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Bases
cellulaires
CHAPITR E 1
Neurosciences : passé, présent et futur 2
CHAPITR E 2
Neurones et cellules gliales 22
CHAPITR E 3
Membrane du neurone au repos 56
CHAPITR E 4
Potentiel d’action 78
CHAPITR E 5
Transmission synaptique 106
CHAPITR E 6
Neurotransmetteurs :
organisation anatomobiochimique du système nerveux 140
CHAPITR E 7
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Annexe
Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 212
Bear, Mark F., et al. Neurosciences : A la découverte du cerveau, John Libbey Eurotext, 2016. ProQuest Ebook Central, http://ebookcentral.proquest.com/lib/bcuf/detail.action?docID=4745242.
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2
CHAPITRE 1 Neurosciences :
passé, présent
et futur
LES NEUROSCIENCES
AUJOURD’HUI
Niveaux d’analyse............................................................................... 12
Chercheurs en neurosciences.............................................................. 13
Démarche scientifique en neurosciences.............................................. 15
Expérimentation animale en neurosciences......................................... 16
Coût de l’ignorance : les maladies du système nerveux........................ 18
CONCLUSION
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INTRODUCTION
L’
homme a toujours cherché à savoir comment il voit et comment il
entend ; pourquoi certaines choses sont bonnes et d’autres mau-
vaises ; comment il bouge ; comment il raisonne, apprend, mémorise
et oublie ; quelle est l’origine de la colère et celle de la folie. La recherche dans le
domaine des neurosciences commence à éclaircir ces mystères et les résultats de
tous ces travaux constituent le contenu de cet ouvrage.
Le mot « neurosciences » est récent. La Society for Neuroscience (Société des
neurosciences), association de chercheurs en neurosciences, n’a été fondée qu’en
1970 (en France, la Société des neurosciences a été créée en 1988, elle comprend
plus de 2 500 membres). Cependant, l’étude du cerveau est aussi ancienne que
la science elle-même. Historiquement, les scientifiques qui se sont intéressés au
système nerveux venaient de disciplines diverses : médecine, biologie, psycholo-
gie, physique, chimie, mathématiques. La révolution des neurosciences est venue
du fait que ces scientifiques ont réalisé que le plus grand espoir de comprendre
le fonctionnement du cerveau résidait dans une approche résolument pluri
disciplinaire, une combinaison des approches traditionnelles et de technologies
modernes, pour parvenir à une vision actualisée de l’organisation et du fonc-
tionnement cérébral et ouvrir de nouvelles perspectives. Aujourd’hui, quelle que
soit l’approche qu’ils mettent en œuvre, la plupart des scientifiques impliqués
dans la recherche sur le système nerveux se considèrent comme des chercheurs
en neurosciences. En fait, même si les enseignements de neurosciences peuvent
être dispensés par les départements de psychologie ou de biologie, selon les
universités, et qu’il est alors possible de parler de neuropsychologie ou de neuro-
biologie, le cours porte toujours sur les neurosciences. Actuellement, la Society
for Neuroscience est, dans le domaine de la biologie expérimentale, la plus impor-
tante association de scientifiques et celle qui se développe le plus rapidement.
Loin d’être hyperspécialisé, ce domaine est au contraire presque aussi vaste que
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4 1 – Bases cellulaires
Les origines
des neurosciences
Le système nerveux — cerveau, moelle épinière et nerfs — est vital et per-
met de sentir, de bouger, et encore de penser. Comment l’homme en a-t-il pris
conscience ?
Il est prouvé que, dès la préhistoire, nos ancêtres considéraient le cerveau
comme un organe vital. Les musées archéologiques comptent de nombreux
crânes d’hominidés datant d’un million d’années et plus, qui montrent des traces
de lésions crâniennes mortelles, probablement infligées par d’autres hominidés.
Il y a 7 000 ans, des interventions étaient déjà pratiquées au niveau du crâne
(un procédé appelé trépanation), non pour tuer mais pour guérir (Fig. 1.1). Ces
crânes montrent des signes de guérison, ce qui indique que l’opération était pra-
tiquée sur des êtres vivants et n’était pas seulement un rituel accompli après
la mort. Quelques individus ont, semble-t-il, survécu à plusieurs opérations du
crâne. Le but recherché par ces premiers chirurgiens n’est pas clair, même s’il
est envisageable que ce procédé était utilisé pour traiter les maux de tête ou les
troubles mentaux. Mais peut-être ne s’agissait-il simplement que d’ouvrir une
porte de sortie aux mauvais esprits…
Les écrits des premiers médecins de l’Égypte ancienne, datant de presque
5 000 ans, montrent qu’ils avaient reconnu plusieurs symptômes liés à des lésions
Figure 1.1 – Évidence d’une intervention
cérébrales. Cependant, c’est le cœur et non le cerveau qui était considéré à cette
neurochirurgicale de l’époque préhistorique. époque comme le siège de l’âme et des souvenirs. En fait, alors que le reste du
Ce crâne humain date de plus de 7 000 ans. corps était soigneusement préparé pour la vie après la mort, le cerveau du défunt
Il a fait l’objet d’une intervention du vivant du était simplement retiré par les narines et jeté. L’idée que le cœur était le siège de
sujet. (Source : Alt et al., 1997, Fig. 1a.) la conscience et de la pensée n’a ainsi pas été remise en question à cette époque
et celles qui ont suivi, jusqu’à Hippocrate.
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1 – Neurosciences : passé, présent et futur 5
Cerveau Cervelet
1 cm
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6 1 – Bases cellulaires
Substance
motrice au travers de la glande pinéale (H) qui grise blanche
sert de valve pour contrôler les déplacements
de l’esprit animal qui gonfle les muscles par
les nerfs. (Source : Finger, 1994, Fig. 2.16.)
Figure 1.6 – Substance blanche et
substance grise.
La simple section du cerveau en
deux parties révèle la dualité de la
matière cérébrale.
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1 – Neurosciences : passé, présent et futur 7
Hémisphères
cérébraux
Cerveau
Cervelet
Système
nerveux
Moelle épinière central
Système
nerveux
périphérique
Figure 1.7 – Organisation anatomique des deux principales subdivisions du système nerveux. Sillon Lobe
Le système nerveux comprend deux parties : le système nerveux central (SNC) et le système ner- central pariétal
veux périphérique (SNP). Le SNC comprend lui-même le cerveau et la moelle épinière et le cerveau Lobe
Lobe
frontal
est subdivisé en trois parties principales représentées par les hémisphères cérébraux, le cervelet et occipital
le tronc cérébral. Le SNP est représenté par l’ensemble des nerfs et des cellules nerveuses situées
hors du cerveau et de la moelle épinière.
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8 1 – Bases cellulaires
Le cerveau au xixe siècle
À la fin du xviiie siècle, les connaissances sur le système nerveux peuvent se
résumer ainsi :
•• une atteinte du cerveau peut supprimer les sensations, empêcher le mou-
vement, altérer la pensée, et même entraîner la mort ;
•• les nerfs assurent la communication entre le cerveau et le corps ;
•• il est possible de distinguer dans le cerveau des sous-régions qui jouent
probablement des rôles différents ;
•• le cerveau (sinon l’esprit) fonctionne comme une machine et obéit aux lois
de la nature.
Au cours du siècle qui suivit, les connaissances sur l’organisation et les
fonctions du cerveau progressèrent plus que dans toute l’histoire qui avait
précédé. Ces travaux eurent un caractère fondamental, conférant à la recherche
du xixe siècle un rôle essentiel dans le progrès des connaissances sur le cerveau.
À titre d’illustration, quatre éléments déterminants sont évoqués ci-dessous.
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1 – Neurosciences : passé, présent et futur 9
Moelle
épinière
Racines ventrales
Racines
dorsales
Pour vérifier cette hypothèse, la même méthode que celle de Bell et Magendie,
cherchant à identifier les fonctions des racines spinales, fut mise en œuvre :
détruire différentes parties du cerveau et observer les déficits sensoriels et moteurs
qui en résultent. Cette approche consistant à détruire des parties du cerveau de
façon systématique pour déterminer leur fonction relève de la neurologie expéri-
mentale. En 1823, le fameux physiologiste français Marie-Jean-Pierre Flourens
utilisa cette méthode sur plusieurs espèces d’animaux (notamment des oiseaux),
pour démontrer que le cervelet joue un rôle évident dans la coordination du
mouvement. Il en conclut aussi que le cerveau est impliqué dans la sensation et
la perception, comme Bell et Galien l’avaient suggéré avant lui. Mais, contraire-
ment à ses prédécesseurs, Flourens fournissait un solide support expérimental à
la théorie de la localisation des fonctions cérébrales.
Que représentent toutes les circonvolutions à la surface du cerveau ? Ont-
elles des fonctions différentes ? Cette idée paraissait évidente au jeune étudiant
en médecine autrichien, Franz Joseph Gall. Pensant que les bosses du crâne cor-
respondaient aux circonvolutions du cerveau, Gall suggéra en 1809 que certains
traits de caractère — tels que la générosité, la réserve, l’instinct de destruction,
etc. — pouvaient être en relation avec la forme de la tête (Fig. 1.10). Pour confor-
ter ses propositions, Gall et ses disciples effectuèrent des mesures sur le crâne de
centaines de personnes représentant un large éventail de personnalités, depuis le
surdoué jusqu’au fou criminel. Cette nouvelle « science », mettant en relation la
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10 1 – Bases cellulaires
C’est au neurologue français Paul Broca qu’il revient d’avoir apporté les élé-
ments les plus déterminants sur la question de la localisation des fonctions céré-
brales (Fig. 1.11). Un jour, il examina un patient qui comprenait les mots mais ne
pouvait pas parler. Lorsque cet homme mourut, en 1861, Broca observa atten-
tivement son cerveau et découvrit une lésion du lobe frontal gauche (Fig. 1.12).
À partir de ce cas et de plusieurs autres cas similaires, Broca conclut que cette
région du cerveau humain était spécifiquement reliée au langage.
Sur la base de ces observations, la localisation cérébrale fit l’objet d’une
intense recherche expérimentale sur l’animal. En 1870, les physiologistes alle-
mands Gustav Fritsch et Eduard Hitzig montrèrent qu’en appliquant de faibles
décharges électriques sur une région précise de la surface exposée du cerveau
d’un chien, de discrets mouvements pouvaient être générés. Le neurologue
écossais David Ferrier reproduisit ces expériences sur des singes et, en 1881, il
démontra que l’ablation de cette partie du cerveau entraînait la paralysie des
muscles. De même, le physiologiste allemand Hermann Munk prouva, au moyen
Figure 1.11 – Paul Broca (1824-1880). de lésions effectuées chez l’animal, que le lobe occipital du cerveau était spécifi-
C’est en étudiant le cerveau d’un homme quement concerné par la vision.
ayant perdu l’usage de la parole après une
Comme cela sera discuté dans la deuxième partie de cet ouvrage, au niveau
lésion cérébrale (Fig. 1.12) que Broca fut
convaincu que les différentes fonctions céré-
cérébral il existe un partage très précis des tâches, les diverses régions étant sus-
brales pouvaient siéger dans des régions ceptibles de remplir des fonctions très différentes. Les cartes actuelles de l’orga-
particulières du cerveau. (Source : Clarke et nisation anatomofonctionnelle du cerveau rivalisent avec celles les plus élaborées
O’Malley, 1968, Fig. 121.) des phrénologistes. La grande différence est, cependant, qu’à l’opposé des phré-
nologistes les scientifiques ont recours à une expérimentation très rigoureuse
Sillon central avant d’attribuer une fonction spécifique à une partie donnée du cerveau ; dès
lors, il semble que l’idée de Gall n’était pas si fausse. Il est alors intéressant
de se poser la question de savoir pourquoi Flourens, le pionnier de la localisa-
tion fonctionnelle cérébrale, s’est trompé en pensant que le cerveau fonctionnait
comme un tout et ne pouvait pas être subdivisé en sous-régions fonctionnelle-
ment différentes. Il est possible que ce chercheur pourtant doué soit passé à côté
de la localisation cérébrale pour plusieurs raisons, mais il est clair qu’une des
raisons principales était son opposition viscérale à Gall et à la phrénologie. Il
ne pouvait en aucune façon accepter l’idée de Gall, qu’il considérait comme un
lunatique ! Cette anecdote nous rappelle alors combien la science, pour le meil-
leur et pour le pire, était et reste véritablement une activité qui ne peut pas être
Figure 1.12 – Photographie du cerveau à totalement dénuée de subjectivité.
partir duquel Broca établit la théorie de la
localisation des fonctions cérébrales. Évolution du système nerveux. En 1859, le biologiste anglais Charles Darwin
Ce cerveau est celui du patient ayant perdu (Fig. 1.13) publia De l’origine des espèces. Cet ouvrage étonnant proposait une
l’usage de la parole avant son décès en 1861. La théorie de l’évolution, à savoir que les espèces se développaient à partir d’un
lésion qui produit ce type de déficit est identifiée ancêtre commun. Selon sa théorie, les différences entre les espèces reposaient sur
par un cercle. (Source : Corsi, 1991, Fig. III, 4.) un processus que Darwin dénomma la sélection naturelle. Dans les mécanismes
de la reproduction, les traits physiques des descendants sont quelquefois diffé-
rents de ceux des parents. Si ces traits sont utiles à la survie, les descendants eux-
mêmes se reproduiront, augmentant ainsi la possibilité de transmettre ces traits
positifs à la génération suivante. À travers plusieurs générations, ce processus a
permis le développement des caractères qui distinguent les espèces de nos jours :
des nageoires pour les phoques, des griffes pour les chiens, des mains pour les
ratons laveurs, etc. Cette seule intuition a révolutionné la biologie. De nos jours,
il est incontestable que les preuves scientifiques, depuis l’anthropologie jusqu’à
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1 – Neurosciences : passé, présent et futur 11
L’idée que le système nerveux des différentes espèces est issu d’un ancêtre
commun et donc que la possibilité existe de mécanismes similaires, permet d’ex-
trapoler à l’homme les résultats obtenus chez l’animal. Ainsi, par exemple, cer-
taines caractéristiques de la conduction des potentiels d’action le long des fibres
nerveuses ont d’abord été étudiées chez le calmar ; mais on sait maintenant
qu’elles s’appliquent aussi à l’homme. Aujourd’hui, la plupart des neurobiolo-
gistes ont recours aux modèles animaux pour étudier les mécanismes des proces-
sus humains. Par exemple, les rats montrent des signes évidents de toxicomanie
si la possibilité leur est donnée de s’auto-administrer de la cocaïne. De ce point
de vue, les rats représentent donc un modèle animal important dans la recherche
consacrée à l’effet des drogues psychotropes sur le système nerveux.
Par ailleurs, de nombreux traits comportementaux sont fortement adaptés à
l’environnement d’une espèce donnée. Par exemple, les singes qui se balancent de
branche en branche ont une vue perçante, tandis que les rats, qui glissent le long
des canalisations souterraines, ont une vision faible mais un sens accru du tou-
cher grâce aux vibrisses présentes sur leur museau. La structure et la fonction du
cerveau de chaque espèce reflètent ces adaptations. En comparant les spécificités
du cerveau des différentes espèces, les neurobiologistes ont ainsi pu identifier les
parties du cerveau correspondant aux différents comportements. La figure 1.14
en montre des exemples chez les singes et les rats.
7 cm
3 cm
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1 – Neurosciences : passé, présent et futur 13
Chercheurs en neurosciences
Les chercheurs du domaine des neurosciences se regroupent dans une très
vaste communauté ayant en commun l’étude du cerveau, sous ses différents
aspects. Ces chercheurs sont qualifiés de neurobiologistes, se référant au fait
qu’ils sont d’abord des biologistes. Cependant, leur appartenance à des disci-
plines diverses, du domaine clinique ou encore de la psychologie, par exemple,
amène à les qualifier plus globalement de « neuroscientifiques » (neuroscientists).
Ce terme paraît très impressionnant, un peu comme « spécialiste des fusées »,
mais les auteurs de ce manuel, comme les autres, ont d’abord été des étudiants.
Quelle que soit leur motivation — connaître les causes de sa propre mauvaise
vue ou comprendre pourquoi, à la suite d’un accident vasculaire, une personne
proche ne pouvait plus parler — ces neurobiologistes ont partagé le même désir
de comprendre comment fonctionne le cerveau. Cela sera peut-être aussi le cas
de certains étudiants qui se pencheront sur cet ouvrage.
Le travail du chercheur est gratifiant, mais le parcours est difficile et nécessite
de nombreuses années d’études : d’abord, obtenir un master, puis un doctorat en
sciences ou un doctorat en médecine (ou les deux). Suivent en général plusieurs
années de recherche post-doctorale, pour se familiariser avec les nouvelles tech-
niques et les approches scientifiques modernes, sous la direction d’un chercheur
confirmé. Enfin, le jeune chercheur est prêt à travailler à l’Université, dans un
grand organisme de recherche de type CNRS, INSERM, ou encore CEA en
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14 1 – Bases cellulaires
Spécialiste Fonction
Neurologue Docteur en médecine : diagnostic et traitement des maladies du système
nerveux
Psychiatre Docteur en médecine : diagnostic et traitement des troubles de l’humeur
et du comportement
Neurochirurgien Docteur en médecine : chirurgie du cerveau et de la moelle épinière
Neuropathologiste Docteur en médecine et/ou docteur en sciences : étude des altérations
du tissu cérébral en rapport avec la pathologie
Dénomination Fonction
Neurobiologiste du développement Analyse le développement et la maturation du système
nerveux
Neurobiologiste moléculaire Étudie la nature et la fonction des molécules du cerveau,
notamment à partir du matériel génétique des neurones
Neuroanatomiste Étudie la structure du système nerveux
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1 – Neurosciences : passé, présent et futur 15
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16 1 – Bases cellulaires
siques, etc.) ;
•• toutes les alternatives possibles à l’utilisation d’animaux sont prises en
considération.
Aux États-Unis, mais aussi plus largement dans le monde et notamment en
France1, le respect de ce code d’éthique est surveillé à plusieurs niveaux. Aux
1. NdT : en France, l’expérimentation animale est sous la tutelle du Ministère de l’agri-
culture, chargé du respect des normes récemment actualisées par une directive européenne
qui définit avec précision les conditions d’utilisation des animaux à des fins de recherche
biomédicale et de formation, sous le contrôle d’une Commission nationale de l’expéri-
mentation animale (CNEA), placée sous la tutelle du Ministère de l’éducation nationale,
de l’enseignement supérieur et de la recherche.
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1 – Neurosciences : passé, présent et futur 17
utiliser raisonnablement tout ce que la nature peut offrir, y compris les animaux, cerveau de cette petite fille. Nous avons perdu
et qu’il est ainsi de notre responsabilité d’agir de cette façon pour comprendre quelques animaux de laboratoire, mais regar-
comment fonctionne le cerveau sain et quels sont les mécanismes des maladies dez ce que nous avons sauvé ! ». (Source :
afin de pouvoir proposer de nouveaux traitements. Foundation for Biomedical Research.)
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18 1 – Bases cellulaires
Maladie Description
Maladie d’Alzheimer Maladie dégénérative progressive du cerveau entraînant la sénilité
et la démence
Syndrome autistique Maladie émergeant pendant le développement, caractérisée par
un déficit de communication et des interactions sociales, souvent
accompagnée de comportements limités et répétitifs
Infirmité motrice Trouble moteur causé par une atteinte du cerveau, pouvant interve-
cérébrale nir au moment de la naissance
Dépression Trouble sévère de l’humeur caractérisé par l’insomnie, la perte
d’appétit et le sentiment de découragement
Épilepsie État caractérisé par des troubles périodiques de l’activité électrique
du cerveau pouvant entraîner des crises convulsives, des pertes de
conscience et des troubles sensoriels
Sclérose en plaques Maladie qui affecte la conduction nerveuse, avec des épisodes de
faiblesse, et se traduisant par un manque de coordination motrice et
jusqu’à des troubles du langage
Maladie de Parkinson Maladie dégénérative du cerveau se traduisant par des difficultés de
déclenchement du mouvement volontaire
Schizophrénie Maladie psychotique grave, caractérisée par des illusions, des
hallucinations et un comportement étrange
Paralysie spinale Perte de sensation et de mouvement due à une lésion traumatique
de la moelle épinière
Accident vasculaire Altération de la structure du cerveau causée par l’obturation des
cérébral (AVC) vaisseaux ou, au contraire, par une hémorragie cérébrale. Les AVC
conduisent généralement à un déficit sensoriel, moteur et/ou cogni-
tif plus ou moins définitif, avec des récupérations longues et souvent
très partielles
2. NdT : une étude en 2010 chiffre en Europe le coût des maladies du cerveau et leur prise
en charge, affectant plus d’un tiers des 514 millions d’habitants, à 798 milliards d’euros
(Gustavsson et al. European neuropsychopharmacology 2011 ; 21 : 718-79).
3. National Institute of Neurological Disorders and Stroke. “Parkinson Disease back-
grounder”, 18 octobre 2004.
4. US Department of Health and Human Services, Agency for Healthcare Research and
Quality. “Approximately 5 percent of seniors report one or more cognitive disorders”,
mars 2011.
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1 – Neurosciences : passé, présent et futur 19
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20 1 – Bases cellulaires
d’analyse porte aussi sur l’étude des ondes du cerveau sur le scalp, ce qui corres-
pond à des évaluations de l’activité électrique en différentes parties du cerveau
en rapport avec leur activité. Enfin, de nouvelles techniques d’imagerie assistée
par ordinateur permettent maintenant aux chercheurs d’explorer la structure
du cerveau in vivo ; et avec des méthodes encore plus sophistiquées, des mesures
sont effectuées de l’activité des différentes parties du cerveau, jusqu’en rapport
avec des activités mentales. Toutefois, quelle que soit leur puissance, aucune de
ces méthodes non traumatiques, ancienne ou nouvelle, ne peut remplacer l’ex-
périmentation sur le tissu cérébral vivant. Objectivement, il n’est pas possible
de tenir compte de signaux recueillis à distance sans savoir comment ils sont
générés, ni ce qu’ils signifient. Pour comprendre comment est organisé et fonc-
tionne le cerveau, il faut ainsi pouvoir ouvrir le crâne et examiner ce qu’il y a à
l’intérieur, que ce soit par les méthodes anatomiques, en neurophysiologie, ou
encore en neurochimie.
La recherche en neurosciences avance à grands pas et fait naître des espoirs
réels pour de nouveaux traitements dans tous les domaines des maladies du sys-
tème nerveux, qui touchent et handicapent des millions de personnes chaque
année. Cependant, en dépit de ces progrès considérables des dernières décennies
et depuis plusieurs siècles, il nous reste encore un long chemin à faire pour com-
prendre comment fonctionne réellement le cerveau. Mais c’est aussi cela qui fait
que cette recherche est si excitante : notre ignorance est telle que chaque pas
dévoile d’étonnantes découvertes.
QUESTIONS DE RÉVISION
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CHAPITRE 2 Neurones
et cellules gliales
LA DOCTRINE DU NEURONE
Coloration de Golgi............................................................................ 25
Contribution de Cajal......................................................................... 26
Encadré 2.1 Focus Les développements de la microscopie
ORGANISATION DU NEURONE
Soma.................................................................................................. 27
Encadré 2.2 Bases théoriques Concevoir les bases biologiques du
fonctionnement cérébral dans l’ère
post-génomique…
Encadré 2.3 Les voies de la découverte Modifier les gènes chez la souris,
par Mario Capecchi
Membrane neuronale.......................................................................... 37
Cytosquelette..................................................................................... 37
Encadré 2.4 Focus Maladie d’Alzheimer et cytosquelette neuronal
Axone................................................................................................. 38
Encadré 2.5 Focus Auto-stop sur le « rétro-rail » : focus
sur le transport axoplasmique rétrograde
Dendrites........................................................................................... 44
Encadré 2.6 Focus Retard mental et épines dendritiques
CLASSIFICATION
DES NEURONES
Classifications basées sur la structure des neurones............................ 47
Classification basée sur l’expression génique...................................... 49
Encadré 2.7 Focus Comprendre la structure du neurone
et sa fonction par la fabuleuse « Cre »
CELLULES GLIALES
Astrocytes.......................................................................................... 52
Cellules gliales et myélinisation........................................................... 52
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CONCLUSION
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INTRODUCTION
T
ous les organes du corps sont formés de cellules. Les fonctions spéci-
fiques des cellules et leurs interactions déterminent celles des organes que
ces cellules forment. Le cerveau est un organe à part entière — l’organe le
plus sophistiqué et le plus complexe que la nature ait inventé ; mais la stratégie de
base utilisée pour l’étude de son fonctionnement n’est pas différente de celle mise
en œuvre pour explorer le pancréas ou encore le poumon, à titre d’illustration.
L’observation doit d’abord porter sur le rôle propre des cellules, puis, dans un
second temps, il est nécessaire de comprendre comment celles-ci s’assemblent
pour travailler ensemble. Dans le domaine des neurosciences, il n’est pas utile de
vouloir séparer le cerveau de l’esprit ; la compréhension de l’action des neurones,
puis de celle des réseaux qu’ils forment, devrait permettre d’expliquer l’origine
de la pensée créatrice ; en tout cas nous le pensons. Le plan de cet ouvrage illustre
cette « neurophilosophie ». Il est d’abord consacré à l’étude des cellules formant
le système nerveux : leur structure, leur fonction, ou encore leurs modes de com-
munication entre elles. Dans les chapitres suivants, il explique comment ces cel-
lules sont assemblées en circuits, qui sont à la base des sensations, de la percep-
tion, du mouvement, du langage ou encore des processus émotionnels.
Ce chapitre est centré sur la structure des différents types de cellules du
système nerveux : les neurones et les cellules gliales. Les neurones et les cellules
gliales représentent de vastes catégories cellulaires. Dans chacune d’entre elles,
de nombreuses sous-catégories peuvent être distinguées, avec des différences de
structure, de chimie, ou simplement de fonction. Mais, distinguer neurones et
cellules gliales est absolument fondamental. En effet, bien qu’il y ait à peu près
le même nombre de neurones et de cellules gliales dans le cerveau humain adulte
(environ 85 milliards de chaque), ce sont bien les neurones qui sont responsables
des fonctions si particulières du cerveau. En raison notamment de leur contri-
bution aux circuits qui sous-tendent les fonctions cérébrales, ce sont, de fait, les
neurones qui ressentent les modifications de l’environnement, communiquent ces
informations à d’autres neurones et commandent les réponses du corps à ces
sensations. Les cellules gliales contribuent elles aussi aux fonctions du cerveau
mais principalement en isolant, en protégeant et en nourrissant les neurones
situés dans leur entourage. Si le cerveau était, par exemple, comparé à un cookie
au chocolat, les neurones seraient les pépites de chocolat, alors que les cellules
gliales seraient comparables à la pâte qui forme le gâteau et répartit les pépites de
chocolat. En fait, le mot « glie » vient du mot grec qui signifie « glu », suggérant
que la fonction principale de ces cellules est d’empêcher le cerveau de s’écouler
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par les oreilles ! Comme nous le verrons plus loin, cette vision des choses plutôt
naïve montre l’ampleur de notre ignorance en ce qui concerne la fonction de ces
cellules gliales. Mais, il est vrai que les neurones jouent le rôle le plus important
dans le traitement de l’information cérébrale.
Enfin, les neurosciences, comme d’autres sciences, ont leur propre langage
et, pour le comprendre, il faut en connaître le vocabulaire. À cette fin, chaque
chapitre est suivi de mots-clés dont il faudra vous assurer que vous en comprenez
bien le sens. Au fur et à mesure de l’avancée de notre découverte du cerveau, le
vocabulaire des neurosciences vous deviendra ainsi plus accessible.
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24 1 – Bases cellulaires
La doctrine du neurone
Les scientifiques sont confrontés à un certain nombre d’obstacles dans
l’étude de la structure des cellules du cerveau, le premier étant leur très petite
taille. De fait, la plupart des cellules ont un diamètre de 0,01 à 0,05 mm. Sachant
que, à titre de comparaison, la pointe d’un crayon non taillé est d’environ 2 mm,
les neurones apparaissent ainsi 40 à 200 fois plus petits (le tableau 2.1 présente
une révision du système métrique). Cette taille est à la limite ou au-delà de ce que
l’on peut voir à l’œil nu ; les neurosciences cellulaires n’ont donc pas progressé
jusqu’au développement du microscope, à la fin du xviie siècle. Mais d’autres
obstacles restaient à franchir. L’observation de tissus cérébraux au microscope
nécessite en effet la réalisation de coupes extrêmement fines, l’idéal étant des
coupes à peine plus épaisses que le diamètre des cellules. Or les tissus cérébraux
ont la consistance d’une gelée, c’est-à-dire qu’ils ne se présentent pas de façon
assez ferme pour pratiquer ces coupes très fines. L’observation anatomique du
cerveau restait donc conditionnée par le développement d’une méthode per-
mettant de durcir le cerveau sans altérer sa structure et par l’invention d’un
appareil permettant de réaliser les coupes observables au microscope. Au début
du xixe siècle, les scientifiques ont découvert comment « fixer » les tissus en les
immergeant dans du formol et un appareil appelé microtome a permis de réaliser
des coupes de tissu fixé de très faible épaisseur.
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2 – Neurones et cellules gliales 25
Coloration de Golgi
La coloration de Nissl n’explique cependant pas tout. Un neurone avec colo-
ration de Nissl ressemble à un petit amas de protoplasme contenant un noyau.
