dans fon appartement.
Les danfeurs font admis à cette cérémonie & y jouent un
rôle qui contribue à la rendre encore plus augufte par l'appareil
qui l'accompagne. Du refte par ces danieurs, il ne faut pas fe
figurer des baladins ou de faifeurs de fauts. Les danfeurs
Muficiens entonnent la troifieme à l'imitation des deux mots chinois
partie. Jîiio-tj'it: de l'original auxquels ils
Pendant qu'on chante cette troi- répondent & qui ïont auffi hors
fieme partie les Ancêtres qu'on de rang. Ces deux mots fe chan-
croit erre defeendus du Ciel pour tent à demi-voix & d'un ton
recevoir les hommages qu'on leur prefque tremblant.
rendoit font fuppofés quitter la (**) Par h triple offrande on
terre pour remonter au Ciel. entend ici i°. l'oblation des vian-
( ) Ces mots qui commencent des 2°-. les libations 30. les
le vers, font comme hors de rang parfums qu'on brûle»
dont il eft ici queftion, font des hommes graves, qui expriment
gravement par leurs geftes leurs attitudes, & toutes leurs
évolutions les fentimens dont le Fils du Ciel eft cenfé devoir
être pénétré lorfqu'il s'acquitte envers fes Ancêtres des
devoirs que lui impofe la piété filiale. Voyez les figures 40
ô & leurs explications. Pendant qu'on chante le premier
}a
40
mot de l'Hymne c'eft-à-dire ffee qui fignifie p enfer, méditer
profondément être affecté jufqù au fond du cœur de ce à quoi l'on
penfe &c., les danfeurs font debout, ayant la tête penchée
fur la poitrine & fe tiennent immobiles.
Quant à l'accompagnement des inftrumens lorfque les voix
commencent le mot fec, on donne un coup fur la cloche du
hoang-tchounVy c'eft-à-dire fa parce que la pièce eft dans
ce ton, & que le mot fee eft exprimé par la note koung
ou fa.
Après que la cloche a donné fon koung une feule fois le
po-fqu donne trois fois la même note. Après la troifieme note
du po-fou le kin & le chè donnent la leur le po-fou en redonne
encore trois après lesquelles le kin & le ché répètent leur note j
& c'eft lorfque quelqu'un de ces inftrumens commence, que
les chanteurs reprennent haleine. Ce que je dis ici pour la pre-
miere note s'obferve à toutes les autres; on doit juger par-là
de la lenteur avec laquelle procede ce chant.
Dans l'exemple que je vais donner je n'ai noté que la par-
tie qui fert à la cloche, au kin, au clzê & au po-fou parce que
ces inftrumens accompagnent toujours la voix ( q ). Les autres
(7) Il y a quelquefois une tie (planche 10 )
diffé- & celle du
rence entre ce que chante la voix fixieme vers de la troifieme Partie
& ce que jouent ces inftrumens. (planche 30), portent un re en
Dans les planches qui repréfenlent bas, au lieu du n en haut, qu'a
l'Hymne noté pour la voix à la noté le P. Amiot dans fon exem-
manière des Anciens la fin du ple. J'ai cru devoir ajouter ce re
quatrième vers de la feconde Par- en bas, dans l'un & l'autre endroit
inlîrumens quand c'eft leur tour de fe faire entendre, ne diftnt
tous qu'une même note avec la voix.
Enfin tous les inftrumens dont j'ai parlé à la première Partie
de ce Mémoire, font employés dans cette îr.ufique.
Il y en a qui font en dehors de la falle les autres font dans
la falle même auprès des chanteurs.
Pour avertir qu'il faut commencer, on donne trois coups,
à quelque intervalle l'un de l'autre fur le tao-kou enfuite un
coup fur la cloche, & la voix commence;, ainfi que tous les
inilrumens qui doivent l'accompagner.
A la fin de chaque vers, on donne un coup fur le lien-kou
à cefignal, les voix & tous les mftrumens ceffent. Après un
petit repos on frappe une fois fur Yyng-kou immédiatement
après, fur le hiuen.-k.ou enfuite un fécond & un troifieme coup
fur chacun de ces deux tambours, après quoi l'on donne un
coup fur la cloche, & les voix commencent le vers fuivant;
il en eft de même pour tous les vers.
Au refte le km & le chê comme je l'ai dit du kin ,h l'arti-
cle quatrième p. 1 7 1 donnent toujours deux fons à la fois c'eft-
à-dire, le même fon que chante la voix & la quinte de ce ton.

de cet exemple l'on aura ainfi la note du quatrième vers de la troi-


note pour la voix, & la note des fieme Partie de cet exemple on
inftrumens. trouve un fi; dans la planche 2.8
Cette obfervation peut faire crui représente ce quatrième vers
naître un doute touchant le qua- ioit dans le maintient de M. Ber-
trième vers de la premiere Partie, tin, ibit dans celui de la Biblio-
où l'on trouvera la même termi- thèque du Roi & ce/z eft confir-
naifon du ri d'en haut awfa. Cette me par le carairere ho qui répond
tenninajfon eft conforme à la plan- à kuii7:a dans les planches chinoi-
che 1 1 qui préfente ce vers or fes des deux mêmes manufents. Il
n'y auroit-il pas faute dans la plan- en eu de même pour les trois pnl-
che, ou dans l'Ouvrage dont on fkges dont j'ai parle ci-deffus les
l'a extraite ? quatre exemplaires de planches
Aii refte, je dois encore préve- font conformes à ce que j'ai
nir ici Qu'au lieu de foi 5 dernière énonce,
A la fin de l'Hymne on frappe un coup fur la tête du tigre
accroupi (fîg. 24 de la premiere Partie ) & l'on patte trois
fois la baguette ou tchen fur ion dos. Voici cet Hymne

note à notre manière (r).

HYMNE EN l'honneur DES Ancêtres,


Première Parue.

Trcs4cntcmcnl.

Seconde Partie.

( r) Dans les doubles notes qu'on trouve à la féconde & à la troifieme partie
de cei Hymne le rc inférieur eft pour la voix & celui d'en haut pour les
snitrumsns, d'après ce qu'en a dit le P. Amiot à la page 182. Voyez Ibid, note y.
Jou
Troijleme Partie.

Fin du Mémoire.
OBSERVATIONS
Sur quelques points de. la Doctrine des Chinois.

PREMIERE OBSERVATION.
Examen des proportions expofées à la figure 9 a de la
féconde Partie du Mémoire du P. Amwt.

JL L s'agit ici des proportions que j'ai promis d'examiner


page 144 note mm.
Comme la figure c> a ne préfente pour les douze lu que
le réfultat des opérations de Hoai-nan-tfee décrites aux arti-
cles 5 & i de la féconde Partie ce que j'ai déjà dit à la
note y page 1 20 touchant les valeurs particulieres de quel-
ques-uns de ces lu, peut fuffire pour juger du vice des opéra-
tions par lclquelles on obtient ces valeurs & pour fe convain-
cre que Hoai-nan-tfce en voulant négliger les fractions
corrompt totalement une méthode, dont l'excellence confîfte
à n'admettre d'autres fons que ceux que produit une généra-
tion de quintes & de quartes alternatives. Méthode la plus
fimple & la plus parfaite que les hommes aient pu imaginer
jufqu'à ce jour, mais qui cefTe d'être la même fî on ne la
prend à la rigueur û l'on fe porte à altérer la forme & pour
ainfi dire la dimenfion que chaque quinte ou chaque quarte
doit avoir loit en retranchant quelque chofe de cette dimen-
fion foit en y ajoutant à fon gré.
Nous avons vu à la note y, que je viens de citer que les
feuls ions j 'a ut fol re la ont une valeur légitime dans l'opéra-
non de Hoai-nan-tfee.^OMS avons vu que le mi, quinte de la, eft
irrationnel quey?, quarte au-deffbus de ce mi ne forme point
une quarte jufte ni avec le fon irrationnel 43 ni avec le ton
légitime 41- puifque ce fi, porté à 57, 0 oit être 50I, neu-
vieme octave de i engendré de |. Or, les ions qui fuivent^Ç
dans la génération des quintes & des quartes alternatives
favoir fa.% ut% fol%, re%, la% font également
irrationnels, altérés & abfolument hors de leurs proportions
foit dans le texte de Hoai-nan-tfee foit dans la figure qui en
eft l'expreffion.
Le/à dans l'un & l'autre endroit, eft évalué à j6 tandis
que la quarte au-deffous défi 5<Sf, doit être 75 f* onzième
octave de -– engendré de-|. Uut%, en fuivant toujours la
génération des fractions f, §, &c. Yut%, dis-je, doit
à
être 50 H & il eft porté 5 1 5 mais le fol le re le la
détonnent bien davantage; le premier, de 6, avec. une frac-
tion, eft porté à 68 d'où les deux autres font trèi-confidéra-
blement altérés, tant en eux-mêmes, que relativement aux
fons qui les précèdent. On voit par-là de quelle importance il
eft de ne rien négliger en matière de fons car ici les fractions
valent autant que des nombres entiers &il n'eft pas plus loifi-
ble d'ajouter au produit de ces fractions ou d'en Supprimer
quelque chofe, qu'il ne le feroit d'ajouter ou de retrancher
des unités ou même plufieurs unités dans des nombres
entiers.
Mais, en prenant la progreffion triple à rebours, & la faifant
commencer par le cinquième terme, par 81 il y avoit encore
un moyen bien {impie pour eviter de fe jetter dans les frac-
tions, comme je l'ai dit à la note y de la féconde Partie &
où j'ai promis d'indiquer ce moyen. Le voici.
Les cinq tons des Chinois comme on l'a vu en divers
endroits du Mémoire du P. Amiot, font le réfultat des cinq
fons fondamentaux % l7/ ?0; rv Il eft vifible, fans que je
m'arrête ici à le grouver que la progreffion des nombres qui
répondent à ces fous eft l'inverfe de i 3 9 27 8 1 O<r
pour avoir un nouveau fon au-deflus de la qui répond au pre-
mier terme de la progreffion à 1 puifque ce terme conduit
à fy par la marche rétrograde qu'on a priie il ne falloit, pour
eviter cette fraction qu'ajouter un nouveau terme à la fuite
naturelle des nombres 1 3*9, 27,81. Le triple de 8 1 étant
il n'y avoit qu'à pofer 243 fur fa & l'on arrivoit ainfi
243
à mi 1 quinte de la, qui pour lors répond à 3 comme
lï }Ii 'J ïà »)• Voul oit-on avoir un fi, quinte (ou douzième)
.£'
de mi ? la même méthode le fourniffoit en avançant encore
d'un terme c'eft-à-dire en pofantyâ à 729 on aboutiffoit à
fi Il en eft de même pour tous les ions ultérieurs qu'on vou-
1

dra ajouter à fi, favoir fa^ m^0 &c. comme dans


l'exemple fuivanr.

81. 27. 9. 3. ï.
fa M fol re la.
243. 8i. 27. 9. 3. 1.
fi' ut fol re la mi.
719- 243. SI. 27. 9. 3. T.
fit ut fo1 re la mi fi.
21S7. 24;. gl.
./i ut
72JJ.
fil rc 27.
U mi
9. 3.
fi
1.
fa^
'6561. 21S7. 719.
243. 81. 27.
y^ utt fol re
19683. 6561. 1187. 719. 243.
la mii
81.
9. 3.
/a^ 2/
27.
fa ut fil1 re la ml
g. Ti
fi fa% u:% foi^
3.

59049. 19683. 6561. 2x87. 729. 243. Su 27. 9. t


fa ut 1
re la mi
3.
fi fj% Ur% /o!%
J77J47- 59°49- i9683- 6561. 21S7. 729. 243. 81. ^27.
ut fol « la ml fi fai% ur%
9
fil% re% là.
3 T

En rapprochant alors du fa
1 771 47, les autres fans pa-
les moindres intervalles poffibles, le fyftême chinois fe
trouvoit
exprimé par les nombres fuivans
I77M7- 57464- 147456- 1 399^8. 131072. 114416.
/a /i^
1<>5888-
>/ >m
«r k*|^ //
118098. 110592. 104976. 98304. 93311.
«^ mi.

On pourroit être furpris de voir ici le hoang-tchoung ou


/à, exprimé par le nombre 177 147; mais il n'y a, en cela,
rien d'étranger à la doclrine des Chinois. Voici ce que dit le
P. Amiot dans les Préliminaires de fa traduction de l'Ouvrage
de Ly-koang-ty fur l'ancienne Mufîque cahier A page 8.
« Le hoang-tchoung eft le tout qui diviie juf qu'au poiuble
s>
du moins jufqu'au terme de l'unité donne les lu & les tons.
» 3 & 9 font les nombres générateurs. Ils font indifféremment
» diviseurs ou multiplicateurs. Si 3 eft divifeur le terme de
» hoang-tchoung eu. connu, c'eftle
nombre 177 147. On trouve
» ce même nombre par la multiplication & on a les progrei-
» fions fuivantes
» 1 3>9?2-7>§I » 243 5 7295 2187,6561 19683, 59049,
» 177147 hoang-tchoung ou bien 177147 59049, 19683
» 6561 21S7 729 243 Si 27 9 3 1 hoang-tchoung».
D'ailleurs, dès que les Chinois appliquent, à la progreilîon
triple, des quintes, owdou^ictnes en montant; des que, pour
avoir leurs douze lu les fons qui forment ces quintes doivent
être au nombre de douze il eft évident que le terme d'où il
faut partir pour la génération de ces quintes ne peut être ni
8; ni tout autre terme intermédiaire mais le douzième
1 77 1 47 fi l'on veut que le douzieme fon la^ ne parle pas
le nombre ou terme i. Les difficultés même qu'éprouvent les
Chinois, en allant au-delà de ce nombre 1 font une preuve de
la (implicite de l'opération dont je parle.
A dire néanmoins ici ce que je penfe il me paroit plus
naturel de croire que les Inftituteurs de la progreffion triple
partant du terme i faîfoient correfpondre à cette progreffion
des quintes, ou douzièmes, en defcendant. En effet, pour
pouvoir procéder en montant, il faut néceffairement commen-
cer cette marche par un terme affez éloigné du premier pour
qu'on ne puiiTe être arrêté par l'obftacle des fra&ions. Or par
quelque terme que l'on veuille commencer le nombre qui
exprimera ce terme paroitra toujours un nombre arbitraire
car on peut alors demander d'où vient 8 1 t d'où vient 1 77 1 47 ?r
Au lieu qu'en partant de l'unité, qui, dans les idées mêmes
qu'en ont confervées les Chinois eit l'origine la fource le
principe de tout; on marche pour ainfi dire toujours devant
foi dans un chemin connu & fans obftacles. Voyez le pafTage
de Hoai-nan-tfee rapporté à l'article 5 de la feconde Partie
page i 1 8 Le principe de toute doctrine ejl Un &c.
Il nous refleroit à examiner, dans la figure dont il s'agit ici
l'ordre des lu: Hoang-tchoung ta- lu tay-tfou &c. appli-
ciué à des demi-tons. Comme la figure 9 b préfente un ordre
par quintes déduit de celui-ci je parlerai de l'un & de l'au-
tre à l'Obfervation fuivante.

S E C O N D E O B S E R V A T I O N.
Sur la figure g b de la féconde Partie.
JL our
répandre plus de clarté dans ce que j'ai à obferver
fur cette figure je vais trailfcrire ici un texte qui préfente les
mêmes objets, quoiqu'avec une différence dans l'ordre des lu.
Ce texte eft fous la claffe de ceux que le P. Amiot appelle
Textes de FHifloire dans fa traduction de l'Ouvrage de
Ly-koang-ty cahier B n°. 9 page 282. Je joindrai à ce texte
l'explication de Ly-koang-ty qu'on trouve à h page 2.83du
même cahier B. Les notes qui accompagnent & le texte &
l'explication font du P. Amiot. Je les tranfc/rai ici fous leur;,

i.
mêmes numéros.
TEXTE.
» Tfee

» Yn
» Mao
«

» Tcheou
9.
17.
See
81.
Tchen
» Ou 512.
»
8
Voici les divifions qui conviennent à chaque lune (88)

2.
16
64 Ie
XIIe
IIe
IIIe
Ve
• • IVe
3.

I2&.
XIe. Lune.. Hoang-tchoung.
Ta-lu.
Tay-tfou.
Kia-tchoung.
Kou-fi.
Tchoung-lu.
»

» Ouei VIe
4096. VIIe
102.4.
2.43-
719.
Z187.
Joui-pin.
Lin-tchoung.
8192. Ville
» Chen 6561. Y-tfô.
» Yeou
» Su
» Hai
19683.
Î9°49-
177147.
31768.
65536.
IXe
Xe Nan-lu.
Ou-y.
Yng-tchoung (89 ),
Explication.
Tfal-che des montagnes de l'Oueft dit que le nombre 3
«
» fait les tons hauts ou bas, ielon qu'il eft divifeur ou multipli-

» cateur, qu'il
eft ajouté ou fouftrair. Depuis 3 en haut, tous
» les nombres font pris de la divifion du hoang-tchoung. Le lu
» qui répond à tfee eu le dividende.
» Le lu de yn ( c'eft-à-ciire le tay-tfou ) le divife en pou-
ces (90 ), celui de tchen en lignes celui de ou en dixièmes

«(88) C'eft-à-cUre aux lu « ( 90) Il me femble qu'il feroit


*r
correipondaas à chaque lune ». » mieux de dire le nombre aiîi–
» (89) A côté des chiffres de » gné au tay-ijou exprime celui
»t
chaque lune j'ai ecrit les lu cor- » des pouces le nombre de kou-fi
» refpondans pour la commodité » exprime celui des lignes, Sic. w
» du Lefteur ».
» de ligne celui de chen en centiemes celui de fu en millie-
» mes; pour ce qui
eft des fix qui reftent à favoir les lu de
» tc/ieou mao Jèe ouei yeou &c kai ils ont chacun trois
»»
divifions, parmi lefquelles il y a des pouces des lignes, des
» dixiemes des centièmes & des milliemes parties de ligne.
» Les chiffres qui font à côté de ceux des lunes tcheou ,yny
» mao &c., expriment le nombre des parties du hoang-tchoung
» qui convient à chaque lu. Par exemple tfec qui défigne le
» hoang-tchoung efr. le d ividende tcheou 3,2, fignifie que
» fi on divife le hoang-tckoung en trois parties egales tcheou
» aura deux tiers du hoang-tckoung. Ainfi., fuppofant le hoang-
» tchoung divifé en trois parties dont chacune fera de trois
» pouces on dit 3 multiplié par 3 donne 9 les deux tiers
» de 9 font 6 donc tcheou aura fix pouces. Si le hoang-tchoung
» a 27 parties égales nzao aura feize de ces parties & ainfi
>~
des autres. Telle eft la méthode par laquelle on peut favoir
yi la doctrine du ciel ce de la terre ( 9 1 ) ».
Que l'on adopte ou non cette explication de Ly-koang-ty
y
il eft toujours confiant que le texte nous préfente la progreffion
triple appliquée à l'ordre des lunes, telle qu'on la trouve fur
la figure dont il s'agit dans cette obfervation. Il y a feulement
une différence dans l'ordre des lu, ajoutés au texte par le P.
Amiot. Mais cet ordre étant le même que celui que les Chinois
modernes regardent encore comme l'ordre primitif, même en y
appliquant des demi-tons ainfi qu'on l'a vu aux articles 2 & 3
de la feconde Partie pages 95 & 99 il s'enfuit que ce même
ordre, vraiment primitif, & antérieur à tout autre arrangement
«(91) En adoptant l'explica- » lune, qui repréfente le ta-lu de
» tion de Ly-koang-ty on doit » trois parties du hoang-tchoung
» expofer le texte de cette manie- » en a deux. La première lune
» re la onzième lune qui repré- » qui représente le tay-ifou de
» fente hoang-tckoung elt le divi- » neuf parties du hoang-tchoung
» dende » égal à i. La douzième » en a huit & ainii des autres ».
Jes
des lu doit néceffairement répondre à une férie de confonnan-
ces, puifqu'on ne fauroit appliquer la progreffion triple à des
demi-tons comme fa fa% fol ,fol%, la &c. fans tom-
ber, pour ainfi dire, dans la plus grande des abfurdités ( a ).
Si les Chinois modernes, fans doute, depuis les ecrits de
Hoai-nan-tfee femblent regarder les demi-tons comme les
premiers elémens de la génération des fons & û d'une certaine
fora me de ces demi-tons ils recompofent enfuite les quintes &
les quartes ( en clefceizdint de huit, & en montant de fix ) la
progreffion triple, inife à côté des lunes dépofera toujours en
faveur des confonnances, prifes, par les Inftituteurs pour
premiers principes dans la génération des fons; & ces confon-
nances feront pour ainfi dire l'interprétation qu'ii faudra.
joindre foit à l'ordre des lunes tfîe tcheou, &c. foit à celui
des lu hoang-tchoung ta-lu &c. foit à la férie des nombres
1,3, 9,&c. (i).
(<z) Je ne m'arrêterai pas ici à Jupiter ou la, re ,/bl ut, c'eft-à-
ïe démontrer. Ce que j'ai dit au dire, lundi mardi, mercredi, jeudi.
fujet d'un paflage de Plutarque On peut remarquer qu'au moins,
dans la feconde Lettre à l'Auteur du dans Phttarque, les fons diatoni-
Journal des Beaux-Arts & des ques, la fol fa nzi, font pris en
Sciences, page 37, peut fuffire à defcendant. Que feroit-ce donc fi
cet egard. Voyez ce même Jour- on appliquoitles mêmes nombres
Bal Août 1771 page 219. la même progreffion triple à des
Plutarque dans Ion Traité de fons qui monteroient par demi-
la création de l'a me applique les tons ? comme
nombres 27 81 243 719 de i. 3. 9. 27. 81. 243. 729.
la progrefîîoa triple à l'ordre des fa fa* fol fol* la la* fi, &C.
planètes la lune mercure venus
lefoleil, répondant aux lotis dia- (7>) Les exemples que je don-
toniques la, fol, fii mi du fyftcme nerai à la fin de cette Observation
des Grecs au lieu de faire corref- en convaincront encore davanta-
pondre ces nombres à un ordre de ge. J'exprimerai à notre manière
confonnances a l'arrangement c'eft-à-dire en notes de imifique
qu'ont entr'elles les planetes lorf- ce que repréfentent les nombres
qu'elles défignent les jours de la tant du texte que de la figure. On
iemaine la lune, mars mercure y verra comment les divers inter-
t 4
Ce qui a pu conduire les Chinois poitérieurs aux Infutntcurs
des principes de la Mufiquc à faire correfpondre une férié de
demi-tons l'ordre primitif des lu y c'cft fans doute comme
je l'ai tait remarquer à la note h de la féconde partie page 95
l'ordre des tuyaux appelles du nom de & rangés par demi-
tons dans certains inftrumens. Voyez a l'article S de la première
Partie la defcription du koan-tfce page 66 & la figure 27.
On peut voir encore dans le Chou-king mis au jour par M. de
Guignes, l'inirxument n°. 6 de la planche 1.
Figurons-nous l'ordre des lunes, par leiquelles les Chinois
divisent l'année comme nous concevons celui de nos mois
Janvier, Février (c) cvc. Nous avons vu à l'article 5 de la
féconde Partie page 1 23 que cet ordre des lunes eft auffi
familier à un Chinois que peut Têtre a un Européen celui des
mois.
Or, comment avec cet ordre des lunes, que les Chinois ont
toujours prélent à l'efprit avec des tuyaux, appelles lu ran-
gés iuivant Tordre de leurs différentes longueurs ( figure 27 )y
y
& le premier de ces tuyaux le premier lu répondant à la
valles muficaux font engendrés des Comme ce ncû ici qu'une com-
confonnances. Vérité qu'au bout paniilbn que je fais des lunes des
de quatre mille ans Rameau & Chinois aux mois romains la rd-
Tartmi ont de nouveau apperçue fembbrice entre ces deux objets
pour le fond, dans leurs îyfîcmcs coniiile en ce que les Chinois com-
iur la génération des ions mais mencent leur année par 'a oiv/itme
dont ils le iont ecarres à l'égard de
quelques détails pour les ramener p~«r "ttl
lune, comme nous la commençons
')"J- Janvier, qui cû 'le 01171'C'111'
"fi le onzième des Lies
aux erreurs des modernes dont ils
etoient imbus.
(<.) C ett de Tannée Joîaire
je parle ici. Cette ar.r.ce commence
qv.e
me
qti'un Chinois les
mois romains, Février le douziè-
6v" AîiifS ie premier. Aiiii: lorl-

lunes tja tchecu \n £cc. nous


lu aux

au loliiice d'hiver & répond pouvons très-bien, pour nous ren-


pour le tems à notre mois de dre ces objets plus familiers les
Décembre, & au ligne du capri- rapportera nos mois, le premier
corne. Voyez le Choit-king Paris U à janvier, le fécond a Février,
]
1 770,
Dilcours Préliminaire,?. 50. le troiiieme à Mars &c,
lune qui commence l'année à Janvier ou tfee comment
dis-je avec tout cela, le fécond tuyau le fécond lu n'au-
roit-il pas ncceflairemeiit été Février ou Tcheou le troilïeme
Mars ou Yn Sec. pour les Chinois qui n'ayant plus les yeux
de la théorie venoient à fixer ces tuyaux, & iavoient d'en-
fance l'ordre des noms tfee, tcheou yn, mao tchen, ocz.
&c. &c. ?
De-là les noms propres des lu hoang-tclioung ta-lu &c.
fuivant exactement l'ordre des lunes ces noms fe font trouvés
correfpondre à cles demi-tons à des lu rangés fuivant l'ordre
de leurs différentes longueurs au lieu de répondre à des quin-
tes, à des lu principes règles & modèles d'intonation. Voyez
note a de la premiere Partie page 28.
Cet ordre de demi-tons, devenu l'ordre primitif dans l'efprit
des Chinois l'ancien ordre des quintes n'a plus été pour eux
qu'un réiiiltat une combinailon du nouvel ordre & ils en ont
formé la fuite des noms hoang-ichoung Ln-tchoung, &c. que
préfente la figure 9 b pour exprimer ces quintes ci-devant
génératrices, & produifant tout ce qui fe nomme intervalle
engendrées maintenant elles-mêmes d'une longue fuite de demi-
tons. Mais il eft confiant par l'ufage qu'ont fait les anciens
Chinois de la progreffion triple, que ce tout les conionnances
les quintes, qui leur ont fourni, & leurs tons, & leurs demi-
tons en un mot, tous les tons dont un fyilême mulïcal peut
être compofé fous quelque forme que ces tons ie prélcntent
foit comme des degrés plus ou moins rapprochés, foit comme
des intervalles plus ou moins grands. On peut voir dans la
Lettre que j'ai citée à la note a Journal der Beaux-Arts &
des Sciences Août 1771 page 208 ( ou page v6 de la Lettre
imprimée à part ) ce que j'ai dit touchant la queiHon fi ceft
d'une juite de degrés conjoints que font formées les confonnances
ou fl ce ntjl pas au contraire dSune jéne de conjonn.inces
^ue ie.<
th;\
née
.-V <<» tirait leur on finie. Cette queilion I)ien CA'llïU-
lera connoitic (i les inUiuuouis tic l;i Muliqne (.lu1/, les
Chinois, ont eu pour premiers pi nu ipes une léne de demi-
tons comme loniblcnt le pcnler les Chinois plus modernes,

:
raiù'inblablomcut d'après les ceins de //iM/h.i/m/.c, ou (i
ces premiers principes ont été les conionnances comme, tout
le demomte ( )-
Voici les exemples que j'.ii .nmoneés à l.i noie A. Le premier
t'it lYxptvlhon du tevte de l.i p.ii',e u)i d'.iprès l'explic.itioii
tle L\ -Ù-. Le (econd prélente le même ol>|ei tn.nscon-
tormemeiu A l'explieanon de la ligure o A uuicliant les
nombres en progrellion double ex" t|iiadnij)lc.
l\iniu les divers moyens que j'ai ellayés, de rendre ces
objets encore plus lenhbles que dans la figure ou dans le texte,
je n'ai rien trouve de plus clair, & qui put dire p'.us de choies
dans un moindre efpaee, que notre manière de noter les ions.
Les Lecteurs tant ioit peu mvilieiens pourront en |Ui^cr.
Au telle je n'écris pas les noms des lu à caule de la diffé-
rence d'ordre entre ceux que porte la ligure eV ceux du texte.
On pourra fur chaque exemple ibus-eureiulve l'un ou l'autre

(-0 Q'c-k J.o l.i progreflion 41 pai'.e zt,4 de ce mûme Jour-


ou
•• 'y.c cw'cwMicnt toutes les
`:1~i;cilt1y11Ca
nal Août 177 1.
•• rorrv.cs (~Ci divers
f~l:v'w.ut";is?miq\it?> des lll\W1'j Ces ./<-<u^c/c.< données par ht
w
pvo^reihon triple vont fc trouver
•• o: :r.r.i:U' Leurs définitions rapprochées (bus la forme de quin-
• ce l.ï c-.iinte i de la quarte tes Ck de quartes alternatives, dans
4 du :on S o du limnia ou les deux exemples l'uivans d'011 il

•• :e:r.o:: d!.uo:i;ci:e 143 i^ 6, i'era aile de conclure que la (uite
.'• >ie 'j".o:r.e ou le mi-ton chro- des contbiinaiices repréfentôc par
rr.îtirv.e 1C4S 11S7 ne tout cetre même proj^reflion cil la baie
î"e cr.O'.e eue ces reuikî.ts du i'vitcme chinois comme elle
;'v."é une de douzièmes, don- l'ett "de celui des Grecs & de tout
*>

•• ~ees per 11 rrocr^:uo;i triple >


iViîème nuiùcal où l'oreille eit
conlukce.
mi di-^x-A-.i C-* Jis Scitmis page
ordre, comme on voudra. Le fa dans les deux exemples cil
le hoang-tchoung des lu moyens, dits naturels & les guidons
délignent toujours ce même Iiodtig-iclioiing, premier généni-
tcur de tous les autres fous, & auquel il faut appliquer ks nom-
bres intérieurs.
Texte de THifloire 7 d 'après [explication de Ly-koang-ty.

FI G u RE <),b, d'après l'explication du P. Aimou

On voit dans ces exemples la vraie portion de chaque Ton


relativement au nombre qui l'exprime. Il efl aifé d'y remarquer
une férié de quintes & de quartes alternatives d'où réfulte la
julte proportion de chaque intervalle que cette férié forme
dans fa marche la quinte {fa ut) comme de 3 à 2 le ton
8
comme de 9 à la fîxte majeure, comme de 27 à 1 6, &c. &c.
On peut relire l'explication de Ly-koang-ty pour voir que
fi, dans le premier exemple le hoang-tchoung ou fa dénVné
par un guidon, contient trois parties, fa quinte ut en aura
deux que il ce même/à contient 9 parties, le fol qui forme
un ton avec lui en aura huit & ainfi du refte.
Quant au fécond exemple j en voici la clef.
De là}, c'eft- à-dire de fa à ut il y a l'intervalle d'une
douzième. Or, fi on eieve d'une octave le fa délign-j par
un guidon en le portant à 2 on n'aura plus que la lîmnle
quinte de fa à ut, dans le rapport de 2 à 3 li on eleve ce
même fa de trois octaves, en le portant à 8, on aura le ton fa,
fol, dans Le rapport de 8 à 9 & ainii du relie ( e).
En comparant à ces exemples le tableau de la page 248 de
mon Mémoire tous ces objets deviendront encore plus fe no-
bles pour les perfonnes a qui notre manière de noter les ions
n'eft pas bien familière.
Mais ce que tout le monde peut ail ement remarquer dans
ces exemples c'ell cette distribution des ions comme en
deux parties féparées l'une inférieure, l'autre iupéiïeure. Les
fix notes inférieures fj- fol la.fi ut% re forment les yang-
lii des anciens Chinois les îix notes lupericures, ut re mi fa.
fàM. ^aM- 1 préfentent leurs yn-lu. Je dis des anciens Chinois
parce que les modernes a compter peut-être depuis Hoai-nan-
tféd (Voyez note s page 118), failant correipondre l'ordre
primitif des lu à des demi-tons, leurs {vs. yn-lu font différais
quant à l'ordre des fans. Mais on voit par la figure 1 5 a de
la féconde Partie & par ce qui eil dit à l'article 7 de cette
même Partie touchant la génération des lu pag. 1 28 1 29
que les Chinois modernes ic rapprochent quelquefois pour le
fond des idées des Anciens. Les fix yn-lu que préiente cette

(c) L'explication que donne le chés davantage du fa fans dc-


P. Ainiot de la figure 9 h porte truire l'ordre des confonnances qui
que les nombres 2,8, 16 6cc. compofent cet exemple. L'objet
font ai pw.'XilJlon doutli & quadru- 'que le font propeié les Chinois
ple pour rapprocher Us tons, au dans cette figure n'eïl pas de met-
moyen da leurs cclavis. Cette expli- tre fous les yeux les moindres
cation, h elle ctoit prile à. la ri- intervalles que le fa le hoan«-
gueur lailïeroit entrevoir un trop tchouns; puifle former avec les
grand intervalle entre le fa, dcii- autres fons qu'il, engendre, mais
gné par un guidon & les trois de preienter dans une fuite de
ions fol 4, I4M. Mais le quintes & de quartes alternatives,
texte que j'ai rapporte, en confir- le tableau des douze lu fous uns
mant Li jurk-iïe des nombres que forme plus rapprochée de La pra-
porte la figure fait voir que ces tique.
trois ions ne peuvent être rappro-
figure ne différent de ceux des exemples que par l'inverficn
des noms des lu. Cette inverfion même fe prouve par le vice
des yn-lu modernes.
D'après ce qui en eil dit à l'article 2. de la Seconde Partie
page 0.6, les fix yn-lu font ta- lu kia-tchoung iclioung-lu
ân-ichoung nan-lu &Zy?ig-tchoung c'eft-à-dirc ,/t^ Jbl^,
la %i,itt re mi. Or on voit ici entre b% & ut ( tchoung-lu
& Im-tckoung) une interruption notable dans la marche des
yn-lu ces deux fons ne pouvant former l'intervalle d'un ton
obfervé entre tous les autres lu tant y a ng, que yn.
Suppofera-t-on que Y ut eil: la même chofe que jî-dicfe ? Mais
alors le même inconvénient fe trouvera entre Jî & re dont
l'intervalle ne fauroit être regardé comme un ton. Je lais bien
cru'un Températeur ne manquera pas de dire qu'un, ut deux fois
diefe eft la même chofe que re &c qu'il pouflera peut-être la
fuppofition jufqu'à regarder les trois fons/7^ ut% nr%
comme les fynonymes de ut, re mi. Mais la Mufique n'a pas
encore adopté une pareille transformation de tons & de
1! cil démontré que fî% n'cll pas ut, & Terreur, à cet
noms
égard, de quelques Praticiens bornés ne fait pas corps avec
les principes immuables de la Mufique (/'). Il y a donc toujours
on vice dans les hx yn-lu des Chinois modernes, en tant qu'ils
commencent par fa
Si l'on prend ces yn-lu tels qu'ils font expofés à la figure
ï 5 a déjà citée on trou^ïrera les nx fons m rc mi ja")^ /c/.$|
In Stf, fans interruption {ans lacunes tonnant tous entr'eux

(/) Les Conipoflfeurs fur l'cpi- foi-J'cfc, le prend pour un la-bânol


/.i-
J

nette font quelqucibis nface de écrit j/;w/ &i dans l'exécution


cette transtbrmatioiide ions. Nous ïorchc-jîre ne craiiit pas de dtton-
')

•avons aftuellement en France un ncr pour jouer cet abfur Je /vwo/,


Opéra où dans une fuite de rao- qui doit taire oublier le jnl-dlcfc.
thiiaiions très-rapides &C fans liai- Voyez frkigen. en Aid. pag. 183 de
son le Compoiiteur arrive à un la Partition,
l'intervalle d'un ton, & fous la même proportion que dans les
exemples. Et cela doit être puifque cette figure, d'une ligne
entiere à une ligne brifée ne préfente que les mêmes fons la
même férié de quintes & de quartes alternatives exprimée
par les fyllabes fa ut fol &c. dans la figure & écrites en
notes de mufique dans les exemples.
Je Iaifle aux Muficiens le foin de réfléchir fur la beauté la
préciiion& la (implicite de cette antique doclxine des Chinois;i
aux Théoriciens qui ne peuvent ou ne veulent pas vérifier les
chofes par eux-mêmes le plaifir de nous répéter que la tierce
de fa à la. eft dans le rapport de 4 à 5 ou 64 80 l'intervalle
de fa à mi dans celui de 128 à 240 (g) &c. & à ceux dont
les connoiffances fur la Mufique & fur la théorie font
reftraintes aux inftrumens à touches la confolation de regar-
der l'expreflion numérique des fons comme une chofe idéa-
le ( à) ou la folle prétention d'établir que lafcience des propor-
tions harmoniques inventée par Pytkagore & cultivée jufqu'à-
nos jours, riejl qu'une fcience trompeufe ( 1 ).

(g) Au lieu de 64: 81, & 128: » régions aériennes. On y fixe le


243 qu'on voit dans les exemples. » tems,le lieu & la méthode,
Au refle les proportions faftices » d'après laquelle l'oûave s'eû
qu'on trouve dans tous les Théo- >»
complettée de treize fons on
riciens Européens qui ont ecrit » calcule comment s'engendre
depuis environ deux iiecles ne » l'harmonie &c. » Traité de
font qu'une répétition de ce qu'a Mufique dédié à Monfeigneur le
cru etablir Zarlin dans fes Inftitu- Duc de Chartres Paris 1776, Dif-
tions harmoniques 6c perfbnne cours fur Vorigine des forts
n'a penfé encore à vérifier fi Zarlin page 8.
avoit raifort & fi les proportions ( ) Ckiunque cébia, qualche Lune,
qu'il adopte ont un principe. Voyez délia volgar Aritmetica dit encore
le Mémoire fur la Mufiquz des An- un Difcoureur fur l'origine des
ciens, pages 89 160, éc le dernier fons vzdra Gerzi~mJ irz gtner-ale c/i.:
alinéa de la page 250. la Jcien^a de' mimin armonici inven-
( h ) « Dans le monde idéal tout tata da Pitagora ecoltivata infino
» eft facile c'efl des fons iur- a' tajipi nojlri. h una pura fallacitt,
» tout qu'on s'occupe dans ces Dell' origine e delle Regole della
TROISIEME
TROISIEME OBSERVATION.
Source des proportions factices des Chinois modernes.
JCj N
circonfcrivant leurs douze lu à douze fons déterminés
les Chinois modernes n'ont pu avoir douze modulations fans
être forcés d'altérer les proportions d'une partie de ces fons.

Mufica. In Roma 1774; Introdu- » aftringe la neceffltà prenden«


lione, pag. 1. » do per quelli che dovrebbero
La raii'on de l'Auteur de cet y>
cflere ( fondait in ccrti ragioui )
Ouvrage eft que quand il veut ïe » quelli che s' cletti (noni ion più
mettre à ton clavecin, qui vrai- » vicini e pui proffimi Ma
femblablement eft de l'elpece de » quando un tafto per un altro û
ceux qui n'ont qu'une touche pour » prends il nome fuo allora è
rc-dkfc, par exemple & mi-bémoL, » quello per ioquale è prefo, a
il faut que ton Accordeur détruire » dove che altnmenti iacendo
toutes les proportions que la théo- » non folo patii'ce il fenfo ciell'
rie affigne aux divers fons à l'ufage M
udito ma tutto il nobile com-
de la Mufique e
quai Jcïocdu-^a » pofto deila niufica fi rovina e
mozzé qrzzlla s'ecrie-t-il alors » confonde.
fuppore la Mufica fondata in certc » Se prender emmo un cembaJo,
ragionï che bijbgna guajlarc per ri- » cii quelli che cromatici fort
durre la Mujîca ad efecu^ione ? Ibid. » chiamati ( cembali fpcrriiti ) oh
Lib. 1 cap. 1 pag. 71. » 'quanto fcorcleranno le parti tra
Mais voici ce que penfoit le » loro nelie lole accompagnature
fameux Becattelli autrefois Maître » del medeilmo cembalo » Sup~
de Mufique à Prato en Tofcane, phmemi al Giornale de Limrati
touchant la différence entre les1 d'haUa Tome III Venife 1726
diefes & les bémols, que les Pra- pages 19,30,3 2.
ticiens mcmes les plus bornes On von par ce paîlage que fi
diftinguent fur les inftrumens li- l'Auteur dclP ongjnc eût appris la
bres, tels que le violon, le vio- Mufiqi:c kir un de ces clavecins
loncelle, &x. que les Italiens appellent frc-?i.:t:
« Se ne' communi firumenti di ( clavecins brifés} & qui ont leur
» tafti, per la mancanza delle pro- touche pour Ui-dï:J'c 6-1 leur icn-
» prie voci fi prendono e per che pour [i-banol &c. la icience
» diefis e per bmolli quei talli des proportions, qu'il croit inven-
che tali non fono, a quelle ci te e par Pytl ne lui cin pas
s>
Tome VI.
ngore
C c
C'efr. ce que je me propofe d'examiner dans cette Obferva-
tion, où je ferai voir en même tems quels font les moyens
qu'on peut employer pour obtenir réellement douze modula-
tions, émanées d'un même principe, ou, ce qui efl la même
chofe pour avoir, dans un fyftême mufical tous les fons
légitimes qui doivent former douze gammes différentes.
Au refte il ne s'agit ici que de modulations ou de gammes,
en mode majeur foit qu'on les arrange à l'européenne, c'efi-
à-dire, fur le modele de notre gamme 6! ut foit qu'on les dif-
pofe à la manière des Chinois dont la gamme fa fol la f ut
re mi fa efl le modele & où le quatrième fon le pien-
tché forme avec le houng ou premier fon, une quarte
fuperflue. Venons à notre Obfervation.
D'un fon donné à fon oclave on compte douze demi-
tons, dont fept font appellés diatoniques, ou limma. & cinq

paru une fcience trompeufe una déjà eté défini confijle. à difeorder
purafallacia puifque ces clavecins tous /- demi-tons qui Je rencontrent
devant avoir leurs quintes juftes entre un fon donné & fon offave, de
e'eft-à-dire dans In proportion de manUre qitaucun de ces demi-tons
3 à 2 telle qu'on l'a vue dans les ne puijfe être dit appartenir ri tel ou.
exemples, pag. 197,1011 Accordeur tel mode ( ). Or, cette action à' al-
n'auroitpas eu la peine de corrom- térer des Ions de les difeorder ne
pre cette proportion. iaia-oit être regardée comme une
En effet, ce qu'on appelle tem- perfection dans la Mulîque encore
pérament à l'égard des mftrurrjens raoins comme un principe iiir
qui n'ont pas tous les tuyaux, lequel on pût jamais eiablir les
toutes les cordes toutes les tou- rc^Ls de cerïc feience (**).
ches qu'il leur faut n'eu que (*) Voyez le Mémoire fur la Mujîque
l'action d'altérer la forme de cha- des Anciens note 34.
que quinte, juiqu'au point nécef- ( ) C'eli (l'p.près le clavecin que l'Au-
faire pour en obtenir des demi- teur DeWOrigiae e:h>lin les règles de la
ions neutres, qui ne loient ni le Miifiqi:£ comme h <lôs !cng-:ems avant
majeur ni le mineur .(Voyez cpie t'Auteur viiir ;u mr-rAie avant qu'il
note de la iecon.de Partie, page
cx;ft;it des clavecin; ou autres in!îrt:mtns
à touches, inventes ti;i:is clcs fiec'.es de
116); ou ce qui eft la même cho- barbarie ia Muiiqjs n'avoir pas eu fes
ie U umpîrammt félon qu'il a redits
chromatiques, ou apotome. Le nombre des uns & des autres
eft toujours le même, de quelque maniere que ces demi-tons
foient formés, c'eft-à-dire foit par des diefes, foit par des
bémols comme dans les deux exemples fuiv.ais où les limma
font défîgnés.par l, & les apotome par «.

a. 1. a. 1. a. t. a.
1. I. a. 1.
ser. exemple, fa fa% fol fol% la ld% Ji ut ut%- re re% rtù fa,
1. a. 1. a. 1. a. 1. 1. a. l. a. 1.
jme, exemple. fa fol]? fol la\; la Jî'v /î ut rt\ re mi1; mi fa.

Le limma eft un intervalle beaucoup moindre que l'apoto-


me celui-ci étant dans le rapport de 2048 à 2187, tandis que
le limma eu. comme de 243 à 256. D'où il réfulte que les
chants formés par l'un ou par l'autre de ces exemples, ne font
pas les mêmes celui du premier, procédant fucceflivement par
apotome & limma jufqu'àyï', & enfuite par limma & apotome
depuis Jl jufqu'à mi, tandis que dans le fecond exemple le
chant procède au contraire par limma & apotome, jufqu'au
même /?, & enfuite, depuis ut, toujours différemment que
dans le premier exemple.
De cette variété d'intonation entre le limma & l'apotome
il réfulte encore qu'aucun des deux exemples ne peut fournir
autant de modulations qu'il contient de ions différens. C'efl:
ainfi que le fol du fecond exemple, le la leyF &c. ne peu-
vent avoir leurs modulations complettes, leurs gammes, puis-
qu'on ne trouve point dans cet exemple, de limma au-defïbus
de ces fons, c'eft-à-dire de/i^ au-defibus de fol, de fol^
au-deffous de la, &c. ( k ).

(/< )Je me borne à prendre notre quer de pien-koung ou fi% &


gamme d'ut pour modèle. Celle de pien-teke ou uvfe. Si pour la
des Chinois auroit, pour la modu- gamme de fa, on trouve le p'un-
lation de fol dans cet exemple tchc ou/,
dans ce mûme exem-
le double inconvénient de man- ple en re anche notre gamme
De même le premier exemple ne fauroit fournir autant de
modulations qu'il contient de ions puifque fa^ fol% &
phiiieurs autres Ions n'ont point de limma au-deffous d'eux
le fii^ n'ayant au-deilous de lui que l'apotome/rf au lieu du
limma mi^ le fol^i n'ayant également qu'un apotome au-
dellbus de lui qu'un fol, au lieu. de fc^^ & ainii du
reité.
Or, les Chinois modernes n'employant dans leur lyftême
muiical que les douze tons différens contenus dans le premier
exemple & qui forment leurs douze lu n'ont pu avoir douze
modulations, fans altérer plusieurs de ces lu plusieurs de ces
mêmes ions, afin que ceux qui formoient des apotornes avec
leurs voifins pufTent leur fervir à-peu-près de limma dans le
befoin. C'eft-là l'unique raifon la feule fource de ces cor~
rectifs de ces fupplcmcns dont le Prince Tfal-yu recommande
de faire ufage à l'égard de la progreilion triple. Voyez l'arti-
clede la féconde Partie page 1 16.
Mais il y avoit un moyen plus innple & en même tems
plus légitime & plus conforme aux vues & aux principes des
Anciens, pour obtenir tous les tons qu'exigent douze modula-
tions diil'érentes. Ce moyen paroît indiqué en particulier par
ce qui eu énonce a l'article 6 de la même féconde Partie tou-
chant la double génération des pag. i z^ 116, où Ton voit
que les deux extrêmes fa Jl, des lept lu naturels fa ut fol rc la
mi fi font dits agir l'un fur l'autre en ce que de fli on aboutit
hjî, parla marche directe fa ut fol, è:c. 6\: que de fi on
aboutit a fa par la marche rétrograde fi mi Li Sec. Or, en
continuant l'une & l'autre de ces deux marches on aura par
la première une fuite de dicics au-defi-us des fept lu primitifs

à'utn'y lauroit être arrangée à la exemple, pour être le pien-iJié


manière des Chinois, puifqu'on ou le limma, d?fo/
r.e trouve pas âe fa% dans cet
ou naturels, & une fuite de bémols au-deiTous de ces mêmes
lu fi fon prend la marche rétrograde c'eil-à-dire celle qui
commence par_yf.
Il paroît même, d'après ce que j'ai raj oorté des anciens
manufcrits du P. Amiot, dans la première Obfervation page
189, que l'opération que j'indique ici n'a pas toujours été
inconnue aux Chinois, puifqu'on voit, dans le pafTuge que
j'ai tranfcrit la progrefïïon triple prife indifféremment en
montant ou en defcehdant j & bien que dans ce paflage le
même l'on, le même hoang-tchou/i^, réponde alternativement,
& au premier terme de la progreffion triple., lk au douzième
il eft à croire que la double génération, par fa & par fi dont
nous venons de parler, émane de la double manière de pren-
dre cette même progreffion. Car le fa par exemple appliqué
au douzieme terme donne les quintes montantes qui engen-
drent les diefes, & le fl applique au premier terme, donne
les quintes defeendantes qui engendrent les bémols.
On objectera fans doute que les Chinois n'admettant dans
leur fyftême que douze la cette double opération leur en
donner oit un bien plus grand nombre. Mais il faut obfervcr
que (î les Chinois ne parlent jamais que ce douze lu ils ne
font mention non plus que de cinq tons ix de fcp- principes. Or,
ces cinq tons 6k ces fept priacipes ne font pas individuelle-
ment tels ou tels fons déterminés, puîique parmi les douze lu
011 trouve, félon eux plusieurs fois les cinq tons & pluneurs
fois les lept principes (/). Quel inconvénient y auroit-il donc
(/) On peut m unie remarquer fyftêni2 mufical douze ioiTS dé-
que peur fermer, iur chnqaL' tenrù'iés. Au!U voyons-nous en eri
ces cinq tons & ces fept principes, Euroj)e nos joueurs d'inlirumens
ils font obliges de prendre le />.?;.>«- à touches, & en s^jirjnil tous ceux
tch-mnt* ou fa pour nv.-(l:f. Je q\ii 'bornent b iylK:;ne i"ï;cal A
lin-uhinin« cm ;.v, po;:r \l-dicft douze tons p:on<;é-, d.mi I,i ni -j nie
&c. Âbfuriité qui n'eft qu'une ji"reur tinre d *U:i j:l:< u:
conlequence de ia rcducUon du d'an n-dlij un mi-lcrnoi. ikc.
qu'ils euflent une longue férie de lu parmi lefquels ils choiu"-
roient les douze vrais lu, les douze fous particuliers qui peuvent
légitimement diviser chaque o&ave par demi-tons plutôt que
d'employer, dans plusieurs de ces oclaves des fons irration-
nels, & par conféquent faux tels que ceux dont j'ai fait
l'analyse dans la premiere obfervation?t
Avec une férie de lu de telle longueur qu'on veuille la
fuppofcr qui empêche de ne compter jamais que cinq tons
2
fept principes & douze lu ? Cinq tons, parce que cinq lu
fuffifent pour les obtenir; fept principes, parce qu'il ne faut
quefept lu pour former une gamme complette; & enfin douze
lu, parce que ce nombre fuffit pour divifer une oclave en
douze demi-tons.
Mais comme cette divifîon peut fe faire de deux manieres;
félon ce qu'on a vu à la page 203 il eft clair que douze lu
feulement ne peuvent fournir la divifion propre à chaque ofta-
ve, ou ce qui eft la même chofe le limma n'étant pas l'apo-
tome, ni celui-ci le limma, il eft évident qu'au defîr de l'oreille,
& en ne fuivant même en ceci que le fimple raifonnement il
faut, dans un fyftême de mufique où l'on admet douze modu-
lations, douze gammes toutes calquées fur une premiere gam-
me donnée il faut dis-je avoir autant de ions que les regles
de l'intonation & le modele de cette premiere gamme le
prefcrivent.
Or puifque les Chinois établirent une gamme, une modu-
lation, fur chacun de leurs douze lu c'eft une fuite de leur
propre fyftême qu'ils aient tous les fons que ces gammes
exigent.
Ces fons, fous la forme de Iimma & d'apotome, font au
nombre de dix-huit; il feroit donc abfurde de vouloir, avec
douze lu feulement fuppléer ces dix-huit fons, & encore plus
abfurde de dénaturer pour cela la plus grande partie de ces
lu, en y fubftituant des tons irrationnels qui clans ce cas ne
r-epréfenteroient plus, ni les lu qu'ils doivent repréfenter ni
aucun des dix-huit fons que comportent douze modulations
différentes.
REMARQUE.
La doclrine que j'ai tâché d'établir ou pour mieux dire,
que je n'ai fait que rappeller dans cette obfervation touchant
la différence entre deux fons, coniidérés l'un comme demi-
ton diatonique l'autre comme demi-ton chromatique cette
doéïrine dis-je n'eft point étrangère aux Chinois elle a dû
leur être connue dans certains tems. Je viens de trouver dans
la traduction mamifcrite de l'Ouvrage de Zy-koang-iy par
le P. Amiot, cahier B, n°. 10 page 308 un texte du Toung-
tien ou Abrégé de l' Hijloïre qui préfente la même doctrine
la même exactitude dans la diftinc~tion de l'une ou l'autre forte
de demi-tons. Je vais rapporter ici ce qu'il y a de plus effentie!
dans ce texte. Je l'accompagnerai de quelques notes, pour le
mettre à la portée d'un plus grand nombre de Lecteurs.
TEXTE DU T 0 U N G-T I E Ar.
« La première année du règne de Che/i-koud Roi de Ouei
» un des Miniilxes de ce Prince nommé Tchen-tchoung-jou
» lui paria ainu II feroit à propos d'adopter par rapport aux
» Tiao (;«),& aux huit fortes de Sons, la méthode de King-
}>
jang(n). Selon cet Auteur, continua-t-il, voici quel eit le
( m) Tiao félon le 1'. Amiot, premier Jeçré fécond de^/e &c.
cahier A note 57 Jlg -m ;&: propre- Voyez note p de la iccoivde Par-
ment yl-Mimn chofis rancis de Julie tie page 1 14.
les unes auprès dis autres c;hd!c ( /• ) 1! ett pr.rld de cet Au leurà
ou tc'di autre ch.ojc jlmlLibu. Ici il la parie 3 1 <ïc au ïomj z de ces
iîçnine l'ordre d'js cinq tons dans Mémoires, pag. 197, a". 19,
le même fens que nous dirions
» principe des Tiao. Le koung 8^ le cliang doivent être graves
P
» le tchc tv le yu doivent être aigus. Si vous fuivez la méthode
» de Koung-foun-tchoung, qui n'emploie que les douze
»» ££/ qui dit que chacun d'eux fait le koung & que le grave
» & l'aigu indifféremment font également bons vous n'aurez
y qu'une mauvaife rnufiqne &c.
» Hoang-tcJioiaig doit faire le koung, tay-tfou le change £k
» lin-tc/touno-lc tchc (o ). Si au contraire, &c.

