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Ponte alle Grazie, une maison d’éditions du groupe
Adriano Salani Editore
© 2009 Adriano Salani Editore, S.p.A.
pour l’édition originale en italien, Problem solving strategico da tasca
ISBN : 978-2-35644-097-6
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INTRODUCTION
S’il y a un problème,
il existe forcément une solution
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dominant celle-ci. Il fallait trouver le moyen d’ escalader des parois
verticales, aussi lisses que la glace. En imaginant la réalisation d’ un tel
projet, l’ « équipe » parvint à la conclusion qu’ il faudrait construire une
série de prises auxquelles s’ accrocher durant l’ escalade. C’ est alors
qu’ Alexandre le Grand eut l’ idée géniale de prendre les piquets utilisés
pour les tentes et de les fixer dans la paroi à intervalles réguliers afin de
constituer une succession de prises permettant l’ escalade. Et ce n’ est pas
tout. Les piquets ayant été forgés avec un anneau, la corde fut passée dans
les anneaux afin d’ assurer la montée. P our nous résumer, Alexandre et son
« équipe stratégique » inventèrent l’ escalade en cordée, utilisée de nos
jours encore par les alpinistes pour grimper le long de parois de prime abord
infranchissables.
Grâce à cette invention, un groupe formé des meilleurs soldats
d’ Alexandre monta jusqu’ à l’ un des sommets dominant la citadelle. Il fit
alors appeler le régent et l’ invita à tourner son regard vers le haut alors que,
pendant ce temps, les soldats décochaient une série de flèches qui tuèrent
ses gardes.
Totalement sidéré, le régent se rendit et remit les clés de la forteresse à
Alexandre le Grand en déclarant que seul un être supérieur avait pu faire
grimper ses soldats à une telle altitude et qu’ il n’ était pas de force pour
combattre une divinité.
Ce fut ainsi que, une fois encore, Alexandre parvint à remporter une
bataille sans combattre, contraignant l’ adversaire à la reddition, grâce à sa
démonstration « magique » de puissance sans pareille.
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Ce procédé les a conduits à détourner leur attention de la prise de la
forteresse pour se focaliser sur la conquête du sommet qui permettrait
d’ aboutir à la victoire finale. Une fois concentrés sur la façon d’ escalader la
paroi pour parvenir au sommet, ils ont à nouveau imaginé le scénario idéal,
définissant les moyens de mettre en place l’ escalade qu’ ils avaient
imaginée.
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Dans la littérature, on peut trouver plusieurs modèles de Résolution de
problème. Nous traiterons ici du modèle formulé de manière originale au
Centre de thérapie stratégique d’ Arezzo et qui constitue l’ aboutissement
moderne de la tradition de l’ École de P alo Alto. P ar définition, ce modèle
peut s’ appliquer à tous les types de problèmes et aux disciplines les plus
diverses. Il a été utilisé dans la recherche empirique, qui a fourni le
fondement méthodologique aux nombreuses formes spécifiques
d’ intervention thérapeutique et de communication stratégique mises au
point au Centre de thérapie stratégique, lesquelles ont été appliquées avec
succès à des milliers de cas cliniques et à des centaines de problèmes de
management.
8
CHAP ITRE I
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d’ étude, la technologie fournit, elle, les moyens d’ atteindre des objectifs
spécifiques grâce à la mise au point de procédures et de techniques
permettant de surmonter les difficultés empêchant d’ atteindre les objectifs
préalablement établis.
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Cette distinction est essentielle car, trop souvent, face à un problème, on
a tendance à chercher l’ explication plutôt que la solution. Le piège réside
dans le fait que la solution ne nécessite pas d’ explication préalable du
problème et que c’ est, au contraire, elle qui permettra d’ aboutir, tandis que
les explications dépourvues de preuves empiriques sont trompeuses et
basées sur des connaissances a priori.
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Comme l’ expose Emil Cioran (1911-1995) : « Tout problème profane
un mystère ; à son tour, le problème est profané par sa solution. » Autrement
dit : ce sont les solutions qui expliquent les problèmes, et non l’ inverse.
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On passe du savoir abstrait au savoir-faire concret et donc de l’ analyse
du « pourquoi » à l’ évaluation du « mode de fonctionnement » de la réalité
que l’ on souhaite modifier.
Figure 1
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approche pour la case de l’ échiquier, il faudrait poser à la personne ayant
choisi la case une série de questions pour remonter aux raisons qui ont
motivé son choix. Selon l’ approche théorique adoptée, on pourrait remonter
au complexe d’ Œdipe si l’ on est freudien, à un traumatisme à la naissance si
l’ on est jungien, à une modalité dysfonctionnelle d’ attachement si l’ on est
adepte de la psychologie cognitive ou à un traumatisme sexuel si l’ on
appartient à l’ école psychodynamique. Il s’ agit de procédures laborieuses
et contreproductives dans la mesure où elles concentrent l’ attention sur
d’ hypothétiques explications au lieu de se focaliser sur l’ étude de
solutions efficaces.
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Figure 2
Figure 3
Figure 4
14
Figure 5
Figure 6
Figure 7
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Nous avons donc obtenu la réponse en six questions grâce à un
stratagème logique, lequel, a posteriori, apparaît fort simple.
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CHAP ITRE II
Définir le problème
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rester prisonnier de ses idées préconçues et de ses limites perceptives. En
brûlant les étapes, on prendrait le risque qui est explicitement mis en
exergue dans la fameuse anecdote de l’ ivrogne.
Un soir, un homme ivre perd la clé de chez lui. Il la cherche en vain sous
un réverbère. Il poursuit ses recherches quand un passant sympathique, qui
a décidé de l’ aider, lui demande :
— Mais vous êtes certain de l’ avoir perdue ici ?
— Non, répond-il, mais là où j’ ai perdu ma clé, il fait trop sombre pour
la chercher.
Très souvent, les êtres humains, même les plus intelligents, en cherchant
à surmonter une difficulté, brûlent cette étape car ils la considèrent comme
allant de soi. Mais, lorsqu’ une solution est recherchée sans avoir clairement
déterminé les termes du problème, celui-ci est interprété sur la base des
préjugés et des convictions de la personne concernée, amenée à agir sous
leur influence. Dans ce cas, la stratégie choisie sera adaptée à ses idées
plutôt qu’ au problème.
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er 1
l’ empereur Napoléon I qui aurait dit : « Habillez-moi lentement, je suis
pressé. »
2
Inventeur de la théorie de résolution des problèmes inventifs ,
l’ ingénieur et scientifique russe Genrich Altshuller (1926-1998) a analysé
les brevets déposés pour des inventions technologiques sur près d’ un
demi-siècle. Celui-ci s’ est efforcé de mettre en évidence le processus créatif
aboutissant à l’ élaboration d’ options nouvelles pour des problèmes restés
jusqu’ alors sans solution. Il insiste beaucoup sur le fait que revenir à
plusieurs reprises sur les caractéristiques d’un problème est la première
clé permettant d’ aboutir à la découverte. Le fait d’ analyser un problème en
s’ efforçant de l’ étudier selon différentes perspectives peut permettre de
mettre au jour des aspects non encore pris en considération et de trouver
ainsi de nouvelles solutions possibles. Du reste, le psychologue et
philosophe américain William James (1842-1910) soutenait déjà que : « Le
génie, en définitive, n’ est guère plus que la faculté de percevoir sur un mode
inhabituel. »
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bien compris qu’ il s’ agit là de la conséquence du temps passé à procéder à
une analyse attentive du problème et de son mode de fonctionnement.
Une première phase plus longue fait en réalité gagner du temps et de
l’ énergie dans un second temps, en totale conformité avec une sentence de
l’ art du stratagème : « P artir après pour arriver avant. »
Une fois encore, clarifier avec soi-même – et avec ses clients dans un
contexte professionnel – ce que représente effectivement le changement
résolutoire peut apparaître comme une étape évidente sur laquelle il est
inutile de passer trop de temps. Mais c’ est tout le contraire : cette phase
remplit plusieurs rôles fondamentaux au sein de la Stratégie de résolution de
problème. En premier lieu, il faut s’accorder sur la réalité concrète qui
permettra de considérer l’objectif atteint. Cela permet de faire le point sans
équivoque aucune sur ce qui doit constituer le cœur de l’ intervention, tout
en contrôlant les éventuelles évolutions erronées du processus de
changement. Dans ce cas aussi, les auto-illusions relatives à
l’ interprétation et à l’ idéologie sont éliminées par la tangibilité de
l’ objectif sur lequel on s’ est accordé, lequel a été explicité dans ses aspects
les plus concrets.
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À cet égard, l’ exemple le plus éclairant nous est donné par la Nasa ,
emblème de la technologie, s’ il en est.
À l’ issue de la construction des deux premières navettes spatiales, les
techniciens du fameux centre aérospatial furent confrontés à la nécessité de
protéger ces merveilles d’ ingénierie d’ éventuelles intempéries climatiques
sévères. Sur la base de cette exigence, un hangar énorme fut conçu et
construit, suffisamment grand pour accueillir d’ autres navettes spatiales à
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l’ avenir. Malheureusement, les techniciens, focalisés sur les besoins
immédiats, ne considérèrent pas un effet paradoxal de la stratégie adoptée. À
l’ intérieur d’ un hangar de très grandes dimensions était reproduit un
écosystème très semblable, sinon pire, à l’ environnement extérieur avec des
décharges électriques, qui valaient bien des éclairs et des orages. Même les
meilleurs concepteurs avaient sous-évalué l’ importance de clarifier les
spécificités de l’ objectif à atteindre, avant de mettre en œuvre les stratégies
destinées à résoudre le problème.
Le fait de s’ accorder sur les objectifs à atteindre ne peut donc plus être
considéré comme allant de soi et ne valant pas la peine qu’ on y perde du
temps. Il ne faut jamais oublier l’ importance de démontrer les évidences et
que ce qui est évident est souvent dissimulé. Un fait confirmé par cet adage
de Léonard de Vinci (1452-1519) : « L’ expérience ne trompe jamais, ce sont
nos jugements seuls qui nous trompent. »
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sur les problèmes humains –, est constituée par l’ individualisation et
l’ évaluation de toutes les tentatives de solution mises en œuvre pour
résoudre le problème en question et qui se sont soldées par des échecs.
