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Qu'est-ce que le Brexit ?

Qu'est-ce que le Brexit ?


Question-Réponse 17.10.2019 La rédaction

Le "Brexit" est une abréviation de "British Exit", désignant la


sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE).

Le 23 juin 2016, lors d'un référendum organisé par l'ancien


Premier ministre David Cameron, 51,9% des Britanniques ont
choisi de quitter l’UE. A la suite du déclenchement de l'article
50 du traité sur l'Union européenne le 29 mars 2017, le
Royaume-Uni et les 27 autres pays membres de l'Union
européenne se sont donné deux ans pour préparer la sortie
effective du pays. Celle-ci a toutefois été repoussée au 31
octobre 2019.

Entre juillet 2016 et juillet 2019, c'est la Première


ministre Theresa May qui a mené les discussions sur la sortie
de son pays face aux négociateurs européens. Démissionnaire,
elle a été remplacée par Boris Johnson le 23 juillet 2019.
Crédits : egal / iStock

Pourquoi le Brexit ?
Lors de sa campagne pour briguer un second mandat de Premier
ministre, David Cameron avait promis d'organiser, au plus tard en 2017,
un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni  dans l'Union
européenne. Promesse tenue, après un Conseil européen consacré à la
question au mois de février 2016 : le chef du gouvernement a annoncé
que le référendum aurait lieu le 23 juin 2016.

Avec 51,9% des voix, c'est le camp du "Leave" qui l'a emporté le jour du


scrutin. La participation a été supérieure à 72%, un record pour le pays.
David Cameron, qui avait fait campagne pour le maintien du pays au sein
de l'Union européenne, a choisi de démissionner quelques jours après le
résultat. Il a été remplacé par l'ancienne ministre de l'Intérieur  Theresa
May en juillet 2016, jusqu'à l'élection de Boris Johnson trois ans plus
tard.

Le Royaume-Uni vote en faveur de la sortie de l'Union européenne,


Cameron démissionne
Le Royaume-Uni s'apprête donc à quitter l'Union européenne - un
processus qui devait s'achever le 29 mars 2019, après deux ans de
négociations complexes entre le pays et les vingt-sept autres Etats
membres... mais qui a été prolongé une première fois au 12 avril, puis
au 31 octobre, pour essayer d'éviter une sortie du pays sans accord.

Quelles étapes ?
 Juin 2017 : début des négociations sur les modalités de sortie

L'article 50 du traité sur l'Union européenne (TUE) encadre les


conditions d'une sortie d'un Etat membre de l'Union européenne . L'État
qui décide de se retirer notifie son intention au Conseil européen. L'Union
négocie alors avec cet État un accord fixant les modalités de son retrait,
que le Conseil conclut ensuite à la majorité qualifiée, après  approbation
du Parlement européen.

Le 29 mars 2017, le représentant du Royaume-Uni auprès de l'Union


européenne remet la lettre actant le déclenchement de l'article 50 à
Donald Tusk, président du Conseil européen. Ce déclenchement marque
le point de départ du processus de négociations conduisant à la sortie du
pays de l’UE.

Le 31 mars 2017, les Vingt-Sept présentent les grandes orientations de


leur approche : l'UE se dit ouverte à des négociations rapides sur le futur
partenariat avec le Royaume-Uni, mais une fois seulement que des
"progrès suffisants" auront été effectués sur trois points : le montant que
le pays devra verser au budget européen avant de partir, le statut
des citoyens européens installés au Royaume-Uni, et le statut de la
frontière avec l'Irlande.

Le 8 juin 2017, Theresa May est reconduite dans ses fonctions après la
victoire relative du parti conservateur lors d'élections anticipées. Ce
dernier s'allie toutefois au parti unioniste irlandais (DUP) pour conserver
sa majorité absolue, ce qui fragilise la position du gouvernement dans les
négociations sur le Brexit, en particulier sur la question irlandaise.
Les négociations officielles entre Londres et l'Union européenne
débutent le 19 juin à Bruxelles. Les Vingt-Sept s'accordent le 29 janvier
2018 sur la durée de la période de transition post-Brexit, qui permettrait
aux deux parties de préparer leurs futures relations plus sereinement,
notamment au moyen d'accords commerciaux.