Mais les neurones sont beaucoup plus que cela. Il fallut en fait attendre les tra-
vaux de l’histologiste italien Camillo Golgi (Fig. 2.2) pour mieux comprendre
leur rôle. En 1873, Golgi découvrit qu’en mettant du tissu cérébral dans une
solution de chrome argenté, un petit pourcentage de neurones seulement pre-
nait uniformément une coloration sombre (Fig. 2.3). Cette méthode est appelée
depuis coloration de Golgi. Elle a permis de montrer que le corps de la cellule
neuronale, c’est-à-dire la partie du neurone située autour du noyau mise en évi-
dence par la coloration de Nissl, n’est en fait qu’une petite partie du neurone. Les
figures 2.1 et 2.3 montrent comment ces colorations histologiques donnent des
aspects très différents du même tissu. Actuellement, l’histologie reste un domaine
très dynamique des neurosciences, avec son credo selon lequel « les progrès dans
la connaissance du cerveau sont essentiellement liés à sa coloration » (The gain
in brain is mainly in the stain).
Soma
Figure 2.3 – Neurones colorés par la méthode de Golgi.
(Source : Hubel, 1988, p. 126.)
le noyau, et de nombreux petits prolongements disposés en rayons depuis la par- Dendrites Neurites
tie centrale. La partie centrale, qui contient le noyau, a plusieurs appellations : Axone
corps cellulaire, soma, ou encore perikaryon. Les fins prolongements, qui partent
du soma, sont dénommés neurites. Ils sont divisés en deux catégories différentes :
les axones et les dendrites (Fig. 2.4).
Le corps cellulaire donne généralement naissance à un seul axone. Le dia-
mètre de l’axone est le même sur toute sa longueur et, s’il se divise les branches
partent généralement à angle droit. Parce que les axones de certaines cellules
peuvent atteindre des longueurs très importantes (jusqu’à 1 mètre ou plus chez
l’homme pour certains axones de cellules reliant le cortex cérébral à la moelle
épinière, par exemple), les histologistes pensaient que ces axones fonctionnaient Figure 2.4 – Représentation schématique des
comme des « fils électriques » véhiculant les messages nerveux. En revanche, les différentes parties du neurone.
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26 1 – Bases cellulaires
Contribution de Cajal
C’est Camillo Golgi qui mit au point le premier procédé de coloration des
neurones, mais c’est un de ses contemporains espagnol qui en tira le meilleur
profit. Santiago Ramon y Cajal, histologiste brillant et artiste, connaissait la
méthode de Golgi depuis 1888 (Fig. 2.5). Au cours des 25 années suivantes, dans
une remarquable série de publications, Cajal tenta de démontrer l’existence de
Figure 2.5 – Santiago Ramon y Cajal (1852- circuits dans plusieurs régions du cerveau, en utilisant la méthode de Golgi
1934). (Source : Finger, 1994, Fig. 3.26.) (Fig. 2.6). Ironiquement, Golgi et Cajal parvinrent à des conclusions opposées
au sujet du neurone. Golgi proclamait que les neurites des différentes cellules
fusionnent entre eux pour former un reticulum continu ou réseau nerveux, sem-
blable aux veines et aux artères de la circulation. Selon cette théorie dite « réticu-
laire », le cerveau apparaît alors comme une exception dans la théorie cellulaire,
qui établit que la cellule, à l’échelon unitaire, constitue l’unité fonctionnelle élé-
mentaire de tous les tissus animaux. À l’opposé, Cajal soutenait vigoureusement
que les neurites des neurones ne sont pas reliés les uns aux autres, mais qu’ils sont
probablement en contiguïté et non en continuité. C’est en rattachant la nature du
neurone à la théorie cellulaire que fut émis le concept de neurone. Cajal et Golgi
partagèrent un prix Nobel en 1906 mais ils restèrent toujours rivaux.
Les données obtenues au cours des cinquante années suivantes étaient net-
tement en faveur du concept de neurone mais ce n’est que vers 1950 que les pro-
grès du microscope électronique en apportèrent la preuve finale (Encadré 2.1).
L’augmentation déterminante de la capacité de résolution du microscope élec-
tronique a effectivement permis de montrer à cette époque que les neurites des
neurones ne sont pas en continuité les uns avec les autres (Fig. 2.7). Par consé-
quent, notre point de départ de l’exploration de cerveau se doit d’être le neurone
lui-même.
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2 – Neurones et cellules gliales 27
Encadré 2.1 FOCUS
Organisation du neurone
Comme cela a déjà été mentionné, le neurone (encore dénommé cellule ner
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Soma
La forme du soma est variable, mais le plus souvent sphérique. Le corps cel-
lulaire d’un neurone typique a environ 20 µm de diamètre et le liquide aqueux
se trouvant à l’intérieur de la cellule est dénommé le cytosol. Il s’agit d’une
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28 1 – Bases cellulaires
Mitochondrie
Membrane
Noyau
Reticulum
endoplasmique
rugueux Polyribosomes
(RE rugueux)
Appareil de Golgi
Ribosomes
Reticulum
endoplasmique lisse
(RE lisse)
Cône
axonique
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Microtubules
Axone
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2 – Neurones et cellules gliales 29
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30 1 – Bases cellulaires
Gène
Gène
Promoteur Terminator
ADN DNA
Exon 1 Exon 2 Exon 3
1 Transcription
Intron 1 Intron 2
ADN
Transcription
Transcrit
d’ARNm (b) ARNm
3 Sortie du noyau
Cytoplasme
(a)
cas des exons spécifiques sont également retirés avec les introns, conduisant à
un épissage « alternatif », qui forme un ARNm particulier. Celui-ci encode réel-
lement une protéine différente. Ainsi, la transcription d’un gène unique peut
donner différents ARNm, et, partant, des protéines différentes.
Les ARNm passent du noyau, au travers des pores de l’enveloppe nucléaire,
jusqu’aux sites de synthèse des protéines situés en d’autres endroits du neurone.
Sur ces sites, les molécules protéiques s’assemblent comme le font les molécules
d’ARNm, en créant une chaîne de plusieurs petites molécules. Pour les protéines,
les blocs de construction sont représentés par les acides aminés, dont il existe
20 sortes différentes. L’assemblage des protéines à partir des acides aminés, sous
le contrôle des ARNm, s’appelle la traduction.
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2 – Neurones et cellules gliales 31
génétique présente dans nos chromosomes sous forme d’ADN. Nous connais-
sons aujourd’hui l’ensemble des 25 000 « mots » de notre génome et nous savons
où ces gènes peuvent être trouvés sur chacun des chromosomes. De plus, nous
savons aussi quels sont les gènes dont l’expression est spécifique des neurones
(Encadré 2.2). Ces connaissances ont ainsi considérablement accru notre com-
préhension des bases génétiques de plusieurs maladies du système nerveux.
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32 1 – Bases cellulaires
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2 – Neurones et cellules gliales 33
Pipette permettant
de maintenir l’œuf
en place
Œuf de souris
fertilisé
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34 1 – Bases cellulaires
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2 – Neurones et cellules gliales 35
Dans les neurones, plusieurs ribosomes sont attachés à des membranes parti-
culières dénommées reticulum endoplasmique rugueux ou RE rugueux (Fig. 2.10).
Le RE rugueux est très abondant dans les neurones, beaucoup plus que dans les
cellules gliales ou dans toute autre cellule non neuronale. En fait, comme cela
a déjà été mentionné, le RE rugueux est aussi reconnu sous le nom de corps de
Nissl, à cause de ses propriétés de coloration spécifiques. Ce sont en effet ces
structures qui sont colorées positivement par la méthode de Nissl, qui fut mise
au point il y a environ 100 ans.
Noyau Enveloppe
nucléaire
Pore
Ribosomes
Reticulum endoplasmique Figure 2.10 – Reticulum
rugueux (RE rugueux) endoplasmique rugueux.
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36 1 – Bases cellulaires
ARNm
ARNm ARNm
RE rugueux
Ribosome
libre
ARNm
en cours
ARNm
de traduction
en cours
Figure 2.11 – Synthèse des protéines sur un de traduction
Protéine
ribosome libre et sur le reticulum endoplas-
néosynthétisée
mique (RE) rugueux.
Les ARN messagers (ARNm) se fixent aux
ribosomes, initiant par-là la synthèse des
protéines. (a) Les protéines synthétisées sur
les ribosomes libres sont destinées au cyto-
sol. (b) Les protéines synthétisées sur le RE Nouvelle protéine
rugueux sont destinées à être transférées à associée à la membrane
une membrane. Les protéines associées aux
membranes sont insérées dans la membrane (a) Synthèse protéique (b) Synthèse protéique
dès leur assemblage. sur un ribosome libre sur le RE rugueux
Protéine
Reticulum endoplasmique nouvellement
rugueux (RE rugueux) synthétisée Appareil de Golgi
Figure 2.12 – L’appareil de Golgi.
Cet organite complexe est impliqué dans
la récupération des protéines nouvellement
synthétisées et dans leur adressage dans les
régions appropriées du neurone.
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rugueux. C’est à ce niveau que les protéines qui sortent de la membrane seraient
soigneusement « repliées », ce qui leur confère leur structure tridimensionnelle.
D’autres régions du RE lisse ne sont pas impliquées dans la synthèse protéique
mais plutôt dans celle des lipides et agissent aussi pour contrôler les concentra-
tions internes de substances telles que le calcium (ceci est particulièrement vrai
pour les cellules musculaires, où le RE lisse représente le reticulum sarcoplas
mique, comme on le verra dans le chapitre 13).
L’ensemble des disques délimité par une membrane dans la partie du soma
la plus éloignée du noyau constitue l’appareil de Golgi, décrit pour la pre-
mière fois en 1898 par Camillo Golgi (Fig. 2.12). Il s’agit d’un site de traite-
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2 – Neurones et cellules gliales 37
(a)
Membrane neuronale
La membrane neuronale délimite le pourtour cellulaire. Elle intervient pour
maintenir le cytoplasme à l’intérieur du neurone, mais elle joue aussi un rôle + O2 + CO2
pour contenir certaines substances hors du neurone. Cette membrane a environ
5 nm d’épaisseur et contient de nombreuses protéines. Certaines de ces protéines
associées de la membrane agissent pour maintenir un gradient, c’est-à-dire une
Acide
différence de concentration de différentes substances entre l’intérieur et l’exté- pyruvique
rieur du neurone. D’autres forment les pores, qui sélectionnent les substances Sources
pouvant pénétrer à l’intérieur du neurone. Une des caractéristiques importantes d’énergie
Protéines stockées
du neurone est la composition protéique de la membrane qui varie selon son Glucides
et fournies
appartenance au soma, aux dendrites ou encore à l’axone. Lipides
par l’alimentation
(b)
On ne peut comprendre la fonction des neurones sans connaître la structure
et les fonctions de la membrane et de ses protéines associées. Cet aspect est si
Figure 2.13 – Rôle de la mitochondrie.
important qu’il sera largement repris dans les quatre chapitres suivants : il s’agit, (a) Composants de la mitochondrie. (b) Res-
en fait, de comprendre comment la membrane donne aux neurones la faculté piration cellulaire. L’ATP représente l’énergie
remarquable de véhiculer et de transmettre les messages nerveux, non seulement utilisée par les neurones.
au travers du cerveau, mais également dans tout l’organisme.
Cytosquelette
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38 1 – Bases cellulaires
Cône axonique
Axone
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2 – Neurones et cellules gliales 39
Encadré 2.4 FOCUS
La régression mentale progressait régulièrement. La aujourd’hui que ces filaments sont formés de protéines
patiente décéda après quatre années et demie. Elle tau.
était à ce moment-là complètement apathique, confi-
La protéine tau est normalement impliquée dans
née au lit en position fœtale (…) (d’après Bick et al.,
l’association des microtubules au niveau des axones,
1987, p. 1-2).
contribuant à les maintenir droits et parallèles les uns par
Après sa mort, Alzheimer procéda à l’examen rapport aux autres. Dans la maladie d’Alzheimer, la
microscopique du cerveau de sa patiente. Il nota en par- protéine tau se détache des microtubules et s’accumule
ticulier les changements intervenant au niveau des dans le soma. Cette dissociation du cytosquelette entraîne
« neurofibrilles », des constituants du cytosquelette mis des modifications de la structure des axones, altérant,
en évidence par la coloration argentique. entre autres, le flux axonal dans les neurones affectés.
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40 1 – Bases cellulaires
100 nm
Qu’est-ce qui peut être à l’origine des altérations de DNF et à la démence. Les espoirs thérapeutiques portent
la protéine tau ? Il n’y a pas encore de réponse claire à alors sur la possibilité de réduire les dépôts d’amyloïde
cette question mais l’attention se porte sur une autre dans le cerveau. Les besoins de trouver des solutions
protéine qui s’accumule dans le cerveau des patients thérapeutiques sont urgents : rien qu’aux États-Unis,
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atteints de maladie d’Alzheimer, appelée protéine amy- plus de 5 millions de personnes sont atteintes de cette
loïde. Ce domaine de recherche est en perpétuelle évolu- maladie tragique1 !
tion et les choses bougent très vite. Aujourd’hui, le
consensus se fait sur l’hypothèse selon laquelle la pro-
duction anormale de la protéine amyloïde est l’une des 1. En France cette maladie touche plus de 850 000 per-
toutes premières phases du processus qui conduit aux sonnes et en Europe près de 5 millions, comme aux États-Unis.
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2 – Neurones et cellules gliales 41
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42 1 – Bases cellulaires
neurone établit un contact synaptique avec une autre cellule, on dit qu’il innerve
cette cellule.
Le cytoplasme de la terminaison axonique présente plusieurs différences avec
celui de l’axone. Premièrement, les microtubules ne s’étendent pas jusque dans
la partie terminale de l’axone. Deuxièmement, cette partie terminale contient de
nombreuses petites « billes » entourées de membrane, les vésicules synaptiques,
d’un diamètre de 50 nm, environ. Troisièmement, un revêtement particulière-
ment dense en protéines couvre la surface intérieure de la membrane qui fait
face à la synapse. Quatrièmement, une autre caractéristique de la terminaison
axonique est le nombre important de mitochondries que l’on y trouve, ce qui
révèle un grand besoin d’énergie.
Synapse. Les chapitres 5 et 6 sont entièrement consacrés à la transmission de
l’information d’un neurone à l’autre à travers la synapse. Nous n’en donnerons
ici qu’un bref aperçu.
La synapse présente deux éléments distincts, qualifiés de présynaptique et
de post-synaptique (Fig. 2.16). Ces termes indiquent le sens habituel du trajet
de l’information nerveuse, de la partie présynaptique vers la partie post-synap-
tique. L’élément présynaptique est généralement formé d’un bouton terminal,
alors que l’élément post-synaptique peut être représenté par une dendrite ou le
soma d’un autre neurone. L’espace situé entre la membrane présynaptique et la
membrane post-synaptique représente la fente ou espace synaptique. La trans-
mission de l’information d’un neurone à l’autre au niveau de la synapse constitue
une série d’opérations complexes déterminant la transmission synaptique.
Dans la plupart des synapses, l’information, sous forme d’impulsions élec-
triques se propageant jusqu’à l’extrémité de l’axone, est transformée dans le bou-
ton terminal en un signal chimique, qui permet le franchissement de l’espace
synaptique. Au niveau de la membrane post-synaptique, ce signal chimique est
en général à nouveau transformé sous forme d’un signal électrique. Le signal
chimique est lui-même représenté par un neurotransmetteur, stocké et libéré
par les vésicules synaptiques dans la partie présynaptique. Différents types de
neurotransmetteurs correspondent en général à différents types de neurones.
La transformation de l’information nerveuse, d’électrique à chimique puis,
dans un deuxième temps, de nouveau de chimique à électrique, donne aux neu-
rones une capacité d’intégration des informations nerveuses. Ces mécanismes
sont impliqués notamment dans les processus mnésiques et liés à l’apprentis-
sage. Le dysfonctionnement de la transmission synaptique est par ailleurs res-
ponsable de certains troubles neurologiques et mentaux. C’est aussi au niveau de
la synapse qu’agissent la plupart des drogues psychoactives.
Transport axoplasmique. L’absence de ribosomes est une des caractéris-
tiques du cytoplasme des axones, y compris la partie terminale. Puisque les
ribosomes sont impliqués directement dans la biosynthèse des protéines, en leur
absence la synthèse des protéines de l’axone n’a lieu que dans le soma ; puis elles
sont transportées jusqu’à l’extrémité de l’axone. C’est en fait dès le milieu du
xixe siècle que le physiologiste anglais Auguste Waller montra que les axones ne
pouvaient persister lorsqu’ils étaient séparés de leur soma. La dégénérescence
des axones qui suit leur section est ainsi dénommée dégénérescence wallérienne.
Comme celle-ci peut être mise en évidence par une coloration histologique
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2 – Neurones et cellules gliales 43
Direction
du transport
axoplasmique
antérograde
Vésicule
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Kinésine
Microtubules
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44 1 – Bases cellulaires
Encadré 2.5 FOCUS
Dendrites
Le terme « dendrite » vient du mot grec qui signifie « arbre », indiquant que
ces neurites, dans leur extension depuis le soma, ont une configuration similaire
à celle des branches d’un arbre. L’arborisation dendritique désigne collective-
ment l’ensemble des dendrites d’un neurone ; chaque ramification constitue une
branche dendritique. Les arborisations dendritiques présentent une variété de
formes et de dimensions permettant de classer les neurones en différents groupes,
sur ce critère.
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2 – Neurones et cellules gliales 45
Comme les dendrites représentent des sortes d’antennes du neurone, ils sont
couverts de centaines de synapses (Fig. 2.19). La membrane dendritique située
sous la synapse (la membrane post-synaptique) possède de nombreuses molé-
cules protéiques spécialisées, les récepteurs, représentant les sites d’action spéci-
fiques des neurotransmetteurs au niveau synaptique.
Les dendrites de nombreux neurones sont recouvertes de structures particu-
lières, les épines dendritiques, qui reçoivent certains types de synapses. Ces neu-
rones particuliers sont qualifiés de neurones épineux, les épines représentant de
petits diverticules couverts de synapses, disposés préférentiellement sur la partie
distale (éloignée du soma) des dendrites (Fig. 2.20). La morphologie particulière
des épines dendritiques a littéralement toujours fasciné les neurobiologistes et,
cela, depuis leur découverte par Cajal. Elles pourraient contribuer à l’intégration
de l’information nerveuse sous forme de cascades de réactions de signalisation
variées, initiées par certains types d’activation synaptique. De fait, la structure
des épines est sensible au type et à l’intensité de l’activation synaptique. De façon
intéressante, des altérations de la forme et du nombre d’épines dendritiques ont Figure 2.20 – Épines dendritiques.
été mises en évidence à partir de cerveaux de patients ayant souffert de troubles Cette figure représente une reconstruction
cognitifs (Encadré 2.6). tridimensionnelle d’un segment de dendrite
Le cytoplasme des dendrites est, quant à lui, en grande partie comparable à comportant des épines dendritiques, éla-
celui des axones. Il contient des éléments du cytosquelette et des mitochondries. boré par une analyse d’images automatisée.
Cependant, une différence intéressante concerne la présence de polyribosomes La variabilité dans la forme et dans la taille
des épines dendritiques est parfaitement
dans les dendrites, souvent situés juste sous une épine (Fig. 2.21). Cette décou-
visible sur cette représentation. Chaque épine
verte suggère la possibilité d’une régulation de la synthèse des protéines à ce
représente un site synaptique pour une ou
niveau par la transmission synaptique, dans quelques neurones. Dans le cha plusieurs terminaisons axoniques. (Source :
pitre 25, nous verrons combien, en fait, la régulation de la synthèse des protéines Harris et Stevens, 1989.)
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46 1 – Bases cellulaires
Encadré 2.6 FOCUS
altérée.
Une autre cause de retard mental est liée à des acci-
dents de grossesse ou lors de l’accouchement ; par
exemple lorsque la mère est atteinte de rubéole ou
lorsque le nouveau-né subit une asphyxie néonatale.
Une troisième cause est la malnutrition de la mère pen-
dant la grossesse. Un exemple est donné par l’état des
fœtus des mères alcooliques, qui donnent des enfants 10 µm
présentant toute une série d’anomalies du développe-
ment cérébral. Une quatrième cause encore, qui pour- Figure A – Dendrite normale et anormale.
rait être à l’origine de troubles fréquents, est liée à des (Source : Purpura, 1974, Fig. 2A.)
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2 – Neurones et cellules gliales 47
Les épines dendritiques reçoivent normalement les épines dendritiques, dépend de façon critique de l’envi-
informations afférentes au neurone, par l’ensemble des ronnement durant la petite enfance. Un environnement
synapses qui s’articulent à leur niveau. Purpura nota « appauvri » durant cette période « critique » du déve-
que les épines dendritiques des enfants retardés étaient loppement peut alors résulter en de sévères altérations
assez similaires à celles des fœtus. Il suggéra que le retard des circuits neuronaux. Cependant, il y a aussi de bonnes
mental reflétait l’impossibilité de la mise en place des nouvelles : la plupart des déficits engendrés par ces
connexions normales des réseaux neuronaux pendant le déprivations au cours du développement peuvent être
développement. Depuis ces travaux princeps, les trente réversés, si la compensation intervient suffisamment
années qui ont suivi ont permis d’établir que le dévelop- tôt ! Dans le chapitre 23, nous montrerons combien l’ex-
pement synaptique normal, incluant la maturation des périence peut influencer le développement cérébral.
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48 1 – Bases cellulaires
Neurone en étoile
Cellule pyramidale
Figure 2.23 – Classification des neurones sur la base de l’organisation de leur arborisation den-
dritique.
Les cellules pyramidales et les cellules en étoile sont parfaitement identifiables sur la base de la
forme de leur arborisation dendritique ; ces deux types de neurones sont représentés au niveau du
cortex cérébral.
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2 – Neurones et cellules gliales 49
Cellules gliales
Dans ce chapitre, il a surtout été fait état des neurones. Cependant, même si ce
choix est justifié par le niveau des connaissances acquises dans ce domaine, cer-
tains scientifiques considèrent les cellules gliales un peu comme les « oubliées » des
neurosciences. Ces chercheurs pensent qu’il sera assez prochainement démontré
que les cellules gliales participent beaucoup plus au traitement de l’information
dans le cerveau qu’il n’est considéré habituellement. Actuellement, il paraît
ainsi évident que les cellules gliales contribuent au fonctionnement cérébral, en
étroite synergie avec la fonction neuronale. De fait, le rôle des cellules gliales
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est peut-être secondaire mais, sans elles, le cerveau ne pourrait pas fonctionner
correctement.
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50 1 – Bases cellulaires
Encadré 2.7 FOCUS
Parents X
ADN
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Descendance
Figure A
Créer une souris présentant le knockout d’un gène sélectivement dans les neurones cholinergiques est réalisé en croisant une souris floxée avec
le gène d’intérêt (gène X) flanqué par deux sites loxP avec une autre souris chez laquelle la recombinase Cre est sous contrôle du promoteur du
gène de la ChAT. Chez les petits, le gène X est délété sélectivement dans les neurones qui expriment Cre, c’est-à-dire les neurones cholinergiques.
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2 – Neurones et cellules gliales 51
d’illustration appelons ce gène X. Pour répondre à cette obtient une descendance exprimant le transgène seule-
question nous allons croiser la souris qui comporte le ment dans les neurones cholinergiques, puisque la
gène X floxé avec la souris qui exprime Cre sous le séquence « stop » a été supprimée seulement dans ces
contrôle du promoteur ChAT (la souris « ChAT-Cre »). neurones (Fig. B).
Chez les petits, le gène floxé est éliminé seulement dans Si nous préparons un transgène comportant une pro-
les neurones qui expriment Cre, c’est-à-dire seulement téine fluorescente, nous pouvons utiliser la fluorescence
dans les neurones cholinergiques (Fig. A). pour étudier les connexions de ces neurones choliner-
Il est également possible d’utiliser Cre pour per- giques. En supposant par exemple que le transgène
mettre l’expression d’un nouveau transgène dans les fluorescent n’est actif que lorsque le neurone lui-même
neurones cholinergiques. Normalement, l’expression est en activité, alors il est possible de monitorer l’activité
d’un transgène nécessite qu’il soit inclus dans la séquence des neurones cholinergiques en mesurant des flashes de
d’un promoteur, en amont de la région encodant pour la lumière émis par les neurones. Il est également possible
protéine ciblée. La transcription du transgène n’inter- d’envisager d’utiliser des transgènes qui tuent les neu-
vient pas si une séquence « stop » est insérée entre le rones cholinergiques ou encore qui les rendent inactifs.
promoteur et la séquence encodant pour la protéine. Il est dans ce cas possible d’aborder la fonction de ces
Considérons maintenant ce qui est susceptible d’arriver neurones ainsi mis hors circuit. Dès lors, il n’y a guère
lorsque nous générons une souris transgénique compor- que les limites de l’imagination des chercheurs qui
tant cette séquence « stop » flanquée de deux sites loxP. puissent limiter ce qu’il est possible de faire avec ce type
En croisant cette souris avec la souris « ChAT-Cre », on de technologie !
Parents X
ADN
Descendance
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Figure B
Le transgène d’intérêt (transgène X) peut lui aussi être exprimé sélectivement dans les neurones cholinergiques. La première étape est de créer
une souris chez laquelle l’expression du transgène est bloquée par l’insertion d’une séquence stop floxée, située entre un promoteur ubiquitaire
et la région codante du gène. Dans une seconde étape, le croisement de cette souris avec la souris ChAT-Cre produit une descendance chez
laquelle la séquence stop a été supprimée sélectivement dans les neurones cholinergiques, ce qui permet l’expression du transgène seulement
dans ces neurones.
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52 1 – Bases cellulaires
Astrocytes
Les cellules gliales les plus nombreuses sont les astrocytes (Fig. 2.24). Ces
cellules comblent l’espace situé entre les neurones. L’espace compris entre les
neurones et les astrocytes mesure environ 20 nm de large, seulement. En consé-
quence, l’extension ou la rétraction des neurites, dont il a été fait état, pourrait
étroitement dépendre des astrocytes. Ces cellules représentent ainsi l’essentiel de
l’environnement dans lequel « baignent » les neurones. Cet environnement est
plus formé par ces cellules que par un liquide présent dans l’espace intercellu-
laire, lequel se trouve, de ce fait, très réduit.
Les astrocytes participent à la régulation de la composition du milieu extra
cellulaire. Ainsi, les astrocytes forment une sorte d’enveloppe autour des jonc-
tions synaptiques (Fig. 2.25), contribuant à réduire la diffusion des molécules
Figure 2.24 – Représentation d’un astrocyte.
de neurotransmetteurs qui ont été libérées. Les astrocytes présentent aussi dans
Les astrocytes sont représentés en grand
nombre dans le système nerveux où ils leurs membranes des protéines spécifiques, qui leur permettent de capter acti-
occupent l’espace entre les neurones et les vement de nombreux neurotransmetteurs et autres molécules agissant dans l’es-
vaisseaux sanguins. pace synaptique. Il a été récemment démontré que les membranes des astrocytes
présentent également des récepteurs à certains neurotransmetteurs qui, comme
les récepteurs situés sur les neurones, peuvent générer des phénomènes élec-
triques et biochimiques dans les cellules gliales. Outre la régulation des taux de
neurotransmetteurs synaptiques, les astrocytes contrôlent aussi la concentration
extracellulaire de certaines substances qui pourraient empêcher le bon fonction-
nement des neurones ; telle la concentration des ions potassium dans le milieu
extracellulaire.
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2 – Neurones et cellules gliales 53
Oligodendrocytes
Feuillets
Axone de myéline
Cytoplasme Nœud
des oligodendrocytes de Ranvier Mitochondrie
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54 1 – Bases cellulaires
Conclusion
L’étude des caractéristiques structurales du neurone laisse percevoir sa fonc-
tion et celles de ses différentes parties, car structure et fonction sont étroitement
corrélées. Par exemple, l’absence de ribosomes dans l’axone laisse supposer,
avec raison, que les protéines présentes dans la terminaison axonique sont pro-
duites dans le soma et transportées dans la terminaison nerveuse via le trans-
port axoplasmique. Le grand nombre de mitochondries dans la partie termi-
nale de l’axone illustre par ailleurs une grande demande d’énergie nécessaire au
fonctionnement synaptique. La structure élaborée de l’arborisation dendritique
paraît, quant à elle, particulièrement adaptée à la réception des informations par
le neurone : c’est en effet l’endroit où la plupart des synapses s’établissent.
Depuis l’époque de Nissl, il est établi que le RE rugueux représente un
élément important des neurones. Mais quelle en est la signification ? Le RE
rugueux est le site de la biosynthèse des protéines, notamment de celles associées
à la membrane. Ces différentes protéines de la membrane neuronale ont alors
été reconnues comme conférant seules au neurone sa faculté exceptionnelle de
recevoir, de transmettre et de stocker l’information nerveuse.