Si o«-_y fait le koung le leul tchoung-lu fera le fc/zc &rî
* n'y aura aucune mélodie pour les tons chang kio &tyu (p).
» Si le tchoung-lu
fait le koung, il n'y aura aucun qui ne
« foit dérangé ( 7 ) & il n'y aura aucune mélodie
» Suivant la
méthode de Klng-jang le tchoung-lu fait le

i-él)
ts.y-:joii à fol &
on d
lin-tchouns; à
à la%,Ji%. Or, dans la férié des
«£ lu de la figure citée on ne trouve
(Voyez la figure 9 a de la fécon- ni rni^ pour être chang, ni fa
de Partie); donc les tons A<«^, pour être kio ni Jî%. pour être
chang & rchc dont il eu parlé ici1 yu; le ieul cchourig-!u comme dit
font/z «?. Exemple le texte ou la pourra faire le
fa fol la J't re. tchL Car hotins-tchoung, ou fa ne
koung, chang, kio, tché, yu. peut tenir heu de mi tay-tjou
(/') Le lu ou-y répond hre%. ou /o/,
peut remplacer faWX
ne
£c tchour.g-lu à lu% voyez la & lin-tclioung, ou «r ne peut être
figure 9 de la féconde Partie. employé pour/i-jsç. Voici le rapport
Àïnfi r& f aifant le koung les au- des ions vrais avec ceux que don-
feront mi% JaWÂ nent les lu de la figure 9 a.
tres tons
E X E M P L E.
Sons donnés par les lu
Sonsvrais 1 Koung, chang,c
Rc%
Rm
fi
miU f"
fol
kio
/<r%
'm
tchc
ut.

yu.
On vient de voir que tchoung- aucun ton de la férié des la ne
(<?)
lu eft /<;#, or fi ld% fait le koung, pourra raccompagner. Exemple
Lg% fa fol,
Sons donnés par les lu
bons yr2.is
Sons vrais
1 < T, Afr
L~~`'
L Koung
lit

chang
le
ur~~s;~
kio,
kio
nre~<
tchc
f%z.3~
J
yu.
» koung}
» kounp après lequel vient le chang & le tché{ r) il reiulte
» de tout cela une véritable
mélodie. Cette mélodie s'évanouira

fi tchoung-lu faifant le koung lin-tchoung tait le c/iarcg- &
» hoang-tchoung le /c/ze ( j) ».
Le feris des trois derniers alinéa de ce texte, en fuppofant
qu'on n'ait pas affez fait attention aux notes qui l'accompa-
gnent, eft i°. Que fi le lu ou-y, ou re fait le koung
J
c'eft-à-dire efl premier degré on ne trouvera dans la férié
des lu ( figure 9, a ou note u ci-après ) que le feul la
pour être le cinquieme degré ou tché ( t ) cette férie ne
foùrniflant, ni le fecond degré, ,mi% ni le troifieme,/à
ni le fixieme Jï% Voyez l'exemple de la note p ci-devant.
i°. Que fi le tchoung-lu ou la eft premier degré, il n'y
aura aucun lu qui ne [oit dérangé, comme dit le texte, puifqu'il
faudroit difeorder ïut ou avoir un autre tuyau, pour en faire
v\n.Ji% difcorder le re pour en faire un m% le fa pour
en faire un mi%i, & le fol pour en faire un fa% Voyez
l'exemple de la note q.
3". Que par la méthode de King-fang, lorfque ce même
tchoung-lu ou la etoit premier degré on avoit par cette
méthode un f^ pour le fecond degré, un ut^^
pour le
troifieme un mi^ pour le cinquième & un/a^^c pour le
fixieme la^ ji% ,m%% mï% fa%%s d'où ré fuit e
félon le texte une véritable mélodie. Or cette mélodie s'eva-
nouit _j fi au lieu dejî vous employez le lu qui forme ut

( r ) Le chang eûfX le tchê eft chang, ni le tché, puiique ut n'eil


miVi comme dans l'exemple de pas/z" & que/i n'eil: pas mi%.
la note précédente. D'ailleurs l'intervalle la¥- ut peut-
(i) Lin-tchoung, dans la férie il former un ton entre le koung &
des lu, répond k ut & hoang- le chanç; ?
tchoung à fa or on voit dans ( t ) Voyez note p de la fécond.»j'
l'exemple de la note q comment Partie, page 114 au fujet des
ut & fa ne peuvent faire ni le degrés.
if au lieu d'ut vous employez le lu re au lieu de mi
le hocuig-tchoung ou fa & au lieu de /a^^ le lu qui
donne fol. Voyez l'exemple de la note q ci-devant.
Ce dernier pafTage feul prouve que les lu des Chinois n'ont
pas toujours eté reitraints individuellement à ceux dont on a
fait ufage dans ce Mémoire, & qui, dans la génération par
quintes ont Li^, pour dernier terme (u) puifque la méthode

cette même génération., lavoir mi%. fi j^ fi' uti^


de King-fang admet les lu ultérieurs qui fuivent la^ dans

&c. Ou ce qui eft la même chofe, ce pafîage prouve que les


4

Chinois n'ont pas toujours confondu le llmma avec ïapotome


c'efli-à-dire le demi-ton diatonique comme ml fa avec le
demi-ton chromatique mimi%.} &c. D'où l'on peut conclure
que lorfqu'ils ont voulu obtenir les demi-tons chromatiques de
fi de ml de la &c. ,-ils ont dû néceffairement employer des
lu correfpondans à nos fons f [?, mi \y la\y &:c. afin de ne
pas faire évanouir pour m'exprnner comme eux, toute mélo-
clie de leurs modulations en y faifant fervir contre le fenti-
ment de l'oreille, un ld^ pour unfi\y un re1% pour un mi
&c. &c.
En un mot la doctrine touchant la différence entre le demi-
ton diatonique & le'demi-ton chromatique, eft fi bien établie
clans ce texte qu'après en avoir fait la découverte clans l'Ou-
vrage de Ly-koang-ty traduit par le P. Àrniot j'ai balancé û
je ne (upprimerois pas mon observation. Néanmoins, comme
elle préfente plus en détail l'objet dont il s'agit ici, j'ai cru
devoir la laiffer fubuYter. Elle conduit d'ailleurs au développe-
ment du texte, & le texte à ion tour confirme & fortifie la
do £trine expofée dans l'obfervation. Doétrine de la plus grande

(a) Fz ut fol
IX345678 9 rc la ml J2 fa% mYi foP& rc% la%,
ÏO II î 2,.
importance qui découle des principes fondamentaux de la
Mufique (x) & qu'on ne faurcit préfenter fous trop de faces
aux Européens, parmi lefquels un grand nombre de tempéra--
teurs &de joueurs d'inftrumens à touches prêchent continuel-
lement le contraire (y).
(x) La différence entre les deux En voici la dcmonftration.
fortes de demi-tons eft donnée On fait que le rapport de la
par une fuite de quintes comme quinte eft comme de 2 à 3 c'eft-
on le verra à la note fuivante. à-dire, comme d'un nombre quel-
(j-) Pour s'affurer de la diffé- conque à celui qui réfulte de l'ad-
rence entre le demi-ton mi fa par dition de ce nombre avec fa moi-
exemple & le demi-ton fa fa% tié, & c'eft ce que les Anciens
on peut former une fuite de quin- appelloient le rapport ffjuialicrc
tes, depuis fi jufqu'à fa M en puifqu'ici le nombre 2 additionné
rapprochant enfuite les trois ions avec 1 qui eft fa moitié, donne 3
mi fa fa% on s'appercevra de valeur de la quinte de 2. Voici une
l'extrême différence qu'il y a entre férié de quintes dans ce même
l'intonation mi fa &c l'intonation rapport
fafa% û les quintes ont eté juites.
iz8. 192. 288. 432. 648. 6 972. 1458. 1187.
fa lit fol re la mi fi fi'^<
Rapprochez du fa les fons mi Il eft aifé de remarquer ici que
&cfa, en les élevant par autant l'intervalle de fa à fa% eft de
d'octaves qu'il fera néceffaire. Or, beaucoup plus grand que celui de
pour avoir l'oâave d'un fon dont mi à fa puifque la différence de
la valeur eft connue il faut dou- fa à fa% c'.eft-à-dire cle 1048 à
bler cette valeur. Ainiî l'octave de 1187, eft de 139, tandis que laa
fa evalué dans cet exemple à différence de mïkfa, ou de 1944
128 fera le double de 128 c'eft- à 2048 n'eft que de 104.
à-dire ,256. Ce nombre étant On voit par-là que la difiinclion
doublé donnera 5 12 celui-ci par de hmrr.ii & <X apotome de demi-
la même opération, donnera 1024, ton diatonique, & demi-ton chro-
& 1024, donnera 2048. Quant au matique qu'admettent les princi-
>

mi 972 il n'a befoin d'être clevé pes de la Muhque entre cts deux
que d'une feule oflave. Le double fortes d'intervalles, ifeit qu'une;
de 972 étant 1944, on aura les luite ncceffaire de la valeur hxJe
deux demi-tons mi fa & fa fa% à la quinte & cette vérité fe dé-
dans le rapport fuivant couvre encore par- la manière dont
1944. 2048. 2187, on accorde l'orgue, le clavecin,
mi fa fa%. &Cc. puifqu'il faut y altérer 1;< 3
DE LA MUSIQUE

QUATRIEME OBSERVATION.
Expojîtion dit principe des proportions authentiques des
anciens Chinois.

A progrellion triple fur laquelle les anciens Chinois ont


fondé les dimenfions de leurs lu n'eft autre chofe que le réful-
tat d'une premiere confonnance donnée dont la proportion,
iuffifamment conftatée par l'expérience a été le modèle de
toutes celles qu'on a ajoutées à cette premiere, pour en former
une fuite ou progreffion d'intervalles femblables.
Ce n'eft au relie que pour la facilité du calcul, & pour eviter
les fraftions qu'on a choifi le rapport de i à dans la pro-
greffion dite triple à raifon de ce rapport & il faut obferver
que l'intervalle de douzième, repréfenté par ces nombres eft
une forte de fynonyme de la quinte, puifque celle-ci, portée
à une oftave plus haut ou plus bas, devient douzieme, ou
ce qui elr. la même chofe puifque la douzième n'eft que
l'octave de la quinte.
On fait que Y octave en muiîque eft regardée comme une
equifonnance comme la réplique d'un même fon, mais entendu
à huit degrés plus haut ou plus bas. Ain i la progreflion triple
en remontant à fa fource n'eft au fond que le réfultat d'une
premiere quinte évaluée à la proportion de 2 à 3 & portée
pour la commodité du calcul à ton oftave t 3.
De cette equifonnance de l'oclave il réfulte encore qu'une
quinte prife en montant ou en defeendant pourra être repré-
proportion de chaque quinte pour fortes d'inftrumens. Voyez ce que
avoir ces demi-tons neutres &c j'ai dit au iujet du icxpcnirnent à
fans caractère dans lefquels fe la fin de la note i féconde Obier-
complaiient les Amateurs de ces vation, page zoz.
fentée par la quarte, pnie en lens contraire, puifque cette
quarte ne fera alors que l'oftave de la quinte déjà trou-
vée (ï).
Le rapport de l'oftave eft reconnu généralement pour être
comme de i à 2 c'eft-à-dire comme d'ur nombre donné à
celui qui en eft le double.
On a défini la quinte, dans le rapport de 2 à 3 ou 3 2 &
la quarte dans celui de 3 à 4 ou 4 3
Or, pour s'affurer fi ces deux rapports font juftes il faut
d'après ce que nous avons remarqué que la quinte d'un fon
>
prife dans un fens, & fa quarte prife dans le fcns contraire
donnent entr'elles le rapport de l'oftave, c'eit-à-dire la pro-
portion double finon le rapport de la quinte ou celui de la
quarte aura été mal afîigné.
Prenons, par exemple, la quinte au-defïus de fa évalué à
3 cette quinte par la proportion fixée à cet intervalle, fera
ut i. Si nous prenons enfuite la quarte au-defîous du même
fa 3 la quarte étant dans la proportion de 3 à 4 nous aurons
ut 4. Or 4 eil le double de 2 ou ce qui cil la même chofe
Yut au-defîous de fa nous a donné une valeur double de celle
qu'avoit ['ut au-delîus de ce même fà donc le rapport de la
quinte 2 3 & celui de la quarte 3 4 aflignés depuis
plus de quarante ilecles à ces deux intervalles font juftes l'un
& l'autre (aa).
(^) Si l'on monte de quinte l'oftavc Fun de l'autre.
depuis ut, par exemple on abou- (^<z) Ce développement etoit
tira à/e/f, comme ut rc ml fa fol; néceffaire ici, parce que des Théo-
& ù l'on defeend de quarte depuis riciens Européens partant des
le même ut on arrive à un autre proportions faflices qu'ils a (lignent
fol octave du premier, comme, à certains intervalles ont voulu
ut fi La fol. Il en eft de même il élever des doutes fur la proportion
Ton monte de quarte comme, ut de la quinte fans penier à s'affu-
re mi fa ou qu'on defeencie de rer auparavant li les proportion»
quinte comme ut /z la foi. fa les par leiquelles ils vouloknt juecr
deux extrêmes > feront toujours de la quinte etoient lc^itmus
î
De tout ce que nous venons d'obferver, il réfulte qu'il n'a
fallu aux anciens Chinois qu'une feule quinte ou une feule
quarte une fois trouvée pour avoir tout le refte de leur fyftê-
me, quelqu'etenclue qu'ils aient voulu lui donner, puifqu'il
n'efr. befoin pour cela que d'ajouter au premier intervalle
trouvé une fuite d'intervalles femblables (££).
Voici un texte chinois qui préfente les douze lu, engendres
par ce même principe c'eft-à-dire ou comme quinte ou
comme quarte l'un de l'autre & dans la proportion que je
viens de décrire pour ces deux intervalles. C'efr. un texte du
Han-chou (ce), extrait de l'Ouvrage de Ly-Uoang-ty tra-
duit par le P. Amiot quatrième Partie cahier B n°. 9 page
290. Je joindrai à ce précieux texte l'excellente note que le
P. Amiot y a ajoutée & pour le rendre encore plus intelligi-
ble, je vais donner une fuite de lu, rangés par demi-tons,
ordre d'après lequel l'Auteur du texte s'eft énoncé. J'ajoute-
rai dans le texte même, mais entre des parenthefes tout ce
qui fera néceffaire pour l'expliquer.

ou fi même elles avoient un prin- « l'autr e en observant toujours


cipe. Voyez à ce fujet le Mémoire » entr'elles le rapport établi pour
fur la Muflquc des Anciens note 3 J, » la premiere. Or, c'eft de l'a ne m-
§.208, page ^2 15. M
blage d'un certain nombre de
(/>/>) « D'une feule quarte ou » ces confonnances combinées
» d'une feule quinte donnée dc- » de différentes manières que

coule tout le fyftême mulical » naiffent les tierces les fixtes le
» puilque la quarte d'une premiere » ton, & les divers demi-tons dont
» quarte, ou la quinte d'une pre- » on peut raisonnablement faire
» miere quinte devra naturelle- » ufage dans un fyitême de Muli-
» ment être dans la même propor- » que ». Mtm. fur la Muf. dis Ane.
» tion qu'on aura reconnue pour page i de Y Averti [fanent, note a.
» la premicre, quelle que foitcette (ce) C'efi fans doute du Si-haïf
» proportion Une troifieme chou c'eft-à-dire de l'hiftoire des
» quarte ou une troiiieme quinte Han occidentaux qu'il s'agit ici
» devra ncce/Tairement être com- puifque Ly-koang-ty rapporte en-
» me la premiere & comme la fuite des textes, du Hcou-him-chou
» féconde & ainii de fuite de hiftoire des H.in pollcrieurs ou
» l'une de ces cenfonnances à orientaux.
En recourant du texte, à l'exemple fuivant on fe rappellera
que l'intervalle d'en-bas chez les Chinois cil notre quinte en
montant & que leur intervalle d'en- haut eft notre quarte en
defcendant. Voyez note de la feconde Partie, page 122.

Ordre des Lu PAR z>em,tons.


a.
b.
c.
Ta-lu
Hoang-tchoung

Tay-tfou
fa.
fa%.
fol.
d. Kia-tchoung fol%.
e. Kou-fi la.
f. Tchoung-lu la~
g. Joui-pin fi
h. Lin-tchoung ut.
i. Y-tfê ntU.
k.
L Ou-y
Nan-lu
Yng-tchoung
re.
reU.
mi.
m.
11.

o.
p.
Ta-lu
Hoang-tchoung

T
Tay-tfou
ay-ifou
fa.
faM-
-wl.
fol.
q. Kia-tchoung fol-
r. Kou-fi la.
s. Tchoung-lu la^.
Y' --7 x T E du HAN-CHOU.
« Hoang-tchoung eft comme le roi des autres tons. Il n'en
eft aucun qui puiffe lui reflembler. Des trois parties du hoang.
» tchoung ( a, ou fa, dans l'exemple ci-deffus) qu'on en ôte
» une on aura le lin-tchoung d'en bas ( h ou ut ).
» Aux trois parties dont eft compofé le lin-tchoung ( ut )
» qu'on en ajoute une femblable on aura le tay-tfou d'en-hauc
»»
(c- on fol). Des
trois parties du tay-tfou (/<>/) qu'on en
» ôte une on aura le nan-Ki d'en bas ( k, ou rc).
Aux trois parties du nan-lu ( /v) qu'on en ajoute une (cm-
»
*> blable on aura le kou-h d'en haut (f, ou /a). Des trois
»>
parties du kou-h (Aï), qu'on en ôte une, on aura le yng-
w
tclioung d'en bas ( m ou nu ).
» Aux trois parties du yng-tchoung (/«/)
qu'on en ajoute
» une lemblable on aura le joui-pin d'en haut (g, ou/?). Des
m
trois parties du joui-pin ( fi) qu'on en ôte une, on aura le
M
ta-lu d'en bas ( o ou fi ).
v Aux trois parties du talu (fi^) qu'on en ajoute une
Memblable on aura le y-tie d'en haut (/, ou ut%.). Des
>-
trois parties de y-tie ( ut ) qu'on en ôte une on aura le
» kia-rchoung d'en bas (q
oujol^).
Aux trois parties du kia-tchoung (fol%. ) qu'on en ajoute
>~

» une iemblable on aura le ou-y d'en haut ( oure^).


?-
Eniîn il des trois parties dont efr. compofé le ou-y ( re%. ),
» on en ôte une on aura le tchoung-lu d'en bas ( s, ou
» Ai 5^ ) »•
Voici la Note du P. Amïot ( cahier B n°. 14
p:r~ 3-~ )~
» Pour épargner au Lcfteur la peine de calculer les/«,fuivant
la méthode de ce texte je les ai calculés moi-même & j'ai
>>

» trouvé
» Hoang-tchoung cgal à 177147.
» Lin-tchoung d'en bas = 11 8098.
» Tay-rfbn d'en haut = 157464.

Nan-lu d'en bas = 104976.
» Kou-fî d'en haut = 139968,
» "ïng-tchoung d'en bas = 93312,
» Joui-pin d'en haut =:
>
1144 16.
;>
Ta-lu d'en bas = 81944.
» 1 -de d'en haut = 1 10592,
» Kia-tchoung d'en bas = 73728.
» Ou-y d'en haut = 98304.
» Tchoung-lu d'en bas = 65536 »,
Voici
Voici félon notre manière de noter les fous tout le
contenu, tant du texte que de cette note du P. Amiot c'eft-à-
dire, la génération des douze lu, par quintes & par quartes
alternatives avec l'exprefïïoii numérique de chaque fou
calculée par le P. Amiot, & que je ne fuis que transporter
fur les notes (dd).
I77r4V' rtSopd. tj74i?+. ro4j)7<r. lîpyfiB. j>3Jtî. 1144.16. 82544. no;;z. 7i7i*. 5>8;o+. ejyj'î.

Si l'on veut faire l'analyfe de ces nombres on trouvera


que fa 177147 eft le douzieme terme cle la progrefîion triple
& que les autres nombres font les différentes oftaves de cha-
cun des termes de la même progrefîion prife en rétrogradant7
comme dans l'exemple de la page 188 ( ee ).
(dd) Nos Théoriciens Européens 10, la tierce mineure La ut de ï
pourront voir par cet exemple à 6 On peut voir ce
&c. &cc.
combien il feroit abfurde d'imagi- j'ai dit à ce Sujet, note g de
que
ner qu'après les quatre premiers la féconde ObServation page
fons fondamentaux fa ut fol rc il zoo.
fallût donner au la une autre pro- (<;e) Si fon prend l'an & l'autre
portion que celle qu'il obtient exemple dans un fens contraire
comme quarte de rc ou de pré- c'eft-à-dire en commençant par
tendre que ce même ta en tant l.i% on aura alors les termes de
que quarte jufte au-clefibus de re, la progrefîion Triple dans leur or-
ne pût comme tel, former un ton dre naturel 1 3 9 27 &c.
jufte avec fit une tierce mineure comme dans l'exemple nuvant
avec ut une tierce majeure avec où les petits chiffres joints a cha-
fa, &c. & cela parce que depuis que terme de cette progreilio.i
la fin du ler/ieme fiecle un hom- marquent le nombred'ochives do:r
me auroit ecrit que la tierce fa la il eft élevé foit dans la note J-.i
doit être de 4 à 5 &: ce qui en P. Amiot, foit dans rexempît qin
cil: une fuite le ton fol la de 9 à la représente.

U% re%fit% ut% fi'


i"\ 3". 9'3. 271-. 8i'°. ?.rf. 7i97.iiS7> 65Û14. 196835. 59049'. 177147.
fi mi ia fil f.i.
?.-
re utt
Il eft aifé de voir par ces nom- pond an la dans "IVxempie
bres que la valeur 65536 qui ré- n'efi autre choie cr.e le terrai 1
On peut conclure de la méthode fimple & uniforme, fuivie
dans ce texte du Han-chou combien les proportions fa&ices
des deux illuftres Princes TJai-yu &c Hoai-nan-tfee expofées
aux articles 3 & 5 de la feconde Partie de ce Mémoire, s'ecar-
tent de la doctrine des anciens Chinois. Doclrine la feule
vraie, la feule raifonnable, il l'on veut y réfléchir la feule en
un mot qu'on puiffe adopter dans tout fyftême de Mufique où
l'on voudra fe guider par le fentiment de l'oreille.
élevé de feize oftaves que le re% annoncé à la note c de la pre-
évalué à 98304, eil la qvuiv/.ienie miere Partie, page 32. favoir que
oftave de 3 ïefol^ la treizième la règle d'une férié, de dou\c termes en
octave de 9 Se ainfi du relie. On progrefjlon triple la règle des lu ou
peut vérifier tous ces calculs fur la règle d'une fuite defons à la quar-
les Tables qui font à la fin de mon te, à. la quinte ou à la douzième Cuîz
Mémoire. de l'autre Jont une Jeule & même,
Ces divers exemples doivent règle, un fad & même principe fous
nous ramener ce que j'ai d'abord des formes différentes.

Fin des Obfervations.


EXPLICATIONS DES FIGURES.

PREMIERE PARTIE.
Figure i. L'ordre des huit fortes de fons fe prend dans cette
figure, depuis la cafe du milieu, infcrite fon de la peau, en allant a
celles qui la fuivent à droite :fon de la pierrt fon du métal &c.
De la correfpondance des huit fortes de fons aux trigrammes de
Fou-hi, naiffent d'autres rapports avec tout ce qui eft repréfenté par
ces trigrammes comme les huit points cardinaux du monde les huit
aires de vent, & plufieurs autres objets qui forment une érudition
chinoife mais qui n'intérefferoient guere les Européens.
Les chiffres qu'on voit dans cette figure au-deffous des cinq tons
koung chang kio, cchi y yu désignent les différentes longueurs de la
corde qui donne chacun de ces tons. Koung placé au centre de la
figure, & qui eft le principe le générateur, & le premier des autres
tons eft donné par une corde qu'on fuppofe divifée en 8 1 parties
egales. De ces 8
parties il en faut j-l pour former le ton chang 64
pour le ton kio 54 pour le ton tchi 8c 48 pour le ton yu. Cette
maniere de divifer la corde eft très-ancienne chez les Chinois. On a
ainfi les cinq tons dans la proportion fuivante
81. 71. 64. 54.^ 48.
Koung chang kio tché yu.
(. fa fol la ut rc.
Figure 2. Tambour, nommé tfou-kou. Sa longueur d'<z eft de trois à b
pieds. Le diametre de chacun des deux côtés couverts de peau cil
de 4 pieds le diametre du milieu, de c à d efl de 6 pieds, 6 pouces
6 lignes (<z).
(a) Le P. Amiot ne Ipécifie pas le on le verra à l'article 3 de la féconde
pied fur lequel doivent fe prendre ces Partie de ceMémoire. Néanmoins, d'après
meftires, bien qu'il y eût deux forte de ce qui efl dit dans ce même article nous
pieds chez les anciens Chinois, le pied préfiimons que ce n'eft point le pied nvj-
dit mufical & le pied ordinaire fical qu'il faut entendre ici. ni dans le?
comme
Le tfou-\on eft du tems même du grand Yu, Ainiî ton antiquité
remonte pour le moins julcjifà l'an zzo^ avant Perc chrétienne. C'etoit
le tambour propre de la Dynafhe des &Vz. Il etoit travedé par une
pièce de bois eqiurne dont le bout entroit dans un pied tait en
terme de croix c'eft ce qui l'a iait nppeller tfan-kon. On lui donnoiî
nuiîî \e nom àe pen-kou. lien cji du pen-kou dit le Chc-ki/ig comme
A' Li cloche young (/arz-kou om: youns; Cette efpece de tambour lut
adoptée par les Tchtou.
Fis,u'i j. Tambour nomme yng-kou. Sa longueur de c à d, ell de
douze pieds. Le diamètre de chacun des deux côtés, couverts de peau
eft de 4 pieds le diamètre du milieu, de c à.
cil de 6 pieds 6 pou-
ces 6 lignes.
L'\i;i*-koii eir le tambour particulier de la féconde Dynailie dite
indifféremment ch.i; ou y u 6i dont le Fondateur monta fur le Trône
l'ar. avant J. C. 17S}, Il etoit traverfé par une pièce de bois équarrie,
mais cette pièce de bois n'avoit point de pied on l'enfonçoit dans la
terre, & c'eii ce qui lui a fait donner le nom de yng-koit. On l'appel-
loit encore du nom de kuo-kou. Le ton du tambour kao-kou dit le
ChJ-k.'xg eft le plus fort de tous les ions {kao-kou fou c/icng). La
Dynaftie des Tcheou adopta encore Yy/ig-kou comme elle avok
adopte le tfoit-kou.
Figure 4. Tambour nomme huicn-kon. Ce tambour eft particulier à
la Dynafhe des Tduou il en eft parlé dans le Tcheou-ly fous le nom
de ku7i-koit.
Il y a un autre tambour correfpondant à celui-ci, appelle yng-knu
t
dont le petit tambour regarde le côté oppofé à celui du inucn-kni;.
Le huur:-ko:i dit le Ly-ki doit être place du côté de l'occident, &
Yyrg-kou du coté de l'orient.
Les deux petits tambours qui accompagnent ceux-ci font appelles
l'un chouo-pi l'autre yng-pi. Le premier reffemble au tambour des

exp'icaricvis (Vivantes, mais le pied ordi- rence entre ces deux fortes de pieds ik
nsire > tî ie ifu-chc ou p:sd di compte, confifte que dans leur dividon en 9 ov.
compoiè oc 10 pouces, 6c chaque pouce en 10 pouces. Voyez la figure 4 a de i.i
tic ic lignes, d'autant que c'eft ce même feconde Partie, ou ces deux pieds ("on:
ïj-.ed qui cfi énoncé dans les explications lepréfenrés dans leur grandeur natu-
lies figures 13 & 14 ci-anrès, La diffé- relle,
cavaliers &fe frappe légèrement Yyng-pi eft plus petit, il reffemble
au tambour des fantaffins
& fe frappe un peu fort.
Fi "tire G. Tambour appelle kin-kott. Sa longueur cil de 6 pieds
6 pouces; le diamètre de chacun des côtés eft île 4 pieds celui du
milieu de 6 pieds 6 pouces 6 lignes. En général ce tambour eft le
même que celui qu'on appelloit kkn-kou mais on lui donnoit le nom
de lei-kuu quand on y avoit repréfenté le tonnerre les vents &£ des
nuages on l'appelloit ling-kmt ou lou-kou félon qu'on y avoit
&

peint des oifeaux myftérieuv, ou fimplement des cicognes, des cygnes,


ou autres oifeaux qui font le fynibole de la longue vie.
Figure 7. Tambour, nommé tao-kou dont il y a deux fortes le
grand & le petit. Le grand tao-kou a un pied de longueur & un picd
de diametre dans chacun de fes côtés le bâton qui le traverfe eft long
de 4 pieds, 5 pouces. Le petit tao-kou eft long de 7 pouces & fei
deux diametres ont chacun 7 pouces; le bâton qui le traverfe 3
pieds i pouces de longueur.
a
a &c h font deux noeuds faits avec de la peau, & enfiles a la cor-
delette c, qui pend de chaque côté du tambour. Celui qui eft chargé
de cet infiniment le tient par le manche en d & en tournant la main
alternativement de gauche à droite ck de droite a gauche les nœuds
vont frapper en e & en f
Figure 10. Tambour, nommé j'«-A.««. S;; longueur eft d'un pied,
pouces; le diamètre de chacun de fes côtés eft de y pouces.
Figure 11. Tambour, nomme po-f'ou. Sa longueur eft d'un pied, 4
pouces le diametre de chacun de fes cités eft de 7 pouces. La table
qui fupporte cet infiniment a un pied de hauteur 8i" \:n pied de
largeur.
Figure ;j. ïnftrument de pierres fonores nommé pien-kms Ce* ('')•
(A) Pendant qu'on imprimoit ces ex- :î calcopkonos ou Con d .nr^ln efi noire
plicitions nous avons trouvé dans les » Se que iuivant I'ctymolocic de for;
Réflexions fur la Poéfic & fur fa Peinture « nom, elle rend un (un approchsn; du
par TAbbc cUiBos, un p;iil;ii^e fort inte-
scfi'ant fur une fone de pierre (onore,
•' fon de ce rne:al lorfqi; on la touche u.
ïl rapporte cnkiite k- r.aiï"<!gs de Piine eu
connue des Anciens, en Europe. Voici ces termes LMcoykoi.j! ;:i;-j ef: fed
ce que dit cet Uluftre Académicien troi- lll}fa >xus linnuuni ucJ^, Lit' 3", c?.p. 10.
-.fisme Partie, vers !a fin de la fection Xll Couur.e Le Ktn^ ifolé diî Càhirct es
«linon de Paris 1755 pnge ±io. M. Bert'm ( Xoyxz le Difecurs Préu:i:i'
« Pline en parlant des pierres cnrieu- naire, page iB }, eft précii'éirent c'une
si (es dit que la pisvre qu'on appelle pierre so;re Oc. rend cftcitivemvn: y.»
infiniment en compofé de 16 pierres, dont les dimcnuons fe prennent
Suivant les règles des lu. Pour rendre le fon plus grave on prend fur
l'epaifleur dont on ôte autant qu'il en faut on prend au contraire fur
la longueur., quand on veut rendre le fon plus aigu. Le pim-king étant
a l'oftave au-deffus des lu moyens, dits naturels, fes dimenfions le
prennent fur les lu aigus, appelles dcmi-lu &c onfe fert du pied, dit
tou-tchi compofé de 10 pouces &le pouce de 10 lignes.
Figura 14. Forme ôt dhnenfions du cheng-king & du foung-king.
Chaque pierre de ces deux inftrumens a deux parties ou branches
comme on voit par la figure. La branche a, b,e,i, eft appellce la
partit j'uperiiure ou la cuijfe &£ la branche inférieure a,c,d,i, eft:
appellce la partie inférieure, ou le tambour. Les Chinois partagent la
ligne b c en deux parties égales. Du point de divifion h ils abaiffent
une perpendiculaire fur la ligne a, c; ils partagent de même la ligne
c d en deux parties égales & abaiffent une perpendiculaire fur la
ligne a b le point d'interleftion f, efl l'endroit qu'ils percent pour
pouvoir fufpendre l'inftrument.
La mefure générale des king fe prend fur celle des lu. Ainfi le cheng-
king a un lu & demi d'a à b c'eft-à-dire un pied & demi le lu
valant un pied, & le pied 10 pouces. Le côtéZ-, e eu long de trois
quarts d'un lu ton côté a, c, de deux lu un quart, & (on côté< d,
d'un demi-/«. L'epaiffem- de la pierre dans toutes fes parties eft d'un
lixieme de lu; le diametre du trou/, eft d'un quatorzième de On
frappe rinftrument vers le point g.
Quant au foung-kins. fa longueur d'a à b eft de deux lu. La longueur
de en c eft d'un celle d'a en c eft de trois lu & celle de c en d
eft de deux tiers de lu c'eft-à-dire de 6 pouces 6 lignes & 6 dixie-
mes de ligne. L'epaiffeur de la pierre eft de 17 lignes 2 dixièmes de
ligne le diamètre du trou /"delignes cinq dixiemes de ligne.
Ces deux inftrumens fe plaçoient en dehors de la falle fur la der-
niere marche de l'efcalier le chaig-king, du côté de l'orient, & le
foung-king du côté de l'occident. Le cheng-king etoit ainfi appelle,
parce qu'il s'accordoit en particulier avec l'inflniment appelle chtng
dont on parlera à l'article 9 de cette premiere Partie & le foung-king
fon d'p.irain nous nous propofons de re- de pierres peut appartenir ce king qui
venir fur cet objet à la fin des explica- paroit avoir toutes les propriétés du cal-
tions, poin' faire connoiire à quelle claffe cophonos de Pline.
etoit ainfi appellé parce qu'on s'en fervoit dans l'accompagnement
des Hymnes, appelles Soung. En général les king, comme étant des
inftmmens fixes, fervoient à donner le ton.
Figure ,6'. Ancienne cloche des Tchcou. Les Chinois diftinguent fur
cette cloche trois parties principales la partie fupéneure depuis o
jusqu'à n-; la partie du milieu depuis d jufqu'à h & la partie infé-

rieure, depuis h jufqu'à


La partie fupérieure fe divife également en trois parties le cou “
a,b; le corps, c,c; & le pied,p, q. Le long du cou, le point a
s'appelle heng c'eft-à-dire point d'équilibre & le point b s'appelle
young c'eft-à-dire point de direction; ou, félon quelques Auteurs lung
fignifie la gorge, Si. young le conduit. Le corps c c eft appelle hiutn-
tchoung, comme qui diroit animaux qui environnent pour fervir de
foutien, parce que c'eft par-là qu'on fufpendoit la cloche. Le piedp, q
eft fait de façon qu'il paraît fortir du fein de la cloche avec laquelle il
fait un tout.
Cette partie fupérieure de la cloche eft un folide fait d'un même
jet avec la cloche elle-même. Sa hauteur depuis o jufqu'à n eft de 8
pouces fa circonférence à l'extrémité o eft de 5 pouces un tiers.
La circonférence du foutien c,c eft de 12 pouces fa hauteur d'un
pouce fept neuviemes. La circonférence du pied p q eft de huit pou-
ces fa hauteur, de p en q eft de huit neuvièmes de pouce.
La partie de la cloche dite le milieu d A, eft partagée en cinq
zones ou bandes dont trois plus grandes que les autres font
chargées de douze mamelles chacune. Ces mamelles repréfentent les
douze maifons dufoleil, les douze lunaiions dont une année communee
eft compofée les douze lu muficaux, &c. Les deux petites bandes
font unies &fans avoir rien d'apparent fur leur furface parce qu'elles
doivent repréfenter les champs qui renferment dans leur fein les diffé-
rentes femences qu'on leur a confiées & qui poufferont dans leur
tems, &c. Le fonimet de cette partie du milieu n'eft point convexe
les points d, d font appelles ou, & ce nom s'ecrit par le caracteiee
qui fignifie danfc danjeurs &c. parce que ce font les deux points
d'agitation de la cloche quelques Auteurs donnent à ces deux points
le nom £ épaules. Les points h h, qui terminent cette partie du milieu,
portent le nom de loan c'efl-à-dire qui ne f au r oh recouvrer les forces
perdues &C,
Enfin la partie inférieure de la cloche fe prend depuis h jufqu'eri
Cette partie eil terminée en forme de croisant pour défigner la lune.
Les points font l'endroit où l'on frappe la cloche le point k eft
appelle le tambour. La lettre m dé ligne le milieu de la cloche les
Chinois penfent que de ce point le ion va en droiture jufqu'à c, &
qu'il fe divife, en chemin faifant à g & &c.
La hauteur de la cloche depuis d jufqu'à eft de douze pouces
& demi S^ depuis n jufqu'en k de dix pouces. Le diametre de à
cfl de dix pouces & de fcau bord oppofé de huit pouces. Le diame-
tre de la partie fupérieure a huit pouces, de d end; & lîx pouces
quatre lignes de n au côté oppofé.
On ne fauroit dire au jiifte quand a commencé l'ufage de cette
efpece de cloche ce qu'on fait fûrement c'eft qu'elle etoit déjà
ancienne du tems de Confucius. Sa forme tout-à-fait finguliere ren-
ferme une foule d' allégories pour les Chinois. Je me fuis contenté
d'en décrire les proportions d'après leurs Livres les plus authentiques.
Figures ty '<?. Les cloches nommées tê-uhoung, de la Dynaflie des
Tchzou etoient applaties & avoient la même forme qui eft repréfen-
tée à la figure 17. Elles s'accordoient avec les lu aigus ou demi-/Ks9
&i l'affortiment n'etoit compofé que de douze cloches.
L'afibrtiment appelle pien-tchoung de la figure «8, etoit compofé
de feize cloches dont douze etoient accordées fur les lu moyens

dits naturels, Se etoient par conféquent plus groîTes les quatre autres
s'accordoient fur les demi- ou /«.aigus. Cet affortiment faifoit ainfi
un iiillrument complet.
Pour accorder les cloches fur les lu on avoit égard à la hauteur,
h l'epaifleur & au diametre. Quand elles donnoient un ton trop bas

on retianchoit fur la hauteur quand au contraire elles donnoient un


ion trop haut on amoindriflbit l'epaifleur jufqu'à ce qu'on eût
attrapé le ton.
Figures k) 20. ïnflrumens de terre cuite appelles hiucn. La figure
19 repréfente le grand hiuen
la figure io, le petit hiuen j a eft le
devant de l'inftrument & b le derriere.
Le
Le grand hiutn a de hauteur trois pouces & demi, fa plus grande
circonférence eft de fept pouces & demi, 8c le diamètre du fond eft
de deux pouces quatre lignes. Le diametre de l'embouchure qui eft
à la pointe eft de trois lignes & demie celui des trous qui donnent
les tons eft d'une ligne Sc'fept dixiemes de ligne.
Le petit hiuen a de hauteur trois pouces & demi fa plus grande
circonférence cft de cinq pouces & demi, & le d 'mètre du fond eft
d'un pouce, fept lignes & cinq dixiemes de ligne. Le diamètre de
l'embouchure eft de trois lignes celui des trous qui donnent le ton
efl d'une ligne cinq dixièmes de ligne.
Figurai. Kin à fept cordes. Il y a trois fortes de khi qui ne different
entr'eux que par la grandeur le grand kin le kin moyen & le petit
kin. Le corps de cet infiniment eft fait de bois de toiing~nwn qu'on
vernit en noir fa longueur totale eft de 5 pieds <j pouces. La tcte a
de largeur 9 pouces la queue 6 pouces & les epaules io pouces.
Depuis le chevalet fur lequel appuient les cordes, jufqu'à la queue
il y a 5 pieds. Le kin moderne eft fait comme cet ancien kin.
Figure 22. Inftrument à 2. cordes appelle clu. Il y a quatre fortes
de clié, qui ne différent entr'eux que par la grandeur. En général le
clzê a de longueur 9 pieds fa tcte a 9 pouces de long, fur 2 pieds de
large, & fa queue i pied, 8 pouces de long & 1 pied, 6 pouces
de large. D'un chevalet a l'autre il y a 6 pieds pouces. Le bas de
i'inftrument appelle la queue doit repréfenter des nuages on en
fculpte 6 de chaque côté. Ce chê a la même forme que l'inflmment
qu'on appelle aujourd'hui tfeng.
Figure 23. Infiniment nommé tchou. Cet infiniment efl fait avec des
planches de kieou-mou. Le kieou-mou efl un arbre, dont le tronc cil
femblable à celui du pin & dont les feuilles font comme celles du
cyprès. Les planches de cet infiniment doivent avoir 9 lignes d'épaif-
feur. L'ouverture fupérieure du ichou eft de 1 pieds 4 pouces en
quarré fa profondeur eft d'un pied 8 pouces de même que le fond.
Le pied fur lequel il pofe a deux pouces de hauteur. Au milieu de l'un
des côtés il y a une ouverture en rond, dans laquelle on pafle la
main pour prendre le manche du cché
ou marteau de bois. Ce manchec
a de longueur 1 pied, 8 pouces, & le battant un pied. Le bout du
manche entre dans un trou, pratiqué dans le fond &c y eft arrêté par
Tome FL i 1i
Ff
1
une goupille, fur laquelle il le meut à droite & à gauche lorfqu'ou
veut frapper l'uHÎriiment avec le tclic ou marteau.
Fleure .'4. Intlrument appelle ou. Il cil l'ait avec du bois de kieou ou
r/,v,i.Y le même dont j'ai parlé dans l'explication précédente. Le tigre
qu'il repréfente po!e lur une eadle de même bois qui a 3 pieds 6
pouces de longueur, 1 pied, & pouces de largeur, & 1 pied de hau-
teur. Le rebord fur lequel cette caifle appuie a pouces de haut.
Sur le dos du tigre font 17 chevilles, ayant la pointe en haut, &
de même bois que le relie de l'inflniment. Elles reffembleut aux dents
d'une (eie ik tout appellees tjbti-yn c'ell-à-dire dents qui font hors

CVft une planchette mince du même bois que Elle


..v n/.ïi, La figure .7, qui eil au-deilous de finflniment s'appelle tchen.

un pied de longueur, un pouce de largeur, & une ligne d'epaificur.


a.

On Li pailc légèrement fur les chevilles du tigre pour tirer le ton


propre de Cet mlîrument.
Figures i5 i<S. Infiniment appelle tclwut;s,-tou ou les planchettes. La
figure 16 repréiente les planchettes, liées enfemble dont on le fer-
oit anciennement pour battre la mei'ure. La figure 25 repréiente les
mêmes planchettes ieparées. Elles etoient au nombre de douze (jms'cjl
comenté d'en refréjenur trois dans lu jigure ), Ces douze planchettes;
etoient de bambou larges d'un pouce cv d'un pied & un pouce de
long. Àu-deiibus de l'extrémité lupcrieure & à la d'itance de deux
pouces il y avoit une ouverture de chaque côté longue de deux
hi.;ne5 c'cil dans ces iortes de trous qu'on paiToit la courroie qui les
hoir les unes aux aurres. Les carafteres écrits fur les planchettes repré-
ientees dans cette figure composent une des Odes du Ta-ya du Ché-
Airg. Cette Ode cil compoice de huit llances chaque fiance de quatre
vers Si chaque vers de quatre pieds ou iyliabes, Les fiances font fépa-°
rjes par des ronds mis entre la fin de l'une & le commencement de
l'autre. Je me luis difpenié de traduire cette Ode parce qu'elle n\-lt pas
du iujet que je traite elle n'a. été tranferite l'ur la figure que pour
donner un exemple de la manière dont les anciens Chinois ecrivoienî
le-r.rs Ouvrages. Quand les planchettes etoient couvertes de caractè-
res on les hoit comme on voit à la figure 16 mais d'une manière
plus lerrce la première planchette etoit feule à découvert, afin qu'on
put voir d un coup-d'ceii ou le titre ou le fiuet ou le commence-
ment de l'Ouvrage. C'cft avec une de ces fortes de livres qu'on battoir
la mefure dans la mufique des grandes cérémonies, pour rappellcr le
fouvenir de l'invention de l'écriture &C lori qu'on facniioit au Ciel on
lui rendoit grâces de ce don fait aux hommes comme de tous les
autres dont il les a comblés.
Figure 27. Infiniment appelle koan-tfee, compofé de dou/.e tuyaux
de bambou d'une fente venue. Il y avoit trois (o. es de ko:ui-:jh fous
cette même forme. Les plus grandi donnoient !ts fons graves les
féconds les fous moyens & les plus petits les fous aku\. Le plus long
tuyau des grands koan-tjec c'eft-à-dire le premier tuyau avoit deux
pieds de longueur, celui des moyens koaii-tjn avoit un pied & le
premier des petits koan-ifcc avoit un demi.-p.ied. Ces premiers tuyaux
r-ipondoient pour le ton, au premier des dit lioang-tchoung, &,
les autres qui fe fuivoient par demi-tons en montant, répondoient
l'ordre ultérieur des lu, & avoient leurs mêmes proportions.
Figure 34. Infiniment nommé fuw. On diltingue cet inftrument en
grand ÔC petit. Le plus long tuyau du grandyîao avoit deux pieds &c
le plus lor.g du petit avoit un pied, eniorte que tous les tuyaux du
petit fuw etoie.it à la moitié de ceux du grand. Ces deux fortes de
fia.0 avoient chricui feize tuyaux, qui donnoient les tons de feize In
lavoir !: crji.d fuio n /« graves &C 4 moyens le petit Jîao 12 lu
moyens Cl 1 aigus dans cet ordre
i. H'Jit:î,-tchoung, 9. Y-tfé.
2. Ta-lu. 10. Nan-lu.
3. Tay-tfou. 11. Ou-y.
4. Kia-tchoung. 31. Yng-tchoung.
5. Kou-fi. 13. Hoang-tchoung. 1 nQ
J“6. Tcnoung-lu. 14. T 1
Ta-lu. Ua
UcUvcs dos
4 premieri
7. Joui-pin.
8. Lin-tchoung.
15. Tay-tfou.
16. Kia-tchoung.
|j tuyaux.

Figure 36. Flûte appellée yo. Cet infiniment tel qu'il eu repré-
fenté en A ie dirlingue en grand, moyen &t petit. Il y en avoit douze
de chacune de ces trois efpeces dont les proportions 6i les longueurs
etoient comme celles des trois différentes claii;s dj lu graves
ïnoyens & aigus.
La figure B n'eft que pour fatisfaire au fyftème de ceux qui on:
imagine que le yo avoit lix trous, formant des demi-tons de 1 un à
l'autre.
Figure 10. Flûte appellée /[)-. Cet infiniment tel qu'on le voit en Ay
etl le même que le f a trois'trous il n'en dillere que par l'embou-
chure. On le diltingue de raànc en grand moyen & petit (es dimen-
lions font les mêmes que celles du yo. Voyez, l'explication précédente.
La figure B n'etl encore ici 'que pour reprelenter l'idée de ceux qui
peinent qu'il v avoit anciennement des yo &C des ry à iix trous.
Figure 4-1. Flûte appellée tchc. A reprélente le devant de l'inftru-
menr îs: B le derrière, qui Ht tout uni. On dillingue cet infiniment
en urand cv petit. Le grand :du: a de longueur un pied, quatre pouces
ion diamètre cil d'un pouce. L'embouchure C a trois lignes & demie
de diamètre; les trous qui font fur les deux cotés ont chacun de dia-
metre, une ligne, l'ept dixièmes & cinq centièmes de ligne.
Le petit rchJ a de longueur un pied, deux pouces; (on diamètre
rit de huit lignes Cv demi. L'embouchure a de diamètre trois lignes
& les trous de côté chacun une ligne & demie.
Figure Infiniment nommé ciung C\C anciennement y u conipofb
de 14 tuyaux, dont douze font appareils; les autres iont ûippofés
garnir l'autre moitié de la circonférence. Les chcri* plus petits que
celui-ci avoient la même forme ils n'en difteroient que par le nom-
bre l'ordre îk la longueur des tuyaux.
Dans le cfuna que présente cette figure les 14 tuyaux font cliftri-
bués en iix ordres de grandeurs différentes chaque ordre étant com-
pote de quatre tuvaux deux d'un côté, deux de l'autre, qui font de
même longueur. Les quatre tuyaux les plus longs, ou du premier
ordre ont pieds, 1 pouces de longueur; les quatre du lecond ordre
ont un pied S pouces les quatre du trentième ordre ont un pied
3 pouces ) lignes les quatre du quatrième ordre ont un pieu les
quatre du cinquième ordre ont 7 pouces lignes enfin les quatre
du lixieme ordre ont 5 ponces 5 lignes.
La longueur des tuyaux le prend depuis l'ouverture intérieure 011
eii [a languette juîquà l'ouverture d'en haut.
Chaque nivau comme on voit fur la figure, a un trou dans fa
partie inférieure c'eit par ce trou que le vent s'échappe lorfqu'on
fouffle dans le tuyau recourbé qui fcrt d'embouchure & lu languette,
qui eft dans le corps de l'indrunicnt ne reçoit aucune agitation. Pour
faire parler un tuyau il faut boucher ce trou preeiiéniem au con-
traire de nos initmmens alors l'air, forcé de palier du coté de la
languette, l'agite & fait entendre le ion que doit donner le tuyau.
Chaque tuyau porte le nom du lu dont i'l donne le ton. L:i iigure Si
repréfente le deffus du che/ig avec tous les trous th. is lelquels entrent
les tuyaux qu'il fupporte à la manière d'un fo mimer d'orgue. Le
premier tuyau ou ce qui e!t la même chofe le premier trou de cette
forte de fomniier, eft du côté du bec recourbe le1; autres viennent
par ordre en fiiivant les chiffres marqués dans les trous. Voici les
noms des vingt-quatre tuyaux; qui entrent dans ces trous. Il y en a
qui répondent a des lu graves & d'autres à des lu moyens lelon que
je vais l'exprimer (c).
1. Hoaiiç-tchoiuig grave fa. 13. Kia-ichounç grave Joiy.
2. Kim-j'i grave La.
3. Y-tsd grave
4. Hoiing-tchoung moyen
ut:
fa.
14. l.in-tchoung grave
I<. Yn<r-ichounii «rave
16. Kt\i-icfiou/ig [moyen
/“u:.
Ji.-l.-y,
5. Kou-JL
moyen
~li moyenn
6. 1 -tsJ
lu.
«<$•
17. Lin-:cliiiu;ig moyen
18. I nç-tchou/ig moyen
re. m.
nu.
7. Ou-y moyen

10. Ou-y grave


11. J oui-pi
1 2.
rc%.
8. Hoiinçrtclioung moyen
C). Tay-rjou
>i grave
Tay-îfou grave
p.
moyen
ly. N.ui-l:i moyen

rt^. xi. Nan-'u


fol. 24.
moyen
grave /v.
fa. 20. Tciiiui/i^-tii moyen
fol. ai. Td-lu
/•
f
23. Tchoung-lti grave
Tu-lu grave
•<• la'#.

fi^.
Cheng à dix-neuf tuyaux.
Ce cheno- dit anciennement ko, cinq ordres de tuyaux, de lon-
longs chacun d'un pied o Le
gueurs différentes. Le premier ordre eft compofé de trois tuyaux
ietond ordre eu compote de

tuyaux d'un
le le
qur.tre tuyaux d'un pied 4 pouces le trentième ordre de quatre
quatrième ordre, de quatre tuyaux de 7 pouces;
cinquième ordre de quatre tuyaux de 5 pouces.
Ces tuyaux ranges par ordre fur un tond ou ibmmier qui a 19

(c) Nous avons ajouté eux noms les qu'on pu: f; r;prèi'>r.:cr plus aifénienî
iu
faiviias ks noies curopisnr.es alin pofent ces diagrens •r-
tant pour te cheng, qi;c pour less raccord X i'ordrtf cL= myaux qui com-
la.
trous répondent aux lu fui vans en commençant du côté de l'embou-
chure comme à la figure A.
1. IIoj.n-r-r.ihou:ig grave fa. 11. Kui-tchoung grave folïi,
t.. Y-tii fraye
2. Kou-fi grave
4. Hoiing-tchoung moyen
ui; 1 2.
Lin-tckoung grave
13. Yng-cchoung grave
fa. 14. KLi-r.ckoung moyen
tu,
mi,
folYi,
y. Kou-ji moyen
6. Joui-pin
la.
15. Tchoung-lu moyen la%.
fa%.
7. Taj-tfo::
8. Ou-y gra%"e
9. Joui-pin grave
10. T.iy-ifou grave
fi.
moyen
re.
moyen

fol.
16. 7Vr-/« moyen
fol.
17. N.m-lu grave
18. Tchoung-lu. grave
19.

Autre chcng a r 9 tuyaux.


re.
la%.
T.i-lu grave Ja%.

Les tuyaux qui coinpofcnt ce chcng font rangés différemment que


dans le précédent, & {ont lur un autre ton (^). A l'arrangement près,
tout le refte eii le même car les lu l'ont immuables. Les tuyaux de ce
shitisi répondent aux lu iuivans.
1. Honng-tchoung moyen fa. 1 1 Yng tchoung grave ml,
1.
t>. Kqh fi moyen la.
Y-né moyen ut¥:. iz. Kia-tctioun» moyen fol%.
ut.
13. Lin-tckowig moyen
4. HoLing-uhuung aigu fa. 14. Yjig-'ciwung moyen mi.

fi. N.vi-lu moyen re.


re,
5. Ou-y moyen re%. i1).
moyen 16. Tchoung-lu moyen
moyen fol.
6. Joui-pin la%,
Ta-lu moyen fa¥i,
7. Tay-tjbiL
o. Ou-y grave.
ç. Joui-pin grave
relfc.
fi.
17.

grave
18. Nan-lu grave
19. Y-tsê ut¥i.
10. Lin-tchoung grave ut.
Périt chenp; à 1 3 tuyaux.
Ce a quatre ordres de tuyaux. Le premier ordre eft compofc
c«<vzg
de trois tuyaux longs d'un pied trois pouces le fécond ordre a
quatre tuyaux, longs de 9 pouces le troificnie ordre quatre tuyaux
de 6 pouces le
quatrième ordre, deux tuyaux de 4 pouces.
{d ) Dsnç le cheng précédent le tuyau d'ut, Si le tuyau le plus aigu ed la dou-
}e plus bas eit ie ho.ir:<: tckoung grave ble octave du lio.ing-ichoung grava c'eft-
c'eft-i-clite i au rftiTous de la clef à-dire, fa, au-tleluis de la clsf da /o/,
dut & 1s ti:yau le plus aigu eft le ;c«j- Ainfi ce cheng a du cô: i des ions :;raves.,
p;n moyen, c'uft ;dire
deinib de la clef de Jol au heu que dans
le £«£ dont il s'a = it ici le tuyau le
plus bas eft lejjui pi« grave c'ell- à-dire
/i immédiatement au-dellous de la clef tons,
depuis fa Jiifqu'a fi
du côté des Ions aigus il a fis
plus depuis fi juiau'à fj
de
tierce aii- fis tuyaux de moins que le piécodent
par tljuv-tn:

par demi»
&
Ces tuyaux rangés fuccefîivement comme à la figure A répondent
aux lu luiyans.

