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Nouvelle relation de

l'intérieur du serrail du Grand


Seigneur : contenant
plusieurs singularitez qui
jusqu'icy n'ont [...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Tavernier, Jean-Baptiste (1605-1689). Nouvelle relation de
l'intérieur du serrail du Grand Seigneur : contenant plusieurs
singularitez qui jusqu'icy n'ont point esté mises en lumière
([Reprod.]) par J.B. Tavernier,.... 1675.

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<<M~n~ahtt.
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~jh.,j2.<B2<~3?!~<
~mm) AnfMncm 7?.n~t~~ mt/ftrfmr
i~~JS&a
NOUVELLE
RELATION
DE LINTERIEUR
DU SERRAIL
DU
GRAND SEIGNEUR
Contenant plufieurs nngahtitez
qui jutqu'icy n'ont point e&é
mnes en lumière.
!R<r y. R TAVER.NIEH. JB~o-A<mK

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<fe/&<~aaMf.

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-u~

DESSEIN
DESSEIN
I) E
LAUTEUR
E ne doute pas que l'on
naye mis en lumiere plu-
neurs rotations du Serrail
du Grand Seigneur; mais
jt~oucd~bord quejen~y
tamais en le Ïoi&rd'enlireaucune. Jay
fait &E v<~ages par tene en Onen~ <8c
par dSBaKx~esiXHNXs pendant ]~~pacc
deqoatatBte ans~~C chacun ~put que
yay ea des occopaaons qm ne m*onc
goere pennis de n~attacbcra~Ïeûore
des livres. Mais k~qMnMsan:aifes
m'ont hioc des heotes Itees, je les ay
é
uniquement employées a recueillir les
choses les plus dignes d'esté remarquées,
~Mt dans la Turquie Se dans la Perte,
~bic aux Indes deçà &: de-la le Gange;
Seaux mines de ~man< qui font ~bus
la dominadon de divers Princes. Pen-
dant que je travaille à mettre en ordre
a la &-
ces memoires que je crois devoir
osMion du public, je luy donne cette
re!adon du SenaU. eue fera accom-
pagnée de quelques observations anez
nngulieresquine dcp~oncpeuc-e&re
pas..
la Cour O~omanc qm &? MBt de
bcmkB~Lpas€ae<xtne<emt~ea~ezt*a~
connue p<qu~cy,6j'€npuis juger p~ce
quej'enayvumoy-me6ne,~oqydirB~
phneurspedonnes. Jendonneicyune6~
dele&C ampkde&tipQon~qnej~yM~
tantdeceq~j~Kmatqo~enphtSems
voyages que
j~y &its aCon&antmop!p,
que dp ce ~oe ~aqr appns de deux hoc~
mes inM~ avoïenc p~ ~n~
6e<~ann~daBs~SenNulende<~eanx
em~ys: j~m <~ SM~ ckyc~hnx
la charge de C&~M~M~ ou de Chef
du Trésor, &: après cinquante-cinq ans
de Service dans le Serrail, pour quelque
legere&uce ou il tomba,mtrdegué au-
près de Bur& dans la Natolie, d'où il &
iauva après aux Indes. 1/aucre né a Pans
nommé de Vienne, avoite~c un des Pa-
ges du Trésor. En revenant du JubUc de
Rome en 1~0. HirunBE~anonquilem-
menoit de Civica-vecchia au port de
Maf&ille, il foc pris par les Gor&iresde
Tr~oli, 6~ le Bacha~ voyant cejeonegar-
~ôn bien-&it: OC qui promettoic beau-
coup, îenvoya en présent an Grand Set-
gneur. ïlmcanntdiaNcd&Serrailapres
quinze ans de Service, pour avoHr e~e
decouverc entretenir âne Secretscorre~
pondanëe avec te Skuien d~tadc, qnt
favo<c:anûpe6MS beàu~Mp chery, ~~a
avoie &n ~)ttp par &n credk qu~
&t avance d~botd a lachaBobre dnTrc-
&E.'
<?e& ces ~eoË itommes <res-ca~
t~ b~zemMqoer "Ïes dM~, qa~
~t~~meBtMcpMdë
p.Y r-
de cette reb-
ij
don. Qupy qu'ils cuÛente~econtraints
d'embraner les erreurs de Mahomet, il
leur eftoit reAe quelques bons fentimens
du chri&ianiune, oC comme ils efloient
déchus pour jamais de l'espérance des
honneurs qui n&cenc ceux qui ~bnt dans
les charges qu'ils pouedoienc au Serrail
ils n'avoient nul intérêt a me d~uRer
Ïeschofes. Eux-mefmesprenoientque!-
queplaiuràde&endredansleparticulie!
&: a me marquer jusqu'aux moindres
drconRances, mais je dois auNt avouer
qu'ayant e&c élevez parmy les Turcs &
aimanc comme eux l~rgenc, il ne m~
rien &ln épargner pour les &tis6ure. Je
les ay tenus long-temps aupres de moy
oc en. divers lieux, fun a Hpaham,
f antre aux Indes, où ils s'eftoieat rett-
&: les mémoires qu'as mTonc ~op-
tez,
ms&~enttrouvez tres-combrmes.
~ux in~uc~ns qnej'aytreesdeces
deux hommes. ce
que j~y pu dc-
cowrireà mo6 parûcnuer de Fêtât pre-
` ~ë~ ~Mano~~ €Ea~Se]gne<~
~d~q~ oMecvaooB~nece~
j~joatë~y
Mairesdes moeurs ÔC coutumes de plu-
neurs Provinces de l'Empire Ochoman,
paj0Emc légèrement nu* les chofes qui
vray-~emblaplement font connues de
tout le monde. Mais ann queleLeeteur
ayt plus de &dlice a entendre les madè-
res que je traïtc, 8c jque le difcours ne
~bic pas interrompu par l'explication ne-
ceuaire de pluueurs noms de charges oC
de dignicez, j*ay jugera propos d'enFdpn-~
ner d'abord une courte E&e, queje &ray
cuivre de celle des dinerentes dpece de
monnôye qui ont cours dans tout l*Etn-
jpiredesTurcs~

\J ~r.~ L .71 :tHA:i'~


<S~
'~M*
TABLE
I) E S C II A P 1 TR JE S
CONTENUS
EN CETtE~RELATION.

JLj~
TTY~~ c&~j~~
J'<~T~5~0VO~~M~.
~g~
.-pTr
T~WMhM~M~f~~M~g~P~am~~W~

ont ûM~y<~MM'~<~r~n~M~.

CHAPITRE L D<M~~J~<&-
V~ &~AJ!aWM~ P~gc~
CHAPITRE IL D~&~eOM~Cwxr~J~
<W~,e~~MMMwM~MMWt~k/&Waw~ <l
CHAPITRE III. Df&y&MM&ÛM<r,a~
./M~~OjMMM~J~MW~T~aMFah~Z~-
MX. y&
CHAPITRE IV. De & A<& A DW~,
!:i~
y~
ptMW..
J~ 2<aM~~M «wd~w& CfM~JM.

CHAPITRE V. DiWjiM~aM~M~M~-
<M~<~<w/MH~MZMr~<~w<MMy<&f~hw~
~M~e~~ar 7~egZ<MM. 101
CHAPITRE VL D~&~e~ArCHMM!
~pM)~ <~MBM «OMËMM? <MMf ~m&~Ma))~,
~)~<Ma<e~MceM. t<~
CHAPITRE VIL D<!tB<eM<~JiMM~ n6
CHAPITRE VIIL 0*33~'<ttC!M~J!
~~M~. 'ils
CHAPITRE IX. J~Th~JiMMW.
CHAPITRE X. Du ZM~Wt<&iM&C~M<f
j~pM~y~y&TjMw~~M~~awj~w~n~Sr
~f~&~<~wJbrMwaMweM&~MM~J~
CHAPITRE XL ~~AG~N~Jie~pMtW'
~oow /M~ JS~CM~y&M OMtc~ ~y&
~&MMef. 14
CHAPITRE XIL D<&Ma)M&G~M~
~<9pM~aM~~MM&f<Mf~&JM~M~
CHAPITRE XIIL D~f&&«~Mw,~
~~<~<M~<~e)M)M.
CHAPITRE XIV. D~~MMMr<&De-
~Xg~&M~ ~F<MMMM~~ <&~)M~xef
~«~K~.e~~MM~
CHAPITRE XV.
XV~ DI
t~y
~~«MiMM~ A
TABLE bES CHAPITRES
<G~M~J%~WM~. 10}
CHAPITRE XVL DM MOt~~MM OM&-
)M~ CM~ J~MH~ aM&M~MM
j~M~a~M~M<&' AbAooM~ <? <&ew
~M~<&Z<e<~AM~M~. M~
CHAPITRE XVII. Dw~MMMf~&fF~
<Mf. 0,
Z43
CHAPITRE XVIIL D~fW~~ ~M~
~MMM~d~~J~&MM~M~f~WC~~M~J~L
le
~)M«r, <t~Zaf &a)Maxrla Validé &.
Ata~i66S. ij6
CHAPITRE XIX. I~tJ~~&M J~-
MM~
CHAPITRE XX. D~t P~OMef ~/&M'axt
2<j~~gMwJM~&M~a~M~<n~w,«~~&,
~Jd~M.
FmdehTabîe.

NOUVELLE
NOUVELLE ET EXACTE
RELATION
DU SERRAIL
DU
GRAND SEIGNEUR.
DES CHARGES ET DIGNITEZ
cmc du Serr~ qnede l'EmpireOthoman.
E T
JD~M~ef J~~MOM~<f!ar~*
<~<a~<!BM~J~M~T~
SOMMAIRE.
OMWBM. des C~MM~ Pa~f. J!'M~
~S~aM;
~)M!<~
\J~a~
J~-MM<L
~!M~
~awr~p(?~MM~~Sagaawr, ~<mM~~
`'. A
~j~M~V. 0~&TM~OW/&r~
jE~~y. ~j~Cr~~
~~M~MWr~WM~<M~rM~MM. ~0~-
~MW~ ~~Û~MM~M~M~
C&<< C~M~ ~yM~~C~
J~O~M*~e~<&t<M~ML J\~MMM~<~M
~c~Myj~MM~SM~ (T~cw~j~vca~pr~~
/eMr~~g~<M~<MM~<C~e~W~. <~MM&-
J~~
~MM<O~M~W
~M ~~?1~ J<M
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CM~H~~P
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/'C~M~Jf.
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J~< 2~MMMf<M~NM~g~~<&
j~. C~C~ '~Q~ ~Z~
.M/CMi~ f~~CM~J~
J~~&M~~&J~M~TW~~M~
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~J~~ &~&~ C&<<~ J~ ~'Pa~if.

< ~M~~A~T~
~~MM~~<MHMMMMf~~JR<&~H~ jPa&.
~M~J~~PCM~ ~O~~a9!C'~jSa.
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jpM~a~MM~kf~k~<XaM ~f~Z~.
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1. ~~M~ Ai)~~ <
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,1~.
DU ~KAND SEIGNEUR.. <3
~~MM~MM ~f~S~.
~t* X~-
~CM~.<
~f~&?~M-
~~CMM~J~MW~. -CMMM~j~KW-
~T<<n~ ownM~~Mf~Mr ~<ec~
~~i~~M~w.
EUX qui pouedenc des char-
ges, ibicaansîcSetndl~&it Ot~ae
dans l'Empire (&!& reterve <ttt6tM&
dehPMtt,
des F.nnncptcs, dont je padc-
traybien-toA) idennent tb<M
generaicmenc des cnt~e pris en caen'c,
on envoyez en preient paries Bâchas; &:
des cn&nsde Ttibot~ <m'on enlevé jt
râge~ïeneaf on dix ~drenttcles bias
<~Iectsmetcs,dansiûates!es P~~vïnces
<on<pi~parJesPnnce&Odtomans. Bs
< oivenc c&ce les ,uns
tes antres de païeas
&
'~hceocns; &~neconM<pe hs Etch-
ves pns &rrennemy~ <tn v<~ parks~ ï~e-
g~&Ms<ktâ~aJeI)oauM:~éCkm~amnno-
pÏc, ~c de hm Se faToe &xe~ ~a'y en
amené too~Ïe&aMpMs~Ie~ingcimBe. Les
pedtstaNaBes qm ~at ~es ~oQï&~ coBtH
aneBes~an~<io<MeStJes TeEKs ~meaaes~
Ï&Bpze~ en~en~oye~ a~~aB~~NtS.
~&I~€~Se!go~~B~J~-<~S<i~c
A?
cens ces jeunes en&ns, les mieux faits ~c
qui promettent le plus, fbncdiunbuezen
divers Serrails, pour y eâre inOruits dans
la Loy de Mahomet, & en toutes fortes
~exercices. C'eA de l'élite de ces derniers
que l'on remplitceluy de Conuandnople, &
il &ut les diRinguer en deux ordres. Le
premier & le plus relevé e& celuy des ~e-
~HM, defdniz pour les grandes charges
de l'Empire le fécond, des ~MM~MM,
employez à des offices où il n*e& besoin
que de la force du corps. Les A&~MM
qui, outre les pcr&cHons du
font ceux endécouvert
corps, on a un beau génie, pro-
pre a une belle éducation, & a les rendre
capables de Servir un. jour le Prince. Us
font in&ruits avec un grand foin & une ires-
&vere discipline, ïk paiÏeat par quatre
Chambres, a~ellees <M<, qui ionc com~
me quatre daMes, on ils apprennent paror~
drc toncce qui e& convenable à de. jeûnes
hommes, quidoivence~recontinuellement
auprès d'un Gand Prmce,:& quiiont com~
m~ &s Pages, on comme ~.Gentilshom-
mes. ~s ~nt h moindre 6me ~ils~nt
~p<n?eo~meacccâne~Ëa!t~~
~T~o&M <
~mc cssm~ pancnce poor,parvenir h
~ibeommenceoc~ie~
pirer. Mais l'ciperance de parveniraux plus
grands honneurs & aux charges cnM"pn-
tes, leur&ic ibunrir le barbare traitement
des Eunuques quel'on leur donne pour mai
tres, & qui ne leur épargnent pas les coups
deba&on. Jeparleray ailleurs de la ma-
niere de leur éducation, & de ces quatre
Chambres, ou ils apprennent aie rendre
<~pMsckscha~~sanMp~UcskC~UMlSM
gncur les de&ine. Quoy que le Coutumier
de l'Empire ordonne que ces en&ns&ienc
tons déparons Chrétiens, des plus nobles
C~
<8c des mieux faits qu'on pouÏe ttcaver
ou Grand MaiCre du Serrai!,
le premier des Eunuques blancs qui com-
le

mande en chef aux Ichoglaas, nctaiÛepas


d'introduire dans leur nombre quelques
Turcs naturels, rccommandables par leurs
bonnes qualitez:maisce~nc&&it que rare.
jnent, & qu'aie une peanMBan paracniMre
,~Prinœ;
du Ponce qm~nner~s:: Voila.
~mienx <pte qnd
ces en&ns
Soient tocs C&tEtMM renegais. Voila quel-
le en: l'ompnc des Grands de la Potte us
&nt tons E&&~es, <c'n~âyaiMp6mtde coh-
no~ncë de tears paMn&, ils toamcn~nm-
~iUlQ4lUD$
~uemcnt Icms ~necëons ~UII,~QI&-
an C:t~cc du Pdn-
~e <pi les ~~evet a: une ~ante~&tmBe.~
1~ At~ ~doccpnsdeJ'oc~
Ai~
/!e&~ZMf & le nom de &M~ ne& qu'on
titre d'honneur & de dignité, commun à
tous les Grands de la Force, qui fe di&in-
quenc par la. dicerence de leurs charges.
Les quatre principaux font le ~s~a~
ou <?~M~ ~a~, le ~tMMW, le &M&< <~
JM~r~ & 1'~ ~M~M. L'ancorice
de ces quatre Bâchas e& fi grande, qu'ils
o&enc qudqne&is la couronne a leur Sou-
verain pour la donner à qui il leur plai&,
comme il e& arrivé de noRre~ede, a deux
Empereurs de fnitte, MuRapha, & Oirnan,
donc le dernier mourut en prifoa par la
main infâme d*nn Boorrean. Mais 6 ces
Bâchas ne gavent pas bien prendre leurs
me&res, ils perdent la te&e poor la moin-
dre 6nte, le Grand Seigneur te ûifManr de
tons leurs biensa Ieormort~& prenanc leurs
<nfans dans le SerraiL Bien loin de &cce-
der: aax n<che&s & aux charges deleurspe-
res, quand ce &CMt<mnls<& (~aBdViziE~
on d'une ioo~ me~ d~fEmperenr~ ils ne
peuvent monMr~ashancqm~i~ charge
<!e Ca~taine <ie Galère, h Potitique des
Tores ne voobmpas qa'onc Mat&n&reBi-
~epaiiB&ntiedepeïe en Ss~ ponrinv oatr
!es<~e~ ~e poavbir ~BtMaMM~ier~l'S-
0~ ~p~& q~hr&~Bhe des.Ba-
<
DU GRAND SEIGNEUR. 7
chas qui e& éclatante
< pour un temps, eA
une fortune chancelante, fur laquelle ny le
fils ny le père meune en quelque crédit
qu'il fbit, ne peuvent &ire aucun fonde-
ment.
Les Bâchas qui ont la qualité de Viurs, Oh&tM.<
portent troisBannières on Btendafts, acha~ eio~usCeria
Etftt~t~
cun desquels il y a une queue de cheval,
teinte de la couleur qu'il leur plai&, exce-
pté~m,depemdr'e~TceOLiUs
L vert, quoy qu'il leur &it1-Eicndart
=quel cf
permis d'en
Eure peindre le bois auquel l*Etendart c&E
attache. Voicy l'ong~ne de cette coutume,
ielonqncIesTurcsenËMMThi&oi)re. Ayant
un jour livré bataiuc aux Chrétiens lenr
Etendart fut pris dans la meCée, &: le Ge.
neral des Turcs voyant que la perte de 1*E~
tendart &ifMt perdre courage aies Soldats
qui commcncotent a ment&e la fuite H
abatit d'un coup de &bre ta qneac d'un
cheval & l'attacha ;an~ bocc ~ucc demi.
pKpe 'qu'il ~ev~cnlaMt!e~eaE~aac:j~~
Il ~MJ~ &M<& iMNM yM~ A
ITnnan~les'ItïresjrcpnrcMcoenc,<&s'eEanc
taNez i& revmrent à jbbjchazge~ &jgagoc*
rêne b bata)Be. Les O&ieK q)m&t«b
p~ desBadbas oncIe~ilMaMM~,mM
H ne leor c&fpaspcrmts dy a~onter aaedé

ces qoe~~&'n6~obMarerjcpeiMBa~
chas qui ne (ont pas Vizirs, n'en peuvent
porter que deux comme les Beys qui font
au deuous des Bachas, & Gouverneurs des
moindres Provinces, n'en portent Qu'une.
Quand le Grand Seigneur va en campa-
gne, onen portee&&pt, parce que félonies
div~ en &pt pâmes
Turcs le Monde ou
&pt climats dont le Grand Seigneur e&
Maub'e.aL en prendre la largeur, <Bcc'e&
pour cetterai&nou~Iaydonnentenleur
langue le tio-e de Mai&re de Mus les Roys.
Cecy e& Rmde &r ce que Mahomet dit,
quc.cclay qpi après & moft~croitmai&rc
des teors on &n Sepolehre & trooverpic,
p~~dmiiIctitredeMai&rc onde Chef
dctoas IcsRoysdelaTecte. Ils ajjou-
tencŒtTiny a que trois Empres qui font
ceQxdë Con&anonople,de Babylone & de
'rK~œMmde;<k<~MEpo~cMN:aHonope
le Grand Seigneur porte trois panacnes
ooma~dhHetonnoire&Tnd~am.Je
ditay en pa&scTcp'n D'y a: qoë les &ols He-
jMn&db~CzMBeq~ont~A~peMpN~MM~
toeoc noirc~ y les Hecoos cc coos les~ ~mucs
pays fayaBt 00~ Hanche om mfeCec ~~o<n-
me il ça enceTn~~sn~qpanM~~aans an
boa<pet~ ceh ieiend dc~and~ptBc;~e qmi
teat-<jhe~em~~d~paAe~M~ no-
tre Europe. Car pour tous les Princes de
l'AjEe, ils ont toujours l'aigrete fort enc&i-
me, mais il ne &uc pas qa'die ait: le moin-
dre denaut, & pour peu qnlle & trouve
rompue à la pointe, ils n'en font nnl état
& elle diminue touta fait de prix. Pa~ccs
trois aigrecesdn Turban du Grand Set-
gneur, on ~aic mie le Grand Vizir c& à
~rmee, parce qu alors il n'en porte
que
deux, & h choM e& digne d'eSrc remar-

!e Gtand Seigneor &ic mettra en


cd~s<pnfbmc&C~c~amQn~~e<kauxeo-
h~
quée. Quand lesTroupes doivent marcher

virons, & ayant le Grand Vizir a &s cotez,


illeleurpre&ntepoor leur GeneraL Les
Soldats alors ne dMencmoc.&ne&ntpoint
le &Ïut acootume, quaMet que Je Gond
Seigneur a laie ôter une des aigrete&deion
Turban, poor 1~ mettrc&r cemy dmC~and
Viztr~c'ce~tots que tome ÏaoneeJe 6!n~
& !e rcconnoi& pour &~Genctat, deqnt
eHe reçoitenme&a&tempsun&~c~
ApKS àwom- Bade des Btcha&en~genea~
i~ &uc donner quelque idée d~ ceo~~i
~ont dans les pnncma!c& chaïees'd~l'Em-
pM, &j~metaay ~ja~aB&)<
~~mn~dk~<BM~<
B.
l'Aga des JanuEures, après léfquels jevicn~
dray aux Beglierbeys, aux Sangiacbeys,
J
& an Bo&~ngibachi qui a une des plus
belles charges de ta Porte. caielieu-
I~~t~~a~,ouCna~~Ï~e&IeLieu-
tenant Général de l'Empire & des Années~
Chef Al Coïueil, & qui di~o& absolument
&us les ordres du Grand Seigneur de icu-
tes les araires de l'Etat & de la Guerre
ayant entre les mains le Scan de l'Empire.
JS & pour AiMeurs~u Divan & autres Vi-
zirs, que l'on~appelle Vizirs du Banc, &
qui ~bnc proprement ~Comeiller< d'E&ac;
mais qui n'ont point de voix deliberadve~
«~ qui
&: n'entrent au Divan que pour e&re
~:equ~eiqd,e-.point:dé
conEutez: ~quelque'point-de la la Loy
Lop ~o~i
on
its~ac Ï~vans, 6m & mêler du Gbnvcr-
'nement de l'Enac ny d'aucune anaire~a
moins'qu'on ne leur en denMUM~cnpavN.
~'y~ au& cinq Beglerbeys a quiTe Grand
Seigneur donne la qualice ~Vizir~~ qui
po&deB~tEsi~hts gran~~cles~h&'ndMs

~M B~~one, dn <
IBQj~t~nCBtens~de~ljBnwMe~~avotr ttsBa-
<~B<~
<
~amIie~de!&omazSe. Les tcois~emietx,
<tni ~t~~c~oïs~MScqtMt,
~iB<p~c~aË~eh6bB~~
~es~~as~ia~
meSme que le Grand Vizir) les trois queues
de chevaldont j'ay raconté l'hiStoire. Mais
ce privilège s'étend a preSent aux deux au-
tres Bâchas deNatolie & de Remanie, &
ils font tous cinq égaux de ce côté-là. Je
reviens au Grand Vizir, quia une Courmag-
ninque qui répond a la grandeur du MaL
tre qu'il iert, & fa Maubn e&compoJËede
plus de deux mille domestiques. (~oyLqu'il
Soie &jet comme les autres Bâchas a euuyer.
la colère duPrince,& contraint de luy don~
ner fa te&e quand il la demande; couie&is
le Grand Seigneur dans les a&ires impor..
tantes &: qui concernent l'Etat, de&rc
beaucoup aux Sendmens de Son Grand VÏ-
zir, & fes proportions an Con&il font am-
tant d'Arre&s. C*e& ce qui rend Son pou~
voir fi abSoln que dans tous les Empires &
tes. Royanmes du monde il ne trouve
~er:Minühe,deœla~
point d~prennerMmi&r~
de. doncl~tnëc~e
punÏe aHèr du pair avec ceUc~dtRGrand~i-
zir. QuKpe.ce Soit <pi le vienne ~Suset~!
ne Se? levé poinc, ny poar- le Mcev<Mr-~
pom-.Ie <:ondmre, 6 ce n'cSc le Monpna
qot~&Je .Chef delaLoy, pour qntIeGraBd
Sei~eor me&i~ Se levé aam? 'Mais ~cy
~iBeip~emeB~c&<ji~e! d!eShe~Merv~
~pc~QïBmeH n'appameM ~i'a%~aadvi-
Bij
zir de propofer toutes les aHaires d'impor-
tance, il doic bien prendre garde de n'a-
vancer rien qui déplaue au GrandSeigneur:
car au meune temps fans luy rien repon-
dre, il le feroit étranglée, fur cette maxi-
me.de la Cour Othomane, qu'il ne faut
rien propofer au Prince dont il fe puiÛc fa.
cher.
Le CtïaMMw eft le Capitaine & Couver..
neur de la Ville de Conftantinople,Lieute-
nant du Grand Vizir, mais qui n'a pomt
d'authorifé qu'en ~bn absence: Alors il fait
toutes les loncMons de cette importante
çnarge, il commande absolument, & don-
ne audience aux AmbaiÏadeurs. Il n'eâ pas
fujet comme les autres Bachas, à la dure
neeemc~ de donner fa te&e; parce que s'il
f~it quelque cho& qui déplaue au Grand
Seigneur, il en rejette la paute fur le Grand
Vizir de qui il reçoit les ordres.
Le &M~ <&~JM~, e& l'Admirai ac le
Capita)ne<6eneral des Armées Navales. Les
B~. Gouverneurs des Provinces Maritimes~
& qm C)nc obligez d'entretenir les Galères
du Grand Soigner:, dépendent de fes 01~

A~
dres, 8c :dpivenc .aller en Mer an premiep
commandementqui leur cn~ €& Eut.
Le que tes Turcs appela
DU GRAND SEIGNEUR.
lent r«g~?, eM leColonel Général ~tt Mtyt
des Cette charge e& tres-conG-jMifEMMtt
JanuÏaires.
derable, parce que lln&nterie Turque paue
a preienc pour la plus grande parde (bus le
nom de Jamuaires quoy que les verita-
bles Janiuaires, qui drenc leur in&itudon
d'Othoman premier, & leurs grands privilè-
ges d'Amurac tromeme, ne &cenc aujour-
d'huy qu'un corps de vingc-cinq mille
hommes. Ils ont entr'eux de beaux regle-
mens, & font divuez en plu6eurs cham-
bres dans de grahs logis qu'ils occupent,
foit à Con&andnople.toit en d'autres lieux.
L'ordre y €& fi beau eh toutes chofes, &: fi
exactement ob&rvé, qu'ils vivent moins
en (oldats qu'en Kd~ieux, & quoy que le
mariage ne leur (bit pas défendu, c'cKibrc
rarement qu'ils fe mancnt. Les grands pri-
viieges donc ils joûiuent dans tout l'Empi-
re o& ils~ &nc &tt re~ecte~ portent quan-
tité de gens pour s'exempter de payer des
taxes, & <c décharger de quelques devoir
publics a gagner par argent des Onïcieï's
qui les protègent &: les ~nt~pàuer pour
yaniuaires. Mais ils ne reçoivent point de
paye du Prince, & touc leur avantage e&
LOmé, ,'aÉes piivilegesc¡mfont affez ~ds;
C*e& pa~cc mélange des viays Janiuaires
Biij
avec les faux, que le nombre en monte an.
jourd'huy a plus de cent mille; & a ne con-
ter que ceux qui font Janmaires eceûdfs,
leur. corps s'e& rendu quelquefois fi redou-
table, qu'ils ont détrôné des Monarques
Othomans, & fait en un moment changer
de face a l'Empire. Le pouvoir de leur Aga
e&tres-grand, & personne ne peut s'appro-
cher du Prince de la manière qu'illuve~
permis. Car il peut venir en la prefence du
Grand Seigneur les bras libres, & avec une
démarche toute hardie, tandis que tous les
Grands de la Porte fans exception même
le premier Vizir n'ozenc y paroîcrc que
les bras croifez, & les mains l'une fur l'au-
tre devant l'e&omacponrmarqued'unepro-
ibndefoûmiNion.
Les B~M~t Cuvent en dignité~es qua-
tre premiers Bâchas, & font comme amàac
de Soûyerains dans les Gouvememens Ge~
neraux~e l'Empire, dont le G~and Sei-
gneur leur ddane ~commandement; Gom-
mc~n'entreprens~pas de~tpadeEdnGon-
~emement de h Turt~ue, q<~antant<p*il
e& neceuaire paat te Mqe&<pe je tEaite, it
n'ef~pas befoin dSnfbrmer.ieI~e&ea~dn
nombre de ces Jk§Ietbcys,j8c;~me Me
dejoy avoir acinmeJes dnq~aaa)~m~
/DU GRAND SEIGNEUR.
de qui j'auray occaSpn de parler ailleurs.
~'ajoûceray feulement que ces grands Ba-
chas ont MÛs eux des J~gMo~ qui font
des Gouverneurs d6 J~Mp~~u Provinces
pamculieres, commelcj~Mc~deJ~-
~OU~Z<JMo~M'.
Comme il fera au~t parlé auez Souvent
<bnsmaI~dadon,de.~M&de;ZN~M~k
de C&tMOf~ il &uc <tire aum un mot de~ ~c&
trois fanes degens.
Les .~M&€pifMM:uncoqM~ien~ra& CaadMa~
quinze YniHe hommes, <bnE~n&~<ecc'de ~Spt-
Chevaliers, qui veulent pa&rpour!a~No- M. & ~tt
Mène du pays, & vantent ardeur bra~omL ~*t~,
te. Us s'entretiennent du revean dcs~S~
~M~,c*e& dire dés ttEtesqm~ont'commè
.des ne&on commanderies que leur donne~e
\~Mnd~Bma~anJarMXM~~a~Cqn~[
~coclem* <&nnef ~Ïeucs &rvîc6s. C~n ne
~ar ~e~t~eerc~TRtm~à~ ne
manquent a teur devoir, qui e~de~e tton-
ver a rarmec quand IctGïan~~zar y 4à
<n yer~Bce.~ G~ ~on~
tes ~ashencemE <~
tout rEmpBEC Odtoman, & comme dc~e-
Ynàndem- i
=~~
· -rr'-S~~
iMSouvecu~d~ k&!ieox pmi~~cb~
'.Zi~eKnc. ,&

~pS~Bac~mmeecx~ciMamm~meac
du revenu de certains nefs que. le Grand
Seigneur leur donne. Il y en a unires-grand
nombre dans tout l'Empire &: ils s'eitti-
menc comme les Seigneurs & les Barons
du Pays. Ce ibnt les Zàïms Ce les Spahis
qui compo&nc la Cavalerie des Turcs,
&: ils gavent ce qu'ils doivent &)umir
de chevaux félon le revenu de leurs IÏ-
~XMM.
Le ouC&<MMe C&Me<Mf-B<MK eS: le Chef
de tous les Chaouz de l'Empire, qui por-
tent les commandemens du Prince dedans
& dehors l*E&at, & &nc envoyez en Am-
haNade.quoyoa'an~ndcenc&iencque
dejumplesmef&gers. C'c& d*or<Snà<re~n_
Jeur gar~qn~ Ëom ~net Jes p~JjJitj!
<}nali)~, Ce Ms ne les abandonnenc pb&
vejoc.
Voila qoeHes font.les prmdpates.chac-
ges & <Ie l'Empre, Minées poSë-
d~nKez
dees par des gens qmhmcp~dc~
des ïcho~yeiviensf'iMmtcn~m~
~5oets:d~Ser!ai~ ~Me~cè~
des Enmaqaes~a~ ~~GEZ~~
domM Jes ~remio~
ieors gouverBent Ïes MM~
:~d~<p~s~8ca~~
c!e$,
~n~ -0,"
t
~~j~.peS~<M~
DU GRAND SEIGNEUR. 17
de tribut, ou pns en guerre, qoi ionc les
!7
~MMjg~Htf.
Les&HMMtMtlbntan~deUXOrdreS. U Memh<
de blancs .Ï~N~
qn'on a Cmpîement tail-
y en &
lez &: il y ena de noirs qui TonaLtoM coo~'MMro-
q)ttt <t*M
pé&ncurdevena'e. Lesuns&les~ntMs TiMt
ionc &veres, bizartes &: ombragemE~ &
tmicenc cruellemenc tons cerne <mi &mc~ts
leur charge. Uyenannnombrcprodi-
gieux, & dans Con&umnopîe, &dans tout
rBh~MM,~kïKnoah~maM<~mstom~rc~
rient, on il ny :a point d~paroculice pom
peu de bien onil ait, <NU neno-eoenne m)
Eunnqne on deux pourTa garde de &S &tnr
me$. Ce& ce qm &it ce grand commerce
d'Ennnqnes en phtCcors endroits de l'AGc tioQtOt-
OMtMw-

& de rAinqoe, &dans !è C:at Royanme ee&}et.


Ht)tCt &~

C
de Co!conda on je me a'onvay en t6~<
on en & cette memc~annc& jo~qna ~ngt
< 't T-
demE.nune~~ ~e~ap~o!
&dear dm.jGtand Mogpc~jqm~~ r%
'<
<*t ~?~
Mo&e
pomt cetMt barbarie dans~te~E~ats~ & jmn
f Rie venir~aÏNeors les~BmN~oe~ done~ jEE
ierc, me ara nn joor a'parc~, pomr :m~ dïM
<p*S Icy ardotE de~retoaroeEchez&Bfmaî-
~tre.Jaasia~tamtcqnjtta~bN~qaeceBLoyan-
<Go!condacn'at~6aàa~a~~
ies craantez. jLapIo~arc~des peces~c me-
res qui font pauvres, & n'ont point d'amour
pour leurs cn&ns, qu'ils craignent de ne
pouvoir pas noumr, dés qu'uiurvientia
moindre cherté ,de vivres les vendent a
des Marchands oui les n~nt couper en&i.
te~ &: quelquesmis leur font tout razer.
Quelques-ans de ceur a qui l'on n'a rien
hiSc~ <mand ils vealenc uriner, &nt
traints jdc & &nnr d~tne canule, & de con-
la
porter au bas dn ventre. Comme il n'en re-
chape guère d'une opération fi dangereu-
se~ cela les rend beaucoup plus chers que
les antres &. on les vend en Perfe & en
Turquie jufqu'à Cx cens.ccus cent ou
cent cinquante €& le prcE des Eunuques
ordinaires. Pour en jEbamir toute ja~ Tuc<
qnte, tonte Per&, toutes les Indes, &
toutes les Provinces.de l'Afrique, iî e& aifé
~çs. de divers
Bers d~ Le
<le juger <p*il &ue quSl en vienne par mil-
divers lifnr.. Le R.oyanme
R~oyanmè de Col-
conda. dans la~Presqu'ïûeandeçà dnGan-
ge ~c ceux d'A~Ëtn~de Bootan d'Arachan
brè. ~3'oiis: ees.; ~qùes.f~t
& d~cgu~an~~de&f~en~&amN&Bt
prc~~ m~ non~
btepto~temc. Tocs ces;Ecnnq~~ont
blancs~ ~n bazanne2. LesTEnnnque&noirs
qui viennent ~Afoit~en~ &ien.momd<c
qnantM~,&m:~commc:d~
'S 4~' ~iâs:
Les: p~s '~nMmes &nE,cenx
Lé~
pns cbcrs.
3
D-U GRAND SEIGNEUR. 19
qui coûcenc le plus, leur extrême laideur
leur tenant lieu de beauté dans leur e~ece
Un nez plat~un regard a&eux~&unegran-
de boucne~ de grones lèvres, des dents
noires & écartées les unes des antres,car
d'ordinaire les Mores ont de belles dents)
font des avantages pour les marchands qui
les vendent. Ce font de ces deux fortes
d'Eunuques dont le Serrail de Con&antmo-
pl&e&remplL Les noirs font de&ine~~Ia
garde de l'appartement des &mmes,jacien~
voyez a la. Cour par les Bâchas dc:6tan~
Caire. Les blâmes uh peu moimp&roo-
ches~ &: qui ont eAé élever avec quelque
~oin~ &nt pour le quartier du Grand.Sei-
gneur.
Les quatre principaux Eunoqces canap-
prochent la personne du Prince ënt~ cr.up.
H<~?~<M~ le e&~M~~f~Ie.jeMNM~
&IeTN<)Mi~%)~
le

c'e&~ direI~
C~~it~ qui e& iTntendamt.eh~Chef3?
loaiesJes chambres des Jt&~&M.j Tlb&c-
cèdent 0)~NMNzmenc les nos'âme aotMs
t~eyaNCS~M~&t~ce.~cin~ani~
:~<MM~~ :!e~B<M~ eB&i~B~~
j6t~~
ce<

J~~c&~d~omsic~I~viectBen.~aw<
cedct&Bhn~esbIancs.
Cijij
LeO~ouC~aw-~gi~,e&com-
me le Grand Maître du Serrau, c*e& le pre-
mier en dignité & en credit de tous les Eu-
nuques blancs, & il c& toujours aupres de
la pcrCmnc du Grand Seigneur en quelque
lien qu'il & trouve. C*c& luy qui introduit
les Amba~&dcurs à l'Audience, & toutes
les grandes anaires paÛanc par fes mains
pour arriver a celles du Prince, fa charge le
rend neceûaire a tous les autres, & luy ac-
quière de riches pre&ns. Tous ceux qui
en font an Grand-Seigneur doivent auS
sadrener an Capi-Aga pour les prefentér a
fa Haurcne, dequoy il tire encore de grans
avantages. Peifonne ne peut entrer dans.
l'appartement de l'Empereur, ni en &rdr
&ns fon ordre & quand le Grand Vizir
veut luy parler ~'eH le Capi-Aga qui le
-<acnt prendre & quilepre&nte. Soit de
jour, mit de nnic, s'il &rvienc quelque afL
faire prenee dont le Vïar veuille donner
avis par ccnc au Grand Seigneur, c'c& en-
core le Capi-Aga qui le reçoit, & qui en
raporee la r~ponce. Û pottc le Turban
dans le Serrait, & va partout a cheval pap
nn privilège qmc& attaché pardadictc-
mencà~&charge. &accomp~~ Gtand
Sc~nenr ynquan <paracc SuÏtanes~
mais il demeure à la porte, n'ayant plus de
commandement en ce lieu-la. Quand il
fort .du Serrail pour'quitter & charge, ce
qm an-ive &rt rarement, ilnepect c&-c Ba-
cha. Pour ce <}uie&~de& table, eUeeN:
fervie aux dépens du Prince, & il adeplus
dix &ltanins par jour, qui font foixante li-
vres de no&re monnoye. Il s*e& trouvé des
Capi-Aga qui font morts riches de dcut
mimons, ce qui retourne dans les coHres
du Grand Seigneur. Ce Chef des Eunuques
blancs c&nuvy de quatreantres, qui après
luy ont les principalescharges du quartier
du
du Grand Seigneur.ef~
8r~d~~
]~:Bh~dwMd~,<~tcomNM comme leGtand
le C~and
Chambellan, qui~~ous& charge lesqua-
Eante Pages de la Chambre, quiapprochent

gneur.
ordinairement de lapcrionne daGrandSci-

JLe JiM<< nntendance genetate~


de toutes les Ghambres dn: quaroee <!&
GrandScigneur,pourceqoiregardei~Mo-
ptcte~ & les réparations neceMaires. il àl'col
pardculicremencfur le J!g~S-0~?, qui c&
h chambre des Pages qui ont le &in dn
linge dm Grand Semeur', ~qml'accom-
pagneatdans~~oya~s~<?eÈ!ny=qm
donne ~e Jecrs habMs, & deiouces tcs~ho-.
Ciij
fes dont ils ont befoin & fa. charge e& a:
peu. près comme en France celle de Capi<
tainc dnCb~ du couvre punque c'e&
a.luy a pourvoir généralement a tout cequi
peut çontr&oer a la propreté & au bel or-
dre de ce grand Palais. Il a pour Adjoine
on Lieutenant le Jiawï~-0~~ quie&anS
Eunuque, donc la charge €& de &irc chan-
ger tous les &c mois les tapis qui&nceten-
dus a dans les &les & les chambres dm
ScoaiL
Le a~M~M'~ on ~a?M<tM~MeK e& le
Chef & ïnrcndanr dn Trefor, &: a la con-
duite des Pages de cette chambre. H no
&at pas entendre le Trefor dcRiné aux be-
~Mn& de l'Enat, & la paye ordinaire de~
Soldats y &: dbmcle Grand Vizie, &: les trbB:
2~)~~ cmTce&netsCeneranx ont Ies
cids & l'Intendance. Le~ Trefor donc je
patrie icy e& le lien on l*onoentles joyaux
dé la jCoMronne~ ae eomcs ks antres.ticheC.
&s ama~Ï~ de père enRs~paE~!esPnnce&
OAcMans ce anejeTneMaybien di&n<~
clément en wenedansL mzReNtaom~en ott-
vrancan Lectoarf~~PantBcTBE&i Mais
~&)~ifen~quert~€&sCHA~
~<ndm~de€~K~<~Tare~aEnM~
met~~ ~pcmMt&~Ap~j<pB&esi&
règne de Salcan Amutat, les Pages du Tre.
ibr s'ecanc plaints an Gtand Seignenr de la
mauvaueconduitede cecEnnuque.il accoc~
da alenr poere que le ~&~&MMxc~ n'y
aorMc p!n& de commandement, &cpele
C&N~MJ~?CKmM~MtaJ~wcmr~achM~
ge,j[a.nslay enôterlentre. Maisyarce
queleBccQde<~M~~MhM~a~<~tphM<MM~
an & moins mde, je m'en &tvh'ay tonjocM
auUenderano~:E~neJ&ntpasoublier
de dire, que quand le Chefdtt Tte&r iort
de & charge~u e& &k Bâcha. Sorcechan-
gcment qui a e&éfuc decesdemEOm-
<aersdt[Senail,ilJaNtïemarqaerqaechet
tocs les Princes Mahomceans.TnMs, Pet*.
~ans. Indiens, & de<pM~pM6~~eom~k
poiÛenceatc.cc qoerona&ic&etabiy
pendant &n règne, &nSaccd&!a* neleïe~
voqne jamais 3 Et &ns le me6ne Soltan
Ammac le Kapoo~AgaC~ayanc &ic qne!-
<pe &d& qm 6chx le €cm~ ~emM~ a
exchc a l'avenir tons les Kapoa-AcanqBï
~omtoiencdaSen~dapdvi!ege~po<t-
va~<~hcBbMha&~Je~tcx!Mentam~Mc~
icy a~ ce ~qet nn ancBe ccempie d~ <ft~
maxime, qac j!ay ven de met yeme~daB~l~
ComdnR~~Pe~Ce&eiM~tBtegne~
~~<coimeIeq~a&&tCManecom.
fpiration de quelques Grands de la, CourJ
qui entreprirent docer la vie auRoy &c de
mettre (on fils fur le Trône. *Sur les deux
ou. trois heures après midy;, on chacun en
Per& c& retiré au H<MM qui c& le quar-
tier des femmes les conjurez envoyèrent
au Palais une vingtaine d'hommes armez
avec ordre de tuer d'abord ce qu'ils trouve~
roient aux portes, qui ordinairement ne font
gardées que par deux ou trois hommes ar-
mez d'ud bâton, pour aller en&ite auaHI-
ner le Roy dans le H~M~ mal dépendu par
des Eunuques tant blancs que noirs qui
<bnt de pauvres Soldats. Mais le coup des
~on~urez fut rompu, & le grand Portier
c&imé desphts braves de &ntemps,s'eaant
trouvé & Cm pofie avec deux de &s valets
Géorgiens de Nation~ c'e& & dire vaUlans,
comme le font tous ces peuples,prit le, fa-
brc & la main, & rcpou& les traîtres 6 ver-
tement, qu'ils .(bngerent bien-<to& aL pren-
lah~ ayané fceu~c~ttéx~o~n,
L~IZoyayanf
dre la.6me. LéRoy &eu cetteadïon,
ie& venir devaM &apresïavQB~loué,
<M~nn&<pe.Ia~iarge,de~md~
.1- ,r. fia 'Ile de
.jmeurcroit~~perpetnité.~dan&~jBum~
percicn~k. Itotdonnayd&plnsa~
~Arc~esd*in&Ecpcettc~~okdans~M

_j*
~o~c~ s&vouÏut~qu~on en~eca~~iaMm;
.&
&: tout ce qui avoit e&é fait pendant fbn
règne, fi aucun de fes Succeneurs entrepre-
noit de rien changer a fa. volonté, &docer
ceccc charge de la maubndu ndele Géorgien.
Le .K~~&MM e& le Chef des Pages du
j!C~, qui e& le lieu où l'on tient tous les
bruvages cxQuis pour la bouche du Grand
Seigneur. Ce& une espèce d'Echan&ne-
rie~ Ce le JeMM~&<o&< une dpece d'Echan&n,
qui e& auHi fait Bacha~ quand il fort de
charge. Il e& déplusle Chef de tous les
~M, qui font les Cuulniers & ConStutiers,
perfbnne ne pouvant entrer dans ces OfE-
ces que par ton ordre ~c il a fous fa char-
ge toute Ia~ vatuelle qui e& pour le fervice
du GrandSeicneur:CetO&cierapour&b-
HitutIe~~M~ Orayantditqn'cnibr-
tant de ~charge il e& &itBacha, u e&bon
de remarquer,que ceux qui fortcnc dnSer-
!ail ponr e&re: Bâchas~ doivenc~avoire&é
des ouatante Pages de la Chambre, &woir
paÛe par l'une de ces Cx Charges, de c6~-
jM~a~, & deiB~~o~&ntj'aypade,
de Dopa)~M&t, du c!'o~&r, da ~My,
& du R<~<&&dont je parletay bien~toR.
Hors de la: ils ne peuvent e&ue.B~f, on
~M~, ou .~<&<r, outouc ampms C~M&<-
~h6r par nne~race ~mguMcre dn GtandSct-
t. D
gneur.
Uene&deme&ieduC~oa~toM,
qui e& la feconde personne du Trefor, &:
de 2'~<M~M~ qui eft la troifiéme. Si
cesgens-Riortcnt duScrMdIa.vancque
d'être admis au nombre des quarante Pa-
ges de la Chambre, ils n'ont qu'une paye,
dont la plus haute ne monte qu'à deux cens
Afp res. Je paue aux autres Officiers duSer-
cn[dontU:MTipade<bn~inaïLdaoon~
Le DogMtp&<cMe& le GrandFauconnier;
charge luy donne beau rang aupres
&: & un
du Prince.
Le ~&o~~ eft celuy qui porte la robe
loyale appclleeCw~&c, ce que nous
nommons cnFrancc le Fow-M'MM<.
Le R<<<M<f e& celuy qui tient l'écrié,
quand lé Grand Seigneur monte à~ cheval
LeJ~< €& le premier desGrand.Se~
Pages de
la Chambrer u porte l'Bpce du
deceremonie.&ronchoi-
gneur aux jours
Ct ordinairement pour cette charge un <lcs
pageslcsnuenx&its.
HinMrf~~f~' ~~hef~T"ïant
Le
des Bains. Quand il&rc~n Serrai!, dcmeC~
!ne<yM:leiaMMdM~Md~€pn<~t~:pnanMT
des Pagesjde~e&rn, lear paye; par.jonr €&
dccencAipres,&s''i!s Hmc<h:ttfMMNK,
eHcpcBEmaatecJN~qa~cenccmquastc.Il
&ut remarquer en général, que quand il
fort quelqu'un des quarante Pages de la
Chambre, pour remplir leurs places on en
prend tanto& duTrdbr, tantôt de XM~,
& tanco& de Se&rli, ce qui le <ait tour a
tour. On tire toujours les anciens, & ceux
qui les &ivoicnt montent en leur place, ce
oui fera mieux expliqué au Chapitre du Tre-
(or.
Le ~MMMc&M~ e& le bhnchu&nt
grand Lavandier,
ou le Chef de ceux qui le lin-
ge du Grand Seigneur.
Le C< CM le Chef de ceux qui s'e-
xercent a drer de l'arc, & a lancer le jave-
lot dequoy il le fait grand exercice tous
les Vendredis dans une Place du Serrail
deiHnee a ce diverdnement. Voila en peu
de mois tout ce qui regarde les Charges
principales dn Serraii, poNedees par ceux
qutbmpa~ dansées CbamtM~s desichoi
glans.
Les SMMtyMf 'M&f, dont je n'ay qa'un
mot a dire après ce que j'en ay remarqué,
font commis a la garde de l'Appartement
<~ES Femmes ~c l'on choï6t poar cet omce
!es dus laids & les plus dïËonnes qu'on
tHm!etrocver. Bs font toos coupez a ncur
deveMredepnisSoUmanfecond,qni voyant
Dij
un jour a la campagne un cheval hongre
qui failloit une jument, jugea delà que les
Eunuques qui gardoient fcs femmes pour-
roient de meune amufer leurs panions; a
quoy il remédia d'abord en leurmnant tout
couper, & fes Succe~eurs ont ob&rvé cet-
te règle. Ils font en grand nombre, & ont
entr'eux leurs chambres & leurs reglemens
comme les Eunuques blancs. Je ne parle
point de leurs diNerents employs, ~c leLc-
'~eurverra au Chapitre du quartierdes Femr
mes, ce qui & peut ravoir de certain fur
cette matière.
LeJC~?, Qu comme d'antres le
nomment JOM~r- c'e~ a dire en nô-
tre langue le G~<&M des ~&~ef, e& le
Chef de tous les Eunuques noirs, & va du
pair en autorité &: en crédit avec le CapL
Aga, qui e& le Chef des Eunuques blancs.
Ç'c& le Sur-Intendant de l'appartementdes
Femmes il tient les defs des portes,
parlc;quand.il vent a l~mperear. La char-
gp qu~tL pp&de Iny attire des*preiens de
tous cotez: & il ne s'en fait pbinc aox Sut-
tanes par' les Bâchas antres personnes
qui ont bdom de leor~&venpanpMs dn
Snlem~ qu'il n*en reçoive en pafacnÏiec;ce
qui te rend on de~ plus riches~QCScters,
& des plus conCderables de la Porte.
Je viens aux Ja~MM~M,qui font le &-
cond ordre de la. jeuneuë dont le SerraileA
peuplé ,'&: d'où l'on tire les bas Omciers
donc je vais donner la Li&c.
Les <<~M)M~eM de meune que les 7a&
~~M<f, font, comme j'ay dit, des en&ns de
tribut qu'on levé &r les Chreniens, oupris
~n guerre &r terre on fur mer. On chomt
les mieux &iis & les plus robuRes pour le
grand Serrail,& ils n'ont ny~gagesnypro-
nts, a moins qu'ilsne&ient a~amcezaquel-
ques pentes cnarges. Ils n'y peuvent par-
venir qu'après pluCeurs années de &rvice~
& leurs appointemens ne vont alors qu'a
fept A~res Srdemy par jour.; Pour ce qui
e& des umplesAzamogIansr~p'onélève en
d'autres lieux, & qui n'entrent point dans
le Sertail~IeGon&anonopIc,toute lenr~r-
tune~Nr'b'M'nec & devenir ~anMaires~
Lors qu*a l'arrivéede ces jeunes gaMons
a Connantmopicon enj&a: 1~ pranieBë di-
&&ntioïndansles Senails'o<f MauoM
~R.O
Royaleses'du Grand Se~nedr,
dn Grand. :co eïr~Iài&
OD.eir.
on '~JaiBè
r
queIques.nn~dan~Vincpourappta~.
.anHt
dre~~desmeders,&d*aBtres6mcenYoyeze&~

mer ponr ictvir~dc~mate!dcs ~c~&jrendte


expa~dans&nav~~on~ o~i&
Dnj
nent &quelques charges. Mais pour ne
parler que des &uis Azamoglans du grand
Seriail, on les employé à divers offices, &
ion en &ic des B<a<pf, des ~~tf, des
~«pf,des H<~Mpf,&dcsB~Z6~tf,ceque
j'cxpliquetay au Loueur en peu de paroles.
Les ~q~npf &nt ceux oue l'on employé
dans les jardina du Senail, d'eno-e leiqaek
on tire ceux qui doivent tcamcr fur les Bn-
Eamons dm Grand Seigneur, quand il vent
icdiverQrxiape&he~ou&Momcnermr
le canal Cenx qui moncenc &r les Bdgan-
ans, &qui rament à la droite, peuvcntpar-
venir à1a charge de BoRan~-bachi, qm c&
mnc des pluxcomtderaDiesdu Sca'an: mais
cemc qui famenc~Ia gancb&n& peavent en-
trer que dansées pedtsemploys qm& don-
iteàt dans Ie& jardins. S'it arrive <pe ion
d'âne &<rce de tirer rompe & iomecn
pre&ncedu<&ahdSe~nenr, &Hance&lny
&ic donner &r le champ QncpanBeeecs,
~c &it annt; d~bEmuer qneiqne~argënc imc
aMoMmees lésais~a'itmaBBemE&niB~-
Lcar~ ~'pDdc!piye
&cwy~<qaehpES av
zatmees, <& de ~eDC~A&tes

