Vous êtes sur la page 1sur 252

Poésies choisies /

Uhland ; traduites par


André Pottier de
Cyprey, précédées
d'une étude
biographique et littéraire
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Uhland, Ludwig (1787-1862). Poésies choisies / Uhland ; traduites par André Pottier de Cyprey, précédées d'une étude biographique et littéraire. 1895.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la
BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :
*La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.
*La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits
élaborés ou de fourniture de service.

Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques.

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :

*des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans
l'autorisation préalable du titulaire des droits.
*des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation.

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle.

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur
de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays.

6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non
respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978.

7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter reutilisation@bnf.fr.


8 Yh 536
Paris
1895
Uhland Ludwig
Pû~S~ CA~~ p~C~
biographique et
d'une étude
littéraire
Symbole applicable
pour tout, ou partie
des documents microfilmés

Original illisible
MF Z 43-120-10
Symbole applicable
pour tout, ou partie
des documents microfilmés

Texte détérioré reliure défectueuse


NF Z 43-120-11
.f~
~·°;·1'n~ë
,q,¡:l$,
~ï~i~

~M~
;~s · :sx,;
or,w

-e f.f i· :a,o;s.
~.f§,s"s~·ô°~~o.°~r.aa~P,`~v~,
~~4;a- e' .n
~!R~^ÿ..·s~
,°!ÿ..·.r,~ "A-
-r:. .1. 'Q~y~è
:¿.)I8,U-

.s T(32~t~

'i~?~
~ê~ ~·a.p4

5z., ~"r
ie3.

e.

,y'
ya:$tT.i~

:ô_p.t5,y,r..

~K>
PO~S~S CHO!S!ËS
U H L A N D

)'OES)ES CHOISIES
THAtUtTKS

t'.Ut
.t
` Aa<r6 POTTÏER DE CYPREY J
."i~ t')tt':t:)':)')'.)'<

n'rNM ~rpR hîOGMpntQUE ET nn~AiRK

PAH!~
LIBRAIRIE AC*OËM'QUE DtOt6R
PËtUt!N KT C"\ UHRA!tms-Ët)!mUHS
M,~ttAtttE<!(:nANH<-A)!(!)!T!'<3~

i89~
Tous droits r~a~fves
A MA MURE BIEN-AIMËE

A.P.MC.
INTRODUCTION

Bien que tjhiand soit le plus grand pocte


lyrique de t'Attcma~nc, âpres G<ï'thc et Schi!-
~t\ st's œuvres sont fort peu connues en
France. Une traduction de ses poésies a été
publiée dans la bihliothèque charpentier, mais
elle remonte a une trentaine d'années; quelques
pièces détachées ont fourni il. plusieurs poètes
le sujet d'imitations plus ou moins heureuses
néanmoins, on peut affirmer, sans exagéra-
tion, que le chantre de Taillefcr, le disciple
inspire de Seltiller, ne jouit pas, dans notre
pays, de ta notoriété qu'il devrait y avoir.
Le prient tt'avai! a pour objet de combler
cette lacune, et de faire connaître, sous ses
aspects divers, un poète harmonieux, délicat,
ori~inah dont inspiration pure et sereine
p!ane constamment dans tes relions de Fidea!,
et qui aurait pu choisir pour devise tSM~WM
cor~a. Sans doute, Uhiand n'a pas atteint ces
hauteurs subtimes, ou Schiitcr s'est cteve on
cherctterait vainement, dans son œuvre, un
pendant il t'adnurabte <7<< Cloche.
Mais, s'il n'a pas l'essor et t'cnvcrgure de son
maître, H ne recherche pas non plus ces formes
quelque peu abstraites, qui donnent parfois
aux idées de ScbiHer des teintes trop nua-
geuses. La ctarte et lit limpidité du style sont
ses quantes esseuticUes. et sa pensée se grave
sans eHort dans ia ntrmoire aussi n'est-ii pas
étonnant que ses poésies aient cte, de tout
temps, si populaires en AHema~ne.
«
La poésie, traduite en prose, il dit M"" de
Stae!, est un canevas dont on a ôtcia brode-
rie. S'i! est vrai que ta traduction soit tou-
jours un travait scabreux, que! que soi! Fauteur
auque! elle s'apptiquc, !a difncuttë est plus
~rand<' encore quand il s'a~!t d'un poctc, et
surtout d'un po('tc!yr!que. t~nc fable de La
Fontain<' ou une stau<c de Musset, pordcnt
nnHc fois ptus a la traduction qu'une tirade de
CorneiHc ou de Hadne. ~omn)cnt rendre, en
<'uct. rharmonirusc atternance des rimes, ta
sonate meiodie dn rythme, et ces hardiesses
de construction dans !a phrase, qui donnent à
ta poésie aHetnaudc une conteur si pittoresque
et une ori~inante incomparable? Pariant de
traductions de Hiccron, M. de Sacy écrit cette
phrase, dont ta pensée est d'une Justesse pro-
fonde « Il ne faut approcher de ces grands
modèles qu'avec une sorte de terreur religieuse.
r'aire tout ce <pt'ou peut p<mr tes atteindre~
avec ta certitude de rester toujours très toin
d'eux, têt est te devoir d'un traducteur'. Cette
V(~fr~s~W/'<rM, h~'f t' t'
remarque sur ht période ciceronienne, dont il
est si difficile de reproduira, <!ans notre tangue,
lit richesse et l'harmonie eh~ante. ne peut-on
!app!iqneranx œuvres lyriques des maires de
la poésie allemande ? ~\ous espérons du moins
que les !ecteurs verses dans la connaissance
de !a langue de Schi!ter et d t htand, qui vou-
dront bien jcfer les \en\ «nr notre travail
nous sauront ~re d'avoir cherche .'< rendre !e
tour, le mouvement et te cotoris du sty!e poé-
tique, aussi souvent que ie pertnettnient !a
syntaxe et ta construction de !a phrase fran-
çaise. Nous nous sommes enurce de nicme
d'éviter le double eeueii de toute traduction i
serrer le tc\te de trop près, avec une précision
sèche et iitterate. qui entevc a !a poésie sa
p;raee et sa t!exibi!ite, ou broder de capricieuses
arabesques, au mitieu d<*sque!!cs on a parfois
quelque peine & retrouver For~ina!, ainsi que
Fa fait .t. Janiu, dans son ingénieuse traduc-
tion dW~ En un mot, nous nous sommes
applique a marcher sur in trace des traducteurs
eminents, ~ui ont contribué a vulgariser en
France les «'nvrcs (te Gof'thc et (ïc SchiUcr,
les Perchât, !(;s Hegnicr, tes Marmier, les
Blaxc de Bury t.
~o))'' "inuatertms outammen), cunnoe traductions d'une
r'<-))e vnh'tn
Pon'hat. ŒMprc.s off ~~</<c;
H'~ttuT, ŒHnrM ~c 6'eA/~er
X. M:tn))i''t, 7~re ~o~t </e -S'c/!f7~
//e/aM~e<Do/'<~<A<'e,
<'t
<
(.u')hf:x<'<-))t'n)s uuvra~cscù
t't')) rrt!<))t\ h' ctunn)'' t't tVh~attCt- <!<' s)y)<' d<' !'<)u)<'ur (h'
~<t~t~
H)ax<' <tf !iury, Po~afe.') ~<? G<p~/<e <'< t''s <h'ux /~aHS~.
<t<<' df')t)i<t'' tt.hhtttiun ''s< m) ))<ni)i) <)*' j'K'mh't <n(hc,<
x'nfcmn' un ''<'nun<'h).)h<' t<~<')"j)[~. <tu )<' <') i)«)))'' «j'j'ro-
ft'thtit tn.t~istr<t)<'nh'n< h's <t)t<'s)i<'ns «')<)) iv<'s a <'t't)<' n'tnr''
si <'t'))tph'xc '') somt'nt si <'hs''))«';
Lc~tcHc. 7p/«'~Mf'~ (.<<)«'. <n)th)ih' f'n \f't'' ftoncttis,
t!<-

.t\<'r mx' <~n<h' sur h' p')'' t'\«'))t'))< ou~t':)~


St'hnr~, /s<o<re </M //t"f/: o'nvtt' t<'tn<nq<U)h)< oit tnntcs
)''s qm'stions qui <<uu'!x'nt !<t p'~sx' pnt'nhux' a)t<)tan<tf,
sun< haih~cs de mait) dt' nt<)i)n' "t) y («un'' un'' ')t<anx'
<h' po~sh's tradnitc~, dcn) ~u'')<tn<'}"u)t<'s sunt d<'s )ums de
fttn'c v~t )ta)d<"<, im point d<' vu<' (tu rythme et df la fac-
ture.
On trouver.) nossi d'hcutexses itoitatinus des tieder aite-
tn;))tds dan'< MatOtier. Tttenrie), rj)ti!e i~"<<'hatnps,
A. i-'oy). X. Martin, Francis t'ittie, (~haries t'onry, !'au!
HisteUnttx'r, Léon Ho~ier, An<)rev.m Hassett; p!usieurs<!o
ces portes on) reproduit <t\f'c bonheur ta maniete de
t'cco!e d'Ublaud.
<~cst a dessein que nous avons mis en tête
de ce travail Po<~«'.s cAo~ Ccst, en cH'ct,
une sélection, une guirlande tressée avec tes
plus frah'hes ou les plus éclatantes neurs oc
ht gerbe de t'bland, que nous \on!ious nn'nt' an
lecteur. Les t'ccucns des poc~s tyrtqucs, m~me
les pins grands (témoins V. Hn~o et Lamar-
<!n<') renfermant toujours
nn certain nombre
d<; pièces médiocres
ou insignifiantes dans ta
ian~ne materne!!<\ ettes disparaissent ou restent
dans ombre a cote des béantes qui ressortcnt
en pteinc lumière mais, qnand il s'agit de
faire eonna!treet aimer nn poète etrau~er, une
eHmination devient absolument nécessaire, et.
!a renommée de t'autenr ne peut qu'en profiter.
On s'étonnera peut-être que nous ayons traduit
un si grand nombre de ncder. petites pièces
deiieienscs dans lc texte origina!) mais on la
forme a parfois p!ns de valeur que te fond, <'t
qui. partant, on'rent moins d'intérêt a !aio<
tnrc en français (m'en allemand mais le lied
et la ballade sont les deux genres de poésie
où les compatriotes de SchiHer et de Hhiand
restent inimitables, et on ne saurait trop vul-
~ariscr <'cspetits chcfs-d'o'nvrc qui, ponr!:t
pureté du sty!c, ic Hni (!c rcx~cuUon, et i~
dcticatcssc (tu scntimpnt, pcnvcnt <tr<' mis sur
te m~mc ran~ que mnint ouvragf de ion~nc
ttatcinc. Hien, dans Hotre poésie, si remar-
quabtc sons bien des rapports, ne présente
l'équivalent du Hed, anqnct s'applique bien,
avec une te~ere variante, !e vers si connu

h~sticdt't'~ms d'haut va)<'nt)U))<u)~t'ot'm<

Le lied est. une création si caractéristique et


si originale de l'imagination germanique qu'un
en retrouve l'empreinte jusque dans !a musique
des compositeurs célèbres des pays du Nord.
ou de race allemande. Les mélodies exquises
de Schubert, de Mendeissohn et de Schumann,
tes déïicieuses pièces pour piano de Stcphen
HeHer et de (!rieg, ne sont-elles pas de véri-
tables licdcr, avec la voix ou l'instrument
pour interprète?
il

Les baiïadcsdc Uhland sun< te plus beau Utrc


<!u pnctc a l'immortalité. On aura!t pu lui dire,
(ommea son maïh'c Sch!('t\ en prenant l'ex-
pression au sérieux

Aux haïïadt~ surh'ut \«us ~)<.s <«tmi)<)h!<

Quelques-unes peuvent soutenir le parallèle

7~c/Mr, /<' f~? .<


avec les plus célèbres de ta poésie allemande,
P~~?~
/<n'~ ~rocc c/~fM-c~ Si la note fantas-
tique y est moins acccntucc, ta note du cœur
est toujours exquise. 3/ow~M<' ~?'<<
CA<«~!< pr~' de la /~<'r, la ~7/<? /«)~\M/
P~~)- F/s, 7~~M< Va~' c/<M)~,
y<7~/<?r, r.h<f~A< < c/~M~'r, ~«' <s~-
(une ptè«' comparable aux plus belles
Méditations de Lamartine), sont des œuvres
achevées, où toutes les qualités de l'invention,
de la pcn~f et du style, se trouvent reunies
dans un harmonieux ensemble. Bien que les
comparaisons pccttent le plus souvent par
l'exactitude, on pourrait peut-être rapprocher
hiand de deux poètes français avec qui il pre-
scntt) certaines affinités, moins austcrc que le
preTnier, plus soutenu que le second Victor
de Laprade et Autrun. Il a, comme Laprade, la
noblesse et l'élévation des idées, la pureté de
t'inspiration il a< comme Autran, ~art de
rendre avec précision les détails de la vie réelle,
sans jamais tomber dans l'affectation ou la vul-
garité, et d'exprimer les pensées les plus belles
en restant toujours clair et limpide. Le badi-
na~c même, bien qu'il se montre rarement, est
chey. lui de bon ton, comme on en jugera par
quelques pièces écrites dans une note humoris-
tique; mérite peu commun cbex les écrivains
allemands, qui, a part Heine, Kotxebue et Les-
sin~, ont, en gênerai, la plaisanterie lourde et
pesante.
Mais c'est surtout comme cbantre du moyen
a~e que Dhtand a re\e!e toutes ses facultés (te
~rand poète. Le temps des chevidiers et des
minnesin~er (maîtres chanteurs), des pa~es (~t
des d:mioisc!h's, des amours chastes ft po<
tiqu~s, sert de cadre a !a plupart de sesba!-
tadcs: Hsex 7~ /)<T'M~s\ /« ~7~'
~~r~fr~, Co~y'o~ < ro~?, /~wo~<<?
~?~ /<'C/ ~<s'<< 6'<'<~<?.s', V~f~
/M, f< ~<s~ yr~~r. <
)~~ C/ ~'A~A~so~ 7~~6f)~ vous vcr-
rc/ passer devant vos \<'ux <'cs taures héroïques
ou n'~hudcs, <pte le pinceau dn poète fait revivre
avec une intensité de coloris extraordinaire, qui
rappe!!e !cs pittoresques récits d'Augustin
Thierry et de Watter Scott. Dans te domaine
de la légende pure et du conte fantastique,
tjtdand, comme nous te disions ptus haut, n'a
pas atteint ta puissance d'évocation, t'origina-
!ite presque sauvage de Hurler; pourtant, !a
encore il y aurait a ~!aner une bien charmante
~crhe /c C/<et~~r ~~<r (mspirc visiblement
par !a cétèbre battade de Lenore), ~c/~6~~
le <~M~M~, <~M~'M/ .s'M~M~c~ qui renferme
peut-être en germe le troisième acte de /~6~<
~DM~, ~iM~ (/M Chant;'c, un des plus
purs chefs-d'o~uvrc de ht poésie moderne et,
dans une gamme plus souriante et plus gra-
cteuse, ~</M~7w~ deucieuse inspiration

<qu'on peut rapprocher de la J~M~~ /?~ ~<raM-


de Schiiter, ~< /~<, Jeune roi
7~~< pastorale d'une fraîcheur exquise,
te conte de Belle <?M 6oM </onM<XM<, ingénieu-
sement applique à la rénovation poétique dont
Uhland fut un des promoteurs; enfin, la ravis-
sante légende du ~<?~ &MM<-MM* pendant
de la légende pyrénéenne de Bëtharram, hymne
d'admiration religieuse chante par un grand
poète protestant à !a gloire de la Vierge imma-
culée.
En parcourant pour la première fois ces
poésies où se reflète une telle sérénité d'âme,
on serait tenté de croire que l'existence de leur
auteur, comme celle de beaucoup de ses con-
frères, s'est écoulée paisiblement, partagée
entre !es travaux littéraires et renseignement
dans quet<}ue chaire de faculté aUemande:
mais une tecture ptus attentive ne tarde pas a

A<<?' /<
p~ /s'
.s'<<<«~<~
n~<
modiner cette opinion. Les pièces intitulées:

7~s- ,s'o~<
7~r~-
//r~r~.<f. /c
.Vo~M f'r)/ trahissent ta participatiot) du
poète aux attires pubtiques, et son ro!ednns !e
mouvement politique de son temps. U'autre
part, on devine ça et !a. a certains accents
metancoii<ptes et voites, l'homïne désabuse qui
connaît par expérience te néant des grandeurs
et de ta fortune d'ici-has. ~ette e~tise isolée, et
presque inaccessible, ou te poète va s'absorber
dans!a méditation et ht prière, ce sanctuaire
elcvc et pur comme te soieii. ou il cherche a
fuir ta corruption du siecte, ne nous decouvre-
t-it pas les secrets intimes de son âme? N'est-
ce pas !a un écho touchant de Lamartine?
L~.j''m''t'ivr<'):ns ;'));)'(«')'ouj'it-.jun':
t,t.)')'"nv'')!)is''<)')")))-))'.<)))")tt,
H) <t'i''n"t')')u''<"))<<ho''<)'«'.
Ht'))uu'~t'a'h't)<'n).m)''ttt'stx')u)H'
La forme est dinerentc, mais linspiration est
la même c'est le chrétien qui, dégoûté des
petitesses de ta terre, se détourne des réalités
vulgaires pour s'adonnera la contemplation de
la beauté infinie et de l'idéal céleste. D'ailleurs,
selon !a rcmarqne judicieuse de X. Marmicr,
«
il est peu de poésies aHeînandes qui n'allient

a f'etau te plus joyeux une


renexion philoso-
phique, une pensée relieuse. On y trouve,
metne <ians h's p!us vtd~aircs, un indice de
\a~ue rêverie, un sentiment de ia nature qui
ne se revêtent pasdanstes nôtres*. 1)
~htand avait donc eu une existence assez agi-
tée, an moins jusqu'à rage de cinquante ans. Ne
aTuhin~ue, le ~<;avri! 1787, il lit ses études de
droit dans sa ville natale, puis s'établit à Stutt-
~ard pour suivre la carrière du barreau. C'est
y

il cette époque
qu'il débuta dans la littérature en
collaborant a dincronts almanachs rédigés par
des écrivains romantiques. tJne grande révolu-
tion intellectuelle fermentait alors en Alle-
/~ocs/ea f7e .S'c/«'~<'r. m(nxhn;f.tun, j'.)~'
magne; inaugurée par Herder qui, le premier,
proclama hautement que la poésie lyrique popu-
faire devait être la source vive de l'inspiration
poétique puis pur dœtheet Schilleretl'écolede
eimar of) ces grands hommes exerçaient leur
influence féconde; c!!e se continuait par !es
tentatives tteurcuses du romantisme, qui cher-
chait ses modctes dans tes monuments iitte-
raires du moyen a~e– exemple suivi p!us tard
en France par les auteurs (le la renaissance
poétique sous !a Restauration, tandis que tes
poètes d'/pA~~ e< de !a ~s<.s~
demandaient parfois des sujets et des idées a
l'antiquité grecque et romaine. La chanson popu-
laire, te ~<'t~ dont Herder avait propage le
goût par !a puhtication d'un recuei! de chants
empruntes a la plupart des nations connues,
sous le titre de Voix << ~<'M~ (Votkstiedcr),
était en pleine vogue; Uhtand devint un des
champions les phts ardents, un des adeptes les

Voy. St:)))'KH. //('s~0ffe du pt)g<'s :<4 ''< :<H;.


Tihc d'uu po<'tnc d<- SchiUct.
plus enthousiastes du et la première édi-
tion de ses poésies, publiée en iSi!~ fut
accueillie par le public de toutes les classes
avec une faveur qui ne s'est jamais démentie'.
Mais a côte de cette rénovation poétique se
produisait un mouvement politique plus impor-
tant encore. Les desastres de la campagne de

soulèvement populaire le
Russie provoquèrent dans toute l'Allemagne un
joug de Napo-
léon, et une réaction a laquelle les esprits les
plus éminents ne restèrent pas étrangers. Cette
lutte pour l'indépendance et l'autonomie coïn-
cida avec un réveil du libéralisme, et une pro-
testation contre ta tyrannie, dont Uhland se
déclara, des le premierjour, l'adversaire aussi
intrépide que convaincu. Heçu docteur en droit
en 1810, il avait obtenu, deux ans après, un
emploi à Stuttgart, dans les bureaux du minis-
tère de Injustice mais, dégoûté du service de
t t~
oui <'n<*<'r<'
<m) l'ilf- 's
4~" Edition :t )'uh)i< en t8tt:t; (t'an)n's éditions
(lill'Il <)'uis. tnc Il,,s mciH~ncsf's)
1'11('01'1' {)<ttH
t't')!f'tt<'):t
lIH'illf'Ul'I'S ('sI
n)i)ison Cottn, de StuKga!-) «M70), D'vuf {'at- tcdoctt'ur Ho!-
'~f'II£' ,I£' la

tand, professeur à !'utnv<Tt)!t~ de Tubinguc.


l'Etat. il le quitta bientôt pour combattre, par
ht parole et la plume « pour la cause du bon
vieux droit ') qu'il a si bien chante, et a!!a sic-
~cr au !*ar!cmcntdans !cs ran~s de ropposition
!!hcra!< Xomtnc professeur de !an{;up et de !it-
t<'ratur<' aHomandes~ t université de Tnhingne,
18~0 (cet.te université, on !e sait, est une
des ptus célèbres de !t!ema~nc~ il dut se dé-
mettre de ses fonctions au bout de trois ans,
pour ne pas abandonner tes principes de Hherte
et de droit qu'ii avait défendus avec tant. de
persévérance. Il partagea alors son temps, du-
rant une période de six années, entre !'a<'com-
pHssement de son mandat de députe, comme
un des hommes tes pius marquants du parti de
l'opposition, et des recherches approfondies sur
les vieux chants lyriques de t'AMemagm': re-
cherches qui donnèrent, naissance a une publi-

</<' A<7~<~ f~' ~f 6~.<<' .i~


cation remarquahte: .4M< <'A<f~<.< ~~M/t'.s
Stuttgart,

'i)));m)<))''n)a~n<n)i)t'~i))u)'s< t'Ath'tna~m'du
st)<t;);)t':(ss<'AHcm;!{;)K'AU'')))i)~))<'du)n'n<.
tSii, deux volumes. M. Schuréjuge ainsi ce
recueil « (Jhiand est ta première autorité en
Allemagne en fait de chansons populaires. Son
recueil est très importantpour ceux qui voûtent
!ire ces chansons dans leurs dialectes primitifs.
La critique la plus sobre et !a plus sûre a pré-
side a ce choix de tous les recueils, celui
dïhiand est le plus rigoureusement seicnti-
!i<;ue. C'était !e complément du célèbre rccucii
puhiie en i~O~ par Achim d'Arnim et C!ement

/f
ih'cntano, sous le titre pittoresque du Cor wa-
/<~<< (<s- /ÙM~ U~~M(/crAon<),
et qui avait taut contribue, après eetui de Her-
dcr, a ta renaissance <!e ta poésie poputaire en
AHema~ne.
Kn iS:;<), !J!dand renonça momentanément a
ta vie politique; il y fut rappelé par la révolu-
tion de i~i8 comme représentant de sa vitic
natale a la diète de Francfort; mais, trois ans
après, fatigué sans doute de ces luttes et de
cette agitation stériles, il rentra dénnitivement
dans la vie privée, et passa ses dernières années
dans lecatme et le repos, a Tubinguc. où il
mourut te 1~ novembre i86~. H sembte, d'ai!-
ieurs, qu'ii ait toujours considère son ro!c
d'homme pubtic comme secondaire (ce qui ne
saurait étonner de !n part d'un poète et d'un
rêveur), à en ju~er par ces quelques lignes:
« La politique, !:) jurisprudence et l'économie
sociale n'ont jamais fait l'occupation de ma
vie je n'y ai pris part que spontanément, en
citoyen, en enfant du peuple.Cet aveu sin-
cère prouve qu'Uh!and, à la différence d'autres
grands poètes (te notre siècle, avait pu traver-
ser les orales de ta vie publique, sans que sa
~!oire et son bonorabitite en aient reçu ta
moindre atteinte !e barde planait toujours au-
dessus de l'homme potitique.
!H

Trente ans se sont écoutes depuis ht mort


dThtand, et le temps, qui altère on amoindrit
tant de renommées, n'a en aucune action sur
celle du chantre de Taillefer. Ses compatriotes
ont pu lui dire, comme le duc Cuittaume a son
ecuyer:
«
Ton citant et ta voix resonneront a mes
oreilles aussi longtemps que je vivrai. »
Apres (<<pthe et Schiner, il est au premier
ran~ des poètes de prédilection derAHemagne.
Ses iieder sont partout connus et aimes quel-
ques-uns sont tciicnient devenus partie inté-
grante du patrimoine uttcraire de la nation, que
bien souvent le peuple ne sait même pas le nom
de teur auteur, et les désigne simplement
comme chants populaires. Quant à ses ballades,
on peut affirmer sans témérité que dans
nombre d'années, quelles que soient les nuc-
XX\t t\Tt«mr~n<~
tuationsde ta tangue et delà tttteratureatte-
tnandes, ettes remueront encore tes âmes nobles
et élevées. et leur donneront <t'cx(;uis<'s jou!s-
sanccs. \o!c!,du t'cst< h* }n~('mentdct!nitif
qn'ttn <'t'!tiqu<' ath'nmnd n {~rt~ sur l'œnvrc
pf~tiquf (!t~)!and !hms beaucoup de s<'s
hat!ad<'s, on <rouv<' une heUc harutnttic entre
!c fond et la forme, un soufn<' de \!e intense
répandu a travers i'ensembte, un ryttnne atse
et tne!od!eu\. et c<;<'h!<rînem\ster«'ux (le pein-
tures poétiques ait ritua~e tient plus de ptaee
que le récit, et qui nous rappettc tes chants
poputatres de )a viei!te <tcrmanic et des pays du
Nord. Pour t~daud, !a nature p)t\siquc devient
un s\!nbo!e de !a nature tnot'nte~ et. i! !ui prcte
la force de ses propres sentiments. Ajoutons
quêtes descriptions pittoresques tiennent une
lar~e place dans tes Heder d~htand; par ta
fraÏctteur du ('(doris, te charme et ta ~racc des
images, il est un des précurseurs de cette ecote
« naturiste
'), qui regarde ta nature et le co'ur
cunnnc les deux sources priuciputes de i'inspi-
ration poétique, et emprunte ses sujets de pré-
férence il !a poésie populaire on a la vie réelle,
intime tes
en associant dans une harmonie
beautés de ta création et tes plus nobles senti-
ments <!e r.mte humaine. ~ette école compte en
France, depuis un dcnii-siede, de nombreux
représentants, parmi tesquets nous nomme-
rons Autran, Thaïes Hernnrd, Achille MiUien,
Theuriet, (.abriet Vicaire, Jutes breton, pour
ne citer <jue quetques-uns des p!us connus.
t/in~enuite de ta pensée et ta franchise de !a
forme. teHessont sesquatitesdistinctives, dont
et!e puise tes éléments dans t'élude et t'imita-
tion intetH~ente des citants populaires'.
t htand a chante en vers éloquents son pays
natal, te Wurtemberg le pays du bte et dn

t.in' ..u.)' 'tan- ~)MS Ro/s. tt'Ax'tn'- Th<'u)-i' un'-


.') '<-
<)<«! tn-s i)))'')''s-)n)'- /f( /<e
~o/)f~<tt' <?< la Vie
r~.s~~MP. <:<'nsutt'-t ')h'm<'ttt h-s r'))<'i)s <t'' '-h.u))s j't'pu-
):(h'h-')i\)s jt!)\s.)'u)')i'~)':nMM.d<'t'uy)nit'tt".i~
.h' t!t'i)Ut'<')).)ir<\ Xtt'-tmn. <)<- ).< \'it)'-nu)t'<tn' M. Ch:n-)'-s
n)':)))qni''r a )'))t'Hr )t!t'<'t)tm<-nf un x'<'u''i) < ''hausoxs
())'))ut:)i)''s 'h' );) )'')'.)))''h<C"tnh'
vin. ie peuple comble de bénédictions. »
(~e<

e!oge d'un de ces petits royaumes indépendants


et autonomes, qui faisaient jadis la force et ia
grandeur dp rAHema~nc, où !<' mititartsmc et
les questions sociales ont anéanti Fespt'it poé-
tique et. cheva!eresquc, nous nnru'ne par ïn pen-
sée a ta vieille AHema~ne. fette de ~n'th~ et de
SeniHer, de tJtdand et de Heine, de Hoc~ert et
de Chamisso, te berceau du !i<'d e! (!e !a !).<ade,
la pah'ie des grands poètes et des grands pen-
seurs, qui a \u ec!ore !a M~A' ~o/~ et
</M~~<w<' 7~ !e pays rêveur aux neuves ra-
pides. aux fiHes htondes, aux c«'urs na)fs, que
nos poètes ont tant admire d<' iS:~ a i8TU. Ce
sont !es o'uvres des écrivains de cette belle
période qu'il faudrait faire connaître en France
par des traductions ou des études critiques.
Saluons dans Un!and un des représentants de
cette pteiade éclatante. Si notre modeste travai!
pouvait contribuer dans une t'crtninc mesure a
faire connaître et aimer un poète qui est une
des cotres les plus pures de HUerature mo-
!a.

derne, ce serait pour nous ta meineure des


récompenses.

.\Nt)nË POTT!R nH CYPHHY.

Mai <8'):
!'O~StES CiMtStËS t)Ë UMLA~~)

PRKM!hRK PARTIE

BALLADES ET ROMANCES

Les haHadesde U))!and passent, ajuste titre.


pour ses poésies tes p!nsacttevees;qucH}ues-nnes
sont de vrais chcfs-d'n'uvrc, qu'on peut tncHn'n
des plus C(~èbr<'s prcducUons tyriques (!<*
<'ôt~
SchHtcr.sonmmtrc.Tuut <'std!~în' d'admiration
dans ces hcHcs compositions )« grandeur et Fct<
vation (h's idt~'s. te pittorf'sqm'dr'srrcits, ta pureté
du styt< cntin t'<'xquis<' harmonie d<*s vers, qu'une
traduction ne peut matheurcusement taissor qu'en-
trevoir.
HKm\Œm\T

(Jui donc marche a travers )e jardin. a )a pa!e


hteurdt's et<tih's?A-t-iiqnetque doux espoir? ha
nui!!uisera-t-e!)e propice?Ah'c'est !<'j'utcut'(!c
hiHpc; iH<nnh('auph't!)h'httf)U!\<roub)'!Hcnnc
)nnm'c ta)'dt\c. <'t c<)tnmcnc<' cet !)ytnnc en fai-
sant vih)'crs<'sc<n'<!t's:
ththaut dcc('«<'<!ctncun'.j<'unt'fcntn)('.pt'~t<'
lOn'iHca unchattt '))uit<t<<H~: qu'un t'<iu
<'

t<'mps<h'ut'i<!<'ton enfance vienne doucement te


caresser!e suis venu quand sonnait la etocheuu
soir, je veux partir avant !e jour, et ne nasvoir
!<' château, <t'"u je H~.suis
e~u. ectaire partes
rayons <!usc!eit.
<'
.te suis reste )<un de ta saHe etincetante de
lumières, ou tu trônais, on, autour de toi, de
nnhh's seigneurs étaient joyeusement assis a un
sontptm'ux festin: ne connaissant quêta joi<\i!s
aunuent <!en):un!e des chants pteins (!c gaieté, sans
e~u't! pour tes accents plaintifs de t'anunH', ni pour
tes souvenirs d enfance.
Triste ct'epuscute. disparais! Sombres arbres,
to'iHex de nouveau, pour que je retrouve !a feH-
cite dans te pays enchante de mou eufance! Je
vais m'enfoncer dans le treue, jusqu'à ta venue (!c
la jeune titte au pas te~er~de la bette fée qui me
couvrira de uenrs.
« Oui. ce temps est envoie, mais te souvenir ne
s'en va jamais: comme un arc-en-ciet tumineux,it
ptaue sur tes uua~cs t)'oub!es. Atteitu du doux mat
d'amour, j'évite de te regarder, dp peut' que ce
souvenir ne disparaisse. Dis-moi seulement si ton
co'ur ressent encore tes voluptés de notre en-
fance? ')1)
H se tut. te fits des muses, assis
au pied de ta
tour une voix s'eteva de ta fenêtre, et un objet
tx'itta dans i'ho'hc sombre « Prends cet anneau
et pense a moi: Pense aux beaux jours de notre
enfance! t'reuds-te, il y britte un diamant nt une
tanne. »

I,A REHŒ~SH

Dans t<* jardin sih'ncifux couvent marchait


<!n
un<'pd)c\it'r~a!un<'projetait surette un rayon
m~tnnccHqth'. <'t «ne tarttt<' <i'atHOur tendre brH-
hut sous sa paupière.
« Oquct bonheur pourmoiquc mon nJc!e amant
soit mort! .te pourrai t'aimer de nouveau, il sera
un an~e, et. les an~C!. je pms h's aim<'r.
EUf s'avança d'un pas trcmhtan<\<'<'st'i<~M~<'
<h' Marn'. qui, debout,
nu s<'in d'une tutux're rayou-
nante. abaissa son regard <!<'mct'csidoH\surta
pure enfant.
~He tomba aux pieds de ta Vtet'~e. et teva tes
yeux avec une sérénité ('e)este. jusnu'a ce uuc ta
mort vînt fermer ses paupières: tes pus uottants
<t<*
s~n voitc re)on)hc«'nt

LA <~1MLA\M:

thtc ftUcttc cucithnt dos th'tn's varK~'s <!nns ht


prairie ensoteittee. quand de ta verte foret sortit
une femme d'une ht'aut~ mcrvcHh'usc.
H!!c s'nvan<t ~rac!<'us<'m<'n< v<'rs la iittcUc, t't
cntaçn une gmt'tand<' dans ses cheveux « HUc
ne ncunt pas encore. dit-eUc, mais e!)e nenrit'a:
p'n'te-Ia toujours.
Ht. quand ta nHeHe. devenue grande,
se prome-
nuit aux rayons de )a !nne. en versant des tarnies.
la guirlande portait (te te~crs et tendres boutons.
Et. quand son aimable iianoe la serra amourcu-
sèment dans ses bras. des ueurcttes ravissantes se
détachèrent des boutons.
Hientut âpres, eHe berçait un doux enfant
sur son
sein ntajcrnc! <tc noutbrcux fruits dor~s apparurent
a)<trs sot' ia ~uirtan<!<
~t. ~uan<! s~n bi<'n-aim~ futp!on~. bt'tas dans
la nuit et, )n poussière du tombeau, on vit tbttcr
autour de sa cheveture eu désordre des feui!tes jau-
nies d'automne.
Hientôt âpres, c!!e était etendue< eHe aussi, pâue
par ta mort, niais portant encore sa <;bcre ~uir-
iande: et a!ors, par un prodige, ou y vit hriHera
la fois des fruits et des ueurs.

