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THÉOLOGIQUES ;
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............. . . . .
.T. Périrvelle. La doctràie de S. Thomas sur le sacrement
de l'Ordre
NOTES
236
BULLETINS
F. M. Châtelain, C. M. Bulletin de Philosophie. — IV. Phi-
losophie de la religion 268
R. Dexa-eesse, G. Dumont. Bulletin d'Histoire des doctri-
nes chrétiennes. — I. Orient 293
G. Dumont, A. M. Avril," G. Rabeau. Bulletin des Lhéologies
chrétiennes non-catholiques
A. Deîorme. Bulletin d'Apologétique ........
:
c
310
389
......
CHRONIQUE - 400
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REGENSION DES" REVUES 411
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H. GOUIIIER..La vocation de Molebranche. In-8 de 172 pages. 18 ir.
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v
II y a d'abord un fait qui est bien acquis r c'est qn-Aristote n'a
jamais parlé explicitement de création^). Dumoins, Âristotë s'ést-
' il élevé implicitement à l'idée de création? Remarquonsqu'implici-
tenienfpeut s'entendre: endeux sens, ou,, si l'on veut, geton deux de-
grés ; une chose petit être implicite, en tant que virtuellement con-
tenue dans les principes,, et implicite^ en tant que virtuellement im-
pliquée par les conclusions.
Or, au premier sens, nous admettons, et nous croyons avoir mon-
tré, que l'idée de création était postulée par les principes du système
aristotélicien : c'est de ces principes inémes qtie; saint Thomas la
déduit avec une logique souveraine. Le second sens du mot implicite
précise la question, telle que nous la posons ici. Ce sont les textes
qui doivent répondre.
Nous écarterons immédiatement, comme n'étant évidemment
pas « ad rem », certains passages que l'on invoque parfois pour prou-
ver qu'Aristpte « insinue » la création et nihilù. Tel est le texte du
de Generatione eLCorruptione, où le Stâgirite,recherchant quelle
est la causé efficiente; de la génération perpétuelle., remarque que
(l)De Gen.et Cor., 11,10,336 b 27: ênel yàq êv ânaaiv àei xov {Sekriôvoç OQÉ-
ysoOai cpa/j-sv rrjv <pvaiv; pélnov ôè rô eîvai rj ro /xf] eïvai.. rovro
b" àôvvarov' iv ânaaiv vndg^eiv âià rô TZÔQQCO rfjç âQxi]ç âçiîaraaSai
râ> XeiTtOfiévo} roônco avvenXi'jQcoas ro oXov ô 0eâg; èvôe7tè%rj noirjoaç
rrjv yèvsaiv.
(2) Comme le lait Gredt, Elemenla philosophiae aristoielico-thomisiicac, t.
II, p. 225 (ad 702).
(3) Cf. Meta., A, 4.- -
(4) Mêla., A, 10,1075 b 14 :ërt ol fièv èx rov fii) ovroç 7r.oiovai.ra ovra
...en ôià ri âsl ïaxai yévsoiç y.al ri aïriov yevéoéoeç, ovôslç teyei.
(5) S.Thomas se garde bien de solliciter le texte du Philosophe : « Alii vero,
scilicet poetae theologi, posuerunt omnia ex non ente; Un de supra dixit,
quod générant mundum ex non ente. Et sic, cum eamdem origiiitm utriquë
assignent omnibus entibus, non possunt causare distinctioncm rerum secundum
corruptibile et incorruptibile » (In Meta., XII, lect. 12, n. 2651.)
.
ÀRiSTOTË ET LA NOTION DE CRÉATION 211
.
et il devait l'ignorer, car elle n'est connue que par la foi (L). Mais
cette opinion, saint Thomas.ne se borne pas à la formuler ; iL s'effor-
ce d'en prouver le "bien-fondé.
2. L'argument de la causalité. ,
Aie la meilleure et que cette vie est, par soi, absolument suffisante,
comme leur être est éternel,c'est d'eux que dérivent,pour les autres
êtres, et selon des degrés divers, et l'être et la vie» (*). D'où cette
affirmation catégorique de la Physique : « Platon et Aristotë sont
parvenus à connaître le principe de tout l'être» (2), et ce résumé,
d'un si beau mouvement, de l'histoire de la pensée antique : « La
philosophie ancienne,«dans la considération de la nature, s'est dé-
veloppée selon l'ordre de la connaissance humaine. Or, comme la
connaissance humaine part des données sensibles pour aller, de là,
aux réalités intelligibles,les premiersphilosophess'occupèrent d'abord
du sensible et ne parvinrent que peu à peu à l'intelligible. Dans cette
évolution, nous les voyons, au début, ne reconnaître d'autre cause
que la matière, dont ils disaient que provient tout ce qui se rencon-
tre dans le monde corporel : ils étaient donc forcés d'affirmer que
la matière n'a pas de cause et de nier entièrement la réalité de la
cause efficiente. Les philosophes suivants commencèrent à consi-
dérer, en une certaine mesure, les formes substantielles, sans par-
venir toutefois à la connaissance des universaux, mais en bornant
toute leur recherche aux formes particulières ; aussi admirent-ils
quelques causes efficientes, mais non celles qui rendent compte de
l'être universel: d'après eux, loin que tous les êtres procédassent
d'une cause efficiente, la matière était présupposée à l'action de
'l'agent. Enfin, leurs successeurs, Platon, Aristotë etieurs disciples,
s'élevèrent à la notion de l'être universel, et, par là, ils furent en
mesure de poser une cause universelle des choses, dont tout le reste
procédât. La foi catholique est d'accord avec eux sur ce point » (3).
(1) Lect. 21, n. 10 : « Est autem manifestum quod ab eo quod est perfectissi-
mum, fit derivatio ad alia quae sunt minus perfecta, sicut calidum deiivatur
ab igné ad alia quae sunt minus calida, ut dicitur in II Metaphys. Unde cum
ista entiahabeant vitam optimam et per se sufficientissimam, et esse sempiter-
num, consequens est quod inde communicetur aliis esse et vivere ».
(2) L. VIII, lect. 2, n. 5 : « Plato et Aristoteles pervenerunt ad cognoscëndum
principium totius esse».
(3) De Polenlia, q. 3, a. 5, in c. : « Respondeo dicendum, quod secundum ordi-
nem cognitionis humanae processerunt antiqui philosophi in consideratione
naturae rerum. Unde cum cognitio humana a sensu incipiens in intellectum per-
veniat, piiores philosophi circa sensibilia fuciunt occupati, et ex his paulatim
in intelligibilia pervenerunt.—Et quia substantia sufficit ad hoc quod sit ac-
cidentium causa, quae ex principiis substantiae causantur, inde est quod pri-
nii philosophi, praetcr mateiiam, nullam aliam causam posuerunt, sed ex ea
causait dicebant omnia quae in rébus sensibilibus provenire videntur ; unde
ponere cogebantur materiae causam non esse, et negare totaliter causam effi-
ARISTOTË ET LA NOTION. DE CRÉATION ;
213
clairement qu'il ne s'agit, pour Aristotë, que d'établir que les prin-
cipes (âo%ai) des corps célestes sont causes, non de l'être des cho-
ses, mais de leur être substantiel. En effet, après avoir posé le prin-
cipe que les choses sublunaires ont leurs causes': dans les principes
des corps célestes, il précise aussitôt ce qu'il entend par là, à savoir
que, dans la série dés causes, il est impossible/d'aller À l'infini,
ni verticalement, ni horizontalement: dans cet ordre, nous de-
vrons arriver, en fin de compte, à une matière première/ d'où pro-
viennent, par transmutation, toutes les matières secondes ou tous
les corps ; de même, nous devons parvenir, à un premier principe du
mouvement et à une cause finale universelle et première Ç). Mais,
d'une application à la cause de l'être, en tant qu'être : nulle men-
tion.
Saint Thomas,Napparemment,veut expliquer cette omissiqn,en r e-
marquant que le Philosophe ne donne que quelques applications
du pr'ncipe : « exemplificat ». Ce serait, en effet, plausible. Mais,
dans le chapitre suivant, où Aristotë revient à la cause efficiente,
pour en traiter ex professo, comme principe de l'être, il en réduit
ou en limite l'efficacité à la simple causation du mouvement (E):
Or, ici, l'omission est trop claire par elle-même etvnous contraint
à n'entendre par ces « principes de l'être », dont parle Aristotë, autre
chose que les causes premières de la génération (3).
En somme, l'idée de création nous paraît tout à fait étrangère k
la pensée d'Aristotë, telle que ces divers passages l'expriment. Le
problème n'y est même pas posé (4).
(l)Meiaph.,a, 2,994 a 1 :'AX'kà fifjv on y"ëoriv âg/jj riç y.ai Ova ansiga
rà aïna r&v ovroev ovr' EÎÇ eiQvcootav oërs xar' eîôoçr ôrjlov. OVXE
yàg d>ç il vli]ç xôô" eu xovêe ôvvaxov levai sic âïiéiçov... ôvxs S6si< fi
àgyjl T'7e y.iVqaèaç, ôjioimç ôè ovôè ro oë é'vexa eîç aneigov oîôv xe
..
levai .. y.ai ènl rov xi fjv eïvai ô' chaavroeç.
(2)Ibid.,2,m4al—blO.
(3) On peut se demander comment saint Thomas n'a pas été arrêté, dans son
interprétation d'Aristote, par la pluralité des « principes » auxquels se. réfè-
re ici le Stâgirite. C'est, semble-t-il, qu'Aristote indiquait lui-même le moyen
de ramener ces principes à l'unité. Comme, en matière de cause, il est impossible
d'aller à l'infini, on devait donc admettre une cause première et universelle,
e - par suite unique, de tout l'être. — Quant au problème que pose, eh ello-même,
la pluralité de ces principes premiers, ncus aurons à y revenir plus loin.
(4) Le R. P. Lagraiige (Revue thomiste, Juill. 1926, p. 305) écrit, à propos'
de Meta., A, 10, 1075 b 37 : cbç xo y.ivovv noiEÏ(Aristotë argumente contre
Platon et montre que ni,les Idées, ni les nombres ne peuvent être principes
premiers, parce que, faute d'être susceptibles de la contrariété, ils ne pourraient
ARISTOTË ET LA NOTION/DÉ CRÉATION 215
.
';"/-.
fifjxoè âXX.' fj ov. ôiô y.ai rjfiïv rov ffvxôç fyov xàç jiQcbxaç alxiaç X^]7i-
xéov. —. Cf. E, 4, 1028 a 2-4;
..(2) A, - D. Sertijlapges/Safnt Thomas d'ig-Kzn, t.> I, p.'281.:
216 R.'jOLIVET
4. La connaissance de l'univers.
iln^argumente j aurais qu'au point de vue 4e la génération, et, içiï il ne fait que
montrer que la génération est inconcevable à partir; du.néant de tout corps,
Ceux qui soutiennent une telle génération, :dit-il, bjpotEsicntle vide, comme là
substance première dont toutes choses corporelles sont sorties : position/d'une
criante absurdité; '""-
(1) Métdph.,/1,7,107a"-B -3 txïvsî .d>ç sgo)psvov,xivovjxEva,âè' xaX'Xà .xivst.
(2) Ibid., 9, 1074 b 25.:, SfjXov xoîv.vv Sri rb Osiôxaxôv xal xi/j/id)-
xâxov vosï, xal ov pisxafiàXXei • sic %slgov yàg j; fiexafioXij, xal xi-
vrjffiç Xiç jjôf) xb, xoîovxov.
(3)•Metaph.,A, 7* TJ372- a 25 : ov xivovfievov xivsï... .1072 b 7 : âxïvrj-
xov ov- "/'..-
(4) Ibid.,9,1014 b 3i ixalyàg xb vostv xal fj vàrjoiç •vjtdgisi xal.xà
.xsÎQtàro.v voovvrij tû-ffT' et yevxrbv. ravrp (kai yàg pr) SQÂV. ëviq xgej-ç-
.
220 R. JOLIVET
Ces textes sont clairs (l). Nous verrons plus loin que saint Tho-
mas en a fourni une explication compatible avec une doctrine théis-
tique. Mais d'abord, éyitons de ramener à ces seuls textes toute la
pensée d'Aristqte sur la connaissance dans le premier moteur. Il
y en â d'autres, qui ont un autre sens, et qu'il n'est pas permis de
négliger. "
C'est ainsi que, dans un passage du livre B de la Métaphysique,
Aristote critique l'opinion d'Ëmpédoclc, qui, se fondant sur ce
principe que lé, semblable ne connaît que le semblable, en tirait
(ou aurait dû en tirer); cette conséquence que Dieu ne connaît pas
l'un dès éléments dû Cosmos, à savoir la h aine. Voilà donc, rétorque
Aristote, un Dieu, qui est, par définition,-le plus heureux de tous
les êtres ;(2), et qui a une connaissance moins étendue que ses infé-
rieurs (3). Il y a là une contradiction que l'on ne peut admettre (4).
La même doctrine se trouve exprimée dans le de Anima (5).
D'autre part, pn avouera qUelorsqu'; Aristote parle de Dieu comme
du chef d'une armée- ou encore d'un conducteur de peuples (°),
ces expressions semblent bien impliquer qu'il accordaiL au premier
moteur là connaissancede l'univers, Aussi saint Thomas déclare-t-il :
« Il est ainsi évident qu'Aristote regarde comme incompatible avec
la nature de Dieu et comme contraire à la perfection du bonheur
rov fj'ôgm>)} ôvx âv sïr\ xb àgiarov fj vôtfoiç- aprôv agà yoeï}EÏJiBQ êàxl;.:
rô xgàxiarov, xal ëâxïv i) vô-naiç votfascoç vorjaiç. '
(1) Voir, dans le même sens, De Coelo, 292 a 22, b 4, — Èth^ Nie., 1158 b 35/-/-
1159 a 4,1178bip, — PoL1325b28. :, .
(2) SaintThomas (In III Metaph., lect. 11, n. 476) glose: « Dicit qûod cum
Empedocles poneret odium non esse de compqsitione Êei, acçidit secùpdum ra-
tiones ejùs,;quod Deus, qui est felicissimus secundumoniniàxlictà, et'pér.jconse-::
quens maxime cognoscèns », ce qui est tout-à-faitjuste, du point de vue d'Àristôté-
lui-même, puisquele bonheur, selon la doctrine du livre X de VEthiquc à Ni-.-
comaque, consiste en la perfection de la connaissance: /. -. //--/".''.
(3) Metaph., B, 4, 1000b 3 : ôiby.al avj$aivsia.vr&} TOI', eêôaiiiovêa-
xarov ®sov/fjxxov q>gôvi/iov slvai x&v -aXXçov ' ov yàg-yvmgiÇsi. anav-
•xa xb yàg'vEïxoç ovx's%si, tf Se yvmàiç xpv ô/ioipv rçp-bjfioifj}, ,;
" ;.
' tionem nostram,; Unde necessë est quod Deus singularia-coguoscat.. Narii et/
Philosophus pro inconveniënti hàbêt quod aliquid cpgnpscatur a ,npbis, quod.
non cognoscatur a Deo.Unde contra Empédoclem arguit, irtl dëÀninia et in/
III Metaphys., quod accideret Deum esse imperfectissimum, si discordiani ig-
.noràreti». -, :.-,i '.
(5)'410b 4; /": '-. ';- "V"
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'-"
.. .
(6) Metaph.,A, 1075i .a 14 ; 1076 a 4,
, \
ARISTOTË ET LÀ NOTION BË CRÉATION 221
(1) In III Metaph, lect. 11, n. 476 : « Sic igitur patet, quod Aristoteles repu-
tat inconveniens, et contra id quod ponitur Deus felicissimus, quod ipse ignoret
aliquid eorum, quae nos scimus ». — On ne peut pas ramener l'argumentation
d'Aristote à un simple argument ad homincm; puisque, précisément, c'est lui,
et non Empédocle, qui déduit cette conséquence que Dieu ignorerait quelque
chose. De cette conséquence fausse, il conclut à la fausseté des prémisses.La
forme de l'argument est donc véritablement apodictique. -
222 R. ,TÔLÏVÉT
il ne s'ensuit pas que Dieu ignore tout ce qui n'est pas lui, car, éli-
se connaissant, il connaît tout le reste. C'est, en effet, évident :
en .Dieu, l'être est identique à la connaissance, et comme cet être
est ce qu'il y a de plus élevé et de plus parfait, il est nécessaire que
sa connaissance soit absolument parfaite. Or, plus un principe est
connu avec perfection, plus ses conséquences sont cpnnaissables
en lui, car les conséquences sont virtuellement contenues dans le
principe. Donc, puisque du premier principe, qui est Dieu, dépen-
dent et le ciel et toute la nature, comme on l'a vu, il est clair que
Dieu, en se connaissant lui-même, connaît aussi toutes choses » (*),
Commentaire d'une magnifique bienveillance f ou, si l'on veut,
d'une merveilleuse logique, fondé tout entier sur les principes les
plus certains d'Aristote. Comment concevoir, en effet, que tout l'uni-
vers soit attaché au premier moteur, et que celui-ci ignore cette
dépendance, même réduite au mouvement? Comment croire que
l'influence du premier moteur soit absolument inconsciente? Un
influx de ce genre serait-il signe de perfection, ou, au contraire,
et plus justement, marque d'imperfection? Car, si le premier
moteur ignore l'influence qui procède de lui, il est impossible dé-
sormais de dire qu'il se connaît parfaitement. Il s'ignore lui-même :
«Pour qu'une chose soit parfaitement connue,écrit saint Thomas,
il faut que l'on connaisse parfaitement sa puissance. Or, on ne peut
connaître parfaitement la puissance d'un être, sans connaître les
choses auxquelles s'étend cette puissance » (2).