I~~M~pt~
<BdB~ypat~nc,M<p:te.Ie ~eBemenëiSc h
Mt~u&iuuieT~Fi~cncTOtB~demencf~
Ï~H GRANO SBÏGNBUR. 3<
de tous les jardins du G~tad Seigneur tantPOMVa
de ceux de ConAancmopleque du vo~ma- jptMbd!f Stme<tM

ge, & commande &plus dcdiï UMUipBo~u~thMge< hPon*.


de
gis qui font employez ~leup ctncm'e. Qgpy
an'U&ic tiré du bas étage des Azamo~ms,
~n pouvoir ne lanïe
pas d'esté g<aad~ &
fa charge une des phts bcUes ? des p!us
conCderaMes de !$:CoHr. EUe rapproche
de la personne dn Pnncey~ aaiHpeutpa~
Ïec &nu!ieMment quand tl jk condor &
mer, eRant auis an gQCvctnMidnBï~Min
o~ monte te Gïaad. Seigaemr~ tp~ s*eaL.&rc:
je p!us couvent pour poKe~ M~ onhe~
quelque Bâcha Quand Mven<:avojtr& ee&e~
Tons les Grands de la Porte le tedoetent,
& tâchent de ga~nef ~on.t&~ionparIeuM
pce&ns,pat)ceqn H ïeoc peaMendte dcboM
ou deman?ta<s o~ces aopres Ponce ~Tt
gouvctM M~aac &s~'EOBMMtde& Con!
B~ae&tdH~a~e~BBt~d!
tin à la i~aan, avec~~Be~Tdc~~&oir
en~pB~en~pourk~~c~
ntea~'ittpeM~~leMce~~
de ITERat & de Ja conduite des B!~as~&
&!on&~5'o~oo <om inMt~diteDCt-
j~na~T'ce!B~!e: ch~es~ pa&hc,<~J~
tomnef ~jaf;mani~<q~ tecaMeJt~an.
&!BC <& ~ie~ ~aat~dttns ~&yMr,u
peut avoir jm des grands Gouvememens,
& devenir Bâcha de Bude, de Babylone,
ou du Caire, & meime Grand Vizir, qui eA
la première Charge de l'Empire.
Les ~Mr font les Portiers ou Gardes
des Portes du Serrail, c'eit a dire de la pre-
miere & de la Seconde Cour car celle de
la tromeme qui donne encrée au Serrai! in-
teriour e& gardée par des Eunuques. Le
Chef des ~~pt en: appelle ~~M~, qm
a fous luy d'antres Omciers qui portent le
me6ne nom, & dont le Grand Seigneur fe
&rt atuB pour porter &s ordres. Le C~f-
~< e& par deUus tous..
Les ~gzf confies Cunmicrs du Serrail,
&rleiquels comme hurles Hatvagis le Jt~-
&j~MK a plein pouvoir. Chaque cunme
& ion ~<p~M&<, c'eitt a dire ion Chef que
nous nommons Eicuyer ~c le .<M<HM&<
&M< e& l'Intendant cpn &uim~ les cum-

nés de tout ce-qui leur e~neceCEure, ayant


ibmanmdeJaTabIedesAmba&decrs.ic-
io& <pTl Iny e& ordonné pNp te Grand Vi-
zir.
Les~ B<&M~ &nt les Conntcners, dont
j'aaray lieu de pàrkr plus ampïemeat.C'ca
amE le menne ncan Œte l'on~om~e
cemc
qui iervent ie&~GBuMs dm ~cœat, & qm
ils
Les
veulent. c~
ontpermuEon d'eniomcac.yf entrer quand
B<<Z(~'Jbhe des gens ~obu&es em-
ployez & porter .tous JesJ&rdeaux, comme
t

nosPorte-&Ix &.Emdem~ de.tM~8:~A<&~


veut dire proptemehc.uninommeije' travàii'
Le H~
qui&&rtdebjcoignee..
c& le Chefjde~&ï&me-
:rie, qui prend gaj:dc:~aut~cetqur;cn~e <c
&rt &.uu~ Jcout~ qu'H n'y entre pôinc.de
vin.. 1
Je dpis< aM& parler dat)s:maL &da!6on de
l'&tMMt&etM~tO~ ;&L deu ~B~ggA~~ qoi
~bnt deux O&ciers dn Sultan, mais~ <pi ont
leurdemsnre.hprsdn~Serra~
jI/&))<M)<~M< kgrand1Ek:DJ
maK~cdé~t~Ïe C~d;jS~necrpcpmn<Lil
fe montre en: puMc~&.dan~MmesjME~ccre-
~I~mds~~
V ~D ?.jd'
JOM<meSti.~f.) ,~c.~H3~<:j ~'j~uc ?ji~l

C~P~Mn~
~£hcf'
~~Mf~H~qmM&~heaMMRoRdc
~Sp~Md~dMM~M~~MMëaamMm
i~~en~MM'
%<~es~ens4'o~qH!~
~~<E!<Matp~c~~B~zsl 2uo
1
ta~a!j~[K<B~~
J~.
R
rie,&: j'ay quelques ob&rxanonscurieu&s~
&ire&rtous les deux.
Le CMa~-B~MdHë (~idfdcceux qoi lè-
vent les ttibats;~c<c~e& <de iuy .comme <tu
C~MM~M~<A<Mttjen< ~aod Do8amer, &~hns<-
a&MBM&M&t om ~Cht f jdesiMarcÏMhds, donc ~e
Grand Seigneur fe iecc pour ~dte dcs~van-
ces quand n.& ~iom-da<~gent,~cqu~ln'y
en &pomc ~M~~eTce~JMbiM ne 'voulant
pas q)Mtn couche au Tteior &ccec. Il faut
neceCairemenc qu'ils en trouvent, & il ne
leur <€& pas <MEMe, pa<ce ~pe dé~ous.les
tnbucs,domame~~& antres impoNs que
i~on ~ott an GEand~Seignecr, u a*en ~payc
qu*& I&nn de l'année,~cesOScieB~&nï:
payera ~comïnecccnMmLT~~ de
gens~de~et~~et~~ iat~Ns~tenc,~r~
de h MahoBMtaae, nt
oemis de ~ayor ic
tribut fans aucune exception, depuisqa~Ïs
CMMiNtMNë&n~KRa~mt~~ë~n~&cH~M~
teuM~l~RîM!a~<S~
d&a~~<icNct, q~
B~~M
Mtêo~pB~de
tf~Mae~
<ap<
hcnf~~MB~
~o&4e «~f,
~4 <BMMèy~
Tous !es antres?<ShB<&MM~ qtM~BBaenpd~Btt
!~Qp~~Fie~~ae~a?~ ~j~odf;<!)<Ste,
qQMMt cc~~ta~~B'~b~~JM~
mj CRANTA yErGNE~R.,
fait payer des la. première ville o!i iis'aaa~
vent. Les Grecs Eihangets,comme~de~ïa.
Mofcovie ou antres heox,.payenc ~o. a&res
Les Arméniens qui viennent de Ia~Per&, <~
ne
la Georgie
Géorgie ,.de,,¡æ Mingrelic <5sles
,~e la*MïngrcIie'~ E'c~~
d~aatres t<aïs~
ne lont taxe? qu'à; }oo: Poor les C&reKtenc
que l'on appelle F!fMgw<f, ils nepayenenen';
&: cch a bien donne' de Ia.geiBc:an~.AïAba~
&denrs de l'Ettrope, prihcipalemcneàl'~a-
bauadeor de France, & tTcavanb pl~ de'
Brancois habimez en TaMUi&qpe: d~pas~
une antreNado~ eoimne.M~ctds'neron~
leur année que de douze Lahcs,.lsJnb&~&
trouvant de pBes~ do' douze~ demi<&, ils ne
font payée qae pb<~ dbuxc L~Bg Mus* eh'
revanche &? poarne~em~per!<dëctpentc-
trois~cn trence-tfois. anis, ils' &nP &Hfep le
domMe cete& trente~ro~éme a~ec,-& ~ont~
gEandscecononNapdo.bie~dcIëa~Ma~el
H nïync <p~é ~dcme Pïi]a~oes:am monda Ma~
poMont !e nom dB C<n~~l~Em~e~M< <j~ J~ !eh~M.e
gntMiertaMaae~actcKoy des' p~t~ mkta&e
)M.jM~~Mo~R~thoB]tah& C'e~'ttWMrk
dctïip coNidMoN p~e ctf'.detMiér'do~ttite Ttt~
CMa <teh

it ËMC<~j!i~a~k Leia~~L ~oana 1~ M.e.

',E
vf~emeBi~vïa~t~ pr~e~mëâ~ Q~naeL
!M~an~€Baa!d<Se%a)c'o~, ÏësToces ce
Eij
!ë'
tiennent que~comme un.Gcnvcoieur de Pro-
vince, ourtoac.aa plus <que pour un Mnce
yaual. Mais ceux du pays les Moscovites,
les ~olo~ois le&.iGeorgiens,les Mingre~
l~ens ~c aa~es peaplesr du; voumage le tEai-~
tCnt:.deBjoy~iandUs luy écrivent. LeGtand
~e~Rcur. tue de beaucoup, de politique en-
vet?J~c.jQMn,dcpcuEqu'iLne &revolBe, &
ne & rende~Ius puiuamt iqu'il n'éN: eB: s'ail-
Itant~vec des Princes voums. Car il &uc re-
aiar<pierQue la. petite Tarcane~don~I~ vil-
le de Cana: proche~iB~CMMiCimenen
la Capitale, n'e& pas un pays conquis par
les armes des Otbomahs. Sé& anciens Roys
~miï~etu:: &ulemeac~o& la protection <ht
Gtand~TSe~ncar~es~teceMt a condt-
non jque quand' le pereL jnourroic, ton nls
on le plus pMenc parent.&n SucceMenr me
pounpic entrer an gdcveEcement,-qn'ilrnc~
vint prendre finve&itore~ la Porte~ &: prc-
ier ferment de Sdeute an C<rand Seignenr,
s'obligeant de~ tendee a)~<es~dc:&s;
~temtcrs~rdrës.€d)a&~S~B~
~n
en revaaçhe.'s~'il ~i'e~.&abl:fio.ât~s<~n.
reyaNche~qa'ilji'e~~aHB'o~~amais da~.
a'c que de !e~ race -po~ com~an~~
lapeMe~rtaM~~<c~B~~
ches de cette ~m~~il~~ipf~~oa~~
une e~ e~~tas S~~R~ode~~peodaat
DTT GRAND SEIGNEUR. 37
que l'autre gouverne. Mais Captes .quinzeL
jou vingt ans il a quelque Soupçon que cel-
te-cy & veuille rendre absolue, il &ic venir
le Cam ~e &s cnians .quand ilen a, & lèsent
voyant à Rjiodes, eh tire celmr. qoëy e&oit:
ediépour l'envoyer régner a &n tour ~net~
ques années. La forme de &n Jonche &
verra au Chapitre Juxieme de nn céladon,
où je parle de la Sale d'Audiance, & de là
maniere donc ce Princey e& rcceu.
Il me re&e a parler du. JMM~ë, des C«S-
Zg~M~f, & des C< & des* autres gens <k detCea*
la Loy, ce que je~&tay en pen'jie~nocs. R deLey.
&mc de remarquer icy en général que les
Turcs nfnnfnc que les Loir ciyiles&nt.par-
tie deIaRLeugion~&qne IcnE~tyanBe&Bthm-
nees par leur Prbphcce~ cRes~ienBencde
Dieu & demandent une obotnanoe~aveu-
~e. C'e&~de:cettejï~ere,<pti!s7&nt'tcte~ i
ims dans Ietdcvo~Qbc!nB~'à~
Loix autant par on pm~ te~bn'iae
de con~aence~~pe~parR czMmc&'jtk~ch&t-
mens~ ~~nesTàft~mf~~nn'if~
nos n~Mit~iem~tt~~
les JCadispaN~ donc mdiCeremmeMo~~
le~coct~.gens~ ]~, icotnn~e &<Mos\
n~j6HM~un meËne~oBdM~ia~
io~cns & ~e ~os;JmBCoh&hes~ & (bnsies
Ei9
canies.~cjMdes & d'inuoBUes' le Mon&i efb
bM&~bnvenccoBtCdce..
Le-JMM~ e~&iBfhonotaire dela~Loy
dan~toM Ï'En~iEB~&tena:poa~tIaceDM~c&
dicl'Alecasm. ~p~edmaBand!Moum;<tB
Cba&a&mo~e,. <pn dt le pdus caim~&; le
ptincipai: de toa&: Cacii~y ent& phiCcors.au-
tr<ea~Tni~e,~lc6~tteIs mm-pius que
&ir les &Mny on B~eaces il: n~ auieune: Jtï-
i'if<lidion~chaicuia:d?emfne:feconnoif6ncen[
tontes c&o&s que le MagiCMt, &: n!y ayanc
pamc:ent~ea~d~ &penpnte EecIcCaAïque.
Cel~a~mpd)~
foit honore: de tous' les ano-es,. & en~ oes-
~mtdB~cMM~oKpàm~Ie~ Ledand
Se~MNP jM~ d&nne: qH~
uaMOEManB ,cc:ai.é~
ptoD~
te~ii'Icrcoj~té~otM~cdans&~a~~les
plos'.impoKantes~~mr~~
it~~qi~'l~~nSD~ qm il &
~cwe'poacIeNBeevbiK
I~es) atdN~MM' M~Bnctc~oa&i~&nc
Jnge~MM~~X~
')'
~sa~ 'Sf!&ï~ pac
ïMtit~cepMi~M~e~~i~Bb~~
~L~~a

~h.M~~d~MSa!&
em~.cerqmtle~&~a~Kapp~c~naBs dc~
'Y~
')~;T~'
~a~~&M~K~Ë~dK~BaS~~pa~ûb~
,1
Moofn,& 'us~nt &ance an iM'MU&'anmé-
~rts Jl~t JMiM~&MSf~Ht~es~wges
diatemeat~p~~c~and~aM'. "1.
le: "5- 'Y"!IZIr.,
jLes JM~M, cm
i

dcsgrandes villes, qui recoiyect ~euf~eën~.


mi~n j~~C~idihj~qu~,<M~cp~ 'cn-peuc
appdicr~de Ïeu)' SeaMMe ~ms~arit &a<
lement ~u' yourte qai ~N: 4a cnaMn~Hit
cau&~bioBrto& ~ee,~1emM!Bdref]~é
condamne a la mort en dernier reÛbrt.
Les û«& font au deubus des Mollah, &
doivent avoir conno~ance des loix & des
coutumes dn païs. Ils ont encore fous eux
des M~, qui rendent la JuJtHce dans les
villages, & tonte ceMe JidHoe eA briève-
ment adminB&t<$e~a~t~e~~rocureurs
.nyd'Avoca~
A~et~~
Les Pre&res
desTurcs~Mfj~mr~~ MoC.
'.2
.~ez. a 'I: pso~
PS on.-
Des.H<~ ~ont iesDocbems de hLo~
& comme ies']~Liegens~ &: les Préceptenrs de
la-jenneuey'
Les J~A~Tcar tiennent Hen de Predi-
.qnes:&htceox
catears~~Ienc~mt des e~mortations pnblt-

~Bs: JMM~ qm cnent Mûries


Tours de l&Mofquée pour appellerle monde
à l'heure de 1& pctere~lesTurcsnete fervant
;goinc de cloches, ny meGne les Chre&iens
jdaas,le:LevaM.
Les,JD~cM 6m~ des Rcî~teux~ Turcs qm
vivent pmvi'emenc, & D~~Maùm veut dire
/«MMW. Ils font la plufpart ridiculement vé-
aMj,& tpasfgpnendemcnc de grands hypo-
crites. .=.

.?J:~
z~ES
DU GRAND SEIGNEUR. 41

DES
DIFFERENTES ESPECES
D'OR ET D'ARGENT,
ET DES PETITES MONNOYES

&~MC /V
qui ,ont cours dans la. Turquie
~OM~ ~M~~J
de c~y~Zr ~w~ ~~o~.

L n'y & que deux espèces d'or qui EipetN


fef&
~yenc cours dans ~ouc l'Empire d'M~tne
~es Turc~yl~e qui e& du tMM~s,'qeieat
l'antre qui e&~ttaneere. L&pre- hTntqaie.
miere c& le Jh&< appelle autrement J!<-
~Mt oà jiw~M~~ ~~ecte espèce ~nt
=rt&fi-amdenofiremo~nnoye yaut'prê-
re'
tent &c 6'ancs deno&re monnoye~qupy que
cy-devanceUe~ n'aie valu que cène fois, &:
mdmeie~qtNtrejERm~
Les.~io&<~ viennent d'Egypce~ le CaL- DM,&
fe c& h &ule ville de l'Empire où l'on bat eomaimc
co <ponc
F
de l'or. Çj~c or&cire du Royaume des Abyf
"Cns, &:voicy~e ruelle manière on l'appor-
te an :Çaife.' 'q~tité'
@Il~tire.ï.A 'e'
quantité nn'en
en ~eft
<~t ~<aï~ër~ c~uând les pacages~nt
e&pas esde

?0~ i6~t~N~G~~ ibicpar des pluycs


exo'aorctina&es qtH'inondenc les Campa-
gnes~ il ne vient que peu d'or en Egypte en
ce temps-la. Dés que tous lesempéchemens
cenent,& \pe le commerce eA litM-e, on
void arriver au Caire, &: me6neà Alexandrie
pluCeurs ÀbyHins, qui apportent l'un deux
livres d'or~l'autre quatre, plusoumo&M cha-
cun felon (on pouvoir. Ces pauvres gens cou-
rent mille ruques dans leurs voyages, &: c*eA
une merveille comme ik~penvent en vec~ a
bout. Il y en a.q~<}ues~~ <~ Ïont des
terres d'où (brcit la Reine de Saba, que
l'on appelle aujourd'hùyleR.oyaBmë~SaS
bour. D'autres viennent ~phs!~c~~c~
ont quelques-fois a'marcher quinz~~amee!:
6n& pouvoir boH'c"qhe 3ë~'trcs~me!~0ttë~
eaNï & iort hui6bles'a ~<&nte yce~que~
trouve-en Mver~nt~~e&rc5~ei'!<~i~
Sr par' hazard ils trocvecë <p~ne~ c~~xtne
où l'on a tue un depnànt, c'ë~jponF'cmrde*

pas
Mes
~e~~
quoyËuM bonne jtBetë~~Aj~~e~ne'~M
s~onï~ dè~coMrtc~vie
Miac ~as~ciM
gens, dont ~c corps

<
fDU GRAND SEIGNEUR.
voyages,& qui< <la p~dparc
< ~7
ne. vont guère au
dc-la~de quacahce an&~Iltea: e& dcmcâaede
ceux qui vonc négocier avec les ~oa~ais
aux côtes de MelindeBc de Mozam~e~les
manvane&eaNx qtrn&tonc ponmiMNde~
re en chemin les rendent nydrop~scs.'d&
l'âge de vingc~cinq ans, & en générât tous
les peuples du Royaume de Sabbuc ohc ia
jambe dMite ennee, & une &is pîm~Mone
que la. gauche, ne pouvanc guère vivre que
trence-cinqans.
C'e&unemerveNedev<nde~ce~ec BOMM-
iaqueUe ces~pauvresAhy&ns'&pbKencdâns sby~e.
le commerce. Tane ceux duMidyixmi font AbyCtM.
Chre&iens~ que ceux du.Notd qaitducaent
I~gypM.&~ui~mtMahomjetm~~pKs~voir
pn& des matenandt~qa~lea~fibïte~BM~es
pour ta-vaiecr de l'br qc'ont ~ppop~ 6
on~oir ca~bcmitau.& ~a~câ ~ar
de~ya~S&~oi~e~
s'en!
cenic
~up
~ddmm~rc!e~ï&p~<~
sll anave qMm de~~A~E~amM~eL
&MeœmenM?~<dMa~
pMen~o~~t~i~ic~~a~~
appotte ~~aot~MohM~ voy~-po~~
matchandue~qui e& deuë~Sc. jn~~e~~
'Ï~CaM~M))~~
~piaiti~d~~jiN~~
F
r-
'me.
ij
cun. <Teux. Tout ce qu~il y a. a. craint e&
la. zencontreqnHspeuventAire de leui~ en-
nemis, qui les volent & les ment ce qui
s'c& v& ph.tCems &is ,~c particolieremeat
AM~t~ dnAiM~r, yTayanc moins de danger
veifsleNoML
Les e~eces d'or ccrangeres qui ont cours
enIuMuie.&nt les,ducats~d'Alemacnc,de
HoHande,deHongtie,&deVenue. Ilsw
<bnt fort recherchez, & on en paye jtnon'a.
Cx livres dix fols, & & & livres quinze M)Is
piece~ pour les porccr âme Indes on l'on en
eut grand commerce, comme ~e diray dans
mes.Kdyions de l'Orient. Depuis quelque
~~j~a~Be'
temps~ les ducats d&Venne ommn~pcu baiC.

<r.
& ~o~tc~ccutdT~&ma~ea
N&t& gavent padcde bouBces.daosce&.
~BLeïation du. $eoaiL Une ~)o<mc e&uBe
~mM.cmq~~jeMs~e~~

~~<
tM~cesdoBtJc ~andSe~Mur~utt&sprc~
nu~i~SB~
~ensordiBaires, Mai~Bnetbon~~oE~d~
de<sBt&~
~cn~tUç~~e&a~j~
peces d'or &: d'argent yont cours. He~boay
qu'on y en paÛe quelques-unesd'argent à
fore bas titre, principatement les~ Xe~, emi

~an~
font des quans de realc qu'on~ j)ac en Pob-
gne; & a~ec~aide destn&,
co'angeres'qui&nt tomes altérées.. s
Il <aie&<MS<~pM~s<~ugeMenT~mquM,
bat dans le pays, comme 1'
contmedesc~cces d'oc. Jiy en.~qaeTfon
& b
Ji~w-
~f, qui &nt la plus pedte monnoye; & il y
en ~\d~CBangeres~ comme ~lafrBMC~d~E~a-
gBté~JSc les ncMales <Ï,Alemagne~c~e<Ho!~
ianne.
Un ~~eïHa plus peotedesmpnnoyes~,
qui cy-devant ~aloic ~Mr deniers' ~coBMn~:
J".L-
e&ant de I)on argenc, a~ia CûBce&Mt de 80.~
'LI
pour Tecc. Mais*~ans
uBSe~~Sh~Mm~~
è~e~s:'da~i,s~ks
g~ees~~d~~Ies~m~~ce)
~ent~ondonne~poor~n~e~)~~
a.
rûs~Bm~aBces~'eïoi-

~i~tEte&~taé!
a~e&
n<a~qa~~aaBt<~attB~ '.a 1.
~~j&

'<Mt<BaiBe.)t~ '?-t~j
~~aMd~Ëa~~am~N~~d~~p~gw~

Fiq
.M«M la. ~ichdale marquée au. Lion de
Hollande. Apres quoy unvent les pièces de
quatre reaies, de deux reaies, & d'une reale,
&: cy-devanc nos pièces de ciliq (bis, donc
il s*eN: &it un grand commerce en Turquie.
C'eft une chofe que tout le monde n'a pas
bien ~cenë, ~c l'hi&oire n'en &ra pent-eth-e
pas dd&greable au Lecteur.
Un Marchand de Marseille envoya ians
denein a on Facteur qu'il tenoit a Smyme,
pour deux ou trois cens écus de pièces de
cinq ~bis~ui &rcoient de la monnaye~ par-
my d'aocces cj~~eces~argc~~purJ~~
de quelques &yes. LesTurcs trouvercnc ces
pcdces pièces û belles, & en deyinrenc d'a~
bord~~umMMor.qoilsctcrenccpe~ccRotE
des octaves 4e Reale, Ce qu'ils & contenie-
renc d'en recevoir huic pour un ~cu. Le Fa-
~ir
cteuraopant. écrivit. 'M-l"n_'
cela~eaivic
voyanc cda ..J'
aMadMIe, d'ou
~es
d~!uy en
met 8c
WiI ~S~~F~ois
y ponruneancz~ gBpf&&m-
ne tenir
il y g~beatMeo~~S~i~Pran~is
s'e&oienc contentez de ec~ honnête pcc~tt,
Ie~<i~mme~ces.pteces~~p~
~e~ct~d~ bandes'~&~ commaes~,
doreroit encore & leur auroic eBÉc~avac-
t~et~KCs.nei~onïoMMiB~
dereh d'aaa~es<M~Mt~
-paji~u~ ~s'
Icpawa<MB<annee~3~~ lcs '1"
{:' ·
Soldats if leur en &Uoic donner. Un jour
rentrant de Perfe en Turquie, je lus persé-
cuté de plufleurs femmes qui vouloient que
je leur dônnane des ~MMM (c'e& ainfi que
1 on appelle cette monnoye) &: je ne pus ja-
mais avoir a. manger pour d'autre argent.
Nos Marchands François gagnerentdonc
d'abord cinquante pour cent,ne donnam en
Turquie que huit de ces pièces pour un ecu,
de douze qu'ils en recevoienc en France.
Mais les autres peuples de l'Europe, An-
glois.HolIandois~ Italiens envieux de leur
boh-henr, vinrent leur couper chemin &
portant leurs plaintes au grand VLur~ceMi-
niftre ordonna qu'a l'avenir on donneroit
douze de ces pièces pour un ccu, ou bien
qu'elles n'auroient plus de cours, & que'touc
ce qui s'en trouvero& dans les vatuëauxie-
roitconn~ueL JLesFrançoisn'emdeméarc-
rent~3as-&~ ac cbmme~it &lnt~ubirfAn-e&
du V~N'/uss'avi~rcntde'&ire battre décès
pièces~ o~Tin'y avoitpaspoor.quatre ~s
de bon aisenc~ cé~<pn:e&oic un pronc con-
~deMbIe oe ving~dnq ponr
~fa~c~a~lc~ae~ta~apsavantqne.les'~ur.cx.rfl~
H &paE.
cent.
qaelqae tempsavanc que les TuEC&toSt
~eeoùvtarc Ja~ 6acde; certenr enoir at&z que~
le tom'&~t'em '& quTIs 'Ies'~aehr?Men
MaBtcnës;~ tes icmmes & n!!ë~ de i)a&
condition en faubient l'ornement de leur
coi&ure, autour de laquelle ils actachoienc
ces belles petites pièces qui leur venoicnt
battre fur le 6onc, comme les riches y at-
tachent des pièces d'or. Nos Marchands
ponrvenira bout de leur denein~furent obiL-
géz d'aller chercher des ERats où il leur &&
permis de tranqucr de ces pièces-là. Ils eu!.
rent d'abord recours a celles de Dombcs
d'Orange & d'Avignon, & paÛant en Italie
furent donner de 1 occupation pour quelque
temps a celles dcMonaco &: deMaÛe. Mais
s'étant apperceus que les Turcs aimoienc
beaucoup mieux les pièces qu~portoienc le
vi&ge dune &mme, & ces Princes ne vou-
lant pas leor permettre de faire battre chez
emc'~ C mauvais titre, ny an coin de lapjjn-
ce~e de Dombes, ils jettercnc les ycmc far
quelques Charcamr enclavez dans les Terres
des Genois & rdevans de l'Empire où ils
obtinrent ce ~ntls&nhaittoient a. des con-
ditions qm n'eAoient pas de&vaotagemes
a!pfSe~nenrsdeccslMmcJa. Lespieccs<m*ils
6rent Mttrc aQrange c&<Mch<r auut a&z re-
cherchées & plànoienc amcTorcs, parce que
le coin en e&oit beau & fort née: mais cet-
!es do Legaf d'Avignon neorent pas gtand
cbars, Ie~ï6~nen*e~tpas&rt bienfait
& la croix perdue au col déplaisant aux Turcs.
Si l'on& fut contenté dans ce négoce de
vingt-cinq pour cène, il auroit pu continuer;
& le pront eût e&é conCderaNe mais peu
à peu la chofe vint à l'cxccz, & cnnn il ne
fe trouva pas pour un fol d'argent fur cha-
quepiece. Nos François pour les mieuxfaire
pauer en donnèrent dix-huit &: jusqu'à vingt
pour l'écu, a quoy les gros marchands 3e
ConRandnople, d'Alep, deSmyme, Ccd'att.
tres villes de commerce, tronvoienc bien
leur conte, n'en donnant que douze bu tceL
ze pour valeur d'eeu dans les payemens qu'ils
&iioient aux petits negodans des Provinces
de l'Empire pour les marchandues qu'ils ap-
portoient. Hors de la Turquie il neTe dcbi-
toic point de cette faune monnoyc, &: les
Arméniens n'avoient garde de s'en charger,
parce que tout l'argent qui cntreenPed!ec&
porté <Tabord anx jnonnoyes de& SondereSy
pour e&re&ndo.&bam en ~&~&~ donjon
Rit le conte am marchand ~elon le titré de
Cm argene <peToïL a examinera: de cette
mamërcon:B)&peo~ &irc de &ande. On
en u& de me6ne dans tonc l'Empire da
grand Mogot~ & de tous les Princes da
iDondc-:il di-le.1èul: qu!&ii:.battre. plus
ianc titre nonces k& c&eces~ dor & dat!-
t––
gène &ns y~ou&ir le moindre alliage:
Les Marchands Génois voyant que les nô-
tresreûmubientancommencemencdans leur
commerce,voulurent les imiter en d'autres
c~cces, & nrent batre jusqu'à, deux ou trois
cent mille dccacs Qu'ils portèrent en Tur-
quie. Mais ils n'en eurent pas le &ccez qu'ils
e~pcroient; l'or en e&oit fi altéré que la
tromperiefut aufE-to& découverte, le Con-
&1 & le Capitaine du vauÏean en furent en
peine, j8e les intereuez &uverentce qu'ils po-
rentdece débris.
Les AUemans voulurent c&re anni de la
partie en prenant une autre route le long
du Danube jtnqu'a &s emboucnures, d'en
par la Mer noire ils gagnoïentConRanono-
plë. Avec leurs marchandises qui n'e&oient
ia phnpart que de la quinquaille de Nurem-
berg, aiÏez propre pour tous ces peuples qui
ardent IcPont~Euxin~Isporterencunc quan-
tité de R~)~ ou quarts J<K: rcale an coin de
Pologne qui donnoient dans la vcaë, &
e&oient ocs espèces auez commodes peor
les marchands, fi €Hes:n~cËentc&é que
peu altérées. Mais les ItaLucns ne devoienc
pas avoir la homce tpe les ~Hemahs eo&
tent miccx reB& ~penx en cette rencon-
tre, <c ny les uns ay les amces n'eorecc pas
aHez d*adreue pour tromper les Turcs.
Je reviens à nos François dont il e& temps
d'achever l'hi&oire. Dans la chalcor de leur
commerce, & tandis qu'ils eurent Je venc
bon~ ils ne fe contentèrent pas~ d'enlever les
plus belles marchandifes, ils achetèrent en-
core toutes les fortes de bon argent qutls
purent trouver, & le portèrent en. France
pour continuer de&ire leurs &m!es.pieces<
<CerMgoceaHa~l!~Mm~<bN~toQM:raMnduë
d'un u~a&e Empire, &: ils'y c&repandnune
fi prodigieufe quantité de cette ~n&mon-
noye, qu'il s'e& ~u par les Regi&MS des
Douaniers que le débit en e& jnonce à
3,
cent quatre-vingt jmillions ,fans -.conter7ce
quin'e&pasvenuaJenreoonoiuance.&ce
que des matelots &aut~partknticrs leur
ontpucacher..
Les: antre&negodans ~eI'Earopequin~.
poztoiencque~e:bonatgene âyanc~rié coa-
tre ce .defordre, & po~Lane~&coode&is
jem~plaine angrandVizir~ies~BMsea&t
oœnarent: ics yeux; ce~.McmMr.Mmi&c
ayant compas que ~6 la.;cno& cananuqit,
dans pen de tempt am neud'a~enc An~an-$
jKMt que ~~m~dansIEmp~~dct~
c&d~pQrtet~da~aMa~ de !<~t~ de
doq~pcmc:& eom~
n G
<S: de
groi& amande ceux qui ozetoienc y cot-
orevenir.
Ce decry&~ettedeScncedu.grandVizir,
ne purent dégoûter tes Soldats qui iervoient
en Candie .de ces pecices ~pièces dont h
beauté les charmoit. Qupy qu'on leur put
dire us ne vonlarent pâmais e&re payez en
d'aunes Je~eces,&: quel<mcs mutins com-
mentant ~Ëcber, ommt conttainc d'en-
voyer prompcement des galères a Smyme~
& en quelques autres vi&s de commetce,
poor eateverde~eote moamoye-tou!: ceqn'pn
pourroic y en ccouveF. lA quandt~ &tpre-
nance de ces &U&& pièces diiper~ees dans
toutesriespro'vmces de~'Em Oshoman.
s~en&~evatat)~
ges.ecB~oMc'ptas'dccoues.
Au commencement du decry: de cette
&uSe m<B!anoys~ noq~ellenfen ayant
pas encore c&e~ pon~e ~uiqu~aux pays eaan-
gets ,ua!aommeBe<~eBEageatouM qu'ii
at~Mt poN~ËdBejj~pa)~~
i& e~~)!aes)~~ft~~
dinaiCEC~ alM~e~ o&& ~at~ gaerc
~atgenc<pe~~t~
<dm~ ~i~yiaie&&
~~aaé~Nt!
y
DU GRAND SEIGNEUR. «
~erut qu'il s'en pourroit dc&irc
< s'il & ren-
voie promptement a Conftandnople, ou on
l'auura que quelques-uns en prcnotent en-
core depuis le décry. Ne voulant pas hazaf~
der le tout fur mer, il en envoya par terre pour
quatre ou cinq mille écus qui furent volez
aupres de Burfe, & p«ta la plus gronc par.,
tie a ConHancinople dans un vai~eau Hol-
landois, deqnov il eut encore Reu de tere-
pendr. Apres l'avoir expo&e a la Douane
pour en aquiter les droits, le grand Dotia-
nier luy dit qn'd ponvoic revenir dans deux
ou trois )oursilpour jrepremdrc ce qui i~ ap-
partcnoit, & ne fbrpas pluto& party qu'il
ni jbndre le tout en & pre&nce. La Mpara~
non &ice, &r vingt miîle ecus que montoie
la partie, il ne le trouva pas pour le .quart
d'argent, & le marchand venant retrouver
le Douaniertomba de fbn haut, dans la-cracm.
te qu'il eut qu'un révère châtiment ne fui-
vifcla &aude dont il e&oit visiblement con-
vaincu, voyant tant de craOe d'un côtét &~C
peu d'argent d~ac~~& les Turcs ne
ibnc pas fi r~our<aM~n ie l'imamne, le
tout my fut rendu, ï~n!e &t pas me&ie mis
à-1'amende, ~c on luy ordonna feulementde
i&renrer..<
Il e& certain que les peuples de l'Europe AtttOXM
<tMd)t&
Giij
plusrannez que lesLevandns,&quila p!u~
part ne recherchent pas fort lafmceritédans s
k commerce, ont apris aux Turcs pluCeurs
fourbes qu'~s jscoroienCyOUc~'ils ne pra-
tiquoient pas, fur tout depuis que les Gré.:
nadins cha~ez d'Espagne furent s'epandre
en plufieurs Province~du Levant. Avant ce
temps-la on pouvoit fe repofer fur leur bon-
ne-My mais aujourd'huy en traitant avec
eux il faut fe tenir fur tes gardes, tant l'e-
xemple du mal a de force pour corrompre
ieseÏprits. Et nous ne devonspas nous éton-
ner de cette ancienne &anchife des Turcs
dans le commetce~puuquede pauvres Aby~
fins qui partent du fond de l'Ethiopie pour
négocier an Caire, les Idolâtres mefme
dans les ïndesytranquententr'eux &avec les
étrangers avec une endere & inviolable 6-
délit
DU GRAND SEIGNEUR.

CHAPITRE I.
De l'ecenduë ô~ des dehors du SerraiL
SOMMAIRE..

~7'
~J~ ~R~0'~r<
Oy~M~t~W~CP~MMM~~M~-
C~MMn~Mc
(~~M~n~ (~M/~M~MM~
<~M~M~~f,~Sj~p~Wjg~~Rr ~&o~.
e~&&MW~M~<n~<g~C~MwaM~f
peu ~M~MMM. J~~Mr~~T~~M'a~j~
~M~M~,(~~M~<M~~M~M~<TW~<M-
XM~MM~

'W E Sen'ail du Grand SeignctB' dontj'en-da Oapae


t ~a'cprens h defcription, e& lePaLdsouSetaN,
Nectde
~&

les fdnces Othomans tieancnt ordinaire-tOMtttM


COMNM& it

ment leur Cour. Toutes tes Maubns R.ova~Mm<~n*


les, &: enTorqoie,& enPer& ontle meCnc ~T~. acenT~x-

nom, qm tire fon angine dn mot ~<!w<?,


qmtgn~e JH~&~cn~bng~eP~d~M~ Le
GtandSeigneurapiïï&urs Setraik dans les
Provinces de &n Empire, Ce les principaux
~bnt ceux de Bur~e 6c d'Andrinople,. deux
reCdences a~ez ordinaires de ce Monarque
&lon'la conjonchire de (es a&ircs.
Sans forcir de ConAancinople, on y void
crois Serrails qui ont chacun leurs diSeren~
tes beautez. Le vieux Serrail e& le Palais

ie redrenc les femmes qui ont lervi auxPre-
deceuëurs du Prince régnante &: d'où elle~
ne forcent point que pour e&re mariées. Le
Grand Seigneur n y va que rarement, &:que
lors qu'il e& chagrin, poury paHer quelques
)ours de Solitude. Le Serrail de l'Hippodro-
me, que Et bâtir Ibrahim BâchaSecondgendre Se
&vory de l'Empereur Soliman y iert
aujourd'huy d'Ampiuteaofe ,pour des &&cs
publiques~ des jeux y des combats~ des ca-
roulds~ac particulièrement pour la circon-
emon des Princes Othomans, qui eft leur
plus, grande fblemnité. Le croiheme e& le
Grand Serrail dont ~e fais la. relation$ & a:
nom e~ ptincipalcmeM.a&cte:~ &ns
om ce
an'ilibic be~Mt~y a~nte~aB~cho~pouc
te diRinsucr deious les antres, ~e m'an-eae~
à la. ârai~u~ des badmens <pt.n*onc
zay peu
ïiem de. fore ex]M~r<~ire &j'tm6&ctay
~uto& &r ce qui & pa& de piard)cnliecjdan&
~<me~pparte~enEdtcegta~~Ïa~
DU GRAND SEIGNEUR. ~7
Le grand Serrail eft unvaAe endos oui tdcutaMc
A&M
vient aboutir a cette pointe de terre où me dn gand
bâde l'ancienne Bizance, fur le Bofphorede SentU de
Conlbari-
c
Thrace &: a. la jonction de la Mer-Egée & nople.
du Pont-Euxin, qui ibnt la beaaté &~r~
cheue de ConAandnople. Cette grande vil-
le, quelque vent qui regn&, reçoit a toucc
heure des ra&aichnÏemens de l'une on de
l'antre mer, & le Serrail qui s'avance dans le
canal qui les joint, & reuent le premier des
avantages <!u*on en peut orer.
Céc enclos &ic un triangle, donc ~ËB~~es MjMhtS,
Sent.
cotez e& appuyé de h terre &: touché larvïl- &Mte,&
&

le, & les deux-antres font battus de la mer,


Ëddt<M.

& d'une rivière qui s'y jette. Cetnangle~


inégal, &C on Ïc divi& en I~paraës~
côté 4c la terre en empprt&trbis~ acle&einq
autres font pour les deux de I&inet.~on
circuit e&enviBon~detrois~~Ïes.<Nta~<~t
d'une-dëTnos lieo~comn~une~ï~eeM
&rmé partouc dehaNM:s~
les- n!~qnc~t"n~CQtc"<~ Mmc~ae~otHML itc;
t~~<taM~m~~ea:taS~ ttaanoe~lesME&s
des antresy ~'d~c6té~!i~S~ë~N~
~ndes cmË~o&p~~i&Bcs~dBp~
~~rte~~éa~tqmt~ïB~~

BÏiii~oSuS~a~ _,v- f
hT~'Calahac ~e&'dâns~ces.tooc&qnicj~
H
den~hnuic~ Azamoglans~ pourprendre
garde que perfbnne h'approchcdnSerrailny
par mer ny par terre~ & an besoin ils peu.
venc mectBeM &n a <pd<pes picces~am!
)etic,<mëI'onncM toujours dMt~éetAr un
& cinq toucs de large qui règne le
long<htSerrail.
quay
Sur l'une
de ces tours & cent pas om en~
viron eh la grande porte du Serran endeC.
cendanc pocr panera Galata,on & pratique
qucL
un cabinet ouL le Grand Se~neur va
qae&ispo~~dïverdr,&p)Dac.vMrpa~Ïer
v
le mon& &nsEe&rc~en. PÏns bas)& &rle
bordd~hmeE.uy~a;ungran~couvert~~us
ïequd?comme dans un ped~hiMre QBeaeM
~<~Ss=<at~~m~~<
pMn~era~qpaeicyen~~
toM ~och&<b Er &tvenc danf TeNdos
Jage&~esBoastt~sdcainez~Ïiàcomdmte
~BBEaamM~ac~n~
poM~Se~Ë~â~~
!tes

.M!
r
At~eae:
tM~en ef-1
'/ate,acCt-'
~4~<
a~Mt&Se]B~o~W~~
~ogna&S~i~
jët~&tÎMBC~~ca!
·1

aoMtttpta i
~)tM. J,~e,~e~atB!t~
DU CÏLAND SEIGNEUR. ~9
bte on'un homme ypomtonteaa'er. Vi~
vis &au miUeo du eaad'&void
<<ac tonfb~
tic fur une roche, que ÎM Turcs noBom~t
je<~&~e<< on ht toac dM Vie~eti. EBe
e&gMoeepafr~esBoBaagis, a& ~MBM~
& Renr d'ean, qtd
de&ndent mie~ ie~tbk
qui îa~la<L
qne cenx de h pointe do Serrail,
patt ibac &as a&s & hoes ~eon ~de&r~r.
D'aillenrs ib nMoqoent deboMOmoieaBM,
&~t MMe cette Mdllenee&oitbMnmontée
& goc~emee paf d'habiha gent~~e tien~
dcoËebien~ien~'embMdeto~t
de hMeditetMi~ ~d~~ ~~B~~
ta~~<M~M~~t:S~ A<~qcesp~dmlienoAce5et<&~&~

~~e~~a~t~~e~~po~
dké As ~SottEE qai MoeSchfTtët&
che~~viecae~ ~tt~
~et~~Bt~~

~ï~~ia~a~ f

~M~ ~h~~a~
~M~!<~Ë~a~~
~~i~Ha~~
'â V
1.
SSSÈ-
ra~'
IM6* *1

teieaA<a-
Hij N~OBt~
a.
J
rail, que~h Rmchtre dcsbadmens, quin'ont
rien, comme j'ay dit, de iort. magmHque,
quoy que punÏenc inventer des gens qui en
ont fait en ma. pre&nce de. belles peinMre~
ondées &rlcu)' feule
Mn~in&oon. J'~y
veu
du $eawl tout ce qu'un eaanger en C~auroic
yoir, & je ray veu Diu~cuKJEbis en divers
voy~es, ayant ~onCderé a: louu':les deux
prehueres cours, le Divan ~tl&&le~d'Au-
diance, J&ns y avoir p& remarquer de gran~
des beauté~ H y & (je Fav~ë) quantité de
marbre ~de porpnyze dans tous les appar-
temens mais tous cesappariemens
&nt tres-
confus~ tout y cC: Mregulier, ~u~arc des
<i~aB&rc: ne recoivcm que. peni deiou~
f~~
n~oa~pouritooiE~o~eme~q!
~apis q- 'u~n
pla~cher, &: des cac~
Mpis qu~cn couvrent lee plancher, &.4es car,
reamcde brocard dpr&d'argent, doncquet~
&n~BdeYe?:d'unc~bcodcr;edc~er-.
ques-ons
les. ani~d:~ prendre~~oÏe~
en'geperat~les.mnrs $s les tpnrs,qui ~nc
renclos~Ser~zd~a~~pl~s ~:nne a~-

cette~jpcb~a~
pa~Bn~ep~p-o&M n'ont pomcam&
~taIie~e~.jrMn~de-
qaoy~aHie~
Ei~~o~M~am~
~n agréable Séjour, c&~avaMagesd~ib~ai-
en enet en imaginer
.Céce~ & l'on ne peut s
une plus belle. Car il regarde
le Soleil le-
haut. .le pancnant
vant & tienc tout le
d'un tertre depuis Sainte Sophiejùfqu au ca-
naL Les badmeus occupent le lieu le plus
devë, & ont' la venë des jardins qui jtont&rla
panie, &des deux mers qui &viennéncj&in-
dre ala pointe du Scn-ail, d'oà le (~andSei-
gneur peut voir a la fois l'Europe &: rACe,
où il écend bien avant fa domination. Mais
ennmi ny~cut:)atBais<diebdl~~uo~T~
n'y a guère de gens daBis le Setcuï~<p&
mauen~ mieux une cabane & la~liberte, qae
d'e&re cohtihueUement eatcane~~an~Tm
~uais j[oas une C rude ~uiapime.~ ,J

~r-l~
é i~I.
'C~A~i!
t~~e~n~~
p~~e~~
De a:glrc:uuCre'
::1~ ~i ..E) =

~TË~a~ "'r~"

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J~MCM~ -'0 ~~M
.&d~<t'i'Tr!3bTf: A'!I '&

&~M&a!y~<~<w:~ <NM~ ~<


HHj
RELATION DU SERRAIL
~f~pM~MM~
ySw ~T ~Ë~. ~M<M! ~f'M'
commun ~M tout l'Orient.. ~O~i~.
f~/ey ~o~r
'acri~g
~2~~ < <<r~r
c dedeux Icho lans. Buclxrs
cours.
~B<
dr~
<~<S~o~

~<
J~3. ~~MM~W~WW~W~?
~<M&~
MO~Çt~Fo~.
/<o&of~M.

2:~<Mi~~CwA L<L
Cnt~ ~~M~

T"~E phtCeoïs portes: <pt donnent ce.