Cette phase est cruciale pour l’ étude de la solution qui part – et ce n’ est pas
un hasard – de l’ évaluation de toutes les tentatives de solution qui ont
échoué. À mon avis, l’ une des intuitions les plus géniales du siècle dernier
a précisément consisté à comprendre qu’ une tentative de solution qui s’ est
soldée par un échec, si elle est réitérée, induit la persistance du problème
tout en en compliquant le fonctionnement.
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Le fait de concentrer son attention sur les tentatives de solution mises
en œuvre pour atteindre l’ objectif préétabli nous libère de la tendance, du
reste parfaitement humaine, consistant à nous efforcer de trouver des
solutions, sans avoir d’abord enquêté sur tout ce qui ne fonctionne pas.
L’ enquête des tentatives soldées par des échecs nous permet de nous
focaliser sur la dynamique concrète qui maintient un problème ou qui, à
l’ inverse, pourrait le modifier.
Le faucon impatient
N’ ayant pas la patience d’ attendre que le canard refît surface après avoir
plongé sous l’ eau pour lui échapper, le faucon décida de plonger lui aussi,
mais ses plumes détrempées l’ empêchèrent de reprendre son envol, alors que
le canard, depuis les airs, se moquait du faucon qui se noyait.
L’araignée
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Ayant cru trouver la paix dans le trou de la serrure, l’ araignée y trouva
la mort.
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problème se font jour dans différentes conditions. C’ est précisément la
volonté de dépasser ces limites de l’ évolution moderne de la Stratégie de
résolution de problème qui a conduit à utiliser un expédient logique
capable de mener l’ enquête, non seulement sur les tentatives de solution
déjà expérimentées, mais aussi sur celles qui n’ ont pas encore été conçues
ou appliquées.
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toujours refusé d’ avoir dans son équipe aussi bien des personnes
incapables d’ accomplir les fonctions qui leur étaient assignées,
alourdissant ainsi la charge de travail de leurs collègues, que des individus
se comportant de manière arrogante du fait de leur statut privilégié. À
chaque fois, il s’ était adressé à l’ administrateur ou au propriétaire, en
faisant entendre ses aspirations idéalistes, mais il n’ avait jamais été suivi et
avait donc démissionné, cherchant une entreprise où il pourrait finalement
créer une « organisation parfaite » . Cette quête de perfection l’ a conduit à
se montrer de plus en plus inflexible et à collectionner des succès qui se
transformaient en autolicenciements rageurs.
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Comme le lecteur attentif l’ aura peut-être déjà compris, cette
prescription est une façon déguisée de faire faire au patient une analyse et
une évaluation de ses tentatives de solution, tant de celles qui ont réussi
que de celles qui se sont soldées par un échec.
Deux semaines plus tard, Federico revint avec un long écrit subdivisé
en cinq parties, correspondant à chacune de ses expériences
professionnelles qu’ il voulut lire et discuter par le menu, en commençant
par le titre donné à son roman : Le Manager moraliste. Comme le titre le
laisse pressentir, en passant en revue ses expériences, il avait pour la
première fois appréhendé les choses d’ un point de vue différent. La
répétition d’ un scénario dans lequel il jugeait et condamnait, en moraliste
et en inquisiteur, les administrateurs des différentes entreprises pour des
comportements fautifs qu’ il finissait par rejeter en donnant sa démission. En
d’ autres termes, il lui était apparu clairement qu’ il faisait preuve d’ une
véritable incapacité d’ adaptation, liée à la rigidité de ses convictions
morales. Et cela ne s’ arrêtait pas là. Il s’ était aussi rendu compte que dans
toutes ces occasions, il aurait pu, en faisant preuve d’ un peu de souplesse,
gérer les personnes indésirables, en les faisant progresser et en leur
permettant de devenir des individus jouant un rôle actif dans une équipe
fonctionnelle. Mais, du fait même de sa rigidité, il avait toujours été
convaincu que les aspects relationnels étaient négligeables dans une
entreprise et que seuls comptaient les chiffres, les calculs et l’ efficacité de la
production.
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produire un réel changement thérapeutique et personnel. De fait, même si
elles étaient fondées sur une cause juste, ces tentatives avaient conduit
Federico à creuser lui-même le gouffre dans lequel il avait finalement sombré.
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En effet, comme cela a déjà été expliqué, en faisant le relevé de tout ce qui
peut conduire à l’ échec, je crée immédiatement en moi l’ aversion à l’ égard
de telles actions, comme dans le cas où je souhaite perdre du poids et cesser
de tomber dans la tentation compulsive de manger des choses qui me font
grossir. Si j’ applique la technique consistant à aggraver un phénomène, je
relèverai rapidement que, parmi les options à mettre en œuvre dans cette
direction, il y a d’ abord la tentative vouée à l’ échec de contrôler mon
alimentation en sélectionnant tous les aliments faiblement caloriques et en
écartant ceux qui sont hautement caloriques. Malheureusement, comme le
savent parfaitement tous ceux qui ont tenté de suivre un régime restrictif, il y
a deux types d’ effets : le premier, le plus courant, consiste à suivre le régime
avec succès pendant quelques jours puis à perdre le contrôle et à finir par se
gaver d’ aliments interdits ; le second type d’ effets apparaît dès le début de
la tentative de restriction et consiste en une irrépressible compulsion à
manger plus. Comme l’ a démontré une recherche longitudinale publiée dans
la revue American Psychologist, menée sur plusieurs années et sur des
milliers de cas de personnes au régime (comparées avec un nombre égal de
sujets ne suivant pas un régime alimentaire contrôlé), le fait d’ être au régime
fait grossir. On a donc pu constater que cette tentative de solution a produit
des effets contraires à ceux désirés. L’ attention devra donc désormais se
concentrer sur les moyens d’ éviter d’ affronter le problème selon de telles
modalités dysfonctionnelles. Comme nous le verrons plus avant, sur la base
de cette vision nouvelle, il est possible d’ agir, non seulement en bloquant
les actions contreproductives, mais en mettant en place une solution
efficace.
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itinéraires mentaux habituels. Si, au contraire, nous forçons notre esprit à
chercher des méthodes pour aggraver la situation ou aboutir à un échec,
nous agissons de telle sorte que notre rationalité s’ oriente dans cette
direction et donc arrête de bloquer les processus de création. De cette façon,
notre esprit pourra découvrir de nouvelles options puisqu’ il sera libéré du
piège paradoxal de l’ effort volontaire qui inhibe la découverte spontanée.
En d’ autres termes, on recourt à un paradoxe pour bloquer un phénomène
paradoxal.
Grâce à cette demande stratégique apparemment simple, est alors créé
l’ effet réducteur de complexité précédemment décrit.
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de commandement, notamment lorsqu’ il s’ agit de corriger des erreurs
commises par ceux-ci. L’ ambivalence alors créée pourrait être traduite en ces
termes : « Si tu es un ami, tu dois me comprendre et ne jamais me critiquer,
encore moins me punir, parce que tu te situes au même niveau que moi et je
peux donc me permettre de te dire certaines choses et de ne pas faire ce que tu
me demandes, oubliant que tu es mon chef. » Dans ce cas, l’ ambivalence
était encore renforcée par le fait que le jeune dirigeant appartenait à la famille
propriétaire et on peut donc imaginer que certains de ses collaborateurs
répondaient favorablement à sa volonté d’ établir des rapports amicaux du
fait des possibles avantages personnels qu’ ils seraient susceptibles d’ en
tirer.
Une fois explicitées la situation et les tentatives soldées par des échecs
de corriger les comportements dysfonctionnels de ses collaborateurs, la
technique consistant à aggraver les choses fut appliquée. Il comprit tout de
suite que, pour cela, il suffisait de continuer à maintenir les stratégies
appliquées jusqu’ alors. Le changement devenait donc une nécessité
inéluctable.
Il fut très intéressant de voir ses réactions émotives en faisant cette
découverte : c’ est ce que nous appelons l’ expérience émotionnelle
corrective. P our la première fois durant notre séance, le jeune patron exprima
avec force son indignation envers lui-même, du fait de son évaluation
totalement erronée de la situation et de ses tentatives de solutions ratées.
Une fois ce nouveau point de vue établi face à la réalité de son problème,
il fut facile de s’ accorder avec lui sur la façon de substituer ses tentatives
ratées avec d’ autres qui pourraient s’ avérer plus efficaces. Et cela,
notamment, en établissant finalement une communication hiérarchisée et en
adoptant l’ attitude de celui qui délègue les tâches à ses collaborateurs, mais
contrôle et, si nécessaire, corrige, éventuellement avec dureté. Le jeune
homme avait finalement compris qu’ un dirigeant, pour être suivi, devait
avant toute chose être admiré et respecté.
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Outre la technique présentée ci-dessus, et afin de se focaliser plus
concrètement encore sur l’ objectif à atteindre, nous avons mis au point une
autre manœuvre novatrice : imaginer le scénario idéal au-delà du
problème. Il s’ agit de se demander ce que serait le scénario, concernant la
situation à modifier, une fois le problème pleinement résolu ou, s’ il
s’ agissait d’ obtenir une amélioration, une fois atteint l’ objectif
préalablement fixé. Nous devons donc induire notre esprit à imaginer toutes
les caractéristiques de la situation idéale, une fois le changement
stratégique mis en œuvre.
Ce qui peut apparaître comme un travail de pure imagination est, au
contraire, une façon de relever de manière concrète les caractéristiques de la
« réalité idéale » à atteindre, qui souvent nous permet de voir des choses
que nous serions incapables de concevoir si nous travaillions uniquement
sur la réalité présente et passée.
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compliqués et persistants soient-ils. Nous possédons tous la capacité
d’ imaginer ce que nous aimerions trouver dans la réalité, le problème
résidant dans le fait que nous n’ arrivons qu’ exceptionnellement à
transformer nos rêves en réalité. Dans notre cas, la technique sert d’ abord et
avant tout à libérer l’ imagination avant d’ en sélectionner les aspects qui
s’ avéreront les plus aptes à être réalisés concrètement.
