Vous êtes sur la page 1sur 139

Le fanatisme, ou Mahomet le

prophète , tragédie par M. de


Voltaire

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Voltaire (1694-1778). Auteur du texte. Le fanatisme, ou Mahomet
le prophète , tragédie par M. de Voltaire. 1753.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart


des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le
domaine public provenant des collections de la BnF. Leur
réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet
1978 :
- La réutilisation non commerciale de ces contenus ou dans le
cadre d’une publication académique ou scientifique est libre et
gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment
du maintien de la mention de source des contenus telle que
précisée ci-après : « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale
de France » ou « Source gallica.bnf.fr / BnF ».
- La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait
l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la
revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de
fourniture de service ou toute autre réutilisation des contenus
générant directement des revenus : publication vendue (à
l’exception des ouvrages académiques ou scientifiques), une
exposition, une production audiovisuelle, un service ou un produit
payant, un support à vocation promotionnelle etc.

CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de


l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes
publiques.

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation


particulier. Il s'agit :

- des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur


appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés,
sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable
du titulaire des droits.
- des reproductions de documents conservés dans les
bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont
signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à
s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de
réutilisation.

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le


producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du
code de la propriété intellectuelle.

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica


sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans
un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la
conformité de son projet avec le droit de ce pays.

6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions


d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en
matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces
dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par
la loi du 17 juillet 1978.

7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition,


contacter
utilisation.commerciale@bnf.fr.
LE
FANATISME,
o u
w"

f~H
JL?J&
A H
~JBb At~Sit
fi
%M~
F~/&. !F
~vjB~ jL~
TF
.JtL

1f%~
LE PROPHETE,

1
'z),
G É D
,A G D 1 E~

~E.&
A.~A,
~0~
,J
~cc~ 10 A 13
v OL'r
W ~S~
A IRE'
-w

~~A~~Jh'~Jh~~
.<&.

M <S TjER D M'~

~hez ËSTIENNE LEDET & COMPATIS.


M D C C.LI 1 I/
A y 1 s
~EDITEUR
°
D g .ic;

'i)Œ1{t'
~S)S~AiAi cru
cru réndr~
î~ndre {ètviceaux
fervice aux A~
J t
mateursdesBeHes-Lettresd~
@~ pubiier une Tragëd~e du f<%i-
3 fi défigurée en pa?
deux Editions fubrep~cea. Je fai très
es
certainement qu''eHeiut compofëe
<~
par
l'Auteur en 1736 & que dès-lors il
en envoya,une Copie au Prince Ro-
ya) depuis Roi de jP~~9 qui cutti-
3
voit les Lett~s avec desiùccès iùrpre-
aans~ & qui en fait encore jfbndé!aP'
cément principat
j~tois L%&en î~i~quandMon~
2' <ieur
~~J~-D .E
Heur de Voltaire y vint parler quelques
jours; il y âvoit la memeure Troupe
(TAd;eurs qui "ait Jamais été en Pro-
vince. EH@ reprëfenta cet Ouvrage
dune manière qui fatisRt beaucoup u~
ne très notnbreuie aûemMëe;!e Gou-
verneur de !a Province & ~Intendant
y.a{ÏIftQr€nt pjulièurs~bis.. On trou
va que cette Pièce ëtoit d~ungoût li
nouveau., & ce fujetil délicat parut
traite avec tant de ;âgeHe:, que plu-
~eurs Prëlats vouturent voir une
représentation par les mêmes A~eurs
dans une Mai&n particutiére. Ils en
jugèrent comme !è PubHc.
L~A.uteur fut encore 'aÛezheureux
pour faire parvenir ion Manuicrit en-
tre tes mains d''un des premiers Hom-
mes de EjE~t~ & de 1~ qui
Iout!ent le poids des ASairesavec fer-
metë~ & qui juge des Ouvrages d~
it avec un goût très fur dans un âge

Z~Z) fT~
où les hommes parviennent rarement
s
& où l'on conferve encore plus rare-
ment jfbn esprit &: fa dëlicatene. ï! dit
que !a Pièce etoit écrite avec toute Ja
circon<pe6Hon convenaM~ & qu''on ne
pouvoit éviter plus ~gement les ëcneiis
du Sujet~ mais que pour ce qui regar-
doit la poëûe~ it y avoit encore des
chofes a corriger. JeJ&ieneSct que
rAuteur les a retouchées avec beau-
coup de foin. Ce fut aufli le iënument
d'un Homme qui tient le ïnêmerang~
& qui n~a pas moins delumiëres.
Enri~3 FOuvrage aprouvë ~aitr
leurs ieton toutes les formes ordinai-
res 9 fut repréfentc !e 9
d'Août 1~2. Jt y avoit un~ Loge
entière rempJie des premiers MagiC
trats de cette ViHe 9 des Mi~iAres mê-

comme
1,
me y furent prc&ns. Ils pensèrent tous
.J cités.
~eja s
les hommes éclaires que j'ai

9'"
~~7~ D
Il fe trouva à cette première reprë~
tentation quelques personnes qui ne
furent pas de ce Sentiment unanime.
Soit que dans la rapidité de la reprë~-
3
iëntation) ils n~cunent pas îuivi ane~
le fil de rOuvrage ) foit qu''its furent
peu accoutumés au Téatrea ils fu-
rent bte~îës A&~o~~ ordonnât
que
a "0; "1'& lIÜVIJV' Il~ ,(;.
un meurtre & ië fervîtde ôReHgion
pour encourager à I~anafnnat un Jeu-
ne-homme qu~i! fait rin~rument de
Ion crime. Ces perlonnes~ fràppëes de
cette atrocité 9 ne &ent pas an~z rë~
Bexbn qu~eHe en: donnëe dans la Pie-
<:e comme k plus horriMe de tous les
crimes~ & que même il eft morale-
ornent: impoilible qu'elle pûine être
tonnée autrement. En u~ mot 9 ils ne
virent qu un côtë;ce qui eA la manië-
Te la plus ordinaire de ~tromper. Ils
avpient railon aïlùrëment d~être ican-
dali~ës 3 en ne confidërant que ce co~
L'~D 7T~
qui les rcvoitoit. Un peu plus d~at-
tention les auroit aiiëment ramenés,
Mais dans la première chaleur de leur
zéle, ils dirent que !a Pièce étoit un
3
Ouvrage très dangereux fait pour
former des 8~ des Jaques
cx~
On e~bien Surpris d~un~tet juge-
ment 3 &
ces Meilleurs ront désavoué
t,
iâns ddoute.
-Jans 0" u ~°
Ce ~erolt qu~~f~
ïeroit dire gu ~`e~~aio.
enseigne a a~Œner un Roi, qu~jE~
aprend à tuer ~a Mëre~ que
Cléopatre & montrent à tuer
qu''j~
leurs Enfans ce feroit dire

7~ y~
forme des Avares ie
des Joueurs )
JL~injuâice même
mêmecontre
3

j~
des Hypocrites.
contre .~t~lc.~iw~w îe~.
roit bien plus grande que contre tou~
tes ces Pièces; car- le crime du- faux
Prophète y eft mis dans un jour beau-
coup plus odieux, que ne reft; aucun
des Vices & des Dérëgien~ens que
~f~.f~ 'D
routes ces Pièces représentent. C~eA
prëcifëment contre les jR~&
les y~~ C7~ que la P-iëcce eft
compotee ce qui a fait dire à un Hom-
me de beaucoup d~eïprit., que
avoit etc écrit du temsdc
N~
~77. & de J~~ -F~9 cet Ouvrage
leur auroit iauvc la vie. EtUt pofïi"
b)e qu~on ait pu faire un tel reproche
à l'Auteur de la HENRIADE ? Lui
qui a ëJëvë fa voix fi fouvent dans ce
Eoëme & aiUeurs~ je ne dis pas feu-
jtement contre de tels attentats~ mais
contre toutes les maximes qui peuvent
y conduire.
J~avoue que piusj~ai lu les Ouvra-
ges de cet Ecrivain 3 plus je ies ai trou-
ves cara6):ërifës par l'amour du Bien
public il inspire par-tout rhorreur
contre les emportcmens de la Rebe!-
lion de la Perfccution & du 'Fanatif~
me. Y a-t-i! un bon Citoyen qui n~
3

dopt~
Z/
JL~ ~L~
f) 7' T jE' ~7'
JL~ A~&~ JLj't~/ t~,

dopte toutes les maximes de la


f~~? Ce Poème ne fait-il pas aimée
h vëntaMe vertu?
me paroît écrit entière-
ment dans !e même eiprit~ &'je fuis
periuadë que les plus grands ennemis
en conviendront.
I! vit bientôt qu~i! & fbrmoit con"
tre lui une Cabale dangereufë les
plus ardens avoient parle à des Hom-
mes en place 3 qui ne pouvant voir
représentation de la Pièce dévoient les
en croire. L~iHuAre ~M?& la gioi~
rë de la ~h~ s~ëtoit trduvë autre'-
tbis a peu près dans le même cas~
!orsqu~on joua
cours direÉtement a
7~ te H
Louis & (~
eut re"

dont i! étoit connu & aime. L~auto?


rite de ce Monarque difEpa bientôt
noit au 7~
les interprétations ïiniS'res qu~on doa~
Mais les tei~s iont
diRerens; !a pmte6Hon qu~on accor~
~f~'D~
de des Arts tout nouveaux, ne peut
pas être toujours la même3 âpres que
ces Arts ont ëtë longtems cultivés.
D'ailleurs, tel Artiite n~eft pas a por-
tée d~obtenir ce qu'un autre a eu aiîë-
ment. Il eût fallu des mouvemens~
des di&ufïions~ un nouvel examen.
J~Auteur jugea plus a propos de reti-
rer fa Pièce tui-mêmc~ après la troi-
sième repréfentation, attendant que
9
le tems adoucît quelques Esprits prc~
venus; ce qui ne peut manquer d~ar-
river dans une Nation auiïi ipirituetie
& aufli éclairée que la ~~p~ s On
mit dans les Nouveties publiques que
!a Tragédie de .M~ avoit ctë
défendue par le Gouvernement. Je
puis affurer qu'il n'y a rien de plus
faux. Non feulement i! n''y a pas eu
le moindre ordre donne a ce ~et;
mais il s'en faut beaucoup que les
premicres Têtes de FEtat 9 qui virent
L~ Z)7!T~ ~J!.
la représentation., ayent varié
3 un mo-
ment fur la iageilc qui régne dans cet
Ouvrage.
Quelques per&nnes ayant tranfcri~
à la hâte plufieurs Scènes aux repré-
fëntations~, & ayant eu un
ou deux
rôles des A~eurs, en ont fabrique les
Editions qu'on a faites dandeftin~
ment. Il eftai~de voir a que! point
elles digèrent 'du véritable Ouvrage,
que je tiens de la main d'un homme
irreprochable, ainfi que les autres Piè-
ces que )e don,ne dans I~Edition pré-
fente. La plus curieufe, à mon orc
eft la Lettre que FAuteur écrivit a Sa
Majefté le Roi de lorsque
repaÛà par Ja HoHande~ après être
a!!é rendre i~s re<pe6ts a ce Monar"
que. C~en; dans de telles Lettres 3 qui
ne font pas d'abord dcfUnées a être
publiques 3 qu'on voit les véritables
~cntimens des hommes. Celle
que j'ai
~u~
;S ~~D~T~
eue encore cFun Ami de feu j~~
~f~u~~ eA de ce genre, j~e~é-
re fera aux véritables Phi)ofo-
qu~eMe
phes te même p!ai& qu~eUe m~ fait.

~M~M<2~ 1S<
~~M&r@' JL~~
D. Z.. M

A
A

SA MAJESTÉ
L E

ROI DE PRUSSE
& &c. &~

Si RE,
£"1

3~ f~~z? ~r~~
Méque~
p~
~oMr~ Z~r~ ~M~ <z;~j
~3 ~r~ ~~r ~f~
L E T T EL E
vers votre Cour. Mon ~3
~~j ~E/
~r
que
V 0 T R E MA J E S T
ne ~~M~cFr
/~r~
E\
~~r~

/r
y~ prends la /M~
envoyer une ~z~i? Copie de cette Tragé-
die de Mahomet: 3 .E~ bien voulu 3
a /m~3~r /m~r~ ~M~~
C~ ~rF~~ que je paye à
~~3
y~9 au y~~ ~r~
p/~
y~r- au
ç
~rvvverv
V 0 T R E MA J E S
c duv.r
vv cavv
E~
~OM~r~.
fait
i,3
f/;?f%
~M~
n/~po/ O~r~ Z~-
(7~r~r~Mr~
natifme ~M~ font faites pour
< ~r~ j~M~
Fx-
3
être toujours auprès de

J'
~o~r~ Trône ont
~M~~ plume. y~ ~M/o~r~ que
la Tragédie ne doit pas ~r~ ~Z? ~f~-
tacle qui /OM~ le
3
Qu'importent
~r
G~r~ fans le ~orr~r.
~~c~~
~r~ au
Héros de
ne fervent nous ~/?r~~ ? 0~ d-
que la Comédie du Tarhfe? C~~
~M~~ qu'aucune A~
~r ~~m?~ ~r~
~j~
M~ ~~3
~~c~
on pas effayer~r
f~Wf~ dans toute fa laideur. A~
~j une Tragédie,
cette
A U ROI D E :PRU S S E.

cette ~~<9/?Mr~ qui


/~<?~~ la fureur des
autres ? 7~<~ pas remonter ~M/~M~ ces
anciens Scélérats; Fo~Mrj %?r~
la SuperfUdon ~? Fanadime qui les
premiers ont pris le couteau
~r~~ï~
~~r~rjD~? c~o~~
font
chebaS)
~3 Mahomets~
~rc~~
Ceux qui ~m
~M'~ ne ~rr<% plus de Barco~
Jeans de Leyde
j~?~ des Guerres de
~~y~ éteintes, ~~)
~c~~r~m~
Fo~?~3 Z~
~o~j
trop

~~3 ~c~~
~r 7~ N~j ~oj
&~
~ro~M~
la
3
des germes capables

~r~ ~~M
jours les Prophétes des Cevennes tuer au

ZW~?~
~0~ Dieu ceux de
~j~~M~?
y~~ l'horreur a été plus loin ~r aucun
y~ c~
~<
la 3
~y ~y
..L.E .-T~ T :R ;E.'
7~~ D~ 9 r~J
~3 ~fr~
~n?m~ F'
Z~j~~r~
2~c/?~~ ~<?r~6'r~r~3

~~r~ ~orr~r y~r


p~r r~'o~-
~3

y~~c~
~VOTRE-. MAJESTE~
~M~ /?
J~
9
Tragédie ~~?~ ~~j M~
C/0% J~(/3 M~

A~?<9r~~ ~f~y~r~M~
p~ ~rc~~ ~M~ que ~'r~~
Scïde ~o~ ~/M%
/c~
pcf~
~r~~
~~3
~r~ r~~r:
Mezéray r~p-
~3
r~ ~M~Rom
p~r~3 ~M~ Melua
~o~r ~M-

0~ yn~~
Di~z~
~c~j
Allemagne.~
~M~ ~~r Luther. Barthélémi
piax3 ~pr~ R orne ~r~ ~?-
?9~ ~M ~M~~ Luther ~Fr~ocibr~
P~
A U ROI D E P RU S S EL

part de Rome dans le


~r~
~~?~
y~ lu dans J~
réra, Auteur ~~0/3

~<?
Barthéicmi
Diax risqupit: beaucoup par cette adion;
mais que rien n'ébranle un homme d'hon-

~r?
~3.
peur quand la probité le conduit.
~?y~ ~r
~rn~3
Religion qui
~c~ p~y~~
non
~g
~j~
probité
~r~ au ~rr~~?
ces~j
Et on ne ~W~~r~

Ce font ~J
~~r~~j ?
~o~j

m~~ le
~o~

~~r~ main du J~~?~ qui pr~


France ~j~?~ le Grand:
portrait de Jaques Qémenc~r f~?
~9 p~r~ jS~~r~ï;
vie ~Guillaume Prince
d'Orange Fondateur de
Gr~~r
/~Z~r~
HoIIandois. D~r~ Sa!cëdc
7c ~/h~ J~ coup de
~r~~ raconte que Salcéde (~~c~ro-
~~j 7;?~)) ~<?/<%
~~r~~r~r~~
~~r~ cette
par
ame
~s
la ~s/
~o~ aux pieds dun Dominicain, ~~r
L E T T 'R
~f~~ ~'Z? P~ C~ J~rn~

<
~û~ ~2-
~r~.
Etende iirme con el exempb de nuef-
o

tro Salvadore Jeîh Chri~o yde iuSanc-


'tos.
G~~ 9 ôta
~~Gr~m~~ s/~
ï~
~r
~j
~m~r~
<~ ~Q~~ ~r~A
~~m~ Séide.
~cj~r <??$~
3
~~M~
p~r~<
E~ ~wrc~ ~s~y. ~M~-

j~n~~ F~~ 9
Z~ ~~?~ Henn HL ~~<9~
Grand Duc de
~~r~3 ~M
~?
~~r.
Gni~e

~r
y~
~~V~j~Fanaciime.
~m~~

%o~~ Sheph~d~
George I.
~/M-
Angjeterrc~
j~
6~~ ~r-
À U R 0 î D E PR US SE.
~r~?
s