3. Y-:sc
lu.
moyen /
1. Hoang-tchoung moyen
2. Kou-ji moyen
4. Hoang-tchoung aigu
fa. 8. Kia-tchoung moyen jhi,i
9. Lui-(ciioufig moyen
utë. 10. ï rt<uhouni' moyen
11. A'. moyen
ut,
nu.
;« ?v.
<j.
6.
Ou-y moyen ré&. 12. Tchoung-h. moyen,
/oui-pin moyen 13. Ta-lu moyt.i
la-X.
fa'Â,
y. Tuy-ifou moyeu fol.
S E C O N DE PARTIE.
JT
xgure i. Tuyaux des douze lu. Ou diftingue les Lu en grave;
moyens & aigus. Les lu graves font, pour la longueur le double des
lu moyens & les lu akï/as en font la moitié. Ainii le premier tuyau
des lu graves, celui qui donne le hoaug-tchoung a de longueur deux
pieds mefure des hïa dont le modèle fera roprefenté à la figure lai–
vante ydont on voit ici le demi-pied. Le lioang-tchouug des lu
&C

moyens a un pied de longueur & le hoang-tclwung des lu. aigus un


demi-pied oupouces.
En gênerai, les douze lu, Ibit graves moyens ou aigus répondent
aux caractères cycliques par lefquels les Chinois désignent les douze
heures, qui compoient chez eux un jour entier, depuis onze heures
du loir jufqu'à la même heure du jour (uivant. Voici les noms des lu
avec leur correspondance aux heures chino'.fes.

Ta-lu
Tay-tfou.
2.
fa.
Noms des lu.

'fol.
1. Koang-tchoung
Heures ck'molfis. Sons.
Tfee
Tcheou
XP1. – minuit.
'fa* I – II.

7.Joui-pin.Ou fi.
III -IV.
4.
3.

5. la."
Kia îchoung Mao
la%.
Kou-îi Tchen
See
Yn
fil%. V– VI.
VII -VIII.
6. Tchoiing-lu

8. Lin-tchoung
9- Y-tle
10. Nan-lu
ut.
'Chen :u^.
rs.
Ouei
Yeou
IX -X.
XI -midi.
I – II.
III-IV.
Vî.

{e) >r)i.
V
11. Ou-y Kiu
12. Yng-tchoung Kai n: VII- VIII.
IX – X,
( e) Ce carnûere (c lit également hïu fit ou fa. Voyez le Torac ÏI de ces Mé-
moires pag. 96,
Figure 4, a. Cette figure repréfente l'ancienne inefure nxée par la
longueur J;i tuyau qui foimoit le hoang-tchmins, moyen & par la
capacité intérieure du même tuyau, qui contenoit douze cens grains
de chou dont le poids fut appelle yo. Voyez l'article premier de cette
féconde Partie & particulièrementl'article 3 où tout ce qui concerne
ces deux fortes de pieds eft expliqué, pag. 103 ck fuivantes.
Figure 4 b. Cette figure repréiente le fyftcme mufical des Anciens,
1
fixé a 24 lu douze moyens fix graves &£ fix aigus.
Les Lu aigus difent les Auteurs chinois ne montent au-deflus des
lu moyens ou naturels que depuis efee, jufqu'à fie 5 c'eit-à-dire (/)
depuis hoiing-ichoung juiqu'à tchoung-lu.
Les /«graves, diient-ils encore, ne descendent au-deflbus des lu
moyens que depuis ou jufqu'ù nui (g), ç'eft-à-dire depuis yng-
tekoung jufqu'à Joui-pin.
Figure 8. Le koung écrit au centre de la figure eft le nom du pre-
mier des tons. Ce ton, donné parle hoang-tchoung le premier des
douze lu, en cenfé le principe & le générateur de tous les autres tons.
J'avertis ici afin qu'on ne diie pas que j'explique le iyiïême chinois
à ma manière & non pas tel qu'il eft, que je traduis tous les caractè-
res ( ceux de la planche chinoife ) auiïï littéralement qu'il m'eft poiîi-
ble (A). Le Lefteur fuppléera de lui-même à l'exprefîîon, & fubftituera
la véritable à celle qui pourroit lui paraître barbare.
(/) Noms des canfteres cycliques lin-tchoung on lit S en b.is il faut 6 en
qui répondent au premier lu & au hxieme. haut ;3.a\ c;iles n°. 10, n.i:i-lut & n°. 12,
Voyez l'exemple qui termine l'explica- yng-tchûurrg, on lit S ( tv; /«/)
il faut 6.
tion de la figure 1 page précédente. Les planches chinoifes, comme nous
(?) Caractères cycliques qui répon- l'avons dit, portent les mêmes fautes,
dant au Septième /u &au douzième. Voyez excepté qu'à 1;: qui répond à hn-
café 8
l'exemple' de la page précédente. tchou/ig des deux caractères qui défignenr
Les carafteres cycliques & les lu étant S en h.iut il n'y a que le premier de fau-
intimement liés enfemble, dans le fyftè- tif il faut 6, au lieu de 8. La figure
me mufical les Chinois prennent indif- même nous a fervi à faire dans cette
féremment le nom de l'un, lequel que ce édition, les corrections que nous venons
foit, pour dèfigner l'autre. d'indiquer. Le Lecteur pourra lui-même
(/:) La traduction du P. Amiot eft les vérifier, en le iouvenain que Ven bas
exacle unis b planche chinoife eft fau- fe prend de droite h gnuch.- félon l'ordre
tive dans Se:- dci'.x exemplaires celui de des lu ( ou des chirtres ) & que l'en haut
la Bibliothèque du Roi, & celui de M. i
te prend de gauche droite, kion l'ordre
Bertin. A ia ccfe n°. 2 m- lit dans
lu on rétrograde des lu. Le premier ordre don-
l'un & l'autre exemplaire, S en haut il nant, à l'Européenne des quintes en
jaut 6, au Hiu de S! Aux cifes, n°. 4, montant, & l'ordre rétrograde donnant
kia-tckour.g n°, 6, tchoung lu nJ. 8, des quartes en defeendant.
Figure
Figure ci L'ordre des lu, dans cette figure, va de droite à gau-
che, comme on l'a vu à la figure 8 & commence de même au
caraûere cyclique tfie & au lu hoang-tchoung.
Les nombres qui, dans chaque café, font placés à gauche, 8c fous
lesquels font ecrits les noms des notes délignent la formation des Lu
i
par la progrefllon triple depuis jufqu'à 177 147 Les nombres placés
à droite favoir z 8 16 &c. font en progrefïïon double & cp3-"
druple, pour rapprocher les tons au moyen de leurs ottaves ( ).
Figure 10. Dans cette figure les deux lu du milieu, tclwung-lu &
joui-pin n'engendrent qu'en montant, parce que depuis tchoung-lu en
defeendant on ne trouve que fept lu au lieu de huit & qu'on n'en
trouve plus que fix, en defcendant depuis joui-pin. Or la génération
defcendante, comme on l'a vu fur la planche même fe faifant après
un intervalle de huit, on prend, pour ces deux lu, la génération mon-
tante, qui fe fait par un intervalle de fe.
Figure 12. a. Le ta-lu & le yng-tchoung foutiennent des deux côtés
le hoang-tchoung pour l'aider à marcher de droite à gauche ou de
gauche à droite fiûvant le befoin. C'eft par le moyen du ta-lu. que ce
fon fondamental produit le tay-tfou & que continuant cette marche
il produit les autres tons; &C c'eft par le moyen du yng-tchoung qu'il
fe reproduit lui-même.
Tous les tons de l'octave font formés de l'union de deux lu à l'ex-
ception du tché & de la reproduction du koung, qui font formés par le
concours de trois lu.
On appelle cette figure le hiuen-koung c'eft-à-dire la circulation
du koung.
Figure jj. Le tchoung-lu & le hn-tchoung dit le texte chinois fou-
tiennent hoang-tchoung par le milieu,
En comptant de droite à gauche, & de gauche à droite dans cette
figure, les tons s'engendrent de deux manières comme je l'explique
aux pages 1x5 126.
Outre les noms qu'on donne à cette double génération on l'appelle
encore l'ordre du milieu l'ordre moyen &c. parce que koung &£ tchoungf
en fe regardant dans la figure en occupent le milieu.

(;) Voyez à ce fnjet la note e de la feconde Obfçrvation page 19?,


Tome VL Gg
J-l : Ho.!r;i'iho;tf:i; dans celle ligure cl! U1 premier
ko.i ou hev.a:r.uuiue A.'iv/ il entendre lin-rehivi/t» en dcleciulanl c\'ll-
du
à-dnv en p.. liait! .m premier C> ilo 1 lK1\.ii;r.imnv; ki'ucu. C.eliu-ci enten-
dre en montant
en dciVcnd.mt r:i
.•, ->
les /.v ii.;cnciirs.
locond o i!u L0.1 Kie/s n isi />•/<>« entendre
lecond b du ko.i Louer: c\' ainli de lintc |)i.>in"

i-v /•.
vli'pi! '.•.• 1.0 !o.i ou lu'i;;raiiunc oiu'i-k't (c lil en mont.int
|Uk|ii .'i Ai'••
Liicvi^iYuniiH1
Â: le iit endelct'iul.uit, (.lc[nusrc!ioun>uj 111 t(ii Aon-y.

11 l'ciiiîto ik1 ù'[ .u'i'.u\i;i.>mciit une cclicllc île nos tons uls tjuc |i-
los .11 in.n\|i!cs il ti'ik1 île ehanue lis;nc il es lie\.ii.M\iniincs.
..
•.•
>i,' i. 1'. t et(e figure rc|)rctcntc l.i "^encrai ion îles par il'S
tioii.-c ko.i. Le [>ie!UÏer, ;ippol!J fou cv cjni coifel'poiul à l.i oiv/.icmo
luiu1, tii:eiuhe le premier i;i)ml)ro pail.iil, qui cl! 1. Ce nombre cn-
:e;:eiie le -.o. 1 .0 vlu hoiinfi-tclioitng va |iiic|ii'à tcliotini\-l» '1
pl.iee ..lu koa A:tv.- de l.i i|.i.urieme lu.ie qui en^emlrc les lix lijnics
ei'.t'.eres. C_. e!^ pour cette raikm qu'on lut a ili>nne le nom tle pi-hou
c'cù-.Vvlu'e. qui i\vivi la Jeux !\ui.uis J'unc forte pour /iti[/cr U ptijj'tgt
•v.v-w" O'.iïcr:.
Le k.0.1 Â.iv:/ Je l.i cinquième lune, entendre la ligne imparfaite
ou bniee de laquelle vient /oui-pin dont le ki va julqu'à la dixième
lune [i'a.:e du L0.1 koiw: d'où vient yrig-u-'i.mng qui entendre les iiv.
lignes bniees, appellces les imparfaites. 0a lui a donné le nom de
ho. c ell-à-dire j'ami Ls Jeux l\itc-tm d'une porte parce que tout
Cil complet alors.

f
F:ç.re Le. loix invariables & éternelles de la nature ayant fixe
iû pouces, la longueur du véritable lioan^-rchouns; \vs ci/tij to/is ionî
n.;r.i:\ l'.enicnt rormes par ce ho.i.ng-cchcung de la manière qui iuit.
I -v est deiignc par 1 il cil par un tuyau qui a iix pouces
de Icru.
Te'u- ei'î deligne par 1 il ei\ forme par un tuyau qui a fcpt pouces
ce !o:ic.
A.e eu dcii^né par 3 il eit formé par un tuyau qui a huit pouces
de ion..
ëil défîgné par 4 j il elt formé par un tuyau qui a neuf pouces
de kng.
Kotnig cft dôfigné par 5 il cil formé p.ir'.ii! luyrni qui a di1-. pouce.
de long.
Figure:; /o, 20. Les calculs qui concenvnt ce1; d'-ir-. limin. ont '!é
faits du teins des Mi/it> c'ifi-à-dire loir; la [Jyna'iie qui j^ouvi -.v;it
l'Empire immédiatenieiil av. m! 1rs Ta,
ire1. M.!iitenou>. qui i'<>nt
aujourd'hui iur le Trône. Voici l'évaluai ion 'e1; nr-ure, (Ion; on
fuppofe qu'on devra faire iii'aijc.
E VA I. VA des mcp.:es pour
T ION ['. l'y! I. U A VI r! ,!c, nicf/irc-: /im:i
O

la dctxrmiiulltuji de Faire des 5 lu /il dîlcriituiiiihm de Ui di/'iii/c de;


fi~ruv rJ. lu fi:;i'rc -la.
100 lion, font un Jic. iooo hou (ont (m /.}j.
ïoo f'ii (ont un /w. 1000 (ce lonl 11:1 luui.
100 /;ao font un /> I coo (ont un /y.
100
100
ly font
j'en font
un
un
/cv/.
/?. 1000 ly (ont un
IOOO fen font un
/t-
//«/
100 {/« font un /c//J. ] 000 r/u/i f < j 1 1 1 un /(.7/J.
ÏOO /f/u' font un l.chiiriy;. i 000 /c/k tunt un iduin'j.

TROISIEME PARTI E.
X1 1 CV re 1.
voit dans cette figure, comment koim<> engendre
On
tcké, c'eft-à-dirc comment de kniur;^ principe des autr_s rons on
paffe à tché ou de r à 3 comment de relié on nafie à cha/i^, ou de
3 à 9 de cluwg 9 àj« 17 & de yu 27 à khi 81 ce cp.ii ir.et fous lt.ï
yeux la progreffion triple 1 3 9 17 8 1 & !aférié de onionnan-
ces /ii nt.jbl.ru la de laquelle le forme In cornîjinaifwn deo ions rappro-
chés, fd fol. la tu n ou kounv cluing /c;o tché yu qui tormer.t Î;ï
cinq tons des Chinois.
Figure 9. Cette figure repréfente le premier vers de rHynric; en
l'honneur des Ancêtres noté à la manière des Ar.cic-r.s Chinois (£)•
(k) Cet Hymne ainfinoti, comprend joignons :i l'oxpllcitlon fucclnre du P.
3.4 planches cluns le mnnnfcrit C.v. P. Am:.c;r l.i i-JLw-- plancha c;:i! préi"e::rs le
Amiot, c'eft-à-(!irc depuis le numéro')~7
;u("qu' 32 chavjiic [j'ianche ne préion-
r:j;i; vers
Lv-u. u:ie idée
pouveût do:i::e.- 2
m-
fnff:f?.:i:s d; !a
tant qu'uu fcul vers du quatre fyliabcs ou c!c norer d;s :cien5 Ch:uis. D'âlïj;
mots chinois. Nous avons cru qu'au nous prifcntor.5 deux ob;î:s de p'us c:s
moyen des dcveloppemetis qv:e nous cette ngure en metisnt dans !e5 qui::ijj
Gg4
Les lu ecrits comme ils le font dans cette forte d'échelle chroraatL«
que font eux-mêmes les notes muficales.
La première note de chaque portion de chant, efl: toujours jointe
à un lu au moyen d'une petite ligne horizontale. De cette note aux
fuivantes il n'y a qu'a fuivre la ligne tracée d'un quarré ù l'autre.
Dans les quarrés à droite, font en caractères chinois les paroles
de l'Hymne fee hoang fien (fou, qui forment le premier vers chaque
mot dans l'écriture chinoife, étant exprimé par un caractère & c'eft
en cela que conlifle cette ancienne manière de noter les fous ou
pour mieux dire, d'indiquer le ton qui répond à une fyllabe car ce
n'eil pas proprement la note qu'on écrit ici fur la parole c'efl au
contraire la parole qu'il faut écrire à côté de la note.
J'ai ajouté à gauche, dans les quarrés correfpondans à ceux des
paroles les notes chinoifes modernes. Ainfi les quatre notes que pré-
fente cette figure & qui répondent aux lu hoang-tchoung lin-tchoung
&c. font koung teke ho koung ielon les Anciens &C ho, tchj
y ho félon les modernes c'eft-à-dire ,fa ut la fa.
Cet Hymne eil dans la modulation koung & n'a pour elémens que
les cinq tons des Chinois fa fol la ut rz fans qu'on y ait fait ufage
des deux pien mi &?(/).
Figure 36'. Le tambour tao-kou eil placé contre le king dans cette
figure, parce que c'eft ordinairement celui qui joue du king qui efl
chargé du tao-kou. Avec cet infiniment il donne d'abord le lignai pour
faire commencer le chant, il pane enfuite au king fur lequel il fait fa
partie avec les autres.
Figure j<?. Ces deux joueurs d'inflrumens l'un duché, l'autre du
po-fau font placés enfemble dans cette figure parce que ces deux
inftrumens accompagnent les voix & qu'ils lonî regardés comme les

à droite & à gauche les carafteres qui ccîonuc des lu il eft aife de fe figurer
leur correfponcleiTt dans la planche cln- que la
planche chinoife porte dans les
noife, au lieu des mots fee hoap.g, &c. mîmes places ou ils font écrits les cara-
& /u, ta'ié Sic. que porte amplement,1 tteres qui (e lifem hoang-Lchoung ta-
dans ces méme^ quarrôs la planche ira- lu tay-tfou &c.
iluite par le P. Amiot. On aura ainii fous (l)
On trouve cet Hymne, noté à
une même figure, le texte original & fa l'Européenne, dans le Supplément à Far'
traduction tant pour les paroles que pour tkle 3 page 184,
les fioles modernes. A l'égard de la
plus effentiels pour l'exécution de la mufique à la manière des An-
ciens ('«)•
Ceux qui jouent de ces inftrumens font repréfentés en aveugles
parce que l'ancienne tradition eft que c'etoient des aveugles qui etoient
les Muficiens dans les premiers liecles de la Monarchie. Le Prince
Tfaï-yu trouve la fource de cette tradition dans l'arention avec laquelle
les anciens Muficiens jouoient de leurs inftrumens. Ils fermaient Us
yeux, dit-il, pour empêcher qu aucun objet ni pût les dijlraiu 5
dt-là
COlîclut-il eft venu le nom d'aveugles qiion leur <z donné.
Figure 39. Cette figure repréfente l'arrangement des Muficiens dans
le tay-miao ou grande falle c'eft-à-dire celle des cérémonies reli-
1
gieufes.
Au fond du côté du midi,' eft la table des parfums, placée devant
la repréfentation des Ancêtres.
A droite c'eft-à-dire, du côté du couchant font rangés par ordre
<i ceux qui frappent fur la cloche b ceux qui battent la mefure c
les joueurs de la ÛCitefïœo d, les joueurs de chang.
A gauche du côté de l'orient, font dans le même ordre e, ceux
qui battent furie tambour; les joueurs du tao-kou g les joueurs
du koan; h, les joueurs du ty.
Figure 40 a. Les divifions qui font marquées fur la circonférence
de cette figure, divifée en Z4 points, désignent les pas de ceux qui
font les évolutions en chantant, c'eft-à-dire des danfeurs. Les chiffres
înferits dans les ronds de l'intérieur de la figure défignent les dan-
feurs de chaque rang, & les points où ils doivent fe placer pour fe
combiner entr'eux. En attendant le F'ds du Cid (l'Empereur ) ils font
rangés comme le défignent les chiffres. Lorfque le Fils du Ciel eft
arrivé devant la table des parfums ils fe rangent comme on le verra
dans la figure fuivante.
A & B font ici les places des porte-étendards.
Figure 40 b, Les danfeurs pendant la cérémonie en l'honneur des
Ancêtres te combinent de trente-deux manières différentes &

{m) Le cht Contient la voix des chan- fnire entendre qu'un fciû fon il ne pe-.iî
teurs & leur fournit le
l'inioiiacion être regardé cumins ifjln'.id pour l'exécu-
pa-fou les dirige pour le mouvement & tion de l.i nmjiquz (nf: l'c^ard de 'a l'no-
la mefure. Car ce taraboiir ue pouvant fure, qui efî en eiiît l'aine de la millions.
iwinn'iït à chaque évolution, ou coinbirl.:i'.o[i des altitudes C|ui
expriment ce que l'on eh. mie.
Cette heure reprcleate l:i première c omlunailon c\ exprime le
premier vers vie
à-d'uv
On
io-i'.nu /
l'H\ mne note .1 la ligure
/v-v/c w; 6 mts Auux.
9 :.Av
].:(.
l-'t'.i/ f^ rj°" •> C'eil-
peut le l'aire une idée des autres continuations lur eélle-u.

/7. ..V.( Exf>!ii'it':O!:s.

A V E R T 1 S S E M E N T.
iS o i' s vivons promis à la note /• île ces explications, p:i£. izt do

l'aire eonnoitre à quelle clalle de pierres peut appartenir celle dont


les Chinois t'ont leurs A.1;; ordiiKiires. oiei le relultat des expériences
Lûtes p.ir M. le Duc de _Ch, mines lur un king du Cabinet de M.
Bcrtii. ( :).
A N A L Y S E C II M 1 Q U E 1

Dj L: Pwrrc noire des King Chinois,


On a elemLiiulo A l'Académie des Sciences, à M. Rome Delille &
pluiiei'.rs autres S.iw.ns mméralogilles s'ils connoilloient la Pierre
noire des \c ils o;u répondu par le partage de Pline cité dans le
D:cV,onn;ire de Bom.ire dar.s Boece de Bott, dans Linticus (*), &
on: :|ou:eq;;e M. Andetïon parloir, dans ion Hiltoire naturelle d'Iflan-
de d'ur.e pierre bleuâtre es." très-lbnore. Comme la pierre noire des
Chinois devie;it bleuâtre quand on la lime, c'eil \"r;îiiemî)lablcment la
ir.èrr.e ;ucun de ceux qu'on a coniulr.es d'ailleurs ne l\t\'oit vue.

(-) Avar: d'cr.rrer dans le détail de tin, des morceaux de cet albâtre figurés
comme les kir.g de pierre noire on
le Dv;;ob'crv; eue !;s Chinois ront r.i:;Vi annonce comrîic lor.ores, iïi;us qui ne
ci» •.– c; Lrvi-.a1,, qui riiiùiùer.: t:ci-
b. pieire de don: les Chinois font
i ïj.-i-3r\ d" !e Csbireî de (
h 1; S:j:ai:e du Roi;
d,
M. de
qu'ils em-
auiïi des !J"c
autre c!:cie qu'une agathe.
oyez pag. 40) n'efîri

& çu' ;• v;r.ù ce !>f Cnir.e à M. Ber- nâiicn de jr.xum tinn'uans.


(") A l'article /vi'W! fous la dénomi-
Voici le pafiage de Pline Ciilcoplionos ni»i\t cjl O itlifu ans linni-
lum iwlrht.
La Pierre des Chiiiois reuVmLle enliéivmcnl :ui premier couu-
Ô'ol'ÎI i >'" marbre noir, & e(l calcaire comme lui, ni.ir, le marbre
ordinairement n'cil" point lonore. Elle riflemble cj'alciiieut pour fou
extérieur, ta pierre de touche, qui ci! un bai Ite &c au balalce
volcamcj'e inius ces deux pic-rres lonl df, vili"ific;it loir,.
,S;i rcdemlilariLe avec le niarbi'e noir m'a cni'Mi'c à faire le', exue-
rien ces coin |)arati veinent.t'.
Elle «Vil pas plio(|)horK|iie ni le marbre noir non plus.
Elle ne fait aucun effet fur le barreau lulpendu &i ne contient par
confisquent pas de fer, dans l'état inétallit|iie.
Lus cliflo'utsonr. dans les acides, éprouvés auparavant, pour voir
s'ils ne conteiioient pas de ter montrent par Talkali ])hlogifljquc
que la pierre en contient un indice.
Comme le marbre noir ne donnoiV point le même phénomène on
a examiné plus attentivement la pierre fonore à la loupe, OC un y a
découvert des points pyriteux auxquels on Tatti il.Hic-
DifToute d'ailleurs par les acides, vitnoiique mtreux & marin,
elle donne toujours les mêiaes phénomènes que le marbre noir elle
fait un magna orileàtre-( qui rt'eft qu'une chaux teinte par 11- bitume}
avec l'acide vitnolique, & laiiieen arnere une portion noire, mfolu-
ble dans les acides nitreux &C marin qui eft comme dans le marbre
noir un véritable bitume combulhble.
Le marbre noir Si la pierre ionorc calcinés deviennent entièrement
blancs, & donnent des chaux îres-vives ils perdent leur bitume p;.r
Faction du feu.
La pierre fonore paroît cependant contenir un peu moins de matic-re
phlogiflique ou colorante car les précipités par Falkaii fixe, font un
peu plus blancs ( & même bleuâtres) que ceiui du marbre noir.
Ellayée par Falkali volatil elle ne contient point de cuivre.
Les autres précipités par les différentes iubltanc.es donnent tcus
les mêmes apparences.

On en etok-là. de cette anaiyle, lorf qu'en prenant des infonr;or:s


chez les Marbriers ils ont dit Que le marbre blcu-ivciiin c:o:: rres-
fonore. On en a ciïcclivei-cnt vu de grandes :able;tes cui le :'om
beaucoup mais ayant fait faire un king avec ce marbre il n* avoir
point cette qualité. En eflayant des marbres noirs de Flandres on en
a enfin trouvé des morceaux qui ont beaucoup de ion & on en a fait
tailler un king, qui efl prcl'que aulii l'onore que ceux de la Chine.
Tout ceci met en état d'aflurer que les pierres des king ne font
autre chofe qu'un marbre noir entièrement compote des mêmes prin-
cipes que nos marbres mais que quelque différence dans l'organila-;
tion, rend plus ou moins Ibnores.
}W/nii-re P.irtïe
Afivnoffwr ./•• /) ( V/n>r. T.mi. I
!'m.~ l~~>m.~ ~·I ~s· ~rmÎ nt~lr·iwnlr: ~mlr.~ ~1 · .I'~ m ;.rm·~ ~i t'i>·mlilmm
r1r ~lm.r %imt~~ur.r~, ~r'l'wm-IW u, /·Yue-ISv
l'iniNi'ir J',tr/n-
.<< '< .r/(r/<\t (7u//(>r /“,“
/^<y>/t'.i ,•<(> tu1 i/tt'cr.r 'J'iiinbouf.r.
r-
//iy/tftv "<• l'iirlic
Aft'/HOt/W .>• A'.r (Vlttioui J,
/J/ct'/u- f/w/rutncnfj-.
r;
–––––~
Tu m ![!
/>,,•/>>''• J'.i'/tc
.('llll~llt:~ 1 1 !,““ 1 1 l'l
])ivi't\f ii/rwnù }.
'l,-ttiii'/e /< AIt'f/iowt',1 .rit/' ici ('/u/ioi-r. j;,r,(7.J' l'.
l~)llh'r Jji.rlru/ne/u(L. <
//ivwivi' /<<• !/)/< V.' /;> (7l//liHS.
/;
/)// >c/:r /i// /r/i
,V<V/«- l'if/ I,-
Mi/iti>(/t'.r ,i /<
!t', i /s/ y. /•
/.i.r </<>, t' I,u /{ </c//u />/<(/ (/<:r Ilia.
Il
iTetonde Jartze,, Afemoire^r j-u-r /,>
le^r C/linoÙ.
II;
Tom.T'I.Fl l'III,
y^t'c/ ^j- Hia r/M- ./tz grandeur /iaù</r//d
Snv/tJc Jhr/ie. Afenioiri\r
i
sur tt-d CJù/iour. Tom. yjj'x.
<fi/.rû'/ne Aliurical dc\r y/ae/J.
Seconde Jaràe.. Me/noired j-ur le-d CA/swîch Tom.VJ.I'Lx

For/nation dit Jyj'femc • deé d/iae/ia ,poitrla snoduialio/v de^> 3To/m


Ficure C. Planche X T.

LUS CINQ TONS, LES DEUX P1EN ET LES QUATRE-VINGT-QUATRE MODULATIONS.

"g-i~ir' Nota. Depuis le premier In de chaque colonne jnfcni'à In double ligne, font les In
:,»ciuitn moyens, dits naturels; & depuis certe double ligne en bas, l'ont les lu aigus.

Ta lu
Ta- lu. module en
Ko us g.
r.iv tfou 7ay 'fi"
module' en Tay tfou. module en
Chang. Koukg.

Kia-tchorsag,
Kia tchoung,

Kou li
Kia
module
en
Chang.
tchoung
en G.
Kia
tchoung.
K
Kou-fi
fc
Kia

o u k
module en
tchoung

g.
Kou-J:
module en Kou-fî. module en Kou-fi. module eu
Sic. Chang. KOUNG.

fz
Tcl:oun?-lu Tchoiwg-!u Tchoung-lu
Tcho-jng-h, module" en Tchoiwg-iu. module en Tchoung-lii. module en
K.IO. Cil AN G. KO UN G.
Joui ~pm Joui -pin Joui-pin
module en Joui -pin. module en Joui -pin. module en Joiû-pin.
Pilb-tch;. Kio. CHANG.
L:a -îchou.ig Lin [choiwg ¡ Lin-tchoun" Lin-tclwung
module en module en Lin- tchoung, module cri Lin tdwnng, module en
Te HÉ. PlEK-TCHÉ. KlO. C.HA.C.
y-tfè r-tfè T-tfê
Y -ifi. module en module en Y-tfl, module en Y-tfc.
TCHÉ. Pl£N-TCHt. KlO.
II -l"
A'
module en
1

-lu.
Nan- lu Non lu
In
Nar.-iu.
A' /“
Non module en module en module en
Y"- Tché. Pien-tchjé. Kio.
Ou-y Ou.yy~ Ou -yy
'-J*-y- module en Ou-y. module en module en Ou- y.
u. Tché. Pien-tché.
Y ng- tchoung
1 ng-t:hozng
n-;odii!c en
Pœk-îookc.
JYng-uhottng.
ng -lchoftt1g.
Y ns- tchoung
module en
YU.
en Yn%- tchoung.
aholll1g, module en
Tcn(:. V
Ynz

i
ichouttg
module en"
en -rcn±.
i.
I

Hoizr.g
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SECONDE 1~. PARTI E.
flp,-c Planche XII. r.

LES Cl.XQ TOXS LES DEUX PIEW ET LES QUATÏIE-VLXGT-QUATRE MODULATIONS.

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fdc'û/u/e Ill/é/c.
Jkfemo crcu- j-w les 6/u/u/ur. Tom. VI. Pi, XIII,
Génération di\r cloute. Lu, da/it 6 son/ Yane:, ou par/at/j,
et 6Yx\ ou utyiar/wf')
S E 0 O N D lî. A II T 1 !•
Florin- n a.1. |> A n c 11 V. x i v.
L e s d o u z ]; y; i/
CALCULAS PAR LES ANCIENS Cflf'NO !S.

1 lo.inj.^ -idioutij^ .~O')00.


H j[,

T.i-lu 76 fa y,_
T;iy-tlou 58000.
71
fil Y/
Kia-IcliDinii^ 68
/“.
36000.

Kou-fï 64 34000.

Tchoung-lu 60 Ui '#.

3 2.000.

Joui-pin 60000.
57
Lin-tchoung 54 57000.

V t(c
Nan-lu 48
54000.
1 ut
,-£y/.
5 1000.

Ou -y
Yng-tcliouny
4543 48000.

m\.
45000.
i-c.

43000.
Mcjurcs employées par les anaens Chinois dans le calcul
de leurs dou?e lu.
10 hou ibnt un /î;
– '– de Iiçne.
10 /t\- font un /'v;y _l_ do îi^nc.
10
10 iy
/<> ("ont !y li^ne.
tout un Jùfi ligne.
un de

10 jeu fout un 1 fu n pouce.


10 tj'un font un rdn- pied.
10 cc/u font un rc/u/in toile.
JWo/iJc Piir/tc /\4i>/riotrc<) ,r/ A\i C/u/lOl.t 'ivm.n.pl. xi:
l'or/nalw/i dco dm/?^i' Lu par lej /lû/i)O/v<r,
Seconde

Généra
Jhrtui
li on
i
JYIenioi/^e*ii

dos Tonj par


./y/ à\r ( Vii/ioù: Tout. VI. P/. XVI.

/cj i/tfervailcj de- Huit et de S ex,.


s r?co/ide Ihr/ie
/Pfenioirej sur /cr ù/u/-iot<s. Tv/n.ï<r.l>f,Xr/'JL
31tun harmonique J*ur /aoue/Zc on /ronce la circula/ion c/uJb/?
fo/i(/ame/zùz/ par cAacun dej rfoia^c, Lu
L. f*Modc,
jPieH-koune; KoulIg;-
porte mio'j'i 7~"
/i; nom Je IIc^
çu/ signifie
II" vK;
Tclie.
jVfocU'valeur
L &r/ notre
Vf:
iII1'. I~Ia clc~
Mi.
Change
<Sol
L^ W" Moc/e,,
Yu.
i'i'en-lcheP
yvrle ,mj\ri Rc
fe nom rie VïModc
1

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Trhoimg, Kio
i 7ari ,ry9~~`c
31fdiateur
Cej-t notre
Si. Ho.
;~i~l~lode,
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8. 7.
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-fc/wiwç.

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-icJwitny.- trôii.
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£foa/iy-
5,
Lin- Jouir- 7è/ioiuip Kou- À'uz- Tai/- 7\i
~pm -lu, tr/¡'J'O!{, -It"
~*n. évfitfu/uiï-i'j-OK-

Jny-
teAminx}. -fcîiouruf
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4.

Ou- i\ran
y. \u.
3. 2. 1.
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Ta- Tfoa/iq- y^i^- Ou~~ JVuji- J- Lin– Joui- TcAounÀ Keu-\J±ta- j l'ay-
i Ilit-Cu. frJmur~,
éc/iûusiû. tma, ~u. -(u.lu-f.rc'.
fchoun~
-fc/ta ~l,re'It·lz<zrutq. -Friz. _~u,
\tefwttatf- -rai ~/u z~^i • '-frAouru?, -t.fc~>t<- ~II,
~frwarty-to'czrr, Ji-1

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\-t<rè*. VfrÀ0T£/2$, -ptn
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Jiccz- 3hi/-
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Joui- fàAûtmy.
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-lit- –Àj'ff- -ic/wtUlf –jpi/l. ~/u. ~<fl- -t-J'Oli. -LU-
^tCJlOWl()*-u.'flO!(7Ui
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JCou- -tcÀoiuiq.-tj'ûH. Tu-
-lu $oa/u?- Ynq- Ou-
-fr/wTenqVfcAottnq.
-ViV?- J}
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l Lm j Joat-
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Afe/noircj ouïr lej L 7unoi',r. T,»>r/.li,Xf
l\'ca/i <i& riutic
Circu/atwii (/il. Kovng
Aïc'}<nn\i J'/t/- A'j CVu/MAf.
SiWiii/e Jhrhi' lom. FJ P/. XIX.

Ge/ieral/on cZCJ l ~ll ~l)cll' lc~J Ko a


Seconde Jgrâe 7kfemotrej- tntr /&/ C/unou Tom.Vl.Pl. XX.
.
yiccorcv d/xr Nombres Pairs et Iinpatrj,
it comoinauion des cc*r ma/nej /lombrej vous* produire /es ct/ia Tû/i,f
SECONDE PARTIE.
/•;««« iS. Planche xxi.

LES DOUZE LU
CALCULÉS PLUS EN DÉTAIL
PAR LES CHINOIS MODERNES.

Hoang-tchoung
Ta-lu
Kouxc .fa 10,000, oco,ooo.
9,438,704,312.

la
Tay-tfou
Kia-tchoung
Kou-fi.
Tchoung-lu
Joui-pin
Chang

Kio
fol 8,908,908,718.
Z

8,408,906,415.
7,937,000,525.
7,491,503,538.
Pien-tciiÉ..Jl 7,071,006,781.
Lin-tchoung TcHÉ ut 6,674,109,927.
Y-tiê 6,299,600,524.
Ntin-lu Yu re 5,946,003,557.
Ou-y 5,612,301,024.
Yng-tchoung PiEN-KOUXG. mi 5,297,301,547.

J'ai ajoute les tons chinois qui répondent aux lu, 8c


les tons européens qui répondent aux tens chinois, n ai
qu'on pût voir d'un coup-d'ceii fi les tons s'accordent
avec les nombres.
Tout ce calcul cil fondé iur la iuppofition que le
pied, qui donne la longueur du haanv- tchouns; eit
divifé en dix pouces, le pouce en dix lignes, les lignes
en dix autres parties ôvc.
SECONDE PARTIE.
Figure ic;. Plakcht. xxîi.

AIRE DES D OUZE L U


CfILCULLL' P~1P Li S C~/A'0/~ 7tjf073~7?A'S.
t~

Ta-lu
NOMS DES S L U. AIR E D E S s- U

feu. /y. h.iu. ftc.


C. hou.
Hoang-tchoung
8. T 9. 82. 9. 27, 51.

Tay-tfou
Kou-fi
9- 2.6. 97. 21. 20.

Kia-tchoung 8.
74-
25,
94-
83.
îi-
83. 74.
71-

Tchoung-lu
Joui -pin 7- 79-
7. 35. 73.
4&- 75- 3 3-
82. 59.

Lin-tchoimg 6. 94. 44. 44.


8i.
44-

Ou-y 5-y
6. 46-

N<m-lu
Y-tfô 6.
55.
18.
83.
67.
95.
96.
58.
72.
65.
43.
Yng-tchoung )•
51.
10.
18.
24.
9.
55.
20.
12.

Figure 20.

CAPACITÉ DES DOUZE LU


CALCULE E PAR LES CHINOIS MODERNES.

Noms DES lu. Capacité DES LU.

Ta"lu
Hoang-tchounc;
fin.
982. 92.
874- 945-
ly. h.10.
751-
J73-
fei.
647.
)3g-
hou.
982.I.
IO9-

Kou-fi
Tay-tfou
Kia-tchoung
779. 487.
694. 444. 444.
533. 548.
444.
175.
444.

ï-tft
Tchoung-lu 618. 679. 665. 375. 135.
Joui -pin
Lin-tchoung
551,
49 1.
18. 925.
46, 37)-
821.
823.
291.
991.

Ou-y 437. 472. 586. 769. 53.


389- 743- 766. 774- 87.
Nan-lu 347- 222. 222. 222. 222.
309. 339. 832. 687. 617.
Yng-tchoung 275. 590. 460. 411. 145
Seconde ihf/ïe
Afcmoz/TJ' j'W /ej C/unv/.r
Toin.yj.l'I.XXin.

Lu -rciiïJN, c/a Jhwcc T.sai-yu.


Seco/tck Jhràe
Mémo iras j-ur led C/ii/ioi\r. Tom.T7Jp/.XKni.

Lu- ï'c hun, du JFhmce, T sai yu


jMcmoà~e</ j~ur £e<i CÂénolr.
Troosùjne' Partie Tom.vi,iHjocry-
Génératwn de^r cùia To/ztcS).
TreztTzerrLe Partie.
jMemocred
sur le<r C/iuiour. Tom.FI.Pl.XXr.
LeJ caia tond et le<r deuœ, Pirn
JlfodiJation en Koxine:
^_j
TROISIEME PARTIE.
Figures f,4, Sv, PLANCHE XXVI,
tig. ?. Fig- 4- F'g. f. fi£- 6- F'g- 7- f'g- S-

tES MODULATION MODULATION TCJ!ï,


MODULATION MODULATION MODULATION MODULATION |
FIGURE 2. CINQ TONS
£ i; E

|I ]
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EN £g N K EN f,
R É
B E. t
D^JX"^V
& T E E.
1PET PlF`Y. l'IICIIAN0.1.
C.l~IP7G, KIO,:J.
IL:O, 4. TCJIÈ.4. M',
YIi, t.
S. PIÏN-KCVXC
PILW-f`C;Lr:C:. FlfS-TCHÉ.
1'iFV_TC'Fte.

TAoung-lu.
DEUX
__––––––––– –––––––––––Il –––––––––– –––––––––– ––––––––––1 1-- Picu-tM. Pn-n-kcu,:r.
la «.
K°"-û- "ëî^g. Koung.
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Tu. Tdi.
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KIO.
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iiia-tr:laoting. I Piu.-f,c:r:y. Pi.er:-tc':d. Xio.


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Yu. Pial-'d. Kw. CLir;. TM.
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KouKG, f!

KOl/P(; Peen-reds,

'1 ng-tc7:.oung. ~-`-


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Y: Tc,c'. Kéo. G:rr: t
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4- Piera-rela.
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Trois Lem&J'ar/ie-
JHemoir&f <rur les C/tâiaùc^
Toim. VLPl, XX PU,
Chant du. premier verj- de l'Hymne, en ITwnneur des^încelrcj-
jHôdulaào/i, e/v Koxrnjr
uMemoirej <rur /cj C/iuwùc
Trûuneme J\irtic Tom. n.PJ.XXrm.
–i
^/otteu/'j' eût King^ du C]ie et du Po-fbn.
_Memow&s j"ut~ /e<t CAinoéj'.
Trowi&ne, Partie
~– ~t
Torrv.VI.lH.XXlX
^Arrangementdos Musiciens pour ùz Cérémonie en l'àonneitr
d&s_s4nce£re<t dcuu le Tay-miao
Troisième!J}arci&
Afemoù^&J jar les CAowcs. T<mt,.P7.Pl.XXX.
sîfrranaement de* JDarureww chantant l'Hymnes
OBJETS
CONTENUS DANS CE MÉMOIRE.

P R E M I E R E PARTIE.
Des huit SORTES de sons.
J% RTICLE
PREMIER. Du fon en général. page ij.
ART. II. Du fon de la peau. 3 ?•
ART. III. Du fon de la pierre. 39-
ART. IV. Du fon du métal. 43-
ART. V. Du fon de la terre cuite, 49-
ART. VI. Du fon de la foie. 5 1-
ART. VII. Du fon du bois. 6i.
ART. VIII. Du fon du Bambou. 63.
ART. IX. Du fon de la calebaffe. 78.

SECONDE PARTIE.
D E s Lu.
ART. I. Des Lu en général. 8).
ART. II. Des Lu en particulier. 95.
ART. III. Dimenfions des Lu. 99.
ART. IV. Formation du fyflême mufical des Chinois; m.
ART. V. Génération des Lu. 1 16.
ART. VI. De la circulation du fon fondamental. 124.
ART. VII. Génération des Lu par les deux koa kien & kouen. 1 17.
ART. VIII. Génération des Lu par les quatre koa, kien & kouen, ki-ki
& ouei-ki. 13 i-·
'Art. IX. Génération des Lu par les lignes des hexagrammes qui com-
pofent douze koa. 133.
ART. X. Génération des Lu par les nombres. 135-
ART. XI. Génération des Lu par les nombres, à la maniere des anciens
Chinois, depuis Hoang-ty jufqu'aux Han. 141.
ART. XII. Dimenfions des Lu calculés plus rigoureufement par les
Chinois modernes. 147-
'_H' _U. -1-
ART. XIII. Manière d'eprouver les Lu.
Tome FI.
.T" _1 _no Tir h
H
rT <1
149.
TROISIEME PARTIE.
D Es TONS.
ART. I. Ce que les Chinois entendent par Ton. 157;
ART. IL Des fept principes. 160.
ART. III. Si les Chinois connoiffent ou ont connu anciennement, ce
que nous appellons Contre-point. 164.
ART. IV. Maniere dont les Anciens accordaient le kin à cinq ou à
fept cordes. 168.
Conclusion. 172.
Hymne Chinois en l'honneur des Ancêtres. 176.

O B S E R va tion s fur quelques points de la Doctrint des Chinois.


Premiere Obfervation. 186.
Seconde Obfervation. 190.
Troifieme Obfervation. 201.
Quatrième Obfervation, .212.
TABLE DES MATIERES.
A
Accord du kin à cinq cordes page 168 du kin à fept cordes,
page 169.
Apotome ou demi-ton chromatique. Ce demi-ton eft comme d'un
fon quelconque à fon diefe ou à fon bémol; d'/w, par exemple à
ut-diefe défi s.fi-bémol &c. Voyez l'exemple de la page 2.03 oit les
apotomes font marqués par a. Cet intervalle que les Européens en
partant de leurs fauflbs proportions, appellent demi-ton mineur eft
plus grand que le demi-ton diatonique, 103 & note y pag. 2.1 1 où
cela eft démontré. Voyez limma.
B
Bambou. Sorte de rofeau dont les Chinois font des inftrumens à
vent. Les Instituteurs des principes de la Mufique, opèrent fur des
tuyaux de bambou, 64, 86; les douze fons fondamentaux, appellés lu,
font rendus par des tuyaux de bambou, 6 5 66 ioo.
c
Calcophonos. Pierre au fon d'airain dont parle Pline x x 1
Cakhaffi employée pour former l'inilrument nommé cheng 78.
Voyez cheng.
Cliang. Le fecond des cinq tons des Chinois. Ce ton peut répondre
à ce que nous appellerions fecond degré, dans une gamme. Voyez,
l'exemple de la page 1 14 & celui de la note o pag. 208.
.Chao. Voyez demi-ton.
CM. Infiniment à cordes ,54.
Cheng. Inftrument à tuyaux de bambou, fur un fond de calebaffe
78 & filiv. Ordre & accord des tuyaux des différentes fortes de cheag, t
219, 230, 231.
Cheng-king. Pierre fonore ifolée', 41 & azi.
Chou. Sorte de gros millet; 88. Grains de chou, rangés l'un contre
l'autre de deux manieres pour mefurer la longueur du tuyau qui
donne le fon primitif, 89 les mêmes grains employés pour mefurer
le diametre du même tuyau, & pour régler les poids & les mefures,
90 & fuiv.
Complémcns. Les fons que les Chinois appellent complimens font au
nombre de cinq; favoir }fa% ut% fol% re%. Ia% ce font les fons
Hh
111_ L ij
TABLE
iiltérietirs ajoutés aux fept principes, c'eft-à-dire, aux fept fons fonda-
mentaux primitifs fa ut fol re la. mi fi, que les Chinois appellent les
fept principes 163.
D
Danses. Elles accompagnent le chant, chez les Chinois, & les
attitudes ou les différentes evolutions des Danfeurs doivent dire aux
yeux, ce que les voix & les inftrumens difent en même tems aux
oreilles, 166, 177.
Demi-ton. Ce que nous appellons demi-ton fe nomme ckao chez
les Chinois, qui fignifie moindre petit &c. 55 dans les notes. Cet
intervalle ne doit pas être confidéré comme une moitié de ton l'oftave
divifée en douze demi-tons qu'on iuppoferoit egaux entr'eux ne
préfenteroit qu'un chant factice qui ne feroit, dans le fond que
l'action de détonner dans l'un ou l'autre fyftême de demi-tons mufi-
caux, le majeur & le mineur, 65 2.0Z 203 & fuiv. Quelques per-
fonnes appellent le mi & le fi des demi-tons; on pourroit, d'après leurs
mêmes idées leur foutenir que le mi eft un ton & l'ut un demi-
ton, &c. 87 note b.
D'un Son donné à ton o£tave il y a douze demi-tons, dont fept
font appellés diatoniques ou limma, & cinq chromatiques ou apo-
tome 201. Dans quels rapports font ces deux fortes de demi-tons, 103
Les demi-tons ne fauroient être regardés comme les premiers élémens
de la génération des fons 193. La fuppofition que les lniiituteurs des
principes de la Mufique aient d'abord commencé à divifer l'oftave en
douze demi-tons eil bien plutôt une idée des modernes que le pro-
cédé des Anciens. Raifons qui empêchent de faire cette fuppofition
65 note s. Comment les Chinois poftérieurs aux Inilituteurs, ont
pu être conduits à faire correfpondre des demi-tons à l'ordre primitif
.des lu, ç>f à la note, & 194, 195. Douze demi-tons ne peuvent
fournir douze modulations différentes 203 C'efl pour s'être reftraints
à douze lu déterminés que les Chinois modernes ont eté forcés d'en
altérer la proportion afin qu'ils purTent fervir indifféremment de
limma & d'apotome dans les douze modulations qu'ils vouloient tirer
de leurs lu 204. Moyen d'obtenir douze modulations fans dénaturer
les lu, 104; en quoi confifte ce moyen, ao6 texte du Toung-tkn
qui confirme la doûrine que dou^e la ne peuvent fournir douce modula-1
tions, 107; développement de ce texte, 209.
Duplication du cube. Les Chinois fe font occupés à trouver des
méthodes pour la duplication du cube, afin de pouvoir mefurer ex.nfte-
ment le folide d'un lu quelconque, & affigner ainfi les dimenfions de
divers lu, 147 148.
E
E C H E L L E. Comment on fuppofe que les anciens Chinois for-
merent leur echelle de cinq tons, m.
Une férie de confonnances
donne d'une maniere plus fimple & les cinq tons des Chinois, &
le fyftême des Grecs & la gamme de Gui d'Arezzo & l'echelle d'ut
des Européens, & leur echelle defcendante du mode mineur de la
Ibid. note o. Cette méthode eft la même que celle qu'ont employée les
anciens Chinois, pour la génération de leurs cinq tous, par les cinq
premiers termes de la progreffion triple c'eft-à-dire par les confon-
nances, 158. Voyez la figure citée en cet endroit, qui préfente aux
yeux cette génération.
F
Frj ction s.
La méthode de négliger les fractions dans le calcul
des fons eft plutôt un vice qu'une règle, 145 à la note. Erreurs qui
réfultent de ce vice, 186. Moyen d'éviter les fradions, même en pre-
nant la progreffion triple dans un fens rétrograde felon la manière
des Chinois modernes, 187, 188. Les Inftituteurs de la progreffion
triple ont dû la prendre dans fon fens naturel c'eft-à-dire en faifant
correfpondre le premier terme à l'unité & appliquant, à chaque ter-
me, des confonnances defcendantes 190 confirmation de cette idée
par l'exemple de la figure i de la premiere Partie ou les nombres qui
répondent aux cinq tons ont, pour radicaux les cinq termes 1 3
9 2.7 8 1 repréfentant les confonnances defcendantes la re, fol ut fa
page 219.
G
( Le P. ) G AU Si L engage M. Amiot à faire une étude de la Mufi-
que des Chinois 3
Génération des cinq tons, & des deux/>àvz par des quintes en mon-
tant, depuis fa, ou par des quartes, depuis fi, 126.
Génération des lu par les koa, 127 & fuivantes.
La génération defcendante des Chinois eft une fuccefîion de fons en
montant; & leur génération montante une fucceiîion de fons qui
descendent, 121, 143, dans les notes. Exemple pour faciliter l'intel-
ligence de ces deux fortes de générations ,119, note x.
H
Harmonie, Les Chinois ne connoiffent point notre harmonie,
prife dans le fens d'accords, de contre-point^ mais tout eft harmonie
dans leur mufique 165 & fuivantes. Le feul affemblage de fons difto-
rens que connoiffent les Chinois confifte à pincer deux cordes et la
quinte ou à la quarte l'une de l'autre fur le km & fur le chê lorique
ces inflrumens accompagnent la voix, 171 183,
Heures. Correfpondance des lu aux douze heures chinoifes 2.3 1.
Hiuen. Infiniment à vent, de terre cuite 51.
Hiutn-kou. Tambour en ufage fous la Dynaflie des Tcheou 37.
Ho. Nom du pien-koung, ou feptieme degré, 125. Voyez l'exemple
de la page 114.
Hoai-nan-tfee. Auteur qui a ecrit fur la Mufique avant l'ere chré-
tienne. Il etoit Roi de Hoai-nan ,118, note s. Paflage de cet illuftre
Auteur, touchant la génération des lu & leurs proportions 1 1 8 6c
fitivantes. Ce qu'on doit penfer de la doctrine de ce favant Prince
120, à la note & a 18.donné
Hoang-tchoung. Nom au tuyau qui rend le fon fondamental,
fur lequel tout le fyftême des fons eft établi 89 ce que finifie ce
mot lhid. Le hoang-tchoung eft le premier des douze lu & tient le
premier rang dans la claffe des lu dits yang; il répond à la onzieme
lune par laquelle commence l'année civile, & au caractère cyclique
tfee 96 & 231. La longueur du tuyau qui donne le ton de hoang-
tchoung & fa capacité, ont fervi à fixer les poids & les mefures,
9°Hymne chinois en l'honneur des Ancêtres
» 9I-
176; noté à notre ma-
niere, 184 v traduction de cet Hymne 179 ce qui s'obferve lorsqu'on
chante cet Hymne dans la falle des Ancêtres 177 178 & fuivantes
comment les inflrumens accompagnent cet Hymne 182, 183.
I
Impairs. Les nombres impairs font yang. Voyez Pairs.
J
Jou i-PlN. Son fondamental, le feptieme dans l'ordre des lu, &
le quatrieme des yang-lu, répond à la cinquieme lune & au caraftere
cyclique Ou, 97 & 23 r.
K
KI 1 a-t c h ou N Son fondamental, le quatrieme dans l'ordre des
G.
lu, & le fecond des yn-lu répond à la féconde lune & au caraûere
cyclique mao 98 & 23 1.
Kieou. Nom qu'on donnoit anciennement à Pinftrument de pierres
fonores, appelle aujourd'hui king, 40.
Kin. Infiniment à cordes, 53 & fuivantes. Antiquité de cet infini-
ment, 56 comment il s'accorde, voyez accord.
Ring. Infiniment de pierres fonores 40 & fuivantes.
Rln-kou. Tambour à-peu-près femblable au tfou-kou des hia 3 8.
Kio. Le troilieme des cinq tons des Chinois. Ce ton peut répondre
à ce que nous appellerions troi/îeme degré. Voyez l'exemple de la page
1 14 & celui de la note o, page 208.
Klun. Ce mot peut répondre à ce que nous nommons octave, avec
la différence qu'il faut iuppofer cette oftave divifée en douze demi-
tons, 58. Le kiun eft proprement l'affemblage de treize fons à un
demi-ton l'un de l'autre, Ibid. à la note. [Du refte nous prenons ici ce
mot dans le fens qu'il efl employé par M. Amiot, d'après les Auteurs
chinois qu'il a fuivis. Peut-être ne doit-on concevoir par kiun que
l'affemblage de douze fons le treizieme qui eft l'oftave du premier,
pouvant être regardé comme recommençant un autre kiun. L'infpe&ion
des planches 4, b 5 ,a&c b 6 & 7 peut appuyer cette idée. ]
Koa. Les koa font des fignes d'inflittition qui ne confiftent qu'en de
fimples lignes ou barres, foit entieres, foit brifées, 128. Il y a des
koa trigrammes c'eft-à-dire compofés de trois lignes ( Voyez note b
page 29 ) & des koa hexagrammes compofés de fix lignes 1 18. Les
Chinois fe fervent de ces différens koa pour exprimer foit la géné-
ration des fons pag. 128 & fuivantes, foit leur fucceffion par demi-
tons, 131 132. 133 & 134.
Koa/2-tfe.s. Infiniment à tuyaux de bambou, 63 & fitiv.
Koung. Nom donné au fon primitif fur lequel efl fondé tout le fyftê-
me mufical, 89 ce que lignifie ce mot, Ibid. Le ton koung efl le pre-
mier des cinq tons des chinois &c peut répondre à ce que nous appelle-
rions premier degré. Voyez l'exemple page 1 14 & celui de la note 0
page 208.
K011.-JI. Son fondamental, le cinquieme dans l'ordre des lu & le
troifieme des yang-iu répond à la troisième lune & aucaraftere cycli-
que tchen, 97 & 231.
Kou-yo-klng-rchoue.i. Ouvrage de Ly-koang-ty traduit par M.
Amiot 5.
L
Li m ma ou demi-ton diatonique. Ce demi-ton fe rencontre entre
deux degrés différens, comme de Jî à ut de mi à fa, de ta à fi-bêmol
&c. à la différence de l'apotome qui ne parcourt aucun intervalle
& ne peut former ce qu'on appelle une fe coude mineure. Voyez l'exemple
de la page 203 011 les limma font marqués par Les Européens
depuis les ecrits de Zarlin, appellent cet intervalle, demi-ton majeur;
cette dénomination annonce plus d'une abfurdité dans leur fyflême
le limma efl moindre que l'apotome, ou demi-ton chromatique voyez
note y page ni oit cela eft démontré.
Lyng-Lun. Inftituîeur des principes de la Mufique fous Hoang-ty
l'an 2637 avant l'ère chrétienne 77 il opere fur des tuyaux de bam-
bou, 86.
Lin-tchoung. Son fondamental le huitième dans l'ordre des lu &
le quatrieme des yn-lu 7 répond la fixieme lune & au caractère cycli-
que oxei, 98 & 2. Jo
Lu. Son déterminé à certaines proportions, fervant de modele pour
tous les fons qui doivent le repréfenter, foit à i'uniffbn foit à différentes
oûaves à l'aigu ou au grave, ^,8, note a. Les lu iont au nombre de
douze Ibid. & page 95. On les distingue en deux ordres parfaits,
ou yang, & imparfaits, ov. yn 95 pourquoi ainfi appelles 66
note t quels font les lu yang & les lu yn 96. Voyez encore page 198.
Il y a trois fortes de lu les graves les moyens & les aigus 105
dimenlions des lu graves, felon le Prince Tfai-yu Ibid. §. 1 des lu
moyens, 107 §. x des lu aigus 108 §, 3. Ce qu'on doit penfer de
ces dimenfions 1 10 note m. Autres dimenfions des lu, calculés plus
rigoureufenient par le même Auteur, 148, figures 18, 19, 2.0; fur
quoi eft fondé le calcul de ces dernieres dimenfions 149.
L'ordre des lu par demi-tons n'efl: qu'une combinaison des lu for-
mant entr'eux des confonnances 4a à la note & 9 a note e. Si c'eft
une abfurdité dans Plutarque d'avoir appliqué la progreffion triple à
des fons diatoniques, quoique ces fonsfoienten descendant, comment
pourroit-on vouloir appliquer cette même progreffion à des demi-tons
qui fe fuccéderoient en montant ? 193.
Lunes. Correfpondance des lu aux douze lunes par lefquelles les Chi-
nois divifent l'année ,119,191.
Lu-tché. Pied mufical, divifé en pouces, & le pouce en 9 lignes,
103 104.
Lu-tchun. Infiniment compofé de douze cordes fervant de canon
harmonique pour eprouver la jufteffe des lu 149. Le mot lu-tchun figni-
fie regle ou mefure des lu, 82. Les Anciens avoient des lu-tchun à vent,
compofés de treize tuyaux, & des lu-tchun à cordes, compofés de
treize cordes Ibid. ( la treizieme corde fonnant vraifemblablement
l'octave de la premiere, & le treizieme tuyau, celle du premier ).
Ly-koang-ty. L'un des Auteurs qu'a fuivis principalement M. Amiot,
dans fon Mémoire, 33. Voyez Kou-yo^king-echouen,
M
Modulât ion. Ce que les Chinois entendent par modulation,
47, note k en quoi confiftent leurs 84 modulations, 113 fyftême
du Prince Tfai-yu pour l'arrangement des 84 modulations, Ibid. Ce
qu'on doit penfer de ce fyftôme ,114, 1 1 5 à la note.
Mujlque. Cultivée en Chine de tems immémorial, 4 les Chinois la
regardent comme la fçience des fciences celle au moyen de laquelle
on peut expliquer toutes les autres feiences &c., &c., Ibid, Effets de
l'ancienne Mufique chez les Chinois 10 j. 3 1