QUESTIONS DE RÉVISION
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2 – Neurones et cellules gliales 55
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CHAPITRE 3 Membrane
du neurone au repos
BASES IONIQUES
DU POTENTIEL DE REPOS
Potentiels d’équilibre.......................................................................... 67
Encadré 3.2 Bases théoriques L’équation de Nernst
Distribution des ions de part et d’autre de la membrane..................... 70
Perméabilité ionique relative de la membrane au repos....................... 71
Encadré 3.3 Bases théoriques L’équation de Goldman
Encadré 3.4 Les voies de la découverte De l’importance des canaux
ioniques dans ma vie,
par Chris Miller
Rôle fondamental de la régulation de la concentration de potassium
extracellulaire..................................................................................... 75
Encadré 3.5 Focus Mort par injection létale
CONCLUSION
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INTRODUCTION
P
our aborder de façon relativement simple la question de la propagation
et de la transmission des informations nerveuses dans le système nerveux
central, prenons un exemple simple : posons-nous la question de savoir
à quel problème le système nerveux est confronté lorsque l’on marche inopiné-
ment sur une punaise (Fig. 3.1). La réaction est automatique : un cri de douleur
au moment où l’on se pique le pied et un retrait rapide pour éliminer la cause de
la douleur. Pour que cette réponse simple se produise, le percement de la peau
doit se traduire en signaux neuronaux, qui se propagent rapidement et sûrement
le long des nerfs sensoriels de la jambe. Au niveau de la moelle épinière, ces
signaux sont transmis aux interneurones. Certains de ces neurones sont connec-
tés avec les parties du cerveau qui interprètent les signaux comme étant de nature
douloureuse ; d’autres sont en rapport avec les neurones moteurs qui contrôlent
les muscles de la jambe, permettant de retirer le pied très rapidement. Ainsi, un
réflexe aussi simple que celui-là a recours au système nerveux pour recueillir,
distribuer et intégrer l’information. Un des buts de la neurophysiologie est de
comprendre les mécanismes biologiques sous-jacents de ces fonctions.
Pour transmettre l’information à distance, le neurone utilise des signaux élec-
triques qui se propagent le long de l’axone. En ce sens, les axones ressemblent
à des fils téléphoniques. Cependant l’analogie s’arrête là car le type de signaux
utilisé par le neurone est soumis à l’environnement particulier du système ner-
veux. Dans le fil de cuivre du téléphone, l’information est transportée sur de
longues distances, à grande vitesse (environ la moitié de la vitesse de la lumière)
car le fil téléphonique est un merveilleux conducteur d’électrons, bien isolé et
suspendu dans l’air (l’air étant mauvais conducteur d’électricité). Les électrons
se déplacent donc à l’intérieur du fil au lieu de disparaître en rayonnements.
En revanche, la charge électrique du cytosol de l’axone est transportée par des
atomes chargés électriquement, les ions, au lieu d’électrons libres. Le cytosol
est donc beaucoup moins conducteur que le fil de cuivre. De plus, l’axone n’est
pas particulièrement bien isolé, et il baigne dans un milieu extracellulaire salé,
conducteur d’électricité. Ainsi, si l’activité électrique se propageait passivement
le long de l’axone, elle ne tarderait pas à disparaître.
Par chance, la membrane neuronale présente des propriétés lui permet-
tant de transmettre un type particulier de signaux — l’impulsion nerveuse ou
potentiel d’action — qui surmontent ces contraintes biologiques. Comme nous
le verrons plus loin, le terme « potentiel » se réfère à une distribution différen-
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58 1 – Bases cellulaires
Vers le cerveau
Moelle
épinière
3
Corps cellulaire
d’un motoneurone
Corps cellulaire
d’un neurone sensitif
4
1
2
Axone d’un
neurone sensitif
Axone d’un
motoneurone
nécessaire pour comprendre les capacités cérébrales mais aussi les limites du
fonctionnement du cerveau.
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3 – Membrane du neurone au repos 59
(a) H2O = O = +
–
+
H H
+ –
–
–
+
+
+
+ +
+
–
Na+ Cl–
–
+
+ + +
+ –
+
+ –
+
–
+
+
– +
– +
+ –
– + +
+
+ +
+
+ –
–
+
– +
+
+ –
– + – +
+ – + + – – +
+
+ +
+ +
–
– +
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+ –
+ –
+
+
+
Na+
+
+
– +
+
– +
– +
Cl– +
–
+
Figure 3.2 – L’eau est un solvant polaire.
–
+ ++ – (a) Représentations de la structure atomique
Na+
+
+
Cl– +
+ –+
Na+
+ +
+
–
– +
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60 1 – Bases cellulaires
Phospholipides membranaires
Comme mentionné ci-dessus, les substances présentant des charges élec-
triques vont se dissoudre dans l’eau à cause de la polarité de la molécule d’eau.
Ces substances comprenant des ions et des molécules polaires ont une « affi-
nité pour l’eau » ; elles sont qualifiées d’hydrophiles. Cependant, les composés
dont les atomes sont associés par des liens de covalence non polaires ne sont pas
susceptibles d’interactions avec l’eau. Un lien de covalence non polaire s’éta-
blit lorsque les électrons sont répartis uniformément dans la molécule, de sorte
qu’aucune partie ne prend une charge électrique nette. Ces composés ne sont
pas solubles dans l’eau ; ils n’ont pas d’affinité pour l’eau et sont ainsi qualifiés
d’hydrophobes. Pour prendre un exemple simple, l’huile d’olive est une substance
hydrophobe. L’huile et l’eau ne se mélangent pas. Plus généralement, les lipides
représentent un type de molécules insoluble dans l’eau, jouant un rôle important
dans la structure des membranes biologiques. Les lipides de la membrane du
neurone contribuent au potentiel de repos et au potentiel d’action en formant
une barrière, qui s’oppose au passage des ions solubles dans l’eau et, en fait, de
l’eau elle-même.
Les principaux constituants des membranes cellulaires sont les phospholi-
pides. Comme les autres lipides, les phospholipides se composent de longues
chaînes non polaires d’atomes de carbone liés à des atomes d’hydrogène. De plus,
les phospholipides comportent à une extrémité de la molécule un groupement
phosphate polaire (un atome de phosphore lié à trois atomes d’oxygène). Les
phospholipides présentent ainsi une « tête » polaire hydrophile et une « queue »
non polaire hydrophobe.
La membrane neuronale est constituée d’une double couche de molécules de
phospholipides. La coupe transversale de la membrane illustrée par la figure 3.3,
montre que les têtes hydrophiles font face à l’environnement aqueux interne et
externe, tandis que les longues chaînes hydrophobes se font face. Cette organi-
sation stable est dite en bicouche de phospholipides ; elle isole effectivement le
cytosol du neurone du milieu extracellulaire.
Figure 3.3 – Bicouche de phospholipides
La bicouche de phospholipides constitue l’élément principal de la structure de la membrane de la
cellule nerveuse et forme une barrière au passage des ions solubles dans l’eau.
Groupements phosphate
représentant la « tête »
polaire
Chaînes hydrocarbonées
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Bicouche
de phospholipides
Intérieur de la cellule
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3 – Membrane du neurone au repos 61
Protéines
Le type des molécules protéiques et leur distribution cellulaire différen-
cient les neurones des autres types de cellules. Les enzymes, qui catalysent les
réactions chimiques dans le neurone, le cytosquelette, qui donne au neurone sa
forme particulière, les récepteurs, sensibles aux neurotransmetteurs : tous ces
constituants cellulaires se composent de molécules protéiques. Le potentiel de
repos et le potentiel d’action dépendent aussi de protéines particulières qui sont
incorporées dans la membrane et traversent la bicouche de phospholipides. Ces
protéines représentent des voies de passage sélectif que les ions utilisent pour
traverser la membrane.
Structure des protéines. Pour accomplir leurs nombreuses fonctions dans
le neurone, les protéines présentent une grande variété de forme, de taille et de
caractéristiques chimiques. Avant d’aborder leur diversité, il paraît nécessaire de
revenir brièvement sur la structure de ces protéines.
Comme on l’a vu dans le chapitre 2, les protéines sont des combinaisons de
20 acides aminés différents. La figure 3.4a illustre la structure de base d’un acide
aminé. Tous les acides aminés ont un atome central de carbone (le carbone α),
lié par covalence avec quatre groupes de molécules : un atome d’hydrogène, un
groupement aminé (NH3+), un groupement carboxyl (COO–) et un groupement
variable appelé le groupement R (R pour résidu). Les différences entre acides
aminés proviennent de la taille et de la nature de ces groupements R (Fig. 3.4b).
Les propriétés du groupement R déterminent les réactions chimiques auxquelles
chaque acide aminé peut participer.
La synthèse des protéines se fait dans les ribosomes, au niveau du corps
cellulaire. Dans ce processus, les acides aminés sont assemblés en une chaîne
formée par des liaisons peptidiques, qui associent le groupement aminé d’un
acide aminé au groupement carboxyl du suivant (Fig. 3.5a). Les protéines se
composant d’une seule chaîne d’acides aminés sont également dénommées
polypeptides (Fig. 3.5b).
La figure 3.6 illustre les quatre niveaux de structure d’une protéine. La struc-
ture primaire est comme une chaîne, dans laquelle les groupements R d’acides
aminés sont liés par des liaisons peptidiques. Cependant, tandis que la molé-
cule protéique est synthétisée, la chaîne polypeptidique peut s’enrouler en une
spirale appelée hélice alpha. L’hélice alpha est un exemple de structure secon-
daire d’une molécule protéique. Au sein des groupements R, les interactions
peuvent provoquer des modifications encore plus poussées de la morphologie
tridimensionnelle de la molécule. Ainsi, les protéines peuvent se courber, se plier
et prendre une forme globulaire. Cette forme particulière, propre à chaque pro
téine, est qualifiée de structure tertiaire. Enfin, différentes chaînes de polypeptides
peuvent s’associer pour former une molécule plus importante : cette protéine
présente alors une structure quaternaire. Dans ce cas, chacun des polypeptides
entrant dans la composition d’une protéine comportant une structure quater-
naire est qualifié de sous-unité.
Protéines canaux. La surface exposée d’une protéine peut être chimique-
ment hétérogène. Les parties présentant des groupements R non polaires exposés
sont de caractère hydrophobe et auront tendance à s’associer rapidement avec
les lipides. Les régions comportant des groupements R polaires exposés sont de
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62 1 – Bases cellulaires
H
+H –
3N C COO
(a)
H H H H H
+H – +H C COO– +H – +H – +H –
3N C COO 3N 3N C COO 3N C COO 3N C COO
CH CH2 H C CH3 CH2 CH2
H3C CH3 CH CH2 CH2
H3C CH3 CH3 S
CH3
H H H H H H H
+H – +H – +H – +H – +H – +H – +H C COO–
3N C COO 3N C COO 3N C COO 3N C COO 3N C COO 3N C COO 3N
H H H H H H H H
+H +H C COO–
3N
+H – +H – +H – +H – +H – +H – –
3N C COO 3N C COO 3N C COO 3N C COO 3N C COO 3N C COO 2N C COO
H CH3 CH2 CH2 H C OH CH2 H2C CH2 CH2
SH OH CH3 CH2 C CH
NH
OH
(b)
ionique, déterminée par le diamètre du pore et la nature des groupements R qui les
tapissent, est une des propriétés importantes de la plupart des canaux ioniques. Il
existe des canaux potassiques, qui sont sélectivement perméables aux ions K+. De
même, les canaux sodiques sont perméables aux ions Na+, les canaux calciques
aux ions Ca2+ et ainsi de suite. Le mécanisme d’ouverture (ou d’activation) des
canaux ioniques (en anglais gating) est une autre propriété importante de la plu-
part de ces canaux. Les canaux qui possèdent cette propriété peuvent s’ouvrir ou
se fermer, en d’autres termes faire fonctionner ce mécanisme d’ouverture, selon
des modifications du microenvironnement local de la membrane.
Ce thème très important sera approfondi dans les chapitres suivants, mais
il est d’ores et déjà essentiel de retenir que la compréhension du rôle des canaux
ioniques dans la membrane neuronale est la clé de la neurophysiologie cellulaire.
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3 – Membrane du neurone au repos 63
Liaison peptidique
H R2 H R2 H R4
+H
3N C C N C COO– +H
3N C C N C C N C C N C COO–
R1 O H R1 O H H O H R3 O H H
(a) (b)
Acides aminés
Sérine
Sérine
Leucine
(a)
(c)
Sous-unités
Hélice α
(b)
Figure 3.6 – Structure des protéines.
(a) Structure primaire : elle est représentée par la séquence des acides ami-
nés constituant le polypeptide. (b) Structure secondaire : enroulement du
polypeptide en hélice α. (c) Structure tertiaire : repliement tridimensionnel
du polypeptide. (d) Structure quaternaire : plusieurs polypeptides s’asso-
(d)
cient pour former une protéine plus grosse (polymère).
Milieu extracellulaire
Sous-unité
polypeptidique
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64 1 – Bases cellulaires
Cl– Diffusion
Les ions et les molécules en solution dans l’eau sont constamment en mou-
vement. Ce mouvement erratique dépendant de la température a cependant
tendance à répartir les ions uniformément dans la solution. Ainsi se forme un
(b)
mouvement d’ions, depuis les régions de forte concentration vers les régions de
plus faible concentration ; ce mouvement s’appelle la diffusion. Pour prendre un
exemple concret, si on ajoute une cuillère de lait dans une tasse de thé chaud, le
lait va tendre à se diluer uniformément dans le thé. Si l’énergie thermique de la
dissolution diminue, comme avec du thé glacé, la diffusion des molécules de lait
Na+ Na+ sera considérablement plus longue.
Bien que les ions ne soient pas de nature à traverser directement la bicouche de
phospholipides, la diffusion va tendre à les pousser à travers les canaux situés dans
la membrane. Par exemple, si NaCl est en solution dans le milieu d’un seul côté
Cl– Cl–
d’une membrane comportant des canaux qui permettent le passage de Na+ et Cl–,
les ions Na+ et Cl– vont traverser jusqu’à ce qu’ils soient uniformément répartis
des deux côtés de la membrane (Fig. 3.8). Comme dans l’exemple précédent, le
lait dans le thé, les ions vont se déplacer clairement d’une région de forte concen-
(c) tration vers une région de faible concentration (voir pour révision l’Encadré 3.1
sur les mesures de concentration). La différence entre les concentrations s’appelle
Figure 3.8 – Diffusion.
(a) Une solution de NaCl a été dissoute dans
la partie gauche d’un compartiment séparé Encadré 3.1 BASES THÉORIQUES
par une membrane imperméable. La taille
des lettres Na+ et Cl– indique la concentra-
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3 – Membrane du neurone au repos 65
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66 1 – Bases cellulaires
Bases ioniques
du potentiel de repos
Le potentiel de membrane — ou voltage de la membrane — d’un neurone est
représenté par le symbole Vm. Il peut être mesuré en introduisant une micro
électrode dans le cytosol. Une microélectrode est le plus souvent constituée d’un
tube de verre très fin, possédant une extrémité effilée obtenue par étirage à chaud
(0,5 µm de diamètre) qui pénètre dans la membrane d’un neurone avec le mini-
mum de lésion. Ce tube est rempli d’une solution conductrice de l’électricité et
connecté à un appareil appelé voltmètre. Le voltmètre mesure la différence de
potentiel entre l’extrémité de cette microélectrode et une deuxième électrode pla-
cée en dehors de la cellule (Fig. 3.11). Cette méthode permet de montrer que la
charge électrique n’est pas équivalente de part et d’autre de la membrane neuro-
nale. L’intérieur du neurone est négatif par rapport à l’extérieur. Cette différence
constante représente le potentiel de repos et se maintient tant que le neurone ne
génère pas de potentiel d’action.
Voltmètre
Terre
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Microélectrode
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3 – Membrane du neurone au repos 67
En général, le potentiel de membrane d’un neurone au repos est d’envi- Intérieur Extérieur
ron – 65 millivolts (1 mV = 0,001 volts). Ce potentiel de repos négatif de la de la cellule de la cellule
membrane interne du neurone, Vm = – 65 mV, est une des conditions indispen-
sables au fonctionnement du système nerveux. L’origine de ce potentiel négatif
K+
de la membrane est liée à la nature des ions en présence et à la façon dont ils se
répartissent à l’intérieur et à l’extérieur du neurone. K+
Potentiels d’équilibre
Considérons une cellule hypothétique dont l’intérieur est séparé de l’exté-
rieur par une membrane de phospholipides pure, ne comportant aucune proté-
A– A–
force électrique qui ramène les ions K+ à l’intérieur équilibre exactement la force – +
A–
de diffusion qui les pousse à l’extérieur. Un état d’équilibre se crée, dans lequel les
– + A–
forces électrique et de diffusion sont opposées et égales, et dans ces conditions le
déplacement des ions K+ à travers la membrane s’arrête (Fig. 3.12c). Le potentiel – +
d’équilibre ionique, ou plus simplement potentiel d’équilibre, est la différence de – +
potentiel qui compense exactement un gradient de concentration ionique ; il est – +
représenté par le symbole Eion. Dans l’exemple ci-dessus relatif aux ions potas-
(c)
siques, le potentiel d’équilibre sera d’environ – 80 mV.
L’exemple illustré par la figure 3.12 montre qu’il est assez facile de générer Figure 3.12 – Établissement d’un équilibre
une différence de potentiel constante à travers la membrane. Un gradient de au travers d’une membrane sélectivement
concentration ionique et une perméabilité ionique sélective sont des éléments perméable.
suffisants. Avant d’examiner ce qui se passe avec de véritables neurones, quatre (a) Une membrane imperméable sépare deux
remarques importantes peuvent être faites à partir de cet exemple. compartiments dont l’un contient une très forte
concentration de sels (« intérieur ») et l’autre une
1. De grandes variations du potentiel membranaire sont le résultat de très faibles faible concentration (« extérieur »). (b) L’inser-
modifications de la concentration ionique. Dans l’exemple de la figure 3.12,
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68 1 – Bases cellulaires
Égal Égal Égal 2. La différence de charge électrique s’opère à la fois sur les surfaces interne et
+,– +,– +,– externe de la membrane. La bicouche de phospholipides est si fine (moins de
5 nm d’épaisseur) qu’une interaction de type électrostatique s’opère entre les
+ – + – + – + – ions situés de chaque côté. De fait, la membrane peu conductrice se com-
– + – + + porte comme une capacité électrique. Ainsi, les charges négatives à l’intérieur
+ + –
– + du neurone et les charges positives à l’extérieur sont mutuellement attirées
+ – +
– – + – + vers la membrane cellulaire, un peu comme, par une chaude soirée d’été, les
+ moustiques sont attirés vers une fenêtre par une lampe éclairée de l’intérieur.
– + – + –
+ –
– – De même, la charge négative à l’intérieur de la cellule n’est pas distribuée de
+ – + – +
+ + – façon uniforme dans le cytosol : elle est plutôt localisée sur la face interne de
– +
+ – + + – la membrane (Fig. 3.13). Cette propriété de la membrane s’appelle la capa-
– + +
– citance.
+ – – + – + –
– + – 3. La quantité d’ions transportés ainsi que la vitesse de transport des ions à travers
– + – + –
la membrane sont proportionnelles à la différence entre le potentiel membra-
Cytosol Milieu naire et le potentiel d’équilibre. Comme cela apparaît sur la figure 3.12, une
extracellulaire fois les canaux insérés, le mouvement de K+ ne s’établit que si le potentiel
Membrane
membranaire et le potentiel d’équilibre diffèrent. La différence entre le poten-
Figure 3.13 – Distribution des charges élec tiel membranaire réel et le potentiel d’équilibre (Vm – Eion) pour un ion parti-
triques de part et d’autre de la membrane. culier s’appelle la force électromotrice. Ce thème sera à nouveau abordé dans
Parce que la membrane est extrêmement fine, les chapitres 4 et 5, en étudiant le déplacement des ions à travers la membrane
les charges situées de part et d’autre sont en au cours du potentiel d’action et de la transmission synaptique.
interaction électrostatique ; ceci contribue à
favoriser la distribution des charges électriques 4. Quand, pour un ion particulier, la différence de concentration entre les deux
de chaque côté de la membrane, l’intérieur côtés de la membrane est connue, il est facile de calculer le potentiel d’équi-
étant négatif par rapport à l’extérieur. Dans ces libre. Dans l’exemple de la figure 3.12, la concentration de K+ était supposée
conditions, tant le cytosol que le milieu extra- plus importante à l’intérieur de la cellule qu’à l’extérieur. En partant de cette
cellulaire est électriquement neutre. donnée, il a pu être déduit que le potentiel d’équilibre serait négatif si les
membranes étaient sélectivement perméables à K+. Pour prendre un autre
exemple, avec une concentration de Na+ plus forte à l’extérieur de la cellule
(Fig. 3.14), si la membrane contenait des canaux sodiques, Na+ s’écoulerait
selon le gradient de concentration vers l’intérieur de la cellule. L’entrée d’ions
chargés positivement amènerait le cytosol situé près de la surface interne
de la membrane à se charger positivement. L’intérieur de la cellule, chargé
positivement, ralentirait alors le flux des ions Na+ en tendant à les ramener
en arrière, à travers les canaux. À une différence de potentiel donnée, la force
électrique qui repousse les ions Na+ compenserait exactement la force de
diffusion qui les pousse à l’intérieur. Dans cet exemple, le potentiel membra-
naire à l’équilibre serait positif à l’intérieur de la cellule.
Les exemples des figures 3.12 et 3.14 démontrent que, si la différence de
concentration ionique à travers la membrane est connue, il est alors possible de
calculer le potentiel d’équilibre pour chaque ion. Supposons que la concentra-
Figure 3.14 – Autre exemple d’établissement tion des ions Ca2+ soit plus élevée à l’extérieur de la cellule et que la membrane
d’un équilibre au travers d’une membrane soit sélectivement perméable à Ca2+. Peut-on dire si l’intérieur de la cellule sera
sélectivement perméable. positif ou négatif au point d’équilibre ? Qu’en est-il par ailleurs en supposant
(a) Une membrane imperméable sépare deux
que la membrane soit sélectivement perméable à Cl– et que la concentration de
compartiments, l’un de forte concentration en
sels (« extérieur »), l’autre de faible concen-
tration (« intérieur »). (b) L’insertion dans la
membrane de canaux sélectivement per-
Intérieur Extérieur
méables aux ions Na+ résulte initialement en
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de la cellule de la cellule
un déplacement des ions Na+ au travers de
la membrane, selon le gradient de concentra-
tion ; ici, de la droite vers la gauche. (c) L’ac- + – + –
+ –
cumulation de charges positives à l’intérieur Na+
et de charges négatives à l’extérieur, tend à
Na+ Na+ Na+ Na+ Na+
ralentir le mouvement des ions Na+ de l’ex- + –
térieur vers l’intérieur. Un équilibre s’établit + – + –
alors, de telle manière que le déplacement A– + –
A– A– A– A– –
des ions Na+ s’arrête, conduisant à l’établis- + – A
sement d’une différence de charges entre les + –
+ –
deux côtés de la membrane ; dans ce cas, + –
l’intérieur de la cellule est chargé positivement
par rapport à l’extérieur. (a) (b) (c)
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3 – Membrane du neurone au repos 69
Cl– soit plus forte à l’extérieur de la cellule ? (dans ces exemples, attention à la
charge ionique !).
Les exemples précédents montrent qu’il existe un potentiel d’équilibre pour
chaque ion, correspondant au potentiel de membrane qui serait obtenu si les
membranes n’étaient perméables qu’à cet ion seulement. Ainsi peut-on parler
du potentiel d’équilibre du potassium, EK ; du potentiel d’équilibre du sodium,
ENa ; du potentiel d’équilibre du calcium, ECa, etc. Enfin, connaissant la charge
électrique d’un ion et la différence de concentration entre les deux côtés de la
membrane, il est possible de déduire que l’intérieur de la cellule sera positif ou
négatif au point d’équilibre. En fait, la valeur exacte du potentiel d’équilibre en
mV peut être calculée en utilisant une équation basée sur des principes de chimie
physique, l’équation de Nernst, qui prend en compte la charge de l’ion, la tem-
pérature et le rapport entre les concentrations ioniques intérieure et extérieure.
L’équation de Nernst permet de calculer la valeur du potentiel d’équilibre d’un
ion donné. Par exemple, si la concentration de K+ est 20 fois plus élevée à l’inté-
rieur d’une cellule par rapport à la concentration externe, l’équation de Nernst
s’écrit : EK = – 80 mV (Encadré 3.2).
L’équation de Nernst
On peut calculer le potentiel d’équilibre d’un ion en À la température du corps (37 °C), l’équation de
utilisant l’équation de Nernst : Nernst pour les ions les plus importants, K+ , Na+, Cl– et
RT [ ion ]e Ca2+, s’écrit plus simplement :
E ion = 2,303 log [ K + ]e
zF [ ion ]i E k = 61,54 mV log +
[ K ]i
dans laquelle :
[ Na + ]e
Eion = potentiel d’équilibre de l’ion E Na = 61,54 mV log
[ Na + ]i
R = constante gazeuse
[ Cl − ]e
T = température absolue E Cl = − 61,54 mV log
[ Cl − ]i
z = charge de l’ion
[ Ca 2 + ]e
F = constante de Faraday E Ca = 30,77 mV log
[ Ca 2 + ]i
log = logarithme de base 10
[ion]e = concentration ionique à l’extérieur de la cel- Pour calculer le potentiel d’équilibre d’un ion donné
lule à la température du corps, il suffit par conséquent de
[ion]i = concentration ionique à l’intérieur de la cel- connaître les concentrations ioniques de part et d’autre
lule de la membrane. Par exemple, dans la figure 3.12, il est
stipulé que la concentration de K+ est dix fois plus élevée
L’équation de Nernst repose sur les principes de à l’intérieur de la cellule qu’à l’extérieur :
base de la chimie physique. Rappelons que le point
De ce fait, si
d’équilibre résulte de deux influences : la diffusion, qui [ K + ]e 1 1
assure le mouvement des ions selon le gradient de = et log = − 1,3
[ K + ]i 20 20
concentration, et la charge électrique par laquelle les
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ions de charge opposée sont attirés et ceux de charge de alors EK = 61,54 mV × – 1,3 = – 80 mV.
même type, repoussés. L’élévation de l’énergie ther- Notez que, dans l’équation de Nernst, il n’y a pas de
mique de chaque particule accroît la diffusion et, par prise en compte de la perméabilité ou de la conductance
voie de conséquence, la différence de potentiel obtenue ionique. De ce fait, calculer la valeur de Eion ne nécessite pas
au point d’équilibre. Eion est donc proportionnel à T. que l’on connaisse le niveau de perméabilité ou de sélectivité
Par ailleurs, l’augmentation de la charge électrique de de la membrane pour l’ion en question. Il existe un potentiel
chaque particule diminue la différence de potentiel d’équilibre pour chaque ion présent au niveau du milieu
nécessaire pour équilibrer la diffusion. Eion est donc intra et extracellulaire. Eion représente le potentiel de
inversement proportionnel à la charge de l’ion (z) ; il membrane qui compense tout juste le gradient de concen-
n’est pas nécessaire de tenir compte de R et F, qui sont tration de cet ion, de telle manière qu’aucun courant ionique
des constantes. ne soit généré si la membrane est perméable à cet ion.
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70 1 – Bases cellulaires
Milieu
extérieur Milieu intérieur
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Rapport Eion
Milieu extérieur Milieu intérieur
extérieur/intérieur (à 37 °C)
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3 – Membrane du neurone au repos 71
Na+
Na+ K+
K+
Na+
Na+
+
K+ Na+ K
Na+
Figure 3.16 – Pompe à sodium-potassium.
Cette protéine associée à la membrane trans-
Membrane
porte les ions à travers la membrane, contre
Cytosol un gradient de concentration. Elle utilise de
l’énergie pour effectuer ce transport.
La pompe calcium est aussi une enzyme, qui transporte activement les ions
Ca2+ en dehors du cytoplasme, à travers la membrane cellulaire. Des mécanismes
additionnels réduisent la concentration intracellulaire de calcium ionisé à un
niveau très faible (0,0002 mM), impliquant des protéines qui lient le calcium et
divers organites intracellulaires, tels que les mitochondries et les différents types
de reticulum endoplasmique qui séquestrent des ions calciques cytosoliques.
Les pompes ioniques sont les héros méconnus de la neurophysiologie cel-
lulaire ; elles travaillent à l’arrière-plan pour assurer l’existence et le maintien
des gradients de concentration ionique. Ces protéines n’ont pas le prestige des
canaux ioniques mais sans elles le cerveau ne pourrait pas fonctionner.
mais n’atteint pas les – 80 mV du potentiel d’équilibre du potassium. Ainsi donc,
bien que la membrane au repos soit fortement perméable à K+, cette différence
apparaît parce qu’il y a aussi un flux continu d’ions Na+ vers l’intérieur de la
cellule.
Le potentiel de la membrane au repos peut alors être calculé en utilisant
l’équation de Goldman, une formule mathématique qui tient compte de la per-
méabilité relative de la membrane à certains ions. Si on prend en compte seule-
ment les ions K+ et Na+, en utilisant les concentrations ioniques de la figure 3.15
et en supposant que la perméabilité de la membrane au repos à K+ est 40 fois
supérieure à la perméabilité à Na+, le résultat de l’équation de Goldman sera un
potentiel membranaire de repos égal à – 65 mV, ce qui correspond à la valeur
observée (Encadré 3.3).