LE MRGER

L<' beau ht't'~cr passât) tout près du château <h'


roi; tajt'uuc iiHc !<' vit <tu haut des créneaux~ et
soupira at'demnu'nt apW's hti.
KHc hti cria ces douces pandcs
« 0 si j<~ pou-
vais dcso'ndt'c vers toi! C<nnm<' !<*s agneaux ta-bas
sont d'une htanchcur ~ctatantc, h's neufs ici d'utt
c<'tat vct'mei!!
»
Lf jcum; pa!r<' hti t'~pH<}tta « 0 si tu dcscen-
dais vers moi' t)e<pte!<~c!at vernn'i! hrittent.tes
joues, et conune teshrass<mtetd<tuissantsdeh!an-
<'h<'ut'!
K<. depuis !(trs.f'n passant cha<}n<'matin (tcvan!
)<'château a\r «ne angoisse s<'<'rctp<iN<'n(it tes
ycux.jusqnau tn(tm<'n< <u) «ppat'aissait <'n haut
)h'!a<nu)'<)('sa~ra<'i<'uscmuic.
Ah'rs i! )ni<')iai) joyt'ttst'nx'nt:" SahU, <'h<'r<'
<iH<'<!u)('i! "K< <)<* faisait ('tttcndrc cette <!nu<'<'
parote:"<tt'and tnet'ri.tn'rn tx'r~r hicn-ain~! o
t/ht\)'s'<~n<u)<. h'printemps apparut, h's Heurs
s'~panouin'nt <'ï)t ahon<!an< dans ta campa~n< h'
hct'r se (tit'i~'a \t'rs te château, mais ette ne se
nt~ntra ptus.
Il poussa vers !<' elet un cri ptein d'angoisse:
«Saint, chère ttHedn roi! fne voix de fantôme
retentitdenhas:"Adieu, mon !n'r~erhien-aime."Il

L\ CtnPTK PES ~~ËTMKS

Par-detatc'.hrnvcrcs, un v!ci!!ardr<'v~tu d'une


ht'tUant'' arnnn'c !n(mta vers t'anUqu<' <'h:tp<'H<' et
entra dans i<'ch«'m'obscur.
Les tumbeaux ue ses ancêtres ctan'nt ran~s !c
!on~ du sanctuaire: dos profomh'nrs (ht ticu un
chant surnatut'td vint frapper son o)'('H!c.
«
(hti.j'ai cnh'mtu votre appf't, h~~nqnpsfa~
totm's.Jc <)()isc)<n'<' vn!c<' t'nn~c. AcctiGtth'x-moi!
.t<u!s(ti~n<'(!<<nts.)')1
A un <'H(!t'(titfr!tisst'trouvait un tombeau encore
inoccupé; u)<'choisit comme )'t d~t~pos, et prit
p<tur ('oussin son hcucti~r.
!t joignit tes mains sur son~p'< et s'pn<tormi<
<!ouccuh')H; !ps voix <!<'s fantonx'ssc tnrcnt. tout
r<')ontha dans te p!ns profond sHcnc<

LES <S ~~t \\TS


!<<*S t~pPfSdes Danois n'fontcnt i'!u'm~<'su<~<!o!s<'
vers !atn<~t'1' sauvage, h's chars s\'n<t'<'choqu<'nt au
toin, t'arn'r n~uttaux ra\«))s<<p jatunc; sm')c
champ <!(' hatMiHesf<n<<<'n<hts ntuut'ttntstchcau
Sv<'n<'tt!i,tcht~'os anx('h'('nx~ris.
SVHX

0 mnn pf't'f, pourquoi iamw'nc m'onh'a!np-

'!)i\it)ih''<t'nn<)inav('<)))ij)ass!n(t)<'urj<')t'r<)ess"rts.
t-cttf dans ta force de ta jeunesse? Ptus jamais main-
tfnant ma more n'arrangera tes houc!c<< de ma
!wHc ch<e!urc~ pn vain ta chanteur, ma hif'n-
aint<~< du sommer do ta tumh' tour. portera-t-~th'
s<*s regards an tnm, de tous cut~s.

< LF

Elles ~miront, et dans leurs nuit& tenues (t'an<


poisses eues nou~v~t't'~nt <'n t'<
Ma!s so<t sans
cramtc bientôt ta (toutcur amere !)riser:t !cnr c<tntt'
Hticte alors ton amante aux tresses (t'f'r te présen-
tera, en souriant, ta coupe an banquet <t'()din.
t~H\
.avats commence un chant de fête que la harpe
eût accompagne, sur tes amout*! et tes combats <tes
ro!setdes hcms<autrcfo!s; maintentUtt !a harpe.
abandonnée, est suspendue, et tes souMes <ht vent
font tristement v!hrer ses cordes.

thF
Aux rayons du soleil etince!te !a haut? et
auguste saHc du P~re universel 1 sousst'spK'ds
gravitent tes astres, et grondent les tempêtes ta-
bas nous nous attabterons en paix avec les ancêtres,
eteve ators ta voix et termine ton chant!

«<tin. )<'J't~itpr <h' ):t tnvOx'h~tf st'atxttnavf,


8VEN

0 mon père, pourquoi la norne m'cntrame-t-eHc


dans la force (ic la jeunesse ? L'emblème d'aucun
fxpto<< ne brille encore sur mon bouclier tes
<!ouxe ju~es qui siègent dans leur majesté redou-
table ne me trouveront pas digne de m'asseoir
au banquet des héros.
t U'
Fn sent fait vaut de nombreux exploits (et ils
en tiennent compte) tu meurs f'n héros pour la
défense de ta patrie en danger. Regarde, les enne-
mis sont en fuite. Levé les yeux, le ciel rayonne,
\oi!& ïa ronte que nous a!tons suivre.

LE MONARQUE AVEUGLE

Pourquoi la troupe des guerriers du nord est-


elle sur la haute falaisc qui borde la mer? Que
fait là-bas le monarque aveugle en cheveux blancs?
Appuyé sur son bâton, en proie à une affliction
ttmere, il fait entendre un appet si puissant qu'au
de!a du bras de mer les échos de l'lie en reten-
tissent.
«
0 pirate, rends-moi ma fille, prisonnière dans
tes profondeurs du rocher' Le son de sa harpe, sa
voix si douce, c'était là le bonheur de ma vieillesse.
Tu l'as enlevée au milieu de ta danse sur le rivage
verdoyant pour toi c'est une honte eterneHe, qui
fait courber ma t~te btanchie.
Alors s'avance hors de sa retraite le pirate fa-
rouche et de haute taiiïe; i! brandit son epec de
géant, et frappe sur son bouclier. « Tu as pourtant
de nombreux gardes, pourquoi m'ont-ils laisse faire?
Plus d'un guerrier est a ton service, et aucun ne
combat pour ta fille'!
Les guerriers sont encore tous debout, en sitencc
aucun d'eux ne sort des rangs; te monarque aveugle
se retourne « Suis-je donc absolument scu! ? »
A!ors son jeune fils saisit avec transport la main
droite de son père « Permets-moi de combattre
oui, je sens que mou bras est fort. »
« 0 mon fils, Pennemi a la force d'un géant,
nul ne lui a encore rcsisM; mais il y a en toi une
noble vigueur, je le sens a ta pression de ta main.
Viens, prends cette antique tame, c'est la récom-
pense des sca!des'. Et, si tu tombes, que le flot
m'engtoutisse, moi, pauvre vieiiiard »

\<tn< des bardt's ''hez (ex an''i<'ns ScandinavM.


Hcoutex! la naceiïe fait bruire la mer en soule-
vant l'écume. Le monarque aveugle, immobile,
prête l'oreille tout est silencieux aux alentours.
Soudain s'étève de l'autre coté un bruit d'épiés et
<!<' boucliers. des ctameurs de combat grondent,

et tes echoa résonnent sourdement.


Alors le vtpiUard s'ccric avec une joie môl~c
d !tït~o'ss<* « rMt<moi <*<*qH<% vous voyex Mon
(Je la reconnais a sa belle résonnance), elle
rendait <'e son strident. » Il !jC pirate est tombe, il
a sa récompense sanglante. Salut à toi, héros
incomparab!e, vaillant fils du roi »
Tout redevient sitcncieux le roi, immobile,
pt~te l'oreille « Qu'entends-je venir sur !a mer?2
Ccst un bruit de rames, et les vagues mu-
~ii-.sent. « Ils arrivent en nacelle ton fils
avec Fepee et le bouctier ta fille chérie, (<uni!de,
avec ses cheveux etiucctants comme te soleil. »
« 0
bonheur s'écrie du haut du rocher le
vieillard aveugle. Maintenant ma vieillesse sera
ptt'inedc charmes, et ma mort, de gloire. Mon nts.
tu mettras mon côté l'épée à la belle reson-
nance Guniide, qu'il a délivrée, tu me chanteras
te chant funéraire. ))
LA JtME MAR~!1:R!TK

Que signitie donc ce hruit de trompettes ? Que


ventent dire ces etameurs? Je vais m'approche!'
de la fenêtre, je (tcvme c<' qui atrtvf.
Le chcvatcrcsque fils du t'o~ mon amMMt. d'utt~
<t<~)t<~ si ran'. Oui, il revient, H r<'vi<'Ht <h~t (tu
tournai so!<'nn< h' chevaticr.
Conim<' son com'stfr s<' cuhr<' et bondit
commt'
tf cavati<'r a t'aHurt' hantaint; Un v<~rit<~
on ne
croir<utjatn«is <{u<c donccur il peut avoir dans
y
s<'s caresses.
Comtnc il n'htit, son heaume dor~, te prix du
tournoi Sous ta visière brittt'nt, avfc un charma
in<'omparabtc. s<'s yeux btcus aux rc~urds ctitt-
cctants.
Sans dout< la cotte d<' maiHcs d'airain raidit
sa
poitrine sonmanh'au d<' chf'va!i<~ f)~mii auvent
mais sous son armure bat un <'«'ur t<'ndr<\ nui
rend amour pour amour.
Sa main droite adresse des sa!uts, !es ptumes
de son heaume s'agitent, les dames s'inclinent
~rttcieusenx'm, et le peup!e h' remercie par
ses
acclamations.
Pourquoi t a<'ctamer et vous inetiner de lu sorte?`~
~es beaux sa!uts sont pour moi. (<rand merci,
mon
bi<'n-aim< Je suis bien joyeuse certes, je le
d<mn<;rtd ta récompense.
Maintenant, it entre dans le cH&teau de son ;~M,
s'ennnH!c devant hn, cn<6ve son tn'aurnc dm'6, et
!c présente au roi.
Puis, ccsfth, il s~ diri~t'a ~n hAtc vers ht pot'tc
<t<f «« hit'u-aittM~~ <!<< ~tt t~<
pttft t'Hpi<!t" ot it
rapportera de trai~ hnisers MVf'c nn renouveau
d'amom.

LE CMATM P<~S DE LA MHR

Avex-vous vu te château, te château superbe


pt'es de !a mer ? ÂM dessus noUent tes nmtgcs cou'
h'm'dot'ctdc rost'.
devait M<' dans le net c!an' comme
<'<'t1~tf')'
un miroir, il devait se drcssct vers te ciel, dans
t'~ctat dfs nuança au sotci! couchant.
'<
<hti,jc t'ai vu !c<'hât<'au sup<'rhe pt'~s de ta
nwr ta tun<' hritiait sur s<'s cr~m'anx, et des
brumes étaient au ioin de tous côtes. »
Le ventet ht rnef ondoyante taisaient-its entendre
de h'atchcs harmonies ? Avez-vous entendu, venant
des hautes sattes, le bruit des instruments des
et
chants de f<~te ?
Les vents et les values étaient partout dans
un catme profund. J'ai entendu, venant de la
gt'and<' saUe,Hn chantdcdouteurquia fait coûter
mes hu'tncs. f
Avox-vous vu ià-haut passer te roi et
son cpouac.
tes manteaux rouges Hotte)'
au ~ent, !es couronnes
<i'or <~t!nce!er ? `~
conduisaient-its pas avec ravissement
une
be!!e jeune fille, ectatante
comme un sotei!,
rayonnante avec ses cheveux d'or ?~r
« Ou}, j~ vu le père et ta tncro
sans œuronnes
etmcptantes, t-cv~tus de noirs vêlements de doutt'
ta jeune Me, je ne l'ai p~\u<

LE PËLEMN

Un pétrin plein d'ardeur marche vers la bien-


heureuse cité de n.eu, tacite des chants célestes,
que t'Espr:t-Sa:nt lui a promise.
« U fleuve timpide, hientM tu resteras !a ville
sainte <tans te miroir de tes
eaux; ô cimes des
rochers, ~tmcclantcs comme le soleil déjà de loin,
vous pouvez la contempler.
«
Je crois entendre résonner des cloches loin-
taines; le soleil couchant empourpre ta forêt.
0 que n'ai-je des ailes pour prendre mon essor au
loin, par-delà tes vallées et les chaînes de
rochers M
Une vohtpte sublime l'enivre, un doux mai le
consume étendu au milieu des neurs, il songe &
la cité divine
« Ils sont trop vastes encore, ces espaces, pour
le désir ardent qui me dévore. Herccx-moi, doux
rêves, et faites-moi voir la vallée où j'aspire. 1)
Et voici que le ciel s'est ouvert; un ange brillant
de tumièrc abaisse ses regards sur lui
« Comment
pourrais-je te refuser la force qui t'est nécessaire,
moi qui t'ai donné ces aspirations subtimes
« Le désir ardent, les rêves agités sont choses
douces à une âme tendre; mais un etïbrt éner-
gique est plus noble, et fait d'un beau rêve une
reaHte. »
H <!tspara!t dans les
vapeurs du matin. Le pèlerin
se retcve fortifié; il ft'anchtt les monfs et les
ab!mes, le voila déjà devant la porte d'or.
U mervctUe comme une mère ouvre ses bras,
là cité ouvre les battants de
sa porte ses chants
célestes acclament son fils au terme de son vaillant
pèlerinage.
DÉPART

<Juc!!c est cette musique. qucts sont couchants


qu'on entend te long ~c' ht t Me ? Jeunes <t!!cs, ouvrex
tes f<*n~ir<'s. t'~tudiant s'en va au !o<)t, on Im fait.
~SCOt'<<\
Les c~mm'adf's poussent des cris de joie. et
citent !<'urs chapeaux ornés de nombreux i'u-
bans ft de beaucoup <!e joHt;s ncurs muis !'p<u-
d!ant M'aim<' pas c<~t<~ coutnn)~, tt marche au
m<!ieu. pA!pets!ten<'i<~ux.
Les houtetUcs s<' choquent, <'t te vin pëttUc
« Vide ton verre et bois encore, cher camarade Il
« Le vin du départ seul dissipera la flamme
intérieure qui me dcvore.
Dans la rue, a ta dernière de toutes les maisons.
une jeune lille regarde par la fenêtre; eUe vou-
drait cacher ses larmes derrière des violettes et
des rosiers.
Dans ta rue, à la dernière de toutes les maisons,
l'étudiant lève les yeux puis, tes baisse avec dou-
!etu\ et met sa main sur son cu'ur.
« Camarade, si tu n'as pas encore de boucluet,
là-bas nombre de Heurs s'épanouissent et te sou-
rient. Allons, toi, ta plus belle de toutes les n!!es,
laisse tomber à terre un petit bouquet »
« Anus, <me me dirait!e bou(;uet?Jen'ai pas,
comme vous. une hicn-aimec chérie il se fanerait
au soleil, et s'cpat'p!cratt <m soufre du vent.
Il s'~tnign~, s~!ot~ne toujours ait tnittcu d<~
chants <'< du bruit. Lit jeune fille pt'ôtc !'orciHc,
écoute encore longtemps Il 0 doutcur il s'en va,
le jeune homme que j'aimais en sUence.
«
~< me voilà, hctas' avec mon «mour. mes
t'oses et mes viotettes; cctuia qui je donnerais tout
avec tant de ptaisir, i! est maintenant au loin. M

HÉVK

!):tnsun magTtinque jardin marchaient, la main


dans !a main. deux amoureux, deux figures pa!es
et sounnmtcs. Ils s asstrent au milieu d'un par-
terre.
Ils se baisèrent sur les joues, et se ha!serent
sur la bouche Hs se tinrent etroitcment enlaces,
et redevinrent jeunes et bien portants.
Le bruit argentin de deux cachettes retentit,
le rêve s'évanouit :t l'instant elle, était étendue
dans ta ceUuie d'un couvent; lui, était prisonnier
nu loin, au fond d'une tour.
LES TROIS DAM~S~LKS

Trois damoisettcs, du haut d'un château, plon-


geaient leurs regards dans la vallée profonde tour
père revint & cheval. il portait une armure d'acier.
« Satut, messire mon përe,
satut! Querapportes-
tn tes enfants? Nous avons toutes et~ sa~s. M
« Enfant 0 la robe jaune, aujourd'hui j'ai pense
a toi. La parure est ta joie, ce que tu aimes le
mieux, c'est le tuxe; vois cette chamcd or vcrmeit,
je t'ai prise a un her chevaHer je lui ai donne ta
mort pour t'avoir.
La damoisettc attacha rapidement ta chaine
autour de son cou, et descendit vers le lieu oftr
ette trouva te m<~rt « Te voit& étendu sur ta route
comme un malfaiteur pourtant tu es un nohte
chevalier, tu es le hien-aiïne de mon cn'ur. »
Ette le porta dans ses bras a la maison de f)ieu,
et. le déposa en gémissant dans te tombeau de ses
pères. Ette serra fortement la cbaine qui brittait
à son cou, et tomba inanimée près de son bien-
aime.
n

Deux damoisettes. du haut d'un château ptot)-


geaient tours regards dans ta vattee profonde leur
père revint a cheval, it portait une armure d'acier.
« 8a!uL mcssu'c num
pè~. sahtt Qn<? r~ppftt'tcs-
tu tes enfants? Nous avons été sa~<'s toutes tes
deux. »
« Hnfant
!a robe verte, aujourd'hu! j'ai pcns<<
toi. La chasse est tajm< !c jour comm~ ta nuit
vois cet epit~u av<'c un ruban d'or, je fai pris à un
chasseur fougueux je lui ai donne !a mort pour
t'avoir. »
Elle prit dans <«'s mains t'epicu que son père
!ui otTrait, et se dirigea vers la foret; son cri de
chasse ~tait la mort. La-has, a t'ombre d'un tit-
t<*ut. cHc trouva près de ses chiens Mdeh's son
bien-aime dortnant du dernier sommeit.
« le viens sous titteut, comme je t'ai promis
io
à mon bien-aime. Et ette enfonça rapidement
t'epieu dans son sein. !!s reposèrent t un près de
l'autre sous tes frais ombrages. Au-dessus d'eux
tes oiselets de ta foret chantaient, et le vert feuil-
ta~e tes couvrait.
!t!

Une damoisette, du haut d'un château, plongeait


ses regards dans ht vallée profonde; son père
revint a cheval, il portait une armure (l'acier.
« Salut,
messire mon père, sa!ut Que rapporh's-
tu à ton enfant? J'ai été bien sage <'< bien tran-
qui!tc. M
«
Enfant à la robe blanche, aujourd'hui j'ai
pensé à toi. Les fleurs sont ta joie, tu !<~ pt~fèr~s
a l'or éclatant: vois cette fleur qui bri!tf contmc
de l'argent, je tai prise à un audacieux jardinier;
je lui ai donné la mort pour l'avoir. »
«
Comment a-t-it été si téméraire? Pourquoi
l'as-tu n'appé? U prenait soin des fleurs; mainte-
nant, elles vont se netrir. » « Avec une audace
incroyable il m'a refusé la plus belle fleur de son
jardin, il ta réservait pour sa maîtresse. »
La fleur était sur te sein délicat de la douce
jeune fille. Hitc descendit dans un jardin qui était
son séjour favori. Là, près d'une rangée de blancs
lis, s'élevait un tertre verdoyant elle vint s'y
asseoir
« 0 que ne puis-je faire & l'instant comme mes
sueurs chéries Mais cette petite Qcur ne peut faire
de blessure, elle est si tendre et si délicate. »
HALLAMM ET BOMATtCES

Pâte et !angui9sant<\ elle fixa ses regards sur ta


ftcur, jusqu'à ('(! qu'cHe fût n~tnc, et qu'cHetom-
bAt <'He-m~mc inanimée.

LE CHEVALIER NC!R t

C'était la PentecôteJa fête joyeuse, que célèbrent


les hûtes des bois et des bruyères. Le roi prit !a
parote « Que dans toutes les salles de cet antique
palais on voie aussi un riant printemps s'épa-
nouir. »
Tambours et trompettes résonnent, (les bannières
rouges uottcnt avec pompe au vent. Le roi regarda
du haut de son batcon la joute, ies chevaliers
tombaient tous sous les coups du vaillant fils du
roi.
Mais voici que devant la barrière du tournoi
s'arrêta en dernier lieu un chevalier noir. « Mes-
sire, votre nom et votre emb!eme? » Il
Si je le
disais, vous trembleriez d'cnroi je suis un prince
(lui possède de vastes Etats. »
Quand il fut entré dans la lice, la voûte céleste

Cette ballade, d un caractère fantastique, offre quelque ana-


logie avec la célèbre Lcnorc de BOrger.
s'obscurcit, et le château commenta & trembtcr. Au
premier choc, le jeune fils du roi tomba de cheval.
et put à grand'pcine se rctevcr.
Fifres et violons invitent aux danses; tes tom-
beaux bri! tenta travers tessattes; un p:rand fantôme
outre d'un pas chancelant. Il aborde courtoisement
la fille du roi, désirant ouvrir Te naî avec ette.
Il danse, couvert d'une sombre armure de fer,
il danse d'une manière sinistre, enlaçant froide-
ment tes membres de la jeune fille. Les Heurs
ctaires qu'cHe portait a son sein et dans ses che-
veux tombent netriessuriesu!.
A !a tab!e somptueuse prirent p!ace tous les
chevaliers et toutes les dames. Au milieu, entre
son fils et sa nttc. te cœur plein d'angoisse, te vieux
roi était assis, et les regardait, pensif et silencieux.
Les deux jeunes gens avaient le visugc paie. Le
m<ir convive tour onrit une coupe Il Ce vin doré
vous rendra la santé. M Les jeunes ~ens burent, et
te remercièrent poliment « Cette boisson est
fr:uche. repondirent-i!s.
Le fils et ta mte se serrèrent contre la poitrine
de leur père: tours traits achevèrent de se decoto-
r<'r. t)e quelque côte que le vicittard épouvante
tourne ses regards, ihoit uu de ses enfants mourir.
«
Matheur a moi mes enfants charmants, tu les
a enlevés tous les deux dans t~ctat de la jeunesse
prends-moi aussi, moi qui ne puis plus ~oftter
1
aucttnf jc!c. ALors te fantôme dit d'une voix ct'ensc
i et s~tn'dc: Il Victthu'd, c*~t an printemps que je
CUt')Ht; les t'nscs. ~>

LK JAKMN DE ROSES

.!e vais vous parier dans mes chants du hcan


jardin de roses te matin, tes femmes s'y prome-
naient le soir. les héros y combattaient.
«
Mon maître et seigneur est roi du pays, mon
domaine est le jardin des roses il a choisi ta
couronne d'or; moi. j'ai choisi la guirlande de
Heurs.
Hcoutcx, jeunes héros,
« mes gardiens qui
m'êtes chefs tous trois Luissex entrer toutes les
tendres jeunes filles, ne laissez entrer aucun che-
vatier.
« lis pourraient abimer les rosés; ce serait
pour moi grand souci. » Ainsi parlait la belle
reine, en quittant son jardin, te matin.
Les trois gardiens ndetes se promenaient devant
la porte. Les roses embaumaient l'air en silence,
et s'épanouissaient avec grâce.
Trois jeunes nttes chastes et, tendres vinrent &
passer « <'at'diens, chefs gardiens, laissez-nous
entrer dans le jardin.
Quand les jeunes filles eurent cueilli des rosés,
cites dirent toutes « Pourquoi ma main saigne-
t-ette d<' la sortf La rosc n~a-t-cUn ptqu~p ?a
Lcstt'ois ~:<rdu'ns <idctcssp ;H'omcn<dcnt devant
la porte. Les roscs cmbauma~nt rair en bikticc,
ei. ;(~pan<snisssvient
et s'cpan<m!ss!nen< :~vec
avec l;r~ct!.
~t'&cc.
Tt'ois arrn~atits ch<di(~'<) vinrent passer sur
!<;nrs coursiers « ('ardions, vils ~at'diens~o«vrcx la
porte toute ~rand<'
« La porte restera
fermée, nos ~p<s sont hors
du fourreau tes rosés sont chères, chaque rosé
vaut une btessure.
ChevaHers <'t gardions se ntirent a se battre: la
victoire t'cst<t aux ehevaners, qui foutèreut sous
tours pieds toutes tes rosés avec tes roscs, tes
gardiens périrent.
Kt. quand te soir fut venu, madame ta reïnc
arriva <' Si mes rosés sont détruites, si tes ndetes
jeunes ~ens ont succomtte,
«
Je veux tes mettre dans la terre, étendus sur
iles feuittes de rosés, et, & ta place du jardin des
rosés, il y aura le jardin des iis.
Qui donc maintenant veinera ndetement sur
mes lis? Le jour, ce sera te soleil bienfaisant
la nuit, ce seront la tune et tes étoiles.
~S TMOtS CHANTS

Dans la haute salle était assis le roi Sifrid


Joueurs de harpe, qui de vous sait plus beau
chaut,? M Un jeune homme sortit aussitôt des
rangs, la harpe a ta main, t'ëpec aux reins.
« Je sais trois chants le premier, tu l'as
certes oublié depuis longtemps déjà « Tu as
tu(! mon frère dans un guet-apcns
« Tu t'as tué dans un guct-apens.
et je le redis
n
Le second chant, je t'ai trouva par une nuit
sombre et orageuse « H faut que tu tuttes
avec
moi il ta vie ou à la mort, et je le redis « U
faut que tu luttes à la vie on a la mort.
))
Ators il appuya sa harpe contrôla tabtc; ils
tireront tous deux leurs cpecs avec ardeur, et
se
battirent longtemps avec un bruit d'armes stri-
dent, jusqu'à ce que le roi tombât inanimé dans la
haute salle.
Maintenant, je vais entonner le troisième chant,
le plus beau, que jamais je ne me tasserai de chan-
ter « Le roi Sifrid est étendu baigne dans
son
sang. » et je le redis « est étendu baign6 dans
son sang. »
LK J!~Ë MOtKT LA BËMMRË

Uanscc dcticieux mois de mai, sut cette ptainc


verdovantf, sous les rayons dor~s du sotett, quet
va être le sujet de mes chants?
Les nots bteus se déroutent, !es nuages dor~s
passent, d'~h~ants chcvaticrs se dirigent vers ht
vallée couverte de pruines.
Les arbres ctait's frémissent au vent, tes ncurs
aux couleurs voyantes s'épanouissent, les bergères
de !a vaUcc sont de tous cotés dans la verdure.
Le seigneur Cotdmar chevauchait gaiement en
tête de sa fière escorte; it portait un manteau de
soie rou~e et une couronne d'or.
Ce monarque de belle allure sauta tout à coup a
bas de son coursier, l'attacha à un tilleul et taissa
ses hommes prendre les devants.
li y avait là-bas, dans tes frais buissons, une
source d'eau vive; les oiseaux y chantaient avec
délice, et de nombreuses fleurettes y etincetaient.
Pourquoi le chant des oiseaux (Uait-i! si ctair?
Pourquoi l'éclat des neurs était-i! si vif? Parce
que, près de cette source fraîche, la plus belle (les
bergères était assise.
Le seigneur Cotdmar franchit les buissons, il
passe avec bruit a travers la verdure; tes agneaux
enrayes s'enfuient vers la bergère.
« Salut, salut, jeune fille mervcitteuscment
heUc Si tu sentaisde l'effroi, j'en aurais un regret
sincère. ~·
Non, je n'ai point pâti, aussi vrai nue je puis
tf l'afnrnter; je croyais qu~un oiseau espiëgte avait
passe à travers la haie. »
'<
Ah si tu voûtais me rafraîchit* avec ta
g<tu"<!e, <'e bienfait resterait grav<~ dans mon c<eur,
comme la plus insigne faveur que tu puisses m'ac-
cordt'r. ··
« Tu peux puiser à ma gourde, je ne l'ai
encore
refusée à personne je veux que tous s'y rafra!-
chissent, un roi même. s'il en venait. »
Mtte se baisse pour puiser de l'eau, et le laisse
hoire a la gourde; il la regarde bien tendrement,
mais elle tient ta gourde d'une main ferme.
Transporte d'amour, il s'écrie « Comme tu es
gracieuse; il semble que tu sois ectose en même
temps que toutes ces tendres fleurs.
« Et pourtant toute ta personne est empreinte
de dignité, ton visage respire la noblesse, comme
si tu étais issue d'une maison royaie »
« Demande au berger, mon père, s'il était roi;
demande à la bergère, ma mère, si elle était assise
sur un trône.
Le prince met son manteau autour du cou blanc
de ta charmante iU!c, it pose la t'ouronne d'or sur
ses cheveux châtains.
La bergère promène autour d'eRc un regard
plein de nerie, et s'écrie d'une voix forte « Fleurs
et arbres, courhex-vous: agneaux, inclinez-vous
tous!
Et quand, les t~vre~ riantes, cHe veut rendre au
prince sa parure, il jette la couronne au fond lim-
pide de la source
« Je te confie cette couronne, ~age d'un amour
sincère, jusqu'au moment où je te reverrai, après
mainte épreuve redoutable.
« Depuis seixc longues années déjà. un monarque
est prisonnier dans les fers ses Etats ont été con-
quis par une armée de cruels ennemis.
« Je veux délivrer son royaume avec mes cheva-
tiers dévoues, je veux briser ses chaînes, pour
qu'il puisse revoir le printemps.
« Je pars pour ma première guerre, des jours
orageux vont se lever pour moi. Dis-moi, apaiseras-
tu ma soif après la victoire, avec l'eau fra!chc de
cette source ?
« Je puiserai de t'eau pour toi, et t'en don-
nerai autant que ta source pourra en fournir et.
quant à la couronne, tu ta retrouveras aussi brit-
lante qu'aujourd'hui. »
Le premier chant est chanta le dernier va
suivre immédiatement un oiseau a pris son essor;
voyons où il va se poser!

il

.!c vais maintenant parler dans mes vers du


bruit des trompettes et des épées, et, pourtant,
j'entends résonner les chalumeaux, j'entends le
chant des alouettes.
.te vais maintenant parler dans mes vers de
mort et de cadavres; et pourtant, je vois les arbres
bourgeonner, et les fleurs vermeilles éclore.
Je ne vais parler que de Goldmar (vous ne l'au-
ricx pas cru) c'était le premier des héros, près
des femmes, comme a la bataiHe.
H emporta d'assaut la citadelle, et arbora sa
bannière victorieuse. Alors du fond de la tour te
vieux roi s'avança
« 0
soleil, montagnes, champs, verte forêt,
comme vous êtes restes jeunes; et, moi, je suis
devenu si vieux! M
La f<~te triomphale commença au milieu des
magnificences et du bruit des instruments mais
(lui n'a pas pris place dans la salle ne peut
décrire ce spectacle.
Et quand même j'aurais pris place là-bas parmi
les rangées de convives, le vin généreux m'aurait
fait oubuer tout le reste.
Voici que te vieux monarque adressa !a parois
a Cotdmar « Je vais donner une joute. Quel
prix vous proposerai-je ? M »
« Mettre, ô nohtc roi, proposex-nous comme
prix, au lieu de heaumes et d'éperons dores, une
houlette t4 un a~uetet htanc!
Le prix que d'ordinaire les bergers se disputent
l'envi dans la campagne neurie. on vit des
handes de chcvaHers carar<der avec ta taure et !c
houciier pour !e conquérir.
Le seigneur <to!dntar renversa tous les cheva-
liers sur Farcne, et reçut, au son des trompettes.
une houlette et un a~netet hianc.
Alors !c vieux monarque prit de nnuveau la
parole le vais donner une uouve!te joute, Pl.
propose un prix d'une plus haute vateur.
« Oui, ce que je vous propose pour recompense
n'est pas une vaine et frivote hagate!!e je vous
propose ma couronne, à recevoir de la main de
la plus het!e des reines. »
Que!!e ardeur ators enHamma tes hôtes, aux
accords retentissants des trompettes Chacun lutta
de son mieux; le seigneur tioldmar tes renversa
tous.
Le roi était debout dans son appartement avec
les dames et les seigneurs il fit mander le sei-
gneur Goldmar, la fleur et l'étoile des chevaliers.
Le héros du combat arriva. la houtettc ta
ma!n, l'agnelet blanc à son côt~, attacha avec un
ruban couleur de rose.
Le roi lui dit « .tf ne te donne pas pour récom-
pense une bagatctte frivole, je te donne ma cou-
ronne, reccvoit* de la main de la plus bette des
r<*tnc~.
H dit et rejeta en arrière le voile de la reine
te seigneur Goldmar ne daigna pas jeter un août
regard sur elle.
« Nutte reine ne peut me séduire, non plus que
i'ectat d'aucune couronne j'aspire de tous mes
désirs à revoir la berbère dans la vattce. H
« Je veux lui
offrir, en ~ise de compliment,
l'agnelet et la houlette. Dieu vous ~arde Moi. je
descends dans la vallée. »
Alors il entendit l'appel d'une voix argentine.
et it !ni sembla tout d'un coup que tes oiseaux
chantaient près de la source. que tes neurs etince-
laient dans la vaHee.
tt !c\e les yeux la berbère était debout devant
lui, couverte de bijoux précieux, !a couronne hril-
)antea la main
« Sois !e bienvenu, méchant, dans ta maison de
mon père Dis, veux-tu toujours t'en aller dans
la verte vaUee ?
« En ce cas, prends d'abord la couronne que tu
me taissas comme ~agc Je te récompense avec
usure, eH<* règne tnainh'tMnt sur ttcux pays.
Hs ne restèrent pas plus !on~tcmps 6!oign~<!
rnn <!<' autre. Ce qui arrtva cnsuttt~ sertex-vous
bien atse de le savoir?
Si une jeune fille d~stratt !c savon', je la met-
trais <!c suite au courant, si j~ pouvais t'cntaccr
<!c mes bras~ et ~embrasser sur ~<< t~vre~
vcr-
mciHes.