(1) In XII Metaph., lect. 12, n. 2614 : « Consideranduhl est àiitem qiïôd Phi-
losophus intendit ostendere quod Deus non intelligit aliud,sed seipsum... Née
tamen sequitur quod omnia alia a se sint ei ignota : nam ihtélligendo se, intelli-
git omna alia. Quod sic patet : cum enim ipse sit ipsum suum. intelligere, Ipsum
autem est dignissimum et potentissimum, necesse est quod, suum intelligere sit
perfectissimum; perfectissime ergo intelligit seipsum.,. Quanto autem aliquod
principium perfectius intelligitur, tanto magis intelligitUrin eo effectus. ejus ;
nam principiata continentur in virtute principii. Cum igitur a primo priricipio
quod est Deus, dependet eoelum et totanatura, ut dictum est, patet quod Deus,,
cognoscendo seipsum, omnia cognoscat. » —Cf. Ia, q. 14, a. 5 : In I Sent.,
d. 35. a. 2 ; de Verit., q. 2, a. 4 ; I C. G., eh. 48 et 49.
(2) la, q. 14, a. 5, in c. : «Necesse est Deum.cognoscërealia a se, Manifes-
tum est euim quod seipsum perfecte intelligit ; alioquin suum essè non esset
perfectum, cum suum esse sit suum intelligere. Si autem aliquid perfecte cog-
noseitpr, necesse est quod virtus ejus perfecte cognoscatur. "Virtus autem ali-
cujus rei perfecte cognosci non potest, nisi cognoscantur ea ad quae virtus se
extendit. Unde, cum virtus divina se extendit ad alia, eo quod ipsa est prima
causa effective entium... necesse est quod Deus alia a se pognoscat».
ARISTOTE ET LA NOTION DE CRÉATION 223
doute pas, et il remarqué que c'est en vain que « certains ont essayé
de démontrer qû*Aristotë n'a pas heurté la M, et n'a pas eu l'in-
tention de prouver dogmatiquement que le nlôûvèment/est éter-
nel))^1). Opinion trop bienveillante, ajoute-t-il, qui ne peut; se
défendre, car la thèse dû Philosophe est tellement certaine qu'il
s'en sert comme d'un principe, auVXII^ livie delà Méi^hysiqûè,
pour démontrer /l'éternité du premier moteur (f). Bien 'plus, « il
est manifeste qu'Aristbte a cru fermement et à regardé comme
nécessaire que le monde fût éternel» (s).
Voilà bien, en effet, le point difficile, Car,pourqudiAristote veut-il',
que lé5 monde soit nécessairement éternel? Parce qûéi p^ùr lui;-
(1) ïbid., n. 16. «Quidam vero frustra conantes Aristotelem ostenderë non
contra fidem locutum esse, dixerunt quod Aristote les non intendit hic probaré
quasi veriïm, quod'motus sit perpetuus, sed/inducere rationem ad 'UtramqUe
partem; quisi ad rem dubiàïn... ». — Saint B.onàVënture;fait.la même observa-
tion : «Quidam moderni dicunt Philosophum nequaquam illud sensisse nec
/fntendis^e, probaré quod ipùndus omnino non coepérit », et,il .y oppose la riiêhïë
fin denôh-recevôir(In-'jî/Sent., d: I, p. 1, a.l. q. 2), Parmi ces* quidam moder-
ni », il faut compter Philippe le Chancelier (J1236), qui écrivait dans sa Som-
me : « Rationes quasponit Aristoteles non sunt ,nïsi ad probanduni inundum
ésse perpetuum et non aéternum » (Texte cité dans l'édition de Alexandre de
JEJalès, Quaracchi, t. I, p. 94, n. 8). •— C'est contre une telle Opinion que s'élevait-
déjà avec une extrême vivacité Robert Grossetête, d'après un manuscrit aiiony-
,
me (ms. 172, fol. 198 v)de la Bibliothèque communale d'Assise; L'auteur ano-
nyme cite l'Hexameron, p,2a, del'évêqué de Lincoln: « Sunt tamëii quidam fno-
derlii, écrivait Grossetête, vanius istis philosophantes, immo dëmentius istis
insipientes, qui diçùht- maxime Aristotelem.non sensisse mundum cârere tëriî-
-poris initio, sed eum in hoc articulo catholicê sensisse et tëmporïs et minidi/
initium ppsuisse, qups arguit manifesta ips.à.LtteraAristotëlis in mediolnductà;.
ad ejus cônclusioneni et ûltima libri sui coriclùsioqua intëhdit probaré denio-
tore primo per motus perpetiiitatem ». Robert Grossetête àffiimé ensuite que
cette opinion apparaîtrait.absolument insoutenable, si l'on :se référait au texte
grec original d'Aristote, au lieu de s'en tenir à des traductions latines eorrom>
pues,. Il çpnclut : « Non igitur se decepiant et frustra dësudent ut Àristôtëlerii
fâciàht càtholicum, ne iniitiliter tempus suum et vires irigériii sui consumant,
" et Aristotelem catholicuré coristituendo se ipsos tiâereticos faciant cité
» (Texte
par E, Luhgprë, dans Arch. d' Hist. doct. et liU. dû.M. A., t. (192,6), p. 270,
note 1),
(2) Ibid. : « Perpetuitàte tëmporis et motus quasi prilicipio utitûr- ad prùbàri-
dum primum principium; èsse... »
(3) In.XII Metaph., lect. 5, n. 2496 : «Ex hoc igitur processU manifestum'
est quod Aristoteles hic fiririiter opinatus est et ci;edidit neeéssârïùréforé, quoi/
motus sit sempiternus et sirniliter tempus. Aliter enim non func'asset super hoc
- intentioriem suam dé inquisitione substantiarum.irnniateriaiium ».
228 R. Joirv'Ëï ,'..';'-./ •'";'-.
(6) Metaph.,A, 5,1015 b 10 : râv fjèv <3?) ëregov aïxiov rov âvayxaïa
eîvai xmv Se ovSêv, âXXà ôià xavxa ëxsgd ëâriv ê,i âvdyx.ijç.
ARISTOTE ET LA NOTION DE CRÉATION 229
que l1). Or, en; fait, ce n'est pas une innovation, au sens fort, puisque
cette doctrine de la pluralité des moteurs est esquissée dans la par-
tie primitive du livre A, ch.6,1071 b 20, et cette allusion suppose
la démonstration développée au livre V1 ] 1 de la Physique^).—D'au-
tre part, rien né prouve qu'Aristote assimile entièrement les mo-
teurs dès sphères au premier moteur: et môme, contrairement à
l'assertion de Duhem, il nous semble qu'Aristote insinue avec une
clarté suffisante qu'il faut admettre une distinction de nature entre
les moteurs dés sphères et le premier moteur : à la différence du
premier, dit-il, les moteurs suivants ne sont immobiles qu'en'soi,
mais sont mobiles par accident (s). Comme c'est l'absolue immobilité
qui définit pour Aristote le premier moteur, on avouera ,que la
mobilité, même simplement accideiiLellc, conférée à tous les autres
moteurs des sphères, ne peut que les faire différer essentiellement
de l'Acte puri Bien plus, si l'on voulait supposer que tous les mo-
teurs des sphères, ainsi que le premier moteur, sont de nature iden-
tique, il faudrait dire qûifs 'constituent ensemble une espèce, dont
chacun représenteraitl'un des individus, et, par suite, que tous ces
mqteurs,et même le premier, sont composés de matière, car c'est la
matière qui est principe de distinction numérique ( 4) : il est inutile,
pensons-nous^ d'insister sur l'absurdilé de cette supposition et des
conséquence qu'elle implique, dans le système d'Aristote.
Ajoutons que le HyreVII] de la Physique défend la prééminence
absolue du premier moteur, et que la doctrine d'Aristote serait
inintelligible sans cette prééminence : le monde des substances
immatérielles, qui est par excellence le monde de l'intelligible, se
.
trouverait soumis à la pure multiplicité, qui est, pour le Stâgirite,
synonyme de totale irrationnalité : Ixavôv ôè gv (5). C'est assez
Conclusion.
C'est assurément une chose étonnante que cette ignorance, vrai-
ment sereine et-tranquille, de la création, chez Aristote, et l'on a
peine à comprendre que ce prodigieux esprit n'ait pas su tirer de
ses propres principes les conséquences qu'ils impliquaient. Chose
si étonnante que saint Thomas, et tant d'autres après lui, ont refusé
de croire à ce formidable illogisme. Et cependant, il est : nul texte
formel, pas même une fugitive allusion, touchant l'acte créateur.
Aristote a ignoré la création.
C'est cette ignorance capitale qui donne" leur sens aux textes,
par eux-mêmes, a vrai dire, assez indifférents, sur l'éternité du
temps et du mouvement, sur T impossibilité, pour le premier mo-
teur, de connaître le monde des choses changeantes. Ce ne Sont pas
ces doctrines qui ont voilé aux yeux d'Aristote la nécessité de l'ac-
te créateur, mais l'ignorance de la création qui a donné leur forme
à ces doctrines.
.
Mais justement, cette déficience, dont il ne faudrait pas diminuer
l'importance, n'est cependant qu'accidentelle dans le système du
Stâgirite ; comme le remarquait fort bien M. J. Maritain Q-), elle
(1) Les Lettres, Avril 1920, p. 107— Voir: également, dans le même sens,
une remarquable note de M. Mansiori, dans Bulletin thomiste, Janvier-
Février 1927, p. 14 sv., en particulier, cette conclusion : « .1 suit de là que les
doctrines chrétiennes et thomistes relativement à Dieu et au monde, si elles
n'ont pas trouvé en Aristote un défenseur avant la lettre, n 'ont pas non plus
en lui un adversaire. H les ignore simplement, et ses négations sont surtout i-
gnorance : en tout cas,elles n'ont pas valeur d'affirmation positive, et n'entrent
pas comme élément formel dans la contexture du système métaphysique ».
7
Aussi, est-ce abuser gravement du sens des mots que de parler de contradiction
entre Aristote et saint Thomas : « C'est ignorer la différence entre le" système
philosophique d'un auteur et ses doctrines particulières». Bien plus, si saint
Thomas a innové, c'est dans le prolongelment logique des grands principes.de
la doctrine d'Aristote, considérée en elle-même, et non dans sa forme concrète
: et accidentelle, et Je péripatétisnie trouve dans Je thomisme son açh.èVenient
"234 R. JOLIVET
..
forme si niodérée. Mais, quelles que fussent ses erreurs, saint Thomas
trouvait chez lui un corps de principes rationnels.qui permettaient
de corriger Aristote par Aristote lui-même. C'est là la cause déter-
minante d'une indulgence et d'une bienveillance systématiques, dont
les uns sont surpris, et les autres scandalisés, — et qu'il ne s'agit
que de bien comprendre.
R. JOXIVET
Lyom Professeur à la Faculté de Théologie
sunt, quamvis nonnuilt éorum circa praedictà erràverint.Et qui in Pis Verum
dixerunt, post Iongam et laboriosfm inquisitïonem ad veritàtem praedictam
vi.x pervenire potuerunt», '.'
-,
/Il BGCIMNE BIS. TÏÏOIAS -
SUR LE ^AGREMENT DE i'GIME ,
* ".. I(X)
L'ordre est le sacrement institué par Jésus-Christ pour donner
le pouvoir spirituel. Il établit dans la communauté clu-élienne des
coopërateurs de Dieu ; il lés rend semblables à Dieu par leur influence
•sur les autres; et celte participation, à la causalité divine décore
l'Eglise d'une beauté nouvelle. Qui dit Ordre dit donc principale-
ment pouvoir (2).
A ce pouvoir, et à cause de la grandeur des actes qu'il permet d'ex-
ercer, se trouve liée une prééminence sur le peuple chrétien. L'Ordre
donne donc à la fois office et grade : office, en confiant un rôle public,
officiel, sur la multitude; grade, en raison de la prééminence qu'il
confère. Il organise l'Eglise (3).
L'autorité ainsi créée n'est pas contraire à la liberté à laquelle la
loi nouvelle appelle tous ses fidèles. A la'liberlé-s'oppose l'esclavage;
parce que, dans l'esclavage, le maître use de ses subordonnés à son
profit. Ici, au contraire, le supérieur doit, en exerçant son autorité,
avoir en vue l'utilité de ses inférieurs (4).
IL
Le pouvoir conféré par l'Ordre a pour objet premier la dispehsation
de l'Eucharistie. V'
L'Eucharistie estle premier des sacrements. Elle ne contient pas
seulement une vertu dérivée du Christ, mais le Christ lui-même.
Aussi tous les autres sacrements se groupent-ils autour d'elle, et
s'orientent-ils vers elle comme vers leur fin.
Elle est, en outre, le sacrement du sacrifice du Clirist. La consécra-
tion de la Messe contient et nous donne, sacramentelle ment, le Cal-
vaire (s). Aussi occupe-t-elle le centre du culte chrétien, car c'est du
Calvaire que ce culte prend sa source (°).
nie)
Le pouvoir conféré par le sacrement de l'Ordre est un caractère
imprimé dans Vâme (3). Pouvoir instrumental, ministériel, il dérive
du sacerdoce du Christ ; il g fait participer activement, en permettant
d'accomplir validement,au nom du Christ et en jouant le rôle du Christ,
tous les rites de la religion chrétienne, spécialement les rites eucharis-
tiques. Par sa liaison avec le sacerdoce du Christ dont le fondement
premier est la consécration substantielle de l' Union Hypûsiatiqùë,
il consacre à Dieu (4).
Ce caractère, qui suppose pour être reçu la préexistence du caractère
baptismal (5), est à la fois réalité et signe efficace (res et sacramen-
tum) (°). Réalité spirituelle (res), il prend place dans l'organisme
(1) Contra Genl., iv, 74, par. ult. : « Quia vero potestas ordinis ad dispensa-
tionem sàcramèntorum ordinatur ; inter sacrâmenta autem nobilissimum et
consummativum aliorum est Eucharistiaè sacramentum,.., oportet quod potes-
tas ordinis consideretur praecipue sècundum cpmparationëm ad hoc sacramen-
tum ; nam unumquôdque dominatur a fine. Ejusdem autem virtutis esse.vi-.
detur aliquam perfectionem tribuere, et ad susceptionem illius matëriàm prae-
parare ; sicut ignis virtutem habet ut formam suam transfundat in alterum, et
ut materiam disponat ad formae susoeptionem. Quum igitur potestas ordinis
ad hoc se extendat ut sacramentum corporis Christi conficiat et fidelfbus tra-
dat, oportet quod eadem potestas ad hoc se extendat quod fidèles aptos reddat
et congruos ad hujus sacramenti perceptionem ».
(2) Il nous semble légitime de faire profiter ce paragraphe de la théorie gé 1
nérale du caractère telle qu'elle est exposée dans la Somme théblbgique.
(3) S. th., Suppl, Q. 34, a. 2 ; ma P., Q. 63, a. 2.
(4) S. //i.,iiiaP., Q. 63, a. 3 : « Character sacramentalisspêcialiter est charàc-
ter Christi, cujus sacerdotio configurantur fidèles sècundum sacramentales cha-
racteres, qui nihil aliud sunt quam quaêdam participationes sacerdotii Christi
ab ipso Christo derivatae ».,_•— Ibid., Q. 82, a. 3 : « Ipse (sùcerdos) consecratin
persona Christi ».
(5) S. th., Suppl., Q. 35, a. 3.
(6) S. th., ma P., Q. 63, a 3, ad 2 : « Character sacramentalis est res respec--
tu sacramenti exterioris, et est sacramentum respectu ultimi effectus».
LA DOCTRINE DE S; THOMAS S39V
' IV
omnes praedictae potpstates, sed implicite, iii uha diacohi potestate. Sed pôs-
tea ampliàtus est cultus divinus ; et Ecclesia quod implicite habebat in uno
ordine, explicite tradidit in diversis ».
