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LE PROPHETE,
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'i)Œ1{t'
~S)S~AiAi cru
cru réndr~
î~ndre {ètviceaux
fervice aux A~
J t
mateursdesBeHes-Lettresd~
@~ pubiier une Tragëd~e du f<%i-
3 fi défigurée en pa?
deux Editions fubrep~cea. Je fai très
es
certainement qu''eHeiut compofëe
<~
par
l'Auteur en 1736 & que dès-lors il
en envoya,une Copie au Prince Ro-
ya) depuis Roi de jP~~9 qui cutti-
3
voit les Lett~s avec desiùccès iùrpre-
aans~ & qui en fait encore jfbndé!aP'
cément principat
j~tois L%&en î~i~quandMon~
2' <ieur
~~J~-D .E
Heur de Voltaire y vint parler quelques
jours; il y âvoit la memeure Troupe
(TAd;eurs qui "ait Jamais été en Pro-
vince. EH@ reprëfenta cet Ouvrage
dune manière qui fatisRt beaucoup u~
ne très notnbreuie aûemMëe;!e Gou-
verneur de !a Province & ~Intendant
y.a{ÏIftQr€nt pjulièurs~bis.. On trou
va que cette Pièce ëtoit d~ungoût li
nouveau., & ce fujetil délicat parut
traite avec tant de ;âgeHe:, que plu-
~eurs Prëlats vouturent voir une
représentation par les mêmes A~eurs
dans une Mai&n particutiére. Ils en
jugèrent comme !è PubHc.
L~A.uteur fut encore 'aÛezheureux
pour faire parvenir ion Manuicrit en-
tre tes mains d''un des premiers Hom-
mes de EjE~t~ & de 1~ qui
Iout!ent le poids des ASairesavec fer-
metë~ & qui juge des Ouvrages d~
it avec un goût très fur dans un âge
où
Z~Z) fT~
où les hommes parviennent rarement
s
& où l'on conferve encore plus rare-
ment jfbn esprit &: fa dëlicatene. ï! dit
que !a Pièce etoit écrite avec toute Ja
circon<pe6Hon convenaM~ & qu''on ne
pouvoit éviter plus ~gement les ëcneiis
du Sujet~ mais que pour ce qui regar-
doit la poëûe~ it y avoit encore des
chofes a corriger. JeJ&ieneSct que
rAuteur les a retouchées avec beau-
coup de foin. Ce fut aufli le iënument
d'un Homme qui tient le ïnêmerang~
& qui n~a pas moins delumiëres.
Enri~3 FOuvrage aprouvë ~aitr
leurs ieton toutes les formes ordinai-
res 9 fut repréfentc !e 9
d'Août 1~2. Jt y avoit un~ Loge
entière rempJie des premiers MagiC
trats de cette ViHe 9 des Mi~iAres mê-
comme
1,
me y furent prc&ns. Ils pensèrent tous
.J cités.
~eja s
les hommes éclaires que j'ai
9'"
~~7~ D
Il fe trouva à cette première reprë~
tentation quelques personnes qui ne
furent pas de ce Sentiment unanime.
Soit que dans la rapidité de la reprë~-
3
iëntation) ils n~cunent pas îuivi ane~
le fil de rOuvrage ) foit qu''its furent
peu accoutumés au Téatrea ils fu-
rent bte~îës A&~o~~ ordonnât
que
a "0; "1'& lIÜVIJV' Il~ ,(;.
un meurtre & ië fervîtde ôReHgion
pour encourager à I~anafnnat un Jeu-
ne-homme qu~i! fait rin~rument de
Ion crime. Ces perlonnes~ fràppëes de
cette atrocité 9 ne &ent pas an~z rë~
Bexbn qu~eHe en: donnëe dans la Pie-
<:e comme k plus horriMe de tous les
crimes~ & que même il eft morale-
ornent: impoilible qu'elle pûine être
tonnée autrement. En u~ mot 9 ils ne
virent qu un côtë;ce qui eA la manië-
Te la plus ordinaire de ~tromper. Ils
avpient railon aïlùrëment d~être ican-
dali~ës 3 en ne confidërant que ce co~
L'~D 7T~
qui les rcvoitoit. Un peu plus d~at-
tention les auroit aiiëment ramenés,
Mais dans la première chaleur de leur
zéle, ils dirent que !a Pièce étoit un
3
Ouvrage très dangereux fait pour
former des 8~ des Jaques
cx~
On e~bien Surpris d~un~tet juge-
ment 3 &
ces Meilleurs ront désavoué
t,
iâns ddoute.
-Jans 0" u ~°
Ce ~erolt qu~~f~
ïeroit dire gu ~`e~~aio.
enseigne a a~Œner un Roi, qu~jE~
aprend à tuer ~a Mëre~ que
Cléopatre & montrent à tuer
qu''j~
leurs Enfans ce feroit dire
7~ y~
forme des Avares ie
des Joueurs )
JL~injuâice même
mêmecontre
3
j~
des Hypocrites.
contre .~t~lc.~iw~w îe~.
roit bien plus grande que contre tou~
tes ces Pièces; car- le crime du- faux
Prophète y eft mis dans un jour beau-
coup plus odieux, que ne reft; aucun
des Vices & des Dérëgien~ens que
~f~.f~ 'D
routes ces Pièces représentent. C~eA
prëcifëment contre les jR~&
les y~~ C7~ que la P-iëcce eft
compotee ce qui a fait dire à un Hom-
me de beaucoup d~eïprit., que
avoit etc écrit du temsdc
N~
~77. & de J~~ -F~9 cet Ouvrage
leur auroit iauvc la vie. EtUt pofïi"
b)e qu~on ait pu faire un tel reproche
à l'Auteur de la HENRIADE ? Lui
qui a ëJëvë fa voix fi fouvent dans ce
Eoëme & aiUeurs~ je ne dis pas feu-
jtement contre de tels attentats~ mais
contre toutes les maximes qui peuvent
y conduire.
J~avoue que piusj~ai lu les Ouvra-
ges de cet Ecrivain 3 plus je ies ai trou-
ves cara6):ërifës par l'amour du Bien
public il inspire par-tout rhorreur
contre les emportcmens de la Rebe!-
lion de la Perfccution & du 'Fanatif~
me. Y a-t-i! un bon Citoyen qui n~
3
dopt~
Z/
JL~ ~L~
f) 7' T jE' ~7'
JL~ A~&~ JLj't~/ t~,
~M~M<2~ 1S<
~~M&r@' JL~~
D. Z.. M
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A
SA MAJESTÉ
L E
ROI DE PRUSSE
& &c. &~
Si RE,
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3~ f~~z? ~r~~
Méque~
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~oMr~ Z~r~ ~M~ <z;~j
~3 ~r~ ~~r ~f~
L E T T EL E
vers votre Cour. Mon ~3
~~j ~E/
~r
que
V 0 T R E MA J E S T
ne ~~M~cFr
/~r~
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~~r~
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y~ prends la /M~
envoyer une ~z~i? Copie de cette Tragé-
die de Mahomet: 3 .E~ bien voulu 3
a /m~3~r /m~r~ ~M~~
C~ ~rF~~ que je paye à
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y~9 au y~~ ~r~
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(7~r~r~Mr~
natifme ~M~ font faites pour
< ~r~ j~M~
Fx-
3
être toujours auprès de
J'
~o~r~ Trône ont
~M~~ plume. y~ ~M/o~r~ que
la Tragédie ne doit pas ~r~ ~Z? ~f~-
tacle qui /OM~ le
3
Qu'importent
~r
G~r~ fans le ~orr~r.
~~c~~
~r~ au
Héros de
ne fervent nous ~/?r~~ ? 0~ d-
que la Comédie du Tarhfe? C~~
~M~~ qu'aucune A~
~r ~~m?~ ~r~
~j~
M~ ~~3
~~c~
on pas effayer~r
f~Wf~ dans toute fa laideur. A~
~j une Tragédie,
cette
A U ROI D E :PRU S S E.
~~3 ~c~~
~r 7~ N~j ~oj
&~
~ro~M~
la
3
des germes capables
~r~ ~~M
jours les Prophétes des Cevennes tuer au
ZW~?~
~0~ Dieu ceux de
~j~~M~?
y~~ l'horreur a été plus loin ~r aucun
y~ c~
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la 3
~y ~y
..L.E .-T~ T :R ;E.'
7~~ D~ 9 r~J
~3 ~fr~
~n?m~ F'
Z~j~~r~
2~c/?~~ ~<?r~6'r~r~3
y~~c~
~VOTRE-. MAJESTE~
~M~ /?