LA HLLË DE L OKFt~Ë

Un orfèvre était dans son atetier au milieu des


pertes et des pierreries « Le p!us b<'au joyau que
j'aie fait, c'est pourtant toi, iietcne, ma nUc
ch~nc
Iln beau chevaher entra: « Sn!ut, chère nHe!
Salut, mon cher orfèvre 1. Fais-mot un diadème
exquis pour ma douce fiancée!
Et, quand te diadème fut prêt et brilla d'un vif
éclat, Héiene, en proie a la tristesse, !e suspendit
a son bras, dans ses moments de so!itudc
«
Ah mille fois heureuse, la nancce qui doit
porter cette couronne. Ah si le chevatier ndcte
me faisait seulement présent d'un diadème de
rosés, quelle joie ce serait pour moi ')
Peu de temps après, le chevalier revint et
con-
templa attentivement le diadème « Mon cher
orfèvre, monte une bagne en diamants pour
ma
douée nancee' 1)
Ht, quand lu ba~u<\ ornéed un dtamant d~ ~rand
prix, fut p~te, flélène, en proie a !a tristesse, ta
passait à moitié a son doigt, dans ses moments
de solitude
« Ah miHe fois heurense ta nancee qui doit
porter cette ba~ne. Ah si le chevalier Mete me
faisait seutement présent d'une houcte de
ses che-
veux, queHc joie ce serait pour moi »
Peu de temps après, te chevalier revint, et
con-
templa attentivement la bague
« \ton cher or-
fcvre, tu as travaitt~ bien finement tes présents
destines il ma douce fiancée.
« Mais, pour que je sache comment ils iront sur
elle, approche, la bette utte, que j'essaie sur toi
la parure nuptiate de ma bien-aimee Htte est
aussi belle que toi. o
(retait un dimanche matin aussi la coquette
jeune titie avait-ette mis, ce jour-tà, avec un soin
tout particulier, sa plus bette robe. pour aller à
regiise.
Le visage rougissant d'une aimable pudeur, elle
était debout devant le chevalier; il mit sur sa tête
POËStES Ct«nS!ES
le diadème d\)t\ passa la bague
son doigt, puis
!a prenant parla main:
«
!)ouce H<'t<'n<\n<~oncc<~t'tc, !aph;santcnc
(ucn<! tun tu es !a ptus bct!c des Mandes, celle
<tUt je destinais !c <tiadctn<' d'or, a qui j<; desti-
nais !a bague.
« t<'t tu as grandi au mitieu de t'or, des pcdcs,
des pierreries; ce devait être pour toi'le présage
du ran~ et des honneurs dont tu vas jouir auprès
demoi. »

LA ULU;!)!: L'HOTESSE

Trois compagnons, voyageant sut- te !Unn,


en-
h'erent ch<'x une hutpssc:
Madatuc rhôtcss~, avM-vous bonne b~n'
« et
h<n<\tn?0ncst voh-t' tt!!<bct!e?M»
<.
Mahicrc c! mon vin sont frais t't limpides.
Ma nt!c <'st dans te cercut'it.
»
Ht. quand ils <'n!rcr<'nt uans ta chambre, ta
j~une iith' ~t:dt étendue
sur une civière noire.
L<* pretuit'r
voyageur rejeta son voile en arrière,
et la re~ut'da tristement
« Ahsi tu étais encore en vie, heMe jeune fille,
je t aimerais à partir d'aujourd'hui. »
Le second remit le voile sur son visage, dé-
tourna les yeux et dit en pleurant
« Ah pourquoi es-tu étendue dans le cercueil?
Je t'ai aimée pendant plusieurs années. »
Le tro~teme reteva aussitôt le voile, et déposa
un baiser sur les lèvres Mêmes de ta jeune fille:
«
Je t'ai toujours aimée, je t'aime encore au-
jourd'hui, et je t'aimerai a jamais. M

LA FAUCHEUSE

« Bonjour, Marne! Déjà vive et alerte de sii


bon matin 0 la plus fidèle des servantes,
t'amonr ne te rend point paresseuse. Eh bien, si
tu achèves de me faucher cette prairie d'ici & trois
jours, je ne pourrai te refuser plus longtemps mon
filsunique. »
Ainsi parte le fermier, possesseur débondantes
richesses. Comme Marie sent battre son cœur
épris d'amour! Une sève de vie nouvelle circule
à travers ses membres comme elle brandit sa
faux comme elle couche les blés sur le sol
L'heure <!c midi est brutame, tes faucheurs
accabt~s cherchent ta source pour se rafraîchir et
t'ombre pour dormir tes abeittes bourdonnantes
travaittent encore dans ta campagne torride
Marie ne se repose pas, cite rivalise avec cites
d'ardeur a H travail.
Le soleil disparate ta ctochc du soir rcicutH.
Ses compagnons Ini cri<'nt Marie, en voi!a
ass~xpour anjnnrd'hui. !.cs fauchcnts, le hcr~f'r
et son trnup<'au ahandonncut h's champs Marit'
aiguise sa faux p"ur r<*t'omm<'nccr son travait.
!)cJà tombe !a ros~c, d<~a hrHtpnt la !un<' et
h's <Uoih's. t<*s ht~s cmba<nn''nt, h' rossignnt
<'hant<' au loin Marip ne veut pas se reposer, ne
veut pas prêter t'oreiHc, c!!c ne <esse de faire
bruire }a faux, tpt'eUe brandit avec force.
H!te continue ainsi du soir au matin, du matin
ait soir. se nourrissant d'amour, se réconfortant.
nvec un espoir bien doux. Pour !a troisième fois
te sotei! se teve. tout est termine ta-bas, debout.
on voit ~arie. versant des tarmes de Joie.
ttonjour. Marie Que vois-je? 0 tes mains
taborieuses! La prairie est fauchée, je t'en récom-
penserai par un don généreux mais, uuant au
mariage. tu as pris au sérieux ma p!aisanterie.
tts sont credntes et insensés, on te voit bien. tes
cn'urs amoureux.
Il dit, et pusse son < hpmin mais t<* cœur <!<'
ta pauvre Marie se gtace, ses genoux tremblants
t~chissent. Muette, insensibte et sans connais-
sance, c'est dans cet état qu'on la trouve, !a fau-
cheuse, ta-bas dans tes <~pis.
HHe vit ainsi plusieurs années encore, engour-
die et sans voix une goutte de mie!~ voita sa seule
nourriture. 0, tenex un tombeau prêt pour elle
dans !a prairie ta p!us fleurie H n'y eut jamais
faucheuse aussi aimante.

L'ËTOtLE POLmH

Ce!ni qui était parti pour !'(h'ient, la bourse


!eger< passager d'un navire étranger, dirige
tuaintenant vers tes rivages de sa patrie son
propre bâtiment tout charge d'or.
t! n'a contcmph* aucune <!toHc aussi souvent
que !'ctoitc d'autour c'est et!? qui !e guida heu-
rcusfmpn! depuis tes pays lointains jusqu'à la
vi!!e natale de sa chère nanccp.
n'a pas encore trouve !e but. bien qu'il ait
franchi la porte de la cite. Comment rcconnaitrc
tout de suite sa nancee dans le labyrinthe de
cette grande ville?
Comment ses yeux ponrraient-i!s la découvrir?
Le regard est born~ de tous eûtes. Comment,
travers le bruit, dcs ptaces publiques,, dtstingucr te
son de sa voix ?
L~-bas une fenêtre s'est fermée, peut-être
a-
t-elle regarde au dehors ici près. ce voUe qui
Hotte légèrement ne cache-t-i! pas !a chère lian-
cée?
D<~a tes ombras du soir épaississant il erre
pncorc à travers les rues s<'s pi<'ds cnmmcncpnt
rc-sscnttr r<!puiscm<'nt df !a fatigue, mais son
cœur en ~vc!t k pousse on avant.
Ponrqnot s'an'ôtc-t-i! tout a coup, frappa de
surprise? ~coHtpx un son <tf cordes. Quc!tc <'st
cctt<' voix qui chante ? Ah et; n'est pas <~n vain
qu'i! a vu au-dessus <ic lit maison !toi!e d'amour,
a laquelle il s'est hc.

LE (m\m PASSH

.!o dormais sur nn tertre Ht'un, tout pr~s du


boni (lu scnt:pr. <~uan<t le t~\e m'emporta
sur ses
ailes dans !c d~!tc:eux pays des conics bh'us.
En m'évciUani. tes regards enivrés,
comme un
homme tombé des nuages, j'aperctds derricrc moi
te chantre avec sa !yrc.
!t dtspara!t au mUn~t des arbres, j'entends
encore désaccords !ointnnM. Ë~t-c<* lui qn! pars<;s
chants a fait r~ver a mon âme ct's m~rveincs ?

B~Ë

J'ai rêve récemment que j'étais étendu sur une


t'ime escarpée c'était sur te bord de ta met': mon
regard se perdait dans tes ptaines, et au-dct~ <ht
vaste occan.
Kn bas, près du rivage, était apparci! nn ~!e-
~ant navire; ses banderoles anx coutcurs variées
nattaient au vent, f< le nautonicr était att gouver-
nai!, M'nthtant trouver te temps Jon~.
Et voici que des montagnes lointaines une
troupe joyenae descendit; tous etincciants comme
des an~es, et pares de ~uiHandes de fleurs, ils se
dirigèrent vers la nier.
En tête de la troupe courait un nombreux essaim
de gais enfants tes autres brandissaientdes coupes.
jouaient des instruments, chantaient, tonrbiUon-
naient au milieu des danses et des jeux.
dirent au mat'inicr « Voudrais-tu bien
Ha
nous
cmnmnM ? Nnus sommes t~s joiM et les ptaisira.
nous voulons abandonnct la terre, aller tous toin
<!<' lit terr<
H
tît motdcr dans
H
son navn-n toutes !es jo~'s
'~semble, et t<'<n Mdrps«an< pat-otn <. Di~s-
moi. m<~ ch~rips, aucune de
vous ncst-pt~ r<~t~
~n ~t.t~.(\ surh.smont~ nu dans h. vat!<!e?
.)
s'~crn'rcnt « ~ons
HHcs
sonnnns toutes là.
Pars! nous avons !utt< tts partirent
au s~ufuc
d'une fra:<h<' bri~ et,
au loin, bien io.n. je vis
dtspa~trc les phusirs et la f(<itcit<t dt' la tct-r<

LH M <:AMAHAM:
Jhtvatsnn t'anunwh'; vnns n'en <t<mvctt'xj<utt!<is
un ntettteur. Quand lu tambottr bat~tt pntH te
c~nthn~ m:u< hatt M tn<.s c.Ws, <ht nH.mc
pas,
<ic ta nt~nx' a!!nt'<\
t~t~ hattc viMt a \,)!cr <!ans t't'spMCt', ~ta:t-<'c
<n~t o<t !m ~u <<' vts:ut ? (~< hn q<t\c
a
<'mp<tt M !<. Y<n~ ctt'ndu a
n~s p«'ds, c~mmc s.
c'~hnt une ~:u'<)p de mfu-ru~mc.
n veut ntc t<'n<h'<' <'ttcor<' ht marn. pendant
que
je charge mon arme « Je ne puis, dit-
te don-
ta main mais reste pour t'étcrnit~ mon hon
ner
cumaradc.

LA COUM(~NH DE K~SES

Aux jours riants du mots de mai, dans la prairie


constettee de Heurs, de nobles ccuyers combattent
et s<; démènent pour la précieuse couronne de
rosés; its ne veut("nt pas cupi!tn\ d'une ma!n
!6~re, des fleurs dans la plaine ils veulent, en
tn'avcs !utteurs, les recevoir de la ntain d<' !a
jcnnp <H!p.
Sous un berceau de verdure estasse en silence
«'t!c qnf'chat'un regarde avec surprise, <'t<pn, en
<e jour pour
la première fois, s'épanouit dans tout
t ec!at ray<~nnaïtt de la jeuucsse des hranchcs
cuar~ces de rosés nottcni autour de sa tête comme
un chapeau ombreux, des pampres en
ueurs sont
entaces en ~uir!ande autour de sa taiïïe.
Tout a coup, un cavatier couvert d'une armure
de fer s'avance, monté sur un cheval épuise; il
baisse sa lance comme un combattant accablé de
fatigue, et courbe la tête, comme appesanti par le
sommeil son visage est maigre, et
ses cheveux
sont gris. Soudain, sa main laisse échapper la
bride. il se redresse en sursaut, e<îraye,
comme
s'its'evei!!a<t d'un rêve pcnibte
« Salut à vous dans ces prairies, jf'une fille si
bett<\ nob!es seigneurs Ouo
ma présence ne vous
cause pas d'enroi, j'aurai ptaisir a contempler vos
jeux. Vo~nti~ donnerai
ma vie pour rompre
une tance avoc vous; mais, hé!a~ r mes bras
tr<'ntb!ent., mes genoux sont hien chancctant'<.
.h' connais ces sortes de passe-temps, j'ai
b!anchi au milieu des lances et des epees; ma
cotte de maiHe est encore sur mon
corps, comme
sa peau est sur le dragon. Sur terre j j'ai combattu
et. reçu des b!essure~ sur mer j'ui et~ le jouet des
nots et des tempêtes te repos, je
ne rai jamais
trouve, sauf une année dans une tour obscure.
« 0 jours et muta perdus! Je n'ai jamais connu
!c:; joies de t'amour: jamais. A
ma rudedextre',
une tendre main de femme ne t'a pressée; car p!tc
était encore loin des terrestres, va!!ccs< cette
vierge Heurie, qui, aujourd'hui pour ta première
fois, m apparaît comme un astre nouveau.
« n<~as! que ne puiti-je rajeunir! Je voudrais
apprendre jouer de !a ïyre, je voudrais chanter
des chants d'amour, en briguant !cs faveurs de
ma
T<'nne poétique et ancien, pour < main droite
t.
belle; aux jours riants du mois de mai, dans la
prairie constellée de fleurs, je voudrais combattre
et me démener joyeusement pour la précieuse
couronne de roses.
« He!as, je suis venu trop tût au monde, i'â~c
d'or ne fait que commencer t'envie et la colère
ont disparu, te printemps va se renouveter a
jamais. Elle. sous son berceau de roses, sera la
maîtresse de cet Htat. Moi. il faut que j'aitte dans
ta nuit et la poussière, ta pierre du sépulcre va
retomber sur moi. »
Quand !e vieux chevalier eut ainsi parte, ses
tcvres pâtes se fermèrent. Ses yeux sont éteints,
it va tomber d<' cbeva! mais les nobles écuyers
accourent, et le déposent sur la verdure. MctasI1
le
aucun baume ne peut le guérir, aucune voix ne
reveittcra.
Alors la jeune fille descend du berceau de fleurs
etincetant, se penche tristement vers te vieillard,
<'t met sur sa tête ta couronne de rosés « Sois
le
roi de ta fête de mai (nul n*a fait ce que tu as fait),
bien qu'a un homme mort. une couronne de
tieurs soit de peu d'avantage.
DAMOtSELLË StEGUm

!)amoisetie Siegtinde voulut


se lever de ~rand
matin pour se rendre avec sa suite au monastère
de femmes. H!!c allait vêtue d'étoffés d'or et de
soie, parée de fleurs et de bijoux:
ce fut pour elle
la cause d'une grande douleur.
Trois titteuts sont plantes (tevant le portaH de
tegHse tàetuit assts le noble Heimc, qui
répétai
à voix ha~e « Que d or, que de pierrenes Que
n'ai-jc une neuf de ta couronne, ma charmante
Ains; pa)!ait!c jeune homme tout bas: et voilà
que le vent se mit a souft!er, et que la plus bette
des rosés se détacha de la ~uh-tandc de fteurs. Le
set~neur Heimc se baissa pour cueillir la
rosé.
dont il voulait se parer.
Dans la suite de Siegtinde était
un vieux cheva-
Her il en ressentit
une doutcur amère, et s'avança
plein de courroux « Faut-it que je t'apprenne les
usages de cour? Peux-tu seulement désirer la
moindre feuitte détachée de ta
couronne prin-
cière? a
O, ntatheur à jamais au
jardin qui produisit de
sembiabtes roses! 0 maudits soient ù jamais tes
ti!tcu!s près desquels s'e!cva sembiab!e querelle
Quel cliquetis dopées, jusqu'au moment où te
jeune homme tomba mort sous des coups furieux.
Sieglinde se baissa, ramassa la rose, la femit
dans ta guirlande, et se dirigea vers t'égiise. Elle
at!ai<, vêtue d'etones d'or et de soie, parée de fleurs
et de bijoux qui pournut lui causer quelque peine ?o
Devant rima;;c de sainte Marie, elle enleva sa
couronne '<ci Prends-la, Vierge pure <'t douée!
Aucune fleur n'y manque. Je veux renoncer au
monde, porter !c voite saint et prier pour les
défunts. »

LE CHEVAUX ? SAINT GERCES

Les trompettes sonores retentissent devant Saint-


Ktienne de <<ormax, ou t'ampt* Fernand <!c Cas-
ttHc, le valeureux comte.
A!manxur, le r«t dos Maures, art'!ve de Cordou~
avec une arm~e considérable, pour prendre ta
vHte d'assaut.
Déjà la troupe des chevuhers castillans est à
cheval, sous tes armes; Fcrnand, le valeureux
comte, chevauche à travers tes rangs à la
recherche d'un absent.
« Pasca! Vivas, Pascat Vivas, l'honneur de ta
chovKh'nc casttHane, tous les chcvaîiers sont prêts
pour t(! cotnhat, toi sfu! tuanqucs sur la ptacc.
« Toi. d'ordinaire if premier a cheval le pre-
mier a la hatai!tc, n'entends-tu pas aujourd'hui
mon appel, n'entends-tu pas h' son des trompettes
guerrières ?;r
« Manquerais-tu a t'armée chrétienne, en ce
jour ou ta lutte sera chaude? Ta couronne de
gtoire va-t-elle se flétrir, et rec!at de ta renom-
mie s'cnaccr ? »
Pasca! Vivas ne peut entendre, il est
au loin
dans lit foret profonde où sur un tertre verdoyant
s'éfevc la chapcHe de saint Georges.
A la porte est son coursier contre te
mur, sa
tance et son armure d'acier, et le chcvatier est
agenouitt~ en pm'res devant h' saint autel.
Absorbé dans son recmnHemcnt, il n'entend pas
!e bruit de ta bataille, qui retentit & travers la
montagne boisée comme te sourd mugissement des
vents.
H n'entend pas !e hennissement de
son cour-
sier, ni le bruit sourd que font ses armes. Mais son
patron veille saint Georges veille fidèlement.
n descend des endosse l'armure du che-
vatier, monte sur son cheval, et vole a !a bataille.
Nul n'a combattu avec autant d'impétuosité que
ce héros cc!este, scmbtab!c à lu foudre it con-
quiert l'étendard d'Atman/or, et t'armée des
Maures s enfuit.
Pascat Vivas a terminé ses prières devant ~autet
il sort de ta chapette de saint Georges, et retrouve
son coursier et son armure d'acier.
!t chevauche, pensif, vers le camp, et ne com-.
prend pas pourquoi tes trompettes et les chants
soienncts satuent son arrivée
« Pasca! Vivas, Pascal Vivas, orgueil de la che-
valerie castillane, gloire a toi, grand vainqueur,
qui pris l'étendard d'Atmanxor d
« Comme tes armes sont couvertes de sang, et
fendues par les chocs et tes coups, comme ton
coursier est couvert de blessures, après avoir couru
si vaillamment à !'enn<'mi »
En vain Pascal Vivas veut arrêter tes chants et
les cris d'a!te~ressc; it courbe humblement la tête,
et en silence fait un geste vers le ciel.

Il

Dans ses jardins, le soir, se promenait la com-


tesse Julia; Fatiman, neveu d'Almanzor, a enlevé
là-bas la belle.
Nuit et jour, avec sa douce proie, it fuit & tra-
vers tes forets, dix fidèles cheva!iers maures le
suivent en armes.
Le troisième jour. ait matin, ils arrivent dans
la foret, ou, sur un tertre verdoyant, s'~tève ht
chapelle de saint Genres.
f)ejà, de loin. la comtesse teve tes yeux vers
t'tma~c du saint, qui brille, colossale, au-dessus
du portail de t'c~Hsc, scu!pt<~dans la ph'rrc.
(h) h' voit enfoucor avec force dans ta ~ucu!e du
dragon la hnmpc de sa !ancc sacr~f< pendant
(m'enchamec au rocher la fille du roi attend dans
!'an~oisse.
et se tordant tes mnins, !a comtesse
Pteurant

Juha s'écrie Saint <*<'or~es, divin combat-


tant, arrache-m«i au pouvoir du dragon M
Qui d<mc s'etance tout a coup au ga!op. du
ttaut de la chapctte, monte sur un blanc cour-
sier ? Les houctes dorées de ses cheveux Hottent
au vent, et les plis de son manteau rouge
ondoient.
tt brandit sa tance avec force, et trappe le ra.vis-
seur Fatiman, qui se tord aussitôt sur le soi.
comme tit jadis le dragon.
Les dix chevaliers maures sont saisis d'une ter-
reur folle; jetant au loin lances et boucliers, ils
s'enfuient par-de!& les monts et les vaHeps.
La comtesse Julia est à genoux comme frappée
d'éhtouissèmpnt « Saint Georges, divin combat-
tant. sois mille fois h<~ni »
Quand çHe <'e!~vc tes yeux, le saint n'<;st plus
et la t<pnd(~ dit. rnais !t voix basse, que citait
Pascat Vivas.

MOMANCE M PEUT POtJCËT

Petit Poucet, petit Poucet en tous Heux ta


~!o<re a été pubHée à son <!e trempe, on voit déjà
les petits enfants dans teut' h~rceau s'ôhahh' ton
histoire.
Quels yeux ne pleun'raicnt, quatul tu cours
à travers la foret terribte. alors que les toups
hudcnt tdTames, et que bruit t'ouragan nocturne!
Quoi cu'ur ne tressaUterait. ({uand tu es étendu
dans la maison du géant, et que tu entends
s'approcher t'ocre, qui a flairé tachai)'
Tu as arrache à la mort tes six frères et toi, en
échangeant avec ruse les sept bonnets contre les
sept couronnes.
Quand te géant était couché près du rocher, fai-
sant retentir la foret de ses ronuements, tu as en-
jt
tcv~ hmdnn<tt d<* ~cs pieds t<*s boHes de sept
H<'ucs.
Tu as ('ont'n cotnmc mt~sa~cr ~frs un rot dans
t{t détresse précieuse fut ta récompense, une
uanc~c de ht maison roynle.
Petit P<nic<'t, ppti< Poucet, ta tt'nnntm~c a re-
tenti avec oc!nt; av~c tfs hottes de sept Ucues elle
a d~jà franchi ptus d'un miH~uairc'.

t~MANŒ ~U ŒtT~HK

Crittquc, te va!ant chevahct\ moutc~ <ter et


hardt. sur son coursier ce n'est pas un étalon
d'Andatousie, c'est un houe f'n bois.
En ~utsc <t'<!p<!c, il tire <!<' son oreiHe sa plume
acérée, tout pr~t a ta tuttc il met, <'n guis~ de
visicre, des hmfttcs sur ses yeux cn~ammcs.
Pub!n', la noble dame, est exposée & mille dan-
gers tantôt, ~cumant avec t'agc, un dragon, sem-
b!ablp à cchn de Stegft'td la menace.
Tantôt un doux faiseur de sonnets t'attire avec

E~tMtee dp tniitf nna.


tt<r<ts (htpnctncttpi! A'Ae/MM~pK.
des harmonies sonnres, tantôt un moine lui fait
un sermon mystique qui lui fait perdre la raison.
Critique, le vaillant chevalier, tue bravement
te dragon, fait voler en ectata toutes les harmo-
nies, et précipite le moine du bord de sa chaire.
Néanmoins, en ~rand homme modeste, it veut
que personne ne puisse dire son nom à peine un
chiffre enigmatiquo designc-t-il le bouclier du
héros.
0 critique, protecteur des faibles, sois-nous
toujours <idë!e et propice Hecois comme récom-
pense ta bénédiction du ciel, et les honoraires de
i'cditeur

AMOURS DE CHANTRES

DANTE

Étatt-cc une porte de ta ville de Florence,


ou une
porte des cieux, d'où sortait, dans ta plus rayon-
nante des matinées de printemps, une foule en
grande pompe?
Cette pièce humoristique, ainsi que deux ou trois autres que
ncua avons déjà rencontrées, prouve qu'au besoin Uhland savait
parfaitement trouver la note cotuique.
t)<*s entants, gracieux comme tes angetinnes
phalanges, et richement pares de couronnes de
fleurs, s'en attaicnt dans la vattee dns roses
prendre part aux joyeuses dansas de fête.
Sous un taurier se tenait Dante, aiors a~e d<'
n<'ufans il disttn~ua d~ sM!tR,dans la ptusa!mah!t'
d<'s HUt'ttos. son an~c protecteur.
Les branches du tauricr ne frem!sa!<'nt-et!es
pas, agitées par la brise printanicre? Lu jeune
âme de Dante ne vihratt-ette pas. fusionnante ait
sout'ue de t'amour?
<hn, c'est cette heure que jaillit la source de
ses chants bienj~une, il chanta l'amour dans des
sonnets et (les canxoni.
Quand il rencontra de nouveau son amie, deve-
nue, en grandissant, une gracieuse jeune fitte. ses
poésies étaient déjà comme un arbre en pleine
floraison.
Par la grande porte de Florence sortaient encore
des bandes nombreuses, mais lentement et triste-
ment, au son de chants lugubres.
Sous ce drap noir orne de la croïx blanche, on
emporte Béatrice, que !a mort a ravie si préma-
turément.
Dante était assis dans sa chambre, seu!, en
silence, au crépuscule; il entendit les cloches
tinter au loin et cacha son visage dans ses
mains.
Le noh!e chantre descendit dans les profondeurs
tes plus sombres des forêts; depuis !orsses chants
résonnèrent comme tes ctoches lointaines des tré-
passes.
Mais dans la solitude sauvage où il errait, gé-
missant et !e c<t'ur plein d'angoisse, vint à lui un
messager envoyé par ta beauté qui avait quitte ta
terre.
Il le conduisit, d une main tidètc, a travers tes
ab!mcs les plus profonds de t'enfcr, où
sa douteur
terrestre devint muette a tu vue des reprouves.
Hientôt il s'cteva par des chemins sombres jus-
qu'à la lumière bienheureuse; sortant de la porte
du paradis, son amie vint a sa rencontre.
Tous deux planèrent de plus en plus haut a tra-
vers tes splendeurs et les dcUccs du ciel eUe, con-
templant sans être éblouie le soleil des soleils;
Lui, les yeux fixés sur le visage de son amie,
qui, transfigurée, lui faisait voir un rcHet de l'Hter-
nelle Lumière.
Dans un poème divin, il a décrit toutes ces
visions, en traits de feu immortels, comme ceux
que la foudre trace sur !es rochers.
Oui, c'est à bon droit qu'on révère, comme le
chantre divin, Dante, chex qui l'amour terrestre
s'est transfigure en amour cetestc.
ti. !)0\ MASStAS

non Massias de Gatice. surnomme t'Amourenx,


était dans !a tour d'Arjoniiïa, ptcurant !e sort de
cette qu'it aime ndf'temeut.
Un comte, riche et puissant, lui fut donné récem-
ment pour n~ri, et le chantre si itdMe est proscrit
au loin, et captif.
Souvent près du ~rHta~ il chante <!ca airs tristes,
auxqucts toutvoya~'ur pr~tc t'orcith'; souvent il
taisso tomber de ia fenêtre des feuillets chéris.
riches de poésie.
Un voyageur ut-i! connaître ces chants? Furent-
ils emportas ~tr ~s vents? La belle, si ardemment
aimée, eut connaissance des plaintes de son chantre
fidèle.
Son époux, espion soupçonneux, avait tout
observé avec attention « Faut-il que je trembte
devant te chantre même quand tt ianguit dans un
cachot. »
Un jour, il s'ctança sur son cheval, armé de
toutes pièces comme pour un assaut, et, ~a!opa vers
te territoire de Grenade et la tourd'Arjonina.
Don Massias l'Amoureux était précisément là-bas.
près du ~riH~e, chantant avec une ardeur brn-
lante son amour, et jouant délicieusement sur sa
guitare.
Le comte se dresse sur ses ~triers, et, plein de
fureur, brandit sa tance; don Massias, perce de part
en part, est mort, comme un cygne, en chantant.
Le comte, sûr de la victoire, retourne en Galice.
UtMsion vaine! te chantre est mort, mais ses chants
vivent.
A travers tons tes territoires de l'Espagne, ils
votent, harmonieux et ailés; pour tes autres, ce
sont tes accents (le Phitomeie; pour sonrivataeut,
c'est la voix des Harpies.
Souvent. an milieu d'un joyeux festin, ceschants
font soudain frappe de terreur; souvent, au milieu
de ta nuit, i! est reveitie ptein d angoisse.
Dans tes jardins, dans les rues, il entend de tous
côtés des guitares comme des voix de fantômes,
resonnent ses oreilles les chants d'amour de Mas-
sia!
PLANTES ~m K

t. t/~TLMAxr

!'n jour, a Satamanque, j'euus assis de ~rand


matin dans un pudiu. et, tandis une chantaient tes
rnssi~nots. je Hsais attentivement <t{<ns Homère
(~n)tn<'nt H~t<'nc. dans une partu-p <'tinc<nnt(~
)t!TivM s)H- t« terrasse du pétais, et
apparut si
nm~uti(;uc ait s~nat troycu
QtK' p!us d'un mut-mm'a di~Unctcmcnt dans
sa
h.u'bc ~risp Il < tn ne vit jamais
un~ t<'ntmc parriHc.
vraiment <tp t'st <!p rxcc (<ivin<
»
Ainsi ahsurhc dans ct'tt<' !<'ctur<\ jf
ne sais ce
'nti m'arrivo un snuft!c passa dans ins feuiH<'s, et
me fit r<ar(h't- autour <h' u«)i tout surpris.
Sur !<' !tau'<m vuisin, quc!!<' n<ervei!t~ j~ vis
a!<tt's! Là, dans un~
parure etincp!ant< se tenait
nue femme sentbtabte a t!e!cne.
A ses <tes,ctaii un vieiHard à harbe ~rise,
nui
s' montrait si sin~unerement aimahte que j'an-
r.us jure ~ir un monbi-e du ~t-and conseil des
Troyens.
Mais, n~i-m~me, j.~ devins
un Acheen. car,
depuis ce jour, j'étais constammentdevant ce pavil-
lon fortine, une nouvelle Troie.
Pour partir sans métaphore, durant plusieurs
semaines d'été, je vins dans ce Heu, chaque soir,
avec un luth et des chants.
Je chantai sur des tons varies mes tourments
et mes désirs amoureux, jusqu'à ce qu'entm, de ta
haute fenêtre grillée. une repense bien douce des-
cendit vers moi.
Ce badinage, mêle de paroles f't d'harmonie,
nous occupa durant six mois, et encore ne fut-il
possible que parce que le tuteut'etait moitié sourd.
Si, fréquemment, ne pouvant dormir, il se levait
en sursaut de sa couche, en proie aux inquiétudes
de tajatousie, nos voix, semblables & une harmo-
nie aérienne. n'arrivaient pas a son oreille.
Mais, une fois (ta nuit était froide, sans ctoites,
sombre comme le tombeau),nutte réponse au signa!
accoutume ne descendit vers moi
Seute, une v ieille due~ic edcntec s'evcitta au son
de ma voix; scute Echo, la vieille fille, repondit en
gémissant a mes plaintes.
Ma belle avait disparu; les chambres, la salle
etaifnt vides, vide le jardin plein de Heurs, et à
t'cntour monts et vattees semblaient déserts.
!tetas jamais je n'avais su quel était son pays
natal et son rang, car ni ses ievres, ni sa main
n'avaient révélé ce double secret.
Atotsje resohts de la chercher de tous eûtes, dans
une course vagabonde; je laissai là Homère, jetais
devenu moi-même Ulysse,
.t'ai pris mon luth pour compagnon, et devant
chaque halcon, sous chaque fenêtre gn!tec, j'inter-
roge aux sons d'une douce musique.
.te chante dans tes vH~s et les campagnes rair
que dans ~8 vaHee~ de Satamanqu~ j'ai chante
chaque soir ma bien-aimee, comme ai~na!.
Mais la réponse ardemment désirée
ne se fait
jamais plus entendre he!as seu!c Echo, la vieille
uHe, me poursuit toujours pour mon tourment.

H. LE CHASSKm

J'étais, un jour, dans les bois, debout derrière


un chêne, aux aguets, me penchant souvent en
avant, l'arquebuse en main;
(~uand j'entendis un té~cr bruissement, et
mon
chien d'arrêt aboya aussitôt je tins mon
arque-
buse prête, et ajustai, le chien de l'arme tendu.
0 surprise! il ne vint ni chevreuil ni lièvre
il vint un gibier d'une p!us bcH<' espèce,
une fillette
sortit des buissons, jeune et fraiche, douce et
tendre.
Une force si étrange me domina tou! a
coup que,
poussé parun frivole sentiment d'amourje manquai
faire feu sur cette belle enfant.
Kt maintenant je ne cesse de suivre les traces de
ce noble gibier, et, chaque soir. je monte la
~arde
devant son gite.
Pour parler sans métaphore, je me tiens cons-
ciencieusement. chaque soir, devant le halcon de
ma charmante, et. en s<i!ence, je !eve tristement
tes
yeux.
Mais cUc eut tout de suite lassée de cette plainte
muette elle demande des chants, de douces mélo-
dies, des aons de nute, des accords de luth.
Hetas! c'est un appàt ingénieux, auquel, moi,
chasseur, je n'entends rien, moi qui ne comprends
que t'appe! du coucou et. le chant
simple de la
caittc.

LE PÈLERIN

En Galiee, sur un rocher qui borde le rivage


s'ëieve un sanctuaire, on t'immacut~c Mère de Dieu
dispense ses bénédictions tut6!aires. Là une etoi!e
potaired'or hrineaux yeux det'égare dans le désert;
assailli par
un port tranquiUe s'ouvre au naufragé
la tempête.
Quand !a-tma h cloche du soir s'agite,
ses sons
retentissent au toin dans la contres; dans les vittes.
dans !cs couvents toutes les c!oches 8'~vpH!<'nt;
!cs
not~dc !a mer' qui tout & Fhe~'c
encore se bnsa;cnt
!tvec furouf. s<' ttusent, et te marinier au gouver-
na!) sa~nouHh' jusqu'à
(-p qu'H ait rdcitc & voix
husse son ~~J~'M.
L<'jour on t'on (-t'!n'<' l'Assomption de !a Vic~c
t~ni(\ quand te Fits qu'cUc conçut
s~ manifesta à
~!tc comme Uicu. cojonr-ta, dans
son sanctuaire,
eHc fait dos tniractps dp tontes sortes; !aof< dordi~
naitc ct!<. ne réside qu\'n image, devine
on sa pré-
sence.
On voit uotter à travers champs des bannières
aux couteurs variées; chaque navire, chaque
ean.dfait h- sa!ut avec ses handerotes tx'inh's: des
t~ict-itts, v~tus d'hahUs <!<' ~t< ~t'nviss)'n< le
<:crdu rocht't'; comme une ccht't! t'~tosh', scn-
couverte
de mond<\ s<' dn'ssc dun~ h.s Mn-s pic cscat'}~.
Mais M la suite des joyeux pch'nns <'n vi~nt~nt
d autres, nu-pieds e! couverts d<'
pnussi<'re. ~tus
de ci!ic<'s, des cendres sur ht tête;
ce sont ceux qui,
retranches de ht communion des pieux chrétiens
ont seu!ement la permission de sa~enouith'r a ht
purte de i~tise.
Et, derrière tous les autres. H (.h vient
un h.de-
tant, le regard dcsote et hagard;
ses cheveux
nottent ineuttes autour de
son visage, sa tondue
barbe tombe en désordre i! porte un cerçtc de
fer rouittô, attaché autour de son corps, et des
chaînes autourdësbrasetdes jambes, qui résonnent
n chacun de ses pas.
Parce que jadis il tua son frère dans un trans-
port de cotere, il a fait forcer avec son epec cet
anneau (lui i'ctrcint. Luin de son foyer, loin de la
cour, i! chemine et ne veut pas se reposer, avant
qu'un miracle de !a grâce cetcste n'ait rompu le
poi<ts de ses chaines.
S'il portait des sandales de fer, au tieu de mar-
cher sans chaussure, depuis ton~tcmps il les aurait
usées, et nu!te part encore il n'a ~out<! !e repos.
Jamais il ne trouve !e saint qui puisse faire
sur lui un mn'acte: il vit ver~ toutes les images
miracnicuses. aucune ne lui fait un signe de
paix.
Quand cet homme a gravi te rocher et s'incline
devant ta porte du sanctuaire, déjà tintent les
cîoches du soir, que ta foute en prières écoute en
sitencc. Son pied ne totiche pas te sol du lieu où
!'on voit l'image de la Vierge etinceter aux rayons
du soleil, qui descend dans la mer.
Que! ectat s'est répandu sur tes nuages, ta mer
et la campagne Le cie! dore est-it reste ouvert,
quand ta Vierge sainte s'est etevec dans les airs ?
La trace tumineuse de ses pas britie.t-eite encore
sur les nuages couleur de rosé? L'Immaculée elle-
même abaisse-t-eUe ses regards du sein de l'azur
ëtincelant?
Tous !es pcterins s'en vont consolés; lui seut n~
se ment pas, il est toujours étendu !4ut' to scui!,
le visage Même le fardeau pesant des chaînes
enlace encore solidementson corps et ses membres,
mais son Ame est maintenant délivrée, cHe plane
dans l'océan de lumière.