N
Nan-lv. Son fondamental, le dixième dans l'ordre des lu, & le
cinquième
cinquiefiie des yn-lu répond à la huitième lune & au cara&ere cycli-
que yeou, 99 & 2,3 ï.
Nombres fe diftinguent en parfaits & imparfaits. Les nombres im-
pairs font parfaits oxi yang, & les nombres pairs font imparfaits ou
yn } 135' I37- C'éft au moyen de ces deux fortes de nombres que fe
forme le fyflême mufical,
135& fuivantes. Différentes méthodes pour
obtenir la valeur des lu par les nombres, 1 41 celle qui fuppoie le
hoang-tchoung compofé de 81parties, eft la plus ancienne Ibid. &
pages fuivantes. Ce que penfent, en Europe touchant l'exprefiion
numérique des fons & en général, touchant les proportions harmo-
niques, ceux dont les connoiffances riuficales font bornées aux inftru-
niens à touches, 200 notes h i.
o
Orthographe des mots chinois. M. Amiot les ecrit comme
on les prononce à la Cour, & non d'après les Dictionnaires faits dans
les Provinces, 2.1.
Ou. Infiniment de bois qui a la forme d'un tigre 61.
Ozi-y. Son fondamental le onzième dans l'ordre des lu, & le
fixieme des yang-lu répond à la neuvieme lune & au cara&ere cycli-
que /«, 97, 98, &231.
P
Pairs. Les nombres pairs font yn & les impairs font yang, 13^.
La méthode de joindre ces deux fortes de nombres pour le calcul
des fons fuggérée à l'homme par le Ciel lui-même felon le Prince
Tfai-yu 94. Comment au moyen de cette méthode on obtient tous les
fons du fyfieme mufical Ibid. note/ Par quelles caufes les lu juf-
qu'au tems du Prince Tfai-yu ont refté pendant plus de trois mille
ans dans un etat d'imperfeétion qui eût révolté les Anciens 94 etat
dont ce favant Prince n'a pu les tirer lui-même faute -de fentir tout
le mérite de la méthode qu'il dit avoir eté fuggérée à l'homme par le
Ciel Ihid. note g, & page 1 1 6 note q. Voyez encore page 218 & les
notes qq rr, pages 155,156.
Pied. Deux fortes de pieds chez les anciens Chinois le pied mufi-
cal, & le pied de compte voyez lu-tché & tou-tchc. Le Prince Tfai-yu,
pour remettre les lu dans leurs anciennes proportions rétablit le pied
tel qu'il avoit dû être fous les Hia, 102.
Pien, Son auxiliaire. cui précède le koung ou le tché d'où il tire ia
dénomination de pkn-koi.ng ou de pien-tchè voyez tons. Le pien-koung
fe définit: ton qui devient houng &C le pitn-tchc ton qui devient tché.,
117. Le pien-koung répond à notre mi & le plen-tché à notre fi, 115;
le nom particulier du premier efl ho & le nom du pien-tché eft

Tome
'T' VI,
tchovng Ibid. & page 117. Relativement au kin ho lignifie cordi
~~r U t TIi
de r union Se tchoung&gtà&é corde moyenne 169. L'intervalle entre lé
koirng &c\e pien-koung ou entre le tché & le pien-tché, répond à ce
que nous appellons demi-ton diatonique ou limma; voyez l'exemple
de la page 114.
Pien-king, eft un affortiment de feize pierres fonores 41.
Pien-tchoung affortiment de feize cloches 44.
Pierres fonores. Voyez King &C Calcophonos.
Planchettes de bambou. Voyez Tchoung-tou.
Po-fou. Sorte de tambour ,38.
Po-tchoung. Cloches ifolées, 43.
ProgreJJîon triple. C'eft l'expremon numérique d'une fuite de confort-
nances qui représentent la quinte ,32, note c, & 212. Les propor-
tions authentiques que les Grecs nous ont tranfmifes touchant les
divers intervalles muficaux ne font ainfi que les proportions des
anciens Chinois qu'un réfultaf de la progreffion triple 196, note d,
&C 197.
Proportions. Expofition du principe fur lequel font fondées les pro-
portions des anciens Chinois, ,21a. D'une feule confonnance donnée
comme la quinte ou la quarte découle tout le fyflême mufical, 214.
Texte du Si-lian-chou ou hiftoire des Han occidentaux, qui préfente
tout le fyfïême mufical des Chinois formé par une fucceflion de
quintes & de quartes alternatives, 215 le même texte exprimé par
des notes à la manière des Européens 117 analyiè des nombres
par lefquels M. Amiot repréfente chacun des douze lu enoncés dans
ce texte, Ibid. note ee. Source des proportions factices des Chinois
modernes, 101 & fuivantes. Fauffes proportions qui réfliltent de la
méthode de Huai-nan-tfte 144, à la note, & 187. Les proportions
faûices qu'on- trouve dans tous les Théoriciens Européens depuis
près de deux fiecles ne font qu'une répétition de ce qu'a ecrit Zarlin
dans fes Intitulions 200 note g. D'après ces proportions faôices
quelques Européens ont voulu élever des doutes fur celle de la quinte,

4
fans penier à vérifier auparavant fi leurs proportions de 1 à ï6 pour
le demi-ton, de 5 pour la tierce &c. etoient légitimes, ou fi
elles avoient un principe, 2.13 note (la. Comment on peut s'affurer
fi la proportion de 2 à 3 pour la quinte & celle de 3 à 4 pour la
quarte, font juftes l'une & l'autre 213.
Pythagore. Selon M. Amiot, Pythagoreapu des Indes jufqu'à
la Chine, d'oit il aura rapporté en Grece le fyflcme mufical des Chi-
nois, en l'arrangeant à fa maniere 173 Lits qui appuient cette con-
jeûure lbid. à la note.
Q
Quadrature DU CERCLE. Ce n'eft point par une cuviofitc ftérile
que les Chinois ont cherché la quadrature du cercle, c'eft pour déter-
miner avec précifion l'aire de chaque lu par la connoifTance exacte
du rapport du diametre à la circonférence, 147.
Quarte & quinte. Ces deux intervalles pris dans des fens oppofés
c'eft-à-dire en montant ou en defcendant pour l'un & en defcen-9
dant ou en montant pour l'autre donnent mutuellement l'oftave
9
2 1 3 note ç.
Quaternaire. Ce que les Grecs ont appellé le facré quaternaire de
Pythagore, n'eftpas de ce Philoibphe 136. En quoi confifte ce facré
quaternaire & comment il renferme les principes fondamentaux de
la Mufique, Ibid. à la note.
R
Ram e au. Ce que penfe M. Amiot de la Baffe fondamentale de
Rameau 130. Différence entre ce fyfiême & celui des Chinois 130 9
à la note. Comment la Gamme eft formée par le fyftênie de Rameau
&c comment elle fé forme par celui des Chinois Ibid. La Baffe fonda-
mentale a deux objets très-différens entr'eux l'un de fonder la valeur
des fons l'autre de réduire en principes la pratique de l'harmonie,
Ibid. Pourquoi les compofiteurs de routine s'elevent contre ce fécond
objet, Ibid. pag. 131.
Rapport. Ce mot fe prend dans le fens de proportion. Le rapport
de l'oûave etl comme de 1 à 2 celui de la quinte, comme de 2 à 3
& celui de la quarte comme de 3 à 4 pag. 213. Ainfi l'aggrégation7
des nombres 1,2,3,4, eft la baie des principes fondamentaux de lail
Mufique voyez tjb-k'uou-mïng & quaternaire.
S
Siao, Infirument à plufieurs tuyaux, 68.
Siao. Flûte 237 explication de la figure 39.
Son. Les Chinois distinguent le fon fimplement dit d'avec le foR
confidéré comme ton mufical 27, 28 157 & fuivantes. Ils recon-
noiffent huit fortes de fons produits par autant de corps fonores dilfé-
rens 29 ordre de ces huit fortes de fons 34.
Soung-king. Pierre fonore ifolée 41 & 222.
T
Ta-l v. Son fondpmental, le fecond dans l'ordre des lu, & le pre-
mier des yn-lu, répond à la douzième lune &C au caractère cyclique
uheou, 98 &c 23 1.
Tao-kou. Tambour avec un manche, 38.
Tay-tfou. Son fondamental, le tromeme dans l'ordre des lu & le
fecond des yang-lu répond à la première lune & au caractère cyclique
Yn, 97 & 231.
Iiij
T
TckJ. Le quatrième des cinq tons des Chinois. Ce ton peut répondre
à ce que nous appellerions cinquième degré parce qu'entre le troifieme-
degré & le cinquième il y a le pien-tché au quatrieme rang & qui
ne formant qu'un demi-ton avec le tché n'eft pas compté parmi les
tons. Voyez l'exemple de la page 114, celui de la note o page 208
& le mot tons.
Tché. Sorte de flûte traverfiere, 76.
Tcken. Baguette qu'on paffe fur les chevilles de l'infirument en forme
de tigre, ,61.
Tatou. Instrument de bois en forme de boiffeau ,6 t.
Tchoung. Nom du phn-tché ou quatrieme degré 125. Voyez l'exem-
ple de la page 114, & le mot picn.
Tchmmg-lu. Son fondamental le fixieme dans l'ordre des lu, 8c le
troisième àesyn-Ia répond à la quatrieme lune & au caractère cycli-
que fie, 98 & 13 1.
Tchotmg-tou. Planchettes de bambou fur lefquelles on ecrivoit avant
l'invention du papier en Chine, 62. Ces planchettes, au nombre de
douze, & liées enfèmble en forme de Livre, fervoient battre la
meuire. lbid.
Tempérament. C'eft l'avion de difcorder, fur les inftrumens bornés,
dits à touches, les quintes ou les quartes, afin de pouvoir réduire à
douze les dix-huit fous qui fe rencontrent d'un fon donné à fon octave
202 & xo6. Voyez encore la fin de la note y, pag. 211. Le tempérament
répond à ce qu'un Auteur chinois appelle correctif, relativement à la
progreffion triple qui ne donne que des fons jufles 116, 204.
Tê-tchoung. Cloches applaties de moyenne groiIVur 44.
Texte de l'hijîoire ou les douze lu font repréfentés dans leur jufle
proportion, exprimée par des nombres, 191. Les mêmes lu, notés à
notre maniere & confrontés avec l'exemple de la figure 9 b de la
féconde partie, 197.
Texte du han-chou qui préfente les douze lu engendrés l'un de l'au-
tre, comme quinte ou comme quarte, ii<j; les mêmes tu calculés
par M. Amiot dans une note 2 1 6 ce texte du han-chou & le calcul
de M. Amiot, repréfentés par un exemple de mufique 217 comment
ce calcul fait depuis plufieurs années par M. Amiot, dans fes premiers
manufcrits, fe trouve n'être qu'un réfultat de la progreffion lori triple
e
Jïid. note e.
T exte du toung-tieii touchant la différence entre le demi-ton diato-
nique & le demi-ton chromatique 207 & fuiv.
Tons. Les Chinois admettent, dans leur fytfême cinq fons princi-
paux
répondant à nos fons fa fol la ut re; & deux fons qu'ils
qu'ils appellent tons lavoir kou/ig, clumg kio tché, yu

appellent pien favoir, le p'un-koung ou mi, & le pien-tché, ou fi


y

m, 1 1 3 rapport de ces fons à ce qu'on peut appeller degrés, y


114..
Les cinq tons & les deux pien réunis, font ce que les Chinois appellent
les fept principes, 126, 160 & liiivantes. Conjectures fur la doctrine
des cinq tons, 1 5 9 à la note.
Tou-tclii. Pied de compte divifé en dix pouces & le pouce en dix
lignes, fur la même longueur que le lu-tchi ou pied mufical 104.
Trigrammes de fou-hi. Voyez Koa.
Tfai-yu. Prince de la famille Impériale des Ming, Auteur d'un Ou-
vrage fur la Mulique & l'un de ceux qu'a fuivis principalement M.
Amiot dans fon Mémoire, 33.
Tsê-king. Pierre fonore ifolée, 41.
Tfo-kieou-muig. Auteur contemporain de Confucius, & plus ancien
que Pythagore, 137. Il parle de l'aggrcgation des nombres, 1 z 3
4 relativementà la Mufique comme d'une doctrine connue de ceux
qu'il appelloit dès-lors nos 'Anciens 136, 137.
Tfou-kou. Tambour du tems des Hia 3 6.
Ty. Flûte qui ne diffère àuyo que par fon embouchure, 75. Voyez Yo.
u
Unité, nombre. L'unité, felon les Chinois, efl le principe de
toute doftrine 118; elle eft le principe du calcul, Se le commence-
ment des nombres 137.
Y
Ya-kou. Sorte de tambour, 38.
Yang & yn. Dans quel fens il faut entendre ces termes, relative-
ment aux fons 66, note f.
Yang-lu. Les yang-lu font au nombre de fix; ce font les lu qui répon-
dent aux nombres impairs, favoir le premier, le troifieme, le cin-
quième le feptieme le neuvième & le onzième, 96. Voyez pag. 198.
Yng-tckoung. Son fondamental, le douzième dans l'ordre des lu &
le fixieme des yn-lu répond à la dixieme lune & au caraflere cycli-
que hai 99 & 13 1.
Yn-kou. Grand tambour appellé aufîl kao-kou 37.
Yn-lu. Les yn-lu font au nombre de iix; ce {ont les lu qui répondent
aux nombres pairs favoir le fécond lu le quatrième le fixieme le
huitième, le dixième & le douzième; ils font les correl'pondans des
yang-lu, 96 & 98 voyez encore page 198.
Yo. Flûte à trois trous 69. Cet infiniment préfente le même phé-
nomene que le flùtet de Provence, Ibid. note u en quoi conùfte ce
phénomène, 70 il établit d'une manière incontefeble &i à la portée
des Praticiens, c'eft-à-dire, fans calcul, par le nmplc fentiment de
l'oreille & parla feule perception des fous tout le lytleme mufical
favoir, l'oftave divifée en douze demi-tons non égaux entr'eux
comme l'entendent les Praticiens bornés qui n'ont pas même les
principes de leur art, mais en douze demi-tons dont les uns font
chromatiques & les autres diatoniques tels qu'on les entonne à la
voix, fur le violon, le violoncelle, &c., jx note £. Voyez encore
note a a page 73.
Y'tsê. Son fondamental, le neuvieme dans l'ordre des lu & le
cinquieme des jang-lu répond à la feptienie lune & au caraftere
cyclique chen, 97 & 231.
Yu. Le dernier des cinq tons des Chinois. Ce ton peut répondre à
ce que nous appellerions Jixiemc Jegré. Voyez l'exemple de la page 114,a
ôc celui de la note o pag. 208.

z
Zod 1 AQif E. Le rapport des fons aux douze lignes du Zodiaque
chez les Egyptiens n'eft qu'une imitation de ce qu'avoient' fait les
Chinois long-tems auparavant, 7, 8. Voyez lunes.

Fin de. la Table des Maticres.

E R R 4 T A.
X A G E 6, ligne 20, s'appuie, lifez appuie.
Pag. 201 notes ligne 14 fuppore lifez fupporre.
Pag. 91, ligne 14, le kié efl la dix-millionieme partie &c. lifez la millionicme
partie &c.
Les deux Manr.fcrits portent dix-millionieme mais c'eil une faute. On peut la
reftifier aifément par l'énoncé même du texte, où l'on voit que les mefures décroif-
fantes vont toujours en décuplant. Ainfi le ly etant la dixieme partie de la ligne
ou fen, le hao en fera la centième partie; le fee, la millième partie; le hou la
dix-millieme le ouei, la cent-millieme, & le kié, par conféquent, la millionieme
partie Se non la dix-millionieme.'
ESSAI
SUR LES PIERRES SONORES DE CHINE.
JLiES pierres fonores ont eté de fiecle enfiecle, un des
inftrumens de mufique les plus eftunés en Chine. Il en eft
fait mention dans les livres appellés King qui font comme
on fait, les plus anciens & les plus précieux monumens qu'aient
les Chinois. L'ancien Dictionnaire Euïh-ya en parle auffi le
Dictionnaire Cnoue-ouen, dit le king efl un infiniment de mujî-
que de pierre. On peut voir en particulier le livre curieux de
Tchin-tfée fur la Mufique.
Il efr. fort difficile de favoir fi la Colonie qui vint en Chine,
y porta l'idée d'un instrument de muGque fait de pierre ou
fi les pierres fonores qu'elle y trouva la conduifirent à cette
belle & curieufe invention. Un vieux commentaire du Chou-
king, dit que les Anciens, ayant remarqué que le courant de
l'eau faifoit réfonner quelques pierres du rivage en fe brifant
contre elles, en détachèrent quelques-unes, & que charmés
du beau ton qu'elles rendoient ils en firent des king.
Selon le Chi-pen ce fut Vou-kïu qui inventa le king. Le
Yo-lou ou la chronologie de la Mutique obfervc que ce

la Chine
premier du
Von-kiu vivoit du tems de Yao fondateur de l'Empire de
mais qu'on ne fait pas avec certitude quel eft. le
king. Voilà à-peu-près tout ce qu'on
trouve de plus plaufible fur l'origine de cet mftrument. Quel-
que fingi-illere cependant qu'en paroiffe l'invention, dès qu'il y
avoit des pierres fonores dans l'antiquité il ctoit fort naturel
qu'on fongeât à en faire des inftrumens de mufique puifqu'on
en avoit déjà en bois, en cuivre & même en terre cuite (a).
Quoi qu'il en foit le king étoit chez les Anciens un des
inftrumens dont on faifoit le plus de cas. C'etoit l'instrument
dominant dans les facrifices au Tien dans les cérémonies en
l'honneur des Ancêtres, & dans le repas des vieillards. Le
Ti-ni le nomme le king de l'Etat ( Kouan-kiag). Les Princes-,
felon le Tcheou-ly en avoient toujours dans la falle des hôtes
on l'appelloit le king des louanges, parce que quand on en
faifoit jouer pendant le repas c'etoit une diftinclion & pour
faire plus d'honneur aux convives ( b ). H ne faut qu'ouvrir les
annales, de Dynaftie en Dynaftie, pour voir qu'on a confervé
au king cette glorieufe destination dans les Yen-yen & autres
feilins publics.
Nous appelions pierres fonores celles qui, par le choc d'un
corps dur rendent un fon diftincT: & de quelque durée. On
peut appliquer aux pierres fonores tout ce qu'on peut dire des
timbres de métal ou de verre. La différence entre les diver-
fes fortes de pierres fonores eft très-grande pour la beauté la
force & la durée du fon & ce qui doit furprendre, c'eft qu'on
ne fauroit déterminer cette différence foit par les divers
degrés de dureté, de pefanteur, de fineffe de grain, foit par
d'autres qualités qui femfcleroient devoir l'occafionner. Il y a
des pierres très-dures, qui font très-fonores & des pierres
tendres qui donnent d'auffi beaux fons. Quelques-unes très-
pefantes, rendent un fon très-doux; d'autres auffi légères que

(a) Le Tou-koit & les Hiuen. tres vertueux, &c, felon les qua~
Voyez les articles 2 & 5 de la lités des convives. Ainfi le king
premiere Partie du Mémoire de M. deftiné à accompagner ces chants
Amiot, pag. 3) & 49. s'appelloit avec raifon le king des
(£) Dans les repas de cérémo louanges c'eft-à-dire le king
nie on exécutoit des chants ou fervant d'accompagnement aux
hymnes dans lefquels on faifoit chants ou hymnes de louanges.
J'eloge des bons Rois des Minif-.
la
la pierre ponce, ont un ton. fort agréable. Les Anciens les
appelloient feou-cke ou pierres jhttante.s d'où eft venu le
nom de feou-king ou kïng flottanu Il ell parlé de cette eipece
de pierres dans le Ckou-king au chapitre Yn-kong. Il y eft dit
qu'on les trouvoit dans la pecite rivière de S de ou Si. Tchin-
tfee & plufieurs autres Commentateurs difent très-clairement
que ces pierres légères & flottantes font propres à faire cksking.
Voyez le Commentaire Impérial du Chou-kinp- liv. 4,s
fol. 36.
Les Anciens diftinguoient leurs pierres fonores en pierre d'or,
pierre de cuivre, pierre de fer. On ignore fur quoi etoit fon-
dée cette dirtinftion. Etoit-ce fur l'analogie de leur ton avec
celui de ces métaux ? Etoit-ce fur la manière, dont elles etoient
montées & fufpendues ? Etoit-ce fur leurs divers degrés de
bonté ou etoit-ce relativement aux cérémonies dans lefquelles
on en jouoit ? On ne trouve rien fur cet objet dans les anciens
livres & tout
ce qu'on en dit dans les nouveaux ne donne
aucune lumière fur la comparaifon qu'il feroit fi curieux de
faire entre les anciennes pierres fonores ôc celles des modernes.
L'Empereur a bien à la vérité quelques kin% qui pafient
pour anciens; mais outre qu'ils font tous en pierre àeyu fort
peu différente de celle qu'on a aujourd'hui, ils ne remontent
pas plus haut que le dixième fiecle.
Cette pierre de yu eft la plus renommée la plus précieufe
& la plus belle des pierres fonores qu'on connoilTe en Chine.
Comme le caractère qui la défigne forme une claffe parmi les
caractères chinois, qu'il fe trouve parmi les plus anciens &
c;z la pierre de yu eit fouvent louée dans les king, on ne peut
guère douter qu'elle n'ait été connue dans l'antiquité. Cepen-
dant à s'en tenir à ce que les Anciens difent de leurs yu s'ils
n'en ont point exagéré ia beauté & la perfection, il faut con-
venir que ceux, qu'on a aujourd'hui leur font fort intérieur.
1
Mais ce qui raffureroit fur la fîncérité des Anciens, dont on
a d'ailleurs tant de preuves c'eft que cette pierre qui paroît
avoir eté affez connue fous les premiers Tcheou dont la
Dynaftie commença Tan 1122 avant Jefus-Chrift etoit fort
rare fous la Dynailie des Han, qui commença en 206*5 c'etoit
alors ce qu'on pouvoit offrir de plus magnifique aux Empe-
reurs. Tching-ty de cette Dynaftie, qui monta fur le trône
37 ans avant l'ère chrétienne regarda comme une époque
glorieufe de fon regne, qu'on eût trouvé au bord d'une rivière
s
feize king anciens, & tous de yu.
Le yu d'aujourd'hui fe trouve dans les ravines torrens
rivieres qui coulent au bas des montagnes du Yun-nan du
Kouei-tcheou, du C/M/z- & fur-tout de celles des pays nou-
vellement conquis, YY-Iy & le Yoquen. Ce yu reffemble exté-
rieurement aux caiHoux qu'on trouve dans les ruiffeaux &
les torrens, qui font dans les gorges des montagnes. Les gros
yu font très-rares. Les plus grands que nous ayons vus au Palais:
Impérial, n'avoient guere que deux pieds & demi,, ou trois,
pieds fur un pied huit à dix pouces de largeur & on les
regarde comme des pieces uniques. On en trouve encore, fous
terre, dans les vallées, auprès des mines 8c dam les crevaffe£,
faites par les ravines fur le flanc des: montagnes. Ceux-ci diffe-
rent des autres en ce que leur furface eft moins polie, & qu'ils
ne font jamais intérieurement 3 ni fi élaborés ni d'un grain
fi fin.
Dans le yu fonore, que nous croyons un caillou mc'taltifié
& cryjîdtifê
comme dit un Naturalifte chinois on remarque
cinq propriétés différentes la dureté la pefanteur la couleur
le grain & le fon.
La dureté des beaux yu eft fi grande-, qu'on les travaille &
les polit comme ragate & les pierres précieufes. L'acier le mieux
trempé gliffe deffus & s'emouffe. Plus la nature l'a préparé
plus il eft difficile à tailler mais le poli qu'on lui donne en a
bien plus d'éclat.
La pefanteur du yu eft proportionnée à fa dureté. Nous en
avons vu, au Palais de l'Empereur, un morceau brut, qu'il
fembloit qu'un homme auroit dû porter il en fallut quatre
feulement pour le remuer. Il n'avoit cependant que deux pieds
& demi de long, fur un demi-pied d'epaiffeur. Il etoit d'une
figure irréguliere & de couleur verte, qui eft celle des _y« plus
communs.
Quant ,à fes différentes couleurs le Chi-king parle d'un bleu
célefte le Li-kl diflingue le couleur de chair le jaune, le
blanc le rouge de cinabre & le marron-foncé. Mais comme
le yu travaillé entroit dans les ornemens des habits impériaux,
& que c'eft à cette occafion que le Li-kl en parle le mot yu
ayant d'ailleurs une fignification fort étendue on peut douter
qu'il y en eût, parmi ces différentes efpeces d'affez grands
pour faire des king ou d'autres inftrumens de mufique. Ce qui
Connrmeroit ce doute c'eft que le rouge de cinnabre qu'on a
appelle enfuite rouge de, crête de coq eft très-rare depuis près
de deux mille ans ainfi que le beau jaune & le marron-foncé.
Il y en a chez l'Empereur de toutes les efpeces connues. La plus
eftirnée aujourd'hui, & qui eft réellement la plus belle eft le
blanc de petit lait, d'une feule teinte. Viennent enfuite le bleu-
clair le bleu-célefte le bleu-indigo, le jaune-citron le jaune-
orangé, le rouge de bois d'Inde le verd-pâle le verd-d'eau,
le verd-foncé le gris de cendre &c. Les Chinois font plus
de cas de celui qui eft d'une feule couleur, fans nuances ni
dégradations, à moins qu'il ne foit marbré agréablement de
cinq couleurs (O, comme celui dont il eft parlé dans le
( c) Au lieu de cinq couleurs couleurs qui dans ce cas font le
prifes indiflinûement peut-être jaune, le rouge le verd, le blanc
ïaut-il entendre ici, marbré des cinq Si le noir; les Chinois, relative-
Tcheou-ly, qui dit, pour le remarquer en payant qu'il y avoit
douze king fufpendus derriere & devant l'appartement de
l'Empereur &que c'etoit en frappant fur les king qu'on l'eveil-
luit à la pointe du jour.
A l'égard du grain des yu le plus dur & le plus pefant eft
celui qui a le grain le plus fin.
Enfin quelle eft la forte de yu la plus fonore ? Nous ne pou-
vons répondre à cette queftion parce que nous n'avons pas
eté à même de faire les comparaifons néceffaires. Il n'y a que
chez l'Empereur qu'on puifle les faire lui feul a .toutes les
efpeces de yu. Encore doutons-nous qu'il y ait divers king,
faits fur les mêmes dimenfions & mefures; ce qui feroit cepen-
dant effentiel pour la comparaifon. Du refle, quoique le grand
king & le pien-king pour les facrifices foient l'un d'un bleu-
pâle, & l'autre verd on n'en peut rien conclure pour le plus
ou le moins de ion, parce qu'il a fallu s'en tenir à cet egard “
à ce qu'avoient régie les Anciens, dont peut-être les yu les
plus fonores etoient de ces couleurs.

Le nieou-yeou-che ou pierre graijje de eft la féconde


efpece de pierres fonores que nous connoiffions. Elle n'a ni la
dureté ni la pefanteur ni la douceur du fon du yu & eft
bien moins rare & bien moins eftimée. Malgré cela il eft très-
difficile d'en trouver de grandes pieces propres à faire des ,king.
Ce qu'il-y a de plus beau en ce genre comme dans les autres
eft d'abord deftiné pour le Palais, & y entre pour n'en plus
fortir. Le nieou-yeou-ch; le plus eftimé pour les king, eft celui
dont le jaune, qui eft réellement celui de la graiffe de bœuf,
eft d'une feule teinte fans nuances ni dégradations. Toutes les

ment aux cinq tons de leur raufi- cinq elémens cinq vertus cinq
que n'adr.ictur.t que ces cinq goûrs cinq devoirs cinq princi-
couleurs 3 comme ils admettent paux ufagcSj &c. } &c.
grandes pièces que nous avons vues ctoient ondées de divers
jaunes dont quelques-uns approchoient beaucoup du blanc
de lait ou de petit-lait.
Cette belle pierre vient du Yun-nan. Elle fe. trouve dans la
terre près des mines ou dans les vallées, au bas des monta-
gnes. Sa première furface eft raboteufe, d'une couleur fale
mêlée de marron & de verd; vient enfuite une couche de
blanc de lait caillé, & une autre qui a une teinte jaune. Ce
jaune devient de plus en plus foncé à proportion qu'il appro-
che du centre.
Il feroit curieux d'examiner pourquoi le centre de cette
pierre efl plus travaillé & plus fini plus compacte & plus foncé
que les autres parties. Le yu dorme du feu au briquet, le nieou-
yeou-che n'en donne pas du moins celui fur lequel nous avons
fait cet effai il nous paroît plus approcher de l'agate que lui,
& il pourroit bien n'être qu'une agate particulière à la Chine.
Le beau nicou-yeou-che cû fonore mais il faut pour cela
qu'il foit bien jaune & fans ondes de cryftal (d) nous nous en
fommes afîurés fur un king d'un pied; mais il s'en faut de beau-
coup qu'il foit auffi. fonore que le yu.
La troifieme efpece de pierres fonores, nommée hiang-chz
rend un fon fi métallique que nous la prîmes d'abord pour une
compofinon mais nous nous fommes allures que c'eft une vraie
pierre & l'on n'en doutera pas quand on aura vu les pièces
que les Miffionn aires envoient en France.
Quant à la nature de cette pierre & à la propriété finguliere
du fon harmonieux qu'elle rend, ce n'eft que par l'analyfe

(</) Le morceau de Nleou-yeou- pouillé d'ondes de cryftal ou affez


che qui a paru à M. le Duc de jaune pour donner un fon iatisfai-
Chaulncs ne rendre aucun fon lant. Voyez dans le Mémoire de
n'etoit pas fans doute affez dé- M. Amiot la note n pag. 2.38,
qu'en feront les Chymiftes qu'on peut les bien connoître (e).
Nous nous contenterons de dire que nous en avons vu de noi-
res, de grifâtres de verdâtres unies d'autres marbrées de
A &

blanc. Les plus noires font les plus fonores; cette pierre fingu-
liere vient d'un lac du Tcke-kiang. Elle remplit parfaitement
l'idée que les Anciens donnent des pierres fonores, & paroît
une efpece d'albâtre, noirci & changé par les eaux dont il a
eté pénétré.

La quatrieme efpece de pierres fonores reffemble a« mar-


bre, par les nuances, qui font, grifes noires & blanc-fale
fur un fond blanc de lait. Les pierres que nous avons vues
avoient des taches îranfparenj:es qui font une vitrification
commencée & tiennent, ce femble le milieu entre le talc &
le cryftal. Voilà apparemment pourquoi les frémiffemens s'in-
terrompoient & etoient moins longs.
Il y a probablement bien d'autres pierres fonores en Chine;
mais comme, nous en avons averti, nous ne parlons que de
celles que nous avons vues, & dont nous avons entendu le
fon. Il nous paroît cependant à propos d'avertir les Naturalises
& les Phyficiens, que plufieurs pétrifications de Tartarie
pierres colorées & autres pieces de cabinet d'ici, rendent un
fon fort diftïntr. & accompagné de frémifTement quand elles
font taillées en longues plaques ou creufées en vafes pro-
fonds. Ils pourront examiner pourquoi les pierres de cette
extrémité de l'Occident, ont cette qualité, qu'il ne paroît pas

( e) L'analyfe qu'on trouve à la etoient alors fous preffe ne nous


page 238 de ce volume, ne pré- a pas permis d'en attendre le rcful-
îente qu'une partie des expérien- tat. Nous nous fommes bornés
ces que fe propofoit de faire M. le avec regret, à ce que ce Seigneur
Duc de Chaulnes mais Fimpref- a bien voulu nous communiquer
£on de l'ouvrage de M. Amiot pour le moment.
dont les explications des figures
qu'on ait étudiée & obfervée en Europe (/). Les Chinois
difent qu'elle leur eft imprimée par les eaux qui les rempliffent
de particules métalliques infenfibles, ou qui les cryfrallifent
nous nous bornons au fîmple récit des faits dont les pierres
que nous avons envoyées fourniront la preuve.
Les king, ou infirumens de mufique en pierre, font en ufage
en Chine, de toute antiquité. Maisquelle forme leur donnoit-
on dans les fiecles les plus reculés Quelles etoient les regles
de leurs dimensions? Comment en jouoit-on ? Nous répondons
que les Chinois en font, à cet égard où nous en fommes fur
la Mufique des Egyptiens, des Phéniciens, des Grecs & des
autres anciens peuples. Les monumens les mémoires, man-
quent. Tout ce qu'on débite dans les plus favantes diflertations
fe réduit à des probabilités qui vont flottant çà & là. d'un fyftê-
me à un autre, & ne donnent aucune connoiiTancë précife &
fatisfaifante (g"). Le Houen-hïen-teng-kao efi à. la Bibliothèque

(/) M. Amiot penfe à-peu-près compofés de feize pierres. L'an-


de même à l'article 3 de fon Mé- cienneté de cette forme efî démon-
moire; voyez ci-devant page 39. trée par les dimenilons même
Le pacage de Pline que nous avons preicrites pour le Chcng-king & le
ïappellé à la note b des explica- Sming-kïng, dont il eft parlé à la
tions, pag. 211 prouve que les page 4X du Mémoire de M. Amiot.
Romains ont connu anciennement Voyez l'explication de la figure
une pierre fonore de la claffe des 14 pag. 221.
Hiang-c/ie. Voyez les Réflexions de Les dimensions de ces deux for-
l'Abbé du Bos, à l'endroit cité dans tes de king font marquées., pour
cette note b. ainli direau Coin de la plus haute
(g) On a, dans le Mémoire de antiquité c'efl ce que nous devons
M. Ainiot article 3 de la pre- faire remarquer ici puifqu'il pa-
mière Partie, la connoiffance la roît, d'après- ce que vient d'obier-
plus précife touchant la forme & ver l'Auteur de cet E(jal, que les
les dinieuGons des anciens king. CkiRois ne s'apperçoivent pas mê-
La forme d'equerre eft certaine- me, depuis plusieurs iîeclss des
ment la plus ancienne & c'efc principes iur leiquels etoienî éta-
encore celle que les Chinois mo- blies les dimenfians des anciens
dernes donnent leurs pien-king
e'cft-à-dire aux king affortis y Se
ki/ig.
Celles du CXtMj- fe
du Roi, on y trouvera, au cent trente-cinquième livre, ce qui
a eté dit fur cette matiere de plus raisonnable jufqu'au com-
mencement du quatorzieme fiecle.
l'explication de la page 2,12. du d'un demi-Av. En transportant ces
Mémoire de M. Amiot, font, pour mesures à notre pied de Roi on
le côté a b y d'un lu & demi remarquera plus aifément les pro-
pour le côté b e de trois quarts portions que ces divers côtés for-
de lu pour le côté a e de deux ment entr'eux. Exemple
lu un quart & pour le coté c, J,
Côté c d demi-pied ou 6 pouces,
Côté b e trois quarts de pied, ou y pouces.
Côté a, b un pied & demi ou 18 pouces.
Côté a, c, deux pieds un quart ou 27 pouces.
On voit par ces dim enflons que a c, qui a 17 pouces dans le rap-
le côté £,&. le côté b, e, l'un port de la quinte ou de 2. à 3.
de 6 pouces l'autre de neuf, font Il en eft de même pour ïzfoung-
entr'eux dans le rapport de la king, dont les proportions entre
quinte ou de i à 3 que le côté les divers côtés font les mêmes
l>,c, de 9 pouces, cû avec le quoique fous des longueurs diffé- >

côté *z, b qui en a 18, dans le rentes. Voici ces longueurs, d'après
rapport de Podhive ou de I à 2 la fuite de l'explication déjà citée
3
enfin, que le côté a b de 18 page 2.2.2 de ce volume.
pouces cil encore avec le côté
Côte c, d, deux tiers ou
Cote k, c, un pied, ou
Côte ii, b, deux pieds, ou
.12. 8 pouces.
pouces.
24 pouces.
Côté a fj trois pieds, ou 36 pouces.
On a encore ici de 8 a iz le foient réellement anciennes foit
rapport de la quinte de 12 à 14 qu'elles partent d'une main nour-
celui de l'oûave, & de 14 à 36 rie des principes {impies &c fubli-
celui de la quinte. mes de l'antiquité tandis que les
Si l'on veut comparer, à ces dimenfions des modernes font un
mefures, les dimenfions arbitraires témoignage de leurs différentes
&fans nulle proportion entr'elles erreurs de !,< perte ou de l'oubli
que les Chinois modernes don- des principes c;c des altérations
nent à leurs klng.r depuis plufieurs iurvenues dans le pi'jc! chinois.
fiecles on en conclura aifément Car !cs tVacii/^ns a\ 'iwiiei dixiè-
que celles que nous venons de mes de îi^ne Civiuio-.i.-s &c.
décrire, portent l'empreinte de la au; ;icco!npagiKT:r 1. dini^n fions
plus haute antiquité ibit qu'elles uos .v: mu^:<:y. 5 r;1^ vn: eue
'il
Il faut pourtant convenir que les Chinois etant plus près de
l'antiquité & tenant à elle par mille traditions il eft affez
naturel de croire que les dimenfions modernes font à-peu-près
celles des Anciens (h) & que la manière d'en jouer eft encore
d'anciens king ont eté mefurés côté, dans le foung-king etant de
avec un pied qui n'etoit plus le 8 pouces, on a de 6 à 8 le rapport
même que celui des Anciens &C de la quarte, ou de 3 à 4. De
c'eft ce qui a donné ces tractions. même, le côté h, e eft de 9 pou"
Les Chinois comme tant d'au- ces dans l'un & de 1 dans l'au-
tres peuples au lieu de prendre tre, ce qui donne encore le rapport
pour ainfi dire, l'efprit des ancien- de 3 à 4. Enfin dans le premier
nes inflitutions n'en ont pris que des deux king, le côté a & eu 18,
la lettre. De quelque meiiire que & le côté a c 27 dans l'autre
l'on voulût fe fervir pour les dimen- les deux mêmes côtés font 24 &
fions du king, il falloit comme les 36. Or 18 & 14 2.7 & 36 font
Anciens, prendre pour un des cô- egalement des rapports comme de
tés le double ou les deux tiers de 3 à 4. Ces deux king font donc
l'autre en un mot, la proportion taillés pour être à la quarte l'un
de la quinte & de l'oâave. Pro- de l'autre. Les harmoniftes trou-
portions qui font en même tems la veront encore d'autres rapports
bafe fur laquelle ils ont elevé le foit entre les divers côtés d'un
fyftême muliail ce qui prouve même king, foit entre ceux d'un
l'uniformité & l'extrême fimpli- king à l'autre. Nous nous conten-
cité des principes pofés par les terons d'obferver que les dimen-
anciens Chinois. fions de chacun des king, de
Peut-être avoient-lls fitivi éga- quelque manière qu'on les expri-
lement des proportions confonnan- me ont toujours pour baie, &
tes pour les dimenfions d'autres pour nombres radicaux trois ter-
infrrumens. Nous oibns inviter mes de la progreflion triple com-
l'Auteur de cet EjJ'ai à vérifier me 1 3 9 ou 3 9 27 ou tels
cette conjecture fur les anciens autres termes de la même progref-
monumens de la Chine. fion. On voit par-là que les dimen-
Quoi qu'il en foit, il eft bon de fions des anciens king n'ont rien
remarquer encore que les dimen- d'arbitraire, & quelle diftance il
fions de nos deux king font egale- y a entre les principes fimples des
ment, de l'un à l'autre dans une Anciens & les abfurdités les plus
proportion confonnante. Chaque compliquées des modernes.
côté de l'un eft au côté correfpon- (A) C'eft précifément cet à-peu-
dant de l'autre dans le rapport de prh qui fait qu'elles ne font pas
3 à 4, qui eft celui de la quarte. les mêmes voyez la note précé-
En effet le côté c, d du cheng-king dente. En matiere de proportions
étant de 6 pouces & le même le moindre à-peu-près détruit tout;
la leur. Nous faifons cette obfervation, parce que les cymba-
les des premiers tems, qu'ils ont confervées, & la manière
dont ils en jouent,, font parfaitement reflemblantes à la pein-
ture qu'en ont faite les- Anciens &c s'accordent très-bien avec
leurs defcriptions.
Il eft certain qu'on a donné plufieurs formes différentes aux
king dans la moyenne antiquité. Les Dynasties des Han des
Soûl, des Tang Se autres, en ajoutèrent de nouvelles. Voyez
les figures 3, 5,6,7,8,9,10,, ci-après..
Il auroit été facile de faire copier un plus grand nombre de
figures mais comme les king qu'elles repréfentent etoient faits
d'après des règles qu'on ne connoît plus, ou peut-être félon la
fantaiiïe des ouvriers qui travailloient ainfi une feule pierre de
yu pour montrer leur habileté, ces figures n'inflruiroient l'Eu-
rope de rien. Ce qui eft. plus curieux à favoir, c'eft qu'on a
fait des tambours, des guitares, & diverfes flûtes de yu. On
a même taillé des pierres deyu.en tchong ou cloche.. Voyez
fig. 4.
Quelques Empereurs, par refpe£t pour le Tien, avoient
ordonné que tous les inftrumens de mufique des grands facrifl-
ces, fuffenr enyz~. L'Empereur régnant a biffé aux inilrumens
leur forme & leur matière telles que les avoient déterminées
les Anciens mais il a plufieurs inilrumens en yu pour fon
appartement. Nous avons vu une cythare ou guitare, de
près de trois pieds, d'un beau yu verd. C'eft affurément une
piece magnifique.
Les pierres fonores font fpécialement & principalement
réfervées pour le king, dont le caractère chinois qui repré-

les king en equerre des modernes, fe trouver d'un côté à un autre &
font, au coup-d'œil à-peu-près entre tous les côtés, n'y font pas
les mêmes que c.eux des Anciens même loupconnées.
.mais les proportions qui doivent
fente ce mot, donne dans fon analyfe fon de pierre. Les
Anciens diftinguoient trois fortes de king: le king-kieou fait
en forme d'equerre & fufpendu par un anneau comme
celui de la figure 2. le pien-king compofé de feize de ces
mêmes equerres de différentes epaiffeurs ( voyez fîg. 1 ) le
ko-king, pour accompagner les voix, qu'on dit avoir eté fait
dans le goût de ceux des figures 7, 8,9, «o. On ne fe fert plus
aujourd'hui, dans la muiique impériale, que des deux pre-
miers. Voici les proportions & dimenfions de ceux qui fervent
dans les grands facrifices au Tien. Nous les avons copiées fur
le Hoang-tchao-R-kl-tou liv. 8 imprimé depuis peu au Palais,
par ordre de l'Empereur.
Nous avertirons que le pied chinois eft plus grand d'un cen-
tième que celui de France & que les divifions & foudivifions
font toutes décimales. Le pied fe divife en 10 pouces le pouce
en 10 fen le fen en io ly le ly en 10 hao &c.
La petite branche du king-kieou ou king ifolé fait en
forme d'equerre ng. 2. doit avoir i pied 4 pouces 5 fin & 8
ly de long, fur i pied, 9 fen, 3 ly & 5 hao de large & la grande
branche doit avoir 2 pieds, } pouce, 8 j'ai & 7 (y fur 7
pouces, 2 fen-, & 9 (y de large. L'une & l'autre ont 7 fen &
2. ly d'epaiffeur.
Les feize equerres du pien-king, fig. 1 font tous faits fur
même mcfure. La petite branche a 7 pouces, 6 fen 8 ly
une
de long, fur pouces 1 fen, & 6 ly de large la grande
branche a i pied, 1 pouce, 5 fen, 1 ly fur 3 pouces 8 fen
& 4 ly de large ( O-
( l ) L'auteur ne parle pas ici de nant les tons graves & les plus
l'epaifleur ( il a dit plus haut que epais les tons aigus. Mais il nous
tous ces equerres etoient de diffé- paroît qu'une pierre trop mince
rentes epaijfeurs ) elle
eft propor- pour ià grandeur, doit donner un
tionnée au ton que chaque equerre ion grave à la vérité niais trop
doit rendre les plus minces don- grêle moins plein & moins fort
Il e# effentiel de favoir à l'égard de ces dimenfions, qu étant
absolument impoffible de déterminer les mêmes pour le nieou-
yeou-clze le che-hiang le yu fi l'on veut avoir un certain fon
déterminé, comme pour le grand king, fur lequel on regle tous
les autres inftmmens il faut néceffairement les fubordonner à
la pierre fonore qu'on a pour avoir le ton qu'on cherche &
pour fuivre un diapafon dans le pien-king. Deux yu par exem-
ple, de la même couleur du même grain, font plus ou moins
compactes plus ou moins durs, plus ou moins métallifés &
vitrifiés l'un que l'autre. Ce n'en: qu'à l'effai qu'on peut favoir
lequel fera le plus fonore & le plus harmonieux. Les variétés
fingularités & phénomenes qu'offre la taille des pierres fono-
res, font dignes de l'attention des Naturaliftes & des Phyfi-
ciens. Une bagatelle, ce femble, gâte un king ou le perfection-
ne un petit trou ajouté, ou celui qui fert à le fufpendre étant
changé de place le rendent beaucoup plus fonore félon l'en-
droit où l'on perce ce trou.
Sous la Dynaflie des Han on avoit préfenté à l'Empereur
un king en yu d'une rare beauté, & très-harmonieux. Les
ornemens en bas-relief qu'on y avoit fculptés ne plurent pas

que le fon aigu d'une pierre plus gues & plus égaux entr'eux quant
epaiffe; de même que de grandes à la qualité du fon au timbre
pierres mais très-epaiffes pour pour ainfi dire de chaque equerre
donner les tons les plus aigus en particulier. Il y a donc une
doivent rendre des fons un peu1 forte de fatalité pour que les hom-
fourds moins eclatans & peut- mes, en voulant s'écarter des infti^
être moins agréables que û la pier- tutions des Anciens ne puiffent
re etoit plus petite & moins epaiffe. rien trouver de mieux que ce que
Voyez dans le Mémoire de M. ces hommes plus près de la natu.
Amiot la figure 13 de la premiere re, ont établi fur des principes
Partie oit chaque pierre eft d'une fimples mais profonds, & déga-
grandeur proportionnée au ton gés de toutes les erreurs qui fe font
qu'elle doit rendre. Il eft à croire accumulées dans le monde avec les
qu'un king exécuté d'après ce fiecles.
modèle aura des tons plus analo-
à Sa Majefté elle ordonna de les corriger on le fit & le
king ne rendit plus aucun fon ( k ). Un Lettré muficien fe char-
gea de remédier à cet accident, & y remédia en effet en
diminuant de la longueur & de l'epaiffeur Au yu (/).
Une octave en pierres fonores eft très-difficile à completter:
on y réuffit mieux avec le hiang-che qu'avec leju & le nieou-
y6pz/-c~e j ce qui eft fort naturel, parce qu'on trouve de plus
gros morceaux de hiang-che & que cette pierre fi l'on peut
s'exprimer ainfi eft travaillée plus uniformément par la nature.
Quant à la figure d'equerre il feroit peut-être curieux d'exa-
miner, d'après les proportions que nous avons données quelle
eft la raifon de cette figure & plus curieux encore de faire
quelques recherches touchant la grande queftion des Lettrés
chinois fur la forme la figure & les dimenfions que doit avoir
chaque inftrument en particulier ( m ) & fur les proportions
( k ) Si cette expreffion doit s'en- cien, qui afïiire que le king foit
tendre dans le fens des Chinois refté entiérement muet nous y
le king n'etoit pas muet pour cela; ieufcrivons volontiers bien que
feulement il ne rendit plus aucun la chofe nous paroifle un peu diffi-
fon mufical aucun fon déterminé cile à croire.
par les loix immuables des lu. (/) Pour Y epaij/eur, nous ferions
Voyez dans le Mémoire de M. portes à n'en pas convenir, puif-
Amiot, l'article premier de la troi- que c'etoit pour avoir diminué de
fieme Partie page 1 57. lepaifleur, en corrigeant les orne-
Dans cette fuppofition fi le ton mens, que le kizg avoit eté gâté.
.de ce king etoit /« par exemple Mais fi le Lettré muficien avoit
le fculpteur ne pouvant corriger trop diminué de la longueur il s
les ornemens, qu'en ôtant de la bien fallu diminuer a uffi de Pepaif--
matiere (iir l'epaiffeur de la pier- feur7 & par conséquent faire re-
re, ce king aura baiffé & n'aura toucher aux ornemens à moins
plus donné qu'un fon irrationnel qu'on ne fuppole qu'il y avoit dans
non mufical plus bas que fa,&C ce king quelques endroits où un
trop haut pour être au ton de mi Lettre muficien & non fculpteur
ou de re-diefè. Or le Lettré muficien, pût porter la main fans défigurer
en raccourciffant les branches de l'ouvrage.
ce king l'a fait remonter h fa. Du (m) Cette grande queftion une
refle fi c'eft ici un fait décrit par fois réioiue on pourroit examiner
quelque Auteur chinois non raufi- fi les dimenfions de chaque inftru-
réciproques de tous ces inftrumens foit entr'eux, foit avec la'
voix. Ce n'eftpas tout les Chinois veulent qu'on détermine
par des règles, prifes dans l'ordre de la, nature, combien il
doit y avoir d'inftrumens de chaque efpece pour former un
concert parfait &c.
L'Empereur Yong-lo de la dernière Dynaftie obferve,
dans tes réflexions philofophiques que le king efi de tous
les inftrumens Le plus difficile à accorder avec les autres ce
qui doit s'entendre, fans doute, en ce fens, qu'il faut que tous
les autres infirumens fe mettent à ton ton mais auiîi le king
félon lui, eft admirable pour lier & fondre leurs fons les uns
dans les autres, & il contribue fupérieurement à la beauté d'un
concert. Voilà pourquoi les Anciens comparoient le fage au
king & difoient, en parlant d'une femme vertueufe quelque
mérite au ait une femme elle n'ojc pas faire réformer le king
c'eft-à-dire donner le ton; par allufion à celui qui jouoit du
king & donnoit le ton à tous les autres Mulîciens pour régler
leurs inftrumens.
La plus belle qualité du yu c'eft d'être invariable & de
donner le même ton dans toutes les faifons qualité qu'on
n'attribue pas même aux autres pierres fonores au lieu dit
Ybng-lo. que le froid & le chaud la féchereffe & l'humidité
font changer néceffairement tous les autres inftrumens même
•ceux de métal. A cette occafion il avance la propofition fingu-
liereque le mime: homme n'a jamais entendu deux fois une
même mufîque & 'parfaitement femblable ni deux hommes la
jnêmyjympko.nie^ny.'La. ràifon qu'il en donne, c'eft que le

ment forment entr'elles des pro- de fingulîer pour les Phyiîclens


portions .conformantes comme mais elle peut paroître réellement
celles <lesanciens king félon la finguliere aux Muficiens chinois
oonjeûiire que nous avons propo- accoutumés à entendre parier du
fée.àla note g pag. a.65. ton fixe & immuable des lu ô£
( n) Cette propofition n'a rien principalement du hoang-uhoung
tems change, L'air varie, les inflrumens vieiiliiïcnt ••& ne foivt
jamais parfaitement dans un tems ce qu'ils eté d ans .l'autre

& il ajoute que la différence dans la difpofition du corps & des


organes dans la fituation du cœur & de l'eiprit doivent
néceffairement en mettre une entre les impreflions que fait la
mufique & la manière dont elle arrive à l'ame. Pouffant eniuite
fes réflexions plus loin, il obferve que les changemens qu'on
a faits à la mufique, de Dynaftie en Dynaftie & les différen-
ces qu'il y a entre celles des différens peuples, atteftent qu'on
eu. encore dans l'enfance de cet art car dit-il. fi on avoït
trouvé les vraies règles de la mufique tout le monde goûterok
ce qu'on aiiroit fait en les- fnïv cuit & l'on ne fongeroït plus à
rien changer ( o ). Ce feroit trop nous ecarter de notre fujet
que de fuivre les réflexions de ce grand Prince touchant la
Mufique des premiers âges. LauTantdonc à. part, & la queition
difficile du degré de perfection où les Anciens avoient porté
leur mufique & les observations curieufes & fingulieres de
cet illuftre Auteur 1°. fur le chant des oifeanx qui plaît tou-
jours lorfque c'eft celui que la nature leur a appris; au lieu que
celui que l'art leur enfeigne ne plaît qu'à certaines oreilles', &
ne plaît pas long-terns z°. fur le défaut des plus belles tnufs-
ques, de n^être faites que pour des. oreilles lavantes &
fur lequel fe règlent tous les autres certainement pas à y rien changer,.
fons qui efl: en même tems la bafe Parcourez les Auteurs Chinois
de tout le fyftcme muficai & le Grecs Européens qui ont voulu
fondement des inilitutions civiles faire des changemens à la Mufique.
qui concernent les poids & les vous trouverez que c'eft toujours
meiures. Voyez le mot hoang- l'ignorance de quelque principe
tchoung dans la table des matier- qui a été. la fource & î'occafion de
res, p-'ge 246 de ce volume. ce changement. Aujourd'hui mê<-
(0) Les regles de la mufique me, dans notre Europe les divers
1-ont trouvées mais la difficulté eil fyftûmes fur la Mufique ne iè mul-
de trouver des hommes 'qui veuil- tiplient tant, que parce que l'étude
lent les etudier & s'attacher ai les des principes n'a jamais etc fi né-
comprendre. Ceux-là ne longeront gligée,
d'ennuyer les autres 30. fur la difficulté de faire une mufique
qui foit egalement agréable à tous les âges, tous les fexes
tous les génies & tous les caractères 40. fur les différentes
mufiques qu'avoient les Anciens félon les faifons les céré-
monies, les fêtes & les circônilances 50. fur ce qu'une mufi-
que, pour êcre complette, doit être compofée des huit fortes
de corps fonores, le métal la pierre la foie &c. laiffant à
part tous ces objets nous nous bornerons à faire remarquer
qu'en rapprochant ce qui eft dit fur la Mufique dans les
king & autres anciens livres de Chine on expliqueroit aifé-
ment ce qui paroît y etonner le plus, fi on vouloit faire atten-
tion que la Mufique etoit, dans l'antiquité, comme l'ame des
cérémonies religieufes & la dépofitaire des enfeignemens de
la Religion.
L'on jouoit du king en le frappant & en le touchant légére-
ment avec un morceau d'un bois dur & c'eft encore la ma-
niere d'en jouer aujourd'hui. Le maillet dont on fe fert a un
côté plus gros, & un autre plus pointu. L'habileté du joueur
confifte proportionner les coups aux fons qu'il veut tirer du
king. Les Chinois prétendent que c'efi celui de tous les inftru-
mens qui fe marie le mieux avec la voix de l'homme (/? ) j auffi
les Anciens comme nous l'avons remarqué avoient des king
Singulièrement deftinés à accompagner la voix. On fe fert
aujourd'hui d'un petit king-kieou dans les fêtes du Palais ( q ).