[Chronologie] Brexit : tous les événements depuis le référendum

Le 8 décembre 2017, Londres et Bruxelles s'accordent aussi sur trois


grands principes qui guideront leurs négociations : le non-
rétablissement d'une frontière dure entre les deux Irlande, le paiement
par Londres de tous ses engagements pris au titre du budget de l'UE
2014-2020, et la préservation, après le Brexit, des droits des citoyens
britanniques résidant déjà dans les autres Etats membres, et
inversement.

Mais par la suite, les négociations patinent sur la mise en œuvre concrète
de ces grandes lignes. La question irlandaise divise plus que jamais.

 Novembre 2018 : un accord de sortie est trouvé... bien vite


rejeté par le Parlement britannique

Après 17 mois de pourparlers, le gouvernement britannique annonce


finalement le 13 novembre 2018 qu'un accord général sur la sortie du
Royaume-Uni de l'UE a été trouvé à Bruxelles. A défaut d'alternative
trouvée à l'issue de la période de transition, ce dernier éviterait
provisoirement la réinstauration d'une frontière physique entre les deux
Irlande en maintenant tout le Royaume-Uni dans une union douanière
avec l'UE (c'est ce qu'on appelle le "backstop", ou "filet de sécurité").

Brexit : l'accord de sortie en 8 points clés

Entériné par les Vingt-Huit à l'occasion d'un sommet extraordinaire le 25


novembre 2018, ce compromis doit toutefois, pour éviter le "no-deal" et
un divorce brutal, encore être ratifié par les parlements britannique et
européen.

Or il est massivement rejeté une première fois par la Chambre des


communes le 15 janvier 2019.
Brexit : le Parlement britannique rejette massivement l'accord de sortie

Le 22 novembre 2018, Londres et Bruxelles annoncent aussi la


publication d'une "déclaration politique", encadrant la suite des
négociations sur leurs relations post-Brexit. Cette déclaration prévoit
notamment la possibilité de prolonger une fois la période de transition
prévue dans l'accord de sortie, pour deux ans maximum. Comme l'accord
de retrait, ce document d'une trentaine de pages doit être ratifié par les
parlements britannique et européen.

 La date du Brexit est repoussée au 12 avril puis au 31 octobre


2019

Le 29 janvier 2019, deux semaines après le rejet de l'accord de sortie, et


alors que leur Première ministre est en panne de "plan B", les députés
britanniques adoptent deux amendements par lesquels ils rejettent aussi
bien le principe d'une sortie sans accord que celui d'un accord
comprenant le backstop.

Theresa May annonce alors qu'elle va "rouvrir" les négociations avec


Bruxelles pour trouver une alternative acceptable. Des pourparlers entre
la Première ministre et les Européens se déroulent jusqu'au 11 mars.
Mais le lendemain, un vote de la Chambre des communes rejette une
nouvelle fois l'accord de sortie à une large majorité.

Le 13 mars 2019, les parlementaires précisent aussi, pour la seconde


fois, qu'ils refuseront une sortie sans accord, contraignant le
gouvernement britannique à leur soumettre un troisième scénario : celui
d'un report de la date du Brexit, le temps de trouver une solution.

Cette option est approuvée par les Vingt-Sept lors du Conseil européen
des 21 et 22 mars. Le Brexit est repoussé au 12 avril.

De retour à Londres, la Première ministre ne parvient toujours pas à


convaincre les députés de valider son accord. La Chambre des
communes se prononce alors le 27 mars sur une série de propositions
alternatives : no deal, instauration d'une union douanière permanente,
adhésion du Royaume-Uni à l'Espace économique européen,
organisation d'un second référendum, annulation pure et simple du
Brexit... Toutes sont rejetées.Le scénario se répète le 1er avril avec
quatre motions soumises aux députés. Entretemps, ceux-ci ont voté une
troisième fois, le 29 mars, contre l'accord de sortie.