LANNHAU

Un chevalier passait un matin par ta prairie;


il songeait. inquiet et. soucieux, a tu plus bt'Hcdcs
femmes:
Mou cher anneau <t'ot\ dis-moi franchcmfnt
la v~rit(~ <~g<' donne par ma charmante, que
devient sa nnctite? Il
Au moment ou il a t tait !c regarder, t'anneau
sauta de son doi~t, bondit, et roula te long de la
lisière du pré.
it veut le saisir rapidement dans la prairie,
ntais i! est ébloui par des Meurs dorées et des
herbes tout humides dp rosée.
Un faucon, perché sur le tilleul, aperçut tout
de suite t'anneau il s'envola du sommet de
l'arbre, et alla te chercher sur l'herbe. D'un vigou-
reux battement d'aites il prit son essor dans t'air;
alors ses pareils voulurent lui enlever sa capture
d'or.
Mais aucun d'eux ne t'eut en partage l'anneau
tomba du haut dca~irs; le chevalier te vit tomber
dans un tac profond.
Les poissons sautitterent vivement pour attra-
per ce petit objet en or; l'anneau s'enfonça jus-
qu au moment oft it disparut aux regards.
'<
0 mon anneau, dans tes prairies, herbes et
Heurs se jouen! de toi; o mon anneau, dans les
airs tes oiseaux t'emportent de tous (Otes.
0 mon anneau, au fond des eaux les poissons
t'attrapent sans peine; mon anneau, sont-ce là
les indices, les indices <pte tu me donnes de la
ndctitedcmabicn-aimcc?"»
L AHRÉP!\R COMTE~VEHAKt)

Le comte Kverard à ht tondue barbe, prince du


pays de Wurtentber~, arriva en pieux pèlerin sur
tes rivages de tu Palestine.
tu
jour, chevauchant dans ces crtntr<~es a tra-
Vers uno fraîche for~t. il coupa sur une aubcpmc
un vert rcjt'ton.
le întt avec inh'utton sur son hcMumc, et te
porta (tans t~H batanh's et sur !cs tlots de la mor.
D<' retour dans sa d''tncurc, il t'enfonça dans
!csot, ou le doux printemps fit hicut~t pousser ptus
d'un germe nouveau.
Le comte, loyal et hienvetHant, allait visiter sa
plantt' chaque annpc. et son cu'ur se réjouissait en
ta voyant s'cpanouir.
Le maître devint vieux et fatigue !e faihtc reje-
ton était alors un arbre, sous lequel bien des fois
te viciHard venait s'asseoir, absorbé dans un rôve.
Le dôme de feuiHa~eJar~e et ctcve, lui rappelle,
avec son doux frémissement, les temps d'autrefois
et tes pays lointains
Hvcrani. pt't'nm'rpnm'G de (trtt'mhcrg «u ï\" stecte.ata~sé
<m<' tt'ntootupc pupuhurecn AHcnm~tx'.
La po~utartt<: du coottc E\t:rard~ fourni au pu<'tc Kcrncr, con-
LÈ~M; !)M!.A CATH~~RALE r

Sur t'antiquc tout* de ht cathedrate, on voit


beaucoup de noms graves en gros et en petits
caractères la pierre tes endure patiemment.
Un jour, un Hts des Muses gravit Fescatier aérien
un spirate. regarda dans tous tes coins, et se mit «
ciseter.
Sous ses coups jaiHissent tes claires etincettes.

t<'n))«'r'nn et ami htnmt (v«!r ln piccp A Acmc~ <<* sujpt


'!<'
d'tm'' ~)Uc h~)a<h' 7.c ~M "f'/<c pt'tMM.t.
KxoHitnt dans nxunt'' hcnux ttis<'<mr8 )~ v«tp)tr <'< !c n<')«hn'
ttc (porx Etats. phtsicxM (tri~'t's ttHptnimda éttnent asois un jour
it Worms dans ht «attc dn pntais hnp~na).
« M<*M Et)(ts. disait le priMt'c de Saxe, sont poifstmts et maf:ni-
nq)x'!<;h')<rs tnfmta~ncs rce~tent de )'nr~<'nt danaptus d'une
ottttf pn'fcndc. »
«
V<tycx<t)K'H''at'nndat)f<?n<'nnt dans mes Etats, diattit te prince
<<*< tt'ttrdo Rhitt: d''s ntf'iss'ms dot't'fs d~ns )c!< vaU<'M. snr tes
<-nt''aux du vin gt'tf'n'u~ s?
c !'<u' tct~s grandes vitics et t<'ursn<'hcs fnovcnta, disait Louis,
(tt«' df Havit'rc. ttx's Etftts. ro'tcs, ne te ccdt'nt pas anx vôtres
t'n fxit d<' trcs<trs. e
Ktx'rhttrd a la !<n)RUc hnrbc. seigneur fh~ri du Wurtemberg,
dit atnrs < Il n'y a dans tncs Etats ni viHps, ni montagnes
rich<'s en ar~<;nt.
<: Mais i!s r't't''n< nu joyan
dans leurs forets, ponr vash's
qo'cttcs snicnt. je puis hardiment poser ntit tête sur le sein de
chacun dp nx's sujets. ? »
Ators le princf de Saxe. celui de Bavière, et c<ni dn Rhin
s'ricrcnt <t Cornte à la tondue barbe, c'est vous qui êtes le
ptus ncht'. vos Htats produisent des pierres précieuses '0
Il s t~it de la cctebre t'athedMtp de StrastM'urpr.
et la tour est ebmn!c<; depuis ses fondements jus~
qu'au chapiteau
Les cendres de ma!tre Hrwin tressaiHent dans
sa
tombe; ta ca~e du c!och<'r résonne, et plus d'un
morceau de pierre se remue
Une sourde agitation règne dans grand
ce monu-
ment. comme si. par un pmdtge, il allait faire
sortir de ses flancs ce qui restait inachevé.
Le nom était écrit, peu de
personnes !e con-
naissaient pourtant il est reste, et depuis long-
temps on !e prononce avec eio~e.
Qui pourrait encore s'ctonner que !a tour
se
soit cbrantec devant cetui aux oreilles duque! te
monde du beau résonne maintenant depuis
un
dcmi-sièc!e~?

LE CHEVMtm

Un chasseur, de grand matin, poursuivait


un
chcvrcui! a travers hois et prairies, quand il vit

Efwin de SteinbMh. fondateur de ht <'ath(';(tra)c.


Sur ta ~atc-funop dM )& eathëdnttc df Strastxmrg. on tit,
mit!en de bcattcnttp de notns. ec!ui de (.a'Ux'. ~u'tt au
y ~rava au
coura de ses MUtëea d'ctudes .t Acadëtnic.
une fillette an teint de rose qui regardait par ta
haie d'un jardin.
Qu'est-i! arrive au cheval !ëgcr? S'est-it blessé
au pied ? Qu'est-il arriva au vaillant chasseur,
pourquoi n'appclh~t-i!, et ne court-il plus la
b~e?
Ïjepetit cht'vrcui!, tout inquiet, bondit toujours
encore par monts et vatlees. Arrête-toi donc,
<~ran~c petit animal 1 Le chasseur t'a oublié
depuis longtemps.

LE CËBP BLANC

Trois chasseurs s'en allaient giboycr; ils voû-


laient atteindre le cerf blanc.
Ils s'étendirent sous un sapin, et alors ils eurent
tous trois un rêve étrange.

PHEMtER CHASSEUR

« J'ai rôve que je frappais sur le buisson, alors


le cerf en sortit bruyamment. Crac crac ~·

DEUXIÈME CHASSEUR

« Et, quand il bondit, au milieu des aboiements


des ch!cns, je d6ch<tr~c!U tïton annn sur son dos.
PHnp:df
TH<KS~:ME ~HA~EtR

« Ha, quand je v!s tp cerf étendu tf'rrc, jp son-


nni joyeusement du <'or. Trara 't
H~ Etaient Mnwï ~<<'ndM<4 f< partent tous trois.
quand !<' c<'rf h!:<nc passa <'n hondtssant d<'v!nu
<'ux:
HL avant qn<* tes <t'o!s chasseurs t'eussent tm'n
vu, il s'étaH enfnt p!u' monts et par \anx.
(~'accrac! p!<ypafr' tram!
«

t'

n\R\
Rn t<~ < ses sn!<hds c!t<tnch<nt thn'nhi, !p
v!uH:inth~rns:saHin<'nt!t htctar~<h'!ahtnp:<-t
travers nn<* f~r~tsanva~
Us portent tnn!n) ~h'ttttard c~n~uis <tnns tes
tmtmUcs, qm ttott~ hant. a~it~ par !p von<: ils
chantcn! maint chan! <<<' v!<'toiro. quit'ch'nUt «
travers tfs monts.
Qu4murmur<' <~ pr~t~ t'orf'<ians !csb<n~nns?
Qui se balance sur les arbres? Qui descend des
nues. qui émerge de t'ecume du torrent?

si
Qui jette des Heurs de tous cotes? Qui charte
si délicieusement ? Qui danse & travers les rangs
des guerriers, et s'ctance sur les coursiers?
Qui mottcment et baise si tendre-
ment ?Qui tient tes corps si doucement entaces,
prend tes epecs, entcve tes cavatiers de leurs che-
vaux, et ne leur laisse ni repos, ni répit?
Des etfes c'est ta troupe légère contre cttes
toute résistance est inutile; déjà les guerriers ont
tous disparu, ils sont tous au pays des fces.
Lui seut, te ptus fort. est reste en arrière, ttaratd.
te vaittant tteros du sommet de ta tête à ta ptantc
(les pieds it est harde d un acier impenctrabte.
Tous ses soldats ont etc eutcvus, epces et bou-
ctiers joncttcnt te sot les coursiers, prives de tours
maîtres, s'enfoncent dans ta foret sauvage.
En proie a une tristesse profonde, Haratd, te
tier héros, s'éteigne de ce lieu il chevauche scut
li ta ctarte de ta lune, a travers ta vaste foret.
Un murmure frais et clair part d'un rocher,
vite i! s'etance à bas de son coursier, enteve son
heaume de dessus sa tête, et hoit a ta source lim-
pide.
Mais, a peine a-t-it etanc!)e sa soif, que ses hras
et ses jambes se dérobent it est obligé de s'as-
seoir sur te baisse ta tête et s'endort.
H dort sur la même pierre depuis plusieurs ccn-
tam~s d'années, la ~t<; pencha sur la poitrine,
avec sa ttat'bc <~ sa cheveturc crises.
Quand les ~ctairs t'nUonnt;nt r<u)f, et. que t~ tnn-
t~rr~ gronde, quand t:t t~mp~~ mngit dans la
forêt, it porte en rêvant la main à son épce,
H&rald~ le vieux héros.

LKS ELFKS't

!'nEM!t:tΠKLFE
Accnurex, mes s<eurs aériennes Voyex cette
~mcieusc enfant de la terre. Hâtcx-vnus, avant
qu'et!<' ne fuip !Jne pct!tc f~e, comme c!!c va v!tc!

KH'TES
Jeune <m~, \tcns a ta danse des elfes! viens à la
ctarte de !atunc et des etn!!es
t)Ht XH:MH Kt.FE
En ver!t(~ tu es une m!}:nonne légère, tune pesés
pas p!us de cinquante nvres, et tu as un tnut pcttt
pied bien agite viens danser dans notre ronde!

Cumparer te« de Lecuntf de Liatc.


TRO!8t<;ME ELFE

Tu peux ptaner tibrement dans les airs, Jusqu'au


moment on on aura compté <ro!s de temps en
temps tu frappf~'os tout doucement du pied, pour
qu'on ne 8'ccarte pas dt' Ja mesure.
TOUTES
Ne te Mt'he }Mta< ~M~ttf ~mic si agile! Danse gaie-
ment au clair <!e !nnc
QUATtUEME ELFE

Chère mignonne, veux-tu rire? Aimes-tu aptcu-


rer au clair de lune ? Pïcurc donc ainsi tu fon-
dras, et tu seras bientôt une elfe tégëre.
Ct~QK~MR ELFE
Dis-moi, ton xeîc est-il digne (Tctogcs? Aucun
travail ne t'cst-it étranger ? Ton lit nuptial est-il
déjà tissé Fites-tu Jéjà ton suaire
StXtHMR ELFE

Connais-tu aussi la grande recette du beurre et


de la graisse? Sens-tu~ avec le bout de tes doigts,
quelle dose de poivre il faut mettre, quelle dose
de sel
TOUTES

Mignonne, laisse-nous t'interroger encore Tu


n'as aucune réponse à nous faire.
SHPT~:MH ELFH
~as-tu rien sur cnnsph'ncc, cotnm<' ptus
lit
<! une pauvre enfant, <<<' doux batscrs tut'tifs. et'
qui est Mn grand p~chë ?
nnn~MKKLn.
Ou bien ea-tu déjà nancee ?As-tn un tiance bien
ndctCt qui ait ta pernnssi~n de te meHer A ta
p~-
men<n!e, t aptt's-mitii, de un<' h<'ur<' !< deux?
\Kt \tf:Mt: KLFR
As-tu an dni~t un anneau (!'<)t massif, orn~ <! une
piern' ?(l'est un indice d'amour et d<; ud~t~ sin-
cères, quand H sorre furtctnent doigt.
~tXt~tK t:t K
·

Mignonne, es-tu toujours irritée? As-tu donc


un
tempérament si fougueux ? faut te déshabituer
de la cotère, ce n'est pas b~n pour !'hytncn.
T<HTK!
Mignonne, viens gaiement a la danse des ctfes!
Aitons. viens a la ciarM de la tune et des étoiles

pic<-t' )mt-Ht!<nt< <i ntt<' attxrp si t<-M')e. ëv.xtuc


<:<-tt<-
les p~nr
nmsicn-M!< le s«)tVt-nir des d.')i<-tenx schetxt de Mendeiss~hn.
M!STMKt:M<:SSEPT COMPAGNES ~~t~ttS

Je connus sept joyeux compagnons. qui sont


tes ~ens tes ptus attires de t'endroi~ ils ont juré
sotennenement de ne ptns jamais prononcer un
t'et tain terme d'aucune facon~ ni à voix haute ni il
voix basse.
C'est t\'xcctt<'nt tcrmp « eau qui pourtant
<! ordinaire ne rccè)~ pas malice. D'cH vient donc
<~tc<'c tuot si simple ettraye si fortement ces fou-
gueux bons vivants ? Attention je vais vous conter
cette étonnante histoire.
Un jour, ces sept tdtercs entendirent parler d'un
compagnon buveur étranger; on !eur disait que
sur lit montagne boisée, de Fautrc côte, une nou-
veUe auberge était ouverte, où se buvaient les
vins les plus purs et les plus savoureux.
Pour entendre un bon sermon, aucun d'eux n'eut
bou~c; mais, du moment qu'il s'agit de bien rem-
ptir tes verres, voità les lurons tout de suite sti-
mutes. « Allons, en route crie chacun à son
voisin.
Ils s'en vont alertes, au matin, Bientôt le soleil
monte avec une chateur accablante !eur tangue
est desséchée, leurs lèvres sont brûtantcs, et la
sueur coule de leurs fronts voici que d'un rocher
ruisselle une source des plus limpides.
Comme ils boivent a lon~s traits Pourtant, à
peine ont-ils etanche !eur soif, qu'ils manifestent
leur mécontentement de ne point voir couler du
vin. mais seulement de l'eau « Quel fade breu-
vage! Quelle piteuse façon de se désaltérer! »
A présent c'est lit forêt qui reçoit les pétrins
dans sesatlees inextricahtcs tout a~ coup ils sont
dans t'cmbarras. un taillis emhroussaiHc arrête
leur marche. Ils errent et cherchent un chemin,
pestant et tempêtant.
Pendant ce temps, des nuages sombres d'orale
ont entièrement voilé le so!('H étouffant; déjà on
entend !a phtie à travers tes fcuIUcs, les éclairs
siHonncnt !'air, et le tonnerre mu~it; puis. des
nots d'eau tombent en de!uge.
Bientôt la foret est transformée en une multi-
tude d'ues, d'innombrables torrents jaiHissent
cris de rage et gémissements ne sont d'aucun
secours lit nohte troupe est obti~ec de passer par
là. Quel fameux baptême! quelles excellentes gout-
tières
Jadis des humains furent souvent changes en
source et en neuve nos sept pauvres pécheurs,
eux aussi, sont menacés d'un pareil arrêt des
dieux. Us dégouttent et se gonflent, comme s'ils
étaient des fontaines.
Flottant, plutôt que marchant, ils arrivent à la
sortie du bois mais nul cabaret ne brille a leurs
yeux, ils sont juste sur le chemin de leur demeure;
déjà ils voient la source ruisseler, limpide, du
rocher.
Et il semble alors qu'elle leur dit dans son mur-
mure « Honjour, troupe de jolis compagnons
Vous avez injurie, dans votre sotte impudence,
mon eau, qui vous avait rafraîchis. Maintenant
vous voilà abreuvés de façon à en garder le sou-
venir. »
De là vint que les sept compagnons craignirent
teau dorénavant, et jurèrent de ne plus jamais
prononcer ce terme maudit, d'aucune façon, ni a
voix haute, ni à voix basse.

KECHBEMERLE t)AMC!SEL

Rech berger était un damoisci audacieux, la tcr-


tcur des marchands et des voyageurs. Dans une
<~Hse abandonnée il voulut une fois passer la
nuit.
Ce tt'rmc s'appU<}«ait aux jeunes gcntitfthntnntes qui aspt-
raient à devenir chevaliers.
Et après que minuit eut sonne, il se tnit en
campagne; il avait entendu dire qu'une troupe de
marchands passerait de ~rand matin dansée Heu.
Après avoir chevaucha un peu de temps, il dit
Hcnyer, retourne sur tes pas j'ai onb!ie mes
gants sur te cercuei! on je me suis assis. M
L'ecuyer revint tout pâte: « ~uc te diah!c aiH<~
voMsoh~rt'hpr v<M ~mts ~ncspt'itcst as~s sur îc
rcrcueit mes cheveux se dressent encore sur ma
tctc. 1)
« !t a mis tes ~ttnts et les contcmp!c
avec des
yeux Hamboyants, en tes agitant dans tnus !<'s
sens, je trembh; encore ~te tons mes membres.
Le dam<tiset retourna sut ses
pas il la hâte: H
se battit vainamment avec t esprit. le vainquit~ et
reconquit ses ~auts.
Alors !*esprit dit avec un air de «mvoittse
farouche: « Si tu ne me les laisses en bien
propre.
prête-moi, pour une année, cette jotic paire si
soup!e! »
t'our une année, je te tes prête
vohmtiers,
(le cette manière je pourrai mettre
il t'epreuve la
bonne foi du diabte certes, its ne s'en iront
pas
en morceaux entre tes griffes dcssccbccs. Il
itt'cbberger sY'!oi~na tioementt au ~a!op il
errait avec son vartet dans le bois. Le coq chanta
au loin, et~ ils entendirent te bruit des sabots de
chevaux.
Le cu'ur du damoise! battit fortement sur le
chemin vint à passer une troupe de chevaliers mas-
ques. vêtus de noir: le damoiset se rangea de
côte.
Hn arrière de tous il en vint un au trot, condui-
sant un chevat noir sans cavalier, seue et harna-
t'he. et orne d'une housse noire
Hechber~cr s'approcha et demanda « Dis-moi
oueHe est cette troupe de seigneurs ? Dis-moi,
mon cher ecuyer. à qui appartient ce cheval noir
sans cavalier ? »
Au plus ndete serviteur de mon maure: on
!e nomme en tous tieux Hechber~er. thtns un an
il sera tue, a!ors !e cheva! noir le portera. Il
Le cavatier noir rejoignit ses compagnons. !~e
damoisei dit a son Y{<r!et Il Mathenr :t moi je
vais descendre decheva!.je tnc sens decHner. »
« Si mon coursier n'est pas trop fougueux pour
toi. et si mon epeeet mon houcher ne te pèsent pas
trop, prend-!es pour ton avantage. <'t fais-en usa~e
pour le service de !)ieu
Hech herser aUa dans un couvent « Seigneur
ahhe. j'ai tes cheveux trop houcies pour ~tre moine:
mais je voudrais, profondement repentant, servir
te couvent comme frère tai. »
« Tu as et6 uu cavaHer, je le vois a tes éperons
tu prendras soin des chevaux nue nous avons
dans t'ecurie du couvent. »
Le dernierjour de cette même ann~e, t'ahh<!
achet<mn cheval noir fougueux Rechher~cr devait
lui mettre ie frein, mais H se tînt M se dresser et
& se cabrer.
Il frappa en p!c!nc poitrine te jeune homme,
qui <omhM mourant dans dam et es sounrances.
t'n~, dispftt'ttt dans ta foret on n~ tu t'etronva
jatMais.
A tninnit. nn ecuyer vêtu de noir descendit au
tofnn<')tu du damoise!, tenant un coursier noir
par ta hride des gants de chcva! étaient pendus à
ta seU<\
Hechher~er sortit de son tombeau, prit !es ~ants
an pommeau, et sauta au mitieu de lu scHc
t<t piore tomhate lui servit d'etrier.
Cett~ baHade est taite pour servit' d'CHsei~ne-
ment aux jeunes ~ens; ils doivent faire attention
à !eurs ~ants, et bien se garder (le faire !e guet,
lit nuit. sur !cs chemins.
LE (mTË !? GKEtHMS

Le jeune comte de Greicrs est debout devant sa


demeure, par une heue mâtiné' ses regards
s'étendent au loin ver~ t~ monts, il voit tes
pointes (tes rochers iitumines par tes rayons dorés
(lu soleil, et, nu nntteu, la verte vaHeotUpestre. (tfi
!e jour commence & poindre.
« A!pcs, vertes Atpes, comme je me sens attiré
vers vous Heureux ceux qui fréquentent vos
cimes, pAtrct; de ta montagne et bcr~èreM. Souvent
Jadts j'ai regarde de t'autrc côM des monts, cette
vue m'était indinerente; mais, aujourd'hui, un
ardent dcsir pénètre au ;dus profond de mon
co'ur. ~>

Le son des chalumeaux retentit de p!us en ptus


près it son oreiHe; pastoureHes <'t pasteurs se
dirigent vers le manoir; sur te gazon du château
commence la ronde; les manches !danche<; rc-
tuisent, ruhans et guirlandes aux couleurs variées
voltigent dans t'air.
La plus jeune des bergères, svette comme ta
tige d'un mai, saisit !a main du comte it faut
qu'it entre dans te cercte la ronde Feutace dans
son tourbitton « Ça, jeune comte de Gi'cier", te
voilà prisonnier. »
POÈMES CHOtMRS

Ils t entratncnt loin de ce Heu. au milieu des


bonds et des chants itg dansent à travers les
viHa~es, ou de nouveHes chaines se joignent aux
premières: its dansent sur tes près. its dansent
travers ta for6t, jusqu'au moment où tes sons
argentins se perdent au loin sur les Alpes.
Le second jour se tevc. t'auhc du trotstème
appnra!t. Ou est le comte de Gre!<'rs ? A-t'!t d!s-
paru ? Le soieH accablant decHne de nouveau
vers !e couchant on entend te tonnerre dans !a
montagne, et forage eommence.
La nue s'est déchirée, !e ruisseau prossi s'est
change en torrent. et< quand t'ectair tUumine lit
nuit d'une tueur rapide, on voit dans !e tourhiiïon
un honnne qui tutte. entraîne «ur tes eaux, jus-
qu'au moment on i! saisit une branche, et s'etance
sur !e rivage.
<'
Me voici, arrach<' du sein de vos montagnes;
au mitieu des danses et des jeux. !a tempête
deehainee m'a entrame: tous vous vous êtes mis
eu dans les cabanes et tes fentes des rochers.
moi seut ai été emporte par ta force de forage.
« Adieu, Atpes vertes et votre troupe joyeuse
Adieu, tes trois jours fortunes, où j'ai et6 herser
Ait Je ne suis pas n<? pour un te! paradis, d'où
ta co!erc ceteste m'a chassa avec !a namme des
eetairs.
« Et toi, fraîche rosé des Atpes, ne touche p!us
jamais ma main Je le sens, l'onde glacée n'éteint
pas cette ardeur dévorante. Ronde enchanteresse,
ne m'attire plus jamais au dehors reçois-moi
dans tes murs, demeure solitaire des comtes, mes
ancêtres ·>

LE COMTE EBERSTEtN

Dans ta grande salle du palais, à Spire, relève


un bruit d'instruments à la lueur des flambeaux
et des cierges on danse et on tourbillonne. Le
comte Eberstein conduit la ronde avec la gracieuse
fille de Fempereur.
Et, tandis qu'il la fait voltiger dans la ronde
aérienne, elle murmure tout bas à son oreiUe (car
elle ne peut taire ce secret) « Comte Eberstein,
sois sur tes gardes cette nuit, ton château sera en
danger.
« Ah songe le comte, monseigneur l'empereur,
voilà pourquoi vous m'avez invité a la danse »
!t va chercher son coursier, laisse ià sa suite, et
galope vers son château en danger.
Autour du château fort d'Eberstcin fourmillent
des combattants, qui se glissent dans le brouil-
B
!at'd avec des piochas et de<; echcHcs. Le comte
Ebet's~tn t<'s aborde adrohement, (~ les p~ctp:t<'
du rempart dans !cs fosses.
Le matin v<'nu. mcssirc !'pmpcrcut'
pense que te
chAteau est d<!ja pris. Mais
sm te rempart dansent
bruyamment !e comte et tous
ses hommes
d'armes
« Sire empereur, si une autre fois vous atta-
quez des châteaux par surprise il vous faudra être
plus expert en matH're de danse. Votre f!Hf danse
bien joliment, tes portes lie
mon château seront
ouvertes pour t'ite.Il
Dans le château du <'om<c s'cteve
utt hruit d ins-
truments à la lueur des flambeaux <'t des dermes
on danse et on tourbittonnc. Le contte Hborstein
conduit la ronde avec la uractettsc fille de l'em-
pereur.
Ht. tandis qu'it la fait danser
< omnh' Hanche, il
murmure tout bas à son or<~)<; (ça) H n<' p<'ut tahc
<-e secret) « Me!t<'jeune HUc. sois sur t<'s gardes
cette nuit. il y aura un castel en danger.
L'MË

Un jeune chevalier atta chex un forgeron auquet


it avait commande une bonne épee mais, quand il
ht soupesa dans sa main hht'c, il la tfouva beau-
c<mp trop tourde.
Le vietix forgeron dit en caressant sa harbc
« L'cp6c n'est ni trop !onrdc ni trop tëgèrc, c'est
votre bras qui est trop faible, je crois; mais
demain on y remédiera. M
« Non, aujourd'hui, par toute la chevaterie,
et avec ma force, non celle du feu. Le jeune
homme dit, la force pénètre ses membres, il bran-
dit t'épéc haut dans les airs.

L'M: DE SH~mtËt)

Le jeune Siegfried, un gardon lier, descendit un


jour du manoir de son père.
Il ne voûtait pas se reposer dans ta demeure
paternelle, il voulait voyager au loin dans tous tes
pays.
U rencontra p!us d'un chevauer de mente por-
tant un sotidc boucher et une !arge epee.
Siegfried ne portait qu'une baguette, ectn hu
causait assez d'amertume et de p('inc.
t! cnh'n dans !& fonM somhr<\ ot arnva btcntôt
a
une for~c.
!A H vit une quantité de fer et d adct';
un f)~
pt'nj~taitdcjoycu~s uamm<'s.
« 0 maitre, mon ch~r maHrc, permcts-ntoi de
me joindre à tes ouvriers.
« Et apprends-moi, en y mettant tous tes soins
et toute ton attention, commenl on fabrique tes
bonnes cpeps H
Sic~ft'ied brandit !e marteau avec force, et frappa
sur le fond de !'enc!utne. Il frappa si vigoureuse-
ment que la foret en retentit au toin, et que tout
le fer vota en ectats.
Et du dernier morceau de fer il lit
une cpec
aussi large que tondue.
« Et. maintenant, j'ai forgé une bonne dpee,
maintenant, j'ai autant de mérite que d'autres
chcvatiers.
Et maintenant, comme d'autres héros, je frap-
perai les géants et les dragons dans !es forêts et.
dans la campagne. »
ROLANDPORTEIMMJCtJER

Le roi Chartes était assis un jour a table, avec


les princes, a Aix-ia-ChapeHe des ptata de gibier
et de poisson étaient dressas, et nul ne restait
attiré; on voyait briller dans la salle une riche
vaisselle d'or etincetant, et nombre de pierres pre-
cieuses, routes et vertes.
Mcssire Chartes, le vniHant héros, prit la parole
« Qu'importe tout ce vain ect«t?te ptus beau joyau
de ce monde nous manque toujours encore; ce
joyau. brillant comme la lumière du soleil, un
géant te porte sur son bouclier, comme son bien
propre, au fond de la foret des Ardennca. M
Le comte Hichard, ~archevêque Turpin, le sei-
gneur Aymon. Nayme de Bavière, MHon d'An~tant
et le comte (tarin ne vouturent pas rester au fes-
tin Us demandèrent leur armure d'acier, et firent
seHer tours chevaux, pour aller à la poursuite du
géant.
Le jeune Rotand, fils de Mi!on, dîtators :.« Cher
père, écoutex-moi, je vous en supplie. Si vous me
croyez trop jeune et trop faible pour lutter avec
des géants, je ne suis p!us assez petit, pour ne pas
porter derrière vous votre lance ainsi <;uK votre
bon houctier. M
Les six compagnons ne tardèrent pas à chevau-
cher tous ensemble vers les Ardennfs; mais, arri-
ves dans la foret, its se séparèrent. Hotand chevau-
cha!t derrière son père; quel bonheur
pour lui
de porter la lance du héros, et te h<tuc!icr du
héros
A la tumiere du soteit et a la ctarte de la lune,
les hardis chevaliers battirent la foret, mais ils
ne
trouvèrent te ~eant ni dans les rochers, ni dans tes
hroussaittcs. Le quatrième jour, à midi. le duc
Miton dormait étendu à !'<nnhre d'un chêne.
Hotand ne tarda pas à voir au loin
une lumière
flamboyante, dont tes rayons mettaient~ fuite,
dans la foret, cerfs et chevreuils: il vit
que cet
éclat provenait d'un bouclier, porte
par un géant
farouche et de haute taitte. qui descendait de la
montagne.
Kutand songeait intérieurement Quet objet
«
de terreur! Dots.je reveitter
mon père ch~ri au
milieu du ptus doux summeit? Son bon chcva!
veittc; sa tance, son bouctieret son ~peeveitteut:
le jeune Htdand veitte. ))
Hotand attat'ha à sfm côte t'epee. arme puissante
du seigneur Miton; il prit dans
sa main lit tance
et ramassa le bouclier; puis, il monta sur le
cour-
sier du seigneur Miton, et chevaucha d'abord tente-
ment & travers les arbres. pour ne pas éveiUer son
pcre.
Quand il arriva à ta paroi du rocher. te géant
dit en riant « Que vent donc faire ce petit frelu-
quet sur un pareit chevat? Son epee est deux fois
aussi !on~uc que lui, sa lance l'entraxe presque
de dessus son courber, et son boucHcr menace de
tomber sur sa tête. 1)
Le jeune Roland s'écria « Allons, prépare-toi
au combat. Tu te repentiras de tes railleries. Si
j'ai une rondache 1 longue et large, elle pourra
tuieux me couvrir. Il y a un petit homme et un
~rand chcva!, un bras court et une <~pee longue
il faut que l'un vienne en aide a Fautre. 1)
Le ~eant leva sa pique et frappa un coup dans
te vide te jeune Hotand eut le temps encore de
pousser son chcva! sur le côt~. tt brandit sa lance
sur le géant, mais du bouctier enchante ette vint
retomber sur Hotand.
Le j~une Hotand prit a toute hâte son epee a
deux mains te ~eant voutut saisir lit sienne, mais
il fut trop tent; d'un coup rapide Roiand tui frappa
la main gauche sous son bouclier, si bien que la
main et h' bouctier lui furent enlevés.
Lf courage faillit au g~ant, une fois son bouclier
arracha il regretta amèrement la perte du joyau

'S~rh't!<'bout'!}er ron't.
qui lui donnait de la vigueur. Sans doute, il
cou-
rut aussitôt âpres son bouciier, mais ttotand lui
enfonça la lance dans le ~'nou.et le fit router
sur
te sol.
Rotand le saisit par les cheveux, et lui trancha
ta tète un large Hcuve de sang couta~ dans le fond
de ta vattee; puis. <!u bouctierdu ~eant mort,
Hotand détacha tejftyau etincctant, dont t'ectat te
charma.
ensuite it le <*acha soigneusement sous ses habits.
et se dirigea vers une source; ta, it tava ses armes
et ses vêtements, couverts de poussière et de sang.
pour tes rendre nets. Le jeune Roland rebroussa
chemin il chevai. jusqu'à t'endroit où il trouva
son
père qui dormait encore au pied du chêne.
Il s'étendit à cote de son pere~accabtetui-meme
de sommeil, jusqu'au moment où, ta fraîcheur du
soir étant venue, te seigneur Mi!nn se te\a en sur-
saut « ~veittc-toi. eveitte-toi. Hotand mon fils!
Prends vite en main tance et bouclier, pour aller
& ta recherche du géant
))
Ils montèrent a t'hevat et parcoururent
en toute
hâte ta foret sauvage Roland chevauchait der-
rière son père avec sa tance et son bouclier, Ils
arrivèrent bientôt a t'endroit. théâtre de ta lutte
récente de Hotand le ~eant était étendu, baigne
dans son sang.
Holand pouvait a peine en croire
ses yeux. ne
voyant plus la main gauche, ni la tête qu'il avait
trancha, non plus que t'ep~c et la lance du ~eant,
non ptus que son bouclier et son harnois; il ne
restait que le tronc et les membres ensanglantes.
Miton examina ce tronc gigantesque « Qu'est-
ce- que ce cadavre? (m voit encore, aux
dcbns mis
~n morceaux, combien te chancelait
puissant;
c'est le géant. Ai-je besoin <intc)'t'oger<<MV:Utta~?
J'ai perdu, par mon sommeil, ta victoire et !'hon-
ncur; ce sera pour moi une peine sans fin. »
A Aix-Ia-Chapette, devant son coteau, se tentut
le roi Charte! très inquiet '< Mes héros sont-i!s
sains <'t saufs? Us tardent par trop longtemps.
Pourtant, si me~ yeux ne me trompent, ma paro!e,
voici le duc Aymon qui chevauche là-bas, ta tête
Uu géant sur sa tance.
Le seigneur Aymon arriva l'air sombre, et, abais-
sant sa pique, il déposa lu tête, couverte de sang,
aux pieds du roi « J'ai trouve cette tête dans un
buisson sauvage, et a cinquante pas plus loin te
tronc (lu j~cant était étendu sur le sol. »
Bientôt âpres, t'archeve<p<e Turpin apporta te
gant du séant, qui renfermait encore sa rude
main il la retira et se mit à rire « Voita un beau
fragment de relique je le rapporte (le lu forêt, où
je l'ai trouve dcjH taitte~ en morceaux. »
Le duc Nayme de Bavière arriva avec ta pique
du géant « Regardez ce que j'ai trouve dans la
f~ret! Une arme puissante et longue. Ce
pesant
fardeau m'a mis tout en
sueur; ça, une bonne
!ampee de bière I)avaroise.
bavaroise t)it! scmbtera.t lot,(
me sembleârait tout ita
fait exquise.
Le comte Richard s avança à pied,
marchant a
c~te (le soncheva!, qui portait !es
armes pesante.
du ~nt, ~n harnois ainsi que son ~c Qui
voudra faire d<ch~h~ dans ta fo~t «
sauvas
pourra encore trou ver p!u~ d'une pièce de t'armure
c'~tatt trop pour moi.
»
Le comte Carin brandissait, de foin
déjà. !e bou-
cher du géant « Qui a !e boucHer (dit te
roi)
la couronne, c'est tui qui
apportera le joyau.
« Le houctier, je i'ai, mes chers seigneurs! Le
joyau, je raurais bien vo!ontiers, ~est
tuais i!
détache. M
Hnun, on put voir !e seigneur MHon
se dinger
vrs te château, il faisait at!er tentcmcnt son cour-
ster, et baissait tristement la tête.. Motand
chevau-
cha.t .terriere soit père. et lui portait
sa tourde
tance, ainsi que son targe bouclier.
Mais quand ils arrivèrent devant te
< bateau et
se furent approches des seigneurs, il détacha du
boucher de son père rorncment du
milieu, et v
enchâssa le joyau du géant, qui projeta
uue iumière
aussi mcrveiiteuse que celle du soleil bienfaisant.
ht, quand cette clarté lumineuse etinccta
bouclier de Miton. te roi s'écria, transporte sur Je
de joie
Honneur Mi!.md'An~ant C'est lui qui a vaincu
«
!f géant, ht: a trancha !a tête et !a matn. lui a
~n!ev<~ k joyau.
Le seigneur M:ton se retourna, et vit avec ship<
tucHon cette ctarM étincctantc « Roland,
(i;<t-mo!,
jcnnc pr~son~)tM('ux Qui t'a donn~ ceta, mon
camarade '< Au nom de t)i<'u, messire mon
p~re, ne m'en vcuiUex pas, si j'ai tu6 ce
~t0~!et'
dt'ûte. pendant que vous dormiex.

