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êtes galantes

Paul Verlaine
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SI/ ^ ^
PAUL VEULAINE

FÊTES GALANTES
QUATRIÈME KUlTiOM

p.A lus
LÉON VANIËU, LIBIIAIUË-ËUITËUU
tu, yLAI SAINÏ-JIICUEL, l'J

Ton» droilt réam».

^ HUQO THIEMB.
FOirr wayne,
JNÛ,
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I

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FÊTES GALANTES

Hugo thieme.
FORT WayNC
Librairie LÉON VANIËK, 10, quai Suint-Michel, Tarii^

Envoi fmnco contiv timbres-p9ste on mandat,

OEtVHES COMPLÈTEf» DE PAUL VERLiLLliE


VERS
POÈMES SATUUNIIÎNS, 3' tMil 3 30
LA BONNB CHANSOV, 2« Wlt. . . . 3 »
K KTKS GAUNÏFS. 4" édil 3 •

TtOMAXCES SANS TAROLES, 2' i^Jil 3 .

SAGbSSK, 4* éiiit 3 iiO

JADIS ET NAGUtîRK, 2« édU 3 «


AIIOUR. S* dlil 3 50
BONHEUR 3 50
PARAIJ.RI.KMENT, V> Mki. ... : 3 50
CHANSONS l'Of'R KIAE 3 .

MTUKfîlKS INTIMES 3
ODES EN SON IIONNKUU 3
ÉLÉGIRS : 3 >
DANS LES 1T5IBKS 3 •

DEDICAr:ES 3 50
EPIGHAMMES lU Plume) • 3 30

, SOUS.ritKSSE
IIISTUIHES COMME CA (prost»).
*

LIVRE POSriIUME. - INVECTIVES \crs).

PROSE
LES POETES MAUDITS '
3 50
LBGLBRCU
IjOUISB 3 $0
MEMOIRES D'UN VKUF 3 50
MES HOPITAUX 3 <•
•7 BIOGHAPIIIE? <!(' poMes il till^raleurs publiées dans les
lioinmes d anjo'ird hui 2 70
MBS PRISONS a H

15 JOURS EN H0LLANU6. arec portrait 5


(Tirairc stir Japnn.) 30
CONFESSIONS 3 50
THEATRE
LES UNS ET LES AUTRES, comédie en un acte, en ver». . . 2 »

ALBUM DE VERS ET DE PROSE, ANTHOLOGIE 0 In


VERLAINE PAR LLl MLME, Dio-raphie Hommes d' aujourd'hui. 0 10

PAUL VEIU.AINE. L'HOMME ET L'ŒUVRE, ^lude lilléraire,


par Ctiarles Montes, avec un curieux porlrail.

POUR PARAITRE (En soiiscHpHm)


FUNÉRAILLES DE IWUL VERLAINE, avee les discours proaon-
ces sur «a tombe. .. 1
LE TOMBEAU DE PAUL VERLAINE, «dilion de luie, dile des
pnc(p!» , 10 »

VEKi.AiNE INTIME, notes, souvenirs et correspondance, par


L. Vani<»r, 1 volninr S 60

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PAU L^V EU LAINE

j ^ » .

LÉON VANILU, LIb UAIUE-ÉDIT liU II

iO, gUAI SAINT-MICUBL, 19

Tous UioiU lésera Ci.

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CLAIR DE LUNE

Votre âme est uu paysage choi&i


Que vont charmants masques et bergamasques
Jouaut du luth et dansant et quasi

Tristes sous leurs déguisements fantasques.

Toul en chantant sur le mode mineur


L'amour vaiiiqueur et la vie opporluue,

Ils n*ont pas Tair de croire à leur bonheur

El leur chdubou se luèle au clair de luue,


1.

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F£T£i> GALANTISS

Au calme clair de iuac triste et beau, ^

Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres

Et sangloter d'extase les jets d'eau,


Les grdnds jets d*cau sveltes parmi les marbres.

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PANTOMIME

Pierrot qui ii'a riea il uq CUlandre


Vide un flacon sans plus allendrc.
Et, pratique, eu lame un pâte.