(1) S. th., Suppl., Q. 37, a 2 ; Contra Gent., IV, 75 : «Quia igitur potestas
ordinis principaliter ordinatur ad corpus Christi consecrandum et fidelibus dis-
,
pensandum et ad fidèles a peccatis purgandum, oportet esse aliquem princi-
palem prdinem cujuspotestas ad hoc principaliter se extendat (et hic est ordo
sacerdotalis) ; alios autem qui eidem serviant aliqualiter, materiam disppnendo
(et hi sunt ordines mînistrantiuni). Quia vero sacerdotalis potestas, ut dictum
est, se extendit ad duo,scilicet ad corporis Christi consecràtionem, et, ad red-
dendum fidèles idoneos per absolutionem a peccatis ad Eucharistiae perceptio-
-nem, oportet quod inferiores, Ordines ei deserviant vel in utroque, vel in altero
tautum ; et manifestum est quod tanto aliquis iriter inferiores ordines superior
jëst, quanto sacerdotali deservit in pluribus vel in" àliquo digiiiori. Infimi igitur
ordines deserviunt sacerdotali ordini solum in populi praeparatione : ostiarii
quidem ai'çendo infidèles a coetu fidelium ; leetores autem instruendo catechu-
menos de fidëi rudimentis, unde eis Scriptuia Veteris Testamenti commititur
légende ; exorcistae autem purgando eos qui jam instruoti sunt, si aliqualiter
a daemone impediuntur a perceptione sacramentorum. Superiores vero ordines
sacerdotali deserviunt et praeparatione populi et ad consummationem sacra-
menti : nam acolythi habent ministerium super vasa non sacra, in quitus sa-
cramenti materia praeparatur, unde eis urceoli in sua ordinatione traduhtur ;
subdiaconi autem habent ministerium supra vasa sacra et super dispositiqncm
materiae nond'um consecratae ; diaconi autem ulterius habent aliquod ministe-
rium-super materiam jam consecratam, prout sanguinem Christi dispensant
fidelibus. Etideo hi très ordines, scilicet sacerdotum, diaconorum et subdiaeono-
rum, sacri diçuntur, quia acclpiûnt ministerium super aliqua sacra. Deserviunt
etiam superiores ordines in praeparatione populi : unde et diaconibus commit-
titur evangëllca doctrina populo proponenda, subdiaconibus apostolica, acoly-
this ut circa ùtrumque exhibeaiit quod pertinet ad solemnitatem doctrinae, ut
scilicet luminâria déférant et alia hujusmodi administrent».'—S. th., na-liae,
Q. 40, a.2 ; IIIaP., Q. 67, a. 1 ; Q. 82, a. 1 et 3.
PiEVtiE DÉS SCIENCES.—T. XIX.'—EASC. 2. 16
242 J. PERINÊLLË
actumquiimperatùr,et:exprimiturtraductiopotestatispeiimperatiyumiiiodum]),
—Ibid},a.5 ; xMateria/autem adliibetur magis ad dènionstraïidam/potéstatéhi
quae traditur particulafiter ab habehte éam complète, /quant ad potestatem
causaridam ; quod patet ex hoc quod materia competit iisîii potestàtis ».
(!) Ibid., Q. 37, a.' 5: «Ejusd'em est foimiam. aliquam/indùceré:etnïatëriàln
dé proximo praepararë ad formain. Unde episcppuslhcpllatiohëîordinumduo '
fàcit : pràeparat enim ordinaridos ad ordinis sûscëptiônem, et ordinis potesta-
tem tradit. Praeparat7qûideni et îiistruendo. eos de proprio ofîicio, et aliquid
circa eos operahdo ut idoiiéi sïnt adpotestatem accipïendam,qiiaêquidemprae-
paratlo in. tribus consistit, scilicet benedictione, manus ihipositiôhe et uhctio-:
ne... SedpotestatiS' cbllatip fit per hoc quod datur eis aliquid qupdadproprium
actuîii pertinet. Et quia principalis actus sacerdotis est consecràre corpus et
sanguinem Christi, ideo in ipsa dâtione calicis sub fbima vèïborumvdetermihâta
i
character sacerdotalis imprimitur », — Ibid, Q.S8, a. 1, ad : «In ihrpo-
sitione maiiuum non datur character sacerdotalis ordinis,;.. sed, gratia, sè-
cundum quam ad exequenduni ordincm sintidonei.Etiqûiàindigent aniplisslma
.
gratia, ideo sàcerdotesmanus cuih ëpiscopo imponunt eis qui ihsàcèidotes prb-
moventur, sed diaconis s olus epîscopus ». — S. th., iïia Pi, Q.. 84, a. 4.
LA DOCTRINE DE S. THOMAS 245
sible, comme les caractères, parce qu'il est donné par une consécra-
tion^).
En outre, comme ceux qui le reçoivent possèdent déjà le caractère
sacerdotal, caractère qui, lui, députe auculte, il leur donne la capacité
de régir ce culte. Les évêques peuvent élever les simples baptisés aux
jonctions spéciales de défenseurs de lareligion et de prêtrès,en adminis-
trant les sacrements de Confirmation et a" Ordre ; ils peuvent consacrer
les objets qui serviront à la consécration eucharistique. {J).
Ils ont ainsi, par leur dignité même et avant tous autres, la charge
des âmes. En assumant leur office Us s'obligent, comme de bons pas-
teurs,à procurer,fûl-ee,du péril de leur vie,le Salut du prochain. Leur
élévation, étant une consécration, les fixe pour toujours en ce devoir
qui suppose parfaite charité. Ils se trouvent donc, par leur dignité
même, dans un état de perfection, de perfection acquise^),
/-' VIII.
Le caractère conféré par le sacrement de l'Ordre etla supériorité d- or-
dre donnée par la consècrdiionèpiscopale se rattachent tous deux à la
grande catégorie des grâces gratis dâtae, les charismes de saint Paul,
grâces dont quelques unes seulement sont extraordinaires. Ils éta-
blissent en effet dans l'Eglise les ministres dé D ieU par excellence
ayant office et pouvoir, pur l'administration de l'Eucharistie et tout
ce qu'elle implique, d'aider les autres à se .sanctifier (f).
....
(1) Codex Vaticanus gr. 1431. Eine antichalkedonische Sammlung aus dcr
Zeit Kaiser Zenos, dans les Abh. d. Bay: Akad. d. Wiss. Phil.-hist.Klasse,
XXXII Bd, 6. Abh. 1927.
(2)Dans so~ ouvrage sur Apollinaire(Apollinarision Làodicea und seiheSchule,
I, Tubingen, 1904, p. 96-97), Hans LIETZMANN datait le manuscrit IX-X^ siècle.
Je né crois; pas qu'on puisse le faire remonter au delà du XII« siècle. On trou-
vera une-reproduction des f' 1.299v et 310 dans les Specimina codicum gr aeco-
tum Vaticanorum de Pio Franchi de' Cavàlieri et Ioh. Lietzmann, tab. 33.
(3) H. Lietzmann Voulait que le manuscrit comprît deux parties seulement,
la seconde ayant son commencement au fol, 310.
252 H. PEYREESSE
pas cédé au désir de Cyrille de voir rayé, une fois de plus, le nom
de S. Jean Chrysostomedes diptyques • malgré cela (vertu cachée de
Yolxovopîal) la communion n'avait pas été rompue entre Çonstan-
tinOple et Alexandrie. Quand, en 438, Prôcïus ramena* aux rives du
Bosphore, les restes du saint évêque, CyrMe ne protesta pas.
Nous avons donc, selon M. Schwartz, dans cette correspondance
échangée: entre Alexandrie et Constaritinople: et dans le petit
extrait de s. Jean Chrysostome qui fait suite, une sorte de pont qui
permet de passer des événements qui suivent immèdiatemèrit
.
n'était plus question ; après l'union, il n'y avait plus qu'une nature
de Dieu incarné; le corps du Christ n'était plus qu'un quelque
chose d'humain, Flavien de Constantinople et son synode ne se
laissèrent pas prendre au piège; ils déposèrent Eutychès- de sa
dignité d'archimandrite. Celui-ci, grâce à de hautes protections,
grâce à l'appui de Dioscore d'Alexandrie, se releva un moment;
mais son triomphe fut court. Chalcédoine écouta,sans l'interrompre,
l'éloge de Théodore, traita avec honneur Thëodoret et Ibas, pro-
clama le Christ Dieu parfait, homme parfait, deux natures et une
personne, la différence des natures n'étant nullement supprimée
par leur union, chaque nature conservant au contraire sa partie
cularité.
L'autorité ecclésiastique avait été fort clairvoyante, tant à
Constantinople qu'à Rome. Putanl quod possini nostram diligen-
iiam fallere cum aiunt se UNAM VERBI NATURAM crëdere INCARNÀ-
TAM, écrivait le pape s. Léon (x), II semblait donc que l'erreur so-
lennellement condamnée allait disparaître. C'est exactement le cori
traire qui se produisit. L'opposition ne désarma point. On sacrifia,
parce'que trop compromis, lé moine Eutychès, mais on ne voulut
recevoir ni le dogme des deux natures, ni le concile, ni l'enseigne-
ment du pape. Trente ans après le concile, un édit impérial, VHé-
noticon, sanctionnait officiellement la défaite de l'orthodoxie en
Orient et la victoire du monophysisme. Pour comprendre comment
on put en arriver à ces extrémités, il faut passer en revue les princi-
paux faits de l'histoire ecclésiastique entre 451 et 482. Le trame en
sera demandée, en premier lieu, à Évagre et à Libératus, les histo-
riens monophysites ne méritant, pour cette êpoque,qu!untrès faible
.
crédit.
!£ :,--,,
Timothée Élure fut: consacré évêque (16 mars 457) par Eusèbe
de Péluse et Pierre d'Ibérie. Mais comment se débarrasser de Pro-
terius? Un mémoire adressé à l'empereur par les évêques d'Egyp-
te nous renseigne sur les circonstances affreuses de sa mort (jeudi
saint, 28 mars 457, selon Libératùs; le jour de Pâques d'après les
évêques égyptiens). Son corps fut mis en pièces par ses bourreaux,
brûlé, et les cendres jetées au vent. (Comme on le devine, chez les
auteurs monophysites, Proterius a mauvais réputation : ses excès
auraient exaspéré le peuple d'Alexandrie et il aurait été tué par un
soldat).
Débarrassé de Proterius, Timothée Élure se fit un devoir d'expul-
ser de leurs sièges tous les évêques suspects d'attachement à Chal-
cédoine. Mais quelques-uns d'entre eux, auxquels se joignit un
élément important du clergé d'Alexandrie,firent tenir à l'empereur
une pétition dans laquelle ils demandaient que fût vengé Proterius
et expulsé Timothée ; en même temps, ils se plaignaient a Anatole,
patriarche de Constantinople, des maux qu'avaient causés à l'église
d'Egypte les ennemis de Chalcédoine (Mansi vu, 524, :531). D'au-
tres réclamations parvenaient à l'empereur, /celles dès amis de
Timothée Élure ; pour eux, la cause de tous les maux, c'était le
concile : qu'on le supprime et l'ordre serait rétabli (Mansi vu, 536)
C'est l'attitude dans laquelle s'entêteront les monophysites.
Le parti de Timothée n'eût vraisemblablement pas tenté pareille
démarche auprès de l'empereur, s'il n'avait su Vérine favorable
aux opposants de Chalcédoine. Pelage rapporte (x) ses instances
auprès de son mari, l'empereur Léon, en faveur des réluctanis ;
elle lui représentait que Martien avait fait violence aux évêques
réunis sur la rive d'Asie, afin d'obtenir d'eux la condamnation
d'Eutyçhès et de Dioscùre et l'affirmation des/deux natures ; qu'il
fallait, à cause de cela, revenir sur les décisions du concile. L'em-
pereur hésitait, ne voulant ni contrister Vérine, ni remettre Chal-
cédoine en question ; de plus, il venait de recevoir Un pressant
mémoire du pape Léon, dans lequel la doctrine définie était appuyée
d'un important cortège de citations des Pères(?)..
(1) Sur la tradition manuscrite, cf. R. DRAGUET, Le florilège du Vat. gr. 1431,
dans la Rev. d'hisl. eccl, t. XXIV, 1928, pp. 54-61.
(2) Sur le personnage, cf. DUCHESNE, op. cit., p. 490.
LES,-PREMIÈRES ANNÉES DU-MONÔPHYSISME ' -.'261
tant désirée. Bien plus, Acace n'hésita pas à accueillir chez lui,
puis à présenter à Zenon, des messagers de Pierre Monge.
Comment transformer Monge en patriarche légitime? Ce ne fut
pas difficile. Il fut convenu qu'il signerait une formule de foi qu'on
supposait capable dé ralher tous les suffrages, et qu'il enverrait dès
syhodiques. Monge promit, et sans plus attendre, Acace l'inscrivit
aux diptyques de son église. Quant à Jean, de part 'la volonté im-
périale, il était déposé (Cf. Évagre ni^ 12 ; Libératùs, 17).
Sachant ce qui se passait, Jean Talaïa comprit qu'il n'avait rien
de mieux à faire que de disparaître. L'ambassadeur de Zenon
arrivait, en effet, porteur des décisions prises à Constantinople.
Pierre Monge accepta Ce qu'on en lui demandait : il promit de
bientôt recevoir les Protériens à la communion ; l'occasion d'une
fête se présentant^ îllèsireçut et récitây albrsj dans l'église, la forînnle
de Zenon, YHénoticoh;
,
Le document est assez .connu pour qu'on puisse se dispenser
d'en parler longuement. M. Schwartz en dôhne le teXte, en grec
d'abord puis en latin .(*).On en aura une.idée assez claire, si l'on
veut bien noter que les professions dé foi qui sont caiionisées sont
celles de.Nicée et de Constantinople, les autres étant laissées de
côté. Éphèse est homme en passant! Les anathématismes de Cyrille
sont élevés au rang.de règle de foi ; la partie purement cllristologique
du Credo est,à desseinipeudéveloppée-Ghalcédoineestanàtiiématise;.
de; même, à deux reprises, Nestorius et Eutychès. Le document
s'achève sur l'espOir que tout le monde s'associera, de grand crjeur,
à cette formule d'union. ;
C'est bien ce que désirait le collectionneur de la dernière partie
du Val. 1431. Comme s'il eût craint que YÉènoticon n'indiquât
pas suffisamment Où était la vérité et çë qu'il fallait détester pour
être dans la bonne ligne, il faisait suivre l'édit impérial de trois
pièces où s'affichaitîerreur (xaxo7ti0zia)desadversairesaujourd'hui
abattus : le tome de, Léon à Flavieh, la définition de foi de Chal-
cédoine, la lettre du pape Léon à l'empereur dû même nom (ep. 165).
Si nous voulions^ ïnaintenant, reprendre l'idée mise en avant
par M. Schwartz pour expliquer le dessein dû collectionneur (Yol-
KOvop,ia et YâxQÎfieia), nous arriverions aux résultats suivants.
L'ojxovou-îa, c'est lé parti des silences voulus sur lés définitions
(i) D'après le Val .1481 et Évagre in, 14 (op. étf.,p. :52-54) ;:le latin d'après
Libératùs (p. 54-56),
264 R. DEVREESSE
(1) Xor/osiç x&v iJtaxaoiwv xal ôgOoôéÇwv naréowv y.arà r<ôv fxsQi-
Çôvroiv sic ôvo (pvaeiç rov ëva KVQIOV 'Iijoovv Xgiaràv p.'srà rr\v
svmaiv (fol. 299-309v). Xorfosiç âyicov naréocov av/Xfpmvmç. ôtôâay.ovaai
fjiiâç dia<poqàv slôsvai tpvGsmç aoi/iarég Te xal Osôrrjtoç, 'se &v
ô sic y.ai /xàvoç sari XQIOTOÇ sic kvôrirxa (pvaixfjv xal âôiâanaarov
ovvevrjyjiévoç (fol. 310-322).
(2) Cf. op. cit., pp. 98-117 et 117-126.
LES PREMIÈRES ANNÉES DU MONOPHYSISME 265
de l'auteur ; aucun doute, non plus, sur les circonstances qui l'ont
amené à rassembler sa collection. Reste une dernière question qui
sera vite résolue : la patrie du collectionneur. Si l'on' veut bien se
rappeler la place que tiennent les Êg3rptiens dans les iQ-ifoeiç,
noter également que huit pièces sur Vingt-six sont de saint Athanase,
une conclusion s'impose : le collectionneur du Val. gr. 1431 est
un Alexandrin, partisan de Pierre Monge, un des représentants
authentiques de cet apollinarisrne larvé, qui, sous l'étiquette mono-
physite, continuait la lutte contre Chalcédoine et lé dogme des
deux natures.
Rome, Robert DEVREESSE.
LE... PROBLEME -M- L'AUTONOMIE
L— PSYCHOLOGIE RELIGIEUSE,
sentimentreligieux/suries;aUtressentIments'àcettepëriode(4«partie)
enfin un tableau des facteurs intérieurs et extérieurs qui .différen-
cient 1-évolution religieuse chez les différents/individus (5e partie).
-Selon les principes" de l'école psychologique'« àn-ti-atomistiqué»'
et structurale, si répandue aujourd'hui en Allemagne, l'auteur'
considère l'attitude religieuse comme un fait inexplicable par Pana-"
lyse de ses éléments : il faut le considérerd'abord dans sa totalité ;'
ensuite seulement on dëcrirales traitslésplus saillants dans le squéls
il se manifeste. A l'aidé d'Une documentation très riche; et parfois-
270 V BULLETIN DE EHILÔSOPHIE
II. — PHILOSOPHIE.
di, peut être aussi plus fortement systématisé. Mais le point de vue,
:
la méthode et làrédactiqn sont excellents.
C'est à un tout autre point de vue que s'est placé M. SCHMALEN-
EACH dans une étude: intitulée Kanls Religion (x). Il s'est donné
pour tâche nonp.as d'exposer la philosophie kantienne de la religion,
mais de saisir l'inspiration générale de la philosophie de Kant, avec
sa teneur religieuse,de retrouver l'expérience inlérieure sous-jacente
à cette philosophie.
Ce point de vue est fort intéressanl en lui-même, et, sans aucun
douté, lés résultats auxquels il peut mener ne sont pas négligeables
pour l'intelligence exacte des grandes synthèses philosophiques
eh ce qu'elle oirt/de plus caractéristique.