LA TRAVEKS~ M! ROI(PARLES

Le roi Charles faisait une traversée avec ses


douze pairs; il naviguait vers la Terre-Sainte et fut
repousse en arrière par ta tempête.
A!ors !~o!an<t, te vai!hmt héros, dtt « Je sats
b!cn combatte et <~fen<!r<; mon prochain;
mais
hahï!ct<~ ncpcttt m~tretrancun secours contre
mon
tes uots et les tempêtes. »
Le sh'f; Hol~r, de t)anemark, prit ensuite
!a
parote « Je sais jouer de harpe a quoi me
sert ce talent, <ntan<I le vent et les nots se dechament
avec un<* teHcvioience?
Messire Olivier n'était pas non plus d'humeur
joyeux il regarda ses armes
Je ne me préoc-
«
cupe pas tant de ma personne que de ma Maute-
c!airc'.
t

Ators le mâchant caneton dit fit prononça


paroles~ écart) « Si je pou vais échapper, ces
en que
le diah!e vous cm porte!
n
L'archov~uc Tn.pin pouvait de profonde
P"s N<ms somm<s t~
~n.
<. so!dats de !)i<'u vi<s
mon Sauveur h.aim~ sur !a mer, et puissions
nous par la ~'acc continuer notre route.
M
Le comte itichard Sans-Peur e!cva!a voix:
Es-
prits infernaux, je vous ai rendu p!us d'un «
service;
:t p~scnt, aidex-moi à sortir de ta.
«
Le sire Nayme en.it !e ju~ment
suivant « Ja:
déjà < onseiUC beaucoup <!c
~ens. cette année mais
de l'eau doucc et
un bon consei! sont souvent
choses difficiles à trouver bord.
Il
Alors le sire Riot aux cheveux gris dit
« Je suis
unevieitte !ame, et je voudrais bien uu'unjour
mon corps soit mis au sec. Il
Sire (;ui, ungcnti! chcvaUcr,
se mit à chanter
Je voudrais être un petit oiseau je voudrais
prendre mon essor vers ma bien-aimée.
M
Le noble comte Carin dit Que Dieu nous aide
Il
à sortir d'embarras! J'aime bien mieux boire
le
vin rouge que l'eau de la mer.
M

t Nom d Mmure.
Sire t!umhert, un frai~ jouvenceau, dit « Que
Dieu veuitte bien ne pas nous oublier J'aimerais
mieux mange t'un bon poisson que d'être man~é
par les poissons. ))
Alors rire (toKfricd dit ces mots dignes d'etoge:
«
Ma foi, je supporte tout je ne serai pas traite
autrement qu<* tous mes compagnons. ?
Le roi Chartes était assis au gouvernait il n'a
pas prononce une parotc, et dirige le navire d'une
main énergique et prudente, jusqu'à ce que la
tempête se soit apaisée.

TAtLLEFËR

Lo duc Normandie GuiHaume dit un jour:


<!e

« Qui donc
chante dans ta cour et dans la salle de
mon patais ? Qui donc chante dcptus h' matin,
jusqu'au fort de la nuit, d'une voix si dc!icicuse~
que mon cœur en h'cssaiitc de plaisir dans ma
poitrine'!
« C'est
TaiUcfer qui ctmnte de si hun cœnr dans
la cour quand il met en mouvement la roue du
puits, dans la salle quand il attise et soufne le
feu, !c soir <}uand il se couche, et le matin quand
il déveine. n
Le duc dit une autre fois
« C'est un bon vatet
que M Tai!!c<er itmc sert avec douceur et fidélité,
il s'entend bien M punsser ma mue et a attiser
mon feu, et chante <! une voix si ctaire qu'it me
donne du cu'ur.
Taitkferdit atcrs « Si j'étais tibt'ejc voudrais
servir mon ntaître et aussi chanter de bien mpH-
teurc fa~on. Que je voudrais servir n~nsei~neur
!edue, ntonté sur un grand chcvat'Que je voudrais
chanter et faire du bruit avec un bouctier et une
epce' 1)
Peu de temps après, TaiHcfer chevauchait dans
!a campagne sur un grand coursier, avec nncepec
et un bouctier. La s<eur du duc. du haut de ta tour,
regardait (tans ta ptaine; eue s'écria « Vrai Uieu.
<a-has chevauche un cavaticr de heue
pres-
tance.
Ht. quand il pa~sa a chc\a! devant ta tour ou
était !a damo~cHt~ il entotnm un chant tantôt
doux c<m)mp un x<~hyt\ tantôt v~h~mpnt comme
une tcmp< En~ s t~cria « L <'Mh'n<h'<' chanter
<'st un phusn' exquis; la tour tromhtp, et mon
c"'ur bat hentbhint dans ma poitrine,
Le duc Gu!<!aume M Cn allait sur !a Mter, fai-
sant voile pour i Angleterre avec une puissante
armée, it s'etanca du navire, et tomba ";ur tes
mains « (~, s'écria-t-il, je te prends et te saisis,
pays d'Angteterre. »
Quand t'armée normande marcha à l'assaut, le
nohte Taillefer s'avança près du duc « Plusieurs
années durant j'ai chante et attise te feu, plusieurs
années durant j'ai chanta et manie t'epec et la
Lance.
« Et, si mon service et mon chant vous ont
a~ree. quand j'étais d'abord un valet, puis un
vrai chcvaticr. laissex-mot en recevoir la recom-
pense aujonrd hui permettex-moi de porter a
L'ennemi tes premiers coups
Titillefer chevauchait en tête de toute l'armée
normande, sur un grand coursier, t'epcc et la lance
au côte; il chantait mcrvcitteus<'ment: sa voix
resonnait au-delà des ptaines d'Hastin~s il
chantait tcscxptoits de Roland etde maint vaillant
patadin.
Et, quand le chant de Rotand retentit avec un
bruit de tempête, ptus d'une bannière ondoya au
vent, plus d'une poitrine se ~onita; chevaliers et
soldats furent enHammes d'un ~rand courage;
Taittefer savait bien chanteret attiser !e feu.
Puis, il s'étanca dans la m~!ee, et dirigea la pre-
mière attaque, qui lit router a terre un officier
anglais puis it brandit son cpec, et porta le pre-
mier coup, qui Etendit sur le sot un autre cheva-
tier anglais.
A cette vue, les Normands n'attendant pas
longtemps ils fondifent sur t'ennemi
an milieu
des c!ameurs et du fracas des bouctiers. Ah qucts
aiftiements de flèches, <;uct cH~uctis de
Coups
d'~p~e. jusqu'au moment où Hat'atd tomba, et où
son attire arn~c succomba.
Mcsstt'c <:ui!!aumc planta
sa hamu~re sur la
pt&!ne ensanglanta: au nuH<'n des morts !t ttt
dresser sa tente il s'y assit à tab!c, ta coupe dor
en main, la couronne t'ovate d'Att~h'tcrrc sur la
tctc
Mon brav~ Tauilefer, viens, fais-moi raison
«
buvant; tu as chanM pour moi des en
fois des
airs amoureux ou plaintifs; mais ton chant et ta
voix, aujourd'hui dans la p!ain<* d !!astin~, réson-
neront a mes orci!!cs aussi !on~tcmns que je vi-
vrai. M

LA PORTEE D'KDËNMALL

Le jeune !ord d'Hdcnhat! fait résonner les


hruyautos homp<cs de fcte il s avance
au bord
de ta taMf~ s dcric au milieu du ~muhcdcs
cou-
vives pris d<' vin < Et maintenant, qu'on apporte
la fortune d'EdenhaU M n
Cettf parote sonne désagréablement à t'oreittc
de t'échanson, le ptus ancien serviteur de la mai-
son; it retire avec hésitation de son enveloppe de
soie la grande coupe de cristal qu'on appeHc la
fortune d'Ëdenhatt.
Là-dessus le tord dit « Pour faire honneur a
cette coupe, remptis-ta de vin rouge de Portugal I
La main du vieutard verse en tremblant, et de tous
côtes se répand un éctat vermei! c'est te rayonne-
ment de ta fortune d'Edenhatt.
Le tord dit en étevant la coupe en l'air Ce
verre de crisia! étincetani, une fée !c donna à mon
aïeul près d'une source et cttc écrivit dessus
«
Si ce verre vient a tomber, atorscc sera fait de toi,
ô fortune d'EJenhatt.
« Un verre en forme
de coupe est échu a bon
droit & l'heureuse maison d'Mdenhai!; nous aimons
boire & tongs traits, nous aimons !t faire un bruit
retentissant. Choquex vos verres contre ta fortune
d'Edenhait!
P'abord on entend un bruit doux, ~r&vc etcadcnc~
comme le chant du rossignol, puis un roulement
soHore comme celui du torrent dans tes bois; enfin
ette gronde comme le tonnerre, ta superbe fortune
d'Edenhatt.
« Une race
téméraire choisit comme protecteur
le fragile cristat it dure déjà p!us longtemps
<)uc de raison hcurtex vo~y~'cs Avec ce choc
)

r
t i
énergique je mets & t'éprouve la fortune d'Ëden-
hall. »
Et, tandis que la coupe bondit avec fracas on t'air.
une soudaine explosion fait étaler la voûte, et par
les fentes tcsnammes pénètrent; les convives sont
tous réduits en poussière, en mente temps que se
brise la fortune d'EdenhaH.
L'Rnncmi, qui dans ta nuit a gravi le rempart,
fait irruption, apportant l'incendie et ta mort; le
jeune lord tombe frappe d'un coup d'epcc, tenant
encore dans sa main le \errp de cristal, la fortune
rompue d'EdcnhaU.
Le lendemain, au matin, le vieil echanson erre
seul dans la satte détruite il cherche le corp~
consumé de son maître, il cherche dans cet horrible
monceau de ruines les Jchris de la fortune d'Eden-
haU.
'<
muraille de pierre, s~crie-t-i!, vote en ce!ats,
La
la haute colonne doit tomber sur le sol l'orgueil
et le bonheur ici-bas sont du verre, un jour ie~tobe
terrestre sera réduit en morceaux, comme la for-
tune d'ËdcnhaU. »
U: ~ERNtËR CCMTK PALAT~

Moi,comt<' palatin <m'txdeTuhin~uc,jcvends


mon château <~t ma ville avec tes vassaux, tes rede-
vance, ~champs et tes tirets; je suia débouté
d avoir des dettes.
n n'y a que deux droits que je ne vende pas, deux
bons et vieux droits; l'un est sur le couvent la
bette tour, i'autro sur lit verte foret.
Pour te couvent, nous nous sommes appauvris
en dons et ruiner en bAtisses; aussi ~bhe doit-il
donner ta nourriture à mon autour et a mon chien.
A Schœnhuch, autour dn couvent, j'ai droit
de chasse si je !p garde~ je ne re~r("t<erai pas tous
mes autres hicns.
Moines, si, un jour, vous n'entendez plus mon
cor de chasse, sonnex ta ctoche, et mettez-vous
ma recherche Je serai étendu près de la source
ombreuse.
Hnterrex-moi sous un grand chêne, dans le ver-
doyant Vo~e!san~ et dites pour moi messe
chasseurs! CeUe-!a ne dure pas trop longtemps.
de
L'ATTA~Ë DE W!LMA!)

Par un beau jour d'été, alors.que sou Ment tes


vents tièdes, (~e tes forêts charmt'nt lu vue par
leur verdure, et que les jardins sont en Heurs, un
chevalier de ncre allure sortit par les portes dp
Stuttgard c'était ic comte Everard (le <h'ein, h'
vieittard a ta longue barbe'.
Suivi d'un petit nombre d'~cuyers, il s'en va dans
la campagne; it ne porte ni heaume ni cotte de
matHes, car il ne sa~it pa~ d'un combat aangtant;
il veut aUcr Wihibad, où jaiUitune source d'eau
cttaudc qui guérit et fortine tes intirmes. et rajeu-
nit les vieillards.
A Hirsau, le chevauer met pied terre chez
l'abbe, et boit. au son des orgues, le vin frais du
couvent; puis, à travers tes forêts de sapins, il
s'ctance au gaiop vers la verte vallée, où rEnne
coule avec fracas, resserrée dans son lit de rochers.
A Wildbad, sur ta place du marché, est une
maison de helle apparence ou est suspendue
comme enseigne une pique etincetante. C'est là
que le comte descend de chevat, et prend un bon

1 Votf, sur te comte Ëwerard~ la note de tu page t'4.


repos; la source va recevoir chaque jour la visite
du chevaleresque étranger.
La, quand il s'est déshabillé, qu'il a pris un peu
de repos. et dit sa prière, il entre dans le Hot; il se
met toujours à l'endroit ou, sortant de la fente du
rocher, la précieuse source bouillonne avec te plus
de chaleur et de force.
Un sanglier blessé, qui tavait ses plaies, révéla
jadis aux chasseurs cette source cachée dans tes
cavités et les buissons; à présent, c'est pour le
vieux héros un doux passe-temps d'y baigner et d'y
étendre son corps couvert de cicatrices.
Un jour, arrive en courant le ptus jeune de ses
pa~es « Sire comte, une troupe d'hommes descend
dans te fond de la vallée; iis portent des massues
pesantes, on voit sur l'ecu de leur chef une rosé
rou~e en or et un sanglier farouche. »
«
Mon enfant, ce sont tes Schiegci, qui portent
des coups redoutables. Donne-moi mon justau-
corps, garçon! Le chef, c'est Eberstein. Je con-
nais bien le san~tier, sa colère est terrible je
connais bien la rosé, ses épines sont aiguës. M
Un pauvre pâtre arrive alors en courant, hors
d'hateine « Sire comte, une bande d'hommes re-
monte la vallée, leur chef porte trois haches; son
armure britte et reluit tcitemcMtque mes yeux sont
''ncore brûlants comme si j'avais vu des éclairs. H
« C'est Wunnenstcin. surnomme
te loup hypo-
crite. Pa~<\ donne-moi mon manteau Cette
ectatante m'est
ar.
mure connue et me fait peu do
phdsh', car les haches savent bien taU~r. Attache
mon <~c mon c~M; le !oup a soif de san~.
« On p<~)t <~raycr une fillette.
au bain, qui
demande gt-&< <(.st nn joyeux badina~, qui
ne
porte préjudice pcrsnnn<mais,si c'est
un vieH
homme de guerre qu'on attaque & t'improviste,
it
y va, sinon de sa vie, au moins d'une forte
ran-
çon. »
Le pnuvt-c p~tre dit ators Un cxpdd~nt peut
encore rcusstr: je sais deschcmms d~'ob~,
~up
nu! hommp oncorc na fou!< nnl cout'sipr
ne «au-
ftut tes ~t'avir, !<'s chèvre scutos grimper. Si
y
vous voutcx me suivre t'instant. jf vnus emmëne-
rai en toute sûreté, 't
A travers repaisseur des taittis, ils
gravissent
ta montagne a pic; avec
sa bonne cpeo !e comte se
fraye s<mvcnt un~ route. Jamais
encore il n'a
remarque combien ta fuite scmb!<; amcrc; il aime-
rait bien mieux combattre, te bain lui donné des
a
forces.
L'après-midi brûtante se
passe en montées et
descentes déjà te comte est obtige de s'appuyer
sur te pommeau de son ené< ators te pâtre prend
pitié du vieux seigneur, et !e prend
sur son dos
« Je le fais, dit-ii. de grand cu'ur.
Le vieux comte songe en !ui-meme
« Rn vérité
il est pourtant agréable d'être porte ainsi douce-
ment par un sujet ttdèle. C'est dans le danger et
la nécessite avant tout que le peuple montre son
naturel, aussi ne doit-on jamais fouler aux pieds
son bon vieux droit.
Quand te comte, sauvé du péril, est assis dans la
saHe de son patais de Stuttgard, il ordonné de
frapper une monnaie commémorât) ve. It en donne
au pâtre Sdètc plus d'une pièce luisante, à plus
d'un seigneur de Schtege! il en fait présent d'une
par dérision.
Puis, il envoie aussitôt après, Wildbad, d'ha-
biles maçons, chargés d'étever des murailles tout
autour de l'endroit découvert, pour que doréna-
vant. en été, tout vieillard puisse, à l'abri de l'en-
nemi. se rajeunir dans le bain.

L~HANSON M UMMURG

Dans le château fort de Limbourg habitait un


noble comte, que jamais aucun de ses hôtes ne
rencontra dans sa demeure. allait de tous côtés,
à travers les monts et les bois ni pluies, ni tem-
pêtes ne le dégoûtaient de la marche.
U portait un pourpoint de cuir et un chapeau
de chasse garni de p!unt<'s sauvages, ce qui sied
bien aux chasseurs; à son coté pendait un vase &
boire en huis, il savait marcher à grands pas, et aa
tai!te était étevée.
avait bien des vat'ïets et des hommes d'armes,
il avait un vigoureux coursier, pourtant il s'en
aHaita pied, et hussait chex lui sa suite. Tonte son
escorte se composait d'un epieu solide et ion~ à
l'aide duque! il traversait hardiment tes !ar~cs
torrents des bois.
Lempercur d'At!ema~ne avait a!ors e!u donn-
<'ttc à ttohenstaufen. t?n jour, il s'en atta a la
chasse avec une briHante escorte H poursuivait
une biche avec tant d'ardeur et de rapidité, que
ses gens !e perdirent de vue dans !a tbret sauvage.
Près d'une source fraîche il s'arrêta ennn !'en-
droit était orne de nenrs aux couleurs variées. !t
songeait a s'y étendre pour y faire la sieste, quand
un bruit se lit entendre dans !e tMiHis, te comte
était debout devant lui.
L empereur se mit à !c réprimander: C'est mon
«
voisin que je rencontre en ce lieu ? H séjourne
rarement chex hti, il ne vient jamais à la cour. JI
faut battre la for<~ quand on veut le voir; il faut
se hâter de mettre la main sur lui, sinon il no s'ar-
rêtera nulle part. »
Ne craignant aucun danger, t(; comte s'étendit
sur le so!, et enfonça & côté de lui son épieu dans
la terre là-dessus de ses deux mains, l'empereur
saisit la hampe « Il faut que je. retienne cet epieu
en gage, je prends la hampe pour agrafe.
«
Me voilà maure de cet epieu, que je convoi-
tais depuis si longtemps; tu recevras en échange
mon mcittcuT cheval que voici. Un homme tel que
toi ne doit pas parcourir tes bois, quand il peut
me servir de bien meilleure manière & la cour et
en temps de guerre. »
« Sire empereur, pardonncx-moi, j'ai le cœur
serre en vous entendant. Laissez-moi ma libre vie,
et taissez-moi mon epieu J'ai déjà un chevat à
moi, je vous dis merci pour te vôtre je me propose
de monter il chevai, quand je serai vieux et ma-
lade. »
« n'y a pas à disputer avec toi, tu es par trop
ner.Maistu portes a ton côté un vase à boire en bois
la chasse m'a altéré, aussi fais-moi tu grâce, mon
camarade, de me donner de quoi étancher ma soif,
en puisant à cette source, »
Le comte s'est relevé; il lave le gobelet trans-
parent, le remplit jusqu'au bord, et te porte aux
tèvres de l'empereur, qui absorbe à longs traits ce
frais breuvage, et se montre aussi content, que si
c'était le meiUcur des vins.
Puis, le rusé buveur saisit la main du comte
Tu as !av<~ le gobelet, et tu l'as rempli jusqu'au
hord, tu as porM & mes !<'vt'cs ce breuvage rafraî-
chissant tu es. t~ partir de ce moment t~chan-
son (!<* t'<*mp)rc ~prtDanhpjc. M

LA VAU~Ë DIJ CHA~

Le duc était assis au pied d'un chêne dans les


profondeurs de ta foret, tan<!is qu'une jeune fille
cueiHait, enchantant, des bâtes sur un tertre; c!te
onrit des frntscs fra!ch<'s ci parfun~cs au vic!!lard,
qui sentait encore noHcr toujours autour de lui
dans tair ses accents me!odieux.
«
Ta voix claire, dit-t!, charnmnh' fille, m'a
rendu le calme âpres mainte chasse orageuse. Les
fraises que tu m'apportes sont bien rafraîchissantes
au ~oût. mais chante encore Ton chant berce
Ame dans des rêves p!eins de sérénité.

« Quand près de ce
chêne je fais retentir mon
cor d'ivoire, aussi toiu uue porte sa résonance,
toute la vanee près do cette foret m'appartient:
aussi loin que. de ce houteau, ta voix retentira
aux atentours, je te donnerai cette partie de lit
vaiïee en patrimoine et bien propre.
Le vieillurd sonna encore une fois du cor dans
la direction de la vaiïëe la résonance se perdit au
loin dans tes fentes des rochers comme un bruisse-
ment de tempête; puis, du haut du tertre planta de
bouleaux, la jeune fille se mit a chanter de sa
douce voix on eut cru entendre tin bruit d'ailes
d'anges au-dessus de ces profondeurs silencieuses.
Le duc met dans les mains de ta jeune fille son
anneau comme ~age « C'en est fini de mes chasses,
je te cède mes droits sur ce pays. » La gracieuse
enfant tui fait de !a tête un signe de remerciement,
et se hâte de sortir Je ta foret, toute joyeuse; cUe
emporte avec l'anneau d'or la fraîche provision de
fraises.
(~uand ie hruit du cor résonna encore avec une
force sinistre, on vit des sangliers parcourir la
foret dans la nuit profonde; la meute, devant taqucite
fuyait la biche, poussa de sonores aboiements,
et, quand cn<in, la proie tomba sanglante sur le sut,
un hallali sauvage retentit.
Mais depuis que la jeune fille a chante, s'étendent
tout autour de la foret des prairies verdoyantes;
tes folâtres agneaux bondissent, les cerisiers
sont en neurs~ des rondes (le fête se déroutent
sous !es t'avons dores du printemps; et comme la
vauee a été conquise par des chants, on i'appeth* !a
vaHe<' du Chant.
LA GUERRE AUX AtM~TES

"Nous sommes tes alouettes, tes Ubres a!ouettes;


nous nous batancons it la lumière du soleil, nous
nous fuyons au-dessus des vertes semaines, e!
volons au sein des cieux. »
Un mi!!ierd'a!ouettes pâmaient en chantant au-
dessus de la vaste plaine unie, et tours appc!s
sonorfs faisaient sortir les habitants de leurs
<!<'nteurcs.
Le c<tnttc de \\aHcrst<'in sort a cheval de son
château av<'c son uts, il va chercher pour lui h's
éperons d'or près du trône de t'empcreur.
En voyant le tourbillon d atouettcs, it se rejouit
d'avance de cette riche couvée; quant au damoiset
qui chevauche à ses cotés~ son cœur pa!pite d<'
sentiments chevaleresques.
Le dimanche matin, par un temps radieux, jeunes
et vieux vont se promener hors de la ville aux
tours grises, hors de la sombre porte de !a ci<<!
impériale.
Le jeune chef d'escouade mène sa fiancée au jar-
din et cueiitc pour elle la première violette au
milieu des chants d'aUcgresse des a!ouettes.
Ces journées deticieuses de printemps, hetas!
furent vite passes, et les beaux mois d'été dispa-
rurent aussi rapidement.
«
Nous sommes les alouettes, les libres alouettes.
Ce séjour n'a plus d'attrait il nous dégoûte de
chanter, nous allons émigrer, oui, émigrer. H
Le soir, dans la hrume automnale, les bourgeois
sortent <!e la ville; ils disposent et dressent en
silence leurs filets, et sont aux écoutes, l'oreille
tendue.
Alerte! on entend du bruit, ce sont les alouettes
qui viennent; aterte! on entend du bruit, c'est
une volée conaidcrabic une troupe de
cavaliers
s'ctance sur les filets, et les foule sous tes pieds des
chevaux avec un cliquetis d'armes.
Le vieux comte s'écrie du haut de son chevat
« Sainte
Vierge Marie, à notre aide Aidex-nous
a châtier les méfaits des bourgeois, qui viennent
troubler notre chasse aux oiseaux! ))
Le jeune chef d'escouade s'écrie « Dégainez tes
épees. en avant les piques que chacun prenne des
alouettes! les petits oiseaux sont en liberté. M
Quand l'aube commence à blanchir le ciel, le
damoisel est étendu mort dans la plaine & coté
de lui. en proie une fureur sourde, le vieux che-
valier s'appuie en silence sur son épée.
Plus loin, vers le chef d'escouade, frappé a mort,
se penche sa jeune femme qui, de ses cheveux
dénoués, couvre son corps ensanglanté.
Et, une fois encore, avant de partir. un millier
d'atouettcs s'etèvent dans tes airs. s'abattent aux
rayons du soleil du matin, et chantent avec un
bruit plus éclatant que jamais.
« Nous sommes tes atouettes. tes ttbres alouettes,
qui votons au-dessus des champs et (les nots ceux
qui voûtaient nous prendre et nous massacrer.
hui~nes dans leur sau~ sont étendus ici. »

PRtNTHMPS SA~Ë

Quand tes Latins. habitants de Lavinium


n'eurent plus la force de soutenir t'assaut d<' leurs
ennemis, ils ctcvèrent en suppUant leurs r<'gm'd:-t
et leurs mains vers la lance de Mars, leur ret:(j)nc
vénérée.
Alors le pontife, qui portait la tance, teur dit
<
Je vous Pannonce, au notn <tu dieu qui est irrite
contre vous il n'enverra pas de volée d'oiseaux
de bon augure, si vous ne lui payez le tribut du
printemps sacre.
« Que le printemps lui soit consacra décria l'ar-

VUle fondée par Ënee dans le Latium, apr~s son Mhv6c en


ttaMe.
mec, et que les produits du printemps lui soient
otîerts » Alors on entenditun bruissementd'ailes t,
la lance rendit un son éclatant, et la domination
des Etrusques fut renversée. w
Les Latins retournèrent à tours demeura au
milieu des chants de victoire, et là ou ils passaient
en poussant des cris d'allégresse, le sot était ver-
doyant les fleurs des champs naissaient sous tes
pieds de tous tes chevaux là où les lances rasaient
la terre, on voyait des arbres en ueurs.
Devant les portes de leur ville natale, près d'un
autel, tes femmes et la troupe étincelante des
jeunes filles attendaient déjà les guerriers, pour
tes recevoir solennellement, la tête couronnée de
iteurs écloses ce jour même.
Quand le tumulte joyeux des compliments de
bienvenue eut cessé, le pontife monta sur un tertre,
enfonça la hampe sacrée dans le gazon, inclina
pieusement la tête, et adressa les paroles suivantes
au peuple assemblé
« Gtoire à toi, qui nous
donnas ta victoire quand
nous étions en proie à un mortel effroi Ce que
nous avons promis, nous l'accomplissons; j'étends
mes mains sur ce pays, et te consacre ce printemps
fécond. »
« Que
les produits de ces pâturages, riches en
On sait importance que les Romains attribuaient au vol des
oiseaux pour tes présages.
troupeaux, que Fagneau et !<' chevreau brutcnt sur
ton autct Que h' veau ne grandisse pas pour t rai-
ner la charrue. ni le vaiHant cheval pour connaître
!es rênes. »
« Que tout ce qui mûrira dans ces jardins fleuris,
tout ce qui sortira des semp~cos verdoyantes, ne
soit pas touché par la main de !*hommc que tout,
oui, tout te soit consacra ? Il
!)cjà la foule silencieuse était ù genoux; le prin-
temps consacré au dieu répandait son calme alen-
tour. jetant un edat que n'eut jamais nul prin-
temps les cn'urs dans t'attente palpitaient d'un
saint émoi.
!.(' pontife continua « Vous imaginex-vous que
vos têtes soient déjà libres, et votre \<eu accom-
pli ? Avex-vous entièrement oub!ie la loi des anciens
jours? X'avex-vous pas rën~chi d'avance votre
promesse? »
« L<* parfum des Heurs, les semences cc!ait'ees
par le gai soleil, les pâturages animés par des êtres
nouvellement nés, toute cette nature eat-eUe un
printemps, si la jeunesse humaine ne promène pas
au milieu d'elle ses danses joyeuses?
« Les agneaux ont moins de valeur aux yeux du
dieu que tes vierges dans la première fraîcheur de
la jeunesse; l'abondance des biens de la terre lui
ptait moins que les jeunes hommes dans le premier
éclat de tours armes.
«3
« 0 ce n'est pas pour rien, mes fils, que vous
avez été au combat si ennammes d'une force divine
ce n'est pas pour rien, mes nHcs, qu'à notre retour
nous vous avons trouvées si merveilleusement
épanouies.
« 0 Mars, tu as sauvé un peuple de la ruine! Tu.
l'as préservé de la souillure honteuse de l'escla-
vage, tu veux en échange la jeunesse de cette
année; prends-la. Elle t'est consacrée, elle est à
toi. ?
Le peuple se prosterna de nouveau sur le sol;
seuls les jeunes gens consacrés au dieu étaient
encore debout à l'entour, étincctants de beauté,
bien que leur visage fut pâle, et un saint émoi
pesait sur toute rassemblée.
La foule était encore à genoux dans un silence
religieux, tremblant devant le dieu qu'ette avait
pris à témoin de son serment; tout à coup, du ciel
Meu un rayon descendit dans la direction de la
lance, et projeta au-dessus d'eUe un éclat Mam-
boyant.
Le pontife tourna de ce côté ses regards; sa barbe
et sa chevelure argentée ondoyaient éclatantes de
blancheur; et, les yeux rayonnants de la lumière
céleste, il annonça l'avenir qui lui était révélé
« Le dieu ne renonce pas à sa
proie sacrée, mais
ce n'est pas la mort qu'il demande, c'est la force;
il ne demande pas un printemps flétri et stérile,
non, mais un printemps dont la sève soit féconde.
« Des vieux murs de Lavinium doit sortir, pour
le dieu de la guerre, une colonie nouvette; de ce
printemps, riche en germes vigoureux, un avenir
magnifique renaitra.
« Aussi, que chaque jeune homme se fasse choix
d*une nanceel Les t~tes sont dej& couronnées de
neurs; que la vierge suive celui en qui ette a con-
fiance! Et allez ta où resplendit votre etoitc!
'<
Ces crains, dont les tt~es sont encore vertes
maintenant, prenex-tes avec vous pour les semer
au loin; et des arbres, qui sont encore en neurs,
conservcx le rejeton et ta graine.
Que le jeune taureau taboure votre nouveau
domaine Mencx sur vos pâturages t'a~neau fotatre
Que te fou~uenx poulain bondisse, conduit par
votre main, race saine et vigoureuse, pour !es
balaiHes a venir.
« Car
des hataiHes et des invasions vous sont
prédites c't'st !a toi de ce dieu puissant, qui des-
cend tui-m~m~ au milieu de vous, pour procréer
lit race de vos rois.
'<
La tance restera suspendue dans votre tempte
c*est !a que tes généraux ta feront resonner
avec
fracas, quand ils s'en iront par terre et par mer.
pour parcourir en vainqueurs tout te ~tohe ter-
restre.
« Vous avez entendu coquet dieu désire. Allez,
pr6parex-vous, ohéisscx en silence. Vous 6tes la
semence d'un monde nouveau; voilà le pt'tntemps
sacr~ qu'il demande. »

U: P~S M! B(M

Le vieux roi en cheveux btancs est assis sur te


tt'ûtu' de ses pères; son manteau bt'iHccomme tp
cie! au couchant, su couronne comme !e sotcit ï<
sondëctin.
«
Mon am~ et mon second tUs, je parta~fra}
<'Mtre vous m<'s Htats. Mon tro!sièmc fils, mon
bi<'n ch~t' enfant, que te tatsserai-jp comm<' ~a~<'
<!<*
ma t<'n(!rcs8<'?
« t)f tous tes tt'<~«ts. n<' ntp <!onnc <nm !a
vieille couronne rou! donne-moi trois navires.
je m'en irai sur mer a la recherche d'un trône. »
11

Le jeune homme, dehottt sur le pont, regarde


marcher ses navires le soteii rayonne, le vent
caresse sa cheveture htonde comme l'or.
Le bruit de la rame résonne, la voile entte, les
banderons aux couleurs varices ftottent dans Fair,
des sirènes se balancent autour de la quitte avec
des chants et de joyeux ébats.
Le jeune homme dit ators « Vnita mon royaume;
tibre et joyeux il va de tons cotes, et ~gue sur
les flots bleus autour de ta terre morte.
Tout à coup s'élèvent (le sombres nuages, accom-
pagnés de tempête et d'orage, les éclairs sillonnent
la nuit, les mâts votent en morceaux,
Et tes vagues en fureur bondissent sur le navire,
à la hauteur d'une montagne le nts du roi est
englouti, ainsi que son joyeux royaume.

!H

UN PÊCHEUn

Mât et <;utHe sont. he!as! submerges; l'appel


des marinicM ne s'entend ptus! Maisqut; vois-tf?
Qui donc vient de <'<' côt~ & la na~c, envctnpp~ par
les values qui grondent?
D'un bras vigoureux il fend !<: net et ne redoute
guère les lames; il porte haut sa tête surmontée
d'une couronne d'or; il m'a bien l'air d'être un roi.
LE jm;?ΠHOMME

Un fils de roi. Mais depuia ton~tcmps ma pairie


est perdue pour moi. Je fus d'abord mis au monde
par ma débite mère sur !a terre
Ht maintenant ma seconde mère, t'occan puissant,
m'a enfante de nouveau; elle m'a hcrc~ cUe môme,
moi et mes cotupa~nons,dans ses bras gigantesques.
Tous les autres n'ont pu supporter ses caresses
moi, eUe m'a porte sur ce rivage et m'a choisi pour
royaume toute ce~c vaste étendue de pays.
IV

LE PÉCHEUH

Pourquoi observer t'hamcçon depuis le matin


jusqu'à ht nuit ma!~ tous tes cnorts, tu n'as pas
amcnc un scu! poisson ?'1
LEJK~ŒH~MMH
Je ne cherche pas à prendre des poisons; je
contcniptaîs dans !cs profondeurs de ta mer, trop
ctoi~ncca pour que nn! hameçon y parv!cnnc, d~s
splendeurs dt~nfs d'nn roi.