CW~M~M~
She~erd?~0~ la même Religion
Roi. On eut pitié ~~j~M~3
<3~r~ ~r~~ 3 on le y~~ 7o~
~r~~
~M~ ~o~ ~r~
toujours 4
valoit mieux obéir à Dieu ~y ~0~
le premier
3 ~M~~

~W~~ ~r~3
3 ~r0~ tuer y~

j~o~
Prince.
~x~W~~r.
obligé de
~?r<? qu'on défefpéroit
direque quiconque a un peu
N'~7~ 3
les ~mm~ voir quelquefois ~m-
~r~r
~n? ~c~.
on efl ~r~

~~r~ ~f~~j
~r~
Que de
la Na-
ont

~r~2~
que de
F~r~ ~0~r/7~M~ i~~r~~r
y~ ~M des exemples dans
plus d'une
Si 7~ Superâltion 'fe
jours par ces excès qui /o~ ~~p~~ ~7~
~m~
~0~
<?/?~ dans la So-
~?~.
tous les petits ~2~'
~M~ quelle
les ~Mj elle Parens; elle
~M ~~o~ bien,
LETTRE
j~r main du Fou qui
ne donne pas toujours de la Socrate~
elle bannit Descartes d'une ~7~ lui
mais
~o~ être
Juricu, ~3
Liberté; elle donne

pour réduire à la pauvreté les ~<


~~y
~~j
elle
le
~rr~~ une
fes leçons le
y~
Bayle. Elle
~r qui
~~r~
Lcibnit~ le rétablir
r~
pour que le
C~/j~~ ~~r~ Roi-Philosophe ~r~
la j~
~r~~ qu'il bien jE~
~M~ fe ~r/c~ par la
f

jP~/9/3~/ tant de progrès en Eu-


rope envain, ~OM~c~~ Grand Prin-
ce y ~o~~ ~n~
~~r~ ~c~ ~r~r
cette Pbilofophie fi ~m?~ on
dans ce où la Raifon

.nadîme
~r~
~r
Jon Trd~~ d'un ~c~ le plus <?~~ Fa-
3
encore Autels de l'au-
O~r~T~rc~r~ ~3 donnant
trop à mon zéle, commettre dans cet-
te jPF~ un ~y~ Mahomet: dont en
ne fut point coupable.
~r. C~~ Boulainvilliers ~n~~
AU ItOI DE'PRUSSË.
~3 Fr~p~
/<!?j~~ ~~r~f
~r~Nc~ Pro~F~ ~~c~
~r
~r.
~?r
~c~f
Saie9
9

~M%
les C~r~
~c~
une
j)oMf

7~~ ~r~M ~Aicoran Anglais3


r~r~r Maiiomet ~m~~ NumË

r~r
le
Thdëc. y~~c~~ ~~W~o~
3 Fr~~ ~3
~r~ CM ~p-

9
j~uma) ou
p~
G~~r~~c~~Mr
~Cc~~r~ Z~ ~c~~
j~~ ~'M~ ~?ï~J
~M' ~o~
on le dit de Thésée,
C~M~
~r~~ ~o~y"

/~r ~r/ ~W j~~ï~w~


Cora-
citesy
7'Ange Gabriel; ~<7~ ~o?r été r~-
au C~3 ~~rr~M~r~~
Z~~ ~~f/7~3~j~r ,S~- le
~M~z ~?
~r Z~y'~ ~~ûr~P~r~ rc/~ ~CMr

3 ~<
~~W
les <r~r~
R~~ CM ~cr~;
/Mr~~ ~o~ p~ ~?f $
L E n .Ë

~c~ ~~y~~ Turc3 z%y~


~Wcz~
r~.
~o~~ /~m~
~m~~
Mahomet:
~r~~)~~ qui
~r~
~W~ Tragédie.
la
Z'?o~~y~
)
Séide
/~yM/~

D~3 Zopire; Abufbiian~


~~m'
~~ï ~~3 p/~ la /~T au
D~,
~M ~j t/~r~ ~~r~
~M
t
~r~ j~r la <&3
t
7~
M~~ ~y~

~r~~ ~r
~ï~
les ~<?~
~(r~r~

~r~r
~??~~

~~p pf~ ~r ~j ~rc~3


3 ~~s
c~ ~ro~-
/c~r-
le Fanatisme ~M~ ~r p/M~ ~o~
r~
Mahomet
F~ ~r~~

~) r~ ~o~
y~

~?~;<m~
~M~~

~r~r~ ~2
~<~

quelqu'une de ces
~r~~
Tartufe

~cs

~r~~r ~r~~r~ ~/? p~ au


j~~ /~r ~r~r?
~~<?~~ M~
j'r~r ~~r~
~~r~
~j
AU..ROI'DE"PR'U~S'E.
o~n~~ ~nï~r.
des
~9 cM~
~r~o~ o~r~~
~r~ ~/j-
S~ide~

~r/s? ~M~
~r~s ~/M~ ~/?
~~r~r~~oMr ~~r~ ~r~ ~Mr
des
~~j~~
~r~~ ~c~j~

~r~r
~m~
~r~
L~r~
ce ~M~~r~~r
/~r~ ~j~~n?j,
J~?r~.
~r~-
C~ ~/? VoTn.EMAJES-
T E\ Ce ~r~ro~
des ~<?~~ ~~r~ ~~r~j
~o~ ~r~
Roi-
Philofbphe. ~w?~
~M?~ ~?
~~r~ ~r~
r~r~j
~r~~ ils ~~7~ro72~
9 ~o%
~(~Mr les .Pr~
p~~ qui p~r~ ~c~
9
~r~T~~
qui
yo~j y~

~M~
rr~~
~CM/ la P~~ 6~ /7?~3
~~m~
po~~ <r~
/3 ~r~
~~r~
~r~.
ne
~M/~rj ~/?r~~ 9
~r~
I. E T T R E &c.

~~r~
y~ ~r~ avec le
r~w~~ ~r~

S ïR E,

t)E VOTRE MAJESTE~

Ls très humb!c & t~s


pbeiiïânc Servit-eur

~?'
~~r 1742.
~o.

VOLT/UR~
L E
FANATISME,
0 U
MAHOMET
LE PROPHETE,
T G 2?' D jf E.
c y s &
®

MAHOMET.
ZOPIRE, Ssheîch on Schërif de la Méque,
0 M A. R Lieutenant de Mahomet
SE'IDE,
PALMIRE,
-11.1. 'f
j~teuf
~Eiciaves de Mahomet.

P z.H A N 0 R, de la Méque.
TROUPE de Méquois.
TROUPE de Mnïtïlmans.
~g~
L E.
FANATISME,
U
MAHOMET
0

L E P R 0 P PI E T Ë,
T G JE' Z) f jE.

ACTE PREMIER.
®
SCENE PREMIERE.
Z 0 P 1 PLE:, P H A N 0 R.W'
Z 0 P 1 R E.
~!<"S!~Ui moi baiSër tes yeux devant fes faux
0 prodiges
~Bg Moi de ce Fanatique encenser les pref-
tiges?g
L'honorer dans la Mëque âpres l'avoir banni?
Non! Que des juttes Dieux Zopire Mt puni,
Si tu voiscette main, jusqu'ici libre & pure,
Carener la révolte & Hâter l'impolture'i
A 2 P H A<
PHAN OR.
Nous chénûons en vous ce zéle paternel
Du Chef augure & faint du Sénat d'Umaeî $
Mais ce zéle eft funeAc~ & tant de réu&ances
Sans laOer Mahomet, irrite fa vengeance.
Contre les attencacs vous pouviez autrefois
Lever impunément le fer facré des Loix,
Et des embraiemens d'une guerre immortelle
Etouffer fous vos pieds la premiére étincelle..
Mahomet citoyen ne parut à vos yeux
Qu'un Novateur bMcur, un vil Séditieux:
Aujourd'hui c'eii: un Prince; il triomphe, il domine
Jm~~eur à la Méque & Prophète a Médine,
II fait faire adorer à trente Nations
Tous ces mêmes forfaits qu'ici nous détenons.
Que dis-je? en ces murs même une troupe ëgarëe~
J
Des poifons de l'Erreur avec zéle enivrée~
De fes miracles faux fbutient rilluûon,
J
Répond le fanatisme & la iedition
Appelle fon Armée, & croit qu'un Dieu terrible
L'inspire le conduit, & le rend invincible.
Tous nos vrais Citoyens avec vous fbnc uni~
VJ>.iu.o;; ,~v" r arm~~ ~vuweat'a~u~®
Mais
Mais les meilleurs conicils lont-us toujours fui vis?
L'amour des nouveautés, le faux zéle~ !a craince~
= De la Méque aiïarmée ont désolé l'enceinte;
Et ce Peuple, en tout tems chargé de vos bienfaits,
Crie encor à fbn Père & demande la pai~.

k
Z 0 P 1 R E.
La paix avec ce Traire Ah Peuples ians courage
N'en attendez jamais qu'un horrible efclavage:
Allez, portez en pompe & fervez à genoux
L'Idole dont !e poids va vous ëcrafër tous!
Moi, je garde à ce Fourbe une haine ëterne!!e;
De mon cœur ulcéré la playe e~ trop crueUe;
Lui-même a contre moi trop de reïïentimens~
Le cruel fit périr ma femme mes enfans;
Et moi jufqu'en fon Camp j'a~ porté le carnage
La mort de fon fils même honora mon courage
Les nambeau~ de la haine entre nous allumés
Jamais des mains du Tems ne feront coniumds.

P H A N 0 R.
Ne les éteignez point; mais cachez-en la Hame;
Immolez ~n Public les douleurs de votre ame.
Quand vous verrez ces lieux par fes mains ravagés~
Vos malheureux enfans feront-ils mieux vengés?
Vous avez tout perdu fils, frère, époufe, 6!Ie;
Ne perdez point: l'Etat: c'e~-là votre famille~
Z 0 P 1 R E.
On ne perd les Etats que par timidité.
P H A N 0 R.
On pérît quelquefois par trop de fermeté.
Z 0 P 1 R E.
PérHIbns, s'il le faut.
P H A N 0 R.
Ah quel trifte courage
Vous fait fi près du port expofer au naufrage 9
Le de!, vous le voyez, a remis en vos main~
De~bi fléchir ençor ce Tyran dés humains.
Cette jeune Palmire en fes Camps élevée
Dans vos derniers combats par vos mains enlevée j,
Semble un Ange de Paix descendu parmi nous,
Qui peut de Mahomet appai~er Ïe courroux.
Déjà par fes Hérauts il l'a redemandée.
Z 0 P 1 R E.
Tu veux qu'à ce Barbare elle ibit accordée ? s~

Tu veux que d'un H cher & H noble tréibr


Ses
Ses criminelles mains s'enrichinent encor?
Quoi lorfqu'il nous apporte & la fraude & la guerre~
Lorsque fon bras enchaîne ravage la Terre
&

Les plus tendres appas brigueront fa faveur,


Et la beauté fera le prix de la fureur?
Ce n'eft pas qu'a mon âge, aux bornes de ma vie,
Je porte à Mahomet une honteuse envie;
Ce cœur tri~c & flétri, que les ans ont glacé,
Ne peut Sentir ies feux d'un deGr in(en(e.
Mais foit qu'en cous les tems un objet né pour plaide
Arrache de nos vœux l'hommage involontaire;
Soit que privé d'enfans je cherche à diHiper
Cette nuit de douleurs qui vient m'envelopper;
Je ne fai quel panchant pour cette Infortunée
Remplit le vuide affreux de mon ame étonnée.
Soit faiblellë ou raifon je ne puis fans horreur
La voir aux mains d'un Montre artifan de l'erreur.

Je voudrois qu'à mes vœux heureufement docile j,


EUe-même en fecret pût chérir cet azile;
Je voudrois que fon cœur, iennblcà mes bienfaits
9
Dëteftât Mahomet autant que je le hais.
Elle veut me parier îous ces iacrës Portiques,
J
Non loin de cet Aute! de nos Dieux dome~iques;
IV
Elle vient, & fon front, fiége de la candeur,
Annonce en rougiûant les vertus de Ion cœur.
<@~<@~~<@~~<<@~<@~
SC E N E IL
0 P 1 R E, P A L M 1 RE.
Z Q P 1 R E,
3

'VEune & charmantObjet-, dont le fort de la guerre


Propice à ma vieiîlellë honora cette Terre,t
Vous n'êtes pojnc tombée en de barbares mains;
Tout refpeae avec moi vos malheureux ~efUns~
Votre â~e,vos beautés~ votre aimable innocence.
Parlez, & s'il me re~e encor quelque puiffance
De vos ju~es defirs fi je remplis !es vœux,
Ces derniers de mes jours feront des jours heureux.
P A L M 1 R E,
Seigneur, depuis deux mois fous vos loix prisonnières
Je dus à mes deflins pardonner ma miferc
Vos génëreufes mains s'empreHent d'effacer,
Les larmes que le Ciel me condamne à verger,
Par vous, par vos bienfaits à parier enhardie,
C'e~
C'cH de vous que j'attends le bonheur de ma vie.,
Aux vœux de Mahomet j'ofe ajouter les miens.
Il vous a demandé de brifer mes liens.
PuifHez-vcMs Fécouter, & puifîai-je lui dire,
Qu'après le Ciel & lui je dois tout à Zopire!
Z 0 P 1 R E.

Ainfi, de Mahomet vous regrettez les fers, ®


Ce tumulte des Camps, ces horreurs des Déferts~
Cette Patrie errante au trouble abandonnée?
P A L M 1 R E.
La Patrie eft aux lieux oh l'âme e~ enchaîna
Mahomet a formé mes premiers fendmens,
Et fes femmes en paix guidaient mes faibles ans.
Leur demeure eft un Temple oîi fes femmes facrëcs
Lèvent au Ciel des mains de leur Maître adorées.
Le jour de mon malheur, hélas! fut le feul jour
Oh le fort des Combats a troublé leur fëjour,
Seigneur, ayez pitié d'une ame déchirée,
Toujours préfente aux lieux dont je fuis féparée.
Z 0P 1 R E.
j'entends: vous efpérez partager quelque jour
De ce Maître orgueilleux & la main & l'amour.
P A L M 1 R E.
Seigneur, je le révère, & mon ame tremblante
Croit voir dans Mahomet un Dieu qui m'épouvante.
Non, d'un fi grand hymen mon c(Bur n'eft point flaté;
Tant d'éclat convient mal à tant d'obscurité.
Z 0 P1 RE.
Ah! qui que vous foyez, i! n'eft point né peut-être
Pour être votre Epoux, encor moins votre Maîcre~
Et vous femb!e~ d'un lang fait pour donner des loix
A l'Arabe ~nlbient qui marche égal aux Rois.
P A L M 1 R E.
~ous ne connoitibns point l'orgueil de la naiflance,
~ans parens, fans patrie, efclaves des l'enfance31
~pans notre égalité nous chériflons nos fers;
Tout nous e~ étranger, hors le D~eu que je 1ers.
Z 0 P 1 R E.

Tout vous eft étranger! cet état peut.il plaire?


Quoi! vous fervez un Mafcre,& n'avez point de PéreP
Dans mon trille Palais, feul & privé d'enfans,
J'aurois pu voir en vous l'appui de mes vieux ans.
Le foin de vous former des deftins plus propices
Eût adouci des miens les longues injufUces.
Mais non, vous abhorrez ma Patrie ma Loi.
PAL MI RE.
Comment puis-je être à vous? je ne iuis point à moi.®
Vous aurez mes regrets, votre bonté m'en: chère;
Mais enfin Mahomet m'a tenu lieu de Père,
Z 0 P 1 R E.
Que! Pére! juâes.Dieux lui? ce Montre impo~eur?
P A L M 1 R

Ah quels noms inouïs lui donnez-vous, Seigneur ?


Lui, dans qui tant d'Etats adorent leur Prophète;
Lui) l'Envoyé du Ciel, & fon feul Interpréte,
ZOPIR E.
Etrange aveuglement des malheureux mortels
Tout m'abandonne ici pour ûreHëy des Autels
A ce Coupable heureux qu'épargna ma justice,
Et qui courut au Trône échappé du lupUce.
P AL Ml R Ë.
Vous me faites frémir~ Seigneur~ de mes jours
&

Je n'avois entendu ces horribles discours.


Mon panchant, je l'avoue) & ma reconnoiffance
Vous donnoient fur mon cœur une juitc puinance;
os
VVOS
Vos blasphêmes affreux contre mon Prote~cur~
A ce panchant fi doux font faccéder l'horreur.
Z 0 P 1 R E,
Q Superfticion les rigueurs inflexibles
Privent d'humanicé les cœurs les plus fenfibles.
Que je vous plains, Ra! mire, & que fur vos erreurs
Ma picic, maigre moi 9 me fait: ver(ër de pleurs~
P A L M 1 R E.
Et: vous me réfutez
Z 0 P 1 R E'
Oui. Je ne puis vous rendre
Au Tyran qui trompa ce cœur flexible & cendre.
Oui< je crois voir en vous un bien trop précieux
Qui me rend Mahomet encor plus odieux.