A la base de la philosophie de Kant, il y a une expérience de valeur
non seulement métaphysique, mais religieuse: c'est l'expérience
V du sublime (Erhabene).: Cette expérience est contenue dans le
sen-
timent de l'infini, éprouyélui-même sous la double espèce mathé-
matique (infini spatial, quantitatif) et dynamique (puissance trans-
cendante). Cette notion d'infini, fournie à Kant par ses premières
études dé cosmologie et son point de départ newtonien, n'a pas
seulement une valeur esthétique, mais religieuse : elle est animée
de la même inspiration religieuse, du même sentiment du divin
qu'on retrouveradàhs l'impératif catégorique et le respect pour la
lpi. Il y a cependant cette différence que, parti du panthéisme
monistè de Newton qui considérait l'espace comme le sensorium de
Dieu, Kant aboutit à uii dualisme où sont sauvegardées à la fois une
expérience du divin et la distance infinie de deux ordres irréductibles :
parla K. se distingueprofondémentdupanthéisme de « la génération
de Gpethe » (dans lequelle S. met en vrac Schelling, Schleiermacher
et..Hegel). — S. montre: aussi avec complaisance comment, par ses
expressions verbales et ses harmoniques sentimentales, celte expé-
rience religieuse de KV vérifie les caractères reconnus par R. Otto
al'expérience du/sacré. Enfin, il étudie le rejet du sentiment fait
par K. au nom dela morale, rejet qui manifeste chez K. une double
tendance : l'une qui le livre au sentiment, l'autre qui l'v oppose
(pvïis). .-.;;:vv;
Tel est le contenu dé cette étude qui, faite d'un point de vue
intéressant, nous paraît'cependant mal réussie. Le slyle d'abord
est d?une obscurité qui ne se dément qu'en deux ou trois paragraphes
moinsmal venus (ainsiles § 5 et 6 de la IIe partie, pp.56-64). L'ab-
sence totale de titres et dé tables est un signe extérieur et peut être
uhé conséquence d-une défaillance dans la composition de l'ouvrage :
(l).<cAIles "Wissen uber Gott ist Wissen durch Gott» (Vom Ewigen imMenschen,
Bel. I, Leipzig 1921, p. xx s. ; Bd. II, 1923, p. 251). Il semble qu'il y ait ici, chez
M. Scheler, une transposition à toute expérience de Dieu, naturelle,ou surnatu-
relle, de ce que les théologiens affirment de l'expérience mystique. S. Thomas
conçoit cette expérience comme s'opérant-formellement par l'intermédiaire
d'effets surnaturels produits par Dieu dans l'âme et qui sont à la fois id.quod
experitur et id quo experitur Deus : Cf. Garrigou-Lagrange, Rev. thomiste, 1928,
p.'458 s. ; Vz'e Spir., juin 1929, Supplément p. [1351-[138], Cf. aussi Albert le
Grand, Com. delàMystica Theologia deDenys, ch. I, n. 2 ; n. 5, âub, I, adsextupi ;
ch, II, p. 2, dub. II, 2e resp.
PHILOSOPHIE DE LA RELIGION 285
d'en-haut,du fait delà grâce divine »,comment peut-il dire que l'hos-
tie dans l'église vide ne devient chose sacrée «que pour la personne
qui, entrant, dans le sanctuaire, voit en elle un gagelsensible de la
présence divine (p.286) » ? Cette efficacité de la foi n'est-élle pas plus
« théurgique » encorV que la consécration sacramentelle?
On peut donc se demander si l'effort de M. W... n'a pas été en partie
faussé, à son insu nous le croyons, par dés préférences personnelles
dont il n'a pas fourni et ne pouvait fournir une justification à, partir
des principe s explicites de sa construction. Il reste .que dans une très
large-mesure il a fait oeuvre objective. Son ouvrage est d'une grande
richesse, d'une mesuré et d'une compréhension vraiment dignes
d'éloges. C'est un plaisir de pénétrer à sa suite dans le maquis dés
faits et de voir tout s'ordonner, s'enchaîner, se développer comme
par enchantement. Plaisir, le mot est peut-être un peu fort. Du moins,
c'est un plaisir qui se fait payer : la densité massive de l'ouvrage,la
technicité de son vocabulaire imposent un effort. L'auteur, heureuse-
ment, définit tous ses termes. D'ailleurs la nouveautéde sa «science
des phénomènes cultuels » explique son souci de créer une terminolo-
gie appropriée.
De toute manière, on le Voit, c'est un effort original, intelligent,
puissant, qu'il y a lieu certainement --- avec les réserves faites plus
haut — de féliciter et d'encourager. Nous attendons avec intérêt
le troisième volume, sur le Culte comme phénomène social. Il faut
souhaiter que l'auteur poursuive son enquête dans un esprit déplus
en plus large et sympathique, et protégé sa construction contre tout
particularisme, ainsi que l'exige la belle envergure de son propos.
(1) Une petite correction : p. 91, n. 3 ; il faut lire P. G., XLV, 1140 C.
(2) Gh. BAUR, O.S. B.; j.àhannes Chrysosïùmus und seine Zeit.î. : Antiochien,
11: îÇonstmtinopn:M\miéli, Hueber, 1929 ; 2 vol. in-8, is>330 "et 411 pp.
300 BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES
(1) 13. SCHWARTZ, Cyrillund der Mônçh "Viktors dans les Sîizungsberichte de
1 Académie des Sciences de Vienne, Bd. 208, Abliandl. 4 (1928).
302.; BULLETIN D'HISTOIRE DES DOCTRINES CHRÉTIENNES
ces textes:et ell rapprocher de que nous disent d'un certain Apa
Victor les Actes coptes du concile d'Ëphèse.
D'après ces Actes, Cyrille, sur le point de gagner Ephèse, ordonne
au mbine Victor de quitter son Cloître et de rendre à Alexandrie.
Il lui remet un mémoire sur les thèses principales qu'on doit faire
triompher auprès de l'empereur. A cela est ajouté un récit d'après
lequel Victor quitta s6n.VcpiiV.ehi dé Pbav le 22 mars 431, arriva
à Alexandrie lé 31 du même mois et se trouva à Constantinople le
20 mai.
L'a suite du récit nous montre Apa Victor à Constantinople, pro-
fitant du bon accueil que lui ménage Théodose pour jeter le discrédit
sur ïrénée, Candidien, Jean d'Antioche, faire réserver la première
placé au patriarche d'Alexandrie dans les séances à venir. C'est lui
également qui annonce à l'empereur l'heureuse issue du Concile et
qui guidé de loin les manifestations populaires (*). Jusque là rien de
bien extraordinaire ni de bien nouveau: ces divers succès dus au cré-
dit de Victor avaient été enregistrés avec exactitude par le traducteur
; allemand des Actes coptes, W, Krâatz (2). Mais, il y a une différence
entre Kraatz et Schwartz,. C'est que le premier essayait de réhabi-
liter lés Actes coptes, tandis que le second leur accorde peu de con-
fiance. Il semble que M. Schwartz a raison. Voici, en quelques
lignes, comment peut être reconstituée la légende d'Apa Victor,
les divers éléments en ayant été déjà rassemblés par Kraatz.
En glanant à travers d'autres productions venues d'Egypte,
on retrouve le nom d'un archimandrite, Victor de Tabennes, qui
en compagnie de Cyrille d'Alexandrie et de Schnoudi se serait rendu
à Constantinople avant le concile d'Éphèse ; Victor serait resté à
Constantinople, ses deux illustrés compagnons gagnant Ephèse.
Schnoudi est allé à Éphèse,mais ni lui ni Cyrille n'ont,vers ce moment
là, séjourné à Constantinople.'-.'Il .est fort vraisemblable qu'Apa
Victor n'y fût point davantage, Le rôle qu'on lui fait jouer, là bas,
tient du roman beaucoup plus que de l'histoire. Il faut donc nous
contenter des Acte grecs du concile, les auLres ne nous entraînant
qu'à des conjectures. Toute l'histoire d'Apa Victor s'est bâtie autour
du pardon accordé par Cyrille à un ancien accusateur ; l'auteur de
ce roman apologétique avait devant les yeux les Actes authentiques
du Concile, mais il eh usait assez largement aux dépens des personna-
ges qui lui étaient lé moins sympathiques : Nestorius, ïrénée,Candidien
et Jean d'Antioche. Tout cela pour la plus grande gloire de l'église
copte dont un membre; jadis ennemi acharné de Cyrille, était devenu
auprès de l'empereur, son plus autorisé défenseur !
VI, 652-656). .y
aôvoôoc, érôn/iovaa le 8 nov. 448 et la discussion qui suivit (Mansi
(1) Un prétendu commentaire de Sévère d'Antioche sur les Actes des Apôtres
dans la Revue d'Histoire ecclésiastique, t. XXV,. 1929, pp. 708-715.
ORIENT. ANTIQUITÉ 305
ï. — THÉOLOGIE ORTHODOXE.
I. — OUVRAGES GÉNÉRAUX.
Il vient d'être réédité à Berlin, à un très petit nombre d'exem-
plaires, parle procédé anastatique, un ouvrage important paru
en Russie peu de temps avant la guerre, et que la censure avait
aussitôt fait retirer du commerce, obligeant l'auteur à en supprimer
quatre chapitres. Il s'agit du travail du prêtre orthodoxe P. FLO-
RENSKIJ, intitulé : La colonne et le soutien de la Vérité p), La réédi-
tion qui vient d'en être faite par les soins' dé la librairie s Rossica »
reproduit le texte primitif intégral et ramène pour un temps à un
prix relativement raisonnable cet ouvrage dont on se disputait
durant ces dernières années les rares exemplaires à des prix invrai-
semblables.Importante par son volume (huit cent pages de texte et
de notes, dont un très grand nombre en petits caractères), l'étude
de F. l'est surtout par la mentalité qui l'imprègne et par l'influence
qu'elle exerça sur les esprits. À ce double titre ilnous a semblé
opportun d'en rendre compte ici, d'autant que sa publicationn'éveilla
guère d'écho, en son temps, dans lés-milieux théologiques occiden-
taux.
L'ouvrage porte en sous-titre : Essai de théodicée orthodoxe en
douze lettres. Et, de fait, il se présente comme une tentative faite
pour justifier, aux yeux des esprits de notre temps,les points fonda-
mentaux de l'enseignement chrétien: l'existence d'un seul Dieu
en trois personnes*—-- qui appelle sa créature au partage de sa pro-
pre vie — dans la constitution d'un même corps mystique, l'Église.
A un exposé abstrait de forme didactique l'auteur a préféré le ton
(1) Dans la revue Put', n° 20, février 1930, p. 106 *. « Po soderfailiju ego inîs-
tik.a vsègo menée mistikaKbrista. •> '
.
(2) N. BEEDJAEV.Filosofijq svobodnagoduMia, problemafikà i apo logija Ithri^
tianstva, Paris, YMCA-Press, s. d.} 2 vol. in-12, 271 et 236pp.
314 THÉOLOGIES CHRÉTIENNES NON-CATHOLIQUES
titre et sur le même plan que les autres réalités. L'esprit est vie,
expérience, et non pas objet, c'est pourquoi nous n'en pouvons
prendre vraiment connaissance que par l'expérience concrète que
nous en avons, par le fait même que nous vivons notre destinée.
La vie de l'esprit n'est pas objet de connaissance, elle est la connais-
sance même, étant essentiellement conscience de soi. Dans cette vie
les réalités spirituelles sont directement expérimentées, c'est pour-
quoi il n'y a pas lieu de se demander comme le fait un réalisme naïf
si quelque chose répond effectivement aux idées que nous en
avons. «La vie spirituelle n'est pas le reflet ou l'écho de quel-
qu'autre réalité, elle est la réalité même» (I, p. 36).
Nature et esprit se distinguent parce qu'ils sont d'un autre ordre,
et cela.même empêche de les comparer. Mais dans l'esprit, la nature
se retrouve. Abstraite en elle-même, elle se Concrétise en lui. Figée
et inerte, en lui elle prend vie. La réalité que nous lui connaissons
et qu'atteignent nos sciences n'est que le symbole de cette réalité
autrement profonde et d'un autre ordre qu'est la vie de l'esprit.
Et cet esprit dont nous parlons, ce n'est pas seulement l'esprit
considéré dans l'homme, ce n'est point non plus seulement l'esprit
de Dieu ; c'est à la fois l'un et l'autre, l'un en l'autre, l'un demeurant
distinct de l'autre, maïs tous deux trouvant dans leur immanente
interactionl'achèvement, sil'on peut ainsi s'exprimer, de leur propre
personnalité. On demeure donc à égale distance d'un dualisme ex-
trinséciste et d'un monisme idéaliste qui conduirait au panthéisme. .
Ni objectivisme naïf, ni subjectivisme contraire à l'expérience.
Nous dépassons le naturalisme, nous écartons toute vue abstraite
et nous atteignons en cet esprit qui est vie le fond même de l'être.
En nous, nous retrouvons l'être tout entier : Dieu, nous-mêmes et la
nature ; le présent et le passé s'unissent dans la plénitude d'une
expérience qui se vit en dehors du temps, comme en dehors de toutes
les autres oppositions et distinctions conçues par la métaphysique
abstraite.
Ce passé condensé dont nous éprouvons la réalité dans l'expérience
spirituelle n'est pas autre chose que la tradition. L'élément autorité
n'a donc pas à intervenir sur ce plan de l'esprit. H ne se justifie
qu'au plan inférieur de la nature, la grande masse des hommes étant
incapable en fait de vivre de cette vie de l'esprit.A céux-cï la vérité
est dispensée sous forme de symboles tels que, par exemple, le
récit biblique de la chute originelle. En réalité la chute originelle
est un événement du monde de l'esprit : elle n'a pas pu s'accomplir
dans le monde de la nature qui est lui-même une suite du péché. Ce
qui ne veut pas dire qu'il faille rejeter la réalité historique de cet
événement rapporté par la Bible : il faut simplement le dépasser,
lui reconnaître sa valeur de symbole d'un événement, autrement pro-
fond et autrement réel, delà vie spirituelle dû monde. Il en va de
même d'ailleurs de tout l'ordre des événements de l'histoire, en
particulier, mais non pas exclusivement, de l'histoire religieuse.
Ces événements réels du temps que sont la naissance, la vie, la pas-
sion, la mort et la résurrection du Christ, ne prennent toute leur
316 THÉOLOGIES CHRÉTIENNES NON-CATHOLIQUES
(1) Les pensées contenuesdans ce chapitre ont été exposées en français par
l'auteur au congrès national polonais de philosophie en septembre 1926. Sa con^
Jérence a été publiée une premièrefois en russe dans la revue Put',n° 9 (janvier.
318 THÉOLOGIES CHRÉTIENNES NON-CATHOLIQÙÈS
Nous ne nous ;arrêterons pas au chap. VII qui est une critique
de la théosophie moderne et qui précise en quel sens l'auteur se
dit théosophe et favorable jusqu'à un certain point aux théories
gnostiques. Le chapitre suivant : Le développement spirituel et le
problème eschatologique (II, p. 158-189) insiste sur le caractère non
pas évolutif au sens moderne du mot, mais essentiellement dyna-
mique, du christianisme. Celui-ci demande à être repensé sans cesse
en fonction de l'expérience humaine qui s'enrichit chaque jour.
C'est une entreprise vaine et dangereuse de présenter aux esprits
contemporains le problème de la destinée de l'âme-et du monde
à la manière de la théologie officielle. La conception métaphysique
de l'enfer et de ses peines éternelles est désormais un scandale
aussi bien du point de vue de l'homme que du point de vue de Dieu.
Quant à la doctrine du salut, il n'est plus possible de la considérer
sous son aspect purement individuel. Nous ne pouvons savoir
sans doute si tous seront sauvés, mais nous devons tendre de tous
nos efforts à ce que tous le soient. Le christianisme conduit l'huma-
nité tout entière sur une voie de développement spirituel, il l'ache-
mine progressivement, avec des alternatives d'avance et de recul,
mais de recul préparant des étapes nouvelles, vers une transfor-
mation, une transfiguration, dont l'achèvement plénier s'identifiera
avec l'avènement du Royaume de Dieu.
Cette emprise progressive du divin sur l'univers, se-réalisant
par la libre réponse de l'homme à l'appel de Dieu, constitue le
mystère de l'Eglise (chap. X : L'Eglise et le monde. II, p. 190-236).
L'Église a des éléments visibles, quoiqu'en pensent les protestants,
mais ce ne sont pas ces éléments qui déterminent sa nature. Spi-
rituelle, elle ne peut être atteinte que par l'expérience spirituelle,
expérience d'ailleurs supra-individuelle, collective, débordant les
cadres de l'espace et du temps. Vivre dans l'Église c'est vivre
en commun l'esprit, l'amour et la liberté du Christ. L'Église- c'est
le cosmos « christifié ». Elle est plus large et plus compréhensive
que ce que nous voyons d'elle extérieurement le laisserait supposer,
et les possibilités de développement qui lui restent dépassent de
beaucoup ce que nous pouvons constater en elle de réalisation.Sans
doutel'Église étant humaine a un aspect matériel, une organisation,
mais il faut se garder d'identifier le Royaume de Dieu avec l'orga-
nisme ecclésiastique. On y voit trop exclusivement d'ordinaire
ce que l'homme y reçoit de Dieu et l'on néglige ce que l'homme peut
donner à Dieu, c'est à dire son activité libre, sa spontanéité cré-
atrice. Il y a en effet dans l'Église deux éléments : un élément
strictement humain se référant à l'activité propre de l'homme, et
un élément ministériel constitué par la hiérarchie sacerdotale.