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À ce moment de notre séance, je lui demandai d’ imaginer quel serait le
scénario idéal, une fois le problème surmonté. Sans effort aucun, il
m’ expliqua qu’ il consisterait en une situation qui lui permettrait d’ aller
aux entraînements, serein et content, de voir des partenaires heureux de
jouer avec lui, souriants et disponibles pour lui, avec un entraîneur qui
l’ incitait avec légèreté à pousser son équipe, comme cela était généralement
le cas quand le champion était en forme et, pour finir, des supporters qui
l’ applaudissaient et l’ encourageaient.
Une fois cette image claire dessinée, je lui demandai de réfléchir si ses
réactions habituelles de repli sur lui-même lorsque les choses ne se
passaient pas bien étaient une façon de réduire ou, au contraire, d’ alimenter
les attitudes et les comportements hostiles à son égard. Il n’ eut aucun mal à
me répondre que sa façon de réagir contribuait seulement à faire empirer les
choses. Il apparut donc combien la modification des actions en cours était
un impératif inéluctable.
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très bien joué. Je ne sais pas si c’ est arrivé du fait de la prescription que
vous m’ avez donnée, mais les choses ont changé et je me sens vraiment bien.
P uisque l’ expérimentation s’ était si bien passée, je lui suggérai de
continuer pour mesurer la réalité de son effet. Le footballeur continua à
obtenir d’ excellents résultats.
Après ce rapide changement, il me demanda de l’ aider à « grandir » ,
c’ est-à-dire à apprendre à gérer les moments difficiles sans tomber dans la
dépression.
Le cas sans doute le plus emblématique à cet égard est représenté par la
« révolution verte » pour le combustible des automobiles. Comme chacun
sait, au cours des dernières années, les mouvements écologistes ont exercé
des pressions énormes pour que soit mis au point un carburant écologique
et des recherches scientifiques ont abouti à la production de bioéthanol. Au
lieu d’ être issu du pétrole, ce carburant est produit à partir de céréales,
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permettant l’ obtention d’ une sorte d’ « essence écologique » . Les
constructeurs automobiles ont compris toute la portée de cette invention
qui permettrait à leurs voitures d’ être non polluantes et écologiques.
Malheureusement, quelques années plus tard, on s’ est aperçu que la majeure
partie de la production mondiale de céréales était désormais utilisée, non
plus à des fins alimentaires, mais orientée sur la fabrication de combustible.
Ce phénomène a provoqué une augmentation des prix et une disponibilité
réduite à destination de l’ alimentation : les prix des pâtes, du pain, des
biscuits, etc. ont augmenté de manière vertigineuse ! Tout cela a mis à mal
l’ équilibre budgétaire des familles dans les pays économiquement forts, tout
en réduisant drastiquement les stocks des aides alimentaires destinées aux
pays où il est encore possible de mourir de faim, empirant ainsi la situation.
Comme si cela ne suffisait pas, un second effet collatéral, et totalement
paradoxal, est apparu. Du fait de l’ augmentation de la demande en céréales
pour la fabrication de combustible, en Amérique du Sud, en Afrique et dans
certains pays orientaux, un processus de déforestation a été engagé, afin de
transformer de nombreuses zones en champs de céréales. Ainsi, un projet qui
aurait dû protéger notre écosystème de la pollution a fini par réduire la
superficie des grands « poumons verts » de la planète.
6
« Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas . »
Ainsi, la sagesse la plus vénérable nous indique la voie à suivre pour
trouver des solutions à des problèmes, même s’ ils sont complexes et
résistants au changement. Dans les faits, afin de rendre applicable une
stratégie mise au point pour débloquer une situation problématique, il est
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essentiel de commencer par le plus petit changement concret possible.
Débuter par le pas le plus simple à effectuer nous sauve de nos éventuelles
incapacités à mettre en œuvre de grandes actions, tout en réduisant la
résistance au changement du système sur lequel il intervient.
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technicien de la Résolution de problème, tout comme l’ antique stratège,
commencera donc à appliquer la stratégie consistant à se concentrer sur la
plus modeste – et apparemment anodine – intervention à réaliser. Cette
première étape sera suivie par une deuxième, etc. Généralement, il n’ est pas
nécessaire de procéder par petits pas significatifs du point de départ au
point d’ arrivée car, une fois le processus enclenché, la progression n’ est
plus graduelle mais exponentielle. Nous nous trouvons alors confrontés à
l’ effet d’ avalanche : la boule de neige en dévalant la pente prend des
proportions énormes jusqu’ à se transformer en une coulée que rien ne peut
arrêter.
La technique de l’alpiniste
Cette technique tire son nom de la préparation mise en œuvre par les
guides de haute montagne avant une ascension. Afin d’ étudier le parcours à
suivre, au lieu de partir de la base de la montagne, ils partent du sommet et
font le chemin à rebours, traçant la route et ses étapes jusqu’ au point de
départ. Ce procédé s’ est démontré empiriquement capable d’ éviter la mise au
point de parcours ne respectant pas l’ objectif premier. Il permet de
concevoir le parcours le mieux adapté jusqu’ au sommet. Face à un problème
complexe à résoudre, afin de construire une stratégie non seulement efficace
mais aussi efficiente, il est utile de partir de l’ objectif à atteindre et
d’ imaginer l’ étape immédiatement précédente, puis de continuer à faire
machine arrière jusqu’ au point de départ. De cette façon, le parcours est
subdivisé en une succession d’ étapes, l’ objectif final est donc fractionné en
une série de micro-objectifs qui partent du point d’ arrivée pour revenir
jusqu’ au premier pas.
38
Cette stratégie mentale contre-intuitive permet donc de construire
aisément la succession d’ actions à mettre en œuvre pour résoudre un
problème, en partant du plus petit changement concret possible.
o
Graphique n 2
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transforme alors la somme de ses composantes en une sorte d’ entité unique
puisque tous vont dans la même direction.
Le « modeste » objectif proposé consistait à faire passer les parts de
marché de la compagnie de 9 à 11 % – un défi très exigeant, s’ il en est.
Une fois l’ objectif établi, nous avons défini ensemble tous les
problèmes rendant sa réalisation impossible. Nous sommes ensuite passés à
l’ analyse des tentatives de solution mises en œuvre jusqu’ alors, en
distinguant celles qui avaient fonctionné de celles qui s’ étaient soldées par
des échecs. P uis, travaillant avec la technique du scénario idéal au-delà du
problème, nous avons déterminé toutes les caractéristiques qui devraient
être différentes pour modifier les résultats actuels. Nous avons alors
appliqué la technique de l’ alpiniste et, étape par étape, en avançant à
rebours, tous les directeurs se sont mis d’ accord sur la nature des
changements à mettre en œuvre. Nous sommes ainsi partis du point
d’ arrivée et sommes revenus au point de départ en mettant en évidence onze
étapes, c’ est-à-dire une séquence de onze changements successifs qui
permettraient d’ obtenir le résultat désiré en partant du plus petit objectif
concret réalisable. Ce dernier fut ainsi défini : chaque membre de l’ équipe
devrait constamment communiquer avec les autres sur l’ évolution dans son
propre département, mettant ainsi en œuvre une communication circulaire
qui permettait d’ être constamment informé sur l’ évolution des autres
départements. Le groupe tomba d’ accord pour commencer à réaliser ce micro-
objectif et sur le fait qu’ il faudrait qu’ il soit réalisé avant de passer à la
deuxième étape centrée sur l’ amélioration de l’ organisation interne, tout
comme les trois étapes suivantes.
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différentes parties. Il est bien connu que la valeur d’ un ensemble
harmonieux est bien supérieure à la somme de ses parties.
P arfois les problèmes sont si complexes qu’ ils exigent non pas une
solution unique, mais une série de solutions successives, à l’ image des
matriochkas russes, ces poupées de tailles décroissantes placées les unes
dans les autres qui s’ ouvrent en deux horizontalement, révélant une figurine
similaire mais de taille plus petite et ainsi de suite jusqu’ à la dernière
poupée, souvent un bébé, qui ne s’ ouvre pas.
41
Il ne faut jamais oublier qu’ une Stratégie de résolution de problème
réussie doit faire la synthèse entre la rigueur et la flexibilité.
7
Comme l’ affirmait Gregory Bateson (1904-1980) , « la rigueur seule
aboutit à la mort par asphyxie, mais la créativité seule est pure folie » .
42
er
1. Cette phrase aurait été prononcée par Napoléon I alors qu’il s’apprêtait à
combattre. Cette citation est peut-être apocry phe.
2. Genrich Altshuller est l’inventeur de la théorie Triz (son acrony me russe) qui est une
approche algorithmique de résolution des problèmes techniques.
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3. Stafford Beer a créé en 1959 le concept de variety reducer, traduit en français par
« réducteur de complexité » , mais une traduction plus proche de l’anglais, « réducteur
de variété » , serait préférable pour certains.
4. C’est l’agence américaine responsable du programme spatial civil des États-Unis
créée en 1958.
5. En référence à Romanzo criminale, le fameux roman de Giancarlo De Cataldo (paru
en 2002), basé sur l’histoire vraie d’une bande de voy ous qui fit main basse sur Rome
entre 1977 et 1992.
6. Citation du philosophe chinois Lao Tseu (604-531 av. J.-C.) extraite du Tao Te King
(« le Livre de la Voie et de la Vertu » ).
7. Citation tirée d’un recueil de textes intitulé Vers une écologie de l’esprit (1972,
traduction française en 1977). Gregory Bateson, anthropologue et linguiste, est à
l’origine de l’École de Palo Alto.
44
CHAP ITRE III
Art ou technologie ?