Comme H s'avance avec une démarche royatc,


te Hon~en secouant sa crinière dans !esairs H

proclame son pouvoir souveram a travers les


forets et les rochers.
Pourtant, je ic renverserai avec Fepieu que
tient ma main vigoureuse, et j'attacherai sur mes
cpautcs sa peau aux tons dores.
L'aigle, un autre roi. plane dans les cieux, en
poussant des cris de volupté H voudrait arriver,
pour en faire son trône, jusqu'au soleil aux rayons
d'or.
Mais, au mi!icu des hauts nuages, ma uèche
ailée va t'atteindre et le transpercer, et te fairft
tomber à mes pieds.

VI

!)ans lit forêt gatope un chcva! sauvage, qui


n'a jamais souffert le frein il est de couleur fauve
dorée, sa crinière est épaisse et tondue, et à
chaque pas il faitjaittir desetinceHea.
!~e fils du roi le saisit et s'anc<* sur lui son
poitrail se gonn<\ il agite sa queue, et repart au
galop en poussant des henntssemcnta.
Tous les habitants des vaU~t's prêtent i'nrci!!<'
avec stupeur et du haut des montagnes on en-
tend ce bruit s<'mb!ab!e à cetui de lit tempête et
du tonnerre.
Le fils du roi saute à bas de son cheval, revêtu
de la peau du lion la crinière du coursier sau-
vage Hotte! au vent, ses pieds projettent des
flammes.
Alors tout le peuple accourt en foule avec des
chants et des cris d'allégresse «Bonheur pour
nous C'est lui, c'est te roi, que nous avons
attendu si longtemps.

VU

~n rocher eteve et escarpe se dresse, autour


duquel Tntentics aigles personne n ose s'y aven-
ture)', car on voit un dragon étendu au sommet.
H est couche près de vieilles ïnuraiUes sa
crête est dorée, il fait résonner les écailles de sa
des flammes.
peau, et projette de la fum~e et
Le jeune homme, sans cpee ni bouclier, est
arrtve hard:ment jusqu'à ta cime; il jette ses bras
autour du serpent, et le tient solidement enlacé.
U le baise trois fois sur la gueule alors Fen-
chantetm'nt est rompu il tient dans ses bras une
gracieuse femme, la plus belle de tous les
royaumes.
U presse contre son cœur sa deHcieuse nancee
devenue reine, et. it la place des vieilles ruines, un
château royal s'est e!eve.

vm
Le roi et la reine sont sur leur trône le trône
resplendit comme 1 aurore, et la couronne royale
comme le soleil levant.
POË8Œ8 CH(M8tE8
Nombre de fiers chevatiers sont debout autour
d'eux, t'epec en main ils ne peuvent détourner
les yeux du trône lumineux.
Un vieux chantre aveugle est debout, appuyé
sur sa harpe; it comprend qn'c!tc est venue,
l'époque qu'il a si longtemps deairce
avec ardeur.
Soudain, le voile sombre qui couvrait
ses yeux
fait place à une tumière éctatante; il eteve
ses
regards, et ne peut se rassasier du spectacle de
cette magnificence et de cette splendeur.
Il attaque les cordes de harpe, qui résonnent
sa
harmonieuses et sonores; environne de lumière et
de béatitude, il a chanté
son chant du cygne.

L AMTMËME DU CHANTRE1

Au temps jadis, s'élevait un château superbe et


imposant, dont la splendeur rayonnait
au loin
dans les piaines jusqu'aux flots btcus de la
mer;
à l'entour, comme une riche guirlande de fleurs,
s'étendaient des jardins odorants, où des fontaines
d'eau vive jaillissaient avec l'éclat de t'arc-en-cici.
Cette b&H<Mtc. ta phts bct)e pput-~n' dp Uh!and. n~rite d'être
citée parmi les chefs~l'asuvre du genre.
Dans ce château, un fier monarque, maître d'un
vaste pays, et souvent victorieux, siégeait sur son
trône, le visage sombre et paie car ses pensées
respirent la terreur, et ses regards la fureur; itne
parte que pour innigcr des châtiments, il n'écrit
que pour faire couler le sang.
Un jour, deux nobles chantres arrivèrent au
château l'un avait des boucles d'un blond doré;
l'autre, des cheveux blancs; te plus vieux, tenant
une harpe, montait un élégant coursier; à ses côtés
marchait, d'un pas alerte, son compagnon dans la
neurde l'âge.
Le vieillard dit au jeune homme « Sois prêt à
présent, mon fils rappctie à ta mémoire nos chants
tes plus pénétrants, entonnc-tes a pleine voix re-
cueille toutes tes forces, chante la joie et aussi la
douleur !t s'agit aujourd'hui pour nous de toucher
le cu'ur de pierre du roi. »
t)cj& les deux chantres sont debout dans la haute
salle xi colonnes, et, sur le trône, sont assis le roi
et son épouse les regards du roi jettent un éclat
terrible comme le renet sanglant d'une aurore bo-
réale ceux de la reine sont doux et tendres, comme
éclairés par les rayons argentés de la lune.
Alors le vieillard fit vibrer ses cordes, il les lit
vibrer avec une force merveilleuse, et leur éclat
emplissait Forcille d'une harmonie toujours de plus
en plus sonore puis, comme un torrent limpide,
la voix du jeune homme fit entendre des accents
cetcstcs, auxquels te chant du vieillard se metait
sourdement comme un chu'ur d'esprits.
tts chantent le printemps et l'amour, t'a~e d'or
bienheureux, la liberté. la digntM de l'homme, la
ndéntë et la sainteM; ils chantent toutes tes
douées choses qui font palpiter le cœur humain, ils
chantent tous les nohtps senttm<*n<t qui e~vent
t Mme humaine.
La foute des courtisans rangea en cercle ne
songe plus à rainer, les guerriers hautains du roi
s'inctinent devant Dieu; la reineJoui entière a ta
tristesse et en même temps au plaisir, jette aux
pieds des chanteurs la rosé détachée de son sein.
«
Vous avez suborne mon peuple; allez-vous
maintenant séduire ma femme Il s'écrie le roi
en fureur, et frémissant dans tous ses membres
il lance son epe<\ qui, Hamboyante, transperce ta
poitrine du jeune homme, d'ou jaillit dans t'ait'.
au lieu des citants divins, un flot de sang.
Soudain, comme si une tempête eut éclate, tout
t'essaim des auditeurs se dissipe. Le jeune homme
a rendu le dernier soupir dans les bras de son
maitre. qui Fenvetoppe de son manteau, le met
sur son cheval, l'y attache solidement, le corps
droit, et quitte le château.
Mais devant la haute porte le vieux chantre s'ar-
rête il saisit sa harpe, qui vaut tt elle seule toutes
les harpes, et la fait voler en éclats contre une
colonne de marbre puis, il s'écrie d'une voix qui
résonne avec un éclat enrayant a travers le chà.
teau et les jardins
Malheurà vous, fière demeure Que jamais
«
plus de douces harmonies ne résonnent dans votre
enceinte, ni harpe ni chants non, qu'on n'y entende
que des plaintes des gémissement~
et les pas
craintifs des esclaves, jusqu'au moment ou l'es-
prit vendeur vous réduira en décombres et en
poussière!
Malheur a vous, jardins odorants, éclairés
«
h' doux soleil de mai! Je mets en face de
par
vous le visage défigure de ce
mort, pour que
les sources
vous soyez dessèches, que toutes
tarissent, et que dans l'avenir vous soyez petrit~s
et dévastes.
Malheur à toi, infâme meurtrier, objet d'exé-
«
cration pour la race des chantres! Qu'ils soient
stériles, tous tes efforts pour conquérir des lau-
riers ensanglantés1 Que ton nom soit oublié,
plongé dans la nuit éternelle comme un dernier
raie, qu'il se dissipe en vaine fumée dans l'air
Le vieillard a jeté son appel, le ciel l'a entendu;
les murailles sont à terre, le château est détruit;
seule, une haute colonne en atteste la magniti-
disparue, et celle-ci memo< déjà fendue,
cencc
peut s'écrouler pendant la nuit.
A l'entour, les jardins odorants ont fait place à
des tandis désertes, nu! arbre n'y répand de
l'ombre, nulle source ne cou!e à travers h* sot nul
chant, nutte poésie cptque ne fatt mention du
nom
du roi, enseveli dans t'ouhti. C'est t'anathcmc du
chantre.

LA COURONNE StJBJMEi~Ë

La-haut sur la co!!ine,


se dresse une petite
maison du seuih ic regard s'étend
sur de belles
plaines. Là, un paysan libre est assis, )e soir,
banc.
sur
son <'t, tout en aiguisant sa faux, il chante des
actions de grâces au ciel.
Hn bas, dans un fond, est
un <~tan~ depuis long-
temps cnvotopp~ de bt-untc. Dans
ses profondeurs
nottc une belle et riche couronne dans t obscu-
rité on y voit briller des t'eHets d'escat'boude
et
de saphir elle est lit depuis bien des
années, et
personne ne va la chercher.
LA GROTTE DES CLOCHES

Je sais une grotte taillée dans le cristal de roche;


un dieu l'a dotée d'une résonance curieuse: ce
qu'on y a dit, ce qu'on y a chanté devant un son
de cloches.
Là deux amants fortune pousses par une
même inclination, échangent le mot qui, depuis
longtemps, tenait leurs cœurs oppresses, le premier
« oui M de l'amour un doux bruit de cloche mêle
harmonies & celles d'une autre, plus
ses pures
pl cines et plus sonores.
Là de joyeux buveurs se laissent tomber sur
verres pleins,
un banc de rocher; ils brandissent des
et chantent des chansons bachiques; jamais la
grotte n'a retenti comme en ce jour de la sonne-
rie bruyante du tocsin.
Là deux hommes graves et pensifs, unis par des
liens sacrés, parlent avec un sentiment profond de
la patrie; alors, dans les profondeursles plus recu-
lées de la grotte, un bruit sourd de cloches funé-
raires se fait entendre.
L'fmtSE !S()L~

Souvent dans la foret lointaine, on entend, venantt


des hauteurs. un faibte son, mais nul
ne sait depuis
quand il retentit: « peine la légende peut-eiïe
en
exptiquer t'or~ine. C'<'st de t'~gHsc isolée
~ue doit
t-~sonnpr ce ht'u:t. quand lis vents soufncnt;
jadis le sentier qui conduit là <~tait encombre de
petcrins, aujourd'hui personne ne peut en retrouvpr
la place.
Tout récemment je pénétrai bien avant dans !a
foret, !a où ne se voit nul chemin fraye fuyant la
corruption de notre époque, j'avais tourne vers Dieu
mes désirs ardents. Tandis que tout était sitencieux
dans cet endroit sauvage, la sonnerie mystérieuse
frappa de nouveau mon oreiHe; plus mes aspira-
tions s'etevaicnt vers le ciel, p!us cette harmo-
nie terrestre se rapprochait et devenait
sonore.
Mon âme (!tait teHement repHee
sur eHe-même,
mes sens étaient si captivés par cette harmonie, que
je n'ai jamais compris comment j'ai pu m'élever
si haut. H me semblait avoir rêve pendant plus de
cent ans, quand soudain, au-dessus des nuages, un
espace libre, inonde de soleil, se montra a mes
regards.
Le c«'t était d'un bleu foncé, le so!eH Hamboyait
dans tout son éclat, et la structure imposante d'une
cathcdra!e se (tressait, étincelante, tïa~~ !um!~re
dorëe. De ctatrs nuages, semMaMea des ailes,
paraissaient la muintenir (tans tes airs, et ta Hechc
de sa tour semblait se perdre dans l'azur divin.
L<~ sons délicieux de la ctochccbrantaient ta
tour de leur résonance mais ce notait pas une
main humaine qui agitait la corde, mise en mou-
vement par un tocsin céleste, t! me sembla que
même bruit impétueux résonnait dan~ mon
ce
âme palpitante; et j'entrai dans la haute
cathc-
drale d'un pas incertain, it la fois heureux et trou.
bto.
L'impression que j'éprouvai dans ce sanctuaire,
je ne saurais la traduire avec des mots. Sur les
vitraux brillaient d'une clarté obscure' I<'s pieuses
images de tous les martyrs, puis, ittuminccs d'un
~at merveilleux, je vis les images s'agrandir
et devenir réalité, je vis passer devant mes yeux
tout un monde de saintes femmes et de confes-
seurs de la foi.
.te tn~pnonittai prcs de l'autel, tout rayonnant
de ferveur et d'amour divin. Tout en haut, sous
ta
voûte, ctait peinte la ~oirc des bienheureux: mais<

<~tte alliance de muta rappelle le beau veK du


CM

Cette eb~HM clarté qui tombe dM <teMM.


quand je relevai ta tête, le dntre de la
conpote avait
disparu, ta porte du cic! ~taH
ouverte tous t~
vom's étaient <!cart~s.
Tou~ te~ sph.u~ur~H< contempt~s
dah<t
unf cxtaso <! admiration ~H..nci<c. tout~ tes
hMrmoni.c<st<.sq~j'ai entendue ptus
<~<' t c~~ et <~
sono~
trompette~ les mots ~t
~pu.s.ant. & t.s ..endr.; mais
q~cc!u. qui aspire
sûrement & jouir d<. ces mcrveit!es pr~tc to~i!~
aux f~h!cs so,is qui retentissent dans tes profon-
deurs de !a foret

LE CODENT SUBMERGE

Un couvent est submer~ dans


les profondeurs
~!u lac sauvage; les
nonnes sont nov< ainsi que
1 abl~ hélas! La troupe fetAtrede.
ondines accourt
aussitôt à la nage, pour voir qu~on
rtere les murs. ce trouve der-
On s'agite et se démène dans le
cloître et le dortoir;

inspiration si
sages des 1lf~ditc~tiorss de 1.1lmartinc, certains pas-
dans le parloir,
une assemble folâtre est aux écoutes
on entend d~ns le chœur des
chants et une joyeuse
musique d'orgue; la cloche appelle à l'office, quand
cela convient aux nonnes.
A la clarté lumineuse de la pleine lune, le rivage
verdoyant les conv!c a danser en rond en habits
religieux; les voiles blancs flottent, les étoles noires
s'agitent, tes Hammèches des cierges pétillent, tan-
<tis qu'elles tournent en bondissant
Le farfadet, ta-bas dans le creux de la paroi du
rocher, endosse le froc de i'abbc qu'il a trouvé sur
te rivage enrayant les danseuses, il vient prendre
part a la mascarade; mais elles, en le narguant,
s'enfoncent dans les profondeurs de l'abbaye.

CONTE

Vous avex entendu parler de la damoiselle qui


dormit pendant plusieurs centaines d'années dans
les profondeurs les plus recutces d'une forêt. Mais
le nom de la merveilleuse jeune fille vous ne l'avex

f:ctte baHattc offre nnc~na!fgtc cnrtcnae avec h scène <'c9


nonnes au troisième acte de Jtc~~e
D<.&
9
jamais connu je l'ai appris tout récemment c'est
la poésie aHemandc.
Deux fées puisantes s'approchèrent du berceau
de cette belle enfant de race princière, lui
appor-
tant leur cadeau. La première dit brièvement
·
Oui, fais-moi des sourires Je te donne
« une fin
prëmaturëe, due la piqûre d'un fuseau. »
L'antre fée répliqua « Oui, fais-moi des
sou-
rires Je te donne ma bénédiction, qui guérira la
piqûre mortette cite te préservera si bien, qu*un
doux sommeil t'enveloppera Jusqu'au moment où,
après quatre cents ans, un fils de roi feveiticra.
Ators un décret solennel fut puhHe dans ie~
t-oyaume, et proetam~ dans toutes les rues qui-
conque avait des fuseaux devait sous peine de~
tnort, les livrer pour qu'ils fussent brutes pubU-
quement tous ensembte.
Cette enfant ne fut pas eh'vee, selon l'usage,
<ms des chambres renfermées, ni dans des pièces
<'ù se trouvent. des fuseaux, mais dans les jardina
de roses. dans tes forets fraîches et ombreuses,.
avec de joyeuses compagnes, se livrant en liberté à
ttes jeux hardis.
En grandissant, elle devint la plus beilc des.
jeunes <i)ies de longs cheveux d'or, des
yeux d'un
bleu foncé, chaste dans sa démarche et
son main-
tien, !oya~ et franche dans ses discours, habile à
tous les ouvrages, sauf au maniementdu fuseau.
Nombre de tiers chevaliers se mirent au service
de la gracieuse damoiseHe, entre autres Henri d'Of-
terdingen, et Wolfram d'Ëschcnbach'; ils allaient
vêtus de fer et d'acier, une harpe d'or a la main.
Elle était digne d'être chantée, la princesse qui
trouvait des serviteurs pareils.
Ils étaient toujours prêts a combattre avec l'épée
et la lance; ils respectaient les femmes, et luttaient
dans des joutes poétiques ils chantaient l'amour
de Dieu, le courage des héros vaillants, les doux
transports amoureux, la fleuraison charmante du
mois de mai.
L'écho de leur voix résonnait hors des murailles
des vieilles cités; bourgeois et paysans entonnaient.
ces chants nouveaux, le pâtre chantait, dans ses
veilles au-dessus des nuages; et on entendit la voix
du montagnard retentir dans la profondeur des
bois.
Par une nuit de mai, les étoiles brillaient d'un
éclat merveilleux; il sembla a la princesse qu'elles
lui faisaient signe d'aller sur le sommet de la tour
elle y monta, la douce jeune fille, toute seule, et
voilà que d'une chambre la faible lueur d'une
tampc vint à filtrer.
Une petite vieille en cheveux gris y filait sa
quenouille elle n'avait absolument rien su de la

Ué~brea minnestnger (tTouwres; atlcn'ands du moyen âge.


rigoureuse proscription des fuseaux. La princesse,
qui. jusqu'ators, n'avait jamais vu semhtab!etrava!
fntra dans la chambre de la viciitc « Qut es-tu,
s'it te p!aît ? Il
« B<c mignonne, on m'Mppc!tc ta Poésie de
chambre car hors df ma chère petite chanthr~,
jamais encore je ne me suis égarée. Je suis assise
a ma ptacc favot' pr~ de ma qucnouit!c, qui ne
chan~ pas mon vieux chat avouée iitc sur mes
genoux. »
« Je file avec le p!u<4 grand soin de longs, bien
!ongs poèmes didactiques; les épopées en lin, je
les dévide plus rapidement mon matou miaule
des tra~tics, mon rouet a dcsétans tynques
mon
fuseau joue !a comcdie avec divcrttsscmpnts.
M
La princesse devint toute pâle en entendant
parler de fuseau cite voulut s'enfuir à la hâte,
le fuseau s'etança à sa poursuite
sur le seuil de
la porte vermoulue la damoiselle tomba tout
coup;
ie fuseau la piqua aussitôt au talon.
QueHc ne fut pas la terreur de ceux qui la trou-
vèrent au matip On ne pouvait plus révciUer, elle
dormait le sommeil enchanté. !Jnc couche était
préparée dans la haute salle des chevaliers,
cou-
verte d'étoffes d'or et de roses sans nombre.
Ainsi dormit dans la salle la princesse, riche-
ment parée. Bientôt tous les autres habitants de
cette demeure furent pris du même sommeil les'
chantres, dejA plongés dans les r~ves, firent vibrer
plaintivement leurs cordes, jusqu'au moment ou,
dans toute étendue du château, le dernier accord
s'éteignit.
La vieille filait toujours encore dans sa cham-
brette silencieuse; dans chaque pièce les araignées
grandes et petites tissaient leurs toiles, buissong
et sarments s'enÏaçaient autour de la demeure
princièrt~ et tout en haut dans le ci<'t des nuages
gris s'amoncctaicnt.
Au bout de quatre cents ans, !e fils du roi vint
passer a cheval avec sa troupe de chasseurs dans
ta montagne boisée « QucHes sont donc, dtt-i!,
ces tours gris(!s et ces créneaux de forme bixarre
qui s'élèvent au-dessus de !a haute foret ? ?
Au bord du chemin se tenait précisément un
vieux fileur: « Ah monseigneur, de grâce, prêtez
l'oreille à mes avertissements Des cannibales
romantiques résident dans ce château, et avec leur
couteau barbare ils égorgent petits et grands.
Le fils du roi s'en va témérairement avec trois
chasseurs avec leurs épées ils se frayent une route
vers le château. Le pont-levis était abaissé, la
grande porte était ouverte, et à l'instant même un
laon s'élança au dehors.
Car, dans l'enceinte de la cour, on retrouvait la
foret des oiseaux d'espèces variées y chantaient
dans les arbres. Les chasseurs, sans s'arrêter,
avancèrent hardiment vers une porte & cobnnes
qui apparaissait dans tes buissons.
Deux géants endormis étaient étendus devant la
porte, tenant ieurshattcbardcsen croix: les chas-
seurs tous ensemble passèrent r~so!umcnt par-
dessus, et se dirigèrent d un pas décidé
vers une
grande salle.
La, nombre de femmes parles étaient adossées
des sièges eteves; au milieu d'elles des chevaliers
armes, avec des harpes d'or, à ta ngure imposante.
les yeux fermes, muets, semblables à des statues
tombales d'une haute antiquité.
Au milieu de la salle on apercevait
une couche ri-
chement décorée d'or, où reposait, magnifiquement
parée, une jeune tiUe d'une beauté merveilleuse.
~a suave enfant était entourée d'une guirlande
tounue de roses fraîches; sur ses ievres et
ses
joues brillait le doux rcHet d'une lumière rosée.
Le fils du roi, pour savoir s'il avait de la vie
y
danscette image, appliqua trcsdoucement !es)cvres
sur sa bouche bientôt il reconnut qu'e!!e était
vivante, à son souffle léger et chaud et a l'étreinte
de son bras, dont elle i'entaca encore assoupie.
HUe écarta tes bouctes dorées de
son visage,
leva, doucement curay~e, ses yeux bleus, et voici
que de tous côtés s'éveillent dames et chevaUers,
et que tes vieux Heder retentissent dans la vaste
demeure princierc.
tJn ciel matinal de pourpre et d'or a ramena le
mois de mai le prince, avec sa bien-aimee, sort
de la forêt obscure, et tes vieux maîtres s'avancent
d'un pas majestueux et fier, comme des esprits
gigantesques apportant des chants inconnus et
mcrveineux.
Le charme de ces chants eveiiïe tes vallées ptonr-
~ees dans te sfnnmeH ~tti~nqne ~arde encore
<<ans le cœur une étincelle de jeunesse, s'écrie avec
joie dans une émotion profonde « Homercions
cette matinée aux rayons dores, qui t'a ramenée
à nous, A poésie aHemande! r~
La vieille est toujours encore assise dans sa
chambrette le toit est tomb~ en morceaux, et la
phue y a pénètre; à peine tire-t-ene encore le fil
<te sa quenouille. ce désastre !'a paratysee. Dieu,
<!ans sa ~ràce, lui accorde la paix jusqu'au juge-
ment dernier

LA FtLLE DU ROI

La fille du roi d'Espagne s<* mit a apprendre un


métier; voulait apprendre à coudre <'t à laver.
<;I!e
A !a prcmi6rc chemise qu'oUe devait laver, enc
taissa tomber dans ïa mer Fanneau qui ornait
sa
btanchemain.
Citait une toute jeune fille, elle se mit & pteu-
rer. Et voici que sur !a route un vaillant chevalier
v!nt & passer.
« Si je rapporte t'anneau, que me donttercx-
vous, ta heUe? Je ne pourrai vous refuser un
baiser de mes ~vrcs. ?
Le chevatierôte ses vêtements, et pton~e r~soiu-
ment dans la mer; a la premicre descente il
ne
peut rien découvrir.
A la seconde descente, i! voit,
non loin de lui,
briHer t anneau à ta troisième, il
se noie, le chc-
vatier.
C'était une .toutejeune tit!e, elle se mit p!eurer.
Puis, elle alla trouver son père
f< Je ne veux plus
dorénavant apprendre
aucun métier. »

LE a~MTE MCMt)

A Fabbay~ dp Saint-Oucn 1il y avait,


au temps
jadis, un sacnstam; il était cité comme
un moine
pieux, <'t on rcndatt de lui bon t~moi~nagc; mais,
plus une âme a de va~un plus le diab!c la
con-
En S'TMMndte.
voite. Un jour, le moine dont je parie, s'étant rende
a l'église pour faire son service, y voit une dame;
il s'éprend pour elle d'un amour irrésistible;
il mourra si elle lui refuse ses faveurs; il veut
tout risquer pour elle. A ses prières, H ses pro-
indi-
messes, la dame se laissa persuader; eltc lui
qua l'heure et le lieu où it pourrait la rencontrer
dans ta nuit. ~ors donc que l'obscurité fut devenue
profonde, tandis que tout dormait dans te couvent,
le re!ipieux se mit en marche et ne fut pas bng-
temps !t chercher de la société. Pour attcr a la de-
ptanche
meure de iadame, il fallait passer sur une
étroite, qu'il voulut franchir à la hâte. Je ne sais
qui lui arriva, s'il se heurta, mit te pied trop
ce
loin ou fit un faux pas, mais il tomba dans l'eau et
enfonça, se noyant sans secours possible.
Un diahte prit aussitôt son âme, qui sortait toute
chaude de son corps; il allait t'entraîner vers rcn-
fer quand un ange s'avança à sa rencontre. Ils se
mirent à se disputer cette Ame, invoquant tour à
tonr leurs raisons. Le diable disait « Il te sied
mal d'empiéter sur mon meilleur droit. Tu sais
quitte m'est enchaînée, i'àmc que j'ai trouvée
dans de mauvaises actions. J'ai surpris ce moine
faisant une mauvaise action; il est tacite de le voir
a ce chemin ou son bâton s'est brisé. Tu sais que
le Seigneur a dit « Je te jugerai au lieu où je te
trouverai.
L'an~ reptiqua « NuUement. C<! reÏi~icux &
men<< une vtc irr6prochab!c tant qu'i) été i'ab-
a a
baye. Or, i'Kcriture
nous !a dit ctairement « La
« récompense est préparée à l'homme de bien.
Notre homme doit maintenant avoir !a rccompcnsR
<in bien qu'H fa.i
sur terre. Le p<<ch~ pourvue!
tu veux d6~ !<' ju~cr notait pas encore commis
sans doute, il est sorti de t'abbaye, H a marché sur
!a ptanche. mais aurait
pu encore revenir sur
ses pas, 8H n'avait été précipite <!e dessus le pont.
Il ne doit pas être puni du ma! qu'il n'a
pas fait, et
il n'est pas possible qu'il soit réprouva
pour une
~mp!e veHeite. Pourtant, que l'un de
nous deux
n'accuse pas autre; a!!ons trouver !c comte Hi-
chard, qu'i! arrange notre dinercnd: i! a toujours
jug~ avec équité. Le dia!de répondit
« J'y con-
~ns, qu'i! décide entre nous! H !!s se rendirent en
hâte & ~appartement du comte; i! était coucha
et
avait dormi, mais en ce moment il était evci!!6 et
reOechissait dinerentes c!<oses.
ns !ui exposèrent ctairement qui était arrive
ce
& l'âme, et le prièrent de décider & qui des deux
e!!e devait appartenir. Messire tUchard rcHech.t
ne
pas !ongtcmps, et prononça en termes brefs ce juge-
ment « Hcndcx rame au corps, et mettez !e
moiniHon sur !e pont, juste a Fendroit ou it est
tombe Puis, qu'aucun de
vous ne s'en occupe
~'i! estentrame en avant dans
une course précipi-
t~e, sans regarder autour ni au-dessus de lui, ators
qu'i! tombe dans les pièges du maudît sans protes-
tation et sans long débat Ï Mats, s'il prend une
antre direction et revient en arrière, qu'il ait la
paix
La sentence du comte fut approuvée des deux
rivaux ils insufnerent FAmc au corps, et indi-
qu~r<'nt nn moine son antenne place. Quand le
religieux se retrouva «ain et sauf sur ses deux
jambes, il recuta prec!p!tantment, comme un
homme qui marche sur un serpent. A peine t'cut-
livré à hu-mème, qu'il prit brièvement congé,
on
s'enfuit en toute hâte au monastère, se cacha dans
ceUu!e, et retourna ses vêtements. U trem-
sa
blait toujours de mourir, et doutait de son exis-
tence.
Le jour venu, le comte se rendit a Saint-Ouen,
manda aussitôt la communauté, et trouva le moine
Hichard le fit venir
avec ses vêtements mouiHes.
et lui ordonna de se présenter devant t'abbé « Mon
frère, dit-il, que vous est-it donc arrivé? QueHe
mauvaise action voutiex-vons commettrè! Une
autre fois, faites plus attention au passage des
planches, la nuit racontez à i'abb~ franchementet
à cœur ouvert, ce (lui vous a surpris, cette nuit! ~)
Le religieux fut saisi d'une honte mortelle, et rou-
git jusqu'aux oreilles, en se voyant ainsi en face
de t'abbë et du comte pourtant il fit toute sa con-
tcssion franchement. Le comte conHrnta la v~dté
<i~sonr~c!t.
C'est ainsi que la vérH~ fut découvertes et long-
temps aprf's, en Normandie, t'épi~ramme que voici
~t~tt encore répandue « Mon bon fr~rc, marchex
<!ouc('tn<;nt) et prenez bt<'n gardo aux p!anches.

LEGEREÎ

!t est une ~!ise bien connue, qu'on appcïte


mont Saint-Michet, a !'extrcmit<< du pays de Nor-
mandie, au bord d'un rocher e!eve; !amcrrcntoure
de tous côMs, sauf d'un seul, ou chaque fois que le
flot se retire, s'ouvre un scnHer fraye. Le flot monte
deux fois par jour, roulant des vagues fortes et impé-
tueuses; aussi plus d'un, en ces moments, echappe-
t-H à ~rand'petne
au danger.
Nombre de pèlerins viennent à rég!ise pour
l'avantage de leur salut éternel. `

Un jour de grande fête, les pieux visiteurs se


rendaient en hâte à la sainte messe, quand ils
furent surpris par le flot. Ils se réfugièrent préci-
pitammentsur retroit sentier dans une presse tumul-
tueuse seule, une pauvre femme enceinte vit ses
forces s'épuiser entièrement, et sa course entra-
vée par les douleurs ~iotcntcs qu'elle ressentait à
poitrine. HUe fut repoussée par la foule, tomba
au milieu de la presse, et resta étendue sans ctrc
remarquée,car chacun travai!lait & son propre samt.
Les autres pèlerins «'étaient tous enfuis et avaient
<teja gagné la montagne et, quand ils regardèrent
du côté de la femme, déjà le tlot se rapprochait
<re!!c; Jetait trop tard pour lui porter aucun
secours, aussi eurent-ils recours à la prière. Cette
femme qui, près de mourir, voit que toute aide
humaine est imposée. e!evc a haute voix ses sup-
pUcations, elle aussi, a Jésus, Marie, et l'archange
saint Miche!. Les pèlerins ne l'entendent pas, mais
Mère
son appel est arrivé au ciel. La-haut, la douée
<!e Dieu s'est levée de son trône; la sainte Heine des
Cicux, pleine de compassion, jette un voile à ia
pauvre abandonnée, qui, à couvert sous cet abri, est
protégée contre le choc des vagues, car au milieu
<!cs ondes mugissantes s'etcve pour eHc une demeure
a sec. La marée basse n'était pas éloignée sur te
rivage se tenait encore toute la troupe des pèlerins.
On croyait la femme perdue depuis longtemps et
voici que les nots se retirèrent, et que du sein des
vagues profondes la femme apparut saine et sauve
<'t tout heureuse, tenant doucement dans ses bras
un charmant enfant nouveau-nc. Alors prêtres et
Ïaïques se réjouirent hautement de
ce miracle si
beau, se montrèrent la femme
avec admu'atîon,
et chantèrent les louanges du Sct~ncur et de
sa
More'.

Cette rhantnm<c tcgettdc rapp~He !a !t.gp,,dp pv~n~nnc


t~
Hcthttffnnt. d nprft JaqueUf h VK'r~ tendit
lit, Mnnexu à m~
j<'«nc <lUc qui se nny~tt, et la stuva .h) p<'nt.
DEUXÏËME PARTIE

UEDER

PROMENADE DU SOIR DU POËTR

Si tu te promènes le soir (pour le poète c'est le


moment délicieux), tourne sans cesse tes regarda
vers l'éclat du soleil à son déclin. Un transport
suhtime s'emparera de ton âme; ton u'ii pénétrera
dans tes portiques du tempte, où se manifestent
tous les mystères sacres, où l'on voit passer des
images célestes.
Mais, quand les sombres nuages s'abaisseront
autour du sanctuaire, alors ce sera fini; tu revien-
dras sur tes pas, heureux d'avoir contemple cette
merveille. Tu marcheras en proie à une émotion
silencieuse, emportant avec toi une bénédiction
pour tes chants et la lumière que tu as vue là-bas
brillera doucement autour de toi sur les chemins
obscurs.

LE KOt AU SOMMET DE LA TOUR

Voici que toutes les cimes assombries, les va!!<!es


obscurcies sont envetoppees d'un doux repos; par-
tout rc~ne le sommeil, et les soufres de la brise
ne m'apportent t'echo d'aucune p!ainte.
Sur tous j'ai veiUc, pour tous j'ai travail j'ai
bu le vin petiHant au milieu des soucis; la nuit
est venue, le ciel s'est animé, je veux réjouir mon
~me.
0 lettres d'or disséminées à travers les espaces
~toités, je tourne vers vous mes regards avec
amour et vous, sons mcrvciMeux que l'on perçoit
a peine, avec qucïtc votupte vous murmurez a
mon orciUc!
Mes cheveux ont blanchi, mes yeux se troublent,
mes armes victorieuses sont suspendues dans la
~attc, j'ai rendu la justice, et je l'ai pratiquée
<ptan<! pourrai-je enfin trouver le repos ?
0 bienheureux repos, comme je soupire après
tôt 0 nuit ap!en<!Mc, comme tu hudes longtemps,
puisque je vois tes ~to'!es jeter un ~at
plus vif,
et que j~ntends des harmonies plus sonores

CHA~T D'UN PAUVRE MOMMK

Oui, je suis un pauvre homme, et je marche


tout seul. Je voudrais bien, une fois seulement,
éprouver encore une joie véritable.
Dans lit maison de mes chers parents, j'étais
un enfant joyeux te chagrin amer est mon par-
tage, depuis <;u ils sont ensevelis.
Je vois les jardins des riches fleurir, je vois les
stérile, tracé
semences dorées; & moi le chemin
par le souci et la peine.
Pourtant, souffrant en silence, je m'arrête volon-
tiers au milieu d'une troupe d'hommes joyeux, et
je souhaite le bonjour à chacun bien cordialement
et avec chaleur.
Mon Dieu, dans ta libéralité, tu ne m'as pour-
tant pas enlevé toute joie; une douce consolation
se répand pour le monde entier du haut des cicux.
Dans chaque village s'élève encore ta sainte
le
maison, l'orgue et !es chanta des chœurs résonnent
à toutes tes oreiites.
Le soleil, la tune et les étoiles bt'Uïent
anncatement pour moi, et, quand tinte la encore
ctoche
du soir, alors je parte avec toi, Sc~ncut-.
fn jour, ta haute salle de ~jouissances s'ouvrira
pour tous tes hommes vertueux; alors je viendrai,
moi aussi, en habits de fête, m'asseoir
au fe~n.