Ce dernier élément par sa nature même se rattache à l'ordre ang é-
lique. La réalité de son action d'ordre charismatique n'est pas en
dépendance des qualités humaines des individus qui l'exercent.
La hiérarchie des valeurs humaines dans l'Église s'oppose donc
à la hiérarchie ministérielle ou angélique. Le thomisme, en plaçant
l'homme au degré inférieur de la hiérarchie des êtres spirituels
THEOLOGIE ORTHODOXE 321
(1) S. BVLGAKOY, Le ciel sur la terre dans Die Osikirche, Sonderheft der Vicr-
teljajirssçhrift/Una:-Sancia, Stuttgart, Frommann, J 927, pp. 42-63.
(2) N. RERVJATLV,-Orthodoxieund Ockumcniziiâl. Ibid., pp. 3-16.
(3) G.. V. FLonoVSKiT, Des Yaters llaus. Ibid., p. 16-42. — Cet article avait
déjà paru en russe sous une forme plus complète dans Pu/', n" 7.
(4) Foi et Gonstitiition.. Actes officiels de ta conférence mondiale de Lausanne
3-21 août 1927. Version françaiseipubliée sous la direction de J. Jézéquél. Paris,
Attihger, 1928 ; in-S<>, xyiii-è26;pp.
(5) Tezisy dokladov p sovremennojpokajannof discipline Professora Pctrograds-
Içpj Dulchovnoj Âkademii Protoiereja O, Nalimova, dans Put', n" 18, sept. 1929,
pp. 79-87, '-.:...:'. '"-:'
V //-: V THÉOLOGIE ORTHODOXE :// 327
ce qui concerne les péchés qui ne pouvaient être remis par les seules
dispositions subjectives du pénitent pupàr la prière cte la cpinmuhâur
.té. —L'dbïigatiohfaite aujourd'hui à tout;chrétien de se confesser
avant de recevoir.lé sacrement de l'eucharistie a pour conséquence
prâtique.d'èloignériesfidèles de la Communion dont ils ont Cependant
un si grand besoin, EUe: est d'ailleurspréjUdiçiabïe au sacrement
de pénitence lui-même qui se trouve,: dans bien dès cas, sans objet
et devient une simple direction spirituelle..—: Sans doute, N. s'op-
pose nettement à l'enseignement delà théologie catholique sur des-
points importants^ éii particulier sur lé caractère objectif dé la
distinction entre péché mortel eti)échë vénieLêt sur la raison d'être
du sacrement de pénitence pour une âme qui n'a pas perdu l'état de
grâce ; cependant îl/pfécOnise une pratique qui est celle du catholi-
cisme en invitant à la communion fréquente lés âmes qui ne sont
pas retenues par lés liens du péché. — Lé fait est d'importance.
Il n'est pas étonnant qu'il ait retenu l'attention du/Prof. S. BÛLGA-
EOV P) .qui y consacre d'intéressantes pages dans la revue Put'
que nous avons déjà eu l'occasion de citer plusieurs fois. B. séréjouit
de voir se dessiner un mouvement en faveur d'un Usage plus fréquent.,
de la sainte communipnV cependant if tient à marquer les limites
normales dans lesquelles doit rester cet Usagé (éii dehors des cas
exceptionnels que-la persécution peut faire naître). La préparation
Soigneuse de l'âme à lâVcommunionVtelle ;que la conçoit l'église
orthodoxe, avec assistance aux offices qui précèdent la messe, rend
pratiquement impossible la communion quotidienne ; d'autre part
;.s'il n'est pas absolument nécessaire que chaque communion Soit"
précédée d'une confession, en ce sens qu'une âme bien disposée peut
être autorisée par son confesseur à s'approcher plusieurs fois de suite
du sacrement de l'eucharistie sans avoir à se confesser à nouveau,
toutefois les fidèles hé peuvent être euxVmêhxes juges dé'la gravité
de leurs fautes, etpar conséquent ne peuvent se dispenser de rece-
voir l'absolution sacramentelle avant/de communier au: Corps et
Vau Sang du Christ, Le sacrement de pénitence déhieure en tout cas
/ nécessaire, de soi, pour la. remise des fautes -gravés/, si bonnes que
soient .redevenues,lés dispositions du-pénitent. N.-dans l'une de/Ses
thèses parle d'une interdiction qui serait faite au fidèle dé changer
de confesseur ; B. s'étonne justement dé cette réflexion, une pareille
interdiction n'existant ni dans le catholicisme ni dans l'orthodoxie.
Là ppsitipn de B. est certainement plus proche dé là tradition et de
l'esprit de l'orthodoxie /<jùe celle dé N..; eh pratique,, comme/èh
théorie, ne serait-ee pas/le catholicisme; qui tiendrait ici le juste
: milieu?; ;
~" :
-
Nous nous contenterons de signaler, car nous les avons déjà briè-
vement résumés dans cette revue, les articles de S, TROICEU sur Le
(1) S. BULGAKÔV, Drùg Teniklià. Paris, 1927 : in-12, 276"ppVV ' "}''.
(2) S, BuLGAKoy,..tesft>z'ca Jakovlja. Paris, 1929 ; in-î.2; 229,-pp,
THÉOLOGIES DE LANGUE ANGLAISE 331
(1) "W. A. BROWN, Ph. D., D. D. Reliefs that tnailcr. [A theology for laymen.
New York, Scribner, 1928, in-l;2, xiv-333 pp.-^ L'aUteUr, professeur de théologie
systématique à l'Union TheologicalSeminary(New York), « occupe, du consente-
ment général, la première place, depuis la mort de "W. N. Clark, parmi les théo-
logiens américains ». (D'après The Journaloj Religion, jan. 1929, p. 145, réeen»
sion de J. W. Buckham.)
" RÉVCEDESSCIEKCÉS.—T. XIX.5FASC.I.
— 22.
$38 THÉOLOGIES CHRÉTIENNES NON-CATHOLIQUËS
:
(1) Benjamin Breclaiiridge„WAftFieLt>. I. Révélation and Inspiration.—11.
ËiblicalDoctrines.—III. Christologg and Criticism. New-York,Oxford Univer-
sity Press, (HumphreyMil£ord),1927-1929; 3 vol.in-8,xiv-456,vi-665, vi-459 pp.
(2) Ct.Rev. se. ph.ih., 1911, p. 425,673 ; 1913,~p. 623, Voir aussi 1912, p. 193 j
1920, p. 318, 510, 715.
.
â4Q THÉOLOGIES CHRÉTIENNES NON-CATHOLIQUES
-
:'''i^W/."'-
; (2)Theologu, August, 1929, p. 77. ' --.':-
.
THÉOLOGIES DE LANGUE ANGLAISE 345
s'identifie avec l'activité créatrice, car c'est elle salis cesse qui
« tisse de nouveaux patrons » sur cette chaîne d'« événements »
(events), dont la répétition indifférenciée constitue la « matière
neutre » de l'univers ; noii qu'il y ait dualisme pourtant, à la manière
du Tiniée, car' cette « énergie de répétition » (répétitive energy)
n'a aucune signification pour la raison en dehors de son apparte-
nance à l'ordre éternel, et donc dépend entièrement de celui-ci,
aussibien que « la nouveauté » qui lui impose ses rythmes ascendants.
Une telle conception est évidemment dirigée contre tout évolution-
nisme moniste (celui par ex. du professeur Alexander), qui ferait
« émerger » les formes nouvelles de la série même en devenir, dont
l'ultime signification serait ainsi rejetée dans le futur. Mais d'autre
part elle ne conclut pas immédiatement à l'existence d'un Dieu
personnel : Dieu en effet n'est premièrement atteint que dans l'expé-
rience religieuse proprement dite. Or, si la coordination des multi-
ples expériences humaines s'est faite peu à peu par une appréhension
progressive de l'ordre éternel et de la réalité qu'il nous révèle, c'est
seulement dans le monde hébraïque que cette « rationalisation »
s'est cristallisée autour de l'expérience religieuse. Là toutes les autres
formes de« révélation » ont été absorbées dans la révélation religieuse.
Et sur ce terrain se trouvent accentuées à la fois l'opposition et
l'affinité qui existent entre Dieu et sa créature.
Déjà eh effet la série cosmique qui, d'étage en étage, se développe
avec continuité jusqu'au « niveau de l'esprit » se manifestait irré-
.
déjà contenu en germe dans le. sujet'(p.. 112 et ch. VI, passim).
L'auteur est visiblement très embarrassé pour justifier l'aspect
d'efficience du sacrement; et son embarras augmente lorsqu'il en
vient à l'étude des sacrements particuliers, du baptême surtout,
parce qu'il se heurte à de multiples affirmations de l'Écriture et de
la Tradition. Ne'pouvant se résoudre à admettre que le baptême
cause une nouvelle relation de filiation de la créature à Dieu, il
se retranche assez piteusement derrière «la logique de Nicodème »,
pour qui « la nouvelle naissance d'une âme déjà existante... est tou-
jours une contradiction » (p. 168), et avouant qu'il déplace l'accent
de la théologiedu N. T,il s'en excuse sur ce que le N. T. fut compo-
sé pour répondre à dés conditions particulières et nécessairement
transitoires (p. 179)'Nous n'insisterons pas sur le traitement de
l'Eucharistie. Q. n'ose plus, ici, subordonner l'aspect instrumental
à l'aspectsymbolique,mais il reste dans sa doctrine beaucouji d'obs-
curité et de confusions.
,
L'ouvrage contient encore un chapitre assez curieux sur « l'Église,
les Ordres et l'unité». Faisant état de la distinction catholique
(qu'il attribue à S. Augustin) entre la validité des sacrements et
leur efficacité, Q.nê voit pas comment on peut concilier cette distinc-
tion avec l'unité de l'Église : si en effet un groupe schismatique
possède encore des sacrements valides, ne continue-t-il point de
'faire véritablement partie du corps de l'Église, et dès lors l'Église
visible n'est-elle pas intérieurement divisée? La remarque est inté-
ressante en ce qu'elle souligne les liens réels de vie surnaturelle et
sacramentelle qui peuvent subsister entre l'Église et des schisma-
tiques de bonne foi. Mais elle oublie qu'en tant que société visible
l'Église est formellement unifiée non par le pouvoir d'ordre, mais
par sa hiérarchie de juridiction, sous l'autorité, suprême du Souve-
rain Pontife. Q. préfère recourir à une conception selon laquelle
«l'autorisation» de l'Église serait essentielle à la validité du sacre-
ment dé l'ordre. Il en résulte que, l'Église étant selon lui divisée,
aucune de ses fractions ne possède le sacerdoce dans son intégrité :
et il voit dans cette situation à la fois un appel à l'union et, si elle
était reconnue de tous, un terrain d'entente. On peut se demander
assurément ce que représenterait cette « mise en commun » d'élé-
ments parfaitement hétérogènes... Au reste Q. reconnaît que ses
vues ne sont guère partagées, même, par les «églises libres».
(1) Conférence tenue le 11 juillet 1927* sous le titre : Der Bêgriff dér Kiiche
(ôp. cit., p. 285-301),
THÉOLOGIE PROTESTANTE ALLEMANDE 371
(1) E. PETERSON. Was ist Théologie. Bonn, Cohen, 1925. Voir plus loin à la
fin du bulletin.
(2) Citation de Thurneysen,p. 310.
3*72 THÉOLOGIES CHRÉTIENNES NON-CATHOLIQÙÈS
(!) G. HOFFMANN^ Das Problem der letzten Dirige in der neueren evangelisçhen
TfteoZosz'e. Gôttingen,Yandenhoeck, 1929 ;in-8,120pp.
(2) Die Mgsiik und das Wort, p. 268. '.
(3) Theologische Ëlhik, 2* éd.,'5 volumes, 1867-1S7Î.
380 THÉOLOGIES CHRÉTIENNES NON-CATHOLIQUES
religieuse, si elle est chrétienne, ait reçu ses croyances de Jés us-Chiist.
A travers cette série d'ouvrages inspirés par Barth ou destinés à
lui répondre, il nous semblait voir la Théologie dialectique .'envahis-,
sant tout le Protestantisme allemand. Les apologètes qui défendent
un donné révélé contre une doctrine adverse sont souvent amenés à
traiter le problème, dans les termes où l'a exprimé l'adversaire, et
après avoir imposé les données, celui-ci finit par imposer sa solution.
Gardons-nous cependant de croire que l'église évangélique entière
adore aujourd'hui le Dieu totalement inaccessible, et que son unique
espérance est d'illuminer l'instant présent des clartés transcendan-
tales de l'éternité. Voici l'oeuvre de Wilhelm KOEPP : elle ne propose
pas, à la place du Dieu de Jésus-Christ, l'Un ineffable de Plotin ;
elle ne condamne pas la vie~humaine comme identique au péché;
382 THÉOLOGIES CHRETIENNES NON-CATHOLIQUES
(1) H. SoHWAnz, Golt, Jenseiis von Theismus und Pantheismus. Berlin, Jun-
ker and Dùnnhaupt, 1828 j ia-S, 212 pp.
384- THÉOLOGIES CHRÉTIENNES NON-CATHOLIQUES
sent être admises par nous. Le Rév. C. S. GILLETT réfute avec force
les griefs protestants contre le sacerdoce, et le R. P. THORNTON ap-
porte de solides arguments pour l'adoration et le culte public du
T. S. Sacrement en dehors delà messe. Le rapport intitulé « Commu-
nion avec l'homme », par le Rév. D. SYMON offre un tableau, très
suggestif de ce que doit être la pénétration par l'Église de la société
moderne. Deux études sur les « rites » et les « cérémonies » euchari-
stiques témoignent que le « ritualisme » reste l'un des traits carac-
téristiques du mouvement « High Church». Enfin des «vicars»
de paroisses font part d'expériences de leur ministère, émouvantes,
et révélatrices d'uiie réelle dévotion populaire.
Tout cela, pénétré de piété, d'esprit religieux et de zèle aposto-
lique, éveille assurément la sj'mpathie du lecteur Catholique ; mais
en même temps il ne peut se défendre d'une tristesse trop justifiée :
car il ne saurait reconnaître la validité des ordinations anglicanes,
ni par conséquent de l'Eucharistie célébrée par des ministres angli-
cans. Est-ce à dire que ce culte est sans fruits ? Non certes, et notis
pensons qu'il constitue la plus intense des prières. A ces âmes qui
le cherchent et proclament par toute leur conduite la faim qu'elles
ont de lui, Dieu veuille dispenser un jour, avec la lumière totale, le
véritable Pain de vie !
Avec le livre du Professeur MACINTOSH sur « l'Expérience chré-
tienne du pardon»^1), nous quittons le courant sàcramentaliste,
et nous abordons un aspect bien différent de la pensée théologique
anglaise, celui que le Dr. Vollrath, dahs l'ouvrage analysé en tête
de ce bulletin, donnait comme caractéristique des églises dissiden-
tes : la rédemption du péché, la réconciliation (the Atonement).
Voici comment se présente cette étude, d'après le plan qu'en trace
l'auteur lui-même dans s'a préface : « Le point de départ est pris
dans l'expérience chrétienne individuelle, et le sens qu'y revêt
le pardon, aussi bien que le besoin qu'on en a. Puis on fait voir en
la personne de Jésus la garantie suprême du pardon pour le pécheur,
et l'attention est appelée sur les grandes convictions qu'il inspira
à des croyants comme S. Paul et les Réformateurs. Le pardon en
tant qu'acte divin est analysé ensuite, potir la conception de Dieu
qu'il permet de former ; la réconciliation est étudiée en ce qu'elle
signifie le prix que coûte à Dieu le pardon ; un chapitre est consacré
à la question psychologique : comment l'homme reçoit le pardon ;
enfin l'on dit quelque chose des effets que produit le Sentiment du
pardon reçu, dans là vie individuelle et sociale » (p. xi).
(1) G. E. TAKNEH. Christianily and tlie Church mysiieal. The Harvest of the
World's Rédemption. Cambridge, Deighton, Bell and Co,1928 ; jn-12, iv-149 pp.
(2) G. J. CADOUX, M. A., D.D. (Lond.), M. A. (Oxon.), Prqï. of New Testa-
ment Criticism,Exegésis àild Theology and of ChristianSoçiology, in the York-
sliire United Independent Collège, Bradford. Çalholicism and Chrislianiiy.
A vindicalionof Progressive Proieslaniism. With à Fpreword byJ. V. BARTLET,
M. A., D. D., Professor-Emeritus oî Church Histary, Mansfield Collège, Oxford,
f.ondou, Alleu and XJnwiii, 1928 ; in-8, XL-708 pp.
THÉOLOGIES PE LANGUE ANGLAISE 357
rangés en bel ordre de, bataille (et c'est ce qui pourrait faire l'inté-
rêt du livre pour ceux qui seraient tenus de soutenir des controver-
ses), tous les arguments ou chefs d'accusation dressés contre l'Égli-
se depuis l'avènement du protestantisme. G. les a groupés en trois
corps : réponse de la philosophie chrétienne, réponse du témoi-
gnage del'histoire,.réponse de la justice humaine. Il serait trop long
et sans intérêt d'en faire un inventaire détaillé.