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72 1 – Bases cellulaires
L’équation de Goldman
Si la membrane d’un neurone était seulement per- Vm étant le potentiel membranaire, PK et PNa repré-
méable aux ions K+, le potentiel de repos serait égal à sentant respectivement les perméabilités relatives ; les
EK, soit environ – 80 mV. En réalité, le potentiel de repos autres termes étant les mêmes que ceux de l’équation de
de la membrane d’un neurone est d’environ – 65 mV. Nernst.
Cette différence s’explique par le fait que les neurones Si la perméabilité ionique de la membrane au repos
au repos ne sont pas exclusivement perméables aux pour K+ est 40 fois supérieure à celle de Na+, en uti-
ions K+ ; il existe aussi une certaine perméabilité aux lisant les concentrations de la figure 3.15, l’équation de
ions Na+. En d’autres termes, la perméabilité relative de Goldman s’écrit :
la membrane neuronale au repos est plutôt élevée pour
40 (5) + 1 (150)
K+ et plutôt basse pour Na+. Si la valeur des perméabi- Vm = 61,54 mV log
lités relatives est connue, il est alors possible de calculer 40 (100) + 1 (15)
le potentiel membranaire au point d’équilibre en utili- 350
= 61,54 mV log
sant l’équation de Goldman. Soit, pour une membrane 4 015
perméable seulement à Na+ et K+ à 37 °C : = − 65 mV
P [ K + ]e + PNa [ Na + ]e
Vm = 61,54 mV log K
PK [ K + ]i + PNa [ Na + ]i
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3 – Membrane du neurone au repos 73
Canal
potassium
Milieu Shaker
Membrane
extracellulaire
Membrane
Cytosol
Boucle située
au niveau du pore
(a)
(b)
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74 1 – Bases cellulaires
Pour ma part, je n’ai jamais considéré la sur la façon dont ils fonctionnaient et pro-
recherche comme un travail mais plutôt duisaient de l’électricité. Parallèlement, au
comme un jeu. Ainsi, démarrer un nouveau fur et à mesure que je découvrais ce monde,
projet, aussi futile soit-il, m’a toujours paru j’étais submergé de données et horrifié par
un plaisir plutôt égoïste. Et ce n’est que plus la complexité des cellules vivantes. En parti-
tard qu’interviennent les difficultés, sous culier, l’interprétation des données de l’ex-
forme de recherche de financement, de sueur périmentation n’était le plus souvent pas
et de doutes en tous genres, nécessaires pour univoque, notamment au regard d’expé-
attaquer ces problèmes – et parfois résoudre Chris Miller riences réalisées sur des membranes isolées.
ces questions – que nous fournit la nature. C’est ainsi que C’est cette combinaison de fascination et d’horreur face
j’ai passé les 40 dernières années de ma vie avec le plus à cette complexité du vivant qui m’a conduit à m’inté-
fascinant des jouets : les canaux ioniques, ces protéines resser à des membranes artificielles de composition bien
transmembranaires qui font réellement l’activité des neu- définie, développées dans les années 1960 par Paul
rones sous forme de signal électrique. Si l’on considère Mueller. Ces modèles permettaient alors d’envisager
que le cerveau est un peu comme un ordinateur – ce qui d’analyser les caractéristiques de ces protéines particu-
est inexact mais permet une métaphore – alors les canaux lières sorties de leur monde si complexe. J’ai donc tra-
ioniques sont un peu comme des transistors. En réponse vaillé sur une méthode permettant d’insérer ces canaux
aux contraintes biologiques, ces minuscules pores for- ioniques dans des membranes artificielles, et j’ai utilisé
ment des systèmes de diffusion pour les ions Na+, K+, les membranes ainsi équipées de canaux pour enregis-
Ca2+, H+ et Cl–, qui transportent les charges électriques trer l’activité des canaux potassiques au moment même
au travers de la membrane, génèrent et transportent le où commençaient à se développer les méthodes d’enre-
signal nerveux. Je suis littéralement tombé amoureux de gistrement par patch-clamp. Je confesse aujourd’hui que
ces protéines lorsque je me suis accidentellement inté- je m’amusais un peu avec mes premiers enregistre-
ressé à un type de canaux potassiques, alors que je tentais ments… Pouvoir ainsi observer et modifier l’activité de
d’isoler une protéine tout à fait différente, une enzyme simples protéines juste devant mes yeux en temps réel
sensible au calcium. Et au fil des années cet amour s’est était — et reste — tout simplement fascinant !
considérablement développé, à tel point que j’ai mainte- Accessoirement, cette forme de jeu m’a donné l’oc-
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nant une vraie collection de ces fascinantes protéines. casion de comprendre qu’il est possible d’aborder des
Ma formation initiale en physique, suivie d’une expé- questions de grande complexité par une approche
rience en tant que professeur de mathématiques dans un quelque peu réductionniste. Au milieu des années 1980,
lycée, m’a permis ensuite d’intégrer une formation doc- j’ai eu la chance d’avoir dans mon laboratoire des
torale dans les années 1970, jusqu’à développer mon post-doctorants de talent – Gary Yellen, Rod MacKinnon
propre laboratoire à Brandeis University, sans réelle for- et Jacques Neyton, parmi d’autres – qui travaillaient sur
mation en neurobiologie ou en électrophysiologie. C’est la sélectivité ionique de différentes catégories de canaux
en parcourant la littérature et grâce à mon entourage à potassiques. Les questions étaient alors de savoir com-
l’université que j’ai pu m’imprégner de cette culture et ment différencier des ions aussi similaires que les ions
que j’ai été de plus en plus fasciné par les canaux potassiques ou les ions sodiques ; et comment cette
ioniques. À cette époque, nous n’avions que peu d’idées sélectivité ionique se maintenait lorsque les neurones
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3 – Membrane du neurone au repos 75
Tel est le cas chez une lignée de souris dénommée Weaver. Ces animaux ont les
plus extrêmes difficultés à maintenir leur posture et à se mouvoir correctement. La
mutation a été identifiée comme portant sur un seul acide aminé de la boucle du
pore d’un canal potassique exprimé sélectivement dans un type de neurone par-
ticulier du cervelet, une région de l’encéphale impliquée de façon critique dans la 20
Potentiel de membrane (mV)
coordination motrice. La conséquence principale de cette mutation est que les ions 0
Na+ et K+ passent indifféremment par le canal. L’augmentation de la conductance
– 20
sodique se traduit par un potentiel de repos moins négatif que la normale, altérant
par là le fonctionnement de la membrane (d’ailleurs, ce potentiel de membrane – 40
aux valeurs négatives anormales dans ces neurones est considéré comme à l’ori- – 60
gine de leur mort prématurée). Au cours de ces dernières années, il est ainsi devenu
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– 80
évident qu’un certain nombre de maladies neurologiques transmises héréditaire-
ment, comme certaines formes d’épilepsie notamment, pourraient être expliquées – 100
1 10 100
par des mutations de canaux potassiques spécifiques. [K+]o (mM)
Figure 3.19 – Dépendance du potentiel de
membrane de la concentration extracellu
Rôle fondamental de la régulation laire de potassium.
de la concentration de potassium extracellulaire Parce que la membrane neuronale au repos
est principalement perméable aux ions potas-
La membrane du neurone au repos étant essentiellement perméable à K+, sium, une variation de concentration de K+ de
le potentiel membranaire est proche de EK. Pour la même raison, le potentiel 10 fois, de 5 à 50 mM, provoque une dépo-
membranaire est particulièrement sensible aux variations de la concentration de larisation de la membrane de 48 mV. Cette
potassium extracellulaire. La figure 3.19 illustre cette relation. Une augmentation fonction est établie par l’équation de Goldman
de dix fois de la concentration extracellulaire des ions potassium, de 5 à 50 mM, (voir Encadré 3.3).
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76 1 – Bases cellulaires
Encadré 3.5 FOCUS
lui plaça une perfusion qui contenait une solution saline tration extracellulaire de potassium dix fois plus élevée
banale. Mme Adkins remplaça la solution par une autre supprimerait le potentiel de repos. Bien que les neurones
contenant un anesthésique, l’administration de cette solu- du cerveau soient protégés contre les grandes variations
tion étant suivie automatiquement par celle d’une autre de concentration de ce potassium extracellulaire,
de chlorure de potassium. Après l’injection de l’anesthé- d’autres cellules excitables du corps, telles que celles des
sique, qui supprimait l’activité des neurones dans une muscles, ne le sont pas. En l’absence d’un potentiel de
partie du cerveau dénommée formation réticulée, repos négatif, les cellules du muscle cardiaque ne peuvent
Mme Adkins perdit connaissance. Mais, c’est l’injection plus générer les impulsions qui entraînent la contraction
de KCl qui provoqua l’arrêt cardiaque et la mort. La et le cœur s’arrête de battre immédiatement. Le chlorure
connaissance des bases ioniques du potentiel de repos de potassium administré par voie intraveineuse consti-
explique pourquoi le cœur s’est arrêté de battre. tue donc une injection létale.
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3 – Membrane du neurone au repos 77
Conclusion
En étudiant les mécanismes du maintien du potentiel de la membrane du
neurone au repos, il apparaît que l’activation de la pompe sodium-potassium
produit et maintient à travers la membrane un gradient de concentration d’ions
potassium important. La membrane neuronale au repos est largement per-
méable à ces ions K+, grâce à la présence des canaux potassiques. Compte tenu
de ce gradient de concentration existant au travers de la membrane, l’intérieur
du neurone est négatif par rapport à l’extérieur.
La différence de potentiel électrique existant à travers la membrane est ainsi
comparable à celle d’une batterie de voiture dont la charge serait maintenue par
le travail des pompes ioniques. Le chapitre suivant est ainsi consacré à l’étude des
mécanismes qui font que cette énergie électrique parcourt notre cerveau.
QUESTIONS DE RÉVISION
Somjen GG. Ions in the Brain: Normal Function, Seizures, and Stroke.
New York : Oxford University Press, 2004.
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CHAPITRE 4 Potentiel d’action
PROPRIÉTÉS
DU POTENTIEL D’ACTION
Différentes phases du potentiel d’action............................................. 80
Déclenchement du potentiel d’action.................................................. 80
Encadré 4.1 Bases théoriques Méthodes d’enregistrement
du potentiel d’action
Déclenchement d’une salve de potentiels d’action............................... 82
Enregistrements optogénétiques : contrôle de l’activité neuronale
par la lumière..................................................................................... 83
Encadré 4.2 Les voies de la découverte La découverte
des channelrhodopsines,
par Georg Nagel
POTENTIEL D’ACTION :
LA THÉORIE
Courants et conductances membranaires............................................ 86
Complexité du potentiel d’action........................................................ 87
POTENTIEL D’ACTION :
LA RÉALITÉ
Canaux sodiques dépendants du potentiel.......................................... 90
Encadré 4.3 Bases théoriques Méthode du patch-clamp
Canaux potassiques dépendants du potentiel..................................... 96
Potentiel d’action : vue d’ensemble..................................................... 96
PROPAGATION
DU POTENTIEL D’ACTION
Facteurs influençant la vitesse de propagation.................................... 99
Myéline et conduction saltatoire......................................................... 100
Encadré 4.4 Focus Anesthésie locale
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POTENTIELS D’ACTION,
AXONES ET DENDRITES
Encadré 4.6 Focus Comportement électrique éclectique des neurones
CONCLUSION
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INTRODUCTION
C
e chapitre est consacré au signal qui transmet l’information à distance
dans le système nerveux, le potentiel d’action. Comme cela a déjà été
mentionné, le cytosol du neurone au repos présente une charge négative
par rapport au milieu extracellulaire. Le potentiel d’action correspond au ren-
versement rapide de cet état, de telle sorte que l’intérieur de la membrane devient
transitoirement positif par rapport à l’extérieur. Le potentiel d’action est sou-
vent désigné par les termes d’influx nerveux ou de décharge neuronale.
Les potentiels d’action générés par une cellule ont tous la même amplitude et
la même durée. Ils ne s’affaiblissent pas au fur et à mesure de leur propagation
vers l’extrémité de l’axone. Il faut se souvenir de ce fait essentiel : la fréquence
des potentiels d’action et/ou leur association en bouffées (pattern ou patron de
décharge) représente le code utilisé par les neurones pour transmettre l’infor-
mation d’un endroit à l’autre du système nerveux. Ce chapitre est consacré aux
mécanismes responsables du potentiel d’action et de sa propagation dans la
membrane axonale.
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80 1 – Bases cellulaires
40
Dépassement
20
Potentiel de membrane (mV)
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0 0 mV
Phase Phase
ascendante descendante
– 20
– 40
Hyperpolarisation
– 60
Potentiel de repos
– 80
0 1 2 3
(a) Temps (ms) (b)
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4 – Potentiel d’action 81
Les potentiels d’action générés dans certaines fibres nerveuses de la peau (la
douleur est traitée dans le chapitre 12) sont à l’origine de la perception de la dou-
leur aiguë consécutive à la blessure du pied sur la punaise. La membrane de ces
fibres est considérée comme possédant un type particulier de canal sodique, qui
s’ouvre lorsque la terminaison nerveuse est étirée. Les faits se déroulent donc
ainsi : (1) la punaise pénètre dans la peau ; (2) la membrane des fibres nerveuses de
la peau est étirée et déchirée ; (3) les canaux perméables aux ions Na+ s’ouvrent.
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82 1 – Bases cellulaires
Amplificateur
Courant Courant injecté
injecté
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+
+
Potentiel de membrane (mV)
+ Terre 0
40
Électrode
Électrode d’enregistrement
0
de stimulation
– 40
– 65
– 80
(a) (b) Temps
Axone
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4 – Potentiel d’action 83
Figure 4.3 – Dépendance de la fréquence de
Courant décharge des neurones (fréquence des
injecté potentiels d’action) de la dépolarisation
0 membranaire.
– 65 mV
Temps
Enregistrements optogénétiques :
contrôle de l’activité neuronale par la lumière
Comme nous venons de le voir, les potentiels d’action naissent de la dépolari-
sation de la membrane au-delà d’une valeur seuil à laquelle s’ouvrent les canaux
sodiques, ce qui permet l’entrée des ions Na+ dans le neurone. Pour pouvoir contrô-
ler artificiellement la décharge des neurones, historiquement, les électrophysiolo-
gistes utilisaient des microélectrodes pour injecter du courant directement à l’inté-
rieur de ces neurones, cellule par cellule. Cette difficulté a été récemment contournée
par une méthode révolutionnaire nommée optogénétique, qui permet d’introduire
dans les neurones ciblés des gènes particuliers s’exprimant dans les membranes
sous forme de canaux ioniques ayant la propriété de s’ouvrir à la lumière.
Dans le chapitre 9, nous discuterons de la façon dont l’énergie lumineuse
est absorbée par des protéines qualifiées de photopigments pour générer des
réponses dans nos rétines à l’origine de notre perception visuelle. Bien entendu,
la sensibilité à la lumière est une propriété de nombreux organismes. Et c’est
ainsi qu’en étudiant les réponses à la lumière d’une algue verte, des chercheurs
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84 1 – Bases cellulaires
Lorsqu’en 1992, après mon post-docto- recherche des rhodopsines chez Chlamydo
rat à Yale puis à Rockefeller University, je monas. Peter a donc demandé cet ADN et je
suis entré à l’Institut de biophysique du l’ai quant à moi fait exprimer dans les ovo-
Max Planck à l’Université de Francfort, je cytes. Nos premières expériences furent
me suis intéressé aux mécanismes contri- décevantes, et l’addition ou, au contraire, la
buant à maintenir les gradients de concen- suppression d’ions Ca2+ dans la solution
tration ionique au travers des membranes dans laquelle baignaient les ovocytes ne
cellulaires. Le directeur de mon départe- changeait rien au potentiel de membrane
ment, Ernst Bamberg, m’a convaincu de lorsque cette préparation était illuminée,
développer une nouvelle approche basée comme nous aurions pu l’espérer si nous
sur l’utilisation des rhodopsines micro- avions eu un canal calcique sensible à la
Georg Nagel
biennes, protéines connues pour transporter lumière. S’il existait un courant induit par la
les ions au travers des membranes lorsqu’elles absorbent lumière, celui-ci était très faible et n’était pas influencé
de l’énergie lumineuse. Nous avons donc exprimé le gène par de quelconques modifications de la composition
d’une bactériorhodopsine dans des ovocytes de xénope ionique du milieu extracellulaire.
et mesuré ainsi, grâce à des microélectrodes et après Cependant, comme l’idée de l’existence d’un canal
expression du gène, le courant généré par l’illumination ionique dont la conductance serait sensible à la lumière
de ces cellules. Dès 1995, nous avons ainsi montré que continuait à me séduire, idée que la plupart de mes col-
l’illumination de la bactériorhodopsine s’accompagnait lègues rejetaient alors, j’ai poursuivi mes travaux en
d’un flux de protons (H+) au travers de la membrane ; et modifiant encore et encore la composition des milieux
en 1996 nous avons entrepris d’étudier, par une méthode extracellulaires. Je me souviens d’un soir où j’ai soudain
similaire, l’activation du transfert des ions Cl– utilisant obtenu un incroyable courant entrant suite à une expo-
une halorhodopsine. sition à la lumière, en utilisant une solution dont la com-
À cette époque, nous avons reçu de Peter Hegemann, position visait à inhiber les courants calciques. J’ai pensé
de l’Université de Regensburg, l’ADN des chlamyop- qu’il y avait un problème technique, en particulier avec
sines-1 et 2. Elles devaient représenter des photorécep- le tampon utilisé pour préparer la solution. De fait, en
teurs de l’algue verte Chlamydomonas reinhardtii. vérifiant je me suis rendu compte que cette solution était
Malheureusement, comme l’ensemble des laboratoires plutôt de pH acide et donc qu’elle contenait un excès
qui ont reçu cet ADN, nous n’avons pas pu observer de d’ions H+. Mais ce fut un déclic et j’ai réalisé que le cou-
changements de potentiel de membrane induits par l’illu rant que je venais d’enregistrer dépendait des ions H+.
mination. J’ai cependant accepté de tester une nouvelle Ainsi, en acidifiant le milieu intracellulaire de l’ovocyte,
rhodopsine récemment découverte, toujours à partir de j’ai montré que j’étais capable de générer des courants
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Chlamydomonas, lorsque Peter m’annonça que cette pro- sortants, déclenchés par l’exposition à la lumière. Dès
téine, qu’il souhaitait nommer chlamyrhodopsine-3, se lors, il m’apparaissait évident que la chlamyrhodop-
comportait comme un activateur dépendant de la lumière sine-3 contrôlait les flux de protons au travers de la
de la conductance calcique membranaire. Bien que cette membrane. Et c’est ainsi que j’ai proposé à Peter
protéine n’ait pas encore été purifiée à cette époque, la Hegemann et à Ernst Bamberg de nommer cette proté-
séquence de la chlamyrhodopsine-3 fut détectée dans un ine channelrhodopsine-1. D’autres expériences ont par
centre de recherche à Kazusa, au Japon, dans une banque la suite révélé que plusieurs cations monovalents transi-
d’ADN séquencé à partir de Chlamydomonas, cette taient par ce canal channelrhodopsine-1. Les faibles
séquence présentant de très grandes similarités avec celle courants que nous avions initialement enregistrés étaient
de la bactériorhodopsine. Ces caractéristiques faisaient simplement liés au très faible niveau d’expression de la
de cette protéine un très bon candidat pour satisfaire la protéine dans les ovocytes.
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4 – Potentiel d’action 85
erreur, nous avons immédiatement transfecté des cel- groupe et quelques autres, nous œuvrons pour améliorer
lules musculaires de C. elegans avec l’ADN de chop2- l’utilisation de ces méthodes afin de mieux diffuser ces
YFP. Nous fument très surpris de voir avec quelle faci- outils.
lité nous pouvions alors induire la contraction de ces
petits vers simplement en les éclairant avec une lumière Référence
bleue. Au même moment, Karl Deisseroth à Stanford Nagel G, Szellas S, Kateriya S, Adeishvili N, Berthold P,
University, me contacta pour me demander des informa- Ollig D et al. Channelrhodopsin-2, a directly light-
tions, puis me proposa une collaboration que j’ai immé- gated cation-selective membrane channel. Proceedings
diatement acceptée. Karl fut rapidement à même de of the National Academy of Sciences of United States
pouvoir démontrer la puissance analytique de la chan- of America 2003 ; 100 : 13940-5.
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86 1 – Bases cellulaires
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4 – Potentiel d’action 87
0
Vm
(a) 0
Vm
K+ K+
K+ + + + +
EK = – 80 mV
ENa = 62 mV
gK > 0 – – – –
IK = gK (Vm– EK) > 0
(b)
0
Vm
– 80
K+ K+
EK = – 80 mV + + + + + + + + + + + + +
ENa = 62 mV
gK > 0 – – – – – – – – – – – – –
IK = gK (Vm– EK) = 0
K+ K+
(c)
Dans cet exemple, la membrane de notre neurone idéal est seulement perméable
aux ions K+ et Vm = EK = – 80 mV. Que se passe-t-il avec les ions Na+ concentrés
à l’extérieur de la cellule ? Le potentiel membranaire est en fait tellement néga-
tif comparé au potentiel d’équilibre du sodium que la force électromotrice s’exer-
çant sur les ions Na+ est très forte ([Vm – ENa] = [– 80 mV – 62 mV] = – 142 mV).
Néanmoins, il n’y a pas de réel courant sodique tant que la membrane n’est pas
perméable aux ions Na+. Que se passe-t-il maintenant lorsque les canaux sodiques
s’ouvrent ?
Dès que la perméabilité ionique de la membrane est changée, la conductance
sodique gNa est élevée et une grande force électromotrice s’exerce sur les ions
Na+. Dans ces conditions, un large courant sodique INa est généré à travers la
membrane. Les ions Na+ traversent la membrane par les canaux sodiques dans
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88 1 – Bases cellulaires
le sens qui rapproche Vm de ENa ; dans ce cas, le courant sodique INa représente
un courant entrant dans la cellule. En supposant maintenant que la membrane
soit beaucoup plus perméable au sodium qu’au potassium, l’afflux d’ions Na+ à
l’intérieur du cytoplasme va dépolariser le neurone jusqu’à ce que Vm soit proche
de ENa, soit + 62 mV.
Ce qui se passe ici est tout à fait remarquable : il suffit de modifier la perméa-
bilité de la membrane de telle manière que celle-ci soit transitoirement plus per-
méable aux ions Na+ que K+ pour inverser le potentiel membranaire. En théorie, la
phase ascendante du potentiel d’action peut alors s’expliquer ainsi : en réponse à
la dépolarisation de la membrane au-delà du seuil, les canaux sodiques s’ouvrent.
Cela permet l’afflux des ions Na+ dans le neurone, ce qui entraîne une dépolarisa-
tion massive jusqu’à ce que le potentiel membranaire soit proche de ENa.
Comment expliquer maintenant la phase descendante du potentiel d’action ?
En supposant simplement que les canaux sodiques se referment rapidement et
que les canaux potassiques s’ouvrent, la perméabilité ionique dominante de la
membrane est ramenée de Na+ à K+ ; et les ions K+ s’écouleront hors de la
cellule jusqu’à ce que le potentiel membranaire soit de nouveau égal à EK.
Le modèle théorique choisi pour expliquer les mouvements ioniques interve-
nant lors du potentiel d’action dans un neurone idéal est illustré par la figure 4.6.
Dans ce modèle, la phase ascendante d’un potentiel d’action s’explique par le
passage à travers la membrane d’un courant sodique entrant et la phase des-
cendante par le passage d’un courant potassique sortant. Le potentiel d’action
repose simplement sur le déplacement des ions à travers les canaux dont l’ou-
verture dépend des modifications du potentiel membranaire. Ainsi ce modèle
simple rend compte en grande partie des bases ioniques du potentiel d’action.
Mais qu’en est-il, en réalité, dans les neurones ?
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4 – Potentiel d’action 89
g >> g
K Na
Extérieur
Canal Canal
du neurone
K+ sodique K+ potassique
+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + V
m
– – – – – – – – – – – – – – – – – – –
Intérieur
K+ K+
– 80 mV
du neurone
(a)
g >> g
Na K
K+ K+
V
m
– –
Na+ Na+
Entrée de sodium – 80 mV phase ascendante
(b)
g >> g
K Na
Sortie de potassium
K+ K+
– – – – – – –
V
m
+ + + + + + +
– 80 mV
phase descendante
(c)
g >> g
K Na
K+ K+
+ + + + + + + + + + + + + + + + + +
V
m
– – – – – – – – – – – – – – – – – –
K+ K+
– 80 mV
(d) Temps
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90 1 – Bases cellulaires
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4 – Potentiel d’action 91
Milieu I II III IV
extracellulaire
+ + + +
+ + + +
+ + + +
+ + + +
Milieu
intracellulaire
(a)
S1 S2 S3
S4 S5 S6
+
+
+
+
Boucle
(b)
de la région du pore
+ +
+ +
+ +
+ +
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92 1 – Bases cellulaires
+ +
+ +
+ +
+ + + +
+ +
+ +
+ +
– 65 mV – 40 mV
mée épilepsie généralisée avec crises fébriles. Dans ce cas, les crises d’épilepsie
résultent d’une activité neuronale « explosive », hautement synchrone, dans cer-
taines régions du cerveau (l’épilepsie sera décrite en détail dans le chapitre 19).
Les crises d’épilepsie résultant de ces mutations sont déclenchées en réponse à
une forte fièvre (fébrile dérive du mot latin pour « fièvre »). Cette forme d’épilep-
sie est généralement constatée chez les très jeunes enfants, entre 3 mois et 5 ans.
Bien que les mécanismes exacts du déclenchement de ces crises par l’élévation de
la température ne soient pas connus avec précision, l’idée est que les mutations
ralentissent l’inactivation des canaux sodiques, prolongeant ainsi l’effet de dépo-
larisation. L’épilepsie généralisée avec crises fébriles est reconnue comme appar-
tenant au groupe des canalopathies, correspondant à des maladies génétiques
causées par l’altération de la structure et de la fonction des canaux ioniques.
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4 – Potentiel d’action 93
Méthode du patch-clamp
L’existence réelle de canaux dépendants du potentiel membrane sous-jacente. Si l’on retire alors l’électrode de
dans la membrane n’était qu’une hypothèse, jusqu’au déve- la cellule, on peut arracher le morceau de membrane
loppement de méthodes permettant d’étudier les protéines (Fig. Ac), et mesurer les courants ioniques tout en appli-
individuelles de ces canaux. Au milieu des années 1970, quant des voltages constants à travers la membrane
deux neurobiologistes allemands, Bert Sakmann et Erwin (Fig. Ad). Avec un peu de chance, il est possible de déter-
Neher, mirent au point une nouvelle méthode révolution- miner les courants qui passent dans un seul canal. Si, par
naire, pour laquelle ils reçurent le prix Nobel en 1991. exemple, la partie de membrane contient un canal
Cette méthode permet d’enregistrer les courants sodique dont l’ouverture est dépendante du potentiel et
ioniques au travers d’un type de canaux. La première si on modifie le potentiel membranaire de – 65 à – 40 mV,
étape consiste à descendre doucement l’extrémité effilée le canal va s’ouvrir et le courant passera à travers (Fig. Ae).
d’une électrode de verre, de 1-5 μm de diamètre, jusqu’à Avec un voltage membranaire constant, l’amplitude du
la membrane du neurone (Fig. Aa), puis à pratiquer une courant reflète la conductance du canal et le temps de
aspiration au travers de la pointe de l’électrode (Fig. Ab). passage du courant reflète la durée d’ouverture du canal.
Légèrement aspirée, la partie de membrane sous-jacente La méthode du patch-clamp montre que la plupart
s’insère à l’intérieur de la pointe de l’électrode et se trouve des canaux basculent entre deux états de conductance,
étroitement associée aux parois de verre. Cet échantillon que l’on peut interpréter comme « ouvert » ou « fermé ».
membranaire dénommé scellement « giga-ohm » (à Le temps d’ouverture est variable, mais la valeur de la
cause de sa grande résistance électrique, > 109 Ω) ne conductance d’un type de canal ne change pas. Les ions
laisse passer les ions présents au niveau de l’électrode peuvent passer au travers de ces canaux à une cadence
qu’au travers des canaux présents dans la partie de étonnante : bien plus d’un million par seconde.
Pipette
Pointe Canal Canal
de la pipette sodium (fermé) sodium (ouvert)
Na+
Neurone
(a)
Échantillon
membranaire
« giga-ohm » (b) (c) (d)
Vm
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– 65 mV
Intérieur
(e) Modification du voltage cause l'ouverture du canal sodique
Figure A
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94 1 – Bases cellulaires
5 ms
– 40 mV
Vm
– 65 mV
(a)
Canal fermé
Courant
entrant
1 3 4
Courant 2
entrant
(b)
Canal sodique
Na+
Membrane
1 2 3 4
(c)
de la protéine, le canal étant ouvert. ④ L’activation est à nouveau possible lorsque cette partie de
la protéine qui obstrue le pore est dégagée sous l’effet de la repolarisation de la membrane, ce qui
entraîne le retour à la normale et la fermeture du canal par des changements conformationnels des
domaines transmembranaires.