Cabàdiidrc au loiul de l'avenue,

Verse une larme méconnue


Sur son neveu déshérité.
8 fAtbs galantes

Ce faquin d'Arlequin combine


L*enlèTement de Golombine
£t pirouette quatre fois.

Golombine rêve, surprise


'

De sentir un cœur dans la brise

Et d'entendre en son cœur des voix.


SUR L HëRBë

L'abbé divague. — El loi, marquis,


Tu mets de travers ta perruque.

— Ce vieux vin de Chypre est exquis


Moins, Gamargo, que votre nuque.

— Ma llamme... — Do, mi, sol, la, si.

— L*abbé, ta noirceur se dévoile.


— Que je meure, mesdames, si

Je ne vous décroche une étoile.


10 F£T£S GALANT£S

— Je voudrais cire petit chien !

— Ëmbrassous aos bergères, i]uao


Après Fautre. — Messieurs, eh bien ?

— Do, mi, sol. — IIcI bonsoir, la Lune!

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L'ALLÉE

Fardée et peinte comme au temps des bergeries,


Frêle parmi les nœuds énormes de ruban»,
Elle passe, sous les ramures assombries,
Dans Fallée où verdît la mousse des vieux bancs,
Avec mille façons et mille afTéteries

Qu'on garde d'ordinaire aux perruches chéries.


12 VÊTES GALANTES

Sa longue robe à queue est bleue, et l'éventail

Quelle iruisse en ses doigU fluets aux larges bagues


S*égaie en des sujets érotiques, si vagues
Qu'elle sourit, toul^ rêvant, à malul délaîL

— Blonde en somme. Le nez mignon avec la bouche


Ittcaroadioe, grasse, et divine d'orgueil

Inconscient. — D*ailleurs plus fine que la mouche


Qui ravive réclal uu peu uiais de Vœil.

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A LA PROMEJNADE

Le ciel si p4le et les ai*bres si grûies

Semblent sourire à nos costumes clairs

Qui Yout iloUaut légers avec des airs

De nonchalance et des mouvements d'ailes.

Et le veut doux ride Thumbie bassin.


Et la lueur du soleil qu'atténue 7
L'ombre des bas tilleuls de Tavenue >
Nous parvient bleue et mourante k dessein.

2
FtTES GALANTES

Trompeurs exquis et coquettes charmantes, \


Cœurs tendres mais alVraiichis du sermeut, ^
Nous devisons délicieusement.
Et les amauts lutiueul les amantes

De qui la main imperceptibl^jaii


Parfois donner un sourQel qu on échange *

Contre un baiser sur Textréme phalange


Du petit doigt, et comme la chose est

Immensément excessive et farouche,

On est puni par uu regard très sec.


Lequel contraste au demeurant avec
La moue assez clémente de la bouche.
n

DANS LA GROTTE

Là, je me lue à vos gcuoux !

Car ma détresse est lafiaie,

Et la ligresse épouvantable d'ilyrcanic

Est une agnelle au prix de vous.

Oui, céans, cruelle Clymcoc,

Ce filial ve qui, dans maints combats,

Mil tant de Scipions el de Cyrus à bas,

Va finir ma vie et ma peine!

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r£T£S GALANTES

Ai-je même besoin de lui

Pour descendre aux Champs-Elysées?


Amour pcrça-t-il pas de flèches aiguisées

Mon cœar, dès que votre œil m*eût lui ?

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LËS INGËJNUS

Les liauls talous iullaienl avec les longues jupes,


En sorte que, selon le terrain et le vent, ^
r

Parfois luisaient des bas tle jambe, trop souvent


Interceptés ! — et nous aimions ce jeu de dupes.

Parfois aussi le dard d'un insecte jaloux ^ '

Inquiétait le col des belles sous les branches, *

Ët c'étaient des éclairs soudains de nuques blanches

Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.