45
de tennis de table à l’ intérieur de la coque du navire. Comme chacun sait, les
balles de tennis de table flottent très bien, sont légères, non contondantes
et, écrasées, elles se brisent sans endommager la surface frappée. Cette idée,
apparemment extravagante, mais la plus simple et la moins coûteuse des
solutions proposées, fut donc mise en œuvre. Elle fonctionna parfaitement :
le navire refit lentement surface, soulevé par les balles, lesquelles, en vertu
du principe d’Archimède, le ramenèrent en douceur à la surface. Le navire
fut ensuite remorqué sans problème jusqu’ à la rive. Cette solution simple à
un problème complexe apparaît aussi surprenante que contre-intuitive mais,
comme je l’ ai déjà fait remarquer à plusieurs reprises, c’ est la capacité à
adopter des perspectives non ordinaires dans l’ observation d’ un
phénomène qui permet d’ arriver à des solutions vraiment novatrices.
Cependant, l’ adoption d’ une optique différente ne signifie pas laisser libre
cours à son imagination. Comme cela a été décrit dans la succession
d’ étapes à suivre pour accomplir un processus de Stratégie de résolution de
problème, un tel processus peut être réalisé en suivant un parcours
rationnel, qui va cependant au-delà de la rationalité ordinaire. Nous parlons
donc d’ un parcours articulé en phases uniquement réalisables en
abandonnant le sens commun et les assomptions rationnelles rigides.
46
Deux semaines plus tard, l’ ingénieur revint et m’ expliqua que, après
quelques jours de « torture » , due à l’ application de ma prescription, les
compulsions obsessionnelles avaient cessé car il n’ en ressentait plus la
nécessité. Que s’ était-il passé ? S’ agissait-il d’ un tour de magie ou d’ une
technique ?
J’ ai personnellement appliqué cette prescription à plusieurs milliers de
patients souffrant de ce type de trouble, avec le même – fort surprenant –
résultat thérapeutique, si bien que celle-ci a fini par constituer un protocole
de traitement du trouble obsessionnel-compulsif appliqué avec succès par
des collègues dans le monde entier.
47
personnes différentes, manifestent néanmoins le même type de problème. Une
fois les dynamiques spécifiques des différents types de problèmes récurrents
classées, on analyse leur persistance – c’ est-à-dire les tentatives de
solution soldées par des échecs qui alimentent le problème – afin de
déterminer le type de changement nécessaire pour parvenir à la solution
fonctionnelle. Autrement dit, une fois identifiées les tentatives de solution
spécifiques pour chaque classe de problème, on peut étudier les stratagèmes
appropriés, basés sur la même structure, permettant d’ obtenir un changement
stratégique.
Grâce à tous ces éléments, ce qui était d’ abord une approche artistique
est devenu au fil des ans une véritable technologie de Résolution de
problème, dans la mesure où les modèles de solution stratégique mis au
48
point pour les différentes classes de problèmes ont évolué, devenant non
seulement toujours plus efficaces et efficients en vertu de leurs
perfectionnements progressifs, mais aussi du fait qu’ ils sont reproductibles,
transmissibles et prédictifs dans leurs effets.
2
« Le secret, c’ est qu’ il n’ y a pas de secret » , l’ invention créative ne
correspond pas à un éclair de génie, mais au mode d’ analyse d’ un problème
qui permet de l’ aborder depuis des perspectives non ordinaires. Ainsi que
3
nous l’ enseigne le médecin et biologiste Alexander Fleming (1881-1955),
« le hasard ne favorise que les esprits préparés » .
49
CHAP ITRE IV
50
dans la même catégorie. À l’ évidence, cette procédure de base a été adaptée
aux spécificités du cas traité. La structure de l’ intervention reste identique,
mais c’ est l’ application qui est toujours changeante, ajustée en fonction
des différences individuelles et des circonstances. La rigueur
méthodologique doit s’ allier à la souplesse d’ adaptation et l’ approche
systématique à l’ imagination.
51
inclinations naturelles. Il m’ expliqua que, si jusqu’ alors il avait considéré
son sport comme un jeu divertissant et exaltant, une fois placé sous l’ aile
« protectrice » des entraîneurs de la Fédération, le jeu magnifique s’ était
transformé en un labeur fastidieux.
52
les indications des entraîneurs et s’ était soumis à de rudes entraînements
sans jamais protester, mais qu’ il en éprouvait un fort ressentiment. Son
comportement contrastait avec ses émotions : il y avait, d’ une part, la
volonté de collaborer et, de l’ autre, l’ incapacité d’ y aller à fond. Cette
situation me conduisit à proposer une tentative de solution qui pourrait
sauver la situation sans compromettre les relations.
53
P arvenus à cette étape du travail, il apparut très clairement comment,
grâce à un stratagème apparemment minimaliste, quelque chose s’ était
déclenché dans l’ interaction dysfonctionnelle entre Federico et ses
entraîneurs qui avait transformé le cercle vicieux négatif en un processus
vertueux de changement. Et le tout sans que les responsables techniques ne
se fussent rendu compte de quoi que ce soit, considérant même leur
changement d’ avis comme issu d’ une découverte personnelle.
Federico a poursuivi sa brillante carrière, désormais libre de s’ exprimer
au mieux, en suivant son talent et non des schémas préétablis. Nous avons
lancé une boule de neige qui, en roulant, s’ est transformée peu à peu en une
avalanche et ainsi le changement est-il apparu naturel, spontané, et non
l’ effet d’ une stratégie subtile.
54
spécificités, à l’ aide de vidéos de leurs combats. Notre sportif affirmait que,
chaque fois qu’ il lui était arrivé de voir ses deux collègues combattre, il
s’ était convaincu de ne pas être à la hauteur, non pas du fait de sa technique
ou de ses capacités, mais de son caractère. Ses deux rivaux apparaissaient
beaucoup plus agressifs, assurément plus « méchants » durant leurs
rencontres, et cela faisait naître en lui une grande crainte, tant et si bien
qu’ il avait abandonné toute ambition de les étudier.
Comme dans la majorité des cas de ce type, c’ est par l’ entremise d’ une
technique spécialement mise au point pour cette catégorie de problèmes que
notre athlète a été amené à regarder sa peur en face pour la transformer en
« courage » . Il reçut d’ abord la prescription suivante : s’ isoler et s’ exercer
chaque jour, pendant un laps de temps convenu à l’ avance à s’ abandonner à
ses pires cauchemars concernant le combat avec ses deux rivaux. Il devait
laisser libre cours à tout ce qui lui viendrait alors à l’ esprit, toutes les
émotions et sensations évoquées ainsi devaient avoir la possibilité de se
faire jour. Cette prescription a produit un véritable effet paradoxal : le fait
d’ évoquer la peur et toutes les images qui lui sont associées de manière
volontaire en bloque l’ expression au niveau psycho-physiologique. C’ est
ce qu’ il nous faut faire découvrir au patient, de façon à le mettre dans la
situation de saint Thomas, celui qui doit toucher pour croire. Une fois ce
premier objectif atteint, au cours d’ un véritable entraînement, on apprend au
sujet à augmenter volontairement sa peur pour pouvoir la diminuer.
Dans le cas de notre combattant, l’ issue fut pour lui fort surprenante car
il n’ aurait jamais imaginé que le meilleur moyen d’ apaiser une peur
consistait à l’ alimenter de manière volontaire.
55
Une fois cette découverte faite, il s’ entraîna avec diligence et commença
alors à étudier ses futurs adversaires, en analysant méthodiquement leurs
principaux combats. Cette étude le conduisit à ramener à de plus justes
proportions ses rivaux, commençant à distinguer dans leur manière
agressive de combattre de nombreux points faibles dont il pourrait se servir
lors des rencontres. Mais il restait une autre expérience concrète à lui faire
vivre avant qu’ il ne fût totalement prêt à faire face à ses deux adversaires. Il
lui fallait réussir à affronter leur regard « mauvais » , sans se sentir écrasé par
leurs personnalités. Dans ce but, je l’ incitai à faire leur connaissance avant
de les rencontrer, d’ inviter chacun d’ eux à une rencontre conviviale avant
les combats. C’ est ainsi que notre athlète invita à déjeuner ses adversaires,
avec le but déclaré de connaître en dehors du ring les personnes qu’ il
devrait combattre. Je lui conseillai de se montrer envers eux d’ une grande
cordialité durant la rencontre mais, en même temps, de maintenir un contact
visuel pendant toute l’ entrevue. Il ne devait pas faire preuve d’ une attitude
défiante, mais se comporter comme quelqu’ un qui a tout intérêt à faire
connaissance avec une personne donnée. Je motivai ma suggestion en lui
expliquant que les yeux étaient considérés comme le « miroir de l’ âme » et
qu’ il devait donc regarder ses adversaires dans les yeux afin de comprendre
ce qui se cachait derrière le méchant regard manifeste durant les combats.
56
qui manquait d’ assurance se classait deuxième. Chose curieuse à noter :
tous trois sont devenus de grands amis. Notre guerrier rasséréné m’ a relaté
que ses deux amis le considéraient comme le plus préparé et le plus
courageux des adversaires qu’ ils eussent jamais rencontré. La fragilité
acceptée et gérée devient une force et la gentillesse peut vaincre la brutalité.
57
accomplies par le dirigeant, des résultats positifs avaient été obtenus, qui
apparaissaient à l’ évidence aux yeux de tous. L’ entreprise fonctionnait
désormais dans une parfaite harmonie entre la production, la distribution et
la vente, comme si notre homme avait débloqué un mécanisme, obtenant une
synchronisation parfaite.
Cependant, les propriétaires de l’ entreprise, qui appartenaient à la
famille du fondateur, avaient progressivement fait preuve à son endroit d’ un
détachement, d’ un refus, qui avait abouti à un véritable boycottage.
Autrement dit, les propriétaires discréditaient ce manager dans sa relation
avec le conseil d’ administration, ne lui reconnaissant pas le mérite gagné à
bon droit par son travail.
58
Le manager accepta de procéder à la première manœuvre, apparemment
minimale. Chaque jour, il devait aller voir le PDG, qui était le fils aîné du
fondateur de l’ entreprise, pour lui exposer la situation actuelle, ses projets,
ses considérations dans le but d’ obtenir son avis, mais surtout une sorte de
regard sur son travail, motivé par une nécessité apparue récemment à la suite
des changements mis en œuvre. Disons-le autrement. Notre manager devait
déclarer ouvertement ses difficultés à gérer l’ avenir de l’ entreprise. Tant
qu’ il s’ était agi de faire les changements internes nécessaires pour
synchroniser l’ organisation et la production, il s’ était senti à la hauteur de
sa tâche. Désormais, au contraire, il fallait gérer le bon fonctionnement
nouvellement acquis et le faire évoluer. Et, pour cela, le dirigeant avait
besoin de l’ aide des fondateurs de l’ entreprise, lesquels, en vertu de leur
expérience seraient susceptibles de lui donner les meilleurs conseils
possibles.