~<@~@~~<<@~
SCENE ML
ZOPIRE, PALMIRE, PHANOR,.
ZOPIRE.
\~Uc voulez-vous, Phanor?
P
T\ H
TT n1\ N 0 R.
Aux portes de la Vi!îe.
D'o~
î)'oh l'on voit de Moab la Campagne fertile,
Omare~ arrivé.
2; (3 P 1 R E.
Qui? ce~rouche Omaf?
Que l'erreur aujourd'hui conduit après fon Char,9
Qui combattit longtems le Tyran qu'il adore,
Qui vengea fon Pays ?
P H A N 0 R.
Peut-être il l'aime encore.
Moins terrible à nos yeux, 9 cet infolent Guerrier,
Portant entre ~es mains le glaive & roliviei-as
De la Paix à nos Chefs a préienté le gage.
On lui parle, il demande, il reçoit un Otage.
Séide eft avec lui.
PALMIRE.
Grands Dieux, deftin plus doux'
Quoi!Sëidc9
P H A N 0 R.
Om ar vient, il s'avance vers vous.
2 0 P 1 R E.
Il le faut écouter. AUcz, jeune Palmire.
Palmire fort.
Omar
Omar devant mes yeux i qu'oferà-t-il me dire?
0 Dieux de mon Pays, qui depuis trois mi!Ic ans
Protégiez d'Ifmael les généreux enfans
Soleil, Sacrés Flambeaux, qui dans votre carrière~
Images de ces Dieux j nous prêtez leur lumière~
Voyez & foutenez la juftc fermeté
Que j'oppofai toujours contre l'iniquité.
~@~<@~<@~<@~'S<@~
SCENE t V.
ZOPIRE, OMAR, PHANOR, Suite.
ZOPIRË.
T?H bien, après fix ans tu revois ta Patrie,
-m
Que ton bras défendit, que ton coeur a trahie.
Ces niurs font encor pleins de tes premiers exploits.
Déserteur de nos Dieux, défërteur de nos Loixj,
Perfécuteur nouveau de cette Cité fainte~
D'où vient que ton audace en profane l'enceinte?
Minore d'un Brigand qu'on duc exterminer~
Parle; que me veux-tu?
0 M A R.
Je veux te pardonner.
Ls
Le Prophète d'un Dieu, par pitié pour ton âgc~
Pour tes malheurs paffés, fur-tout pour ton courage
Te préfente une main qui pouvoit t'écrafer
Et j'apporte la Paix qu'il daigne proposer.
Z 0 P 'I R E.
Un vil Séditieux prétend avec audace
Nous accorder la paix, & non demander grâce!
souffrirez vous, grands Dieux! qu'au gré de fes
forfaits
Mahomet nous raviûe ou nous rende la paix ?
Et vous, qui vous chargez des volontés d'un Traître
Ne rougiflëz-vous point de iervir un tel Maître?
Ne ravez~vous pas vu 3 fans honneur & fans biens,
y
Ramper au dernier rang des derniers Citoyens?
Qu'alors il ëtoit loin de tant de renommée î
0 M A R.
A tes viles grandeurs ton ame accoutumée
Juge ainS du mérite, & péfe les humains
Au poids que la Fortune avoit mis dans tes m~îss.
Ne fais-tu pas encore, homme faible & fuperbe~
Que rinfede inienilMe, enIeveU ions l'herbe~
y
Et l'Aigle impérieux ) qui plane au haut du Cie!~
Rentrent dans le néant aux yeux de l'Eternel ?
Les mortels font égauxce n'eft point la naiHance~
C'efi: la ieuîe vertu qui fait leur diiFcrence.
Il eH de ces Efprits favorifës des Cieux j
Qui font tout par eux-mêmes, & rien par leurs Aieux.
Tel elt l'homme en un mot que j'ai choiH pour
Maître.
Lui feul dans FUnivcrs a mél'icé de Fecre.
Tout mortel à fa Loi doit un jour obéir,
Et j'ai donné l'exemple aux Siècles à venir.
Z 0 PIRE.
Jeteconnois; Omar; envain ta politique
Vient: m'ëtaler ici ce tableau fanatique;
Envaintupeuxaineurs ëblouïrieseiprits,
Ce que ton Peuple adore excite mes nîëpris.
Bannis toute impofture, & d'un coup d'œilplu§fag@
Regarde ce Prophète à qui tu rends hommage.
Voi l'homme en Mahomet; conçoi par quel degré
Tu fais monter aux Cieux ton Fantôme adoré.
Encoufla~e ou fourbe, il faut ceffer de l'être;
Sers-toi de ta raifon, juge avec moi ton Ma~re.
Ta verras de Chameaux un grofHcr Condu~eur~
Chez fa première époufe infolent impoAeur,
Qui fous le vain appas d'un fonge ridicule
Des plus vils des humains tente la foi crédule.
Comme un Séditieux à mes pieds amené,
Par quarante Vieillards à l'exil condamne;
Trop leger châtiment qui l'enhardi au crime,
De caverne en caverne il fuit avec Fatime.
Ses Difciples errans de Cités en Dëferts~
Proferits, perfécutés, bannis) charges de fers,
Fromëneo!: leur fureur qu'ils appellent: divine,
De leurs venins bientôt ils infc<3:enc Mëdioe.
Toi-même alors toi-même, ëcoutantIaRaifbn~
Tu voulus dans fa fource arrêter le poison
Je te vis plus heureux, & plus ju&e & plus brave
Attaquer le Tyran dont je te vois l'Enclave.
S'il eft un vrai Prophète ofas-M !e punir?
S'il eft un Impofteur~ o~cs tu le fervir ?
0 M A R.
Je voulus le punir, quand mon peu de lumière
Méconnut ce Grand-Homme entré dans la carrière.
Mais enfin quand yai vn que Mahomet eft né
Pour changer l'Univers à fes pieds concerné;
Quand mes yeux éclairés du feu de fon génie
Le virent s'élever dans fa courfe infinie,
Eloquent, intrépide, admirable en tout lieu
Agir, parler, punir ou pardonner en Dieu
j'aûcciai ma vie à fes travaux immenfes;
Des Trônes, des Autels, en font les récompenîëg.
Je fus, je te l'avoue, aveugle comme toi,
Ouvre les yeux, Zopire, & change ainfi que moi.
Et fans plus me vanter les fureurs de ton zéle,
Ta perfécution, fi vaine & fi cruelle,
Nos frëres géminans, notre Dieu blafphëmé~
Tombe aux pieds d'un Héros par toi-même opprima
Vien baifer cette main qui porte le tonnerre.
Tu me vois après lui le premier de la Terre.
Le po~e qui te re~e eft encor anëz beau,
Pour fléchir noblement fous ce Maître nouveau,
Voi ce que nous étions, & voi ce que nous fbmmes<.
Le Peuple aveugle & faible eft né pour les Grands"
Hommes,
Pour admirer, pour croire, & pour nous obéir.
Vien régner avec nous, fi tu crains de iervir;
Partage
Partage nos grandeurs au-lieu de c'y ibuitraire;
Et las de l'imiter, fais trembler le Vulgaire.
0 PI R EL
Z
Ce n'eA qu'à Mahomet à fes pareils, à toi
It
Que je prëceps, Omar~ infpirer quelque eSroi.
Tu veux que du Sénat le Schérif infidelle
Encenfe un Impo~eur~ & couronne un Rebelle
Je ne te nierai point que ce fier Sédu~eur
N'aie beaucoup de prudence, & beaucoup de vaisur.
je connois comme toi~ les talens de ton Maîcre~
S'il étoit vertueux, c'eft un Héros peuc être.
Mais ce Héros, Omar~ e~: un traître, un crueî~
Et de tous les Tyrans c'eft le plus crimiocL
Cène de m'annoncer fa trompeufe clémence~
Le grand ar6 qu'il ponëde eft rart de Iavengeance<
Dans le cours de la guerre un funefte deftin
Le priva de fon fils, que fit périr ma main. `

Mon bras perça le fils, ma voix bannit le père;


Ma haine eft inflexible ainfi que fa colére;
Pour rentrer dans la Méque il doit m'extermina
Et le ~uih aux méchans ne doit point pardonner.
OM A R.
Eh bien, pour te montrer que Mahomet pardonne,9
Pour te faire embraffer l'exemple'qu'il te donne,
Partage avec lui-même, & donne à tes Tribus
Les dépouilles des Rois que nous avons vaincus.
Mets un prix à la Paix, mets un prix à Palmire~
Nos crëfbrs font à toi.
/"7_nTT"
Z 0 P 1 R E.
Tu penfes me déduire I?
Me vendre ici ma honte, & marchander la paix
Par fes tréfors honteux, le prix de (es forfaits ?
Tu veux que fous fes îoix Palmire fe remette ?
Elle a trop de vertu pour être fa Sujette;
Et je veux l'arracher aux Tyrans impon:curs,J
Qui renverfent les Loix& corrompent les mœurs.
OM A R.
Tu me parles toujours comme un Juge implacable,
Qui fur fon tribunal intimide un coupable.
Penfe & parle en Minière, agi, traite avec moi
Comme avec l'Envoyé d'un Grand-Homme &d'ua
Roi
Z (3 P 1 R E.
Qui l'a fait Roi ? qui l'a couronne?
a
0 M A R.
La Vidoire.
Ménage fa puiîlance 3& reipede fa gloire.
Aux noms de Conquérant & de Triomphateur
Il veut joindre le nom de Pacincaieur.
Son Armée eft encor aux bords du Saïbarc~
Des murs oh je fuis né le Cége fe prépare
Sauvons, tu m'en crois, le fang qui va couler,
Ij

Mahomet veut ici te voir & te parler.


Z 0 P 1 R K

~-ui? Mahomet
0 M A R.
Lui-même~ il t'en conjure.
Z 0 P 1 R E.
Traître~3
Si de ces lieux facrésj'étois l'unique Maître
s
C'eH en te puniffant que j'aurois répondu.
0 M A R.
Zopire, j'ai pitié de ta faune vertu.
Mais puisqu'un viï Sénat infolemment partage
De ton Gouvernement: le fragile avantage
Puisqu'il règne avec toi, je cours m'y présenter.
Z 0 P 1 R JE.
Je t'y fuis nous verrons qui l'on doit écouter.
Je défendrai mes Loix, mes Dieux & ma Patrie.
Viens-y contre ma voix prêter ta voix impie
~u Dieu perfecuté, effroi du Genre-Humain,
Qu'un Fourbe ofe annoncer les armes à la main.
~? Phanor.

Toi vien m'aider, Phanor, à repouncr un Traître


Le ~buNrir parmi nous & l'épargner, c'eA rétrc.
Renverfbosies deifeins, confondons jfbnorgue!p
Préparons fon fuplice, ou creusons mon cercueil.
De lui feul, ennemi, pour lui feul implacable,
L'amour de la vertu me rend inexorable.

du ~f~~Mf
ACTE SECOND.
s C E N E t.
S E' 1 I) E, P .A I. M 1 R E.
PAL MIRE.
~Ans ma prifbn cruelle eft-ce un Dieu qui
te guide?
)Mes maux Ibnt-ils 6nis?jc te rcvois~Sëideî

S E'IDE.
0 charme de ma vie, & de tous mes malheurs,
Palmire, unique objet, qui m'as couté des pleurs,
Depuis ce jour de iang~ qu'un Ennemi barbare,
Près des Camps du Prophète, aux bords du Saibarc
$
Vint arracher fa proye à mes bras tout Iang!ans~s
Qu'étendu loin dc~toi fur des corps expirans,
Mes cris mai entendus fur cette infame rive
Invoquérent la mort fourde à ma voix plaintive
0 ma chère Palmire, en quel gouffre d'horreur
Tes périls & ma perte ont abîmé mon cœur!
Que mes feux, que ma crainte & mon impatience
Accu~bient la lenteur des jours de la vengeance~
Que je hâtois l'aiïaut fi longtems diN'ëré,
Cette heure de carnage, oh de fang enivré
Je devois de mes mains bruler la Ville impie
Oh Palmire a pleuré fa liberté ravie!
Enfin, de Mahomet les fublimes dei~ëios~
Que n'o~e aprofondir Fhumbleefprk des Humaine
Ont fait entrer Qmar en ce lieu d'efc!avage
Je Faprens & j'y vole. On demande un étage
J'entre je me prëfente, on accepte ma foi
Et je me rends captif, ou je meurs avec toj<
PAL M 1R K
au moment même, avant que ta prëfence
i1,i¡
Séide
Vînt de mon défefpoir calmer la violence,
Je me jettois au~ pieds de mon fier Ravijfïëur.
Vous voyez ai-je dit, les Secrets de mon cœur.
Ma vie €~ dans les Camps dont vous m'avez tirée;
Rendez-moi le feul bien dont je fufs fëparëe.
Mes pleurs~ en lui parlant. ont arrofé fes pieds;
Ses refus ont ~ilï mes efprits eih'av6s,
J'ai ienti dans mes yeux la lumiére obfcurcie;
Mon cœur fans mouvement, ûmschatcur&iansvie~
D'aucune ombre d'efpoir n'étoic plus fecouru;
Tout Sninbic pour moi quand Séide a paru.
S E' 1 D E.
Quel eH: donc ce mortel infënGbîe à tes larmes?
P A L M 1 R E.
C'eA Zopire;il lembloit touché de mes allarmcs:i
Mais le cruel en6n vient de me dëciarcr,
Que de? lieux où je fuis rien ne peut me tirer.
S E' 1 D E.
Le barbare fe trompe; & Mahomet mon Maîcre~
t
Et l'invincible Qmar~ ton Amant peut-être~
(Car j'ofe me nommer après ces noms famcu~
PardoBne à ton Amant cet efpoir orgueiUeux)
Nous briferons ta chaîne & tarirons tes larmes.
Le Dieu de Mahomet protecteur de nos armes~
Le Dieu dont j'ai porté les facrés Etendarts,
Le Dieu qui de Médine a détruit les remparts~
Renverfera la Méque à nos pieds abattue.
Omar eft dans la Vi!!e, & le Peuple à fa vue
N'a point ~iit éclater ce trouble & cette horreurs
$
Qa'iafpirc aux ennemis un Ennemi vainqueur.
Au nom de Mahomet un grand defïcin l'amené.
P A LM 1 R E.
Mahomet nous chéri!: il brifëroi!: ma chaîne
Il uniroit nos coeurs; nos cœurs lui font oifercs;
Mais il eft loin de nous, & nous fommes aux fers.

1~

SCENE IL
PAL MIRE, SE'IDE, OMAR.
0 MA R.
V7 Os fers feront brifës~ fbyez pleins d'eipérancc
Le Ciel vous favorise9 & Mahomet s'avance.
SE' ID E.
Lui?
P A L M IR E.
Notre augure Përe!
0 M A R.
Au Cocieil afïembié
L'E(prk de Mahomet par ma bouche a parle.
Ce Favori du Dieu qui protide aux Bacailies~
Ce Grand-Hommes ai-je die, e~ Dé dans vos
murailles.
,3 I!
II s'eft rendu des Rois le Maître & le Soutien~
“ Et vous lui refufez le rang de Citoyen~
Vient-il vous enchaîner, vous perdre, vous dé-
9,
truire ?
II vient vous protéger, mais Surtout vous inflruire.
Il vient dans vos coeurs même établir fon pou.
voir
Plus d'un Juge à ma voix a paru s'émouvoir;
Les efprits s'ébranloient; l'inflexible Zopire,
J
Qui craint' de ia Raifon l'inévitable empire~
Veut convoquer le Peuple & s'en faire un appui.
On l'anemble, j'y cours, & j'arrive avec lui.
Je parle aux Citoyens, j'intimide, j'exhorte,

j'obtiens qu'à Mahomet on ouvre enfin la porte.


Apres quinze ans d'exil, il revoie fes foyers;
II entre accompagné des plus braves Guerriers~
D'Ali d'Ammon, d'Hcrcide & de ia noble dite
II entre) & ~r fes pas chacun fe précipite.
Chacun porte un regard comme un cœur différent,
L'un croit voir un Héros, l'autre voir un Tyran.
®
Celui, ci le blafphéme, & le menace encore;
Cet autre eft à les pieds les embrane~ & radore.

'Tt.'y
Nous faifons retentir à ce Peuple agité
Les noms facrés de Dieu, de Paix, de Liberté;
De Zopire éperdu la Cabale imputante
Vomit envain les feux de fa rage expirante.
Au milieu de leurs cris, le front calme & ferait
Mahomet marche en Maître & l'Olive à la main
La Trêve eft publiée, & le voici lui-même.
~<@~~<@~~<@~~<@~~<@~~
S C E N E 111.
MAHOMET, OMAR, ALI, HERCIDE,
SE'IDE PALMIRE, Suite.
2

M A H 0 M E T.
irNvineibles foutiens de mon Pouvoir iuprême
'Noble & fublime Ali, Morad, Hercidc, Ammon 9
Retournez vers ce Peuple, infh'uifez-Jeen mon nom.
Promettez, menacez, que l,a VërKë régne;
Qu'on adore mon Dieu, mais lurtouc qu'on ic
craigne.
Vous; SëMe, en ces lieux t
S E' 1 D E.
0 mon P~'e~o mbu Rois
Le
Le Dieu qui vous infpire a marché devant moi!
Prêt à mourir pour vous, prêt: à tout entreprendre
t
J'ai prévenu votre ordre.
MAHOMET.
Il eue falu l'attendre.
Qui fait plus qu'il ne doit, ne fait point me fërvir.
j'obéis mon Dieu; vous, fâchez m'obéir.
P II. t
ri A L M t bR E.
«K 9 1 U

Ah! Seigneur, pardonnez à fon impatience.