Effets des toxines sur le canal sodique. Au début des années 1960, des
chercheurs de l’Université Duke ont été à l’origine de la découverte des effets
bloquants de la tétrodotoxine (TTX), une toxine isolée des ovaires d’un pois-
son japonais très particulier, sur les canaux sodiques (Fig. 4.11). Les courants
sodiques, ainsi que les potentiels d’action, peuvent effectivement être bloqués au
moyen de la TTX ; cette toxine virulente obstrue le pore perméable aux ions Na+
en se liant fortement à un site spécifique situé à l’extérieur du canal. Comme cela
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4 – Potentiel d’action 95
sera à nouveau mentionné, ce composé est fréquemment utilisé dans les expé-
riences pour bloquer la propagation des influx dans le muscle ou le nerf. La TTX
est fatale lorsqu’elle est ingérée. Pourtant ces poissons sont très appréciés au
Japon et les spécialistes du sushi s’entraînent de nombreuses années et doivent
obtenir une licence du gouvernement pour pouvoir préparer ce poisson, de façon
qu’en le mangeant on ressente un léger engourdissement de la bouche. C’est ce
qui s’appelle se nourrir dangereusement !
La TTX est une des nombreuses toxines naturelles interférant avec les canaux
sodiques dépendants du potentiel. Une autre de ces neurotoxines qui bloque
les canaux est la saxitoxine, produite par les dinoflagellés du genre Gonyaulax.
La saxitoxine est concentrée dans les praires, les palourdes, les moules et autres
coquillages associés à ce genre de protozoaire. Occasionnellement, les dinofla-
gellés se développent, causant ce que l’on nomme une « marée rouge ». Manger
des coquillages à ce moment-là peut s’avérer fatal, à cause de la concentration
anormalement élevée de la toxine.
En plus de ces toxines qui bloquent les canaux sodiques, d’autres substances
interfèrent avec le fonctionnement neuronal en produisant des ouvertures inap-
propriées des canaux ; telle la batrachotoxine, isolée de la peau d’une espèce de
grenouille de Colombie. La batrachotoxine provoque une ouverture des canaux
sodiques à un potentiel plus négatif que la normale. De plus, l’ouverture du
canal est plus longue que normalement, brouillant ainsi l’information codée par
les potentiels d’action. D’autres toxines, telles que la vératridine produite par une
sorte de muguet et l’aconitine extraite du bouton d’or, présentent un mécanisme
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d’action similaire. Enfin, l’inactivation des canaux sodiques est aussi affectée par
des toxines de scorpions ou d’anémones de mer.
Que nous apprennent ces toxines ? D’abord, que les différentes toxines
affectent la fonction des canaux ioniques en se fixant sur différents sites de ces
protéines. Ces informations ont ainsi contribué à résoudre la structure tridimen-
sionnelle des canaux sodiques. Ensuite, les toxines peuvent être utilisées comme
des outils pharmacologiques pour étudier les conséquences du blocage des
potentiels d’action. Par exemple, comme nous le verrons plus loin, la TTX est
un agent fréquemment utilisé dans les expériences nécessitant le blocage d’une
activité nerveuse ou musculaire. Enfin, la dernière et sans doute plus importante
leçon tirée de l’utilisation de ces toxines : faites donc attention à ce que vous
mangez !
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96 1 – Bases cellulaires
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4 – Potentiel d’action 97
Na +
Sortie
e
Entrée d
de K
+
(a)
(b)
Courants correspondant
Courant sortant
aux canaux potassiques
dépendants du potentiel
(d)
(e)
Sortie de K+
Courant transmembranaire
« net » Courant sortant
Courant entrant
(f)
Entrée de Na+
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98 1 – Bases cellulaires
Propagation
du potentiel d’action
Pour transférer l’information d’un point à un autre du système nerveux, il
est nécessaire que le potentiel d’action qui a été généré se propage dans l’axone.
Ce processus est semblable à ce qui se passe lors de la mise à feu d’une fusée.
Imaginez que vous tenez une fusée de feu d’artifice dans la main et une allumette
enflammée dans l’autre, pour la mise à feu. La fusée décolle quand elle est suffi-
samment chauffée (au-delà d’un certain seuil) à sa base. Puis la chaleur dégagée
par la combustion se propage vers le segment de fusée situé juste au-dessus,
jusqu’à ce qu’il prenne feu à son tour. La flamme va se propager ainsi progres-
sivement tout au long de la fusée, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à brûler. Il est
important de remarquer que la fusée, qui a été allumée à un bout, ne peut brûler
que dans un sens : la flamme ne peut pas revenir sur elle-même car le matériel
combustible à l’arrière a déjà été utilisé.
La propagation du potentiel d’action le long de l’axone est semblable à la
propagation de la flamme le long de la fusée. Lorsque l’axone est suffisamment
dépolarisé pour atteindre le seuil nécessaire, les canaux sodiques dépendants du
potentiel s’ouvrent et le potentiel d’action est initié. L’afflux de charge positive
dépolarise le segment de membrane situé juste devant, jusqu’à ce qu’il atteigne
le seuil à son tour et génère son propre potentiel d’action1 (Fig. 4.13). Ainsi, le
potentiel d’action poursuit son chemin vers l’axone jusqu’à ce qu’il parvienne
à son extrémité dans les terminaisons axoniques et déclenche la transmission
synaptique (voir chapitre 5).
Le potentiel d’action généré à l’une des extrémités de l’axone ne se propage
que dans une seule direction ; il ne peut pas revenir en arrière. Cela provient
de ce que la membrane située juste en arrière est devenue réfractaire, à cause
de l’inactivation des canaux sodiques. Mais, comme la fusée, un potentiel d’ac-
tion peut être généré à partir de l’une ou l’autre extrémité de l’axone et ainsi se
propager dans une direction ou l’autre (bien que, en général, les potentiels d’ac-
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tion ne se propagent que dans une seule direction ; celle-ci est dénommée pro
pagation orthodromique. La propagation des potentiels d’action en sens inverse
sur l’axone est dénommée quant à elle propagation antidromique). Parce que la
membrane axonique est excitable (c’est-à-dire capable de générer des potentiels
d’action) sur toute sa longueur, l’influx nerveux se propage régulièrement. Il
en est de même avec la fusée car le matériel combustible s’étend régulièrement
sur toute sa longueur. Cependant, contrairement à la fusée, l’axone présente la
faculté de régénérer sa capacité de mise à feu.
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4 – Potentiel d’action 99
+ +
Temps zéro +
+ +
1 ms plus tard +
+ +
La vitesse de conduction des potentiels d’action est variable, avec une valeur
moyenne de 10 m/s. Comme, du début à la fin, le potentiel d’action ne dure
que 2 ms, la longueur de la membrane concernée par le potentiel d’action à un
moment donné peut être calculée simplement de la façon suivante :
10 m/s × 2 × 10– 3 s = 2 × 10– 2 m
petits et peu nombreux, l’eau s’écoulera essentiellement par le tuyau. Les mêmes
principes sont applicables au courant positif qui se propage le long de l’axone à
l’avant du potentiel d’action. La charge positive peut prendre deux directions :
soit se diriger vers l’intérieur du neurone, soit traverser la membrane axonique.
Si l’axone est de petit diamètre et que de nombreux pores sont ouverts dans la
membrane, le courant passera surtout à travers la membrane. Si l’axone est de
diamètre plus important et qu’il y a peu de pores ouverts dans la membrane, le
courant se propagera surtout à l’intérieur de l’axone. Plus loin le courant envahit
une région importante de l’axone, plus la dépolarisation de la membrane générée
par le potentiel d’action sera elle-même importante, et plus vite se propagera le
potentiel d’action. Aussi, en règle générale, la vitesse de conduction du potentiel
d’action augmente avec le diamètre de l’axone.
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100 1 – Bases cellulaires
2. NdT : a contrario, l’intervalle entre les nœuds de Ranvier, qualifié de « segment inter-
variqueux », présente une excitabilité moindre et comporte une forte densité de canaux
potassiques.
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4 – Potentiel d’action 101
Encadré 4.4 FOCUS
Anesthésie locale
Même si vous avez décidé de résister à la douleur, à Canaux
un moment vous ne pouvez plus la supporter et vous sodiques
allez voir votre dentiste ! Heureusement, le pire qui vous I II III IV dépendants
du potentiel
attend pour traiter votre carie n’est que la piqûre provo-
quée par l’aiguille, qui va lui permettre de vous adminis-
trer l’anesthésique localement. Après l’injection, votre
bouche est rapidement engourdie et vous pouvez rêvas-
ser, alors même que le dentiste fraise votre dent et vous
traite efficacement. Mais qu’est-ce qui a été injecté et
comment cela agit-il ? N
Les anesthésiques locaux sont des agents qui vont C
temporairement bloquer la propagation des potentiels
d’action le long des axones. Ils sont qualifiés de « locaux »
car ils sont administrés à l’intérieur même du tissu à anes-
thésier. Les axones de petit diamètre, qui déchargent à Hélice alpha S6
haute fréquence, sont les plus sensibles au blocage de la
conduction nerveuse par les anesthésiques locaux.
Le premier anesthésique local utilisé en médecine a
été la cocaïne. Ce produit a été initialement extrait des
feuilles de coca en 1860, par le chimiste allemand Albert
Niemann. En accord avec les usages en pharmacologie
de cette époque, Niemann a entrepris de goûter lui-même
son produit, et a constaté un engourdissement de sa
langue. Néanmoins, il s’avéra très vite que la cocaïne C2H5 C2H5
La lidocaïne et les autres anesthésiques locaux Les axones de petit diamètre sont plus sensibles aux
bloquent la propagation des potentiels d’action par une anesthésiques locaux que les axones de plus gros dia-
action sur les canaux sodiques dépendants du potentiel. mètre parce que leurs potentiels d’action ont moins de
Le site d’action de la lidocaïne sur ces canaux a été iden- marge de sécurité : plus de canaux sodiques dépendants
tifié au niveau du segment S6 du domaine IV de la pro- du potentiel sont engagés dans la propagation du poten-
téine (Fig. A). La lidocaïne ne peut pas atteindre directe- tiel d’action. Cela augmente la sensibilité des petits
ment ce site à partir de l’extérieur et doit d’abord axones aux anesthésiques locaux mais cela est fortuit en
pénétrer la membrane axonique au travers du pore du clinique humaine. Comme nous le verrons dans le cha
canal avant de trouver ses sites de fixation à l’intérieur pitre 12, ce sont les fibres de petit diamètre qui véhi-
de ce pore. Cela explique pourquoi les nerfs les plus culent les informations nociceptives, telles que celles
actifs sont bloqués plus rapidement (les canaux sodiques relatives à la douleur dentaire.
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102 1 – Bases cellulaires
Encadré 4.5 FOCUS
Axone
+
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Temps zéro
Figure 4.15 – Conduction saltatoire.
La myéline contribue à une diffusion plus large + +
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4 – Potentiel d’action 103
Potentiels d’action,
axones et dendrites
Les potentiels d’action étudiés dans ce chapitre ne concernent que les axones.
En règle générale, la membrane des dendrites et du soma ne génère pas de poten- Neurone
pyramidal
tiel d’action lié au sodium car cette membrane contient peu de canaux sodiques
dépendants du potentiel. Seule la membrane qui contient cette protéine spé-
cifique est capable de générer des potentiels d’action et ce type de membrane
excitable se trouve généralement dans les axones. C’est pourquoi la partie du
neurone qui donne naissance à l’axone à partir du soma, le cône axonique, s’ap-
pelle aussi la zone d’initiation de l’influx nerveux. Dans les neurones du cerveau
ou de la moelle épinière, la dépolarisation des dendrites et du soma causée par
les afférences synaptiques issues d’autres neurones entraîne le déclenchement
de potentiels d’action si la dépolarisation de la membrane du cône axonique Zone d’initiation
dépasse le seuil (Fig. 4.16a). Dans la plupart des neurones sensoriels, toutefois, des influx nerveux :
la zone d’initiation des décharges se trouve près des terminaisons du nerf senso cone axonique
riel, là où la dépolarisation provoquée par la stimulation sensorielle entraîne le
déclenchement de potentiels d’action se propageant le long des nerfs sensoriels (a) Neurone
(Fig. 4.16b). sensoriel
Dans le chapitre 2, il a été mentionné que les axones et les dendrites pré-
sentent une morphologie différente. Ils ont aussi des fonctions différentes, qui
sont entre autres spécifiées au niveau moléculaire par la nature des protéines
existant dans la membrane. Les différents types de canaux ioniques et leur den-
sité dans la membrane expliquent aussi les propriétés électriques caractéristiques Zone d’initiation des influx nerveux :
terminaison nerveuse sensorielle
des différents types de neurones (Encadré 4.6). (b)
Zone membranaire à haute densité
de canaux sodiques dépendants
du potentiel
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104 1 – Bases cellulaires
Encadré 4.6 FOCUS
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4 – Potentiel d’action 105
QUESTIONS DE RÉVISION
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CHAPITRE 5 Transmission
synaptique
DIFFÉRENTS TYPES
DE SYNAPSES
Synapses électriques........................................................................... 109
Synapses chimiques............................................................................ 112
Encadré 5.2 les voies de la découverte Pour l’amour des épines
dendritiques,
par Kristen M. Harris
PRINCIPES
DE LA TRANSMISSION
SYNAPTIQUE CHIMIQUE
Neurotransmetteurs........................................................................... 118
Biosynthèse et stockage des neurotransmetteurs................................ 119
Libération des neurotransmetteurs..................................................... 120
Encadré 5.3 Bases théoriques Théorie du complexe « SNARE »
et libération des neurotransmetteurs
Récepteurs des neurotransmetteurs et leurs effecteurs........................ 123
Encadré 5.4 Bases théoriques Potentiels d’inversion
Recyclage et inactivation synaptique des neurotransmetteurs.............. 127
Neuropharmacologie.......................................................................... 128
Encadré 5.5 Focus Les bactéries, les araignées, les serpents et vous…
PRINCIPES DE L’INTÉGRATION
SYNAPTIQUE
Intégration des potentiels post-synaptiques d’excitation (PPSE)......... 130
Contribution des propriétés des dendrites à l’intégration synaptique... 131
Inhibition............................................................................................ 134
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CONCLUSION
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INTRODUCTION
L’
un des principaux enseignements des chapitres 3 et 4 a été de montrer
comment l’énergie mécanique — la blessure causée par une punaise —
était convertie en signal nerveux. D’abord, les canaux ioniques spé-
cialisés situés dans les terminaisons du nerf sensoriel laissent entrer des charges
positives dans l’axone puis, lorsque la dépolarisation ainsi induite atteint un
certain seuil, elle génère des potentiels d’action. Comme la membrane axonique
est excitable et contient des canaux sodiques sensibles au potentiel, les potentiels
d’action se propagent régulièrement sur toute la longueur des nerfs sensoriels,
sans perte d’amplitude pour maintenir toute la force de ce signal. Pour que cette
information soit intégrée par tout le système nerveux, il est nécessaire que le
signal soit transmis à d’autres neurones, par exemple les neurones moteurs qui
contrôlent la contraction musculaire, ou encore aux neurones du cerveau et de
la moelle épinière responsables d’une réponse réflexe coordonnée. À la fin du
xixe siècle, il a été établi que ce transfert de l’information d’un neurone à un
autre s’effectue à des sites de contact spécifiques et c’est en 1897 que le physio-
logiste anglais Charles Sherrington donna à ces sites le nom de synapses. Le
processus de transfert de l’information impliquant une synapse est de ce fait
dénommé transmission synaptique.
La controverse sur la nature physique de la transmission synaptique a duré
près d’un siècle. Considérant la rapidité de la transmission synaptique, une des
hypothèses attrayantes suggérait qu’elle pouvait être assimilée à du courant
électrique passant d’un neurone à l’autre. L’existence de ces synapses électriques
fut démontrée à la fin des années 1950 par Edwin Furshpan et David Potter,
deux physiologistes travaillant sur le système nerveux de l’écrevisse à l’Univer-
sity College à Londres et par Akira Watanabe qui travaillait sur les neurones
du homard au japon, au Tokyo Medical and Dental University. Il est admis
aujourd’hui que les synapses électriques sont communes, tant dans le système
nerveux des invertébrés que dans celui des vertébrés, incluant les mammifères.
Une autre hypothèse, datant aussi de la fin du xixe siècle, suggérait que
des messagers chimiques transmettent l’information d’un neurone à l’autre à
la synapse. En 1921, Otto Loewi, chef du Département de pharmacologie de
l’Université de Graz, en Autriche, conforta ce concept de synapse chimique en
montrant que la stimulation électrique des axones innervant le cœur de la gre-
nouille libérait une substance chimique et que cette substance pouvait mimer
les effets de la stimulation du neurone sur les battements du cœur (Encadré 5.1).
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Plus tard, Bernard Katz et ses collègues de l’University College à Londres, ont
démontré que la transmission synaptique rapide entre l’axone d’un neurone
moteur et un muscle squelettique était le résultat d’une médiation chimique. En
1951, au moyen d’un nouvel instrument, la microélectrode en verre, John Eccles
de l’Australian National University, a pu étudier la physiologie de la transmission
synaptique dans le système nerveux central (SNC) des mammifères. Ces expé-
riences révélaient que de nombreuses synapses du SNC utilisent également un
neurotransmetteur. Aujourd’hui nous savons que les synapses chimiques repré-
sentent le plus grand nombre des synapses du cerveau et au cours de ces dix
dernières années de véritables révolutions sont intervenues dans la connaissance
de la transmission synaptique, notamment grâce à de nouvelles méthodes utili-
sées dans l’étude de la structure et de la fonction des molécules concernées. Ces
…
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108 1 – Bases cellulaires
Encadré 5.1 FOCUS
important mais je ne pouvais pas déchiffrer le grif- différence du cœur, l’acétylcholine provoque l’excitation
fonnage. Ce dimanche fut le jour le plus triste de ma et la contraction du muscle.
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5 – Transmission synaptique 109
Synapses électriques
Les synapses électriques présentent une structure et un fonctionnement rela-
tivement simples, permettant au courant ionique de passer directement d’une
cellule à l’autre. Les synapses électriques sont situées en des régions particulières
des cellules, dites jonctions étroites ou gap junctions, en anglais. Les gap junctions
sont présentes entre cellules à peu près dans tout l’organisme et interconnectent
de nombreuses cellules, y compris non neuronales ; par exemple des cellules
épithéliales, des cellules de muscles lisses ou du muscle cardiaque, des cellules
hépatiques, des cellules sécrétrices ou encore des cellules gliales.
Lorsque ces gap junctions interconnectent deux neurones, elles peuvent fonc-
tionner comme des synapses électriques. À ces points de jonction, l’espace entre
les membranes pré et post-synaptiques est de l’ordre de 3 nm et de petites protéines
dénommées connexines forment les éléments moléculaires de ces connexions. Six
connexines se combinent pour former un canal, que l’on appelle un connexon, et
deux connexons (l’un de chaque cellule) se combinent pour mettre les canaux en
continuité (Fig. 5.1). C’est par ces jonctions étroites que les ions passent directe-
ment du cytoplasme d’une cellule au cytoplasme de l’autre. Le pore formé par les
connexons est parmi les plus importants. Avec un diamètre d’environ 1 à 2 nm,
il est assez gros pour que les ions les plus importants ainsi que de nombreuses
petites molécules organiques puissent passer au travers.
Cellule 1 Connexons
cytoplasme
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Gap
junction
3.5 nm 20 nm
Connexon
Cellule 2 Connexine
cytoplasme
Ions et molécules Canal formé par l’association
(b) de petite taille de pores présents dans (c)
chacune des membranes
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110 1 – Bases cellulaires
Cellule 1
Vm de la cellule 1
Potentiel
0 d’action
Dendrite Enregistrement
du potentiel
de membrane
Vm de la cellule 1 – 65
Enregistrement 0 1 2 3
du potentiel Temps (ms)
de membrane
Gap Vm de la cellule 2
junction – 63
Vm de la cellule 2
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– 64 PPS électrique
Dendrite
– 65
0 1 2 3
(a) (b) Cellule 2
Temps (ms)
Figure 5.2 – Synapses électriques.
(a) Microphotographie au microscope électronique d’une gap junction interconnectant deux den-
drites, ce qui constitue une synapse électrique (Source : Sloper et Powell, 1978). (b) Un potentiel
d’action généré dans un neurone provoque un léger courant ionique suivi d’un potentiel post-
synaptique (PPS) électrique dans un second neurone, par l’intermédiaire d’une gap junction.
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5 – Transmission synaptique 111
(a)
Avec gap junctions :
Potentiel d’action
Vm de la cellule 1
–0 Enregistrement
de Vm
Oscillations
de la cellule 1
1
– 65 Gap junction
Vm de la cellule 2
–0 2
– 65 Enregistrement
de Vm
de la cellule 2
(b)
Sans gap junctions :
Vm de la cellule 3
Enregistrement
–0 de Vm
de la cellule 3
3
Sans gap
– 65 junction
Vm de la cellule 4
4
–0
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– 65
Enregistrement
0 1 2 3 4 5 de Vm
de la cellule 4
Temps (s)
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112 1 – Bases cellulaires
Synapses chimiques
Dans le système nerveux de l’homme adulte, en règle générale, la transmis-
sion synaptique dans son écrasante majorité est de nature chimique ; c’est la
raison pour laquelle ces synapses font ici l’objet d’un examen tout particulier.
Les différents types de synapses chimiques présentent, de fait, un certain nombre
de caractéristiques communes (Fig. 5.4).
À la synapse, les membranes pré et post-synaptiques sont séparées par une
fente ou espace synaptique de 20-50 nm de large, ce qui représente 10 fois la
largeur de l’espace qui les sépare dans les gap junctions. L’espace synaptique est
rempli d’une matrice de protéines extracellulaires fibreuses, qui fait adhérer les
membranes pré et post-synaptiques. L’une des fonctions de cette matrice est de
maintenir associées les parties pré et post-synaptiques de la synapse. Le côté pré
synaptique de la synapse, l’élément présynaptique, est généralement représenté
par une terminaison axonique. De façon caractéristique, la terminaison contient
des douzaines de petites sphères délimitées par une membrane, de 50 nm de
diamètre environ, dénommées vésicules synaptiques (Fig. 5.5a). Ces vésicules
stockent les neurotransmetteurs, qui sont des agents de nature chimique per-
mettant la communication avec le neurone post-synaptique. De nombreuses
terminaisons axoniques contiennent aussi des vésicules de taille plus impor-
tante, d’environ 100 nm de diamètre, appelées granules de sécrétion. Ces gra-
nules contiennent une protéine soluble qui a un aspect compact au microscope
électronique, de sorte qu’ils sont quelquefois dénommés vésicules à cœur dense
(Fig. 5.5b).
Dans les membranes pré et post-synaptique se trouvent accumulées des pro-
téines formant des zones de différenciation membranaire. Du côté présynaptique
les protéines qui se trouvent à la face intracellulaire de la membrane, dans le
cytoplasme de la terminaison axonique, présentent une organisation qui res-
semble à un champ de petites pyramides. Les pyramides et la zone membra-
naire correspondante représentent les sites réels de la libération des neurotrans-
metteurs ou zones actives. Les vésicules synaptiques sont rassemblées dans le
cytoplasme adjacent aux zones actives (Fig. 5.4).
Terminaison axonique
(élément présynaptique)
Granules
de sécrétion
Mitochondries
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Récepteurs iq u e
Dendrite post-synapt
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5 – Transmission synaptique 113
Mitochondrie
Terminaison
présynaptique
Élément
post-synaptique Zone active
(a)
Vésicules
synaptiques
Vésicules
« à cœur dense »
(b)
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114 1 – Bases cellulaires
Soma
Dendrite
Axone
Axones
(a) (b)
Terminaisons
présynaptiques
Épine dendritique
post-synaptique
Figure 5.7 – Illustration de différentes formes
et de différentes tailles de synapses dans le
Éléments
système nerveux central. post-synaptiques
(c)
(a) Synapse axoépineuse : une fine terminai-
son axonique contacte une épine dendritique. Axone
Axone
Notez que la terminaison axonique peut être (d)
identifiée de façon caractéristique par la pré- Éléments
sence de nombreuses vésicules synaptiques présynaptiques
et l’élément post-synaptique par les épaissis
sements membranaires (densité post-synap-
tique). (b) La même branche axonique se divise
pour former deux terminaisons présynap-
tiques, l’une de plus grande taille que l’autre,
chacune contactant le soma de la cellule cible.
(c) Représentation d’une situation exception- (a)
nelle où une terminaison axonique de grande
taille englobe littéralement le soma de la cel-
lule sur laquelle elle s’articule. (d) La même
terminaison axonique contacte simultanément
Zones actives
5 éléments post-synaptiques différents. Notez
dans ce cas que les synapses les plus larges Axone
présentent plus de zones actives.
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5 – Transmission synaptique 115
Motoneurone
Fibres musculaires
Gaine de myéline
Axone
Jonction neuromusculaire
Vésicules
synaptiques
Zone active
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Espace synaptique
Récepteurs
Appareil
sous-neural
Fibre musculaire
Terminaisons axoniques Région des plaques motrices post-synaptique
(éléments présynaptiques) (éléments post-synaptiques)
Figure 5.9 – Jonction neuromusculaire.
A la jonction entre le nerf et le muscle, la membrane post-synaptique, encore dénommée
plaque motrice, est organisée en de nombreux replis formant un appareil sous-neural où
sont situés les très nombreux récepteurs de l’acétylcholine.
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116 1 – Bases cellulaires
La première fois que j’ai réalisé une importée de Norvège, alors qu’il partait
observation au microscope, ce fut pour y d’Harvard pour rejoindre la nouvelle école
voir une épine dendritique. C’était magni- de médecine de Rootstown dans l’Ohio. Je
fique pour une première observation, et cet fus complètement extasiée par les possibili-
amour pour les épines dendritiques ne m’a tés extraordinaires que m’apportait cette
plus quitté depuis. À l’époque, j’étais étu- nouvelle méthode utilisant les sections
diante en neurosciences à l’Université d’Illi- d’hippocampe. Et j’ai tenté de mettre au
nois et c’était dans ce domaine vraiment point une méthode de coloration utilisant
une période fantastique. Je me souviens du l’imprégnation argentique de ces coupes
congrès annuel de la Society for Neuroscience Kristen M. Harris fraîches pour terminer ma thèse de PhD
en 1979, rassemblant près de 5 000 partici- avec Teyler. Cette fois je ne commis pas la
pants (aujourd’hui, environ 25 000…), et même erreur, je préparai les coupes jusqu’à
du numéro de membre qui m’a été attribué à l’époque (et leur observation immédiate. Comme cela apparaît sur la
que j’ai toujours) : le numéro 2 500 ! figure A, visualiser les épines était un ravissement !
Mon projet était de découvrir comment se présen- Malencontreusement, la résolution du microscope
tait une épine dendritique issue d’un cerveau « qui avait optique ne permettait pas d’observer la forme et le
appris », en entraînant des animaux à apprendre, puis nombre de ces épines.
en utilisant la coloration de Golgi pour quantifier les Après ma thèse je me souviens d’avoir parlé de mon
changements potentiels d’épines dendritiques tant en parcours lors d’une école d’été réputée, qui s’est tenue
termes quantitatifs que sur le plan de leur forme. Avec au laboratoire de biologie marine de Woods Hole,
enthousiasme, j’ai préparé les cerveaux d’un grand Massachusetts. Au cours de cette session, j’ai été initiée
nombre de rats en réalisant des coupes histologiques de aux méthodes de reconstitution permettant une analyse
cerveaux entiers, en les traitant par imprégnation argen- tridimensionnelle à partir d’une observation au micros-
tique, puis en les stockant sous butanol. J’ai ensuite cope électronique (3DEM). J’ai été littéralement harpo-
engagé plusieurs étudiants pour monter ces coupes et nnée par cette méthode qui permettait de reconstruire le
les observer au microscope. À notre grand désespoir, détail des dendrites, des axones ou encore des cellules
plusieurs mois après cette étape préparatoire, nous gliales ; et pas seulement de compter et de mesurer les
avons constaté qu’il ne restait plus de dépôt argentique, épines dendritiques. Les observations permettaient aussi
entraînant la fin prématurée et inéluctable de ce si beau de voir comment se forment les synapses et comment les
projet. cellules gliales y contribuent (Fig. B). Objectivement la
C’est alors que j’ai eu la chance de rencontrer le plateforme 3DEM offrait des possibilités considérables.
Professeur Timothy Teyler alors que j’assistais à une Depuis ce temps, ma vie continue d’être centrée sur les
Gordon Research Conference. Il venait de développer processus à la base du développement et de la plasticité
aux États-Unis une méthode d’étude basée sur l’utilisa- des synapses en rapport avec l’apprentissage et la
tion de coupes d’hippocampes de rat in vitro, qu’il avait mémoire.
Terminaison
axonique
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Épine dendritique
Rat adulte Cellule
Dendrites gliale Vésicule
Densité
Soma post-synaptique
Épine
du neurone Dendrite dendritique
Axones Axone
Cellule gliale
Dendrites Épine
Mitochondrie
Coloration de Golgi (Harris, 1980) 1 micron
Figure A Figure B
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5 – Transmission synaptique 117
Plus tôt dans ma carrière, alors que la biologie molé- (plasticité au cours de la mémorisation, par exemple), ou
culaire révolutionnait notre approche du cerveau, je fus encore en rapport avec le développement de pathologies
l’une des rares personnes à poursuivre mes travaux utili- neurologiques ou psychiatriques touchant jusqu’à
sant la 3DEM. De fait, avec la possibilité d’accéder au l’essence même de ce qui fait l’homme.
niveau moléculaire, chacun s’est attaché à tenter de com-
Représentation tridimentionnelle (3DEM)
prendre comment ces molécules agissent au travers des d’une dendrite avec synapse (en rouge)
organites intracellulaires, y compris dans les dendrites et et ses organelles
les épines, et la 3DEM fut dès lors mise au service de la
description de l’organisation des synapses. Ces possibili-
tés de reconstruction 3D ont suscité l’intérêt de nom-
breux biologistes et neurobiologistes. L’automatisation
des quantifications y a beaucoup contribué. Par exemple,
la figure C illustre une observation récente utilisant des
colorations imagées de diverses organelles liées à la
transmission synaptique au cours du développement.