59
UNE MOITIÉ DE VIOLONISTE
60
sans l’ appuyer contre sa joue, en l’ éloignant de son corps, il aurait
contourné son pénible problème.
61
l’ imagination d’ un véritable « matador des planches » , où un trouble était
transformé en une invention artistique.
62
nouveau roman, attendu par son éditeur. Cet auteur était aussi très
préoccupé du fait qu’ il avait déjà déplacé la date de remise de son manuscrit
depuis plus d’ un an, prétextant des problèmes de santé ou de famille.
L’ éditeur s’ était montré très compréhensif car il s’ agissait de l’ un de ses
auteurs phares mais il commençait à le presser, et cela aussi parce qu’ il lui
avait déjà versé une avance confortable. L’ auteur m’ expliqua que ce qui le
préoccupait le plus était dû au fait qu’ il avait toujours recouru à une
technique lui permettant de mettre un point final à ses textes sans grands
efforts mais que, désormais, cette stratégie se révélait être un échec total.
Généralement, il commençait par penser à la trame de l’ histoire, puis il
l’ articulait dans une séquence temporelle avant de débuter l’ écriture des
chapitres. La fin de l’ histoire arrivait donc comme la conséquence directe de
ce qu’ il avait raconté précédemment. Autrement dit, l’ auteur ne décidait pas
de la fin à donner à son roman avant de l’ avoir écrit car il voulait laisser
libre cours à son imagination et parvenir à construire un final sensationnel,
conséquence directe de ce processus. P résentement, malheureusement, après
avoir écrit le premier chapitre et choisi le titre de son nouveau roman, il
s’ était montré incapable d’ en développer la trame, chapitre après chapitre,
jusqu’ à la fin. Quant au chapitre déjà écrit, il le trouvait médiocre. Il était
convaincu que son inspiration s’ était tarie et, à plusieurs reprises, avait
pensé que peut-être le moment était-il venu de mettre fin à sa brillante
carrière d’ écrivain et de se recycler, en devenant critique par exemple. Dans
tous les cas, il devait d’ abord honorer l’ engagement pris avec son éditeur,
peut-être pour la dernière fois. En appliquant les différentes phases de la
Stratégie de résolution de problème à ce patient, le point le plus critique
consistait en son absolue fidélité à l’ égard de la méthode utilisée jusque-là
avec succès et l’ incapacité qui s’ ensuivait à trouver une autre manière de
procéder dans l’ écriture de son roman. À la demande qui lui fut faite de
déterminer la façon d’aggraver encore la situation, l’ écrivain avait
répondu qu’ il lui suffisait de poursuivre dans cette voie, sa pire crainte
s’ étant réalisée. Tout comme dans le fait d’ imaginer le scénario idéal au-
delà du problème, l’ image idéale consisterait à avoir clairement en tête
toute son histoire, fin comprise.
63
P arvenus à cette étape et sachant que le titre du livre était déjà
déterminé, nous avons analysé quelle serait la meilleure fin pour une œuvre
portant un tel titre en appliquant la technique de l’alpiniste. Nous avons
discuté un peu et l’ auteur, pressé par mes questions, commença à proposer
des fins à rebondissements et je commentai les impressions suggérées par
chacune d’ elles. Après une bonne demi-heure, nous nous sommes mis
d’ accord sur la fin qui convenait le mieux parmi les trois propositions qu’ il
avait faites. Je lui suggérai alors de mettre par écrit, avec le talent littéraire
qui était le sien, les dernières pages du livre qu’ il avait conçues en
discutant avec moi. Intrigué, l’ auteur suivit mon conseil.
64
cette partie va rendre compte – de manière condensée – de la production
scientifique ainsi que de la technologie élaborée et formalisée par votre
serviteur et ses collaborateurs au cours des vingt dernières années. On
trouvera aussi des démonstrations de la façon dont les pathologies
psychiques et comportementales peuvent être considérées comme des
classes de problèmes dotés d’ une structure répétitive, même lorsqu’ ils se
présentent chez des personnes ou dans des contextes familiaux singuliers.
La preuve en est que les protocoles de traitement ainsi que les techniques
spécifiques mises au point pour les formes les plus récurrentes de
psychopathologies fonctionnent sur un type de problème quel que soit le
contexte culturel. Je n’ en donnerai qu’ un exemple : le traitement spécifique
mis au point pour le trouble d’ attaques de panique fonctionne aussi bien
aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Europe, en Chine, en Russie qu’ en
Arabie Saoudite. Cela démontre incontestablement que, si la technologie
thérapeutique est modelée sur la structure des pathologies, elle peut être
appliquée avec succès par des thérapeutes différents et dans des contextes
fort éloignés les uns des autres puisque, à chaque type de problème,
correspond une solution précise.
Enfin, je veux insister sur le fait que ne seront présentés ici que des
exemples mettant en évidence avec la plus grande clarté la façon dont les
procédures de solution ont été construites à partir du modèle de Stratégie de
résolution de problème. Les lecteurs intéressés trouveront à la fin de ce livre
une présentation de la production scientifique et des technologies
thérapeutiques du Centre de thérapie stratégique. Dans le contexte du
présent ouvrage, il est impossible de passer en revue les dizaines de
techniques inventées ainsi que les nombreux protocoles de traitement
formulés. On aura une idée de la chose en sachant qu’ ils remplissent vingt-
six ouvrages et des dizaines d’ articles !
65
domaine clinique, grâce à l’ énorme succès remporté par son application. Dès
le départ, ce projet prit en considération les formes spécifiques de tentatives
de solution mises en œuvre par les patients souffrant de panique, de
phobies, d’ obsessions et de compulsions.
E N CAS DE PANIQ UE
66
des autres et tentent de contrôler leurs réactions en réprimant et en
rationalisant leurs impulsions.
Formulons-le autrement : nous pourrions définir la stratégie mise en
œuvre pour combattre la panique et aboutissant à l’ échec comme
l’ interaction entre l’ évitement, la demande d’aide et la tentative de
contrôle. Ces trois modalités confirment et alimentent l’ incapacité du sujet
à faire face à la peur quand elle devient pathologique. Chacune des
situations évitées confirme sa dangerosité, en accroissant la crainte. Toute
aide demandée et reçue souligne son incapacité personnelle et fait donc
croître la peur d’ agir seul. La volonté de contrôler rationnellement ses
impulsions les exaspère.
67
crainte à le faire et peut ainsi bloquer ce cercle vicieux. Enfin, le recours à la
« technique de l’ alpiniste » , permet de programmer une série de contre-
évitements, du plus petit au plus grand. L’ application du modèle de
Stratégie de résolution de problème nous permet de nous focaliser sur les
solutions, évitant ainsi de nous perdre dans la complexité des analyses de
personnalité et d’ histoire personnelle. De cette façon, en un laps de temps
allant de deux à quatre mois, nous amenons le patient à surmonter
rapidement son trouble, considéré par l’ Organisation mondiale de la santé
comme la principale forme de psychopathologie puisqu’ elle concerne près
de 20 % des êtres humains.
68
le pouvoir d’ influencer le cours des événements. P our chaque type de rituel
obsessionnel compulsif a été mis au point un contre-rituel spécifique,
capable de bloquer la répétition compulsive.
L’ étape suivante consiste en une application clinique de la technique
de l’ alpiniste : le sujet doit affronter le risque minimal, jusqu’ à se libérer de
toutes les précautions obsessionnelles mises en œuvre avec l’ illusion de se
protéger.
Le trouble obsessionnel compulsif met plus encore en évidence le fait
qu’ une partie de l’ intervention reste inchangée, tandis que l’ autre s’ adapte
à la spécificité de la phobie et des rituels exécutés par le sujet pour se
conformer à leur logique spécifique.
69
aboutit à la constitution d’ un véritable labyrinthe mental dans lequel les
sujets se perdent et dont ils restent prisonniers.
Le plus souvent, les sujets souffrant d’ un tel trouble sont totalement
handicapés et contraints à abandonner leur activité professionnelle car ils
sont constamment bloqués par le doute qui s’ impose à eux avant
d’ entreprendre quoi que ce soit. Un tel tableau clinique constitue un défi
souvent insurmontable pour les thérapies psychiatriques et
psychologiques puisqu’ il s’ agit là d’ une véritable perversion de
l’ intelligence et de la rationalité. En outre, les sujets souffrant de cette
pathologie remettent constamment en question les méthodes thérapeutiques,
suscitant de grandes difficultés chez leurs soignants.
70
s’ exprimer avant de bloquer les réponses, provoquant ainsi sa chute. En
évitant de répondre rationnellement à chaque question, on cesse de nourrir
le cercle vicieux en en bloquant instantanément le mécanisme pervers.
E N CAS DE PATHOPHOBIE
À notre époque, la pathophobie est sans conteste l’ une des formes les
plus récurrentes de trouble psychologique. Il s’ agit de la crainte phobique
de maladies, telles que les cardiopathies, les tumeurs, les scléroses, les
maladies infectieuses, mais il peut y en avoir bien d’ autres. Cette forme
obsessionnelle de préoccupation conduit les sujets à accumuler les visites
chez le médecin et les examens cliniques. On estime que plus de la moitié
des examens diagnostiques pratiqués dans le secteur public sont inutiles. Si
l’ on ajoute à cela les consultations privées et l’ accès « en ligne » à des
sites de diagnostic médical, on aura compris l’ extension du problème et ses
répercussions sur le secteur médical et la société tout entière, sans compter
71
celles qui s’ exercent sur les individus concernés. Considérant cette
pathologie comme une classe spécifique de problèmes caractérisés par un
fonctionnement récurrent, on constate que tous ceux qui manifestent ce
trouble mettent en œuvre les mêmes modalités dysfonctionnelles pour le
combattre. Le pathophobique cherche constamment à être rassuré sur sa
santé, se soumet à de fréquents examens cliniques et s’ efforce d’ éviter
d’ écouter son corps car tout signal reçu l’ épouvante. Dans ce cas encore,
les trois tentatives de solution mises en œuvre, loin de réduire le problème,
l’ alimentent. Elles deviennent donc la cible de l’ intervention stratégique,
destinée à corriger le mécanisme vicieux qui crée et nourrit la pathophobie.