J~
9
Tragédie ~~?~ ~~j M~
C/0% J~(/3 M~
A~?<9r~~ ~f~y~r~M~
p~ ~rc~~ ~M~ que ~'r~~
Scïde ~o~ ~/M%
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~r~ r~~r:
Mezéray r~p-
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r~ ~M~Rom
p~r~3 ~M~ Melua
~o~r ~M-
0~ yn~~
Di~z~
~c~j
Allemagne.~
~M~ ~~r Luther. Barthélémi
piax3 ~pr~ R orne ~r~ ~?-
?9~ ~M ~M~~ Luther ~Fr~ocibr~
P~
A U ROI D E P RU S S EL
~<?
Barthéicmi
Diax risqupit: beaucoup par cette adion;
mais que rien n'ébranle un homme d'hon-
~r?
~3.
peur quand la probité le conduit.
~?y~ ~r
~rn~3
Religion qui
~c~ p~y~~
non
~g
~j~
probité
~r~ au ~rr~~?
ces~j
Et on ne ~W~~r~
Ce font ~J
~~r~~j ?
~o~j
m~~ le
~o~
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~û~ ~2-
~r~.
Etende iirme con el exempb de nuef-
o
j~n~~ F~~ 9
Z~ ~~?~ Henn HL ~~<9~
Grand Duc de
~~r~3 ~M
~?
~~r.
Gni~e
~r
y~
~~V~j~Fanaciime.
~m~~
%o~~ Sheph~d~
George I.
~/M-
Angjeterrc~
j~
6~~ ~r-
À U R 0 î D E PR US SE.
~r~?
s
CW~M~M~
She~erd?~0~ la même Religion
Roi. On eut pitié ~~j~M~3
<3~r~ ~r~~ 3 on le y~~ 7o~
~r~~
~M~ ~o~ ~r~
toujours 4
valoit mieux obéir à Dieu ~y ~0~
le premier
3 ~M~~
~W~~ ~r~3
3 ~r0~ tuer y~
j~o~
Prince.
~x~W~~r.
obligé de
~?r<? qu'on défefpéroit
direque quiconque a un peu
N'~7~ 3
les ~mm~ voir quelquefois ~m-
~r~r
~n? ~c~.
on efl ~r~
~~r~ ~f~~j
~r~
Que de
la Na-
ont
~r~2~
que de
F~r~ ~0~r/7~M~ i~~r~~r
y~ ~M des exemples dans
plus d'une
Si 7~ Superâltion 'fe
jours par ces excès qui /o~ ~~p~~ ~7~
~m~
~0~
<?/?~ dans la So-
~?~.
tous les petits ~2~'
~M~ quelle
les ~Mj elle Parens; elle
~M ~~o~ bien,
LETTRE
j~r main du Fou qui
ne donne pas toujours de la Socrate~
elle bannit Descartes d'une ~7~ lui
mais
~o~ être
Juricu, ~3
Liberté; elle donne
.nadîme
~r~
~r
Jon Trd~~ d'un ~c~ le plus <?~~ Fa-
3
encore Autels de l'au-
O~r~T~rc~r~ ~3 donnant
trop à mon zéle, commettre dans cet-
te jPF~ un ~y~ Mahomet: dont en
ne fut point coupable.
~r. C~~ Boulainvilliers ~n~~
AU ItOI DE'PRUSSË.
~3 Fr~p~
/<!?j~~ ~~r~f
~r~Nc~ Pro~F~ ~~c~
~r
~r.
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on le dit de Thésée,
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FANATISME,
0 U
MAHOMET
LE PROPHETE,
T G 2?' D jf E.
c y s &
®
MAHOMET.
ZOPIRE, Ssheîch on Schërif de la Méque,
0 M A. R Lieutenant de Mahomet
SE'IDE,
PALMIRE,
-11.1. 'f
j~teuf
~Eiciaves de Mahomet.
P z.H A N 0 R, de la Méque.
TROUPE de Méquois.
TROUPE de Mnïtïlmans.
~g~
L E.
FANATISME,
U
MAHOMET
0
L E P R 0 P PI E T Ë,
T G JE' Z) f jE.
ACTE PREMIER.
®
SCENE PREMIERE.
Z 0 P 1 PLE:, P H A N 0 R.W'
Z 0 P 1 R E.
~!<"S!~Ui moi baiSër tes yeux devant fes faux
0 prodiges
~Bg Moi de ce Fanatique encenser les pref-
tiges?g
L'honorer dans la Mëque âpres l'avoir banni?
Non! Que des juttes Dieux Zopire Mt puni,
Si tu voiscette main, jusqu'ici libre & pure,
Carener la révolte & Hâter l'impolture'i
A 2 P H A<
PHAN OR.
Nous chénûons en vous ce zéle paternel
Du Chef augure & faint du Sénat d'Umaeî $
Mais ce zéle eft funeAc~ & tant de réu&ances
Sans laOer Mahomet, irrite fa vengeance.
Contre les attencacs vous pouviez autrefois
Lever impunément le fer facré des Loix,
Et des embraiemens d'une guerre immortelle
Etouffer fous vos pieds la premiére étincelle..
Mahomet citoyen ne parut à vos yeux
Qu'un Novateur bMcur, un vil Séditieux:
Aujourd'hui c'eii: un Prince; il triomphe, il domine
Jm~~eur à la Méque & Prophète a Médine,
II fait faire adorer à trente Nations
Tous ces mêmes forfaits qu'ici nous détenons.
Que dis-je? en ces murs même une troupe ëgarëe~
J
Des poifons de l'Erreur avec zéle enivrée~
De fes miracles faux fbutient rilluûon,
J
Répond le fanatisme & la iedition
Appelle fon Armée, & croit qu'un Dieu terrible
L'inspire le conduit, & le rend invincible.
Tous nos vrais Citoyens avec vous fbnc uni~
VJ>.iu.o;; ,~v" r arm~~ ~vuweat'a~u~®
Mais
Mais les meilleurs conicils lont-us toujours fui vis?
L'amour des nouveautés, le faux zéle~ !a craince~
= De la Méque aiïarmée ont désolé l'enceinte;
Et ce Peuple, en tout tems chargé de vos bienfaits,
Crie encor à fbn Père & demande la pai~.
k
Z 0 P 1 R E.
La paix avec ce Traire Ah Peuples ians courage
N'en attendez jamais qu'un horrible efclavage:
Allez, portez en pompe & fervez à genoux
L'Idole dont !e poids va vous ëcrafër tous!
Moi, je garde à ce Fourbe une haine ëterne!!e;
De mon cœur ulcéré la playe e~ trop crueUe;
Lui-même a contre moi trop de reïïentimens~
Le cruel fit périr ma femme mes enfans;
Et moi jufqu'en fon Camp j'a~ porté le carnage
La mort de fon fils même honora mon courage
Les nambeau~ de la haine entre nous allumés
Jamais des mains du Tems ne feront coniumds.
.ï
P H A N 0 R.
Ne les éteignez point; mais cachez-en la Hame;
Immolez ~n Public les douleurs de votre ame.
Quand vous verrez ces lieux par fes mains ravagés~
Vos malheureux enfans feront-ils mieux vengés?
Vous avez tout perdu fils, frère, époufe, 6!Ie;
Ne perdez point: l'Etat: c'e~-là votre famille~
Z 0 P 1 R E.
On ne perd les Etats que par timidité.
P H A N 0 R.
On pérît quelquefois par trop de fermeté.
Z 0 P 1 R E.
PérHIbns, s'il le faut.
P H A N 0 R.
Ah quel trifte courage
Vous fait fi près du port expofer au naufrage 9
Le de!, vous le voyez, a remis en vos main~
De~bi fléchir ençor ce Tyran dés humains.
Cette jeune Palmire en fes Camps élevée
Dans vos derniers combats par vos mains enlevée j,
Semble un Ange de Paix descendu parmi nous,
Qui peut de Mahomet appai~er Ïe courroux.
Déjà par fes Hérauts il l'a redemandée.
Z 0 P 1 R E.
Tu veux qu'à ce Barbare elle ibit accordée ? s~
~<@~@~~<<@~
SCENE ML
ZOPIRE, PALMIRE, PHANOR,.
ZOPIRE.
\~Uc voulez-vous, Phanor?
P
T\ H
TT n1\ N 0 R.
Aux portes de la Vi!îe.
D'o~
î)'oh l'on voit de Moab la Campagne fertile,
Omare~ arrivé.
2; (3 P 1 R E.
Qui? ce~rouche Omaf?
Que l'erreur aujourd'hui conduit après fon Char,9
Qui combattit longtems le Tyran qu'il adore,
Qui vengea fon Pays ?
P H A N 0 R.
Peut-être il l'aime encore.
Moins terrible à nos yeux, 9 cet infolent Guerrier,
Portant entre ~es mains le glaive & roliviei-as
De la Paix à nos Chefs a préienté le gage.
On lui parle, il demande, il reçoit un Otage.
Séide eft avec lui.
PALMIRE.
Grands Dieux, deftin plus doux'
Quoi!Sëidc9
P H A N 0 R.
Om ar vient, il s'avance vers vous.
2 0 P 1 R E.
Il le faut écouter. AUcz, jeune Palmire.