Jtree dans le Seoail~tanc dncotcde
b mer~ aa& dm c&t~de h tOMy ceUe aut
ECgarde~&MMC S<~hie c& la piïBiCipaïe. Elle
M toujours.«t~efte, Jes antres~ ne fe&MM
que &IonI& volonté dnGrandSeignem. On
~coïmecn gtand porcail <ptn'~ nen de
~~{t~M~&ib~t'on v<M<m~des
lettres peintes eh e!r & ieutllages &: compat-

dée t. ~i-. t'~jt'x~


timens a l'Arabe&pc~ Cette pôNe e& gar-
-.J par~cpanMC~~q~oBtj~
mesTarqnebazc~!a.a~ ameterre,
& donne entrée dans prënNërc CôtUF dN
~enau,quie& ~~nttecent pMdelcng, &
dcc~nedeiM~~J&nseBp~pK~K~
Â~ ma~ ~MKe <i~te~~emtt~t~
s~endungtaB~CQ)~s de~o~qmcNMienc
DU GRAND SEIGNEUR.
pluCeurs chambres, &iercd'Inarmea!eatôuc,nedoStf
1
le Serrail. La porte en eR gardée par un Eu- ail.
1

nuque quia &us luy bien des gens employez


au iervice des malades, a qui ielonleur qua.
lité on donne des quartiers convenables dans
cette maifon, où us peuvent e~re mieux af-
C&ez qu'en ceux que leur indupoCdon les
oblige de quitter: Les deux premiers Mé-
decins, & les deux premiers ChiïUïgicns,qu'ik
appellentH~MM~&MM y & Cd!M&-&M~,ibnt
tous tes jours leurs vifites & à des heures ré-
glées. OnnepcuM'imaginerdcpIusbeMcMke
que celuy quis'ob&rvecnce Ëeu.&'r~c îe
Grand Scigneurs'y rendquelquc&ispours'in-

me ils font o'aiteZy&lcsMedecinsles~oyenc


j[buvcne, && chaquerOmcier de Ptnnrme-
rie fait bicn&m devbD~ R ~iy a gucreL de
place; vuideidans cette~ma][&n,;r&m~~
e&amc~pas x~o& ~oNy~~Em~~ancEe
& <moy Œielle ne &it.dcRineërqne:poucjies
mahdes~ phnteurs pct&nne~ qm &'porMnc
h~ s'y~mEpoatr~~oasmseceMedeqnc~~
y ou:pohr~Upm~<m~bon
Mdi~oiStton
10
y: lu=
temps, oapduEdimper~uetqcecna~in.
IOUM~*
demecten~~oeon~douze
Hs
~ours~ acionode~
q~~?<Ë)MniE~~moéë~
mccnaaMe bnn~ltKme
mu&pc de von: a: d~ënmen~
qui commence dés le matin & ne nmc que
le &ir. La permuEon qu'ils ont d'y boiredn
vin, &: qu'us n'ont jamais ailleurs, les y at-
tire plus que la muCque. Mais- cette permit
~ion que ron vent comme cacher, Ce que la
iuperihdon des Turcs n'oze rendre pubEque,
e& accompagnée de mille dimcultez. Il n e~
pas .permis- ~y
poKer du vin a la veue de
rEunuqueLquie& a l'entrée & 6 quelqu'un-
y e&oi~iurpris, il
ne pourroit éviter le &?-
plice de trois cent coups de bâton, &: l'a~
mendb ~e trois cent Aq're& pour ceux quï
les donnent. Mai&s'n peut paNer adroite-
ment avec du vin ~ans qu'onrarre&c&Ia:
porte~~tes quSle& dedans il ne court plus
-de:n6pe~ &:me6ne<illen<ponrrbk'boircim<
punemenc en ia pre~nee '[MtGrand Seigneur,
Le pen de vm qui peuc entrer de cette
'manière ne MeMC -pas-pourtant' de'gcns~
s'ilT~y a~ic~ d~aNtces'~oyes momsdimdÏes
leur en ibumir. Comm&nnnrmcrie
pour
toucher on c6t~ des jàrdms, Jbnt dËs: n~&
&a~c~muraa!e~(~n'e~
pas!ibrbhaMe~Ies~oaa!ngis~qm~
&c~ecque~par}une
bvine& cher~&que~Ear~~qn~ ~ans~le
SEtno~n& ~enoà qho~cmpbyeEaenBiar-
gen~~mc! conlierda: TnnE~co'i&s~cordes
Mr aciaus- Ïc n~Toes-'oott~ 'peaar ~e
DU GRAND SEIGNEUR
bouc pleins de vin qui tiennent environ
quarante ou cinqnance~pincesdetParis~quc
des gens ancrez de linnrmeric viennent re-
cevoir. Ils y font entrer beaucoup.de vin de
cette manière, 3c ce. ne& pasj~~cramte
d'e&re pris -fur le fait par le BoRan~bachi
qui &itlà ronde toutes les nuits. t~
Mais ce n*e& pas encore l'envie de botre A~ttâe
~Bt~
dn vin~om porte principalement ces j6mx~M~BM-<tM
malades a chercner des prétextes pour aller ~tty~M
S
tteeM&B*
paner quelques jours dans Mnnrmenc~jnf-~dheaM)~:
ques~t que quelques-uns pa~dhmaïtvais.ar-
tinces &&nt venir unepeQte.f!é<~j)t~~ gaf
& bicn-to&. Une panion detCKaNc, .Se qui
leur eft comme naturelle~ <ppy;<pi'eUe &ic
contre la nature, les~~rcçou~~tc~les
moyens imaginaMes:pot~I~Ïonvar. Cel~c&
tres-dimcue auxicnpjdans~~i~~ cp'ils

.pardonnencnen~
Carbienqnele,C<ran~$~
!ame~$a!@~~e~j~~
~L..
&nc dans leors~clMupM€s~MCcIaircZtjpur~&
nmtt~par'et~eaians~n&.I~
~i

norreuE~~oeme de~cm~~lMe~eon~
tre ceux qm~enteq~e~Q~ de~mdte~Ïl
~~u~ea~~dgaa)~~
commet jB~Tt~ni~~de~~o~~
1
ne~ermeBLtp~mtle~yan. Mms<hMlTn&~
œcaccn ï~d ~M~cne cootes ees~ pa&sm~
doM H~<s, &)Me de pBE&n~ ac de &~
f&Mo&<~MRKO~hwB~NaqmMr~abËsen
eet~nr les-ecyvBe & ~a onc d'anEM
bM~gp, <&: Ï!b~ &? eno-et? atoH de )can~
vïMe~ de Com&antincpte! <:?
gardons doM
t)i<N~~P~~ak~ tto~ec te~Eit~~
èB'e~t~g~t~~
H<th~ ~<~e& &cae~ paMe.<Me
~'&j~~aat~ <&
ce ÏoHt-ttR ~ai 6:t?~a~ tes O'Sdb~~&ML
C~HM~di~dM~~t~
-de' c~at;
& <~c-
nôatnt~-Ë~âaM~s~~
.~EMMatc

~ë~S~!a!<ct~
~re~ aTm~~n! ~û'c l~~Mmp
d&aB~
1~r<vt~~p~~
~aa&to~

~ë~NP~~
comm~EoïM q~onleur d~M~€bM~ëit

~E~tNf&~S~,x _`~
Mt.t-

f\*
DU CRAND SEIGNEUR ~7
&us leur habit. Us percent un bonnet bhnc~
qui s'allongeen poMMe comme an pain de
iucre. Le H~Mer-~p~, ou Chéf de i'In&- BMtM
merie c& bien toujours aj~pooee avec cinq inntittt
peartnM-
ou 6xJEnnuqnes & pteno&iigneu&menc K&tt te
carde à tout ce qui entre &: fort mais il a tMtM.
beau &ire, & <Mand il auroit cent yeux il
luy &roit impoStMe de dncemer ce~~cnne~
gaicons dams le grand nombre de ces Hot-
<MjB~ d'autant phïs one 1 on les chance cou-
vent, qu'on en &i!: des JannEnres~ qu'on
en prencLdenoBvcanx pouc avancer les vieux
a quelques chaiges~ JQue s'il anive que ce

~c~
MaiûtB Eunuque ait quelque vent delà cho-
&& veuiHe &iBe dntM-uit, on r&ppaue ioyë,in-
condncnt par unc~e&e cd~econe de ou
par quelqoe antre pre&nt, &: c'e& de 1~ qu'il
taic.
tire ies pMs<gEandsproSts~ En6n cette Dru..
bru- &MfZ
tale pal&oït-e&6<~dmairepai'mylesTuBCs~ MMMM-
b~~Mt
~.genera~iemeM~ to~at;f que M<t<ro*
qndqaes 'ioias qne~~oz~appcMe~e~empe- dtat.
tef~c<n~ ~ncdi~M vcnN:~
cher
bouc! R ce&~C!o~ <3eanc~Temp& 'demr'~
ges~ p<MMM:,e~ ïaau!Mus,
3c~&<da~ie~S~tait~p~
A&ioe
CMtikge
itdeM
nn cmaie ~BC ïtheghM.
gR~&tM~d~I~Mc~
jt:a~'ac~e~~
~~iat~Ee~~o~ BïSôa~~
r liIuJK:¡
i 1~
s'étant fi bien cachez que celuy qui &rmoic
les portes ne les put apperccvoir, ils s'aban~-
donnerenc a une acdon dont Ta feule idée
donne de l'horreur.
A la gauche de cette première Cour un
grand logement répond aux Innrmeries, <Sc
c'e& la demeure des Azamoglans de&inez
aux vils employs du Serrail. Ce badmenten-
ferme une grande Cour, ou font rangera.
l'encour &:<ui milieu les bûchers que l'on
renouvelle tous les ans, & iL y entre quaran-
te mille charretées de bois, chaque charre-
tée autanc due deux boeuis peuvent tirer.
Une pâme de ce bois vient de,la Mer-noi-
re, l'autre d& la ~Méditerranée &: comme iL
en reAe tous les an&, pamculieremenuquand~
ie Grand Seigneur ne. pane pas l'hyveraCon-
&mtinople, ce re&e quin'ett pas peu conu-
derable va~ an pront .des Chct& des A~amo-
glans. Ils gavent s'en 'prévaloir a<hoite-
ment quand on le décharge &r Ic-port, &~
voyant ~.peu près ce c~je~Be~ bu-!
cbers, ils en cnwyent a proporoon a.la. viL.
le dans les mauons où ilsi.ont icms habitu-
des ce ~ïls
peuvenc &ire ~vec d'autant.
p~ de.&Qrc~'qu~on.jne! pBend:pas< garder.
cux,~ ~'iIs~&tisSmt: a?J~.dpxo~,q~amd
1~cheM &m. tempÏM ~bms .hjai&&
DU GRAND SEIGNEUR.
l'on a accoutumé de &irc les provulons. Le
bois qu'ils détournent de cette maniere leur

Ibrte.
c& payé, & la fomme qu'ils en tirent n'e&
pas peu comiderable pour des gens de cette
Du côté de l'Innrmerie & un peu plus bas BMKMt
(car le Serrail va comme en dos-d'aine, &a daCint.
une pante infenfible de côté & d'autre juC.
qu'a la pointe où il aboudt) on découvre
le grand portail des jardins qu'ils appellent
B<!gj~-JCMyo<~ De cette porte qui domine
&rle panchant, & où i*on eA comme fur
une emmenée, on descend dans une.tres-
belle place que le Grand Seigneur &ic toû-~
jours tenir propre & unie, & ou les Grands
de la Porte viennent. &ire J'cxercice du C~-
rit ou du Javelot; ce qui le plus fouvent ar-
rive le Vendredy en Portant de la Mosquée.
Il y a environ deux cens pas du portâila cet-
te place, & dans la Cour il & trouve d'ordi-
naire ces jours-la jusqu'à quinze cent per-
sonnes ians qu'il ~oic permis a q&i que ce
foit dépareroutre, s'il n'eR appeBé parl'Ot-
dre du C!o'&B~, quLC&le <3ief& ÏTnt)en-
dant de cét exercice. Ceux qui entrenfc dans
h Hce &mt~ <~eht Ju~ues an nombre~.dc
BadMc. Si le~Gt~d Seigneur~ MttMtt.
dmairc ~~ccs jeux, donc bicn'~avenc ~&t m&t
CtMdM:
1 iij P~
B& tragique, y a pris mielque pMr, ac ~ur
Epuc quand il y en
d~opie?, il leur &it
donner & chacun <MM bom-cc, qoit co<moe
j'a,y dit, v~w tosq eeus ~cns~. <Ces pti~eM
vont du plus au moins félon qu'il fe trouve.
belle hmnew, quelquefois il leur faic
<Mb-ibuer en partant ju~ua <lix bources. Le
Trefofier <pïi!e ~Mt pa< tout, & qui&ic por-
cerofdintiremeat q~aze ou vingt mille rea-
les en or ~.argent, e& toujours pM& & tou-
jours procat a obeu* a &s ordres.
Mais eecy e&dtgne d'e&reremarque.que
lot~ que le Pnace €& fw le point d~&irc &&
[ibetaUtc? a ceux qui ~e C)M portez vaillam-
ment dans cet exercice les Grande de fa
Ccw qui y ont pa~u comme les antres ,s'e-
çartenc doucement jM~ bienséance, luy
taisent &ire iespreMM aux moïNS comide-
t~bles, a ceux qm en ont plus de besoin
qu'eux. SoitpargeneroSté~&itparune&uC.
ë mode&ie Ms en u~ent de la 6Mt€; & -apres
que leCr~d SoEoeur e&.po--
m~ ceux <N!i &~ï~ez ,~as~ Coor
q~~awent mamo~~ ja~o~ d~aa'e!' dan&
p~
piace~~ de la~o~n~e <~ exece~
c~ T~c<Bp~<~ea<~cp~s-~ils:

7
~pl~dePnncepo~~e~~eufdelettrJbtML-
voure, ny de Tre&t~ pouf dN~Mteu~jje
ics ItbetaËfM. Es &Mt Mcteeat~Msi
quelques gtgeuMs a qui donnera, le plu!
beau coup &: cef pins bea.u coup eft a la
tcNe. Uya;toûjouts ~aetquceMt crevé cm
quelque ~ouë emportée~ & cette &&e cou-
vent pour quelques-uns une mâlneureu& HL
lue.
Voila ce qu'il y a de plus remarquable
dans cette première Cour.entrons dans là.
Seconde, & voyons <îë ntëSoe Ce qui &baC.
~e de plus pamconér ~Ml~~ apparte-
mens.
CHAPITRJE Iir.
De la Seconde Cour, ou jtbnc les peMcs
Ecunc~, les Cuïunes oc le Divan.
~0 M M AI BLE.
~M~<M~?,f~
A~MW. J~M~<W.
~*<M~

~< ~M~)W~
~MMMW <M~ ~&J'!ao~
<3i~ ~~M~f 0

JM~WW <f~r ~y 'J'


:S~!M T~M~

z~
J~T~~VK~
~n~
~MM&a~M~ n~a~~&My~E~O~M~
ic~s~~
CM~~M'!MM~<
'~M~iy~
j~rc~~y~~w?~~M~~s~c~j*~ '~t
,~e~
~Mw~ J~a~i~&ï~~e~My~ZM~E~-
< t~ ~<

~~z)~80~ME~~M~B~m~~
première par cinquante Capigis~ Cette fé-
conde Cour plu&beH&& plus riante que ceî-
Je que nous venons de quiter, eft & peu près
de trois cens pas en quarre~ Ceil ny & que
les chemins qui en Soient pavez, le reAe
eRanc en préau environné de cyprez & arro-
ge de fontaines avec des barrières par tout
pour empêcher qu'on ne gâte le gazon. Sur
la. porte de cette Cour on void ces mots~
écrits en gros cara&eres d'or.

~<M~
~f~ s v..u
\s~<jgja~ L~~·l~n.

J'>),
yy, 1~ ~i

"r~

"j
"f!"

~ma~~ce~'eûcpi~B~~
t. v
I
d'auez beau~ portiques &&tenus. pac des. cot-
lonnes de marbre le long desquels & v~
ncnt ranger en bataille les Compagnies des
JanuEdres y quand le Grand Seigneur leur
commande de tparoiKrc leftes &: bien armez
à l'arrivée de quelque Ambauadeur qui doic
avoir audience.
A mauL-droice derrière la galerie oncles
JannEures fe rangent les jours du Divan.,
font les cuifines & offices du Serrail, répa-
rées les unes des antres & Servies chacune
par leurs Officiers particuliers. Autre~M~
en. avoit neuf, &: prd&ntement le Bornée
e&rednita&pt. aiaqoeomceoucniun~a
&n,Maiih)e~cmFec~uyaunChefpar~

~p<nN~jce&:<6~M6nes~<~
h~~m~M~M~&~g~c~~q~~U~
'c<m~~6M~~
j:~M<M~
J~<W~~M!
`S

I ~ra w'

Boa;e~c!
conmM~C~I~

ce~4~
<Bew~No~~S~
nnaa~Ëc~b~dS~Sp~M~m~~
&

E&aSE<<&~t~a~
!'A~~d4~
?a~
DU GRAND SEfGMUR~ 7;
autres Eunuques noirs qui (onc commis a
leur-garde. La quatrième CM: pour JC~Mf.
~t~, ou grand Mai&rcMu Serrail, qui àp~-
proche le plus I& per&nne du Crand Sei.
gneur,&dont la. charge, coManc~aydi~,
s'ecend généralement mr tout ce ~ui entre
dans le Palais; &: cette cuiune (ert auni aux
Oniciers du Divan. La cinquième e& pouf
le .C&<<9SM~6<ou Chef du Trésor, ~c
pour ceux qui relèvent de &s ordres. La. 6-
xieme pour leJCi~p~M~ ou Grand Echan.
ibh, Scpdur ceux qui en dépendent. La~p-
ticme ~~emiereeB: celle du~ .M~
de tous les Omcicrs qu'il &u~ fa charge
&:
Pour ce qui eAde~B~M~tfqui fervent ~an~
les jardins, ils&nt leur cuiune ca~neunes~
& devinent quelques-uns d'entre-eux a; .cet
omce qm ~ppre&enf~ ~naanger pour tous
les ancrer tR y tn a~a<oË d'employer, dans
iesO&ce~dMiGtaa~Se~gnoor~~-v:
Il' n~~poinc ~e .bomfdaas tes~&es yhpdt.
du Serrail miais eHes~con&ment d~ardïnàNe qeet'em
tons' le~~ou~~~pô~ ies~bôdCBes~ht ~e~t&ttdMt
dans <~cpoQr~e~eBOts~~à'~ciRqt. Sema.
cens moocohs~ oâ Ë ~n~ camptendre ~N
agocanx~ies. ~evccaux; &~ ~a~c-de
€es?~tK<ëa6M~de~~a~e~
Pet~q~eN~nonm~~<PèE6~~ ~C~~et~
~Kij
juger à proportion de la quantité de poules;
de poulets & pigeonneaux, dont le nombre
eft limité .félon les~aubns, & de ce qui fe
confume encore de ris & de beurre pour le
.P~M, qui en Turquie &: dans tout l'Orient
eft le meilleur plat. Ces peuples qui ibntfb-
bres & cherchent peu les ragoûts, n'en
ont
guere d'autre que celuy-là; & n'eAant pas
tout à fait à méprifcr, nos François ne fe-
ront peut-eftre pas cachez de fçavoir com-
me on l'apreAe.
Les Turcs & en général les Orientaux
font le Pilau de cette maniere. Selon la qua-
lité des gens &: la quantité dont l'on a be-
soin on prend ou du mouton feulement,
y
ou des poules ou pigeonneaux qu'on faic
boüillir dans un pot & cuire à moitié ou
un peu plus; après quoy on vuide le tout &:
la viande & le bouillon dans un baum, &:
le pot eflant lavé on le remet fur le feu avec
du beurre que l'on fait fondre jutau'à ce qu'il
foit fort chaud. Alors on coupe la viande à
demy-cuice par morceaux, les poules en qua-
tre, & les pigeonneaux en deux, on la jette
dans le beurre, on la fhcaue, &: elle prend
une couleur de riÛolé. Le ris e&ant bien la-
vé, on en met dans le pot par-deÛus la vian-
de autant que l'on le juge à propos~ & du
boüillon qui eA demeuré dans le baffin on
en verfe avec une cueiller par deffus le ris,
tant qu'il y en ait affez pour le pauer d'un
bon doigt. Le pot eit couvert en mefme
temps, on fait deubus un feu clair, &: l'on ti-
re de fois a autre quelques grains de ris pour
voir s'il s'amollit, & s'il eA besoin d'y ajou-
ter quelque cueillerée de boüillon pour ache-
ver de le cuire. Car il n'en eft pas comme
du nofire qui fe crevé incontin~c, il faut
que leur ris foit cuit, & que le grain toute-
fois demeure entier, de mefme que le poi-
vre dont ils l'auaubnnenc. Dés qu'il eit en
cécécac, on couvre la bouche du pot avec un
linge en cinq ou fix doubles, le couvercle
par deuus; & quelque temps apres on fait
derechef fondre du beurre & le bien rouf.
fir, pour le jetter dans des trous qu'on fait
au ris avec le manche de la cueillere, apres
quoy on le recouvre promptement pour le
laiuer mitonner jufqu'à ce qu'on le ferve.
On le dreife dans de grands plats, la viande
bien an'angée au deuus, & l'un fera blanc
lauÏë dansja. couleur naturelle, l'autre jaune
mêlé avec du fanran, & un troifiéme incar-
nat par la teinture d'un jus de grenade. Quoy
que la viande fbit grai!e autant qu'il nous la
faudroit, pour rendre le Pilau meilleura leur
K iij
~oûc, fur fix livres de ris ils font entrer trois,
livres de beurre, ce qui le rend fi extraordi-
nairement gras, qu'il dégoûte & incommo..
de mefme ~ceux qui n'y font pas accoûtu-
mez, &: qui trouvent mieux leur conte au ris
cuit amplement avec du fel &: de l'eau. On
en ferc toûjours deux ou trois plats de la for-
ce chez les Grands de la Porte qui la pluC.
part tiennent table ouverte ôc au lieu de
viande on~s couvre d'une grande aumelece
&ice avec de bonnes herbes & epaifle de
trois doigts, ou de quelques ceufs pocher
qu'on arrange propremene. On ce fe fenc~
jamais incommode de cette ~bree de ris r
mais l'autre qui eit trop gras n'eft pas pro.
pre à ceux qui boivent du vin y Sondeurdon~
ne pas envie d'en manger ~buvene~
Puis que j'en fuis venu ~t avant il &uc
étaler toute entiere la cuume des Turcs, &
parler auffi de leur maniere de rôtir les vianr.
des. Les groues, comme tes moucons & les
agneaux & rôtiuenc tous entiers dans des
fourneaux que l'on &ic en terre. -ou on les
pend par la ce~e, 6c en fortent btai nublez
& avec a&z bonne mine pour exciter l'ap-
pétit. Au fbnddn fourneau on mctofdinai..
rement un baÛm de ris avec de Feac, qui re.
~oic la graiue Ue la bette y i& feule gueoë qut
D'U GRAND SEIGNEUR 79
pe~e quelquefois jufqu'a quinze ou vingc li-
vres en rendant beaucoup, &: efcane presque
couce de graifÏe. Celles des agneaux qui en
onc peu ionc excellences, & presque auni
delicates que les ris de veau. Ces agneaux
ainfi rôcis ne ~e fërvenc que fur du ris, Se fur
les bonnes tables on en met deux dans un
plac. Il ne te parle donc poine de broche
dans la cuiHne des Turcs que pour quelque
volaille qu'ils ajuûenc fi mal que lorsquon
la ~erc fnr câble elle perd toute &. forme,
& qu'on de lapeme à ducemer la eefce des
pieds. Mais il &uc remarqua,que ny lePJL
îau, ny toute autre viande fe &rc qu'a~
ne
ibuper vers les cinq heures du ~bir~ ~aue le
matin les grands ne njangene ~)U6 des her-
bages, des légumes, des &itR j5c <j~$ ~on6-
cures, le meou peuple conceticaj&e de lat-
tages, de melons &: de conpombres dans la
ïaubn. Ponr ie. po~Mon~les Tu~es ne l'aL
ment g~re, & quoy que les <~ ~s j~
vicres en tbtehc remp~es~ tis <n mangenc t~-
rement. U encre ~H ~ces-peu decha~e dan& tetMïfe
leufsmfnubns,~ Ja.f~e, ~y ~e gibteme tHïdet
~bne pas dje teafs faco~es.; mais Cir tom j~ Tofa.
<mc le :tievce en averCon, <:e que ~'ay ~u~EtC-
ma.rqMe des AjsnaenMas:,~acce qa'Us & per-
&adencquela&ïnelle.a:~s mo& lEgjtcMOïn-
me la femme. On void allez par ce que je
viens de dire, que la table des Turcs n'e~ pas
délicate, & que ce feroit une très-mauvaise
chere pour plufieurs de nos François. Mais
d'ailleurs leur cuifine eft fort propre, il ne Se
peut voir de plus belle baterie ny. de plus
claire, & foit dans la vaifïëlle, foit dans les
viandes on ne f~auroic y apporter plus de
propreté.
Les Offices où fe font les conHcures au
nombre de fix ou fept, (bncau deuus des cui-
~nes, & Servies par quacre cent Halvagis,
qui furent écablis par Sulcan Soliman Prince
maeninque, & qui regla tous les Offices &
Omciers du Serrail. On travaille inceuam-
ment dans ces ~cpc Offices, & l'on y fait de
tocces forces de confitures féches & liquides
& plufieurs firops, comme aum diverfes ma-
nieres de TT<~io6<, qui font des D-uics qu'ils
confervent dans le vinaigre & le tel, ou ils
jettent de; herbes fortes, comme du roma-
tin, de la marjolaine & de la fauge.
C'e& dans ces mefines Omces que l'on
compofe la bouïbn ordinairé des Turcs,
Que l'on appelle Sorbet, & il fe faic de plu-
ueurs manières. Celuy qui e& le plus com-
mun en Turquie approche de nonre limo.
nade, mais il y a: fort peu d'eau, il e& presque
DU GRAND SEIGNEUR. 8t
tout de jus de limon ou de citron avec lelu~
cre, l'ambre & le mufc. Ils en font d'une au-
tre façon qu'ils cHimenc fore, avec une eau
duhllée de la neur d'une plante qui croul:
dans des étangs & rivières, & quia la figure
d'un fer de cheval. Ces fleurs ipnc ~aunes &
s'appellent Nitloufer. Mais le Sorbet donc ils
font le plus de cas, & que boit le Grand Sei-
gneur, de mefme que les Bachas &: autres
Grands de la Force, eft fait avec la violece &
le fucre, & il y entre fort peu de jus de cL.
tron. Ils font encore une certaine forte de
bruvage qu'ils appellent M<gMM compofée
de plufieurs drogues qui échauHenc & l'on
en prépare une particuliere pour le Grand
Seigneur appellée M<~&M'<, dont il prend.
une doze quand il veut voir les Sultanes. Les
principaux de la Cour en envoyent deman-
der fecretement au H~Mp~M&< qui ne les
refufe pas, Se qui y trouve ton comte en
c&ant tres~bien payé. La neige & la glace
ne manquent poinc pour rafraîchir toutes
ces liqueurs, & les Turcs cherchent plus la
delicaceuc dans le bmvage que dans les
riandes.
A dix ou douze pas vis-à-vis de ces OSces Re<ef.
eft le refervoir qui duiribuë toutes les eaux veiM pc)M
les
du Serrail, que Ion partage à chaque quar- coures
e*utjt.
StfMit.
L
tier aux lieux où elles font neceuaires. Un
Baltagy s'y tient tout ïe jour pbur donner
l'eau comme on luy ordonne & quand le
Grand Seigneur paûe d'un quartier a l'autre,
la fontaine de celuy où il & trouve jouë in-
continent par le fignal que l'on donne au
Balcagy.
A main gauche dans la mefme Cour, &:a
1'oppoHte des cuifines fe void la petite Ecu-
rie du Grand Seigneur, pour y tenir feule-
ment vingt-cinq ou trente chevaux d'élite,
de~mez pour fes exercices avec fes favoris
& au deÛus dans de grandes chambres on
tient les felles, houues, mords, croupières,
& étriers d'un prix inelUmable par la quan-
tité de pierreries qui les rendent riches. Il y
million de li-
a tel harnois qui revient a un
font le long du ca,
vres. Les grandes Ecuries
nal qui mouille les murailles du Serrai! el-
les font toûjours bien remplies & en bon
eAat, & l'on a foin de n'y point laiÛer de
place vuide. C'eit où le Grand Seigneur tient
quantité de chevaux de prix pour s'en fervir
magnificence,
a la Guerre, ou dans quelque l'éclat de
pour faire paroiHre aux Etrangers
iaCour,
CHAPITRE IV.
De la Sale du Divan & de l'exacte
juftice qu'y fait rendre le Grand
Seigneur.
S 0 MM A IFLE.
Sale du Divan peu magnifique. 7o<<Tf
j~ ~<'Co~/M/. Procez,
/T~<
M?~~ T/& Caufs de la
prompte-
~'M'T~
Fine Politique

~r~o/jr/C
J~ 0~0~ ~0~ J'OM

jraires. De quelle maniere le Sei-


~~p*<<< a~?yo~
~r-w~~C~~
Grand

~~t obtient fa ~BM~fM~


de Sultan ~~M~ ~/Mr quel ~~L
<y/MW~W?~ un larcin. Maniere ~f
chapelet dont les T*w~cf~y2n~~ dans
/n~vjr. 2~M~<f~?~o~
~~Cf. JE'y~<M'M-
L ij
w< le (7n<~ J*?<r~ ~< o~-
~VM~~ ~M~' ~W /<~ font y~~J.
/0~y-<M~ les ~M~Wf 'Mf~-
au D~
If A Sale du Divan qui appartient à cecic
feconde gauche la
Cour, fuit à main pe
tite Ecurie en tirant au quartier du Grand
Seigneur. C'eit une grande Sale baue cou-
verte de plomb, & lambriuëe au dedans a-
vec quelques dorures dont elle reçoit peu
d'ornement. Le bas eit couvert d'un grand
tapis, & il y a quelques bancs pour les Of-
ficiers qui compofent le Confeil, que les
Turcs nomment Divan. Il y a, comme j'ay
dit des portiques qui régnent des quatre
côtez de cette Cour, & qui luy donnent la
face d'un cloître; & c*e& fous la gal<he qui
eft à main-droite que les januÏaires demeu-
rent debout tandis qu'on tient le Divan.
Ce Confeil fe denc quatre jours de la (e-
mame, qui répondent au Samedy, au Di-
manche, au Luady & au Mardy des Chrê-
den~. On y rend exactement la jufticeà qui-
conque la demande, & pour quelque caufe
que ce ~bic, fans que les parties ayent bcfbin
ny d'Avocats ny de Procureurs dont le nom
e& inconnu enTarquie, c&ancj'eceuës à dc-
DU GRAND SEIGNEUR 8~
duire elles-mefines leur propre cau~e. Il ne
le parle poinc-la de délais ny de renvois, on
ne fait point languir les gens, & une a&ire
eft vuidee Ru- le champ de quelque nature
qu'elle puiue élire.
Qupy que cette coutume i<m très-loua- C~ufctde
ble, elle ne peut eftre ~1 bien pratiquée en- laladeltjun.i-
briéveté

tre les Chrétiens, parce qu'ils ont tous des cequic.en Tur-
biens en propriété qu'ils héritent les uns des
autres, & dont les partages litigieux les en-
gagent fouvent dans de îongs procez. Il en
eft tout au contraire des Grands de la Porte,
qui font tous efclaves pris en guerre, ou en-
voyez en prefent par les Bachas & Gouver-
neurs des Provinces. Tous leurs biens en
mourant retournent au Grand Seigneur de
qui ils les ont receus, c'e& une circulation
perpemelle; & leurs enfans, comme j'ay dit
au commencement, font menez au Serrai!
pour y e&re élevez, fans pouvoir espérer de
tucceder jamais ny aux biens, ny aux char-
ges de lears pères. La Mai&n OchomMiea
toujours en cette fine politique, de ne per-
meto-e pas qu'une famille s'agrandiue & ~e
Tende pcn&nee de père en fils; elle'l'abac
des qu'elle <'e& élevée, & luy ôte de bonne-'
heure tes moyens de former des parties pour
troubler l'Etat. De-ï~ vient que hors laMai-
L iij
fon Royale des Othomans on ne fçait en Tur
quie ce que c'eA que de nobleue &: d'an-
cienneté de race, on ne ~e pique point de
gloire de ce côté-la, & les charges font don-
nées au (eu! merice de la perfonne fans au-
cune connd~ranon du fang. Il arrive fouvent
que les principaux Miniftres de l'Empire font
fils d'un Bouvier, comme un Rufian Grand
Vizir qui fit tant de bruit fous le regne de
Soliman; & de cette maniere ne devant rien
à leur naiuance, ils reconnouÏencqu'ils doi-
vent tout à leur éducation.
Revenons à la JufUcedes Turcs. Les gens
de la Loy qui font comme le Clergé de Ma-
homet, ne donnent point auifi de lieu aux
procez, chacun fçait fes droits & ce qui eft
de la fonffion de fa charge, & ils n'ont rien
à démêler ensemble, parce que toutes cho-
fcs font parfaitement bien réglées encr'euT.
Le peuple ignore de mefme ce que c'eft
que de plaider: Il ne faut point de Notaires
pour les manages ~on ne doBnepoint de groC.
fes fommes à une'fille, & les joyaux & habics
qu'elle peut tirer de & manbn font toute la
dot qu'elle apporte à fon mary. Voila enpeu
de mots comme les Turcs peuvent _Momp~
tement vuider toutes leurs a&ires Ëns I<uC
fer prendre pied à la chicane, qui caaie en-
DU GRAND SEIGNEUR. <7
lesChreftiens la ruine de bien des cens.
tre
le C~
Les Odciers qui compofent le Divan ionc,
Lieutenant General de tout
l'Empire, qui prefide & reprefente la person-
ne du Grand Seigneur les autres ~ï~
fix
les deux C~~yMM de Remanie ôc de Na-
tolie, qui font les grands Juges & Intendans
des armées; les trois T~ouTrefbners
Generaux le N~Mp~o~* grand Chancelier;
& le N~N~ qui eft comme en France un
Secrétaire d'Efhc avec quelques Greffiers ou
Notaires. Tous ces Officiers ie rendent à la
Sale du Divan à quatre heures du matin, &:
rendre juiU-
y demeurent jufqu'à midy pour
ce. Le C~o~ fe tient à la porte avec
fa charge,
une croupe de ceux qu'il a fous
pour executer les ordres du
grand Vizir, Se
porte un bâton d'argent à la main pour mar-
que de Con autorité.
Les jours de Divan on fert à difner aux 0~~emqa<

beaucoup de Sobriété &~ peu de cérémonie. de,yM.f.


de
ficiers dans la mefme Sale, ce qui fe laie avec bfoaptend
te~che

Touc eft expédié en demie-heure de temps. .&tt«.


Le grand Vizir mange feul, à moins qu'f
n'appelle un Bacha ou deux pour luy tenir
compagnie. On porte auul en mefme temps
îc C&e< qui e& une~brte de potage, de ris~
pour le ~'< des JaniIEures qui (ont en &~
chon fous les galeries. Que s'il arrive qu~is
quelque mécontentement & quils
aycnt
tbienc irritez contre un Vizir ou contre le
Grand Seigneur mefme, aucun d'eux ne met
ta. main au
tes
C~
plats, &:
m~ ils relent rude-
témoignent par-là qu'ils
ment
ont de l'aigreur.
& leur envoyé le 2& g~
Le Grand Seigneur en e~ d'abord averty~

du Serrail pour ravoir quel eit leur


deplaï~
&- & ce qu'ils fbuhaiient. Alors usdepucene
l'un d'entr'eux pour porter la parole au nom
de tous, & celuy-cy s'approchant de toreil-
te du luy <~re le ~ec de leur
mécontentement. Cet Eunuque le raporte
auS-ton en iecret an Grand Seigneur; & s ils
envenlentaunVizir,oaaun<~diIetquer,
mcune a leur Aga ou.Colonnel, bien fou-
&
appauer mutins le Grand Sei-

htene..
vent pour ces
<meurles iaK ctran~er~ leur en envoyé

Le Dimanche & le Mafdv <oncr les pnnci-


panx iours du Divan,
~proprement
& des <~&trespcbk-
le Conieu d'Etat ec
Le GraadSeicneary aS~e te ptM iou-
?enr,n~&Meare~~c~ce<~aen~
<mcs.

toûloo~ en c~iM~, &rîe~md,V~ h~


~iresO~cieM. Hp<ut~MadM<ieionap-
'DU GRAND SEIGNEUR. '80
partement par une gallerie couverte àune're-
neftre qui répond ans la Sale du Divan, &
qui eH toûjours cachée par un rideau de ve-
lours, qu'il cire quand illuy plaiA, & quand
il void qu'on n'a pas rendu bonne justice.
~'en apporteray icy uc exemple affez fameux
du regne de Sultan Achmec pere d'Amurar,
& l'un des plus juftes Princes qu'ait eu l'Em-
pire Othoman.
Le Lecceur doit r'apeller la memoire de A~ioa
ce que je luy ay dit au commencement des h~f<U<4')tn
Timar-Spahis, à qui l'on donne pendant leur Timu-
Spahi,
vie le gouvernement & le revenu de quelque grtn<i
qai tue an
bourgade, felon qu'ils l'onc'mehcepar leurs tif,&V:- ob-
tient
Services. Le Spahi dont je veux faire l'hi< &te. &

ftoire avoir un Timar entre Alep & Damas,


qui pouvoit luy rendre quinze cens écus de
revenu. Le grand Vizir toic par quelque hai-
ne, foit fur de faux râpons que l'on- luy ne-
du Spahi, qu'il crue trop légèrement ~n~
bien s'informer des choies, luy ôta leTimar
dont il joûinbit, & en favorifa une jde fes
creamres. Le Spahi fe voyant fi injuAcmenc
depofedé court à ConAantinople~entre aa
Divan & prefente requefte au Grand Vizir
par laquelle il luy remontre ~s longs ~ervi<.
ccs, & comme il n'a jamais manqué a Pm
devoir Le grand Vixij'es l'avoir leuë la.
déchire en fa prefence ce qui faifoit voir qu'il
,n'y vouloit pas répondre, & qu'il n'y avoir
pour luy rien à efperer. Le fuplianc ic retira
Mns rien dire mais quelques jours apres il
retourne au Divan, & prefente une féconde
requicRe.que le grand Vizir déchire commp
la première fans rien repartir. A cettefecon-
de mjure Le Spahi plein de fureur & jufte-
ment irrité tire fon poignard, fe jette fur le
Vizir & le eue. Le Grand Seigneur qui c~oic
alors à la fenêtre, ayant veu cette acdon ti-
re le rideau, & dépend à haute voix qu'on
ne luy faue aucun mal. En mefme temps il
ordonne au Spahi de s'avancer, & luy de-
mande pourquoy il avoic agi avec tant de
violence. Celuy~ey tout confus répond hum-
blement, mais avec auez de fermeté, qu'il
n'avoit pû & retenir voyant une fi grande
injulUce; & luy présentant la requefte toute
déchirée, le Grand Seigneur la ht lire, & é-
couta paifiblement les juAes plaintes qu'elle
contenoic. L'ajBMre examinée, fa Hauteuc
loua le Spahi de&n~on, u~nt du mot
Mw, qui veut dire ,c'~ &: qm eft ordi.
naire en cette langue quand on approuve une
chofe; & me6ne elle ajouta une libéralité
<ui commandement qu'elle
fit qu'il fût réta.-
bli dans fou TMoar. Elle prit de R ocea&o~
DU GRAND ~EIGNEUR.
<le dure couc-hauc aux autres Vizirs que cét
exemple leur dévoie apprendre à faire bonnt
joicice,& âne pas fbunrirquela faveurl'em-
porte fur l'é<mice. L'action violence dnSpa-
hi n'eA pas fans doute à appronver quo~
que l'mjaHice du. Vizir 6ic mani&Ae~ maat
le proccdé du Grand Seigneur ne peue eâre
que cres~louable, & qu'un grand ïnodeie
d'une par&ice équité.
Je veux bien encore donner icy un Second
exemple de la junice éxa<~e que le Grand Sei-
gneur veut qu'on rende au peupte, & cet
exemple a quelque chofe d'a~Ïez Singulier. Un
grand morder de pierre qu'on void à la porce
du Divan fert de monument à cette hi~oi.
re; & comme elle e& accompagnée de p!u-
Ceurs circonftances dignes d'eâre
remar-
quées, je ne crois pas les devoir caire au Le-
~cur.
Sous le regne de Sultan Amurac, an par-
ticulier ~e voyant ~ns &mme & fans en&nsnieBeM de StL.
refbluc d'aller en pèlerinage à I~Meque. A~ ttnAiaa-
t*f,&p*r
vant fon dépare, il crue ne pouvoir mieux con~ ctUd~co..
qn<ttfti<
ccrce qa'u a.voic depIu~pFeeieBxqu'a an ~rittM !«-
Hcgp~Do<a~ur de la Loy. M' luy remk donc dn.
entre les mams quelques joyaux dàa~ un pe-
rit &c, le pttaac deles lu~gard~ju~a ~H,
rctouf & re& Mant h~ntier s'il venoit a
Mit
mourir dans ce voyage. Le pelerin revient
heureufement de la Meoue, & croyant re-
tirer ce qu'il avoit confie à l'HoggM, luy de-
mande fon dépoA. Celuy-cy d'un grand froid
luy repart qu'il ne fçait ce qu'il veut dire, le
laiuant fort furpris d'une réponfe cru'il n'ac-
tendoit pas. Comme la chofe s'eitoic faite
fans témoins, le pelerildiulmulanc fon cha-
grin laiue paifer quelques jours, apres quoy
il prefente requeile au grand Vizir, & luy
fait fçavoir comme le tout s'e& paue. Le
grand Vizir voyanc que cette affaire eftoit
délicate, & que le Doreur pouvoit aifémenc
nier une chofe qui s'e~oic palfée fans té-
moins, dit au pelerin qu'il ~ûc patience pour
quelque temps, & qu'il en parleroitauGrand
Seigneur, ce qu'il fit. Le Grand Seigneur
commande au Vizir de bien.menager l'affaire
dont il veut fçavoir la vérité ~& d'envoyer
querir le Doreur, de faire amidé avec luy,
& de luy faire efperer d'e&re employéen des
chofes d'importance. Quelques jours fepaC-
fent pendanc que le grand Vizir jouë adroi-
tement ton rôk, il fait venir le Docceur au.
efp rit & fa conduite,
pres de luy, il loue fon
& l'entretenant d'auez belles espérances luy
promet de &ire en force que le Grand Sei~
~bu&ir qu'il 1-.iy vin!
gneur auroit la bonté de
DU GR.AND SEIGNEUR.
baifer les mains, neitanc pas ju~e qu'un eC.
prit éclairé comme le 6en rue plus long-temps
caché à fa Hauteffe. Le Doreur ravy de ce
discours, fe croyoit déja au faîte de la gran-
deur, fur tout quand il vid que le grand Vi-
zir le fit fon Hoa~M, comme qui diroic fon
grand Aumônier. Le Vizir paue outre, &te-
Ion l'ordre fecret qu'il en a receu du Grand
Seigneur, ordonne que le Docteur luy rap-
porteroit toutes les anaires criminellesqui fe
pourroient prefenter. Le Grand Seigneur fur
le rapporc du Ho«p<t, luy demandoit fon
avis, & quel châdmenc le coupable meritoit
pour le crime dont il eAoic convaincu, l'e-
xecution fe failanc felon le jugement qu'a-
voic rendu le Docteur, qu'il ne fon Lecteur
ordinaire, & qu'il approcha de fa perfonne.
Cinq ou fix mois fe paiferent de la forte fans
qu'on pue découvrir aucun indice du vol: Et
il faut obferver que le pelerin avoit donné
au Grand Seigneur, un rôle éxac~ qui ~peci-
fioit toutes les pieces qu'il avoit en&rmées
dans le petit iac. Entr'aucres articles, il avoit MMitte
pardculieremenc fait mention d'un T~&c6 <lednpdet
de beau corail. Ce T< eft une maniere doatlet
TtItM &
de chapelet de quatre-vingtdix-neufgrains,.dtn<)t)ttt
&rven[

fur chacun desquelsles Turcs répètentde cet- pnete*.


tains mots lirez de quelquesSentences de l'Al-
Miij
7«r endroit~
coran. Ce chapelet eft divifé en crois
de trence-crois en trcnce-trois grains par un
petit cordon qui en fait la réparation &: an
bout pendoit un long morceau de corail, Mtt-
vy d'un autre grain rond de
me6ne madefe
d'une grofÏeur merveilleufe.
Les Turcs les plus bigots ticnnenc leur
chapelet à la main quand il&voM en viûce~
& pardculiereïnenc quand ils s'approchent
des Grands, Se ce& ce qui donna la premiere
connoiuancc du iarcin de l'Ho~M. Un jour
venant au Serrail le chapelec de corail à la.
main ~le Grand Seigneur devant lequel il fe
prefenta jettant les yeux deitus,. Ce jugeanc
que ce pouvoit eAre le T~c& du pelerin, fé-
lon qu il le luy avoit dépeint fur la. lifte de ce
mai e&ok dans le petit fac, dit au Douceur
qu'il a.voic-la une rare piece. Celuy-cy s'ap-
proche auffi-tofi, &: fupplie fa HauteÛe avec
une profonde ioumtulondelavouloiraccep-
Seigneur la prend, & témoi-
ter. Le grand preîent
gnant que ce luy eft agréable y par
$ctte &ee di~nnuanon caufe de la. joye à ce-
luy dont il medicele ehadment. Mais ce&ul
indice ne luy &mt.pas, il veuten avoir d'au-
il
tres:~ comme ~aicqmemre les pièces du
~ac, i1 y a un anneau de&mam- d'un: ancien
.&exceUenemai&rerdcrcccce &!tcd'aaaeaux
que les Turcs portent au pouce quand ils
veulent tirer de l'arc, il attend une iecondc
occanon pour mieux découvrir la fourbe,
& convaincreeotieremeM le Doreur. L'Em
pereur la fit naîcre quelques joors après, &
commandant que l'on fit venir un de {espa-
ces qui tiroit bien de l'arc, il &t à la place
du C~r, où il s'en fit .donner un pour cirer
auŒ, n'y ayanc pcrfonne dans tout l'Empire
qui ne luy cédât en force & en adrenë dans
les exercices de l'arc &: du javelot. Comme
il vint à bander l'arc, il ~e plaignit que fon
anneau luy bleubic'le pouce jugeant bien
que le Docteur qui e&oic aupres de luy, &
qui luy avoit déja prefenté le chapelet, luy
Kroit encore o&e de l'anneau qu'il avoit du
pelerin.' EH-il pomble, dit alors le Grand
Seigneur, qu'il ne & trouve plus de mai&re
qui faue h bien un anneau qu'un tel qu'il
nomma,-& qui n'e&ok plus au monde? Le
Docteur qui n'eue pas d'auez bons yeux pour
voir la trame Subtile qui s'ourdiuoit pour fa
perce, croyant s'immuer plus avant dans 1<C
prit du Grand Seigneur~ luy dit qu'heureufc-
ment il avoit un annean de la acon de ce
mefme mai&re qu'il cM-doic depuis long-
temps, & que s'il pIatÏoic à fa Hauce~Ïe de
l'accepter il le luy apporccroit ce qui fut
fait aum-coA. Dés que le Grand Seigneur fe
fut retiré dans fon quartier, il fit appeller le
grand Vizir & le pelerin qui vinrent en fa
prefence, & il tenoit à la main le chapelet
de corail qu'il faifoit femblant de reciter,
pour voir u le pelerin le reconnoub'oir. Ce-
luy-cy l'ayant bien confideré Seigneur, dit-
il à l'Empereur fi ta Hauteffe me permet
d'ouvrir la bouche, le chapelet qu'elle tient
reffemble fort à celuy qui eltoic dans mon
petit fac de pierreries, & que peuc-eArc je ne
meC.
me cromperay pas fi je dis que c'c& le
me. Le Grand SeigneurTuy commande alors
de s'approcher, & luy railanc toucher le cha-
pelet & l'anneau, le pelerinaffureau péril de
fa vie que ce font les mefmes pieces qu'il a
connees avec d'autres au~Do~eur. Celuy-cy
venant le lendemain telon; fa coutume rap..
porter quelque cauie criminelle au Grand
Seigneur, ce Prince qui avoit un grand gé-
nie luy propofe une a&ire à peu pres de la
mefme nature que celle qui s'eAoic pa1fée
entre luy & le pelerin, &duy demande quel-
le punition meritoit le coupable d~unteî cri-
me. Ce malheureux aveuglé d'une bonne
fortune où il fe croyoit déjà bien établi, &
le pa~ eAant ibrri de fon fouvenir, pronon-
ce luy mefme fa Sentence, & répond an
Grand.
DU GRAND SEIGNEUR. 97
Grand Seigneur, que cét homme-là meri-
toit d'elire pilé vif dans un mortier. Enme~ De!e'MM-
me temps l'Empereur le fait arrêter, & ayant
f d'une
pie
CtMtcju-
fait apporter tous fes com-es par des B<t/MgM (Htt.
il

Qu'il envoyé à fon logis, tire de fa poche le


chapelet & l'anneau qu'il luy fait voir, 6duy
dit que ces deux pieces venoient d'un petit
iac ou'un pelerin de laMeque luy avoit don-
ne en garde. Il'luy montre emuice le me-
moire de toutes les autres pièces, & luy
commandant d'ouvrir fes conres, les pierre-
ries y furent trouvées, que ce malheureux
convaincu & tout tremblant remit entre les
mains du Grand Seigneur. Le pelerin fut ap-
pelle~ reconnutaumtoit fon fac & fes pier-
reries ce qui fut fuivy de la confeffion du
Docceur qui avoüa ~bn crime & fon infide-
lité. Le lendemain l'Empereur fit a1fembler
le Divan, où il voulut que tous les Grands
de Comtantinople fuuenc prefens pour ren-
dre le jugement plus folemnel. Il comman-
da que tout ce qui appartenoit au pelerin
luy me rendu, en y adjoûtant mefme quel-
que récompenser & ordonna en mefme temps
que le Docceur feroit puny felon fa propre
condamnation. On fit pour cée effet creufer
une pierre en façon de mortier, où il mcjet-
té tout nud & pilé tout vif par les Bour~
N
reaux; & c'eit ce mortier de pierre que j'ay
vcu fouvent proche de la porte du Divan,J
& qu'on y laiffe pour mémoire d'un juge-
ment fi admirable&: fi folemnel. Voyla quel-
le fut la fin d'une hiitoire dont toutes les cir-
conitances font remarquables, & qui n'en:
pas un des moindres monumens de la fagef~
ie de l'Empereur Amurat. Ce Prince au lieu
d'ufer d'abord de fon pouvoir abfolu, aima
mieux par une force d'efprit &: une grande
prudence attendre patiemment les occaûons
éloignées~ pour en tirer des preuves sviden-
tes d'un crime caché & fon intention e&oic
d'élever le Docteur à de hautes, dignicez s'il
l'eue trouvé innocent, &: de le punir rigou-
reufement comme il fit, le trouvant cou-
pable.
~ay dit au commencement de ce Chapi-
tre, que des quatre jours de la femaine que
fe tienc le Divan, ceux qui répondenta nô-
cre Dimanche <5c anoAre Mardy font les prin-
cipaux, dans lefquels fe traittent les adirés
les plus importances. Ils appellent ces deux
jours-la. ~~AtM~L, parçe qu'après que le
grand Vizir, les ûx autres Vizirs, & les deux
Cadile~quers qui auutent au Divan ont ren-
du juRice, ils vont cous en&mble baifer les
mains an Grand Seigneur. Si quelque de
DU GRAND SEIGNEUR, 99
ces neuf Juges a quelque chofe à. luy dire, il
iuy eA permis ces jours-là de luy parlerlibre-
ment & c'eft auni ordinairementen ces mef~
mes jours que le Grand Seigneur prend fon
temps s'il veut (e deHaire de quelqu'un. Il
ordonne alors au 2ïo/?<M~-&M~ de Ce tenir
preft avec quelques-uns des fiens pour exe-
cuter fa volonté & luy ayant déclaré ceux
qu'il veut faire écrangler, l'ordre n'eft pas
plucôt donné, que foit à leur arrivée foit a
leur départ, il eft pon&uellcmenc fuivy. 11
cA vray qu'il n'agic de la forte, que lors qu'il
craint quelque iedicion populaire s'il les en-
voyoit punir dans leur maifon où ils pour-
roient faire quelque refiflance: mais au Ser-
rail & à la face des Janitfaires qui fe tien-
nent pres du Divan, le malheureux qu'on
veut etrangler n'a qu'à baiuer la telle & ten-
dre le col, fans penfer à aucune reGAance
qui feroit vaine. Je dirayamplemencau Cha-
pitre XI. de quelle maniere on procede à
cette execution.
Un peu plus haut que la Sale du Divan, Jours aur.
on en voit une autre élevée comme une ma-i1qcehttt.
Ambt~t-
niere de Belveder, où les Ambauàdeurs fe itOtt Tien-
rendent quand ils am&enc au Divan, & ils inent au
DtTtn.
:uMenc de trois en trois mois & les joursy

U
qu'on, paye les Janiuaires. On les avertit de
Njj
s'y trouver par une vaine oAencanon, & pour
leur faire voir la quantité d'argent qui fort
du trefor. Entre ces deux Sales il y aune por-
te qui va au quartier des B«ZMpf. Ce font
des gens forts & robustes, employez comme
j'ay dit, à porter le bois par tout le Serrail,
& à d'autres offices bas & pénibles. Pour le
bois qui fe brûle aux apparcemens des fem-
mes, ils le déchargent à la porte, où les Eu-
nuques noirs le vont prendre pour le porter
aux bains & aux chambres ou ils onc feuls
la permuEon d'entrer. Voila tout ce qu'il y
a de plus confiderable dans cette féconde
Cour. Encrons plus avant dans le Serrail, &:
voyons de quelle manierc l'on s'y gou~
ycmc.
CHAPITRE V.
Du Serrail interieur en general & ea
particulier du quartier des Eunuques
& des Ichoglans.
SO MM AIR. L.