ALTOmE

Je vous salue avec une joie printanière, ciel


bieu, soleil aux rayons d'or l'autre côte. dans
les bo~;u~s des jard.ns, j~entends de joyeux
accords retentir.
0 mon ~mc, pressentirais-tu de d~
doux et suaves chants de printemps ?nouveau
Vois à l'en-
tour les arbres jaunis !H6tas! citaient de char-
mants rêves.
PROM6E

C'était une enfant il y a quct~ues jours; elle ne


t'est plus, non en vérité. Tantôt la Heur est
ouverte, tantôt elle se referme à demi. Qui pour-
rai-je interroger sur ce prodige, et comment le
faire ? Ou bien suis-je le jouet d'une vision char-
mante ?
Son langage trahit des sentiments enfantins. !e
jeu de ses pruneHes est bien limpide; pourtant, je
découvre de grandes choses, j'aperçois des profon-
deurs sans limites. Oui, ce sont ta des prodiges du
doux amour; t'amourfait beaucoup de prodiges.

CMA~T DOM~tCAL DU PATME

C'c~t le jour Sci~nnur. Je suis seul dans la


du
vaste p!a!nc on n'entend plus qu'une c!ochp du
matin, près de moi comme au loin règne le
sUence.
Je m'agenouitte ici en adorant Dieu. 0 doux fré-
missement, agitation aecrëtc me scmbic que
beaucoup d'ares invisibles s'agenouillrnt et prient
t'vocmoi!
Le ciel, de près comme de loin, est si clair et si
imposant de tous cûMa qu'U semble vouloir s'ou-
vrir. C'est le jour du Seigneur.

CIIANT DU JEUNE MONTAGNARD

Je suis le jeune pâtre de la montagne je vois à


mes pieds tous les châteaux; c'est ici que le soleil
darde ses premiers rayons, c'est chez moi qu'il
s'arrête le plus longtemps; je suis l'enfant de la
montagne.
C'est ici la source du torrent, je bois son onde
fraîche au sortir du rocher; elle jaillit en mugis-
sant dans son tours impétueux, je la prends au
passage avec mes bras; je suis l'enfant de la mon-
tagne.
La montagne, c'est mon domaine les tempêtes
grondent aux atcntours, mais, si elles sifflent du
nord et du sud, mon chant les domine; je suis l'en-
fant de la montagne.
Si les éclairs et le tonnerre sont sous mes pieds,
UEOEK

je suis ici bien haut dans t'axur; je tes connais et


je teur crie « Épar~nex maison de mon përc M
Je suis Fenfant de ta montagne.
Et, quand, un jour, te tocsin retentira, et que
plus d'un feu bridera sur les monts, je descen-
drai, j'entrerai dans le rang, je brandirai mon
et chanterai chm~n; je suis l'enfant de
ppee, ma
ta montagne.

CHANT DE FIANÇAILLES

J'envie et j'exalte bien haut la maison qui &


gracieuse fiancée; elle doit s'épanouir
reçu une
comme un jardin en fleurs.
La chambre de la fiancée est inondée par un
soleil radieux le son de la flûte attire comme
chant de rossignol les tables se garnissent
un
des parterres, et le vin jaillit en flots
comme
dorés.
Les femmes ont des teints de lis et de roses
les souffles capricieux qui circulent à
comme
bruit des
travers les fleurs, on entend le doux
baisers et des caresses.
Mt~HJTfO~

Elle vient dans ces vallées silencieuses je


m'y
hasarde en ce jour résolument. Pourquoi
trembte-
rais-je devant cette enfant qui
ne fait de mal a
personne ?
Tous !a saluent et
avec plaisir; moi, je passe
devant elle et n'ose îe faire, et je n'ciëve jamais
mes regards vers cet astre de toute beauté.
Les Heurs qui s'inclinent
vers eiïe, tes oiseaux
avec leurs chants joyeux, osent lui témoigner
de t'amour; pourquoi, seut.suis.je si timide?
Au ciel, pendant de longues nuits, j'ai
sou-
vent adressé des plaintes ameres, et jamais devant
elle je n'ai osé prononcer le mot suprême
« Je
t'aime. »
Je vais m'étendre sous nn arbre, elle
passe
devant tous les jours puis, je dirai
comme dans
un rêve, qu'elle est la douce joie de ma vie.
Je vais. Ah mon Dieu, quelle frayeur elle
approche, elle me verra je vais me cacher dans
le buisson, là je la verrai passer.
AINSI VA LE MONDE

soir, je et monte le sentier de ta


Chaque sors,
tout
prairie. KUe regarda de son pavillon, situé
près du chemin. Jamais encore nous ne
noua
sommess donné un rcndcx-vous; ainsi va
monde.
comment c'est arrivé, mais depuis
Je ne sais
longtemps je l'embrasse. Je ne demande pas, eUe

dit oui; mais jamais non plus elle ne .dit


ne pas
Si les Sevrés se posent avec plaisir sur les
non. cela nous
Ïèvrcs, nous n'y mettons pas obstacle
parait bien ainsi.
léger la rose, il ne demande
Le vent caresse
M~imes-tn? Le bouton de rose se
pas: « dit pas
rafraichit sous i'inHuencc de la rosée, il ne
longtemps « Donne-toi!
Moi/je l'aime eUe
m'aime, pourtant aucun de nous deux ne
dit « Je
t'aime.
t~ËLrrË

Depuis !ongtemps tu exerces ton empire


sur mc~
chants, sur ma vie mais, cette mut, quel rêve j'at
fail, 0 !ai~moi sou!a~r
mon c~ur oppressé 1
tJ'w ~mmc ~ran~riR et vbi!ce <!ta:t assise ~-ba«.
sous l'arbre de nos amours.
Comme elle tenait mes sens captives Je m'ap-
proche avec une <toucc inquiétude, elle lève légère-
ment son voi!e;je vois tes yeux si chcrs, oui, tc<-
yeux b!eus bien-aimcs. Toute vision etrangcrc
s évanouit.

SÉPARÉS DU MONDE
4

Enfin je t'ai donc dérobée aux flots


tumultueux
de la foule tu
es enchaîna il mon bras, tu es
maintenant &mo:, à moi sout. Tout
repose à cett~
heure, nous seuls vivons
encore sur ta terre ainsi
dans les profondeurs si tendeurs des
ondes le dieu
des mers est retiré déesse.
avec sa
H a cesse, tout ce tumulte violent qui empêchait
h's paroles de m'arriver tes caresses tcgcrcs et
tunonrcHses, voilà maiMtcnant le acut bruit qui
t~sonnn doucement & mon oreille. La nuit cnvc-
toppe la terre nulle lumière ne brille sur ks
plaines et !<'s ~tan~s ia lueur scuh' de cette lampe
~('taire encore le pcttt royaume de notre amour.

CONTENTEMENT

J'étais assis près du tilleul avec ma bien-aimee,


nous étions assis la main dans la main; nuUe
feuille ne murmurait au soufnc du vent le
soleil projetait doucement ses rayons sur le pays
sHencieux.
Nous étions assis en silence, pénètres d'une~
volupté intime à peine sentions-nous les batte-
ments de nos cœurs. Mais aussi que pouvions-nous
dire? Que pouvions-nous nous demander? Nous
en savions assez.
ltien ne pouvait plus nous manquer nul désir
ardent ne pouvait nous tourmenter, nul objet cher
n'était loin de nous le sourire d'un regard aimé,
le baiser d'une bouche aimée, voilà ce que l'un
acccordait a l'autre de grand coeur.
AMO~R CÉLESTE

Vous r~poscx avec ivresse dans des bras bien-


aim~s, tes jouissances de ta vin vousnppp!tcnt;
un
«ctd regard s'est aba:M<< moi, et pourtant je
sur
suis ptus favor!~ <!e bwns que
vous tous.
Le bonheur terrestre, je m'en
pass~ facilement;
martyr, je tfv<' yeux, car au-dessus de moi, à
rhorixon dor< le cic~ s'Mt ouvert.

pRoxtm~

J'entre dans ton jardin où peux-tu drc aujour-


d'hui, madouccamic? Seuls, des papillons vol-
tigcnt travers cette solitude.
Mais que de Ocut's multicolores ornent tes
par-.
terres en abondance, et, comm~, m~tcs & leurs
parfums, les zéphyrs soufflent autour de
ma tête r
Je te sens près moi, lit solitude s'est animée
ainsi r6tre invisible ptane au-dessus de ses mondes.
LA VEILLE AU SOIR

Qui a passé devant ma porte au crépuscule?


~'était-ce pas ma gracieuse amie ? Et, de sa pettte
corbeille, les roses n'exhalaient-ellespas leur suave
odeur?
Oui, demain, c'est la fôtc du mai A quel plaisir,
demain, de la voir apparaître etiïicctante, la rose
<tu corsage t

LE F!L DE LA V!HRCE

Quand nous allons dans les champs, un fil de la


Vierge vottige sur la campagne clair et léger tissu
<tc fées, entre elle et moi il forme un lien. Je le
regarde comme un présage favorable, un présage
comme il en faut à l'amour 0 les espérances des
heureux pleins d'espoir, tissées avec des parfums,
envolées avec un soufHe
MAXIMERUSTRE

En été, chercher: une amie dans t~ jardins


la campagne; aïors les jou,~ et
sont assez longs,
Rn h,
alors les nuits sont tt~ics.
doux Hen doit ~tre déjà solidement
formé; il ne faut
p~ ~ter longtemps dans la
neige, aux froids rayons du clair de lune.

LE FORGERON

J'entends mon h:en-aime qui brandit le


teau c'est un bruit retentissant qu'on
mar-
entend au
loin, comme la sonnerie des cloches
à travers les
rues et la place.
Près de la noire cheminée est assis
mon ami;
et, quand je passe devant sa porte, te soufnct de la
forge mugit, la nammc pëtitie et crépite
autour
<ie lui.
CHANT DU CHASSEUR

Pas de plus grand plaisir en ce moment que (le


marcher travers les bois, où chante la grive et
<:rie le vautour, ofi bondissent cerfs et
chevreui!8rt
0, si ma bicn-aimee était assise sur une cime
verdoyante, et chantait comme une gnve! 0~ si
elle bondissait ta-bas comme un chevreuil, si je
pouvais lui donner ta chasse

CHANT D1HVER DU PATRE

Hiver, méchant hiver, comme Funivers est petit!


Tu nous refoules tous dana les vallées et dans nos
étroites chaumières.
Si je passe devant la maison de ma bien-aimée,
à peine met-elle sa jolie tête a sa petite fen&tre.
Si je prends mon courage et que je monte à sa
demeure, elle est assise entre son përc et sa mère,
et ses petits yeux me regardent à peine.
Été, bel été, comme l'univers devient vaste t
Plus on s'etcve sur tes monts, plus i'horixon
1
s'agrandit.
Es-tu sur te haut du rocher, chère mignonne
je t'appettc tes ~chos portât ma voïx au to!n,
mais perscnnc ne t'entend,
<;uc toi. t
Et, quand je te tiens dans mes bras tes cimea
libres des monts, nous sur
voyons au loin dans tes
ptames, mais on ne nous von
pas.

L ART UBRE

Qu'd chante. ce!ui qui a reçu le don de chanter.


dans le bois des p.~ics aHcmands C'est
ia joie
c'est !a vie, quand dp toutes tes branches
résonnent
des harmonie.
Ce ne sont pas des
noms sans ~oire que ranpeHe
tapocste !yr!que; la semence est répandue
toute terre aHemande. sur
Épanche hard.n.cnt, en de libres harmonies,
les
d~.rs dont ton c.eur est rempH Que ton
amour
passe devant nous avec un doux murmure, ta
colère en grondant
Si tu ne chantes pas durant toute
ta vie, chante
au moins dans l'ardeur de la jeunesse dans les
nuits embaumées seutcment, les rossignols font
entendre leur voix.
Si tu ne peux nxcr sur des cahiers de papier
l'inspiration des heures fugitives, conne aux vents~
une feuille votante La jeunesse alerte la saisira au
passage.
Loin d'ici, sciences occultes, nécromancie,
alchimie Nous ne sommes pas enchaînes à des
formules, notre art s'appelle poésie.
Nous respectons tes caractères religieusement,
mais les noms pour nous ne sont que fumée nous
honorons dignement les maîtres, mats notre art
est libre.
Ce n'est pas dans de froids monuments d&
marbre, dans des temples sombres et morts, c'est
dans les frais bois de chênes que respire et se fait
entendre la musc germanique

LA VALLËE

Comment peux-tu te montrer a moi, chère


vaUee, comme un site nouveau ? Dans mes plus
jeunes années tu m'apparus plus d'une fois sous
Cette piccc est «ne snrtc <h' manifeste de l'école souabe
rommtti<tue. dont Uhland fut le chef inspiré.
~'et aspect. Le soleil a déjàbaissé, mais de lumi-
neux reflets échurent les ruisseaux nuHe brise
ne caresse mon visage, mais on entend dans te
bois de doux murmures.
Je sens de nouveau le parfum des anciennes
amours, mes plaisirs d'autrefois renaissent oui,
mes instincts poétiques de jadis, même, animent,
~M<% âme inspn~Me. 0 nature. it faut des heures
pareiHes, si intimes et si ravissantes,
pour que
mon pauvre cœur qui se dessèche recouvre force
et santé.
Si, un jour, le monde me cause des tourments
encore plus amers, j'irai de nouveau vers toi, ma
vaUce chérie Alors fais un aussi doux accueil,
une fois encore, au chantre malade puis, si je
tombe épuise, ouvre doucement ton sol, prends.
moi et refcrmc-tc, et sois toujours couverte d'une
luxuriante et fraiche verdure

LA VALLÉE DE REPOS

Quand, aux derniers rayons du soleil couchant,


les nuages dorés s'élèvent comme des montagnes,
~t apparaissent semblables aux Alpes, souvent je
trouve-t-eHe au
me demande en pleurant « Se
niHieû de ces nuées, !a vaHée de repos où j'as-
pire ?

MATt~K SKRMNË

Air limpide qui parais après des jours sombres,


comment peux-tu apaiser mes plaintes ? Ceiui-~
seul que lit pluie a rendu malade, peut guérir par
la ïumtcre du soleil.
Air limpide qui parais après des jours sombres,
it est vrai. tu apaises mes plaintes amères tu fais
britter dans mon cœur d'heureux pressentiments;
teUe après les Jouteurs nous
réconforte la joie
cctcste.

RENCONTRE DES AMES

Les biens terrestres se dénouent-ils ? Puis-je


prendre librement mon essor, pour être réuni à
toi, û mon amie, dans notre patrie ? Oui, depuis
!ongtompsjetournais mes regards
vers les hauteurs
o'~ tu avais pris ton vol fo) hm~ maintt'nant je
~trouve en ptt.ine tumièrc, en pleine vio, ceHo qui
n<' mo fut jamais ravie.
« Qu'entcnds-je? M'attires-tu en bas, ou t'~èvps-
tu vers mot? Le printemps terrestre
me sourit-il
de nouveau, ou bien un plus beau fleurit-il
;c;?
Oui, dans ces hauteurs ~mineuses, toi scuh'
m'as
manqué; viens, je sens qu'à ton approche le ciel
pour moi s'est anime. Il

LKS A~ETTES

Que! ~axoutHement, quctte vo~c Sa!ut, troupe


d'atouettes Les unes rasent !a ti~cre de !a prah'i<~
tes autres prennent tcurcasor à travers tes arbres~
P!us d'un~ s~tève vers te ciel, entonnant
sur sa
route htmincnsf un chant f!'a':<~rcsse; il
y en a
une, avîdo de t~stc, qui von~p !<'t sur mon
cu'ur.
B~MCTMN POÈTE

Je marchais le )ong de la plaine, prêtant t'oreittc


au (hant des a!ouettes, quand j'aperçus un homme
en cheveux gris, qu! travaillait activpment.
« t~ni
soit, m~cnai-jc, cp rhamp cuttiv~ avM'
main
une si pcrs<<'v~t'ant<' ardeur! B~ntc soit cette
d~sscch~e. qui jette encore des semences dans la
terre!
Mais le vieillard me dit d'un air grave « Ici, ta
bénédiction du poète ne profite pas; pesante comme
la cotere cc!este, elle me fera pousser (!es neurs au
!ieu de h!e.
« Ami, mes chants sincères ne feront pas naître
trop de t!eurs; assexseutementpouf parer tes épis,
t't faire un bouquet pour votre pctit-nts. »

MOSÉE ? MA!

Dans le bois et la prairie, aux premières iucurs


du jour, une source <!ecou!e du paradis~ c'est ta
h~ere et fraiche rosée de mai ce qui fait du mois
de mai le sanctuaire de toutes tes douées voluptés,
émail des feuittes, éclat dos fleurs, saveurs et par-
fums~ est son œuvre.
Le coquillage boit-il ta rosée, en lui se forme
un reseau de perles; pcnetre-t-efte dan~ te tronc
du ctt~ne, il en sort des abeilles t'oiseau d'ts son
vol en humecte-t-tt a peine son bec. il apprend tes
atfs sonores qui rejonh'ont tes bois sombres.
Hans la rosée des muguets ta jeune fille baigne
son visage, et te y trempe ses bouctes dorées et
resplendit d'un ectat ceteste les yeux même. rou-
gis par tes pleurs, aiment se rafraîchir h ces
gouttes, jusqu'à l'apparition souriante de t'etoitedu
matin, humide de rosée.
Descends donc aussi sur moi. ô baume pour toutes
tes douleurs Humecte aussi mes paupières
Abreuve mon attcre! Donne-moi la jeunesse
et te ptaisir de chanter, fais-moi voir des images
cctestes, tortine mes regards
pour qu ils puissent
contempler le soleil, (~ tegere et fraiche rosée de
mai!
FÊTE DU PtUNTEMPS

Journée dp printemps charmante et radieuse!


Havtsscmcnt intime Si jamais j'ai trouva un chant,
n't'st-cc pas aujourd'hui quP devrait venir !'inspi-
ration?'?
Mais pourquoi f!t ce moment se mettre au tra-
vaH? Le printemps est une grande fête; taisscx-
moi me reposer <'t prier

PAt~ ET VIN

Voici ce qui embaume ma vie, et chasse toutes


mes peines voir ~curir h's
vignes sur la mou-
ta~nG. voir t~urirh' htc dans tavat!6c.
Hientot ~ronucront ~s nircs, hicntM mugiront
t~s moutins, et, quand ils seront fati~s d'aner,
les
pressoirs tonrm'ront.
t'm' bonne hôtesse, de nombreux buveurs, vifs
le
et atertcs, voita <-e que j'aime qu'on m'apnorte
vin dans une coupe, si le pain est déjà sur la table.
<MTS MJ VOYAGEUR

AtHHL!

Ad:f~ adicn. mon amm t! faut


encore qu? je
te qutttc aujourditut. ~n h~~r,
tm hatscf ponr
mot n faut que jt. m'<ne .!<. toi
pnur toujou.
CuctU~-moi uno neur,
une ~eur (te arbre du
JMrdtn Pas <!c fruit, pas de fnnt je ne
pour m<u
pnis t'attendre.

!~<C\t:Mt;\T HT ~AttATtnX
H faut donc Maintenant mctoi~.crdc toi. toi
(lui
es la joie <h. ma v.c Tu m'embrasses au moment
du départ, je te presse
sur n~n cœur.
Ah! hicn-aimee, est-ce
un ornement quand on
se caresse et s'ombrage? Ah bicn-ain~, est-ce
séparation, (}uand on scn!acc ~-troitcmcnt runune
rautrc?
A!;L<H\
Jo vais me reposa ici
sons tes ar)m~ j'ai t~nt
p!a,sn- a ent~ndn. h~s pet.ts nis~u.x.
Connnc
vott-p chant, oiseaux,
va jusqu'à mon cu'ur!
Je vais me t-cposot- ici.
au hor<! du ruisseau nfi
croissent des ueurettes odorantes. Pctiics neurs
qui vous a envoyées ici ? Êtes-vous un tendre gage
(l'amour qui vient de loin de la part de ma douce
amie?
CHANT !? MATIN

A peine pressent-on encore la lumière du soleil,


tes cttwhes matinales n'ont pas encore
retenti dans
la sombra vaii~e.
Comme le bois est siiencteux dans sa vaste <~tcn<
due Les oiselets ne gazouillent qu'en rêve, aucun
chant n'a pris son essor.
Moi, depuis longtemps, je parcours la campagne;
j'ai déjà corn pos~ ce lied et t'ai chanta a haute voix.
VOYAGE N<tCTURNK

Je vais chevauchant dans un pays sombre; ni


tune ni etoHes ne donnent de lumière, les vents
~aces mugissent. Souvent j'ai parcouru cette
rou~e, quand souriainnt les rayons dorés
du soleil,
quand tes tièdes brises envoyaient leurs caresses.
Je passe en chevauchant près d'un sombre jar-
din on y entend un bruissement dans les
arbres
dessèches, et sur le sol tombent les feuilles né-
tries. C'est ici qu'au temps des roses, quand tout
s abandonne l'amour, j'avais coutume de me pro-
mener avec mon amie.
Les rayons du soleil sont éteints, les rosés se
sont flétries toutes à la fois, nton amie a été mise
dans la tombe. Je vais chevauchant dans
ce pays
sombre, au milieu de la tempête htvcrnatc, mon
manteaM rabattu, sans qu'aucune tueur m'éctah'e.

IXt.tTH
Je suis descendu dernièrement chex
un hôte
d'une extraordinaire bienveihunec;
son enseigne
était. une pomme dorée à une tondue bmnc!
C'était chez le pommier bienfaisant
que j'avais
mis pied ntcrt'e; itm'a donné noMt-t'iturn agt~abtc
et boisson ft'aîcbp.
Dans sa demeura verdoyante venaient nombre
de tcgcrs hôtes ai~s ils s'<~battai<'nt en Ubt'rt~
festoyaient, et chantaient deticieusement.
Je trouvai un lit. propice au doux repos dans de
moMcs et vertes prairies; rhôte tui-tnêtnc
me
couvrit de son ombre rafraîchissante.
t~uis, je demandai ce que je devais; alors it
se-
coua sa cime. Ah! <;u'it soit béni en tout t~mps,
depuis sa racine jusqu'à son sommet!1

!ŒT<tUH Ai PAYS

0 ne romps pas, petit pont! tu vaciHes bien. 0


ne t'écroule pas, rocher! tu menaces ruine. Monde,
ne disparais pas; cid, ne tombe pas, avant que je
ne sois de retour près de ma bien-aimée!
SUR UNE MAISON

La maison neuve est élevée, elle n'est ni cou-


verte ni murée; la pluie et les rayons du soleil
peuvent encore y entrer par en haut et de tous côtes.
Aussi invoquons-nous le Maître de l'univers pour
qu H Vt'uiU<* bien, du haut de ta voûte céleste, ne
répandre que f6Hcit<~ et bénédictions sur cette mai-
bien mettre
son ouverte à tous vents; qu'il veuiHe
dans nos greniers t'abondance, dans les chambres
le travail et la pietc, dans !tL cuisine l'ordre et la
propreté, dans retable la santé par-dessus tout
qu'il donne au vin, dans la cave, une vertu géné-
reuse; qu'il daigne bénir fenêtres et entrées, pour
de cette
que rien de nuisible ne pénètre, et que
porte nouvelle sortent bientôt en bondissant de
gentils petits enfants. Et maintenant, maçons, cou-
vrcx et murez! La bénédiction
de Dieu est dans la
m!uson.
ÉPiTHALAME EN MËTAR!)

La muse fait souvent défaut au moment ou on ta


demande; e!!e erre dans de lointaines régions, et
nuHe part e!tc n~ s'arrête; roman~qn~, bien sou-
vent. d«n8 s~s t'~vt'rt~ cHf* n~ntcnd pas t'appct
d<' la c!och<' <;<)<' dis-je? Ettc oubtie m~mc un jour
de noces.
Aussi apparaît-eUe trop tard à votre fctc, et
vous demande maintenant de son mieux de ne pas
!a repousser avec dédain. Le bonheur te ptus
ra-
dieux brillera pour vous du n~me <~at, si main-
tenant <'t toujours on peut vous chanter un epi-
!hatame.

CMA~T ? TIIÉ

M<'s cordes, résonnez bien doucement, H peine


touchées d'un doi~t !e~<'r; vous rcsonnex pour
chunter t'~ogc d<' robjct !(' plus suave, oui, Ic
plus suave, que la terre produise.
~ans tes régions fabuleuses de t'tnde. où te prin-
temps se tcnouvcHe toujours, c'est lit, è thé, qui
es un mythe toi-même, que tu passes le temps de
ta noraison.
Soutes tes abeines délicates hument le miel de
tes calices, seuls tes oiseaux merveitteux au plu-
mage muttico!ore peuvent être tes chantres de ta
renommée.
Quand des amoureux se réfugient sous ton
ombre odorante pour se rejouh* en silence, tu
secoues tc~crcment tes branche! et tu répands
sur eux des neurs.
Ainsi tu crois sur les rivages nata!s. nourri des
plus purs rayons du soleil. !ci m~mc dans ce pays
lointain nous avons éprouve ton doux attrait.
Car sautes, les gracieuses femmes ont pour toi
des soins maternels; on tes voit aller avec leur
cruche comme des nymphesau bord des flots sacrés.
Les hommes n'arrivent quedifncHemcnt à sen-
tir ta force pénétrante; seules, les douées lèvres
féminines comprennent la vertu de ton charme.
Moi-même, le chantre qui te cctèbrc, je n'ai pas
encore expérimente tes merveilles; mats, ce qu'af-
hrmc la voix des femmes, c'est pour moi un
devoir sacre de te croire.
Et maintenant vous pouvex vous taire peu il peu.
mes cordes, que j'ai touchées à peine !)cs femmes
seu!es peuvent chanter dignement l'objet le phis
suave que la terre produise.
A M:NFANT !)~ POÈTE

Sois lit bienvenue parmi nous, enfant du poète,


a Faurore dorée de ta vit- des chants et des pré-
sages. voita
un présent q~i te convient au jour de
ta naissance. `

Tu viens au monde it une grande (!poque, dans


des h'tnps graves, tctnoins de hicn des prodiges:
au-dessus de ton sommet < (Fenfant gronde le ton-
nerre de ta guerre sainte.
Pour toi, repose paisiblement, bercée
par des
rêves héréditaires, rêves poétiques de t'ec!at du
ciet et de !a verdure d~s bois. des étoiles, des
plantes, et des arbres en Heurs
Hn attendant, te fracas de t'oura~an
cessera, tes
jours sanglants et troub~s s envoleront;ators tu
''omntpnceras a t'épanouir connne vierge, annon-
çant te re~ne (le t'amour.
Ce qui jadis n'était qu'un pressentiment,
un
désir ardent exprime dans tes chants de ton père.
te trésor de ta vie. descend
sur toi du haut des
bienheureux espaces ceb'stes.
CMA~T ~CHtQUK

Nous n'en sommes plus au premier verre, aussi


pensons-nous volontiers !t toutes sortes de choses.
Moût ce qui gronde et mugit.
Nous pensons ta foret sauvage, où se
dectudncnt tes tempêtes; nous entendons sonnet' le
cor <tc chasse~ ch<'vaux et chtcns courir impétueu-
sement; te cerf s'ehnce travers lu rivière, tes
nots munissent et bouillonnent, te chasseur hâte
et excite sa meute, et les coups de feu retentissent
avec tracas.
Nous n'en sommes plus, etc.
Nous pensons a ta mer sauvage, nnus entendoirts
tes values mu~ir, te tonnerre roule dans le ciel,
et tes tout hittons se <techa!nent. Ah c~mmc te
petit navire est hatance et oscitie, comme rames
et mât votent en ecta<s, comme le omou (t'atarme
retentit sourdement, et comme les marins jurent
et tremblent
Nous n'en sommes plus, etc.
Nous pensons a la bataittc tcrribte nos guer-
riers combattent, le choc des epees retentit, tes
lances se brisent, tes coursiers ardents ~cument
au roulement des tambours, au son des trom-
pettes, t'armée s'~t~ncc à t'assaut; au fracas des
canons ta mum!e s'~croMtcavec ta tour.
Nous n'en sommes phts, etc.
Nout pensons au dénier jour, ~t nous cnten-
dons tes trompettes retentir; un coup de tonnerre
ouvre les tombeaux, tes etoitea tombent du ci<
te ~foun're infernat, ~ntr'ouvprt, mu~t <'n tançant
un<' mor de~mnK's tntpt'tuettscs, d t~-haut, dans
!'axm' rnd!cux, t<'s chu'urs do<< bienheureux
chantent des cantiques d'att~ressc.
Nous n'en somme! p!us, etc.
~t apt'cs !a for~t ut ta chasse sauvage, après ia
tempête et te choc des values, aptes lu hataith' de
nos guerriers, après le dernier jour, nous pensons
encore & nous-mêmes, a nos chants impétueux,
nos cris d'aHe~ressc et nos vivats, au choc dp
nos verres.
Nous n'en sommes phts au prcnner verre. a«<'s!
pensons-nous votontu'ts :t toutes sortes de choses.
:ttout ('cq)H~t'ott<!cettnu~!t.
~S TRM~S S~T GRAVES

Quand fut tressée la première guirtande ? Quand


la première ha!te vola-t-elle v~rs te but ? Quand fut
inventée la danse joyeuap, et quand t~ fot&trc jeu
des gages ?o
Ah ce fut dans des temps lointains, bien loin-
tains jamais on n'eût imagina de teUpa inventions
dans le notre, oit tantôt !<'s peuples !utten< sur le
champ de hafai!te< tantôt ~evciHent les discordes
intérieures f.

LE NIVEAU CO~TR

Je voudrais revivre une fois dans le royaume des


contes aux songes d'or, mais ta muse des chants
sévères ~empare aussitôt des cordes de ma !yre.
liberté, têt est maintenant !e nom de ma fée, et
mon chcvaticr s'appose te droit. Debout, cheva-
Her, et combats hardiment ta race farouche des
dragons

Cea vera, écrits en <8<6, a<;mb!6nt datés d'hier et <t aujourt! hui.
LK BON VIEUX DROtT

Quand le Wurtcmherpeois fait des lihations


avec
du b<m vin vieux, toujours son premier toast doit
être ff Pour bon vieux droit.
Le droit. (;u) soutient comtnt' un soUdc pi!icr la
dpm<~Hn' de nohp prince, et dans toute rendue
du pays prot~f la chaumi~t'~ du pauvre
<~ droit, qui nous donne des lois
que n'enfreint
le bon ptaisir de personne, (lui aime la justice
rendue ouvertement et prononce des jugements
équitables
Le droit, qui met des impôts
avec modération,
et sait bien catcuter, qui préside aux nnances, et se
montre avare de nos sueurs
Qui veille comme un patron sur h's biens sacres
de nos temp!es, qui soutient, et encourage loyate-
ment ie savoir et rinteHi~ence
!<e droit, qui met à tout homme !ibre tes armes

en main, pour qu'il puisse toujours défendre son


prince et son pays
Le droit qui laisse a chacun le chemin ouvert
pour aller en tous pays, qui seut nous attache
fortement par t'anection au sot de ln patrie
Le droit, qui perpétue durant des siedes la g!oirc
bien métiMe, et que tout chrétien aime et vénère
du fond du cœur comme sa religion
Oui. quand nous ne serons plus ici-bas, qu'it
dure à jamais, et soit pour nos n!s et nos petits-
ftts l'asile du suprême bonheur 1
Et quand le Wiirtembergeois fait des Hbations
avec du bon vin vieux, toujours son premier toast
doit 6trc « Pour le bon vieux droit. »

WURTEMBERG

Qu'est-ce (lui peut donc te manquer, ma chère


patrie ? On entend parler au loin de ta prospérité.
On dit que tu es un jardin, un paradis; que peux-
tu espérer de plus, si on t'a proclamé fortune ?
Tes champs de blé ne s'étendent-ils pas comme
une mer ? Le vin doux ne vient-il pas à grands
nota d'innombrables collines?
Les poissons ne fourmillent-ils pas dans chacun
de tes fleuves et de tes étangs ? Les halliers de tes
forêts ne sont-ils pas à l'excès riches en gibier ?
Les troupeaux à laine ne paissent-ils pas au loin
dans tes pâturages, ne noun'is-tu pas en tous lieux
des bœufs et des chevaux ?
t.t
N'entend-on pas vanter an loin Ie bois solide de
la Foret-Noire ? N'as-tu pas du set et du fer, et
même unfUond'or?`t
Tes fctnmps ne sont-cHM pas économes, ptouses
et tidëtcs ? Les Vt~ohh'sdc tes campagnes ne sout-
ils pas toujours couverts de HeurunouveHes?
Tes hommes ne sont-ils pas laborieux, probes et
francs, experts aux travaux en temps de paix, et
vaillants au combat ?
0 pays. du blé et du vin, o peup!e combt<i' de
bénédictions, qu*est-ce qui te manque? Tout et
une seule chose, le bon vieux droit.

AUX RËPRËSEmNTS DU PAYS

Continuez de travaiHcr Fu'uvre salutaire avec


prudence et énergie; ne vous laissex pas cbtoun'
par la louange, ne vous laissez pas ébranler p~r le
bHâm<\
btes-vous biames
par les gens très sages (lui
tournent autour de leurs propres lumières, atta-
chez-vous plus fermement encore à la vérité,
au
droit simple, éprouvé depuis longtemps.
~tes-vous t'aies par tes hommes inscnsibtes et
sans cœur, (lui ttenncnt F enthousiasme pour folie,
hrûtex ators. avec phts (l'ardeur et <t~ constance, du
feu d'un Moht~ x~tc.
Htcs-vous outrais pur ceux qui ne soupçonnent
jamais tes généreuses aspirattons vers 'le bien,
mettez on tumtcre avec plus (t~ctat encore un sen-'
ttment pur tht droit et de !a vent<
Les témoignées de toyttute que vous nous avex
donnes, cetebrons-tcs nvec reconna!ssance; ce que
vous édifierez dans t'avcnn\ attendons-te avec con-
fiance

!)HOtT !)OMEST~UH

Viens, franchis ce seuil, sois !c bienvenu dans


ce pavs otc ton manteau, mets ton batoti contre
cenmr.
Assieds-toi au bout <h; !a tabtc ~n tel honneur
convient & un hôte. Que les mets que je puis t'of-
frir roparent tes forces uprcs le poids du jour.