Palmire fort.
Omar
Omar devant mes yeux i qu'oferà-t-il me dire?
0 Dieux de mon Pays, qui depuis trois mi!Ic ans
Protégiez d'Ifmael les généreux enfans
Soleil, Sacrés Flambeaux, qui dans votre carrière~
Images de ces Dieux j nous prêtez leur lumière~
Voyez & foutenez la juftc fermeté
Que j'oppofai toujours contre l'iniquité.
~@~<@~<@~<@~'S<@~
SCENE t V.
ZOPIRE, OMAR, PHANOR, Suite.
ZOPIRË.
T?H bien, après fix ans tu revois ta Patrie,
-m
Que ton bras défendit, que ton coeur a trahie.
Ces niurs font encor pleins de tes premiers exploits.
Déserteur de nos Dieux, défërteur de nos Loixj,
Perfécuteur nouveau de cette Cité fainte~
D'où vient que ton audace en profane l'enceinte?
Minore d'un Brigand qu'on duc exterminer~
Parle; que me veux-tu?
0 M A R.
Je veux te pardonner.
Ls
Le Prophète d'un Dieu, par pitié pour ton âgc~
Pour tes malheurs paffés, fur-tout pour ton courage
Te préfente une main qui pouvoit t'écrafer
Et j'apporte la Paix qu'il daigne proposer.
Z 0 P 'I R E.
Un vil Séditieux prétend avec audace
Nous accorder la paix, & non demander grâce!
souffrirez vous, grands Dieux! qu'au gré de fes
forfaits
Mahomet nous raviûe ou nous rende la paix ?
Et vous, qui vous chargez des volontés d'un Traître
Ne rougiflëz-vous point de iervir un tel Maître?
Ne ravez~vous pas vu 3 fans honneur & fans biens,
y
Ramper au dernier rang des derniers Citoyens?
Qu'alors il ëtoit loin de tant de renommée î
0 M A R.
A tes viles grandeurs ton ame accoutumée
Juge ainS du mérite, & péfe les humains
Au poids que la Fortune avoit mis dans tes m~îss.
Ne fais-tu pas encore, homme faible & fuperbe~
Que rinfede inienilMe, enIeveU ions l'herbe~
y
Et l'Aigle impérieux ) qui plane au haut du Cie!~
Rentrent dans le néant aux yeux de l'Eternel ?
Les mortels font égauxce n'eft point la naiHance~
C'efi: la ieuîe vertu qui fait leur diiFcrence.
Il eH de ces Efprits favorifës des Cieux j
Qui font tout par eux-mêmes, & rien par leurs Aieux.
Tel elt l'homme en un mot que j'ai choiH pour
Maître.
Lui feul dans FUnivcrs a mél'icé de Fecre.
Tout mortel à fa Loi doit un jour obéir,
Et j'ai donné l'exemple aux Siècles à venir.
Z 0 PIRE.
Jeteconnois; Omar; envain ta politique
Vient: m'ëtaler ici ce tableau fanatique;
Envaintupeuxaineurs ëblouïrieseiprits,
Ce que ton Peuple adore excite mes nîëpris.
Bannis toute impofture, & d'un coup d'œilplu§fag@
Regarde ce Prophète à qui tu rends hommage.
Voi l'homme en Mahomet; conçoi par quel degré
Tu fais monter aux Cieux ton Fantôme adoré.
Encoufla~e ou fourbe, il faut ceffer de l'être;
Sers-toi de ta raifon, juge avec moi ton Ma~re.
Ta verras de Chameaux un grofHcr Condu~eur~
Chez fa première époufe infolent impoAeur,
Qui fous le vain appas d'un fonge ridicule
Des plus vils des humains tente la foi crédule.
Comme un Séditieux à mes pieds amené,
Par quarante Vieillards à l'exil condamne;
Trop leger châtiment qui l'enhardi au crime,
De caverne en caverne il fuit avec Fatime.
Ses Difciples errans de Cités en Dëferts~
Proferits, perfécutés, bannis) charges de fers,
Fromëneo!: leur fureur qu'ils appellent: divine,
De leurs venins bientôt ils infc<3:enc Mëdioe.
Toi-même alors toi-même, ëcoutantIaRaifbn~
Tu voulus dans fa fource arrêter le poison
Je te vis plus heureux, & plus ju&e & plus brave
Attaquer le Tyran dont je te vois l'Enclave.
S'il eft un vrai Prophète ofas-M !e punir?
S'il eft un Impofteur~ o~cs tu le fervir ?
0 M A R.
Je voulus le punir, quand mon peu de lumière
Méconnut ce Grand-Homme entré dans la carrière.
Mais enfin quand yai vn que Mahomet eft né
Pour changer l'Univers à fes pieds concerné;
Quand mes yeux éclairés du feu de fon génie
Le virent s'élever dans fa courfe infinie,
Eloquent, intrépide, admirable en tout lieu
Agir, parler, punir ou pardonner en Dieu
j'aûcciai ma vie à fes travaux immenfes;
Des Trônes, des Autels, en font les récompenîëg.
Je fus, je te l'avoue, aveugle comme toi,
Ouvre les yeux, Zopire, & change ainfi que moi.
Et fans plus me vanter les fureurs de ton zéle,
Ta perfécution, fi vaine & fi cruelle,
Nos frëres géminans, notre Dieu blafphëmé~
Tombe aux pieds d'un Héros par toi-même opprima
Vien baifer cette main qui porte le tonnerre.
Tu me vois après lui le premier de la Terre.
Le po~e qui te re~e eft encor anëz beau,
Pour fléchir noblement fous ce Maître nouveau,
Voi ce que nous étions, & voi ce que nous fbmmes<.
Le Peuple aveugle & faible eft né pour les Grands"
Hommes,
Pour admirer, pour croire, & pour nous obéir.
Vien régner avec nous, fi tu crains de iervir;
Partage
Partage nos grandeurs au-lieu de c'y ibuitraire;
Et las de l'imiter, fais trembler le Vulgaire.
0 PI R EL
Z
Ce n'eA qu'à Mahomet à fes pareils, à toi
It
Que je prëceps, Omar~ infpirer quelque eSroi.
Tu veux que du Sénat le Schérif infidelle
Encenfe un Impo~eur~ & couronne un Rebelle
Je ne te nierai point que ce fier Sédu~eur
N'aie beaucoup de prudence, & beaucoup de vaisur.
je connois comme toi~ les talens de ton Maîcre~
S'il étoit vertueux, c'eft un Héros peuc être.
Mais ce Héros, Omar~ e~: un traître, un crueî~
Et de tous les Tyrans c'eft le plus crimiocL
Cène de m'annoncer fa trompeufe clémence~
Le grand ar6 qu'il ponëde eft rart de Iavengeance<
Dans le cours de la guerre un funefte deftin
Le priva de fon fils, que fit périr ma main. `
~-ui? Mahomet
0 M A R.
Lui-même~ il t'en conjure.
Z 0 P 1 R E.
Traître~3
Si de ces lieux facrésj'étois l'unique Maître
s
C'eH en te puniffant que j'aurois répondu.
0 M A R.
Zopire, j'ai pitié de ta faune vertu.
Mais puisqu'un viï Sénat infolemment partage
De ton Gouvernement: le fragile avantage
Puisqu'il règne avec toi, je cours m'y présenter.
Z 0 P 1 R JE.
Je t'y fuis nous verrons qui l'on doit écouter.
Je défendrai mes Loix, mes Dieux & ma Patrie.
Viens-y contre ma voix prêter ta voix impie
~u Dieu perfecuté, effroi du Genre-Humain,
Qu'un Fourbe ofe annoncer les armes à la main.
~? Phanor.
du ~f~~Mf
ACTE SECOND.
s C E N E t.
S E' 1 I) E, P .A I. M 1 R E.
PAL MIRE.
~Ans ma prifbn cruelle eft-ce un Dieu qui
te guide?
)Mes maux Ibnt-ils 6nis?jc te rcvois~Sëideî
S E'IDE.
0 charme de ma vie, & de tous mes malheurs,
Palmire, unique objet, qui m'as couté des pleurs,
Depuis ce jour de iang~ qu'un Ennemi barbare,
Près des Camps du Prophète, aux bords du Saibarc
$
Vint arracher fa proye à mes bras tout Iang!ans~s
Qu'étendu loin dc~toi fur des corps expirans,
Mes cris mai entendus fur cette infame rive
Invoquérent la mort fourde à ma voix plaintive
0 ma chère Palmire, en quel gouffre d'horreur
Tes périls & ma perte ont abîmé mon cœur!
Que mes feux, que ma crainte & mon impatience
Accu~bient la lenteur des jours de la vengeance~
Que je hâtois l'aiïaut fi longtems diN'ëré,
Cette heure de carnage, oh de fang enivré
Je devois de mes mains bruler la Ville impie
Oh Palmire a pleuré fa liberté ravie!