Brexit : aucune majorité sur les "plans alternatifs" des députés


britanniques

Brexit : les députés britanniques rejettent une troisième fois l'accord de


sortie de l'UE

Afin d'éviter une sortie sans accord le 12 avril, Theresa May entame des
discussions transpartisanes avec Jeremy Corbyn, chef du Labour. Sans
succès. Le 5 avril, la Première ministre adresse une demande officielle
au Conseil européen pour un nouveau report.

Les dirigeants européens acceptent et fixent la date du 31 octobre. Près


de trois ans après avoir décidé de quitter l'Union européenne, le
Royaume-Uni participe donc aux élections européennes le 23 mai 2019.

Brexit : les dirigeants européens acceptent un report jusqu'au 31 octobre


2019

 Juillet 2019 : Boris Johnson remplace Theresa May et se dit


prêt à assumer une sortie sans accord

Le lendemain des élections européennes, Theresa May annonce sa


démission pour le 7 juin 2019.

Le 23 juillet, à la suite d'une campagne interne au Parti conservateur, le


Brexiter Boris Johnson est élu leader des Tories et devient donc Premier
ministre.

C'est lui qui a la charge de trouver une issue au Brexit, et ce avant le 31


octobre 2019. Désireux de renégocier l'accord de sortie - une perspective
toujours refusée par l'UE - il se dit prêt à assumer un  no deal si
nécessaire.

Mais le Parlement britannique ne l'entend pas de cette oreille. Alors que


Boris Johnson fait suspendre l'activité parlementaire du 9 septembre au
14 octobre, ce qui est perçu par certains comme une tentative pour faire
passer le no deal en force, le Parlement britannique vote dès sa rentrée
le 3 septembre la prise de contrôle de l'agenda parlementaire. Ce qui lui
permet dès le lendemain de voter à 327 voix contre 299 une loi "anti- no
deal". Celle-ci donne jusqu'au 19 octobre au Premier ministre pour
conclure un nouvel accord de sortie avec Bruxelles ou pour convaincre le
Parlement d'accepter une sortie sans accord. A défaut, Boris Johnson
devra solliciter les Vingt-Sept en leur demandant un report du Brexit au
31 janvier 2020.

Trois semaines plus tard, le 24 septembre, la Cour suprême britannique


déclare la suspension du Parlement illégale. Celui-ci reprend ses travaux
dès le lendemain.

Parlement "zombie" et menaces de mort : la rentrée houleuse des


députés britanniques

Depuis, Boris Johnson n'a eu de cesse d'écarter l'hypothèse d'un


nouveau report du Brexit, laissant planer un doute sur ses intentions en
cas d'échec des négociations avec les Européens. A l'automne, celles-ci
se concentrent sur une alternative au "backstop" consistant à maintenir
une fluidité partielle des échanges entre les deux Irlande (rétablissement
des contrôles douaniers mais pas règlementaires), sans maintenir
l'ensemble du Royaume-Uni dans le marché commun.

C'est le sens du nouvel accord conclu le 17 octobre entre Bruxelles et


Londres, qui prévoit notamment que des contrôles réglementaires et
douaniers soient effectués en mer d'Irlande, donc entre l'Irlande du Nord
et le reste du Royaume-Uni. Cet accord est adopté le même jour par le
Conseil européen. Mais il doit encore être soumis à l'approbation du
Parlement britannique le 19 octobre. Et, s'il franchit cette étape, à celle
du Parlement européen. 

Quels enjeux ?
Les conséquences politiques du Brexit pour l'Union européenne sont
difficiles à prévoir. Pour certains, la sortie du Royaume-Uni est une
catastrophe : de fait, l'Union européenne perd l'une de ses trois grandes
puissances, une des plus importantes places financières au monde, le
premier partenaire diplomatique des Etats-Unis en Europe ainsi que l'un
des seuls Etats européens entretenant une armée régulière conséquente.
Pour d'autres, elle peut permettre de ressouder l'Union : le Royaume-Uni
étant historiquement l'un des pays les moins favorables à l'intégration
européenne, sa sortie peut inciter les autres Etats à aller de l'avant.
Parallèlement aux négociations avec le Royaume-Uni, les Vingt-Sept ont
entamé une réflexion sur l'avenir de l'Union européenne, qui pourrait
déboucher sur un certain nombre de réformes institutionnelles.