Elevés près de vous dans noire tendre enfance,
Les mêmes lentimens nous animent tous deux;
Hé!as! mes triées jours font aÛez malheureux'.
Loin de vous~ loin de lui, j'ai langui prifonniëre~
Mes yeux de pleurs noyés s'ouvrpient à la lumière; i)
Empoifbnneriez vo-us l'infant de mon bonheur?
MAHOMET.
Palmire, c'eft aHez, je lis dans votre cœur~
Que rien ne vous a!Iarmc & rien ne vous étonne.
Allez malgré les foins de l'Autel & du Trône
"Mes yeux fur vos devins feront toujours ouverts.;
Je veillerai fur vous comme fur l'Univers.
i t
Vous fuivez mes Guerriers & vous~ jeunePa!mire~

En fervant votre Dieu ne craignez que Zopire.

<@M<@~~<@M<<@~<@~
S C E N E 1 V.

MAHOMET, 0 M A R.
MAHOMET.
~T~Oi reâe brave Omar; il eft tems que mon cœur
De fes derniers replis t'ouvre la profondeur.
D'un uëge encor douteux la lenteur ordinaire
Peut retarder ma courte & borner ma carrière
Ne donnons point le tems aux mortels détrompés
De raturer leurs yeux de tant d'éclat frappes.
Les Préjugés~ Ami, font les Rois du Vulgaire.
Tu connois quel Oracle, ,& quel Bruit populaire
Ont promis l'Univers à l'Envoyé d'un Dieu,
Qui, reçu dans la Méque& vainqueur en tout lieu
Entreroit dans ces Murs en écartant la guerre;
Je viens mettre à pro6t les erreurs de la Terre.
Mais tandis que les miens par de nouveaux efforts
De ce Peuple inconRant font mouvoir les reilbrts.
De quel œit revois-tu Palmire avec Séide?
O M A R.
Parmi tous ces Enfans enlevés par Hercide.,
Qui~ formés fous ton Joug & nourris dans ta Loi,
N'ont de Dieu que le tien, n'ont de Përe que toi;
Aucun ne te fervit avec moins de fcrupule,
N'eut un cœur plus docile, un efprit plus crédule;
De tous tes Mufuîmans ce font les plus fournis.
M A H 0 ME T.
Cher Omar~ je n'ai point de plus grands ennemis.
Ils s'aiment; c'cfi: allez.
0 M A R.
Blâmes.tu leurs teodrefïes?
A H OMET.
M
Ah! connois mes fureurs, & toutes mesfaibleilës.
0 M AR.
Comment?
MAHOMET.
Tu ~ais aûez quel iendment vainqueuï
Parmi mes panions rëgnc au fond de mon cœur.
Chargé du foin du Monde, environne d'a!Iarmes§
Je porte l'Encenfoir & le Sceptre & les Armes;
Ma vie eft un combat, & ma frugalité
~Hervic la nature à mon au~éricé.
J'ai banni loin de moi cette liqueur traîtrcne~
Qui 'nourrit des humains la brutale molleffe;
Dans des Sables brulans, iur des Rochers dëlerts~
Je fupporce-avec toi l'inclémence des airs.
L'amour feul me comble: il efi: ma récompenser
L'objet de mes travaux, l'Idole que j'encense
Le Dieu de Mahomet; & cette paHloo
Eft égale aux fureurs de mon ambition.
Je préfère en fecret Palmire à mes Epoufss<
Conçois-cu bien Fexcès de mes fureurs jaloufes,
j,
Quand Palmire à mes pieds, par un aveu fatal,
Infulte à Mahomet & lui donne un rival?
0 M A R.
Et tu n'es pas venge?
MAHOMET.
Juge fi je dois l~etre~
Pour !e mieux détefier aprens à le connaître.
De mes deux ennemis aprens tous les forfaits:
Tous deux Ibnc nés ici du Tyran que je hais<
CM A R,
Quoi Zopipe eft leur Père ?
'M'A H~M ET.
Hercidë en ma puiflance
Rei~î~ depuis quinze ans Ïeu~ malheureuife enfance.

J'ai nourri ~ans mon fc!n ces~S-erpens dangereux;


Déjà ~ns fe coonoître i!s m~outragenc tous deux.
J'atd~ai dee mes màin~ îeurs Teux ihégkknes.
Le Ciel voulu!: ici ranembiér tous les crimes;
Je veux. ïeur~érc viën~îes yeux lancent: vers nous
Lés regards de la haine & îës traits du courroux~
Obier vëcout,Ômar, &qu~avecîbn escorte
Le vigilant Hercidea~ëge cette porte. 1

Revien me rëadre compte, & voir s'il faut hâter


t
Ou retenir les coups que je dois lui porter.

.&C..E-N'E. V.
Z"d~ rR Ë/ M H ô ME T.
lYl
Z OPI R"E.
H quel fardeau cruel à ma doreur profonde!
""Moi~ recevoir ici cet Ennemi du Monde!
M A H 0 M E T.
~proche& puisqu'en&i îeCiel veut cous umfg
Voi Mahomet fans crainte,3 &: parle fans rougît
ZOPIRE.
Je rougis pour toi ieul, pour toi dont l'artifice
A traîné ta Patrie au bord du précipice~
Pour toi de qui !a main ieme ici les forfaits
9
Ec fait naîcre la Guerre au milieu de la Paix.
Ton nom feul parmi nous divife les familles
Les époux, les parens, les mëres & les filles;
Et la Trêve pour toi n'eA qu'un moyen nouveau
Pour venir dans nos cœurs enfoncer le couteau.
La discorde civile eft par-tout fur ta trace;
~HemMage inouï de menibnge & d'audace,
Tyran de ton Païs, eA-cc ainS qu'en ce lieu
Tu viens donner la Paix,& m'annoncer un Dieuî
MAHOMET
Si j'avois à répondre à d'autres qu'à Zopire,
Je ne ferois parler que le Dieu qui m'inspire.
Le Glaive &: l'Alcoran dans mes fanglantes mains
Impoferoient filence au refte des humains~
Ma voix feroit fur eux les ei~ts du tosserre.
Et je verrois leurs fronts attaches à la terre.
Mais je te parle en homme; & fans, rien dëguife~
Je me fens allez grand pour ne pas t'abuier.
Voi quel eft Mahomet; nous fommes feu Is 9 écoute~
Je fuis ambitieux, tout homme l'eA fans doute;
Mais jamais Roi, Pontife, ou Chef) ou Citoyen,
Ne conçut un Projet auHi grand que le mies.
Chaque Peuple à fon tour a brillé fur la Terre
par les Loix, par les Arts, & fur-tout par la Guerres
Le tems de l'Arabie eii à la fin venu.
Ce Peuple généreux~ trop long-terne inconnu,
Làinbit dans fes Dclerts enfévelir la gloire;
Voici les jours nouveaux marques pour la vi~oire.
Voi du Nord au Midi l'Univers défb!é,
La Perfe encor langlantc, fon Trône ébranlé;
L'Inde efclave & timide, & l'Egypte abaiilëe~
Des Murs de ConHantin la fplendeur éclipfëe;
Voi l'Empire Romain. tombant de toutes parts
Ce grand Corps déchiré, dont les membre~ épars
Languirent diiperfës fans honneur & fans vie;
Sur ces débris du Monde élevons l'Arabie.
II faut un nouveau Culte, il faut de nouveaux fers;
Il faut un nouveau Dieu pour l'aveugle Univers.
jEnEgypt.eOzms, ZoToaAreèn-Aue,
Chez les Cretois Minos~ Numa dans FItaîie~
.A des Peuples (ans mœurs, & fans culte & fans Roi~
Donnërenfaifemëntd'infufnfantesLoix.
Je viens après mille ans changer ces Loix groSiëres*
j'apporte un joug plus noble aux Nations entières
J'abolis !cs faax Dieux, & mon Culte épuré
De ma grandeur naiffante eft le premier degrë~
Ne me reproche point de tromper ma Patrie y
Je détruis fa fai-bleffe & Ion idolatrie.
Sous un Roi, fous un Dieu, je viens la ré~nif§
Se pour la rendre illuûrc il la faut aUbj-vir.
Z 0 P 1 R E.
Voilà donc tes dépeins !c'en: donc toi dont l'audace
De la Terre à ton grë prëcend changer la face1
Tu veux, en apportant le carnage & reHroi~
Commander aux humains de penfer comme toi~
Tu ravages le Monde, & tu prëtens rinfh'uire?
Ah! par des erreurs il s'eft laiflë induire
fi
Si la nuic du Menfbnge a pu nous égarer,
Par quels lambeaux afh'cux veux-LU nousëcisirer~
droit as-tu reçu d'enfeigner, de prédire:~
Quel
De porter l'Enccû~bir & d'affcder l'Empire?
I-
M A H 0 MET. e

Le droK qu'un efprkva~e; & ferme en fes dcHeio.s~


A ~r i'cfpric gro~er des vulgaires humains.
Z 0 P J R E.
Eh quoi! tout Fameux, qui pen(e ~vec courage
Dôic donner aux morcels un neuve! ~fciavage?
lia drok de tromper, s'il trompe avec grandeur?
MA ~OMET.
Oui. Je eonnois ton Peuple, il a befbin d'erreurr
Ou véritable ou faux~ mon CuÏte.e~ nëceûaire.
Que c'onE produit tes Dieux? Que! bien t'ont-ils
pu faire?
Quels lauriers vois-tu croître au pied de leurs Autels?
Ta Se~e obicure & baffe avilie les mortels,
Enerve le courage & rend i'homme cupide;
La mienne ë!éve l'âme & la rend intrépide.
j~â Loi fait des Héros.
0 PI E.
Dis plutôt: des Brigands.
C 3 Porte
Porte ailleurs tes leçons, l'Ecole des Tyrans.
Va vanter l'imposture à Médine oh tu régnes
Oh tes Maîtres féduits marchent fous tes Enieigce~
Q~ tu vois tes égaux à tes pieds abatus.
MAHOMET.
Des égaux 1 de Jong-tems Mahomet n'en a plus.
Je fais trembler la Mëque, & je régne à Médine:
Croi moi
VJ regoi ia Paix, S tu crams ta ruine.
i ~ü/1 8i 4·4 VL ®

Z 0 P 1 R E.
®

t-a Paix eft dans ta bouche,& toncœureneÊîoin~


PeD~es eu me tromper ?

MAHOMET. e

Je n'en ai pas befoin.


C'e~ le faible qui trompe, & le puiffant commande~
pemain j'ordonnerai ce que je te demande,
Demain je peux te voir à mon joug allërvi~
Aujourd'hui Mahomet veut être ton ami.
ZOPIRE/
Nous amis! nous cruel !-ah quel nouveau preihge!
Conçois, tu quoique Dieu qui jMe un te! prodige~
M A H 0 M E T.
J'en connois un puisant & toujours écouta
Qui reparle avec moi.
ZO P IR E.
Qui?
MAHOMET.
Lanëcenité~
Ton intérêt.
Z 0 P IR E.
Avant qu'un tel nœud nous ranëmble~
Les Enfers & les Cieux feront unis enfemble.
L'intérêt eH: ton Dieu, le mien eft l'Equité;
Entre ces ennemis U n'eit point de Traite.
Quel feroit le ciment, répons-moi, fi tu rôles
Pe l'horrible amitié qu'ici tu me propoles ?
Répons, e~-cc ton fils que mon bras te ravit?
P~-ce le fang des miens que ta main répandit~
MA H 0 MET.
Oui. Ce font tes fils même. Oui, connois un myftérc~
Dont feul dans l'Univers je fuis dépoutaire:G
Tu pleures tes en~ns~ ils reipu-es!; tous deux.a
~UJ.Ii\U~, u.. "i1!L.l.wU~ "V~O"'WI&.
Z 0 PI R E.
Ils vivroienti qu'as-cu dit? ô Ciel! ô jour heureux
J.Is vivroicnt! c'eft de toi qu'il faut que je rapprenne!
MA H 0 MET.
Elèves dans mon Camp tous deux font dans ma
~bamc.
ZOPIRE.
Mes en~ns dans tes fers! ils puurroient te fërvir~
MAHOMET.
Mes bicn~ifânccs mains ont da!gnë îes noumr~
Z 0 P 1 R E.
Quoi! tu n'as point lui' eux ëicodu ta colère?
MAHOMET.
Js ne les punis pomt des fautes de leur Père.
ZOPIRE.
Achève édairci moi parle, qael e& leur fort ?
M A.H 0 ME T.
tiens entre mes mains & leur vie & IeU!' mor~
~u n'as qu'à dire un mo~ je
t'en fais l'arbitre..

P
Z 0 P IR E.
Moi~ j6 puis les faufër! à quel prix? à quel titre?
Fauc.'il donner mon fang? faut-il porter leurs fcrs~
M A HO M E T.
Non. Mais il fauc m'aider à dpmptcr l'Univers.
faut rendre la Méque~, abandonner ton Temple;.9
De la crédulité donner à tous l'exemple:®
Annoncer l'Alcoran aux Peuples eifrayés,
Me fervir en Prophète, & tomber à mes pieds ?
Js te rendrai ton fils, & je ferai ton gendre,
Z0 P 1 R E.
Mahomet je tuis Père, & je porte un cœur cendre.
Apres quinze ans d'ennuis retrouver mes enfans,
&
Les revoir, mourir dans leurs embraÛ'ëmens;
C'eH: le premier des biens pour mon ame attendrie.
Mais s'il faut à ton Culte anërvir ma Patrie~
Ou de nîa propre main les immoler tous deux;

teux..
Connoi-moi~ Mahomet

Adieu~
mon choix n'e~ pas <3ou~
M A H 0 M E T.
Fier Citoyen, Vieillard inexorable

~<<<@~~<
Je ferai plus que to~, cruel impitoyable!

S C E N E: VL
M A H 0 M E T, 0 M A PL
0 M A I!.

F-Ahomet, il faut l'écre, ou nous fommes perdus~


'Les fecrets des Tyrans me ~bnt déjà vendus.
Demain la Trêve expire, & demain l'on t'arrëcc,à2~
Demain Zopire eft Maîcre, ~i!: tomber ta tôcc~
La moitié du Sénat: vient de te condamner,J
N'ofanc pas te combattre on c'ofe aHanmer.
Ce meurtre d'un Héros ils le nomment iuplicc;
Et ce complot obfcur, ils l'appellent ju(Hçe.
M 4 H 0 M ET.
31sfendront la mienne. Ils verront ma fureur-
La perfécution fit toujours ma grandeurs
Zopire périra.
QMAR,
Cette tête funefte
En tombant à tes pieds, fera néchir le re&e.
Mais ne perds point de tems,
MAHOMET.
Mais, malgré mon courroux~
Je dois cacher la niais qui va lancer les coups,
pt détourner de moi les foupçons du vu!gaire~
0 M A R.
I! eft trop mepnfable.

MAHOMET.
H fautpourtant lui plaire,
Et j'ai befoin d'un bras, qui par ma voix conduit
Soit feul chargé du meurtre, & m'en laiHë le frqit..
Q M A R,
Pour un tel attentat je répons de S~de.
MAHOMET.
De lui?
0 M A R.
C'efi: rinfhument d'un pareil homicide.
Otage de Zopire~ il peut feul aujourd'hBi
'd- ~i~~7b?~
L'abor'
L'aborder en fecret, & ce vanger de îu~
Tes autres Favoris zélés avec prudence,
Pour s~xpofër à tout onc trop d'expérience
Ils font tous dans cet ~ge où la mainri~c
Fait tomber le bandeau de la crëduJitë.
Il faut un cœur plus fimple, aveug!c avec courage
1

0
Un efprit amoureux de fon propre esclavage.,
La jeuncHe eft le tems de ces illuGons
Séide eft tout en proyc aux fuperfUtions;
C'eil un Lion docile à M voix qui le guide.
M A Ii OMET.
Le frère de Pa!mire ?
M A R.
®
Oui,Iu~mcmc.Oui;Sëide~
De ton :6cr ennemi le fils audacîeuxy

~M A H 0 M'E T~
De Ion Maître offenfé riva! înceftueux.

Je dëte~c Sëid~j & fon nom feu! m'ofrcnfë.