Ç~T'j~C
~og~f~T~~MM <r-
ne.
e~B~-
~<'cc/p.
(~on/2~<)r.
~'<0~ ~M~MMM~
~M~yP~o~

J'<'m<<M~~H~J~W4~V~~MWM~
JE~~<
irà E Serrail interieur cA cette parde dx
~pandPalais des Empereurs Othomans,
qui de la deuxième Cour que nous venons
de quitter~ s'ctend A la pointe où les jardins
viennencabouar, & qui comprend ai ge~c-r
rai le quardcr du Grand Seigneur, &lequat-~
nc~~hf~~qnes. Mats parce que le premier;
C~Ën~~en pluCcurs appar~emensj qui
K -Ui
fervent aux Officiers qui approchent ordi-
nairement de la perfonne du Grand Seigneur>
ac qui luy font les plus ncce~aires, je con-
duiray le Loueur de l'un à l'autre, & parle-
ray diAin<~emenc de chacun. je ne traite
ray dans ce Chapitre que de ceux qu'occu-
pent les Eunuques, & les Ichoglans qui font
ious leur difcipline.
J'ay fait mention au commencement des
quatre premiers Eunuques, qui en ont d'au-
tres fous eux pour veiller fur les actions de
la jeuneue qui leur eft donnée en charge, 8c
t'in~ruire tant en la religion de Mahomet,
qu'aux exercices du corps, & particulièrement

Le
en ce qui regarde le fervice du Grand Sei-
quartier tanc des Eunuques que
des Ichoglans fuit de-pres la Sale du Divan,
& commence de faire partie de la troméme
Cour où il s'écend à main gauche. Il eft di-
vifé en plufieurs apparcemens, & il y en a
tre entr'autres appeliez O~t, c'e& a dire
chambres, on iont di~boex ~x cens icho-
g!ans <cloa les ordres <hi JC~pt, qui avec
ÏM antres principaM EMnuqoes juge deiaca-
packé de chacun. C'e& loy qui les &ic pa~
icr d'âne 0<tt à t'amre, comme nom &iibns
moMet nos ~oo~eM d'âne (ixiéme~c~tnecin-
qmemc, & i! en eft de me&M q<a: ~e nos
¡: .06
DU GRAND SEIGNEUR. ÏO;
claues, la premiere des quatre Oda dont il
leur faut <euuyer les rudes tatigues eftant la
dernière en dignité. Quand il fait fa vifite
générale & cette forte de promotion, il en-
voye hors du Serrail ceux qu'il reconnoilt in-
capables de bien fervir le Prince, & qui luy
témoignent du dégoût d'une vie fi aufiere
& alors ils perdent l'espérance d'y t'entrer ja-
mais, & ne peuvent prétendre à d'autre for-
nmequ'a celle de Spahi avec un petit appoin-
temenc. L'avantage de pouvoir par-venir aux
premières charges de la Cour & de l'Empire,
fait. prendre courage a ceux qui demeurent,
& ils (bunrenc patiemment durant plufieurs
années le rude & impitoyable traitement des
Eunuques, qui ne leur épargnent pas les
coups de bâton.
C'eA donc d'entre ces Ichoglans, qu'on) Gnm~t
les ~<bPoH<
peut au~u nommer Pages du Grand Sei- <ifM <te h
gneur, <pe l'on tire les &<chM, les B~, les:<ok. mt&att-
C~c&M, les H~M~tt~M~ & autres
Grands de la Porte. Mais ce n'e& que du
nombre de ceux qui font enfans de tribut
que l'on a levez fur les chrc&icna,ou pris ent:
guerre fur terre ou fur mer: Car pour les B~ jtttnhnt
Mi&te
~~t, ou enfans de Bâchas quei'on c!evean1 dt* B*.
Serrail, il &ïn fe fbuvcnir de ce que j~y dit, eh*
qu'ils ne peuvent jamais monter plus hautt
qu'à la charge de B~, ou de Capitaine de
galere. Quand un de ces Ichoglans fouhaite
de fortir du Serrail, ou mefine quelqu'un des
Eunuques blancs, il prefente requeite au C<t-
~~f4 qui la porte au Grand Seigneur~& re-
coic fon congé avec une paye félon le temps
& la qualité de fon fervice. Mais il y en a
d'autres que le mefme C~t fait Forcir
contre leur gré, & apres avoir paué les pre-
mieres années qui font les plus difficiles.
C'eft lors qu'ayant eu different avec quel-
qu'un de ces Ichoglans tandis qu'ils eftoient
camarades dans leur jeuneife, & craignanc
qu'il ne vienne un joura traverfer fes deueins,
il employé tout fon crédit pour le meccre
hors du Serrail, en luy faifant donner recom-
penfe felon les années qu'il a fervy.
La première des quatre chambres où les
Ichoglans font diûribuez eA la plus remplie,
parce qu'ils ~bnc encore tout jeunes & tout
novices fous la premiere fecule; &elle e&ap-
pellée Co<M&0~<, c'e&a dire petite cham-

daucanc le
bre, quoy qn'eUe ioic la plus grande, mais
e& la moindre pour la digni-
tc. C'e~-R qu'ils apprennent à lire & à écri-
re, & les prenuers fondemens de la Loy de
Mahomet; & apres qu'ils y ont e&é fix ans,
ils p~ent dans la feconde que l'on appelle
j9w~0< où devenus plus robuftes on les
drefle aux exercices du corps,à tirer de l'arc,
à fe fervir de la lance, & à d'autres chofes de
cette nature. On leur enfeigne de plus à par-
ler parfaitement la Langue Turque, a quoy
ils joignent l'Arabe & la Perfane dont ils
onc beloin dans les Gouvememens où ils
peuvent efb-e envoyez. Quatre ans fepauenc
de la ibrce dans cette feconde CHambre, d'ou
ils montenc à 1~ troifiéme que l'on appelle
~&<t/)M~M'- O~t, ou la Chambre du Trefor.
C'e&où ils commencent à rendre quelque
fervice au Grand Seigneur, à eAre employez
à la Garderobe &: aux Bains, & où on leur
enfeigne à monter à cheval, & à fe rendre
par&ics aux exercices qui leur conviennent,
a quoy ils employent ordinairement quatre
ans. Chacune de ces trois Chambres aunEu-
nuque blanc pour fon Chef & Intendant. Le
&r<<? a la direchon de la première le
j~Zt~~M~ commande dans la feconde &
le c!M/M~M&< a le fbintde la trouleme.
J'auray occaCon de parler davantagedes deux
dernieres aux Chapitres de l'Echanfbnerie
& du Trefor; & j'adjoûtcray ~e'-uemenc icy
de tontes les trois en general, que les ïcho-
glans qui y font inAruits nonc aucun com-
merce avec ceux de la quatrième Chambre
dont je parleray bien-toit, ny avec aucun
autre de dehors, qu'avec lapermiuion parti-
culiere duCOt~ & en présence d'un Eu-
nuque qui écoute coût Qu~ils ne peuvent
pas mefme converfer enfemble qu'à
de cer-
taines heures qui leur font prescrites, ce qui
fe paue dans une cres-grandemodeftie, com-
me toutes leurs avions
font accompagnées
d'une exacte obe'iuance Et enfin qu'ils ne
font tous vécus que d'un fimple drap, mefme
les B~~M fils de grands Vizirs & de Ba-
chas qui font morts, tandis que ceu~de la
quatrième Chambre portent des toiles d'or
& d'argent, parce qu'ils viennent en la pre-
ience du Grand Seigneur, & approchentÏou-
bas de
vent de fa perfonne. Je diray plus
quelle maniere ils dorment, & quelle eft la
~nccion de l'O~Mi & du D~p-qui
acnuent fous les ordres des quatre Eunuques.
La quatriéme Chambre,qui eft la Cham-
bre du Prince, eft appellée H~O~t, & j'en
parleray quand~h viendray à l'Echanione-
l'appartement fecret du Grand Sei-
rie, & aC'eft-laoùlesichoglansquionctbu~
gneur.
~rt cant d'années dans les crois premeres
Chambres, commencent à refpirer & à gou-
ter plus de liberté. Il lear€& pcnms de con-
verger avec tous ceux da Serrail, & ~s onc
DU GKAND SEIGNEUR.~07
t
l'avantage d'approcher fouvent det la.
< r
perjbn-
ne du Prince a qui ils fe font connoiître, &:
dont ils reçoivent de temps en temps des&-
veurs.
Sous la porte de la troifiéme Cour où des Q~ftieft
Eunuques font la garde jour & nuit, il y a ies quatre
premiers
un pauage à gauche qui mené à une petite Ennu~uM.
galerie, d'où ion fe rend à l'appartement du
i~o<<4/ & quand la grande porte e& ou-
verte elle cache ce paÛage, où l'on ne peut
alors entrer que mal-auemenc.
Un peu plus loin 6c à main-droite de la
Sale d'Audience eft l'appartement du St-
~t/ï' qui a foin de tenir le Serrail net &
en bon ordre: Et plus avant proche d'une pe-
tite Mofquée où les Ichoglans des trois pre-
mieres Chambres font leurs prieres, fuit le
quartier des ~tf, qui font cent cinquante
Ichoglans ou environ employez à laver le
linge du Grand Seigneur. Quand il vaen cam-
pagne il fait fuivre les plus vieux d'entr'eux;
& il faut comprendre dans ce nombre les
Timbaliers & les Joueurs d'inArumens qui
font couchez fur l'EAac.
Entrons maincenancdans l~Sale d'Audien-
ce, qui eA un quartier comme decaché des
autres, & où ~Hameue reçoit les Ambaua-
deurs.
Ojj
CH A PITRE VI.
De la Sale où le Grand Seigneur donne
audience aux Ambauadeurs, & de
quelle maniere ils y font reccus.
SOMMAIRE.
Z)~&o~ Sale ~<'w< Le
Tw~ Grand Seigneur. Maniere
~~<<
recevoir les
~.f~&r~M~v~T/ le C~t~ que
~M/~<MM~'< ~<Wf
des Princes C&r~ 7~7~ y~.
defidelité que le Kam de
tite
lieu.
T~ ~~r mefme

t
TT~femmes
A troifiéme Cour du Serrail où nous
à cette heure, n'e& pas dans la
regularicé de celle qui la precede, & les ba-
timens qu'elle enferme font voir que l'on ne
s'e& pas beaucoup mis en peine d'y obferver
un grand ordre. Quand vous eftes à la porte
DU GRAND SEIGNEUR !0)
de cette Cour, vous avez en face un petit
appartement détaché de tous les autres, à
l'encrée duquel vous voyez des deux côtez
fortir une fontaine de la muraille dont l'eau
eft receuë dans deux baums & c'eft dans
cét appartement qu'eft la Sale d'Audience.
C'eA une auez belle voûte foutenuë par des
piliers de marbre; & l'onvoid encore au mi-
lieu un petit jet d'eau qui tombe dans un
baiïm. Cette iale eft ouverte de toutes parts,
& dans le fond vis-à-vis de la porte on pofe
le Trône du Grand Seigneur.
Ce Trône qui eft auez riche, elt une ma- LtTtt.
du
niere d'Autel que l'on porte dans cette Sale ne Grand Sf'
les jours que le Grand Seigneur veut donner ~MM.
audience aux Ambaffadeurs & lors que le
nouveau Kam de la petite Tarcarie qu'il a éleu,
vient prendre l'inveAicure de fon Royaume,
& luy faire le fermenc accoutumé. Le der-
riere du Trône touche un mur d'appuy qui
ne le furpaue que d'un demy-pied, & c'eft
ce qui retient les couffins qui font derriere
le Grand Seigneur. Il y a dans le Trefor huit
couvertures tres riches faites exprés pour
couvrir ce crône, Se qui viennent pendrez
terre de trois côtez, par devant, a droite &
a gauche car pour le derriere il eft appuyé,J
comme j'ay dit, contre la muraille. La plus
0 iij
riche de ces couvertures eli d'un velours noir
groffes perles dont le~
avec une broderie de
boutons.
unes font longues &rles autres en
Il y en a une autre de velours blanc relevé
d'une broderie de rubis & d'émeraudes,dont
la plufpart ibnc dans des chatons pour les
bien tenir. Il s'en void une troifiéme d'un
velours violet bien foncé brodé de turquoi-
fes & de perles. Les trois autres qui les fui-
vent font aufli de velours de différentes cou-
leurs avec une riche broderie d'or. Et les deux
dernieres font d'un brocart d'or qui ont
leur beauté particuliere. Le Trône ed orné de
l'une de ces couvertures, felon que le Grand
Seigneur confidere le Souverain dont il re-
çoit l'ambafÏade, & il mefure fa magnincen-
honorer.
ce à celle du Prince qu'il veut Ambauadeurs
Voicy la maniere donc les
« font dans cette Sale. Car pour ce qui
receus
eic de l'ordre de leur marche depuis leurHô~
tel de Pera jusqu'au port de ConAantinople~
& du port jusqu'au Serrail il s'en fera fait
fans doute auez de relations. Apres que
l'Ambauadeur a difné dans la Sale du Divan
avec le grand Vizir qui l'y
attendoit, tandis
fon fervy fa fuite fous la galerie fur
que a
quelques vieux tapis de cuir qu'on étend à
terre, & que l'on couvre de peu de
plats, il
reçoit les vefles que luy envoyé le GrandSei-
gneur pour faperibnne &: pour ceux qui l'ac-
compagnent, & l'on s'en couvre à l'inAanc
par deilus les habits ainfi que d'une robe
de chambre. Dans cet équipage l'Ambaffa-
deur eft conduit à la Sale d'audience par le
C~t grand Maiitre des cérémonies, qui
eft auilté de plufieurs Eunuques & quand
il eft à la porte deux Vizirs le viennent pren-
dre, & marchent à fescôcez jusqu'au lieu où
il doit s'incliner pour baifer la robe du Grand
Seigneur. Depuis la. porte de la Cour gardée
par des Eunuques jufqu'à celle de la Sale, on
ne marche que fur des tapis de foye, & le pa-
vé de la Sale qui eft de marbre eH auffi cou-
vert d'un autre tapis d'or filé faic à peu pres
comme nos nates de pailles & de pareille
cpaiueur. Le Grand Seigneur garde beaucoup
de gravité dans fon Trône & derrière le petit
mur contre quoy il eft appuyé, l'on void en
ordre le ~Zfr-~g~' qui eu un Eunuque noir
Chef & Intendant du quartier des femmes;
le ~Z~tf- ~~< qui porte l'épée du Grand
Seigneur le C&o~t~M qui porte la[ robe
Royale, ce que nous appellons' en France le
Porte-manteau le R~M~ qui dencTécrier
lors que le Prince monce achevait le Ha
~p~«a&~Chef de la Chambre, ~e qui feroic
en France grand Maiftre de la Garderobe.
Ces gens-là fe tiennent tous dans une tres-
grande modeitie & les bras croifez fur l'e-
icomach; & pour le Inrrodu~cur
des Ambaffadeurs & grand Mailtre du Ser-
rail, il fe tient debout au milieu de la Sale,
& dans la mefme poAure d'humilité. A la
gauche du Trône il y a une maniere de pla-
cet couvert d'un velours rouge avec une fran-
ge d'or, où vont s'affeoir les Ambauadeurs
apres avoir baifé la robe du Grand Seigneur,
& que ceux de leur fuite qui ont eu des veC.
tes dont le nombre eic limité, onc fait la mef-
me cérémonie. Cependant tous les Bachas fe
ciennenc debout en la prefence du Prince, &
le Kam de la petite Tartarie n'eA pas meC.
me excepté de cette loy quandil vient ren-
dre l'hommage. Toute cette action fe paÛe
dans un grand filence, & le Grand Seigneur
ne répondant rien alors, laiue au grand Vizir
le foin de dire quelques paroles pour conge-
dier l'Ambaifadeur qui fe recire avec une pro-
fonde révérence fans fe découvrir & fans
tourner le dos qu'il ne foit hors de laSale.
Les Mmiftres des Princes & Efiacs Chre-
tiens qui refident ordinairement à la Porte,
font l'Ambaiïadeurde France, l'AmbaÛadeur
d'Angleterre, le Baile de Venife & le Reû-
IR
DU GRAND SEIGNEUR 113
dent de Hollande, oui ont tous leur demeu-
re dans Fera. Q~and il vient des Ambaua-
deurs ou Refidcns de l'Empereur, ou de Po-
logne, ou de Mofcovie, on les fait demeu-
rer à Conihncinople pour eltre plus auurez
de leurs perfonnes.
Le Grand Seigneur diAingue la qualité de RtnMf-
qnetfurte
ces Princes & Etats, &: l'efcime qu'il en faie, nombre de
par la quantité de veftes qu'il fait donner à )t Grand
Yeftetqne
leurs Ambauadeurs quand ils viennent à l'au- Seigneur
&itdonnet
dience. L'Ambauadeur de France en a vingt- tnï Am-
quatre, celuy d'Angleterre feize, le Bayle de de! Princes
btjf!tdear<

Venife en reçoit douze, & l'Ambauadeur de ChtefUtn:.


Hollande autant. Lors que Monfieur de
Marchevifle fut en AmbafÏade en Turquie,
j'eus l'honneur d'eilie du nombre de ceux
qui l'accompagnèrent au Serrail où apres
avoir dimé avec les Vizirs dans la Sale du Di-
van, tandis que fa fuite mangea fous la ga-
lerie, on luy apporta les veAes felon la cou-
tume. Commençant à les faire diUribuer a
ceux qu'il voulut favorifer & mener avec luy
à l'audience, il fut furpris de n'en- voir que
feiZe. Aum-toA il fit dire au grand Vizir qu'il
luymanquoichuifveites,& qu'il n'iroit point
à l'audience qu'il n'en cuit le nombre qu'on
avoit accoûtumé de donner aux Ambaila-
deurs de France. Il y eut quelque conie(ea.
P
tion qui retarda l'audiencede pres d'une heu-~
-V

re mais enfin
Monfieur de Marcheville de-
meurant ferme dans fa refolution, le grand
Vizir luy envoya encore huit autres veites.
Il me refte à reprefenter dans ce Chapitre
la maniere dont le Kam de la petite Tarta-
he vient dans cette Sale d'audience preUcr
le ferment de fidelité au Grand Seigneur. Le
Lecteur fe Souviendra, s'il luy plaut, de ce
que j'ay remarqué au commencement,
de la
mmille de ce Prince tributaire que les Em-
pereurs Othomans tiennentfous le joug. Le
Kam qui doit regner à fon tour & felon qu'en
prefente de-
a difpofé le Grand Seigneur, fe
vant luy en la Sale d'audience, & apres luy
avoir baifé.la robe fe retire quelques pas &:
fe tient debout. Alors on apporte l'Alcoran
fur un grand carreau de velours vert fans au-
duquel pen-
cune broderie, aux quatre coins
dent quatre houpes d'or & de foye, & on le
du GrandSei~neur. Com-
va poler à la droite
ue&auis fur un tapis les jambes en croix,
me
il ne faut pas que le carreau vienne jusqu'à
la hauteur de fes genoux, les Turcs dea-
droient cela pour un grand peché, & ils por-
tent tant de respect au Livre .de l'Alcoran;
qu'ils ne le peuvent coucher fans s'erre la-
ils le baifent &
vez. Avant que de l'ouvrir
le mettent fur leur teite, &: apres y avoir Icu
quelque chofe ils ba~nc derechef l'écritu-
re, & s'en frotent le vidage avant que de le
fermer. Le Prince qui doit faire le ferment
eA debout comme j'ay dit, les mains éccn-
duës l'une contre l'autre & élevées à la hau-
teur des épaules, pour recevoir le livre de
l'Alcoran de celles du .K~-J~, qui a cité le
prendre de fur le carreau l'ayant baifé & iaic
toucher à fa ceUe. Le ferment que fait le
Kam eft conceu en ces paroles Bo« quitab
~«~ 7<!<c&«ay«~frA<<t~M&<MMtaré ~& <&x
Wf ~~MT ~~MM ~m< ~f«~ ~<M~ AA*
C'eft à dire Par /< Z.MW/r<ty
executer tous les O~M commandemms qui me
~roa~ A< <~ mon ~<~B«~
Puis que je fuis fur la matière du fennent
de ndelité du vaifal à fon Seigneur, j'adjoû-
teray icy la forme de celuy que i'Emperenr
0 choman exige de tous les Princes Chre-
Aiens qui relevent de fa Couronne, comme
font les Princes de Moldavie & de Valaquie.

~9'
Il eft conceu en ces mots Hi ~/<M~<MM
yc<M~&<C&<tÏMf~~d~M ~~JS<W<Cf~
w<M ~<MM ~M~ itaat 7~f& C'e&adire Par
w~~ de ~OM~ M~
~~M <MMC<M<&MMWf~M M~<C/<!t<&W)~~
&~<J5~MWf~<M)~W<
P ij
MEaet~nfs.~f.i*
Le Grand Seigneur fait précer ferment de
ndelité à tous les Bâchas qu'il envoye aux
frontières de l'Empire, comme aux Bachas du
Caire, de Babylone & de Bude, ce qu'il ne
pratique pas envers les autres Gouverneurs
des Provinces qui ne font pas limitrophes,
& dont il n'a rien à craindre.
Entrons maintenant dans le quartier des
Eunuques &: des Ichoglans, dont les bainss
font une grande partie.

CHAPITRE VII.
Des Bains du Serrail.
SOMMAIRE.
.fc~
~M~ ~jB~~
~~r~?
O~o~~JV~0'
Z~o~
~j-. J~o~ ~f~o~-
/f. ~~f ~M~~v f0~ les on
~~C'f
~~y. D~~o~ ~j8~
~<w
~M&. To~~ Ow/?-
~<~ ~~?~r~ point de
DU GRAND SEIGNEUR. 117
Perfiens plus fcrupuleux
que les Turcs.
Grands amateurs de la
~r~r~ Chambres fort enjolivées. De-
~/? fh'o~ Mahomet de fe
voir tout nud. Terre propre à faire
/r
tomber le poil, ~/?.f~M~v~
E s Bains deAinez pour la perfonne du
LGrand Seigneur & pour fes principaux
Omciers, occupencune grande place dans le
quartier des Eunuques. Les fourneaux qui
les chauffent appellez ~<HM, fuivenc l'ap-
partement du Sarii-houdafi, & quinze Icho-
glans des plus robuftes font employez àen-
tretenir le feu. On les nomme JCw/~N~tf Et
vingt-cinq autres appellez D~&t~. font occu-
pez dans les bains a rater & frotttr le corps,
& à appliquer des ventoufes à ceux qui en
ont befoin. Celuy des .Ki«/~M~ qui eft le
plus vieux dans le fervice eA le Chef des au-
à la lute, & à
cres, qu'il laie fouvent exercer
lever d'une main une mauuë de fer. Il y en Foret de
a trois attachez avec de gros crampons lacorps
fur tner-
Tttt!ccte
porce des bains, & celle du milieu, ace qu'ils d'en
S~n.
Iche.
duenc, pefe cent o~<, qui reviennent à trois 1
cens cinquante livres poids de Paris un
o~«
pefant trois livres & demie ou environ. Il
P iij
s'eit trouvé autrefois un de ces Ichoglans fi
extraordinairement fore, que le Grand Sci-
gn~~r voulut avoir le plaifir de voir s'il pour-
roic d'une main lever & tourner cette mauuë;
ce qu'il fit avec un éconncmcnc nompareil
du Prince à qui il donna fur le champ une
autre marque de la force de {on bras. Au
defÏus de ces trois ma~Iuës on void pendus
deux cafques de fer, dont l'un cA de l'épauL
leur d'un pouce, & l'autre de la huitiéme par-
tie. Ce menue Ichoglan en la présence du
Grand Seigneur, d'un coup de mafÏe d'armes
enfonça le cafque épais d'un pouce, &: d'un
coup de fabre fendit l'autre juiqu'au milieu.
Vis-a-vis de ces fourneaux font les robi-
nets qui diAribuent l'eau pour les chambres
des bains & j'oubliois de dire qu'avant que
d'encrer en ce lieu-là on trouve une petite
Mofquée qui touche l'appartement du~~<<-
~Mi«~, où tous les Ichoglans vont faire
leurs prieres deux fois le jour. S'ils viennent
à y manquer l'O~t-~ta~ qui dans chaque
chambre veille fur leurs actions ne leurépar-
gne pas les coups de bâton comme pour
toute autre faute qu'ils peuvent commeccre,
& ils en recoivenc ~meîqjucfbis jusqu'à une
certaine quantité iur la plantedes pieds, tant
que les ongles leur fautent des doigts.
DU GRAND SEIGNEUR "9
De cette Mofquée on paue dans une ga- Occupa-
lerie qui touche les bains, & c'eft où les Dif- tions
Nains
des
&
lis & les Geuges, qui font les Muets & les des Muets.

Nains, vont s'occuper au travail le long du


jour. Les uns aporennenc a lier un Turban,
a quoy il y a plusae façon que l'on ne croit,
principalement au Turban du Grand Sei-
gneur quand il va au Divan: car alors il en
prend un excraordinUremenc gros ce que
font cous les Officiers du mefme Divan
quand ils entrent au Confeil Et je ne f~au-
rois mieux reprefenter ce Turban, que par
la forme de nos plus groffes citroüilles, fi
on les creufoit au milieu &: que l'on y 6A un
trou où la tefte pût entrer. Les autres ap-
prennent à rafer a couper les ongles, & d'au-
tres chofes de cette nature. Ils ne fe fervent SaptdU-
point de cifeaux pour les ongles, ny mefme tion des
Mahome-
dans toute l'Afie; ce que Mahomet a def- tans dans
fendu dans fa loy, & ils tiendroient cela de couper
la mmitte

pour un grand peché. Ils fe fervent d'un pe- les ongles.


tic outil d'acier de la forme d'un canif, mais
il n'y a que le bout qui coupe, & ils fe pren-
nent fort adroitement à cet office. C'eft la
coûeume dans tout l'Orient que le Barbier
qui vous rafe, vous lie vofcre Turban qui fe
défait fort fouvent, vous coupe les ongles
des pieds & des mains, & vous ôce la fakté
des oreilles car les Turcs ôe tous les Afiati-
ques aimenc grandement la propreté, & ne
fbum-ir la moindre ordure
peuvent ny fur
eux, ny fur ceux qui les approchent comme
je diray bien-toft. Puis que j'ay parlé plus
d'une fois du Turban, il n~ fera pas hors de
propos de remarquer icy que dans l'Empire
Ochoman &: dans couccFArabie il n'efr per-
mis qu'aux feuls Mahotneians de prendre du
blanc pour couvrir leur telle, au lieu qu'en
Perfe & dans l'Empire du grand Mogol on
peut choifir telle couleur que l'on veut.
Je viens au grand Bain qui fuit k Cham-
bre du H~MMW/ qui en eft le Chef, ôe
qui fait partie de l'appartement des J~y/M
ou des Blanchiueurs du Grand Seigneur. Le
lieu où l'on fe déshabille eA un dôme de pier-
re de tailleauez élevé, &: enun des plus beaux
endroits du Serrail. Le bas eft de beaux car-
reaux de marbre, & il a deux grandes fene-
tres qui vont en faillie fur les jardins com-
me deux balcons, d'où l'on peut avoir la
veuë fur les deux mers, & fur le pa'ifage de
l'Afie. Au milieu de ce dôme on void une
fontaine dont l'eau eft receuë dans deux bafL
fins. Le premier qui eA le plus haut & le
plus petite eft d'une piece de marbre blanc
avec quelques veines rouges &: noires, &
DU GRAND SEIGNEUR.. 111
percé en fix endroits pour recevoir autant de
tuyaux de cuivre jaune, par où s'écoule l'eau
qui va tomber dans l'autre bamn, quieAaufïI
de marbre de plufieurs pieces &: de diverfes
couleurs. Au dedans du dôme on void quan-
tité de perches qui regnent au tour, & font
Supportées par des bras de fer qui fortent de
la muraille. C'cH où l'on fait fecher les lin-
ges qui ont fervy dans le bain, & il y en a de
iverfes fortes. Aucretois on fe contentoit Abns te.
de donner aux Pages un linge qui ne faifoit primez.
e

que deux tours au deu*ous de la ceinture-c


mais comme l'on fe fut apperceu qu'ils en
abufoient & que de beaux jeunes garçons
en follatrant s'arrachoient le linge les uns aux
autres pour fe voir nuds, on ne fe fert plus
depuis dans le bain que de linges coufus de
la ceinture jusqu'aux pieds comme un cotil-
lon de femme. En lortanc du bain ils ont
pour s'euuyer deux autres fortes de linges
grands comme des nappes, dont l'un eft
rouge avec une. bordure de foye large de
trois doigts, qu~les couvre d'abord en quit-
tant l'eau depuis la ceinture jusqu'à my-jam-
be & l'autre blanc dont ils fe fervent
pour
fe froter. rM&~«)M/ eft le nom qu'ils don-
nent à ces deux portes de linges.
A côté de la fontaine qui eft au milieu du:
0~
a ~w
dôme, w
il y a une ouverture pour entrer dans
le bain, & tout proche eft la Sale où l'on va
fe deshabiller l'hyver. Une petite galerie qui
fuit à la gauche conduit aux lieux deftinez
la décharge de la nature, chaque Hege a
à
fon petit robinet d'où ils tircnt de l'eau
fe laver. Ils croiroient avoir r&c un
pour
grand peché de & fervir de papier à cét ufa-
Se difent pour leur
raifon que parhazard
se,
&
nom de Dieu pourroit s'y feroit trouver écrie,
une pro-
ou un texte de la Loy, ce qui
&naiion~u'il faut éviter. D'ailleurs ils tien-
le papier neA pas propre a fi bien
nent que
que laneceHité du corps
nettoyer cette partieiale,
rend ordinairement qu'il n'y re&e quel-
que ordure, &
qudhn!: obligez de fe pre~
icncer devant Dieu avec une entiere pureté
de corps & d'ame, leurs prieres ne ~ourroienc
efbe exaucées s'ils n'eAoienc tout a fait nées.
Les Perfans font plus fcrupuleux que les
Turcs fur cette matière car quoy que les uns
& les autres demeurentd'accord que la prie
eft tans ~rmt, oc meûne qu'on ne la peuc
re
faire fans crime., fi l'on neA pur du corps &
de l'etprk les premiers fbutienneac que la
moindre ordure qui par megarde .pouiroit
reAer ou en la perfonne, on en fes habitsy
endroit fa priere inutile & crimmeUe, de-
r
DU GRAND SEJGNEUR.'i~
quoy les Turcs moins' fuperititieux
c
en cette
rencontre ne conviennent pas. Il eft vray GrtrJ<,
qu'en Perfe on aime extraordinairement la amateurs
propreté & j'ay remarqué à Hifpaham ou dettp:o-
pttt~.
les ruës ne font point pavées, que lors qu'il
tombe de la neige ou de la pluye qui fait de
la bouë, peu de gens fortent de la maifon à
moins qu'il ne s'agiue de quelque anairRim-
portante. Alors à la porte du logis où l'on
veut entrer, on quitte les bouliers, le man-
teau de pluye, lebonnet qui couvre le Tur-
ban & fi l'on avoit la moindre ordure fur
foy, on feroit tenu impur/Se ce feroit faire
<léplamr à celuy que l'on vifite. Un Perfan
fait meune fcrupule dans un mauvais temps
de recevoir un homme chez foy; & fi quel-
qu'un fe prefente, il luy fait ligne de la main
de fe tenir loin au lieu où il entre pour luy
parler. Car fi par hazard, comme il vient de
îa ruë où il y a de la bouë, & des chevaux
qui peuvent luy en jeccer, il avoic la moin-
dre crotte fur ~oy, 8e qu'il couchait celuy qu'il
vient vificer celuy-cy feroit a~, c'eAàdire
immonde, & obitgé de changer incontinent
d'habic, tant la mpeHcicion des Per&ns
va
loin fur cette matiere.
Au bouc de h galerie il y a une porte qui Chtm.
donne pafaze dans trois chambres, qui ~om brMtbft i
enjotiT~M;
·
du
autant de bains pour l'ufage du quartier
Grand Seigneur. La derniere de ces cham-
bres eft fuivie d'une grande place carrelée de
marbre de diverfes couleurs, & c'eft le lieu
place
où les Ichoglans fe font rafer. Cette de
eft élevée vers le milieu & va en pante
Barbiers
tous côcez afin que l'eau dont les
lavent la cette & la barbe puiueanemenc s'é-
couler, &: que la place foit toujours necce.
De deux côtez de la muraille dont elle eft
fermée fort un gros robinet double à deux
clefs, oui par une feule bouche donnent al-
ternativement de l'eau chaude & de l'eau
froide, que reçoit un baffin de marbre blanc
où trois ou quatre hommes fe peu\jnt laver
-enfcmble fans s'incommoder. Une petite
chambre de marbre noir & blanc fuit à un
des bouts de la place, & c'eft où les Barbiers
qui ne gavent point d'autre profeffion, met-
leurs uftenfiles &infcrumensnecefL
.tent tous
faires, comme rafbirs, pierres à les repauer,
favons & fers à couper les ongles car pour
du linge-ils n'en donnent point, & ceux qui
-fe font rafer viennent tout nuds de la cein-
iure en haut, n'eftant couverts en
bas que
d'un linge qui leur va jufqu'à my-jambe.
Ce& un Lazard quand il fe trouve quelqu'un
de ces Barbiers qui fçache faigner,& leurs
lancettes affez groflieres reuemblenc aux na-
mes dont nous feignons nos chevaux.
Vis-à-vis de la chambre des Barbiers font
trois autres chambres voutées de marbre,
dont la plus grande furpaife en beauté celles
qui la fuivent. Le pave eft de marbre blanc
& noir, & les murailles font revenues de car-
reaux blancs & bleus, ou dans chacun fevoid
une neur~de relief peinte au naturel, & que
l'on prendroit pour de l'émail. De petites
lames d'or cachent les jointures des carreaux,
& il ne fe peut guere rien imaginer de plus
riant que cette premiere chambre. La vouce
cit percée de plufieurs trous ronds d'environ
demy-pied de diamètre, qui ont leurs petites
vîtres de glace de Venife faites en cloche,
de peur que fi la curiofité portoit quelqu'un
à monter fur la voûte, il ne put en fe cou-
chanc fur le ventre voir ce qui fe pauë dans
le bain. Le lieu ne reçoit le jour que par ces
trous, & tandis qu'on eAau bain: mais fur
tout quand on en fort la porte cH toujours
fermée, pour entretenir la chaleur &: de peur
qu'on ne foit vû ce qui pourroit eftre fi au
lieu de ces crous qui iont en haut, il y avoit
.en bas des fenefb'es à noftre mode. Tous les
autres bains font faits de cette manière, &
ne tirant la clarté que de petits trous vitrez
Qjij
il ne s'y void aucune ouverture que celle de
la porte afin qu'citanc aum-colt: fermée la
chaleur fe confervc dans le bain, & que l'on
ne puifÏe voir ceux qui y font. La feconde
chambre eft un autre bain, mais elle cede
en beauté à la premiere &: pour ce qui eH
de la troifiéme elle a quelque chofe d'aftez
fmgulier. Le bas eft une marquecerie de pe-
tites pierres, pofées d'une façon que le pied
ne ~cuc gliuër quand on l'a mouillé en quic-
tant le bain & toute la chambre eHreveHuë
de carreaux d'où fortent des fleurs de relief
au nacurel couvertes d'or & d'azur. C'eit le

du bain & il y entre ~eul pour ie rafer J~


lieu où le Grand Seigneur encre quand il fort

mefme les parties que la pudeur defend de


nommer. Mahomec prononce malédiction
contre ceux qui les iamenc voir, & tous ceux
qui les regardent &pour vivre felon la loy,
tant hommes que femmes doivent fe raiër
€ux-mefme& fans fe fervir de la. main d'au-
cruy.
-La plufpart des Orientaux, Arabes, Tar-
tares & Indiens ont recours à un moyen
plus facile que le rafoir pour &ir€ tomber
~îe
poil. C'c& une cercame terre qu'ils meienc
avec l'orp~nenc, & qui fe ~<i molle com-
me <iu beurre: <~and ik JMb dans le bam
&: que la fucur commence à
venir, ils frot-
dont ils veu-
tent de cette terre les parties
lent que le poil tombe, & il faut bien-co&
apres voir s'il commence a
tomber, comme
l'on fait d'une volaille qu'on veut plumer
dans l'eau chaude. Car fi on laine cette terre
brûle & fait des trous
trop long-temps, elle
dans la cnair, dont les marques demeurent
qùelqtiefois
comme des coûtures que laïuo
parties où
une petite'vérole. D'ailleurs aux
cette terre s'applique, la peau avec le temps
vient dure & rude comme un marroquin &:
ces fâcheux accidcns degoûcenc
de l'ufage
de cette terre la. plufpart des Turcs & des
Persans. LesChreHiens d'Orient ne s'en fer-
vent pas aum quoy qu'ils fuivent les Ma-
hometans dans la coûtume d'aller aux bains:
mais fur tout en Perfe hors les pauvres gens,
il n'y a personne qui ufe de ce remede. Les
Dames fans avoir égard à la deffence de Ma-
homet, ~€ fervent de leurs cj~l~ve~ pour céc
onice,~ avec de petites pincettes comme1
celles dont nous nous fervons pour tirer le
poil de la mouftache, elles font avec plu$ de
peine, mais moins derifque, ce que cette ter-
plus de
re fait en moins de temps, mais avec
danger. Nos Sultanes &nc trop délicates
pour imiter les Dames de Per&; les hôm-
mes mefmes en Turquie ne veulent point
s'arracher avec douleur, ce que le rafoir leur
ôte fans peine.

C H AP E VIII.
ITB.
Du Trefor du Grand Seigneur.
SOMMAIRE.
~M~r ~f~M~w~ T~~f~~w~r
~T~
A< C~J ~Tr~r~
reprefentent ou

Z~~S~B~~ ~w~
~Mc~~TM~M~<~M~ ~r~
T~5~. ~f~~O/J~J'
yyM~nM

T~rw< 2~M~T~r~<M~Mc
co~~o~ ~o~j. j9o~~
~y~<yr~jr.
~'<M?f

~~o~f
~Cf
p~
/o~ru< f~f~o~~
~M~ /~Mf. Co~

/'oj~~<Ty~r. jR~c/j~<*
yM!
c~EM~~TMr<H~~6~M~f~~r~n'-

hM~H~wc~T~jR~~wcJR~
T~o~MM~M~f~&~M~e
DU GRAND SEIGNEUR
/v.
i~9
Sentiment /~0/~ T<~V. J'O~?'.
ces principales des
.R~wM~ /'J5~ ~oy appliquez.
LE Trefor du Serrail & de l'Empire
t ~Ochoman, fes richeffes immenies, le &

bel ordre avec lequel il eft gouverné, meri-


fur
tent que je m'étende un peu cette matiere.
Je decouvriray toutes les rivières qui fe vont
rendre en cette mer, femblables à celles qui
entrent dans la mer Caspienne, & qu'on n'en
yoid point fortir.
De la Chambre où fe rafe le Grand Sei- B<*M
gneur, on paue dans une galerie de trente âd'MtiqM-
ttSet

pas de long & de neuf a dix de large. Ellet<. c


eft foutenuë par fix gros piliers de marbre de
quinze pieds de hauteur & de diverfes cou-
leurs, entre lefquels il y en a un d'un fort
beau vert donc les Turcs font cres-grandcas.
On marche dans cette galerie .fur de grands
carreaux de marbre, &:ieplac-fbnd<&un
teAe d'andquicé, & d'excellences peintures a
la Mofaïque qui reprefentent divers perfon-
nages, & que l'on croit avoir cttéfaites pour
la recepnon de quelque grand Prince dn
temps des Empereurs Grecs
Les Turcsqui n'ont panny eux ny ~culp- TmMta-
reuES ny Pcinctespour aucune reprcMncation %Mtt,q<H
ntm!tdt<
R
d'homme ny de beice qu'ils ont en horreur,
ont eu de la peine à fournir ces ngures, &:
n'ayant pu s'empécher d'ertacer les ceftes, il
ne refce que les corps, ce que l'on doit re-
grecccn II e& aile de pger que cette galerie
a. efcë ouverte
des deux cocez, l'efcanc encore
du côcé de la Cour, Ce c'efc au milieu de la.
muraille qui la ferme de l'autre, qu'cA la
porte du crcfbr.
CeTreibr qui enferme des richeues in-
croyables,peut cïtre duHnguë enTrefbr pu-
blic &Trefor particulier. J'appelle Treibr pu-
blic celuy qui ibumica la pompe des acdons
publiques & fblemnelles.au payement des
ïoldais, & en général à tous les besoins de
~Empire & du Serrai!. Il & remplit à me&re
<m'H & vuide l'argent y entre & en fort.
Mais pour leTrefbr particulier Sc~ecrec~qui
cA une voûte fous terre qui ne s'ouvre qu'en
la prc&ace du Grand Seigneur, c'c& unemer
que je puis compaco' à 1~ mer Cafpienne~
où il enor pluCeurs nvieres que l'on n'en:
void point Mrar.
Le premierTre&fconC&e en quatre Cham-
remplies de richeCes de raretex., L&
t bres
première condeM <me gtandc quiannr~ d'arcs,
de neches, d'atb<ldte&, de mQnfquets~ de
&Ëls, de &btes, & d'autres aanes de cette
n~cure, qui font toutes autant de chef-d'ocu-
vres donc l'on a fait prefent aux Empereurs
Turcs. Toutes ces armes font ou pendues au
plancher, ou attachées contre la muraille;
mais en pitoyable état toutes fouillées &
couvertes de poumere, & le Grand Seigneur
iounre que l'on les néglige, parce qu'on luy
prefente tous les jours des armes bien
tra-
vaillées dont la nouveauté luy fait oublier
les vieilles, & que les Turcs
ne font guere
ecac des curic~iez qu'au moment qu'elles
leur font présentées.
La fecondeChambre eft un grand dôme
de mefme hauteur & architecture que celuy
du bain dont j'ay parlé au chapitre
dent, où l'onfe va déshabiller l'été &précè-
il n'y
a nulle difference entre les deux, fmon que
celuy-cy n'a point d'ouverture par le haut.
Ce lieu-là contient fix grands conres, cha-
cun de douze pieds de longueur fur fix de
largeur ~de hauteur, & hle& couvercles
n'eitoienc bruez y deux hommes auroient de
la peine à les lever tant ils fbnc pefans. Ces
co&es appeltez ~«~~ font pleins de
tou-
tes fortes d'habits qui fervent au Grand SeL.
eneur.deve&e~deriehes fourures, de Tur-
bans magmnques,,& de counms en brode-
rie de perles. Owere ces 6x coffres il s'en.
void huit autres longs de huit pieds & larges
de quatre, où l'on dent les pièces d'écarlaie,
leshns draps de Hollande & d'Angleterre.
les pièces de velours,les brocards d'or & d'ar-
gent, les couvertures de lit en broderie, &
autres richeffes de cette nature. Pour les bri-
des & les felles de cheval couvertes de pier-
reries, elles reposent fur des bras qui fortent
de la muraille & toute cette chambre en
général eft fort bien entretenue &: avec beau-
coup de propreté.
La troifiéme Chambre eft grande & reC.
femble plutoft à une taie. Ou y découvre
d'abord un grand coffre, dont le dedans eft
divifé en trois parties & fait comme trois au-
tres coffres l'un fur l'autre, qui s'ouvrent par
le devant pour n'erre pas engagez, & afin
le plus bas
que l'on puiife fouiller dans
ians remuer celuy de deuus. Le coffre du
fond contient ces riches couvertures du Trô-
ne dont j'ay parlé dans la defcription de la
Sale d'Audience. Celuy du milieu renferme
toutes les houiÏcs enrichies de broderie, &
quelques-unes couvertes de perles & pier-
reries <~ui fervent dans les grandes folemni,
rez. Dans le coffre de deuus on tient les
brides, poitrails, croupieres & étriers, dont
les diamans, les rubis, les émeraudes & les
DU GRAND SEIGNEUR ~3
perles font la richeÛe mais la plus grande
partie eit couverte de turquoifes qu'ils ga-
vent parfaitement bien appliquer. C'eft une Leftn~
chofe étonnante de voir la quantité de ces dnB.tch~t
une des ri.
précieux harnois; mais elle ne l'e~ qu'a ceux ~itftt~Ut
qui ignorent de quelle maniere le Grand Soi- entrent
dans
< ct'te
tnttdn
gneur remplit fon trefor de tant de richef- [[tfbr.~
tes. Comme il meurt fouvent des Bachas &
Gouverneurs de Provinces, foit de mort na-
turelle, foit de mort violente, tous leurs
biens eftant acquis au Grand Seigneur com-
me je l'ay dit ailleurs & apportez au Ser-
rail, il le trouve d'ordinaire parmy leurs ri-
ches harnois des brides couvertes de pierre-
ries, & ces brides font portées au trefor. Il
s'en fait autant de l'or & de l'argent mon-
noyé, & de tous les joyaux que poffedoient
ces Bachas. Mais pour les (elles de leurs che-
vaux qui d'ordinaire ne font couvertes que
de lames d'or de l'épaiueur d'un ducat, elles
font remues entre îes mains de l'/M~o&or-
bacbi qui eft le grand Ecuyer, & qui n'entre
point dans le Serrail.
Il y a encore dans cette mefme Chambre
plufieurs autres coffres de différente gran-
deur qui enferment quantité de chofes tres-
precieu&s. Les uns ionc pleins de riches é-
pées garnies de pierreries, &de (abres qui
R üj
-.1 font
-v- auffi
couverts. Car les Turcs le fer-
en
vent à cheval, & de fabres & d'épées de
longueur un peu plus larges que ne font les
noitres. Ils portent le fabre au côté, & atta-
chenc le long de la felle l'épée & la maire
d'armes qui leur paflenc fous la cuiiÏe ce
qui ne peut pas les incommoder beaucoup
parce qu'ils tiennent a cheval la jambe fort
courte. Les coites & la poignée des maÛes
d'armes qu'on porte en parafe ~bntau~H cou-
vertes de pierreries, & en tout leur équipa-
ge les Turcs font fuperbes & n'épargnenc
point l'argent. Quand le Grand Seigneur veut
honorer un Bacha, il luy envoyé me de ces.
épées ou un de ces fabres, avec une ve&e de
brocart d'or doublée de quelque riche fbu<
rurc: mais ces riches pièces ne fbat qu'aller
& venir, & par la mort des Bachas dont tous
les biens entrent au Serrail, elles fe retrou-
vent toujours dans le a?etor comme dans leur
centre.
D'antres co&c& font remplis d'ambfe-gnSy
de mufc, de bois d'aloës & de fandaL Il y a
de ce bois d'atocs qui vaut mille écus la li-
vre, ie!on qu'il e& gras, le plus gras e&ant
toajoars~c meilleur, & les Turcs font en ce
bois d'aioës beaucoup de dépeme. Quand
on les vient voM-, & dés que l'on 08: aSs,
c'eA la coûcume de prcienceruneDipe de ta-
bac avec le bois d'aloës) ce qui fe fait en cet-
te maniere. On prend de ce bois felon qu'il
cil gras & qu'il peut rendre plus de fumée,
la groffeur d'un pois ou d'une petite ieve,
& apres l'avoir moüillé on le met fur un peu
de braifc dans une espèce de caûblece qu'on
prefencea toute la compagnie. Il en fort une
rumée dont chacun parfume fa barbe & fa
cefte, &le dedans mefme de fon turban, a-
pres quoy il leve les mains en haut en criant
JEZMM<~<,<e& a dire t~MM D«w. Mais a-
vant que de prefcnter la caMolete, on appor-
te de l'eau-roie dans un vafe d'or ou d'argenc
felon les gens qui viennent rendre vi~ce. Ce
vafe eA a peu pres d'un pied de hauteur, la
bafe enant groue comme le poing, teallanc
toûjours en diminuant jusqu'au bauc qui
n'eurqne de la groÛem' du petit doigt Il y a
au booc un petit trou d'où coule l'eam-rofe
dont on fe lave les mains &: le vifage, & ~.m
ic met ennnte fur la fiNnée de t'aloës, qui
iaic fécher l'catc & s'attache mieux aux chc-
~emE&alabarbe.
Il y a au& dan~cesconres qaanM~d'acp~
maces & de prccieufes drogues, des pierces
de bezaart, &' force ma&ic, dont tes Sulta-
nes & autres SHct du Senati font leur anm-
iemenc ordinaire. Elles en tiennent à toute
heure dans la bouche, &: ce ma~ic rend l'ha-
leine bonne & les dents nettes, ce qui le leur
fait aimer.
On void dans cette mefine Chambre &
en d'autres coffres quantité de vaiuelle d'or
& d'argent dont l'on ne fe fert jamais, le
Grand Seigneur en ayant d'autre pour fon
ufage ordinaire dans le Kilar, &ne fe fervant
pour fa table que de porcelaine. Il y a en-
cr'aucres pièces plufieurs baffins & aiguieres
d'or, dont quelques-unes font enrichies de
diverfes pierreries. Ces baHIns à laver font
d'une forme plus commode que les noires,
& une des marques de la propreté des Le-
vantins. Ils font ronds~ profondsd'environ
un demy-pied, & couverts comme d'une af-
Hece percée a jour, qui rend le baum égal
avec îes bords, & cache, la falecé qui s'en
va
au fond. On ne fe levé point en Turquie
apres le repas fans s'efire lavé la bouche &
les mains, on vous apporte du &von & de
l'eau chaude, & chez les Grands on prefence
de l'eau-rofeou quelque autre eau de&nceur,
dont vous moûiUez un coin de vof~ mou~
choir.
On denc dans un de ces co&es de eran-
des bougies de plus de deux pieds Buces
DU GRAND SEIGNEUR. i~
d'une certaine compofition fort chere
de de
c grand
couleur grifatre qui reflemble à de la. cire, prix.
1

& qui vient d'Ethiopie, chaque bougie re-


venant a prés de cent écus. On ne s'en fert
que lors que le GrandSeigneur va vifiter les
Sultanes, & alors on allume deux de ces bou-
gies dans deux grands chandeliers d'or enri-
chis de pierreries. Quand elles ~ont un peu
plus qu'a demy brûlées, les Eunuques noirs
qui fervent dans le Haram en allument d'au-
tres, & prefentent par civili~ les bouts qui
reHent aux principales femmes qui font au-
pres des Sultanes.
Il y a de plus dans un de ces coffres quan-
tité d'horloges & de montres ouvrage d'Ale-
magne, & plufieurs couteaux & écritoires à
la Turque, toutes ces pieces eftant des chefs-
d'oeuvres de bons maiâres & garnies de pier-
reries. On void enfin contre le mur couvert
d'une étoffe d'écarlacce, pluGeurs armes à la
Turque curieufement entretenues, des arcs,
des Réches, des rondaches & des marteaux
d'armes d'un cres-bean travail & la plufpart
de ces pieces font d'aHez grand prix.
M:us ce qu'il y a de plus précieux dans CoNtC
cette chambre e& un coffre fort & couc de j!ne<tuM.
fer, qui en renferme un autre d'un pied & ble de tow~
tu fortes
demy ou environ en quarré où il fe trouve titt.ptect-
de

s
de grandes richeffes. Quand ce com-eeltou-
vert, on void une maniere de baguier d'or-
fèvre où font rangées toutes fortes de ba<
gues de tres.grand -prix, des diamans, des
rubis, des émeraudes~grandnombre de bel-
les topazes & quatre yeux de chat qu'on
ne peut aiÏez eitimer pour leur beauté. Ce
premier fond levé on découvre de petites
layettes remplies de divers joyaux, de gran-
des rofes de diamans, de pendans-d'oreilles,
d'autres rofes ~te rubis & d'émeraudes, de
tours & chaînes de perles, ôc de bracelets. Il
y a a part une cafrette où font les ~e~oa~M,
ou les porte-aigrettes qu'on attache au Tur-
ban du Grand Seigneur. Ce font comme de
petits manches en façon de tulipes çouverts
des plus belles pierreries du Serrail, & c'ed
où encre l'aigrette, ce riche panache, dont
iay fait ailleurs la defcription. il y a de ces
manches plus hauts &: plus- precieux les uns
que les autres; & mon Intendant du Trefor
ma auuré que tant grans que petits il y en
a plus de cène cinquante. Les petits ne ier-
vent qu'à la campagne, & les grands oui
font les plus riches font réservez pour les
pompes & magniScences de la Cour, & quand
te Grand Seigneur marche en -ceremonie
dans ConAandnople. S'il veut quelq~eioM
DU GRAND SEIGNEUR i!9
rejouyr là veuë de l'éclat de (es precieux
joyaux, il fe fait apporto~Je coffre dans fa
chambre mais s'il ne demande qu'une piece
du Trcior, il envoye ordre au ~Adt/!M<&~
c~ de l'aller prendre, & ce Chef du Trefor
n'y peut entrer fans bien dumy&ere&deju-
itcs précautions.
Il y a toujours Soixante Pa~es plus ou Pt~MU-
moins dans la Chambre du Treîbr, le nom- tiont <c ce-
bre n'en eit pas fixe, &: le credic du Kapi- ttmoniet
qui t'ob-
fttïtnt*à
& du Chafnadarbachi le peut augmenter t'ou'eture
ou diminuer felon leurs inclinations & leurs du Trefor.
interefts. A moins qu'ils ne foient difgra-
ciez, comme le fut celuy de oui je tiens en
partie ces initruchons, ils ne iorcenc jamais
du Serrail fans avoir quelque bon Gouverne-
ment, ou une penfion honnefte pour s'en-
tretenir; & pourvu qu'ils fe tiennent dans le
devoir, ils ktnc à leur aife pour toute leur vie.