(/>) Si le king fe marie mieux & auquel nous croyons que le


avec la voix de l'homme que les texte le rapporte. Les flûtes fiao
autres inftrumens ce n'elt pas des Chinois font certainement
tant à caufe de la qualité du fon ainfi que nos flûtes plus analogues
qui eu presque le même que celui à la voix humaine mais le diapa-
du métal, que par rapport à fon fon de ces inifirumens répond aux
diapafon au ton fur lequel il eft voix de diffus qui font celles des
monté qui eft en effet celui des femmes & des enfans.
voix de taille & c'eft du king or- ( q ) Nous préfumons qu'il s'agit
dinaire que nous voulons parler, ici d'un king de feize pierres, d'un
3
Comme
Comme nous ne l'avons pas entendu, nous ne pouvons en rien
dire (/-).
Les Anciens onc décoré le king des epithetes de célejle de
pur, d'immuable de fpirituel, de lien des cceurs. Le grand yu,
dit le Philofophe Yo-tfée dirigeoit les peuples par la douce
harmonie du king, je ni en fers moi, pour diffiper mes chagrins
recueillir mon efprit & apprendre à etudier mes paroles. Il eft
dit dans le Lun-yu chap. 14 que Confucius jouant du king
un bon payfan qui paffoit devant fa porte, s'arrêta pour l'en-
tendre, & s'écria O que celui qui joue ainji a tante occupée
de grandes chofes Selon le Li-ki le fon harmonieux du king
invite le fage à réfléchir fur la fin de fon être lorfqiiil l'entend
il penfe à la mort & Je fortifie dans £ amour de fon devoir. Mais
king afforti & non du king ifolé qui font employés dans cette mufi-
dont l'Auteur parle à la page 167. que oubienencore, que les Chinois
Une feule pierre ne pourroit fer- modernes, qui ont altéré la forme,“
vir qu'à foutenir le ton fondamen- les dimenfions & les proportions
tal fur lequel on chante, & à régler de la plupart de leurs inftrumens
la mefure ce qui néanmoins fup- peuvent bien, dans ces altérations,
pofe toujours un certain nombre n'avoir eu aucun égard au diapa-
de Klng-kieou. Voyez dans le Mé- fon du king relativement la voix
moire de M. Amiot la note g de l'homme, &C ne plus fe faire au-
page 41 & le texte auquel fe rap- jourd'hui une difficulté d'accom-
porte cette note. pagner des groffes voix avec de
( r) Si, fans avoir entendu ce petits king, ou des voix grêles &C
king, l'Auteur de cet Effai l'avoit aiguës avec de gros king. Heureux
vu & qu'il nous eût dit de com- encore fi, continuant d'être rigides
bien il eu plus petit que ceux des fur l'admiflion des Européens dans
Anciens on pourroit en conclure leur empire ils ne tombent pas
d'après ce que nous avons obfervé à leur exemple dans le travers
à la note p ou que cet infini- de ne vouloir que de ces fons
ment fert à accompagner des voix aigus & décharnés, pris hors de la
aiguës ou que comme il y a eu portée de chaque genre de voix &
des tems où l'on a employé tan- de chaque forte d'inftrument effet
tôt des voix de femmes, tantôt des que ce petit king pourroit bien
voix d'Eunuques dans la mufique produire un jour dans leur manière
des Impératrices ce petit king eft de chanter, fans le fccours des
peut-être encore un relie de ceux Européens.
ces paroles du Li?ki font allufion au grand king de yu dont
on jouoit dans les facrifices folemnels au Tien; ainfi l'on ne
doit pas être, farpris fi le fon de cet inftrument rappelloit au
fage des idées de religion & il faut obferver que le grand
king de yu etoit tellement réfervé pour les facrifices folemnels,
qu'on n'en jouoit qu'alors, & que même il ne fortoit pas de
l'enceinte du Lien-tan ufage qui date de la plus haute anti-
quité, qui a été facré fous toutes les Dynafties & qui fubfïfte
encore aujourd'hui, & s'etend à tous les autres inilrumens.
Ceux qui font deflinés pour les grandes cérémonies de la Reli-
gion, font les plus beaux, les plus richement ornés, & les
plus parfaits. Les Chinois regarderoient comme une profana-
tion de s'en fervir ailleurs, ou même d'en employer de fem-
blables dans les ufages civils. La loi a parlé elle a mis une
différence entre' les inftrumens des grandes cérémonies de la
Religion, & ceux des cérémonies aux Ancêtres des cérémo-
nies de l'Empire, & des cérémonies du Palais; elle a déterminé
qu'ils feroient tous plus petits & moins précieux que les autres.
On peut voir à ce fujet le hoei-tien article du Li-pou & le
hoei-tchao yo-kitou, liv. 8 où fon en diftingue jufqu'à douze
grandeurs différentes.
Alrmoi/vs .ru/- /r,r C '(?/,r. P,ic?r 2-4..
J fcr/c.i y\\)/ion\r Ton,. 11 ri xxxi

1 {_ )
1
1,
j\fcmoin\r xvur A\r C/umn.r. Hwe -2-4--
]\erres < ïo/it>e,r. T.mi ri p/ sxxn «/«/?
EXTRAIT d'une Lettre de M. AM10T,à
M* du 2.8 Septembre iyj7.

O BSERVATIONS
SUR le Livre de M. P*intitulé: Recherches pkilofophiqu.es

I fur les Egyptiens & les Chinois.


E Livre intitulé Recherches philo fophiques fur les
Egyptiens & les Chinois, eft enfin parvenu jufqu'à moi, après
deux ans de retard. Je l'ai lu d'un bout à l'autre avec l'atten-
tion la plus férieufe & je fuis en ecat de l'apprécier, du moins
quant à ce qui concerne la Chine.
Cet ouvrage écrit avec beaucoup de légèreté & con-
traire, du commencement à la fin aux idées communément
reçues a dû plaire dans vos climats à un certain ordre de
leâeurs mais je fuis perfuadé que les favans & tous ceux qui
aiment l'impartialité l'auront rangé dans la claffe qui lui
convient en le plaçant parmi les produirions d'une imagina-
tion hardie dont l'objet eft de faire valoir des paradoxes aux
dépens de la vérité.
L'Auteur, pour avoir voulu trop prouver n'a rien prouvé
du tout. Il a pris les abus pour les loix, les crimes de quelques
particuliers pour les mœurs nationales les affertions témérai-
res de quelques voyageurs peu inftruits pour des vérités incon-
testables & pour le dire plus fimplement mais avec plus
de vérité & non moins d'énergie il a parlé des Chinois fans
les connoître il n'en a parlé que d'après les préjugés les
moins fondés & les plus injuftes il ne les a envifagés que du
mauvais côté & en les envifageant il a affefté de ne fe pla-
cer que dans un faux point de vue.
Dire que les Chinois font un peuple barbare groffier
ignorant, fans génie fans loix, fans fciences fans arts ni
înduftrie qu'ils defcendent des Scythes & qu'ils n'ont été
civilifés que dans le douzieme fiecle par les Tartares Mongoux,
qui conquirent leur pays, & fonderent la Dynaftie dite des
Yuen eft une propofition auffi abfurde que celle qui diroit
que les François font naturellement ftupides pefans durs &
cruels qu'ils defcendent en droite ligne des Hurons, & que
ce n'efl: que depuis que ces Américains les ont un peu décraf-
fés, dans la fréquentation qu'ils ont eue avec quelques-uns
d'entr'eux du côté de Québec que leurs mœurs fe font un
peu adoucies & qu'ils ont commencé à cultiver les fciences
& les arts qu'on voit briller aujourd'hui avec tant d'éclat en
France.
Affurer, comme l'Auteur des Recherches ofe le faire que
tous les Millionnaires qui ont écrit fur la Chine ont été des
enthoufiaftes ou des impofteurs dont les favans d'Europe
ont été les dupes pendant deux fiecles, c'eft calomnier en pure
perte.
Les Miffionnaires dira tout homme equitable tout Phi-
lofophe même de la claffe de l'Auteur des Recherches les
Miffionnaires font les feuls qui ont pu nous donner des notions
fûres des pays lointains qu'ils ont arrofés de leur fueur & qui
ont été le théâtre de leurs travaux parce que les ayant par-
courus dans toute leur etendue ils ont eu l'occafion & le
loifir de les examiner; parce qu'en ayant fréquenté les habi-
tans, & ayant vécu grand nombre d'années avec eux ils ont
été à même de connoître tout ce qu'ils ont de bon & de mau-
vais parce qu'ayant appris leurs langues ayant lu leurs
livres, ayant pratiqué leurs ufages, ayant eté fournis à leurs
loix ayant combattu leurs erreurs ce tachi: de les corriger
dé leurs vices, il n'eft pas poffible qu'ils ne fe foient pas formé
une idée à-peu-près exa£te de leur Religion, de leurs moeurs
de leur manière de vivre, de la forme de leur gouvernement
de leur induftrie de leurs fciences & de leurs arts & s'il leur
eft arrivé de n'être pas de même avis fur bien des articles de
fe contredire fur d'autres, & de ne parler que fuperficielle-
ment ou d'une manière peu exacte de la plupart cela prouve
tout au moins qu'ils ne fe font pas accordés pour tromper le
Monde. Il faut attribuer leurs erreurs, leurs- exagérations &
leur peu d'exactitude au défaut de lumières, plutôt qu'au
manque de bonne-foi. Chaque particulier a dit ce qu'il voyoit,
ce qu'il croyoit & l'a repréfenté comme il le voyoit & com-
me il le croyoit.
L'Auteur des Recherches fait très-bien qu'il n'eft pas donné
à tout le monde de voir les objets tels qu'ils font. Il fait que le
grand nombre a la vue trop foible. pour ne pas employer le
fecours du verre quand il s'agit de les diftinguer.. Malheureu-
fement pour lui & pour ceux encore que fesRecherches pour-
ront féduire le verre dont il s'eft fervi lui a fait illufion fur
tout. S'il eût vu à œil nu & examiné en véritable Philofo-
phe, ce que ces Millionnaires, qu'il méprife fi fort, & qu'il
décrie avec tant d'affunmee & fi peu de raifon, ont ecrit en.
différeras tems fur la Chine, il fe fût mieux initruit qu'il ne paroit
l'être.
Population de l'Empire Chinois.

Je n'ai pu lire fans une furprife extrême dans le premier


Tome de les Recherches pag..84, que l'Auteur regarde
comme un calcul exagéré celui qui donne à la Chine quatre-
vingt-deux millions d'habitans,. tandis qu'elle en a au moins
deux cens millions. à l'heure que j'écris. Comme ce poiut n'aa
eté traité jufqu'ici que fuperficicllement ou d'une maniere
obfcure je ne crains pas de fatiguer le Lecleur en entrant
dans un affez grand détail, -pour ne lui laiffer rien à defirer
fur un objet qui mérite par lui-même d'être connu, & qui eft
toujours intéreflant pour un homme d'Etat. Je tirerai ce que
je vais dire d'un livre authentique, fait par les ordres & fous
les auf&ices de l'Emperew:- ICien-tong, fk: donné au public la
huitième année de fon régne en plus de cent tomes renfer-
més fous vingt-quatre tao ou enveloppes. Cet ouvrage porte
le titre de Tai-tfing y-toung-tché comme qui diroit en fran-
çois Indication de ce qu'il y a d'effentiel à /avoir fur la Chine,
fous l'Empire des Tai-tfing. Il eft à la Bibliothèque du Roi, &
M.- dé Guignes pourra le confronter pour s'affurer de ma
fidélité à ne rien rapporter que d'après les originaux.
On ne trouve dans XY-toung-tchi que le nombre des contri-
buables de chaque province; mais connoiffant ce nombre,
»
on peut connoître à-peu-près celui de tous les individus qui
•.
composent la nation.
Nombre des contribuables dans les différentes provinces de
C Empire la huitième année du règne de Kien-long.

Dans la province du Pê-.tchè-ly ou fimplement dans le Tché-ly,


la ville àe.Pe-king non cômprife 3,340,553,
Dans la province du Chan-tong 2,431,936.
Dans la province du Koan-toung 47,124,
Dans le Kiang-nan, qui forme aujourd'hui deux
provinces; favoir, les provinces de Kiang-fou
& de Ngan-hoei
Dans le Kiang J'ou 2.~7,707.
Dans le Ngan-hoei 2,435, 5 ô'fj.
Dans le Ho-nan 2,5 27,4 j6"i
Dans le Çhan-fi 1,793,895.
Tchê-kiang
Dans le 3,124,798.
Dans le Chen-Jî 2,151,549,
Dans le Ran-foii y compris les familles chinoifes
qui font etablies hors de la grande muraille 708,258.
Dans le Kiang-Ji, y compris quelques monta-
gnards, & quelques marchands venus d'ailleurs
depuis un certain nombre d'années & etablis
pour toujours dans le pays 1,336,270.
Dans le Koang-toung c'eft ce que nous appelions
communément la province de Canton
Dans le Koang-jî •:
Dans le Hou-koang divifé en Hou-pe & Hou-
-. 1,201,320,
228,690.

nan c'eft-à-dire dans les parties au Nor,d &


au Sud du lac 852,970.
Dans le Yun-nan
Dans le K ouei-tcheou
Dans le See-tchouen
••
3,036,342.
237,965.
51,089.

En additionnant toutes ces fommes on trouvepour le nombre


total des contribuables fi j'ai bien compté vingt-huit millions,
cinq cens feize mille quatre cens quatre-vingt-huit.
Je prie le Lecteur de vouloir bien remarquer, que par le
mot de contribuables que le code politique des Chinois expri-
me par celui de .jin-ting on n'entend, que les chefs des
familles. Quand il s'agit de;déilgner le nombre des individus
on emploie le terme de bouche, & l'on dit; par exemple, il y
a tant de bouches dans cette famille, dans ce hameau, dans
ce village &c. Qu'il y ait dix bouches dans une famille, qu'il
n'y en ait que cinq, qu'il n'y en ait que deux, le nom du chef
efl le feul qui foit infcrit', parce que c'eft le chef feul qui eft
afhgné pour la contribution. Les femmes les enfans & les
doineftiqucs ne font point comptés à plus forte raifon les
eté traité jutquici que fuperficiellement ou d'une manière
obfcure je ne crains pas de fatiguer le Lecteur en entrant
dans un aiTez grand détail, pour ne lui laiffer rien à defirer
fur un objet qui mérite par lui-même d'être connu & qui ell
toujours intéreffant pour un homme d'Etat. Je tirerai ce que
je vais dire d'un livre authentique fait par les ordres & fous
les aufpices de l'Empereur Kien-long, & donné au public la
huitième année de fon règne en plus de cent tomes renfer-
més fous vingt-quatre tao ou enveloppes. Cet ouvrage porte
le titre de Tai-tfing y-toung-tché comne qui diroit en fran-
çois Indication de ce qu'il y a d'ejfennel à /avoir Jur la Chine
fous l'Empire des Tai-tfing. Il eft à la Bibliothèque du Roi, &
M. de Guignes pourra le confronter pour s'affures de ma
fidélité à ne rien rapporter que d'après les originaux.
On ne trouve dans X Y-toung-tché que le nombre des contri-
buables de chaque province mais connoiffant ce nombre
9
on peut connoître à-peu-près celui de tous les individus qui
compofent la nation.
Nombre des contribuables dans les différentes provinces de
F Empire la huitième année du règne de Kien-long.
Dans la province du Pê-tché-ly ou fimplementdaiis le Tché-lyf
.3,340,553,,
la ville de Pe-king non comprife
Dans la province du Chan-toiz~
Dans la province du Koan-toung
~1,
47,124,
Dans le Kiang-nan, qui forme aujourd'hui deux
provinces lavoir les provinces de Kiang-fou
& de Ngan-hod
Kian~ fou
Dans le
Dans le Ngan-hoei
2,5 2.7,45^
Dans le Ho-nan
2~i/o7.
2,435,566.

Dans le Chati-fi 1,793,895.


Dans
Dans le
le Tchê-kiang
Chen-fi 3,124,798.
2,252,549.
Dans le K
y compris les familles chinoifes
an-fou
qui font établies hors de la grande muraille 708,2*58.
Dans le Kiang-fi, y compris quelques moi/a-
gnards, & quelques marchands venus d'ailleurs
depuis un certain nombre d'années & établis
pour toujours dans le
.'
pays 1,336,2700
Dans le Koang-toung, c'eft ce que nous appelions
communément la province de Canton
Dans le Koang^fi
Dans le Ilsu-hoang divifé en Hou-pe & Hou-
i_, 20 1,3 10.
2Z8J690.

nan c'eft-à-dire dans les parties au Nord &


au Sud du
Dans le Yun-nan
lac 852,970.
237,965»
le Kouel-tcheou
Dans
Dans le See-tchouen 3,036,342, 51,089.

En additionnant toutes ces fommes on trouvepour le nombre


total des contribuables, fi j'ai bien compté vingt-huit millions
cinq cens feize mille quatre cens quatre-vingt-huit.
Je prie le Lefteur de vouloir bien remarquer, que par le
mot de contribuables que le code politique des Chinois expri-
me par celui de .jm-ting on n'entend que les chefs des
familles. Quand il s'agit de déngner le nombre des individus
on emploie le terme de bouche & l'on dit par exemple il y
a tant de bouches dans cette famille, dans ce hameau, dans
ce village &c. Qu'il y ait dix bouches dans une famille qu'il
n'y en ait que cinq, qu'il n'y en ait que deux le nom du chef
ell le feul qui foit inferit parce que c'eft le chef ieul qui eit
affigaé pour la contribution. Les femmes les enfans ik les
domeftiques ne font point comptés, à plus forte raiibn, les
cfclaves. Les Chinois ne croient pas s'ccarter du vrai, en
affignant pour chaque famille le nombre. de fix bouches par
la raifon difent-ils, que s'il le trouve quelques familles où il y
ait moins de fix bouches il s'en trouve d'autres qui en ont
beaucoup plus. D'ailleurs l'expérience plusieurs fois réitérée
par les Mandarins tant dans les grandes que dans les petites
villes les a toujours convaincus que c'ell à cette évaluation
qu'il falloit s'en tenir. Cependant pour prendre un milieu
entre notre manière d'évaluer le nombre des individus qui
compofent une famille & celle que je viens d'indiquer je ne
fuppo/e que cinq bouches dans chaque famille chinoife. Mul-
tipliant donc par cinq le nombre des jin-ting ou des chefs
de familles que le Tribunal des fubfides accula à l'Empereur
la huitième aimée de ton règne, c'eft-à-dire l'an 1743 nous
aurons pour le total des bouches qui compofent les familles
contribuables cent quarante-deux millions cinq cens quatre-
vingt-deux mille quatre cens quarante.
Je n'exagérerois certainement pas en difant que ce nombre
n'eft tout au plus que la moitié de celui qui comprend tous
les habitans de la Chine & on en conviendra peut-être avec
moi û l'on veut bien donner encore un moment d'attention à
l'ennuyeux détail dans lequel je fuis obligé d'entrer pour le
prouver.
Parmi les contribuables on ne compte point les Mandarins
& ces Mandarins dans une auffi. grande etendue de pays
que celle qui eft comprife dans ce qu'on nomme la Chines
doivent être & font en effet en très-grand nombre. Je ne nom-
merai que les principaux, c'eft-à-dire ceux qui tiennent un
rang dans l'Etat & qui ont fous eux une foule de fubalternes,
qui comme eux, jouiffent du privilege de l'exemption. Ces
principaux Mandarins font les Gouverneurs-généraux des pro-
vinces, dont onze ont le titre de 7/o/MK c~ quinze celui
de
de Hiun-fou ( que nos Européens appellent Vice-rois je ne
lais trop pourquoi ).
Après les Tfong-tou & les Hlun-fou font les Pou-tc/ienq-
Jee ou Tréforiers-généraux
au nombre de dix-neuf. Viennent
enfnite les dix-huit Ngan-tcha-fee ou Lieuteruns-générauxdu
Tribunal des crimes; les dix-fept Hio-yuen
ou Infpe&eurs-
juges de ce qui concerne les Lettrés, comme Lettrés les
quatre-vingt-treize Tao, ou CommiiTaires ambulans pour veil-
ler fur la conduite des Gouverneurs particuliers des villes &c.
Tous ces grands Mandarins ont fous eux des Mandarins de
différais titres, qui font comme leurs affeffeurs ou confeillers,
& qui les aident dans l'adminiitration des affaires de leurs ref-
forts refpeclrifs. Je n'entreprendrai pas d'expliquer en quoi
confifte la jurifdi&ion particuliere de chacun de ces Officiers
ce n'eft pas ici mon objet. Je dois feulement en faire connoître
le nombre.
Les P ou-tcheng-fee ou Tréforiers-généraux ont fous eux
vingt-trois Mandarins les Ngan-tcha-fee ou Lieutenans-géné-
raux du Tribunal des crimes ont quatorze affeffeurs pour les
affaires générales dix-huit pour viiiter les priions & vingt-
fept pour faire les informations juridiques. Les T.ao ou Com-
mifTaires arnbulans ont onze Mandarins qui doivent leur ren-
dre compte de l'état où fe trouvent les magasins publics qu'ils
doivent viiiter.
Après tous ces Officiers qui ont une infpeérion générale
fur toutes les provinces de l'Empire viennent les Gouverneurs
des villes du premier fécond &: troisième ordre. Les Gouverneurs
des villes du premier ordre, le nomment Tché-jou & font au
nombre de, cent foixante-dix-neuf. lis ont fous eux deux cens
quatre Mandarins, du titre de Toung-tché cent foixante-
ieize du titre de Toung-pan deux cens vingt du titre de King-
(y, fbixaate-treize du titre de See-yu pour avoir loin des
prifons, & veiller-fur ce qui concerne les prifonniers, dix
Choui-ta-che pour veiller fur les Douanes générales du diftricl:
9
douze Faii-choui-ta-che pour veiller fur les Douanes particu-
lieres de la ville cinq Tfang-ta-che pour veiller fur les greniers
publics, ck cent quatre-vingt-fix Kiao-chcou pour veiller fur les
ecoles.
Les Gouverneurs des villes du fécond ordre s'appellent
Tche-tclzeou, ils font au nombre de deux cens onze, lefquels
ont fous eux foixante-quatre Tcheou-toung quatre-vingt-dix
Tcheou-pan deux cens vingt-quatre Ly-mou quatre Kou-ta-
cne pour veiller fur les magafins publics, quatre Chouita-ché
pour veiller fur les Douanes quatre Tche-ly-ting & deux
cens dix-fept du titre de Hio-tcheng pour veiller fur les ecoles.
Les Gouverneurs des villes du troifieme ordre s'appellent
Tché-hïen ils font au nombre de douze cens quatre-vingt-dix-
neuf, lefquels ont fous eux quatre cens dix-huit Hien-tcheng
g
onze cens Kiaoyu, quinze cens vingt Hiun-tao cent huit
Tchou-pou ces trois derniers ordres de Mandarins n'ont rap-
port qu'aux écoles & aux Lettrés. Neuf cens foixante Hiun-
kien pour veiller fur les villages, douze cens quatre-\ ingt-
dix-fept Tien-che fept Choui-ta-ché pour veiller fur les doua-
nes de la ville, huit Tfang-ta-che pour veiller fur les greniers
publics, cinquante-cinq Y-tcheng pour veiller fur les portes
quarante-quatre Tcha-koan pour veiller fur les eclufes.
Si on additionne ces différens nombres on trouvera fi je
ne me trompe que 8965 eft le total des Mandarins nommés
par l'Empereur pour i'adminifiration des affaires dans les diffé-
rentes provinces car pour ce qui eft des Mandarins fubalter-
nés qui font à la nomination des grands Mandarins, il n'en eft
point parlé dans TAlmanach politique; il faut cependant les
mettre en ligne de compte, ainfi que les autres moindres Offi-
ciers qui font employés fous etix parce que les uns & les
autres ne font point compris dans lenumération qu'on a faite
des contribuables. En fuppofant leur nombre dix fois plus grand
que celui de leurs fupérieurs on le fuppofera le moindre qu'il
foit poffible. Il fera donc de 89650 qu'i' faut ajouter au
nombre précédent 8965 & l'on aura pour le nombre total
des Mandarins tant grands que petits, qui font répandus dans
les différentes provinces de l'Empire 9861 5. Mais comme tous
ces hommes font cenfés avoir famille, & que nous avons éva-
lué à cinq le nombre des bouches qui compofent une famille
nous aurons 493075 bouches qu'il faudra ajouter à celles dont
nous avons déjà fixé le nombre à 142582440 ce qui nous
donnera 143075515.
Les Lettrés font ici une partie de la nation & la partie de
la nation qui éclaire les autres fur ce qu'il leur importe de favoir,
:>
qui les dirige dans ce qu'elles doivent faire qui jouit de toutes
les prérogatives de la primauté & qui depuis les H an c'eft-
à-dire, depuis environ deux mille ans qu'elle tient constamment
le premier rang dans l'Empire, lui a toujours fourni des Maî-
tres pour l'inilruôion des Miniftres pour l'adminritration des
affaires & le gouvernement de l'Etat & des Magiftrats pour
juger les peuples & les contenir dans les bornes du devoir.
En un mot, les Lettrés font à la Chine cette partie de la nation
qui eft comme l'ame des autres puifque c'eil d'elle & uni-
quement d'elle que les autres reçoivent leur exiftence morale “
& tout leur être politique & civil. Les Lettrés doivent donc
être en très-grand nombre dans un Etat où tout les favorife, oit
tout contribue à les multiplier. Si cette conféquence ne fuit pas
néceflairement des prémices elle eft au moins prouvée démonf-
trativement par le fait. On en conviendra dans le moment.
Comme les Lettres font ici la feule voie qui conduife aux
honneurs, il faut de toute néceffité que tous ceux qui préten-
dent à ces honneurs cultivent les Lettres il faut qu'il conite
qu'ils les aient cultivées avec quelque fuccès pour qu'ils pnif-
fent obtenir les emplois civils. C'eft à quoi le gouvernement
a pourvu avec fageffe en fixant dans chaque ville du pre-
mier fecond & troilleme ordre, le nombre des Lettrés qui
doivent être promus juridiquement au premier grade de la
littérature qui eft celui de Sleou-tfai & qui revient à ce
qu'on appelle Bachelier dans nos Univerfités. Tout Tfieou-tfai
eit cenfé noble, & n'eïr. point infcrit parmi les contribuables.
Il faut cependant en t'avoir à-peu-près le nombre quand on
veut evaluer celui de tous les habitans. Je pourrois remplir
plusieurs feuilles & même un volume entier- des feuls noms
des villes qui doivent fournir chaque année leur nombre fixe
de gradues fi je tranfcrivois l'Almanach politique qu'on impri-
me ici quatre fois par an. Je vous en envoie un exemplaire en
preuve de ce que j'avance. M. de Guignes pourra vous expli-
quer le furplus de ce que je ne faurois dire ici; car je ne fini-
rois point fi je voulois tout dire. Je me contente d'additionner
entr'eux les nombres des Sieou-tfai que doivent fournir les
différentes villes d'une même province & de mettre te total
fous le nom de la province même.

7~y
Noms des provinces.

Ktarzp-àzt
A~2-~oe~
Nombre des Sieou-tfai.
2496.
1410.
1285.
Kiang-jî 135 <5^
Tche-kiang 1877.

7~
Fou-kicn

Hou-nan
1166.
I i
11 84.
O

Ho-nan 1669.
Chan-tong
“ 1867.
15412,
Noms des provinces. Nombre des Sieou-tfai.

De l'autre part t 2.
C/~a/z-/? 154
1~9'
T~K 1 ·
1127.
°
938.
~e-C/:OM<?/: 1446.
~0(ï/M~ ( Canton ) i 343·
xoan~ f 97~
Yun-nan 11~9'
xonei-tclzeozi ~04.
TOTAL 2470).

Il y a donc à la Chine vingt-quatre mille fept cent un habi-


tans que l'on introduit chaque année dans la carriere de la
littérature ce qui fuppofe le nombre de ceux qui la courent
habituellement au moins vingt fois plus grand. A ce compte
il y a conftamment a la Chine 494010 Lettrés qui ont reçu
des grades & qui par conféquent ne font point inferits parmi
les contribuables. Ces Lettrés ont famille & nous avons fup-
pofé que chaque famille etoit compofée de cinq bouches
comme on parle ici. Multiplions le nombre trouvé des Lettrés
par cinq, & nous aurons pour celui des bouches 2470100.
Ces deux millions quatre cens ïoixante-dix mille cent bouches,
ajoutées aux 1430755 15 due nous avions déjà trouvées,
nous donneront 145545615. Je prie le Lefteur de vouloir
bien obfcrver que toutes mes évaluations quand il s'agit de
fixer un nombre font toujours en moins car à en croire les
Chinois, même les plus iniiruits je veux dire ceux qui entrent
pour quelque choie dans le gouvernement de l'Etat il y a
plus d'un million de Lettrés gradués qui (ont diipcrfés dans
la vafte etendue de leur Lmpire. Ce font ces Le.:rc.s qui enici-
gnent la jeuneffe dans toutes les villes & dans un très-grand
nombre de villages. Ce font ces Lettrés encore qui font Secré-
taires des Princes, des Grands, des Magiftrats & des Man-
darins des différens ordres, &c., &c.
Après les Lettrés viennent les gens de guerre qui font au
nombre des exempts, & qui par conféquent ne font point infcrïts
parmi les contribuables. Il ne m'a pas été aifé de m'inflruire fur
cet article parce que pour des raifons qu'on devine fans
doute je n'ai pas ofé m'adreffer à quelqu'un des Tribunaux
qui en tiennent regiflre. Mais en procédant comme je l'ai
fait, pour les Lettrés, je puis trouver un à-peu-près qui fuffira
pour ce que je me propofe. Je tire ce que je vais dire de l'Al-
manach militaire qu'on imprime pareillement quatre fois par
an, & qu'on ajoute à l'Almanach politique pour le civil; je
vous l'envoie. On trouve dans cet Almanach les noms les
titres & la réfidence de tous les Officiers de la milice chinoife
ainfi que leur nombre connoiflant ce nombre on peut en
conclure celui des foldats.
Officiers qui commandent toutes les troupes d'uneprovince,
fous le nom de Ty-tou 19.
Officiers de différens titres qui font fournis aux Ty-tou
& qui commandent les troupes dans les différentes
villes de chaque province.
Officiers du titre de Tfoung-ping 6j.
de Fou-tjiang 118.
de Tfan-tjîang 163.
de Yeou-ki 374.
de Cheou-pei 828.
de Tou-fee 420,
de TJïen-tfoung 16 17.
de Pa-tfoung
» 3459.
7063.
Outre ces Officiers qui font de réfidence dans les villes du
premier fécond & troifieme ordre il y en a encore dans les
villes du titre de Ouei qui font murées mais non fortifiées.

Cheou-pei
Dans ces différentes villes il y a des Officiers du titre de

Tfien-tfoung ..250.
Du titre de
5 2.

Du titre de Cheou-pei pour la garde des portes, encore 5 2.

En additionnant tous ces nombres, on a pour total des


Officiers nommés par l'Empereur pour commander la milice

garde des villes de leur Empire .7417.


chinoise à laquelle les Mantchoux ont bien voulu confier la

Il faut remarquer que chacun de ces Officiers outre les


foldats qui" font immédiatement fous fcs ordres a encore une
foule d'autres hommes qui compofent ce qu'on appelle fou
Ya-men c'eft-à-dire fon Bureau que dans chacun de ces
Ya-men il y a des bas Officiers pour tranfmettre & faire exé-
cuter les ordres des Secrétaires &: des Scribes pour tenir
regiftre de tout & des gens de fervice pour être employés
fuivant le befoin. Le nombre de ces hommes eft à celui des
Officiers dont ils composent le Bureau, au moins comme dix

aurons 74170.
eft à un ajoutant un zero après le nombre des Officiers nous

Il faut remarquer encore que dans l'Almanach militaire il


n'eit point fait mention de ces Officiers fubalternes que l'on
appelle ici du nom de Ouai-outl ( & qu'on peut comparer fi
je ne me trompe à nos Lieutenant ) parce que ces Quai-
ouei ne font pas tous nommés par l'Empereur & que le nom-
bre n'en eft point fixe Les Ty-ton élèvent à ce premier grade
militaire ceux des foldats qu'Us veulent récompenfer quand
ils ont fait quelque belle action ou quand ils les ont trouvés
constamment exacts à remplir leurs devoirs. C'efl une porte
qu'ils leur ouvrent pour les faire entrer par la fuite dans l'exer-
cice des plus grands emplois. Le nombre de ces Officiers ne
ni'etant point connu, non plus que celui des foldats qui font
de garnifon dans les villes, & de ces autres foldats qui d'un
bout de l'Empire à l'autre, font placés à quelque diftance les

tout
uns des autres fur toutes les grandes routes tant pour la
fureté des voyageurs que pour donner dans l'occaiion des
fignaux par le moyen du feu je les compterai tous in globo
& je fuppoferai fuivant ma manière d'evaluer toujours en
moins, que tous ces hommes, font aux Officiers quant à
leur nombre comme cent eft à un. Il y en a donc en
741,700.
Joignant ce nombre à ceux qui font marqués ci-,
deflfus ilréfukera pour le total des foldats & des
autres attachés à la milice, y compris les Officiers 813,287.
Je m'arrête ici un moment pour dire que mon Lettré à
qui je viens de faire part de mon calcul fe moque de moi
& affure poùtivement qu'au lieu de huit cens vingt-trois mille
deux cens quatre-vingt-fept je devrois ecrire au moins deux
millions mais comme les preuves qu'il m'apporte pour garan-
tir la vérité de ton affertion font du nombre de celles qu'on
peut chicaner je le laiffe dire & je continue.
Les gens de guerre font ici .chefs de famille comme le
refte des habitans il faut donc multiplier leur nombre nar
cinq & nous aurons pour le total des bouches, qui en vertu
de la milice, ne lont point comptées dans l'enumération qu'on
a faite des contribuables 4,115,325.
Que nous devons ajouter aux 145,545,615.
déjà trouvées & nous en aurons 149,662,050.
Il faut encore plus de cinquante millions pour compléter les
deux
deux cens millions, & plus que j'ai affignés pour être le nom-
bre des habitans de la Chine ? Où les trouverons-nous ? L'Au-
teur des recherches nous permettra volontiers fans doute
de les prendre parmi ces voleurs qui infectent les grandes routes
de l'Empire jufqu'aux environs de Canton ik un Botcmifle
d'Europe, en allant herborifer fut en deux jours attaqué deux

parmi ces familles errantes qui déferlent des


fois; parmi ces Troglodytes qu'on y trouve en (î grand nombres

pour aller vivre aux environs des villes commerçantes où


terres

l'appât du gain les attire; parmi ces ll~loines nzerzdian,r, ces


châtrés & ces efclaves auxquels nous pouvons joindre encore
tous ces aveugles & ces bon^effes qu'il confond fort mal à
propos avec ces malheureuses victimes, que la pauvreté & le
libertinage ont livrées à l'infamie de la proftitution. Et fi tous
ces gens-là ne fuffifent pas, je leur joindrai cette multitude
d'Employés aux douanes, qu'on fuit être en très-grand nom-
bre & fur-tout les habitans de ces villes flottantes qui fur
leurs barques ou leurs radeaux, femblent faire une nation par-
ticuliere au milieu de la nation.
Dans tout ce que j'ai dit jufqu'à préfent il n'a point eté
queilion des habitans de la ville de Pe-king qui font très-
certainement au nombre de plus de deux millions ni des
Mant-choux qui vivent parmi les Chinois pour les contenir &
les gouverner ni des artifans ni des ouvriers en foie dont
le nombre doit être en proportion, non-feulement de ceux de
leur propre pays pour lefquels ils travaillent mais encore de
ceux des nations étrangères qui viennent chaque année char-
aer leurs vaiffeaux du fruit de leur induftrie ni de ces petits
commerçans en détail qui inondent toutes les villes & les bour-
gades de l'Empire ni enfin de ce petit peuple qui ici, comme
par-tout ailleurs j & plus encore que par-tout ailleurs, compote
ce qu'on appelle le gros de la nation.
Tome VI. O 0
Par tout ce que je viens de faire paffer fous vos yeux, il
eft démontré ce me femble que ce n'eft point exagérer
que de porter la population de la Chine jufqu'à deux cens
millions d'habitans. Elle doit être aujourd'hui plus forte encore
qu'elle ne l'etoit lorfqu'on imprima l'Y-toung-tché d'où j'ai1
tiré ce que j'en ai dit, c'efl-à-dire plus forte qu'en 1743
parce qu'elle va toujours en augmentant comme il confte
par ce qui efr. rapporté dans ce même Y-toung-tché. Dans le
dernier dénombrement qui fut fàit, y eft-il dit, le nombre des
contribuables de chaque province etoit de tant il a augmenté
ale tant. Il feroit à fouhaiter que l'année du dernier dénombre-

ment dont il eft parlé, eût été fpécifiée. Comme elle ne l'a
pas eté & que nous favons d'ailleurs que la coutume etoit
ci-devant d'annoncer chaque année au Souverain l'etat de la
population de fon Empire nous pouvons fuppofer que ce
dernier dénombrement fut fait la feptieme année du regne de
Kien-long c'eft-à-dire l'an 1742. Mais pour continuer à
prendre en tout le parti le moins favorable je recule ce der-
nier dénombrement le plus loin qu'il foit poffible, en le fup-
pofant fait l'année que Kien-long commença fon regne
c'eit-à-dire l'an 1736; & je dirai, fuivant X Y-toung-tché
3

en 1736 le nombre des contribuables des différentes provin-


ces etoit de tant en 1743 il etoit augmenté de tant.
En 1736, ie nombre des contri- En 1743 l'augmen-
buables etoit tation etoit de

Dans le Tcki-ly
Dans le Chc~n-ton~
3292.643. 47910.
n.78~81. 152954-
Dans le Kiang-fou 1821146. 96561»
Dans le Ngan-hoei
Dans le
Ho-nan
1407285. 2289875.
28281.
237581.
Dans le Chan-fi 1758635. 352.59»
le Tçhi-kiang
Dans 2937899. 186899.
Dans le Chen-fi 2149890. 44(39.
Dans le Kan-fou
Dans le Kiang-fi
Dans le Hou-nan
1308725. 304149.

368008.
77^3.
X9773«
777 '4.
Dans le Hou-pe 454417- 22771.
Dans le Fou-klcn 1468615. Î9992-
Dans le Koang-toung 1 179630. 21690.
Dans le Koang-Jî 205995. 14695.
Dans le Yim-nan 185865. 52100.
Dans le Kouel-tcheou 37536. I3553«·
Dans le See-tchoiien on ne comptoit autrefois que cent
quarante-quatre mille cent cinquante quatre familles qui
fufTent infcrites pour le tribut. On en compte aujourd'hui trois
millions trente-fix mille trois cens quarante-deux. Cette pro-
digieufe augmentation vient fans doute de l'affluence de ceux
qui lors de la conquête de la Chine par les Mant-choux
s'etoient retirés dans les montagnes & qu'on n'avoit pas jugé
à propos d'y aller forcer. Il en -eft de même de l'augmentation
qui s'efr. faite dans les provinces de Chen-Jî & de Kan-fou,
dont je n'ai marqué que la moindre partie n'ayant point fait
mention de toutes ces familles qui s'y font établies, depuis que
les Mant-choux font les maîtres de la Chine. Cette augmenta-
tion, dont on a tenu un compte exaft pendant bien des
années, donna lieu à une foule de difficultés pour la perception
du tribut. D'ailleurs le grand nombre des exempts des pau-
vres, des ouvriers ambulans des gens de rivières & mille
autres inconvéniens que le Tribunal des fubfides repréfenta à
l'Empereur Yong-tcheng engagèrent ce Prince à abolir le
jin-ting pour lui fubftituer le ry-ting., c'eft-à-dire à changer la
capitation en taille réelle -9 afin que les revenus de i'Etat hiiTem
pci pciueUemont les mêmes du moins quant a 1 ellentiel &
que la perception en tut humus onércuie au peuple plus
i-vaCÎe & d'une plus ^raude tacilué qu'elle no l'.ivoii été, v

jul qu'alors ( i ).
.K<t'?<<f-Y'('

.
Je mis porhude M.
que vous ne trouverez pas mau-

/ .l/
.us que te m écarte m\ inouu'iu vie mon (u|ot pour \ous
l'oinuur.viqHer ee i|ne \c viens d^ apprendre au (ii|el île eeite
taille- réelle. Je ne pom ois eu .lequénv îles eonuoitlauees plus

( î r.1- .
(Ares; puifque ce (ont celles que le 1'riluiual des l'ublides vient.

i-yS:.z-.f .ù CV;r.c .V ,:v feu


> .{:> U

F.f.V-
Allciîhin VuJ.U:

>>V.
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T." f.
T, ,:Va

OO(H>S8>L.
lS liO-IO.
117MO',O.
K;C"« î.îlCM^Ovj.
•K;c- 1100(1(140,
7. :i/i.- M41kj6>.U.
«.;
l"
F.'r.- 08065671.
/Y.
H.r: oSot-'oOo;.
0SS19310.
H.
l !SlS07',4.

Sa-
16^)1 ^7O.

->
K-r-1. 0970S1S9.
07ÎS7443.
07411014.

-
X~£-
A-V;-
Ii
~C ( C.ur.o:i )
01781976.
06797 ? 97-
C39474M-
O10~$$01.
03401711.
nç: a~z ir.~iz de Chine la pièce originale de ce dénombre-
Cr. 1
~ir_ r^r;e i r_~u-ii ;> Fermes avec la comparaiion de l'année
i; •
c :– :z.ii-z-
rr^r.e ^e A.t-î avec l'année 16. En la première, on
Er. ia itîor.de 5 198^13718, augmentation
de communiquer à riunpcreur à railon de l'année d'exemption
<|iie ce Prince a accordée à l'occ.ilion (le l<i mon de fa mère
dont je parlerai plus l><i.s.
« Lors du dernier Ouan-dicou dit l'Iùiipcrcnr flair, nu
» écrit public » ( c'c(l-a duc lors de relie < '-ré-morue qui fc
fait avec beaucoup dt- pompe, de dix. en dix. air, pour 'a:\k-
Jjrcr le jour <le la naifïancc de la Mère du Souverain cV qu.
llimpereur lit avec le plus jj;raiifl ecl.it il y ;i. cinq :ni', quand
fa Mère eut aitemt la quaire-vin^tierne année de (on 'à'.u; ),
«Lors du dernief Ouan-chcou j'exemptai mes itjjct.'» ri 'une
» année d'impôt fur les terres. Je me lla.ir.ois d.tns le foncl
» du cœur, cjue je pourrois leur accorrler encore une fois ia
» même grâce pour la même rai (on. Mais ma fainte Mère
» étant montée au Ciel plutôt que je ne Pavois compté je me
» trouve privé d'une partie de la fatisfaction que je rn'etoi.
» promife. Je nTetois proposé d'exempter mes Aijets d'une
» année du tribut fur les terres en célébrant un autre Ouan-
» clieou. Je les en exempte ik. c'eft ma Mère qui cil cenf-e
» leur accorder ce bienfait, puifquc c'eft a Ton occafion que

» je le leur accorde. Je veux que le fouvenir de cette vc-r-


» tueufe PrinceiTe fe grave
profondément dans leur efprit, t<
» c[ue leur cœur le pénètre de la plus fmecre rcconnoiiTance
» pour eue. Dans le tréfor du Tribunal des fubficies il fe
» trouve encore plus de foixante-dix millions d'onces c:ar2e:
» Cette fomme fuffit de refte pour les dépenfes ordinaire? -Je
» l'Etat, qui font à la charge de ce Tribunal. A:nn je veux

» que dans l'efpace de trois années a compter depuis ic z:c-


»)
micr jour de l'an prochain, tous mes fujets puillen: joui- eu

bienfait de l'exemption d'une année de tribut. Que ie T:i-
» bunal des fubfides détermine 1 année de.xernpii.-cr. c:u;
» chaque province.
Le Tribunal délibéra & fit l'avoir à 1 Empereur a :c,uu:ei
de fes délibérations dans une fupplique qu'il lui préfenta &
qui eft conçue en ces termes
«Pour obéir aux ordres de Votre Majefté nous, avons
» cherché dans nos
rêgiftres ce qui s'etoit fait précédemment
« dans des circonftances femblables à celles où nous nous
» trouvons aujourd'hui. Nous y avons
tu que déjà deux fois
» Votre
Majefté avait accordé à tes fujets l'exemption pour
une année du tribut fur les terres. La premiere fois ce fut en
ii
Kien-long dix ( l'an 1745 ) & la féconde fois en Kien-long
» trente-cinq (l'an 1 770 ). Dans ces deux occafioiis pour obvier
» aux-inconvéniens qui pourroient avoir lieu, fi le tréfor fe
» trouvait tout-d'un-coup vuide pat l'exemption d'une année
» de taille fur toutes les terres de l'Empire on partagea ce
m
bienfait de manière que dans l'efpace de trois ans toutes les
*>
provinces fe trouverent en avoir profité nous penfons qu'il
> eft à propos d'en faire de même à préfent. Le tribut fur le
» fel & le tribut fur le riz ne doivent point entrer en ligne
m de compte. Votre Majefté ne prétend exempter fes fujets

+> que d'une année de taille..


» Ce qui revient à l'Etat, de la perception du tribut fur les
« terres, fe monte chaque année à la fomme
de deux mille
» fept cens cinquante-neuf ouan plus quatre mille onces
» d'argent ( c'eft-à-dire à vingt-fept millions cinq cens qui-

tre-vingt-quatorze mille onces d'argent ce qui revient à
» deux cens fix millions neuf cens cinquante-cinq mille livres,
» monnoie de France ).
» La premiere des trois années dans lefquelles toutes les
» provinces de l'Empire jouiront une fois du bienfait de
?> l'exemption fera pour les provinces du Tche-ly AuJCiang-
v fou du Ngan-hoei du See-tchouen du Chen-jî du Kan-
-:>fou du Yim-nan & du Kouel-tiheou-. Ces huit provinces
•» jointes enfemble donnent chaque année à l'Etat, pour les
» tributs des terres neuf cens vingt-huit ouan d'onces d'argent,
» c'eft-à-dire 9,280,000 d'onces d'argent » ( foixante-neuf
millions, fix cens mille livres, monnoie de France ),
« La féconde année fera pour les provinces
du Chan-tong
» du Kiang-fi du Tcké-kiang, du Hou-naa & du Hou-pe.

» Ces cinq provinces


donnent chaque année à l'Etat, pour le
» tribut des terres
neuf cens quarante-fept ouan plus fept
«mille onces d'argent, c'eft-à-dire, 9,477,000 onces d'ar-
» gent » ( 71,077,500 liv. monnoie
de France ).
» La troifieme année
fera pour les provinces de Fou-klen
» du Kirin, du
Chan-fi du Ho-nan du Koang-toung & du
» Koang-fi. L'Etat retire
de ces fix provinces pour le tribut
» annuel des terres huit cens quatre-vingt-trois ouan plus
fept mille onces d'argent, c'eft-à-dire 8,857/500 onces d'ar-
» gent » (66,277,500
liv. monnoie de France ).
«En distribuant ainfi le total de la fomme dont Votre
» Majefté veut bien
gratifier fes fujets on ne s'appercevra
?» pas
qu'il y ait du vuide'dans les coffres, & l'on y puifera
5

» comme à l'ordinaire pour les befoins de l'Etat. Cependant,


» comme dans notre Tribunal des.fubfides il y a un grand
» nombre
d'Officiers & une multitude d'employés qui ne
» font payés que de l'argent
dont nous tommes dépofitaires
» nous ofons repréfenter à Votre Majefté qu'il feroit à propos
» d'exiger de ceux qui jouiront du bienfait de l'exemption
» un dixième de ce qu'ils auroient dû donner, fi Votre Majefté
» n'avoit pas jugé à propos de les exempter. Ce petit fecours
» fufïlra pour les gages & autres dépenfes de ceux qui font
» chargés de i'adminiftration de cette partie de vos finances.
» Un autre point qui nous paroit important & fur lequel

» nous croyons qu'il cft à propos que Votre Majefté prononce,


» eft celui qui concerne les débiteurs. Il y a dans différentes
» provinces bien des cantons qui font redevables à votre Tri-
» bunal des fubfides d'une ou même de plufieurs années de
» tribut parce qu'à raifon de la ftérilité des terres occafionnée
» par l'intempérie des faifons
ils fe trouverent hors d'état de
» payer dans le tems. Il convient que tout le monde foit
» inftruit que le bienfait que Votre
Majefté accorde cette
».
année ne s'étend point fur le paffé & qu'ainfi ceux qui
» dévoient une ou plufieurs années de tribut reftent redeva-
» bles jufqu'à ce qu'ils fe foient acquittés. Nous penfons que
» ceux qui font dans le cas doivent s'acquitter en payant
» comme à l'ordinaire pendant l'année de leur exemption fî
» toutefois cette année fe trouve du nombre de celles que l'on
» regarde communément comme fertiles & bonnes.
» Pour ce qui
efi des finances dont on doit payer les trou-
» pes & les Mandarins des lieux refpeftifs lefquelles dans les
» tems
ordinaires font fournies par les Tréforiers particuliers
» des lieux où ces troupes & ces Mandarins font leur réfiden-
jtee, ce fera au Tréforier-général de chaque province à les
» fournir
pendant l'année où fa province fe trouvera dans le
» cas de l'exemption.
« Si Votre Majefté veut bien adhérer à tout ce que nous
avons pris la liberté de lui repréfeuter nous la fupplions de
» vouloir bien faire favoir fes intentions aux grands Officiers
» qui font difperfés dans les provinces afin qu'ils aient à s'y
» conformer & qu'ils ordonnent aux Mandarins Subalternes
» de leurs diftrifts
d'itiilruire le peuple de tout ce qu'il doit
» favoir à ce fujet. Et comme il pourroit arriver que ceux
y> qui font aux gages des Tribunaux, les Exafteurs, Kece-

» veurs & autres. s'avifaffent d'exiger fraucluleufement quelque


» fomme de la part
des exempts nous fupplions encore
y Votre Majefté d'ordonner à fes grands Officiers Tfong-tou
» Vice-rois & autres d'être très-attentifs à empêcher toute
t>.
exaction & à punir féyérement quiconque fera trouvé
» coupable
»coupable en ce genre. Mais afin que ces grands Officiers
» ne fe négligent point eux-mêmes nous prions Votre Majefté
» de donner fes ordres aux Cenfeurs, & même à tous les
» Mandarins des différens grades de dénoncer tous ceux
» fans exception qu'ils fauront être en défaut.
» Le quatrième jour de la féconde lune, de la quarante-
»
» deuxième année de /Ci ai- long ( le Mars 1777 ).
12

L'Empereur agréa cette fupplique & répondis: par ces


deux mots y-y 7 c'efl-k-dire que tout s exécute ainfi.