La cendre de mdh fils me crie encor vengeance.
Mais tu connois l'objet de mo.n fatal amour;
Tu connois dans quel fang elle a puifë le jour.
Tnvots que dans ces lieux envii'QQQës d~M-me~.
'Je
Jeviens chercher no 1 rône~ un Autei~ des Vicumes;
Qu'il faut d'un Peuple Ëer enchanter les efprits
Qu'il faut perdre Zopire & perd~ fbn 6!§.
Allons, confultons bien mon incérêt:, ma haine
L'amour, rindigneaniou! qui malgré moi m'€u<
traîne,
Et la Religion à qui tout efl: fournis
s
E& la ~éceaicÉ par qui tout eft permis

~~Md
ACTE TROISIE'ME<
S C E N E I.
S E' 1 D E, P A t. M 1 R E..
.P A L M 1 R H.
Emeure. Quel eA donc ce fecret:Sacri~ce ?
Quel fang a demande FëtemeMe JufUce?
Ne m'abandonne pas.
SE'IDE,
Dieu daigne m'apeHer.
®

Mon bras doit le fervjtr, mon'cœur va lui parler.


Omar veut à l'infant: par un ferment terrible
M'attacher de plus près à ce Maître invincible.
Je vais jurer à Dieu de mourir pour fa Loi,
Et mes Seconds fermens ne feront que pour toi.
P A L M 1 R E.
D'o~vieniqu'ace Ferment jenc fuis point prëfecte?
Si
S: je t'accompagnois, j'aurois moins d'épouvanté.
Omar, ce même Omar, loin de me confoler,
Park de trahison de iang prêt à couler
Des fureurs du Sénat, des complots de Zopire.
Les feux font allumés, bientôt la Trêve expire.
Le fer cruel eft prêt, on s'arme, on va frapper,t
Le Pontife l'a dit, il ne peut nous tromper.
Je crains tout de Zopire, & je crains pour Séide.

SE' 1 D E.
Croira!"je que Zopire ait un cœur C perfide!
Ce matin comme otage à fes yeux préfenté,
Jadmirois fa nobleffe & Ion humanité.
Je fentois qu'en fecret une force inconnue,
Enlevoit jurqu'à lui mon ame prévenue.
Soitreipec!: pour fon nom, foit qu'un dehors heureux
Me cachât de fon cœur les replis dangereux;
Soit que dans ces momens ou je t'ai rencontrée,
Mon ame toute entière à fon bonheur livrée,
Oubliant fes douleurs, châtiant tout effroi,
&

Ne connût, n'entendit~ ne vît plus rien que roi;


Je me trouvois heureux d'être auprès de Zopire.
Je le hais d'autant plus, qu'il m'avoit fu féduire;
1
Mais,
~Mais; maigre le courroux dont je dois m'animer
Qu'i!e~ dur de hai'r ceux qu'on vouîoic aimer J
P A L M 1 R E.
Ah! que le Ciel en tout a joint: îios deûfnées!
Qu'il a pris foin d'unir nos âmes enchaînées!1
Hélas!fans mon amour, fans ce tendre lien
Sans cecinf!:in<3: charmant: qui joint mon ccëur â~

dcn/a
Sans la Religion que Mahomet: m'infpire~
J'aurois eu des remords en accusant: Zopire~
SE' 1 DE.
JLaiîIbns ces vains remords, & nous abandonnons
A la voi~ de ce Dieu qu'a l'envi nous iervons.
Je fors. M fauc prëcer ce ferment redoutable
y
Le Dieu qui m'entendra nous fera favorable;
Et le Pontife Roi, qui veille fur nos jours~
Bénira de tes mains de fi chapes amours.
Adieu'. Pour être à toi, je vais tout entreprendra
S C E N E ÎI.
P A L M 1 PL E.
tr~'Un noir preHenMmeRtjc ne prisme défendiez
–~ Cet amour dont l'idée a voie fait mon bonheur,
Ce jour tanc fouhaitë meîembîc un Jour d'horreurt
Quel eft donc ce ferment: qu'on attend de Sëide?
Tout m'eC: fuipccc ici; z~opire m'intimide.
J'invoque Mahomet, & cependant mon cœur
Eprouve à foc nom même une fëcrette horreur.
D~os les profonds rc{pea:s que ce Héros m'infpire~
Je fens que Je le crains prelqu'autànt que Zopire.
Délivre-moi grand Dieu, de ce trouble ou je fuis..
Craintive je te i~rs, aveugle je te luis.
Hë!as! dâfgne eHuyer les pteurs o~ je me noyé.

SC EN E IIL
IIIB

~EH
~i~
P
le
MAHOMET, PALMIRE.
A L M
qu'à mon
vou~ c~ü
vc~~c
envoyé.
1 R
iecours ün
E.
un Dieu propice
a~.t~t~ pr®pi~~
Seigneur. Sauvez Séide.
MAHOMET.
EhqueleftceteS-oi?
Et que craint-on pour lui, quand on exprès de moi?
P AI. Ml R E.
Ô Ciel! vous redoublez la douleur qui m'agite.
Queî prodige inouï! votre âme eft interdite,
Mahomet eft troublé pour la première fois.
MAHOMET.
Je devrois î~tre au: moins du trouble où je vous vois.
EA'ce aiB,6 qu'à mes yeux votre ûmple innocence
Ofe. avouer un ~eu~ qui peut-être m'oirenfë?
Votre cœur a'c-il pu, ians être épouvantée
Avoir un fentiment: que je n'ai pas dia:ë?
Ce çqsur que j'ai formé n'eA-il plus qu'un rebelle,
Ingrat à, mes bienfaits) à mes loix inndcUe ?

Cas
PAL M 1 R E.
Oue dites-vous furprife & tremblante S vos pieds,

Je bainë. en fremi~ant mes. regards e~ayës.


Eh quoi n'avez-vous pas daignédans ce lieu même
Vous rendre à nos fouhaics, & confenUr qu'il m'aime?
Ces noeuds ces chapes nœuds que Dieu f<M'moî&
en nous,
Sont un lien de plus qui nous attache à vous.
M A H OM E T.
Redoutez deSs liens formés par î'imprudenee.
e
Le crime quelquefois fuit de près l'innocence.
Le cœu'rpeurië tromper i'aînour& fes douceur
Pourront coûter. Paîmir@,& du iang & des plëHr~
P A LM1 RE.
N~en doutez pas, mon iang couj~eroit pour Sëide.
MAHOMET.
Vous l'ain!ë3E à oe point?

P AL M 1 RE,
Depuis ~c jour qu'Hercide
Nous fournit l'un & Faùtre vocre joug facré,
Cet incUnd tout-puinant de nous môme ignoré
Devançant la fai~bn~ croient avec notre âg&,
Du Ciel, qui conduit tout~ fut le fecret ouvrage
Nos panchans,dites-vous,ne viennent que de iu~
Dieu ne &uroit: changer; poùrrbit'il aujourd'hui
Réprouver ua amour que luî'même iï ns naÎM-e?
Ce qui fut innocent: peut-il eeiïer de l'être~
Pourrai-je ocre coupable?
M A HO M E T.
Oui. Vous devez trembler.
Attendez les fecrets que je dois révéler;
e
Attendez que ma voix veuille enfin vous aprendrè
Ce qu'on peut aprouver; ce qu'on doit ie défendre~
~e croyez que moi feul.
P A L M 1 R E.
Eh qui croire que vous?
Enclave de vos loix foumife à vos genoux,
Mon cœur d'un faint refpect ne perd point l'habitude
M A.H OMET.
Trop de re~pec~ fouvent mène à l'ingratitude,

P A L M 1 R E.
Non~ de vos bienfaits je perds le Ibuvenirg3
fi

Que Séide à vos yeux s'empreile à,m'en pURK~


M A H 0 MET.
Séidel
PALMIRE.
Ah! quel courroux arme votre œil feverc?
MA~
M A H OMET.
Allez, ï'anhî'ez-vouSj, je n'ai point de colère.
C'eft éprouver affez vos fentimens fecrcts 9
Repolcz-vous ~ur moi de vos vrais inférées.
Je fuis digne du moins de votre conHance:;
Vos devins dépendront de votre obëîûance.
Si j'eus foin de vos jours, Cvous m'appâMenezj,
Méritez des bienfaits qui vous ~bnt defUnés.
Quoi que la voix du Ciel ordonne de Séidc~
A~fermiflez ~cs pas ou fon devoir le guide s
Qu'il garde fes iermens, qu'il fbitdigQc de vo!ïs.
PAL M IRE.
~'en doutez point, mon Pére, il les remplira tous.
Je réponds dcfbn CGËur/ainQ que de moi-même;
Séide vpus adore encor plus qu'iL ne m'aime.
Il vpit en vous ion ~oi, fon Përc, fon Appui.
J'en attefte à vos pieds l'amour que j'ai pour lu~,
Je cours à vous ier~r eaco~a~er ~ba a~~<.
SCENE IV.
M .A 0 M E T
~UoUj'e iuis maigre moîconadent de îa Same?
~~Ouoii ia naïveté confondant ma fureur,
Enfonce inaocemm~nEie poignard dans mpn cœur!
Përe, enfas~9 devinés au malheur de ma vie9
Race Mujours funeAe~ & toujours enoemië~
Vous âUez éprouver dans cet horrible jout
Ce que peut à îa fois ma haine & mon amour.

S CE NE V.
MA H 0 M E T, 0 M A R.
0 M A R.
t~Ma, voici le tems & de ravir Paîmire~
Et d'envahir la Mëque, & de punir Zopirc~
Sa mort ~eu!e ces pieds mettra nos Citoyens;R2
Tout en: defëfpëi'é fi m ne îc préviens.
Le j~I Séide ici te peut fervir fans doute;
Iî voit fouvent Zopire, il Jui parle, il l'écoute.
Tu vois cette retraite & cet obfcur détour,
Qui peut de ton Palais conduire à fon féjour.
Là cette nuit Zopire à les Dieux fascaHiques
Oifre un encens frivole, &: des vœux chimériques.
Là, Séide, enivré du zéle de ta Loi,
J
Va l'immoler au Dieu qui lui parle par toi.

MAHOMET.
1\¡f 1-1 n 1\A' 1; '"r
Ã
s

Qu'il l'immole; il le faut; il ëfi: ne pour le crime.


Qu'it en foit i'iBArument~ qu'il en Ibit la vidime.
Ma vangcance, mes feux, ma Loi, ma fureté~
L'irrévocable arrêt de la fatalité;
Tout le veut. Mais crois-tu que fonjeune courage~
Nourri du Fanatifme, en aittQ!H:ciarage?
OMAR.
Lui feul étoit formé pour remplir ton defïëiQ.
Palmire à te ~rvir excite encor & main.
L'amour, ïeFasaËHme~ aveugteBt&jeunene;
Il fera furieux à force de faibleffe.
MAHOMET.
Par les nœuds des fermens as-tu lie fon cœur?
OM A R.
Pa plus iaiot: appareiî la tënëbreufe horreur~
Le~ Autels, les fermens/touc enchaîne Séide.
J'ai mis un fer facré dans fa main parricide
Et la Religion le remplie de fureur
Il vient.

SC E N E VI.
MAHOMET, OMAR, SE'IDE.
M A M 0 M E T.
'v~Nfant d'un Dieu qui parle à vocre cœur~
Ecoutez par ma voix fa vûîonte Suprême;
Jl tant: vanger ibn Culteil fauE vangcrDieumôma,
S Ë' 1 D E.
Roi Poûtif6 & Prophète à qui je ~s voué
s
Maîcre des Nations par le Ciel avouer
Vous avez fur mon être use en~ërepUinancc;
Eclairez leulemcnt ma dociîe ighoràBee~
~o mo!-te! vaDgeB Dieu
M A H (3 M E T.
C'eit par-vos faibles mains
Qu'il veut épouvanter les profanes humains.
S E:' IDE.
Ah! fans doute ce Dieu, dont vous êtes l'image~
9
Va d'un combat ilïu~rc honorer mon courage.
M A H OMET.
Faites ce qu'il ordonne, il
,I-M.'A, '&.
n'e~ point d'autre
.4 1'&& &.fI.
"W'£otIt > ho:ï"
011'
neur.
De fes Décrets divins aveugle Exécuteur,
Adorez, & frappez; vos mains feront armées

w .S
Par l'Ange de la Mort & le Dieu des Armées.
E' 1 DE.

Par~ ez quels ennemis vous faut-ïl immoler ?


Quel Tyran faut. il perdre & quel fang doit couici ?
;M A H 0 M ET.
Le ~ing du Meurtrier que Mahomet abhorre
Qui nous perïecuca; qui nous poursuit encore:
Qui combactic mon Dieu, qui m~Hacra mon ëis:

DeZopire.
Le tang du plus cruel de tous nos ennemis:
S E'ID E.
De lui! quoi mon bras?
M A H OMET.
Téméraire 1

On devient iacrilëge alors qu'on dëlibëre.


Loin de moi les mortels aHcz audacieux
Pour juger par eux-mêmes 9 & pour voir par leura
yeux.
Quiconque oie penfer n'eit pas né pour me croira
Obéir en filence eft votre feule gloire
Savez-vous qui ~e fuis ? Savez.vôus en quels lieux
Ma voix vous a chargé des volontés des Cieux?
Si, maigre tes erreurs & fon ïdoîacrie
e
Des Peuples d'Orient la Mëque eft la Patrie; .i
Si ce Temple du Monde eft promis à ma Loi;
Si Dieu m'en a créé le Pontife & le Roi
Si la Méque eft .façrée, en favez-vous la cauie ?
Ibrahim y naquit, & fa cendre y repofe (*)
Ibrahim, dont le bras docile à l'Eternel
Traîna fon fils unique aux marches de l'Autel,
Etouf.
(~) Les Mai~aas eîolent ave:s à la Meque le tombcaa
~'Ab~ham.
Etouffant pour fon Dieu les cris de la Nature.
Et quand ce Dieu par vous veut vanger !bn injure~
Quand je demande un fang a lui ïcui adreuë~
Quand Dieu vous a choifi, vous avez balancé'1.
Allez vil Idolâtre, &né pour toujours rên~
Indigne MuMmaD~ chercher un autre Ma~Ere.
I.e prix ëtoit t6u~ prêt, Palmire étoj{: a vous;
Mais vous bravez Paîmire & îe Ciel en courroux.
Lâche & faible inftrument des vangeances (uprêmeg~
Les traies que vous porcez vont tomber fur vous-
mêmes
Fuyez, ierve?, rampez fous mers Sers eanemis.
SE' 1 D E.
?
Je crois entendre Dieu; tu parles, j'obéis.
MAHOMET.
ObëifÏez, frappez: teint du fang d'un impie
Méritez par fa mort une éternelle vie.
0?Mf.
Ne l'abandonne pas; &, non loin de ces lieux,
Sur tous fes mouvemens ouvre toujours les ycux<
S C E N E Vit.
S E' 1 D E
TrMmoIer un Vieillard, de qui je fuis l'otage~
~Sans armes, ~ansdëfenie, appefanti par râg~!
Q
N'importe; une Vi~ime amenée à l'Aude!3
~Y tombe lans dëfcnfe, & fbn fang phîc au Cic!.

En6n~ Dieu m'a choifi pour ce grand iacri~ce;


J'en ai fait le ferment:, il faut qu'il s'accomplillc.
Venez à mon iecours~ ô Vous~ de qui les bras
Aux Tyrans de la Terre ont donné le trépas.
Ajouter vos fureurs à mon zélé intrépide
AfPermifPsz ma main faintement homicide.
Ange de Mahomet Ange exterminateur.~
Mets ta férocité dans le fond de mon cc~ur,
Ah!c~e vojs'~e~
NVHL
SCENE
ZOPIRE, SE'IDE.
ZOPIR E.
A
Ames yeux tu te troubles, Séide î
Voi d'un ceil plus content le deiïein qui me guide;
Ocage infortuné que le fort m'a remis,
t
Je te vois à regret parmi mes ennemis.
La Trêve a fufpendu le moment du carnage~
Ce torrent retenu peut s'ouvrir un paffage.
Je ne t'en dis pas plus; mais mon cœur, ma!grëmoj~
A frémi des dangers affemblés près de toi.
Cher Séide, en un mot, dans cette horreur publique~
Soujfre que ma maifbn foit ton azy~e unique.
Je réponds de tes jours, ils me fonc précieux;
Ne me refulë pas.
S E' 1 0 E.

0 mon devoir! ô CieuxJ


A~ Zop~re, ce vous qui n'avez d'autre envie
eA

Que de me protéger~ de veiller fufina vie?


PrêK
Fr~c à verfer ton fang, qu'ai-je ouï qu'ai je vu!
Pardonne, Mahomet tout mon cœur s'eft ëmu.
Z 0 P 1 R E. ,1

De ma pitié pour toi tu t'étonnes peut-être;


Mais enfin je fuis homme, & c'ef!: afïez de l'être
Pour aimer à donner fes foins compatiffans,
A des cœurs malheureux que ron croit innocens.
Exterminez, grands Dieux de la Terre ou nous
fommes
Quiconque avec pîailir répand le fang des hommes!«I
SE'IDE.
Que ce langage eft cher à mon cœur combattu!
L'ennemi de mon Dieu connoit donc la vertu
Z Q P 1 R E.
Tu la connois bien peu, puisque tu t'en étonnes.
Mon fils à quelle erreur hélas tu ~abandonnes d
Ton esprit fafciné par I~s Loix d'un Tyran
Penfe que tout e~ crime hors d'être Mufulman.
Cruellement docile aux leçons de ton Maître
$
Tu m'avois en horreur avant de me connaître;9
Âvec
Avec un joug de fer;
fer, ün
un airreHx
affiewx préjuge
préjugéy v

f
Tien ton coeur innocent dXQ~ îe pié~e engagé.
Je
Je pardonne aux erreurs où Mahomet t'entraîne.
Mais peux-tu croire un Dieu qui commande haine?
S E'I DE.
Ah' je fens qu'à ce Dieu je vais defbbëir;
Non ? Seigneur, non mon cœur ne fauroit vous haïr.