1'
Le Chef du Trefor ayant donc receu l'ordre
du Grand Seigneur pour luy apporter la pie-
ce qu'il veut avoir, auemble cous les Pages
dans leur chambre, &: fait venir
~<</? qui a la. garde des clefs. Celuy-cy a-
pres avoir fraDe trois coups de la main fur
une armoire ou elles font enfermées, les en
tire, & fuivant le ~~M~<r-~o~ accompa-
gné des foixante Pages, ils fe'rendent tous
Si;
ensemble à la porte du Trefor. D'abord on
défait l'envelop~ du cadenat, que l'on y a
mue pour mieux conf~rver le cachet que le
Chef du Trefor a appliqué fur le trou, & a-
yant reconnu qu'il eit entier, il le fait rom-
pre par le gardien des clefs, &: luy comman-
de d'ouvrir. Apres que l'on eft entré dans la
chambre où le C&~t/M~M~ ~ic qu'il
faut aller il s'aflied fur un placet, & faitî~a-
voir quelle eft la pièce que le Grand Sei-

elle doit eftre, on la prefente au C&


gneur demande. Alors on ouvre le coHreoù
bachi, & s'il veut il a le privilege de la porter
feul au Grand Seigneur. L'occafion luy efc
alors favorable pour fe faifir de quelque cho-
fe de précieux, & c'eA en ce temps-là qu'il
jouë d'adreue fans qu'on puiue bien rom-
pre fon coup. Quand il eft au Trefor il n'a
qu'à dire que le Grand Seigneur demande
auHi la piece qu'il fouhaite de détourner, &
citant porter d'abord le tout dans fa cham-
bre, il y lauÏë ce qu'il veut garder, & ne
rend au Prince que ce qu'il luy a. commandé
de luy apporter. Ce n'e& pas que tout ce qui
entre dans le Trefor & ce qui en ibrc.ne (oie
exactementécrit & bien controllé par le H~
<M~M~ ou Ecrivain qui tient le regiitre, &:
la friponnerie' pourroic eftre bien aifément
découverte, lors qu'en fortant de & charge
le C~M~ rend conte de toutes cho-
ses à fon SucceÛcur. Mais il fe trouve ordi-
nairement qu'ils font amis & que le C~~«-
~r-~e~ qui ne fort de fa charge que pour
pauer en a place du C~« s'il vient a
mourir ou a monter a une plus haute digni.
té; ou que pour eftre fait Bacha & Gouver-
propofe au Grand Sei-
neur de Province, il Chef duTre-
gneur pour remplir la place de
ior celuy des Pages qu'il ayme le plus &
qui eft fon confident. Comme il eft ton bien-
faicceur il luy rend fes comptes comme il luy
plaiii, & luy donnantle rôle de tout-ce qu'il
a dans le Trefor il produit en meime
y
qu'il dit qui
tcmps un mémoire des pieces
Intendance par
en ont eAé ôtées durant fon
l'ordre du Grand Seigneur. L'Ecrivain du
Trefor malgré leur intelligence pourroit.dé-
couvrir la &urbe mais eftant un des plus
à qui la charge
vieux Pages de la Chambre tomber,
deC&~< peut aum pour ne
fe point faire d'ennemis il ferme les yeux, &
{e laine adoucir par les prefens qu'il reçoit
de celuy qui entre en charge, & de celûy qui
larcins-là ne fe font pas
en fort. Mais ces
fort fbuvent, & s'ils eftoient découverts le
châtiment fuivroit de pres 3c l'auteur & les
S, iij
complices. Pour ce qui eA du petit coffre o
font les plus precieux joyaux, il ett impoHI-
ble d'en rien détourner car lors que le Grand
Seigneur en veut cirer quelque pièce il fait
apporter k contre en fa présence par l'Inten-
dant du Trefor accompagné du MaiAre des
clefs & de tous les Pages & avant que de
l'ouvrir il reconnoiA fi le cachet eft entier.
Apres avoir pris ce qu'il fouhaite, on ferme
le coHre en fa prefence, on y remet le ca-
chée~ & il eit reporté au Trefor avec la meC.
me cérémonie. Les foixante Pages reçoivent
alors ordinairement des marques de la libe-
ralité du Grand Seigneur, & il leur fait don-
ner dix ou douze bourfes qu'ils vont parcages
Nous Sommes encore dans la troifieme
Chambre du Tretbr,qui peut paCerpourune
aifez grande lalc~ donc le milieu e& occupé
par un écha&uc de neuf à dix pieds en quar-
ré, la hauteur, la longueur & la largeur fe
trouvant égales. Cét echafaut eft couvert &
entouré d'une capuïëne d'or & de &ye, &
au deuus on y void en relief l'Empereur
Charle-Qmnc aiEs fur un trône, cenancd'une
main un monde, de l'aucre une épée, avec
tous les Grands de l'Empire autour de luy
qui luy font hommage. Au bas de la ttpuÏe-
rie on Uc quelques vers en cara&eres Goti-
DU GRAND SEIGNEUR
ques; Et le deffus de l'écha&uc eit plem de
livres Latins, François, Italiens, Alemans,
Anglois, & en d'autres Langues de no~re
Europe. Il y en a pour la navigation, & ils
font accompagnez des. deux Globes eeteAc
& terre~re, & de quelques Canes Geogra~
phiques deMignee&jStr du velia ce qui fait
juger que tout cela a e~c pris ËHr mer par
quelque Corfaire Turc ac envoyéen prefeM
au Grand Seigneur. Mais ta pou~Eere que
l'on n'a pas foin d'~ter a entiepemenc gâce
~e la capiaene Se les tivres, qunA fervent-là
que de monument de quelquevi~oiro rem-
portée fur les Chrétiens.
La quacnéme Chambre du Trefor e&fbrt Ptttica-
obfcure, & n'a de jour qae ce qu'pHe en re- htïte di-
gne re-
de
çoit d'une petite lucarne qui e~ (ur ta court mtrqBe
ItTtedf
de

& qui a trois fortes griNes~ l'tmc &f l'autre. RofhaBt-


Au de~us de porte on vot~ ces mot?gra- dM.
vez en Langue Tm'que~que .~p~ <<o~w
par & J~tgMW <& Rt~ML Voicy- ce quia don-
né lieu a ce monumeM qu'yen a bien vouh~
pofer à la gtoire d'un g~md' Vizir, à ce qae
~'en ay apris de ptuneurs bouches à Conâan-
tinopie. Ue~oicabdun Vacher &avoipé~e
Vacher tuy-me6ne mais il aivoie un. geme
digne de la ph~ aautCHauStnce, & qui Fc.
leva juiqu'a la charge de grand Vizir, & a
l'honneur d'être gendre de Soliman. Il eut
beaucoup de traverfes, &.fuc quelque temps s
disgracie mais enfin Soliman qui avoic de
grandes anaires fur les bras, & qui eAoic en
guerre avec la Perfe ) ayant eu befoin d'ar-
gent r'appella RuHan, & luy donna la Surin-
cendance de tes Finances. Il le connouïbic
habile & capable de les remettre bienrCoAen
bon état; à quoy il cravailla avec tant de foin
& de fuccez qu'il remplit incontinentles cof-
fres de Soliman y & rétablit les affaires de
l'Empire. Je remarqueray icy une chofe qui
efi encore dans la jnemoire de plufieurs
e. Turcs qui l'ont fceuë de leurs peres. Les
Turcs ont tant de z~e pour le bien de FE-
tac~ qu'un des Grands de la Porce ennemy
de R.u&an, & qui eB~d'aucres rencontres au-
roic bien voulu le perdre~ procefta à un de
tes confidens que quand il luy pourroit nui-
re il ne le feroit pas alors, par-ce que par
ion induftrie & les travaux il foutenoit l'E-
tac, qu'il avoit dré du penchant de fa ruine,
& qu il e~oit en train d'augmenter conCde-
rablement fes revenus. Ce fentiment gene-
rcnx & héroïque dans l'âme d'un Turc,. qui
.dans.fes commencemens n'a eAe qu'un Cm~
pie enclave, trouveroit peu d'exemples par-
ïny les Chrc&iens.
Reprenons.
DU GRAND SEIGNEUR.
Reprenons le difcours de la quatriéme
Chambre du Trefor. Elle eit remplie de cof-
fres de deux pieds de long, larges & hauts à
proportion, renforcez de bandes de fer, &
fermez chacun de deux cadenats. Le nom-
bre n'en eH pas toujours égal, parce que l'ar-
genc va &: vient dans cette chambre, & que
ces coffres te transportent felon le befoin,
pour le payement des Janiuaires & l'entre-
tien des années. Les efpeces d'argent qui y
entrent ordinairement font les richdales
d'Allemagne Ce de Hollande & les Turcs
appellent ces dernieres des richdales au lion,
parce qu'elles en portent la figure. Ce font
les efpeces que tous les Negocians du Levant
aiment le mieux, parce qu'il s'en void tres-
peu de &uues, & qu'on ne les peut rogner
tans que l'on s'en appercoive. La reale d'Ef
pagne a auili cours dans l'Empire-Q thoman
de mefme que no&re écu, que les Turcs re-
fufoient au commencement, parce qu'ils
croyoient qu'il n'eAoit pas a fi bon ticreque
la reale.
Tout l'or & l'argent qui entre dans leTre- Sources
for, fe tire des revenus de l'Empire, & de la principales
ricbcf.
vente des biens. que les Bâchas lanÏent à leurra de
mort. Pour. ce qui eft de l'Empire, qui s'é- l'Empire.
tend fi avant dans les trois parties de noib-e
T
w.
grand Continent, & oui embraie cane de
Royaumes, il cH ai~c de juger qu'il fournie
au Trcfor des fommes immemes mais il
n'eA pas aifé de les limiter. Ses revenus
ccmtntEnc principakment dans la levée des
tributs & dans les doüanes; & les trois T<~
Mf~Mt oo TBe&riersGénéraux rendent comp-
te an grand Vizir des receptes des Provinces.
Ce premier Miniibea une clef de cette qua-
trième Chambre du Trésor & le premier
ï~n~f une autre, &- outre cela eHee~Eou-
jours fcellée du cachet du Grand Seigneur.
Elle ne s ouvre di'ordinairequ'auxjours qu'on
tient le Divans ou pour y mettre de l'argent,
ou pour en ôcer & payer les charges de l'E-
tat.
Toutes ces receptes &)M poor la pït~pan:
en. cfpeces d~argeM; & poar ce qui eft de
for mii: entre daas eeMe Chambre, il vient
de quatre Sources dont il y en a deux étran-
geres, & deux du pays. L'une des deux pre-
mières e& le commerce des ffaneois, d<M
Anglois, des Hollandois, des Italiens, des
Mo&avices, &: des PohmoM~ <pi' apportent
des. ducats de CC& Ptoviaices~ L~aaBre e& !e'
tribut aonod <pte le Kam <k~ ht petite Tar-
tane~~tes Princes de TraN%tvanie,~e Mo!~
daxic' Ce deVa~aie, la- RepubUque ~e Rar-
DU GRAND SEIGNEUR. 1~7
eu(e, 6e une partie de la Mingrelie 6e de la.
Runie doivent payer au Grand Seigneur en
espèces d'or, ce qui monte a des fommes af-
fez hautes. L'une des deux Sources du pays
vient de la dépouille des Bachas dont for
monnoyé fait la meilleure partie; l'autre du
revenu de l'Egypte .pu l'on bat tous les ans
certain nombre de y~~M ielon la quantité
d'or qui luy vient d'Ethiopie, & l'on poftc
tous ces /M<M<M au Trefor.
Le revenu de l'Egypte peut monter tous RevenM
les ans à douze millions de livres, dont de il t'Bgyp-
tttquoy
faut faire trois parts. Cinq millions encrent tpptiqtM.
au Trefor du Grand Seigneur. Il s'en em-
ployé quatre à rentretien des Officiers & des
ibidacs du Royaume; & les trois autres font
devinez pour le riche prefenc que ~aHauce~
te envoyé tous les ans a la Meque, pour des
&ais qui regardent le culte religieux, & pour
remplir tes ciAcmes de l'Arabie où il faut
apporter reau de pluGcurs journées de che-
min.
Des cinq millions qui entrent dans JeSer-
rail, la plus grande partie e& eny?~«M felon
la quantité a or que les AbyHms ont appcr-
té, & le jre&e en jrtchd.Jc& au lion~ oa ridi-
~ales de HoNande. Tout eft poKé en&mHe
dans les co&es de h quacnéme Cham~we
T~
~T~
du Trefor public, où les richdales demeu~
rent: mais pour les~~M ils vont au Trefor
fecret, qu'il eft temps d'ouvrir & de dépein-
dre au Loueur, (elonladeicripcionquijn'en
a eUe faite par deux hommes que leur char-
ge a obligé d'y entrer fouvent.

CHAPITRE IX.

~<
Du Trefbr Secret.
SOMMAIRE.

f<'&. CTM~ ~~< ~f~r


/~M~~j~T~M~PO~~V~ de gens ont ac

-M~~A
~M~~CO/M~ Precautions
que le Grand Seigneur~0~~
~/d~yS~Tr~. ~</i~<~c
C~jPo~<
A N la. quatrième Chambre du Tre-
t~~or on void une porte garnie de la-
s

mes & barresde &r, qui ouvre le premMf


paÛagc au lieu qui énorme tc~Tre&r &crct
DU GRAND SEIGNEUR '49
du GrandSeigneur. Elle ne s'ouvre jamais
il n'y encre
que lors qu'il y veut entrer &
que lors que le grand Vizir l'avertit qu'il en
cft,temps, & qu'il faut y apporter une fom-
clarté des
me confiderable. D'abord à la
nambeat& on defcend'dix ou douze degrez,
avancé fept ou
au bout desquels aptes avoir
huit pas on trouve une leconde porte garnie
fer,
comme la premiere de fortes lames de
mais de beaucoup plus petite, &: qui oblige
à fe baiffer en entrant. Quand elle cft ouver-
paueroic
te & que l'on a pauë comme on
fous un guichet, on fe trouve fous une gran-
de voute, où l'on void rangez plufieurs cof-
fres de la mefme grandeur de ceux de la
Chambre que nous venons de quitter.
C'e& dans ces coffres où l'on renferme épargne Grande
de
depuis long-temps toute l'épargne des Mo, !'Empetmr

narques Othomans & il n'y entre que de Ainuftt.

l'or, tout l'argent citant porté à l'autre Tre-


for pour les befoins ordinaires. ~Apres la
mort d'Amurat, Ibrahim qui vint au trône
trouva dans ce Trefor quatre mille
iacs, qu'ils
appellent J<& & chaque fac eft de quinze
mille ducats d'or, ou d& trente mille écus.
Cette ~bmmee&iurprenance.&fïucdeno~re
monnoye trois cens Soixante millions de li.
vres. C'eA leme&icAmuratfage &.vaillanc
Tiij
Prince, grand ceconome & ~r<tnd capital.
~bis qui fit la
ne dont j'ay parlé plufieurs
guerre au Roy de Perle, & antegea~ Bagdet
ou Babylone qu'il prit le n. Décembre t~
~e me MuviejM que je n'en e&ois alors qu'A
cinq journées de chemin dans les déserts
d'Arabie e&anc party d'Alep pour aller à
Btl&ra~ & que dans les foixante-cinq jours
que la Caravane mit à les pauer~ eHe en fut
neuf fans trouver de l'eau, ce qui fut une
grande fbn&ance & pour les hommes &
pour les chameaux.
Ibrahim à fon avenement. à la Couronne
trouva, donc dans le Trefor fecret cette pro-
digieuSe quantité d'or qu'il ne fçeut pasa.ug-
mencer, & à laquelle au contraire quelques-
uns croyent qu'il fut contraint de toucher
mauvaLiîe conduite dans la
par fa guerre de
Candie. il eft vray que fa longueur donna
de rudes accaques aux Finances de l'Empire:
mais deux foftcï raifons m'empêchent d'a-
jouter une &y eoderc à ceux qui difent
qm'eMe< paJSetent jtdqn'an Tze~r Mcret.Car
eann c'e& comme une loy fondamentale,
<~o'<yant que d'en rien 6ceril &M
que l'Em-
<& ~c
pire &it meiNce~ de && endere Miae; & il
qu'eneote <pte les TuMs n'eu~
fent pA & tendM Mut a.&ï< mai~ces de la
Candie,leurEmpire bien loin qu'il fuit proche
de fa chûce, demeuroit toujours puiuanc.
D'ailleurs il faut remarqu<*r que lors que le
Grand Seigneur perd une bataille, c'c~ un
defavantage pour fes Provinces qui ~e dépeu-
plent &: en font moins culrivées mais que
c'c~ un avantage pourie~ coffres d'où il luy
faut moins tirer. Larai(o<K&€~ekife,paf.
ce qu'H paye aux vieux foMacs iept on huit
afprcs par jour & que ceux ~es nouvellesle-
vecs ne luy en coûcent qu'un & denty ou
deux au plus leur paye s'aMgmemaHt a-
vec le temps telon leur fervice & le bon-
plai~ir du Prince. A quoy il faut ajouter que
lors qu'un Empereur meurt ~bn Hicceucuf
itaM~îe h paye des Jaunâtres d'un a~prë ou-
de deux.
It e& vra~- qo'il eâ mort un gran~ nom-
bre d~Tares dans la guerre de Candie; mais
il eft vNy am6 que dany le gfaH~ aomBrede
Royaumes ? de Provinces SoM l'Emp~ eft
compo~, entre te~peËës~ it y en a de tres-
&rdMS & a'es-peapïées, il' eitai~de ïever
des anB~es~nombfQtfes~, & de ïes~ remphr
quaad eBes~ om €&€ anoibj&es par one deTL
faite oa paf epelque maïàdie qui ~y met
couvent. SM ces deux ~ndemsn~jc ne puiy
bien croire ~u1bfa&MH ait eAé oblige de
rien diminuer du Trefor fecret: mais je puis
bien me persuader qu'il ne l'a pas de beau-
coup accrû, parce qu'il n'a pas eu ny la bon-
ne conduite ny la bonne fortune d'Amurat
& qu'ordinairement l'une ne fert de guere
fans l'autre.
Tout l'oreft enterré fous cette vonce
eft dans des iacs de cuir, chacun de quinze
mille ducats & c'eft de fa propre main que
le Grand Seigneur leur applique fon cachet,
y
qui eit le mefme dont fe font fervis fes Pre;-
deceueurs, à la referve du nom qui doiceltre
celuy du Prince régnant. Le cachet d'Amu-
rat portoit ces mots gravez N<<M min ~ï-
~~t «M~ ~~Zf~/ Afo~ ce qui Cg-
nine, L'aide de Dieu ~yZy~o~w/'Bw-
pereur ~~e~f.
Voicy donc de quelle maniere les facs d'or
entrent au Trefor fecret. Tout l'or & l'ar-
gent qui entre dans le Serrail eH porté d'a-
bord à la. Chambre du Trcfbr, & chacun eit
mis à part dans les coffres que l'on leur a de-
ûinez. Quand il y a de l'or auez pour aller
à deux cent Kkes ce gui fait dix-huit mil-
lions de livres le grand Vizir en avertit auffi-
toA le Grand Seigneur, qui donne jour pour
les aller &ire transporterau Trésor Mcrei. Le
jour venu, le Grand Seigneur mené par deC.
DU GRAND SEIGNEUR.
fous les bras par le C~t/~M~tc~ qui eH à
la gauche la plus honorable parmy les Turcs,
& par le J'~f~M- Jga qui eit à la droite, (e
rend à la Chambre duTrefbr, où les ioixance
Pages l'attendent rangez en haye de côté &
d'autre les mains croiiées iur l'eitomac. Le
Grand Seigneur ayant traverfé la Chambre,
& s'eftant fait ouvrir la premiere porte du
Trefor fecret precedé de plufieurs â~mbeaux
de cire blanche, les Pages le fuivent deux a
deux jufques fous la vouce, où l'on apporte
les facs liez avec un cordon de foye. On mer
fu~jk nccud un morceau de cire molle rouge,
où le Grand Seigneur applique luy-memie
fon cachée, qui eft un anneau d'or où font
gravez les mots que j'ay dit avec le nom du

cadenac.
Prince qui règne, apres quoy l'on mec les
facs dans les coffres qui ont chacun double

Avant que de fortir de la voûce, le Chef St!tibe-


du Trefor fait d'ordinaire ce complimencau rttimtux
Grands ~e
Grand Seigneur Seadetla /M~c~M~ la
1 Porte.
~aj&OM ~M~~N'~Mtf «6~'C, ~~tX ~~7/~M
~«~
~cwo~M que <z'o«j~o~
idefis: c'eft ~da-e, Mon B~ca~ nous
'~o/Xr~ libera-
/(~<MT/j 'poj ~2~'yM. Selon l'humeur où le
Grand'Seigneur fe trouve alors, il ordonne
qu'on diAribuë à tous ceux qui l'ont accom-
V
pacné vingt ou trente bourfes chaque bour-
comme j'ay die, de cinq cens écus. Il cft
permis au grand Vizir &: autres Grands de
ta Porte d'entrer dans les Chambres du Tre-
for où font les riches harnois & les pierre-
ries, quand le Grand Seigneur yvient; mais
fans paffer outre ny pouvoir aller jufqu'au
Trésor recrée. Ils l'accendenc dans la quatriè-
me Chambre à la fbrcie de la voûte, & il leur
fait alors ouvrir le coffre de fes joyaux pour
leur montrer ce qu'il a de plus precieux. Com-
me il le trouve toûjours-la des
favoris &:
quelques autres perfonnes que le Prince ~h.
idere pour leur merite, il n'y en a guere a
qui il ne face alors quelque prêtent, & il n'en
fait point que de grand prix. Le Trefor fer-
mé le Grand Seigneur retourne à fon quar-
tier, où tous les Grands l'accompagnent juC.
qu'a la porte.
CHAPITRE X.
Des moyens dont le Grand Seigneur
fe fert pour accroire fon Trefor
de plus que des revenus ordinaires
de l'Empire.
S OMMAIRE.
T~Mjr ~jB~~ C~~M~J~M~r
dans ~yj. 2V~-
~~c~
~<?ff des /r~0~ ~2j<i~.
~~on~M/f.B~c~.f.
2!
C~f~-
~/y du C~X~~r- des ~~j
du T~/S~. D~? ~f-
y~A4<'C~M~/&~f.
o~ny~ T~
~M ~~y.,
~'0~
O U T R E l'épargne qui ~e peut faire
cous les ans des revenus ordinaires de
l'Empire, le Grand Seigneur a encore deux
moyens d'accfoiAre les richeues de l'un &
de l'autre Trefor ravoir l'entrée des Ba-
chas en leurs Gouvememens, & leur fortie,
y.~
foit par quelque disgrâce, foit par leur mort
naturelle ou violence.
Tous les Bachas à qui le Grand Seigneur
donne des Gouverneinens, &: generalement
du Serrail pour avoir
cous ceux qui fortent
des charges, font tenus avant que d'en pren-
dre ponenion de luy faire des prefens char
bien-fait qu'il reçoit
cun felon. la qualicé du
du Prince. Par oxemple, le Bacha du Caire
du moment qu'il eft nommé pour le gouver.
nement de l'Egypce, nea: pas quitte pour
deux millions de livres des prefens qu'il -doit
faire à h Force, tant au Grand Seigneur,
qu'aux principales Sulcanes, ôe mefme au
Mouphd,au grand Vizir, au Caunacan &:
il eA rede-
autres perfonnes de credit à qui
vable de la charge, & dont il peut avoir be-
foin à l'avenir. Le prefent qu'il fait au Grand
Seigneur eic de cinq cent mille ~eus, & les
autres vont a deux cent
mille. Ajoutons a
cela cinq. cens mille écus qu'il &ut au Bacha
pour faire fon équipage & ainn avant que
d'entrer au<~aM-e, H &K que trots mtSioM
~Ix cens mille livres (bftcnt de fa t~om-te ~u
deceUe~defesamis. Quand iiCMt Ai Sen-aR
il s'en manque ~eaocoa~ qu'il n'ayt ce~
~bmme~, â<aut quil emprunte, & ~la~oup.
~ë des àmts~e. M&cpa~, celle des J<~s 1~
DU GRAND SEIGNEUR. ~7
eft promptement ouverte. Ils hazardent fur
l'espérance du grand profit de cent pour cent
d'intereft que le Bacha leur promet; & pour
eftre promptement payez, de peur que fon
règne ne foit court, ils luy enseignent mille
mëchancecezpourfuccc.. le ~ang des peuples,
& particuliérement des pauvres ChreAiens.
-Si les Bachas peuvent joüir de leur gouver-
nement un an ou meime fix mois, les Juiis
~e tirent d'affaire & recouvrent leurs avan..
ces. Mais auul ils courent beaucoup de rui
que, & le Grand Seigneur envoyant a~ez cou-
vant demander la telle du Bacha avant qu'il
ayt eu le temps de ~e bien reconnoiRre dans
fon nouveau poite, ceux qui luy ont preUe
perdent leur argent fans espérance de le re-
couvrer jamais. De tout cecy il eAai~ de con-
clure que la plus grande partie de l'argent
de tout ~Empire Ochoman eA entre les
mains du Grand Seigneur &: des Juiis j'en-
tens les Juifs de Con~ancinople Car pour
ceux des Provinces ils font muerables, Ce le
&M beaucoup plus que les chre&iens, par-
ce qu'ils ne travaillent point à la terre, &
que n'ayant de genie que pour le négoce &
les douanes, il ne peut pas y avon- de l'em-
ptoy pour tous.
Le €rand Sei~neuf reçoit donc, des ~bm- Richc<!<
V iij rNtMordi-
mes confiderables des Bachas & d'autres
gens à qui il donne des charges, .avanc mefL
me qu'ils foient encrez en poucuion mais
cela n'eit rien au prix de ce qu'il tire quand
ils en forcent, & apres qu'ils ont eu auez de
temps pour amauer des trefors de la (ubican-
ce des peuples. Il y a eu de ces Bachas fi ri-
ches & fi puiuans, que leur revenu égaloit
celuy de plufieurs grands Princes. Telle eAoic
la fortune d'un Machmut Beglierbey de. l'Euro'
pe fous le regne de Mahomet fécond, & cel-
le du grand Vizir Nauuf fous Achmat pre-
mier. A la mort de ce dernier on trouva chez
luy des richeites extraordinaires en argent,
en or, & en joyaux, & le tout fut porté au
Serrail avec fa tefte.
Il eft aifé de juger parle nombre des grands
& petits gouvememens dont l'Empire eu
compofé qu'il meurt auez fouvent des gens
qui doivent leurs charges & leur fortune aux
pures bontez du Grand Seigneur, & dont les
biens luy ettanc acquis ne peuvent qu'accroî-
tre. de beaucoup les richeuesdu Serrail. Mais
outre ceux qu'emporte la mort naturelle, il
n'y a guere d'année que la mort violente ne
jouë on jeu, & fur le moindre ombrage ou
k moindre caprice du Grand Seigneur, un
Bacha reçoit un ordre précis de tendrele coî,
DU GRAND SEIGNEUR. i~9
von-
& en: ecranglé à l'heurc-mefme. Je feray
la formalité
au chapitre fuivant quelle cft
& la cérémonie que l'on obfcrve dans cette
rencontre, où il fe, trouvera quelque chofe
d'auez fmgulier & ~e m'auurc que les gens
qui fçavent que c'eit la coûcume d'étrangler
la
ceux dont le Grand Seigneur veut avou-
vie, ne fçavent pas touc cequifepaue de re-
marquable dans cette action.
Dés qu'un Bacha ou autre Grand de la DepomL
Porte eA mort de quelque manière que ce les des Ba-
chas tranr-
foit & que l'on a laie l'inventaire de fes pontet
mtbt.
M
biens; dont par la loy de l'Ecac le Prince eft
feul hencier, on les tranfporte au Serrail, &
les Baltagis les rendent dans des coffres à la
porce du Trefor. Le C&'t/a«<o&<lesayanc
fait mettre dans une des Chambres, comman-
de que l'on rompe les ferrures, & les faitvui-
der en fa prefence & c'en: alors que tant
luy que les Pages du Trefor cachent de pro-
fiter de cette riche dépouille. Car s'y trou-
vant d'ordinaire des joyaux de prix, comme
enrichis de
un porte-aigrette ou un poignart
pierreries, ou quelque beau rang de perles,
H l'un ou l'autre de ces Pages peut cacher
adroitement quelque pièce, il la garde & l'a-
joûte au petit fond qu'il amaue pour s'en
fervir quand il fortira. du Serrail pour quel-
que gouvernement, & qu'il luy faudra faire
les grandes dépenfes que nous avons dites.
Le C~d!/)M~tcA/ qui fait fon coup le pre-
mier &: avec plus de licence, ferme quelque-
fois les yeux a ce qu'il void faire aux autres,
parce qu'il a cHé en leur place, & qu'il etioic
bien-aiie alors qu'on ne luy dîc mot. Toute-
fois s'il apperçoit que quelqu'un d'eux fe foit
faifi d'une pièce de grand prix, eftant de re-
tour en fa chambre il l'appelle en fecret, &
fe la fait rendre, en luy payant la moitié de
ce qu'elle peut valoir, pour la garder fi elle
luy plaiA.
Il revient encore d'autres grands profits
de ces dépouilles, & au Chef, &: aux Pages
du Trefor. Apres que le C~M~M'M~ a
donné avis au Grand Seigneur, que dans les
coffres qui ont eAé apportez il y a beaucoup
de chofes qui ne font pas pour le fervice de
fa Hauce~e; & qu'il vaut mieux s'en défaire
avant que l'humidité ou la pouffiere lesgâce~
le Prince en ayant permis la vente on dre
hors du Trefor ce que l'on ne juge pas fort
digne d'y tenir place. En mefme temps on
fait venir le B<a~~M-~te~ ou Chef des Mar-
chands qui a le plus de connoiffance de ces
chofes-la, & qmenprefence du Chef &.des
Pages du Trefor taxe chacune aiear gré, ne
1
la prifant guere que la moitié de ce qu'elle
vaut. Tous les joyaux de prix & toutes les
pierreries demeurent au Trefor & l'onn'ex-
pofe en vente que des chofes de moindre va~
leur mais qui valent toutefois beaucoup,
comme des harnois de chevaux, des poi-
gnards, ôe des cabres garnis d'or, des robes,
de riches fburures des ceintures des tur-
bans, &: autres chofes de cette nature. La
taxe de chaque piece enant faite, le Chef du
Trefor met a part ce qu'il y a de plus beau,
pour l'envoyer avec le prix de la taxe aux
principaux du Serrail avec lefquels ile& bien
aiie de s'entretenir, & ils le retiennent d'or-
dinaire & le payent volontiers comme ils en
ont grand marché. Le reile eft distribué aux
Pages felon la taxe, & ayant choifi ce qui
leur eft propre pour le garder, ils envoyent
vendre leur rebut à Con~antinople par les
J?<t/'Mp.f, en quoy ils ont encore cent pour
cent de profit du prix de la taxe, fans conter
ce que les meûnes 2~Mpf peuvent gagner
en particulier.
Quand cette vente fe raie, les Juifs font
toujours en fentinelle autour de la grande
approcher de
porte du Serrail, fans ozer s'en
trop prés de peur des coups de bâtons des
qui ne leur manqueroient pas. Ils at-
X
tendent ces H~/f~M avec des facs de ducats
& de rcales, & font leur marché avec eux le
mieux qu'il leur eft poffible. Ces ventes ne
fe font guere que tous les deux ans, & la
moindre paÛë d'ordinaire cinq cens mille
écus,quelques-unes montant jusqu'à huit cens
mille. Le Grand Seigneur a d'abord avis de
l'argent qui en provient,ôc commandant qu'il
foit porté au Trefor ordonne en meime
temps quinze ou vingt bourfes pour l'Inten-
dant & les Pages du Trefor. Il ne leur fait
ce prefent que pour montrer fa grandeur, n'i-
gnorant pas les profits qu'ils ont faits à cette
vente; mais il tolère cette coutume, & fçait
bien d'ailleurs que toU ou tard tous ces pro-
nts rentreront dans le Trésor. C'eit par la
mefme raifon qu'il fouffre auui que ccncrela
deffence de la loy de prendre aucun intereit,
ils présent aux Juifs des fommes conCdera-
bles jusqu'à quinze pour cène & les Perfans
ont trouvé un temperamment auëz plaifant
pour fe fauverdu reproche qu'on leur pourroit
faire de pécher contre la me6ne deffenfe.
Quand ils prétent de l'argent ils font faire
ils
une cedule de la fomme apres quoy
voyeni a quoy monte l'intereA, qui e& d'or
dinaire a douze pour cent: En mefme temps
ils prennent un mouchoir ou quelque mc-
DU GRAND SEIGNEUR x65
chante ceinture, &: la donnant à celuy a qui
ils prétent l'argent, luy font écrire un fécond
billec pour la concurrence de l'intérêt où
il cH porcé que c'eA pour marchandife ache-
ils
tée & bien receuë. Voila comme croyent
mettre leur conscience a couvert, & ne pas
aller contre la deffenfede Mahomet qui con-
damne absolument toute forte d'incereA. La Forma;
promeffe que fait le debiteur n'eA point fi-UtMob&t-
~Mttt
gnée, ce n'eft pas la coutume du pays, mais Turquie
il luy applique on cachet; ce qui toutefois d)t)M.ttMet~
ne fuffit pas, & il faut de plus aller devant le
Cadi ou le Juge de la loy qui y ajoute le
fien.
J'ay fait voir dans ce chapitre les moyens
dont le Grand Seigneur fe (ertpouraccrouire
fes finances nous verrons ctans le fuivant
ceux qu'il employe pour faire fes liberalitcz
fans qu'il luy en coute rien.

Xïjt'
~y
1
CHAPITRE XI.
Adreffe du Grand Seigneur pour faire
des liberaliccz fans toucher à fes
Finances.
SOMMAIRE.
~o~~ Turcs. C'eremonies
Bonne
~w~< prefens que le
r7~~ <y~<
veut ~o~ ~r~ particuliere de
ceux

Mahomet ~cw~ montrer


ral ~2~ coûte rien. For-'
~& le
o~T~
Prince
mort des .RM~r
étrangler.
que envoye

en T~ D~~? ~v
quelle maniere on coupe la tefte

Mahomttans que /o~ con-


le

damne à la mort. Inventaire


biens des C~~
D~ ~y<y ~T~
T~~ envifager la
ir
DU GRAND SEIGNEUR. t6f
~w..P~M aux J~
Es deux moyens dont fe fert le Grand
Scigneur accroître fon Trefor de
pour
plus que des revenus ordinaires de l'Empire,J
ibnc à peu pres les mefmes qu'il met en ufa-
se pour faire des largeues fans rien débour-
ser. Il tire avantage de tout, de la vie & de
la mort des Bachas & il alugne des recom-
penfes fur l'une & fur l'autre à ceux qui luy
ont rendu quelque agréable fervice. Prenons
les chofeslune apres l'autre &: montrons
premièrement quelle eH: fon adreife tandis
que les Bachas vivent, à en tirer dequoy fai-
re d'amples gratifications fans toucher à fes
finances.
Entre les maximes de la Politique des Mo- Bonne
politique
narques Othomans celle-cy eH remarqua- d«lMM.
ble. Ils veulent que les Bachas dans leurs
gouvememens foient refpectez des peuples
comme. leur propre perfonne & pour impri-
mer plus fortement cette veneradon dans
leurs efprits, ils trouvent à propos de les ho-
norer de temps en temps de quelque prefent,
:qui leur e& poïté avec beaucoup de ceremo
~ue. Ce prêtent qui fait vpir que le Prince
~Aime cemy~. qui il l'envoyé, ëfc d'ordtnaire
une riche ve&e, Ce quand il veut faire, l'hon~
X iij
ncur entier il ajoute le
fabre & le poignard
garnis de pierreries. Le Grand Seigneur par
!a raison que j'ay dite fe trouvânt comme
obligé de faire un prefenc à ce Bâcha, il ~aic
qu'ifne manquera pas de (on côté de luy en
envoyer un qui vaudradix fois autant, ôed'en
faire un autre à fon Envoyé, ce qui luy tien-
dra lieu de récompense pour fes iervices.
Mais le Grand Seigneur n'a pas toûjours
en veuë d'honorer le Bâcha &: d'affermir les
peuples dans l'obeiuance: Bien fouvent quand
il le veut perdre il luy fait un prefent, pour
avoir fujet s'il n'en reçoit pas un autre de luy
tel qu'il fouhaite, de luy envoyer bien-toit
après demander fa celte. Cepreienc n'eft pas
alors une vefte, mais une épee ou une maue
d'armes, qui font de mauvais augure & aver-
tiuent le Bacha qu'il n'eA pas bien dans l'cC-
prit du Grand Seigneur. Pour détourner l'o-
rage qui le menace, il double le prefent qu'il
luy auroit fait s'il ne luy avoit envoyé qu'une
vefle, qui eft une marque de bienveilfance;
&: ce Bacha eft un de ceux qui comman-
,dent dans les grands Gouvememens, le ore-
fent qu'il envoyé au Grand Seigneur ne doic
pas enre au deubus de deux cens
bourfes,
<eA à dire de cent mille écus, fans conter ce
qu'il faut qu'il donne en particulier à celuy
DU GRAND SEIGNEUR. i67
qui eft envoyé de la part de fa Haucenc.
Ce font d'ordinaire ceux a qui le Grandt C<ftmt.
Seigneur veut faire quelque libéralité, qui."ittqut
fbnc chargez de cette commiHion. De cette'tccotnp*-
*gnen[fct
manière îe prefent n'eit prerens
pas tant pour celuy quête
qui le recoic, que pour celuy qui l'envoyé~gneuren-
Gr~n'iSei-
& pour celuy qui le porte; & c'efi en quoyvoye à
connue l'adrefÏe de fe montrer liberal fans ccuï qu'il
veuthono-
rien débourser. Voicy quelle eft la ceremo-
nie qui accompagne ce prefent du Grand Sei-
gneur. Celuy qui le porte e~ant arrivé au
lieu où demeure le Bachaa. qui il eA envoyé,
& luy en ayant d'abord fait donner avis, ce-
luy-cy au k~n de fon tambour, des trompet-
tes & des hauts-bois fait auembler le peuple,
dont une partie monte à cheval pour luy fai-
re honneur. Il marche à IaCeAe,&:IereAe
fuit à pied, avec les courtifanes du lieu qui
Ibnc obligées d'ani&cr cette cérémonie
à en
danfant au fon du tambour de bafque, &iai-
~nc mille poflures badines à la mode du
pays. Le porteur du prêtent attend cette ca-
valcade dans un jardin proche de la ville,
ou dans un champ fous une tente qu'il afait
drener. Apres avoir eAé falué par k Bacha,
il luy jette la ve~e fur les épaules, luy
met
le fabre au côté, & fourre le poignart dans
fa ceinturedevant l'eKomac, luy difant
que
i68 RELATION DU SERAIL'
l'Empereur leur Maigre l'honore de ce prc-
fent, fur le bon rapporc qu'on luy a fait de
fa conduice,qu'il ne cyrannife point fon peu-
ple, & qu'il rend bonne ju~ice fans qu'onze
plaigne de luy. Ce compliment fait le Bâ-
cha dans le mefine ordre, & -parmy des cris
de rejouiuance reprend avec l'Envoyé du
Grand Seigneur le chemin de fon logis, où
il le regale d'un bon repas, & à l'inuë d'un
prefent qui monte au moins à dix mille écus.
Car comme j'ay dit, fi le prefent fe porte à
un des Bachas qui (ont dans les grands Gou-
vernemens, comme au Bacha de Bude, du.
Caire ou de Babylone, ils n'en font pas qui-
tes pour trente ou quarante mille écus &
celuy qu'ils envoyent au Sultan doit aller juf-
qu'a cent mille. Il arrive mefme le plus (ou-
vent que le Grand Seigneur mande ce qu'il
vcue que l'on leur donne, & c'eA particuliè-
rement lors qu'il envoyé des gens qu'il ai-
me & à qui veut faire d'amples gtacinc.~
tions.
L'Empereur Mahomet i-regne au jour-
d'huy aSe~ede paroi&'elibeKd~&de don-
ner des recompenjfes à ceux qui le. fervent:
mais il fait en forte qu'il ne luy encoûcerien,
n & il n'a
pas befoin pour cela de toucher à
fon Trefor. Quand il void qu'il n'y pas d'oc-
a
cadon d'envoyer en campagne celuy à qui il
veut faire quelque prefent, comme il aime
pamonnémenc ~a chafÏe & qu'il ne le plaiA
guère qu'à cet exercice, il fait trouver iur le
lieu la perfonne qu'il veut recompenfer, &
ayant tue un cerf ou quelque autre belle, il
luy ordonne de la porter de fa part à un des
Grands de la Porte, fait a ConAancinople,
foit au voifinage. Ce prefent eit receu avec
de grands témoignages de joye.vrays ou ap-
parens, & celuya qui il eA porté le doit diC
pofer à en renvoyer de bien plus haut prix
au Grand Seigneur. Il coniïfte d'ordinaire en
de beaux chevaux, ou en de belles pieces de
brocart d'or, ou en de riches fourures. Mais
il n'en faut pas demeurer-là, il faut aller bien
plus loin pour celuy des mains de qui il a re-
ceu le prefent, & il en eft quitte a bon mar-
ché~ quand outre ce qu'il envoyé au Grand
Seigneur le port ne luy coûte que dix mille
ccus. Il eft fouvent contraint de doubler la.
fomme quand il n'a pas affez donné au gré
du Prince, qui, fur le clAmp luy dépêche un
Officier pour luy faire des reproches du peu
d'écac qu'il a fait de fon prefent, & du peu
de récompense qu'en a receuë celuy qui le
luy a porté de fa part. A ces reproches il. a-
joute un ordre exprés de luy envoyer encore
vingt
ou trente
bourfes, ce qui eit prompte-
du prefent
ment exécuté; & pour ce qui eA le
qua receu le Grand Seigneur il partage
d'ordinaire a ceux qui fe trouvent auprès de
~y' Voyia
les avantages que le Grand Sei-
Grands de la
gneur tire des Bâchas &: autres
Force durant leur vie. Voyons ceux qui ,luy rc-
viennent de leur mort, pour les recompemes
qu'il veut donner fans e&re obligé de rien
tirer de fes eo6res. Quand la. more d'un Ba-
cha eA refblue, le Grand Seigneur donne la
comnu~Kon à celuy qu'il a deuein de favori-
(e?, & qui trouve bien mieux fon conte à
tuy porter l'arre& de fa mort, qu'à luy por-
ter un' prefent du<Princc.
Si l'exécution fe doit &Me dans Comtan-
nnople,c'e& d'ordinaire le Bo/M~qui
ne quitte peine le Gfand Seigneur, s'u&ucque &
Hauce~ envoyé pouccéc enet. Mais
aller en Province, ce~ te plus &uvenB, ou
un-JC~L~M~ ou un-des prmcipaux R~f~
fM. a aut le Prince veuc &ire dm Men, qui eA
eïMoyé pour exécuter 1& cho&. Cel)y qui
ponce l'ordre accompagnéde einq~ o~ St
CMf prend; qaelq<Mreiy&nitemp~ponr am-
lor& 1~ Gen&il& tieh&, o~ a~eie de~
vep que;
Ë&tMl~va trouver leBach~~&r~comHiaad<;
de la part du Grand Seigneur de le &ire afL
Sembler à l'heure mefme. Ce Conseil eA com-
pofé du Lieutenant duBacha,duMouphd,
du Cadi, du Chef des JanuÏaires de ce Ïieu-
là, &: d'autres gens de Juftice qui font des
plus confiderables de la Province. Le Con-
ieil auemblé, le A~p~ entre fuivydeics
gens, & prefeate au Bacha la lettre du Grand
Seigneur. Celuy-cy la prend avec grand ref
pect, & l'ayant portée jusqu'à trois Mis a )[bn
front, il l'ouvre, la lit, & void que le Prin-
ce demande fa ce~e. Il ne répond à cet or-
dre qu'en peu de paroles: ~.« wo~ dit-il,
~Moa&r/b~~M~ ~~?-wo)'y<zMM3
~M~~ MM,~r~ ce qui luy eft accordé. LA
priere achevée les Cspigia le iai~i~ent par les
bras, & leur Chef ne fait que détacher fa
ceinture qu'il luy jette au col. Cette ceinture
eft composée de plufieurs petits cordons de
foye avec des noeuds aux deux boms, <me
deux de- la comptgpie prennent a~i-co~
& tirant chacun de fon côté ils luy ôcenc b
vie en un inRanc.
4 fe Servir de leur cein-
S'ils ne veulent pas
ture ils prennent on mouchoir, &: avec fa&-
neau qui leur ~ett à bander l'acc, & qu'ils
portent opdiBaicetnent au pouce de t%main
droite ils &urKM la ïnam ~Mpe le
ïHoo~