Enfin, de Mahomet les fublimes dei~ëios~
Que n'o~e aprofondir Fhumbleefprk des Humaine
Ont fait entrer Qmar en ce lieu d'efc!avage
Je Faprens & j'y vole. On demande un étage
J'entre je me prëfente, on accepte ma foi
Et je me rends captif, ou je meurs avec toj<
PAL M 1R K
au moment même, avant que ta prëfence
i1,i¡
Séide
Vînt de mon défefpoir calmer la violence,
Je me jettois au~ pieds de mon fier Ravijfïëur.
Vous voyez ai-je dit, les Secrets de mon cœur.
Ma vie €~ dans les Camps dont vous m'avez tirée;
Rendez-moi le feul bien dont je fufs fëparëe.
Mes pleurs~ en lui parlant. ont arrofé fes pieds;
Ses refus ont ~ilï mes efprits eih'av6s,
J'ai ienti dans mes yeux la lumiére obfcurcie;
Mon cœur fans mouvement, ûmschatcur&iansvie~
D'aucune ombre d'efpoir n'étoic plus fecouru;
Tout Sninbic pour moi quand Séide a paru.
S E' 1 D E.
Quel eH: donc ce mortel infënGbîe à tes larmes?
P A L M 1 R E.
C'eA Zopire;il lembloit touché de mes allarmcs:i
Mais le cruel en6n vient de me dëciarcr,
Que de? lieux où je fuis rien ne peut me tirer.
S E' 1 D E.
Le barbare fe trompe; & Mahomet mon Maîcre~
t
Et l'invincible Qmar~ ton Amant peut-être~
(Car j'ofe me nommer après ces noms famcu~
PardoBne à ton Amant cet efpoir orgueiUeux)
Nous briferons ta chaîne & tarirons tes larmes.
Le Dieu de Mahomet protecteur de nos armes~
Le Dieu dont j'ai porté les facrés Etendarts,
Le Dieu qui de Médine a détruit les remparts~
Renverfera la Méque à nos pieds abattue.
Omar eft dans la Vi!!e, & le Peuple à fa vue
N'a point ~iit éclater ce trouble & cette horreurs
$
Qa'iafpirc aux ennemis un Ennemi vainqueur.
Au nom de Mahomet un grand defïcin l'amené.
P A LM 1 R E.
Mahomet nous chéri!: il brifëroi!: ma chaîne
Il uniroit nos coeurs; nos cœurs lui font oifercs;
Mais il eft loin de nous, & nous fommes aux fers.
1~
SCENE IL
PAL MIRE, SE'IDE, OMAR.
0 MA R.
V7 Os fers feront brifës~ fbyez pleins d'eipérancc
Le Ciel vous favorise9 & Mahomet s'avance.
SE' ID E.
Lui?
P A L M IR E.
Notre augure Përe!
0 M A R.
Au Cocieil afïembié
L'E(prk de Mahomet par ma bouche a parle.
Ce Favori du Dieu qui protide aux Bacailies~
Ce Grand-Hommes ai-je die, e~ Dé dans vos
murailles.
,3 I!
II s'eft rendu des Rois le Maître & le Soutien~
“ Et vous lui refufez le rang de Citoyen~
Vient-il vous enchaîner, vous perdre, vous dé-
9,
truire ?
II vient vous protéger, mais Surtout vous inflruire.
Il vient dans vos coeurs même établir fon pou.
voir
Plus d'un Juge à ma voix a paru s'émouvoir;
Les efprits s'ébranloient; l'inflexible Zopire,
J
Qui craint' de ia Raifon l'inévitable empire~
Veut convoquer le Peuple & s'en faire un appui.
On l'anemble, j'y cours, & j'arrive avec lui.
Je parle aux Citoyens, j'intimide, j'exhorte,
'Tt.'y
Nous faifons retentir à ce Peuple agité
Les noms facrés de Dieu, de Paix, de Liberté;
De Zopire éperdu la Cabale imputante
Vomit envain les feux de fa rage expirante.
Au milieu de leurs cris, le front calme & ferait
Mahomet marche en Maître & l'Olive à la main
La Trêve eft publiée, & le voici lui-même.
~<@~~<@~~<@~~<@~~<@~~
S C E N E 111.
MAHOMET, OMAR, ALI, HERCIDE,
SE'IDE PALMIRE, Suite.
2
M A H 0 M E T.
irNvineibles foutiens de mon Pouvoir iuprême
'Noble & fublime Ali, Morad, Hercidc, Ammon 9
Retournez vers ce Peuple, infh'uifez-Jeen mon nom.
Promettez, menacez, que l,a VërKë régne;
Qu'on adore mon Dieu, mais lurtouc qu'on ic
craigne.
Vous; SëMe, en ces lieux t
S E' 1 D E.
0 mon P~'e~o mbu Rois
Le
Le Dieu qui vous infpire a marché devant moi!
Prêt à mourir pour vous, prêt: à tout entreprendre
t
J'ai prévenu votre ordre.
MAHOMET.
Il eue falu l'attendre.
Qui fait plus qu'il ne doit, ne fait point me fërvir.
j'obéis mon Dieu; vous, fâchez m'obéir.
P II. t
ri A L M t bR E.
«K 9 1 U
<@M<@~~<@M<<@~<@~
S C E N E 1 V.
MAHOMET, 0 M A R.
MAHOMET.
~T~Oi reâe brave Omar; il eft tems que mon cœur
De fes derniers replis t'ouvre la profondeur.
D'un uëge encor douteux la lenteur ordinaire
Peut retarder ma courte & borner ma carrière
Ne donnons point le tems aux mortels détrompés
De raturer leurs yeux de tant d'éclat frappes.
Les Préjugés~ Ami, font les Rois du Vulgaire.
Tu connois quel Oracle, ,& quel Bruit populaire
Ont promis l'Univers à l'Envoyé d'un Dieu,
Qui, reçu dans la Méque& vainqueur en tout lieu
Entreroit dans ces Murs en écartant la guerre;
Je viens mettre à pro6t les erreurs de la Terre.
Mais tandis que les miens par de nouveaux efforts
De ce Peuple inconRant font mouvoir les reilbrts.
De quel œit revois-tu Palmire avec Séide?
O M A R.
Parmi tous ces Enfans enlevés par Hercide.,
Qui~ formés fous ton Joug & nourris dans ta Loi,
N'ont de Dieu que le tien, n'ont de Përe que toi;
Aucun ne te fervit avec moins de fcrupule,
N'eut un cœur plus docile, un efprit plus crédule;
De tous tes Mufuîmans ce font les plus fournis.
M A H 0 ME T.
Cher Omar~ je n'ai point de plus grands ennemis.
Ils s'aiment; c'cfi: allez.
0 M A R.
Blâmes.tu leurs teodrefïes?
A H OMET.
M
Ah! connois mes fureurs, & toutes mesfaibleilës.
0 M AR.
Comment?
MAHOMET.
Tu ~ais aûez quel iendment vainqueuï
Parmi mes panions rëgnc au fond de mon cœur.
Chargé du foin du Monde, environne d'a!Iarmes§
Je porte l'Encenfoir & le Sceptre & les Armes;
Ma vie eft un combat, & ma frugalité
~Hervic la nature à mon au~éricé.
J'ai banni loin de moi cette liqueur traîtrcne~
Qui 'nourrit des humains la brutale molleffe;
Dans des Sables brulans, iur des Rochers dëlerts~
Je fupporce-avec toi l'inclémence des airs.
L'amour feul me comble: il efi: ma récompenser
L'objet de mes travaux, l'Idole que j'encense
Le Dieu de Mahomet; & cette paHloo
Eft égale aux fureurs de mon ambition.
Je préfère en fecret Palmire à mes Epoufss<
Conçois-cu bien Fexcès de mes fureurs jaloufes,
j,
Quand Palmire à mes pieds, par un aveu fatal,
Infulte à Mahomet & lui donne un rival?
0 M A R.
Et tu n'es pas venge?
MAHOMET.
Juge fi je dois l~etre~
Pour !e mieux détefier aprens à le connaître.
De mes deux ennemis aprens tous les forfaits:
Tous deux Ibnc nés ici du Tyran que je hais<
CM A R,
Quoi Zopipe eft leur Père ?
'M'A H~M ET.
Hercidë en ma puiflance
Rei~î~ depuis quinze ans Ïeu~ malheureuife enfance.
.&C..E-N'E. V.
Z"d~ rR Ë/ M H ô ME T.
lYl
Z OPI R"E.
H quel fardeau cruel à ma doreur profonde!
""Moi~ recevoir ici cet Ennemi du Monde!
M A H 0 M E T.
~proche& puisqu'en&i îeCiel veut cous umfg
Voi Mahomet fans crainte,3 &: parle fans rougît
ZOPIRE.