Z 0 P 1 R E.
Hélas! plus je lui parle & plus il m'intéreife
J
Son âge; fa candeur, ontfurpris ma tendrëne.
Se peut-il qu'un Soldat de ce Montre impofteur
Ait trouvé, malgré lui, le chemin de mon cœurî
Quel es-tu? de quel fang les Dieux t'ont-ils fait
naître ?
S E' 1 DE.
Je n'ai point de parens Seigneur, je n'ai qu'un
Maître,
Que jufqu~â ce moment j'avois toujours fervi,
Mais qu'en vous écoutant ma faibleffe a trahL
Z 0 P 1 R E.
QuoU tu ne connois point de qui tu tisn~s la vie.?
S E' 1 D E.
Son Camp fut mes berceau~ Ibs Temple e~ ma
patric.
Je
n'en connoi$ point d'autre ;& parmi ces enfant
j.e
Qu'en tribut mon Maître on oifre tous les ans~
Nu! n'a plus que Séide éprouve fa clémence.
E.
Z 0 P 1 R

Jencpuis!cb!âmerdeiareeonnoIiÏance.
Oui, les bienfaits Sëide, ont des droits fur un cœuf«
Oci! pourquoi Mahomet fut: = il fon bienfaiceur?
11t'a fervi de Pére~ aufn.bien qu'à Palmire~
D'ou vient que tu frémis, & que ton cœur fbupire ?
Tu dëcournes de moi ton regard ëgarë~
De quelque gra~d remords tu Semblés dëchiré*
S E' 1 D E<

Eh qui n'en auroit pas dans ce jour effroyable


Z 0P 1 R E.
Si tes remords font vrais ton coeur n'eAplu~
coupable.
Vied, le lang va couîer, je veux iauver le dea~
S E' 1 D E.

Jui~e Ciel f & c'eH: moi qui répandrois le î!en 9

0 fermeas 0 Palmife 0 vous Dieu des vangeMcss

ZQ.
ZOPIR E.
cernes-foi dans mes mains, tremble, H eu bala~cea;
Pour la defmere fois, vicn, ton fort en dépend.
'ê<ë~<ë~~@~<@M<@~
,S C E N E, ÏX “
t
ZOPIRE, SE~DE, OMAR, Sùi~
OMAR~s~c~?'ec~ï~MM.
JL Raî~rc~ que faites-vous? Mahomet vousa~ehd.

S E' 1 I) E.
Ohfuis-je ? ô Cîeî oh luis-je~ & que dois-je rëfbudre~
D'un & d'autî's côcé je vois comber la. foudre.
Ôh courir ? ou porter uû tj'ouMe ë cruel
Oufui~
ÔMAR.
Aux pieds du Roi qu'a choi~ l'EterheL

S E' IDE.
t3ui~ j'y cours abjurer un ferment: que j'abliorre4
SCENE X.
2: 0 P I R E, P H A N 0 R.
Z OPIR E.
A H! Sëide, oh vas-tu? mais il me fuit encore.
H fort defe~péyé~ frappé ~un Nombre eNro!;

Et mon coeur qui le ~uit s'échappe loin de moi.


Ses remords, ma pitié, fon afpe~s fon abfënce~
A mes fens déchires ibot: trop de violence;
Suivons tes pas.

S CE NE XI.
ZOPIRE, PHANOR.
PU AN 0 R.
JLnez ceBillet importante
Qu'un Arabe en fecret m'a donné dans Finûan~
Z 0 P IR E.
Hercide qu'ai.je lu ? Grands Dieux votre clémence
Répare-c-eHe enim fixante ans de Ibuifrance?
He<
Her~de veut me voirlui dont le bras cruel
Arracha m.s enfans à ce fcin paternel.
J!s vivent! Mahomec les tient fous fa puinance,
Et Sëide Palmire ignorent leur naiûance!
Mes enfans! tendre efpoir~ que je n'oie écouter;
Je fuis trop malheureux, je crains de me ~acer.
Preilentimens Confus, faut-il que je vous croie?
0 mon fan g ou porteT mes larmes & ma joie?
Mon coeur ne peut fuSire à tant de mouvemens;
Je cours, & je iuis prêt d'embraser mes enfans.
Je m~arrête~ j~heutc, & ma douleur craintive
Pfête à la voix du fang une oreille attentive.
A!!on?. Voyons Hcrc~de au milieu de la auie;
Qu'il ~oic fous. cette voûte en fecret introduit
Aux pieds de cet Autel, ou les pleurs de ton Maître
Ont fatigué des Dieux qui s'appaifent peut-être.
Dieux' rendez-moi mes SIs~Dieux! rendez aux vertus
Deux cœurs nës gënéreux, qu'un traître a corrompue
S'ils ne font point à moi, fi tel!e en: ma mitére~
Je les veux adopter, je veux être leur Père.
jF~
E. 4td
~M
isw
~~K!?
v ~LW.av
a~ sr va..
ACTE QUATRIE'MR
S C E N E 1.

M A H (3 M E T, 0 M A R.
0 M A R.
iUi~ de ce grand fecret la crame e~ dë~
couverte
) Ta gloire eft endanger, ta tombe eË
entr'ouverte.
Séide obéira, mais avant que ibu cœur,
Raffermi par ta voix, eu!: repris la fureur,
Séide a révë!ë cet horrible myftcre
MAHOMET.
0 Ciel
OMA R.
Hercide Faims il lui tient lieu de père.
MAHOMET.
.Eh bien que penie Hercide ?
OMAR.
(3 M AR.®
Il paroît enrayé
9
Il femble pour Zopire avoir quelque pidé.
M A II 0 M E T.
Hercide cft faible. Ami, le faible eft bientôt traîcrc
Qu'il trembler! efi chargé du fecret de fon Maître.
je !ai comme on écarte un témoin dangereux.
Suis je en tout obëi ?

0 M A R.
J'ai fait ce que tu veux.
MAHOMET.
Préparons donc le re~c.II faut que dans une heure
On nous crame au fuplice, ou que Zopire meure.
S'il meurt tout ce peuple éperdu
c'en eft allez
Adorera mon Dieu qui m'aura défendu.
Voila le premier pas; mais Ctôc que Séide
Aura rougi fes mains de ce grand homicide,
réponds-eu qu'au trépas Séide foit livré P
Réponds tu du poifon qui lui fut prépare ?

0 M A R.
N~eo doute point.
< -a T
M A H 0 M E T.
II faut que nos myâércs fombres
Soient cachés dans la mort, & couverts de fes ombres,
Mais tout prêt à frapper prêt à percer le ~anc
Donc Palmire a tiré la fource de fon fang,
Prends foin de redoubler fon heureufe ignorance.
Epai~inbns la nuit qui voile fa naiiïance~
Pour fon propre intérêt, pour moi pour mon b~n"
heur.
Mon triomphe en tout tems e~ fondé iur l'erreur
Elle nâquit envain de ce fang que j'abhorre.
0~ n'a point de parens alors qu'on les ignore,
Les cris du fang, fa force, & tes impreinons~
i
Des cœurs toujours trompés font les ilIuSons.
La nature à mes yeux n'eit rien que rhabitude
Celle de m'obéir fit fon unique étude,
Je lui tiens lieu de tout. Qu'elle pa~ë en mes bras~
Sur la cendre des fiens qu'elle ne connoit pas,
Son cœur même en fecret, ambUieux peut être~
Sentira quelque orgueil àcaptiver fon Maître.
Mais déjà l'heure aproche où Séide en ces lieux
Doit m'immoler fon Père l'aipe~ ~de ies Di&ux.
Rcd.
Retirons. nous.
0 M .À R.
Tu vois la démarche égarée
De l'ardeur d'obéir fba ame eft dévorée.

SCENE IJ.
~~M r~z~j &
MAHOMET
c~.
mais retires (ic cüte.
Si~'IjJ
OMAR
SE' 1 Ji L
J~
dans le fond.

S E' 1 DE.
i.L
le faut donc remplir ce terrible devoir?

M A II OMET.
Viens, &par d'autres coups afibrons mon pouvoir
~yor~ avec O~ar.
S E' 1 DE
A tout ce qu'ils m'ont dit je n'ai rien à répondre.
Un mot de Mahomet fufHc pour me confondre.
Mais quand il m'accabloit de cette fainte horreur
9
La periuaRoh n'a poîd rempli mon cœur.
Si le Ciel a parlée j'obéirai fans doute.
Mais quelle obëiûance! ô Ciel, & qu'il ça conte!
S C E N E IIL
S E' 1 D E, P A L M 1 R E, L

S<E' 1 D E.
Y)Â!mire, que veux-tu? quel func~e tran~or~
Qui c'amënc en
ces lieux confaci-és à la mort?
P Li L
A r M
1\¡f IR
T TI E.
!l
Séide, la frayeur & l'amour font mes guides;
Mes pleurs baignent ces mains (aincement: homic~
des.
Quel facrifice horrible~ hélas! faut il o6rir9
j~M~home! à Dieu, tu vas donc obëh-9
S E' 1 I) E.

0 de mss fentimens Souveraine adorëc<,


Par!€z, déterminez ma fureur égarée;
Eclairez mon efprit, & conduifez mon uras;
Tenez-moi lieu d'un Dieu que je ce pomprends pa§~
Pourquoi m'a. t~Ichoiu? Ce terrible Prophète
D'un ordre irrévocable eft il donc i'merpiéLe ?
P A L M 1 R E.
Tremblons d'examiner. Mahomet voit nos cœurs j,
II encend nos foupjrs, il obferve mes pleurs.
Chacun redoute en lui la Divinité même;
Ccft tout ce que je fai, le doute eft un blafpheme,
Et le Dieu qu'il annonce avec tant de hauteur,
Séide, eH le vrai Dieu? puisque le rend vainqueur.
S E' 1 D E.
Il l'eS, puisque Palmire & le croit & Fadpre.
Mais mon eiprit confus ne conçoit point encore
Comment ce Dieu fi bon ce Përe des humains
s
Pour un meurtre eHroyable a réfervé mes mains.
Je ne le lai que trop, que mon doute e~: un crime~
Qu'un Prêtre fans remords égorge fa vidime,
Que par la voix du Ciel Zopire eH: condamner
Qu'à fbutenir ma Loi j'étois prëdeltîoë.
Mahomet s'expliquoit, il a falu me taire;
Et~ tout fier de fervir la cë!eft@ colére,
Sur l'ennemi de Dieu je perçois le trépas;
Un autre Dieu peut-être a retenu mon bras.
Du moins lorsque j'ai vu ce malheureux Zopn'e~
De ma Religion j'ai fenii moins l'empire.
T'' w '1
Vainement mon devoir au meurtre m'appeîîoi~
A mon cœur éperdu l'humanité parloit.
Mais avec quel courroux, avec quelle tendreffe,
Mahomet de mes fens accufe la faibleiïe!
Avec quelle grandeur & quelle autorité
Sa voix vient d'endurcir ma Icnubilitë!
Que !a Religion cfi: terrible & puiHance!
J'ai fend la fureur en mon cœur renaiffante;
Falmire~ je fuis faible, & du meurtre eifraye~
De ces faintes fureurs je pafïc à la pitié
De fentimens confus une foule m'affiége;
Je crains d'être barbare ou d'être facrilége.
fe ne me fens point fait pour être un affaffin.
Mais quoi' Dieu me l'ordonne & j'ai promis ma
main.
J'en verre encor des pleurs de douleur de rage
Vous me voyez, Palmire, en proye à cet orage9
Nageant dans le reflux des contrariétés~g
Qui pouffe & qui retient mes faibles volontés.
C'eft à vous de fixer mes fureurs incertaines;
Nos cœurs Ibnc réunis par les plus fortes chaîner
Mais fans ce ~crifice à mes mains impo~
Le
Le nœud qui nous unit ej~ a jamais brii~.
Ce n'ett qu'à ce ieu! prix que j'obtiendrai Palmire.
P A L M 1 R E.
Je fuis le prix du fang du malheureux Zopire!
S E' 1 D E.
Le Ciel & Mahomet ainC l'ont: an-êcë.
P A L M 1 RE.
L'amour e~-il donc fait pour tant de cruauté~
S E' 1 D E.
Ce n'eft qu'au meurtrier que Mahomet te donne.
P A L M 1 R E.
Quelle effroyable dot!i
S E' 1 D E.
Mais C le Ciel l'ordonne.
Si le fers & FAmour & la Religion.
P A L M 1 R E.
Hélas!
S E' 1 D E.
Vous connoii~z la malédi~ion
Oui punit à jamais la ddobëinance.
P A L<
P A L M 1 R E.

Si Dieu môme en tes mains a remis fa vangeance


~il exige îc fang que ta bouche a promis.
SE' ID E.
Eh bien, pour être à toi que faut-il ?

P A L M 1 R E.
Je irémis,
S E' 1 D E,
Je L'entends, ion arrêt eA parti de ta bouche.
P ~A L M 1 R E.
Qui moi?
S E' 1 D E.
Tu l'as vcwlu.
P A L M R E.
Dieuxquel arrêc farouche~
Quefai.jcdit?
S E' 1 D E.
Le Ciel vient d'empruater ta voix;
C'en: fon dernier orac!c, & j'accomplis fes !oix.
Voici l'heure ou Zopire à cet Autel fuselé
Doit prier en fecret des Dieux que je dëteltc.
Pal.
Palmire: éloigne-toi.
P A L M I R E.
Je ne puis te quitter.
S E' 1D E.
Ne voi point l'attentat qui va s'exécuter;
Ces momens font aifreux. Va, fui, cette rctrai!:ë
Efi: voiune des lieux qu'habite le Prophète.
Va, dis-je.
P A L M 1 R E.
Ce Vieillard va donc être immolei
SE' 1 DE.
De ce grand iacrince ainfi l'ordre eft rëg!ë.
Il le faut de ma main traîner fur la pouffiére,s
De trois coups dans le fein lui ravir la lumières
Renverfer dans fon fang cet Autel difperïc.
P A L M 1 R E.
Lui mourir par tes mains! tout mon fang s'e~ glacé.
Le voici. JuH:c Ciel.
Le fond du 7~ e

~O~f~. 0~ voit un ~M~


SCENE IV.
SE'IDE, PALMIRE~r
Z 0 P 1 R E ~r~
f~
l'Autel.

Dieux de ma Pairie~
Dieux pr~ts à fuccomber fous une Se~e impie
9
C'cA pour vous-même ici que ma débile voix,
Vous implore aujourd'hui pour la dernière fois!
La Guerre va renaître, & fes mains meurtrières
De cette faible Paix vont brifer les barriéres.
Dieux fi d'un Scélérat vous reipe~ez le fbr~

S E' I DE Palmire.
Tu l'entends qui blafphême?
Z 0 P 1 R E.
Accordez-moi la mort.
Mais rendez-moi mes 6!s à mon heure dernière~
Que j'expire en leurs bras qu'ils ferment ma pau-
pière.
Hëlas! croyois mes iecrets ~entimenss
fi j'en
$
Vos mains en ces lieux ont conduit mes enfans,
P AL M IR E m~.
Que dit. il ? Ses enfans
ZOPIRE.
0 mes Dieux que j'adore i
Je mourrois du pîaiSr de les revoir encore.
Arbitres des devins daignez veiller fur eux;
Qu'ils penfent comme moi~ mais qu'ils fbiem plus
4.
heureux!
S E' 1 D E.
li coure à fes faux Dieux î frappons.
~p~M~.
P A LMIRE.
Quevas-tu~re?
Hëlas!
SEMDE.
Servir le Ciel;, te mériter, te plaire.
Ce glaive à notre Dieu vient d'être cônfacré.
Que l'ennemi de Dieu foit par lui maSacrë î
Marchons. Ne vois-tu pas dans ces demeures ibmbpe@
Ces traits de fang, ce Spedr~& ces errantes Ombres?
P A L M 1 R E.
Que dis-eu!
S E'I D E.
Je vous fuis, Minières du trépas~
Vous me montrez l'Autel vous eonduifez mon bras~
Allons.
P A L M 1 R m

NoDj trop d'horreur entre nous deux s'aGcrnble~


Demeure.
S E'DE.1
Il n'e~ plus teîhs, avançoiM l'Autel tremb!~
PALMIRE.
Le Ciel fa maaifefte il n'en faut pas doucer.
S E' 1 D E.
Me pouffe t il au meurtre, ou veut il m'arrêter ?
Du Prophéte de Dieu la voix fc fait entendre.
Iî me reproche jm cœur trop ~exib!e& trop tendre.
Palmire'd
P A L M IRE.
Eh bien.
S E'I DU

Au Ciel arrêtiez tous vos vœux~


Je vais frapper.
J~~ ~f M ~rr~r~ F~ c~ eft Zop~<?.
P A L M 1 R E y~.
Je me meurs. 0 moment douloureux~1
Quclls e~royable voix dans mon âme s'ëîëve ?
D'o~i vient que tout mon iang maigre moi le fou.
léve?
Si le Ciel veut unmeurtre, eït-ce à moi d'en juger?
E~'ce à moi de m'en plaindre & de l'interroger?
J'obéis. D'où vient donc que le remords m'accable?
Ah! que! cœur ~ait jamais s'il eftjufte ou coupable?
Je me trompe, ou les coups font portés cette fois;
J'entends les cris plaintifs d'une mourante voix.
Séide hélas. ®

S E' 1 D E r~~c d'un s~' égaré.