Dans le premier groupe sont revendiqués les droits de la raison
contre le dogme, de la « lumière intérieure » contre toute autorité
s'imposànt du dehors (Bible ou Église), delà critique contré le « tra-
ditionalisme », la nécessité de recourir toujours en dernière analyse
au jugement privé ; On rejette l'infaillibilité de l'Écriture, de l'É-
glise, du Christ lui-même, qui n'est plus qu'un « législateur moral »
et « le pionnier de notre foi » ; on nie la légitimité de tout credo
obligatoire.
De la partie historique, il nous suffira d'indiquer les titres des
chapitres pour donner une idée de leur contenu : le catholicisme
et les Écritures..,, l'A. T..., les Évangiles (opposition à la lecture
de la Bible, hostilité à l'égard de la critique, commentaires immo-
raux, erronés, puérils etc..) ; la Mère de Jésus (culte de la T. S.
Vierge et naissance virginale de Jésus) ; la Fondation de l'Église ;
Jésus et les Sept Sacrements ; l'Apôtre Pierre et l'Église de Rome ;
les prérogativespapales dans l'histoire ; merveilles fictives (légendes
et reliques de saints, culte du Sacré Coeur, etc..) ; catholicisme et
véracité (subordination de l'histoire au dogme, fausseté, attitude
à l'égard de la science [Galilée], de la philosophie, de la culture in-
tellectuelle [le Syllabus, l'Index]). "]
Enfin, en troisième lieu, C. manifeste sa réprobation de la doc-.
/Le second ouvrage auquel nous avons fait allusion (x) « n'a point
été écrit dans un esprit de polémique», nous dit. l'auteur, le Rçy.
T. A LACEY, chanoine de Worcester, et il faut l'en croire. Ce
petit livre,en effet, qui ne veut être qu'une « étude de principes»,
traduit un jugement droit et un esprit modéré. Non toutefois que
nous puissions être d'accord avec lui sur tous les points, sur celui
surtout qui restera toujours le critère dernier : la primauté du Siège
Apostolique. Mais beaucoup de ses vues sur l'Église sont saines,
et sa position même, du problème romain est loyale.
La méthode qu'il a suivie en cette brève étude est principale-
ment historique: «Si l'on trouve de claires tracés d autorité
dans l'Église de ce temps [les origines], il se peut que nous soyons
capables de reconnaître la même espèce d'autorité à l'oeuvre dans
lés circonstances, extrêmement différentes, d'aujourd'hui. C'est no-
tre dessein » (p. 6). •
L. commence par distinguer très justement l'autorité morale et
l'autorité légale ; mais dans la suite il aura tendance àlrop diminuer
la seconde au profit de la première. L'autorité des premiers grands
conciles, par exemple, était, selon lui,.« essentiellement morale»
(p. 23) et devait recevoir la sanction du «consentement catholique »,
En revanche, il montre bien que, dans sa distinction progressive
d'avec la synagogue, l'Église ne fut jamais une masse inorganisée :
à l'autorité indivise des Apôtres, à lafois « prophètes »' et. administra-
teurs, succéda sans interruption un épiscopat monarchique et
localisé.
L. étudie ensuite les limites du pouvoir apostolique ,et d'a-
bord celles qui sont « inhérentes à sa nature même ». C'est ici qu'il
rencontre le problème de la « cathedra Pétri ». Sa position à cet
égard est -intéressante par son inconséquence,, même. En effet,
d'une part il admet pleinement la concession à Pierre, par lé Christ,
du pouvoir des clefs, et cela au sens catholique.D'autrepart il recon-
naît que les papes,dans leurs premières revendications delà suprê-
me autorité, se fondent sur le privilège accordé à Pierre et sur leur
qualité de successeurs du Prince des Apôtres.Néanmoins, parce que
ces revendications sont tardives (il assigne la première au milieu
du 3e siècle, avec le pape S. Etienne) (2), il conclut que là:primâtité
de Pierre ne fut qu'un motif invoqué après coup, et qu'en réalité
les évêques de Rome obtinrent la suprématie en raison des « trois
immenses avantages » de leur église : « sa fondation apostolique,
la grandeur de la cité qui était le rendez-vous du monde entier, et
la garde des reliques des deux Apôtres » (p. 76). Il s'oblige ainsi
â soutenir que le privilège des clefs, réellement conféré à Pierre par
le Christ, disparut presque aussitôt, et que cette disparition est
inexplicable ! (cf. p. 45, 59, 79).
Ainsi la primauté romaine apparait à L. comme le terme naturel
(et d'ailleurs justifié) du développenient hiérarchique de l'Église.
Il ne la range point parmi les «limitations» imposées au pouvoir
apostolique par l'institution même du Christ. De ces dernières,
il retient surtout le caractère exclusivement spirituel de la mission
des Apôtres, et prend texte de certaines paroles dû Seigneur comme :
« Mon Royaume n'est pas de ce monde », et : « ceux qui se servi-
ront de l'épée périront par l'épée», pour refuser à l'Église le pou-
voir coercitif.
Autorité et liberté s'unissent dans la notion même de discipline,
:
qui ne signifie point «punition», mais « formation de disciples ».
Or « nul homme ne peut être obligé, par quelque force que ce soit,
à devenir un disciple ; mais accepter la discipline et refuser ensuite
la direction n'est ni raisonnable ni honnête» (p. 106).
Un dernier chapitre s'efforce d'établir le bilan de la prédication
évangélique, réalisations et insuccès : «l'Église, tandis qu'elle fait
des conquêtes au loin, semble laisser échapper à ses prises le peu-
ple longtemps confié à sa charge... (p. 121). Lé contact parait
?>
perdu ; l'hostilité diminue, mais l'indifférence là remplace. Et de
terminer sur cet appel vibrant et quelque peu angoissé : « Il y a
certainement des époques où il est convenable que l'Église s'appli-
que à de la culture intensive. Mais la jungle aujourd'hui se fait
envahissante. Et puis en auctin temps iln'estperniis des'entenir àla
défensive. La mission de l'Église n'est point de se garder en vie
dans un monde hostile, mais d'amener toute pensée captive à l'obé-
dience du Christ » (p. 124).
En somme ce petit livre est bien fait pour montrer comme s'est
réveillé, chez nombre de chrétiens anglicans, le sens de l'Église,
avec le désir dé la voir forte et organisée; en même temps qu'il
témoigne de la difficulté qu'éprouve une âme, même bien intention-
née, à se rapprocher, par des voies humaines, de l'infaillible vérité.
Le Saulchoir. A. M. AVRIL, O. P.
à les penser comme pensés par nous, construits par nous. Lé théo-
logien, par le fait qu'il exprime la parole de Dieu,la transforme en
une construction humaine. C'est pourquoi tous les grands théo-
logiens se sont rendu-compte qu'ils pensaient et disaient ce qu'il
fallait si ce n'était pas l'homme, mais Dieu quipensait et parlait (a).
Or, cela est absolument impossible. C'est pourquoi la théologie con-
sciente de sa tâche est une théologie « dialectique ».
Telle est la thèse fondamentale de l'école dont Karl Barth est le
chef. Si certains disciples, comme nous le verrons, émoussent le
tranchant de la thèse, Barth l'affile davantage. Il faut parler de
Dieu. C'est absolument impossible. L e théologien doit donc nier cha-
cune de ses affirmations et affirmer chacune de ses négations. Par
exemple, il n'affirme la misère de l'homme qu'en disant sa gloire ;
il lie connaît le péché qu'en sachant que le péché est pardonné. «En
tant quel'impie sait et entend qu'il est cela etrien d'autre, il apprend
que précisément il:est un juste» (2). Si ces contradictions formelles
épouvantent l'honnête bourgeois, ou simplement l'homme reli-
gieux du commun, voici la réponse de Barth : « Mon ami, ; j'ai fait
ce que je pouvais pour te rendre attentif à cela que mon affirma-,
tïon comme ma négation ne prétendent pas être la vérité de Dieu ;
elles prétendent témoigner de la vérité de Dieu, qui est au mi-
lieu, au delà de tout oui et de tout non. » (3). Mais avec la
théologie, c'est toute l'histoire et toute la Bible qui cessent de
dire la vérité de Dieu : elles y renvoient seulement. Tout, le Chri-
stianisme se borne à ces deux mots : Dieu parle. D'une part, le
Dieu au delà de toute pensée ; d'autre part, le néant de l'univers
et de son histoire. Cependant la nécessité de joindre sur Dieu des
propositions contradictoires permet de constituer toute une doctrine
formelle ; et Barth, homme d'une culture universelle et d'une imagi-
nation âprenient puissante, enveloppe ces contradictions dans les
somptueuses images des prophètes. Reste qu'au fond des choses, il
ramène tout à un double mouvementi analogue à celui dé la pro-
cession et du retour chez Plotin :1a corruption du péché et « la résur-
rection des morts » (4). Mort et résurrection qui ont lieu en chaque-
instant, non dans un au-delà. Mort et résurrection qui sont en même'
temps la misère morale et le pardon. Car l'influence de Dostoievreki
a été très grande sur Barth et son école ; touteleur morale consistèà
dévoiler le péché et à en 'prêcher la rémission.L'influence de Dos-
toiewslri? Né faudrait-il pas dire l'influence de l'Asie bouddhiste?
Se déprendre du malheur inhérent à l'existence finie pour se perdre
dans l'éternité du Dieu totalement inconnu, cet idéaLa beau être
présenté sous les mots de l'Évangile, c'est l'idéal des sages de l'Inde.
f (1) E. SPIESS. Die Religionstheorie vqn Ernst Troeltsch. Paderbprn, Schoni ngh,
1927 ; gr. in-8, Ç04 pp.
362 THÉOLOGIES CHRÉTIENNES NON-CATHOLIQUES
il pas beaucoup plus étonné de voir ceux de ses disciples qui se tar-
guent davantage de lui être fidèles, ignorer et même déprécier la vie
humaine de Jésus, et verser, dans les vases de l'Évangile, Vies liqueurs
les plus mortelles de l'Asie? Le spectacle qu'offre aujourd'hui le
Protestantisme allemand est extrêmement intéressant et instructif.
On aurait pu croire, après les interprétations symboliques que K'ant
et Hegel donnèrent du Christianisme, la course terminée de la Réfor-
me à l'incrédulité. Il nous était réservé cette surprise de voir',un
renouveau du luthéranisme primitif, une prédication de là fin des
choses teintée des images des prophètes, nous annoncer le Dieu de
Plotin et l'extase du Nirvana. Mais d'autres systèmes s'opposent
à celui-ci. Et dans tous d'ailleurs, il y a un effort pour repenser
certains éléments du Christianisme ; et il y a, venant de cette source,
une vie spirituelle.
Nice. Gaston RABEAU.
I. — OUVRAGES GÉNÉRAUX.
Ecrit dans un style alerte, clair, facile, ce petit volume très inté-
ressant rendra de grands services dans les cercles d'études.-
Les ouvrages de M. TRUC sont;toujours d'un tour original, et,-
par cela-même, captivant. Le livre qu'il vient de nous donner (1)
qui porte en sous-titre : Apologétique d'un incroyant, ne manqué
pas de cette qualité, non plus .que de D'ieh"d'''.au^s/Éan-.S--sa:.èp^ciu7v
sion — dont il dit qu'elle pourrait servir de préface :—Fauteur
a un mot qui résume fort bien tout l'ouvragé :;« Lé Catholicisme
reste la seule, puissance spirituelle de ces temps». .;. :
;,:
,
Ce n'est pas la thèse, on le voit qui est originale, c'est la
.
façon
dont elle nous est présentée. Après nous .avoir" démontréj par l'irré-
ductibilité de la matière à l'esprit, la nécessité de l'existence d'un
Esprit supérieur, M. T. attaque vigoùreusementlès liiëthodès scielW
tifiques modernes : l'abandon de la métaphysique^ le monisme dé
Descartes, l'effort de vouloir tout réduire au quantitatif;:"autant
d'erreurs qui détournent l'esprit de son véritable Objet. Car
l'esprit veut avant tout savoir pourquoi il est, pourquoi l'être
est; et pourquoi il va, dans tous ses actes, vers uneHn. Aucun; des
soi-disants savants modernes n'a pu lui répondre. « Il y a de l'être,;
donc il y a un être »,telle est la formulé ontologique de -M. T. L'exis-
tence d'un Dieu de l'ordre de la Pensée est d'une « éblouissante
vraisemblance ». Or, il se trouve que, seuleja philosophie de l'Eglise,'
en particulier la philosophie thomiste, a arraché la Créature à l'em-
pire de la matière et l'a rendue àsori vrai destin « qui est de s'orienter
par la connaissance et la prstique des vertus dans une voie dont
l'esprit. 1 oui: seul ne saurait trouver l'issue, mais qu'il sait devoir
tracer ». (p. 96). La recherche scientifique n'est qu-uii piétinement
sur place. M. T. n'est pas plus indulgent pourlà raison humaine
que pour la science moderne. Des défaillances de la Raison, il
conclut —un peu vite-—au surnaturel, à la Révélation, à la
;
(!) G. TRUC. Les raisons perpétuelles de croire. Paris,' Nouvelle Revue Criti-
que, 1929 | in-12, 209 pp. \-.v-
OUVRAGES GÉNÉRAUX 393
II. — ECCLÉSIOLOGIE.
Ouvrages catholiques. — Mgr. D'HERBIGNY publie la troisième
édition de son célèbre traité théologique de l'Église^).Elle ne diffère
des précédentes en rien d'essentiel. Certains textes ont été revus.
Là nécessité d'une réédition est le meilleur et le plus agréable
hommage que puisse recevoir un auteur. Celui-ci est tout particu-
lièrement mérité. Nous n'avons évidemment pas à rendre compte
d'un ouvrage aussi connu. Contentons-nous de dire que lés arguments
par lesquels l'auteur s'oppose à la division du traité de l'Eglise
en apologétique et théologique ne nous ont pas convaincu.
Réédition du traité De Ecclesia du R. P. DE GUIBERT, S. J. ( 2)
Ici nous avons la division très nette : traité apologétique, traite
théologique, et l'ouvrage y gagne certainement en clarté. Il est
un excellent résumé, bref et concis des principales thèses que com-
porte tout traité de l'Eglise.
Du R. P. E DORSCH, S. J. voici la seconde édition du deuxième
tome de ses Instilutiones theologiae fundamentalis : De Ecclesia
îil.— MONOGRAPHIES,
(1) L. ÙRSANO.Etmitagto. Madrid, Bruno del Anio, 1928 ; in-12, 215 pp.
REVUE DES SCIENCES.—- T. XIX., FASC. 2.: — 26.
402 BULLETIN D'APOLOGÉTIQUE
(1). R. P. PLUS, S. J. La sainteté catholique. (BiVb. cath. des. Se. rclig.) Paris,'
Bloud, 1928 ; in-12 146 pp.
(2) Th. QUONIAM.DÊ ta sainteté de Péguy, Paris. Alcan,1929 ; ih-12,185ppj
404 BULLETIN D'APOLOGÉTIQUE C
Décès. — Mgr CHAUVIN, évêque d'Evreux, est mort à l'âge de 71 ans. Après
ses études au Séminaire de Mayenne et à Saint-Sulpice,il avait enseignél'Écriture
Sainte au Séminaire dé Laval pendant quinze ans. Les deux volumes qu'il
publia: L'inspiration des Ecritures, 1896, et Leçons d'introduction générale
(aix Saintes Écritures, 1897, présentent une partie des fruits de son ensei-
408 GHRQNIQUE ':].
gnement, clair, méthodique, bien informé pour Son temps. Il avait été nom-
mé membre de là Commission biblique par.Léon XIII en 1903, ,
•
volonté de tendre à une synthèse où, dans l^unité de la pensée, la philosophie
interprète les problèmes posés par les.sciences,depuis lesvmathématiquè:s"jusqu'à-'
la sociologie, et critique théories et" méthodes,au delà des formes .particulières
de la recherche. Ainsi, faire oeuvre de philosophie scientifique, sans cepeiidant '
s'enfermer dans des constructions morales, politiques ou métaphysiqiies. : '
Ce dernier trait nous-révèle lé caractère foncier de R. et de son oeuvre. Formé:
dans, le positivisme, R. ne parviendra pas à en surmonter entièrement les pré-
jugés et à en franchir leslimites : incessamment-entraînévers là métaphysique:,
en laquelle il reconnaît une réponse à l'aspiration la plus profonde dé l'esprit :
Paris, 1923 ; en italien, 1922 ; en anglais, 1925 ; Qu'est-ce que la vie, Paris, 1926 ;
en italien, 1927.
Eu psychologie,ilrestelié à un associationnismedont l'insuffisance est de plus
en plus manifestée par les théories récentes (Gestaltheorie. Cf. la discussion avec
Kôhler, dans Scientia, 1927-1928). Dans sa Psychologie du raisonnement, Paris,
1920 ; édit. italienne, 1920 ; anglaise et espagnole, 1923, il s'applique à marquer,
jusqu'à l'excès, le rôle dans la vie intellectuelle de l'affectivité, unique et effec-
tive constructrice de la pensée.