72
Le patient « guérit » généralement en quelques semaines, alors qu’ est
progressivement réduite la fréquence des relevés quotidiens du rythme
cardiaque, jusqu’ à ne plus considérer un tel relevé que comme une
possibilité en cas d’ inquiétude.
73
réellement efficaces sur la gestion de l’ alimentation et de son corps, gestion
susceptible d’ être maintenue dans le temps.
Il est important de rappeler ici que toutes les diètes ne font pas maigrir,
mais qu’ aucune n’ est efficace si elle n’ est pas poursuivie dans la durée.
Dans le cas des prescriptions de diètes, l’ adhésion thérapeutique ne
dépasse pas les 10 %. Cela signifie que 90 % des personnes au régime ne
réussissent pas à le suivre ou à l’ accepter. Ce n’ est donc pas un hasard si
les recherches longitudinales ont montré comment celui qui est au régime
grossit plus que celui qui ne l’ est pas.
L’ effet totalement surprenant expérimenté par tous ceux qui l’ ont essayé
peut se résumer ainsi : en suivant cette règle agréable, les encas et les orgies
de nourriture cessent immédiatement. Et ce n’ est pas tout. Après quelques
jours, les plats préférés autorisés sans limite aucune ne sont plus aussi
désirables et laissent la place aux suggestions faites par le corps. Autrement
dit, une fois assouvie la transgression suscitée par la restriction alimentaire,
l’ organisme demande ce dont il a besoin, il s’ autorégule. Ainsi, la personne
en surpoids maigrit sans devoir faire de sacrifices, même si ce n’ est pas avec
un plaisir total, et celle qui se trouve en lutte constante contre la nourriture
pour garder la ligne, peut cesser de se battre et prendre du plaisir à manger
sans risquer de grossir.
74
Grâce à cette méthode, nous sommes récemment intervenus dans des cas
sévères de pathologie alimentaire, guidant les personnes afin qu’ elles
parviennent à établir une relation équilibrée, saine et durable, avec la
nourriture.
Bien qu’ ayant grandi dans une famille où il n’ a pas manqué d’ affection
et n’ ayant subi ni mauvais traitements ni abus, Alessandro souffre de
l’ impression constante d’ être rejeté par les autres ou même qu’ ils lui en
veulent. Cette impression, confortée par des sensations de panique pure, l’ a
peu à peu rendu incapable de frayer en société, ce qui lui a valu d’ être
considéré comme un phobique social. De plus, comme cela arriverait à
quiconque se mettrait dans sa peau, il a constamment le sentiment d’ être
contrecarré, exclu, voire même agressé, si bien qu’ il évite tout contact avec
les autres afin d’ atténuer cette sensation qui le terrorise. Cependant, comme
c’ est le cas dans les formes les plus sévères de ce trouble, cette tentative de
solution a conduit à une augmentation exponentielle de la phobie sociale.
En outre, le jeune homme éprouve le besoin constant d’ être en présence de
figures protectrices, comme sa mère et sa sœur. Son père, le seul qui refuse
d’ accéder à ses demandes, est constamment accusé par son épouse de ne pas
aider un fils si fragile.
75
Alessandro manifeste son problème, elle y ajoute le sien : il entre dans une
panique paranoïaque et elle dans une panique due à une crise d’ angoisse.
Alessandro avait aussi une longue histoire médicale, avec sept années
de traitement psychiatrique à base d’ antidépresseurs et de neuroleptiques,
auxquels s’ ajoutait la possibilité de prendre des anxiolytiques durant les
crises. Il s’ agit d’ ailleurs de la thérapie pharmacologique habituelle dans ce
type de pathologie, une thérapie qui ne produit que rarement de véritables
résultats, hormis le fait de contenir la pathologie par l’ inhibition des
impulsions résultant d’ une prise massive de sédatifs. Malheureusement,
cette répression chimique agit non seulement contre les symptômes, mais
aussi au détriment des ressources personnelles : le sujet peut avoir
effectivement moins de crises, mais il reste hébété, incapable de mener une
vie autonome et indépendante.
76
pourquoi les autres le rejettent ou lui en veulent :
— D’ ici à notre prochaine séance, chaque fois que tu sortiras faire des
courses – une chose que je ne te demande évidemment pas de faire seul –, tu
devras observer attentivement toutes les personnes que tu rencontreras et
chercher les marques de leur rejet. P rends des notes car nous en discuterons
la prochaine fois.
77
la trame du refus se transforme en un scénario fait de contact et
d’ acceptation.
La réduction pharmacologique s’ est faite sur une année afin d’ éviter les
effets rebond ou effets collatéraux dus à l’ arrêt de la prise des médicaments.
Durant cette période, Alessandro me rapportait chaque mois tous les
progrès réalisés dans sa vie, dont le retour à sa vocation d’ ingénieur, avec
un emploi dans le secteur de la certification de sécurité dans les entreprises
– une autre façon de sortir, tant d’ un point de vue familial que
professionnel, du réseau protecteur qui l’ avait pris au piège. Dans le même
temps, ayant constaté les résultats obtenus par son mari, son épouse a suivi
une thérapie pour résoudre ses attaques de panique.
Depuis quelques années maintenant, Alessandro et sa femme sont
autonomes et indépendants ; ils voyagent dans le monde entier, explorant
ensemble tout ce qu’ ils avaient jusqu’ alors évité et craint.
78
Comme le démontre ce cas exemplaire, le fait qu’ un trouble soit sévère,
pénible et persiste depuis des années ne signifie pas que son traitement
doive être douloureux et prolongé dans le temps.
79
eux, tant dans leurs ambitions que leur organisation : des sociétés
lucratives comme Coca-Cola, Barilla, British American Tobacco, Tamoil, des
sociétés à but non lucratif, telles les forces armées, la police pénitentiaire ou
l’ Association des coopératives (en Italie), des organismes de formation, à
l’ instar du Ministère italien de l’ instruction public, mais aussi
d’ importants cabinets de conseils, à l’ image du Kaizen Institute.
80
Grand était un meneur d’ hommes, aimé et admiré et, pour cette raison, suivi
partout et en toutes circonstances par ses soldats.
81
directement pour résoudre les problèmes, au lieu d’ assister à leur
épanouissement professionnel et leur montrer comment dépasser leurs
limites, il construit une structure faite de collaborateurs incapables et
frustrés. Ces collaborateurs sont à jamais dépendants de lui, le plaçant dans
l’ obligation d’ intervenir personnellement et de concentrer sur sa personne
toutes les responsabilités. Les tentatives de solution mises en œuvre
jusqu’ alors par le groupe de dirigeants vinrent confirmer cette hypothèse
initiale ; elles consistaient pour l’ essentiel en interventions directes chez
les clients afin de résoudre des situations problématiques avec les
collaborateurs, accompagnées du recours à des attitudes paternalistes à
l’ égard du collaborateur en difficulté. Cela revenait à dire : « Je te fais des
reproches parce que tu es un incapable, puis je fais les choses à ta place. »
Cette ambivalence stratégique enchaînait le collaborateur à son
incompétence et contraignait son chef à se substituer constamment à lui.
Nous proposons alors de travailler selon la technique du « comment
aggraver la situation » , faisant clairement émerger le dysfonctionnement de
leur modèle de rapport avec leurs subordonnés et le fait que, s’ il était
poursuivi, non seulement l’ entreprise ne parviendrait pas à obtenir de
meilleurs résultats, mais elle connaîtrait un déclin progressif. Nous
suscitons ainsi la peur de l’ échec avec une vision claire de la façon d’ y
parvenir : dans une telle situation, un changement de stratégie devient non
plus souhaitable, mais indispensable.
82
contrôler. L’ année qui suivit notre intervention, la firme obtint le meilleur
chiffre d’ affaires de toute son histoire.
À la fin des années 1980, lors d’ une première grave crise industrielle, le
secteur textile de P rato fut confronté à une situation difficile tant sur le plan
économique qu’ en matière d’ emploi. Un important cabinet de conseil avait
été chargé par l’ administration publique provinciale et régionale de trouver
une solution au problème, en modifiant l’ organisation du travail. Le cabinet
de conseil s’ était donc mis au travail et, après avoir soigneusement évalué
la situation du secteur textile de P rato, il avait mis au point une solution
novatrice susceptible de sauver les entreprises de la crise. Il s’ agissait de
transformer les différents ateliers, habituellement en compétition les uns
avec les autres, en îlots de production. Du fait de la concurrence, ces ateliers
s’ efforçaient d’ abaisser leurs coûts afin de maintenir leur présence sur le
marché, aggravant la compétition entre les ateliers, marquée par la réduction
des recettes. Le cabinet de conseil proposait de réunir les ateliers dans des
hangars qui accueilleraient les activités d’ un plus grand nombre de
personnes, construisant ainsi une chaîne de production dans laquelle
chacun aurait sa part de responsabilité. Ce regroupement permettrait
d’ abaisser les coûts de production, tout en augmentant la qualité. Ces
travailleurs avaient tout à gagner à une restructuration entrepreneuriale
ainsi conçue.
En outre, cela serait réalisé grâce à des fonds régionaux et européens et
ne coûterait donc pas un centime aux ateliers, tout en baissant les coûts de
production de chacun et en augmentant les recettes. Cette transformation
garantirait un plus grand nombre de commandes, tout en maintenant, voire
en augmentant, le niveau de production.
83
posa alors : aussi avantageux le projet apparaissait-il, les individus qui,
depuis des années avaient été rivaux et souvent en conflits, renâclaient à se
rassembler sous le même drapeau. Autrement dit, le facteur humain et
relationnel s’ opposait aux calculs économiques et productifs, aussi exacts
fussent-ils.