Les perspectives de ces travaux sont dès lors centrées sur
la compréhension des mécanismes du changement de la
structure des synapses dans les conditions fonctionnelles Figure C
Principes de la transmission
synaptique chimique
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118 1 – Bases cellulaires
Neurotransmetteurs
Depuis la découverte de la transmission synaptique chimique, la recherche
s’est attachée à identifier les neurotransmetteurs présents dans le cerveau. Il
semble que la plupart des neurotransmetteurs se rattachent à une des trois caté-
gories chimiques suivantes : (1) les acides aminés, (2) les amines, (3) les peptides
(Tab. 5.1). La figure 5.10 en montre quelques exemples. Les neurotransmetteurs
appartenant au groupe des acides aminés et des amines représentent tous de
petites molécules organiques, contenant au moins un atome d’azote ; ils sont
stockés dans et libérés par les vésicules synaptiques. Les neurotransmetteurs
peptidiques représentent des molécules de taille plus importante, qui sont stoc-
kées dans et libérées par les granules de sécrétion. Comme mentionné ci-dessus,
les granules de sécrétion et les vésicules synaptiques sont fréquemment obser-
vés dans les mêmes terminaisons axoniques. En conséquence, très souvent des
neuropeptides sont trouvés dans les mêmes terminaisons axoniques que celles
contenant des amines ou des acides aminés jouant le rôle de neurotransmetteur.
On verra plus loin que ces différents neurotransmetteurs, éventuellement pré-
sents dans les mêmes terminaisons nerveuses, sont libérés dans des conditions
différentes.
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5 – Transmission synaptique 119
HO
O CH3 OH
CH3 C O CH2 CH2 N+ CH3 HO CH CH2 NH2
CH3
(b) ACh NE
Carbone
Oxygène
Azote
Hydrogène
Arg Pro Lys Pro Gln Gln Phe Phe Gly Leu Met Sulfure
(c) Substance P
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120 1 – Bases cellulaires
Peptide Vésicules
précurseur Neuropeptide actif synaptiques
(propeptide) (neurotransmetteur)
Noyau 3 4
1 2
Granules
Ribosome de sécrétion
Appareil de Golgi
Reticulum
endoplasmique Molécule
rugueux précurseur
(a) 1 Enzyme
de biosynthèse
Molécule
de neurotransmetteur
Transporteur
2
vésiculaire
Vésicule
synaptique
(b)
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5 – Transmission synaptique 121
Présynaptique
Vésicules 4
1
synaptiques
humbles levures présentent des caractéristiques com- moment, lorsque le potentiel d’action entraîne une
munes aux synapses du système nerveux des mam- entrée massive de Ca2+ dans le cytosol. Cette exocytose
mifères. Des travaux récents montrent que les protéines n’est qu’un cas particulier d’un processus plus général
qui contrôlent les processus de sécrétion chez les levures qui relève des échanges membranaires. Les cellules pos-
et les synapses sont assez similaires. Apparemment, ces sèdent plusieurs types de membranes, incluant celles qui
protéines sont tellement importantes qu’elles ont été entourent la cellule elle-même mais aussi le noyau, le
conservées tout au long d’un milliard d’années d’évolu- reticulum endoplasmique, l’appareil de Golgi et diffé-
tion et qu’elles sont présentes dans toutes les cellules rents types de vésicules. Pour éviter le chaos, chacune de
eucaryotes. ces membranes doit être adressée à des sites spécifiques
L’enjeu de la signalisation synaptique rapide est de de la cellule et, en général, il est possible d’observer par
délivrer en temps voulu les vésicules synaptiques rem- endroit des processus de fusion entre ces différentes
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122 1 – Bases cellulaires
corps. Le cerveau présente par ailleurs toute une série de russes », avec un nom en cachant un autre, qui en cache un autre, qui
synaptotagmines dont l’une est spécialisée dans les pro- en cache un autre, etc.
cessus de transmission synaptique ultrarapide.
Il y a encore du chemin à faire avant que nous com-
prenions avec précision le rôle de chacune des protéines
impliquées dans la neurotransmission. Dans l’intervalle,
nous pouvons cependant compter encore sur les levures
pour nous donner du bon pain et du bon vin pour nous
aider à réfléchir…
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5 – Transmission synaptique 123
Figure 5.13 – Visualisation de la libération
des neurotransmetteurs par l’élément pré
synaptique, à partir de la région post-synap
tique.
(a) Cette microphotographie représente la sur-
face extracellulaire de la terminaison nerveuse,
Canaux
calciques au niveau de la zone active de la jonction neu-
(présumés) romusculaire de la grenouille. (b) Dans cette
vue, l’élément présynaptique a été stimulé de
façon à déclencher la libération du neurotrans-
metteur. Les pores représentent les régions de
fusion de la membrane des vésicules synap-
tiques avec la membrane de la terminaison
(a) nerveuse sous l’effet de l’exocytose, là où le
neurotransmetteur a été libéré. (Source : Heu-
ser et Reese, 1973.)
Pore de fusion
des vésicules
synaptiques
(exocytose)
(b)
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124 1 – Bases cellulaires
Potentiels d’inversion
Nous avons vu dans le chapitre 4 que lorsque les
À des valeurs positives
canaux sodiques sensibles au potentiel de la membrane du potentiel de membrane,
s’ouvrent durant le potentiel d’action, les ions Na+ l’ACh induit un courant sortant
pénètrent dans la cellule, entraînant la dépolarisation
rapide de la membrane vers le potentiel d’équilibre du
Extérieur
sodium, ENa, d’environ 40 mV. À l’inverse des canaux Courant
sensibles au potentiel, toutefois, de nombreux canaux membranaire
ioniques associés aux récepteurs des neurotransmet-
teurs sont perméables à plusieurs types d’ions. Par
exemple, les canaux associés aux récepteurs de l’ACh Potentiel
Tracé de la courbe
de membrane
des jonctions neuromusculaires, sont perméables aux I-V traduisant
ions Na+ et K+. l’action de l’ACh
à travers les canaux ioniques associés à l’ACh s’effectue- bilité relative de la membrane, poussent Vm à prendre
rait vers l’extérieur et le potentiel membranaire devien- une valeur supérieure au seuil du potentiel d’action, ont
drait moins positif. Il est possible d’établir la relation un effet excitateur. Généralement, les neurotransmet-
existant entre le courant ionique et le potentiel membra- teurs qui contrôlent l’ouverture d’un canal perméable
naire, comme le montre la figure A. Cette courbe s’ap- aux ions Na+ sont excitateurs. Les neurotransmetteurs
pelle un tracé I-V (I : courant ; V : voltage). La valeur du qui amènent Vm vers une valeur inférieure au seuil du
potentiel membranaire pour laquelle le flux du courant potentiel d’action ont un effet inhibiteur. Les neu-
s’inverse s’appelle le potentiel d’inversion. Dans ce cas, le rotransmetteurs qui contrôlent l’ouverture d’un canal
potentiel d’inversion serait de 0 mV. La détermination perméable aux ions Cl– sont inhibiteurs, comme le sont
expérimentale d’un potentiel d’inversion peut donc révé- les neurotransmetteurs qui ouvrent un canal sélective-
ler la perméabilité sélective de la membrane. ment perméable aux ions K+.
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5 – Transmission synaptique 125
Influx nerveux
Axone
Terminaison
(a) axonique
Dendrite
post-synaptique
Enregistrement
Molécules de neurotransmetteurs de Vm
Espace
synaptique
PPSE
Vm
Cytosol
– 65 mV
Récepteurs-canaux 0 2 4 6 8
(b) (c) Temps écoulé à partir du potentiel
d’action présynaptique (ms)
synaptique chimique rapide sont des acides aminés et des amines agissant sur
les canaux ioniques sensibles aux neurotransmetteurs. Cependant, les trois caté-
gories de neurotransmetteurs présentent aussi des effets post-synaptiques plus
lents, plus durables et beaucoup plus variés, impliquant des récepteurs couplés
aux protéines G. Ce type de transmission comporte trois phases :
1. les molécules de neurotransmetteur se fixent aux protéines du récepteur qui
se trouvent enchâssées dans la membrane post-synaptique ;
2. les protéines du récepteur activent de petites molécules protéiques, les pro
téines G, qui se déplacent librement sur la face intracellulaire de la membrane
post-synaptique ;
3. les protéines G activent les protéines représentant les « effecteurs » de la
réponse du récepteur.
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126 1 – Bases cellulaires
Influx nerveux
Axone
Terminaison
(a) axonique
Dendrite
post-synaptique
Enregistrement
Molécules de neurotransmetteur de Vm
PPSI
Vm
Cytosol
– 65 mV
Récepteurs-canaux 0 2 4 6 8
(b) (c) Temps écoulé à partir du potentiel
d’action présynaptique (ms)
Les protéines effectrices sont soit des canaux ioniques présents dans la
membrane et qui sont directement sensibles aux protéines G (Fig. 5.17a), soit
des enzymes assurant la synthèse de molécules particulières dénommées seconds
messagers qui diffusent plus loin dans le cytosol (Fig. 5.17b). Les seconds messa-
gers ont la possibilité d’activer d’autres enzymes du cytosol, qui peuvent réguler
le fonctionnement des canaux ioniques et modifier le métabolisme cellulaire. Les
récepteurs couplés aux protéines G jouant un rôle important dans le contrôle
du métabolisme, ils sont aussi désignés parfois sous le terme de récepteurs méta-
botropiques.
Le chapitre 6 étudie de façon détaillée les divers neurotransmetteurs, leurs
récepteurs et leurs effecteurs. Cependant, il faut savoir qu’un même neurotrans-
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metteur peut avoir des effets synaptiques divers, selon les récepteurs auxquels
il est associé. L’effet de l’ACh sur le cœur et sur les muscles du squelette est un
exemple de cette diversité. L’ACh ralentit le rythme des contractions du cœur
en provoquant une lente hyperpolarisation des cellules du muscle cardiaque.
Au contraire, dans les muscles squelettiques l’ACh induit la contraction en
provoquant une dépolarisation rapide des fibres musculaires. Cette différence
s’explique par la nature des récepteurs mis en jeu. Dans le cœur, le récepteur à
l’ACh est associé à un canal potassique par l’intermédiaire d’une protéine G
et les fibres du muscle cardiaque sont hyperpolarisées par l’ouverture du canal
potassique. Dans les muscles squelettiques, le récepteur est en revanche un canal
ionique sensible à l’ACh perméable au Na+ et les fibres musculaires sont dépo-
larisées par l’entrée de sodium résultant de l’ouverture de ce canal.
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5 – Transmission synaptique 127
Protéine G Protéine G
Seconds
messagers
(a) (b)
membranes des cellules gliales situées autour de la synapse, qui, de ce fait, contri-
buent également à l’élimination des neurotransmetteurs de l’espace synaptique4.
3. NdT : cette notion d’autorécepteur est dans certains cas élargie à la présence de récep-
teurs situés sur la partie somatodendritique du neurone, lorsque celui-ci est à même de
libérer le neurotransmetteur à ce niveau par un mécanisme somatodendritique ou qu’il
existe des collatérales de l’axone formant localement des synapses avec les dendrites du
même neurone. L’effet de la mise en jeu de ces récepteurs est également compris comme
exerçant un rétrocontrôle inhibiteur sur l’activité neuronale.
4. NdT : c’est notamment le cas pour les acides aminés excitateurs comme le glutamate,
qui est principalement éliminé de l’espace synaptique par l’action très efficace de diffé-
rents types de transporteurs situés sur les astrocytes associés à la synapse et/ou des trans-
porteurs neuronaux situés principalement dans la partie post-synaptique de la synapse.
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128 1 – Bases cellulaires
Neuropharmacologie
Tous les aspects de la transmission synaptique étudiés ci-dessus — la syn-
thèse des neurotransmetteurs, leur stockage dans les vésicules synaptiques, l’exo-
cytose, la fixation des neurotransmetteurs sur leurs récepteurs et l’inactivation
des neurotransmetteurs — sont d’ordre chimique. Il est donc possible d’agir sur
ces mécanismes au moyen d’agents pharmacologiques, de médicaments ou de
toxines spécifiques (Encadré 5.5). La neuropharmacologie est la discipline qui
étudie l’effet de ces drogues5. sur le système nerveux.
Nous avons mentionné précédemment que certains gaz toxiques peuvent
interférer avec la transmission synaptique en inhibant l’activité de l’AChE de
la jonction neuromusculaire. Cette interférence est un des effets des drogues,
consistant à inhiber le fonctionnement normal de protéines spécifiques impli-
quées dans la transmission synaptique ; ces drogues sont qualifiées d’inhibiteurs.
Les inhibiteurs des récepteurs de neurotransmetteurs, appelés antagonistes des
récepteurs, se fixent sur les récepteurs et bloquent le mécanisme normal d’action
du neurotransmetteur. Le curare, par exemple, un poison traditionnellement uti-
lisé par les Indiens d’Amérique du Sud au bout d’une flèche pour paralyser leur
proie, représente un antagoniste de récepteurs. Il se fixe fortement aux récepteurs
de l’ACh présents sur les cellules des muscles squelettiques et bloque les effets de
l’ACh, empêchant ainsi la contraction musculaire.
D’autres agents pharmacologiques se lient aux récepteurs mais, au lieu de les
inhiber, ils imitent les effets des neurotransmetteurs synthétisés naturellement.
Ce sont les agonistes des récepteurs. La nicotine, un dérivé du tabac, en est un
exemple. La nicotine, en se liant aux récepteurs de l’ACh du muscle, entraîne leur
activation. C’est pourquoi les canaux ioniques du muscle sensibles à l’ACh sont
également dénommés récepteurs cholinergiques nicotiniques, pour les distinguer
des autres types de récepteurs à l’ACh, tels que ceux du cœur qui ne sont pas
sensibles à la nicotine6 Il existe aussi des récepteurs cholinergiques nicotiniques
au niveau du SNC. Ce sont d’ailleurs ceux qui sont impliqués dans les effets de
l’addiction et de la dépendance au tabac.
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5. NdT : la notion de drogue est ici considérée au sens pharmacologique, c’est-à-dire d’un
agent pharmacologique actif et non au sens populaire qui associe la drogue à la toxico-
manie.
6. NdT : cette seconde catégorie de récepteurs cholinergiques est sensible à un autre
agent, la muscarine ; de ce fait, cette deuxième catégorie de récepteurs est dénommée
récepteurs cholinergiques muscariniques.
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5 – Transmission synaptique 129
Encadré 5.5 FOCUS
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130 1 – Bases cellulaires
Principes de l’intégration
synaptique
La plupart des neurones du SNC ont la capacité de recevoir plus ou moins
simultanément des milliers d’informations synaptiques, qui activent différentes
combinaisons de récepteurs-canaux et de récepteurs couplés aux protéines G.
Le neurone post-synaptique intègre tous ces signaux complexes et génère un
signal simple : le potentiel d’action. La transformation de nombreux signaux
synaptiques de nature chimique ou électrique en un seul type d’énergie est à la
base de l’intégration de l’information neuronale, le cerveau effectuant des mil-
liards d’opérations à chaque seconde. Pour comprendre ce phénomène, il faut
alors tenter de rendre compte de certains principes de base de l’intégration des
informations synaptiques. L’intégration synaptique est le processus par lequel
de multiples potentiels d’action afférant au neurone se combinent dans un seul
neurone post-synaptique.
Pas de courant
Sens du courant entrant
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5 – Transmission synaptique 131
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132 1 – Bases cellulaires
Sommation spatiale
Afférence présynatique
PPSE
PPSE
Vm Vm Vm
– 65 mV – 65 mV – 65 mV
d’arrosage percé. L’eau peut prendre deux directions : soit elle se dirige vers l’in-
térieur du tuyau et continue à s’écouler, soit elle sort par les trous. De la même
façon, le courant synaptique peut prendre deux directions : soit il se propage à
l’intérieur de la dendrite vers les régions somatiques du neurone, soit il passe au
travers de la membrane dendritique. À une certaine distance de la zone d’entrée
du courant, l’amplitude du PPSE devient nulle à cause de la dispersion du cou-
rant au travers de la membrane.
L’atténuation de la dépolarisation le long du câble dendritique en fonction
de la distance est représentée par le graphique de la figure 5.20. Pour simplifier
les mathématiques, on considérera ici que la dendrite est infiniment longue, sans
branchement, et de diamètre uniforme. Cette atténuation présente une allure
exponentielle avec l’accroissement de la distance. L’amplitude de la dépolarisa-
tion de la membrane à une distance donnée (Vx) peut être calculée par l’équation
suivante : Vx = Vo/ex/λ, dans laquelle Vo est la dépolarisation d’origine (juste au
niveau de la synapse), e (= 2,718…) est la base des logarithmes, x représente la
distance depuis la synapse, et λ est une constante qui dépend des propriétés de la
dendrite. Quand x = λ, alors Vx = Vo/e ; soit : Vλ = 0,37 (Vo). Cette distance λ,
marquant l’endroit où le taux de dépolarisation représente 37 % de la dépolari-
sation initiale, est dénommée constante de longueur dendritique (souvenez-vous
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que cette analyse est volontairement très simplifiée. Les dendrites n’ont pas de
longueur infinie, elles sont très branchées et ont tendance à s’effiler vers les extré-
mités, ce qui affecte la diffusion des courants et, par conséquent, l’efficacité des
potentiels synaptiques).
La constante de longueur est un index de la distance sur laquelle la dépola-
risation peut s’étendre le long d’une dendrite. Plus la constante de longueur est
grande, plus il est probable que les PPSE générés dans des synapses éloignées
dépolariseront la membrane du cône axonique. Dans notre dendrite idéale, élec-
triquement passive, la valeur de λ dépend de deux facteurs : (1) la résistance au
flux du courant longitudinal le long de la dendrite, appelée résistance interne
(ri), et (2) la résistance au flux du courant à travers la membrane, appelée la
résistance membranaire (rm). Le courant passera généralement par la voie où la
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5 – Transmission synaptique 133
Vm Vm
Injection
de courant
Enregistrement Enregistrement
de Vm de Vm
Vers
le corps
cellulaire Figure 5.20 – Atténuation passive de la dépo
Câble dendritique larisation avec la distance, le long d’une den
(a)
drite.
(a) Un courant est injecté dans une dendrite
Pourcentage de la dépolarisation
drites des motoneurones spinaux par exemple, sont très proches de la passivité.
Cependant, beaucoup d’autres dendrites neuronales ne sont pas du tout pas-
sives. Les dendrites de certains neurones contiennent un nombre important de
canaux sodiques, calciques et/ou potassiques sensibles au potentiel. Ces canaux
ioniques dendritiques ne sont toutefois pas suffisamment nombreux pour per-
mettre une véritable propagation des potentiels d’action comme dans les axones.
Cependant, les canaux dépendants du potentiel situés dans les dendrites jouent
le rôle d’amplificateurs de petits potentiels post-synaptiques générés beaucoup
plus loin sur les dendrites. Les PPSE, qui tendent à s’atténuer pour disparaître
dans une dendrite longue et passive, peuvent être assez importants pour déclen-
cher l’ouverture de canaux sodiques qui, à leur tour, vont générer un courant
permettant de renforcer le signal synaptique jusqu’au soma.
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134 1 – Bases cellulaires
Inhibition
Comme nous l’avons vu, la contribution d’un PPSE à la genèse d’un poten-
tiel d’action dépend de plusieurs facteurs, y compris le nombre de synapses
excitatrices coactives, la distance entre la synapse et la zone d’initiation des
potentiels d’action, ou encore les propriétés des membranes dendritiques. Dans
le cerveau, toutes les synapses ne sont cependant pas excitatrices. Le rôle de cer-
taines synapses consiste à éloigner le potentiel membranaire du seuil du potentiel
d’action ; c’est le rôle des synapses inhibitrices qui exercent un contrôle puissant
sur l’activité neuronale (Encadré 5.6).
Potentiels post-synaptiques d’inhibition (PPSI) et effets de shunt. Les
récepteurs post-synaptiques des synapses inhibitrices sont très semblables à ceux
des synapses excitatrices ; il s’agit dans ce cas aussi de récepteurs canaux. Les
seules différences importantes entre ces récepteurs concernent les neurotrans-
metteurs auxquels ils sont associés et le type d’ions qu’ils laissent passer. Les
récepteurs de la plupart des synapses inhibitrices ne sont perméables qu’à un seul
ion, l’ion Cl–. L’ouverture du canal chlore laisse passer les ions Cl– dans un sens
qui tend vers le potentiel d’équilibre du chlore, ECl, d’environ – 65 mV. De ce fait,
au moment où le neurotransmetteur est libéré, si le potentiel de la membrane est
supérieur à – 65 mV, l’activation de ces canaux produit un PPSI hyperpolarisant.
À l’inverse, si le potentiel de membrane est à ce moment de – 65 mV, l’activa-
tion du canal chlore ne produit aucun PPSI puisque la valeur du potentiel de
membrane est déjà équivalente à ECl (c’est-à-dire le potentiel d’inversion pour
cette synapse ; voir Encadré 5.4). Mais, si aucun PPSI n’apparaît, le neurone
est-il réellement inhibé ? Dans ce cas, on considère en effet que l’action du neu-
rone est réellement inhibée. La figure 5.21 illustre le cas suivant : une synapse
excitatrice est située sur la partie distale d’une dendrite et une synapse inhibitrice
sur une partie plus proximale, plus proche du soma. L’activation de la synapse
excitatrice entraîne un afflux de charges positives dans la dendrite. Ce courant
dépolarise la membrane et se déplace en direction du soma. Cependant, à l’en-
droit où la synapse inhibitrice est active, le potentiel de la membrane est presque
égal à ECl, c’est-à-dire à – 65 mV. Donc, à cet endroit précis le courant positif
passe à l’extérieur de la membrane et ramène Vm à – 65 mV. Cette synapse joue
le rôle d’une dérivation électrique associée à une chute de la résistance membra-
naire ; elle empêche le courant de se propager à travers le soma vers le cône
axonique. Ce type d’inhibition (shunting inhibition) se traduit par le déplacement
vers l’intérieur des ions chlore négatifs, ce qui est formellement équivalent à un
courant positif sortant. Cette inhibition est comparable à l’apparition d’un gros
trou dans le tuyau d’arrosage déjà percé : toute l’eau va s’écouler par cet endroit
de moindre résistance avant d’arriver au jet qui permet d’arroser.
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5 – Transmission synaptique 135
Encadré 5.6 FOCUS
et inhibitrices sur les neurones, au plan individuel. En plus de leur présence sur
les dendrites, sur beaucoup de neurones les synapses inhibitrices sont regroupées
sur le soma et près du cône axonique, occupant une position particulièrement
importante pour contrôler l’activité du neurone post-synaptique.
Neuromodulation
La plupart des mécanismes post-synaptiques mentionnés ci-dessus impliquent
des récepteurs qui sont eux-mêmes des canaux ioniques. Les synapses com-
portant des récepteurs-canaux véhiculent la majeure partie de l’information
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136 1 – Bases cellulaires
Dendrite
Soma
Cône axonique
Enregistrement de Vm Enregistrement de Vm
PPSE
Vm de la Vm du
dendrite soma
(a)
Dendrite
Soma
Cône axonique
Enregistrement de Vm Enregistrement de Vm
PPSE
Vm de la Vm du
dendrite soma
(b)
Figure 5.21 – Effets d’inhibition.
Le schéma représente un neurone recevant à la fois une afférence excitatrice et une afférence inhibitrice. (a) La stimulation de l’afférence excitatrice
entraîne un courant entrant qui diffuse vers le soma de la cellule où un PPSE peut être enregistré. (b) Lorsque les afférences excitatrice et inhibitrice
sont simultanément mises en jeu, le courant dépolarisant « fuit » au travers de la membrane avant d’atteindre le soma.
teur β de la noradrénaline.
La fixation du neurotransmetteur, la noradrénaline, sur le récepteur β
déclenche un processus biochimique à l’intérieur de la cellule. En bref, le récep-
teur β active une protéine G, qui, à son tour, active une protéine effectrice repré-
sentée dans ce cas par une enzyme intracellulaire dénommée adényl cyclase.
L’adényl cyclase catalyse la réaction chimique qui transforme l’adénosine tri-
phosphate (ATP), le produit du métabolisme oxydatif dans la mitochondrie,
en un composé appelé adénosine monophosphate cyclique ou AMPc, qui diffuse
librement dans le cytosol. Ainsi, le premier message chimique de la transmission
synaptique (la libération de noradrénaline dans l’espace synaptique) est converti
par le récepteur β en un second message (la production d’AMPc) ; l’AMPc est
un exemple de second messager.
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5 – Transmission synaptique 137
Récepteur β Canal
adrénergique NA potassique
Adényl
cyclase
1
2
5
3
Protéine
Protéine G kinase
L’AMPc stimule une autre enzyme, la protéine kinase. La protéine kinase est
le catalyseur d’une réaction chimique appelée phosphorylation, qui se traduit par
le transfert de groupements phosphates (PO3) de l’ATP jusqu’à des sites spé-
cifiques situés sur des protéines cellulaires particulières dénommées phospho-
protéines (Fig. 5.22). La phosphorylation peut modifier la conformation d’une
protéine et donc sa fonction.
Dans certains neurones, une des protéines phosphorylée par l’élévation des
taux d’AMPc est un type particulier de canal potassique de la membrane den-
dritique. La phosphorylation provoque la fermeture de ce canal, réduisant ainsi
la conductance au potassium de la membrane. En soi, cette action sur les canaux
potassiques ne provoque pas d’effet dramatique sur le neurone. Cependant, elle
a une conséquence plus importante : la diminution de la conductance potassique
augmente la résistance de la membrane dendritique et augmente donc la constante
de longueur. C’est comme si on réparait les trous du tuyau d’arrosage percé avec
du ruban adhésif : l’eau s’écoulera davantage par le tuyau et moins par les parois
du tuyau. En augmentant λ, les synapses excitatrices distales, d’action faible sur
la genèse du potentiel d’action, deviennent plus efficaces pour dépolariser la zone
d’initiation des potentiels d’action au-delà du seuil ; la cellule deviendra donc
plus excitable. Ainsi, la fixation de la noradrénaline aux récepteurs β modifie en
elle-même peu le potentiel membranaire mais elle accroît de façon significative
la réponse induite par un autre neurotransmetteur d’une synapse excitatrice. Ce
processus impliquant plusieurs intermédiaires, il prolonge l’activité synaptique
qui peut ainsi durer beaucoup plus longtemps que le très court moment de la
présence effective du transmetteur lui-même dans l’espace synaptique.
Nous avons décrit un récepteur particulier couplé aux protéines G et les
conséquences de son activation dans un type de neurone mais il faut savoir
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138 1 – Bases cellulaires
Conclusion
Ce chapitre a présenté les bases théoriques de la transmission synaptique
chimique. Le potentiel d’action, que la punaise a fait naître dans le nerf sensoriel
dans le chapitre 3, s’est propagé le long de l’axone dans le chapitre 4 et a mainte-
nant atteint la terminaison axonique dans la moelle épinière. La dépolarisation
de la terminaison a déclenché l’entrée d’ions Ca2+ à travers les canaux calciques
sensibles au potentiel, ce qui a par la suite stimulé l’exocytose du contenu des
vésicules synaptiques. Le neurotransmetteur libéré a diffusé à travers l’espace
synaptique et s’est fixé à des récepteurs spécifiques situés dans la membrane
post-synaptique. Le neurotransmetteur (probablement du glutamate) a provo-
qué l’ouverture des canaux ioniques, permettant ainsi la genèse d’un courant
positif dans la dendrite post-synaptique. Puisque le nerf sensoriel a initié des
potentiels d’action à fréquence élevée et que plusieurs synapses ont été activées
en même temps, les PPSE se sont additionnés pour amener la zone d’initiation
de la décharge du neurone post-synaptique au seuil de dépolarisation et cette
cellule a généré des potentiels d’action. Si la cellule était un neurone moteur, ce
mécanisme d’action aurait entraîné la libération d’ACh à la jonction neuromus-
culaire et la contraction du muscle. Si la cellule post-synaptique était un inter-
neurone utilisant le GABA comme neurotransmetteur, son action consisterait à
inhiber ses cibles synaptiques. Si cette cellule utilisait enfin un neurotransmet-
teur impliqué dans la neuromodulation comme la noradrénaline, elle provoque-
rait des modifications durables de l’excitabilité ou du métabolisme de ses cibles
synaptiques. C’est la grande variété des interactions synaptiques chimiques qui
explique la diversité et la complexité des comportements (tel qu’esquisser un
mouvement de retrait d’un membre à la suite d’une douleur), en réponse à des
stimuli simples (comme marcher accidentellement sur une punaise).