S.
18 FÊTES CALANTES

Le soir tombait, un soir équivoque crautomne :

Les belles, se pendant rêveuses à nos bras,

Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,


'
Que notre âme depuis ce temps tremble et s'étonne.
COUTÈGE

lîn singe en veste de brocart

Trotle et gambade devant elle

Qui IVoissc un mouchoir de ilcatcllc

Dans sa main gantée avec art,

Tandis qu'un négrillon tout rouge


Maintient à tour de bras les pans

De sa lourde robe ea suspens,


Attentif à tout pli qui bouge;
20 FÊTES GALANTES

Le singe ne perd pas des yeux


La gorge blanche de la dame.
Opulent trésor que réclame
Le torse nu de l'un des dieux ;

Le négrillon parfois soulève


Plus haut qu'il ne faut, l'aigrefin,

Son fardeau somptueux, alin

De voir ce dont la nuit il rêve ;

Elle va par les escaliers,

Et ne parait pas davantage

Sensible à l'insolent suffrage

De ses animaux familiers.


LES COQUILLAGES

Chaqae coquillage incrusté

Dans la grolle où nous nous aimâmes


A sa parlicolarîté.

L^oD a la pourpre de nos âmes


Dérobée au sang de nos cœurs
Quand je brûle et que tu t*enflamnies
F£T£S GALANTES

Cet autre affecte les langueurs

£t tes pâleurs alors que, lasse.


Tu m'en veux de mes yeux moqueurs

Celui-ci contrefait la grâce

De Ion oreille, el celui-là

Ta nuque rose, courte et grasse ;

Mais un, entre autres, me troubla.


EN PATINANT

Nous fûmes dupes, vous et moi,


De manigances mutuelles.

Madame, à cause de l'émoi

Dont rÉtc rénit nos cervelles.

Le Printemps avait bien un peu


Contribué, si ma mémoire
Est bonne, à brouiller notre jeu,

Mais que d*une façon moins noire !


24 FÊTES GALANTES

Car au printemps lair est si irais

Qu*en somme les roses naissantes

Qu*Amour semble eotr*ouvrir exprès

Ont des senteurs presque innocentes ;

£t même les lilas uni i>edu

Pousser leur haleine poivrée


Dans l'ardeur du soleil nouveau ;

Cet excitant au plus récrée,

Taut le zépliir souille, moqueur,


Dispersant l'aphrodisiaque

ËUluve, en sorte que le cœur


Chôme et que même Tesprit vaque,

Et qu'émoustillés, lès cinq sens

Se mettent alors de la fête,

Mais seuls, tout seuls, bien seuls et sans


Que la crise monte à la téte.

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F£T£S GALANTES

Ce fût le temps, sous de clairs ciels,

(Vous eu souvenez-vous, Madame 1)


Des baisers superficiels
Et des senlimeats à Heur d'àme,

Exempts de folles passions,

Pleiub d une bieuveillance amène.


Gomme tous deux nous jouissions

Sans enthousiasme — et sans peine ï

Heureux instants i — mais vint TÉlé


Adieu, rafraîchissantes brises 1

Un vent de lourde volupté

Investit nos âmes surprises.

Des fleurs aux calices vermeils

Nous lancèrent leurs odeurs mûres,

Et partout les mauvais conseils

Tombèrent sur nous des ramures.


26 FETES GALANTES

Nous cédâmes à tout cela,

Et ce fut un bien ridicule


Vertigo qui nous aflola

Tant que dura la canicule.

Rires oiseux, pleurs sans raisons,

Mains indéilniment pressées»


Tristesses moites, pâmoisons,

Et quel vague dans les pensées !

L*aatonine heureusement, avec

SoQ jour Iroid et ses bises rudes,

Vint nous corriger, bref et sec.

De nos mauvaises liabitudes,

Et nous induisit brusquement


En rélégance réclamée
De tout irréprochable amant
Comme de toute digne aimée...
FÊTES GALANTES 27

Or c*est riliver, Madame, et no^


Paricurb Uciiiblcul pour leur bourse,

Ei déjà les autres tréuncaux


Osent nous disputer la course.