Ou fuis-je~& quelle voix m'appelle?
Je ne vois point Palmire, un Dieu m'a privé d'elle
P A L M 1 R E.
Ah quoi! mëconnois.tu celle qui vie pour toi ?
S E' 113 E.
Ohfbmmes-nousî
P AL M IR E.
Eh bien, cette eNToyabîe loi
Cette trifte promeHe c~~ellc ennn remplie?
S E'J D E.
Que me dis-tu!
P A L M 1 R E.
Zopire a' t il perdu la vie ?
S E' ID E.
Qui Zopire ?
P A L M IR E.
Ah grand Dieu! Dieu de fang altérés
Ne persécutez point fon elprit égare.
Fuyons d'ici.
SE'I I) E.
Je ~Bs que mes genoux s'aiFaiiIënt..
J~J.
Ah je revois le jour~ mes forces renalffent.
Quoir c'eltvous?
P~A L M 1 RE.
Qu'as-tu fait?
SB' 1 DE.
~y~f~~e.
Moi je viens d'obéir.
®
D'un bras delefpéré je viens de le iaiur.
Par les cheveux blanchis j'ai trainé ma victime.

<e
0 Cielm l'as voulu, peux-tu vouloir un crime?
Tremblanc~iu d'effroi, j'ai plongé dans ibo Banc
Ce glaive coniacré qui duc verfer fon fang.'
J'ai voulu redoubler; ce Vieillard vénérable
A jetté dans mes bras un cri fi lamentable,
La nature a cracé dans fes regards mourans
Un fi grand cara<3:ére, & des traits û touchans
De tendreffe & d'eSroi mon ame s'efi: remplie;
Et plus mourant que lui je détefte ma vie.
P AL M 1 R E.
Fuyons vers Mahomet qui doit nous protéger;
Près de ce corps fanglant vous des en danger.
Suivez-moi.
S E* 1 D E.
le ne puis. Je me meurs. Ah Palmire.
P A LM 1 R E.
Quel trouble épouvantable à mes yeux îe déchirer
S E' ID E en pleurant.

Ah! fi tu l'avois vu, le poignard dans le ~ëic~


S'attendrir à l'afpea: de fon lâche aIMm!
Je fuyois. Croirois-tu que fa voix airaiblie~
Pour m'appcner encor, a ranimé fa vie ?
Jl retiroit ce fer de fes flancs malheureux.
He!as il m'obfervoic d'un regard douloureux.
Cher Séide, a-E-iî dit, infortuné Séide!
Cette voix, ces regards, ce poignard homicide~
Ce Vieillard<t attendri, tout ianglanc à mes pieds
Poursuivent devant toi mes regards eSrayés~
Qu'avons nous faitî
P A L M 1 R Ë.
On vient je tremble pour ta vie.
Fuis au nom de l'amour & du nœud qui nous lie.
S E' 1 D E.
Va, !aifle-môi pourquoi cet amour malheureux
M'a.t-il pu commander ce facriûce affreux?
Non, cruelle, ians toi, fans ton ordre fuprême~
Je n'aurois pu jamais obéir au Ciel même!1
P A L M 1 R E.
De quel reproche horrible ofçs-tu m'accabler?
Hélas plus que le peu mon coeur ic ient troubler
Cher Amant, prends pitié de Palmire éperdue.
S E' 1 D E.
palmire~ quel objet vient eirrayer ma vue?
Zopt~paro~ ~M~ej~r r~M~, ~gF
~e~ r~e~ff~r~c~ ~M~ o~ î~
f~M C6~. )

PALMIRE.
C'eA cet infortuné lutanc contre la mor~
Qui vers nous tout fanglant ie traîne avec e9~r~~
S p' 1 D~.
Eh quoitu vas ~lui?
P A L M IE.
De remords dévoress
7e cède à la pitié dont je fuis déchirée.
Je n'y puis réufter elle entraîne mes fent.
Z 0 P 1 R E a~f~s~ ~OM~M par

Hélas' fervez de guide à mes pas languiSan~


Sëidc~ ingrat! c'eft toi qui m'arraches la vie!
Tu pleures! ta pid~ fuccëde à ta furie!

SCENE V.
~OPIRE, SE'IDE,PALMIRE,
PHANOR.
P H A N 0
Ciel! quels a~eux objets fe préiëntect à moiî
Z 0 PIRE.
Si je voyoïs Hèrcidc !ah Phanof eA'ce toi ?
'~oîlâmoSànaflin. (,'
P HJA N 0 R-
0 crime! afEreuxïDyftëreî
AnaŒa malheureux, connoiflëz vo!:re Përe.
s Et' 1 D ri.
Quit
PALMIR E.
Lui?
S E'I DE.
MonPëre!
ZO P 1 R E.
OCiclî
P H AN OR.~
Hercide e~ expirant
I! me voit, il m'appelle il s'ëcris en mouran!
S'iî en et!: encor !:em§~ prëvicns un parricide:
Cours arracher ce fer à îa main de Séide.
Malheoreux cocSdeEt d'un horrible îecreî~
Je fuis puni, je meurs des mains de Mahomet
Cours~ hâce-toi d'aprendre au malheureux Zopire~
Que Séide eÊ Ion Ë!s & frère de Patmire.
SE' ID E.
Vous.!
PA LMIRE.
Mon frëre?
ZOPI&E.
ô mes nls mes Dieux ?
ô nature Ô

Vous ae me trompiez pa~ quand vous parliez pour


eux.
Vous m'éclairiez fans doute. Ah! malheureuxSéide;,
Qui t'a pu commander cet affreux homicide?
S E' 1 D E ~Ms~~ a genoux.
L'amour de mon devoir & de ma Nation s
Et ma reconnoi~Iance & ma Religion;
Tout ce que les humains ont de plus refpedabîe
M'inipira des forfaits le plus abominable.
Rendez, rendez ce fer à ma barbare main.
PALMIRE a genoux arrêtant le ~ay ~M~.
Ah! mon Père: ah! Seigneur plongez-ïedansmoa
fein.
J'ai fcuïe à ce grand crime encourage Sëide;
L'isce~e ëtoit pour sous îe prix du parricides j
S E' 1 D E.
Le Ciel n'a point pour nous d'affez grands châdmens.
Fj-appez ~os afïaiHns. v
Z 0 P 1 R E ~~&f~
J'embranb:mes enfans.
Le Ciel voulut mêler dans les maux qu'il m'envoie
Le comble des horreurs au comble de la joie.
Je bénis mon deîUn; je meurs; mais vous vivez.
0 vous, qu'en expirant mon cœur a retrouvés,
Sëide & vous Palmire, au nom de la Nature~
Par ce refte de fang qui fort de ma bkûure~
Par ce fang paternel, par vous, par mon trëpas
Vangez-vousvangez moi j~ais ne vous perdez pas.
L'heure aproche, mon fils, où la Tréve rompue
Lainbit à mes dépeins une libre ëcendue;
Les Dieux de tant de maux ont: pris quelque pidé,
Le crime de tes mains n'eft commis qu'à moitié.
Le Peuple avec le jour en ces lieux va paraître;
Mon fang va les conduire; ils vont punir un traître.
Attendons ces momens.
SE'imE.
Ah! je cours de ce pas
Vous immoler ce Montre & hâter mon trépas;

Me punir, vous vanger.


<<<<~J)~ S CE NE VI.
ZOPIRE, SE~IDE, PALMIRE,
OMAR, Suite.
(3 M A EL

~U'oa arrête Sëidc.


Secourez tous Zopire, enchaînez l'homicide.
Mahomet n'cil venu que pour vangc!' les Loi~.
ZO P 1 R E.
Ciel, quel comble du crime '&qu'e~-ce que Je vois?
S IB E.
Mahomet me punir?
PA L M 1 R E.

Eh quoil Tyran farouche~


Après ce meurEre horrible ordonne par ta bouchsi
0 M A R.
On n'a rien ordonné
S E'I 0 EL
a- bien ~éd~
Va; j'ai
-.W"
Cet
Cet exécrable prix de ma crédulicë~1
OMAR.
Soldats, obéiGez.
P AL Ml R Ë
Non. Arr~te~. Pernde!
0 M A R.
Madame, obëiHez, S vous aimez Séide.
Mahomet vous protège~ & ion juHe courroux
Prêt à tout foudroyer, peut s'arrêEer par vous.

Grands Di~ux~
.F
Auprès de votre Roi Madame

A"L
de ~t d'&b~ë8F~
tJ i~ut me
M-1~
cuivre.

mort me
délivré'
07! gMTM~S .RaJ~C -S~.
Z 0 P 1 RU à F~Mor.
On les enlève! 0 Ciel! ô Përe malheureux!
Le coup qui m'aHanine eA cène fois moins aHreux.
P H A N 0 R.
Déjà le jour renaît~ tout le Peuple s'avance;
On s'arme, on vient à vous, on prend votre dë~nfc.
Z 0 P 1 R E.
Soudan mes pas, allons, j'efpére encor punir
L'hypocrice afïaHin qui m'oie feçourir
Ou du moins, en mourant;, Sauver de ia furie
Ces deux enfans que j'aime, & qui m'ôcenc la vie.

F~ JM ~M~r~~g
ACTE CINQUIEME.
S C E N E I.

MAHOMET, OMAR, Suite dans le fond.


OM A R.

3pire eft expirant, & ce Peuple éperdu


Le voit déjà fon front dans la poudre
àbatu.
Tes Prophètes & moi, que ton Efprit infpire,
Nous deiavouons tous le meurtre de Zopire.
Ici, nous l'annonçons à ce Peuple en fureur
Comme un coup du Très-Haut qui s'arme en ta
faveur.
Là nous en gëmiûbss nous promettons vangeance;
Nous vantons ta juûice, ainu que ta clémence.
Par-tout on nous écoute, on fléchit à ton nom;
Et ce refte importun de la iëdicion~
N'eA qu'un bruit panager des Sots après Forage,
Dons
Dont le courroux mourant frappe encor le rivage,
Quand la ferénité régne aux Plaines du Ciel.
M A H 0 M E T.
Impofons à ces flots un Silence écerneL
As-tu fait des remparts aprocher mon Armée ?
0 M A R.
Elle a marché la nuit vers la Ville allarméc:
Ofman la conduifbk par de fccrets chemins.
MAHOMET.
Fait-il toujours combattre, & tromper les humains!L
Séide ne fait point qu'aveugle en fa furie,
II vient d'ouvrir le flanc dont il reçut la vie.
OMAR.
Qui pourroic l'en imtruire? un éternel oubli
Tient avec ce fecret Hercide enféveli.
Séide va le fuivre, & fon trépas commence;
J'ai détruit l'inûrument qu'employa ta vangeance.
Tu fais que dans fon fang fes mains ont fait couler
Le poifbn qu'en fa coupe on avoit fu mêler.
Le châtiment fur lui tomboit avant le crime;
Et tandis qu'à l'Aùtel il traînait fa vidime,
Tandis qu'au fein d'un Pér&.il enfonçoi!: fon bras
s
Dans
Dans fes veines lui-même il portoit fon trépas.
îl eft dans la prifon, & bientôt il expire;
Cependant: en ces lieux j'ai fait garder Paîmirs.
Pa!mire à tes dcfïëias va même encor fërvif;
Croyant fauver Séide, elle va t'obéir.
Je lui fais efpérer la grâce de Séide,9
Le uiencc eft encor fur fa bouche timide.
Son cœur toujours docile s & fait pour t'adorer9
En fecret feulement n'ofera murmurer.
Lëgiûateur; Prophète, & Roi dans ta Patrie,
Palmire achévera le bonheur de ta vie.
Tremblante, inanimée, on l'améne à tes yeux.
MAHOMET.
Va râGëmbIe!- mes Chefs & revoie en ces lieux.

S C EN E IL
MAHOMET, PALMIRE, Suice
4e Palmire & de Mahomet
P A L M 1 R E.
~leî~ oh fuis-je! Ah grands Dieuxî
MAHOMET.
Soyez moias con~erDéc~
j'~
J'ai du Peuple & de vous pefe la devinée.
Le grand événement qui vous remplie d'eirroï;,
Palmire, e~ un myftére entre le Ciel & moi.
De vos indignes fers à jamais dégagée
Vous êtes en ces lieux, libre, heureufe & vaogéc.
Ne pleurez point Séide; & laiHez à mes mains
Le foin de balancer les devins des humains.
Ne ibngez plus qu'au vôtre. Et fi vous m'êtes chére,
Si Mahomet fur vous jetta des yeux de Père,
Sachez qu'un fort plus noble, un titre encor plus
grand,
Si vous le méritez, peut- ecre vous attend.
Portez vos vœux hardis au ~îte de la gloire,
J
De Séide & du reftcétouircz la mémoire;
Vos premiers fentimens doivent tous s'effacer -3

A l'afpec!: des grandeurs où vous n'ofiez penfer.


Il faut que votre cœur à mes bontés réponde~
Et fuive en tout mes Loix, lorsque j'en donne au
Monde.
PALMIRE.
Qu'entends-jcpqucnes Loix,ô Ciel~ quels bien-
faics!1f
Im"
imponeur teint: de !ang~ queabjure a jamais,
Bourreau de tous les miens;, va; ce dernier ouvrage
Manqhôit: à ma miférc, & manquoit a ta rage.
Le voilà donc, grands Dieux' ce Prophète Iacre/
Ce Roi que-jcfervis~ ce Dieu que j'adorai;
Montre, dont les fureurs & les complots perndes
De deux cœurs innocens ont: fait: deux parricides~
De ma faible jeunene infâme Sëdudëur~
Tout: Ibuinë.de mon langtù p~tends à mon cœur!
Maistun'aspasencopanurëtâconquê~~
Le voile ëH: déchiré, vangeâncë s'àprete.

Entends-tu ces clameurs? entends-tu ees éclats?


Mon Père te pourfuic des ombres du trépas. s
Le Peuple ie ibuléve, on s'arme en ma défenfe~
Leurs bras vont à fa rage arracher l'innocence.
Puisai-je de mes mains te déchirer le nanc.
Voir mourir tous les tiens & nager dans leur fang!
Puitfent la Méque en(emblc~& Médine, & FAue~
Punir tant de fureurs & tant d'hypocrine,
Que le monde par toi icdûit & ravagé
Rougi~e de tes fers, les bri~ &foit vahgé!i
Ouc ça Religion, que fon~~M~-e.
A.
Soit l'éternel mépris de la Race future
Que FEnfcr, dont les cris menacoient tant de fois
Quiconque ofbit douter de tes indignes Loîx;
Que l'Enfer,que ces lieux de douleur & de rage,,
Pour toi feul préparés, foient ton juAe: partage!
Voilà les fentimens qu'on doit à tes bienfaits,
L'hommage, les iermens, & les vœux que je fais.
M A H 0 M ET.
je pardonne a votre âge cet excès d'imprudence.
Je vois qu'on m'a trahi; mais quoi qu'il eBpuîHë être y
Et qui que vous ibyez, ~ëchiSçz fous un Maître.
éprenez .que mon cœur.

S C E N E IIL
a
MAHOMET, PALMTRË, OMAR,
ALI, Suite.
OM A R.
~/Niaï!:tou~ Mahomet
Hercide en expirant révéla ton fecret.
Le Peuple en eft io~mit, ia prifbn eft forcée~
Teus
Tou~ s'arme; tout s'émeut) une foule inféode,
Elevant contre tpi~~jturlemens airreux~
Porte le corps ianglant de ton Chef malheureux~
Séi~e e~ à leur têM). & d'une.vQixfune&e
Lesexcice~ vang~ce dëploraMeTcHc.w
Ce corps fouillé de fang eft l'horrible figaaî
Qui fait: courir le Peuple à ce combat: fatal.