Il est aussi nécessaire de s’intéresser à la chimie de la transmission synap-
tique de façon plus détaillée. Le chapitre 6 est consacré à l’étude particulière
des divers systèmes de neurotransmetteurs. Enfin, après avoir examiné les sys-
tèmes moteur et sensoriel dans la 3e partie, nous étudierons la contribution des
divers neurotransmetteurs au fonctionnement du système nerveux et cherche-
rons à élucider leur rôle dans le comportement. Il est ainsi tout à fait justifié de
porter autant d’attention à la transmission synaptique car, comme nous l’avons
déjà mentionné, les défauts de la communication intercellulaire sont à l’origine
de nombreux troubles neurologiques et psychiatriques. De plus, virtuellement,
toutes les molécules psychoactives, qu’elles soient d’un intérêt thérapeutique ou
illicite, exercent leur effet par ces synapses.
Les connaissances acquises dans le domaine de la transmission synaptique,
ajoutées aux données sur le traitement de l’information nerveuse et sur les effets
des drogues, donnent une clé supplémentaire pour comprendre les bases cel-
lulaires de la mémorisation et de l’apprentissage : la mémoire des expériences
passées paraît se construire grâce aux variations de l’activité des synapses
chimiques dans le cerveau. Plusieurs possibilités sont envisagées dans ce cha-
pitre pour modifier l’activité synaptique, depuis les variations survenant dans
l’entrée de Ca2+ dans l’élément présynaptique et la libération des neurotransmet-
teurs, jusqu’aux changements intervenant aux récepteurs post-synaptiques ou de
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5 – Transmission synaptique 139
QUESTIONS DE RÉVISION
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CHAPITRE 6 Neurotransmetteurs :
organisation
anatomobiochimique
du système nerveux
ÉTUDE
DES NEUROTRANSMETTEURS
Localisation des neurotransmetteurs et de leurs enzymes de synthèse. 142
Mesure de la libération des neurotransmetteurs.................................. 145
Approche de l’effet synaptique des neurotransmetteurs...................... 145
Étude des récepteurs.......................................................................... 146
Encadré 6.1 Les voies de la découverte À la recherche des récepteurs
des opiacés,
par Solomon H. Snyder
ORGANISATION
ANATOMOBIOCHIMIQUE
DU SYSTÈME NERVEUX
Neurones cholinergiques..................................................................... 151
Encadré 6.2 Bases théoriques « Pomper » les ions
et les neurotransmetteurs
Neurones catécholaminergiques.......................................................... 154
Neurones sérotoninergiques............................................................... 155
Systèmes neuronaux utilisant les acides aminés comme neuro
transmetteurs..................................................................................... 156
Autres neurotransmetteurs et messagers intercellulaires putatifs........ 157
Encadré 6.3 Focus Les endocannabinoïdes de votre cerveau
RÉCEPTEURS-CANAUX
Structure des récepteurs-canaux......................................................... 161
Récepteurs-canaux des acides aminés................................................. 162
Encadré 6.4 Focus Ces poisons si excitants :
beaucoup trop de si bonnes choses…
RÉCEPTEURS COUPLÉS
AUX PROTÉINES G
Structure des récepteurs couplés aux protéines G............................... 167
Caractère ubiquitaire des protéines G................................................. 167
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CONCLUSION
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INTRODUCTION
L
e fonctionnement du cerveau humain est basé sur une organisation
méthodique d’innombrables réactions chimiques. De l’ensemble de ces
réactions chimiques, celles qui sont associées à la transmission synap-
tique comptent parmi les plus importantes. Le chapitre 5 a présenté les prin-
cipes généraux de la transmission synaptique chimique, avec des exemples liés
à quelques neurotransmetteurs spécifiques. Ce chapitre explore plus en détail la
variété et le raffinement des grands systèmes neuronaux, tels qu’ils peuvent être
identifiés par leur neurotransmetteur.
Ces systèmes neuronaux se trouvent caractérisés par le fait qu’ils rassemblent
des populations de neurones utilisant un même neurotransmetteur. Les trois
groupes principaux de neurotransmetteurs : les acides aminés, les amines et les
neuropeptides ont déjà été mentionnés dans le chapitre précédent. La liste par-
tielle des neurotransmetteurs connus, comme celle présentée dans le tableau 5.1,
dénombre déjà près de 20 molécules différentes. Chacune d’entre elles définit
un système neuronal particulier. En plus de la présence de la molécule de neu-
rotransmetteur elle-même, ces systèmes neuronaux présentent tous des méca-
nismes moléculaires spécifiques, responsables de la synthèse du neurotransmet-
teur qu’ils expriment, de son stockage dans les vésicules, de son élimination
synaptique et de sa dégradation, et de son action post-synaptique (Fig. 6.1).
La première molécule identifiée comme neurotransmetteur, par Otto Loewi
dans les années vingt, est l’acétylcholine ou ACh (voir Encadré 5.1). Le pharma-
cologue britannique Henry Dale introduisit le terme cholinergique pour qualifier
les cellules qui produisent et libèrent l’ACh (Dale partagea le prix Nobel avec
Loewi en 1936 pour ses travaux sur la neuropharmacologie de la transmission
synaptique). Dale inventa aussi le terme de noradrénergique pour les neurones
associés à l’action de la noradrénaline (NA). Par convention, le suffixe -ergique
est ainsi également utilisé pour les autres neurotransmetteurs identifiés. Il est
donc fait état de synapses glutamatergiques pour les synapses associées au glu-
tamate, de synapses GABAergiques pour celles qui impliquent le GABA, de
synapses peptidergiques pour celles qui utilisent les neuropeptides comme neu-
rotransmetteur, etc. Ces adjectifs désignent aussi plus généralement les divers
systèmes neuronaux utilisant ces neurotransmetteurs. Par exemple, l’ACh et tous
les neurones et mécanismes qui lui sont associés, représentent, collectivement, le
système cholinergique.
Avec cette terminologie, ce chapitre commence l’exploration des systèmes
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142 1 – Bases cellulaires
Terminaison
axonique présynaptique
Enzymes de synthèse
des neurotransmetteurs
Transporteurs vésiculaires
Transporteurs neuronaux
Enzymes de dégradation
Récepteurs-canaux
Protéines G
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 143
Coupe
de tissu
nerveux
Figure 6.2 – Immunocytochimie.
Cette méthode utilise des anticorps marqués pour localiser les molécules à l’intérieur des cellules. (a) La molécule étudiée (un candidat neurotransmet-
teur, par exemple) est injectée à un animal, induisant une réponse immunitaire et la production d’anticorps. (b) Le prélèvement sanguin permet ensuite
d’isoler les anticorps du sérum. (c) Les anticorps, marqués par une molécule permettant de les visualiser, sont appliqués sur des coupes de cerveau.
L’anticorps marqué permet de repérer les cellules contenant l’antigène, c’est-à-dire le neurotransmetteur putatif. (d) Agrandissement d’un complexe
formé par le neurotransmetteur « candidat », l’anticorps et le marqueur permettant de le visualiser.
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144 1 – Bases cellulaires
Figure 6.3 – Localisation immunocytochimique
d’un neurotransmetteur peptidique.
(a) Neurone du cortex cérébral marqué par
un anticorps dirigé contre un neuropep-
tide (Source : courtoisie du Dr Y. Amitai et
S. L. Patrick.) (b) Identification de trois diffé-
rents types de neurones sur une coupe histolo-
gique de cortex cérébral utilisant des anticorps
spécifiques dirigés contre trois neurotrans-
metteurs, chacun marqué par une sonde
fluorescente différente (vert, rouge et bleu).
(Source : courtoisie du Dr S. J. Cruikshank et
S. L. Patrick.)
La photographie en (a) a été prise avec un
grandissement plus important qu’à la photo-
graphie en (b). (a) (b)
Mais, étant donné que la radioactivité n’est pas visible, pour détecter les sondes
hybridées les coupes de cerveau sont recouvertes d’une mince couche d’un
Figure 6.4 – Hybridation in situ. film spécial sensible à la radioactivité. Après exposition, le film est développé
Les ARNm représentent des séquences de comme une photographie et donne des images négatives des cellules radioactives
nucléotides, chacun de ces nucléotides pou- (Fig. 6.5). Il est aussi possible d’utiliser des analyseurs d’images couplés à la
vant s’associer avec un nucléotide complé- détection de la radioactivité pour localiser précisément les marquages. Cette
mentaire. Dans l’hybridation in situ, une sonde technique permettant de visualiser la distribution de la radioactivité est dénom-
synthétique marquée est fabriquée, contenant
mée radio-autographie. Depuis quelques années, toutefois, les méthodes de
une séquence oligonucléotidique complé-
mentaire de l’ARNm à étudier. L’hybridation
radiomarquage ont de plus en plus laissé la place à d’autres techniques utilisant
de cette sonde marquée avec l’ARNm permet des marqueurs fluorescents. Dans ce cas l’utilisation d’un microscope à fluores-
de le repérer sur des coupes histologiques de cence ou confocal permet l’observation directe. Cette méthode est connue sous
cerveau. le terme de FISH pour fluorescent in situ hybridization.
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 145
selon lequel un candidat neurotransmetteur doit être libéré dans le SNC par la
terminaison axonique présynaptique après stimulation du neurone, est le plus
difficile à satisfaire sans erreur.
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146 1 – Bases cellulaires
teurs de l’ACh. Ces agonistes ont donné leur nom à ces sous-types de récep-
teurs : les récepteurs nicotiniques cholinergiques dans le muscle squelettique et les
récepteurs muscariniques cholinergiques dans le cœur. Il est notable que les deux
sous-types de récepteurs, nicotiniques et muscariniques, existent dans le cerveau
et que quelques neurones présentent les deux types de récepteurs à la fois.
Il existe aussi des antagonistes sélectifs, qui agissent sur ces deux sous-types
de récepteurs cholinergiques. La flèche empoisonnée au curare des Indiens
d’Amérique du Sud bloque les effets de l’ACh sur les récepteurs nicotiniques
(provoquant ainsi la paralysie) et l’atropine, tirée de la belladonne, représente
un antagoniste des effets de l’ACh sur les récepteurs muscariniques (Fig. 6.7) ;
(l’atropine entre dans la composition des gouttes utilisées par les ophtalmolo-
gistes pour dilater les pupilles).
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 147
Neurotransmetteur : ACh
+ + +
Antagoniste : Curare Atropine
– +
–
Figure 6.7 – Neuropharmacologie de la trans-
mission cholinergique.
Récepteur Récepteur Représentation schématique des sites de
Récepteurs : nicotinique muscarinique
liaison de l’acétylcholine (ACh), des agonistes
cholinergiques, qui reproduisent l’effet de
l’ACh, et des antagonistes, qui bloquent les
effets de l’ACh et des agonistes cholinergiques.
Neurotransmetteur : Glutamate
Divers agents pharmacologiques ont aussi été utilisés pour distinguer les
sous-types de récepteurs associés au glutamate. Trois sous-types de ces récepteurs
peuvent être cités : les récepteurs AMPA, les récepteurs NMDA et les récepteurs
kainate, d’après le nom des agonistes chimiques différents pour chacun d’eux
(AMPA pour α-amino-3-hydroxy-5-méthyl-4-isoxazole propionate et NMDA
pour N-méthyl-D-aspartate). Les trois sous-types de récepteurs sont activés
par le glutamate mais l’AMPA agit seulement sur les récepteurs ainsi reconnus
comme AMPA, le NMDA seulement sur les récepteurs NMDA, etc. (Fig. 6.8).
Des analyses pharmacologiques similaires ont permis de distinguer les
récepteurs adrénergiques en deux sous-types, α et β et les récepteurs GABA en
GABAA et GABAB. Le même schéma s’applique à tous les systèmes de neu-
rotransmetteurs et certaines drogues se sont montrées très utiles pour établir des
sous-classes de récepteurs (Tab. 6.1). De plus, l’analyse pharmacologique consti-
tue un outil inestimable pour évaluer la contribution de ces différents systèmes
de neurotransmetteurs aux fonctions du cerveau.
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148 1 – Bases cellulaires
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 149
Pour identifier le signal correspondant à la fixation spéci- Hugues et Hans Kosterlitz à Aberdeen, en Écosse, ont
fique de l’insuline dans le « bruit » des interactions non été les premiers à réussir. Ils ont purifié et obtenu la struc-
spécifiques, Pedro avait eu l’idée de développer un test de ture chimique des premières « endorphines », qu’ils ont
filtration tout simple. Comme l’insuline devait avoir la dénommé « enképhalines ». Dans notre laboratoire, Rabi
capacité de se lier plus fortement à ces sites spécifiques Simantov et moi-même avons obtenu la structure de ces
qu’aux sites de liaison non spécifiques, il avait incubé des enképhalines très rapidement après le succès des Écossais.
membranes de cellules hépatiques avec de l’insuline De ces premières expériences sur l’identification des
radioactive. Il versait le mélange sur des filtres en procé- récepteurs aux opiacés jusqu’à la caractérisation des enké-
dant à une filtration sous vide, de façon à accélérer l’élimi- phalines, seulement trois années se sont écoulées mais cette
nation du milieu d’incubation et à ne conserver sur le filtre période a radicalement changé notre regard sur la façon
que les membranes ayant fixé l’insuline. Après rinçage dont les drogues agissent sur le cerveau.
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150 1 – Bases cellulaires
ces chiffres permettent d’effectuer des calculs intéressants : s’il faut cinq sous-
unités pour former un récepteur GABAA fonctionnel et s’il existe un choix de
15 sous-unités, il y a donc 151 887 combinaisons de sous-unités possibles. Ceci
signifie qu’il y a potentiellement 151 887 récepteurs GABAA différents !
Il faut cependant savoir que la plupart des combinaisons de sous-unités
possibles ne sont jamais élaborées par les neurones et que, si cela était, elles ne
pourraient pas fonctionner correctement. Il est clair qu’une classification des
récepteurs comme celle du tableau 6.1, bien qu’utile, sous-estime considérable-
ment la diversité des sous-types de récepteurs présents dans le cerveau.
Organisation
anatomobiochimique
du système nerveux
Les neurotransmetteurs considérés aujourd’hui comme les plus importants
sont les acides aminés, les amines et les peptides. L’évolution est conservatrice et
opportuniste, et elle utilise souvent des choses banales et familières pour de nou-
veaux usages. Il semble que ce fait s’applique aussi à l’évolution des neurotrans-
metteurs. Ils sont en grande partie comparables aux substances chimiques qui
participent aux fondements de la vie, ces substances mêmes que les cellules de
toutes les espèces utilisent dans leur métabolisme, depuis les bactéries jusqu’aux
girafes. Les acides aminés, qui représentent les éléments de base de la structure
des protéines, sont nécessaires à la vie. La plus grande partie des molécules de
neurotransmetteurs connues à ce jour sont (1) soit des acides aminés, (2) soit
des amines dérivées des acides aminés, (3) soit encore des peptides formés à
partir des acides aminés. L’ACh est une exception : c’est un dérivé de l’acétyl
Co-enzyme A (acétyl CoA), un produit de la respiration cellulaire omniprésent
dans les mitochondries, et de la choline, qui joue un rôle important dans le méta-
bolisme lipidique du corps tout entier.
Les acides aminés et les amines neurotransmetteurs sont respectivement stoc-
kés dans et libérés par, des ensembles de neurones distincts. Selon la règle établie
par Henry Dale, connue comme le principe de Dale, les neurones sont classés en
populations, en fonction du neurotransmetteur qu’ils utilisent (cholinergique,
glutamatergique, GABAergique, etc.). Le principe de Dale énonce qu’un neurone
a une identité unique par rapport à un neurotransmetteur donné. Strictement
parlant, cependant, de nombreux neurones utilisant les peptides comme neu-
rotransmetteur ne respectent pas le principe de Dale car ils contiennent plus
d’un neurotransmetteur : un acide aminé ou une amine, et un neuropeptide.
Lorsque deux ou plus neurotransmetteurs sont libérés par une même termi-
naison nerveuse, ils sont dénommés cotransmetteurs1. De fait, au cours de ces
dernières années de nombreux neurones utilisant des cotransmetteurs ont été
identifiés, incluant ceux qui sécrètent deux neurotransmetteurs de petite taille
(comme le GABA et la glycine, par exemple). Toutefois, de nombreux neurones
ne paraissent libérer qu’un seul acide aminé et une seule amine jouant le rôle de
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1. NdT : il est intéressant de souligner que les associations de neurotransmetteurs dans
les mêmes neurones paraissent respecter certaines règles, faisant que les coneurotransmet-
teurs les plus fréquemment associés avec d’autres sont incontestablement les neuropep-
tides, présents dans de très nombreux cas soit avec le GABA, soit avec des amines ou
encore avec d’autres neuropeptides (association peptide-peptide). En revanche, certaines
associations paraissent moins probables, comme celle des acides aminés avec les amines
dont les exemples sont très rares, même si des données récentes soulignent que des neu-
rones dopaminergiques pourraient libérer aussi du glutamate.
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 151
Neurones cholinergiques
L’acétylcholine (ACh) est le neurotransmetteur de la jonction neuromuscu-
laire des vertébrés. Il est synthétisé par tous les neurones moteurs de la moelle
épinière. Les autres cellules cholinergiques contribuent aux fonctions de circuits
spécifiques, dans le système nerveux périphérique et dans le SNC, comme cela
sera évoqué dans le chapitre 15.
La synthèse de l’ACh nécessite la présence d’une enzyme spécifique, la cho-
line acétyltransférase (ChAT) (Fig. 6.10). Comme toutes les protéines présynap-
tiques, la ChAT est élaborée dans le soma, puis transportée jusqu’aux terminai-
sons axoniques par le transport axoplasmique. La ChAT ne se trouve que dans les
neurones cholinergiques et cette enzyme est donc un bon marqueur des cellules
utilisant l’ACh comme neurotransmetteur. L’immunocytochimie utilisant des
anticorps dirigés contre la ChAT peut être un bon moyen d’identifier les neu-
rones cholinergiques. La ChAT synthétise l’ACh dans le cytosol de la terminaison
axonique, puis le neurotransmetteur est concentré dans les vésicules synaptiques
grâce à l’action d’un transporteur d’ACh vésiculaire spécifique (Encadré 6.2).
La ChAT transfère le groupement acétyl de l’acétyl CoA à la choline
(Fig. 6.11a). La choline existe en faible concentration (micromolaire) dans le
milieu extracellulaire et elle est captée par les terminaisons axoniques grâce à un
transporteur membranaire spécifique impliquant un cotransport avec des ions
Na+ (voir Encadré 6.2). Étant donné que la quantité de choline disponible limite
la quantité d’ACh qui peut être synthétisée dans la terminaison axonique, le
transport de choline dans le neurone constitue une étape limitante de la synthèse
de l’ACh. Dans certaines pathologies comportant un déficit de la transmission
synaptique cholinergique, il est parfois prescrit un régime particulier à base de
choline, pour tenter de rétablir les niveaux d’ACh dans le cerveau.
Les neurones cholinergiques produisent aussi eux-mêmes l’enzyme de dégra-
dation de l’ACh, l’acétylcholinestérase (AChE). Cette enzyme est sécrétée dans
l’espace synaptique et se fixe sur les membranes de la terminaison axonique.
Cependant, l’AChE est aussi produite par quelques neurones non choliner-
giques ; elle ne constitue donc pas un marqueur aussi fiable des synapses choli-
nergiques que la ChAT.
Terminaison nerveuse
présynaptique
Transporteur
de choline
Transporteur
d’ACh ChAT Choline
ACh +
Acetyl CoA
Ach
ACh
Vésicule
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Choline
AChE
ACh +
Acide acétique
Récepteurs de l’ACh
Élément post-synaptique
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152 1 – Bases cellulaires
Figure A
Terminaison Transporteur Transporteur Terminaison
nerveuse neuronal neuronal de nerveuse
GABAergique du GABA glutamate 1 glutama-
tergique
Transporteur
2 Glu Transporteur
vésiculaire
GABA 2 vésiculaire
du GABA
de glutamate
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GABA Glu
H+ H+
Membrane post-synaptique
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 153
la base d’un mécanisme de cotransport, dans le cas du médicaments vont agir sur l’action synaptique du neu-
GABA transportant 2 ions Na+ pour une molécule de rotransmetteur, qui pourra par exemple être ainsi pro-
neurotransmetteur. Au contraire, les transporteurs vési- longée. Dans le cas de la sérotonine, de la noradrénaline
culaires utilisent un contre-transport (antiport), qui ou de la dopamine, ceci se traduit par des effets sur
extrait une molécule de neurotransmetteur du cytosol l’humeur et le comportement. Mais l’étude des transpor-
pour la transférer dans la vésicule synaptique pour un teurs révèle aussi que certains dysfonctionnements des
ion H+ extrait de la vésicule. De fait, les membranes transporteurs pourraient rendre compte de troubles de
vésiculaires comportent des pompes à protons qui main- l’humeur ou des comportements, dans certains cas. Les
tiennent leur contenu à un pH très acide. médicaments les plus connus agissant selon ce principe
Quelle est alors la relation entre ces transporteurs et sont représentés par certains antidépresseurs, comme
les maladies ? De nombreuses drogues psychoactives, nous le verrons dans les chapitres 15 et 22. Toutefois,
telles que les amphétamines ou la cocaïne, sont des les relations entre neurotransmetteurs, médicaments,
bloqueurs puissants de certains de ces transports. En troubles de l’humeur et du comportement sont très com-
agissant sur ces transports pour les modifier, certains plexes et restent encore difficiles à établir avec précision.
O
O
CH3C
+ +
CoA HOCH2CH2 N(CH3)3 CH3C OCH2CH2 N(CH3)3 + CoA
Choline
Acétyl CoA + Choline acétyltransférase ACh
(ChAT)
(a)
O O
+ +
CH3C OCH2CH2 N(CH3)3 CH3C OH HOCH2CH2 N(CH3)3
Acétylcholinestérase
ACh Acide acétique + Choline
(b)
2. NdT : l’inhibition de l’AChE ne présente pas que des effets délétères. Chez les patients
souffrant de maladie d’Alzheimer, une démence très fréquente dont le premier facteur de
risque est l’âge, la déficience de la transmission cholinergique dans le SNC est rendue
responsable des troubles cognitifs et comportementaux dans les stades débutants et les
formes modérées de la maladie. L’utilisation de médicaments, développés dans les
années 1990 comme inhibiteurs de l’AChE, a alors pour effet de ralentir la dégradation
de l’ACh libérée et, partant, de contribuer à potentialiser la transmission cholinergique
centrale, avec des résultats satisfaisants.
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154 1 – Bases cellulaires
HO Neurones catécholaminergiques
HO La tyrosine, un des acides aminés, est le précurseur de trois neurotransmet-
teurs aminergiques différents possédant en commun une structure chimique
(a) Noyau catéchol appelée noyau catéchol (Fig. 6.12a). Ces neurotransmetteurs sont collectivement
dénommés catécholamines. Ce sont la dopamine (DA), la noradrénaline (NA), et
l’adrénaline (Fig. 6.12b). Les neurones catécholaminergiques se trouvent situés
HO dans les régions du système nerveux impliquées dans la régulation du mouve-
ment, de l’humeur, de l’attention, et des fonctions végétatives, entre autres (voir
HO CH2CH2NH2
chapitre 15).
Tous les neurones catécholaminergiques contiennent la tyrosine hydroxy-
Dopamine (DA)
lase (TH), l’enzyme catalysant la première réaction de la biosynthèse des caté-
HO cholamines : la transformation de la tyrosine en un composé appelé DOPA
(L-dihydroxyphénylalanine) (Fig. 6.13a). L’activité de la TH est dite « limitante »
HO CHCH2NH2 de la biosynthèse des catécholamines. L’activité de l’enzyme est régulée par des
OH signaux variés survenant dans le cytoplasme de la terminaison axonique. Par
Noradrénaline (NA) exemple, une réduction de la libération des catécholamines par la terminaison
axonique entraîne une augmentation réactionnelle de la concentration des caté-
HO cholamines dans le cytosol, ce qui a pour effet d’inhiber l’activité de la TH. Ce
type de régulation est connu sous le nom d’inhibition par le produit de la réaction
HO CHCH2NHCH3 (end-product inhibition, en anglais). Par ailleurs, à l’inverse, lorsque les catécho-
lamines sont libérées dans l’espace synaptique à des taux élevés, l’augmentation
OH
Adrénaline
de [Ca2+]i qui accompagne la libération des neurotransmetteurs accroît l’activité
de la TH ; ainsi la production du neurotransmetteur est ajustée à la demande.
(b) Catécholamines
De plus, des périodes de stimulation prolongée des neurones catécholaminer-
Figure 6.12 – (a) Noyau catéchol et (b) caté- giques sont effectivement suivies d’une synthèse accrue des ARNm codant pour
cholamines. l’enzyme.
COOH
Tyrosine HO CH2CHNH2
Tyrosine
hydroxylase
(TH)
HO COOH
L-Dihydroxy-
(a) phénylalanine HO CH2CNH2
(DOPA)
DOPA
décarboxylase
HO
(b) Dopamine
(DA) HO CH2CH2NH2
Dopamine
β-hydroxylase
(DBH)
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HO
Noradrénaline
(c)
(NA) HO CHCH2NH2
OH
Phentolamine
N-méthyltransférase
(PNMT)
HO
(d) Adrénaline
HO CHCH2NHCH3
Figure 6.13 – Biosynthèse des catéchola-
OH
mines à partir de la tyrosine.
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 155
Neurones sérotoninergiques
La sérotonine est une monoamine appelée aussi 5-hydroxytryptamine ; en
abrégé : 5-HT. Elle est dérivée d’un acide aminé, le tryptophane. Il se trouve rela-
tivement peu de neurones sérotoninergiques dans le cerveau mais, comme cela
sera abordé dans la 3e partie de ce manuel, il semble qu’ils jouent un rôle tout à
fait déterminant dans les systèmes cérébraux qui régulent l’humeur, l’émotivité
ou encore le sommeil.
La synthèse de la sérotonine s’effectue en deux étapes, comme celle de la
dopamine (Fig. 6.14). Le tryptophane est d’abord transformé en un intermé-
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156 1 – Bases cellulaires
COOH
Tryptophane CH2CHNH2
N
Tryptophane
hydroxylase
COOH
5-hydroxytryptophane
(5-HTP) HO CH2CHNH2
N
5-HTP
décarboxylase
5-hydroxytryptamine HO CH2CH2NH2
(sérotonine, 5-HT)
N
Glutamate NH3CHCH2CH2COOH Le GABA ne faisant pas partie des 20 acides aminés qui entrent dans la
synthèse des protéines, il est synthétisé seulement par les neurones qui l’utilisent
comme neurotransmetteur. Le glutamate représente le précurseur du GABA
Acide glutamique et l’enzyme nécessaire à sa biosynthèse est dénommée acide glutamique décar-
décarboxylase boxylase (glutamic acid de carboxylase - GAD) (Fig. 6.16). La GAD constitue
(GAD)
3. NdT : les transporteurs vésiculaires des acides aminés excitateurs ont été clonés. Trois
sous-types de transporteurs, dénommés vGlut1, vGlut2, et vGlut3, présentent une distri-
+
GABA NH3CHCH2CH2COOH bution caractéristique dans le cerveau des mammifères, permettant de distinguer plu-
sieurs sous-populations de neurones glutamatergiques. Les anticorps dirigés contre ces
Figure 6.16 – Biosynthèse du GABA à partir transporteurs permettent un marquage fiable des neurones glutamatergiques par immu-
du glutamate. nocytochimie.
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 157
Autres neurotransmetteurs
et messagers intercellulaires putatifs
En plus des acides aminés et des amines, quelques petites molécules pour-
raient jouer le rôle de messagers chimiques, entre les neurones. La recherche
se concentre actuellement sur l’adénosine triphosphate (ATP), une molécule-clé
du métabolisme cellulaire (voir Fig. 2.13), qui est aussi un neurotransmetteur.
L’ATP est concentré dans les vésicules de nombreuses synapses du SNC et du
système nerveux périphérique et il est libéré dans l’espace synaptique dans un
processus dépendant du Ca2+, tout comme n’importe quel autre neurotransmet-
teur. L’ATP est souvent présent dans des vésicules synaptiques où il coexiste avec
un autre neurotransmetteur. Par exemple, les vésicules synaptiques contenant
des catécholamines peuvent contenir jusqu’à 100 mM d’ATP, ce qui est tout à
fait considérable, en plus des 400 mM des catécholamines elles-mêmes. Dans
ce cas, on peut considérer que les catécholamines et l’ATP sont des cotrans-
metteurs. L’ATP est également un cotransmetteur avec le GABA, le glutamate,
l’ACh et divers neuropeptides dans des populations de neurones particulières.
L’ATP excite directement les neurones en activant un canal pour les cations.
En ce sens, il est possible de dire que le rôle de neurotransmetteur de l’ATP est, en
partie, semblable à celui du glutamate et de l’ACh. L’ATP agit au travers d’une
classe de récepteurs qualifiés de récepteurs purinergiques, dont certains sont des
récepteurs-canaux. De nombreux autres récepteurs purinergiques appartiennent
à la classe des récepteurs couplés aux protéines G. Après sa sécrétion dans l’es-
pace synaptique, l’ATP est dégradé par des enzymes extracellulaires, conduisant
à la production d’adénosine. L’adénosine elle-même n’est pas assimilable direc-
tement à un neurotransmetteur, n’étant pas présente dans des vésicules synap-
tiques, mais elle conduit à la stimulation de plusieurs sous-types de récepteurs
spécifiques.