Je rougis pour toi ieul, pour toi dont l'artifice
A traîné ta Patrie au bord du précipice~
Pour toi de qui !a main ieme ici les forfaits
9
Ec fait naîcre la Guerre au milieu de la Paix.
Ton nom feul parmi nous divife les familles
Les époux, les parens, les mëres & les filles;
Et la Trêve pour toi n'eA qu'un moyen nouveau
Pour venir dans nos cœurs enfoncer le couteau.
La discorde civile eft par-tout fur ta trace;
~HemMage inouï de menibnge & d'audace,
Tyran de ton Païs, eA-cc ainS qu'en ce lieu
Tu viens donner la Paix,& m'annoncer un Dieuî
MAHOMET
Si j'avois à répondre à d'autres qu'à Zopire,
Je ne ferois parler que le Dieu qui m'inspire.
Le Glaive &: l'Alcoran dans mes fanglantes mains
Impoferoient filence au refte des humains~
Ma voix feroit fur eux les ei~ts du tosserre.
Et je verrois leurs fronts attaches à la terre.
Mais je te parle en homme; & fans, rien dëguife~
Je me fens allez grand pour ne pas t'abuier.
Voi quel eft Mahomet; nous fommes feu Is 9 écoute~
Je fuis ambitieux, tout homme l'eA fans doute;
Mais jamais Roi, Pontife, ou Chef) ou Citoyen,
Ne conçut un Projet auHi grand que le mies.
Chaque Peuple à fon tour a brillé fur la Terre
par les Loix, par les Arts, & fur-tout par la Guerres
Le tems de l'Arabie eii à la fin venu.
Ce Peuple généreux~ trop long-terne inconnu,
Làinbit dans fes Dclerts enfévelir la gloire;
Voici les jours nouveaux marques pour la vi~oire.
Voi du Nord au Midi l'Univers défb!é,
La Perfe encor langlantc, fon Trône ébranlé;
L'Inde efclave & timide, & l'Egypte abaiilëe~
Des Murs de ConHantin la fplendeur éclipfëe;
Voi l'Empire Romain. tombant de toutes parts
Ce grand Corps déchiré, dont les membre~ épars
Languirent diiperfës fans honneur & fans vie;
Sur ces débris du Monde élevons l'Arabie.
II faut un nouveau Culte, il faut de nouveaux fers;
Il faut un nouveau Dieu pour l'aveugle Univers.
jEnEgypt.eOzms, ZoToaAreèn-Aue,
Chez les Cretois Minos~ Numa dans FItaîie~
.A des Peuples (ans mœurs, & fans culte & fans Roi~
Donnërenfaifemëntd'infufnfantesLoix.
Je viens après mille ans changer ces Loix groSiëres*
j'apporte un joug plus noble aux Nations entières
J'abolis !cs faax Dieux, & mon Culte épuré
De ma grandeur naiffante eft le premier degrë~
Ne me reproche point de tromper ma Patrie y
Je détruis fa fai-bleffe & Ion idolatrie.
Sous un Roi, fous un Dieu, je viens la ré~nif§
Se pour la rendre illuûrc il la faut aUbj-vir.
Z 0 P 1 R E.
Voilà donc tes dépeins !c'en: donc toi dont l'audace
De la Terre à ton grë prëcend changer la face1
Tu veux, en apportant le carnage & reHroi~
Commander aux humains de penfer comme toi~
Tu ravages le Monde, & tu prëtens rinfh'uire?
Ah! par des erreurs il s'eft laiflë induire
fi
Si la nuic du Menfbnge a pu nous égarer,
Par quels lambeaux afh'cux veux-LU nousëcisirer~
droit as-tu reçu d'enfeigner, de prédire:~
Quel
De porter l'Enccû~bir & d'affcder l'Empire?
I-
M A H 0 MET. e
Z 0 P 1 R E.
®
MAHOMET. e
P
Z 0 P IR E.
Moi~ j6 puis les faufër! à quel prix? à quel titre?
Fauc.'il donner mon fang? faut-il porter leurs fcrs~
M A HO M E T.
Non. Mais il fauc m'aider à dpmptcr l'Univers.
faut rendre la Méque~, abandonner ton Temple;.9
De la crédulité donner à tous l'exemple:®
Annoncer l'Alcoran aux Peuples eifrayés,
Me fervir en Prophète, & tomber à mes pieds ?
Js te rendrai ton fils, & je ferai ton gendre,
Z0 P 1 R E.
Mahomet je tuis Père, & je porte un cœur cendre.
Apres quinze ans d'ennuis retrouver mes enfans,
&
Les revoir, mourir dans leurs embraÛ'ëmens;
C'eH: le premier des biens pour mon ame attendrie.
Mais s'il faut à ton Culte anërvir ma Patrie~
Ou de nîa propre main les immoler tous deux;
teux..
Connoi-moi~ Mahomet
Adieu~
mon choix n'e~ pas <3ou~
M A H 0 M E T.
Fier Citoyen, Vieillard inexorable
~<<<@~~<
Je ferai plus que to~, cruel impitoyable!
S C E N E: VL
M A H 0 M E T, 0 M A PL
0 M A I!.
MAHOMET.
H fautpourtant lui plaire,
Et j'ai befoin d'un bras, qui par ma voix conduit
Soit feul chargé du meurtre, & m'en laiHë le frqit..
Q M A R,
Pour un tel attentat je répons de S~de.
MAHOMET.
De lui?
0 M A R.
C'efi: rinfhument d'un pareil homicide.
Otage de Zopire~ il peut feul aujourd'hBi
'd- ~i~~7b?~
L'abor'
L'aborder en fecret, & ce vanger de îu~
Tes autres Favoris zélés avec prudence,
Pour s~xpofër à tout onc trop d'expérience
Ils font tous dans cet ~ge où la mainri~c
Fait tomber le bandeau de la crëduJitë.
Il faut un cœur plus fimple, aveug!c avec courage
1
0
Un efprit amoureux de fon propre esclavage.,
La jeuncHe eft le tems de ces illuGons
Séide eft tout en proyc aux fuperfUtions;
C'eil un Lion docile à M voix qui le guide.
M A Ii OMET.
Le frère de Pa!mire ?
M A R.
®
Oui,Iu~mcmc.Oui;Sëide~
De ton :6cr ennemi le fils audacîeuxy
~M A H 0 M'E T~
De Ion Maître offenfé riva! înceftueux.
~~Md
ACTE TROISIE'ME<
S C E N E I.
S E' 1 D E, P A t. M 1 R E..
.P A L M 1 R H.
Emeure. Quel eA donc ce fecret:Sacri~ce ?
Quel fang a demande FëtemeMe JufUce?
Ne m'abandonne pas.
SE'IDE,
Dieu daigne m'apeHer.
®
SE' 1 D E.
Croira!"je que Zopire ait un cœur C perfide!
Ce matin comme otage à fes yeux préfenté,
Jadmirois fa nobleffe & Ion humanité.
Je fentois qu'en fecret une force inconnue,
Enlevoit jurqu'à lui mon ame prévenue.
Soitreipec!: pour fon nom, foit qu'un dehors heureux
Me cachât de fon cœur les replis dangereux;
Soit que dans ces momens ou je t'ai rencontrée,
Mon ame toute entière à fon bonheur livrée,
Oubliant fes douleurs, châtiant tout effroi,
&
dcn/a
Sans la Religion que Mahomet: m'infpire~
J'aurois eu des remords en accusant: Zopire~
SE' 1 DE.
JLaiîIbns ces vains remords, & nous abandonnons
A la voi~ de ce Dieu qu'a l'envi nous iervons.
Je fors. M fauc prëcer ce ferment redoutable
y
Le Dieu qui m'entendra nous fera favorable;
Et le Pontife Roi, qui veille fur nos jours~
Bénira de tes mains de fi chapes amours.
Adieu'. Pour être à toi, je vais tout entreprendra
S C E N E ÎI.
P A L M 1 PL E.
tr~'Un noir preHenMmeRtjc ne prisme défendiez
–~ Cet amour dont l'idée a voie fait mon bonheur,
Ce jour tanc fouhaitë meîembîc un Jour d'horreurt
Quel eft donc ce ferment: qu'on attend de Sëide?
Tout m'eC: fuipccc ici; z~opire m'intimide.
J'invoque Mahomet, & cependant mon cœur
Eprouve à foc nom même une fëcrette horreur.
D~os les profonds rc{pea:s que ce Héros m'infpire~
Je fens que Je le crains prelqu'autànt que Zopire.
Délivre-moi grand Dieu, de ce trouble ou je fuis..
Craintive je te i~rs, aveugle je te luis.
Hë!as! dâfgne eHuyer les pteurs o~ je me noyé.
SC EN E IIL
IIIB
~EH
~i~
P
le
MAHOMET, PALMIRE.
A L M
qu'à mon
vou~ c~ü
vc~~c
envoyé.
1 R
iecours ün
E.
un Dieu propice
a~.t~t~ pr®pi~~
Seigneur. Sauvez Séide.