"w: Y.j
choir qui eA ferré & la gorge, & rompent
l'os du gofier. De cette maniere ils étran-
glent l'homme en un inftant fans le faire lan-
guir, afin qu'il meure ndele & qu'il n'ayt pas
le temps d'entrer dans le defefpoir-, les Turcs
trouvant étrange noitre maniere d'étrangler
les criminels qu'on fait fi long-temps IbuKrir
à la potence.
Qupy que j'aye dit fouvent,que le Grand
,Seigneur envoyé demander la cette à qui il
luy plaHt, on ne la coupe jamais que lors
qu'il déclare precnëmenc qu'il la veut voir,
& alors elle luy efcapporcée. Si c'eA de loin,
on en tire la cervelle & on la remplit de foin;
& j'en ay veu deux de la forte que l'on por-
toit dans un &c,qui eAoiencles ceites du
Bâcha de Kars & du Bâcha d'Erzerom. Il
faut remarquer que dés que l'arreft de mort
cft donne par le Prince contre qui que ce
puuÏe eûrc, les Turcs n'en font plus d'ecac,
& en parlant de luy ng le traitent que de
chien. Un .Bo/Z<Mpqui avoic eu ordre d'ap-
ceâes au Grand Seigneur, fe
porter ces deuxindifpofe dans un village d'Ar-
trouvant las &
ménie où je me trouvay alors, & ayant f~eu
qu'il y avoit un François fit demander à: un
de mes gens fi j'avois du vm,& Cje voulois
bien luy en donnerpour luy remettrele coeur.
~)U
3~ty en
GRAND SEIGNEUR. '7!
envoyay incontinent dans
1 un na-
con, & m'ayant fait prier enfuite d'en venir
boire avec luy, ce que je ne voulus pas luy
réfuter,il me fit voir comme malgré moy les
telles de ces deux Bachas pour lefquels ma
curiofité n'eftoir pas grande.
Quand il n'y a pas d'ordre d'apporter la
jteite, on enterre le corps fur le minuit fans
nulle cérémonie, & la mémoire du Bacha
qui faubic auparavant tant de bruit, eft bien-
roA éteinte. Mais il faut remarquer encore Dt~-n<<
de de t~ptn-
que c'eft la coûtume en Turquie ne cou- drc le &ng
per la ceAe à qui que ce (bit, qu'apres l'avoirr da Mtho-
étranglé & que tout le fang eit froid, la loy m<ttn!
que l'on
coadtmM
ne voulant pas que hors la guerre on répan--abmott.
de le fang d'un Mu'ilulman.
L'exécution faite, celuy qui a porté l'or- Inventai-
dre va auui-toA fe &uir de touc le bien duu rele peu fide-
des biens
Bacha, & apres avoir mis à part ce qu'il trou- JesBtdtM.

ve de plus propre pour fon


ufage ou en or
ou en joyaux, il fait venir les meCues gens
qui efloient au Confeil pour procéder aTin-
ventaire des meubles, qui ~bnc enfuite com-

Yiij
transportez dans les
me j'ay dit ailleurs
Chambres du Trefor. Ceux quiamAenc a céc
inventaire fçavent bien qu'il s*eH détourné
beaucoup de chofes des biens du deffunt;
mais loin d'en murmurer ils lignent & atce-
<74.
RELATION DU SERUAI~
itenc qu'il ne s en cit pas trouvé dava~!Mc.
Ils craignent s'ils en u~bienc autrement que
cét Officier du Serrail que le Grand Seigneur
a envoyé,& qui eft peut-eftre dans la faveur,
ne leur rende aupres de fa Hauteffe de mau-
vais offices, & ne luy faue quelque faux rap-
port, d'oùpar l'exemple qu'ils ont eu devant
il pourroit s'ensuivre la perte de leurs char-
ges & de leurs vies. Ils ferment donc les
yeux à tout ce qu'a fait cét Envoyé, croyant
bien d'ailleurs qu'il n'en fera pas défaveur
du Grand Seigneur qui n'ignore pas ce qui
Ce paue dans ces rencontres &: mefine
à ce
qu'il a pu tirer adroitement des biens du Ba-
cha, ils ajoutent des prefens dont ils le re-
galenc à fon départ, pour l'engager à dire du
bien d'eux au Grand Seigneur & au grand Vi-
zir a ton rctour a la Porte. C'c& alors que
ians conter ce qu'il a pris d'avance & que la
coutume fait tolérer, il reçoit de nouvelles
marques de la libéralité du Prince, iacisraic
de ce qu'il a fi bien exécuté tes voloncez, &
il a encore part à ce qui a ené couché fur
l'inventaire, quand la dépouille du Bâcha en-
cre au SerraiL
Ctc&t
On croira peut-eRre que cet arreA de
de la fer- ]mort porté dans In lettre dn Grand Seigneur
mtttde*
Tarciten-1 }ecte i'e&oy dans famé de celuy quila reçoit
DU GRAND SEIGNEUR. 17~
& qui y lifant fa condamnation fçait qu'el- viager t~
le doit eftre auut-toft executée. Il ne paroift motc.
pas pourtant a on vifage qu'il en foit
forté-
conné, cela ne le furprend point, il void que
peu de fes compagnons en échapenc, & il
s'eA difpofé à une pareille fin dés qu'il a pris
pofIeHIon de ~a charge. D'ailleurs les Turcs
croyent fortemene qoe les arrefts de la pre-
deilination font irrévocables, & ou'ileftim-
poffible de les éviter, ce qui leur mie envifa-
les
ger la more avec une fermecé rauc rend
ajouter
comme m(en6bles. A qtïoy il
que cette prompte & aveugle obeïuance des
Turcs aux ordres du Souverain, eft plûcoA
un principe de Religion que d'Ecat ce qui
leur a eAé infpiré par une tres-nnepolidque,
& ils croyent qu'en mourahc par le comman-
dement de leur Prince, ils-vont droit en~a-
radis.
Pour les' moyens de prendre la Rlke à qui DiBcat-,
auroit quelque preÛentiment de fa perce, il teziftGm-
Ttr<ie
eA inudie dy pemer. Tous les O'fBciers & Ttitquic.
les~e~làves que les Bachas. on~ à leur fervice
font autanc d'espions &: de gens qui les éclai-
rent, & il~leure~ impo~ble de s'en cachfeF.
ïf teroic dangereux de conScr Cm &ë~et-aau~
~ont des ante~ba'~ &: inca<-
cun d'eux, ee
pables daacùïte belle aûion; jomr que les
ports & les paf~ges font également fermez
pour les uns & pour les autres. Si l'on en a-
voit le moindre vent, les Gouverneurs des
places frontieres auroientincontinenc des or-
dres de la Porte qui les mettroient en cam-
pagne & mefme fans cela ils ont trop de
foin de s'informer de tous ceux qui pauenc
dans l'étendue de leur luriCii~cion. D'ailleurs
quand il y auroit quelque porce ouverte, &
qu'en ne marchant que de nuit on pourroic
gagner quelque Etat voifin, la Turquie n é-
tant preique partout environnée que de peu-
ples qui ha'ulenc la domination des Otho-
mans, ce fcroit fbrdrd'un goufre pour rentrer
dans un autre, & aller pauer pour efpion chez
des gens qui ne donneroient point de quar-
tier. Il femble qu'il y auroic moins, de dim-
culté à tenter la fuite par mer, qu'à la hazar-
der par terre mais elle eft beaucoup plus
grande~ & la fevtM deffenfe faite aux Chrê-
tiens fur peine de la vie d'embarquer aucun
Turc ny efclave dans leurs vaiucaux, qui font
exactement vi&:ez avant qu'ils lèvent les an-
cres, ferme tous les ports de la Turquie à
ceux dupaysquiauroient la.volonté d'en for-
tir. Il e& vmy qu'il n'y a guere d'années que
par la charité & adreiÏe jes Confuls & Mar-
chands chrciHens on ne fae. fauver bon
nombre
DU GRAND SEIGNEUR '77
nombre d'efclavcs. On les tient cachez, chez
des chrétiens du pais dont l'on achepte le
filcnce à force d'argent; on ferme de mef-
me la bouche aux Gardes des Ports, ou on
les amufe en les butane boire, tandis qu'on
mené fubtilement les eiclaves au vaiffeau
qui a efcé vifice & on hauuc les voiles en
meunecemps. On ne fe voudroit pas mettre
en ce danger pour les Turcs on auroit lieu
de craindre de leur part quelque (urprile
pour éprouver les chrefliens, ôcla pensée de
prendre la fuite leur vient rarement. Ils J~a-
vent bien que foit par mer, foit par cerre
(hors du royaume de Perte où la difference
des tecees les fait hauj ils ne pourroient fe
fauver qu'en la chreftiencé où on ne les
fouffriroit pas dans leur religion Mahome-
tane, qu'ils ne voudroient pas abandonner
pour mille vies.
Avant que de finir le discours de la libe- Prêtent
tralicé des Monarques Ochbmans, il faut dire &tK *M
auffi qu'ils font quelquefois des prefens con. Sultanes.
Cderables qu'ils tirent du grand Trefor, &
qui ne fe payent qu'en efpeces d'argent s'ils
font ordonnez pour des Grands de la Force,
foit dans le Serrail, foit hors du Serrail. Ces
prefens font ordinairementd'une bourbe d'or;
qui eft de quinze mille ducats ou de trente
z
!7S RELATION DU SERRAIL
mille, écus & quand on en fait de cecceior-
te aux Sultanes, elles ne les reçoivent qu'en
espèces d'or. Il n'eA pas befoin pour cela
d'aller au Trésor recrée, il y a anez d'or dans
la quatriéme Chambre où s'apporte d'abord
touc l'or & l'argent des revenus de l'Empire;
& cette fomme qui ne diminuë guere la maf
~e, revient encore dans lemeunelieu par plu-
fieurs voyes.

CHAPITRE XII.
Du prefent que le Grand Seigneur en-
voye tous les ans à la Méque.
SOMMAIRE,
'Z~~i~yy~M~f~
~Oy~t~ C'/M~M~O~
~F/k~MMM~ <M~M~M~<M~~T~W4~
AMM~MW~~J~M~ Caravane
<C~MT. J~M~CCT~~f~C/M~~M~
Grand Mogol. ~m~4~)~-
/~M~~MM~4M~6~~M~f~&~V.

TMtM. lTE ne fais icy un Chapitre du prdenc que


)Jle
eatpttt!e Grand Sdgnear envoyé tom les ans à la
<tn
m<Mt
DU GRAND SEIGNEUR 179
Méque, qu'a. l'occafion de cette troiiïéme df:'Ë);ypt:
partie du revenu de l'Egypte qui luy eH par- à quoy cm-
ticuliérement aHeccée, & parce que d'ailleurs ployée.
j'ay quelques remarques affez ~nguliercs
~irc iur ce ~ujec.
Trois millions de livres des douze de
annuel
re-
venu le
que Royaume d'Egypte rend
au Grand Seigneur, font employez en partie
au riche tapis & à la fuperbe tente qu'il en-
voye au Cheq toutes les années pour hono-
rer le tombeau de Mahomet. Une autre par-
tie s'en va au payement de ceux qui fervent
dans les Mosquées comme Imans qui font
leurs Prêtres Cheuchs qui font leurs Pre-
dicateurs .M«~M qui vont crier fur les
tours des Mofquées pour appeller le peuple
à la priere; & ~M~M de la Méque deMe-
&
dine qui gardent & nettoyent les MoC-
quees & qui allument les lampes. Il &uc
prendre enfin fur ces trois millions la
riture de tous les pelerins durant di~&M nour-
jours, le Grand Seigneur envoyant
pour ceJ~
au Cheq une fomme funuante. Ce Cheq qui
e& comme ie grand PreRre de la Loyale
Souvenun Pontue de tous les Mahometans
de quelque pajs & quelque ~e qu'ils ~ienr,
fait accroju-e a ces pauvres jgnonms qu'il
y
a tous ks ans à la Méque foixante &d~miL
Z ij
le pelcrins tant hommes que femmes, & que
~i !c nombre n'cftoic pas complet, les Anges
viendroicnc en forme d'hommes pour le
remplir.
Ce Prince pour qui tous les Mahomerans
ont une grande vénération, cit tres-riche &:
crcs-puinanc, & il eft aifé de le juger par les
prefens qu'il reçoit tous les ans du Grand Sei-
gneur & des autres Princes Mahomctans.
Ces prefens luy appartiennent tous en pro-
pre au bout de l'an quand il envient de nou-
veaux. Il profite de mefine de tous ceux des
pèlerins, & des fommes d'argene que ces
mefines Princes luy envoyent pour leur faire
des aumône: dont il difpofe à ia voioncé &
tous ces prefens enfemble luy font un reve-
nu qui n'efc pas imaginable. Car le Maho-
metifme s'étend bien avant en Europe, en
Afie & en Afrique, & plus avant que îe vul-
gaire ne croit, ce que je feray voir diAmcce-
ment fur la fin de ma relation dans un cha-
pitre particulier que je defline à cette ma-
tiere.
Il arrive à la Méque des Caravanes de plu-
fieurs endroits du monde & le jour venu
qu'on doit ouvrir la devotion le grand Prê-
tre aHtftc de tous les gens de la Loy fait 'jour
~c nuic les prières & cérémonies necefÏaires.
DU GRAND SEIGNEUR. ISI
Le dix-fepdcme jour fous les pelerins s'aiL
iemblenc devant la tente du Cheq, qui pj-
roiit a l'entrée &: debout fur un petit mar-
che-pied pourcttrc veu des plus éloignez,
fait la priere & donne la bénédiction à tout
le peuple la nniuant par ces mots: .~ac Dieu
y~ qu'ils s'en retournent en paix comme ~yoar
T~aj. Dés ce momcnc-la il faut que chacun
~ue (a dépenfe, le Cheq ne donne plus rien,
&: c'eft alors qu'il commence à faire de grands
profits. Car tour ce qui ~e vend pour la nour-
riture des~ pelerins elc à luy, & d'ailleurs il
s'entend avec les maiitrcs des Caravanes, de
qui les pelerins font tenus d'acheter des mon-
tures trois fois plus qu'elles ne valent, quand
celles qu'ils ont amenées de leur pais leur ont
manqué en chemin.
La Caravane du Caire eH la plus nombreu- CtttMBe
fe & la plus confiderable de toutes les Cara- ddu Caire.
vanes qui fe rendent à la Méque. Le C«~t-
~<M-~M)~ qui en eft le Capitaine a quelque
fois de profit au recour jufqu'a deux cent mil-
le écus, & fa place qui eft a la difpofition du
Bacha eft fort briguée, & ne fe donne guere
qu'au plus offrant. Le Capitaine de cette Ca-
ravane efi auffi maiftre des eaux qu'on a fait
porter dans les cifiemes, c'eft par fon ordre
qu'on les dutribuë; & commecette dijtiribu-
Z üj
tion cit égale pour le pauvre & pour le ri-
che, &~i ce dernier en veut avoir au de-là de
ce qu'il eic ordonné il faut qu'il 1~ paye che-
rement, & le Capitaine qui la taxe ce qu'il
veut en tire un profit confiderable.
Revenons au prefent du Grand Seigneur.
La terce & le tapis qu'il envoyé font deux
pieces égalemene precieufes, &: par la beau-
té de l'éconé & par les enrichiuemens que
l'on y a ajoûtez. Le tapis eic pour couvrir le
tombeau de Mahomec & la tente qu'on
drcue contre la Mofquce eic pour le Cheq
qui n'en bouge durant les dix-fept jours de
devotion. Ce Grand Preicre de la loy de
Mahomet a crouvé le fecret de tirer des fom-
mes immenses de ce tapis & de cette tente
que l'on renouvelle tous les ans & quand le
nouveau prefent eft arrivé de la part du Grand
Seigneur, il envoyé comme par une faveur
fmguliere des pieces de la courdne de la vieille
eence à plusieursPrinces Mahometans,de aui
il reçoit en revanche de magninques prenons.
Cette courtine qui règne en dehors autour
de h tente pourcmpccbcr que l'on ne voye
ceux qui font deubus, eft compotecde plu-
Geurs pièces, haute dc~ix pieds, & d'une gran-
de longueur & le Cheq fait entendre a ces
Princes qu'en a-ctachanc une de ces pièces à
DU GRAND SEIGNEUR. 1~
leurs tentes quand ils vont à la guerre A'&0;
con-
tre ceux qu'ils tiennent pour infideles, ils
n'auront que du bon-heur, & ne tarderont
guere à emporter la victoire. Il faut que ce
ioic un grand Monarque, comme le Grand
Kam de Tartarie, ou le Grand Mogol, à qui
il envoyé ou la courtine entiere, ou la tente,
ou le tapis; ce qu'il fait de dix en dix ans, ou
de douze en douze ans, cantoU l'un, & tan-
à
coA à l'autre. Apres qu'Aureng-zeb qui eft
prefentement Roy des Indes & qu'autre-
ment nous appellons Grand Mogol, fut ar-
fermi fur le trône, le Cheq luy envoya
tou-
la
te courtine de la tente, & l'on eut beau-
coup de joyeà la Cour de ce que le Roy avoic
receu du Saint lieu comme ils le nomment,
un prefent fi magnifique. Le Cheq fe reuen~
de bien-toft apres de la liberalité royale de
ce Grand Monarque, l'un des plus riches &
des plus puiffants de l'Univers & c'eA de
cette maniere que ce Chef de la religion de
Mahomet qui a une espèce de domination
fur tous les membres, fpuc ~e les rendre uti-
les, & a trouvé le moyen de s'enrichir
dépens de tous les Princes & de aux
tous les peu-
ples Mahometans.
Je ne doute point que ceox qui ont écrie
OpUUMt
de la religion des Turc: n'ayenc fait men. dcM~M-
mtttM
tion du pèlerinage de la Méque qui en eH
une des parties euencielles, & tant par cette
ration que parce que je m'ccarccrois trop
de mon iujec, je ne dois pas pourfuivre da-
vantage cette matiere. Je feray feulement
trois remarques que j'ay apprîtes d'original
d'un des plus fçavans dans les rubriques de
la loy de Mahomet. La premiere eic que
par une ancienne tradition les Turcs croyenc
que la Méque eft le lieu où Dieu commanda.
à Abraham de luy bâcir une maifbn que can-
dis qu'il y fut toutes les nations le venoient
viiïcer en foule; & que c'efc auffi le mefme
lieu où Mahomet receuc l'Alcoran du. Ciel.
La féconde regarde le commandement faica
tous les Mahometans de faire une fois en
leur vie le pelerinage de la Méque caril faut
remarquer que cette obligation ne s'éeend
pas jusqu'aux pauvres gens qui n'ont rien
absolument dequoy vivre & qui feroient
fouffrir leur famille par leur abfence n'ayant
rien dequoy luy laiiÏer pour la nourrir. La
troifiéme remarque eft touchantla preferen-
ce des deux villes de la Méque & de Medi-
ne. La premiere eft le lieu de la naiffance de
Mahomet, qu'il a eu deuein de faire hono-
rer & de rendre celebre par ce fameux pè-
lerinage auquel il oblige tous ceux de fa loy.
La feconde eft le lieu de fa ~epulcure de la-
quelle on conte beaucoup de fables. Maho-
met dans l'Alcoran n'ordonne que d'aller à
la Méque où il n'y a d'autres reliques de ce
faux Profëce que l'une de fes (andales & les
Doreurs de la Loy demeurent auui d'accord
qu'il n'y a poinc d'obligation d'aller à Medi-
ne, &: que fans voir cette ville on fatisfait
au commandement de Mahomet. Je traice-
ray à fond du pelerinagede la Méque au der-
nier chapitre de cette relation, & des diffe-
rentes routes que prennene les Mahometans
de l'Europe, de l'AHe & de l'Afrique pour
fe rendre au tombeau de leur Profëte.

CHAPITRE 3(111.
De l'Echanfonerie & de divers autres
appartemens.
SOMMAIRE.
e~K~/M~ /T~
~(~~J~~r~yCtMMM~
on
~r/<<j~/f
~T~~M~f~
vantins.
/Mf ~*or~<
Co~o~~j~T~M~;
T~r~. ~<T~ ~f~~f des ~cL
Z,
tres pour f tisfaire aux
~û~
vie. Caufes du
T~~M~M~M~~J~~M~
/?<'f~~<'z., </<<

T'A Y découvert des choses auez particulie-


~res du Trefor des Monarques Othomans
& il
y en a encore beaucoup d'autres dignes
9

de remarque dans les ancres quartiers du Ser-


rai! interieur.
Entre le Trefor & une galerie voûtée &
obscure longue de quinze ou vingt pas qui
conduit a une porte de fer par oû~'on vaaux
jardins, on trouve a main gauche l'apparte-
ment des Pages du ~Ztr ou de l'Echanfo-
nerie. C'eA le lieu où l'on prepare les for-
bets & autres bruvages pour la bouche du
Grand Seigneur, &: où l'on tient le vin s'il
arrive qu'il en boive, comme faifoit Sultan
Amurat de qui j'ay eu fouvant occafion de
parler. C'eA une ancienne coutume que lors
que le Grand Seigneur demande de l'eau
pour boire hors du repas, chaque fois qu'il
boit il luy coûte dix/<~a«j. Voicy la cere-
<nonie que l'on y apporte. Dans la chambre
appellée ~t~o~t, qui eit l'appartement des
quarante Pages qui font toujours proche de
la perfonne du Grand Seigneur, il y en a in-
ceffamment un de garde à l'encrée qui re-
garde la porte de l'Echanfonerie ou deux
Pages de ce quartier-là font de mefme en
fentinelle. Quand le Grand Seigneur eft al-
tère & qu'il demande de l'eau le Page de
/'H<t~o~t fait incontiftent {igné anx deux du
JGZ~, dont l'un s'avance vers le A~K~
ou grand Echanfon, en criant ~ow qui ~igni-
fie de l'eau, pour l'avertir que le Prince de-
mande à boire ;'& l'autre court à la porte de
/t~p~, où le plus vieux des quarante Pages
luy donne les dix/?~M)M. Ce Page efUe Tré-
forier de la Chambre, & c'cH hïy qui
paye
les petites fbmmes que le Grand Seigneur or-
donne ce que nous appellerions
en France
le Treforier des menus plaiCrs. L'eau eft por-
tée tantoft dans une taue d'or, tanco~ dans
une ta(Ie de porcelaine, pofée fur une gran-
de foûcoupe d'or d'environ deux pie<Ïs de
diametre, & enrichie de pierreries dedans &
dehors. Elle paûe pour une des plus riches
pièces du Serrail Le grand Echaiuon qui e&
un Eunuque blanc la ponc en <xremonie
fuivy des cent Pa~es du XÏ~ qu'il a ordinai-
rement fous fa charge, foutenu fous ïes
Aa ij
bras par deux d'entr'eux qui marchent à fes
cotez. Car il faut qu'il la tienne élevée plus
haut que la tefle, ne pouvant voir fon che-
min que par deffous. Quand il eft à la porte
de /H«~p~<, les Pages du A~r qui l'ont ac-
compagné ne pauenc pas outre & l'acccn-
dent-là jufqu'au retour, excepté les deux qui
luy Ibûeiennenc les bras, & les Pages de la
Chambre vont avec luf ~uiqu'en la prefence
du Grand Seigneur. Mais quand ils font à la

Kilar, & achevent de mener le J~


porte de fa chambre, deux plus vieux d'en-
cr'eux prennent la place des deux Pages du

par delfous les bras pour onrir la coupe au


Prince. Quand il n'a rien à luy dire il a re-
porte au .K~ mais s'il veut prendre fon
temps pour l'entretenir de quelque affaire,
il met & la coupe & la foûcoupe entre les
mains d'un des Pages qui l'a mené fous les

fonerie qui attendent le retour du


&M~.
J~
bras, & qui les va rendre à ceux de l'Echan-

C'eft en ce memie lieu que l'on tient de


e
toutes fortes d'eaux rarraîchiuances, comme
=. de
pefche, de cerife, de framboife, & d'au-
tres femblables fruits. Les Turcs ne boivent
point durant le repas, ils ne boivent qu'a la
fin, & parce que la foif leur peut venir en
DU GRAND SEIGNEUR. ï8q
mangeant, voicy de quelle maniere ils en
ufent pour l'appaifer. On leur fert à table de
ces eaux dans de grandes coupes de porce-
laine qui tiennent environ deux pintes &
pour en connoucre la qualité on met dans
chacune de ces coupes du mefine fruit dont
l'eau qui s'y trouve eic compoiee~ & qu'ils
ont confit pour le conférer. Chacun a au-
pres de foy une cueillere de bois qui cierct
trois ou quacre fois plus que les noicres, &
donc le manche efc long a proportion: car
pour des cueilleres d'or ou d'argent, ce n'eft
pas leur coûcume de s'en fervir. C'eft avec
ces cueilleres qu'ils peuvent atteindre dans
les coupes, ~elon l'eau qui e~ le plus à leur
gouft, & de temps en temps pour fufpen-
dre la, foif ils en avalent quelques cueille-
fées.
C'eA aum dans l'Echan~onerie que l'on Compe-
compote la Theriaque, que les Turcs appel- Ettendth
lenc TÏ~c-F<<n~, & il s'en fait une grande Ththtqac~
quandcé, parce qu'ils s'en~ervenc comme de
remède universel, & qu'ils en donnent chari-
cablemenc à touces forces de gens, &~de la
ville, & de la campagne, qm en viennenc de-
mander. Ils fbnc venir d'Egypte les vipères
qui (ervenc à cecte cbmpoïldon, & ils ne
fonc pas d'ecu de celles des au~.s pays, ou
A a iij
du moins ils croyent les premieres de beau-
coup meilleures.
Devant l'appartement du JC~ on void
une galerie carrelée de marbre blancs noir,
& foutenuë de huit belles colonnes de mar-
bre blanc, & elle vient aboutir à un petit
quartier qui eft la demeure du grand Echan-
ion. C'eA AuÛi celle de fon Subfhtut le JQf-
~r~ff-&o< qui a'e& pas Eunuque com-
me l'eft le JC~p-~M~, &:qut(ort~ntduSer-
rail e~ fait ordinairement Bacha. Le A~p-
t<Mh[ a en carde toute la vM~elle d'or & d'ar-
gent, les badins les aiguières, les coupes,
les foûcoupes & les chandeliers, la plus gran-
de pâme de cette vaiffelle e&anc garnie de
~aman<: de rubis & d'émeraudes & d'au-
tres pierres de prix. Pour des plats & des
chandeliers d'or fans pierreries, il y en de
~i grands & C maffifs qu'il eA bcfoin de deux
hommes pour les porter. Ces chandeliers
font &it$ d'une autre mMicre que les noitres.
Ils font hauts ordinairement de deux à trois
pieds fur une bafe de pius de douze pouces
de diamètre, & le de&s eft comme une
boîte, ou une ïnanicre de lampe avec fon
bec, où il peut entier ~nsd'MicRvre<ie6uf
C'e& de peur qu'il n'en tombe Sa- le tapis
qu'ik font le pied da chamdcttet <!te gran-
deur que j'ay dit, & il faloic d'ailleurs qu'il y
cuA de la proportion, avec la hauteur. La
méche qu'ils mettent dans le fuif rompu en
morceaux cH de la groucur du pouce, ne
peut que rendre beaucoup de clarté dans
une chambre. Pour ce qui eft du ~~f~
~~t/?, c'eA luy qui eft le Chef des H~~
& des ~p~ qui font les cumniers & con.
fituriers, & aucun d'eux ne peut entrer en
fervice que par fes ordres.
En parlanc du Trefor je n'ay point fait
mention du quartier des Officiers qui y tcr~
vent, parce que je veux fuivre l'ordre des ba-
timens du Serrail, S: que je conduis le Le"
creur pied à pied d'une Cour à l'autre, &: de
<}uarder en quarcier. Celuy des Pages du
Trésor eft cou: proche du i~, & commen-
ce par une galerie carrelée de marbre de dir~
fcrentes couleurs, foutenuë de huit piliers de
me&ae efoCe, & donc le plat,fond e& peint
de toutes fortes de Reurs en or & azur. Cec-
te galerie eft ouverte d'un côté, & lappartc..
de l'autre
on void au milieu la porte de
mer~ des Pages avec trois grandes &ncAres
1 droite & à gauche; & c'e& où detnoarenc
la nuit & le jour les &c plus anciens Pages du
Trefor. De cette porte par un chemin de
grandes pierres de marbre blanc, long de
quinze pas & large de cinq, on vient a un
autre portail de menue matiere Ibûcenu de
deux colonnes de marbre noir. Au deuus du-
quel portail on lit ces paroles affez ordinaires
dans la bouche des Turcs, & que j'ay expli-
quées ailleurs: f.<t 7/ 7//<t ~&<, Ma~~M~
Refoul ~/«. Il donne entrée dans une lon-
gue fale où fe void de côcé & d'autre une ef.
pece d'eftrade haute d'un pied & demy &
large de ~epc à huit. Chaque Page n'a que
quatre pieds de large pour fa place tanc le
jour que la nuit Se pour leurs lits on ne leur
fouffre detfous qu'une couverture de laine en
quatre doubles qui leur fert de matelas, &
deuus ils en ont pour la plufpart une de bro-
card d'or ou d'argent,ou de quelque belle éco-
fe de foye, leur eftant permis d'en avoir trois
en hyver. Ils n'en peuvent prendre de laine
qui iëroient plus chaudes, parce qu'il feroit
honteux que le Grand Seigneur cuit cela de-
vanc les yeux, quand de temps en temps il
vient.de nuit fous precexce de les vouloir
furprendre pour voir comme ils fe gouver-
nént, mais en effet pour couvrir quelquefois
de mauvais deCeins. C'c& entre ces couver-
tures que les Pages dorment avec Icur cale-
çon & leur camifole: car il ne fe parle point
de linceuls ny en Turquie, ny dans couc Ï'O-
DU GRAND SEIGNEUR. i9!
rient & îoit l'hyver, foit l'été on fe couche
toujours a demy-vécu fans grande ceremo-
nie. Au deÛus des lits des Pages on void
une galerie qui regne autour de la fale, &
eit foutenuë de piliers de bois, le tour peint
d'un vernis rouge, & c'eit où ils tiennent
leurs coffres pour ferrer leurs hardes. Cha-
cun a le fien, mais les douze plus anciens
Pages en ont chacun deux, &: l'un de ces
douze a la clef de la galerie en garde. On
ne l'ouvre ordinairement qu'un jour de la
femaine qui répond à noib-e mercredy-, &
alors chaque Page va tirer de fon coffre
ce
qui luy eit neceÛaire. Si quelqu'un d'eux
atfolument befoin d'y fouiller un autre jour,a
il aifemble cinq ou fix Pages qui en vont de-
mander enfemble la permunon au chef du
Trefor, & celuy-cy ordonne au Rafgi qui
a
en garde la clef de la galerie, de la leur ou-
vrir, & de prendre garde qu'ils ne touchent
point aux conres de leurs compagnons.
A un des bouts de la fale il y a une
porte
qui conduit aux fontaines, où ceux du Tre-
ior fe vont laver quand ils veulent faire leurs
prieres. Ce font &pc robinets de cuivre jau-
ne, & tant le pave que le mur de ce lieu-là
eft de marbre blanc.
Les lieux deAinez à la décharge de la
na- MMIKM
Bb <L&ttntM
cure fuivent à main-droice, divifez en quatre
petites chambres qui font toûjours propres,
& pavées de carreaux de marbre blanc de
mefme que les fontaines. Les Turcs ne font
point affis comme, nous quand ils font en
ces lieux-la, mais ils s'accroupiueni fur le
trou qui n'eA relevé de terre que d'un de-
my-pied ou d'un peu plus. Ce trou eft cou-
vert d'une plaque de fer qui haute <k baiC.
~e par un reffort, & fe renverfant à la moin-
dre pefanteur le remet comme elle eftoic au-
paravant dés que l'ordure eA tombée. J'ay
remarqué ailleurs que les Turcs & tous les
Mahomecans en général ne fe fervent point
de papier à de vils ufages, & quand ils vont
a ces fortes de lieux ils portent un poc plein
d'eau pour fe laver, &: la plaque le nettoyé
en mefme temps. Ainfi le trou eAanc toû-
jours couvert & la plaque toujours nette, il
ne s'en peut exhaler aucune mauvaife odeur,
d'autant plus qu'un canal qui pauë fous ce
lieu-là emporte toute l'ordure.
Mais il feroit à fouhaiter qu'ils apportai.
fent moins de foin à tenir ces lieux-là pro-
pres, & qu'il ne s'y fît pas d'ailleurs des fa-
îecez décefbbles, dont je voudrois bien me
difpenfer de parler, fi je ne craignois le re-
proche qu'on me pourroit 6dre d'être peu
exacc. J'en ay déja touché quelque chofe
au
deuxiéme chapitre de cette relation, &: c'eir
une matière fur laquelle il faut pafler leeere-
ment pour n'en donner que d'imparfaites
idées. C'eft donc dans ces lieux-là que les
Pages fe donnent des rendez-vous la nuit
pour commettre le pire de tous les crimes,
ce qui leur eft toutefois fort difficile d'exe-
cuter parce qu'ils font observez, & que fi on
les peut prendre fur le fait on les châtie
à
toute rigueur, jufqu'à les faire quelquefois
mourir tous les coups de bâton de la manie-
re que j'ay dit ailleurs. Pour empécher auffi
que cette iniamie ne fe fafe aux lieux où ils
couchent, on y tient deux flambeaux allu-
mez toute la nuit, & trois Eunuques font a
toute-heure la ronde, ce qui ôte aux Pages
tous les moyens de fe joindre & de commet-
tre le mal. Il n'en faut pas aller chercher la
fource bien loin; l'étroite prifon &: la
priva-
tion de la veuë des femmes portent cette
jeuneue à ces grands débordemens
&: les
jette dans un gouffre où les Turcs par
exécrable paffion fe laiuenc naturellementuneal-
ler. Les Ichoglans qui font
entrez en tres-
bas âge au Serrail,
ne fçavent ce que c'eA
qu'une femme que par imUnec de
il y en a qui pour nacure &
en voir une & en jouir
Bb ij
ne (e (bucicroieni pas de mourir le
lende-
main. Tous ces peuples généralement ont
tant de panchant a la lubricicé, qu'il femble
qu'ils ne la peuvent quitter qu'avec la vie;
ce qu'ils ne fçauroient faire d'une
façon ils
le font de l'autre, & ceux du Serrail trom-
pent tant qu'ils peuvent les yeux de leurs fur-
veillans. Le LeAcur fe peut fouvenir de l'a-
ction des deux Pages qui fe cachèrent dans
la Mofquée, & ce feuî exemple fuffit pour
montrercomme ils cherchenttous les moyens
imaginables d'aubuvir leur brutale paffion.
Le quartier du J~</«t~<M~ & de ~bn com-
pagnon ou Subftitut fuie celuy des Pages du
Trefor, &: de leurs chambres ils ont la veuë
fur un petit jardin à fleurs qui leur appartient.
Voyons encore quelques autres chambres
avant que de venir à celle qu'ils appellent
H«/o~t,qui eft l'appartement des quarante
Pages de la Chambre, & l'entrée à celuy du
Grand Seigneur.
DU GRAND SEIGNEUR. 197

CHAPITRE XIV.
Du quarcier du Dogangibachi ou grand
Fauconier, & de quelques autres
Officiers.
SOMMAIRE.
Chambres ~Mp~~f. jR~T/M~ ordinai-
res du grand Fauconier. J~pM~~M~

~C~ 0~~a~M~
ce des Princes Mahometans dans leur

de
J'M,
~C~
~O~TV un <w~ ou un
Chambre fort propre du
~~or~
~<-TW.

2~/
O~~O~W~J~
LE Do~&M~ ou grand Fauconier,
~& les Pages qu'il a fous fa charge, onc
leur quartier entre celuy des Pages du Tre- MHqUMt
C&tta-
bït* '"o

for, & celuy des Pages de la Chambre. Le


lieu deviné pour les Pages de la Fauconerie
n'a rien d'excraordinaire, & l'on n'y décou-
vre aucune beauté; mais d'ailleurs les deux
Bb iij
chambres qu'occupe le grand Faùconier
ont
quelque chofe d'aÛez magninque &: fonc
auui richement meublées qu'aucune autre
chambre du Serrai!. La premiere qui fert
d'antichambre eft la plus petite, & elles font
l'une & l'autre carrelées de marbre blanc &
noir avec un plat-fond femé de fleurs pein-
tes & dorées. Mais celuy de la (econde cham-
bre elt le pius riche, & ce font de grandes
fleurs de relief chacune dans fon quarré &
toutes couvertes d'or. Les murailles font re-
vêruës d'un bel ouvrage de menuifèrie où
l'on n'a pas auni épargne l'or, &: de deux cô-
tez il y a des crouees qui donnent grand
jour & rendent la chambre parfaitement
claire. Les carreaux de marbre
ne ~e voyent
point eftanc couverts d'un tapis de ~bye, &
fur lequel font rangez autour de la chambre
plufieurs matelas larges de deux à trois pieds,
& de quatre pouces d'épaiffeur. Les uns font
couverts de velours ou de fatin de diverfes
couleurs, les autres de brocarts d'or, & cha-
cun e& garny de fon cottHm de mefme écof-
~c, long de trois à quatre pieds, & de deux
CM environ de hauteur. C'e~ fur ces coof.
fms que le dos 's'appuye quand ils font
a~Es à leur mode les jambes
en croix, &
ces petits matelas leur nennenc lieu ~c
DU GRAND SEIGNEUR. 199
chairs & de fauteuils dans une chambre.
Le grand Fauconier ne fort duSerrail que
RtVMM
pour eicre un des premiersBachas, & avoir un :rd)atiftt
du grand
des grans Gouvernemens, comme celuy du Ptmonter.
Caire ou de Babylone & tandis qu'il eft
dans le Serrail, outre la table il touche
tous
les ans pour fon apeintement dix
ou douze
mille écus. Les Pages de la Fauconerie
por-
tent l'oyfeau &: luy donnent à manger ils
ont la liberté de l'aller exercer dans les jar-
dins, & ils accompagnent tous le Grand Sei-
eneuralachaue. Ils portent les mcuneseco~
tes
que les Pages du Trefor, & peuvent au~E
porter des veAes de. drap, mais donc la fa-
con les diffingue auemenc des Ichoglans de
la premiere & de la Seconde chambre qui
~bnc toujours habillez de laine. Car les
Pa-
ges de la Fauconerie ont leurs manches qui
viennent du haut en bas en ecrecu&nc juC.
qu'au poignet, & qui ~noent des
boutons mais les manches des avec fonc
autres
larges en bas comme en haut, & c'eM:
ce qui
en fait la dioccence. Les douze anciens Pa-
ges de la Fauconerie ont auni les mefines
gages & profits que les Pages du Trefor, &
vont jnanger avec eux mais leurs autres
compagnons font craKez fur le pied des.Pa.
ges de ~rZt qui layenc le linge du Grand
Seigneur, & ils ne font tous enfemble qu'une
table.
Outre les Pages le grand Fauconnier a fous
luy prés de huic cens perfonnes ou dans
Conliantinople ou au voiunage inceffam-
menc occupez à drelfer toutes fortes d'oy-
ieaux pour la chauë, &: il n'en encre poinc
au Serrail qui ne foit dreue. Il n'y en a point de
tous ceux dont le Grand Seigneur fe ierc, qui
n'aie quelques pierre de prix attachée au col,
& quelquefois ~uiqu'a la valeur de dix mille
écus. Tous les Princes Mahometans ont de
fuperbes équipages de chaue, & parciculié-
rement le Roy de Perte. Il n'y a rien de plus
magnifique que la longue fuite des Grands
de ra Cour quand il revient de la chane. Ils
marchent tous en bel ordre l'oyieau fur le
poing, & chaque oyfeau porte au col ou un
diamant ou une autre pierre de prix avec le
chaperon tout brodé de perles ce qui ne
peuce&re qu'un tres-beau ipec~acle. Ils dre~
lënc plufteufs fortes d'oyfeaux dont
nous
ne nous fervons point en France, plus grands
& plus forts que les noib-es avec quoy au
lieu de chiens ils courent le liévre & le cerf,
& vont à la chaffe du fanglier & des autres
be&es. Ce quileur rendcette chaIÏc &agréa-
ble &: aifée eA qu'~n Perfe le pays eft dé-
DU GRAND SEIGNEUR 101
_1
couvert &: qu il n'y a point de 1 bois
t. où ils
puiiïcnc perdre l'oyieau de veuë. Il découvre
de lom h belle, il vient fondre fur elle fans
oublie puiue s'en débarauer, & fe pofant
mr tcHe luy picote les yeux il l'agite &:
la courmenre, & retarde laviceue de fa cour-
te, ce qui donne lieu auxchaueurs de la join-
dre plûcoit & de la tirer. Mais ils ne don-
ncnc le coup que quand il plaift au Prince,
ou après qu'il a décoche fa Bêche ou ciré fon
arquebuze, eRanc alors permis a .ceux qui
l'accompagnent de faire voir leur adrelïe.
L'appartement des Pages de la Faucooe- Chttn.
rie ell fuivy d'une longue galerie, qui n'eA pbre fort
ptepre (ht
ouverte que d'un côté 6c qui va comme en Sthgdtf-
qui
montant. Elle e~ foutenuë de dix piliers de pAga
porte !'c-
marbre de diverfes couleurs & carrelée <te pée du
mefme avec un plat-fond où l'on voidquci- gGrand
Sceoi.
~M-

ques neurs peintes aIÏez ~unpIeBoent. Du


bout de la galerie on va fur la. droite à la
chambre du J~jg~y-~t qui porte i~p~e
dnGrandSeigncur. Uneparoedececcechat~
brc e& couverte de tapis, l'autre e&uneeAra-
<ie relevée de trois pieds,
où l'on momce par
autant de degrez de marbre blanc de 00~
tre pieds de ionguenTy le re&e eBanc &rmc
d'une balu&rade pcmce en or&emvert. Tott-
<e reRntdc c& convcEtc de nche? tapis
Ce
ibyc, & tout autour tant du côté du mur que
du côcé du baluftre, il y a de riches couffins
de toutes fortes de brocards d'or &: d'argent.
Les murailles de la chambre font toutes do-
rées, & dans de juites espaces on y a peint
plufieurs pots de fleurs tres-bien diverfifiées,
& qui font un bel enec. La place où le selig-
<<t s'auled eit au coin de l'cArade qui
c& à la droite, & au deffus de fa tefte pen-
dent les épées & les fabres qui fervent au
Grand Seigneur, & qu'il porte après fa Hau-
teffe quand elle fort du Serrail. Depuis qu'un
Prince eft venu à la Couronne, tout ce qu'il
porte ordinairement ne retourne plus au Tre-
ior qu'apres fa mort, & le C~M/tM<AM'M&: qui
en eît le Chef voit par fon regiftre fi l'on
raporte tout ce qui en eft forty pendant la.
vie du Grand Seigneur. A meiure qu'on en
tire quelque piece, le J'tf-t à qui elle
eft livrée en donne un receu de fa- mam au
ChefduTrefor, & de cette maniere il ne fe
peut rien détourner, le bon ordre e&ancob-
iervé au Serrail en toutes chofes. En d'autres
endroits de la chambre on void pendus les
poignards & Les coûteaux toutes pieces ri-
ches & garnies de pierreries, & qui font com-
me le refle portées éxaûement far les livres
du Trefor. De chaque eôcé de cette cham~
de J(/ J~
bre il y en a deux petites pour quatre Pages
qui fervent le & ne
s'éloignent point de fa perfonne. Il eH temps
de paner au quartier du Grand Seigneur.