Les deux mains dans voire manchon,


Tenez-vous bien sur la banquette
Et liions ! — et bientôt Faociion
Nous llcurira 4uoiqu'on caquette !
FAJMTOCaBS

Scaramouche et Pulcinella

Qu'uQ mauvais desseia rassembla


Gesticuleot, noirs sur la lune.

Cependant Texcellent docteur


Bolonais cueille avec lenteur

Des simples parmi l'herbe brune


30 FÊTES GALANTES

Lors sa fille, piquant minois,

Se glisse demi-nue, en quête

De son beau pirate espagnol

Dont un langoureux rossignol


Clame la détresse à tue-tête
GYTilÈKE

Uu pavllloa à claires-voies

Abrite doucement nos joies

Qu'évenlent des rosiers amis ;

L'odear des roses, Taible, grâce


An vent léger d'été qui passe,

Se mêle aux parfams qu'elle a mis


>£T£S GALANTES

Comme ses yeux Tavaieut promis


Son courage est grand et sa lèvre
Communique une exquise fièvre ;

Et TAmour comblant tout, liormis

La Faim, sorbets et confitures

Nous préservent des courbalures.


EN BATEAU

L'étoile du berger tremblote


Dans l'eau plus noire et le pilote

Cherche un briquet dans sa culotte.

G^est Hnstant, Messieurs, ou jamais,


D'être audacieux, et je mets

Mes deux mains partout désormais 1


34 FÊTES GALANTES

Le chevalier Atys qui gra^tle

Sa guitare, à Ghloris Tingrate


Lance une œillade scélérate.

L'abbé confesse bas Eglé,


Et ce vicomte déréglé

Des champs donne à son cœur la cl

Ce pendant la lune se lève

Et Tesquif en sa course brève

File gaiment sur l'eau qui rêve.


LE FAUNE

Un vieux faune de terre cuite

Rit au centre des boulingrins,

Présageant sans doute une suite

Mauvaise à ces instants sereins

Qui m'ont conduit et t'ont conduite,

Mélancoliques pèlerins,
Jusqu'à celle heure dont la fuite

Tournoie au son des tambourins.


MANDOLINE

Les donneurs de sérénades


£tles belles ocouleuses

Échangent des propos fades


Sous les ramures chaule uses.

C'est Tircis et c*cst Aminte,

Et c'est réternel GUlandre,


Et c*est Damis qui pour mainte
Cruelle Tait maiute vers tendre.
I

38 KÉTES GALANTES

Leurs courtes vestes de soie,


Leurs longues robes à queues,
Leur élégance, leur joie
Et leurs molles ombres bleues

Tourbillonnent dans Texlasc

D*une lune rose et grise,


Ët ia mandoline jase
Parmi les frissons de brise.
A GLYiMÈNE

Mystiques barcaroiles,
Romances sans paroles,

Chère puisque tes yeux,

Couleur descicux,

Puisque ta voix, étrange


Yisioa qui dérange

Et trouble l*horizoD
De ma raison,

rl
F£T£S GALANTES

Puisque l'arôme iasigae


De ta p&leur de cygne
Et puisque la candeur

De ton odeur,

Ahî puisque tout tou être,

Musique qui pénètre,


Nimbes d'anges défunts,
Tons et parfums,

A sur d'almes cadences

En ses correspondances

Induit mon cœur subtil,

Ainsi soit-il !
LETTRE

Eloigné de vos yeux, Madame, par des soins


Impérieux (j'en prends tous les dieux à témoins),

Je languis et je meurs, comme c'est ma coutume


En pareil cas, et vais, le cœur plein d'amertume,
A travers des soucis où votre ombre me suit.

Le jour dans mes pensers, dans mes rêves la nuit.

Et la nuit et le jour adorable. Madame !

Si bien qu'enfin, mon corps faisant place à mon âme,


Je deviendrai fantôme à mon tour aussi, moi,

Et qu'alors, et parmi le lamentable émoi


4.
42 FÊTES GALANTES

Des enlacements vains et des désirs %ans nombre^


Mon ombre se fondra à jamais en votre ombre.