MAHOMET.
EhqueleftceteS-oi?
Et que craint-on pour lui, quand on exprès de moi?
P AI. Ml R E.
Ô Ciel! vous redoublez la douleur qui m'agite.
Queî prodige inouï! votre âme eft interdite,
Mahomet eft troublé pour la première fois.
MAHOMET.
Je devrois î~tre au: moins du trouble où je vous vois.
EA'ce aiB,6 qu'à mes yeux votre ûmple innocence
Ofe. avouer un ~eu~ qui peut-être m'oirenfë?
Votre cœur a'c-il pu, ians être épouvantée
Avoir un fentiment: que je n'ai pas dia:ë?
Ce çqsur que j'ai formé n'eA-il plus qu'un rebelle,
Ingrat à, mes bienfaits) à mes loix inndcUe ?
Cas
PAL M 1 R E.
Oue dites-vous furprife & tremblante S vos pieds,
P AL M 1 RE,
Depuis ~c jour qu'Hercide
Nous fournit l'un & Faùtre vocre joug facré,
Cet incUnd tout-puinant de nous môme ignoré
Devançant la fai~bn~ croient avec notre âg&,
Du Ciel, qui conduit tout~ fut le fecret ouvrage
Nos panchans,dites-vous,ne viennent que de iu~
Dieu ne &uroit: changer; poùrrbit'il aujourd'hui
Réprouver ua amour que luî'même iï ns naÎM-e?
Ce qui fut innocent: peut-il eeiïer de l'être~
Pourrai-je ocre coupable?
M A HO M E T.
Oui. Vous devez trembler.
Attendez les fecrets que je dois révéler;
e
Attendez que ma voix veuille enfin vous aprendrè
Ce qu'on peut aprouver; ce qu'on doit ie défendre~
~e croyez que moi feul.
P A L M 1 R E.
Eh qui croire que vous?
Enclave de vos loix foumife à vos genoux,
Mon cœur d'un faint refpect ne perd point l'habitude
M A.H OMET.
Trop de re~pec~ fouvent mène à l'ingratitude,
P A L M 1 R E.
Non~ de vos bienfaits je perds le Ibuvenirg3
fi
S CE NE V.
MA H 0 M E T, 0 M A R.
0 M A R.
t~Ma, voici le tems & de ravir Paîmire~
Et d'envahir la Mëque, & de punir Zopirc~
Sa mort ~eu!e ces pieds mettra nos Citoyens;R2
Tout en: defëfpëi'é fi m ne îc préviens.
Le j~I Séide ici te peut fervir fans doute;
Iî voit fouvent Zopire, il Jui parle, il l'écoute.
Tu vois cette retraite & cet obfcur détour,
Qui peut de ton Palais conduire à fon féjour.
Là cette nuit Zopire à les Dieux fascaHiques
Oifre un encens frivole, &: des vœux chimériques.
Là, Séide, enivré du zéle de ta Loi,
J
Va l'immoler au Dieu qui lui parle par toi.
MAHOMET.
1\¡f 1-1 n 1\A' 1; '"r
Ã
s
SC E N E VI.
MAHOMET, OMAR, SE'IDE.
M A M 0 M E T.
'v~Nfant d'un Dieu qui parle à vocre cœur~
Ecoutez par ma voix fa vûîonte Suprême;
Jl tant: vanger ibn Culteil fauE vangcrDieumôma,
S Ë' 1 D E.
Roi Poûtif6 & Prophète à qui je ~s voué
s
Maîcre des Nations par le Ciel avouer
Vous avez fur mon être use en~ërepUinancc;
Eclairez leulemcnt ma dociîe ighoràBee~
~o mo!-te! vaDgeB Dieu
M A H (3 M E T.
C'eit par-vos faibles mains
Qu'il veut épouvanter les profanes humains.
S E:' IDE.
Ah! fans doute ce Dieu, dont vous êtes l'image~
9
Va d'un combat ilïu~rc honorer mon courage.
M A H OMET.
Faites ce qu'il ordonne, il
,I-M.'A, '&.
n'e~ point d'autre
.4 1'&& &.fI.
"W'£otIt > ho:ï"
011'
neur.
De fes Décrets divins aveugle Exécuteur,
Adorez, & frappez; vos mains feront armées
w .S
Par l'Ange de la Mort & le Dieu des Armées.
E' 1 DE.
DeZopire.
Le tang du plus cruel de tous nos ennemis:
S E'ID E.
De lui! quoi mon bras?
M A H OMET.
Téméraire 1
f
Tien ton coeur innocent dXQ~ îe pié~e engagé.
Je
Je pardonne aux erreurs où Mahomet t'entraîne.
Mais peux-tu croire un Dieu qui commande haine?
S E'I DE.
Ah' je fens qu'à ce Dieu je vais defbbëir;
Non ? Seigneur, non mon cœur ne fauroit vous haïr.
Z 0 P 1 R E.
Hélas! plus je lui parle & plus il m'intéreife
J
Son âge; fa candeur, ontfurpris ma tendrëne.
Se peut-il qu'un Soldat de ce Montre impofteur
Ait trouvé, malgré lui, le chemin de mon cœurî
Quel es-tu? de quel fang les Dieux t'ont-ils fait
naître ?
S E' 1 DE.
Je n'ai point de parens Seigneur, je n'ai qu'un
Maître,
Que jufqu~â ce moment j'avois toujours fervi,
Mais qu'en vous écoutant ma faibleffe a trahL
Z 0 P 1 R E.
QuoU tu ne connois point de qui tu tisn~s la vie.?
S E' 1 D E.
Son Camp fut mes berceau~ Ibs Temple e~ ma
patric.
Je
n'en connoi$ point d'autre ;& parmi ces enfant
j.e
Qu'en tribut mon Maître on oifre tous les ans~
Nu! n'a plus que Séide éprouve fa clémence.
E.
Z 0 P 1 R
Jencpuis!cb!âmerdeiareeonnoIiÏance.
Oui, les bienfaits Sëide, ont des droits fur un cœuf«
Oci! pourquoi Mahomet fut: = il fon bienfaiceur?
11t'a fervi de Pére~ aufn.bien qu'à Palmire~
D'ou vient que tu frémis, & que ton cœur fbupire ?
Tu dëcournes de moi ton regard ëgarë~
De quelque gra~d remords tu Semblés dëchiré*
S E' 1 D E<
ZQ.
ZOPIR E.
cernes-foi dans mes mains, tremble, H eu bala~cea;
Pour la defmere fois, vicn, ton fort en dépend.
'ê<ë~<ë~~@~<@M<@~
,S C E N E, ÏX “
t
ZOPIRE, SE~DE, OMAR, Sùi~
OMAR~s~c~?'ec~ï~MM.
JL Raî~rc~ que faites-vous? Mahomet vousa~ehd.
S E' 1 I) E.
Ohfuis-je ? ô Cîeî oh luis-je~ & que dois-je rëfbudre~
D'un & d'autî's côcé je vois comber la. foudre.
Ôh courir ? ou porter uû tj'ouMe ë cruel
Oufui~
ÔMAR.
Aux pieds du Roi qu'a choi~ l'EterheL
S E' IDE.
t3ui~ j'y cours abjurer un ferment: que j'abliorre4
SCENE X.
2: 0 P I R E, P H A N 0 R.
Z OPIR E.
A H! Sëide, oh vas-tu? mais il me fuit encore.
H fort defe~péyé~ frappé ~un Nombre eNro!;
S CE NE XI.
ZOPIRE, PHANOR.
PU AN 0 R.
JLnez ceBillet importante
Qu'un Arabe en fecret m'a donné dans Finûan~
Z 0 P IR E.
Hercide qu'ai.je lu ? Grands Dieux votre clémence
Répare-c-eHe enim fixante ans de Ibuifrance?
He<
Her~de veut me voirlui dont le bras cruel
Arracha m.s enfans à ce fcin paternel.
J!s vivent! Mahomec les tient fous fa puinance,
Et Sëide Palmire ignorent leur naiûance!
Mes enfans! tendre efpoir~ que je n'oie écouter;
Je fuis trop malheureux, je crains de me ~acer.
Preilentimens Confus, faut-il que je vous croie?
0 mon fan g ou porteT mes larmes & ma joie?
Mon coeur ne peut fuSire à tant de mouvemens;
Je cours, & je iuis prêt d'embraser mes enfans.
Je m~arrête~ j~heutc, & ma douleur craintive
Pfête à la voix du fang une oreille attentive.
A!!on?. Voyons Hcrc~de au milieu de la auie;
Qu'il ~oic fous. cette voûte en fecret introduit
Aux pieds de cet Autel, ou les pleurs de ton Maître
Ont fatigué des Dieux qui s'appaifent peut-être.
Dieux' rendez-moi mes SIs~Dieux! rendez aux vertus
Deux cœurs nës gënéreux, qu'un traître a corrompue
S'ils ne font point à moi, fi tel!e en: ma mitére~
Je les veux adopter, je veux être leur Père.