84
Un premier rendez-vous fut donc fixé avec les personnes qui devaient
constituer le premier îlot de production, en leur disant que des experts
allaient tenter de faire en sorte que leur appréciation réciproque se modifie,
leur permettant de travailler ensemble. Une telle déclaration peut apparaître
purement formelle, mais elle est en réalité très riche de sens car nous avons
voulu créer d’ emblée une attente capable de générer le fameux effet
Hawthorne : le fait que les personnes sachent qu’ on a recouru à un expert
pour améliorer leur réalité produit, en soi, une prédisposition au
changement. Cela ressemble beaucoup à l’ effet placebo ou, mieux encore, au
fait qu’ il nous suffit de savoir qu’ un médecin fameux va nous soigner pour
nous sentir mieux, par l’ effet de l’ attente ainsi créée.
On aura sans doute pressenti que, dans le cas présent, les sujets n’ étant
ni des intellectuels ni des scientifiques, il fut difficile de les entraîner à faire
un travail purement mental. Nous avons passé une journée entière à
rassembler les réponses données aux différentes déclinaisons de demandes
spécifiques aux deux techniques de Stratégie de résolution de problème,
tout en gérant les dynamiques conflictuelles entre les différents membres du
groupe. À la fin de la journée, nous avons finalement réussi à créer en eux
une attente positive à l’ égard du projet et d’ une éventuelle collaboration.
Ce résultat fut obtenu après avoir instillé en chacun d’ eux, à travers la
technique visant à déterminer « comment aggraver les choses » , un
sentiment bien réel de peur devant l’ évolution possible de leur emploi au
cas où le projet échouerait et que cet échec serait dû à leur incapacité à
collaborer et à se faire confiance.
85
authentique paradoxe sémantique a été un casse-tête pour des générations
de logiciens et de mathématiciens car on ne peut en donner une explication
purement rationnelle et doivent être pris en compte des aspects émotionnels
et relationnels impossibles à évaluer avec certitude.
Voici de quoi il s’ agit. Un juge doit condamner deux escrocs et, afin de
décider de leur peine, ils les fait enfermer dans deux cellules éloignées l’ une
de l’ autre. P uis, il leur présente à chacun le dilemme suivant : « Si tu te
déclares innocent et que ton acolyte se déclare coupable, tu seras
immédiatement libéré et lui sera condamné à cinq ans de prison. Si tu te
déclares coupable et lui innocent, vous échangerez les rôles, il sera donc
libre et tu seras emprisonné pendant cinq ans. Si vous vous déclarez tous
les deux innocents, étant donné qu’ il existe des preuves de votre
culpabilité, vous purgerez chacun trois ans de prison. Si vous vous déclarez
tous deux coupables, vous ne passerez que trois mois en prison. »
La difficulté réside dans le fait que chacun doit se fier à l’ autre et être sûr
que c’ est réciproque. En effet, s’ ils se font confiance et se déclarent tous
deux coupables, la peine à purger sera minimale pour chacun, mais il suffira
que l’ un « trahisse » la confiance pour que l’ autre soit condamné à la peine
maximale…
86
sélectionnant pour chacune des phases de production les personnes les
plus qualifiées.
Le projet connut un tel succès qu’ il a été repris dans d’ autres secteurs
de production italiens témoignant de problèmes similaires.
Le cas que je souhaite présenter ici n’ a pas été traité par moi ou par mes
collaborateurs spécialisés dans la formation et le conseil entrepreneurial,
mais par l’ un de nos élèves de l’ École de communication qui a obtenu le
titre de formateur après avoir suivi une formation proposée annuellement
dans notre centre. Il s’ agit d’ un dirigeant d’ une grande entreprise
fabriquant des hottes pour les cuisinières et les cheminées qui s’ est trouvé
confronté au terrible impératif de devoir licencier des centaines de
personnes du fait de l’ effondrement du marché engendré par la grave crise
survenue l’ année précédente.
87
licencié. Il en est ainsi arrivé à la conclusion qu’ il devrait licencier les
personnes qui auraient le plus de probabilités de se réinsérer rapidement
dans le monde du travail. Son attention se déplaça donc de ceux qui étaient
les plus utiles à l’ entreprise à ceux qui pourraient retrouver le plus
rapidement un emploi à des postes semblables.
88
affectifs établis avec les participants au projet, est celle réalisée avec
l’ Armée italienne. Cette intervention s’ est poursuivie pendant plusieurs
années dans une succession de phases de formation et de sélection,
permettant d’ obtenir des cadres dirigeants qui excellaient dans ces deux
domaines, une nécessité pour une armée passée de la conscription
obligatoire à l’ enrôlement volontaire correspondant à un choix
professionnel. C’ est dans ce but qu’ un premier groupe de militaires a été
formé à la communication et à la Stratégie de résolution de problème. Les
membres de ce groupe ont été supervisés au fil des ans dans leur travail
d’ instruction des dirigeants militaires et des nouveaux formateurs, jusqu’ à
ce que des centres permanents soient constitués dans ce but exclusif.
Jusqu’ alors, toutes les tentatives de solution avaient été basées sur une
attitude protectrice à l’ égard du « sexe faible » . Il s’ agissait simplement de
distinguer les devoirs et les rôles de chaque sexe, en évitant de placer les
femmes dans des situations considérées a priori comme adaptées à la seule
gente masculine. Et cela même si les expériences faites dans les forces armées
d’ autres nations avaient démontré, non seulement que les femmes étaient
aptes à accomplir toutes les activités militaires, mais qu’ elles obtenaient
dans certains cas de meilleurs résultats que leurs collègues masculins. Dans
une forme de « galanterie » envers les femmes en uniforme, des privilèges
avaient été accordés, tels que l’ eau chaude et l’ exemption des tâches les
plus dures et risquées. Mais les militaires percevaient ces exemptions comme
la preuve même du fait que, en mission, les femmes auraient été des
équipières peu fiables. Cette perception avait comme conséquence directe de
89
voir les militaires de sexe masculin refuser l’ idée d’ avoir à leurs côtés une
femme sur les théâtres d’ opération.
90
Il fut drôle de voir se transformer les visages des indomptables
militaires, qui prirent l’ expression stupéfaite de ceux qui font une
découverte aussi inattendue que terrifiante. Désormais, le problème, ce
n’ étaient plus les femmes, mais bien eux !
L’ expérimentation eut un succès sans équivoque, éliminant les
résistances à l’ insertion des femmes dans une armée de métier.
91
inébranlable de ne cesser de s’ améliorer n’ appartiennent qu’ aux meilleurs,
et ce n’ est donc pas un hasard si cette firme connaît un tel succès.
92
face aux souverains des cités ou des États qu’ il voulait conquérir. Avant de
lancer une attaque, Alexandre le Grand se présentait au souverain régnant,
en lui faisant la proposition suivante : « P réfères-tu que je détruise ton
royaume, que je tue tous tes sujets, que je rase tes villes, que j’ efface de
l’ histoire ta lignée ou que je te laisse régner en tant que satrape d’ une
province de l’ Empire universel d’ Alexandre, en conservant tous tes
privilèges et en sauvant ton peuple ? » Ce n’ est pas un hasard si, dans la
très grande majorité des cas, les souverains choisissaient de devenir satrape
de l’ Empire. De cette façon, grâce à une stratégie et à une communication
raffinées, le plus grand chef de guerre de l’ histoire vainquit sans combattre
la plupart de ses batailles.
93
Conclusion
94
supérieur à celui des Japonais. Et que dire de la découverte quotidienne
d’ un gène du bonheur, du plaisir, de la peur ou de quelque malformation
physique associé à un médicament prometteur, voire miraculeux. Mais en
menant l’ enquête, on découvre bientôt que toutes ces recherches sont
financées par des laboratoires pharmaceutiques qui appliquent depuis des
années des techniques avancées de marketing, recourant à une recherche
scientifique corrompue comme rampe de lancement pour leurs médicaments.
La liste des exemples d’ une science corrompue par la foi, l’ idéologie ou le
marché est interminable, et ce ne sont là que quelques exemples. Mon
objectif n’ est pas de prononcer un sermon moralisateur, mais de tenter de
faire comprendre que, si la méthode adoptée pour intervenir sur un
phénomène est basée sur son efficacité effective et non sur des théories a
priori, on parvient à une rigueur absolue. De fait, les résultats réplicables et
prévisibles dans la réalité, et pas uniquement en laboratoire, ne sont pas
soumis aux aléas précédemment décrits.
95
ce qui revient à affirmer qu’ est vrai tout ce qui œuvre à atteindre les
objectifs préétablis.
1. Heinz von Foerster est l’un des fondateurs de la cy bernétique de deuxième ordre et
un contributeur important du constructivisme radical.
96
Bibliographie des œuvres et inventions
1
de Giorgio Nardone par Roberta M ilanese
97
Nardone Giorgio, « Brief Strategic Therapy of P hobic Disorders:
A Model of Therapy and Evaluation Research » in Weakland J. H.,
Ray W. A. (éditeurs), Propagations: Thirty Years of Influence from
the Mental Research Institute, Routledge, 1995.
Le chapitre rédigé par Giorgio Nardone date de 1988 : il s’ agit du
premier travail de recherche systématique sur le traitement de l’ agoraphobie
dans une perspective brève stratégique jamais publié. Si le terme de
« protocole de traitement » est encore absent, ce travail présente les quatre
étapes de la procédure de Stratégie de résolution de problème et nous
trouvons déjà, sous forme embryonnaire, quelques-unes des inventions les
plus créatives et efficaces dans la résolution de ce type de trouble.
98
la phobie obsessionnelle que dans celui des troubles alimentaires, des
inventions thérapeutiques fondamentales introduites au sein de protocoles
de traitement qui seront formalisés par la suite.
99
Nardone Giorgio, Fiorenza Andrea, L’intervento strategico nei contesti
educativi: communicazione e Problem Solving per i problemi scolastici,
Giuffrè, 1995, Milan.
Cet ouvrage peut être considéré comme un outil opérationnel efficace
pour les enseignants, les éducateurs et les travailleurs sociaux. Il s’ agit
d’ un véritable manuel détaillant l’ approche stratégique en milieu éducatif.