Jl s'ëcrie en pleurant; je fuis un parricide~


La douleur le ranime & la rage le guide. °
H ~em~!e respirer pour-ie~ange~ dé toi;
On dëte~ecdn Dieu, tesTrophëceS)ta Lo~
Ceux même oui devroicnt dans la Méque allarmê~
Faire ouvrir cette nuit la Porte A ton Armëe,
De la fureur commune avec ~ëJe enivres
Viennent lever fur toi leurs bras dé~~pérës.
On n'entend que Ie~ cfis de mort & de van~cssc~
P-.A'.L~M :I:~E.v
Achevé, juAe Ciel~ & fbutien l'Hmoëencel
Frappe..
M A,H 0 M.Ë T 4rQ~
Eh bien que crains-tu
0 M .A R..
Tu vois quelques Atûi~ y
~i contre les
Qui contre dângëi's~ôrn~é
les d~ngé~°s` moi ï'afermis~
~omme ~ri~oi ~~a~errn~is $

Mais vainement ~rmës contre uh pareil orage


Viennent cous à tes pieds niourir avec courage.
M A'HO MET.
Seul Je les défendrai. Rangez, vous prés de moi j

Et coni3oincz ennn qui vous àve~ pour Roi. p

5 C-E N E~JV.
c~
M AH OMË T,
~E'ÏD'E e'~P~
~sE~nE~
0 MA R, 6'M~
t

SE* IDE un ~o~ar~s~ M~, M~~a


"f~poz/o~.
'Ttr~ Euples$ vangez mon Père & courez & ce
.Traire. "& Er-
<

MAHOMET.
Peuples nés pour me fui vre~ëcoucez votre Maîcr~
SE' ID E..
.9
.c~
N'écoutez point ce Montre & fuivez-moi
et
grands Dieux!
Quel nuage ëpaiHifë répand fur mes yeux!

Frappons. Ciel! je me meurs.


M A HME0 T. ,J
triomphe.
P A L M 1 R E ~n~ Js~.

~hî mon~ffcre~
~auras-tu pu verfer que le fang de ton Përe?
E'IDE.
Avançon.e.. Je ne puis. Queî Dieu vient m'ac-
cabler?

~%OM~M~~&r~?î~.
M AH OMET.
Aine-tout témëraire À inesycu~ doit trembler.
Incrëdules Eiprits qu'un zële aveugle~n~i~c
Qui m'oiez b!afpbëmer &, qui vangez Zppire
Ce feul bras que ja Terre aprit à redouter,
J
Ce bras peut vous punir d'avoir oie douter.
Dicu~ qui m'a con6ë fa parole & fa foudre~
b

vanger~va vous réduire en poudre.


Si je me veux
Malheureux, connoiHez fon Prophète~ iaLoi;
Et que ce Dieu fbit Juge entre Séide moL
Ds nou~ deux à FinAant: que le coupable expirer
PAL MIRE.
Mon frère! eh quoi' fur eux ce MonUre a tan~
d'empire!
Ils demeurent g!acés, ils tremb!en!: à fa voix,
Mahomet; comme un Dieu, leur di~e encore
Loix!
Ettoi,Sëidc, auin!l
S E* 1 D E ~f BfSj

~Le CieF punit: ton frér~


Mon crime étok horrible aucant qu'involontaire.
Envain la verm même habitoit dans mon c(BUî.
Toi~ tremble3 Scëlérat, 6 Dieu punit l'erreur.
Voi quel foudre iî prépare aux arti~aas des crimes
Tremble~ ton bras s'eQ~ye fr~ppe~'fës ~'i~imeg~
Décournez d'elle, ô Dieu~ cette mort qui me niitt
P A L M IRE.
No~ Peuple ce n'eR poin!: un Dieu qui le pouffuie.
Non,
a
Non. Le poiibn jfans-doutc.
~MAHOMET r~n-o~~ ~f~~
~P~
Aprenez, In~deHes~
A former contre moi des trames criminelles;
Aux vangeances des Cieux reconnoincz mes droits.
La Nature & la î~ort ont entendu ma voix.
La Mort; qui m'obëit, qui, prenant ma défont
Sur ce front pâUfïant a tracé ma vangeance,
La mort efi: à vos yeux, prête à fondre fur vous.
Ainfi mes Ennemis fentiront mon courroux;
Ainfi je punirai les erreurs intenses
Les révoltes du cœur, & les moindres penfees.
Si ce jour luit pour vous, ingrats, fi vous vivez,
Rendez grâce au Pontife, à qui vous le devez.
Fuyez, courez au Temple appaifër ma colëre.
Le Peuple fe ~~f~
P AL MIRE f~ elle.

Arrêtez. Le barbare empoifbnna mon frëre.


Montre ainfi fon trépas t'aura ju~iné!
A force de forfaits tu t'es dciSë 1
Malheureux AMin de ma Famille entière,
~ucs.moi as ces mains ce relte de lumière
0 frère cri~e objet d'un amour plein d'horreursÎ
Que je te fuivrc au moins.
j~ ~r po~~a?-~ yo~ /f6r~
M AH 0 M ET.
Qu'on l'arrête.
ALM1 R E.
Je me meurs.
Je ccHe de te voir9 impofteur exëcrabtc.
Je me ~ace en mourant qu'un Dieu plus équitable
Rëierve un avenir pour les cœurs innocens.
Tu dois régner !ë Monde eH: ~ait: pour les Tyrans.
M A H 0 1~ E T.
Elle m'cft enlevée. Ah! trop chère vi~ime~
Je me vois arracher !e icul prix de mon crime.
De ~es jours pleins d'appas décelable ennemi
Vainqueur & tout-puinant:, c'eA moi qui fuis punL
H eft donc des remords! ô fureur! ô Juftice!1
Mes fôrr~s dans mon cœur ont donc mis mon
fuplice!
Dieu, que j'ai fait Servir au malheur des humaine
Adorable i~rument de mes ailreux deiicins,
Toi,
T[oi,que j j'ai b!alphéme~ma!sque je crains encorep
je me fens condamné quand l'Univers m'adore.
Je brave envain les traits dont je me fens frapper;
J'ai trompé les mortels, & ne puis me tromper.
P~re, enfans malheureux, immolés à ma rage
Vangez la Terre & vous, & ce Ciel que j'outrage~
Arrachez-moi ce jour, & ce perfide cœur~
Ce cœur né pour haïr qui brûle avec fureur.
~k toi, de tant de honte étoufFc la mémoire
Cache au moins ma faibleûc, & ~auve encor ma
gloire.
Je dois régir en Dieu l'Univers prévenu:
Mon Empire eft détruit S l'homme eft reconnu

F~ du CM~M! ~~MMf
L ET T R E
D E

If A U T Ë U R
A

M~. ~'D E S
0

TE'woug rëh~re~, Mdnne~r, dëta figure qu@


J( vous avez bien voulu m'envoyer de la Ma-
chine dont vous vous fervez pour fixer l'i-
mage du Soleil 'yen ferai faire une fur votre
deflein, & je ferai délivré d'uirgrand embarras
car moi qui fuis fort maladroit, j'ai toutes les
peines du monde dans ma Chambre obfcure
vec mes Miroirs. A mefure que le Soleil avance~
les couleurs s'en vont, & reuemblenc aux affaires
de ce Monde, qui ne font pas un moment de
fuite dans la même ficuadon. J'appelle votre
Machine un Sol. Depuis Jofué, perfonne
avant vous n'avoit arrêté le Soleil.
J'ai reçu dans le même paquet l'Ouvrage que
-1 vous avois demandé, dans lequel
je mon Ad-
verfaireg
verfaire, oc cel:ui de to$&: lë~ Philofbphes, em"
ployé environ trois cens pagesau fujet de quei~
ques Penfées de F~
dans moins d'une feuille.
que j'a vois examinées

Je fuis toujours pour ce que j'ah dit, Le de-"


faut de la plupart des Livres eUd'êcre trop
jtongs. Si on ~o:it:laraifon pour foi, on feroit
coure; mais peu !derai(on & beaucoup d'in-
jures ont fait les trois cens pages.
J'ai toujours cru que ij~ n'aboie jette fes
idées fbr le papier, que pour les revoir & enre-
jetcer une partie. Le Critique n'en veut rie!!
croire. II foutient que F~~ aimoit toutes fes
id~es, qu''il n'en eu!: retranché aucune mais
s'il fhvoif que les Editeurs eux-mêmes en ruppri"
ï~renc ia moitié, il feroit bien turpris.
Il n'a qu'a voir celles que le P~re jdes Mollet
a recouvrées depuis quelques anûée§, écrites de
la main de.P~~même; U~era bien plus fur-
pris encore.: EUes ~onc imprimée~ dans le
Litterature. En voici quelques-unes. s
~/oM JM~K~M~) ~y a un D~H;
~f~ ~ï Z'0~ ~F M~ <!Mï rapport à KOM~
JVo~C
K'~ ni

j~i Croyez-vous incapables de COMMUÉ ) ni ce qu'il;


,ni en bonBe fbï, Mon-
teur, que -P~~ eÛE eonîervéce~ ~? Appa-
y@mmene qu~ le Père Hardouin avoit eu cette
penfee~ quand il mie F~/c~dans ÏaTidieulc iifi:e
des Athées modernes. v
M~g~~MM ~2; ~~erc~~o~f ~c~u~
~N~ A~MrF ~OÏ COHTMMîC~ ~J'.
~ïais Chrc~~ L~cke~ WQlf~& Mnt ~uire&
enis
ont eu cette force; & auurément P~~ Fauroic
due.
?~M~ les fois ~'MM F~o~~OM MfOK~u~
ble, il ne faut pas la nier ?K~ ~.r~M~r ~co~
M~) s'il <~ ?M~?~M~y ~m~, OM~~
j~î~r contraire, tout ~rj~M~~ ~M~/
P~/< avoit oublié ~a Gëomécrie, quand il faî-
jtbît cet ëcrange raifonnemenc. Deux quarrés
font un cube, deux cubes font un quarré:voi!a
deux propofitions contraires, toutes deux ëga-
lement abnjrdes, &c.
veux ~OKyj~~ 'Voir une C~0/~ ~~M~ (~ indi..
<~ C~ un p0~~
t/ t/
d'une ~Ï-
M/ ~r
~MMMM~
en tous ~M~ tout
Voila qui e~ encore bien antimathématique.
H y a autant de fauces que de mots. AunrémenË
dételles idées n'ëcoienc pas faites pour être em-
ployées. Mon Critique changera un peu d'avis,
s'il va à votre école. Il verra qu'il s'en faut bien
qu'on doive croire aveuglëmenc tout ce que .P~-
M/a dit~
II croyoit toujours pendant la dernière année
de fa vie voir un abîme à côté de fa chaife. Fau-
droi.t-il pour cela que nous en imaginamons au-
tant? Pour moi je vois autH un abîme mais
c~H dans les chofès qu'il a cru expliquer.
Vous trouverez dans les Mélanges de Leib-
Hitz, que la ~mélancolie égara fur la nn laraifbn
deF<s/ il le dit même un peu durement:. H
n'c~pas étonnant, après tout, qu'un homme d'un
tempérament délicat, d'une imagination trif~e~
eomme P~/M~ foie, à force de mauvais régime
p~
parvenu h déranger les organes de fon cerveau.
Cecce maladie n'en: ni plus furprenance~ nipius
humiliante, que la nevre & la migraine. Si le
grand en a écé accaqué~ c'eA &M~ qui
perdra force.
Je; ne fai de quelle maladie écoic aSigé .le
Doreur qui argumente ameremenc .contre
moi mais il prend le change en couc, & prin-
cipaleme~îurrëcacde~~que~io
~F~
.Le: &nd( ;de mes pecites Remarques ~r les

tq au
c'en: qu'il fauc. croire ~srdo%.
P~eM originel., puisque la Foi rordemne~
& qu'il.faut y; croire d'autanc plus, que la R~i.%n
en: abfolument impuinarne.~ nous montrer qae
la Nature, Humaine eit decnue..;La RévélaEion
.(eule peu!: nous i'aprendre. F~oM s'y écoic ja-
dis cade Je nez. Commenc pouvoic-il favoir que
les hommes avoienc ëcé autrefois plushea~ux~
plus grands, plus fores, plus heureux: qu';ii~-
voient eu de belles ailes & qu'ils avoienc fait
des enfans~ns femmes?
Tous ceux qui fe fbnc lervis de la Phy6qu,e
pour prouver la décadence de ce petit Globe de
nocre Monde, n'onc pas eu meilleure fonune
que PIacon. Voye~-vous ces vilaines Monta-
gnes, ~/o~ ces Mers qui encrenc dans les
terres, ces Lacs fans iîïue? Ce font des débris
d'un Globe maudit. Mais quand on y a regar-
dé de plus près, on a vu que-ces Montagnes é-
toienc néceilaires pour nous donner des Riviè-
res & des Mines, & que ce ibnc les perfedions
d'un Monde béni.
De-même mon Censeur aiïure que ndcre ~!ë
eft fort raCourcie en comparaison deceUe des
Corbeaux & des Cerfs il à entendu dire à fa
Nourrice que les Cerfs vivenc crois cens ans, &
les Corbeaux neuf cens. La Nourrice d'Héiio-
de lui avoit fait aufH apparemment le~ ïnéme
conte. Mais mon Doreur n'a qu~ in~rroger
'quelque ChafFëùr, ii faura queîes Cerfs~evont
jamais a vingt anst II a beau faire ~Momme
eit de co~us 1~ Animaux celui h qui ]!)ieu àccor-
êe h"p!us ioague vie & quand mon Critique
me montrera ~n Corbeau qui aura cent deux ans~
comme ivir. de & M~àm~ de
C~, ilmefemplainf. J `.;
C'é~ une étraHge~gë'queceMé~de~ quelques
MeiHeurs, qut veulent abfolumënc que nous fb-
yonsmiferables. Je n'aime poihc un'Char!acan
qui veuc me-faire~ëcroirequeje fuis malade,
pour me vendre ~espiUuIes. Garde~Eà drogue,
ïnon ami, iaide-moi ma faut€< Mais pour~-
quoi me dis-tu des injures~ parce que je'me por*
te bten, & que~ je ne veux ~onic de ton or-
viétan.
h, Cet homme m'en die de très gronïëres, fé-
lon la louable coucume des gens pour qui les
rieurs ne font pas. Il a écé déterrer dans je ne
fai quel Journal, je ne fai quelles :Lettres fur
la nature de l'Ame, que je n'ai jamais écrites
a
qu'un Libraire coujours mifës ~bus mon7
nom a bon compce, auni-bien que beaucoup
d'aucres chofes que je ne lis points
Mais puif~ue ce': homme les 1~ il devo!
voir
voir qu'il eA évident que ces Lettres fur la na-
ture de l'Ame ne fbntpoinc~em~)~ qu'il
a des pages entières copiées mot h mot de ce
que j'ai écrit autrefois; ~r Locke. Il claif
qu'elles font de quelqu'un qui m'a vol<maisje
ne vole point ainu, quelque pauvre que je pui~
fe être~
Mon Dodeur fe tue~ prouver que rAme eA
Spirituelle. Je veux croire que la Sentie re~ e:

mais en véritë fes raifbnnemens ie .font jfbrt peu.


îi~yeuc donner desjiouneis a LocKe fur
Joue, parce que Locke a du que Dieu é!:pi~ a~
ie~ puiflanc pour faire penier un.élémenc de
Madère, plus Je,relis ce Locke 9 & pips.je
voudrois que tous ce§ MeÛieurs i~cudtauent. H
me femb.!e qu'il a fait cotnme Augure, qui don-
co~~ j~p~. L
na un Edic
a renerré l'Empire de ppur l'afPerm~.
Qu'eA-ce que rAme? Je n'en ~ai rieM. ,Qu'e~-
ce que ia Matiëre ? Je~ n'en fai. rien. :VoiI~
Jofeph Leibnicz qui a décpuyerc qu,e, la.Matîëre
e~ un anemblage de Monades,; ~oic. Jc;ne Je
comprends pas, ni lui non plus. Eh bien, mon.
Ame fera une Monade; ne me voila-c-ii pas
bien inftruic? Je vMs vous prouver que vous
êces immorcei, me dit mon Doreur. Mais vrai-
ment il me fera p!aiur;j'ai tout auni grande en-
vie que lui d'écre immorcei, je n'ai fait la Ha N-
R i A o E que pour cela. Mais mon homme fe
croit bien plus njr de l'immortalité par les Ar-
gumens~ q~e moi par ma ~~n~~
~m~
~m~M ~m~KM 6f MK~~

Nous femmes faits pour coînpcer, mefurer,


pefer; voil~ ce qu~faîc N~~M, voiî~ de que
vous Mtës avec 3~r MM/M~ 'Mais
n~en~Vons pas plus qu~
pour ks premiers Principes, des chof~s, nbus
& .Maître .Ë-

'Les' Philofophes qui font des'~yAëmes fur 1~


.fecrecte conflrudiôri
fecrette l'Univers, font
con~ru~ion de 'l'Univers'" cotnthe
fbnccô~nïe
nos Voyageurs qui Von!: a C~K~M~ & qui
parlent du Serrai!: ils- n~en onc vu queles de-
hors, SE ils précendenc fhvoir ce que fhic le Sul-
tan avec tes Favorites. Adieu, Monneùr, S
quelqu'un voit un peu, c'en: vous mais je tiens

ï.
mon Cenfeur aveugle. J'ai rhonneur de l'êcre'
auni;maisje fuis un ~MM~M~ de Pans, &
iuî un Aveugle de Province. Je ne fuis pas a~z
aveugle pourcanc pour ne pas voir couc votre
mérice, & vous favez combien mon cœur ef~
fenfible à vocre amicië. Je fms/&c.

CïMy

Vous aimerez peut-être aussi