En attendant, je suis^ très chère, ton valet.

Tout se comporte- t^il là-bas comme il te plaît,

Ta perruche, ton chat, ton chien? La compagnie


Est-elle toujours belle, et cette Silvanie

Dont j'eusse aimé l'œil noir si le tien n'était bleu.

Et qui parfois me lit des signes, palsambleul


Te sert-clic toujours de douce conlidente /

' *
Or, Madame, un projet impatient me hante
*^
De couijuci'ir le monde et tous ses trésors pou i^
Mettre à vos pieds ce gage — indigne ^ d'un amour
Égal à toutes les flammes les plus célèbres

Qui des grands cœurs aient fait resplendir les ténèbres.

Gléopàtre fut moins aimée, oui, sur ma toi !

Par Marc-Antoine et par César que vous par mol,


N'en doutez pas, Madame, et je saurai combattre

Gomme César pour un sourire, à Cléopâtre,

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FÈT£S GALANTJES 43

Et comme Antoioe fuir au seul prix d*un baiser.

Sur ce, très chère, adieu. Car voilà trop causer,


ÏLil le temps que l'on perd a lire une missive
N'aura jamais valu la peine qu'on récrive.
LES INDOLENTS

Bah ! malgré les des lias jaloux,

Mourons ensemble, voulez-vous ?


— La proposition est rare.

— Le rare est le bon. Donc mourons


Comme dans les Décamcrons.
— Hi! hi 1 hi! quel amant bizarre !

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4
FETES GALANTES

^ Bizarre, je ne sais. Amant


Irréprochable, assurément.

Si vous voulez^ mourons ensemble?

— Monsieur, vous raillez mieux encor


Que vous n'aimez, et parlez d'or ;

Mais taisons-nous, si bon vous semble ? —

Si bien que ce soir-là Tiicis

Et ûorimène, à deux assis

Non loin de deux silvains hilares,

Eurent Tinexpiable tort


D'ajourner une exquise mort.

Hi 1 hi ! hi ! les amants bizarres!

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GOLOMBINE

Lcandre le sot,

Pierrot qui d'un saut

De puce
Franchit le buisson,

Gassandre sous son


Capuce,

Arlequin aussi,

Cet aigrefin si

Fantasque
FÊTES GALANTES

Aux costumes fous,

Ses yeux luisauls sious

Son masque.

— Do, mi, Soi, mi, fa, —


Tout ce monde va,
RU, chante
Et danse devant

Uuc belle eulaut

Méchante

DuiiL les yeux pervers


Comme les yeux verts
Des chattes
Gardent ses appas
Et disent ; « A bas

Les pattes î »

— Eux ils vont toujours !

Fatidique cours

Des astres.
FÊTES GALANTES 49

Oh j dis*inoi vers quels

Homes ou cruels

Désastres

L'implacable eafaat,

Preste et relevant

Ses jupes,

La rose au chapeau,
Conduit sou troupeau
De dupes ?
Librairie LÉON VAxNlER, 19, quai Saiiit*XieheI, Paris

Enmi franco conti •


tiuibreé-poste oh mandat.

ARTHUR RIMBAUD
1»0KSIES COMPLÈTES, avec proface et portrail a 50
LES ILLUMINATIONS. - LA SAISON EN ENKEK 3 50

JULES LAFORGUE
POÉSIES COMPLÈTES 6 .
MORALITÉS LÉGENDAiRES 6 .

JEAN MORÉAS
LES SYKTES .1 50
LES CANTILiSNES 3 30
LE PÈLKHIN PASSIONNÉ 3 50
AUTANT EN EMPORTE LE VENT J »
*

STUART MERRILL
LES FASTES «
PETITS rOh:HP.S D'AUTOMNE 3 •

HENRI DE REGNIER
ÉPISODES. — SITES ET SONNETS 3 30

ADOLPHE RETTÉ
CLOCHES EN LA NUIT 3 bO
UNE BELLE DAME PASSA 3 SO
TROIS DIALOGUES NOCTURNES. 3 .