Mcvcuus ac l L.rûpir£ de lu Chuis*

Puiique je fuis en train de parler politique je vais continuer


encore quelque tems fur le même ton en achevant de vous
expofer le détail des revenus de l'Empereur de la Chine que
l'Auteur des Recherches croit ne pas aller jufqu'à vingt-deux
millions de livres iterlin puifque, félon lui, on peut douter
qu'il entre clans le tréfor impérial quinze millions de ces
mêmes livres en argent réel ( pag. 3 49 du fécond Tome ).
Nous venons de voir que des ieuls revenus du tribut fur les
terres, ou de la taille il entroit clans les tréibrs du Prince
neuf millions deux cens quatre-vingt mille onces d'argent,
c'ell-à-dire foixante neuf millions fix cens mille livres
monnoie de France; car une once d'argent balance chuioife
eft évaluée à 7 liv. io fols de notre monnoie. Voyons à pré-
fent en quoi confident les autres revenus & quelle cil la quan-
tité d'argent réel qu'ils produifent. Ces revenus conkilent dans
les différens impôts fur les productions du pays & fur certai-
nes marchandifes quand on les tranfporte d'un lieu à un autre.
Voici à quoi chaque province eft taxée.
La province de Pc-tche-ly doit donner chaque année
Pour l'impôt fur le fel 437,949.
Pour les douanes
taè'ls
générales
Pour l'impôt fur le charbon mei 32, çio.
42,093.
ou onces d'argent tout cet argent entre dans le
îréfor du Tribunal des fubfides, avec celui du tribut fur les
terres.
Les trois douanes particulières de trois endroits de cette
province par où !'on peut entrer des pays etrangers dans la
Chine & qui font Ckan-hai-koan Tchang~k.ia-k.eou & Tien-
tfing-oud ( aujourd'hui Tien-tfwg-joii parce que cette ville
a été élevée au rang de Fou ou de ville du premier ordre ) y
rendent chaque année

Tchang-kia^keou
Chan-haï-koan

Tien-tjîng-ouei
28,200.
10,000.
40,460.
taëls ou onces d'argent. Cet argent entre dans le tréfor
de l'intérieur du Palais.
Additionnant toutes ces fommes le total de ce qui revient
de la province de Pê-tche-ly pour les droits du Souverain
fera de cinq cens quatre-vingt-onze mille deux cens vingt-
deux taëls ou onces d'argent, qui font la fomme de quatre

livres, monnoie de France


millions quatre cens trente-quatre mille cent foixante-cinq
4,434,165 1.

le ici 2,123,866.
La province du Kiang-nan formée parles deux provinces
Kiang-fou & Ngan-hoei rend chaque année pour l'impôt fur

générales
Pour les douanes 132,317.
Cet argent entre dans le tréfor du tribunal des fubîîcîes. Celui
qui entre dans le tréfor particulier du Palais provient des
droits impofés fur les marchandifes qui paffent par certains
endroits, pour être portées dans les grandes villes. Ces diffé-
rens pafiages rendent chaque année
Ceux de Loung-kiung & de Si-Jing 33,684. t.
Ceux dcs rivicres 7,666.
Celui d'y~zg-fcAeoM 55 ,7)3.

Les deux de Cha-hou


Celui de Hoai-naii

Foung-yang t
201,960.
194,026.

.,
Celui de 79,830.
Celui de Chang-hai 25,516.
Tous les autres réunis 191,149,
Toutes ces fommes, tant ceiles qui entrent dans le tréfor
du Tribunal des fubfïdes que celles qui entrent dans ie tréior
du Palais font pour le total du revenu de la province du
JCiang-nan 35045,767.
C'eft -à-dire vingt-deux millions huit cens quarante-trois
mille deux cens cinquante-deux livres dix fois de notre mon-
22,843^252 1. îo ù

fur le fel
noie de France
La province du Kiang-ji rend chaque année pour l'impôt
5,150 t.
Pour les douanes générales 38,593.
Cet argent entre dans le tréfor des fubfîdes. Celui qui entre
dans le tréfor du Palais provient des douanes de Kan-tcheou
de Kieou-klang & de Ta-kou-tang qui rendent chaque
année
Celles de Kan-tcheou 46,471 t.
Les deux autres réunies 17~880 t.

fur la province du Kiang-fi


Toutes ces fommes réunies donnent pour le total du revenu
264,094.

onces d'argent c!eft-à-dire un million neuf cens quatre-


vingt mille fept cens cinq livres monnoie de Fran-
ce 1,980,705
9
L
Cette province donne peu en argent, parce qu'elle donne
beaucoup en provifiou, & fur-tout en riz.
La province du Tchc-kiang rend chaque année
Pour le fel 501,°34 t.
Pour les douanes générales 49,087 t.
Cet argent entre dans le tréfor des fubades. Celui qui entre
dans le tréfor du Palais provient des droits fur les paffages de
Pê-fm, qui font de 111,660 r.
De N an-foi qui font de 26,5oo t.
Et fur les douanes maritimes de N'mg-po qui rendent
chaque année t.
t.
32,030

de 73 1,31 1
Toutes ces fommes ajoutées font la fomme

ou onces d'argent c'eft-à-dire cinq millions quatre


cens quatre-vingt-quatre mille huit cens trente deux
livres 5,484,832!.
La province de Fou-kien rend chaque année
Pour le fel 85,470 t.
Pour les douanes générales 51,625 t.
Cet argent entre dans le tréfor des fubfides. Celui qui entre
dans le tréior du Palais provient de quelques douanes particu-
lieres, lefquelles réunies rendent chaque année 73,549 t.
Toutes ces fommes ajoutées font" 210,644 t.
C'eft-à-dire un million cinq cens foixante-dix-neuf mille
huit cens trente livres de France ,¡ ,579,83° L
La province du Hou-koang divifée en Hou-nan & en Hoii-
pêf c'eft-à-dire, en deux diltri&s, dont l'un eft 411 midi, &
l'autre au nord du lac rend chaque année de les deux dif-
tricls joints enfemble 1 16,177 r-
qui entrent dans le tréfor des fubfides. Ce qui encre dans
le tréfor du Palais eft le provenu de la douane de la viiic de
Kin-tcheou qui eft de 9,64.4. t.
La province du Ho-nan rend en tout 44,950 t.

qu'à
qui entrent dans le tréfor des fubfides. Il n'y a rien pour le
tréfor particulier du Palais. Les revenus du Hou-koan"- & du
Ho-nan réunis ne vont

cens quatre-vingt-deux livres dix fols


“ 180.771 t.

C'efl-à-dire un million trois cens cinquante-cinq mille fept


1,3 5 5,7821. ici".

Pour
Pour les douanes générales
le feî
La province du Ckan-tonq rend chaque année
120,720:,
70^61 t.
Ces deux fomrnes entrent dans le des fubfides. Ce qui
entre dans le tréfor du Palais fe réduit au provenu de la douane

Total du revenu du Chan-ions; 220,061


de la ville de Lin-ifing, qui eft de 29,680 t.

C'eft-à-dire^ un million fix cens cinquantcsfept mille cieux


t.

1 t.
cens fept livres dix fols de France 1,657,207 î. io f.

Pour 507,028
La province du Chin-ji rend chaque année
le fel
Pour les douanes générales 82,940 t,

(lele
qui entre
pailage deC,~2,I"Oli ¡
tréfor du Palais
Cha-hou quireiicl

Total du revenu de
rend
de
Ces deux fommes entrent clans le tréfor des fubfides. Ce
la douane fur le

la province du Ckan-jï
10,919 r.
6co,8u- t,
C'eft-à-dire quatre millions cinq cens fix mille fix cens
cinquante-deux livres dix fols de France 4,506,65 2 1. i o f.
La province du Chen-fi neil fixée qu'à 40,623 t.
Pour les douanes générales, c'eft-à-dire à trois cens quatre
mille fix cens foixante-douze livres dix fols monnoie de
France 304,672!. io£
On n'a point fixé ce que doivent rendre les douanes particu-
lières dont le revenu entre dans le tréfor du Palais parce que
ce revenu eft tantôt fort, & tantôt foible fuivant la quantité
plus ou moins grande des marchandifes que les Tartares font
entrer dans la Chine par cette voie.
La province de K an-fou rend en tout pour les douanes
générales dont le produit entre dans le tréfor des fubfî-
des 100,237 t.
C'eir-à-ciire fept cens cinquante-un mille fept cens foixante-

tout
dix-fept livres dix fols de France 75 1,777 1. 10 f.

On ne fixe rien pour les douanes particulieres par la même


lYtifon que ci-defïus.
La province du See-tchouen rend pour les douanes généra-
les, en 31,661 t.
C'eft-à-dire deux cens trente-fept mille quatre cens cin-
quante-fept livres dix fols de notre monnoie 237,457 1. 10 f.
On ne fixe rien pour les douanes du paffage de Ta-tjîen-lou ?
pour les mêmes raifons que ci-deffus.
La province de Koan-toung ( de Canton ) rend chaque
année
Pour lic ici 47,? 10 t.
Pour les douanes générales
75,520. t.
Ces deux fommes entrent dans le tréfor des fubfîdes celles
qui entrent dans le tréfor particulier du Palais font
Pour la douane clu pont de Tay-pingii Chao-tchcou 53,670 r.
Pour la douane maritime 43,750 t.
Cette douane maritime de Canton eft taxée ici à bien peu,
comme l'on voit la raifon de cela eft que ce qui provient des
vaifleaux d'Europe n'entre point en ligne de compte.
Total de ce qu'on retire de laprovince deCanton 220,450 t.
C'eft-à-dire un million fix cens cinquante-trois mille trois

t.
cens foixante-quinze livres, monnoie deFrance 1 56 5 3^375 !•

47j5
La province du ICoang-Jî tend chaque année
Pour le fel
Pour les douanes
50
générales 52,660 t.
Total de ce qu'on retire du Koang-Ji 99,81a r,
C'eft-à-dire fept cens quarante-huit mille cinq cens foixan-
te-quinze livres de

en tout ••• '•


France 748,575!.
La province du Yun-nan rend pour les douanes générales

256,910!.

34,256 t.
C'eil-à-dire deux cens cinquante-fix mille neuf cens vingt
livres de France
La province de Kouei-tcheou rend chaque année
Pour
générales
le fel

Total 33,662
Pour les douanes

C'eft-à-dire deux cens cinquante-deux mille quatre cens


t.
6,230 t.
27,432 t.

foixante-cmq livres de France 252^465],


)!
Les provinces du

four l'une
l'iiiic dos
<
1 Y
J
uri-/u/i e\: du Kouci-tc
fertiies cil mines d'excellent cuivre blanc &
principales riclieiies
1" 1
7-

de l'Etat
['E &
Ces
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iont
1"()iit très-

des
1
<

mines
grands l

revenns du Prince. Comme il n'en e(t point parlé dans l'Alma-


r..K"li politique je n'en terni pas mention ici. 11 me iufîit cl avoir
donne une idée générale de la quantité réelle d'argent qui entre
chaque année dans les tréiors du Souverain tant pour ("es
beioms particuliers, que pour les bei'oins de l'Etat.
Si on le donne la peine d'additionner toutes les femmes ci-
deillis mentionnées, on trouvera, i je ne me trompe, fix
raillions quatre cens iix mille trois cens cinquanre-iix tacis
ou onces d'argent 6,406,3515 t.
Qui font quarante-huit millions quarante-' ept mille iiii cens
i"o:\a:ite-dix livres monnoie de France 48,047,670 i.
Auxquei!e>, iï on ajoute les deux cens fix millions neuf
cens cinquante-cinq nulle du revenu iur les terres dont il eft
parlé plus haut, en trouvera que l'argent réel qui entre chaque
année dans tes tréiors de l'Etat, ci! de trente-quatre millions trois
cens ciiiquante-iix tac'lSj ou onces d'argent 34,000,356 t.
Qui t'ont deux cens cinquante-cinq millions deux mille fîx
cens loixanto-dix livres monnoie de France 25 5,001,670 1.

A ce compte l'Auteur des Recherches auroit raifon de ne


pas adopter l'évaluation de M. Salmon, qui, en doutant que
l'argent réel qui entre chaque année dans les tréfors de l'Empe-
reur rie la Chine eo-ale la fomme de vingt-deux millions de
livres iîerlin lemb'e la faire monter jufqu'à vingt millions, au
moins de ces mêmes livres. Vingt-deux millions de livres
ilcrlin équivalent à quatre cens quatre-vingt-quinze millions
de notre nionnoij ce l'Empereur de la Chine fuivant ce que
nous venons de voir, n'en a que deux cens cinquante-cinq
millions
c
millions deux mille fix cens foixante-dix c'eft environ la
moitié moins.
Cependant on voudra bien, obferver que les revenus dont
j'ai parlé font les revenus fixes & invariables qui, de quel-
que manière que ce puiffe être hors le c is d'exemption
comme il arrive quelquefois, par une grâce fpéciale du Prince,
doivent toujours entrer dans le tréfor de l'Etat. Mais fi l'on
ajoute à ces revenus les fommes qui proviennent des domaines
particuliers du Souverain tant de ceux qui font en Chine
que de ceux qu'il poflede dans la valte Tartaric fi l'on ajoute
encore la vente exclufive du jen-càcng, dont le poids cil payé
au moins cinquante fois plus cher que le poids de l'or, & dont
il fe fait une il grande conlommation dans l'Empire les haras,
d'où fortent tant de chevaux; la pêche des perles dans le He-
long-klang la chaffe dont le produit cfl le principal tribut
qu'il reçoit de fes propres Tartares, ainfî que des Tartares
Mongoux; les douanes arbitraires qui font en fi grand nom-
bre les confifeations ce qu'il reçoit à titre de préfent de la
part des grands Officiers des provinces, des Douaniers, des
Fermiers & de tous les Mandarins, dans certaines occaùons
qui ne font pas rares ce qui lui revient de fes droits fur les
vaifleaux d'Europe qui abordent à Canton ce qu'on lui donne
en denrées; & fur-tout en riz; en marchandifes, & fur-tout
en foie &c. &c. Il en réfultera un total qui le placera au
premier rang parmi les Princes les plus riches de l'univers. Je
ne compte point parmi ces richeiTes les mines d'or & d'argent
qui font en grand nombre dans plaideurs provinces de ion vaite
Empire parce qu'il les tient fermées pour des raiions qui peu-
vent ne plus avoir lieu quand, il lui plaira de défendre l'entrée
de fes Etats aux commerçans etrangers, ou quand ces com-
merçans etrangers cefferont d'eux mêmes de vouloir s'y
rendre.
Voilà ce qui s'appelle du détail. Je fuis perfuadé qu'après
1'avoir lu & examiné fur quoi je le fonde, & quels font mes
garans on n'en croira pas l'Auteur des Recherches quand il
dit que l'argent réel qui entre chaque année dans le tréfor de
l'Empereur ne va pas à quinze millions de livres fterling.
Encore moins le croira-t-on, quand il dit que la Chine n'a pas
en tout quatre-vingt-deux millions d'habitans & que pour le
prouver, il multiplie à ion gré les tigres, Se leur afllgne pour
demeure des forêts immenfes, & de varies déferts dans l'inté-
rieur des terres, que les hommes ont ceiïe de cultiver &
qu'ils ont même abandonnées par la crainte de ces terribles
animaux. Il y a des tigres à la Chine mais leurs repaires font
dans les montagnes & dans les creux des rochers & non dans
les déferts & les forêts de l'intérieur des terres.
Pour ce qui eft des forêts, à l'exception de quelques pro-
vinces où il s'en trouve il n'y en a prefque point dans tout le
refte de l'Empire & les Chinois font obligés de faire venir
d'ailleurs tous les bois de charpente qu'ils emploient à la conf-
truftion de leurs bâtimens.
Quant aux terres abandonnées & aux dêfcns l'Auteur ne
les a créés que pour y placer la multitude des tigres qu'il a
imaginée. Mieux inilruit qu'il ne i'eft il auroit fu que par-tout
où il y a un pouce de terrein propre à la culture, il le trouve
un Chinois pour le cultiver. Cela eft il vrai, que ne trouvant
pas dans leur propre pays affez de terre à cultiver, ils vont
cultiver celles des Tartares, qui leur permettent de s'etablir
chez eux. Tel été obligé me difoit il y a peu de jours un
Prince Mongou Souverain du pays & de la ville de Karatchln
(cette ville eft parla latitude de degrés, 30 minutes & r
41

degré52. minutes à l'Orient de Pe-king ); j'ai eté obligé de


leur défendre de dégrader nos terres en les enjemençant & en y
plaçant des arbres jnutiers fans quoi nous manquerions bien-
tôt de j ouvrages pour nos chevaux. Des hommes qui fc dépay-
fent pour aller défricher des terres commenceroient ce me
femble par défricher celles de leur pays, s'il s'en trouvoit
d'incultes. D'ailleurs il exifte une loi qui oblige les Mandarins
à rendre compte chaque année, de l'etat c 'i fe trouvent les
terres de leurs diftri&s refpeftifs de tenir la main à ce du'elles
foient cultivées, & de les faire cultiver eux-mêmes en les
annexant au fifc fi les propriétaires les biffent trois années de
fuite fans leur donner aucun foin. Dans ce cas, ils font cenfés
les avoir abandonnées. Le Magiftrat s'en faifit au nom du
Prince & les fait valoir.
Il n'eft pas furprenant que l'Auteur des Recherches ait
Ignoré cela, parce qu'il n'a voulu s'inftruire de ce qui concerne
la Chine que dans ce qu'en ont écrit des voyageurs peu
inftruits eux-mêmes ou dans des relations faites fur la fin du
dernier fiecle lorfque les Chinois effrayés de voir les Tartares
maîtres de leur Empire s'entaffoient les uns fur les autres pour
fe fervir mutuellement de confolation & s'accoutumer enfem-
ble à porter plus facilement le joug. Les Auteurs de ces rela-
tions infi délies ou n'ont pas vu les objets par eux-mêmes, ou
les ont vus de trop loin pour pouvoir les difcerner. Ils ont parlé,
pour la plupart, d'après les murmures d'un peuple mécontentT
ou d'après ce que des interpretes peu fmeeres qu'ils n'enten-
doient qu'à demi & dont ils n'etoient peut-être pas entendus,
leur en ont dit auhafard pour ne pas biffer fans réponfes des
interrogations qui les fatiguoient.
De la polygamie des Cliznois.
Un des objets importans a eclaircir feroit celui de la poly-
gamie dont l'Auteur des Recherches Ce plaint que Confuclus
rz'a pas dit un feul mot. 11 fe trompe Confucius en a parlé
non pas ex profeffo mais par occaiîon non pas en termes for-
mels mais fous le voile de l'allégorie & ce qu'il en dit ne
laifTe aucun doute fur ce qu'il en penfoit. Quand. T habit que l'or
porte cfi vieux ujé ou hors d'ufage on peut en prendre un-
antre. C'eft ainfî qu'il s'exprime, ou à-peu-près fi je m'en
fouviens bien car je n'ai pas actuellement fous la main le
livre où cela fe trouve pour pouvoir en rapporter les propres
termes. Mais c'eft-là fa penfée & les Lettrés aux plus longs
ongles ceux qui lui font le pius dévoués, n'en diiconviennent
pas. Mais loin de défapprouver en cela leur Maître ils affu-
rent qu'il ne pouvoir rien dire de mieux & ils tâchent de le
prouver par une foule de railons qu'ils regardent comme bon-
nes qui ne font rien moins que telles aux yeux d'un Chré-
&

tien. De toutes ces railons je ne rapporterai que la plus


apparente. La voici A la Chine il naît conjLimtmnt un plus
grand, nombre de filles que de garçons. Que faire de l'excédent
de ces filles ?
Cette proposition à la Chine il naît conjlamment plus de
filles que de garçons m'a paru mériter que je me donnafTe
quelque peine pour la vérifier. Après avoir feuilleté bien des
livres j'ai trouvé enfin ce que je cherchois, dans un excellent
Ouvrage intitulé Lieou-king-tou c'eft-à-dire figures extrai-
tes des fix King ou Livres claffiques de la nation. Cet Ou-
vrage, qui efr. en fix tomes & qui contient trois cens neuf
figures, extraites des plus anciens monumens, fut rédigé en
1165 par ordre de Hiao-tfoung onzieme Empereur de la
Dynaftie des Soung. L'Auteur qui fe nomme Tchen employa
dix années entières du travail le plus affidu à raffembler les
matériaux dont il devoit faire ufage à en vérifier les titres à
en conftater l'authenticité & à leur donner une Sous
le règne de Ouan-ty quatorzième Empereur de la Dynaftie
des Ming le Tribunal de la littérature eut ordre de le revoir,
de le critiquer, d'en vérifier tous les articles, de le corriger
& d'en faire une nouvelle edition. Ce qui fut exécuté dans ie
courant des années puig-tc/ien & ting-fee (anquantL-troiiicme
& cinquante-quatrième du cycle de 60 lcfqueli.es répondent
aux années de notre ère vulgaire 1 6 1 5 & 1 6 6 ). Ce que je
vais rapporter de cet ouvrage elt extrait Jm fixieme tome,
article Tchcou-ly pag. 14. Comme îleft'a la Bibliothèque du
}

Roi, on pourra fe décharger fur M. de Guignes du foin de le


confulter. Voici ce que j'y trouve
« Depuis ta divilion de
l'Empire en neuf Tcheou faite par
» le grand Yu on a conftamment obfervé ce qui fuit.
» A Tang-tcheou c'eft-à-ciire dans la partie du fud-efl, il
» naît deux garçons pour cinq filles. Les oifeaux & les qua-
» drupe des s'y trouvent en quantité l'efpece de riz, appelle
» lao-mi y cÙ fur-tout excellent on l'y cultive en plus grande
M
quantité que les autres denrées. La terre y produit d'ellc-
» même des bambous, &
renferme des mines de très-bel
» etain.
» A TJîng, c'eft-à-dire
dans la partie qui eft au droit midi,
» il naît un garçon pour deux
filles. Les oikaux & les quadru-
» pedes s'y trouvent en quantité.
Le nz appellé tao-mi y
» eft en abondance & c'eil par-là que nous recevons ie
s>
corail.
» A Yu c'eft-à-dire au midi du Hoang-ho dans ce qu'on
» appelle le Ho-nan il naît deux garçons pour trois filles. La
5>
foie & le vernis en font la principale richefle.
» AXing, c'eft-à-dire dans la
province quieil droit àl'eft,
» il naît deux garçons &
deux filles. Les chiens & les poules
»
font-ià de la meilleure efpece. Le riz, iao-mi, 5c le froment
y
» abondent & le poiffon y eit excellent.
» A
Yen c'eft-à-dire à l'orient du Hoing-ho il naît deux
» garçons pour trois filles.
j'Il L il' y cil
Le portion '1.'
très-bon
1:
oc en plus
1

» grande quantité que par-tout


ailleurs.
» A Young droit à l'oucft, c'eft-à-dire, dans la province
» du Cken-ji il naît trois garçons pour deux filles. Ce pays efî
» abondant en bœufs
chevaux millet & pierres de yu.
» A Yeou
c'eft-à-dire au nord-ejî il naît un garçon pour
» trois filles. Le poiffon & le fel y font très-abondans.
» A Ri dans le Ho-nei c'eft-à-dire dans la province du
» Chan-JL il naît cinq garçons pour trois filles ce pays four-
» nit des bœufs, des moutons, du millet & du bois foung-
» chou & p ci-chou qui font les différentes fortes de pins.
» À Ping, droit au nord c'eft-à-dire dans le Pe-tche-ly
9
» il naît deux garçons pour deux filles. La plus grande richeffe

» de ce pays eft en coton dont on fait de très-belles toi-


» les ».
Tel etoit Fetat où fe trouvoit l'Empire de la Chine dès le
tems du grand Yu c'eil-à-dire deux mille deux cens cinq
ans au moins avant Jefus-Chrift. Tel il etoit encore du tems
de Tcheou-koung ( fils de Ouen-ouang & frere de Ou-ouang
fondateur de la Dynaftie des Tcheou ) qui rédigea le Tclzeou-
ly ou cérémonial des Tcheou, c'eft-à-dire, environ onze cens
vingt-deux ans avant notre ère vulgaire. Tel il fut trouvé l'an
1165après Jefus-Chrift Iorfqu'on compofa le livre d'où j'ai
extrait ce que je viens de dire; tel enfin il a eté trouvé les
années 161 5 & 16 1 6 iorfqu'on examina ce même ouvrage

qu'on le critiqua qu'on le vérifia & qu'on en fit une nou-
velle édition.
Pour tirer de l'expofé que l'on vient de lire, toutes les lumieres
que nous cherchons nous n'avons qu'à ajouter féparément les
nombres des garçons & des filles qui naiffcnt chaque année,
& comparer entr'eux les deux réfultats.

Nombre des garçons 2+1 + 1 + 2 + 2 + 3 + 1 + 5 + 2 = 20.


Nombre des filles 5 + 2 + 3 + 2 + 3 + z + 3 + 3 + 2 + =2j,
Le nombre des garçons efl donc à celui des filles comme
vingt eft à vingt-cinq c'eft-à-dire qu'il cil moindre d'un cin-
quieme. Indépendamment de toutes les autres raifons, celle-là
fuffiroit feule pour expliquer comment il eft arrivé que les
Légiflateurs chinois aient permis la polygamie. Je reviens aux
Recherches philofophiques.
Ajlronomie des Chinois.
L'Auteur des Recherches perfuadé fans doute que les
Chinois n'ont jamais fu que leur aftrologie judiciaire & les
règles de leur Foung-ckoui a décidé hardiment qu'ils n'ont
jamais été ~a~de faire
f.'z état
~fc en ~c;
!i bon
~/rf3 un ~yM"(ï('/t qu'ils
~o/z Alninnach qtl /~o/~
n ont pas
0.7~
même compris les calculs qu'on avoit faits pour eux y qu'ê/z z5o5
ils 71 avoient aucune idée ni de la longitude ni de la latitude
de leur pays &c. S'il eût lu avec une attention des plus médio-
cres, ce que les Millionnaires ont ecrit iur ces clirFcrens objets,
il fe fût mis en etat d'en parler lui-même un peu pius perti-
nemment qu'il ne Fa fait il eût appris du moins que dès le
tems de Yao dont le règne commença 2357 ans avant notre
ère les Chinois avoient déjà fait des opérations aftronomi-
ques, par lefquelles on peut conclure qu'ils avoient des con-
noiffances acquifes qui dénotoient un peuple itudieux &
favant puifqu'ils avoient deux divifions du Ciel l'une en
vingt-huit parties inégales, qui renfermées chacune en parti-
culier, entre les limites d'une conilellation leur procuroit le
précieux avantage de pouvoir lire fans embarras dans toute
cette partie da Ciel qui eft vilîble dans leur pays & l'autre
en douze parties égales nommées les douze palais du foleil
qui leur procuroit cet autre avantage pius précieux encore de
pouvoir fixer les lailons puifqu'ils lavoient dès-lors prédire les
eclipfes G: calculer les lieux des planètes & des ctoiic^ fixes
puifqu'ils connoilioient ù-peu-près la grandeur de l'année
(blaire, la fixant à 365 jours & heures; puifqu'enfln ayant
6
déjà obier vé que 235 lunaifons equivaloient à 19 de ces
années ils avoient trouvé le moyen de faire leurs années
luni-folaires, en intercalant 7 lunaiibns dans l'efpace de 1 9
ans. L'Auteur des Recherches n'eût pas été obligé de faire de.
grands efforts pour comprendre que des hommes qui en
favoient jufques-là pouvoient compofer d'eux-mêmes un
bon Almanach, ou tout au moins un Almanach à-peu-près
exaft" pendant un certain nombre • d'années & c'eft tout ce
qu'il leur falloit pour fixer fans erreur fenfibie le jour auquel
ils dévoient célébrer la Fête des lanternes fi la Fétc des lanter-
nes eût déjà été inftituée dès-lors.
Si avec l'attention qu'on doitapporter à des Recherches
qu'on veut faire pafler pour philofophiques ce même Auteur
eût tâché de débrouiller le cahos de l'ouvrage du P. Gaubil fur
l'Astronomie chinoife il n'eût pas fait dire à ce Millionnaire
que les defcendans des premiers Chinois qui etoient très-cclai-
rés, s'etant bifenjîblement abrutis font tombés dans la nuit de
l'ignorance. Des expreffions fi. indécentes ne font jamais
tombées de la plume du P. Gaubil ( r ). En s'inftruifant de
tous les faits qui font rapportés dans l'ouvrage du P. Gaubil

re, des
Se dont il a tiré les preuves des monumens qui fubfiftent enco-
Recherches malgré ton averiion pour les
longs ongles des Lettrés & pour tout un peuple qui ne lui ell
probablement devenu odieux, que parce que les Millionnaires
qui l'ont affez connu pour être en etat de lui rendre juftice en
ont peut-être dit trop de bien, l'Auteur des Recherches dis-
je, n'auroit pas ofé compromettre fa philofophie, en décidant.
de fa pleine autorité que les Chinois n'ont jamais eté en état
de faire par eux-mêmes un bon Almanach, & que le peu qu'ils
( 1 ) Nous renvoyons à fon Ouvrage même pour ne point trop
alonger lçs détails,
favent
favênt d'agronomie leur a eté appris par des Savans de Balk.
qxd ont calculé après-coup quelques obfcrvations & quelques
echpfes pour être inférées dans les nouvelles editions de leurs
Livres. Il fe fût convaincu que depuis le tems des Han c'efi-
à-dire, un peu avant rere chrétienne & plu de douze fiecles
avant qu'il fût queflioii en Chine des Savans de Balk & de
tout autre pays, les Chinois connoiflbient le mouvement diurne
du foleil & de la lune, la quantité du mois lunaire, foit fyno-
dique, foit périodique la durée des révolutions des planètes,
& avoient donné aux différentes conflellations & aux etoiles
qui les compofent des noms analogues aux ufages qui avoient
lieu chez eux & à des evénemens qui s'etoient paffés dans
les fiecles antérieurs, «Se auxquels leurs ancêtres avoient eu part.
Convaincu de toutes ces vérités, par les preuves qu'il fe"fût
donné la peine de difcuter, il auroit evité l'ecueil contre lequel
ne manquent guere d'echouer ceux qui écrivent trop précipi-
tamment, ou qui ecrivent fur des matieres dans lefquelles ils
donnent lieu de croire qu'ils ne font pas même initiés.
Les Savans de Balk, auxquels M. P attribue la gloire
d'avoir appris aux Chinois le peu d'aftronomie qu'ils favent ne
font venus à la Chine qu'à la fuite des Mongoux quand ceux-ci
la conquirent, & ils n'ont pu y former des ctabliiîemens qu'après
que ces Mongoux s'y furent fixés eux-mêmes. Or ce ne fut
qu'après la mort de Tou-tfowig, dernier Empereur des Soung,
que le grand Kobilai, autrement dit Yuen-che-tfou fut paifi-
ble poflefleur de toute la Chine c'eft-à-dire que ce ne fut que
l'an de Jefus-Chrifr. 1280. Avant cette époque, quels font les
Aflronomes qui ont fait le Calendrier des Chinois qui ont
calculé les lieux des planctes & annoncé les eclipfes ? Et dans
ce même tems, quels font les Savans qui corrigèrent le Calen-
drier, réformèrent l'Aftronomie firent fleurir les Lettres Se
rendirent à l'Empire quelque choie de fon ancien luftre ? Ce
Tome VI.
1
Rrt'
furent des Chinois de ces Chinois à longs ongles que Kobi-
lai fit venir de toutes les provinces de la Chine pour s'éclairer
de leurs lumieres, & fe conduire par leurs confeils. Ce furent
un Yao-chou un Ko-cheou-king un Hiu-heng un Yang-
koung-y un Ouang-fiai un Teou-mou un Ouang-ou un
Lieou-plng-tchoung & un très-grand nombre d'autres dont
les noms les ecrits & les actions font confignés dans l'hiftoire.
Ce fut à l'infiigation de ces grands hommes que le Conquérant
Tartare rétablit tous les colleges chinois, tombés en ruine
par le malheur des tems qu'il fit commencer le fameux
canal appelle Yun-leang-ho pour le tranfport des den-
rées que les provinces envoient chaque année en tribut à.
la Cour & ce canal que l'Auteur des Recherches regarde
avec raifon comme fun des plus beaux & des plus utiles ouvra-
ges qui foient à la Chine, mais qu'il ne prend fur lui de louer
ainli que parce qu'il ie regarde fauffement comme un ouvrage
fait par des étrangers ce canal dis-je a été imaginé, com-
mencé, fini & perfectionné par des Chinois. C'eft fous
Young-lo troifîeme Empereur de la Dynaftie des Ming, qu'il
a été mis dans l'état à-peu-près où on le voit aujourd'hui, &
qu'on le fit communiquer avec le Hoang-ho. Sous Kobilai &
fous fes fucceffeurs Mongoux il portoit le nom de Hoei-
toung-ho & ne s'etendoit que dans une partie de la province
du Chan-ions depuis la ville de Tji-nlng jufqu'à celle de
Lin-tjïng, Ce fut encore a l'infiigation de ces grands hommes,
que le même Kobilai fit faire une recherche exacte de tous les
anciens livres chinois dont il fit faire de nouvelles editions
après les avoir fournis à l'examen & à la critique des Lettrés à
longs ongles, & qu'il fit revivre tous les etablifîemens littérai-
rcs qui avoient eu lieu fous les H an fous les Tang, & fous les
Soung. J'ofe aiTurer fans crainte d'être démenti par aucun de
ceux qui favent l'hiitoire, que Kobilai & tous les Mongoux
à l'exception du mérite militaire qui leur fut propre font
redevables de tout le refte aux Chinois. Eh qu'etoit-ce que
ces Mongoux avant qu'ils vinffent en Chine ? Des barbares
qui n'avoient ni fciences, ni arts, & qui trouvant de quoi fe
nourrir dans le produit de leurs chafles & Je leur bétail, ne
favoient pas même cultiver la terre. On dit que quand ils vin-
rent pour la première fois dans la capitale après avoir fait la
conquête de l'Empire ne comprenant pas à quoi pouvoient
fervir les Palais, ils camperent fous des tentes à leur ordinai-
re, dans les cours, & logèrent leurs chevaux dans les falles;
( en Chine, tous les appartemens font au rez-de-chauffée ).
Mais pourquoi ces mêmes Mongoux, qui outre la Chine ont
conquis tant d'autres pays fe font-ils attachés de préférence
à former les Chinois à leur apprendre un peu d'aftronomie
à faire de nouvelles eclitions de leurs livres pour pouvoir y
inférer des observations calculées après coup, &c. & ont-ils
laiffé tous les autres peuples qu'ils ont fubjugués croupir dans
l'ignorance ? N'avoient-ils pas des Savans de Balk & des autres
villes du Mufulmanifmc qu'ils pouvoient leur donner pour
maîtres
J'avois envie de terminer ici cet article auquel l'Aftrono-
mie a donné occafîon mais il m'a paru que pour l'entiere
farisfa&ion du Lefteur je devois dire un rnotiur l'état où elle
ie trouve aujourd'hui, fous la direction des Européens. Cette
fcience eft cultivée kPc-klng comme on la cultive dans les,
capitales des royaumes de notre Europe. Il y a un Tribunal

ii Tl'
jufqu'auThibet b d'unu. i côté & depuis
& depuis le 1
dont le reiîbrt s'étend fur tout le Ciel vifible depuis la Corée
A' 1 le voiilnage
~ii~ '1
de la SSibérie
-iccb

j ni qu'au tropique, de l'autre. Les Européens, en donnant à


cette jurifclittion le nom de Tribunal, ont cru traduire à la
lettre le titre à'Ya-men qu'on lui donne en chinois & que les
Chinois donnent à toutesles autres jurifdiftions particulières ,tanr
civiles que criminelles. On peut lui donner tel autre nom qu'on
voudra. Le nom ne fait rien à la choie.
Ce Tribunal eil compofé d'un Infpecleur de deux Préu"-
dens, dont l'un ell toujours Tartare & l'autre cenfé Chinois7
& de pluficurs Mandarins, qui font comme autant d'Affeffeurs»
Depuis le P. Adam Schal, juf qu'au P. de Rocha qui a fuc-
cédé au P. Halierftein c'ell-à-dire pendant l'cipace de plu-
sieurs fiecles, c'a toujours été un Européen qui a tenu lieu du
Préfideiit Chinois & cet Européen qui préfîde à la place
d'un Chinois ainïî que les autres Européens Tes AffeiTeurs
a
loin d'entretenir les Chinois dans l'ignorance que l'Auteur des.
Recherches leur fuppofe fe font un point capital & même
un devoir rigoureux de leur communiquer tout ce qu'il y a
d'eflentiel & d'un peu important même en fait de découverte,
dans les matières qui font de leur reffort & ils ne peuvent fe
lafler d'admirer leur facilité à comprendre & cet efpiït d'ana-
lyfe qui leur fait réfoudre les problêmes les plus difficiles, en
les réduifant aux parties qui les compofent & aux principes
fur lefquels on les a conftruits. De deux cens Chinois environ,
qui font entretenus aux frais de l'Empereur fous le titre
d'Altronomes ou fous celui d'Etudians en aftronomie il y
en a au moins les deux tiers qui connoiffent affez bien le Ciel,
& font allez rompus dans le calcul pour pouvoir compoler
des ephémérides auffi exactes que celles qui fortent de nos
Académies, plus étendues, revues avec plus de foin, & moins
jettes à ces fautes d'inadvertance, auxquelles les ignorans
donnent quelquefois le nom d'erreur. Au refte il faut bien
distinguer ces ephémérides d'avec ces autres qui font pour
i'ufage ordinaire & qui contiennent les fupcrflitions. Celles-ci
ont une des parties qui les compofent uniquement confacréc
à l'indication des efprits & aux opérations de l'aftrologie judi-
ciaire c'eit à-peu-près un cinquième du volume. Les premie-
res au contraire qui font d'un volume plus gros que les
autres, n'ont pour objet que l'Aftronomie & ne contiennent
que les réfukats des calculs aftronomiques. J'envoie un exem-
plaire des unes & des autres. Les Millionnaires Agronomes ne
compofent ni les unes, ni les autres; ils ne fmt point chargés
de calculer pour les Chinois. Leur emploi conlifte a revoir
les calculs purement aftronomiques des Chinois, & à en cor-
riger les erreurs s'il s'en trouve. Les appointemens ou les
gages que l'Empereur leur donne, font attachés au degré de
Mandarins dont ils font décorés. Ce n'eft pas l'Empereur qui
les appelle à lui, ni qui les fait venir à grands frais du fond de
l'Allemagne, ou de quclqu'autre royaume d'Europe. Ce font
des Millionnaires déjà etablis dans la capitale de la Chine
qui font venir à leurs frais ou aux frais de leurs bienfaiteurs
Européens, d'autres Millionnaires pour en être aidés, & rem-
placés enfuite quand ils viendront à manquer. Et comme les
premiers Européens qui ont été admis dans le Tribunal d' Alr.ro-
nomie qui eft à Peking, etoient de la Million Porrugaife qui
etoit alors feule c'eftla Million Portugaife qui a fourni jufqu'ù
prêtent des Aftronomes à ce même Tribunal.
Après cette digreiîion je reviens à l'Auteur des Recher-
ches & je dis que s'il avoit lu avec moins de préoccupation
& un peu plus de véritable philolbphïe les ouvrages que les
•Millionnaires ont ecrits fur la Chine en différens tems, il le fut
convaincu, par les preuves fans réplique qu'il y auroit trou
vées, que les Chinois qu'il rabaiffe Il indignement, font de
tous les peuples qui couvrent la furface de la terre, celui dont
l'hiltoire eft la plus ancienne la plus authentique & la plus
fuivie celui qui cultive les feienecs utiles, & les arts néceffai-
res depuis plus long-tems plus conftamment & avec des
fuccès tels qu'il les lui faut pour pouvoir fe parler du îecours
& de rin.duftr.ie des autres nations > qui a le plus ancienne-
&
ment le plus généralement le plus pratiquement le mieux
connu la nature & les propriétés reipeftives des diilérentes
l'ortes de terrein du pays dont il cil en poiî'eilion qui a dilHn-
gué avec plus de précihon &r tle clarté le genre des denrées
qu'il de\ oit leur conher qui dans tes livres économiques,
compofés dans des teins où les nations occidentales celles
îur-tout qui iont plus voidnes du pôle, ne le doutoient pas
même qu'on pût raire des livres, a traité le plus méthodique-
ment, le plus expérimentalement, ii je puis ainfi dire, des
déférentes manières d'entretenir la Aie par le moyen des ali-
mens propres à chacune des contrées qu'il connoiflbit de
couiervei la iauté en aiîujettiiTunt à certaines règles l'uiage
de ces mêmes alimens & de guérir les maladies par des médi-
camens tirés des trois règnes de la nature choiiis avec intel-
ligence, prépares avec art, & admimllrés à propos, luivant
le belbin cv les circonilances.
Il n'eft pas douteux que les Millionnaires qui ont parlé de
ces diflerens objets dans leurs ecrits ont ibuvent traité des
matières qu'ils n'entendoient pas en ont parlé en termes
impropres & ne font pas toujours entrés dans les détails

z.
néceîïaircs pour initruire parfaitement mais ou doit les excu-
ler en failant réllexion que n'étant ni cconomiftes ni méde-
cins, ni initiés dans certaines feiences ni dans les arts ils fe
font exnrimés en hommes ordinaires iur l'iii7 des matières qui
n'eioient pas de leur relTort, Une pareille indulgence eil digne
de tout Lefteur équitable d'un Lecteur iur-tout qui s'annonce
pour philoiophe.
On ne s'attend point que je iiiive pas a pas un homme qui
pour avoir voulu s'écarter de la route ordinaire s'elt égaré
dans les dii+erens détours des l'cntiers feabreux qu'il s'eir lui-
jne;r:i trayés. Il me iuffit de donner quelques eclairciflemens
iur les principaux d'entre les articles qui ont mérité l'animad-
verfion de l'Auteur des Recherches afin qu'on puiffe juger
avcc pleine connoiffance fi cet Auteur cfl: bien ou mal fonde
dans les reproches qu'il fait aux Chinois. Comme on n'a ojé
dit-il dans fa Préface pag. v, les juflijier Jur t infanticide
on a lûc lié, au moins de les juflifier Jur la 7riniere inhumaine
dont ils châtrent' une multitude de garçons.

Des Eunuques che^ les Chinois.

Il n'efi jamais permis de juftifier les crimes; mais on peut


entreprendre de juftificr une nation entière quand on l'accule
mal-à-propos de ie faire une habitude de certains crimes &c
de s'y livrer fans remords. Je ne parlerai point des Eunuques,
puîfque l'article qui les concerne a déjà été difeuté je dirai
feulement que la manière dont on les tait ici, même les adul-
tes, n'en: ni fi cmdle ni fî meurtrière que l'Auteur fe l'eft ima-
giné. Elle n'eft point (l cruelle car de l'aveu même de ceux
qui ont fouffert cette opération, ils l'ont à peine fentie dans
le tems qu'on la leur failoit. Elle n'efi point fi mcunrïere car
fur cent il s'en trouve a peine un qui meure & encore, m'a-t-on
dit, quand il meurt il y ci toujours de fa faute ou de la faute
de ceux qui le fuignent. Cette opération m'a-t-on ajouté doit
être moins dan^reuje jur V homme qu'elle ne ï cfl jur Lis ani-
maux parce qù on prend bien d'autres précautions quand il
s'agit d'un homme que lorf qu'il s' agit fimplemait d'un animal.
II n'y a aujourd'hui que chez l'Empereur & chez les Princes
de fa famille où il y ait des Eunuques. Cc> hommes dégradé-;
ne font que pour le fervice domeibque la garde des femmes,
des jardins ou maifons de plaiiance & des fépultures. lis ne
font, ni dans les Tribunaux ni fous les enfeignes militaires,
ni dans aucun des emplois civils. Sous la Dynaftie prélente on
a elïayé de s'en parler mais on seil convaincu que c'eit un
mal néceffaire parce que les femmes & les iiiies qu'on aveu:
chargées des emplois qui font dévolus aux Eunuques ne
pouvoient pas y vaquer conftamment & avec exactitude
tantôt par une raifon, & tantôt par une autre, & très-fouvent
fous des prétextes qui leur tenoient lieu de raifons. Ne pouvant
donc pas s'en paffer on en a réduit le nombre au pur nécef-
faire, & ce nombre ne va pas à fix mille dans tout l'Empire
de la Chine. Tl eft vrai qu'il n'en a pas toujours été ainfi, &
qu'il y a eu des tems où ce terrible fléau défoloit la Chine plus
cruellement que ne l'eût fait la pefte ou la famine mais les
Chinois s'en font toujours plaint, & l'ont toujours regardé
comme le plus grand des malheurs. Qu'on life leur hiftoire
qu'on life leurs ecrits politiques on fe convaincra qu'ils ont
toujours défapprouvé l'ufage barbare de mutiler les hommes
hors le cas où ils méritoient la mort. En voilà affez fur cet
article j'en viens à l'infanticide.
Infanticide des Chinois,
On a beaucoup crié en Europe contre l'infanticide des Chi-
nois & l'on a eu raifon, fi les Chinois font, généralement
parlant, coupables de ce crime. C'eft une queftion que je ne
crois pas indigne d'être difcutée pour en foumettre la décifion
au Lefteur.
On ne doit ce me femble attribuer un crime à toute une
nation, que dans le cas où ce crime clériveroit de la conftitu-
tion du gouvernement particulier de cette nation ou qu'il
feroit commis par le grand nombre de ceux qui la compofent,
ou fimplement par ceux dont la conduite & les mœurs influent
nécefîairement fur la conduite & les mœurs de tous les
autres.
Je fais qu'il fe commet des infanticides à la Chine; mais je
fais auffi que ce crime n'y eft pas auffi commun que les exa-
gérateurs voudroient bien le perfuader i°. il eft inouï qu'il fe
commette
commette dans les villages & dans les campagnes. Ici comme
par-tout ailleurs les enfans font la riclieffe des payfans & des
gens de travail; 2°. il n'a lieu que dans les grandes villes & parmi
ceux qui logent fur des barques ou fur des radeaux dans queL-
ques-unes des provinces de l'Empire; il n'eft commis que par ce
qu'il y a de plus vil, par l'ecume & le rebut, pour ainfi dire
de la nation. Eft-il de la justice de rendre toute une nation
refponfable du crime de quelques particuliers, qu'elle ne met
qu'à regret au nombre des tiens Qu'en feroit-il de nous, &
quel rang occuperions-nous dans l'eftime des nations étrangè-
res, fî pour caraftérifer la nation françoife elles concluoient
ainfi du particulier au général `