CHAPITRE XV.
DeFapparcemenc du Grand Seigneur.
SO.MMAIRE.
Chambre des quarante P~f~. mo-
/?~7W< de /<< valeur ~M~f. -~K'-
~rA~r~T~f.
la
nies de
~~r~.
met.
C~
C~
jD~uo~o~ badtne
~~f/?o~
Mr~K'
Ceremo-
Priere. C~MM~~V~T~r~~M~
~~f~~OL-
T~ïv.
~'0~ J'~f ~~K'M/ ~~f~
Grand Seigneur. Sf~~ /9-
/'<f~M<~A ~T~f~~a~f~7~
~TfW~. 2'rahifon punic. jFoj~w?~
~J'ftM~.~~<MM~<
C~MC~r~
~~(~~MMf~M~~MP~
tion des T~~ ~0~ ~V
Ce ij
homet.
~w?~.
Suite de y'o~
ve U oY que le Serrail incericur ne doi-
efh-e proprement divifé qu'en deux
grands quartiers, qui font le quartier du
Grand Seigneur, & le quartier des Sultanes,
j'ay couceiois jugé a propos pour foulager la
mémoire du Lecteur, de luy diflinguer les
differentes parties dont le premier cil com-
pofé felon leurs divers ufageë; .& apres avoir
parlé amplement des Bau~~tt~Trefor, de
l'Echanfbnerie, & ie la Fauç~ta-ie, je viens
à l'appartement particulier ~K la perfonne
p
du Grand Seigneur.
Le H~~< s'offre d'abord à la veuë, &:
c'eA ainH que les Turcs appellent la quatrié-
me & la plus haute claue des Ichoglans.qui
e~ la chambre des quarante Pages em-
ployez à route heure au fervice du Grand
Seigneur. Cette chambreeft de memie gran-
deur que celle des Pages du Trefor, & a peu
prés meublée de mefme; mais elle n'eA pas
h claire, & elle manque de jour. Comme ils
ne font pas en fi grand nombre, ils ont plus
d'efpace pour s'aueoir & fe coucher, & au
milieu~ de lachambre on void une pelire pla-
-ce en qaaïré phts élevée que les Rtï des Pa-
DU GRAND S&ICNEUR. 10;
ges, d'où
'fI le
1 ~~o~t- leur chef peut
voir 1

toutes leurs avions & de quelle manicre ils


fe comportent. Il a ordre d'en donner avis
au Grand Seigneur, la. récompense Suivant de
pres les bonnes actions comme le chacimenct
iuit les mauvaifes; & il eft au~ll de fa charge
~ie pourvoir promptement a toutes les choies
dont ils onc befoin. Sur la porte de cette
Chambre, ces paroles la 7&t Hé ~Xz, ~f.
dont j'ay fouvent fait mention, font gravées
en grofres lettres d'or, & aux quatre coins
font les noca~des quatre compagnons de Ma-
homec, ~~a~B~, Omer, Ofman & gra-
vez de meCntbans un marbre noir. Quand
le Grand Seigneur a fait un Bacha, & qu'il
prend congé de fa Hauteue pour aller a fon
Gouvernement, il fort par cette porte où
tous ces noms font gravez, & dés qu'il eft
dehors il retourne vi&ce pour venir baiser
ie pas de la mefme porte avec grande humi-
lite. En entrant dans cette chambre on void
à la droite pluûeurs paroles de la loy écri-
tes & enchadËes dans des quadres durez, &
une de ces écritures e& de la main de Sultan
Achmet père d'Amurat. A gauche paroot
~tEachec contre le mur une cote de maille
~vec an pot & une roadache c'c& un des B<M Ott-
monumens de la valeur d'Amurat. Pendantûtcmtat Ttteat
de

Ce iij t'AaMttt.
le fiege de Bagdet un Perfan eftant forty &:
faifant le brave, ce Prince un des plus cou-
rageux & des plus forts hommes de fon fie-
cle, voulut luy mefme l'aller recevoir fans
autres armes qu'un labre àla main, quoy que
le Perfan fut armé de pied en cap. Amurat
qui n'avoit pas moins d'adreue que de force
& de valeur, ne luy donna pas le temps de
fe reconnoiAre & luy déchargea d'abord
un fi furieux coup de iabre fur l'épaule droi-
te, qu'il luy coupa fa jaque de maille jufqu'a.
la moitié du corps, & le laifÏa mort fur ~a
place.
Vis-à-vis du H~o<~< ou de la Chambre
des quarante Pages, il y a une galerie affez
longue & affez particulière pour fa fcruchi-
re. Elle eft ouverte des deux côcez, & fbu'-
tenuë par des colonnes de marbre blanc;
mais elle va en ferpentant & à fix pas l'un
de l'autre ceux qui ypafïencne fe voyent pas.
On tient fous cette galerie quatre grandes
armoires pour ferrer les hardes des quacre
Officiers qui font toujours auprès de la per-
fonne du Grand Seigneur, du J~tp~M,
du C&o~t~a, du R~M~ & du
.H<~p~-&M~, dont j'ay parlé au commencCt-
ment quand j'ay donne la li&e des Grands
de la Porte.
DU GRAND SEIGNEUR. 107
Ccccc galerie d'une forme fi bizarre & fi AfTecte
dcsMof-
extraordinaire, n'eit pas loin de cette aucrc queetM
qui va en montant, & dont je viens de faire Turquie.
mention au chapitre précèdent. C'eA vis-à-
vis de cette derniere qu'eic une Mosquée de
moyenne grandeur, plus longue que large,
& dont l'amece eft du nord au ~ud, ce que
les Turcs obfervent dans toutes leurs Mo~.
quées qui font toujours tournées du côté
de la Méque, qui eit méridionale à toutes
les provinces de l'Empire. Il y a dans le mur
oppofé au midy une espèce de niche qu'ils
appellent .M~-<t&, où fc met l'iman qui eft
leur PreAre pour faire la priere aux heures
accoûtumées, & le Grand Seigneur y aHlAe
avec les quarante Pages de H<</o~t dans une
petite chambre donc la feneitre regarde la
niche. De côté & d'autre de cette niche rè-
gne une galerie Soutenue de cinq piliers,
dont. les uns font de marbre verc, & les
au-
tres de porphyre. Et dans la Mo(quée~&
dans la chambre où le Grand Seigneur fe
rend pour la priere, & dans les deux cale-
ries, on ne marche que fur de riches tapis.
Il ne s'y void aucune peinture, &.les
mu-
railles nonc d'autre omemenc que la blan-
cheur du marbre donc belles font revêtuës.
Mais il y a quantité decrinires en gros
ça.
raderes Arabiques enchauëes dans des bor-
dures dorées pendues en divers cndroics, &:
ces écritures ne contiennent que des choies
tirées de la loy de Mahomet.
La feneftre de la chambre où le Grand
Seigneur vient à la priere e~ large de fix
pieds &: haute de trois, & fermée d'une ja~
louCc avec un rideau derriere comme cri
plufieurs chapelles que nos Princes chre-
cieas ont dans leurs Palais, il y a vis-a~vts de
la mdme niche dont j'ay parlé, une pareille
fencirre & une pareillechambre pour les Sul-
canes, & quand le ~«~M qui e& à côté de
r./MMa & comme fon clerc,. entend qu'on
remue lies rideaux il fonne promptement
une clochece qui eft le fignal que le Grand
Seigneur & les Sulcanes viennent d'arriver.
Alors ce .MM~Mt commence à chanter ces
deux mots ~~M ~~r ce qui ûgni6e D~
les repecant quatre ~bis &: y ayant
ajoûté aNez bas qoelques paroles,, l'w à
fon tour chance celles-ey B~t~M
R~~ <tZam~~ ee& dire, ~a* <?/?
Z~Mt Z? MM~ «MMt t&o/ct. Iï coocinuë de
cette ~orte la pacrc em fe proRernam plu-
fIeuM fois en taa'e,-&' tous ks ai&itans s'y
proRement comme Iny~
Au milieu do- dôme de la-Mo~quée il y a'
un grand cercle de fer d'où pendent tout au_
tour quantité de lampes de cryltal de Veni-
ze, & il y en a aum le long des deux gale-
ries, ne leur citant pas permis d'avoir dans
leurs Moiquées ny or ny argent. Ils n'allu-
ment ces lampes qu'à la prière de la nuic,&:
le feu donnant fur ces cryAaux en font un
objet très-agréable à la vûë.
La chambre du .R<<t/ï' l'un des qua-
tre principaux Eunuques joint cette Mof.
quée, & eft la moindre de toutes les cham-
bres des Officiers du Serrail interieur. Il n'a
qu'un peu plus de place qu'il luyen faut pour
dormir, &: il eft fervy par deux Pages du
~MM&oa~-O~t ou de la petite Chambre.
Joignant la ~M-ce du ~t~M&t il y a une fale
carrelée de marbre blanc & noir, au milieu
de laquelle eA un baflin de meune é:oic, mais
de diverfes couleurs d'où fort un jec d'eau
de quatre ou cinq pieds de haut. Cette eau.
c& receuë dans un fecond baffin fait en co-
quille, d'où elle tombe enfin dansuncromë-
me plus grand que les précédons. Le haut de
la fale cK un dôme percé de quelques renê-
tres dont elle reçoit le jour, &: une peinture
aHez funple &ic tout l'ornement de (es mu-
railles. En entrant dans cette fale on void
~eux portes à droite & à gauche Celle qui
Dd
eit a la gauche va à un jardin de fleurs Je
l'autre en: la porte d'une chambre où le Grand
Seigneur vient quelquefois en hyver.
Cette Chambre eH une des plus belles du
Serrail. Sa voute eâ une confufion de peti-
tes voutes en triangle dutinguées par deux
filets d'or avec une raye verte au milieu, &
de chaque angle il fort un cul de lampe par-
faitement bien doré. Qupy que les murailles
foient revécues d'un beau marbre blanc, un
bel ouvrage de menuiferie à hauteur de cein-
ture regne tout autour, & de riches tapis
fur quoy on marche cachent de grands car-
reaux de marbre de diverfes couleurs dont le
bas e~ embelly. De plufieurs couflins qui
font le long des murailles ~s uns font en
broderie de perles & de pierreries & pour
la parade feulement les autres pour le fer-.
vice couverts de brocart d'or ou d'argenc
d'autres riches écofes. A un des coins de
la chambre il y a un petit lit de camp hauc
de deux pieds tout en broderie, couverture,i
couHms, &jnatelas; & cette broderie eH:
toute de pênes de rubis &: d'émeraudes.
Mais quand le Grand Seigneur vient dans la
chambre, onôce & la couverture & les couf-
fins qui font moins propres pour le fervice
que pour l'omemenc~ ad'on en met d'autres
DU GRAND SEIGNEUR. m
de velours 1 fatin piqué fur
ou de
i
quoy le Sul-
tan peut plus aifément fe répéter.
Vers le pied du lit on void une espèce de Ctdttc
niche pratiquée dans le mur, où repofe un myftcneM
d
de M~ho-
petit coffre d'ébene d'un demy-pied en quar- mct.
ré, dans lequel eH lerré le cachet de Maho-
met. Il eH cnchane dans un cry~al avec une
bordure d'yvoire, & le tout enfemble àqua-
tre pouces de long & trois de large. J'en ay
veu la figure fur un papier mais celuy qui
me le montra ne me voulut jamais permettre
d'y toucher, parce qu'il le tenoit pour une
grande relique. Tous les trois mois on net-
toye cette chambre & l'on change de tapis,
les Pages du Trefor eftant employez
à cét
office. Alors le cbafnadtr-bachi
ouvre le cor.
fre, &: ayant en fes mains un mouchoir de
broderie prend le cachet avec grand reipecr,
tandis que le plus vieux des Pages tient
d'or une
coupe garnie de diamans & de faphirs
bleus, au deuus de laquelle il y a une efpece
d'encensoir, d'où tort une fumée de
toutes
fortes de bonnes odeurs qui embaument
chambre. tou-
te la Le Page tient cette coupefur
fes deux mains jointes l'une
contre Fautre
& l'élevantenfuite plus haut que (a tc~e,tou~
les autans fe proitement d abord en
~erre
pour marque de leur vénération. Desqnl~
Ddij
font relevez, le Page baine la coupe jufqu'au
denbus du mencon, & le Chef du Trefor te-
nant le cachet fur la fumée, tous ceux qui
font prefens viennent baifer le cryAal qui
couvre une des plus precieufes reliquesqu'ils
ayent de leur Prophète. Je me fuis diligem-
ment informé 'le mes deux hommes du Tre-
for qui avoient fouvent baifé ce cry~al, s'ils
n'avoient pas remarqué quelle eft la matierc
.du cachet, & quelles lettres y font gravées
mais ils m'ont dit que la fumée & le cryfial
qui couvre le cachet, joint le peu de temps
qu'ils ont de le confiderer en le bailanc, ne
permettent pas qu'on puuÏe bien juger ny de
î'écote, ny de la graveure. Le quatorze du
R<MMa~ ou du Carefme des Turcs, le Grand

bre accompagné du feul J~t,


Seigneur vient luy-mefme dans cette cham-
& le.
vanc le cryital qui eA fur le cachet le luy
met entre les mains, pour l'imprimer ~r cin-
quante petits morceaux de papier qui ne font
guère plus grands que le cachet mefine. H
~ejtertpour cela d'une ancre gommeufe qu'on
prépare dans une. coupe de porcelaine, où il
trempe le doigt dont il 6'ote le cachet, &
gar<ie tous ces petits imprimez pour l'ufage
aqupy j&JHauceCe tes de~me,ce que nom
verrons b~en-ioA.
DU GRAND SEIGNEUR. 113
Dans la mefme chambre & joignant lé GMnjc!
lieu où l'on garde le cachet, il y a un autre <upt!ni-
tiantdtt
coffre de moyenne grandeur couvert d'un ta- Turc:.
pis de velours vcrd avec une grande frange
d'or &: d'argent, où l'on conferve la H~t
de Mahomet. C'efc une robe à grand' man-
che de camelot blanc de poil de chèvre, &
que les Turcs tiennent au~u pour une gran-
de relique. Le Grand Seigneur l'ayant cirée
du coffre la baife avec refpeec, &: la met en-
tre les mains du JCt~t qui eft entré par
~on ordre apres l'impremon faite
au cachet.
Cét Officier fait aporter par le Chef duTre-
for & les plus vieux Pages une grande cuvée-
ce d'or, de la capaciee d'un jemy-muid de
Paris de la maniere que l'on me l'a figurée,
& dont le dehors eft garny en quelques en-
droits d'émeraudes & de turquoifes. On la
remplit d'eau à cinq ou fix doigts du bord,
&le ~<g< y ayant trempe la robe deMa-
homee, il la retire & la tord pour bienégoo-
cer l'eau qui retombe dans la cuvette, pre-
nant bien garde qu'il n'en tombe à ~etrc.
Cela fait il en.remplit une quandeé de bou-
teilles.de cry&al de Venife qui tiennent envi-
ron demy-Aier, & au~qudle& a.prcs.J<s avoir
bouc~ee~ il applique le cachée dn~Gtand Sei-
gneur. On laiQe iecher Mbe jusqu'au
Dd ii~
vingtième du R<MM/ & ~a Haurelfe vient
en perfonne la reuerrer dans le coffre.
Le lendemain de cette cérémonie qui
eft le quinziéme de leur grand J~ûne le
Grand Seigneur envoyé aux principales Sul-
tanes, aux Grands de Conftaminople, &aux
plus confiderables Bachas de l'Empire, à cha-
cun une eftampe du cachet en un fort petit
rouleau bien cacheté avec de la fbye, & une
de ces bouteilles pleines d'eau, ce qui eft te-
nu pour une grande faveur. Mais c'eit une
faveur qui coûte cher à ceux à qui elle ei~
faite, & pour un morceau de papier & une
phiole d'eau ils renvoyent au Grand Sei-
gneur des prefens considérables, fans conter
ce qu'il leur faut donner à ceux qui leur ap-
portent de fa part ces marques de bien-veil-
lance. Le J~<t a le pouvoir de multiplier
l'eau autant qu'il en a befoin & qu'il veut
multiplier les prêtons il n'a qu'à en remettre
dans la cuvette à mefure qu'u en oie, & elle
€~aum bonne qu'auparavant ..puis qu elle eit
mêlée avec celle où a trempé laprobe de Ma-
homet. Car il y a bien des geos qoi il en-
voye de ces bouceUlcs~ fans Mar envoyer la
pedtc e&asape du. cacheta & ji~ ptre a couc
ce qai~do<tRe auKporteofs de cc~e&as.
Mais ii ne luy eft permis ~e &ire ~ecte mBÏ-
< t
DU GRAND SEIGNEUR.
tiplication que pendant crois jours jusqu'au
dix-Iepdcme du R«a!
ne

après quoy l'eau


J
-.p

qu'on pourroit ajoûcer n'auroic plus la vertu


qu'ils s'imaginent. Dés que ce prefent eftre-
ceu, ils prennent le papier où le cachée de
Mahomet eft imprimé, & après l'avoir laiue
un peu tremper dans l'eau de la petite bou-
ceille, ils avalentpar dévotion & l'eau & le
papier tout enfemble. Mais ilfautremarquer
qu'il n'y a perfonne qui oze ouvrir ce papier,
ils l'avalent fans le déplier, ne.leur edancpas
permis de voir l'empreinte du facré cachet
& ceux qui ne reçoivenc que la phiole en-
voyent querir leurs /ahMj qui font comme
leurs Prefb-ex~ pour écrire ces paroles ~t/A
la ~7/~ ~Z~

<
ce& à di-
re Il 4 point ~'<M<~W D~W ~M D~W
a~BM' eMM<y. Il y en a qui font écrire
ces mots 7~ ~<,
c~ qui Ggni6e; 7~ <~ < ~o~ <f~ww
D~ D~, B~ww ~~t/ s'
~oNaw ~~w. Le papier eftant écrit, ils
le mettent dans l'eau de la petite bouteille
& l'avalent dans la créance qu'ils ont que
ces paroles onc.lameGne vercu de l'emprein-
te du cachet.
On void'dans la mefme chambre un cou<
celas fort groulerpendua lamuraillc, proche~ Mq<~
d'Oottt.
de l'endroit où l'on conferve le cachet ôc la
robe du Prophete. Le fourreau eft de drap
vert & l'on tient que c'eit le coutelas d'O-
rner l'un des quatre compagnons de Maho-
met qui gouverna apres luy, quoy qu'Ebou-
Bequer ~lc le plus vieux, & que Mahomet
eût pris fa fille. Les Arabes difent qu'Ebou-
Bequer eâoic Juif des plus fçavans de fon
temps, & qu'ayant renoncé à la Ipy Mozaï-
que il enfeignoit à la Méque dans les écoles,
apres quoy il fe mit à compofer une partie
de 1 Alcoran.
Proche du coutelas on void encore une
maniere d'efpadon, pour lequel ils ont auur
beaucoup de veneration, parce qu'ils croyent
que c'e& l'épec d'un certain ~Mt-N~&MM,avec
laquelle il cailla en pieces ceux qui avoient
~emé une herefie dans la loy de Mahomet.
il ne vint au monde que quatre cens ans
apres la mort du Prophete, & détruifit enfin
toute cette ~ecce qui pendant deux Secles
avoit donné bien de la peine aux vrays Ma-
hometans, & g~g°c contre eux plusieurs ba-
tailles. Elle s'eAoit renduë puiuante fous le
nom de JMw&MT~Mx, & j'en ay veu quelques
refles dans les montagnes du cA«f~M qui
e~ l'ancienne Caldée. Ces gensJa font fort
dperâitieux & encore plus ignorans, & il fe
~< -j-r't
DU GRAND SEIGNEUR. ~7
j-_ ny de fraper un chien noir
faut bien garder,
en leur prefence, ny de couper un oignon,
qu'ils écrafent entre deux pierres pour le man-
ger. La caufe de cette grande ignorance vient
de ce qu'ils n'ont perfonne parmy eux pour
les instruire, &: l'on fait dans leur pays cinq
ou fix journées de chemin fans trouver un
.Mo~t ny une Mofquée. C'eit par la mefine
raifon que pour la plupart ils ne font point
circoncis, & que ceux qui le font, ne l'onc pû
eitre qu'à douze ou quinze ans, & que lors
qu'ils ont eu le moyen d'aller bien loin trou-
ver un Mo~t, & de fournir à la dépenfe des
parens & amis qui les accompagnentà cette
cérémonie.
Entre la Chambre où font ces belles re- QMttitt
de Grand
liques, & celle des quarante Pages dont j'ay Sci~omt.
parlé au commencement de ce chapitre, on
découvre une aHez belle façade de trois por-
tes de porphyre, dont celle du milieu donne
entrée a l'appartement du Grand Seigneur.
Les deux autres vont aux Icgemens du C&o-
~«~4 & du R«MM~ & ces loge-
mens font fort obK~rs, parce qu'ils ne ionc
pas en lieu où l'on puuÏe îeur donner du jour,
& qu'on n'a fceu pratiquer dans chacun
qu'une petite fene&re. Mais d'ailleurs ils ibnc
afÏez~bien meublez à la. mode du pays; on
Ee
n'y marche que fur des tapis de foye, les car-
reaux de brocard & en broderie n'y man-
quent pas, & les murailles qui font reveftuës
de marbre blanc offrent de plus à la vûë
dans de juAes espaces des pots de fleurs en
plate peinture, ou l'or & l'azur ont cité in-
génieusementappliquez.
Le quartier du Grand Seigneur commen-
ce donc parune auez grande Sale, & la beau-
té du dedans répond bien à celle du dehors.
C'eft une incruKacion de marbre de diverfes
couleurs & le bas n'eA couvert que de
grands tapis de laine qui viennent de Perfe,
mais qui font plus riches & que l'on eAime
beaucoup plus que ceux que l'on &icde(bye,
Tout autour de la file de la largeur de cinq
pieds, on void étendues des couvertures de
ibye à fond blanc piquées & en broderie,
& fur les couvertures de riches couffins de
quatre pieds de long & de deux. à trois de
large.
Des deux portes qui font dans cette Cuc,
rune va à l'apparcemcm des Pages, l'autre
au quartier des Sultanes, ~c en Portant par
cette demieteonentre dans un jardinaBeurs,
au milieu duquel il y a un bat6n de marbre
avec fon jet d eau. D'un des bouts du jardin
on pa& au X~MM-À<MK& €'€& a d<t~uo<?
chambre poiee fur des piliers. C'eA un B~
<p~r ou grand cabinet expofé en belle vue
que Sultan Amurat fit faire à fon retour de
la guerre de Perfe, apres avoir pris à Cha-Sephi
la ville de Babylone, ruiné Tauris, & ajoûcë
Erivan à fes conquêtes par la trahifon du
Gouverneur. Je diray bien-toft comme il en
fut juitemenc puny, & je referve l'hilloire
entière de fa lâcheté pour les relations de
mes voyages.
Ce cabinet eft baty dans un lieu éminent
fur une roche efcarpée, &: Amurac n'épargna
rien pour l'enjoliver. C'eil une fort beUe voû-
te, &: les murailles qui ne viennent qu'à hau-
teur d'appuy, font toutes de marbre blanc a.
vec quelques vers Arabes taillez en lettre d'or.
Il eA ouvert de tous les côcez, & des jalou-
fies qui regnent autour empéchent qu'on
foit vu de dehors, & laiÛent libre a ne
du
dedans le plus bel afpect du monde.ceux On a
en vue de ce cabinet tout Galata & Péta
tour cét agréable paï(age de l'ACe autour de
Scutaret & de Calcédoine, le port de Con-
~aniinople un des plus beaux de l'Europe
& le canal de la Mer noire qui fe vient join~
dre à la pointe du Serrail aux eaux de la Me-
dicenanee, où l'on void au milieu
comme
une raye blanche qui Semble marquer na-
Ec
turellement les bornes de l'Europe & de l'A-
fie. C'eit dans ce beau lieu qu'Amurat alloit
fouvent fe divertir avec ce Gouverneur d'Eri-
van qui luy avoit appris à boire du vin à
quoy il s'eHoic fi aiiemenc accoûcumé qu'il
palfoit quelquefois des crois jours entiers
dans la débauche. Il ne buvoit point d'autre
vin que de celuy del'lue deTenedo, le plus
excellent: de toutes les lues de l'Archipel & le
moins fumeux, & il fe rendit bien-coA auul
habile que le maiAre de qui il avoit apris à
boire. Ce Gouverneur Perian eftoic fort dans
la débauche, & avant fa trahifon & qu'il
eût livré la place à Amurat, comme je pafÏbis
à Erivan dans un de mes voyages de Perfe il
me pria de m'arrefler quinze jours aupres de
luy, & il faluc pour luy plaire paffer les nuits
cntieres à boire, ne le voyant point le long
du jour qu'il partageoit fans doute à fes ar-
&ires à fon repos. Mais enfin les mauvai-
,n
fes aérons ne demeurent guere impunies, &
Cha-Sephi Roy de Perfç ne voulant recevoir
aucune propohdon de paix, ny mefme donner
audience à l'AmbaCadeur de la Porte, que je
.vis renvoyer d'Hifpaham où j'eâois alors,
qu'avant toutes choies Amurat ne luy. cuA
envové le traître pour le punir e&anc un
jour en&mblc dans leur débauche orduMue
DU GRAND SEIGNEUR.. m
au Belveder, le Grand Seigneur fans autre
formalité le fit étrangler en fa prefence.
Amurac faifoit auui quelquefois venir en fortune
cét agréable lieu les principales Sulcanes, )d'une
ci
Dame de
belle

comme fa mère, fes ioeurs, & celles


pour Sicitc.

qui il avoit plus d'inclination. Mais il s'y


trouvoit le plus fouvent avec une Siciliene
qu'il aimoit beaucoup, & qui eftant parfai-
tement belle & d'un efpric doux obtenoit de
luy tout ce qu'elle fouhaitoit. Elle fut prife
fur mer par les Corfaires de Barbarie com-
me on la menoit en Efipagne pour époufer
des plus Grands du pays; Se le Bâcha d'Al-
un
ger l'envoya en prefent au Grand Seigneur,
qui luy donna fon a6e6cion & la rendit auffi
heureufe qu'une femme le peut eibre dans les
prifons du Serrail.
De la porte de la fale qui donne encréeau Chtm-
du lit
jardin de fleurs, on paÛe a main droite dans bre dn Grand
une efpece de galerie d'enviran cinquanteSeigneur.
pas de long & de douze pieds de large dont
le pavé eft de marbre.blanc & noir. Elle va
aboutir à un grand bâtiment où le marbre
~eul~A employé, & l'on a en vue une porte
de moyenne grandeur dont le deffus eA une
maniere de. voûte plate. Et la voûte & la
porce ont pour ornement des fleurs de relief
& entre ces fleurs des devifes caillées dans le
r Ee üj
marbre, le coût curieufement doré. De cette
porte après avoir fait cinq ou fix pas, on
vient: a une autre qui ne luy cede point en
beauté & qui eA celle de la chambre du
Grand Seigneur. Sa voûte cit fur le modele
de celle de la chambre d'hyver que j'ay dé-
peinte au commencement de ce chapitre. Il
n'y a de difference que dans ce qui fort des
angles des petites voûtes, &: au lieu qu'en
l'autre chambre c'eA une maniere de culs de
lampe dorez, dans celle-cy ce font de gro~
fes boules de cryital de roche taillé à facet-
tes avec quelques pierres de diverfes cou-
leurs, dont le riche mélange fait un bel efL
fec. Le bas eft couvert de tapis qui furpaf-
fent en beauté ceux des autres chambres, &
il en eft de mefine des matelas, des couver-
tures &: des couuins, la plus grande partie
de tout ce meuble eAant rehauffé d'une bro-
derie de perles, & toute la chambre qui eft
fort grande ayant par tout divers enrichiife-
mens. Comme cette chambre eft pour l'été
eUc eft percée de trois côtez, & de grandes
fene&res y donnent un fort grand jour, Pour
ce qui e& du coucher du Grand Seigneur, il
fuit la coutume du pais, ou plûcoA celle de
tout l'Orient. On ne dreue point de bois de
lu~ mais fur le foir les Pages écendent trois
DU GRAND SEIGNEUR ~3
matelas l'un fur l'autre à un des coins de la
chambre, &: attachent au defÏus un riche pa-
villon de toile d'or rehauffée d'une brode-
rie de perles.
A main droite en entrant dans cette cham- Ancien-
bre il y a une armoire pratiquée dans le ne veneft-
tion des
mur, où l'on garde, le Bajarac, c'eAadirel'é- Tare: peut
l'étendart
tendart de Mahomet qui a ces mots pour de Mtho-
devife; N~a &: enno&re an-
D~. Cét étendart eAoic cy-
met.

gue, /'<K~
devant en une fi grande veneration parmy
les Turcs, que lors qu'il arrivoit quelque Sé-
dition, ou dans ConHantinople, ou dans les
armées, il n'y avoit point de plus feur & .de
plus prompt remede pour l'appaifer que
d'expofer cét étendart à la vue des rebelles, ce
qui a fouvent tiré les Princes Othomans de
tres-méchantes affaires qui leur e&oienc m~.
citées par des radieux. Le Grand Seigneur
envoyé alors des Afo&t~ qui font comme les
Prefires des Turcs, pour aller crie; en leur
langue aux premiers rangs des Troupes re-
belles Cette ~MM~c ~M<~ du Frop~<
tousceux qui &(y font o~~S~My? doi-
'p~t'PM~ y<M~ <M</w~<~ étendart, C~efw~
'p/M~ro~ ~~0~ infidoles, il les ~M
années les Turcs
tuer. Mais depuis quelques
ont ~orc reltché de leur Yeneration, Us ne
tiennent plus guere de conte de cet écen-
darc, & Hauan Bacha qui en 16~8. donna.
bien de la peine au Grand Seigneur, tourna
le dos avec fes compagnons à la banniere de
Mahomet, &: pouuaa bout fon entreprife.
De la Chambre du Grand Seigneur on paf-
fe dans une grande fale où fe rendent les
Pages qui aoprochent fa perfonne & elle e&
fuivie d'un bain qui (ë remplit par trois ro-
binets ou ils fe viennent laver quand ils
vont à la priere. De la mefme fale onmonte
quelques degrez qui menent a un petit cabi-
net qui n'e& que de bois, mais bien peint &
bien doré un drap rouge couvre en tout
temps l'escalier, il eft ouvert de tous les cô-
tez avec de belles fene&res où le talc tient
lieu de verre, & c'eA d'où l'on a presque la
mefme vûë que du Belveder que fit bâtir
Amurat.

CHAPITRE
CHAPITRE XVI.
Des occupations ordinaires du Grand
Seigneur, des inclinations particulieres
de Mahomet IV. & de Fecacprdenc
de la Maifbn Ochomane.
SOMMAIRE.

~~0~ 0'?~
Inclinations CO~M~M~K~ tous les ~fc~M~.
d'Orient. La vie du Serrail ~L

~<w.
.j 0~
fieurs. Mahometans
teurs de la Z~. Tf~~ ~Mr~
Gr.1lna attachement aux aéles de
devotion. Occupations O~MM/~

~<M~O~
~M~ Seigneur. Co~~f
en f~'WO~
tes Moufti
~0~. de la Famille
Othomane. Exemple ~/nM~M~
~~p ~~Xf dans la ~<
Ff
f/w~ ~~r. Po~r~~ J*
~r~?~. ~/?~M~c
r~~ <<
co~/<w ~<~
~o~?~
7"~v.f de T/

J'r~? T/r~~fo~
T~v de ~~r~ (7~~

V
t Es Monarques
clément
O thomans & genera-
tous les Princes de l'Afie quel-
ques vaillans qu'ils ayent eAé, ont toûjours
eu un grand panchant à la volupté &~ la
moleH'e & ont trouvé de grands charmes
dans l'oyCvecé. Ils ne quittent leur Serrail
que le moins qu'ils peuvent, & que lors
qu'une. neceUIcé indifpenfable les force de fe
montrer en public, foit à la ceAe de leurs ar-
mées, foit en des cercmonies aufquelles la
ïoy~u la bien-ieance les obligent d'aulAer.
il e& vray qu'il y en a eu de moins retirez
les uns que les autres, & qui onc préféré la-
mour de la guerre & le plaiCr de la chaue à
la convet&don des femmes mais le nom-
bre de ceux-a eft fort pedc, & la plufpart
pour mieux goûter le repos & mener une vie
tout a fait tranquille, fe font déchargez fur
la capacité d'un premier Minière de tous les
<oms que~ demandent ks affaires de l'Etat &
de la goctK, & conceneuM <fcn apprendre
DU GRAND SEIGNEUR. 2:17
ce que le mefme Miniftrc veut leur en faire
f~avoir.
On peut dire que le Serrail eft tout en- Lttiejo
femble un fejour délicieux &: fblicaire mais Sttttitd~-
i
de la maniere que j'ay remarqué les chofes, Mcitu&
pouf un
il eft folitaire fent.&S.
1
pour tous & n'eA délicieux que chtaft
pour un feul. De plufieurs milliers d'hom-pourp!u-
CMtt.
mes qui y font comme en prifon, & qui dé-
pendenc les uns des autres, il n'y a que le
Prince qui ait la vue des femmes: car je ne
conte pas pour hommes les Eunuques noirs
que leur diHbnnicé & de corps & devuagea
rendu des montres. Mais quoy que les Mo- M~e~
narques Ochomans, & généralement tous BMMUM ztki ob-
les Turcs foient fort plongez dans la volup< CCtftmu8
té fans avoir aucune teinture des belles fcien- dthtoy.
ces. ils ont toutefois cecy de bon que l'atta-
chement qu'ils ont aux plaifirs ne leur fait ja~
mais négligea le culte divin, & qu'avant tou-
tes choses ils ont foin de &ds&irea ce que
la loy exige d'eux de ce côté.la. Ils font e-
xach & ponchïels ~ufqu'a latupeiAidon dans.
tous leurs exercices de pieté, dans leurs ma-
nieres de fe laver, dans leurs prieres, dans
leurs jeûnes, dans leurs aumônes & dans
leurs pèlerinages, qui font les cinq princi-
paux articles de la religion de Mahomet.
Ceft une chofe aifez connue de tout le mon-T<n)p<
I~MpcOt
Ff ijij hptitfe.
de que les Turcs font la priere cinq fois le
jour; ce qu'il faut entendre du jour naturel
qui eft de vingt-quatre heures. Il n'y a point
pour cela d'heures réglées, & c'eft felon le
temps que le Soleil éclaire leur horizon. De
cette maniere l'intervale eft plus long en été
entre leurs prieres qu'il n'eft en hyver, & ils
appuyent principalement leur dévotion fur
des observations de cette nature. La premie-
re fe doit faire à la pointe du jour avant que
le Soleil foie levé; la féconde à midy; la croi-
fiéme entre le midy & le coucher du Soleil;
la quatriéme dés qu'il eft couché; & la der-
niere à une heure & demie de nuit, à quoy
hors des temps de maladie ils ne manquent
jamais quelque affaire qui leur puiÛe furve-
nir. Il y en a de zelez & dont le fcrupule va
fi loin que pendant qu'ils font dans l'ardeur
de la priere ils ne s'en découmeroienc pas
pourrepouuerl'ennemy qui entreroit dans -la
ville, ou pour éteindre le feu qui prendroita
leur maifon. Us croiroient mefme faire un
grand péché de porter la main àaucune par-
tie de leur corps pour fe grater, & ils veu-

prière..
lent que le dehors foit conforme à ce qui fe
pafÏe au dedans, & au profond abaiNcmenc
ou l'âme doit cftre devant Dieu :dans la.
DU GRAND SEIGNEUR ii9
Le Grand Seigneur ne fe diipen(e non Occupa-
plus de l'obligation de la priere que le moin- ntitCtdu.
tionsordt-
dre de fes iujecs, il eH fort religieux en céc Grand Sei-
article, & c'eft toujours par-là qu'il~comman- gncur.
ce la journée. C'eA dire affez qu'il fe levé au
point du jour, & quelquefoismefme il encre
auparavant dans le bain pour fe laver fur
tout quand il a couché avec une de fes fem-
mes. La priere achevée il s'exerce ou à tirer
de l'arc ou le plus fouvent à travailler fes
chevaux; & quelquefois d'une galerie où il
ne peut efcre vû il prend plaHIr à voir faire
quelque exercice à fes Pages. S'il s'en trouve
un qui reuillue à fbn gré, il luy envoyé une
vefte ou autre chofe de plus de valeur pour
l'exciter à mieux faire, & donner en meGne
temps de l'émulation à fes compagnons. Les
jours de Confeil il fe rend par une galerie
couverte à la feneAre qui répond à la Ïale du
Divan pour) fçavoir ce qui s'y traite, & le
Confeil; nny il retourne à fon quartier où on
luy fert à dmer. Sa table e& peu délicate, & Coauae
il ne mange poinc d'autres viandes que cel-&tide.&t*bk<&
les dont j'ay fait le détail au chapitre des
CuiCnes. Il mange ~Es les .jambes croifées,
appuyée &r desr~arreaux dé brocard quil'em-
péchent de tend!: h 6-aïcheHrde- !& murail-
le,
& l'on étend un man-oquin ~ur lés capi&
F f üj
qui couvrent l'eftrade, de peur que la graif-
fe qui pourroit percer la nape ne pût les gâ-
ter. Cette nape qu'en met fur le marroquin
eft de ces belles toiles peintes que l'on fait
aux Indes & brodées à l'entour; & pour des
fervietes il ne s'en met point, parce que les
Turcs mangent fort proprement, &: que s'ils
ont befoin quelquefois de s'euuyer un petit
mouchoir en fait l'office. Ils nefe fervent en
mangeant que de la main droite, & à la fin
du repas on apporte dans un baffin de l'eau
chaude & du favon pour laver, & chacun
tire fon mouchoir de fa ceinture pour s'ei~.
fuyer. On ne met point aufu en Turquie de
coûteaux ny de fourchetes fur table, chacun
a. fon coûteau à fa ceinture pour s'en fcrvir
au befoin mais il eft de peu d'ufage, parce
que leur pain eftanc plat en maniere de ga-
lete & toujours forçant du four; Us le-rom-
pent avec les doigts, & que toute la viande
qu'on leur fcrc eft coupée par morceaux, ce
qui fe pratique de mefme ~en Perte. Mais ils
fe fervent de cueiUcrs beaucoup plus gEan-
des que les nothes pour prendre du bouil-
lon & ce qui fe trouve de liquide fur la ta-
ble. Les Pages du JC~r ou du gobelet ap-
portent le pain. & les fbrbets, & les Pages
de h Chambre vont prendre laviande à l'en-
DU GRAND SEIGNEUR m
trec de l'appartement du Prince des mains
desOnicicrsde cuifine, qui l'apportent dans
des plats couverts de porcelaine le Grand
Seigneur ne fe fervant point à table de vaiF.
felle d'or.
Apres le dimé le Grand Seigneur fait fa
priere du midy, & quelquefois le Dimanche
& le Mardy qui font les principaux jours de
Confeil) il fe rend à la Sale d'Audience
pour
s'entretenir avec fes Miniftres de l'ecac defes
anaues. Les autres jours où il va fe
prome-
ner dans les jardins du Serrail, tantoft avec
fes Eunuques, tantoft avec les Sultanes,
ou
avec fes Nains & fes Muets qui font mille
~ngeries pour le divertir; & quelquefois il
va a la chaue ou à la pefche felon fon in-
clination. Mais ny fes affaires ny fes diver-
cuÏemens ne l'empêchent jamais de faire
tous les jours fes cinq prieres dans les temps
reglez par l'Alcoran, & tous les Turcs
ralement croyent qu'en les négligeant géné-
s'attire la malédiction de Dieu & qu'on n'en on
peut éviter les mauvaiies mkes.
J'ay dit ailleurs que le Vendredy eft
aux tt~a!.
Mahometans, ce que leSamedy eft
aux Jui~ tan OMn~
ebtigtd'~
& le Dimanche aux Chre&iens, parce que ~fenttte-
ce fut ce jour-là que Mahomet s'enfuit de 1"onit àh
Mo<qa<t,
laMéqae &jay remarqué àu~E
que les Turcs
ne content leurs mois que parle nombre des
Lunes. Le Grand Seigneur par une ancienne
coûtume eft obligé cous. les premiers Ven-
dredis de chaque Lune d'aller à la Mofquée
neuve, parce que Sainte Sophie eft trop pro-
che du Serrail, & qu'outre que la maifon du
Sultan ne pourroic s'étendre en fi peu d'efpa-
ce, le peuple de Conftantinople n'auroit pas
la iatis&cciondele voir. Il manque rarement
a cette cérémonie, & lors qu'unpremier Ven-
dredy du mois fe paue fans qu'il fe montre,
le peuple croit d'abord qu'il eft malade, &J
des efprits remuans portent bien-toft leurs
penfées à des laehons. C'eft en ces jours-là
que ceux qui ont à fe plaindre de quelque
injuihce quileur eft faite,prennentleurtemps,
& fc dennenc fur le chemin où il doit pauer
avec une requefte à la main, que le Sultan
fait figne à un Eunuque de prendre. Si l'in-
juflice eit grande, & que: ce1uy qu<L prefente
la requeâe foit entiérement dans î'oppreC
~lon, il tient un flambeau allumé fur face&e,
ce qui fe pratique ordinairementen Turquie
en de pareilles occaGons, &&it entendre au
Prince par ce my&ere que s'il ne luy fait ju-
stice, 6mame brûlera, en l'autre monde com-
me ce nambeau. Quand l'Empereur fort, les
principales Sultanes, ~a mere, fa femme ou
DU GRAND SEIGNEUR.
fes fceurs, fe tiennent au demis de la grande
porte du Serrail avec des facs pleins d'auprès
pour jcccer au peuple, afin qu'il prie que l'o-
raiibn que le Grand Seigneur va faire foit
exaucée. Il marche dans le mefme ordre &
avec la mefme pompe des anciens Empe-
reurs Grecs, & je ne doute pas que ceux qui
ont écrit de l'Empire Othoman en general,
ou de la Ville de Con~ancinople en particu-
lier, n'ayenc fait aHez de defcriptions de cet-
te ceremonie, ce qui me doic difpenfer d'en
donner une* nouvelle. Je diray feulement
qu'elle eft cres-magninque, & qu'il n'y a
point de Monarque au monde qui étale à la
fois tant d'or & de pierreries, dont les har-
nois de la plufpart des chevaux tant du Grand
Seigneur que des Bâchas font couverts.
Au retour de la Mofquée, le Moufti à M&hta;
cheval & à la teAe d'une troupe de Chré- CM*dtd!e<
tiens Grecs de la dernière èanaule fti
( car. il s'y
méle peu d'Armeniens) attend le Grand SeL- &Me
dwMoa-
&
betN&.
gneur à la porte du Serrail, & luy difant que
ces gen~-la eftoient des modèles qui ont em-
braue la bonne loy, prie fa HauccHe de les
vouloir affifter & de leur donner le moyen
de vivre. Le Sultan à cette exhortationleur
fait délivrer vingt ou trente bourfes & quel-
quefois jusqu'à vingt mille écus qui font
G?
mis entre les mains du Moufti pour en faire
la diUribution comme il luy plaiA. Il en gar-
de toûjours la meilleure partie, & s'entend
avec plufieurs de ces miierables qui fe re-
prefentent fouvent pour la mefme chofe, &
qu'il fait femblant de n'avoir jamais connus.
Par cette impofture affez groffiere &: digne
des fcctaceurs de Mahomet, ce grand PreÏtre
de la loy met en bourfe tous les ans fans
beaucoup de peine une fomme confiderable
qui n'augmente pas peu fon revenu. Mais il
n'eA pas exempt non plus que les Bachas,de
rendre quelquefois gorge, & nous enverrons
bien,toit un exemple affez recent.
Voila en general quelle eft la vie ordinai-
re des Monarques Othomans quand ils font
dans leur Serrail A l'armée ils ont d'autres
occupations particulièrement ceux qui ont
l'âme guerriere, comme il s'en eR veu quel-
ques-uns dont les HiAoires font auez .de
bruit.
Je viens à l'écat prelenc de la famille Otho-
mane & aux -uidinations particulieres du
Grand Seigneur qui règne aujourd'huy. Ma-
homet IV. du nom fils d'Ibrahim & d'une
Circaiuenne,e&nél'ani64. & entre dans
la trente-deuxième année de fon âge & la
ymgt-oroiûemc de fon règne. lia deux 6'e<
res, Bajazet & Orchan, mais qui font d'une au-
tre mère, qui vit encore &:quivcilleinceuam-
ment pour leur conservation. Il en a un troi-
fiéme nommé Soliman, qui eft le fecond des
fils d'ibrahim par l'ordre de la naiuance mais
la mere de celuy-cy eft morte, & c'eit ce qui
fait que la milice qui conçoit de plus belles ef-
perances de ce Prince que de Bajazet & Or*
chan fes freres, en a plus de pitié,&l'aime d'au-
tant plus qu'il a perdu le fupport qu'il pouvoit
attendre d'une mere. Depuis Bajazct IL qui a
introduit le premier la cruelle coûtume d'affer-
mir le trône du Sultan régnant parla mort de
fesireres, il y a eu peu de ces Princes infortu-
nez qui ayent échapé à la barbarie de leur aiC.
ne,& ceux qui onc efté traitez avec le moins
d'inhumanité, n'ont pû éviter une étroite &
ennuieufe prubnouilsnevoyoient perfbnne.
C'eA de cette maniere que fut gardé ibrahim
pere de Mahomet pendant le regne d'Amurar
ibnirere, fils d'Achmet & de Kiofem femme
de grand esprit &qui entendoit parfaicement
les affaires. Les frères de Mahomet font au-
jourd'huycraifez fur le mefine pied, & la mère
de Bajazei& d'Orchana fespratiques pourles
entretenir.dàBs ï'aBfecKon des Grands de la
Porte & des Janiuaires,à qui l'humeur à~ez bi.
xarre exHaordm~emencavare de Maho-
Ggijij
met ï~e pl~ut pas beaucoup. C~ Prince r~qnfa
fur le trône l'an!64.8~ après la more d'Ibrahim
fon per.e que lesjan~ir~s cfrangLer~nc dans
une Sédition. N'c~nc alors âge que de fept
ans la Regencefut donnée pendant fa mino-
rité à la vieille Reine Kiofem mere d'Ibrahim,
laquelle bien-toit apres abufa de fon aucoricé,
& iuljcita contre Mahomet fon petit-fils une
dangereufe fanion où elle perdit la vie. Ce
Prince qui aime fort fes plaitirs & parciculié-
îa
rement chaiïe, (e repofe du foin des aH~ti-
res fur fon grand Vizir Achmet, qui afucce-
dé à Coprogli fon pere dans cette premiere
charge de l'Empire. C'eft une chofe qui peut
paffer pour un prodige parmy les Turcs, &
dont il ne s'eA jamais vu d'exemple jusqu'à
ce:ce heure, comme peut-eftreil ne s'en verra
jamais. J'ay montré comme leur Politique y
eit cnciéremenc oppofée, & fans les étroites
& particulieres obligations que l'Empire a-
voic à Coprogli, qui d'ailleurs représenta
adroitement au Grand Seigneur qu'il n'avoic
jamais ozé confier clu'à 6)n fils-le fecret des
affaires dont il avoic ~eul la clef, Achmet
qui eft apres le Sulcan la premiere perfonne
de l'Empire, ne feroit à prefent qu'un Sim-
ple ~~Capicaine de Galere.
Le Grand SeigneurMahomet eAancz bien
DU GRAND SEIGNEUR ~7
fait de fa personne, fa taille paffe la medio- Mthomtt
cre, il n'a pas trop d'embonpoint, &: fa fan- t pttfenc.
quircgne

té n'eit pas des mieux établies. Il cft fort in-


commodé d'une defcence qui luy vint dans
un effort qu'il fit à la chaue il y a quelques
années en iautanc à cheval un large roue; &:
ne pouvant toutefois renoncer à la paiïion
qui le domine, quand il ne (c ménage pas
dans cet exercice violent on le defcen quel-
quefois de cheval dans un miferable écac,les
remèdes qu'on peut apporter au mal eflant
devenus inutiles par le peu de foin qu'il a de
fe conferver. Son efprit eH inégal & inquiet,
ce qui donne de la peine à ceux qui le fer-
vent, & quoy que l'on étudie fes humeurs
il eft difficile de le contenter. Il a un fils qui
a eAé circoncis avec beaucoup de folemnité
à l'âge ordonné pour une pareille ceremo-
nie. La Sultane ta mere qui eH magnifique,
pour rendre cette action plus pompeufe &é-
clatante aux yeux des Turcs & des Etrangers,
voulut que la robe que le jeune Prince por-
toit ce jour-là fût toute couverte de diamans,
& fit rompre pour cét e~ec plufieurs riches
pieces du Trelor, où toutes les pierreries fu.
rent reportées.
Je viens de dire que Sultan Mahomet ai-
paulonnémenc fa chaIÏç jusqu'à, faire
me
Gg iit
moins d'ccac de la vie des hommes que de
fes chiens & que d'ailleurs il eft extraordi-
luirement avare. Je donneray dans un ~eul
exemple des marques de l'un & del'autre, ce
qui montrera encore l'adreue de ce Prince à
faire des liberaliicz fans toucher à fes BUMn-
ces. Quand le Grand Seigneur va a la cha~e,
il iaic venir quancice de monde de quatre ou
cinq lieues des environs du lieu ou il vent
chafÏer, pour entourer un grand dfpace de
terre & le fermer fi bien que rien ne puiffe
echaper. Cela ne & peut taire qu'en gacanc
les champs, & en fadganc le pauvre peuple
qui quite fon travail pour entrer dans un
plus rude fous lequel if uiccombc bien ~bu-
vent. Ces coucvees continuelles font na.nr-
murer bien des gens, &: un Eunuque ona
eAon dan& 1~ &veuf ayant pris un. jour lali
berté de représenter au Grand Sdgneur le
pre~udiLce que ceb. caM~bit à. fes fujcs par la
ruine de leurs terres & la perte de leon vies,
il (c mM! en colère & apces quelques ~oncs de
pciton te ehau~ honccM&menc dm &ercuh
Mais en6n ma~ aogmencuic par cet atta-
cbeBMM fi exaaccdamaice qu'it a. pourla.cha~.
(e, le grand Vizir & autres Bâchas re&iuMOC
dëparieflcMou&tdeluyenremoncEtciics mau-
~a~s Cuces;, n'~ ~anc. qoehay qm eo. oza&
DU GRAND SEIGNEUR. ~9
Mourci
plus parler au Grand Seigneur. Le
s'en deffendit d'abord jugeant bien que fa ha-
rangue ne plairoit pas au Suïcan mais enfin
eitanc fort foilicité de rendre ce bon o~Sce
au public, il franchie le pas & prit fon temps
pour luy en parler avec toute l'adretfe dontc
il fut capable. Il ne trouva point de meilleur Ancien;
expédient pour luy ôcer de l'esprit cette paC. necoum-
me~M
flon dominante que de luy représenter la.*Empereurs
coûrume de fes Predeceueurs- qui prenoiencE TMfMdcvivre de
plaifir à s'occuper à des gentilleues & à ira- teurtM-
TtU.
vailler des mains, quand 1~ guerre ou les âf.
faires de l'Etat leur donnoient quelque re-
lâche Qu~ leur exemple les fujets s'appli-
quoient à des chofes utiles, & faifoient 80-
rir les arts dans l'Empire au grand avantage
du public: Que Sulcan Amurat fon onclefai-
foit des anneaux de corne pour tirer de l'arc
Qu~Ibrahim ton pere cravailloit proprement
à des cure-dens 8c autres petits outils d'écaillé
de tonuë; Et qu'il ne&loicpas laiOer perdre
cette louable coûtume, qui donne lieu aux
peuples d'en faire de mefme & de fuir l'oyft-
vête. Il remontra encore à fa Hauteue qu'il
eftoit beaucoup plus honnefte &: plus (don
Dieu de vivre du travail de fes mains, quede
la fueur des peuples & de l'argent des im-
po&s ce que la loy denendok &: que la
dépenfe de bouche de ~es anceftres pour
leur perfonne feule ne provenoit que de
leuf cravail Que veritablement ce travail
n'eAoic pas fort auldu que c'e~oic autant
pour leur diveniuemenc que pour fatisfaire
au précepte de la loy & que quand ils a-
voient achevé quelque ouvrage, ils l'en-
voyoient par une grace particuliere à un Ba-
cha qui le recevoit avec un profond respect
& une cres-grande joye: Que celuy qui en,
eftoit le porteur difoit en la prefentant, que
cét ouvrage eftoit de la main du Grand Sei-
gneur qui l'envoyoit vendre pour fe nourir;
& que le Bacha ou autre à qui il e~oic adref-
fé pour témoigner comme il en faifoit écac
le payoit d'une bonne quandcé de bourfes,
fans conter le prefent qui eftoit dû au por-<'
ceur Que cét argent eAoic deiUné pour la
dépenfe de bouche de la feule perfbnne du
Prince, & que de cette maniere on ne pou-
voit l'acculer de vivre du cravail de fes fujets.
Voila quelle fut la harangue du Moufti &
je diray en pauanc que les Roys de Perfe ont
cette mefme coûcume,oupluco& cecte mefme
tuper&idon. Sous le règne de Cha-Abas on
bâtit à Ifpaham des ~~<M~<M, qui font des
maifons publiques où les Marchands vont
loger, du revenu' desquels on acheie les vi-
DU GRAND SEIGNEUR. ~i
vres pour la bouche du Roy, l'argent qui
vient des doüanes & impofts eftant. tenu à
cét égard pour t~n<w j c'eA a dire pour in-
julie &: dépendu, & devant eftre employé
aux befoins de l'Etat, & non pas à la nour-
riture du Prince.
Le Grand Seigneur dimmulanc le dépit Adttfte
qu'il avoit de la remontrance du Mouni, d&leMthomt[
Sultan

témoigna qu'il prenoit fes avis en bonne P)OM fe du


ranger
part, & fe difpofa de luy montrer dans peu Mottfu.

comme il I~avoic profiter de la leçon qu'il


luy avoit faite. Il Juy avoua qu'il avoit iou-
venc penfé à ce qu'il venoit de luy dire, &
qu'il avoit un mecier en ceAe où il efperoit
de bien réunir. Quelques jours fe pa1ferent
fans que le Grand Seigneur parlaA d'aller à
là chaue mais enfin l'impatience le prend
il fort du Serrail, & pour la première fois de
fa vie tire d'abord-un liévre d'un coup d'ar-
quebuze. A l'heure meCne il l'envoyé au
Moufti avec ordre de luy dire qu'il a Cuvy
fon confeil, & qu'ayant apris le métier de
Chafeur il a. commandé qu'on luy porte cet-
te premiere piece. de fon métier, laquelle il
veuc vendre pour efb-e nourry de l'argent qui
en pourra provenir Qu~Lnemanquepas de
donner vingt bourbes ajeeluy~m la luy por-
te de fa part, & que poùrce~qui eft de&per-
Hh
-r- il fçait bien qu'il luy doit
fonne ce envoyer:
Le Moufti cachant fa iurpriië revoie le lic-
vre avec de grands témoignages de reffenti-
ment & de joye de l'honneur que luy a fait
fa Hautene & ayant donne vingt bourbes
felon fon ordre au porteur du lièvre en en-
voye foixante autres au Grand Seigneur, ap-
prenant a fes dépens & au prix de quarante
mille écus qu'il ne faut pas trop fë méler de
donner aux Souverains des confeilsqu'ils ne
nous demandent pas.
Pour achever le portrait de SultanMaho..
mec, on l'accuse de n'avoir pas toujours l'e~.
prit en trop bonne affiete, & d'eitre rude à
fes peuples qui ne l'aiment pas beaucoup.
Comme il e& m&dgable à la chaue & qu'il
y paue les ~onrs entiers dans la plus grande
rigueur de l'hyver un foir en revenant de
courre le cerf fon grand Veneur prit la har-
dieffe de luy reprefenter qu'en expofant de
la forte fes efclaves dans la neige & dans les
gtaces tl les feroit tous perir, & que la nuic
dedevancileneâoicmortunea'encaine. Le
Prince ~ans s'émouvoir de. cela répondit au
grand Veneur, que s'il fauoic froid on don-
nai une double couverture à fes chiens, &
qu'on prie garde que le &oid~ n'en euafc au-
can) ûms iairemendon des hommes qu'H 6-
Z4;
DU GKAND SEIGNEUR
cri6e à Ion divcrd~Ïemenc. Cette fudtKpar-
ue ~Muette cernée parmy te peuple.il~con-

<
ccu pour <:e Pj-incc une jiaime qui ii€ luy c&
~ns douK pas ijtconauë, & enpardccc
qm l'tloigne de ville Capkale de ion Em-
pire ou ne fe croit pas en &urece.