Les auteurs servent de guides au lecteur pour lui permettre de découvrir
« comment » résoudre effectivement et en peu de temps les problèmes les
plus fréquemment rencontrés à l’ école. Les pistes stratégiques indiquées
sont approfondies pour chacun des principaux problèmes qui se manifestent
dans le milieu éducatif : déficit d’ attention avec hyperactivité, trouble
oppositionnel avec provocation, trouble de l’ évitement, mutisme sélectif
ainsi que les conflits et litiges entre élèves. Les résultats de la « recherche-
intervention » et les nombreux exemples donnés mettent en évidence
l’ efficacité et l’ efficience de l’ approche, même lorsqu’ elle est appliquée de
manière « indirecte » .
100
présumées » , troubles phobiques, troubles obsessionnels et compulsifs,
troubles alimentaires. P our la première fois, sont aussi présentées les
principales manœuvres d’ intervention utilisées en cas de manies, de
paranoïas, de dépressions et de thérapies de couple, dont certaines seront
développées dans des ouvrages ultérieurs. La dernière partie,
particulièrement originale, est consacrée au self-help (« développement
personnel » ) stratégique, défini comme la capacité que chacun de nous
possède de remplacer les « auto-illusions dysfonctionnelles » par des
« auto-illusions fonctionnelles » grâce à l’ utilisation de techniques et de
stratagèmes spécifiques.
101
Cet ouvrage a pour but d’ expliquer au grand public quelles sont les
formes de peur pathologique, comment elles se forment, se maintiennent et
peuvent être surmontées rapidement. Il présente une classification des
principales pathologies phobiques : les monophobies, les phobies
généralisées, les obsessions compulsives, les fixations hypocondriaques et
les phobies post-traumatiques. Dans un style agréable et facile sont
présentées de nombreuses inventions thérapeutiques originales et
fondamentales mises en œuvre au sein des protocoles de traitement des
troubles phobico-obsessionnels. Et c’ est pour cette raison que, bien que le
livre soit conçu pour un large public de non spécialistes, il constitue aussi
un outil utile pour les spécialistes qui souhaitent se familiariser avec les
évolutions les plus récentes dans le traitement de ce type de troubles.
102
démocratico-permissives, intermittentes, autoritaires, déléguantes,
sacrificielles. Chacun de ces modèles est illustré par l’ exposition de cas
cliniques emblématiques. Les stratégies de solution sont simples et claires,
les thérapies rapides et efficaces. Le résultat consiste en une photographie
claire et nette de la situation en train d’ émerger au sein de la famille et de ses
modèles de référence, mais surtout du parcours possible vers la résolution
de nœuds problématiques ainsi que de conflictualités dangereuses.
103
styles fort distincts ont, du point de vue de la théorie de l’ illusionnisme,
des points communs. Giorgio Nardone, qui a fourni les matériaux d’ étude et
revu le manuscrit, apparaît ici dans une position inédite, celle de l’ « objet
étudié » et non celle, habituelle, du sujet qui étudie. Ce livre constitue
donc une contribution unique en son genre, tant pour les chercheurs que
pour les psychothérapeutes puisque tous y trouveront des indications
aussi utiles qu’ importantes pour leur pratique clinique et pour leurs
recherches.
Nardone Giorgio, Non c’è notte che non veda il giorno, P onte alle
Grazie, 2003, Milan.
Le trouble d’ attaques de panique figure parmi les troubles les plus
répandus et invalidants car il menace – voire compromet – la vie
quotidienne d’ un grand nombre de gens. L’ objectif de cet ouvrage est de
présenter au lecteur, de la façon la plus claire et accessible possible, les
connaissances actuelles sur le fonctionnement des pathologies de panique
et, surtout, les thérapies qui se sont révélées efficaces pour les surmonter
rapidement. P lusieurs « formes de panique » sont présentées au fil d’ un
passage en revue des peurs pathologiques et de leur traitement : peur de
104
perdre le contrôle, peur de prendre l’ avion, peur des hauteurs, peur de
perdre les personnes chères, peur des animaux, agoraphobie, claustrophobie,
peur du refus sociale, fixations hypocondriaques, obsessions compulsives,
dysmorphophobie.
106
ont été développées pour permettre de débloquer ce qui, dans la sexualité, a
été piégé par l’ esprit. À travers le récit de cas concrets, cet ouvrage propose
d’ analyser les principales tentatives de solutions récurrentes qui sont le
plus souvent à la base de troubles sexuels ainsi que les techniques
thérapeutiques mises au point au sein de l’ approche stratégique afin de
résoudre ce type de problèmes. Anxiété de prestation, troubles du désir,
anorgasmie, éjaculation précoce, impotence, peur de la pénétration,
paraphilies, paranoïas sexuelles. Chacun de ces troubles peut être pris en
charge et résolu très rapidement en recourant au stratagème adapté.
108
En analysant les résultats de nombreux régimes, un paradoxe essentiel
se fait jour : ils sont tous efficaces, mais aucun ne fonctionne effectivement.
Autrement dit, tous les régimes proposés au cours des dernières années sont
capables de provoquer un réel amaigrissement, mais c’ est le maintien du
résultat qui pose problème. Giorgio Nardone guide le lecteur à la
découverte de ce qu’ il a défini comme le « régime paradoxal » , qui permet de
retrouver une relation saine et équilibrée avec la nourriture en se
réappropriant l’ aspect fondamental de celle-ci : le plaisir de manger. Le
présupposé fondamental du régime paradoxal mène à la reconstitution d’ un
rapport à la nourriture basé sur la capacité de « s’ autoriser » ce que l’ on a
envie de manger durant les trois principaux repas, en ayant le plus de plaisir
possible à la dégustation, allié à une étude attentive du contexte et à
l’ introduction d’ activités physiques agréables et adaptées.
109
illusion stratégique » , « la tentative de solution redondante » , « les
incapacités primaires et évoluées » , les auteurs appliquent le modèle du
coaching stratégique aux situations les plus variées : manager trop
disponible, manager irascible qui perd le contrôle, syndrome du Saint-
Bernard, harcèlements sur le lieu de travail, bourreau de travail, entrepreneur
en échec.
110
certaines, se rapprochent d’ un point de vue psychologique de la
dépendance à la cigarette, mais d’ une manière plus dramatique et
compliquée.
Giorgio Nardone
Avec P aul Watzlawick, Giorgio Nardone a fondé le Centre de thérapie
stratégique d’ Arezzo où il exerce ses activités de psychothérapeute,
d’ enseignant et de coach.
Reconnu comme l’ un des spécialistes et thérapeutes les plus rigoureux
et créatifs, il est considéré comme l’ un des grands représentants des
chercheurs de l’ École de P alo Alto, du fait de ses travaux novateurs
nombreux.
La création de protocoles spécifiques de traitement pour les pathologies
psychologiques les plus invalidantes constitue à l’ évidence sa plus grande
contribution. Grâce à ces protocoles, il a pu montrer qu’ il était possible de
soigner de manière rapide et efficace la grande majorité des pathologies
psychiques et comportementales. Il a ensuite mis au point un nouveau
modèle de Thérapie brève et de Stratégie de résolution de problème, dont
111
témoignent les vingt-six livres publiés à ce sujet et traduits en plusieurs
langues.
Sa contribution scientifique et expérimentale constitue non seulement
un modèle d’ application, mais une véritable école de pensée
internationalement reconnue, dont s’ inspirent aussi bien des spécialistes
que des thérapeutes et des managers. Depuis des années, il donne des
conférences et des séminaires dans le monde entier.
Giorgio Nardone dirige actuellement l’ École de spécialisation post-doc
en psychothérapie brève stratégique dont le siège principal se trouve à
Arezzo avec une antenne à Florence. Il dirige aussi le Master en thérapie
brève stratégique à Milan, Rome, Bogota, Barcelone, Madrid, P aris, Liège,
Heidelberg et Moscou.
Il est le directeur scientifique de l’ École de formation managériale en
communication, Résolution de problème et coaching stratégique dont le
siège se trouve à Arezzo avec des annexes à Milan, Madrid et P aris.
Il est aussi le directeur général de la société de formation et de conseil
spécialisé dans le développement des ressources humaines, le Strategic
Therapy Center, « Change Strategies » .
Giorgio Nardone occupe aussi d’ autres charges :
Il coordonne le Réseau mondial de psychothérapie brève stratégique et
systémique ainsi que la Rivista Europea di Piscoterapia Breve Strategica
e Sistemica.
Il est le codirecteur de la revue Journal of Brief, Strategic and Systemic
Therapies.
Il est le fondateur émérite de The American Association of Brief &
Strategic Therapists et directeur de la collection « Essais de thérapie
brève » aux éditions P onte alle Grazie à Milan.
112
grande émotion et une énorme gratitude envers le « hasard » – ou le
« destin » – qui avait mis ce livre sur ma route.
Nombreux sont ceux qui affirment que, qui a rencontré un maître doit, à
un moment où à un autre, « le tuer » pour pouvoir exprimer pleinement ses
propres ressources. Je souhaite aux lecteurs de cet ouvrage le destin
inverse : si vous deviez rencontrer par hasard un véritable maître, comme
Giorgio Nardone l’ a été – et l’ est encore – pour moi, surtout, prenez-en
bien soin !
1. Psy chologue et psy chothérapeute, Roberta Milanese est chercheur associé au Centre
de thérapie stratégique (CTS) d’Arezzo et enseignante à la Scuola di Specializzazione in
Psicoterapia Breve Strategica (« École de spécialisation en psy chothérapie brève
stratégique » ), dirigeant des masters cliniques et organisationnels en Italie et à
l’étranger. Roberta Milanese est aussi responsable organisationnel à la Scuola di
comunicazione, problem solving e coaching strategico (« École de communication,
résolution de problème et coaching stratégique » ) de Milan. Depuis 2000, elle est
responsable du centre milanais affilié au CTS d’Arezzo, où elle est psy chothérapeute,
consultante, coach et coauteur de plusieurs ouvrages.
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Bibliographie
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