Le gouvernement chinois qui va au-devant de tout & qui


tire parti des abus mêmes pour corriger les abus n'a porté
aucune loi pour punir les infanticides dans le cas dont il s'agit
ici. Il a mieux fait, il a mis fes foins à empêcher qu'il n'y eût
des infanticides. Il a fuppofé que ce crime n'étant pas dans la
nature, ne pouvoit être commis que par des malheureux fans
reffource, qui y feroient portés par le défefpoir de ne pouvoir
nourrir ceux à qui ils auroient donné la vie. Hou dit un pro-
verbe qui a beaucoup de cours ici, hou-pou-cha-tfee c'eft-à-
dire, le tygre ne tue pas fes petits. L'homme feroit-il pire que
le tigre ? Non fans doute.
Les Chinois font des hommes, & ne different pas des autres
hommes, quant à ce qui conftitue effentiellement leur être
phyfique & moral. Ils font fujets aux mêmes paffions ils font
portés aux mêmes vices ils ont les mêmes befoins, & le germe
des mêmes vertus. Mais je le dis hardiment, & je ne crains
pas que ceux qui font au fait de leur morale, qui les ont vus de
près & qui connoiffent leurs mœurs & leurs ufages foient
tentés de me défavouer les Chinois font de tous les hommes
réunis en fociété, ceux qui font un plus grand cas de l'hommey
1 L u +.J
qui mettent fa vie à un plus haut prix, & qui prennent les mefu-
res les plus efficaces pour empêcher qu'on ne la ravine à per-
fonne injustement ( dans tout ce que je dis, je ne parle point
de ceux qui fe conduisent à la lueur du flambeau de la foi, &:
conformément aux maximes de l'Evangile ).
Le jïn c'eft-à-dire l'humanité, l'amour de fes femblables
eft la premiere de leurs trois vertus cardinales; c'eft celle qu'ils
enseignent avec le plus de complaifance c'efr. celle qu'ils
prêchent dans tous leurs livres, & qu'ils tâchent d'inculquer à
tout le monde depuis le Souverain jufqu'à ceux de l'etage le
plus bas jufqu'au mercenaire & à l'efclave. Mais les Chinois
formant une nation beaucoup plus nombreufe qu'aucune autre
qui foit fur la terre, il fe trouve parmi eux néceffinrement un
plus grand nombre de ces hommes infortunés qu'une difette
de tout peut dépouiller dans certaines circonftances des fen-
timens les plus naturels & les plus humains en les portant à
des excès que leurs cœurs défavouent même en s'y livrant.
Le gouvernement confidérant ces hommes non tels qu'ils
devroient être mais tels qu'ils font en effet fait fort bien que
nourrifiant toujours dans le fond de leurs cœurs l'efpérance
flatteufe d'un avenir plus heureux la vue de leurs miferes
préfentes ne les fera pas renoncer au droit naturel qu'ils ont
de fe donner une compagne pour en avoir des defcendans. Il
fait auffi que ces hommes pouvant à peine fe procurer leur
propre fubfiflance manqueront de tout pour faire fubfifter
ceux qui naîtront d'eux & que fe trouvant dans la trille alter-
native, ou de mourir de faim, ou d'ôter la vie à qui n'en joui-
roit qu'aux dépens de la leur, ils préféreront leur conservation
propre à la conservation de tout ce qui n'eft pas eux. Il fait
encore que ne pouvant pénétrer dans l'intérieur des familles
pour s'inftruire de ce qui s'y paffe il lui feroit impoffible de
diftinguer un infanticide d'avec celui à qui une mort naturelle
aurait enlevé fon enfant. Jl lait enfin que la crainte du châti-
ment eft.un frein bien foiblè pour arrêter le crime quand on
a mille moyens pour le cacher ainfi., au lieu de porter contre
les infanticides une loi rigoureufe mais qui eût eté fans effet
il a mis des obstacles à ce crime il a pris des mefures pour
l'empêcher & les moyens qu'il emploie, font, humainement
parlant, les plus efficaces de tous ceux qu'il pouvoit em-
ployer.
Pour fouftraire à la mort ces innocentes viftimes que l'ex-
trême indigence de leurs parens y dévoueroit, il a favorifé
leur expofition, il l'a facilitée autant qu'il l'a pu, en la dépouil-
lant de tout ce qu'elle pouvoit avoir d'ignominieux aux yeux
du public, en lui fourniflant gratuitement l'abondance des
fecours, en la mettant à l'abri de toute perquifition fous la
fauve-garde même du Magiftrat.
Chaque jour, avant l'aurore, cinq tombereaux, traînés cha-
cun p?:r un bœuf, parcourent les cinq quartiers qui partagent
la ville, c'elt -à-dire les quartiers du nord du midi, de l'eft
de l'oueft & celui du milieu car c'eft ainfi qu'on la divife.
On connoît à certains fignaux quand ces tombereaux paflent,
& ceux qui ont des enfans vïvans ou morts.à leur livrer les
leur livrent pour être portés dans le Yu-yng-tang c'eft-à-
dire, dans cette maifon de charité dans laquelle font des
Médecins, des Matrones & des Nourrices que le Souverain
entretient aux dépens de l'Etat où il y a des Mandarins pour
veiller à la décence & au bon ordre, & où tous ceux qui la
compofent font immédiatement fournis à celui des grands Tri-
bunaux, que l'on appelle ici le Ly-pou & que nous pouvons
appeller en françois le Tribunal qui a infpectwn fur les rit s
les mœurs & les ufages de la nation. Les enfans qui vivent
encore font mis entre les mains des nourrices ôr les morts
font dépofés dans une efpece de crypte, où cales couvre d'un
peu de chaux-vive pour en coniumer promptement les
chairs.
Une fois chaque année, lorfque commence le tjîé-ki, appellé
tfing-ming c'eft-à-dire dans cette faifonque nous appelions
le printems des Corhmiffaires députés par le Ly pou & du
nombre des Mandarins qui compofent ce Tribunal, fe rendent
en cérémonie au Yu-yng-tang, & y président à la conftruftion
d'un bûcher dans lequel on jette tous les reftes de ces petits
corps, pour y être entiérement confumés & réduits en cendres.
Pendant tout le tems que le bûcher cft en feu, une troupe
de Bonzes l'environne & fait des prieres qu'elle adreffe aux
efprits de la terre, & à ceux qui préfident aux générations,,
pour leur demander d'être plus favorables qu'ils ne l'ont été
ci-devant à ces petits êtres lorsqu'ils reparoîtront fous une
nouvelle forme.
Après que.les prieres font finies, & que le bûcher entière-
ment confumé ne laifTe plus voir que des cendres les Manda-
rins-commiflaires font retirer tout le monde & fe retirent
eux-mêmes pour revenir le lendemain préfider à la cérémonie
du relèvement de ces cendres. Cette cérémonie fe fait avec
le même appareil que celle du jour précédent. On recueille
avec foin les cendres déjà refroidies on les met dans un fac}
& on vales répandre dans la riviere, ou dans le ruiffeau voifin.
Les Bonzes font encore des prieres par lefquelles ils deman-
dent aux efprits des eaux, & à ceux qui préfident aux géné-
rations, de faire enforte que ces cendres promptement dif-
foutes, s'exhalent en vapeurs, & ne foient pas long-tems fans
concourir à la régénération de quelques autres êtres fembla-
bles à ceux dont elles font les reftes mais qui foient affez heu-
reux pour pouvoir jouir d'une plus longue vie.
Je me fuis exactement informé, auprès d'une perfonne
inftruite ? de la raifon pour laquelle on n'enîerroit pas. ces cen-
dres, plutôt que de les répandre dans la riviere. Voici ce qui
m'a eté répondu On fait accroire au peuple que les cendres
jettées dans la riviere étant plus promprement diiïoutes
qu'elles ne le feroient dans la terre, font plutôt en état de
devenir ce qu'elles etoient en s'exhalant avi.c les vapeurs de
l'eau; mais la vraie raifon eft qu'avant l'etabluTement de cette
cérémonie le gouvernement avoit découvert qu'on abufoit
de ces cendres, en les faifant fervir à des opérations -magiques,
ou à des procédés de chymie pour perfectionner par le
moyen du feu les fubftances qui entrent dans la compofition
de certains corps mixtes. On prétend fur-tout que ces cendres
amalgamées avec la matière dont on fait la porcelaine la
rendoient plus folide plus tranfparente & beaucoup plus belle
en tout point qu'elle ne l'eût eté fans cela. Si cet effet eu. réel,
il ne feroit pas impoffible de l'obtenir par les cendres des os
des jeunes animaux.
Une fois dans le cours de chaque lunaifon les mêmes dépu-
tés du Ly-pou vont faire une vifite en regle. Ils s'informent du
nombre des enfans fubftituent de nouvelles nourrices à celles
dont le lait commence à tarir & à celles qui ont rempli le
terme de leur engagement, lequel ne s'etend jamais au-delà
de trois années enfin ils voient par eux-mêmes fi tout eft. dans
l'ordre, & corrigent les abus s'il s'en eft gliffé quelques-uns.
Cet hôpital eft acceffible en tout tems à quiconque man-
quant de fucceffeur de fa propre progéniture, veut s'en don-
ner un qui puiffe le remplacer dans tous les droits en le
choiiîffant d'une condition qui lui en afTure la pofleffion exclu-
five, & d'un âge qui lui donne lieu d'efpérer de fa part une
nffeâion telle qu'il auroit droit de l'attendre de celui à qui il
auroit donné le jour. La païîion extrême qu'ont les Chinois
de laiffer quelqu'un après eux qui puiffe les pleurer après leur
mort rendre à leurs tablettes tous les honneurs que la piété
&
filiale prodigue ici à la repréfentation des Ancêtres cette
paffion dis-je, fait qu'il ne fe trouve prcfque perfonne qui ne
fafle coniîiler une partie de fon bonheur à avoir des enfans.
Ceux à qui la nature en refuie ou qui par le concours de
certaines circonstances ne fauroient en avoir de leur propre
fang, ont recours à un fang etranger, & fuppléent par l'adop-
tion à tout ce qui peut leur manquer d'ailleurs. Les Eunuques
même font en cela plus Chinois que les autres Chinois & le
premier ufage qu'ils font de leur argent quand ils en ont
acquis quelque peu, eft en faveur de quelque fils adoptif,
qu'ils choifiiïent dans leurs familles, ou chez quelqu'un de leur
connouTance.
Eft-il vraifemblable & peut-on croire que dans un pays où
il y a tant de débouchés pour les enfans, fi je puis employer
ici cette expreffion triviale, on en foit embarraffé jufqu'au
point de ne pouvoir s'en défaire qu'en leur ôtant la vie auiïi-
tôt qu'ils commencent à en jouir Eft-il à préfumer que ces
malheureux qui fe trouvent furchargés du fuperflu de leur race,
aiment mieux le jetter à la voirie pour être foulé aux pieds des
chevaux & des mulets mangé enfuite par les cochons ou dévoré
par les chiens que de le remettre entre les mains de celui qui
conduit le tombereau dont l'unique deftination eft de le rece-
voir ou d'attendre le moment où ce tombereau paffe, pour
pofer doucement à terre à la vue de celui qui le conduit, le
trifte fardeau dont il veut fe foulager ? Non ce feroit faire le
mal pour le mal & l'homme quelque méchant qu'on le fup-
pofe, n'en eft pas capable. La précaution que prennent de
l'aveu même de l'Auteur des Recherches ceux qui demeurent
iùr les eaux, d'attacher, fur le corps des enfans qu'ils aban-
donnent, des calebaffes qui puiffent empêcher qu'ils ne périf-
ient fi-tôt en empêchant qu'ils ne foient fubmergés eft une
preuve qu'ils ne veulent pas leur perte, ou qu'ils n'y confentent
qu'à regret. Ils le flattent dans le fond du cœur qu'il fe trou-
vera quelques ames compatiffantes, qui voyant flotter fur les
eaux ces tendres enfans, les en retireront pour les faire nourrir
ils efperent que quelques Mahométans charitables, voudront
donner des preuves de leur zele pour la loi ci leur Prophète
en leur fauvant la vie pour en faire enfuite des diiciples de
l'Alcoran ils efperent encore qu'il arrivera peut-être que
quelques meres, auxquelles la mort viendra d'enlever un fils
ou uu-e fille qu'elles aimoient tendrement, voudront réparer
en quelque forte leur perte en remplaçant les morts par les
vivans; & il arrive fouvent qu'ils ne fe trompent point dans
leur efpérance.
La conféquence qu'on doit tirer naturellement de ce que je
viens de dire efl qu'on a très-grand tort d'accufer les Chi-
nois, en général, d'un crime qui n'eft commis que par ce qu'il
y a de plus vil & de plus méprifable parmi eux, & par un
très-petit nombre de ces hommes méprifables & vils nombre
qu'on a pris à tâche de groffir pour avoir un prétexte plaufi-
ble de décrier toute la nation. Il fuit encore que c'efl: tout au
moins abufer du terme, que d'appeller infanticides le petit
nombre de ces Chinois vils & méprifables qui expofent leurs
enfans.
On m'arrête ici pour me faire remarquer que ce n'eft que
par les Millionnaires qu'on a iu en Europe qu'il y avoit des
Chinois qui expofoient leurs enfans que le nombre de ces
enfans ainiî expofés etoit très-grand que de tout ce grand
nombre, il y en avoit les trois quarts qui etoient morts avant
qu'on ne pût les recueillir, & que du dernier quart restant,
les. trois quarts encore pérhToient immanquablement avant
qu'ils ne fuffent arrivés au lieu de leur deilination. Voilà en
fubftance tout ce qui a été dit fur l'expoiîtion des enfans.
Il eft vrai que c'efl: ainli que quelques Millionnaires l'ont
cru, & qu'ils l'ont annoncé à. leurs correfpondans d'Europe;
mais ces Miffionnaires fe font trompés, & ont pris les appa-
rences pour la réalité les exagérations & les faux expofés
pour la vérité toute pure. On va en convenir dans le mo-
ment.
Parmi les différentes peines auxquelles nous fommes fujets
ici une des plus difficiles à fupporter eft celle de nous voir
traiter en gens au-defîus du commun & d'être forcés par-là
à nous conduire à l'extérieur comme le font ceux de la clalTe
dans laquelle on nous range. Parlons plus firnplement nous
avons tous les défagrémens du décorum & toute la gêne d'une
certaine bienféance d'etat, fans en avoir les avantages. Nous
ne pouvons rien faire par nous-mêmes & nous fommes obli-
gés, pour tout ce que nous faifons d'avoir recours à ceux du
pays. D'ailleurs les Chinois ont fi bien fixé leurs coutumes, ont
fi bien arrangé leurs affaires ont fi bien difpofé de tout, qu'il
ne nous eft pas poffible pour ainfi dire, de faire un pas fans
eux que nous ne pouvons nous iniliruire de ce qui fe paffe
au-dehors, que par leur canal. Ceux qui nous prêtent leur
miniflere & qui font à nos gages font gens de l'étage le plus
bas gens par conféquent dont les vues font toujours intéref-
fées, & dont les fentimens font conformes pour l'ordinaire y
à la baflefle de leur état. Heureux les Millionnaires qui font
allez éclairés pour bien choifir, & aflez avifés pour ne donner
leur confiance qu'à qui la mérite J'ofe dire que ce n'eft pas
le plus grand nombre quoique chacun fe flatte d'avoir fu
faire un bon choix, & d'être en ce point des mieux partagés.
Car ceux d'entre les Millionnaires qui ont été les premiers à
étendre leur zele jufqu'à vouloir procurer la grace du Baptême
aux petits enfans fans aveu, fous le prétexte affurément très-
plaufible que de dix il en mouroit au moins huit n'ont pu
faire cette bonne ceuvre par eux-mêmes ils fe font déchargés
de
,de ce foin fur des catéchiftcs, & ceux-ci fur des infidelesJ
pour ne pas-s'expofer à quelque fâcheuse affaire s'ils etoient
foupçonnés. Ces catéchiftes & ces infideles etoient conftam-
mentrécompenfés par quelque fomme d'argrnt, en proportion
des peines qu'ils s'croient données, & du lombre plus ou
moins grand des petits baptifés tout le refte eft facile à com-
prendre. Les bons Millionnaires loin de Soupçonner la moin-
dre fraude s'applaudiffoient intérieurement & fe réjouifloient
en Dieu d'avoir contribué à ouvrir la porte du Ciel à quelques
milliers d'enfans. Ils faifoient part du fuccès de leur zele à leurs
amis d'Europe & ces amis charmés à leur tour de pouvoir
contribuer à l'édification du public fe faifoient une efpece de
devoir de faire configner ces fortes de relations dans le recueil
des Lettres edifiantes pour en infiruire plus généralement ceux
qui s'intéreffent à cette bonne oeuvre & qui y contribuoient
par leurs libéralités. Les Editeurs de ces Lettres ne faifant point
la fonction de critiques mais fimplement celle de compila-
teurs, & comptant d'ailleurs fur la bonne-foi de ceux qui
ecrivoient, n'ont pas cru qu'il fût néceffaire de vérifier feru-
puleufement ce qu'on leur ecrivoit airm* ce nombre prodigieux
de petits enfans baptifés a paffé pour confiant & l'on en a
conclu qu'ils etoient tous ou prefque tous des enfans de
rebut.
Cette conclufion qui paroît toute naturelle n'a pas peu
contribué à enraciner parmi nous la fauffe prévention où Ton
etoit déjà fur le compte des Chinois & a donné lieu à l'Au-
teur des Recherches, de les regarder en général comme cou-
pables d'infanticide. J'ajoute quelques eclaircifiernens qui vont
mettre la vérité dans tout fon jour.
Les Jéfiutes qui par le miniftere des Chinois, auxquels
ils fe fiolent, ont compté les enfans trouvés ont mis far une
même ligne tous les encans qu'on, leur a dit avoir été ondoyé*
par les Médecins chrétiens par les catechiites & par les
infidèles qu'ils foudoyoient pour cette bonne oeuvre. Ils ont
cru, faute d'être inftruits de certains ufages que tous ces
enfans qu'on livre chaque jour aux cinq corbeaux qui parcou-
rent les cinq quartiers de la ville, etoient des enfans inhumai-
nement cbanJor./n's par ceux dont ils avoient reçu l'être. Or il
eft très-certain que de tous ces enfans il n'y en a pas un cen-
rieme qu'on doive mettre, au nombre de ce que nous appelions
en fins trouvés. Les uns font des enfans qui malades dans les
maifons de ceux qui leur ont donné la vie y (ont foignés
avec la plus grande attention mais que la mort cil iur le point
d'enlever de ce monde ou par le fléau de la petite vérole
ou par celui des convuHions- auxquelles ils font ici rrès-fujets,
8c qui en font périr un grand nombre. Les Médecins chrétiens
& les catéchiftes qui les voient dans cet état s'acquittent
envers eux de l'obligation qu'on leur a impofée en leur fai-
fant des libéralités, & les baptifcnt comme ils peuvent fans
qu'on puiffe foupçonner ce qu'ils font.
Les autres font pour la plupart des 'entans déjà morts
quoique leurs parens aient fait tout ce qui dépendoit d'eux
pour leur conferver la vie mais ces parens font gens pauvres
ou gens qui gagnent leur vie par le travail de leurs mains il leur
en coûteroit d'acheter quelques planches pour faire une petite
bière ils perdroient le gain d'une journée s'il leur falloit for-
tir de la ville creufer une folle pour y enterrer celui qu'ils
viennent de perdre & inviter au moins une ou deux perfon-
nes pour tenir lieu de convoi funèbre. Il leur en coûte moins
de le livrer au corbeau pour être porté dans le Crypte de Yu-
ynç-tiuis; i c'eft le parti que prennent les pauvres & la plupart:
des ouvriers, quand il leur meurt des enfans après les premiers
mois qui les ont vus naître.
i
"Ignorant cette coutume les Jéfuites qui ont compté les
eufans trouves ou ceux qui leur en ont donne la lifte ont cru.
que les enfans qu'on portoit au Yu-yng-iang etoient tous de
ce nombre, & ont ecrit leurs relations en conformité de leur^
croyayee ce qui eft bien éloigné du vrai. Je conclus de tout
ce que je viens de dire que lori qu'on fe dépouille de tout
préjugé $c que l'on veut bien faire attention à tout, on s'apper-
çoit (ans peine qu'il n'y a pas dans l'Empire de la Chine plus
d'enfans réellement abandonnés qu'il n'y en a, proportion
gardée dans les autres Empires du monde. Je dirois quelque
chofe de plus fi j'ofois dire tout ce que je pente mais en
voilà aflez iur un fuje.t que j'aurois peut-être bien fait de pal-
fer fous filence.
Gouvernement des Chinois.
J'en viens au gouvernement des Chinois que l'Auteur des
Recherches appelle un gouvernement de châtrés & de voleurs,
parce que fous quelques Princes foibles les Eunuques ont été
dans les charges, ont gouverné l'Empire & l'ont pillé parce
que dans ces tems de troubles & de confuiion où le trône
chancelant, fous des Souverains incapables de l'occuper, alloit
être envahi par quelqu'autre race dc redoutables bandes de
brigands & de voleurs pilloient des provinces. Une pareille
induction n'cil pas digne d'un Philofophe & d'un Philofophe
qui dit avoir fait des Recherches. Il faut que fes Recherches
aient été bien iuperficielles pour n'avoir pas trouvé que le
gouvernement chinois eft de tous les gouvernemens celui
qui dérive le plus immédiatement des loix de la nature. Le
peuple de la Chine efl une famille immenfe dont £ Empereur ejîl
le père. Une (impie analyfe des loix fondamentales Iur lei-
quelles s'appuie ce fage gouvernement va mettre cette vérité
dans tout ion jour.
Le Souverain dit Confucius dans fes leçons fur la Grande
fcience, doit gouverner fes Etats comme il gouverne fa propre
r famille ( voyez l'article 9 du Ta-hio ) & il doit regarder fes
*' fujets comme fes enfans. Ce fut-là la feule infiruclion que le
grand Ou-ouang donna au fage Tcheou-Koung fomfrere
lorfiit'il l'envoya femettre en poffeffion dit Royaume de Lou,
qu'il lui donnoit en apanage. Aime^ votre peuple comme une
tendre mère aime jon petit enfant lui dit-il & vous gouver-
nerer ~?6yï Le POM-)/f/7Z?772<?7!f de T-'O~'e y~77ZZ~ doit être le
modèle du gouvernement de vos Etats, &C. Le Souverain
dit encore Confucius ( Ta-hio article dixième) ne doit jamais
donner à lès fujets des ordres dont l'exécution lui jerou défa-
grêable à lui-même fi ceux qui auroient droit de lui commander
l 'exigeaient de lui, &C. Il ne faut que remplir le devoir d'un
bon fds pour accomplir ceux d'un bon Jujct. Les uns & les
autres nous font impofés par la nature pour les mêmes fins &c.
Le Souverain doit aimer & inflndre les Jujets doivent refpecier
& obéir. Le Souverain efi réputé fils du Ciel.; les fujets font
réputés fils du Souverain. Si le premier je comporte en pere
tendre, & les féconds en fils refpeaueux & ohéiffans tout fera
bien réglé dans l'Empire Sec. &c
Telles font les maximes de gouvernement, répandues dans
tous les livres des Chinois qui traitent de la politique ou de
la morale. C'eft de ces maximes & uniquement de ces maxi-
mes, que dérivent les devoirs qu'ils ont impofés à leurs Sou-
verains, & les moyens qu'ils lui fuggerent pour en obtenir
l'accomplirTement.
L'Empereur, difent-ils en tant que Fils dit Ciet, doit faire
tous fes efforts pour imiter le Ciel; il doit être bon jufte
défintérefle plein de droiture, & être lui-même un modèle fur
lequel fes fujets puiffent fe former. C'eft pourquoi il a des
regles à fuivre des vertus à pratiquer, des vices à éviter,
( "Voyez, le tome quatrième pag. 77 ).
Le gouvernement Chinois nefl point defpotique.
Le Ckou-king qui eft la bafe du gouvernement chinois
le Cfwu-king dit M. de Guignes ( pag. 4 de la Préface ) ren-

la
ferme une morale anjlere il prefcnt par-toiu la vertu F atta-
chement le plus inviolable au Souverain comme à une perjonm
facrée7 mife fur le Trône par le Ciel, dont il tient la place fur
la terre un profond refpecl pour le culte plus par-
faite foumijfwn aux loix, une entière obéijfance aux Magiflrats.
Il contient de plus les devoirs de ces Magiflrats & de tous les
Officiers à F égard des peuples regardés comme les enfans du
Souverain & les obligations du Souverain lui-même auqucl
on accorde à peine quelques délaffemens. Un Trône dit le
Chou-king efl le fîegc des embarras & des difficultés.
q C'efl
en confédération de ces loix contenues dans cet ouvragei
que les Chinois etoient anciennement les arbitres des différends
qui arnvoient chez leurs voifins & qu'en général ils ont eté
admirés de toutes les nations qui les ont connus &C.
Je fais dit l'Empereur Kien-long ( dans fa Préface de
l'Eloge de Moukden, pag. xxviij ); je fais qu'une attention
continuelle fur moi-même qu'un refpecl confiant pour le Ciel
qu'une union intime avec mes frères qu'un amour fans bornes
pour les peuples qui me font fournis fort les feuls moyens par
où je puis rendre mon cœur femblable aux cœurs de mes Ancê-
tres à ceux du Ciel & de la terre & que ce ne peut être
qu'autant que mon cœur fera tel que' je gouvernerai ban via
famille & l'Empire & que je procurerai ~f~~yf~ joie
l'abondance & tous les avantages que je voudrais avoir pour
moi-même &c. Eft-ce-ià le langage d'un Defpote? ou plutôt

des moyens ouicui luiparoitTcieni


lui j.
n'eft-ce pas ainfî que s'exprimèrent un père tendre, en pariant
l'
paroitroient propres à bien conduire acs
enfans chéris ? Des deux cens trente-huit Empereurs qui ont
ac;
gouverne la Chine depuis Fou-hi il n'en eft qu'un petit nom-
bre qui n'ait pas fait confiller la première partie de fa gloire
à être réputé Fils du Ciel & la feconde à être regardé comme
le Père de la patrie & du peuple &c. &c. &c.
A la Chine dit l'Auteur des Recherches philofophiques
le dejpotifme a renverfé le Sacerdoce & l'a comme foulé aux
pieds. Comment a-t-il pu arriver que le defpotifme qui n'a
jamais été le gouvernement de la Chine, ait pu renverlër &
fouler aux pieds un facerdoce qui n'a jamais exifté que dans la
perfonne du Souverain ? Il faut avouer que cet Auteur n'efi:
pas heureux en Recherches. Si quelque Ecrivain inconsidéré a.
avancé quelque absurdité, à l'occafion du gouvernement chi-
nois, c'eft juftement à quoi il s'attache. Si un Savant très-
inftruit d'ailleurs de ce qui concerne la Chine laifle échapper
quelque erreur, fans y faire attention il ne manque pas de
la recueillir pour la faire fervir de bafe à une foule de raifon-
nemens, qui ne font rien moins que dignes d'un Philolbphe.
Si j'avois à le faire revenir de fes préjugés fur le gouverne-
ment & le Sacerdoce des Chinois je lui dirois dans un Etat
defpotique tout plie fous la volonté du Souverain, & le Sou-
yerain ne donne pour loi fuprême que fa volonté. A la Chine
au contraire tout plie fous la loi & la volonté du Souverain
n'efi cenfée avoir un effet légitime qu'autant qu'elle eit con-
forme à la loi. Un Defpote n'a qu'à dire je le veux & tout
fe fait. Qu'un Empereur de la Chine dife de même je le veux
h ce qu'il veut n'eft pas jufte ou n'eft pas conforme à la loi,
ou eft contraire à queiqu'ufage reçu, rien ne fe fait, à moins
que la violence ne s'en mêle & dans ce cas on le regarde
comme un tyran. Les Cenfeurs les grands Tribunaux les
Mandarins & tous ceux qui ont droit de repréfentation lui
expofent dans des requêtes, en faveur des ufages, de la juftice
ou de la loi toutes les raifons qu'ils croient devoir faire impref-
il on fur lui pour l'engager à rétracter fon/'s le veux; & s'il ne
fe rend pas d'abord on revient à la charge autant de fois qu'il
eft nécefTaire pour obtenir ce qu'on fouhaite de lui, jufqu'à
ce qu'il leur impofe un filence abfolu ce qui arrive allez
rarement.
Pour ce qui efï du Sacerdoce il eft confiant qu'il n'a jamais
eté féparé de l'autorité fuprême. Le Souverain eft cxclufîve-
ment à tous autres le Grand-Prêtre de la nation il a feul le
droit de facrifier publiquement au Ciel & perfonne depuis
Fou-hi jufqu'à l'Empereur Kitn-long n'a jamais effayé de lui
enlever cette prérogative qu'il n'ait auparavant tenté de lui
enlever l'Empire. Les Chinois ont toujours eté fi intimement
convaincus qu'ils n'ont d'autre Grand-Prêtre que leur Souve-
rain, qu'ils ne comprennent pas même que la chofe puiffe être
autrement. Ils fe regardent tous vis-à-vis de leur Empereur
comme des enfans non encore émancipés fe regardent vis-
à-vis de leur pere. L'Empereur en: le pere commun qui pref-
crit à fes fujets, qui iont fes enfans, ce qu'ils doivent faire,
¡
qui les gouverne & pourvoit à tous leurs befoins. Les fujets
à leur tour, fâchant que l'Empereur eft leur pere fe repofent
fur lui de tout. Si l'on a befoin des bienfaits du Ciel & des
dons de la terre c'eft l'Empereur feul qui les demande folenv
nellement par des facrifices propitiatoires. En un mot rien
de plus fîmple que les principes du gouvernement & de la
religion des Chinois. Ce qu'un pere doit à fes enfans, & ce
que des enfans doivent à leur père voilà fur quoi eft appuyé
tout le gouvernement le culte du Ciel des Elprits & des
Ancêtres voilà en quoi confiite toute la religion d'une nation
la plus invariable dans les maximes qu'elle a une fois adoptées
}
& la plus confiante qui foit dans l'univers.

Après avoir cherché allez long-tems ce qui pouvoit avoir


induit en erreur l'Auteur des Recherches phiioibphiques furie
Sacerdoce des Chinois j'ai trouvé enfin que ce ne pouvoit
être qu'une remarque fautive que M. de Guignes a inférée
dans le Ckou-king-. Cette remarque eft la quatrieme de celles
qui font à la page 179 chapitre Kïn-ting. Cejl Tcheou-
koung qui parle dans cette prière dit M. de Guignes, que le
Che ou le Grand-Prêtre récite. M. de Guignes fe trompe ( 1 )
le Che ou le Tai-che n'a jamais eté Grand-Prêtre; c'etoit THif-
toriographe, le maître des cérémonies dans certaines occa-
fions, & l'un des Grands de la Cour du Prince.

Ordre de la fuccejjîon à l'Empire chéries Chinois.

Je paffe brufquement à un autre article de peur de l'oublier1


c'eft celui où l'Auteur prétend que les Chinois n'ont jamais pu
régler l'ordre de la fucceffion parmi les defcendans de l'Em-
pereur. Il fe trompe & s'il avoit la plus légere teinture de
l'hiftoire & des loix du pays il fauroit que de tous les Empires
du monde, la Chine efl celui où la fucceffion a été de tout
tems la mieux réglée, pour l'avantage réel de l'Etat du peu-
ple, & de la famille régnante.
L'ordre de cette fucceffion eft tel; i°. le fils fuccede au
pere z°. ce doit être le fils dont la mere a été reconnue pour
premiere & légitime epoufe & a eu le titre d'Impératrice 9
30. de tous les fils nés de cette premiere & légitime epoufe
l'aîné a de droit la préférence fur les autres droit que la
naiffance lui donne comme une fuite néceiiaire de celui qu'il
a de faire les cérémonies dans la falle des Ancêtres exclusive-
ment à fes freres & l'on ne peut le dépouiller de l'un qu'on
ne le dépouille en même tems de l'autre 40. au défaut des
fils nés de l'Impératrice les autres fuccedent par préféance
d'âge 5 50. comme les Chinois ont fait tous leurs etabliffemens

( 1 ) La même erreur eft encore dans la page 77,


politiques
politiques avec beaucoup de maturité & de fageffe ils ont
prévu que fi la fucceffion au Trône etoit irrévocablement
dévolue à l'un des fils du Prince de manière que ce fils fut
affuré qu'on ne fauroit le destituer, quoiqu'il pût faire il en
réfulteroit des inconvéniens auxquels il feroit impofiîble de
parer fans mettre le trouble dans la famille impériale, & le
détordre dans l'Etat; ce fils que la nature a fait naître avant
fes freres, peut être un homme cruel, vicieux, imbécille ou
fans talent pour gouverner. Dans ce cas & dans plusieurs
autres que les circonftances peuvent faire naître ils ont voulu
que le perc pût priver de l'on droit celui qui en abuferoit
pour le transférer k celui de fes autres enfans qu'il jugeroit en
être plus digne. Mais comme ils ont prévu auffi que le père
tout Fils du Ciel qu'il eft, pouvoit être fujet à quelque aver-
fion injufte à quelque aveugle prédilection ou à des préjugés
finiftres fans aucun fondement, ils ont exigé qu'il nommeroit
fon fucceffeur de fon vivant même que ce fucceffeur feroit:
propofé aux Tribunaux & aux Grands de fon Confeil, pro-
clamé enfuite folemnellement & reconnu de même dans tout
l'Empire. Par ce moyen la fucceffion eft affurée elle eft apu-
rée à l'un des fils du Prince régnant; elle eft .affurée à celui
des fils du Prince régnant qui eil le plus âgé ou le plus cligne
elle eft aflurée du confentement tacite ou formel de la nation,
qui ne manqueroit pas de faire des repréfentations par la voix
des Cenfeurs des Tribunaux & des Grands, ii le choix du
Prince régnant rënfermoit quelque injuftice ou quelque chofe
de contraire aux loix.
Je conclus de ce que je viens de dire que l'Auteur des
Recherches a eu tort d'avancer fans preuves que les Chinois
n'ont pu régler L'ordre de la fuccejjlon parmi les dejeendans de
l'Empereur. J'ajoute qu'il a plus grand tort encore d'alTurer
que le Souverain ne veut y ( à la Chine ) Jouffrir aucun frein.
J'ofe affurer qu'il n'y a point de Souverain fur la terre qui
ait un frein plus rigoureux que l'Empereur de la Chine. J'en
prends à témoins le Clzou-king, tous les King l'hiftoire &
tous les monumens. Ce ne fut que pour rompre ce frein dont
les Lettrés menaçoient fans ceffe TJin-ché-hoang-ty que ce
Prince barbare fit brûler tous les livres qui en parloient. Que
quelques autres Empereurs n'aient pas voulu de frein c'eft
une* vérité dont je ne doute pas parce qu'ayant fait une etude
particuliere & réfléchie de l'hiftoire de la Chine, j'ai appris
à connoître le bon & le mauvais qu'on y trouve mais ces
Empereurs qui fe font refufés à tout frein, ont été de mauvais
Empereurs indignes d'être décorés de Faugufte titre de Fils
du Ciel, & que la nation comptera toujours, avec un regret
amer parmi ceux qui l'ont gouvernée, fans les effacer cepen-
dant du nombre de fes Souverains.
L'Auteur des Recherches fe plaint qu'il n'y a aucune pro-
vince aucune ville de la Chine fur laquelle les Millionnaires
aient donné des connoiffances exactes, Il peut fe faire qu'il
n'ait pas lu avec affez d'attention les ecrits de ces Miffionnai-
res, dont il fe plaint. Le feul P. Martini qu'il décrie, l'on ne
voit pas trop pourquoi, toutes les fois qu'il en trouve l'occa-
fion, lui auroit donné les lumieres qu'il cherche, s'il fe fût
donné la peine de fe dépouiller de fes injuftes préjugés, avant
que de lire fon Atlas & fes autres ouvrages. Mon intention
n'eft pas de juftifier le P. Martini fur tout mais j'ofe dire en
général, qu'à l'exception de fon livre intitulé de lello Tarta-
rïco qui eft plein de fautes fur-tout quand il parle des Tar-
tares, parce qu'il n'en parloit que d'après ce qu'il entendoit
dire aux Chinois récemment fubjugués qu'à l'exception,
dis-je, de ce livre tous les autres qu'il a compofés, font mar-
qués au coin de l'exactitude & de la bonne-foi, quand il extrait
des livres chinois & au coin du difcernement de la vraie
fcience & de la bonne phyfîque quand il parle de certains
effets dont il entreprend d'expliquer la caufe. Je n'en rapporte
qu'un exemple, que je prends dans la page 175 du premier
volume des Recherches. Quant aux rivières de la province du
Pe-tché-ly dit l'Auteur, Martini prétend q.i elles contiennent
une quantité fi étonnante de n'ure que la glace s'y forme plutôt
& s'y fond plus tard
que ceia ne devroit être, eu égard à la lati-
tude de fon climat que M. Linnœus ajfure être plus rigoureux
que celui de la Suede, où il a elevé des plantes que la gelée
tue aux environ de Pe-king &c.
Obfervatwns fur le climat du Pe-tché-ly.
La raifon du P. Martini, pour expliquer pourquoi dans les
rivieres du Pe-tché-ly la glace fe forme plutôt & fe fond
plus tard que cela devroit être, eu egard à lalatitude du pays
me paroît plus naturelle & plus conforme à la faine phyfique
que toutes celles que l'Auteur des Recherches a imaginées.
Par les différentes obfervations que j'ai faites à Pe-king je
me fuis convaincu que dans cette capitale & dans les envi-
rons, ju'qu'à fept ou huit lieues à la ronde, l'eau, l'air, la
terre, tout abondoit en nitre; 1°. l'eau; j'en ai jugé par la
facilité avec laquelle elle fe congelé par la confiftance de
cette congélation & par fa durée. Un baquet plein d'eau,
placé à côté du thermomètre à liqueur de Réaumur eft déjà.
gelé fur toute fa furface que le tiiermometre ne marque
encore qu'un degré au-deffus du terme de la glace & quand
le thermometre eft dcfcendu jufqu'à trois degrés au-deffous de
la congelation, l'eau fe trouve prife jufqu'au fond fi fa pro-
fondeur n'eft que de quatre à cinq pouces, fous une furface
dont le diametre eft à-peu-près d'un pied & demi. Cette eau
>
ainfi congelée fe foutient par un tems ferein dans le même
etat, tant que le thermomètre ne monte pas plus haut que le
troiiîeme degré au-deifus du zero. Alors elle commence à fon-
dre, mais fi lentement que deux ou trois jours fuffifent à peine
pour lui ,rendre fa premiere fluidité. A cette expérience que
j'ai faite autrefois, & que je ne rapporte que de mémoire,
j'en ajoute une autre que j'ai faite cet été dernier avec tout le
foin dont je fuis capable, afin de donner fur cet article quel-
que chofe de plus pofitif & de moins équivoque. Il eft bon
d'obferver auparavant que cette année 1777 nous avons
eprouvé des chaleurs plus long-tems qu'à l'ordinaire. Pendant
le courant des mois de Juin & Juillet, le thermometre, à trois
heures après-midi, eft monté constamment depuis le vingt-
fixieme jufqu'au trente-deuxième & trente-troifieme degré au-
deffus du zero.
Le 23 Juillet il eft monté à 34 î degrés à 3 heures après-
midi il s' eft foutenu à cette hauteur jufqu'à 4 heures & demie.
Le 24 du même mois, il eft monté au trente-troifieme degré
vers les 3 heures. Vers les 3 heures & demie le tems s'eft
obfcurci, & il s'eft élevé un vent fort, mêlé d'une pouffiere
epaiffe qui a duré une demi-heure. Pendant ce rems le ther-
momerre a commencé à defeendre. A 4 heures le vent a ceffé,
& il efl tombé de la pluie. J'ai examiné le thermomètre il
etoit à 33 degrés.
Le 25 & le 26 Juillet, le thermometre à 2.9 degrés. Le 28
à3 degrés par un vent du nord.
Le 29 Juillet, j'ai mis dans un réfeau de fortes ficelles un
bloc de glace de figure irréguliere, & je l'ai fufpendu à une
balance placée en plein air & expofée au vent & à tous les
rayons du foleil.
A 6 heures du matin le thermometre expofé au nord, à 26
degrés & demi, j'ai pefé la glace & j'ai trouvé que fon poids
etoit de 50 livres.
A 7 heures, le thermometre à ij~ degrés poids de la
glace 46 livres.
A 8 heures le thermometre à 27^ degrés le poids de la
glace 40 livres.
A 9 heures, le thermomètre à 30 degrés, poids de la glace

3 livres.
A 10 heures le thermometre à 3 £ degrés, le poids de la
1

glace z5 livres.
Ii faut remarquer que le vent etoit nord, & plus fort qu'il
n'etoit ci-devant.
A heures, le thermometre à 32 degrés poids de la.
11

glace 19 livres.
A 1 heures, le thermometre à 33 degrés, poids de la
glace 1 5 livres.
A i heure le thermometre à 33^ degrés, poids de la gla-
ce 10 livres.
A 2 heures, le thermometre à 33^ degrés poids de la
glace 7 livres.
A 3 heures le thermometre à 3 3 degrés, poids de la.
glace 5 livres.
A 4 heures le thermometre à 33 degrés poids de la glace
3 livres.
A heures le thermometre à 33 degrés poids de la
glace î + livres.
Il faut remarquer que depuis 4 heures & un quart la glace
s'eft trouvée à l'ombre.
A 6 heures le thermometre à 3 i{ degrés poids de la glace
ï livre, 4 onces.
A 7 heures je n'ai pas pefé à 8 heures il y en avoit encore.
A 9 heures il n'en reiloit plus qu'un morceau de la groffeur
d'une noix il a fallu par conféquent 15 heures de tems pour
que ce quartier de glace pefant o livres, & expofé au vent
& aux ardeurs d'un foleil brûlant ait pu fondre entiérement,
& encore cette glace etoit-elle déjà hors de la glaciere depuis
deux ou trois jours; car je la fis acheter aux environs de notre
maifon chez l'un de ceux qui font payés par l'Empereur,
pour donner gratis de l'eau fraîche à boire à ceux qui en
demandent. La glace fraîchement tirée de la glaciere fond
plus difficilement & on la tranfporte d'un endroit à l'autre
dans les plus fortes chaleurs de l'été, fur des brouettes ouver-
tes, avec auffi peu de précaution que fi l'on tranfportoit de
firnples hriques, ou des cailloux. Elle ne laifle d'autre trace
après elle le long du chemin que quelques gouttes qu'elle
laifle tomber par intervalles. Je crois qu'on peut conclure
t
luivant les principes de la bonne phyûque qu'elle n'eft fi
long-tems à fondre>que parce qu'elle eft chargée de particules
nitreufes qui la confervent dans fon etat de glace, plus long-
tems qu'elle n'y feroit fans cela. Une preuve que cette confé-
quence eft bonne c'eft que les rivieres des environs de
Pe-king dont on la tire commencent à geler vers le milieu du
mois de Novembre & ne dégèlent que fur la fin de Mars.
Quelque tems qu'il faffe dans -l'intervalle de ces deux extrê-
mes, on peutfans danger marcher hardiment fur les eaux.
Au refte toutes les eaux tant des puits que des rivieres
ont ici une qualité qui me paroît finguliere. Elles dépofent une
efpece de tartre dans les vafes où elles féjournent, & dans
ceux où on les fait bouillir. Les Chinois appellent cette efpece
de tartre du nom de kien; ce kien eft blanc quand il eft dépofé
par les eaux qui n'ont pas encore fubi l'action du feu il eft
jaunâtre quand il eft dépofé par les eaux cuites. Il n'a ni odeur,
ni faveur & n'efl propre à rien c'eft un vrai caput mortuum.
La premiere occafion que j'eus de le connoître me fut pré-
fentée par le hafard. Je faifois remplir tous les foirs d'eau fraî-
chement tirée du puits un petit vafe de porcelaine. Ce vafe
avoit un couvercle que je fermois toujours exactement, pour
empêcher que les infectes ou la poufliere ne vmflcnt à faiir
mon eau. Après quelques mois je m'apperçus que dans le fond
& tout autour il s'y etoit formé comme une croûte de
l'epaiffeur d'une feuille de papier. Cette crc Ite etoit u adhé-
rente, qu'il fallut la pointe du couteau pour la détacher. A
cette occafion, voulant faire une leçon de propreté à mon
domeftique, il me répondit que ce que je voyois n'avoit rien
de rebutant, que c'etoit-là le dépôt ordinaire des eaux du
pays, & que je ferois bien plus furpris fi je voyois comment
ce kien tapiffoit tout l'intérieur des coquemars &• autres uften-
files de cuifine dans lefquels on fait cuire l'eau. Je m'en fis
apporter un fur le champ & je me convainquis par mes pro-
pres yeux que mon Chinois m'avoit dit vrai. Une croûte
jaunâtre d'environ quatre ou cinq lignes d'epaiffeur tapiffoit
tout l'intérieur de cet uftenfile de la même manière que le
tartre tapifle l'intérieur d'un vieux tonneau. J'en détachai un
morceau, que je portai au nez à la bouche, & que j'exami-
nai dans tous les fens; je n'y trouvai rien qui pût me fervir à
le définir. Ne feroit-ce pas un fel dépravé ( infatuatum ) ou
un nitre mort qu'on pourroit revivifier par le moyen de l'air
ou du feu ? Je ne fuis point chymifte je m'exprime comme
je le peux, fur une matiere que je n'entends pas. On pourra
faire examiner ce kien par gens experts j'en envoie fous le
nom de choui-kien ou kien d'eau.
Si les eaux de la province du Pe-tché-ly contiennent "'beau-
coup de nitre il n'efl pas moins vrai de dire, que l'air en eft
tout rempli ( t ). Voici quelques preuves de fait qui fuffiront
pour le démontrer i°. malgré les alimens peu fains tels que
la chair de la plupart des animaux domestiques morts de
( i ) Nota, Et c'eil fur-tout à cette féconde caufe qu'on doit rappor-
ter la rigueur du froid & l'epaiffeur des glaces à Pe-king.
vieillefie de maladie &c. dont le peuple de cette province
fait fes délices, malgré la mal-propreté & toutes les incom-
modités d'u.i logement bas, petit, où tous ceux d'une famille
font, pour ainfi dire les uns fur les autres il n'y a jamais de
pefte, & prefque point de ces maladies epidémiques, fi com-
munes dans notre Europe; z°. tout le conserve ici pendant un
efpace de tems affez considérable fans être fujet à la cor-
ruption. Nous mangeons des raifïns frais jufqu'à la Pentecôte 9
des poires & des pommes jufqu'à la S. Jean les fangliers, les
cerfs les daims, les chevreuils, les lapins & les lièvres les
faifans les canards les oies & tout le gibier qu'on apporte
de Tartarie ici dès le commencement de l'hiver les poif-
fons, tant gros que petits qu'on y apporte de même des riviè-
res de Lao-toung fe confervent fans le fecours du fel dans
leur état de congelation, des deux & trois mois de fuite, quoi-
que chaque jour on les expofe au marché & que chaque jour
on les porte du marché dans les maifons particulieres, & des
maifons particulieres au marché, jufqu'au débit total, qui n'a
lieu ordinairement que vers la fin de Mars.
3°. îl n'efi nullement néceffaire d'aller eu Tartarie pour
trouver des terres nitreufes, il ne faut que s'éloigner de Pe-king
ce deux ou trois lieues, n'importe par quel rumb de vent
pour en voir les champs couverts. Tous les matins, au lever
du foleil la campagne dans certains quartiers paroît auffi
blanche que fi une légere couche de neige commençoit à fon-
dre fur fa fuperficie. En ramaffant avec un fimple balai, tout
ce qui eft blanc on en tire beaucoup de kien un peu de nitre
& de fel. On prétend que le fel qu'on en tire peut tenir lieu
de fel ufuel. Il eft certain du moins, qu'à l'extrémité de la
province du côté de Siuen-ho a-fou les pauvres & la plu-
part des payfans n'en emploient pas d'autre. Pour ce qui eft
du kien. on s'en fort pour laver le linge comme nous nous
fervons
fervons du favon. J'en envoie fous le nom de kien de terre
la feule infpeftion le fera mieux connoître que tout ce que je
pourrois en dire.
Quoique les terres foient chargées de parties nitreufes, elles
ne forment pas pour cela de vaftes deferts. On les cultive avec
foin & à force de travail on les rend fertiles. Elles gèlent en
hiver jufqu'à trois ou quatre pieds de profondeur; & une fois
priies, elles ne dégèlent que vers la fin de Mars ce qui fuffit
ce me femble pour expliquer pourquoi la gelée tue aux envi-
rons de Pe-king des plantes que M. Lïnnœus a élevées dans
la Suéde qui eft plus feptentrionale de près de 20 degrés que
ne l'eil la capitale de l'Empire chinois. Je m'arrête ici, quoi-
qu'il y ait encore bien des erreurs & des faux énoncés à éclair-
cir dans le livre des Recherches philosophiques fur les Egyp-
tiens & les Chinois. Je n'y ai trouvé de bonnes remarques que
celles qui me regardent perfonnellement; & l'Auteur a eu
ra:fon de dire qu'en écrivant fur la guerre j'ai ecrit fur des
matieres que je n'entendois pas. Il a eu raifon encore de mee
relever fur ce que j'ai dit, qu' la Chine chaque foldatfait lui-
même fa poudre tant celle qui fen à la charge que celle qui
fert aux amorces. Je me fuis mieux informé, j j'ai appris qu'il
&

y avoit ici des poudrières où l'on fait la poudre aux frais du


Souverain des magafins où on la conferve & d'où on la
&

tire pour la diftribuer à ceux des foldats qui font ufage des
armes à feu mais on m'a affuré en même tems qu'il n'en etoit
pas ainh avant l'arrivée des Tartares Mantchoux à la Chine
parce qu'il n'y avoit pas des corps de fufiliers ni d'artillerie
en regle. Je remarque à cette occafion & je vous prie de
vouloir bien remarquer avec moi que fi un homme qui fait &
parle la langue & qui a eu une attention extrême a ne rien
ecrire que d'après le témoignage des gens du pays, eft expofé
à recevoir de tems en tems des informations peu exactes
ou
Tome VI, Xx
OBSERVATIONS ET NOTES
même entièrement faillies, que doit-il01 arriver à des
1 t
voyageurs
qui font, pour tout ce qu'ils veulent favoir, à la merci d'un
Interprète fouvent très-ignorant dont ils ne font compris
qu'à demi, qu'ils ne comprennent eux-mêmes pour ainfi
dire qu'en devinant ? Pour ne pas m'cxpoler à parler trop
légèrement une feconde fois de ce qui concerne la poudre à
canon je réferve pour l'année prochaine ce que j'ai à en dire
d'après des mémoires tant manufcrits qu'imprimés que j'ai
acquis depuis peu, & qu'il me feroit très-difficile de pouvoir
débrouiller cette année faute de tems.

MORT ET FUNERAILLES
DE L'IMPÉRATRICE MERE.
J. out effc tranquille aujourd'hui ici & depuis bien des
années l'Empire n'avoit pas joui d'une plus profonde paix.
L'Empereur s'en etoit applaudi aux yeux de fes fujets, comme
d'un bonheur auquel il n'avoit pas lieu de s'attendre fï-tôt &
en commençant cette année 1 777 qui eft la quarante-deuxième
de fon glorieux règne il efpéroit pouvoir la couler toute
entière au milieu des triomphes, & dans le fein de la joie. Le
contraire eft arrive. La mort lui ayant enlevé fucceffivement
fa mère l'aîné de fes fils, & le fage Chouhédé fon premier
Miniïîre il s'eft vu plongé dans une mer de douleur dont il
n'a pas cru devoir encore adoucir un tant-foit-peu l'amertume,
en goûtant quelques-uns des plaifirs les plus permis. Enfermé
dans fon Palais de Yuen-ming-yuen où il ne s'occupe avec fes
Miniftres & ceux de fon Confèil, que de ce qui concerne le
gouvernement; il prend à peine une heure de tems chaque
jour pour parcourir quelques allées de fon jardin, & pour
vifiter les différons atteliers des artiftes qui travaillent pour lui.
La maniere rigoureufe dont il garde tout le cérémonial du
deuil aiguife déjà les burins dont fe fcrviront les Chinois
pour graver fon nom à côté des noms immortels des plus
grands Princes qui aient gouverné leur Ernj.ire depuis Yao
& Chun inclusivement. Vous verrez peut-êtire avec plaifiT une
courte relation de ce qui s'eft paffé ici à l'occasion de la mort
de l'Impératrice mere. Je ne rapporterai que ce qui me paroi-
tra mériter quelque attention de votre part.
Le treizième de la premiere lune de la quarante-deuxième
année de Kicn-long à [heure tcheou la. Tay-heou cfl retour-
née- au Ciel &c. dit l'annonce chinoife c'eft-à-dire le 2
Mars 1777 entre une & trois heures du matin, l'Impératrice
mere eft morte dans fou Palais de Tchang-tchun-yuen dans la
quatre-vingt-feptieme année de fon âge ( ce Palais de Tchanv-
tchun-yuen etoit le féjour ordinaire de cette Princeffe pen-
dant tout le tems que l'Empereur fon fils eteit à Yuen-ming-
yuen, c'eft-à-dire plus des trois quarts de l'année ).
Auffi-tôt qu'elle eut expiré l'un des Grands de la préfence
partit pour faire ouvrir celle des portes de Pe-king par où
l'Empereur devoit entrer; & l'Empereur accompagné de fes
feuls Gardes, le fuivit de près, pour fe rendre dans fon Palais,
&y attendre le corps de fa mere, qu'on devoit y tranfporter
fans bruit & comme il l'Impératrice jouhTant encore de la
vie & de toute fa fanté eût fait d'elle-même ce voyage inco-
gnito pendant la nuit pour eviter le tracas du cérémonial.
Ce ne fut que vers les fix heures du matin que le corps arriva.
Ce même jour, les Mandarins qui préfident à la police
donnerent leurs ordres pour faire difparoître des portes qui
donnent fur la rue les enfeignes qu'on met aux boutiques, &
en général tout ce qui etoit en dorure & en couleur, expofe n
la vue des paffans.
Le lendemain3 Mars tous les Mandarins fans exception
prirent le grand deuil, c'elr-a-dire le revêtirent d'un habit
long, de (impie toile blanche, fur lequel ils mirent un (urtout
de latin noir huilèrent croître leurs cheveux:, oterent les fils
de ioie rouge qui couvrent la partie lupérieure du bonnet &
chauffèrent des bottes de toile. Pendant dix-iept jours entiers,
il ne leur tilt pas permis de le montrer autrement. Ils' durent
fur-tout s'abltenir de tous les divertirTemens, tels que la comé-
die, les concerts les promenades, les fellins entre amis &
autres femblables. Ils durent même s'abilenir de leurs femmes
cv pour ne pas manquer à ce point dîcnticl du cérémonial la
plupart paiîerent les nuits dans leurs Tribunaux reipcclifs
pour v prendre leur repos.
Outre ce deuil rigoureux qui ne regardoit que les Princes
les Grands & les Mandarins de tousles ordres, on en ordonna
un qui fut pour tout le monde dans toute l'étendue de l'Em-
pire, Se dont le terme devoit être le centième jour après la
mort de l'Impératrice. Pendant tout cet efpace de tems il
n'etoit permis à peribnne de quelque état qualité oc condi-
tion qu'il fût de ie taire râler, de jouer des initrumens de
muiique de prendre & de donner aucun repas de cérémonie
ou d'invitation d'appeller chez loi les comédiens les far-
ceurs, Cv autres de cette eipece. On publia auffi la défenfe
des noces iolemnelles mais cette détente n'eut lieu que pour
un mois, à compter du jour non de la promulgation mais
de la mon de la Princeffe. En un mot tout le monde devoit
donner des marques extérieures de douleur. Je puis dire a la
louange des Chinois crue tous ces points ont été obfervés avec
une décence dont j'ai été frappé. Mais ce que j'ai le plus admi-
ré eït que cette décence a eu lieu parmi ceux du plus bas
étage parmi la plus vile populace comme chez les Princes
& les Grands. Dans les rues les plus fréquentées dans les
marchés même les plus tumultueux de cette immenfe vilie (de
Pc-king) il n'y eut, pendant tout ce tems de deuil, ni que-
relles, ni altercations on n'y parlent, pour ainfi dire, qu'à
demi-voix. Il eft vrai que par une politique, dont la An ne
peut être apperçue que par ceux qui ont etu lié ik qui coa-
noiflent le génie de la nation, le gouvernement avoit foin de
réchauffer de tems en tems le cœur du peuple par des affiches
qui lui preientoient fous différons points de vue toute l'aftli&ion
du Fils du Ciel.
La première qui parut fut celle par laquelle l'Empereur
annoncoit lui-même à fes fujets la mort de l'Impératrice fa
mère. On en verra peut-être volontiers le précis. Le voici
« La, vertueufe PrinceiTe dont la perre caufe aujourd'hui
« mes regrets, n'a eu que moi d'enfant. Depuis le moment de
» ma naiffance jufqu'à celui où elle a cédé de vivre j'ai
» toujours été l'objet de tes plus tendres complaifances. Dans
» mon enfance & dans ma jeunefic elle m'a prodigué tous fes
m foins tant pour me procurer le bien-être que pour tâcher
» de m'inculquer les fentimcns dignes de ma naiffance. Je n'ai
M rien oublié, de mon côté, pour lui donner des preuves de

.» mon tendre refpecl, & de la plus nncere reconnoiflanec.


-y Depuis quarante-deux ans que je fuis iur le Trône je n'ai
» pas manqué à un feul des égards qui lui etoient dus. Je m'en
» applaudiffois au fond du cœur & je regardois le conten-
» tement & la bonne fanté dont elle
jovsiffoit, comme une
>>
fuite des foins que je prenois pour lui procurer l'un & l'au-
» tre. Il n'y a pas encore bien des jours, qu'en la voyant mar-
» cher d'un pas ferme je difois en moi-même qu'elle pouffe-
» roit fa carrière jufqu'à la centieme
année de fon âge &
» l'efpérancc que j'en conçus
inonda mon cœur de la plus
» pure joie. Mais hélas! j'oubliois
alors cette belle fentence
« de Confucius Y-tfê y-kiu, dans quoi que cefou,Jîgurc:
OBSERVATIONS ET NOTES
» vous toi/jours quelque c~zofe 11 e.. Je n'avois d'autre
ci craindre.
» penfée que celle de prier le Ciel qu'il daignât confcrver
» encore long-tems des jours précieux, afin de pouvoir moi-
û
» même remplir long-tems encore les devoirs de la piété
» filiale.
» Après toutes les cérémonies du nouvel an je la conduifis
» moi-même à fon Palais, près de Yuen-ming-yuen & après
lui avoir rendu mes reipeclrs, je l'invitai à le tranfporter, le
» neuf de la premiere
lune au jardin de Tckeou-tjîng-yen où
» je me
propofois de lui donner un repas de famille, & de
» lui procurer
le plaifir de voir tous fes defcendans réunis. Le
» jour déiigné étant arrivé je fis illuminer le jardin & j'allai
» au-devant d'elle pour l'y conduire. Lorfqu'elle fut arrivée
» je la fis mettre à table & je me mis à la tête de mes fils
» petits-fils & arriere-petits-fils pour la fervir avec tout le
» refpecl: dont je fuis capable. Quel lpeclacle quelle fituation
attendriflante un fils prêt à atteindre la foixante-dixieme
»
» année de fon âge, fervir une mère qui approchoit de fa
» quatre-vingt-dixième cinq générations en ligne droite, réu-
» nies dans un même lieu pour s'y réjouir enfemble; l'hiftoire
>>
n'offre rien de pareil. La joie dont ma fainte mère fut péné-
» trée avoit effacé toutes les rides de ton front & fembloit
lui avoir donné tout fon embonpoint. On l'eût prife pour
» une perfonne à la fleur de l'âge.
» Deux jours après, le onze
de cette même lune, j'entrai
» dans l'appartement du jeûne, pour me difpofer au grand
facrifice que je devois offrir au Tji-kou-tan. Le quatorze,
»
» après avoir offert le facrifice je retournai à Yuen-ming-
» yuen, & je me
rendis chez ma mere pour la faluer. Elle
» etoit un peu indifpofée & par ordonnance des Médecins
» qui l'avoient vue il y avoit déjà une potion toute prête ),
que je lui fis prendre moi-même. Elle en fut foulagéc &il
» parut d'abord qu'elle alloit être guérie. Cependant fon état
» etoit très-dangereux & elle le lavoir, bien puifqu'aprcs
» que je me fus retiré elle ordonna à fes gens de ne me rien
» dire de fa Jîtuation de peur de rn affliger.
» Dans cet intervalle de bien apparent j'ai" ai la vifîter deux
» fois & elle me parla toujours avec fa préfence d'efprit ordi-
» naire elle avoit feulement le ton de la voix un peu foible.
» Soyeç tranquille mon fils me dit-elle au moment que je
» la quittai, fefpere que dans peu je ferai entièrement guérie.
» Je me flattois qu'il en feroit ainfi, & comme il etoit déjà
» tard je me retirai.
Le 22 fur le foir elle fe trouva -plus mal j je la trouvai
» fort abattue. Peu-à-peu les flegmes s'epaiffirent & la parole
» lui manqua. Le 23 à l'heure tcheou elle ne donna plus
» aucun figne de vie Quoi peu d'heures auparavant je
» l'avois encore fervie, je m'etois entretenu avec elle, Se
» déformais je n'entendrai plus le fon de fa voix, je ne pourrai
» plus lui parler! Hélas l'excès de ma douleur eu au-deffus
» de toute expreflion ».
Quelques jours après, on afficha le teftament de l'Impéra-
trice mère. Il etoit dans les deux langues Mantchou & Chi-
noife & imprimé en gros carafteres fur dû papier jaune.
J'en envoie un exemplaire en voici la traduction.
« Kien-long
quarante-deuxième année de la première lune
» le Z3 Teftament de la vertueufe bienfaiiante compatif-
» fante, &c &c. ( je ne traduis pas tous
les titres ) Impéra-
» trice mere. C'eft ainfî qu'elle
s'eft exprimée.
» Quoique très-peu
vertueufe le Ciel fuprême m'a comblé
de fes plus grands bienfaits & j'ai reçu de tous les bienheu-
« reux Ancêtres le plus précieux
des dons, en mettant au
» monde un fils qui etoit deiriné à leur
luccéder. L'Empereur
»" toujours plein de
tendreffe & de refpeft pour moi, n'a rien
» oublié de ce qui etoit en lui pour me faire couler des jours
» heureux. Il m'a fervi avec l'attention la plus refpe&ueufe il
» m'a procuré tous les fujets de joie qu'il a pu il m'a donné
» en tout des preuves de fon bon cœur. Chaque jour, il n'a
» jamais manqué de venir le matin & le foir, ou pour me
» faluer ou pour me voir manger.
» Toutes les fois qu'il alloit vifiter quelque province, c'etoit
» toujours à côté de moi qu'il marchoit. Il ne quittoit pas ma
» chaife de vue, pour être toujours à portée de me ferviren
» cas de befoin. En voyant une telle conduite le peuple des
» endroits par où nous paflions, le combloit de mille louan-
» ges il adreffoit des prières au Ciel pour lui & lui témoi-
y gnoit fon amour par des cris de joie réitérés. C'eft ce que
» j'ai vu moi-même c'eft ce que j'ai entendu. C'eit-là vérita-
» hïement ce qu'on peut appeller la
félicité des royaumes;
c'ei'Mà la vraie manière de gouverner les hommes.
» Toutes les fois encore qu'il alloit pour l'exercice de la chafle,
» il ne manquoit pas
de me conduire auparavant à Géhol. Là
» dans le Palais qui met à F abri des chaleurs (
c'eft. le nom du
» Palais qui en: à Géhol ) j'étois à couvert de toutes les
» incommodités de
la faifon j'y jouilTois de tous les plaifirs
de la campagne, & j'y goûtois la plus délicieufe fraîcheur.
» Chaque année, pendant les réjouiffances du nouvel an,
» il fe rendoit à mon Palais de Tckang-tc/iun-yuen où il me
» procuroit tous
les jours quelque nouveau plaifir. C'etoit bien
» autre choie encore quand il célébroit le jour de ma naif-
» fance.
Il n'eft rien dont il ne s'avisât pour m'épanouir le
» cœur.
Il danfoit lui-même en ma préfence il me déclamoit
» des vers
qu'il avoit faits, il me montroit des peintures aux-
»
quelles perfonne n'avoit mis la main que lui & en décoroit
« lui-même mon appartement.
Tant d'attentions me péné-
» troient jufqu'au fond de l'ame j'oubliois mon âge & mon
vieux
» vieux corps reprenoit des forces, comme dans le tems de
» fes plus beaux jours (j'emploie autant qu'il m'eft pomble
» les propres expreffions ) pouvois-je ne pas goûter une fatis-
» faftion infinie, en faifant attention que a cher fils qui me
» fervoit ainfi & qui employoit tous les mo)ens de me com-
»plaire etoit ce grand Prince dont la puiffance aidée
» d'une prévoyance fans bornes & dirigée par la plus pro-
» fonde fageffe s'etoit montrée avec tant d'éclat & de majefté
» en fubjuguant ceux du Tckongkar & les Hoei-tfee & tout
» récemment encore ceux de l'un & l'autre Kin-tchouen ?.
» Témoin des foins qu'il ie donnoit nuit & jour pour faire
» réuffir cette dernière guerre, en en dirigeant lui-même toutes
» les opérations, je l'ai vu, après cinq années de travaux &
de peines ainfi qu'il l'avoit lui-même prévu, comblé de
» gloire & de joie me faire hommage de fes heureux fuccès.
» Tous les fentimens dont ton grand cœur etoit alors pénétré,
» p afférent jufques dans le mien, & lui firent reffentir tout ce
» qu'on peut imaginer de plus délicieux.
» Je fuis parvenue à ce tems heureux, me difois-je en moi-
», même, où la paix va régner fans obftacle entre les quatre
» mers, & où le peuple tranquille & content., va vivre dans
» l'abondance de tout. Puiffe-je vivre encore longues années,
» pour jouir plus long-tems du bonheur que la bonté du Ciel
nous accorde Quoique je fois d'un âge fort avancé &
» que je touche à celui de la décrépitude je me fens encore
*> robufte & mes forces ne paroiffent pas avoir diminué je
» puis aller jufqu'à cent ans. C'eft ainfi que je le penfois; c'eil:
» ainfi que l'Empereur, mon fils me le àifoit fouvent lorl-
» qu'en fe rendant chez moi pour me faluer, il me voyoit cet
» air tranquille & ferein figne non équivoque du contente-
» ment dont j'etois toute remplie & que fa préfence rendoit
i> encore plus fenfible, en le faifant paffer fur mormfage épanoui.
?>
Je n'avois aucune forte d'infirmité lorfque ces jours der-
» niers je me fentis tout-à-coup faifie de froid; ce mal, léger
en apparence, augmenta infenfiblement & eft devenu une
» véritable maladie. Il m'a fallu recourir aux remèdes,, & c'eft
» l'Empereur qui me les a préfentés de fa propre main. Il n'a
» pas ceffé depuis ce moment de me fervir avec ]a plus grande
» attention. Chaque jour il adrefioit fes prieres à l'Efprit du
» Ciel pour obtenir qu'il m'accordât une prompte guérifon.
» Touchée de l'état d'abattement & de trifteffe où je le voyois
» réduit à mon occafion je n'ai rien oublié pour tâcher de
» recouvrer la famé afin de me conformer au defir de fon
» bon cœur qui le fouhaitoit ardemment. Pendant quelque
» tems je me fuis fentie foulagée & je me regardois même

» comme hors de danger.