Le même'finalisme se retrouve dans la morale et la sociologie de R. ; mais sa
formule d'une harmonie de la vie », empreinte d'un ardent idéalisme, ne dépas-
<t
L'Institutfut sauvé par ses anciens élèves et en particulier par les instituteurs
primaires de là Suisse Romande qui se cotisèrent pour lui venir en aide et qui
acceptèrent de participer...à sa direction administrative. Depuis, de nouvelles
étapes ont été franchies. L'État de Genève, que les circonstances avaient amené
à supprimer son École normale ou plutôt ce qui en tenait lieu, confie depuis
deux ans à l'Institut la préparation professionnelle de ses futurs instituteurs
et institutrices pour les classes enfantines et primaires. D'autre pari, l'Institut
vient d'être rattaché à la Faculté des Lettres de l'Université de Genève comme
Institut des sciences; de l'Éducation. Genève entre ainsi dans la voie de cette
préparation universitaire du Corps enseignant primaire qui a fait récemment
l'objet de tant de discussions. Lés élèves de l'Institut ont la possibilité de passer
des examens universitaires et, s'ils le veulent, de pousser jusqu'au doctorat.
Le nombre des élèves de l'Institut s'est notablement accru au cours de ces deux
dernières années. Ils sont plus de 100, représentant plus de 20 pays.Un bâtiment
scolaire entier a été affecté à l'Institut et à deux centres d'études qui sont avec
lui en relation très étroite, la Laboratoire de psychologie et le Bureau inter-
national d'Éducation.
RECENSION DES BEVUES:o
.
(1) Tous ces périodiques nous sont parvenus au cours du premier trimestre
de 1930. Seuls les articles ayant un rapport plus direct avec la matière propre
à la Revue ont été résumés. On s'est attaché à rendre aussi exactement que
possible la p ensée des auteurs en s'abstenantde toute appréciation. — Les Revues
catholiques sont marquées d'un astérisque. — Le Recension à été faite par les
RR. ,PP. CHÂTELAIN, CHENU, DELORME, DEMAN, GORCE, HÉRIS, PÉRINELLE,
SPICQ, SYNAVE (Le Saulçhoir), DUMONT (Lille), LAVERGNE (Le Havre), Sï-
jioNrN (Borne),
412 RECENSION DES REVUES
of the site. (Trois arguments d'ordre archéologique pour prouver que le Palais
de Caïphe occupaitlé terrain fouillé naguère par les PP. Assomptionnistes :
1° le tombeau aménagé en prison juive et près duquel on croit reconnaître une-
salle de corps de garde, où Jésus aurait été flagellé par les Juifs ; le pilier qui
manquepourrait bien être celui que vénéraientles chrétiens : des taches d'oxyde
de 1er auraient été prises par eux pour des taches de sang ; 2° le linteau portant
le mot « qorban»; 31- un certain nombre de mesures de capacité juives, avec
.
quelques poids et quelques monnaies du Ier siècle) pp. 394-416. — P. JoiioN
Notes philologiques sur le texte hébreu de Osée 2, 7, 11 ; Joël 1,7 ; 1, 15 (= Is.
13, 6) ; Jonas 1, 8 ; Habacuc 2, 2 ; Aggée, 2, 11-14 ; Zacharie 1, 5 ; 3, 9 ;Malachie
1, 14) pp. 417-420. — H. LUSSEAU. L'inspiration et Vintelligence (Cest «par
une illumination de l'intèllect-agent et par une motion de l'intellect-possible
de l'hagiographeque le divin Inspirateur des écrits canoniques s'assure le titre
d'auteur principal des jugements destinés aux livres saints et de leur rédaction ;
cette doctrine s'accorde avec celle de S.Thomas sur la prophétie (2a 2ae, q. 171-
174), mais l'écriture intègre le fait de l'inspiration au lieu que la parole n'est
qu'une fin secondaire du charisme de prophétie) pp. 421-444. —A. LANDGHAF.
Zur Méthode der biblischen Textkriiik im 12. Jaluhundert.;(l. On invoque or-
dinairement les textes de S. Augustin et .de S. Jérôme sur la supériorité récipro-
'
que des autorités hébraïques, grecques ou latines ; 2. Gilbert de là Porrée, dont
la science de la langue grecque semble assez maigre, recourt à S. Jérôme, à
l'Ambrosiaster,à Pelage et à Haymon, quand il rencontre une difficulté textuel-
le ; Etienne Langtonrecourt aux textes liturgiques, à la glose interlinéraire et à
Pierre Lombard, sans s'expliquer autrement sur sa méthode.) pp. 445-474.
tion dû Filioque dans le symbole par lés Latins brouille lès deux mentalités,
sur la doublequestion delà licéité et dé la vérité de l'adjonction.) pp. 518-527.
que ceux-ci n'agissent que par délégation implicite oh explicite du Saint Siège.)
pp. 5-15. —.V. GRUMEL. DU monénergismeau monothélisme. 5. L'Ecthèse. (suite)
(En 638, Sergius, libéré par la mort de S. Sophrone et d'Honorius, veut, par la
publication de l'Ecthèse, rétablir, au profit de Byzance, l'unité entre chalcédo-
niens dyéiiergistes et chalcédoniens monénergistes, non, comme on l'a dit, entre
les Chalcédoniens et les irréductibles monophysistes. A cause de ses tendances
..monénergistes et même monothélistes, l'Ecthèse ne fut acceptée ni du synode,
réuni à Byzance par Sergius, ni du Concile de Latran présidé par le nouveau
pape Séverin. Mort de Sergius (638). Le seul résultat de l'Ecthèse fut de donner
à l'unique volonté non plus le sens moral qu'avait accepté Honorius, mais le
sens physique qui, quarante ans plus tard, devait être condamné) pp. 16-28.—
V. LAURENT. Une princesse byzantine au cloître: Irëné-Eulogie. Choumnôs
Paléologine, fondatrice du couvent de fcmmesTov &iA.avOQmnov 2a>rijQOg.(Bio-
graphie, d'aprèsdes documents nouveaux, de la fille de Nicéphore Chohmnos,
devenue l'épouse du despote Jean Paléologue en 1304, veuve en 1308, restaura-
trice du couvent du SauveurPhilanthrope,morte en odeur de sainteté vers 1360.)
pp. 29-61. —R. JANIN. Les Francs au service des Byzantins, («...témoignages
les plus intéressants fournis par les historiens byzantins sur là-présence des
Francs dans les. armées impériales » du IVe" au XIVe s.) pp. 62-72. ^- E. STEPBA-
NOU et K. STRÀNNIK. Quelques figures de byzanlinistés : SpyridonLambroS
(1851-1919), Xénophon Sidéridès (1851-1929), Théodore Ivanovitch Ouspenskij
(1845-1928) pp. 73-91. — V. GRUMEL. Recherches récentes ,sur l'iconoclasme,
(A propos de l'ouvrage de M. Ostrogorsky, Sludien zur Geschichte des byzaniini-
schen Bilderstreites. Breslau, Marcus, 1929.) pp. 92-10 0.
dit Vatican sur l'infaillibilité et sur son rôle dans J'assentiment de fob)< pp
487-514.
; est caractérisée ; on n'accomplit cet acte que moyennant une autre sorte d'ab-
straction où l'on remplace provisoirementla situation concrète par un modèle
simplifié. Ces deux sortes d'abstraction sont indispensables ; chacune a ses
dangers. Mais ni l'une ni l'autre n'implique falsification ni né conduit -néces-
sairement à la falsification.) pp. 84-93.
Art and Culture (Aperçus et réflexions sur les idées émises pari' UnilyHistory
School à sa septième conférence, à Vienne, en 1923, et reproduites en volume
sous le titre Art and Civilizalion (Oxford Univ. Press, 1928). B. résumeplus en
détail l'étude de Mr. Holroyd sur l'art grec, celles de M. L. Binyon sur l'art
asiatique et de M. StrazygoWski sur l'art-chrétien primitif et médiéval.)-pp.
673-692. —-M. S. HXRRIS.The dilemma oj an experieniialEsihetician (Réponse
- aux
objections faites par M. Léo Stein à un précédent article) pp.-692-695. =
49 Dec.J. •— DEWEY. The sphère of application of the excluded middle. (Lesprin-
cipes formels de logique, tels le principe du tiers exclu, puisqu'ils sont purement
formels, sont applicables seulement à l'ordre formel, non-existentiel, et non
à laphilosophiephysique. Nous ne pouvons combiner la métaphysique impliquée
dans la logique aristotélicienne avec la métaphysique impliquée dans notre con-
.- naissance scientifique de la réalité.) pp.
701-705. — E. NAGEL, Can logic. be di-
vorced fromoniology ?. (Réflexions sur l'article précédent de J. Dewey.) pp. 705-
:
712. = 4930, 2 jany. — !W. T. BUSH. Religion and art. (Encore à propos de AH
and Civilization. Quelle contribution apporte l'art à la civilisation? Ne faut-il
pas déterminer, outre la valeur proprement esthétique des oeuvres d'art, leur
- «
grandeur »: la signification humaine profonde selon laquelle elles s'imposent
à tous partout et toujours et entrent comme composantesdans le monde où se
meut l'imagination collective? L'art religieux a mie importance particulière à
cepoint de vue, soit à cause du contenu essentiel commun de ses représentations,
soit par le développement qu'il donne à la-conscience collective de l'espèce:)
-pp. 5rl4. = 46 janv. — E. W.HALL, Of whai use are Whitehead'sEternal 06-
fects ? (Les « objets éternels ».de A. N. Whitehead ont pour but d'expliquerl'iden-
tité; la permanence, l'univèrsàhté, l'abstraction, la possibilité dont doit rendre
compte toute théorie delà connaissance. Bien que théoriquement cette fonction
.ne soit pas remplie par les «occasions actuelles», on peut se demander si les
:
derniers ouvrages de W, lie reviennent pas pratiquement àattribuer les carac-
; tères susdits aux « occasions ». Les « objets éternels ».ne sont-ils pas simplement
des aspects des «occasions actuelles»? La réponse de W. semble tantôt .oui,
tantôt non, tantôt oui et non. Cela tient à une conception somme toute « exter-
naliste » des occasions, insuffisamment corrigée par un recours à la nature divine.
: 11 faudrait modifier, la. théorie des occasions en distinguant dans les choses le
foyer spécifique (focal identity) et les détails qui intègrent la chose totale, de
manière à rendre compte à la fois et sans appel aux objets étemels, de l'identité
et de la différence, de la permanence et du changement,de l'universalité-etdelà
particularité, de l'abstrait et du concret, de la potentialité: et de l'actualité.)
pp. 29-44. — 30 janv. — Ch. M. PERRY. Essences sublimqied. (A propos d'un
'.. article de C. Kling, P. précise sa conception des essences et la défenddes objec-
:=
fions présentées.Il critique à la fois les neo-réalistes et les réalistes critiques pour
leur « machinerie épistémologique», et croit trouver un principe de solution plus
profond dans le principe de l'implication mutuelle de l'identité et du change-
.
4-SÔ
RECENSION DÉS REVUES-
ment. Selon son «réalisme dialectique » les essences:ne sont pas rejetées dans
l'autre monde, ni réduites à une signification simplement épistémologique, mais
universalisées et, au sens freudien,« subhmées »). pp. 57-65.—I.KNOX. Tôlsioy's,
esthetic définition of art. (L'art est une communication, —- non une Simple ex-
pression, contre Véron et Ducàsse—•; une communicationïpar contagion, — ce
qui exige l'originalité du sentiment, transmis, la netteté de la transmission, la
sincérité de l'artiste — ; une communication dés émotions; — ou mieux, des
expériences, c'est-à-dire des synthèses spirituelles de pensée et de sentiments
qui sont le fond de la vie.) pp. 65-70. — 43 Fév. —.L. E. AKELEY. Meihpdoiogy
in physics and psychology wiih philosophie implications. (Si l'on prend le mot
atonie comme un terme commun, susceptible de s'appliquer à divers types
d'unités plus ou moins larges, il faut conveinr que le monde est orgaisé atomi-
quement. C'est ce qui fonde le principe de spécialisation dégagé par "W. Ostwald
de la méthode suivie par J. W. Gibbs en thermodynamique. L'auteur montre,
sur l'exemple du courant électrique, qu'un phénomène donné peut être étudié
scientifiquement sans présupposer la connaissance ni la mesure d'aucun autre
phénomène.) pp. 83-96. — Y. H. KRISKORIAN. 27ie meaning of purpose. (Le
but d'un acte est le résultat attendu de cette espèce d'actes. Lé résultat attendu
est le principe d'unité et de direction de l'acte. Les actes subordonnés mos'en-
nant lesquels le résultat est atteint conditionnent à leur tourtout le processus.
En outre l'idée de but inclus une référence au futur et une certaine contin-
gence.) pp. 96-105.
une édition, non d'après-le texte delà; Légende d'Adam, mais û'apres.deux mssi
de-Cambridge et de Hereford.) pp. 113-127. —C. H. TURNER:; Arôles oh the
Appstolic Constitutions..(Continue ses études devi'914 ét/de lQtepar-uhïlroi-.
sième article : III.Tlietextofthé EighthBook.Quelques données sur Ies.:éditions,
.
le texte, la théologie, le lieu et la date-de composition.duviiie livré;) ;pp, :I28-.
141.— W, TELÈER. The latin Life of St Gregory.Thaûmqlurgus: (Cétte'yié; qù?
utilise Rufin, est postérieure- au début du Ve siècle. Les mss.fixenttalïn dû.x?
: s. comme.extrême .limite de composition.) pp. 142-155..--- J.-.A. SMITH.-The'
meaningof KvgiO(,-.(C'estlesensimpliqùédanslemotanglaiS'«Iorç[»;ildésigne
aussibiènle propriétaire par rapport à son bien, lepère parrapp.or.fàsës..enfànts
et leroi par rapportaies sujets.) pp. 155-16Q. •— F. É. BRrGHTMANîî7ié Ana-
phora of .Théodore.- (Montre que l'anaphore attribuée ;â, Théodore de Mopsuesté
.
et incriminée par Léonce de Byzance est bien de Théodore.) pp, 160464. —
WATKIN WILLIAMS. A Dialoguebetwecna Cluniac and a Cistercian.(Étude du;
Dialogue édité dansle Thésaurus de Martène et Durand ; cerDialogue-ést.à
placerentre 1153 et,117.3.) pp. 164-175. — J, M. X^Ev:.;Tlm:'Goticlusion:of:tlie
Gospel accqrding.iq saint. Mark. (Marc a ajouté :iè;verset;7à saisource:: ,cette
addition, a provoqué l'adjonction-d'un nouveau chai non,, la finale 9-20). pp..
175-180.:—G; LÀTTEY. The Praetorianï of Pïfafe,; (L'Antonifi étaitlà-résidence
-- régulière des .gouverneurs, romains ; et -du...palais d'Hérodé,;,où: il y eut toujours,
quelques soldatsy ilsn'usèrent qu'en des occasions sp:éciales.)pp,:180-182. —ï.
W". SLOTKI. Thcmcire andtextaf PsalmXXXI,\3,4yj9 and- :EzecMel:%2%^
186-189.. '-". ',' V :,,-:'.';;:
- .
;
•81. ; c
'
elle n'est pas nécessaire à.l'explication de l'effet Miçhelson-Morley.) pp. 79-
''..
-
-
NIEUW THEOLOGISCH TIJDSCHRIFT. 4930. 4. — R. FRUIN. Vier
verlellingen uil den Babylonisçh-PerzischenTifd. (I. Que penser delà divergence
des livres des Rois et des Chroniques. La captivité du Roi Manassé à Babylone
[2 Rois, 21. •— Chroniques, 33]-— II Les réponses à l'énigme des trois gardes
du corps de Darius. [3 Esdras, 3, 4}. — III. Les puritains et les laxistes. [Néhé-
424 RECENSION DES REVUES
mie, 13, 6.] — IV. Alexandre le Grand à Jérusalem.; [Josèphe. Ântiq., VII,
302].) pp. 3-24. — H. HACEMANN. Das wahre Gèsichl des Bûches Hiob. (L'aspect
véritable du livre de Job.) pp. 25-35. — H: A. VAN BAKEL. Tyçonius,Auguslinus
anie Augustinum. (Ce que S, Augustin doit à Tyconius.) pp, 36-57.
PUT'. Jiiil. — S.TKOICKIJ. Brait, i grëlïh. Brak poslë grckha. (Le mariage et
le péché. Le mariage après le péché. Étude sur la nature de la concupiscence
et son aspect moral. Critique de la position de S. Augustin estimée fausse du
triple point de vue anthropologique, psychologique et moral. Les processus
physiologiques de la vie sexuelle ne rentrent dans le cadre de la moralité que
par l'élément de connaissance qui s'y ajoute.) pp. 3-24. — Ieromonakh IOANN
(SAKHOVSKOJ). Svoboda ot mira.(Liberté à l'égard du monde. Pensées sur l'atti-
tude du Christ vis-à-vis du monde et sur son enseignement à ce sujet.) pp. 25-
39, — M. KURDJUMOV. Y favorskom svëtc. (Dans la lumière du Thabor. Sur le
renouveau de la conscience religieuse dans l'église russe sous le coup de l'épreuve
de la révolution. )pp. 30-53. — N. S. TIMAÊEV. Kodifikacija sovëiskago cerkov-
nago prava. (La codification du droit ecclésiastique soviétique.) pp. 54-61. —
I. STRATONOV. Krisis cerkovnoj smuty v Rossii i dalt nêjsij eja rosi za rubezom.
(Sur les dissensions dans l'église, en Russie et dans l'émigration : à l'heure où
elles s'apaisent là, elles né font que s'accentuer ici.) pp. 62-80. — U. IVACK.