Parmi les sujets brûlants négociés figure notamment la facture de la


sortie de l'UE. Le Royaume-Uni devrait avoir à verser une cinquantaine
de milliards d'euros au budget européen, un montant qui correspond aux
engagements de Londres jusqu'à la fin du cycle budgétaire en 2020.

Les négociations portent également sur la libre circulation des


personnes entre l'Union européenne et le Royaume-Uni, ce dernier
souhaitant limiter l'immigration sur son territoire. Le futur statut des
Européens qui iront s'installer et/ou travailler au Royaume-Uni, ainsi que
des Britanniques qui rejoindront le continent européen, reste donc à
préciser. La question des expatriés et des travailleurs transfrontaliers
actuels avait, de son côté, été partiellement résolue par l'accord de sortie
: les Européens résidant et/ou travaillant déjà au Royaume-Uni avant la
fin de la période de transition, tout comme les Britanniques installés dans
un autre pays de l'UE avant cette échéance, devraient conserver leur
statut. Cela demeure cependant plus incertain en cas de no
deal.  Néanmoins, le Royaume-Uni a fait savoir que les droits liés au
séjour  des résidents européens, enregistrés en tant que tels auprès de
l'administration britannique avant que le Brexit ait effectivement lieu,
seraient préservés même en cas de sortie sans accord.

Cette question de la libre circulation se pose tout particulièrement


pour l'Irlande, qui partage sa seule frontière terrestre avec le Royaume-
Uni et se retrouverait particulièrement isolée en cas de rétablissement
des postes douaniers entre les deux pays.

Brexit : quelles conséquences pour les deux Irlande ?

Quel avenir pour Gibraltar après le Brexit ?

Une grande partie des pourparlers porte, par ailleurs, sur les
futures relations commerciales entre les deux parties. Un chantier
particulièrement imposant qui doit définir le nouveau cadre pour les
échanges de produits et services (dont les procédures douanières et la
réglementation sur les questions environnementales, de santé et de
sécurité), alors que près de la moitié des exportations britanniques est
destinée à l'Union européenne.

Brexit : quelles conséquences pour la pêche ?

Brexit : quel impact sur l'agriculture européenne et britannique

L'Angleterre a également vu ses relations avec le gouvernement


écossais, indépendantiste et europhile, se détériorer. Après avoir publié
le 20 octobre 2016 un projet de loi sur un nouveau référendum
d'indépendance, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a
annoncé solennellement en mars 2017 qu’elle solliciterait un vote au
Parlement écossais pour organiser un deuxième vote sur l’indépendance
de la province. Elle a toutefois repoussé la décision sur la tenue de celui-
ci à l’automne 2019.
Enfin, les conséquences économiques pour le Royaume-Uni sont
également imprévisibles, les experts ne s'étant pas prononcés d'une
seule voix. Malgré la chute de la livre sterling dans les mois qui ont suivi
le référendum de juin 2016 et une baisse du pouvoir d'achat des
ménages depuis, l'économie britannique n'a pour le moment pas subi de
profonds dommages... la sortie de l'Union européenne n'ayant pas
encore eu lieu.

Royaume-Uni / UE : une histoire agitée en 10 dates

Brexit : les 10 principaux points de négociation entre l'Europe et le


Royaume-Uni

Quels négociateurs ?

Outre le président de la Commission européenne, c'est le


Français Michel Barnier qui a été choisi comme négociateur en chef de
l'UE pour le Brexit.

Côté britannique, en tant que Première ministre,  Theresa May a dirigé un


comité de négociateurs de juillet 2016 à juillet 2019. Parmi eux : le
secrétaire d'Etat au Brexit. Un poste occupé par David Davis jusqu'à sa
démission le 9 juillet 2018, puis par Dominic Raab , également
démissionnaire le 14 novembre 2018.

Depuis, c'est l'eurosceptique Stephen Barclay qui occupe ce poste,


aujourd'hui sous la houlette de Boris Johnson, élu Premier ministre en
remplacement de Theresa May le 23 juillet 2019.

Brexit en pratique. Vous souhaitez plus d'informations sur les


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préparer aux différents scénarios du Brexit : "Brexit en pratique ". Il
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