Da quartier des Femmes.

J~d'a~
~r//
N~
~ao~ar
~MM~j~J~
S OMMAIR. JE.

~t,' Je j
jC~MM~a-~
jH~r,)-j~.
~~f~/a~y Zjtax~My.
y'-T~ ~MB~-

~J%
j~<?~~j~~A~tj~m~
ncme~it
i~u ~reriti
MaM~p&ra~TS~9~~
~&j~pc~
~MM. ~M~
~?~8~
~r~ ~aa-
~Ma~<2nMM~3~M~MM~
1 j
TE~~c~tMdaqaa~~esfcm.
Jmes pour tinEBeEenir ~JemeBC le Lo<aBar biMde
ImBotE-
bien cca-
Hh
de l'impoHIbilicéqu'il y a de le bien connoî-
il
cre, & de fçavoir exaccemcnc ny comme
eft difpofé ny de quelle maniere on s'ygou.
de
verne. Il n'y a point dans la Chreihence
Monaftere de hlles pour regulier & auflerc
qu'il puiuecitre, dont l'encrée foie plus étroi-
tement deffenduë aux hommes; & mon Eu-
nuque blanc qui m'a fi bien fait le détail du
Serrail intérieur où il a demeuré plus de cin-
quante ans, ne m'a pû rien apprendre de
certain de l'appartement des femmes. Il m'a
feulement dit que les portes en font gardées
le Grand
par des Eunuques noirs, & que hors
Seigneur & le Médecin dans une grande ne-
cemcé, il n'y eft jamais entré d'homme, ny
mefme de femme que celles qui y demeu~
rent &. qui n'en forcenc jamais que pour
cRre~renfeQnéesdans le vieux Sùltrà_euri¡
ScE~.Il faut
nombre les
~,ce nornbré
exceMcpjiece
.exce~~f les ~ultS~M~eurï
-'E~nes '~Sneur~ que le Grand Seigneur
faicvenir ouadd il~luy plaift.dans les jardins
du ~erra~, ou quji mene quelquefois à la
promenai fans qu'elles puiuenc e&re veuës
de qui que ce foit. Quatre Eunuques noir~
portent une mamere de pavillon, fous lequel
cft laSulcane & fc cheval qu'elle monte, ala
referve de la cette du cheval qui fort du pa-
villon, dont les deux pièces de devant luy
'<'

J
DU G~ANiy SjltGNEU~. i~
prennent le col & fe lignent au de~Ïus & au
deffous. Pour ce qui eA-du Médecin il n'en-
tre comme j'ay die, que dans une excrémo
neccmcé dans l'apparcemenc des femmes, &
avec de telles précautions qu'il ne peut ny
voir la malade ny'en e~reveu, luy tâtant le
poux au travers û~i crefpe, rouies les autres
femmes .s'eAanc retirées d'aupres de fon lit,
& des Eunuques noirs ayant pris leurs pla-
ces. Voyla de quelles précautions on fe fert
pour ôcer aux femmes du Serrail tous les
moyens d'avoir la fréquentation, ny mefme
la veuë d'aucun homme y &: s'il entre quel-
que Juive dans leur quartier pour :ranquer
avec elles & leurvendre quelquesbijoux, el-
les font exactement vifitees par les Eunuques
noirs, de peur que ce ne foit quelque hom-
me traveity en femme ce qui luy cauferoit
la mort fur le champ. Si la curioûtc de\mel-
ques femmes chreAiennes les a portées à voir
les Sultanes, elles ne s'en font pas bien trou-
vées, & je pourrois en apporter des exem-
ples.
Il femble que par le rapport de ces Jui-
Commer-
ves y auroit moyen de ravoir les embel-ce dttjai-
il
liÛemens des fales &: des chambres du TMtvee
quar- tetSuk~.
tier des femmes, & une partie de ce qui & "f.
paOe daM le gouvernement de cette petite
Hh ii.
République: mais ces Juives n'ont pasiaper-
million d'entrer fort avant, il y a une cham-
bre dcftinée pour leur négoce, & les Eunu-
ques noirs en font les Courtiers. Ils prennent
connoi~ance de tout, & ce que le~ PrinceC.
fes veulent acheter paifant par leurs mains,
J
ils leur font payer le double & le triple de ce
qu'il vaut & amauenc des richefres fans
avoir guere de lieu de s'en. Servir.
Mais faut-il s'étonner de cette grande ex;
a<~cicude à ne pas fbunrir qu'aucun homme,
J
non pas mefme un Eunuque blanc approche
de l'appartementdes femmes, apres une cho-
fe qui arriva a Andrinople en t6}9. $<: que je
raconceray en peu de mors ? Amurat au re-
tour de la prife deBagdecvinc raire quelque
Séjour a Andrinople. il avoicunpage au Tre-
for qui eftoit deTocac enNacolie, & que du
lied de ~anai~Ïance on nommoitTbM~. C'e-
Roic un garçonbien-fait, adroic <&: robu&c,
le Grand Seigneur l'avoic fait Chef des Lui-
tcurs. Un des plus celebresde ce métierarriva
à Andrinopledes confinsde Mofcovie,~ dan~
toutes les villes de fon panage il avoit tou-
jours vaincu ceux qui s'e&oienc préveniez a ta
luite eontre luy. Sa réputation s e~oM: répan-
due dans tout l'EmpB'e où il ne trouva poin?
de Luiceur qui Dehy ceda&, & le Pa~e du
Trefor jaloux de la. gloire de ccc hommeque
tout le monde vantoit, luy envoya un J~-
'M~f pour luy faire civilement un dén de
fa parc, & luy témoigner l'envie qu'il avoit
de luiter avec luy en la. prefence du Grand
Seigneur. H luy fit ravoir en mefme temps
qu'avant que d'en parler à fa Hauceue il
eftoit bon qu'ils conftuiÏent leurs forces, &
qu'a~n que personne n'en fçeuft rien il luy
envoyeroit une robe 6c un bonnet de Bo~M-
gi pour entrer dans le SerraiL Quajid le
Grand Seigneur eft hors du Serrail en quel-
que lieu que ce foit, les Be/Z~py ont pennif.
uon d'entrer & de tbrdr par la porte du jar-
din & comme ils font en grand nombre il
eft aifé de faire pauer un homme fous leur
équipage. C'eA de cette maniere que leLui-
teur entra le lendemain au Serrail à la fblli-
citation du Page qui luy envoya pour cela~
ce qu'tl faloit, le Grand Seigneur e&mc a!.
léala-chaue ce jour-là. Ils fe mirent tous
deux en caleçon de cuir grauÏë, le re&e du
corps nud & graiue de meïme & apres une
ANez longue dupute le Page
eut le deffus,
foit par fa force & par fon adreue, foit que
Faucre luy cedaA par complaifance.. Cette
acHon te pa~Ïa au milieu de la place qui cit
devant le jardin en prefcnce des Muets &
-r-
de tous les Pages du Serrait; &: le Grand Sei-
gneur eftanc d& retour de la. chaue, le Chef
du Trefor luy dit qu'il citoic arrivé un PcA/t-
'B'<ïM
Mofcovite de nation, robufte & de bon-
ne mine, des plus forts & plus experts à la
lute, & que s'il plaiibic à fa Hauceue elle au-
roit de la facisra<~ion à le voir luiter. Le Sul-
tan commanda qu'on'le fît venir dés le len-
demain, & qu'on avercîc Tocaceli de fë te-
nir preft. RHanc tous deux fur la place & en
état de fe joindre', le Grand Seigneur vint
dans une galerie fuivy de tous les Grands du
Serrail pour eAre preienc à ce ~pe<~acle. La
viccoire ayantlong-temps balancé, Se tout le
monde eitanc dans l'impatience de fçavoir
de quel côlé elle toumeroit un Muet fit en-
tendre par ~igne à un de fes compagnons, t
qu'il s'econnoit de ce que le Page à qui la
présence du Grand'Seigneur devoit donner
de nouvelles forcer, avoit cane de 'peine à
venir à bout du Mofcovite qu'il avoit fL ai-
fément vaincu'le jour de devant. Le lans'a-
ge par figne des Muets eR aunt intelligible
dans le Serrail que s'ils avoient la parole li-
bre, &: le Grand Seigneur qui l'entend mieux
qu'aucunAucre pour s'y e&re accoutumé dés
fon enfance, &: &'encretenant le plus couvent
avec eux, fut étrangement furpris d'appren-
dre que leMofcoviteavoiteflé le jour précè-
dent dans la mefme place. La colere parut
auni-coit furfonvifage, il commanda qu'on
cefÏac la luite, &raiianc venir le Page luy de-
manda comment il avoic fait encrer cét hom-
me dans le Scrrail. Le malheureux Tocaceli
qui ne put nier la chofe dont il y avoit tant
de témoins, luy dit comme elle s'eftoit pafl
fée, & le Sultan irrité de j[ahardieue n'atten-
dit pas qu'il eut achevé, pour commander
que le Bo/?<Mp-&M~ vint en diligence, a qui
iî ordonna de fe faifir du Luiteur, &: de luy
faire donner cinq cens coups de bâton fur la
plante des pieds, ce qui fuffifoit pour le met-
tre hors d'état de s'exercer de bien Ions-
temps à la luite. Le Maiftre du Trefor eut or-
dre d'en faire donnerautant au Page~Tocateli,
ce qui fut promptement execute le Grand
Seigneur s'eftant retiré cependant à l'appar-
tement des femmes. On croyoic au Serrail
que ces deux malheureux en feroienc quites
chàcim
pourcinq
chacun pour ce~s coups
cinq ce..s aton
coâps de bacon mafs
le Grand Seigneur qui vouloic de plus leur
mais

more, & qui eAoit pa~ë dans le quartier des


Sultanes afin que perfonne n'y pût venir pour
luy demander îeurgrace, envoya auu~ toAun
fecond ordre au Bo/ZMpL.&M~, qui ponoic que
le Page futpenduàreno-ée de la nuit à un ar-
bre qui eft en un coin de la place où la luite
s'eAoic faite, & le Mofcovite a un autre arbre
qui eft hors la pori.e duSerrail.
Il fembloit qu'apres ces deux executions la.
colere du Prince duc eitre appaitee mais le
lendemain Sultan Mahomet ncappellcrleC<<-
pi- ~<t le premier des Eunuques & grand
Maigre du Serrail, &: commanda que le C~
lad qui efl le bourreau vint en mefme temps.
A cet ordre tous ceux qui fe trouverent pre-
fens ~e jetterent aux pieds de fa Hauceffe, la
fuppliant de confiderer que le C<~t- eftoit
innocent qu'il n'avoit rien fçeu de la har*
diefÏe du Page, & que fi elle fut venuë. à fa
connoinance il n'auroit pas manquéd'en fai-
re un feverc châtiment. Le Grand Seigneur
extraordinairement irrité ne s'appaifoit point
pour leurs prieres, acvouloic que le ~<-J~t
coname grand MaiAre du Serrail repondîc de
tous ceux qui y entroient, quand pour le bon-
heur de ce premier O&cier de la Maiibn du
Sultan le Mou~i furvint avec le Seligdar
qui avec bien de la peine obtinrenc enfin &
grace. Mais ce ne fut qu'à moitié il fut feu-
ÏCtnjent accordé à leur prière qu'il ne mour-
roit pas, & le Grand Seigneur le fit chauer
inooncinenc du Serrail pour n'y rentrer de fa
vie, $c de la dignité deBach&oùUdeYoitpar.
DU GRAND SEIGNEUR lf<
venir eftre réduit à une petite penfion de
trois cens afpres par jour.
J'ay jugé a propos de mettre icy cette ht-
~oire pour mieux établir ce que j'ay dit au
commencement de ce chapitre, de l'impoHI-
bilicé qu'il y a pour qui que cefoit, foit hom-
me, foie femme, d'entrer dans le quartier des
Sultanes, puis qu'on châtie avec tant de fe-
verité un étranger qui oze fans une expreÛe
permiffion mettre feulement le pied dans
une Cour du Serrail.
Voicy donc ce qui fe peut ravoir de cer- Difcer;
tain de l'appartement des Femmes qni fer- ncmen[de
la vérité
vent aux plaiGrs des Monarques Othomans; d'avec la
tout ce. qui s'en débite au de-là n'e&anr ap. (uiet dei
f.tbte&ttt
puyé que fur des imaginadons & des conje- Sulcants.
ctures qui font peuc-cftre fort éloignée& de
!a. vertte. n eu certain que ccqmartierdu.Ser-
rail jouit en partie de la belle vûë de cdoy
du Grand Seignenr, & que jour &: nuit des
Eunuques noirs les plus dinormes & Icspim
a&eux qu'on puine trouver en gardent les
pones. Il e& certain auffi qu'il eH fort peu-
plé & des plus belles femmes de divers
pays
qoi Mrictort de la guerre ou autrement font
tombées entre les mains des Bachas & Gout-
vemeurs de Provinces qui les envoyenr en
prefent m Grand SeigïMO~ On ~aic
que de
liij
femmes le Prince ne
ce grand nombre de
s'attache guere qu'à deux ou trois qu'il aime
le plus & mefme il y en a eu d'auez fages
l'avoir épouiëe.
pour n'en voir qu'une apres
C'eft ce qu'on afîure a Conftancinople du
grand Soliman des qu'il eut donné fa foy a
Roxelane contre la politique des Turcs, de-
puis l'affront fait parTemur-leng à la femme
de Bajazet. Les Eunuquesblancs qui fervent
à la chambre du Grand Seigneur peuvent en
quelque manière rendre raiton de ces chofes7
coucher avec
parce que la femme qui doit
îe Sulcan eft conduite dans fa chambre, &
nouvelle le bruit s'en
que fi c'câ une amour
répand dés le lendemain dans le Serrai!. On
fçait auni que la premiere de ces femmes qui
accouche d un mâle & devient mere de l'hé-
ritier prefomptif de l'Empire Ochoman, eA
confiderée comme premiere Sultane Se traL
:ée felon fa dignité: les autres qui ont enfuir
qualité
te des fils ou des filles ayant aum lafemmes
de Sultanes mais le nombre des
qu'on leur donne pour les fervireftantbeau-
eA anigné à
coup moindre que celuy qui
la premiere Sultane. On fçait enfin que ces
jeunes Princes font élevez auprés de leurs
locs
mères jufqu'à un certain âge & que
qu'ils font aCez forts pour commencer à ap-
prendre quelque exercice,on leur donne des
Gouverneurs & des MaiRres dans un quartier
.répare.
Outre ces chofes qu'on peut fçavoir pou-
tivement du quartier des femmes du Serrail,
on peut croire qu'il n'y a guère moins d'en-
richiuemens qu'en celuy du Grand Seigneur,
puifque c'eH le lieu où il va fouvenr paiter
d'agréables heures qu'il a fon infirmerie,
fesDains & toutes les autres commodirez
que l'on fçauroit fouhaiter. On peut auffi ju-
ger que l'on fuit à peu prés dans ce quarcier-
Ïa les mefmes reglemensqui s'obfervent dans
les chambres desichoglans; qu'il y a de vieil-
les filles qui inAruifenc les jeunes & qui jour
& nuit veillent fur leurs avions & que leur
prifon forcée les porte encre-elles aux meC.
mes débordemens où s'emporte la brutalité
de ces jeunes hommes quand elles en
peu-
vent trouver l'occaGon. C'eft faas doute ce
quia. donné lieu à la fable qui fe débite des
concombres qu'on leur fert par tranches &
jamais endors, dans la crainte ridicule qu'el.
les ne s'en fervent mal à propos ceux qui
l'ont forgée ne fçachant pas quec'eA la coû-
cume dans le Levant de couper ce fruit
par
groues roüelles comme je le diray dans le
chapitre où je parle des jardins. Mais ce
II iij
n'eâpas feulement dans le Serrail que régné
cec abominable vice, il regne aum dans Con-
Aancinople &: dans toutes les Provinces de
l'Empire, & l'exemple des hommes qui aban-
donnant l'ufage naturel de la femme brûlenc
d'un amour décelable les uns pour les autres,
porte malheureuiemencles femmes à les imi-
e cer. Il y en eût une fous le regne de Soliman
qui vint a céc excez de folie que de prendre
un habit d'homme, & de faire accroire qu'el-
le avoit acheté un office de Obto~ pour ob-
tenir d'un artizan de ConAandnople fa fille
unique qu'elle aimoitéperdumenc.ayanccen-
té inutilement d'autres moyens de contenter
fes defirs infâmes. Le père abufé ôc qui eftoit
pauvre accorde fa 611e, le mariage fe &it en
prefence du Cadi, & la fourbe ayant e&cdé.
couverte des le foir me6ne, la femme fut
condamnée le lendemain à efbre jettée dans
la mer pour y éteindre fes fales ardenrs. C'e&
une hiKoure qui court encore dans Con&ao-
tinoplc, & qui m'a eAé jraconcecphM d'une
fms.
Ce débordement de lubricité des femmes
c. eA un e&c 8: une fuite de cdoy des hotn-
mes, & les Turcs font d'autant plus ceecKt-
bles que l'ufage deplu6eurs femmes leur eft
permis. M.dsibtCparonepumidon~nCic~
DU GRAND SEIGNEUR:
foit par les
t r t
forcileges communs en Turquie,
& dont les femmes fe fervent les unes contre
les autres pours'attirer l'a6e<ffion de leurs ma-
ris, on a toûjours remarqué que les Turcs qui
entretiennent plufieurs femmes n'encen-
drent pas tant d'enfans que ceux qui vivent
chaftement & qui ne s attachent qu'à une
feule. Ceux qui ont écrit de la religion de
Mahomet ont fans doute affez parlé de cette
pluralité de femmes, & de la nature du ma-
riage des Tares.
Pour ce qui eft de la maniere dont le AmoM
Grand Seigneur fe gouverne dans la pour- &tt&Me- f
tMda
fuite de tes amours, c'e& un fecret que jeÉ<GMadStt:
ne penecre point, je n'en ay pû nen appren- gneur.
dre, & à moins que de vouloir faire un Ro-
man il e& difficile d'en parler. Ce font des
intrigues qui n'admettent point de confident
qui pui~e les éventer, tout ce que l'on ed
aebice eft peut-eftre fort éloigné de h veri-
té & d'ailleurs il faut avoir du refpeet
pour
tous îe? Princes, & taire ce que.l'onpourfoit
ffavoir de leurs fecretes amours.
1~6 RELATION DU SERRAIL

CHAPITRE XVIII.
De rentrée à Conftancmople de la Sul-
cane mere du Grand Seigneur, appel-
lée par honneur /<<
le i. Juillet i<$68.
SOMMAIRE.
Ordre de la marche. 2~~
~~7~-
~or/. ~n~jr ~J~M~, Def-
/w~? de ta regarder..
LE deuxième Juillet mil fix cens foixan-
t ~ce-huic. la Sultane du Grand
mere Sei-
gneur & fon retour d'Andrinople fitfon en-,
tree a ConjUandnople où j'eftois alors. En
voicy la. manière.
Ordre de Sur les fix heures du matin quelques Ja-
e
la nattthe.. nimures avec
] peu d'ordre prirent le chemin
du Serrail, tantoft dix, cancoA vingt par pe-
cices bandes détachées, ce qui dura quelque
temps. Deux cens hommes à cheval de la
maiibn du Ce/o~Zow, c'eit à dire du Favori du
Grand Seigneur marchoienc enfuite,le mouf
quecon
-) 1
quecon appuyé fur l'arçon de la. felle & cous
auez mal vécus, de meûne que les OHiciers
de fa cuifinequi les tuivoienc mal propres &:
mal montez. Apres eux on vie paroiitre en
meilleur ordre la maifon du ~t~<MM, fes Of-
ficiers tant de la chambre que de l'écurie
avoient d'auez beaux chevaux, & chacun la
vcitc jaune. Les J~~t Gardes du Corps de
la SulcaneMere au nombre de quatre cent,
~uivoicnc en bel ordre bien montez & bien
vétus. Ils avoient tous la cotte de maille
avec la vcite de ra~ecas rouge, & portoient
au côcé droit le carquois de velours rouge
brodé de fleurs d'or, & au gauche l'arc dans
un écuy de velours verd brodé de mefine. Ils
avoient chacun le pot en ceAe & autour un
turban blanc, & du pot pendoient de petites
chainettes de maille comme une maniere de
cheveux, dont ils fe fervent dans l'occa~on
à parer le col & le vuage. Chacun d'eux
a-
voit de plus la lance à la main, & les houf
fes de leurs chevaux eftoknc de l'une des
trois couleurs, jaune, violet & rouge, d'une
belle écoHe avec une broderie d'argent. Le
~<t~M~ venoit après avec une grande ai-
grece fur fa ce~e de trois pieds de haut ce
qui le faifoit paroi&'e & le dt~ouoic des
autres Spahis. Au poitrail de fon cheval
eftoient attachées une douzaine d'écharpes
qui pendoienc négligemment, & il eicoiciui-
vy de fix Pages qui avoienc des bonnets à
l'Efclavone des velces rouges rccrouuëes,
& des chauffes jaunes.
Apres les Spahis pauerenc plufieurs JaniC.
faires en confufion fuivis de deux censhom
mes à cheval, & à leur queuë marchoit le
Janiuaire-Aga qui avoic tres-bonne mine. Il
avoic pour eltahers fix beaux jeunes garçons~
qui avoient chacun derriere l'épaule une efpe-
ce de carquois remply de petits bâtons, qui
font une maniere de fléches qui n'ont point
de fer au bout.
Enfuite parurent douze hommes qui font
comme lesMaiitres des cérémonies, dans un
équipage ridicule. Ils portoient un bâton
d'argent fur l'épaule, leurs habits eftoient
gaj-nis de fonettes, & ils avoient un bonnec
a oreilles d'âne qui pendoient en bas.
Cette troupe extravagante fut fuivie de
cent C~~M tous bien montez chacun la
lance à la main avec un drapeau attaché du

Le C~
hauc en bas, ce qui faifoit un tres-bel eScc.
venoit à la queue, diftingué
des autres par une haute & large aigrete qui
relevoit fort fa bonne mine.
Apres eux venoient cent C&<o<Mf bien ve-
DU GRAND SEIGNEUR, lya
tus & bien montez, & leurs gros bonnets en
tefte Et à leur queuë marchoit le ~<t~<<M~
avec un pareil bonnet, accompagné devinée
Pages leitemenc vécus.
On vid pauer enfuite cinq ou fix censBo-
~~M avec leurs bonnets en pain de fucre
l'habit de coile rouge, & le moufquec fur l'é-
paule. Le Bq~c~ venoit apres eux vé-
tu & monté fuperbement avec le bonnet de
Chaoux en ceAe, & grand nombre de gens
à
fes côcez.
Deux cent C<t<~ parurent enftiite dans un
bel ordre vétus modeitemenc, avec la botte
de maroquin noir, & le turban blanc fait
comme un gros peloton.
Ils efloient fuivis des J~w~ qui fe difent
parens de Mahomet & qui faitoienc une
troupe d'environ foixante. Comme parens
du Prophete ils portent Ïe turban
vert, & le
portent d'une groÛeur extraordinaire.
Les deux principaux Officiers du Moufti,
(car il ne fe trouve jamais en ces fortes de
cérémonies) venoient apres les Scherifs &:
eftoient vécus de blanc ayant une contenan-
ce fort religieufë.
Le Co/o~/Mx ou favori du Grand Seigneur
Rtche~e
paroulbic enfuite fur un beau cheval, donc d'un &ve-
le harnois eAoic des plus riches. Les écriers ri.
K k ij
croient d'or, & la houÛe eAott relevée d'une
broderie dor & de perles. il avoit une ve~c
de brocard rouge, & le bonnet comme ce-
luy des Chaoux. Deux hommes tenoient les
refnes de fon cheval qui n'alloit qu'à cour-
bettes & qui fe fentoit de la. bonne mine
de fon maiitrc. H e~oic de belle taille &
beau de vifage, ayant l'air fort doux & Spi-
rituel, & chacun le falüoit à mefure qu'il a-
vançoit vers le Serrail. Son écoric marchoie
apres luy, & cinquante Palfreniers menoient
chacun un cheval en main, & ces chevaux
croient des plus fins & leurs harnois des
plus riches. On tient que ce favori qui a un
très-grand mérite a aont de cres-grands
biens, & qne fon train foit en nombre de
vatet&, foir en nombre de chevaux, furpaffe
celuy de plu~eurs grands Princes.
Une troupe d'Eunuquesnoirs marchoient
apres en confufion devant les carones de la
Sultane mère, tous bien montez & magoin-
quemenc véms de dî~Sarences couleurs.
Six C~pr à cheval parurent en&tts au-
tour du premier caroCe orc par fix beaux
chevaux. Chacun avoit la lance à la main,$
& roc voyait au bout une queuë de cheval
teMKe en rouge pâle, ce qui rai6)it connoî-
cre q~ q~elepes Bachas MiYoycRC, CMnmc
en effet il y en avoit qui e~corcoyehc le fé-
cond caroffe tiré par fix chevaux blancs,
dans lequel eRoic la Sultane mere avec uneJ
autre Sultane. Deux Eunuques noirs fe te-
noient a chaque portiere qui citoie fermée
d'un petit treillis, afin que les Princeues puf-
fent voir fans eitreveuës. Cela n'empéchoit
pas qu'à mefure que le caroue de la Sultane
paÛbic, on ne criaU: au peuple de détourner
la veuë & de ne pas regarder, à quoy il faut
exacceinencobéir, ôc pardculiéremeïtcen Per-
fe où il fe faut alors recirer bien loin, à moins
que de fe mettre au hazard de recevoir aufli-
coA un coup de fabre.
Douze autres caroffes à quatre chevaux
où eAoienc les eftia-ves~ des Sultanes, paue-
rent enfuite avec deux Eunuquesnoirs à cha-
que portiere creilliuee apres quoy fuivirent
plaCeurs litieres, & quatre grands chariots
pleins de neige pour Fufage des Sultanes &
de leur fuite.
Toute cecce cavalcade compo&e de cinq
a. fix mille hommes fut prés de trois heoresa
pauër, & ayant craverieConAandnople elle
le rendit au Serrail dans l'ordre & l'équipage
quejevien&dedire. <
PinScanFran~oîsdeGualicé~ufeatlaLCM-
~oCe~de voir cecceEno'ee, &il avou: en-
Kk üj
i62. RELATION DU SERRAIL
tr'autres Meffieurs Ribbier de 1 Villeneuve
~11
Confeiller au Parlement de Paris le Mairat
Confeiller au Grand Conieil, Boulin Con-
feiller en la Cour des Aydes l'Abbé de Cham-
phuon de la Saulfaye, tous Parmens & Mon-
jficur Aubert né dans la nouvelle France &
originaire de Normandie, fils du Gouverneur
de la Guadaloupe.

CHAPITRE XIX.
Des Jardins du Serrai!.
SOMMAIRE.
Revenus des jardins f~/M~
tiende la table du Grand Jc~~M~~
/v-
Concombres ~O~~jL~
ils les S~
j~M~Co~~T~-
tins, comme

~'o~ ~Vo~v
mangent.

de V~n~-
~HWV.

~EsT une ancienne coutume ou plû-


RevMM
des jardina ~~to& une loy établie par les Princes 0-
onp!oy<z chomans,
à t'tnMe-) 1 de vivre du revenu de leurs jar-
DU GRAND SEIGNEUR. i63
dins qui eft employé à l'entretien de leur tien de f*
table pour leur bouche feule & ils en ont ttb)t du
Grand Sti-
'gneut.
plufieurs au voifinage de Conitancinople du'
côté de l'Europe &: du côté de l'Afie le lon~
du rivage de la mer. Mais je ne veux parler
icy que des Jardins duSerrail, & je ne pauc-
ray pas les bornes que je me fuis preicrices
dans cette relation.
Il y a dans le Scrrail de petits jardins aneurs
en div~t~pparcemens, & particuliérement
dans celuy du Grand Seigneur, comme auui
fans doute dans le quartier des Sultanes, &: il
ne s'y trouve rien de fort extraordinaire pour
m'obliger d'en parler. Le grand jardin dont
le Bo&angi-bachi a l'Intendance, comme de
tous les autres qui appartiennent au Grand
Seigneur, environne la plus grande partie du
Serrail, & eft compote de quantite d'allées
plantées de Cyprès. On les néglige fort, &
dans la plutparc on y laiue croître des brof-
failles. Quand on fçait que le Grand Seigneur
doit venir le promener, un grand nombre de
Boûangis nettoyent promptement les allées
où il paUë d'ordinaire,&: les efpaces qui réf.
tent entre ces allées font autant de jardins
potagers ou des vergers qui portent d'auex
bons fruits. Il y a des laizes & des framboiies
en abondance, Se fon y void de grands car-
reaux de melons & de concombres, mais beau-
coup plus des derniers dont les Levantins
font leurs délices. Leplusibuvencilslesman-
gent fans les peler, apres quoy ils vont boire
un. verre d'eau. Dans toute l'Afie c'eH la nour-
ricure ordinaire du petic peuple pendanc crois
ou quacre mois, toute la famille en vit, &
quand un enfant demande à manger, au
lieu qu'en France ou ailleurs nous luy donne-
rions du pain, dans le Levant on~t~reien-
ce un concombre qu'il mange cru comme on
le vienc de cueillir. Les gens de travail & qui
fatiguent beaucoup, comme les Chameliers
&: ceux qui ont le foin des chevaux & des mu-
les dans les Caravanes, font une maniere de
falade de leurs concombres pareille à celle
que nous donnerions à nos chevaux. Quand
tîs font arrivez au giAe où la Caravane doit
s'arrêter ils prennent un grand bauin qu'ils
empituenr d'eau, où ils délayent quelque peu
de lait caillé qui eit déja aigre, & ils coupenc
quantité de concombres par groues manches
qu'ils jettent dedans. C'eA un plaifir de les
voir manger. Entre dix ou douze qui fe ran-
gcnc autour de ce bauln, il n'y a qu'une cueil-
1er qui fait la ronde & que chacun prend à
fon tour jufqu'à ce qu'il loicvuide. Apres ce-
la. ils boivent de l'eau, & ceux qui en ont le
.0.J
moyen vont prendreune t~fle de caffé,ou fu-
mer une pipe de tabac.
Mais il faut tour dire Les concombres
dans le Levant ont une bonté particuliere, &
quoy qu'on les mange crus ils ne font jamais
de mal. L'hiftoire des concombres qui
ferent la cruelle mort de fept Pa~es de cau-
la
Chambre du Grand Seigneur, n'eft peut-efire
pas connue de tout le monde ou du moins
tout le monde ne f~aic pas pourquoy les
Pages de la Chambre ne vont plus dans les
jardins. Sultan Mahomet II. du
nom fe
promenant dans les jardins du Serrail fuivy
de fes Pages, fut Surpris de voir
un carreau de
concombres qui eitoienc déjà beaux &
traordinairement avancez pour la ~aifbn. ex-
Comme il les aimoit fort il les recomman-
da au Bo/?<Mp- qui les conçoit
tous les
jours, & attendoit avec impatiencequ'il
eût quelques-uns de meurs pourlesprefenter y en

au Grand Seigneur. Quelques jours apres al-


lant vifiter le carreau, il trouva qu'on
avoic
pris trois ou quatre concombres de
ceux qui
croient prefque en maturité, & &Hanc
recherche exacte de ceux qui pouvoiencune
a
voir eu cette hardieue, il fceut qu'il n'yavoit
que des Pages de la Chambre qui avoient e~é
ce jour-là dans les jardins. Il enRcaum-coA
fon rapport au Grand Seigneur qui en fut
dans une excréme colère, & qui ne pouvant
faire avoüer la choie à aucun des Pages, par
une cruauté inouye & fans exemple fit ou-
/rir le ventre àfept. Le larcin ie trouva dans
le ventre du fepciéme de ces malheureux gar-
dons lequel n'avoir ozé
confeuer fa faute,
Se qui croyoit que la colere du Prince n'iroic
pas fi loin. C'eit depuis ce
cemps-la&: en me-
moire d'une accion û étrange, que les Pages
de la Chambre ne vont plus dans les jardins
du Serrail ce qu'un Prince a ordonné com-
me je l'ay remarqué ailleurs, n'eHant jamais
révoque par fes ~ucceÛeurs qui portent ce
re~peû: aux Edits de leurs ancccres.
Au milieu de la grande allée qui va du Ser-
rail à la. porte de la mer qui regarde Scuda-
ret, on void une pyramide élevée fur un pied.
d'e&al en quarré, & que quatre hommes au-
roienc de la peine à embraf&r. Autour du
pied-d'eAal onalai~s croi&re quelques broC.
hilles, & apparemment c'câ a de~Ïein afin
que l'on n'en puiffe approcher. Du banc en
bas de la pyramide tout eft remply de 6gu-
res dont fon a rompu les ceAes, &c l'on peut
juger par quelques refies qu'il y en awoKune
belle en haut pour le couronnement del'ou-
vrage Cette pyramtde eA ~embkbtc I?
DU GRAND SEIGNEUR. 167
Colomne de Trajan qui eft à Rome, & a les
voir l'une & l'autre on croiroit qu'elles font
d'un mefme m~iitre.
Toutes les Fontaines des jardins ont leurs Fonttt-
bailins de marbre de differentes couleurs. net. r
Proche de chacune il y a un petit échaHauc
environné de baluftres, que l'on couvre de
riches tapis & de carreaux de brocard quand
le Sultan s'y vient promener; & ce n'eA qu'a-
lors qu'on fait ~ouer les eaux dont il donne
fouvent le plaifir aux PrincefÏes qui luy tien-
nent compagnie. Deux mille .Bo~M~ fontde Nona&w Jtr<U.
deftinez à la culture de ces jardins, & non-ni<n.
obftant cette quantité de gens, ils n'appro-
chent point de la propreté ny de l'embcilif-
fement des noftres.

Ui;
168 RELATION DU SERRAIL

CHAPITRE XX.
Des Princes qui fuivent la Religion
Mahometane en Europe, en Afie~
& en 4frique.

Loix

de
~W~r/J
SO

/«r j~
M M

~0~~
hometans. ~r~f ~~7~?
/<<Ro~
AI RE.
2~-
~Xf

vent la ~o~~~n~f~M'
~~M~~4<~0/<<f~f. 2)/T/<
fes routes que pr-ennent les Mahome-
/f D~&&o~r
~o<<r/? ~~Jyw
Prophete.
tombeau de leur

f fiali. C~M~
aller au pulcre de
M~cM~i~ de journées <~ cbe.
min. Holocaufte <f~ ~o~o~.

ï-obtgt.T'A Y eu fi fouvent occaCon dansla rela-


MMiM don que je viens de faice du Serrail de
pOMMa-j,
MttatS*.parler de la Religion de Mahomec, que je
attde < i
DU GRAND SEIGNEUR. ï.69t
veux bien avant que de finir ce travail, faire'Htt!.
M'heme-
voir ju(ques où elle s'étend dans les trois par*
ties de noftre grand Continent le Mahome-
time n'ayant jamais mis le pied dans celuy
qui a efté découvert depuis deux fiecles. Je
ne touche point à la doctrine dont l'on m'a
afÏuré que bien des gens ont écrit, &cen'eit
proprement qu'une carte Géographique que
j'orne au Lecteur, de tous les pais de l'Euro-
pe, de l'AfIe, & de l'Afrique, occupez par
les Secraceurs de Mahomet. Qupy
que les
opinions.de leurs Docteurs fbienc différences
touchant l'explication de la Loy, & qu'il y
ayc principalement deux grandes Secces, cel-
le de Mahomet qui eft la tige & celle de
Haly l'un de fes principaux Succeûeurs; ces
deux (ectcs generales & les particulieres qui
en derivent, font toutes d'accord dans les
points fondamentaux cpe chaque Mahome-
tan eft obligé en confcience de pratiquer.
J'en ay parle en faifant mention de la priere
que les Turcs font tenus de iairc cinq fois
le jour, &: le pèlerinage de la Méque eft un de
ces principaux articles. J'en ay auuldit quel-
que chofe au chapitre qui traite du prefent
que le Grand Seigneur y envoyé tous îeyans,
& j'acheveray en celuy-cy de bieir expliquer

cette madère.
LI üj
Nous n'avons dans l'Europe de Princes
Mahométans que l'Empereur des Turcs, &
le Kam de la petite Tartarie mais dans l'A-
fie il y en a plufieurs qui font puiffans & qui
occupent de grands pais. Le Grand Seigneur
y étend fa domination au de-là des fources
& des embouchures du Tygre, & vers le
Nord ju~ques aux terres des Mengrelicns.Pour
aller de fuite du Couchant au Levant, après
le Grand Seigneur il faut conterles Princes des
trois Arables avec plufieurs defquels j'ay
fouvent parlé en deux de mes voyages où
j'ay e~é obligé de traverfer les déserts. Le
Roy de Perfe le grand Mogol, le Roy de
ViÉpour~ le Roy de Golconda, les Roys de
la cote de Malabar dont le plus confidera-
ble eft celuy de Comorin le grand Kam de
Tarcarie~ &: les Roys des Montagnes au Nord
de la mefme Tartarie qui font cno'€z dans
la Chine tous ces Roys dis-je fuivent la
Religion de Mahomet
Dans les lues d'Orient, k Roy des Mal-
dives le Roy d'Achem ou de Samaera, l'Em-
pereur de Jav&, ie Roy de Bantam dams Lt
meGne Hie, & le Roy dcMaca~ar,&ni tom
MaiMMnetans.
Pui&pM~ay p~r!é ~e TEmpetenr de Ja;va,
je diray en paÛanc que je remanpay c&anc
DU GRAND SEIGNEUR. 171
dans cecce liïe que le fils aîné de l'Empereur leurnetEmpe-
de
qui regnoic en l'année 164.8. avoit fix doigcs Java.
d'égale
tant aux mains qu'aux pieds, tous
longueur.
Les Roys de Perte, de Vifapour & de Gol- f(uivent)*
Roys qttt

conda fuivent la fe<~e de Hali; & les Roys jd~o~rint


de Hali.
des Montagnes de Tartarie avec quelques
D'ail-
autres ont auffi des (e~es particulieres.
leurs il faut remarquer que hors le Grand Sei-
Arabes, &
gneur, le Roy de Perfe, lesPrinces
k Kam de la grande Tartarie, tous les autres
Roys que j'ay nommez n'ont que des Ido-
latres pour leurs fujets, & que tout le menu
peuple eft plongé dans les tenebres du Paga-
nifme. Mais pour les grands Seigneurs avec
de
toute la Soldatefque ils fuivent la Loy
Mahomet.
Dans l'Afrique il y a un Roy Mahometan~
qui commande le long de la côte d'Abex qui
regarde l'Arabie heureuse jusqu'au Cap de
Guardafu, 8c fa domination s'écend fur la
Mer-rouge & fur l'Océan. Les Gouverneurs
que le Grand Seigneur tient en Egypte, &
dans les Hies de la Mer rouge, & ceux qu'U
établie le long ~e la côte de Barbarie, à Tri-
poli, a Tnnis, & a Alger, qui prennent. le ci-
tr&de R.oys,&M auuiMahometam &: ennn
~eRoy de Fez & de Maroc &it la mefme Loy.
Tous ces Roys& Princes s'accordent prin-
cipalement en ce point, qù'ils fe croyent obli-
gez d'envoyertous les ans un prefent à la Mc-
que, qui con~(te d'ordinaire en de riches
tapis pour mettre fur le fepulchre de Maho-
met. Quelquefois ces prefens fe font par un
voeu particulier; & dans un voyage que fis
à Agra, le grand Mogol pour remercier le
Prophete du recouvrement de fa fanté, en-
voya à la Méque un Alcoran eK:imé quatre
cent mille ecus qui avoit au milieu de la.
couverture un diamant de cent trois caracs y
le refte eftant garny de diveries pierreries de
côté & d'autre. L'occafion de ce prefent fut
la peur que luy donna un Brameré qui luy
dit qu'il mourroit avant qu'une année ~epai-
fat, ce qui toutefois n'arriva pas. Mais le Roy
à cette funefte predichon eitant entré en co-
lere, & à la demande auez rude qu'il fit au
Brameré s'il ~avoic auui le temps de ~amorc,
luy ayant c~é répondu que ce feroit dans
trois jours, ce qui arriva en eHec le crouléme
jour, il y eut auez dequoy l'éconner, & luy
faire craindre pour foy-mefine un pareil éve-
nement. C'eA ce qui le porta a envoyer un
prefent de fi grande valeur au tombeau de
Mahomet,pour reconnoinre la grâce qu'il
luy avoit &ite de rendre fauue la prédiction
DU GRAND SEIGNEUR. ~7;
du Brameré
1% 1 nRoy n'ayant pas
le mefme
~_r cité
_nt
malade.
Lors-que j'ay parlé du pelerinage de la Divet&t
Méque au ~ujef de la tente & du tapis que le r1routes que
prennent
Grand Seigneur y envoye tous les ans je,les Mtho-
<nt[M<
n'ay point fait mention des diverfes routesttndtem
pontfe

que prennent les Caravanes, felon les diversdtkut?«)"


[Otnbtta
endroits du monde d'ou partent tous les ans phttt.
i
de grolfes troupes de Mahometans.
Premierement les Ambauadeurs que les
Roys des iHes que j'ay nommez, & les Roys
des Indes au dc~a du Gange envoyenc au
Chek de la Méque avec leurs prelens, fe
rendent par mer a Mocha ville maritime de
l'Arabie heureuie, & de là à la Méque fur
des chameaux.
Les Perfans qui habitent le long de la mer
viennent tomber à Ormus ou au Bandar, &
ayant paifé le Golfe qui en cet endroit-là n'a
que douze ou treize ùeuës de large, traver-
sent r Arabie pour fe rendre à la ville du Pro-
phete. Mais ceux de la haute Perfe vers la mer
Cafpiene &: tous les Tartares viennent à
Tauris,&: de Tauris à Alep, d'ou partent les
~-andes Caravanes qui traverfent les deferts
& rendent les pelerins à la Méque. Quelques-
uns prennent le chemin de Babylone, mais
rarement, parce que le Bacha exige d'eux un
Mm
tribut, & particuliérement des Ferons qu'ils
eitimcnc hérétiques &: c'eit ce qui oblige le
Roy de Perfe de deffendre à fes fujets de
prendre cette rouce (e piquant d'honneur
contre le Turc.
Quelques Perfans les plus devots & plus
zelez pour leur (e~e prennent la route de
Babylone, parce qu'elle les mené en mefme
temps au fepulchre de leur Prophete Hali qui
n'en eft éloigné que de huit journées. C'efc
le lieu le plus miierable de tous les lieux de
la terre & qui n'a que de tres-méchanccs
eaux de certains puics, &: d'un canal que Cha-
Abas fit conduire de l'Euphrate, mais qu'on
a laine entiérement ruiner. Pour y boire de
bonne eau il faut l'apporter de cinq ou fix
journées loin de-la & ce faux Prophete donne
cette peine à fes devots que de les faire venir
de fi loin pour mourir de foif & efire fi mal lo-
gez. La dernière fois que je paÛay les deferts
j'arrivay a ce décelable lieu, parce que nous
rencontrâmes un Courrier qui eftoit parcy de
Babylone avec deux Arabes qui l'accompa-
gnoient, qui nous avertit que les Troupes du
Grand Seigneur qui venoient de prendre Ba-
bylone commençoienca dénier, & qu'aCuré-
ment elles fe faifiroient de cous nos cha-
meaux pour leur bagage. C'eft ce c~ui nou<
DU GRAND SEIGNEUR.
obligea de tirer plus vers le Sud, & de nous
enfoncer dans le defert, que nous demeurâ-
mes Ibixante-cinq jours à traverfer pour évi-
ter la rencontre de ces Troupes.
Pour ce qui eit des Princes d'Arabie ils n'ont
pas beaucoup de chemin à faire, parce qu'ils
font les plus voifins du tombeau de Maho-
met.
Les Mahometans de l'Europe fe rendent CiUMt
à Alep pour joindre la Caravane, & ceux de l'ttn rntnf
:uttnx<!e
l'Afrique paffent au grand Caire, & fe ren- iix-huit
!0)Mn~M
contrent dans les deierts avec la mefme Ça- <te chtmia.
ravane d'Alep à dix-huit journées de Medi-
ne, où il fe trouve une eau qui va par un ca-
nal jusqu'à cette ville pendant les dix-huic
journées de chemin. Ils croyent par tradi-
tion que cette eau fut trouvée par leur Pro-
il
phète Mahomet comme traverfoit le de~er:
avec fbn annce c~ti mouroic de foif, & qu'en
voulant boire le premier il fordc une voix
de l'eau qui luy cria: P~o~w M <ywM~t
<MC~v; QujLl répondit à la. voix .B«'poM-~
~o~, e~~yy~ ~«'~ ~?~o< ef~t<i D<~
~M MOM~ en ~OOMM~MM M~O<M't de W~M:
Qu~alors pour la féconde fois la voix répli-

/w'
quant P~&~ luy dic-eIIeyCMMM~
& qu'au~n-co~ qu'iL eue padé, l'eau
y/
fit un canal fous terre, & le~ &ivic jufqua.
\fm ij
Medine. D e Damas, de Jerufalem, & du Cai-
re on conte quarante journées de chemin jufL
qu'à Medine, & c'eft à la vingt deuxiéme
journée qu'on trouve cette eau. C'eA en par-
tie pour voir cette eau miraculeuse que le
Propheee a adoucie, & qu'il a fait couler du~
rant dix-huic journées de chemin, qu'il va en
ces lieux-là un fi grand concours de peuples
de tous les endroits du monde il n'y a point
de Mahometan quelque éloigne qu'il puiffe
eAre, & pour peu de fanté & de bien qu'il
ayr, qui ne doive aller une fois en fa vie a la
Méque en perfonne, ou y envoyer quelqu'un
pour luy.
Apres que les pèlerins ont demeuré quel-
ques jours à Medine, ils fe rendent a <?~.
c'eA à dire, où les Turcs croyent
qu'Adam trouva Eve fa femme cinq cens ans
après que Dieu l'eut créée. C'eA une ville
dans les montagnes a deux journées de Me-
dine, & a une d'BoMM aucre ville qui eA
moitié chemin. Dés que les pelerins y font
arrivez,.tous ceux qui ont le moyen achè-
tent un mouton pour faire un holocauAe, &
le partager apres aux pauvres, n'en
pouvant
garder plus de deux livres' pour eux. S'ils
manquoient à cela & qu'on vint a le ravoir,
uxnc ponaoient de ponte leur vie tc~trera~
DU GRAND SEIGNEUR: 177
zer la ceAe ny couper les ongles. De C~
draffa ils recoumenc à Medine, où l'ontient
compte du temps que la Caravane y eft arri-
vée, parce que tous les pèlerins qui viennent
par terre, fonc comme j'ay die ailleurs nour-
ris pendant dix-~epc jours mais ceux qui
viennent par mer font nourris tout autant de
temps qu'ils y demeurent, quand mefme ils
y demeureroienc couce leur vie.

-l'N.

&f~~Pw~~X~.
p A IL GMce<e Privilege du Roy donné ~Pt-
ris le i~. Novembre ï~.& de no&te Regne
le c'ente.deuxicme. Signé par le Roy en fbn
Gon&il BoucoT. Il e& permis -i'
0- g-,lEAN-BAt-
TiSTB TAVBimiE!t. E&uyerBarond'Aubonne,
faire imprimct, vendre &: debitet un Livre indm-
le .Xf/~M ~M~' <«'7 C~a~ ~~a~
durant le temps &: efpace de dix ans, a compter du
jour que ledit Livre fera achevé d'imprimer pour la
premiere fois &: denrnfc.s font laites a tous Im-
primeurs, Libraires, &: autres perfonncs de quel-
que qualité Se condition qu'ils foient, d'imérimer ou
faire imprimer, vendre & diitribuer ledit Livre fous
quelque prétexte que ce puiur eftre, fans le confen-
tement exprès de l'Exposant ou de ceux qui auront
droit de luy, fur peine de connfcadon des Exem-
plaires contrefaits au préjudice des présences,& de
quinze cens livres d'amende, dépens, dommages
Se inicreds dudit Expofant &: de ceux qui auront

1 Original..
droit de luy, ainû

~M~'«
qu'il eu: plus amplement porce par

Le ~«r 7'«twn!«r Baion ~<y:~ droit


<~ yrwt/~f < C<rv«.fC/eM~<a~' en joxyr
peur tout le
cf/nf
fM~~artc par c- /'<tece~~
ff ledit C/«/r<f a ~et/ «~ ~~M ~nr/Mf
~n-'f~.
olivier de ~<~f!t<tM <M~ ~fA<M<< Z~n<~c,~
/eMr/Mf<Mf /'<<fM~~Mt Mn-'ftt.r.
7'
Regl&ré HK le Livre <te ht Cocomantmte det Libraires 6e
Imprimeurs de Pans le tg. Novembte 167~ (hivac: rAneA
du Paiement du S. Avril K~ & celuy du Con&il Pnvé da
dù sj.
Roy du i~. Si~y~r~~
17. Février i66s: S'
~n~aM~J~M~ a Syndic.
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