Prolelarii i Masina.( Les prolétaires et la machine. Le double processus de pro-
létarisation et d'industrialisation qui marque notre époque peut amener un
renouveau, même au point de vue chrétien ; de ce renouveau le peuple russe et
lui seul peut être l'artisan au profit de l'univers entier.) pp. 81-95. —Ë. BELEN-
SON. Put' neispovëdimyj. (La voie incompréhensible. A propos du livre d'Emile
Dërmenghem : La Vie admirable et les Révélations de Marie clés Vallées.) pp.
96-103. — Novyfa knigi (Livres nouveaux. J. WAHL. Le mallieur de la conscience
426 RECENSION'.'DES REVUES ': ;
(t vers 1312-1313), dont il tracé ime biographie rapide.) pp. 66-102.— E. PER-
ROY. Un évêque urbaniste protégé.par l'Angleterre(Épisode local du grand schis-
me d'Occident.) pp. 103-109. — P. DEBÔNGNIE. Uniémoignâgcméçpnnu en far
veur deThamas a Kempis. (Au sujet de l'Imitation. Le ms. 4338 de Vienne) pp.
109-115. : -,':-;.;
REVUE IVJ&rsTOÏRE Et DE RElLÔ SÔÎ?HlE RÊLi&IÈtjêË.
4929. Juil.-Oct.—- S, COOK. L'arrière-plan historique de l'Ancien Testament.
!..
•
;BËÇENSION PES REVUES .-.'; -v. #8
(Quelques principes dont il faut tenir comptédans l'étude historiquedudéyeîop-
pement religieux d'Israël, Il faut établir une théorie propre de l'évolution reli-
gieuse. Un principe de continuité n'implique pas un développement rigide îles
institutions et des doctrines ; ily a des solutions de continuité dues à l'infIuence
de religions plus primitives; application à l'histoire du prophétisme.) pp.295-
318, — J. HERING. La pensée d'Origène. (Présentation, surtout doctrinale, de
l'ouvrage d'Eugène de Faye : Origène, sa vie, son Oeuvre, sa!pensêe.) pp. 319-340.
—- E. EHRHARDT. Idéologie communiste et phristihnismp. (T.B cnirirriiiTiismft se
rattache, au moins par quelques racines, à. l'évangile'; l'histoire témoigne de
l'effort de là pensée et delà piété chrétienne « en vue de donner corps à l'idée
dé fraternité dans dés organisations communistes; deS' Basile et StAnibroise
au christianisme social moderne. De leur côté, les socialistes depuis Jaurès se
rappellent ÎCant, rejettent lé matérialisme théorique et pratique de Marx et
aboutissent à une religion.Malgré lé divorce absolu du christianisme et du com-
munisme actuel, on peut réconnaître la pénétration dans les masses de la tradi-
tion et deTesprit chrétien. «En la personne de quelques-uns de ses représen-
tants les plus éminents, (lé communisme) demande des ailes à l'esprit du Christ.
Qui sait si le. mouvement restera confiné dans iinè élite?») pp. 341-365. —• J.
MAKry,;Etude des textes cultuels de prière contenus dans. le. N„T; (fin). (Hymnes,
ou fragments d'hymnes, dansles épîtres et les évangiles (Le. r, a).) pp. 366-376.
^— J. GAGÉ, Une épitaphechrétienne d'Afrique. (Copie d'un modèle africain du
iv-v° s., trouvé à Hippone au cours d'une campagne de fouilles en 1928.) —
R, WILL, Le culte du Sacré-Coeuren Alsace. (Analyse et discussion de là mono-
graphie de Médard BARTH : Die Herz-Jesu Yerehrung im Elsdss vqm 12. Jahr-
hunâertbîs auf die Gegénwart, qui «prétend démontrer que leçultedu Sacré-
Coeur est d'origine mëmëvale et de filiation germanique».) pp. 382-393.
Noy. — E. LEHMANN. L'évolution de l'histoire des religions. (Conférence
inaugurale du Ve Congrès international d'Histoire des religions, réuni à Lund,
août 1919. Née de la philosophie, l'histoire des religions_; à progressé grâce aux
contributions, de valeur inégale, de la philologie grecque, puis orientale, de la
mythologie, de la méthodë'Comparative,de l'archéologie et déTefhnographie, de
réyolutionisme, de làméthôde psychologique et de la sociologie.) pp. 421-427.
— Gh. Gxjipi<is.BBB.T, Remarqués sur quelques conceptions chrétiennes antiques
touchant Vqrigine et la nature de l'âme. (Rapport présenté au congrès de Lund.
Jésus rii Paul n'ont donné dé cette doctrine un enseignement net, non plus que
laBibleètlâréfIexion:juive,lespIiilosophesgrecs elles religions â mystère. Un
inyentairede quelques témoignages chrétiens du IIe, m? s.permet de constater
leurImprécision et leur incohérence.) pp. 428-450. —- C, ALPHANDÉRY.Traces de
Manichéisme dans le moyen âgé latin (yie-xii» sj<»cfe),(Rapport présenté àiiCon-
grès de Lund. Un examen de la littérature des visîoris,dahsle haut moyen âge,
décèle des influencesmanichéennes, et confirmerait une survivance continue,
diffuse, du manichésime en Occident.) pp. 451-456, — J. JACOBSEN, A propos
de Proverbes vin, 22-31. (La figure de femme, qui se trouve sous le bras gauche
dû Créateur dans le tableau de Michel-Ange représentant la création d'Adam
surla yoûte de la chapelle Sixtine, doit être identifiée avec la descriptiondela ...
Sagesse, Prov. vin, 22-31. Pour interpréter cette figuré, il faut analyser le te'xte
biblique, tel que Michel-Angel'a lu.) pp. 468-473. r-:P. LEUILLOT, Aini Bosf((
Stfaspourg (1819-1821). pp. 474-478. : ; ;\
;
434' '.- '- RECENSION DES REVUES.-;;
et manoeuvres par les lois du hasard ».) pp. 79-96. — H. WALLON. Lq.psycîior
logic appliquée. (Oppose la iisychôlpgie apphquëe à la psychologie «idéologique»
et « à base d'introspection »,et en montreles avantages. Les effets de l'activité. :
psychologique en effet sont mesurables, et donnent donc une base précise,sahs :
i
toutefois dissocier l'individu. Propose ensuite une division d'après. lès! éléments
même de «l'activité réalisatrice de l'homme»:) pp. 97^107,-.: :
.REVUE DE SYNTHESEHISTORIQUË.a929,;Bê^
et son milieu. (A propos du Mai-tin Luther de L. Febvre, 1-9.29.: C'est une biogra-
phie psychologique. Plus que cela, étude de L. dans son mï&çâ, ëtliniqUev-tehi-.
poraire, social, logique. Réflexions de méthpdologië,histoi'iqUe.)Pp..5-13,.—- :
H. SJÉE. La philospphie de l'histoire de Herder. (Présupposésde saphilosophie:;
de l'histoire : entre la nature etl'histoire il n'y a pas de solution de-continuité,:;
car I hommeest mi produit;d.ela naturé;;cependanttratt^^
îtECENSION DES REVUES 437
le mal de la peiné constituent le passif du péché, la double dette qui vient gre-
ver son sacrifice. Or, en face des exigences divines, le pécheur, laissé à lui-même,
est un débiteur insolvable.) pp. 476-488. •— P. MANDONNET, Clironologie des écrits
scripluraires de S. Thomas d'Aquin. (Rien ne s'oppose à ce que la Caiena aurea
ait été l'objet des leçons ordinaires de S. Thomas, et la chronologie des écrits:
scripluraires, telle que l'auteur l'a établie, semble bien conduire à cette conclu-
sion.) pp. 489-519. •— • A, GARDEIL, A propos d'un cahier du R. P. Romeyer.
,
(Réponse au P. Romeyer à propos de la perception de l'âme par soi.) pp. 520-
532. = 1930. Janv. — F.-X. MAQUART. L'espace et le temps, règles universelles
et a priori de la sensibilité. (Réponse au P. Maréchal au sujet delà nécessité et
de la possibilité d'un a priori psychologique de la sensibilité. L'essai du R. P.
ne cadre en rien avec les principes de S. Thomas ni avec ses doctrines les plus
explicites, et est incapable d'expliquer les faits constatés dans la connaissance
sensible.) pp. 3-23. — O. LACOMBE. La critique des théories de la connaissance
chez Dans Sçol. (Expose les critiques adressées par Scot à Godefroy de Fontai-
nes, à Henri de Gand et surtout à S. Thomas d'Aquin, au sujet de l'objet propre
de l'intelligence, et de la structure intelligible de la chose comme.) pp. 24-47.
— A. D. SERTILLANGES.La notion de création. (Réponse àl'article de M. Thyrion,
paru dans cette même Revue.) pp. 48-57. — M.-B. LAVAUD. Quiélisme et pur
amour; Ascèse et prière pure. (Étude critique du tome IV de la Spiritualité
clurélicnne de M. Pourrat et de l'Introduction à la Philosophie de la Prière, de
M. BRÉMOND.) pp. 58-74. — M.-B. LAVAUD. Moïse et saint Paul ont-ils eu la vi-
sion de Dieu dès ici-basl (Un thomiste n'est aucunementinfidèle à l'esprit et
à la solide doctrine de son maître en gardant sa liberté d'opiner autrement
que lui sur ce point, et même en pensant que, si le saint Docteur vivait de nos
jours, se sentant plus libre à l'égard de l'autorité toujours exceptionnelle de
saint Augustin, il n'en soutiendrait pas aussi nettement l'opinion, mais interpré-
terait autrement les textes de la sainte Écriture.) pp. 73-83. — Mars. — H. D .
NOBLE. Le tempérament passionnel d'après saint Thomas. (Étudie la nature, les
causes et les variétés du tempérament ; ses rapports avec la .moralité.) pp. 97-
127. — E. HUGUENY. L'qmour de bienveillance dans l'attrition. (La doctrine de
Tattrition suffisante, sans commencement d'amour de bienveillance, tolérée
pratiquement parce que l'attrition souveraine est toujours accompagnée, en
fait, de cet amour de bienveillance, mais en désaccord manifesté avec le chapitre
VI de la Vie Session du Concile de Trente, fondée sur une interprétation inexacte
du chapitre IV de la XIV« Session, est spéculativement peu probable et prati-
quement moins utile aux âmes que celle delà nécessité d'un commencement
d'amour de bienveillance dans l'attrition qui nous prépare à l'absolution.) pp.
128-143. — O. LACOMBE. Mécanisme et nature de la connaissance. (Expose les
critiques de Scot au sujet de la doctrine de Pierre de Trabibus et de celle de Gode-
froy de Fontaines.) pp. 144-157. — A.-D. BOULANGER. Le « semi-agnosticisme »
du P. Sertillanges et le thomisme du R. P. Romeyer. (Met en regard les textes du
P. Sertillanges et ceux de S. Thomas, en vue de répondre aux allégations du P.
Romeyer.) pp. 158-189.
l'église paroissiale. Si des privilèges sans nombre adoucirent aux 14e et 15e siècles
l'exclusivité de ce droit, on ne peut en dire autant en ce qui concerne la commu-
nion pascale.) pp. 477-516. —B. JANSEN. Beilrâgezur geschiehllichenEnlwicl.iung
'der Distinctj.0 formalis (fin). (De S. Bonaventure à Scot et à son contemporain
,
Alexandre d'Alessandria, il est loisible de suivre le développement historique de
la doctrine de la distinction formelle actuelle, antérieure à toute opération
mentale. Les noms de Matthieu d'Aquasparta et d'Olivi marquentles étapes de
ce progrès, Olivi àla même position que Scot, mais, à une époque peu critique,
on accorda à Scot la paternité de la distinctio tormalis parce qu'il avait plus
heureusement que tout autre formulé la doctrine.) pp.517-544.— F.PELSTER. Li-
icrargeschichllicheBeiirâge zu Robert von Melun,Bishof von Herejord. (Description
d'un exemplaire anonyme et jusqu'ici inconnu de la Somme de Robert de Melun
exemplaire conservé dans les mss. Digby 187 et 168 delà Bodléienne. P. établit
que l'auteur de la transcription abrégée de cette Somme n'est pas Robert de
Melun et présume que la rédaction de la Somme elle-même fut commencée à
Oxford vers Tan 1158.) pp. 564-579.-—J. A. JUNGMANN. Beobachlungen zum
Forileben von Hippolyls « Apostolischer Uberlieferungs ».(Tandis" qu'en Orient
la « Tradition apostolique » gagne en crédit parce qu'on croit qu'Hippolyte est
un disciple direct des Apôtres, le livre en Occident est vite voué à l'oubli. Toute -
fois deux textes d'Hippolyte ont pris place dans le Pontif ical Romain, Lepremier
concerne la consécration des diacres ;on le trouve déjà dans les « staluta ecclesiae
antiqua » recueil canonique composé au début du 6e s. dans la région d'Arles ;
des influences orientales auraient fait connaître Hippolyteà Arles ; nous aurions
donc un texte revenu d'Orient à Rome par l'intermédiaire de la liturgie Gallica-
ne. Le second texte d'Hippolyte, relatif à la consécration des saintes huiles,
serait passé par contre directement dans la liturgie romaine.) pp. 579- 585 =
4930.4..—C. FECKES.Wz'ssen, Glauben und Glaubenswisscnschaftnach Alberldem
Gressen. (Étude générale sur la position d'A. le G. dans les problèmes touchant
les rapports de la science et de la foi. I. Avant A. deux courants dépensée avan-
tageant l'un la science au détriment de la foi, l'autre la foi de préférence à la
science. II. La connaissance et la science chez A. Solution aristotélicienne.
L'intellect agent est situé dans l'homme : importance de cette révolution.
III. La foi selon A. Ses trois éléments : objet, lumière, tendance volontaire,
Importance particulière attribuée à la tendance affective. IV. Rapports de
la foi et de la science : elles ne s'opposent pas, chacune a son dom aine,mais la
foi est supérieure.V. La science de la foi. Constitution de la théologie comme scien-
ce grâce aux principes aristotéliciens. Conclusion : A.a déjà pour l'essentiel
la position de S.Thomas. Il donne cependant plus d'importance que lui à l'élé-
ment volontaire dans l'acte de foi et en conséquence il fait de la théologienne
science pratique), pp. 1-39. —B. GRIESSER. Beiirâge zur Texlgeschichte der
ExposilioIV Evangeliorum des Ps.-Hiei-pnymus.(Pour-jeter un peu de lumière
sur les difficultés diverses soulevées par cet ouvrage,G. distingue et compare
méthodiquement deux rédactions différentes que nous livrent les manuscrits
carolingiens.) pp. 40-87. —P. GAECHTER. Zur Exégèse von Rpm 6,5, (Comment
définir les expressions avpqmroi, et tq> opoio'ipaxirpvOavârov aêrovet com-
ment les accorder dans le texte du verset.) pp. 88-92. —J. B. ÙMBERG. « Sacra-
menla efficiunt quad significanl ». (Réponse à l'article publié dans le Jahrbuch
fur Lilurgiewissenschafi, S (1928), par O. Casel.) pp. 92-106.
îâhv&îvîe S. ¥REÏ?S 6, Place de ïa Sorîjonne, 6 — PARIS (Ve)
de S. Thomas d'Aqum
...
VII. G. THEHY, O. P. Autour au décret de 1210: II. Alexandre
-
VIII. M.-D. ROLAIND-GOSSELIK, O. P. Le De ente et essentia »
<.
16 fr.
25 fr.
...
IX. P. GLORIEUX. Les picmières polémiques thomistes : I.
Le Correcforium Couuptorii « Quarc »
X. J. PÉRINELLE, O. P. L'attiition d'après le Concile de
Tiente et d'après S. Thomas d'Aquin
50 fr.'
18 ir.
XI. G. LACOMBE. PIeposilmi Cantellaiii Patisiensis opéra
'Prévosiin . .... .......
omnia : I. Liudc critique sm la vie et les (Euvres de
.~
XII. Jeanne DAGUILLON. Ulrich de Strasbomg, O. P. La
« Summa de Bono ». Livre 1
25 ir.
40 fr.
XIII et XIV. Mélanges Piene Mandonnet. Deux volumes.
A PARAITRE'.
P. GLORIEUX. Les piemièies polémiques thomistes : H. Le Correoto-
rium Corruptoni Sciendum ».
<>
-^ .'
' professeur à la Sorbonne, - , -„_ ~
Directeur d'études à l'Ecole pratique -
3cs hautes études religieuses. ^ _
' ~
- '
VOLUMES PARUS:
1. Éiieiine GILSON. Le Thona&me.'inlrQduclion^-a système
de saint Ttiômas d'Aquin. Troisième édition revue et -
augmenlee, Un^ volume in-80 de 315 pages . . . 32 ir.
II. rtaouî CAJVJOK. L'expérience physique chez Roger Bacon
(Contribution à l'élude de la méthode et de la science
189 pages
t .....,,...„,
expérimentale au XJI3& siècle). Un volume ni-8° de
,
IJ1. Raoul CARTON. L'expérience mysiique-de l'illumination
.
15 £r.
....
IX. .J.-M, BJSSEN. L'e::.emplarisiiie divin selon saini Bona-
venturc. Un volume in-8° de 304 pages
-X. J.-Fr. BoNNiirov.. J,t Saint-Esprit et ses dons selon
35 fr.