U<'s <'f)nscHs si sages et si 6l~v~'s sont de toua tes pays et de


tous !< tctttpS.
On sait que c'était ta place d'honneur chez les ancieM.
~Ktttt~ CtKMaU~
Si une injuste vengeance te chassa de ta patrie,
daigne prendre p!acp sons mon toit comme un ami
chéri.
Je ne t'adresserai qu'une prière tajsse-moi pra-
tiquer dans toute sa force ta pieuse coutume df mes
aïeux, le droit sacre de t'hospitantc'
EPIGMMMES, STANCES, SONNETS

ÉCHO ET NARCISSE

Amour, tu te joues maintes fois étrangement des


mortes Narcisse aime une ombre, mais il est
aime d'un écho.
ËUe avait encore la consolation de répéter en
gémissant tes paroles du bien-aime qui la dédai-
gnait; maintenant, change en Heur, il est devenu
muet.
Narcisse songeait avec dou!cur « 0 si je pou-
vais redevenir adolescent » Hcho songeait immé-
diatement « Si je pouvais redevenir jeune fille! »
Amour, ce sont là tes jeux tantôt tu attires la
tendre Echo, tantôt tu retournes le blond Narcisse
dans ta main d'enfant.
LE PLATEAU DE TELL

Voici le banc <!e rochers on Tôt! sVtanca de !a


hiu'qnc. He~a) dex toujours !'hotnme de cof'ut' vott
sedt'csscr !ct non ~as !a cha;t<'U<' !bas, ou tous
!cs ans on chunt<* d<'s tncsscs pu son honn~nr
non, mats la tt~tn'c du h<'rns voypx-vous, <'onun<'
pn<' apparaU supcrhc? H'un p!cfi il fon!c le sot
sacre, (t~ )'autre il repoussa au toin h' hatcau en
détresse. L'image n'est pa~ Je pierre, nt <!c bronxp.
ft~ ne s<u't pas dos matns de rhonnn<~ c!!c n'ap-
p:u'at< <inns tout son (~c!at. qu'aux regards tthumn~s
des hommes n!n'< et p!us !a tt'mp~t~ sp d~chain'
plus !t's nots muassent av<'<' ft'acus, ptus !:< (!~<n'<'
<!u th't'os s<' dn'ssc avec majesté.

LES RUMS

Voyageur, il te sn~i bien dedonnir~n nn!ieu <!cs


rutncs de ('<~<'hA<f:m p<'ut-<~t~ en t'~vant, !<' t'ettA-
th'us-tu ~ont' toi avec tMM~hittcenc<\
MÈBE ET ENFANT

LA Mt:HK

tuante au ciel, mon enfant î La-haut ton frère


habtt~ parmi tes hi<'ntt<'Mf~Mx cotnme H nf m'avaH
jam<us aMig~c, h~ an~cs l'ont cmporto.

LEVANT

Pour que nul ange ne m'entraîne jamais loin de


ton CH'ur aimant, mefp, dîs-mot comment je puis
t'afniger!

RÊVE MRRPRËTÊ

Hier j'avais vu en rêve mon amie à sa fenêtre


pourtant qu'ai-je vu au grand jour ? tfien que les
Heurs de ma charmante. Aujourd'hui j'ai cru voir
verrai-je
en rêve les Heurs sa fenêtre aussi
certainement en ce jour ma charmante eUe-mêmc.
RÉPONSE

La rosé que tu m'as envoya cueillie


par ta
main chérie, a vécu à pe{np jusqu'au coucher du
soleil le. mal du pay~ lui a donn<<
une mort
prompte mamt~nant son Ame va voler d'ici
vers
toi sous la forme d'un lied bien court.

A KLLE

Tes yeux ne sont pas couleur d'axur, ta bouche


n'est pas couleur de rosé, ton sein et tes tn'as ne
sont pas des lis. Ah quel printemps on verrait si
de te!s lis, de teUes rosés Heurissaient dans !a
vallée et sur tes cimes, dans Fencadrement d'un
< iet limpide
comme tes yeux bleus
jÈPt~AMMË~ STANCES, SOXNETa <?

~ST!NËR

Oui, destina je te comprends mon bonheur


n'est pas de ce monde it no neurit que dans mes
rêves poétiques. Tu m'envoies beaucoup de peine,
et pour chaque douleur tu m'inspires un chant.

EN MER

A minuit, sur la vaste mer sans limites, quand


toutes tes lumières sont depuis longtemps éteintes
sur le navire, quand au cict même nulle part une
etoite ne brille, on voit encore une petite flamme
sur le pont, une mèche, garantie contre tes vents
impétueux elle éclaire pour te pilote l'aiguille
de la boussole qui, infaillible, lui indique sa route.
Oui, quand nous y prenons garde, une lumière
nous guide à travers toutes les ténèbres elle
br&te silencieusement dans notre cœur.
SUR UN ALBUM

Le temps, dans son vol, n'atteint pas seulement


tes fleurs des champs et les feuilles, parure des
hois, la jeunesse dans son ectat et la force dans sa
sève ses ravages tes plus néfastes s'exercent dans
te monde de la pensée. Ce qui était beau et noble,
magninque et divin, digne de tous tes travaux et
(le tous les sacrittces, il nous le fait voir si déco-
lore. si creux, si mesquin et si futile, que nous en
sommes anéantisnous-mêmes.Et pourtant, heureux
sommes.nous encore, si la cendre couve Mètement
t'etincette, si le cœur en proie aux ithtsions ne se
lasse pas. et peut concevoir une nouvcite ardeur
Cette ardeur c'est la recherche de la vérité
l'image est plus haute que son objet, l'apparence
a plus (le corps que la reatite. Qui ne voit plus
que ta vérité a termine sa carrière. La vie ressemble
au théâtre ici comme ta. quand t'ittusion dis-
paraît. il faut que le rideau tombe.
UN LMS t

t)ans les beaux jours de !a chcvaterie, un chantre,


hardi combattant en Terre-Sainte, était étendu
sur te sahte. percé de niches mam U put encore
(lire ces mets :t son sct'v~Mr
«
Enferme mon cœur, quand il aura cess~ de
battre, dans cette urne, que j'at apportée du
rtva~e natal avec plus d'un gage d'amour Tu !e
porteras ta-dcdans da ma ma!treasc.
t)e même, ô ma Men-aimec, moi qui n'ai jamais
chante <tue toi, je dépéris loin de ta présence,
consume par te mal d'amour dej~ la pateur de la
mort retend sur mon visage.
Quand la nuit du tombeau envetoppera ton
chantre, reçois te plus <idc!c de tous tes cœurs
dans l'urne d'or du sonnet

A PETRARQUE

Si tu as <<!t la v~t'tt~ <m chantant te noble


regard, la taille (Hvtne <!c Laurc (loin de nous
1

Le si~ne !tt<!tquc tes sonnets.


l'idée de contester ce charme qui t'a pénètre jus-
qu'au plus profond de ton âme)
Si eHe était un rameau, venant du parada, un
ange au milieu des peines terreatres, une douce
~trnnget'e sur cette terre inhospitalière, ~ui bien-
tôt a repris son essor vers sa patrie;
Alors je crains que, m6me au milieu des astres
d'or où tu es arrîvc maintenant, transHgure, tu
n'atteignes jamais t'objet de tes ardents désirs
Car, dans l'intervalle, eHe s'est envoie vers
des lointains plus hauts, elle a et6 reçue dans des
sphères plus saintes, et il faut que tu recommences
à chanter ta phuntc amoureuse.

SUK !/ALRUM ? VARNMAGE!~ 1

Quand Phebus atda a entourer solidement de


murs, de tours et de griiït's ta citadelle roya!c de
Nisa, il déposa les cordes d'or de sa lyre ~ur un
moellon en leur !mpr!mant une ~gère résonance.
Le créneau n a pu tomber assez en poussière,
pour que, bien longtemps après, la pierre, même
Hiatwien contemporain de Uhtomd.
au contact !t~er du doigt, ne Ht
entendre encore
t'echo d'une douée et mélodieuse vibration.
Moi aussi j'ai <iepo~, sur cette page (Fathum.
t}ue sansdoute tu ouvriras souvent, en feuiHetant,
ma lyre; ctte aussi a donne un son
Et pourtant je doute qu'à cette place tu découvres
jamais la vibration d'un t~cho, car je ne suis pas
Phcbus, ni un fils de Phcbus.

~A iŒRNËR'1

C'était dans les tristes journées de novembre,


j'étais allé dans la forM de sapins sitencicuse, et,
debout, appuyé contre un des plus grands arbres,
je tenais ton recueil de Heder ouvert.
J'étais absorba dans la lecture des pieuses te-
gendes; tantôt je m'agenouillais devant la pierre
miraculeuse de Saint-Alban, tantôt je contemplats
Regiswinde, entourée de rosés, tantôt je voyais se
dresser la cathcdraie d'Hélicène.
Quel gracieux miracle opéraient tes lieder les
hauteurs apparaissaient dorées par les rayons du

Poète dis'tin~e. compatriote de ~httuid. et t undeschchde


t'écote romantique.
soleil de mai. et t~ppe! du printemps tisonnait n
travers les sommets.
Mais, bientôt, le printemps mervH!eux (Hsparut
<ic nouveau: il ne put penett'crdMns tcfnnddes
vaHees, et dans son vot n'efneura que tes cimes.

'A L~VtSttM
Toi que nous cherchons sur des routes s!
sombres. et qui échappes H nos pensées investi-
gatrices tu renonças un jour a ton obscurité
sainte pour apparaître visible aux yeux de ton
peuple.
Graver ton ima~edans sa mémoire, et rccueinir
les paroles de ta bouche, quette douée fcticite
0 bienheureux ceux qui s'assirent a ta tabh;'
Bienheureux cctui qui reposa sur ta poitrine'!
Aussi, ce ne fut un
caprice étrange qui nt
s éloigner du rivage des pèlerins innombrables, et
combattre des armées sur tes rives les plus loin-
taines
C'était seulement pour prier encore près de ton
sépulcre, et pour baiser encore, avec une pieuse
ferveur, ta terre sacrée que ton pied a ioutee.
Saint Jean, l'apôtre.
L'MM!T AtMK

i
L'endroit ou, dans un dédate de Chemins, je
rencontrai cette enfant d'une beauté merveilleuse.
qui, passant tegerement devant moi, rapide comme
le vent, m'envoya tes soufu'es bénis de son regard
charmant;
Cet endroit, je voudrais bien t'entretenir amou-
reusement, y graver des emblèmes sur l'écorcc de
l'arbre, orner ma tête d'une guirlande de fleurs,
et m'etendrc pour rêver sous de frait; ombrages.
Mais'son regard limpide me troubla tellement, et
demeurai si ébloui de son image, que longtemps
je marchai en chancelant comme un homme ivre.
Et maintenant, maigre tous les efforts de mon
imagination, malgré toutes mes recherches dans hi
campagne, je ne puis plus rcconna!trc t'endroit
aime.
LES DEUX .H;UNKSMLLES

J<'vis deux jeunes tittes 1~-haut sur la coitinc,


toutes deux aimahtes de visage et d'une taille gra-
cieuse; leurs regards perdus dans tes plaines ectai-
rëes par le soMÎ couchant, eUfs ~faîcnt avises,
tendrement entaches comme deux Mt'ut's.
L'une tenait te bras droit levé dans la direction
des monts, des torrentt! et des prairies; Vautre,
pour mieux voir. se préservait du soleil avec sa
main gauche.
Rien détonnant ce que le désir me captivât et
que ce doux souhait enHammat mon c«*ur « 0 si
j'étais assis à la ptace de l'une des deux »
Mais, en regardant plus longtemps ces tendres
amies, je pensai dans mon âme apaisée « Non.
en vérité, ce serait un pèche de tes séparer.

LE BOUQUET ? FLEURS

Si fleurs et arbrisseaux ocrent plus d un em-


btème qui leur est propre, si les roscs symbolisent
l'amour ardent, si le nom seul du myosotis le rë-
vête'. tauricrs sont l'image de ta gloire, et
si tes
les cyprès du deuil.
Si, quand tous autres indices sont muets, on dé-
couvre, ~race aux couleurs, leur sens charmant,
ai te jaune représente t'or~ucit et t'envie, si t'cspe-
rance votti~e dans tes vertes branches;
C'est donc avec t'aison que j'ai cueitti dans mon
jardin des nenrs de toute couteur, de toute sorte;
et je te les apporte, groupées en un bouquet sans
art.
Car mes joies, mes espérances, mes doutcurs,
mon amour, ma ndetite, ma ~toire, mon envie,
tout est a toi à toi ma vie, à toi ma mort.

EXCUSE

Ce que j'ai dit maintes fois dans mes ticder, des


baisers donnés a Fheurc intime du soir, des enla-
cements <'t des étreintes voluptueuses, tout cela,
h~as! n'est que t'~vc et po6sic.
Et toi, tu me demandes raison, tu th'rites de
mes vaniteux mcnson~. parce que j'annonce un
bonheur jamais accorde, et qui, même accorde,
obligerait toujours au silence.
t Vcrgiasmetnnx-ht, )i)tcratcmcnt Kc tn'oubtiez pas.
0 bien-aimec, apaise ton courroux sévère, et sou-
ris aux rêves légers du poète, à ses badinages
inconscients, & s<'s chimères!
Souvent tf chantre repose <;ndornu sous de frat&
ombrages, pendant que sa harpe est suspendue
aux arbres, et (nie les brises passent en murmu-
rant dans tes cordes.

PMOPOStT~

Le poète a ~arde !e portrait de Fabsente. qui !'?


btpn souvent consotc (ians s:t so!i!u<tc, et si les
traubh's de lu vie io tourmentent, it sent au n)(nn&
contre son sein Fima~c de ta bicn-aimce.
Ce que le pocte a chanta stimula par
un ardent
désir, ta be!te enfant le lit souvent aux heures du
soir. et ptus d'un vers lui a fait une impression
si vive, qui! reste grave profondement dans
son
cœur.
Une !ma~e chpre possède sans doute
une vertu
ïncrveH!eHse, sans doute p!us d'un ch«~rm cède
aux accents de la pfx~ie pourtant lu douteur de tu
séparation reste toujours vivaec
0 destin, fais scutcmcnt un h~er ~chan~c!1
Ramène le po~tc près de sa belle, <'t que les liedcr
causcnL amicalement avec !e portrait 1

SOXNEÎ FtNAL
I

Quand on a cesse de sonner ta c!oche, il s'écoule


un long temps avant que tes vibrations soient
étoutîees qui a descendu en courant une mon-
tagne, s'c<!brcc en vain de ralentir sa course
Souvent d'un incendie, éteint depuis tongtcmps,
une petite flamme a jailli à ~improviste souvent
une Horaison tardive s'est épanouie sur des
branches entièrement deneuries
Le chant que le pâtre avait entonné avec toute
son âme en t'honncur de sa bien-aimée, est porté
au loin par les échos irrencchm
Ainsi m'arrive-t-it avec les sonnets. Sujet et
idées me font défaut n'importe, il' faut que
j'écrive ce sonnet comme conclusion.
GLOSES

(cOMMKXT.~tHES)

L–LH ROMANTtQUE KT LK CHtTtQUK't

Nuit enehanM' ~tait~e paf la


tune. quiti<tt<" h mtttU) Mptitt'.
«tonde tnfrv<'ii)f)))j. de) eontMMcM.
)'f)mr)ti!t <h)t!! ton totiquf xptcndeur.
(T)M)t2;.

t-:
t.E !t()MA\TtQt
La nuit est sombre et triste; nu!!e part
on ne
voit scintiller ia moindre ctoitc; pourtant, dans
mon ardeur amoureux je vais a travers les
ténèbres menaçantes, au milieu des chants et des
harmonies du luth. Quand Cami!tc scveiUcra et
a~umera joyeusement sa petite lampe, j'aperce-
vrai tout à coup, avec ravissement, constellée
d'etoUes, « une nuit enchantée éclairée
par !a
!une M.

LH CmTtQt:K
Laissez donc !& vos criatUcn~s nocturnes, noè-
tpreau de rti6Ucon Ce que vous chantez n'est

Cette pit'cc est hutnftnstt'tth'.


st'()c<ot'troM«UM'ifrdistm~.
Monta~m' de M<<ie<')tn!M)'tt'<'aux Muscs.
qu'un tarent nut & t'cmpereur Octavicn que je
ne tiens pas en bien haute estime, <'t que j j'ai
dénonce au monde lettre des Alpes à la Hattique,
comme appartenant à cette coterie, qui a etcvé la
déraison au rang de divinité, et « qui tient la rai-
son captive ».
LK M(~!A\T!Qt H

Quelle est cette voix rauquc et nnrouc<' Serait-


ce le rustre Ilornvil la? Serait-ce Ciment le bou-
cher ? Ëtoi~ne-toi des fenêtres de Camille, vieux
criailleur Que ceux qui tiennent ta plume du
critique, des Alpes à la Baltique, écument et
enragent sur teur terrain Mais qu'its épargnent,
de ~racc, pt laissent intact le
monde merveineux
des contes Meus

LE <:t!tTtQL'E

Les chanteurs ambulants, tes joueurs de tympa-


non, toute <~ctte engeance qui, ïa nuit, assourdit la
ville de sa musique, s'uppcttcnt maintenant les
protecteurs des muses; sous peu, si on célèbre
encore la fctc d'ApoUon~ tes ramoneurs eux-mêmes

Ce M<nn ttcsugne sans Joutt* r<'ntpcrcur romain Auguste, snr-


nnnttnc (tctavtotnprt'it fton adoption parCHaar. Ponrtttnt Au~xate
notait pos poète n'y fturnit-i! pus ta une allusion satiriqMC A
t'adresse d'un <'<'n<etMporam ?
< Ces n<tM)s (it'aignent sans doute, pur ironie, do ntauvaia rri-
ti~uea du temps.
feront dos vers. 0 temps, où. dr propos d6!ib<!r~,
on ne faisait que des vers tatins, temps des pcr-
tuqucs poudrées, sur tcsquct~s des comtes pa!a-
tins appHquaicnt des hm~ers, « rcpam<s dans ton
antique splendeur

H. LES TAPAGEURS NOCTUHXES

t'<* ménx* cht'ft' ne fonvient pat &


"<'tt~tnot)dt';qth'fhMun vote corn*
ment it doit faire, que chacun toie où
ii'toitrattter. et que celui qui cftfteb'mt
n< tombe pM ('tOt:T)tt!).

I.R <~E!ŒLtJ:m
J'erre en silence à travers !cs rues, là où elle
hahite, ta petite blonde maison vois d<~jH d'autres
fahc !<' ~uct; et il m'a scïMbh~ a ta !ucur du cr<
p<iscu!e. qu'on laissait entrer quoiqu'un. Ma bile
va-t-cHc s'~chau~r aussitnt, a !'id<~ (;u'cHc ptatt
aussi a d'autres? Eh bien! soit! mais je ne puis
me taire « Que chacun ait sa bonne amie il lui!
~ne mctnc chose ne convient pas H tout te monde.
M

't'ans(-<'<t('ptècf,~h)nndrtd<'pptn<s<')tsunnf<trHK'p)!naante
!« vtt~tt~ htttp dpa Nftsftttttfit et tics nmMnti'tne! de l'esprit
m<n!cm<'ctd<;tar"))tin<
t.E SHRVLUtLE
Bien qu'i! sctt tard, ma bien-aimce vient encore
au puits avec sa cruche; tirant avec force et viva-
cité cite em'oute prestenieiit la cha!nc autour de
la petite roue. Lui venir en aide, quet ptaisirt Oui,
j'ai Hr~ de toutes mes forces, jusqu'à faire voler
en ëchtta te disque (le ta rou< Si elle s'est arrêtée.
n~us n~tt av<tn'a pas m<tinM fait bonne besogne.
4(
Que chacun voie comment il doit faire. »
LEP!H;DEXT
L'hortoge a sonn~ minuit, et je ne puis plus por-
ter mon verre à mes lèvres. Dois-Je maintenant
décamper et rentrer chez moi t'heurc dangereuse
des fantômes, a~ !'henrc des patrouUtes? Et à la
maison j'aurai encore, en guise de passe-temps,
quercHeavcc ma femme: et puis les voisins,
une
!'Aigte
~es malins c~ns~urs! Non, je vais rester
d'Or. « Que chacun voie où il doit rester. »
LE\A(:!LLA\T
Ah que de contrants on peut éprouver! II y
avait pourtant aujourd'hui une chaleur d'été, et
maintenant H fait du verges; pour que je me
tienne encore sur le pavé, il faut qu'a chaque pas
je tremble d'cn'roi les maisons brantent toutes,
quand je viens à en heurter une seuie. Qui marche
dans ces moments-là doit se garder d'un faux pas,
et que celui qui est debout ne tombe pas »
«
LES DEUX VOYAGEURS

PHEMtEtt VOYAGEt'M
0 pin, noble rejeton, tn es vert été comme hiver;
tel est aussi mon amour, il est toujours en fleur.
0 pin, tu ne peux pourtant jamais, dans la flo-
raison, offrir au regard de riantes c<nncurs; tct est
aussi mon amour, hetas! il est toujours dccoutcur
sombre.
nRUXiËME \<nAHRn<
0 bouleau, qui jettes un éclat si riant nu mitieu
des pins sombres, et <;ni tf revêts, avant tout autre
·
bois, d'un tendre fp<ti!tagc;
Mes juvéniles espérances, ô bouleau, te rcs-
sembIcnt-eHcs? Ta verdure est bien précoce, bien
transparente, mais tes ornements penchent vers le
so!.
CHANSON DE T!M)R!Lt)E f

Sur le rivage de la mer est assise une douce


\'t<'rge elle plonge la ligne depuis plusieurs heures,
aucun poisson ne mord & l'hameçon.
E!te porte au doigt un anneau orné d'un dia-
mant rouge, elle l'attache à la ligne, et te jette dans
la mer.
Et voilà que, du sein des eaux, sort une main
bianche comme l'ivoire; on voit reluire à Fun des
doigts le petit anneau d~or.
Et voUa~ que, du fond de la mer, sort un chcva-
Ht'r jeune et beau; des écailles d'or brillent sur
poitrine H etincc!!e aux rayons du soleil.
sa
La jeune fille, effrayée, lui dit: « Non, mon
noble chevalier, non. Laisse mon anneau d'or! Je
ne t'ai pas demandé M.
« On ne cherche pas à prendre des poissons
avec (le For et des pierres précieuses; jamais je ne
laisserai l'anneau; il faut que tu m'appartiennes.»
I
<Ic morceau est extrait d'un fragment dramatique intitu!6:
CoM<«Me MonMaa~c.
TROÏSÏËME PARTIE

POÉSIES POSTHUMES

VtG\E EX FLEUR

Vit-on jamais. vigne, un rejeton cl'une no-


raison aussi riche que le tien?Odorante et pleinede
promesses, tu Heuris dans les jours u'6M.
Quand, milri par l'ardent soleil, ton sang nohle
et doux est resté pendant longtemps dans tes
profondeurs souterraines, ta noraison s'épanouit,
abondante et charmant les yeux.
Elle s'épanouit sur le visage de l'adolescent,
dans le sourire de deux yeux timpides; elle s'épa-
nouit dans les plaisanteries, dans les baisers, dans
les chants divins.
LH:t)

Comme le pin s'agite gaiement devant ma


fenêtre son feuillage ondoie et bruit dans les
airs, quand le vent et ta pluie sont déchainés.
Je me sens encore de la vigueur et de ta joie
au e<rur, bien que les Hots s'amoneetient sur les
· nots c'est quand la. tempête gronde que la corde
sacrée vibre avec le plus de force dans mon sein.

LA fm DE LA SA~T-JËAN
Le soir (le la Saint-Jean, jadis, la coupe de
t'apûtre faisait le tour du sanctuaire, rafraîchissant
tes ndëtcs assemblés (tans tes ombres silencieuses
du soir, circulait la liqueur ardente (lui donnait
aux femmes la beauté, aux hommes h* courage et
la vigueur.
A peine les femmes s'etaient-ettes inclinées pour
boire ce vin à petits traits, qu'un reflet d aurore
faisait etincetcr tours lèvres sur tour visage s'épa-
nouissait l'éclat de ta rose de mai en fleur nulle
lumière ne brntait sur l'autel, et pourtant les
brumes du crépuscule étaient entièrement dissipées.
Le regard des hommes était embrasé d'une
ardeur héroïque la nerté héréditaire leur faisait
relever avec plus de force la tête et la poïtrine;
phi~d'un s'engageait sotcnnettcHK'atpour l'honneur
de la patrie, et la banmère immacutec se dressait
et!ncetante vers !<' ciel.
Nombre de vieux usages ont disparu, nombre
de coutumes nouveHes se sontimptantcea, depuis
longtemps on ne bo!t p!us le vm (le la Saint-Jean;
sur te visage des femmes etinceUe toujours encore
son ectat vermeit mais, vous, fils de la terre
allemande, eprouvcx-vous encore son ardeur ?

SOUMAtT i)E BONHEUR

te bocage était depouiHe, la forêt était muette


je vis, deux amoureux se quitter: elle, le suivit des
yeux lui, porta ses regards à l'entour. jusqu'au
moment o~ la brume les sépara tous deux.
Quand le bocage reverdira, que la forêt rede-
viendra sonore, et que les brumes se dissiperont, je
souhaite au voyageur et à sa fiancée de se retrouver,
enivres de joie.
MATINÉE!)H!VEM

C'était une sombre matinée d'hiver; il semblait


que te jour ne voulait pas se montrer ctunec!oche
tintait sourdement dans !a brume.
Et quand, bientôt âpres, te tintement ~ourd de
cette unique cloche eut cessé, on entendit un chant
funèbre et rauquc composé d'un seul vers.
Il y {tVttit un pauvre vieinard qui, depuis long-
temps, se tnunait chancetant, appuyé sur son
bâton ainsi que sa marche dans la vie, sa marche
vers la tombe était sombre et si!encieuse.
Et maintenant il entend dans tes sphères lumi-
neuses tes anges chanter tours chœurs, et des
harmonies grandioses et sonores vibrer a travers
rimmensite des mondes.

MtŒtËWtCX 1

Sur les rives !ointames (!<' ta Vistute grande la


butuiUc avec !p fracas du tonncn'e, dont h's 6chos
résonnent au loin par-deta !es pays aHemands. Le
Octobre pot'tf p~t<'«{ns de !a prem«':rc tnftt!~ de ce )tie<c.
bruit strident des et des faux arrive nos
<<pcc8
oreilles avec l'appel du chant de guerre: « Elle
n'est pas encore perdus, ta Pologne. M
Nous prêtons une oreille attentive; te silence
règne de tous cotes. on ne distinguo que le bruit
des vagues indolentes, les vastes plaines sont
muettes mais on entend des accents sourds et
tuguhres, semblables a des gemi«sempnts de
mourants, a des soufncs d'air circulant à travers
des demeures en ruines « La t'otognc, la Pologne
a succombe. M
Au milieu de ce silence solennel, tes cordes d'un
onstrument commencent a vibrer. Ah comme tes
accents de cette lyre deviennent de plus en plus
sonores et puissants Quand de pareils
esprits
vivent et produisent, ce qui est mort ressuscite
oui, tes chants du maMre me t'afnrment, ette n'est
pas encore perdue, la Pologne.

A. A. S.'1

Quand le vent et tes vagues ont tutté avec force


durant une terrible nuit d'oral et que le dieu du
jour apparaît de nouveau dans tout son éclat,
<:<.a ttutt~M dînent peut-~rc te célèbre crttiquc Au{!uxte
Wtth~hn Scht<'g<*).
l'ouragan se retire en grondant, le <!ot écume et
bruit iongtemps encore, r~t~t de mathfHrcus~s
épaves sur te rivage mais (tu ciel rayonne !a
lumière de rastrc <!or~. te tirman~n! est btcu, ta
met' devient unie comme une gtacc, et d'autres
navires se dirigent vers te but avec de vigoureux
<'oups de rames et un vent ~vorabte.

LES PO~ES t)E (:(ËTH<:t

(iS4~)

Dans ces jours de mat. trouhh~ptn'ta discurd<\


!c t'onsignoi ne c~ase pont'tan! pas dp chanter, <'t,
au m!tiR)t de ra~Ha<!on c! du tumulte, t~cho dos
c!tantis tmmurtcts tu' se p~rd pas.

On peut a'~tftnt~'r que ~htand. dhopte et adtMtrateor de


Schitter, n'ait c''t<'bn! dans tmeunc {n~<'<: t<t nt~t«w df som
ttmttrt'.
MAXtMES

Être sous ta ~ardc de parents sages, quel bonheur


suprême pour un enfant On lui fraye t accès des
droits chemins, ~u~ beaucoup ont tant de peine
à trouver.

De tous les pouvoirs qui règnent sur cette terre,


et imposent aux peuples des devoir ou des corvées,
it en est un seul, qui, plus il domine impencuse-
ment, plus il est apprécié môme par les enfants
d'un pays Hbre c'est ta royauté qui jamais ne
vieillit, le droit sacre du vrai, du bien, et du beau
devant ce pouvoir absolu s'inctittent les défenseurs
et tes martyrs de la liberté.

Quand une idée que le genre humain glorifie


A

a triomphé & force de luttes, c'est qu'elle en valait


ta peine.
En vain une noble ardeur vous ennamme, si
vous ne distinguez votre but aussi clairement que
le soleil.

Les chants peuvent se taire au soir de la vie,


quand Famé voit des aatres saints s'élever !t r hori-
zon.

CMTtQUR TARDIVE

Au temps où un otc~e m'eût rendu heureux, où


un biame même eût excité mon inspiration, jamais 1

on ne m'a tr~s~ une ~uidandc, ni critiqua unt*


C!TPUr.
L'étoge et te bt&me me viennent maintenant,
mu)s rnn ne me réjouit, ni l'autre ne m'afHige ma
harpe est mise de côté, mes chants ne sont plus
a moi 1
L' U-
FIN
TABLE DES MATIÈRES

!:<TRMH.<:T!n: t-XXXtt

PRHM!ÈHE PAMT!H

BALLAttE:< ET MOMAKCKS

MfH<'n''<'n)pnt.
LaHcti~K'usf.
t.!t<'on!ftn<
2

L<'Hct~<
t<aCtypt''t)<Ht'~t)t't;
3
4

nvcu~<
·

mft.
L'"<H~tostn<)U<nnts.
<t

Mpatt.
),<'
t<aJ«)''df'Ma<t!Ufti<t'
MonaKpn'

M~vc.
L<'P~<'t:n.
i2
Le ChAh'.nt pt f's d~ ia <3
<t

damoMpH'
Les Tto's t8

Le
Ch<'v<<~
~ntt!n de
noir.
rosf!
chants.
hft~ftf.
Si
23

!'h<ss<
L<*sTtois

orf~vt~ 28

H~<
Le J<*un<' roi ''t In 26

Faucheur.
La Fit!
L.t F'tt''
La
t
<i~

L'Étoitcpotahc.
32
34
3:t
37

toscs.
L<'Ch:m<t'<p'tui~!< M

t.<'Mon''atn.«!Ktc. 39

Sx'ghndf.
40
4i

Potf't.
La (~outttnnc (!<'

ttan<<
it{tmo!<«'H<' 44
!,<'Ch<'v«ti<-t<t<'S<t'n<-(t<'f~ 4!t

Marins.
hotn~n' f p''t)t
Hotnam'~ducntifpx'
<tn 40
M
:H
/H<nd!ant.
.h!tss<*nr.
~«tt

,<'P''tcrm.
:;4
M

t<tt'
/Ann<'au. M
!M
62

t'ath~thak.
KKf!
/Atth~t'h<~ 'ht 64

Ch<'vt'<;utt.
< omtf Kt<

H.<mt< Cothtan'
.:t Lc~cnde d~ ta 6!t
Le M
Le 67
68
Les
!)nv<'m~ 70

(tH'n'ts.
Histoitf <t<'s -«'pt rotnpa~nons
tt<'<'t)h<g<'tt<t.ttn<sct.
Eherstetn.
L'Épcc.t.tt~
Le t't)tn<<* de
Le coptte
73
7:;

8<
83
v
L'ÉpffdpSin~fncd.
!<!s.
te-hoHctier.
TaiH~fcr.
Motand pot
La Tt'aver~c

(t'EdctthaH.
roi Ch.u 85
~t.

patatitt. 93

tnt.
Wih!tw!
Fortune 96
Le Met mef <'«mt<

<'hant.
Hm~ourg.
9~

Mc)~
L'Attaque df
L' hanson de
i00

atou~ttcs.
t03
La Vat~<'du io~ °

Li~ <<n<'rr(' aux <(M(


t't inh'mps
t'ts tht
chantre. ~o

roi.
Le ~S
suhtnet~n.
isot~c.
ctochps.
L'Anath~'tnc dtt i20

Conte.
0
La Coût <tnn<' 124
La Gtotte des ~2!~
L'Hp:!)s<~
Le Couvent suhtnfr~ ~&
~)t

Mn'hatd.
La FHtc du
L<' <~otn<<'
L<~<'ndc
t29

jj36
t~o

nHrxU:Mt; PAMT!t:

t~ut.
!.<K!)EH

Promenade <!u soir du p<t<'tc.


hnmtn~
Automne.
t~

Prodi~p.
LR Roi au sommft <!<* ht ~44
Chant d'un pauvt <; t
En

pAhp.
Chatit dontin!c<tt du
t~
~7
montA~nard.
uan<:at!tes. tM

Mésoiutton.
Chant <ta jeune

monde.
Chant ttc

tntideHtë.
monde.
Ainsi va le
t49
<M
iSt

c~estc.
soit.
t!Hï

Contentetnent.
Sépares du

Proxtmi~
<~2
iS3
Amouf <K4

V.<')g<
msti~uc.
Lu veille au
~4
~K

Hh«'
For~ffon.
t,<' fil de ht <~

p.~t~
h«ss~u<
M&xime tS6

Vath~
Lf <M

ftw~
Omnt du < <7
Chant d'hnpt du <S7
L'Art <!W

s<*tetnf.
An~'s.
Lit tM
La Vatt~' de t

th'
Ahtuettfs.
MatuK'c

poète.
Mpncontn' dt'«

vin.<
les <M

inh'tnps.
McM~dtction dtt «'3
Hos~c de niai <~

~«ya~ttt.
pt «~

ntaison.
F~tf du
t'ain ''< «~*
Chants
Sur une
<'<a~t.
dtt

poète.
Epithatan«' en t
i<M~
~0

bachique.
unte.
Chant du

Chant
prave~
A t'entant d MM

Les temp'' sont


Le Nouveau
t'72
<~3

i7S
vtcuxufott.
Wurtembct~
L<*

pays.
Bon

domestique.
Aux n'pt~'K'ntants du
Droit
<76

~8
n&

Narcisse.
PtatcaudeTftt.
!~RuitK;s.
~fGRANNRS, ~TA~CRS, ~)\?ft!TS

elle.
enfant.
Écho et t8<
Le i82

httct'pr6t(!
Réponse.
tM

me)*
M~r<! et <?
Mve 183

t)f!tHn<?e.
i84

atbum.
A 184

En
Sur an

so'ssRT~ Un
A
Legs.
Pétrarque.
K<*tnct. Vatnh<t«<'n.
~8!;
<8);

<87
187

aim~
Sut t'<t!hum <tc i88

At!nvisiMe.
A t8<)

<!t)es.
t'tO

t!~urs.
t.Kn<h'mt

Excuse.
t'M

tina!
Les Deux ~un<'s 1~
Lp t!ou<juc< d<' <92

Proposition.
Sonnet
iM
<94
195

t<;cnti<tu<
t.~ Romantique et
bps Tapagf'urs
t.<'s Deux
Chanson do Ttun ihtc.
nocturnes.
voyageurs.
i90
08
200
2~<
Ln'd.
S.
TRMStÊMR PAtrnE

PO~ttRS fOSTttt'WBS

V)~nc<*n<!t'tt< 20:t

hottht'u!
<t'hiwt.
t.at'c<t<aS!un<-J~)t.
Mickiëw;cz.
Souhait de
Mâtiné 6
2M

20!!
206

Maxime.
(tOpHtc.
2<M
.A. A. 207
Sur tes polies <tc 20S

Cnttqu<'t«t(t)V(' 20'
~<0

~h
v
f.

tutttt, )tBtt. Ut<ue toKh~s. rue <j<uxt)etM~6..

Vous aimerez peut-être aussi