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ACTE QUATRIE'MR
S C E N E 1.
M A H (3 M E T, 0 M A R.
0 M A R.
iUi~ de ce grand fecret la crame e~ dë~
couverte
) Ta gloire eft endanger, ta tombe eË
entr'ouverte.
Séide obéira, mais avant que ibu cœur,
Raffermi par ta voix, eu!: repris la fureur,
Séide a révë!ë cet horrible myftcre
MAHOMET.
0 Ciel
OMA R.
Hercide Faims il lui tient lieu de père.
MAHOMET.
.Eh bien que penie Hercide ?
OMAR.
(3 M AR.®
Il paroît enrayé
9
Il femble pour Zopire avoir quelque pidé.
M A II 0 M E T.
Hercide cft faible. Ami, le faible eft bientôt traîcrc
Qu'il trembler! efi chargé du fecret de fon Maître.
je !ai comme on écarte un témoin dangereux.
Suis je en tout obëi ?
0 M A R.
J'ai fait ce que tu veux.
MAHOMET.
Préparons donc le re~c.II faut que dans une heure
On nous crame au fuplice, ou que Zopire meure.
S'il meurt tout ce peuple éperdu
c'en eft allez
Adorera mon Dieu qui m'aura défendu.
Voila le premier pas; mais Ctôc que Séide
Aura rougi fes mains de ce grand homicide,
réponds-eu qu'au trépas Séide foit livré P
Réponds tu du poifon qui lui fut prépare ?
0 M A R.
N~eo doute point.
< -a T
M A H 0 M E T.
II faut que nos myâércs fombres
Soient cachés dans la mort, & couverts de fes ombres,
Mais tout prêt à frapper prêt à percer le ~anc
Donc Palmire a tiré la fource de fon fang,
Prends foin de redoubler fon heureufe ignorance.
Epai~inbns la nuit qui voile fa naiiïance~
Pour fon propre intérêt, pour moi pour mon b~n"
heur.
Mon triomphe en tout tems e~ fondé iur l'erreur
Elle nâquit envain de ce fang que j'abhorre.
0~ n'a point de parens alors qu'on les ignore,
Les cris du fang, fa force, & tes impreinons~
i
Des cœurs toujours trompés font les ilIuSons.
La nature à mes yeux n'eit rien que rhabitude
Celle de m'obéir fit fon unique étude,
Je lui tiens lieu de tout. Qu'elle pa~ë en mes bras~
Sur la cendre des fiens qu'elle ne connoit pas,
Son cœur même en fecret, ambUieux peut être~
Sentira quelque orgueil àcaptiver fon Maître.
Mais déjà l'heure aproche où Séide en ces lieux
Doit m'immoler fon Père l'aipe~ ~de ies Di&ux.
Rcd.
Retirons. nous.
0 M .À R.
Tu vois la démarche égarée
De l'ardeur d'obéir fba ame eft dévorée.
SCENE IJ.
~~M r~z~j &
MAHOMET
c~.
mais retires (ic cüte.
Si~'IjJ
OMAR
SE' 1 Ji L
J~
dans le fond.
S E' 1 DE.
i.L
le faut donc remplir ce terrible devoir?
M A II OMET.
Viens, &par d'autres coups afibrons mon pouvoir
~yor~ avec O~ar.
S E' 1 DE
A tout ce qu'ils m'ont dit je n'ai rien à répondre.
Un mot de Mahomet fufHc pour me confondre.
Mais quand il m'accabloit de cette fainte horreur
9
La periuaRoh n'a poîd rempli mon cœur.
Si le Ciel a parlée j'obéirai fans doute.
Mais quelle obëiûance! ô Ciel, & qu'il ça conte!
S C E N E IIL
S E' 1 D E, P A L M 1 R E, L
S<E' 1 D E.
Y)Â!mire, que veux-tu? quel func~e tran~or~
Qui c'amënc en
ces lieux confaci-és à la mort?
P Li L
A r M
1\¡f IR
T TI E.
!l
Séide, la frayeur & l'amour font mes guides;
Mes pleurs baignent ces mains (aincement: homic~
des.
Quel facrifice horrible~ hélas! faut il o6rir9
j~M~home! à Dieu, tu vas donc obëh-9
S E' 1 I) E.
P A L M 1 R E.
Je irémis,
S E' 1 D E,
Je L'entends, ion arrêt eA parti de ta bouche.
P ~A L M 1 R E.
Qui moi?
S E' 1 D E.
Tu l'as vcwlu.
P A L M R E.
Dieuxquel arrêc farouche~
Quefai.jcdit?
S E' 1 D E.
Le Ciel vient d'empruater ta voix;
C'en: fon dernier orac!c, & j'accomplis fes !oix.
Voici l'heure ou Zopire à cet Autel fuselé
Doit prier en fecret des Dieux que je dëteltc.
Pal.
Palmire: éloigne-toi.
P A L M I R E.
Je ne puis te quitter.
S E' 1D E.
Ne voi point l'attentat qui va s'exécuter;
Ces momens font aifreux. Va, fui, cette rctrai!:ë
Efi: voiune des lieux qu'habite le Prophète.
Va, dis-je.
P A L M 1 R E.
Ce Vieillard va donc être immolei
SE' 1 DE.
De ce grand iacrince ainfi l'ordre eft rëg!ë.
Il le faut de ma main traîner fur la pouffiére,s
De trois coups dans le fein lui ravir la lumières
Renverfer dans fon fang cet Autel difperïc.
P A L M 1 R E.
Lui mourir par tes mains! tout mon fang s'e~ glacé.
Le voici. JuH:c Ciel.
Le fond du 7~ e
Dieux de ma Pairie~
Dieux pr~ts à fuccomber fous une Se~e impie
9
C'cA pour vous-même ici que ma débile voix,
Vous implore aujourd'hui pour la dernière fois!
La Guerre va renaître, & fes mains meurtrières
De cette faible Paix vont brifer les barriéres.
Dieux fi d'un Scélérat vous reipe~ez le fbr~
S E' I DE Palmire.
Tu l'entends qui blafphême?
Z 0 P 1 R E.
Accordez-moi la mort.
Mais rendez-moi mes 6!s à mon heure dernière~
Que j'expire en leurs bras qu'ils ferment ma pau-
pière.
Hëlas! croyois mes iecrets ~entimenss
fi j'en
$
Vos mains en ces lieux ont conduit mes enfans,
P AL M IR E m~.
Que dit. il ? Ses enfans
ZOPIRE.
0 mes Dieux que j'adore i
Je mourrois du pîaiSr de les revoir encore.
Arbitres des devins daignez veiller fur eux;
Qu'ils penfent comme moi~ mais qu'ils fbiem plus
4.
heureux!
S E' 1 D E.
li coure à fes faux Dieux î frappons.
~p~M~.
P A LMIRE.
Quevas-tu~re?
Hëlas!
SEMDE.
Servir le Ciel;, te mériter, te plaire.
Ce glaive à notre Dieu vient d'être cônfacré.
Que l'ennemi de Dieu foit par lui maSacrë î
Marchons. Ne vois-tu pas dans ces demeures ibmbpe@
Ces traits de fang, ce Spedr~& ces errantes Ombres?
P A L M 1 R E.
Que dis-eu!
S E'I D E.
Je vous fuis, Minières du trépas~
Vous me montrez l'Autel vous eonduifez mon bras~
Allons.
P A L M 1 R m
<e
0 Cielm l'as voulu, peux-tu vouloir un crime?
Tremblanc~iu d'effroi, j'ai plongé dans ibo Banc
Ce glaive coniacré qui duc verfer fon fang.'
J'ai voulu redoubler; ce Vieillard vénérable
A jetté dans mes bras un cri fi lamentable,
La nature a cracé dans fes regards mourans
Un fi grand cara<3:ére, & des traits û touchans
De tendreffe & d'eSroi mon ame s'efi: remplie;
Et plus mourant que lui je détefte ma vie.
P AL M 1 R E.
Fuyons vers Mahomet qui doit nous protéger;
Près de ce corps fanglant vous des en danger.
Suivez-moi.
S E* 1 D E.
le ne puis. Je me meurs. Ah Palmire.
P A LM 1 R E.
Quel trouble épouvantable à mes yeux îe déchirer
S E' ID E en pleurant.
PALMIRE.
C'eA cet infortuné lutanc contre la mor~
Qui vers nous tout fanglant ie traîne avec e9~r~~
S p' 1 D~.
Eh quoitu vas ~lui?
P A L M IE.
De remords dévoress
7e cède à la pitié dont je fuis déchirée.
Je n'y puis réufter elle entraîne mes fent.
Z 0 P 1 R E a~f~s~ ~OM~M par
SCENE V.
~OPIRE, SE'IDE,PALMIRE,
PHANOR.