» Lorfqu'on avoit moins lieu de s'y attendre, aujourd'hui,
» à l'heure tckeou je fuis tombée en défaillance & ce n'efl:
» qu'avec peine qu'on a pu ranimer mes iens. C'en efl fait, je
» fens que je ne puis en revenir, & que mon dernier moment
» approche. J'ai vécu quatre-vingt-iix ans, continua-t-elle en
» adreffant directement la parole à l'Empereur. Je vous ai v»
» quarante-deux ans fur le trône & vous m'avez procuré tous
w
les honneurs qu'on peut rendre à la mere du Souverain. A
» Foccafion de vos victoires & de vos triomphes voulant que
» votre propre gloire réjaillit fur moi, trois fois vous m'avez
» décoré de ces titres honorables qui rendront mon nom
» immortel comme le vôtre. Trois fois encore vous avez célé-
» bré avec la pompe la plus folemnelle le jour de ma naif-
» fance en répandant les bienfaits à pleines mains fur tous
>> vos fujets » ( c'eft ce qu'on appelle la cérémonie du Ouan-
cheou. Cette cérémonie a eu lieu à la foixanrieme foixante-
dixième & quatre-vingtième année de l'âge de l'Impératrice.
J'ai fait la description de la première qui doit fe trouver fi
je ne me trompe, dans quelqu'un des derniers volumes des
Lettres édifiantes ). « J'ai eu la fatisfaclion de voir vos fils

» vos petits-fils, & vos arriere-petits-fils raffemblés autour de
» moi. De quel accroiffement le bonheur dont j'ai joui pou-
» voit- il être fufceptible ? On m'affignera
un rang à part dans
» l'hiftoire & mon exemple fera peut-être unique; quel regret
» pourrois-je avoir en ceffant de vivre ?
» Je fais, ô mon fils que vous êtes plein de droiture &
que les fentimens de la piété filiale que vous m'avez toujours
» témoignés, font finceres. Au moment que je ne ferai plus,
» n'allez pas vous abandonner à une douleur excefilve. Soyez
» maître de vous-même & foumettez-vous fans murmure à la
» loi de la néceffité. Continuez à vous conduire conformé-

» ment à la bbnté de votre naturel, & ne ceffez point de


don-
» ner des preuves de votre bienfaifance. Regardez toujours le
» foin des affaires de l'Empire comme le premier & le plus
» effentiel des devoirs qui vous font impofés, dans la place
» eminente que vous occupez. Soyez toujours plein
d'égards
pour les Grands de l'Empire, & pour tous les Mandarins
» tant de lettres que d'armes, afin de les engager par-la à
Il redoubler d'efforts pour vous aider à bien gouverner. Per-
» fuadée que c'eft ainfi que vous en agirez je meurs tran-
» quille.
» Pour ce qui eft de la grande affaire du deuil voici ce
» que je vous prefcris. N'ordonnez rien vous-même mais
» tenez-vous-en à ce qui fera déterminé par le Tribunal des
» Rits conformément à l'ufage reçu. Ne portez les habits &
» tout le refte de l'attirail du deuil que l'efpace de vingt-iept
» jours. Ne différez pas d'offrir vos facriflces au Ciel, à ia.

» terre, dans la faile des Ancêtres, &i dans le temple des


» Eiprits qui préiident aux générations. Ne manquez pas d'offrir
f & de faire offrir les facriflces ordinaires tous les Efprits
» en général. Telles font mes dernières volontés & les derniers
>•
ordres que je vous donne. Conformez-vous-y exactement ».
Ce fut-là le dernier entretien qu'elle eut avec l'Empereur
fon fils.Peu de momens après elle perdit entièrement la parole,
Se vers les trois heures du matin elle expira. L'on apporta fon
corps à la ville afin qu'on pût faire dans le Palais même, la
cérémonie du Iou-llen qui eft la première & la plus effen-
tielle de toutes celles qui fe pratiquent à la mort de quelqu'un.
Elle confifte à dépofer le corps dans un cercueil. Cette céré-
monie etant finie, & le Palais de Tchang-tchun-yuen que
l'Empereur deftina pour fervir d'entrepôt au corps de fa mere,
jufqu'au jour où on devoit. le porter au lieu de la fépulture,
étant préparé de la maniere qu'il le falloit pour fervir à cet
uiage le vingt-neuf de la premiere lune ( 8 Mars) le convoi
fortit du Palais ( de Pe-king) dans l'ordre fuivant. Il efl bon
de remarquer que dès la veille on avoit porté des foldats pour
border toutes les rues & tout le chemin depuis la porte du
Palais de Pe-king jufqu'à la porte da Palais de Tchang-tckwi-
yuen que le Gouverneur des neuf portes avoit fait défenfes
d'ouvrir les portes des maifons & les boutiques avant que le
convoi ne fût paffé avec ordre de ne laifïer dans les bouti-
ques, la nuit du 28 au 29 qu'un feu! homme pour les garder;
que le Tribunal des Rits celui de la guerre & les autres
avoient pourvu au bon ordre pour tout ce qui les concernoit
refpeftivement & qu'enfin tout etoit réglé d'une manière
conforme à la cérémonie la plus refpeclabie aux yeux des
Chinois & la plus digne de leur attention par la dignité de
celle qui en etoit l'objet.
Le 29
vers les fept heures du matin le convoi fortit du
Palais. Ceux de la maifon de l'Empereur, ceit-à-dirc ceux
dont les ancêtres etoient
ou fermiers, ou dorneftiques ou
efclaves du Prince Mantchou avant qu'il eût conquis la
Chine, &: qui font fous une bannière à part, pn.'cédoient,
Après eux venoient les banderoles les paralbis, les dais ( cha-
cune de ces chofes au nombre de cinq & de cinq couleurs
différentes ), les dragons de bois doré ies deux bâtons de
commandement, vernis en rouge ayant les deux extrémités
dorées deux haches d'armes deux courges d'or & différen-
tes mains de bois doré fymbole des différentes vertus parr
les différentes manieres dont elles font repréfentées, les unes
entièrement fermées, les autres entièrement ouvertes quel-
ques-unes fermées à demi, n'ayant qu'un, deux ou trois doigts
d'étendus & quelques autres dans d'autres pofitions relatives
à ce qu'elles doivent défigner.
Cet attirail etoit fuivi d'un certain nombre de chameaux &
de chevaux marchans deux à deux, & chargés de tout ce
qui fert le long de la route, lorfctu'on fait un long voyage
comme lit, ulteniiies, provisions, &c. Après les chameaux &
les chevaux venoient les charrettes chaifes roulantes chai-
fes à porteur, fauteuils, chaifes tabourets couflins, coffres,
baffins, & tout l'attirail de la toilette. Tout cela marchoit de
file fur vingt-quatre rangs. Les meubles de la chambre les
bijoux, & tout ce qui etoit de i'ufage journalier lorfque la
Princeffe vivoit, comme miroirs vergettes, éventails, boites,
bourfes & autres choies femblables etoient portés ieparé-
ment par des Officiers de fervice, formant entr'eux pluiîeurs
rangs, après lefquels on portoit, avec beaucoup dercfpecr.,
le petit bâton fur lequel elle s'appuyoit en marchant pendant
fes vieux jours.
Les grands Officiers de fa maifon précédoient immédiate-
ment le cercueil de même que les fils & petits-iils de l'Empe-
reur &:c. Quatre-vingts porteurs, vêtus d'un habit long de
fatin cramoin parfemé de différentes figures en broderie de
.cinq couleurs portoient fur leurs épaules le précieux dépôt
marchant d'un pas grave & lent, & fe faifant relever de tems
en tems par d'autres vêtus de la même manière qui etoient ài
leurs cotés.
Les femmes de l'Empereur celles des Princes de la famille
titrés des Comtes & des Grands les Demoifelles de fervice
dans l'intérieur du Palais, toutes à cheval, & après elles les
Eunuques à cheval auffi etoient immédiatement après le
cercueil & etoient gardées par quelques compagnies de
piquiers, qui, la pique à la main, marchoient à cheval à côté
d'elles, & les enfermaient dans un bataillon trois quarts de
quarré.
Après les Femmes & les Piquiers fliivoient à pied les Régu-
les Mantchoux & Mongoux les Comtes & les Grands du
dedans, les Comtes & les Grands du dehors actuellement en
charge, chacun félon ton rang & à mefure que le convoi
paflbit les Princes de la famille non titrés, tous les Kioro ?
c'eft-à-dire les Princes de la famille régnante avant qu'elle
ne fût fur le trône de la Chine qu'on avoit placés tout le
long de la route, à quelque diflance les uns des autres plus
près ou plus loin de Pe-king fuivant que leur degré de parenté
avec l'Empereur etoit plus proche ou plus éloigné tous ces
Princes dis-je qui s'etoient mis à genoux auffi-tôt que du
pofte où ils etoient, ils avoient pu appercevoir le cercueil
Ce levoient après qu'il avoit pafle, & attendoient modeflement

que leur rang fût venu pour fe mettre à la fuite du convoi,


s'ils le jugeoient à propos, ou pour s'en retourner chacun
chez foi.
A mefure qu'on arrivoit à quelque porte par où il falloit
palier pour fortir de la ville ou des fauxbourgs, ou près de
quelque pont for lequel il falloit également palier tout le
convoi s'arrêtoit on pofoit fur fes trétaux la châffe dans
laquelle on portoit le cercueil, on mettoit devant cette châffe
la table chargée de tout ce qui devoit fervir à la cérémonie
& qui etoit déjà préparée à cet eflet & après que tout etoit
ainfi difpofé les Mandarins du Tribunal des Rits s'avançoient
refpeftueufement & avec gravité, fe proiternoient devant le
cercueil, touchoient trois fois la terre du front fe relevoient
rempMoient trois taffes de vin, les offroient, & en verfoient
la liqueur. Après avoir réitéré deux fois la cérémonie ils met-
taient le feu à cinq mille pièces de monnoie de papier, pour
être brûlées en l'honneur des Efprits gardiens de la porte ou
du pont & les engager par-là à détourner tout accident
fâcheux & l'on continuoit la marche dans le même ordre
qu'auparavant.
Tout cela fe faifoit au nom de l'Empereur qui n'étant
point préfent, ne pouvoit s'acquitter de ce devoir par lui-même.
Après avoir accompagné le corps depuis l'appartement où
on l'avoir dépofé, jufqu'à la porte occidentale de fon Palais,
dite la porte de Si-hoa-men il avoit fait en perfonne les mêmes
cérémonies après lefquelles il s'etoit retiré, pour fe rendre
par une autre porte au lieu de l'entrepôt, & y recevoir le corps
de fa mère quand il y arriv croit il y arriva vers le midi.
L'Empereur accompagné des Princes, Comtes, Grands &
Mandarins qui dévoient l'affilier, alla au-devant du convoi
jufqu'à la porte extérieure de l'enceinte de Tchang-tchun-yuen
dans laquelle eft la falie dite Kïeou-kïng fan-chê-tien, où
l'on avoit dreffé le catafalque fit les neuf profternations &
les trois libations, de la manière dont je l'ai décrit plus haut,
& le conduifït au lieu deftiné. Après qu'on l'y eut dépofe il
fit de nouveau les mêmes cérémonies, auxquelles il ajouta les
parfums & les offrandes, & à la finies gémiffemens & les
pleurs. Tous ceux de la fuite en firent de même après lui &
chacun fe retira. Tchang-tchun-yuen eille nom général du lieu
où l'Impératrice cre avoit ion Palais, près de celui où l't :ii-
OBSERVATIONS ET NOTES
pereur pafTe 1
/YV les trois
j_ quarts de 1 1l'année,
> 1 1*
à deux lieues de
Pe-king. Tchang-tchun-yuen fignifie jardin de l'éternel prin-
tems. Le nom de Kieou-king fan-che-tien a été donné par
l'Empereur à l'appartement où il avoit déterminé qu'on dref-
feroit le catafalque. Il lignifie Salle des neuf prières & des trois
grandes affaires. Depuis le vingt-neuf de la première lune
jour de la tranïlation du corps, jufqu'au dix-neuf de la féconde
lune, jour auquel l'Empereur & toute la Cour quitterent le
grand deuil parce que les vingt-fept jours depuis la mort de
l'Impératrice etoient complets, chaque jour, matin & foir
on renouvelloit les mêmes cérémonies avec le même appareil
& les mêmes fatigues; & à chaque fois on livroit aux flammes
quelques-uns des meubles, habits équipages & autres chofes
qui avoient été à l'ufage de celle dont on pleuroit la mort.
Celui des Tribunaux du dedans à qui il appartient de veiller
fur tout ce qui s'acquiert & fe dépenfe dans le Palais, avoit
fait un catalogue exaft de tout, & l'avoit livré au Tribunal
des Rits lequel prit fi bien fes arrangemens qu'à l'exception
de ce qui devoit entrer dans le tombeau avec le corps, tout le
refle fut confumé dans les 27 jours.
Je viens de dire que chaque jour, foir & matin, on renou-
velloit les mêmes cérémonies avec le même appareil & les
mêmes fatigues j'ajoute que ces fatigues ont été fi affomman-
tes, & par elles-mêmes & par leur continuité que les per-
fonnes d'une fanté médiocre ont eu peine à y réfuter. L'aîné
des fils de l'Empereur en particulier y a fuccombé, c'etoit un
Prince qui donnoit de grandes efpérances il etoit âgé d'envi-
ron quarante ans d'un naturel bienfaifànt d'un efprit droit
& bon & d'une application confiante aux affaires. Il y avoit
toute apparence qu'il auroit gouverné l'Empire après la mort
de ton pere. Il prit du froid en fortant d'auprès du cercueil de
fon aïeule j où il s'etoit échauffé en donnant, pour l'exemple,
des
des marques un peu trop fortes de fa douleur; il cacha ton
mal, & continua quelques jours encore à faire ce qu'il croyoit
être de fon devoir; mais fa maladie ayant empiré il fut
contraint de fe mettre au lit & ce fut alors feulement que
l'Empereur en fut inftruit il etoit trop tard tous les fccours
qu'on lui donna furent inutiles & une légère inflammation de
gorge, qu'il eût pu guérir au moyen de quelques gargarifmes “
ayant dégénéré en une eiquinancie incurable il fut enlevé de
ce monde le z8 de la féconde lune, c'eft-à-dire, le 5 Avril
de cette année 1777.
L'Empereur en parut confterné mais ce n'eft pas ici l'ufage
de pleurer un fils comme on pleure une mere. C'eft pourquoi
rien ne fe fit pour fes obfeques au-delà de ce qui cil déter-
miné par le cérémonial c'eft-à-dire qu'après un certain
nombre de jours on le porta au lieu de fa lépulture avec la
pompe qui eft d'étiquette pour les fiis du Souverain, quand
ils font décorés du titre de Régulo, ou de Quang comme on
parle ici.
Cependant on continua à faire les cérémonies foir & matin
devant le cercueil de l'Impératrice mere jufqu'au 13 de la
quatrieme lune inclufivement. Le lendemain quatorze, & le
vingtième jour de Mai, on partit pour Si-ling lieu de la
fépulture d'Yong-tckeng la diftance de trente & quelques
lieues de Pe-king où fon avoit préparé un magnifique tom-
beau, à côté de celui de ce Prince pour y dépofer le corps
de celle de fes femmes dont il avoit eu le fils qui l'avoit rem-
placé fur le Trône. Il me faudroit faire un volume entier fi je
voulois décrire dans l'exactitude du détail tout le cérémonial
de ce fécond convoi. Je me contenterai d'en donner une légère
idée en en rapportant fimplement les principaux articles.
De Pe-king à Sl-lïng il y a trois cens & quelques lys
chinois. Tout le long de cette route il y a, de diftance en.
Tome VI. V Zz
diflance des Koung pour l'Empereur c'eit-à-dire des. mar-
ions Impériales où l'Empereur s'arrête pour prendre fon
repas & fon repos, quand au printems & en automne, il fe
tranfporte à la fépulture de ton pere, pour faire les cérémonies
refpeftueufes fur fon tombeau & ces Koung font au nombre
de neuf, parce qu'on emploie cinq journées entieres pour fe
rendre de Pe-king à Sï-ling-,
Comme il n'y a que l'Empereur qui puiffe loger dans ces
Koung & que ceux où on loge les morts doivent être d'une
conftruclion différente on en conftruifit pour loger le corps
de l'Impératrice près de ceux où devoit loger l'Empereur
& conformément au cérémonial, auquel il en falloit pour le.s
deux ftations de chaque jour. Outre cela le voyage que
devoit faire l'Impératrice étant un voyage à part, qui ne
devoit être fuivi d'aucun autre, il fallcit que le chemin par où
elle palTeroit fût de même un chemin à part qu'on pût rom-
pre après qu'elle auroit paiTé comme étant un chemin inutile.
On en fit un à travers les champs de la largeur de quarante
pieds, depuis l'endroit d'où elle devoir partir, jufqu'à celui
où elle devoit fe rendre à quelque diftance du chemin ordi-
naire de l'Empereur. Du refte ce grand chemin à travers les
champs, ne fut pas fait au détriment des propriétaires». L'Em-
pereur fut cenfé affermer tout le terrein qu'on prenoit 8c il
fit donner en argent tout ce que ceux à qui il appartenok
auroient pu en retirer cette année s'ils avoient fait une abon-
dante récolte. De cette manière, les propriétaires du terrein.,
non-feulement n'y ont rien perdu, mais au contraire ils en ont
retiré un double profit, celui de la bonne récolte qu'on fuopofe
qu'ils auroient faite & celui de la récolte qu'ils ont faite eniuite
réellement: car immédiatement après la cérémonie, ils ren-
trercnt en poflefïïon de leurs terres, y firent pafler la charrue

&: furent à tems de les ensemencer de ce qu'on appelle les
petits grains, C'etoit au commencement de .Juin»
L'ordre qui s'obferva fut le même que celui qu'on avoit
obfervé depuis le Palais de Pe-king jufqu'à celui de Tchang-
tchun-yuen. Quand fur la route il y avoit quelque pont à paf-
ier l'Empereur y etoit déjà rendu quand le cercueil arrivoit
& y faifoit les cérémonies telles que je les ai décrites plus haut.
Il arrivoit de même à tous les gîtes, par le chemin ordinaire
un peu avant que le cercueil n'arrivât par le chemin particulier
qu'on lui avoit tracé & faifoit de nouveau les libations pros-
ternations, offrandes & mutes les autres cérémonies.
Les principaux Mandarins, dont les diftrifts n'etoient pas
au-delà de cinquante lys à la ronde des lieux par où paffoit le
cercueil s'etoient rendus fur le chemin qu'ils bordoient des
deux côtés & fe tenoient à genoux quand le corps paffoit
de la même manière qu'ils l'euffcrit fait., fi l'Impératrice avoit
été vivante. Les Mandarins de toutes les provinces euffent
bien voulu s'acquitter des mêmes devoirs ils en avoient folli-
cité la permiffiori par des fuppliques très-preuantes mais
l'Empereur, en leur témoignant qu'il etoit fatisfait de leur
bonne volonté leur répondit qu'il n'etoit pas à propos qu'ils
quittaffent leurs poftes & qu'il les tenoit pour préfens à toutes
les cérémonies. Les gens de la campagne & le peuple depuis
TcJiang-tchun-yueii jufqu'à Y-tcheou qui eft la ville la plu>
voifine de Si-ling furent plus heureux il leur fut permis de
porter le cercueil de la fainte mère de.la mère de l'Empire &
de l'Empereur dans le chemin qui etoit fur leurs diftrifts rei-
peftifs ils etoient partagés en foixante bandes, compofées de
cent trente-deux hommes chacune. Il n'y avoit cependant que
cent vingt-huit porteurs, parce qu'il y avoit à chaque bande
quatre hommes de relais, pour prendre la place de ceux qui
pourroient le trouver incommodés ou faire quelques faux pas.
Ces iept mille neuf cens vingt hommes furent choifis par leurs
Mandarins; ils devoient être à-peu-près de la même taille.5
bien faits & robufles & d'un âge, depuis trente jufqu'à qua-
rante ans. Chaque bande ne portoit le cercueil que l'efpace
d'un mou & trois fen comme on parle ici c'eft-à-dire de
trois cens douze pas parce qu'un mou eu compofé de deux
cens quarante pas & qu'un fen eft le dixième d'un mou.
Quand le cercueil etoit prêt d'arriver le matin & le foir au
lieu de ftarion ces hommes du peuple etoient remplacés par
les porteurs d'office, qui introduiibient le corps, & le plaçoient
comme il devoit l'être, pendant le tems de la cérémonie. Ils
ne le livroient à ceux qui repréfentoient le peuple qu'après la
cérémonie & lorfqu'on fe remettoit en chemin.
Quoique tous ces hommes euffent été défrayés par la com-
mune, pendant l'efpace de douze jours l'Empereur, pour
leur témoigner qu'il agréoit leurs fervices leur fit donner
à chacun foixante pieces de monnoie chaque jour.
Après cinq jours de marche on arriva à. Si-hng le 18 de
la quatrieme lune qui répondoit au vingt-quatrieme jour de
notre mois de Mai. Le premier Miniftre Chouhé-dî, qui etoit
à la fuite de l'Empereur ne put réfifler à la fatigue extrême
qu'il fut. obligé d'effuyer il tomba malade en arrivant-& mou-
rut le lendemain. L'Empereur lui envoya fes Médecins auffi-
tôt qu'il apprit fa maladie mais ce fut en vain fon mal etoir
fans remedc. Pour donner à cet excellent homme des preuves
de ton attachement & de fon eftime Sa Majefté le confultoit
fur tout ne faifoit rien que de fon avis & l'avoit pour ainfz
dire, fur-tout dans ces derniers tems fans ceffe à fes côtés.
Les regrets qu'il a témoignés quand on vint lui annoncer qu'il
n'croit plus n'ont pas été moins vifs que ceux qu'il témoigna
à la mort de fon propre fils. Et pour convaincre tout l'Empire
qu'ils etoient fiticeres 1 il lui a donné un nom honorable
fous lequel il fera connu de la poftérité & a fait entrer fon
portrait clans le Hien-leang-tfée c'efl-à-dire dans le Temple
fageffe & leur intégrité. Le Général qui
ou Salle où l'on honore ceux qui te font diftingués par leur
a fait la con-
quête de l'un & l'aurre Km-tchouen a eté nommé premier
Miniftrc à fa place. Par une faveur fpéciale l'Empereur per-
mit que le corps de Clioulzé-dé pût entrer dans la ville afin
qu'on lui rendît tous les honneurs dus a f<_n rang. Et à {on
retour à Pe-king il fe rendit en perfonne à ton hôtel & fit
devant fon cercueil toutes les cérémonies qu'un Souverain peut
faire pour honorer fon fujet mort.
Le 25 de la quatrieme lune (31 Mai ) le corps de l'Impé-
ratrice entra dans Ion tombeau avec tout l'appareil de fa gran-
deur pafiee & l'Empereur fon fils après l'avoir arrofé de fes
larmes, en ferma la por te pour ne la plus r'ouvrir.

Pe-king pour s'y occuper encore de fa mère. Il oit


Tout étant fini pour l'inhumation Sa Majefté revint à

aligner un rang dans la Salle des Ancêtres. Car n'ayant point


de lui

eté Impératrice du vivant de ton mari elle ne pouvoit y


entrer que du confentement général de la famille & des grands
Tribunaux. Elle ne pouvoit y entrer décemment que revêtue
de tous les titres honorifiques qui pouvoient juillner aux yeux
de la postérité la faveur dont elle alloit jouir tout cela n'eût
peut-être pas été fort aifé s'il s'etoit agi d'une perfonne moins
digne de la vénération publique, que celle dont on en alloit
faire l'objet.
Perfonne n'ignoroit dans l'Empire, que la Princeffe mère
de l'Empereur Kien-lonq n'etoit entrée au Palais fous Yong-
tcheng qu'à titre de fille à talent. Elle déclamoit dit-on en
perfection. A ce talent acquis elle joignoit toutes les qua-
lités naturelles qui peuvent rendre une perfonne aimable. Elle
plut à ton Maître & fut mife au nombre de fes Concubines
de l'ordre inférieur; voilà fon premier degré d'élévation. Ellee
eut le bonheur de lui donner un fils & fut mife au nombre
des Femmes titrées ou des Reines voilà jufqu où elle parvint
du vivant d' Yong-tcheng. Enfin fon fils a été Empereur &
l'un des plus grands Empereurs qu'ait eus la Chine; & un Empe-
reur qui n'a pas ceffé un feul initant d'avoir pour elle les fenti-
mens du plus tendre & du plus refpeclueux de tous les fils, &
qui s'eft toujours fait un point capital de mettre à fes pieds tous
les honneurs de la dignité fuprême. Voilà le comble de fa
félicité pendant les quarante-deux années qu'elle a furvécu à
l'Empereur fon époux. Mais il lui falloit quelque chofe de plus
que tout cela pour être jugée digne de recevoir à perpétuité
les hommages que les defcendans de l'Empereur rendront à
leurs Ancêtres dans la Salle qui leur eit confacrée. Il falloit
qu'elle eût eté reconnue pour Impératrice il falloit qu'au titre
d'Impératrice on ajoutât des titres de diitinclion. Elle a obtenu
ce double honneur d'un confentement unanime, & avec
i'appkmdiffement de tous les ordres de l'Empire. Pour donner
une idée de cette derniere cérémonie je ne puis rien faire de
mieux que de mettre fous les yeux du Lefteur, ce qu'en dit
l'Empereur lui-même dans le Decret qu'il a publié à cette
occaGon. Le voici traduit auffi littéralement qu'il m'a été
pofîibie.
DECRET.
« De celui qui par la pure faveur du Ciel a eté élevé à la
» dignité fuprême.
» Je crois que le véritable & unique moyen de faire con-
» noître ceux qui compofent une même famille eft de leur
« donner des noms honorables qui délignent le genre de mérite
*>
dans lequel ils fe font distingués. Je crois aufli que la meil-
;•>
leure manière de témoigner fa reconnoiffance envers ceux
» à qui l'on doit le jour, eft d'elever en leur honneur des
« Salles particulières, dans lefquelles on puiffe leur rendre les
» devoirs respectueux de la piété filiale. Lorfque quelqu'un
» après avoir fait tous tes efforts pour devenir vertueux &
» bienfaifant a prouvé par des effets dont perfonne ne doute
» qu'il etoit véritablement tel, il eft de la juffice de lui rendre
9

les honneurs qui font fixés dans le cérémonial en le déco-


» rant de quelque nom ou de quelque titre qui puiffe le rendre
» recommandable aux yeux de la poitérité. Mais quand quel-
» qu'un s 'eft diftingué par la pratique de toutes les vertus
» portées au degré le plus eminent, il faut que les noms & les
» titres puiflent lui procurer dans la Salle des Ancêtres des
» hommages qui les diftinguent plus particulièrement.
» En repayant dans mon efprit tout ce que j'ai vu de la part:
» de celle qui m'a donné la vie je ne trouve rien qui ne foit
» au-defius des communes vertus. Ses paroles, tes actions
» fon maintien même tout etoit dans la plus exafte décence,
M
O-bfervatrice fidèle de tous les devoirs de fon fexe elle a
» toujours été un exemple à fuivre, & un modele à proposer.
» La tendrefle qu'elle avoit pour ceux de mon fang etoit
» fans prédilection elle les aimoit tous également & tous
î
» fans exception ont eté comblés de fes bienfaits. Et pour ce
» qui me regarde en particulier que n'eût-elle pas voulu fair e a
t>
Elle eût réuni dans ma petite- perfonne toutes fes belles
» qualités naturelles & acquifes s'il avoit été en ton pouvoir
» de me les communiquer. Je fais jufqu'où elle a porté pour
/» moi fes tendres follicitudes & fes attentions
dans tous les
» genres. Pénétré de la plus vive
reconnoiffance je n'ai rien.
» oublié pour tâcher de la lui témoigner & pendant quarante-
« deux ans j'ai eu la douce fatisfaCtion de lui procurer tous.
» les honneurs qu'on peut rendre à la mere du Souverain.
Au-deiiors, tout le monde fans exception la regardait:
s+ comme la véritable mère de l'Empire au-ded;i,s & dam

l'intérieur du Palais, on ne l'appelloit que La Sainte-, S.-u
» réputation fi bien établie dans toute 1 étendue des neuf
» Tcheou ( c'eft-à-dire dans toute l'étendue de la Chine )
» avoit paffé jufques dans les royaumes étrangers & l'on y
» etoit plein de vénération pour elle, parce qu'on etoit per-
» fuadé qu'elle ne fouhaitoit rien tant que de les voir jouir
» d'une profonde paix, & de tous les avantages qui en font
» le fruit.
Le bonheur dont elle a joui eft prefque fans exemple
» elle a vu croître fous fes yeux jufqu'à la cinquieme généra-
» tion. Au printeras je Pinvitois au Palais de Tchang-tchun-
» Jîen, & je lui procurois tous les amufemens qui pouvoient
» la réjouir. En été je la conduifois à Gé/wl, pour la mettre à
» l'abri des chaleurs & lui procurer des divertiffemens d'une
» autre efpece ( c'eft de la chafle du tigre dont l'Empereur
» veut parler). Lorfque j'allois vifiter les provinces de mon
» Empire il m'en eût trop coûté d'être fi long-tems féparé
» d'elle, elle venoit avec moi & je marchois toujours à fes
» côtés mon cheval ne s'éloignant jamais de fa chaife. Tou-
» ché de ce
fpeftacle le peuple poufïoit des cris de joie &
» nous combloit l'un & l'autre de bénédiftions. Ma mere lui
» faifoit des dons en figne de reconnoiffance & moi en
» confédération de ma mère je i'exemprois d'une année de
a tribut. Auffi, jusqu'aux habitans des plus petits hameaux,
» tous donnoient à notre paffage des marques non équivoques
» du contentement de leurs coeurs.
» L'année que je fis en fon honneur la cérémonie de ton
» grand Ouan-cheou ( c'eft-à-dire lorfqu'on fit les fêtes à
» l'occafion de la quatre-vingtième année de l'Impératrice )
» cette même année une nombreufe horde de Tartares
» vint de fon plein gré pour fe foumettre à moi ( il parle
» des Tourgoulhs ) & partager avec mes autres fujets le
« bonheur dont ils jouiffent fous mon règne,
»Peu
» Peu detems après, me confiant à fa bonne fortune ( de
ri fa mère) j'entrepris de foumettre le Kin-tchouen & j'en
» ai fait l'entière conquête. L'abondance & la paix régnant
» dans toute l'étendue de mes vaftes Etats & convaincu que
» je n'etois redevable de tant de profpérités qu'aux mérites de
» ma vertueufe mère j'ajoutai encore ceux caraftcres à
» ceux qui exprimoient les titres dont je l'avois déjà décorée
dans différentes occafions. Je priai le Ciel de prolonger le
»cours de fa vie & de fon bonheur, & de faire enlorte que
» jufques dans les uecles les plus reculés ton nom pût faire
» un article'diftingué dans l'hiitoire.
» Je me flattois de la douce eipérance qu'elle vivroit encore
» bien des années lorfque tout-à-coup je me fuis vu con-
» damné à être féparé d'elle pour toujours. Je ne la verrai
» plus! ô douleur! pourrai-je déformais rappeiler dans mon
.-> fou venir tous les bienfaits dont elle m'a comblé fans être
» plongé dans la triiteile la. plus arrière de ne pouvoir les
» reconnoître comme je le voudrois ? C'eft en vain que pour
» donner des preuves de la reconnoiffanec fie de tous les fen-
» timens dont je fuis pénétré, j'ai cherché des titres qui répon-
» diflent à fes mérites. Ses mérites, comme ceux du ciel & de
» la terre, font au-defius de toute expreffion.
» Des dix-huit caraftercs dont j'avois déjà compofé ton
» nom & fes titres, le Hiao&iie Cheng, qui déiîgnent le
» premier qu'elle a eu la piété filiale &: le fécond qu'elle a

]' à
» vécu de manière à mériter le nom de Sainte iuffiroient
»M l'un joint à l'autre
l'autre pour donner une une idée
idée de ce qu'elle
» été. La pïhé filiale annonce un total de conduite, exempt
l' a

» de tout reproche & la fainteté cléhgne un intérieur fanss


» défaut. Cependant, pour indiquer par un certain nombre de
» caracleres expreflifs les principales d'entre les vertus &
» les qualités qui Font plus particulièrement diftinguée > après
» m'être acquitté envers elle de tous les devoirs funebres
» prefcrits dans le cérémonial, & avoir offert les facrifices
» accoutumés au Ciel, à la Terre aux Ancêtres & aux Efprits
» qui préjîdent aux générations, je procédai juridiquement à
» fixer les titres honorables fous lefquels elle dévoie entrer
» dans la Salle des Ancêtres pour y être honorée par les
» defeendans. Le feizieme de la troisième lune de la quarante-
» deuxième année de Kien-long ayant convoqué l'affemblée
» générale des Princes des Grands & des Mandarins des

j>
différens ordres tant de Lettres que d'Armes je leur
» préfentai la feuille ou lame d'or, qui contenoit ces titres.
» Tous, fans exception, les ayant approuvés, je proclamai
» folemnellement ma vertueufe mere fous les noms d!Impèra-
»>
trice modele de piété filiale & de faune té de bienveillance
» envers tous d'affcctustife bienjaijance d 'invariable concorde,
» & de fownijjlon refpectueufe. envers le Ciel, qui l'a comblée de
» bonheur & de gloire ( i ). Le vingt-cinq de la quatrieme
» lune, après avoir dépofé le corps dans fon tombeau, &
» avoir fait les dernieres cérémonies je rapportai refpeclueu-
« fement la lame d'or» ( cette lame d'or eft ce qu'on appelle la
tablette quand il s'agit du commun. Elle eft expofée devant
le cercueil tant que le corps n'eft point entré dans la terre.
Après l'inhumation on prend la tablette & on la porte dans
le lieu où l'on doit faire dans la fuite les cérémonies refpe£tueu-
» fes ). « Le premier de la cinquième lune je la portai folem-

» nellement dans
le Tay-mino (c'eft la Salle des Ancêtres)
» & l'ayant placée dans le lieu qui lui etoit particulièrement
» deftiné je lui rendis mes refpeftueux devoirs.

( i ) Tous ces titres ont été heou. Hien-hoang-heou lignifie


réduits à deux caratteres H'uio & Impératrice epoufe de Hun-
C/~7;s & on la nommera dans &otM~y. HtCl:-hoang-ty, cil le
l'hhtoire Hiao-cheng, } Hien-hoang- titre â'Yong-ickeng.
» Tous mes fujets étant instruits de l'attention que j'ai eue,
>> & des foins que je me fuis donnés pour ne manquer à rien
de ce que prefcrit la piété filiale, je veux qu'ils fâchent auffi
» que je n'ai pas une moindre attention à leur procurer autant
» qu'il eit en moi, tout ce qui peut contilbuer à augmenter
leur bonheur en augmentant le nombre de mes bienfaits.
» C'eit pourquoi j'ai déterminé le genre & le nombre des
» graces que j'accorde ainfi qu'il eft marqué dans les articles
» (uivans.
» i°. Les Mandarins des lieux refpectifs feront les plus
» exactes recherches pour reconnoîcre l'état où fe trouvent
» actuellement les fépultures & les tombeaux des Empereurs
» des dirférentes Dynafties des Sages & des perfonnages
« diftingués dans les différens genres de mérite depuis l'an-
» tiquité la plus reculée jufqu'à nos jours.Ils relèveront, à mes
» frais & dépens celles de ces fépultures qui feront tombées
» en ruine & feront aux autres les réparations dont elles
auront befoin. Ils les prendront déformais fous leur fauve-
» garde.
» i°. J'eleve d'un degré tous ceux des Grands & des Man-
» darins qui ont exercé quelques fondions pendant les céré-
» monies de l'entrée du corps dans le cercueil de fa tranlla-
» tion ( à Tckang-tchun-yuen) & lorfqu'on le portoit au lieu

»>
de la fépuiture.
» 3Q. J'eleve auffi d'un degré tous les Mandarins de la pro-
» vince du Tché-ly qui ont donné leurs foins à préparer les
» chemins, & à maintenir le bon ordre pour la facilité & la
» tranquillité du convoi.
» 4°. Tous les Mandarins grands & petits tant du dedans
« que du dehors ( c'efl-à-dire tant de la capitale que des
x provinces, & de tous les lieux qui font fous la domination
» immédiate de Sa Majefté ) dont le pere & les anciens n'ont
s*
point eté Mandarins font réputés de race mandarine ( c'eft
comme s'il difoit j'accorde la nobleffe à tous ceux qui font
actuellement en place. Voici l'ordre dans lequel cet anno-
bliffement s'en: fait. Les Mandarins du premier & du fécond
ordre font réputés de race noble depuis leurs bifaïeuls qui
font faits nobles eux-mêmes. Les Mandarins des trois &
quatrième ordres commencent à compter leurs aïeuls pour
les [premiers nobles de leur race & enfin les Mandarins
des [cinquième & fixieme &c. ordres, font cenfés defeerr-
dre|d'un pere & d'une mere nobles. Cet honneur eft ici
d'un| prix ineftimable parce qu'il eft tout en faveur des
Ancêtres ) » on leur en donnera les lettres authentiques.
» j°. Les Mandarins s'informeront exactement de tous
» ceux tant Mantchoux que Chinois de leurs diftricts
» refpectifs qui fe feront diftingués par leur piété filiale
» ou par des actions qui peuvent honorer leurs Ancêtres. Ils
me rapporteront le précis de ce qu'ils ont fait de plus par-
ticulier Cï-
~>r ticulicr
» 'T '1
& le Tribunalde9 des Rits leur af i~era les titres
affîgnera
» honorables dont il les jugera dignes.
» 6°. Les Ecoliers les Maîtres & tous ceux du collège
» Impérial, font difpcnfés pendant le cours d'une lunaifon
» entière des études des examens, & des autres fonctions
» auxquelles ils s'appliquent par etat.
» 70. J'accorde à tous les gens de guerre tant de la capitale
» que des provinces une amniitie générale pour tous les cri-
» mes qui méritent une punition au-deflous de l'exil. On les
» abaiffera d'un degré & ils feront réputés avoir expié leurs
» fautes.
8°. J'ordonne à tous les Mandarins qui ont un rapport
»
» direct ou indirect au gouvernement du peuple de redou-
» hier d'attention
pour tout ce qui concerne les hôpitaux
dans les villes où il
t> y en a, & de pourvoir à leur entretien
» ( cela s entend aux dépens de i Empereur ). Pour ce qui eft
» des endroits où il n'y a point d'hôpitaux en régie les Man-
!>
darins pourvoiront eux-mêmes à la iubîiitaace des pauvres,
» des veuves des orphelins, des cftropiés Sv de tous ceux
» en général qui font fans reffources.
» 90. J'ordonne encore à ces mêmes Ma idarins d'affigner
w
dans les différens endroits de leurs refforts des cmplacemens
» qui foient à portée & dans la décence qui convient pour
» que les corps de ceux qui n'ont aucune poftérité & à qui il
» ne refte ni parens ni amis puiffent y être enterrés & afin
» que ces malheureux ne foient pas privés des honneurs de la
» fépuiture les Mandarins auront foin de les leur procurer
»' eux-mêmes, de manière à ne pas donner lieu de croire qu'ils
» s'acquittent de ce devoir comme malgré eux.
» En donnant à celle dont ]e tiens 19. vie des titres qui délî-
» gnent fes principales vertus, j'ai foulage mon cœur par le
» léger tribut de ma reconnoiffance en la faiiant entrer dans
» la Salle de mes Ancêtres je lui ai alïuré les honneurs qui lui
» font dus & en contribuant par mes bienfaits au bonheur du
» peuple je me fuis conformé à tes intentions» Que tous mes
» fujets tant du dedans que du
dehors loient inftruits de tout,
» Le fécond de la 5e lune de la 42e année de Rien-long ».
Voilà le dernier afte public par lequel l'Empereur a figiulé
fa piété filiale. Il continue à ne vouloir prendre aucun des diver-
thTemens ordinaires. Les Miniftres & les Grands de fa Cour
n'ont pas même pu lui peruader d'aller pafier au moins quel-
que tems à Gôhoi pour y prendre l'exercice de la chaffe il
a réililé à leurs plus preiTanr.es foliicitations. De tous les che-
mins qui conduifent à l'immortalité chinoiie celui qu'il luit à
préfent, l'y fera parvenir avec moins d'obiîacles que tant d'au-
tres qu'il a déjà parcourus. Il fait tout ce qu'il faut pour y
arriver iuieaient,
NO T E à ajouter à la page Z92. de ce î^olume.

DÉNOMBREMENT
DesS HA BIT ANS de la Chine.
Lomme la grande population de la Chine, ,eft parmi tant d'autres
chofes qu'on raconte de cet Empire, un des points qui etonne le plus les
Européens, & qui leurparoît avoir le plus befoin de preuve, on a cru
faire plaifir auLeâeur de lui en préfenter ici un tableau, tiré du Tribu-
nal même des Fermes de la Chine. On a reçu cette année 1 °. une pièce
originale, authentique, contenant ce dénombrement, en caractères chi-
nois 2°. une copiede cette même pièce, auffi en caractères chinois, dont
une partie ecrite en rouge 30. une explication de ces caractères en
rouge avec les mots chinois que fignifient ces caractères & la tra-
duction de ces mots en françois ainfi qu'on va les voir dans ce qui fuit
TCHONG MIN CHOUf ^– *• –

/.<
I.
F O N G-T I E
Tout le peuple dénombré.

N.
Eul.
t~a,
cinqi~tè
OrzOz~5 1
Che,
ûeux.
f^f

Ching, Province.
La province de Fong-tien c'eji le
Ta, grands Koang-tong ou le Leao tong.
Siao, petits Mougden en ejl La capitale.
Nan hommes
Nui, femmes 1 I.
Kong en tout, TCHE-IY.
{^7;
a Che foixante
100xante Ching, Province.
Léo fix
Ouan dix mille Ta grands
Pa, huit Siao petits
TJîen mille Nan hommes
Pa, huit Niu femmes
Pei, cent. Kong, en touts
1% un
I

S
TJitn mille V.
Ou cinq
“, J-7 vingt
KlANG-SOU,
i Eul, deux
< Ç

Che
Eul
° Ching, Prayince.
Ouan dix mille Ta grands
Eul, deux Siao petits
TJien, mille Nan hommes
Kieou, neuf Mu, femmes
Pei cens Kong en tout
iy Clzi,
Se, dtlarante.
cki, S V™*™- Eul deux
TJîen mille
San trois
Tche-ly ou Pe-tche-ly, c'efl la Pei cens
mime choj'e. c r> lm: 7
? Che, dix. feize,
III. Leou fix. J

N G A N-H O E Y,
Ouan
Y un
Ching, Province. TJien mille
Se quatre
Ta, grands Pei, cens
Siao petits Kieou neuf.
Nân liommes V.
Niu, femmes;.
Kong, en tout, KlANG-SI,
deux
Eul r,
TJîen mille Cking, Province.
Eul, deux
Pu cens Ta, grands
:{Jf;5}feptante
Tf 1 fe tante Siao 1 petits
Nan hommes
Leou fix
x Niu femmes
Ouan dix millee Kong, en tout,
JT, un F, un
mille mille
{^1 trente
Tfuri

2 Che, S
T/fe/z
Y, un
Pei cent
Ouan
La grande province de Kiang-nan Leou fix
Je partage en d'eux Fune s'appelle TJîcn mille
Kiang fou & taure Ngan~ Leou fix
ho ci» Pei cens
Se? q~zarante.
quarante.
Z<MM, fix
Pei cens
1 Glzi

i. v
fL Che fe tante
Y, un.
Che-kiang, fi
province du Hou-koang
Province. Lez
partage en deux. La partie qui eji au
nord s'appelle Hou-pe j
celle lU'-tfi-
Ta, grands au midi Hou-nan.
petits
Sïao
Nan
Niu
hommes
femmes.
vin.
Kon% en tout,
Hoïï-pe.E.
Y, un Cking Province»
TJzen mille
Ou, cinq Ta,
Pei cens Siaot
Se }<iluirante
{al, } Na.71
il
Niu,
Eul, deux Kong en tout
Ouan Pa huit

3
Kieou neuf Pei cens
Ty?£/z mille Pa huit
Leou fix Ouan
Pei cens Leou, fix.
c Kieou
1 CAê,
|
nonante# Pei
San
cens
trois.
V 1 I. I X.
Fou-rien.N. Hou-nan.

C/îi/zg Province. Ching Province.

Kong, en tout, Il 9 iii


Kong en tout,
.Prf huit Pa huit
Pei cens Pei cens
Leou, fix Pa quatre
9Ozan Che vingt
•S'fl/z trois Eul, deux
TJïcn., millee Ouan
Kl COU
s
Kîeou neuf Pei cens
TJien mille {San
,çan •) a,
I trente
trentr
San trois
Pei cens San trois
f Eul,
la*,
Ç deux}
Eul dix.
deux 1
vin~t. Ouan
Svm&- Eul, deux
7yf^ mii!
X. Ou, cinq
Chang-tong Pei cens
7}f, fept.
China Province.
X 1 L
Ta grands C H A N SI
Siao petits
Nan hommes Ching Province,
à';k femmes
Kong en tout Ta grands
Eul, deux Siao petits
TJien, mille Ay/« hommes
Ou, cinq Niu femmes
.fV'/ cens Kong en tout
< Ou,} dix-huit Kieou neuf
Pei cent
i-Pa, J { TcL\ } fePtante
Ouan
Tfi, fept £eo« fix
P<:icens Ouan
f~/Z-1
~.C/M,_)r. trente
f trente Pa huit
TJien mille
5e^ quatre. Y, un
Pei cent
X I. f a/,
{Pa, -> }quatre-vinnt
Che
q^e-vingt
H O N A N
Kiiou. neuf.
Chhig Province.
x ril
S I N G A ,N

Ck'ing y Province.
·
en tout
6
Kong Ta grands
T, un Siao petits
TJien. mille Ncm hommes
it'o/j: fix Aï« femmes
J^c TA Bbb
Kong en tout JL'V.
Tfi, fept
Pei S E-T C H O U EN.
cens
{Eul
fEK/) Ching Province.
Che, S gr
Piî huit Ta grands
Ouari Siao petits
Tfi, fept Nan hommes
Ty?s« mille ./Vot femmes

p
Se quatre Kong, en tout
Pei cens i^7// deux
1 67« I °lUarame Pei, cens
San 5 trois.
{ lt } feptame
'w'Ize
/J<z huit
Si ngan c'e/? la proy'mce du Ouan
Chen-Ii, c Eul, deux
Ty/iOT mille
X I V, Kieou, neuf
Pei cens
K A N- S O 17 { 2;
Tfi } *!«**«
7

Clùng Province. Lieou ûx.


XVI.
Ta grands
Sïao petits KOANG-TONG.
Nan hommes CAiwg' j Province.
Niu femmes
Kong en tout
Tfi, feptt
Pei cens.
Se
{ C^ }1 quarante
qxiarpnte
X«/!j en tout
Y, un Leou fix
Ouan Pei, cens
Eul
T/â-
deux
mille { S', } %tente
Kieou, neuf
- Chc > quatorze. Qita>r
lSe, J
T/?, feptt
T/?l'« mille
Kan-fou ey? une partie du Chen-fi Ou cinq
dit a U titre de province, P«, cens
{Kieou neuf fois dix ou Pei cens
Clie j nonante Ty?, fept
Tfi, fept. Ouati
XVII. Pa, huit
Ty?i'« mille
Koasc-si. Pa, huit
/'«j cens
Ching Province. Eut deux,

Ta, grands X I X,
Siao petits
Nan hommes KOEY-TCHEOU,
Niu femmes
Kong Ching Province.
en tout
San trois
Pd cens Ta grands
{fA'/EOM,)
Kieou
Che, }nonal^
7 Siao petits
Nan, hommes
Se y quatre Niu, femmes
0uari Kong en tout
T/,fcpt San trois
TJien mille Pei, cens
Se quatre {chl,}^mnnte
Pci cens
•< Che Ouan
duatorze Eut, deux
l-Si, J Tfîai mille
1 1 L
T/, fept
X V
PM, cens
ÏCN-SANi Eul
Che
-{
3 Bs
fVin.s.t

Ching Province. £«/ deux.

T'-ï grands KlEN-LOKG,


Siao petits
JVa« hommes icmlï vmsc
Nm femmes Llaa
Kong en tout Liou fix
-E^, deux jV'cî/z année.
Dans l'Original, tire du Heou-pou il y a le nombre des Fou,
des Tcheou & des Sun de chaque province. Il y a auffi la compa-
raiibn de Kien-long i6 avec Kien-long 15. J'ai omis tout cela,
OBSERVATIONS ET NOTES,8:c.
comme ne faiilmt
1. rien à mon 1_
but. JT9_:
1 ~J_ lat_ copie en carac-
ai mis dans
tères rouges ceux qui font dans ['Explication on peut les con-
fronter.
Hcou-pou eft le Tribunal des Fermes.
Fou ville du premier ordre; Tclieou ville du fécond Sun ville
du troilieme. A Pe-kin le 3 Juillet 1778.

Fin du Jixieme Volume.

Fautes à corriger dans ce Volume.

AC. 188 derniere note de l'exemple, U, lifez la%.


27) deuxième colonne des notes lig, 1 qui font employés, life^ qui étoient
employés.
283, lig. 15qu'elles, li/iç qu'ils.
289,/J/ 4, infefter.t, lifi{ infèrent.
Ibid. lig. 23 & pag. 291, lig. 17 & 23 Mant-choux, lifeç_ Mantchoux.
330, lig. 28, le crypte, lifc^ la crypte.
333 lig. 25 fera, tel, lifii fera têt,
370 lig. 26 Tay-mino lijè^ Tay-miao.

P P R O B .fl T 1 p N.

,LL~
~9 '_a l lu,
par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage
intitule 1~l_moi; e.s f<M/7t/M Clrinozs, Tornes ~6' /~7~ &: je n'ai rienl-L
trouve Gui puifiè ,11 empêcher !imprerH.on.APans; le 10 Novem. 1779.
B Ë J 0 T.

Le l'rï~~ilcyc: ~e trom·e au n/r777!'< ~2c..

U R E L
Les planches depuis le N°, t ju{c¡u"à xxx, tant gra,0e);=éftt'iii~pri-
mees appartiennent au Mémoire 1-ir 1 la Muûque, Se doivent être
placées vis-a-vis la page 1~0. Les planches xxxi & xxxm fur les
Pierres foncres doivent être placées vis-a-vis la page 7-7~

De l'Imprimerie de 5 ï- o L, p F- rue de la Harpe, 1779.

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