GUSTAVE KAHN
LES pAf.Ais Nomades 3 50
LA l'LUIE El' LE UEAU TEMPS 3 50

FRANCIS VIELÉ QRIFFIN


LES CYGNES 3 âO
LA ÇIIEVAUCIIÈE U'YELDIS :i 5u

TRISTAN CORBIÈRE
AMOURS JAUNES ;< 5u

EDMOND PILON
POÈMES DK MES SOIRS *
3 50

ftT«Bl'X, lyrmUBIlIlt HB CttABLBS HtmsSBV

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0
L'AMOUR PAR TERRE

Le vent de Tautre nuit a jeté bas i'Âmour


Qui, dans le coin le plus mystérieux du parc,
Souriait en bandant malignement son arc,
Ët dont l'aspect nous lit tant songer tout un jour

Le vent de Vautre nuit Ta jeté bas ! Le marbre


Au souffle du maiia tournoie, épars. C'est triste

De voir le piédestal, où le nom de Tartiste


Se lit péniblement parmi Tombre d'un arbre,
52 FÊTES GALANTES

Oh I c'est trisle de voir debout le piédestal

Tout seuil et des pensera mélancoliques vont


£t viennent dans mon rêve où le chagrin profond

Evoque un avenir solitaire et fatal.

Oh ! c'est triste ! — £t toi-mêm e, est-ce pas? es touchée


D*un si dolent tableau, bien que ton œil frivole

S^amuse au papillon de pourpre et d*or qui vole


Au-dessus des débris dont l alloe e^l jonchée.

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m SOURDINE

Calmes dans le demi-jour


Que les branches hautes font,
PéuétroDS bien notre amour
De ce silence profond.

Fondons nos âmes, nos cœurs


Et nos sens extasiés,

Parmi les vagues langueurs


Des pins et des arbousiers.
o4 FÊTES GALANTES

Ferme tes yeux à demi,


Croise tes bras sur tou sein,

Et de ton cœur endormi


Chasse ù jamais tout desseio.

Laissons-nous persuader

Au souffle berceur et doux


Qui vient à tes pieds rider
Les oûdcs de gazon roux.

Et quand, solennel, le soir

Des ciiénes noirs tombera,


Voix de notre désespoir,
Le rossignol chantera.

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COLLOQUE SENTIMENTAL

DaDS le vieux parc solitaire et glacé ^

Deux formes ont tout à Thcure passé. *

Leurs yeux sont morts et leur lèvres sont molles,


El Ton çnlciid à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé

Deux spectres ont évoqué le passé.


F£T£S GALANTES

— Te souvient'il de notre extase ancienne?


— Pourquoi voulez-vous tioncqu'il m'eusouvienne? •

— Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?


'

Toujours vois-tu mou àuie en rêve ? — Non.

— Ah i les beaux jours de bonheur indicible


Où nous joignions nos bouches ! — C'est possible.

— Qu'il était bleu, le cl grand Tespoîr


ciel, t

— L'espoir a vaincu, vers


fui, noir. le ciel ^'

Tels ils marchaient dans les avoines folles,

Et la nuit seule entendit leurs paroles.

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TABLE
^ Clair de lune 5

Pantomime 7

SurTherbe 9
L'aiice 11

 la promenade . 13

Dans la grolte 15
'

Les ingénus 17 .

Cortège 19

Les coquillages 21

Eu patinant 23

Fantoches 29

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*

60 FÈTBS GALANTES

Cythôpe 31

Ën bateau 33

Le faune 35

Mandoline 37

A Clymône 39

Lettre .41
Les indolents 45

Colombine 47

L'amour par terre 51

Ën sourdine 53

Colloque sentimental 55

KVKEUX, IMPRIUEUIl!: DE CHARLES HEUISSËY

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THE UNIVERSITY OF MHCHIOAN
GRADUATE UBRARY

DATE DUE
UNIVERSITY OF MICHIGAN

3 9015 05867 7579

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