P H A N 0
Ciel! quels a~eux objets fe préiëntect à moiî
Z 0 PIRE.
Si je voyoïs Hèrcidc !ah Phanof eA'ce toi ?
'~oîlâmoSànaflin. (,'
P HJA N 0 R-
0 crime! afEreuxïDyftëreî
AnaŒa malheureux, connoiflëz vo!:re Përe.
s Et' 1 D ri.
Quit
PALMIR E.
Lui?
S E'I DE.
MonPëre!
ZO P 1 R E.
OCiclî
P H AN OR.~
Hercide e~ expirant
I! me voit, il m'appelle il s'ëcris en mouran!
S'iî en et!: encor !:em§~ prëvicns un parricide:
Cours arracher ce fer à îa main de Séide.
Malheoreux cocSdeEt d'un horrible îecreî~
Je fuis puni, je meurs des mains de Mahomet
Cours~ hâce-toi d'aprendre au malheureux Zopire~
Que Séide eÊ Ion Ë!s & frère de Patmire.
SE' ID E.
Vous.!
PA LMIRE.
Mon frëre?
ZOPI&E.
ô mes nls mes Dieux ?
ô nature Ô
Grands Di~ux~
.F
Auprès de votre Roi Madame
A"L
de ~t d'&b~ë8F~
tJ i~ut me
M-1~
cuivre.
mort me
délivré'
07! gMTM~S .RaJ~C -S~.
Z 0 P 1 RU à F~Mor.
On les enlève! 0 Ciel! ô Përe malheureux!
Le coup qui m'aHanine eA cène fois moins aHreux.
P H A N 0 R.
Déjà le jour renaît~ tout le Peuple s'avance;
On s'arme, on vient à vous, on prend votre dë~nfc.
Z 0 P 1 R E.
Soudan mes pas, allons, j'efpére encor punir
L'hypocrice afïaHin qui m'oie feçourir
Ou du moins, en mourant;, Sauver de ia furie
Ces deux enfans que j'aime, & qui m'ôcenc la vie.
F~ JM ~M~r~~g
ACTE CINQUIEME.
S C E N E I.
S C EN E IL
MAHOMET, PALMIRE, Suice
4e Palmire & de Mahomet
P A L M 1 R E.
~leî~ oh fuis-je! Ah grands Dieuxî
MAHOMET.
Soyez moias con~erDéc~
j'~
J'ai du Peuple & de vous pefe la devinée.
Le grand événement qui vous remplie d'eirroï;,
Palmire, e~ un myftére entre le Ciel & moi.
De vos indignes fers à jamais dégagée
Vous êtes en ces lieux, libre, heureufe & vaogéc.
Ne pleurez point Séide; & laiHez à mes mains
Le foin de balancer les devins des humains.
Ne ibngez plus qu'au vôtre. Et fi vous m'êtes chére,
Si Mahomet fur vous jetta des yeux de Père,
Sachez qu'un fort plus noble, un titre encor plus
grand,
Si vous le méritez, peut- ecre vous attend.
Portez vos vœux hardis au ~îte de la gloire,
J
De Séide & du reftcétouircz la mémoire;
Vos premiers fentimens doivent tous s'effacer -3
S C E N E IIL
a
MAHOMET, PALMTRË, OMAR,
ALI, Suite.
OM A R.
~/Niaï!:tou~ Mahomet
Hercide en expirant révéla ton fecret.
Le Peuple en eft io~mit, ia prifbn eft forcée~
Teus
Tou~ s'arme; tout s'émeut) une foule inféode,
Elevant contre tpi~~jturlemens airreux~
Porte le corps ianglant de ton Chef malheureux~
Séi~e e~ à leur têM). & d'une.vQixfune&e
Lesexcice~ vang~ce dëploraMeTcHc.w
Ce corps fouillé de fang eft l'horrible figaaî
Qui fait: courir le Peuple à ce combat: fatal.
5 C-E N E~JV.
c~
M AH OMË T,
~E'ÏD'E e'~P~
~sE~nE~
0 MA R, 6'M~
t
MAHOMET.
Peuples nés pour me fui vre~ëcoucez votre Maîcr~
SE' ID E..
.9
.c~
N'écoutez point ce Montre & fuivez-moi
et
grands Dieux!
Quel nuage ëpaiHifë répand fur mes yeux!
~hî mon~ffcre~
~auras-tu pu verfer que le fang de ton Përe?
E'IDE.
Avançon.e.. Je ne puis. Queî Dieu vient m'ac-
cabler?
~%OM~M~~&r~?î~.
M AH OMET.
Aine-tout témëraire À inesycu~ doit trembler.
Incrëdules Eiprits qu'un zële aveugle~n~i~c
Qui m'oiez b!afpbëmer &, qui vangez Zppire
Ce feul bras que ja Terre aprit à redouter,
J
Ce bras peut vous punir d'avoir oie douter.
Dicu~ qui m'a con6ë fa parole & fa foudre~
b
F~ du CM~M! ~~MMf
L ET T R E
D E
If A U T Ë U R
A
M~. ~'D E S
0
tq au
c'en: qu'il fauc. croire ~srdo%.
P~eM originel., puisque la Foi rordemne~
& qu'il.faut y; croire d'autanc plus, que la R~i.%n
en: abfolument impuinarne.~ nous montrer qae
la Nature, Humaine eit decnue..;La RévélaEion
.(eule peu!: nous i'aprendre. F~oM s'y écoic ja-
dis cade Je nez. Commenc pouvoic-il favoir que
les hommes avoienc ëcé autrefois plushea~ux~
plus grands, plus fores, plus heureux: qu';ii~-
voient eu de belles ailes & qu'ils avoienc fait
des enfans~ns femmes?
Tous ceux qui fe fbnc lervis de la Phy6qu,e
pour prouver la décadence de ce petit Globe de
nocre Monde, n'onc pas eu meilleure fonune
que PIacon. Voye~-vous ces vilaines Monta-
gnes, ~/o~ ces Mers qui encrenc dans les
terres, ces Lacs fans iîïue? Ce font des débris
d'un Globe maudit. Mais quand on y a regar-
dé de plus près, on a vu que-ces Montagnes é-
toienc néceilaires pour nous donner des Riviè-
res & des Mines, & que ce ibnc les perfedions
d'un Monde béni.
De-même mon Censeur aiïure que ndcre ~!ë
eft fort raCourcie en comparaison deceUe des
Corbeaux & des Cerfs il à entendu dire à fa
Nourrice que les Cerfs vivenc crois cens ans, &
les Corbeaux neuf cens. La Nourrice d'Héiio-
de lui avoit fait aufH apparemment le~ ïnéme
conte. Mais mon Doreur n'a qu~ in~rroger
'quelque ChafFëùr, ii faura queîes Cerfs~evont
jamais a vingt anst II a beau faire ~Momme
eit de co~us 1~ Animaux celui h qui ]!)ieu àccor-
êe h"p!us ioague vie & quand mon Critique
me montrera ~n Corbeau qui aura cent deux ans~
comme ivir. de & M~àm~ de
C~, ilmefemplainf. J `.;
C'é~ une étraHge~gë'queceMé~de~ quelques
MeiHeurs, qut veulent abfolumënc que nous fb-
yonsmiferables. Je n'aime poihc un'Char!acan
qui veuc me-faire~ëcroirequeje fuis malade,
pour me vendre ~espiUuIes. Garde~Eà drogue,
ïnon ami, iaide-moi ma faut€< Mais pour~-
quoi me dis-tu des injures~ parce que je'me por*
te bten, & que~ je ne veux ~onic de ton or-
viétan.
h, Cet homme m'en die de très gronïëres, fé-
lon la louable coucume des gens pour qui les
rieurs ne font pas. Il a écé déterrer dans je ne
fai quel Journal, je ne fai quelles :Lettres fur
la nature de l'Ame, que je n'ai jamais écrites
a
qu'un Libraire coujours mifës ~bus mon7
nom a bon compce, auni-bien que beaucoup
d'aucres chofes que je ne lis points
Mais puif~ue ce': homme les 1~ il devo!
voir
voir qu'il eA évident que ces Lettres fur la na-
ture de l'Ame ne fbntpoinc~em~)~ qu'il
a des pages entières copiées mot h mot de ce
que j'ai écrit autrefois; ~r Locke. Il claif
qu'elles font de quelqu'un qui m'a vol<maisje
ne vole point ainu, quelque pauvre que je pui~
fe être~
Mon Dodeur fe tue~ prouver que rAme eA
Spirituelle. Je veux croire que la Sentie re~ e:
ï.
mon Cenfeur aveugle. J'ai rhonneur de l'êcre'
auni;maisje fuis un ~MM~M~ de Pans, &
iuî un Aveugle de Province. Je ne fuis pas a~z
aveugle pourcanc pour ne pas voir couc votre
mérice, & vous favez combien mon cœur ef~
fenfible à vocre amicië. Je fms/&c.
CïMy