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S O X
la fûhrt kein andrer Weg
iSchillïr.)
PARIS-
DU MÊME AUTEUR
CHAIR MOLLE.
En Préparation
ÊTRE.
EN DÉCOR.
SOI
Es fiihrt kein andrer Weg
l^SCHItLER.)
PARIS
TRESSE & STOCK, ÉDITEURS
8,9, 10, il, Galerie du Théâtre-Français
1886
Je dédie ce livre,
et d'écrivain.
Rome, dans la salle à manger de
l'Hôtel Britannique, Marthe Grellou
paisiblement digère.
Elle garde dans sa bouche quelques gouttes
d'une sauce délicieuse, et dilue à flots de salive
ce jus. Les piquantes saveurs ainsi atténuées
sont plus exquises.
Aux joues de la jeune fille il monte une cha-
leur sa poitrine doucement se meut dans
l'étreinte du corset. Et ces impressions lui cau-
sent un plaisir, même un orgueil la gastro-
nomie étant un vice de bon ton.
Elle a posé son couvert dans l'assiette vide,
elle regarde autour d'elle, contente. Tout est
ornement. On fait ceinture à la table oblongue,
blanche, bordée d'assiettes à chiffresd'or, divisée
SOI
-– Mademoiselle
La jeune fille ne se laissa pas deviner sommeil-
lante par la bonne et elle se hâta de répondre
avec un ton fâché
– Eh oui Que voulez-vous? Quelle impa-
tience, mon Dieu
SOI
– Oui, mais.
– Oui, mais, oui, mais ce sont vos parents,
nos cousins; des Drafner-Ribéride, des Lorion-
Grellou, des Jean-Baptiste Grellou et Octave
Grellou, de beaux gars, là, hein ?
Il riait, il courait les entretenir d'argent.
Quand il les engageait sur ce thème, eux ne
tarissaient plus, enthousiastes « de la terre, de
l'argent » Ils retournaient leurs âmes comme
des poches, ils exaltaient leur avarice de paysan
comme une vertu unique, propre à eux seuls
et, sans cesse, revenait en leurs discours l'expli-
cationde leurs mariages ou lesfuturs s'estimaient
par vaches et par hectares.
A ce moment, Luc se levait, occupait le
piano, jouant en sourdine, pour ne les point
interrompre, la valse de l'or, une harmonie de
notes cliquetant comme des écus entrechoqués.
Et si un vieux rustre s'irritait au récit d'une
perte pécuniaire subie vers une époque ancienne,
le musicien accompagnait crescendo la voix
montante et jurante du narrateur, en activant
la mesure des sonorités métalliques.
Marthe, Ribérideet les intimes de la maison
se gaudissaient discrètement sans que le culti-
vateur devinât l'ironie; au contraire il s'échauf-
SOI
Et Henriette pleura.
Marthe se comprit malheureuse de n'avoir
personne sur qui elle s'apitoyât.
Cinq jours plus tard, le journal français narra
la grande victoire de Bapaume et les deux exi-
lées connurent que le régiment de leurs mobiles
avait chargé à la bayonnette.
Henriette sanglotante à l'appréhension de Félix
tué. Elle délira et on la dut mettre au lit. Marthe
la soigna. La malheureuse folle trépignaitet lacé-
rait sa longue chemise blanche. Toute maigre,
les cheveux dénoués, elle se dressait debout,
elle appelait son mari.
Il est mort, puisqu'il n'écrit pas.
Et à chaque personne, elle interrogeait an-
xieuse
Dites-moi si Félix a écrit.
Bientôt, elle crut qu'on lui cachait cette mort,
et elle voulut partir à Bapaume. Il fallut que
Karl vînt pleurer près elle et la suppliât.
Marthe fut tout ahurie au spectacle de cette
douleur extrême qu'elle ne pouvait convaincre
et qu'elle se savait incapable de ressentir, étant
énergique et forte.
Henriette avait sous les draps de longuescris-
pations de ses jambes, des ramassis de. tout son
SOI
'9
LLEfut malade. Les ennuis de l'exil, les
craintes de pillage, la fatigue d'une
complète réinstallation, et principale-
ment les secousses morales des derniers mois la
terrassèrent. Saisie par une fièvre tenace, elle se
débattait contre de vagues fantômes. Son esprit,
aux heuresde sommeil, ardait d'une effervescence
douloureuse. Et de grandesombres informes pas-
saient, suscitant une peur immense. Des flam-
boiements noirs, ou pourpres, ou d'or vert, ra-
pides et terrifiants s'avançaient à elle, de loin, par
l'espace brunâtre du rêve, et puis se dissipaient.
Des figures atrocement joviales, rondes, ridées,
sans corps, livides, flottaient dans un lugubre
silence, comme des lunes. Des paysages où il
n'était que de l'herbe, de l'herbe visqueuse et
SOI
DOIT M- FLORINE
Unepattelièvre,manched'ivoire 15 »
Un paquetde veloutine 5 »
Une épongeSyrie,extra 18 »
Deuxpaquetsépinglesà cheveux » 50
Peut-être.
Certainement. Pour nous qui sommes au-
dessus, il y a tant de belles choses à aimer.
– Lesquelles? Tu nourris longtempsla marotte
de la gloire littéraire. Au fond, qu'est-ce le
succès? Uncertain nombre de gens qui crient que
vous êtes un génie et un certain nombre d'autres
qui s'exclament que vous êtes un idiot. Les-
quels savent ? Alors quoi ? L'argent ? Il faut
frôler, pour l'acquérir, trop de pignoufs et de
sales financiers. La politique? Maintes fois c'est
un moyen hypocrite d'acquérir la gloire et l'ar-
gent si l'on croit véritablement, il n'est plus
qu'un désir une révolution en faveur de la
Cause qui donnele droit de fusillerles adversaires.
Les débats parlementaires des disputes de gar-
çons d'abattoir. Aimerla musique,la peinture, la
littérature ?Et tout celane parle-t-il pas d'amour.
N'est-ce pas l'évocation de tous les accou-
plements et la résurrection de toutes nos ran-
coeurs? L'ameublement, les étoffes, les fleurs ?
Mêmes choses les meubles ont des courbures
de hanches, et les fleurs des teints de femme.
L'héroïsme militaire ? Quelle vaillance peut-on
montrer pour recevoir, à cinq cents mètres de
l'ennemi, un morceau de plomb dansle corps ?
SOI
LA CHEVAUCHÉE DE LA MORT
[course
Les vieillards disent « Bonne Mort, cesse un peu ta
« Nous boirons dans le creux de nos mains à cette
[source.
SOI