L’une des découvertes les plus intéressantes de ces dernières années sur les
neurotransmetteurs porte sur de petites molécules lipidiques, dénommées endo-
cannabinoïdes, pour cannabinoïdes endogènes. Ces molécules présentent la par-
ticularité d’être libérées par l’élément post-synaptique et d’agir sur l’élément
présynaptique après diffusion (Encadré 6.3). La communication qui en résulte,
de l’élément post-synaptique vers la terminaison présynaptique, est qualifiée de
signalisation rétrograde. Par conséquent, les endocannabinoïdes représentent
des messagers rétrogrades. Les messagers rétrogrades sont considérés comme
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4. NdT : à ce jour, 5 sous-types de transporteurs des acides aminés excitateurs ont été
clonés. Les deux transporteurs principaux, dénommés EAAT1 et EAAT2 pour Excitatory
Amino Acid Transporter, sont situés sur les astrocytes et contribuent majoritairement à
l’élimination rapide du glutamate synaptique. Les autres transporteurs sont neuronaux.
Parmi ces trois derniers, le transporteur EAAT3 — encore nommé EAAC1 pour
Excitatory Amino Acid Carrier-1 — est le plus abondant et présente la particularité d’être
situé sur l’élément post-synaptique. L’une des avancées majeures dans le domaine des
transporteurs des acides aminés excitateurs concerne la mise en évidence de mécanismes
régulateurs de leur activité susceptibles d’ajuster finement la recapture du glutamate à
l’activité neuronale.
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158 1 – Bases cellulaires
Encadré 6.3 FOCUS
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 159
lement impliqués dans les mécanismes des nausées, heureusement des effets secondaires. Le potentiel théra-
l’analgésie, la relaxation musculaire, le traitement des peutique des cannabinoïdes n’a pas encore été exploré
crises d’épilepsie ou encore la réduction de la pression totalement et de nombreuses avancées sont encore
intra-oculaire dans le glaucome. Un antagoniste des possibles, à la condition de pouvoir conserver les effets
endocannabinoïdes a ainsi été récemment testé comme thérapeutiques sans que cela puisse avoir des effets
médicament suppresseur d’appétit, mais il présente mal- psychoactifs ou d’autres types d’effets secondaires.
Terminaison
présynaptique
Récepteur
CB1
Vésicules
Canal Protéine G
calcique
Récepteurs Canal
des neurotransmetteurs calcique
Ca2+ Ca2+
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Terminaison
post-synaptique
Enzyme
O
HO
NH
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160 1 – Bases cellulaires
ACh les plus élevées ne se trouvent pas dans les cellules du cerveau mais dans
celles de la cornée, dans la partie antérieure de l’œil, où il n’existe pas de récep-
teurs de l’ACh. De même, les taux les plus élevés de sérotonine ne se trouvent pas
dans les neurones mais dans les plaquettes sanguines. Ces observations font res-
sortir l’importance d’une analyse rigoureuse, avant d’attribuer à une substance
chimique un rôle de neurotransmetteur.
En fait, la neurotransmission peut être comparée à une pièce en deux actes :
l’acte I est présynaptique et culmine avec l’élévation transitoire de la concentra-
tion en neurotransmetteur dans l’espace synaptique ; l’acte II concerne la pro-
duction de signaux électriques et biochimiques dans le neurone post-synaptique.
Les acteurs principaux sont ici représentés par les récepteurs-canaux et les récep-
teurs couplés aux protéines G.
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 161
Récepteurs-canaux
Le chapitre 5 a montré que l’ACh et les acides aminés jouant le rôle de
eurotransmetteur servent de médiateurs dans la transmission synaptique
n
rapide, en agissant sur les canaux ioniques. Ces canaux sont en tous points
remarquables. Ainsi apparaît-il qu’un simple canal peut détecter des substances
chimiques spécifiques et qu’il peut être sensible à des variations du potentiel
de membrane. Il peut aussi réguler, avec une très grande précision, le flux de
courants étonnamment grands, il peut filtrer et sélectionner des ions très sem-
blables et son action peut être régulée par d’autres types de récepteurs. Pourtant,
chaque canal mesurant à peine 11 nm de long est à peine visible par l’utilisation
des meilleures méthodes actuelles de la microscopie électronique.
γ
α α
δ β
M1 M3
(a)
M2 Figure 6.18 – Arrangement des sous-unités
constituant le récepteur cholinergique nico-
Sites de liaison de l’ACh tinique.
(a) Vue en coupe du récepteur, avec un agran-
γ dissement montrant comment les quatre
α
α hélices α de chacune des sous-unités sont
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5. NdT : une autre différence entre récepteurs nicotiniques est liée au fait qu’il existe de
nombreuses isoformes des sous-unités formant les récepteurs, en particulier α, β, et γ. Il existe
une régionalisation de l’expression des différentes sous unités dans le SNC, faisant que les
propriétés structurales des différents récepteurs nicotiniques diffèrent selon les structures
cérébrales. Ainsi les sous-unités composant les récepteurs nicotiniques de la jonction neuro-
musculaire et du SNC sont-elles différentes. Ces différences structurales traduisent des pro-
priétés fonctionnelles quelque peu spécifiques, selon les sous-types de récepteurs nicotiniques
considérés. Un intérêt tout particulier est apporté aujourd’hui au sous-type α7, qui est pré-
férentiellement exprimé dans les régions cérébrales impliquées dans les processus cognitifs.
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162 1 – Bases cellulaires
Bien que chaque sous-unité présente une structure primaire différente, il existe
des parties de la molécule dans lesquelles les diverses chaînes polypeptidiques
présentent une séquence d’acides aminés similaire. Ainsi, chaque sous-unité pos-
sède quatre segments séparés ayant une structure en hélice α (voir figure 6.18a).
Comme les acides aminés composant ces segments sont principalement hydro-
phobes, ces quatre hélices α sont supposées occuper une position la plus com-
patible possible avec une interaction privilégiée avec les lipides membranaires,
c’est-à-dire une position transmembranaire, de façon similaire aux boucles qui
forment les pores des canaux sodiques et potassiques (voir chapitres 3 et 4).
Les structures primaires des sous-unités de nombreux récepteurs-canaux sont
maintenant connues et il y a des analogies évidentes entre elles (Fig. 6.19). Les
quatre segments hydrophobes qui traversent la membrane sont présents dans
chaque sous-unité et ils occupent à peu près la même position dans la protéine, que
ce soit dans le cas du récepteur cholinergique nicotinique, du récepteur GABAA
ou encore du récepteur de la glycine. La plupart des récepteurs-canaux sont vrai-
semblablement des complexes pentamériques, de façon tout à fait similaire à ce qui
est connu pour le récepteur cholinergique nicotinique. Néanmoins, les récepteurs
canaux du glutamate constituent une exception. Ces récepteurs étant des tétra-
mères, quatre sous-unités sont suffisantes pour former un canal fonctionnel. Il
est par ailleurs vraisemblable que le segment transmembranaire M2 des sous-uni-
tés qui forment les récepteurs ne traverse pas entièrement la membrane mais
représente plutôt une boucle qui entre et ressort à partir de la partie interne de la
membrane (Fig. 6.19c). La structure des récepteurs glutamatergique ressemble en
fait à celle du canal potassique (voir Fig. 3.17). Ceci a conduit à émettre l’hypothèse
quelque peu surprenante que les récepteurs du glutamate et les canaux potassiques
auraient pu évoluer à partir d’un même canal ionique représentant un ancêtre
commun. Les récepteurs purinergiques (de l’ATP) présentent aussi des structures
atypiques. Dans ce cas, chaque sous-unité n’a que deux segments transmembra-
naires et 3 sous-unités seulement pourraient constituer un canal fonctionnel.
Plus que les analogies, ce sont les variations dans la structure de ces récep-
teurs-canaux qui sont intéressantes : différents sites de liaison des neurotransmet-
teurs font qu’un canal répond au glutamate, tandis qu’un autre répond au GABA ;
par ailleurs, la présence de certains acides aminés situés au voisinage du pore font
que celui-ci laisse seulement passer les ions Na+ et K+, qu’un autre sera plus per-
méable aux ions Ca2+ et qu’un autre encore sera seulement perméable aux ions Cl–.
6. NdT : un autre paramètre détermine aussi l’efficacité de la signalisation impliquant ces
récepteurs-canaux, au plan de la cinétique d’activation : la probabilité d’ouverture du
canal, facilitée par des agents agissant de concert avec le neurotransmetteur comme par
exemple des substances endogènes ou d’origine pharmacologique qualifiées de « modu-
lateurs allostériques » qui augmentent la fréquence d’ouverture du canal ; telle l’action
des benzodiazépines sur le récepteur GABAA, comme on le verra ci-après.
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 163
M1 M2 M3 M4 Récepteur Sous-unité
ACh α
GABAA α1
GABAA β1
GABAA γ2
Gly α
Gly β
Kainate Gluk1
Kainate Gluk2
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164 1 – Bases cellulaires
Enregistrement
Molécules
de glutamate de Vm
Ca2+ Ca2+
Na+ Na+
Na+ Na+ Na+
PPSE
Vm
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– 65 mV
K+ K+ K+ K+ K+
Récepteur Récepteur 0 2 4 6 8
(b) NMDA AMPA (c) Temps à partir du potentiel
d’action présynaptique (ms)
7. NdT : les données de la biologie moléculaire suggèrent également une diversité des
récepteurs-canaux des acides aminés excitateurs et des récepteurs AMPA en particulier.
Parmi les sous-unités composant ces récepteurs, la sous-unité nommée GluR2 contrôle
en fait la conductance calcique : sa présence contribue à rendre le canal moins perméable
au calcium.
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 165
Encadré 6.4 FOCUS
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166 1 – Bases cellulaires
objectivement des évidences en faveur de l’existence de tels ligands, bien que leur
Canal Cl– dépendant du GABA caractérisation reste problématique ; de même en ce qui concerne leur rôle fonc-
(récepteur GABAA )
tionnel éventuel. Il existe d’autres modulateurs de l’activité du récepteur GABAA
qui posent moins de problèmes, tels les neurostéroïdes. Ceux-ci représentent des
Figure 6.22 – Caractérisation des sites de dérivés des hormones stéroïdiennes synthétisées à partir du cholestérol dans
fixation de divers modulateurs de l’activité les gonades et les glandes surrénales mais également dans les cellules gliales du
du récepteur GABAA.
SNC. Certains de ces neurostéroïdes facilitent ainsi les effets du GABA, alors
Tous ces agents par eux-mêmes ne sont pas
capables d’ouvrir le canal chlore mais ils sont
que d’autres, au contraire, les dépriment et cela, vraisemblablement, au travers
très efficaces pour affecter, dans un sens d’une action sur un site modulateur spécifique du récepteur GABAA (Fig. 6.22),
ou dans l’autre, les effets du GABA sur son distinct de tous ceux mentionnés précédemment. Le rôle de ces neurostéroïdes
récepteur lorsqu’ils se lient au récepteur en reste pour le moment obscur, mais ils pourraient représenter un moyen pour
même temps que le neurotransmetteur. l’organisme et le cerveau de réguler en parallèle les mêmes mécanismes.
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 167
Récepteurs couplés
aux protéines G
Il existe un grand nombre de sous-types de récepteurs couplés aux proté-
ines G, dans tous les systèmes de neurotransmission connus. Avec ce type de
récepteurs (voir chapitre 5), la neurotransmission implique trois étapes : (1) la
liaison du neurotransmetteur à la protéine formant le récepteur, (2) l’activation
des protéines G et (3) l’activation des systèmes effecteurs.
Segments Milieu
transmembranaires extracellulaire
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168 1 – Bases cellulaires
Neurotransmetteur Récepteurs
Acétylcholine (ACh) Récepteurs muscariniques (M1, M2, M3, M4, M5)
Glutamate (Glu) Récepteurs métabotropiques du glutamate (mGluR1-8)
GABA GABAB1, GABAB2
Sérotonine (5-HT) 5-HT1A, 5-HT1B, 5-HT1D, 5-HT1E, 5-HT2A, 5-HT2B, 5-HT4, 5-HT5A
Dopamine (DA) D1, D2, D3, D4, D5
Noradrénaline (NA) α1, α2, β1, β2, β3
Opiacés μ, δ, κ
Cannabinoïdes CB1, CB2
ATP P2Y2, P2Y11, P2T, P2U
Adénosine A1, A2A, A2B, A3
Protéine Récepteur
effectrice 2
Membrane
γ
β α
Protéine
effectrice 1
Protéine G
(a)
Neurotransmetteur
Protéine
effectrice 2
γ
β α
L’activation de la sous-unité Gα
se traduit par la fixation du GTP
(b)
γ
α
β
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 169
Protéine G
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(a)
Canal potassique
(ouvert) ACh
Figure 6.25 – Voie rapide.
(a) Les protéines G du muscle cardiaque
sont activées directement par la fixation de
l’ACh sur le récepteur muscarinique. (b) Les
sous-unités Gβγ vont se lier à un canal potas-
(b) sique qui va ainsi être activé.
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170 1 – Bases cellulaires
Protéine G
Réactions
intermédiaires
Activation
d’enzymes
situées en aval
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 171
NA NA
Récepteur Récepteur α2
β-adrénergique
Adényl
cyclase
γ α α + – α α γ
β β
Protéine G Protéine G
stimulante (Gs) inhibitrice (Gi)
+
(a) Protéine (b)
kinase A
2 PKC
γ
1 PIP2 α DAG
PLC IP3
β
4
Ca2+
Protéine G activée
Reticulum
endoplasmique
lisse Ca2+
soluble dans l’eau, diffuse plus loin dans le cytosol et se fixe sur des récepteurs
spécifiques situés à la surface du reticulum endoplasmique lisse et sur d’autres
organites cellulaires. Ces récepteurs représentent des canaux calciques sensibles à
l’IP3 ; leur activation a pour effet de provoquer une sortie de calcium sous forme
ionisée à partir de ces organites. Comme nous l’avons déjà mentionné, l’aug-
mentation de la concentration de Ca2+ dans le cytoplasme peut avoir des effets
diversifiés et durables. Un de ces effets correspond à l’activation d’une enzyme,
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172 1 – Bases cellulaires
Protéine Quelles sont les conséquences de l’activation des récepteurs β sur les cellules
kinase du muscle cardiaque ? L’élévation des taux d’AMPc active la PKA, qui phos-
Protéine Protéine —PO4
phoryle les canaux calciques dépendants du potentiel. Cette phosphorylation
Protéine
phosphatase renforce leur activité. Des ions Ca2+ pénètrent en plus grand nombre dans la
cellule cardiaque et le cœur bat plus fort. Au contraire, la stimulation des récep-
Figure 6.29 – Phosphorylation et déphospho- teurs β-adrénergiques dans plusieurs types de neurones ne semble pas avoir
rylation des protéines. d’effet sur les canaux calciques mais provoque plutôt l’inhibition de certains
canaux potassiques. La diminution de conductance potassique entraîne alors
une légère dépolarisation, réduit la constante de longueur et renforce l’excitabi-
lité du neurone (voir chapitre 5).
L’action des neurotransmetteurs sur la phosphorylation est cependant limi-
tée par l’intervention d’un processus de nature inverse, qui évite que toutes les
protéines soient saturées de groupements phosphate et donc que toute régulation
ultérieure soit impossible. Des enzymes, les protéines phosphatases, contrôlent
la situation, en agissant rapidement pour retirer les groupements phosphate. Le
degré de phosphorylation des canaux dépend ainsi à tout moment de l’équilibre
dynamique entre la phosphorylation par les kinases et la déphosphorylation par
les protéines phosphatases (Fig. 6.29).
Cascades de signaux et voies de signalisation intracellulaires. La trans-
mission synaptique impliquant les récepteurs-canaux est simple et rapide. La
transmission qui passe par les récepteurs associés aux protéines G est plus com-
plexe et beaucoup plus lente. On peut alors se demander pourquoi il existe de si
longues chaînes de réactions dans ce second cas ? Un des avantages importants
est l’amplification du signal : l’activation d’un récepteur associé aux protéines G
peut entraîner l’activation, non pas d’un seul, mais de très nombreux canaux
ioniques (Fig. 6.30).
L’amplification du signal peut se faire en plusieurs endroits de la cascade.
Une seule molécule de neurotransmetteur fixée à un seul récepteur, peut acti-
ver probablement 10 à 20 protéines G ; chaque protéine G peut activer l’adényl
cyclase, qui peut produire à son tour plusieurs molécules d’AMPc qui diffusent
dans la cellule pour activer plusieurs protéines kinases ; chaque kinase pouvant
ensuite phosphoryler de nombreux canaux. Si on regroupait en bloc tous les
composants d’une cascade, la transmission des signaux serait strictement limitée.
L’utilisation de messagers de petite taille, qui peuvent diffuser très rapidement
dans la cellule (comme l’AMPc), permet ainsi une certaine transmission à dis-
tance, dans une vaste région de la cellule. Les cascades de signaux déterminent
aussi l’existence de nombreux sites de régulation et elles offrent des possibilités
d’interaction entre les cascades impliquant divers seconds messagers. Enfin, les
cascades de signaux peuvent générer des modifications durables du métabolisme
cellulaire, ce qui est peut-être à l’origine, entre autres choses, de toute une série
de processus impliqués, par exemple, dans la mémorisation.
Divergence et convergence
entre les systèmes
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de neurotransmetteurs
Le glutamate est le neurotransmetteur excitateur le plus commun du cer-
veau, tandis que le GABA constitue l’inhibiteur principal. Cependant, un même
neurotransmetteur peut avoir de nombreux effets différents. Une molécule de
glutamate peut se lier à de très nombreux récepteurs et chacun de ces sous-types
de récepteurs peut exercer des effets différents. La divergence est la capacité d’un
neurotransmetteur à activer plus d’un sous-type de récepteurs et à susciter ainsi
plus d’un seul type de réponse synaptique.
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 173
Neurotransmetteur
Le neurotransmetteur
active le récepteur
γ α γ α γ
β β β α
Le récepteur active
les protéines G
exemple selon les protéines G et les systèmes effecteurs activés. Ainsi la diver-
gence peut se manifester à n’importe quelle phase de la cascade à la base des
effets des neurotransmetteurs (Fig. 6.31a).
A contrario, les neurotransmetteurs peuvent manifester une convergence
de leurs effets. Plusieurs neurotransmetteurs, chacun activant son propre type
de récepteur, peuvent converger pour affecter les mêmes systèmes effecteurs
(Fig. 6.31b). La convergence dans une seule cellule peut se manifester par l’action
la protéine G, de la cascade des seconds messagers ou encore du type de canal
ionique impliqué. Les neurones ont la capacité d’intégrer les voies de signalisa-
tion, qu’elles soient divergentes ou convergentes, ce qui résulte en des effets com-
plexes de la signalisation prise dans son ensemble (Fig. 6.31c). Le merveilleux,
c’est que ça marche ! Il reste alors à tenter de comprendre comment.
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174 1 – Bases cellulaires
Système
Sous-types de récepteurs 3
(a) effecteur Z
Neurotransmetteur A Récepteur A
Neurotransmetteur C Récepteur C
(b)
Conclusion
Les neurotransmetteurs constituent des chaînons essentiels entre les neu-
rones, ainsi qu’entre les neurones et les autres types de cellules effectrices, telles
que les cellules musculaires et encore des glandes endocrines et exocrines. Il
convient de considérer les transmetteurs comme les maillons d’une chaîne d’évé-
nements, stimulant des modifications chimiques à la fois rapides et lentes, et
divergentes et convergentes. Les nombreuses voies impliquées dans la commu-
nication intercellulaire, transférant l’information de l’extérieur à l’intérieur d’un
neurone, constituent une sorte de réseau d’information. Ce réseau est toutefois
en équilibre fragile, réagissant de façon très dynamique pour ajuster le com-
portement aux perpétuels changements de l’organisme et de l’environnement de
l’individu.
Le réseau de transmission des signaux à l’intérieur d’un seul neurone (les
voies de signalisation) ressemble, en un certain sens, aux réseaux neuronaux
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6 – Neurotransmetteurs : organisation anatomobiochimique du système nerveux 175
QUESTIONS DE RÉVISION
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CHAPITRE 7 Anatomie du système
nerveux
ORGANISATION GÉNÉRALE
DU SYSTÈME NERVEUX
DES MAMMIFÈRES
Références anatomiques..................................................................... 179
Système nerveux central (SNC)........................................................... 180
Système nerveux périphérique (SNP).................................................. 181
Nerfs crâniens.................................................................................... 182
Méninges............................................................................................ 182
Système ventriculaire.......................................................................... 183
Nouveaux regards sur le cerveau......................................................... 183
Encadré 7.1 Focus De l’eau dans la tête
Encadré 7.2 Bases théoriques Imagerie par résonance magnétique
Encadré 7.3 Bases théoriques TEP et IRMf
COMPRENDRE
L’ORGANISATION DU SNC
PAR SON DÉVELOPPEMENT
Formation du tube neural................................................................... 190
Les trois vésicules primitives du cerveau.............................................. 191
Encadré 7.4 Focus Nutrition et tube neural
Différenciation du cerveau antérieur................................................... 193
Différenciation du mésencéphale........................................................ 196
Différenciation du cerveau postérieur................................................. 197
Différenciation de la moelle épinière................................................... 200
Mise en place et organisation des structures nerveuses....................... 201
Caractères spécifiques du cerveau humain.......................................... 202
ORGANISATION
DU CORTEX CÉRÉBRAL
Différents types de cortex................................................................... 205
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ANNEXE : GUIDE
ILLUSTRÉ DE L’ANATOMIE
DU CERVEAU HUMAIN
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INTRODUCTION
A
près avoir étudié comment des neurones fonctionnent et communiquent
entre eux, il faut comprendre comment ils sont assemblés pour former
un système nerveux qui permette de voir, d’entendre, de sentir, de bou-
ger, de se souvenir ou encore de rêver. De même que l’observation de la structure
du neurone explique dans une certaine mesure sa fonction, l’abord de la struc-
ture du système nerveux permet d’approcher la fonction du cerveau.
La neuroanatomie a toujours représenté un défi pour de nombreuses généra-
tions d’étudiants car le cerveau humain est extrêmement complexe. Cependant
notre cerveau n’est que la variation d’une organisation de base, commune à tous
les mammifères (Fig. 7.1). Le cerveau humain apparaît d’une grande complexité
car il s’est littéralement enroulé sur lui-même au cours de l’évolution à la suite
de la croissance sélective de certaines parties à l’intérieur du crâne, et parce que
l’homme est bipède et non quadrupède. En suivant l’évolution de cette organi-
sation, la connaissance de l’organisation de base chez les mammifères en géné-
ral permet alors de mieux comprendre la nature des spécialisations du cerveau
humain.
Le chapitre 7 présente d’abord l’organisation générale du cerveau des mam-
mifères, ainsi que la terminologie utilisée pour la décrire. Puis, il explique com-
ment la structure tridimensionnelle du cerveau se met en place au cours du déve-
loppement embryonnaire et fœtal : en suivant le cours de son développement, il
est plus facile de comprendre comment les différentes parties du cerveau adulte
se sont assemblées. Le chapitre se termine par la description du néocortex céré-
bral, une structure propre aux mammifères et particulièrement évoluée chez
l’homme. Le chapitre est suivi d’une annexe descriptive permettant de mieux
apprécier l’organisation du système nerveux.
La neuroanatomie présentée dans ce chapitre servira de cadre à la description
des systèmes sensoriel et moteur dans les chapitres 8 à 14. Les termes nouveaux
ici sont repris systématiquement sous forme de tableaux.
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178 1 – Bases cellulaires
Rat
Lapin
1 cm
Rat Chat
Lapin
Mouton
Chat
Dauphin
Mouton
Chimpanzé
Chimpanzé
Homme
Homme
Dauphin
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7 – Anatomie du système nerveux 179
Organisation générale
du système nerveux
des mammifères
Le système nerveux de tous les mammifères est divisé en deux grandes
parties : le système nerveux central (SNC) et le système nerveux périphérique
(SNP). Ce chapitre décrit les principales composantes du SNC et du SNP, ainsi
que les ventricules qui se trouvent à l’intérieur du cerveau et les membranes qui
les entourent.
Références anatomiques
L’exploration du cerveau est comparable à la découverte d’une ville. Pour
s’orienter dans une ville, il est nécessaire d’utiliser des points de références, tels
que la direction du nord, du sud, de l’est et de l’ouest, ou encore un repérage des
points « haut » et « bas ». Il en est de même pour le cerveau : seule la nomencla-
ture des points de référence — les repères anatomiques — change.
En prenant l’exemple du système nerveux du rat (Fig. 7.2a), le cerveau se
trouve dans la tête et la moelle épinière s’étend le long de la colonne vertébrale
jusqu’à la queue de l’animal. Pour préciser la place des structures, les termes
suivants sont utilisés : les structures situées à l’avant, vers le nez du rat, sont dites
antérieures ou rostrales (du latin rostrum : bec) et à l’arrière, vers la queue du rat,
postérieures ou caudales (du latin cauda : queue) ; vers le haut, elles sont dites dor-
sales et vers le bas, ventrales. La moelle épinière du rat s’étend de la partie anté-
rieure à la partie postérieure du corps. La partie supérieure de la moelle épinière
correspond en fait à la partie dorsale et la partie inférieure, à la partie ventrale.
Vu de dessus, le système nerveux se trouve divisé en deux parties égales
(Fig. 7.2b). La partie droite du cerveau et de la moelle épinière peut être consi-
dérée comme le miroir du côté gauche. Cette caractéristique est connue sous le
nom de symétrie bilatérale. À peu d’exceptions près, la plupart des structures
du système nerveux sont paires, c’est-à-dire situées une à gauche et une à droite.
La ligne de partage au milieu du système nerveux est la ligne médiane ; c’est une
autre référence utile pour préciser l’orientation. Les structures les plus proches
de la ligne médiane sont qualifiées de médianes ; celles qui en sont le plus éloi-
gnées sont dites latérales. En d’autres termes, le nez occupe une position médiane
par rapport aux yeux et ceux-ci sont médians par rapport aux oreilles, etc. En
outre, deux structures situées du même côté sont dites ipsilatérales l’une par
rapport à l’autre ; par exemple, l’oreille droite est ipsilatérale par rapport à l’œil
droit. Si les structures sont situées de chaque côté de la ligne médiane, elles sont
controlatérales l’une par rapport à l’autre ; l’oreille droite occupe une position
controlatérale par rapport à l’oreille gauche.
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Moelle
épinière Dorsal Moelle Latéral
Cerveau Cerveau épinière
Antérieur Ligne médiane
Postérieur
ou rostral ou caudal
Médial
(b)
(a) Ventral
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180 1 – Bases cellulaires
antérieur latéral
rostral ipsilatéral
Figure 7.3 – Plans de coupe anatomiques. postérieur controlatéral
caudal plan médiosagittal
dorsal plan sagittal
ventral plan horizontal
ligne médiane plan coronal (ou frontal)
médian
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7 – Anatomie du système nerveux 181
Ganglions
des racines
Racines dorsales
dorsales
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182 1 – Bases cellulaires
Nerfs crâniens
À côté des nerfs qui naissent dans la moelle épinière et innervent le corps,
il existe 12 paires de nerfs crâniens prenant leur origine dans le tronc cérébral
et innervant essentiellement la tête. Un nom et un numéro ont été attribués à
chacun des nerfs crâniens, classés à l’origine par Galien il y a environ 1 800 ans,
de la partie antérieure à la partie postérieure.
Certains nerfs crâniens font partie du SNC, d’autres du SNP somatique, d’autres
encore du SNP viscéral. Plusieurs nerfs crâniens n’ont pas de fonction unique mais
présentent des axones impliqués dans plusieurs fonctions. Les nerfs crâniens et leurs
fonctions sont décrits plus spécifiquement dans l’annexe à ce chapitre.
Méninges
Le SNC, composé de la partie du système nerveux enfermée dans le crâne
et la colonne vertébrale, n’est pas en contact direct avec l’os qui l’entoure. Il est
protégé par trois membranes appelées méninges (du grec meninx : recouvrir). Ces
trois membranes sont la dure-mère, l’arachnoïde et la pie-mère (Fig. 7.6).
La plus externe représente la dure-mère. Ce terme illustre avec précision une
consistance semblable au cuir. La dure-mère forme une enveloppe rigide, qui
entoure le cerveau et la moelle épinière. Juste en dessous, se trouve la membrane
arachnoïdienne. Cette couche méningée a l’apparence et la trame d’une toile
d’araignée (arachnoïde, du grec arakhné : araignée). Il n’y a pas d’espace entre
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7 – Anatomie du système nerveux 183
Dure mère
Espace
sous-dural
Membrane
arachnoïdienne
Espace
subarachnoïdien
Pie-mère
Artère
Cerveau
(a) (b)
Figure 7.6 – Méninges.
(a) Le crâne a été retiré pour montrer l’aspect externe du cerveau entouré par la méninge la plus
externe, la dure-mère (Source : Gluhbegoric et Williams, 1980.) (b) Illustré ici en coupe transverse,
les trois couches méningées protégeant le cerveau et la moelle épinière sont : la dure-mère, la
membrane arachnoïdienne et la pie-mère.
Système ventriculaire
Le cerveau comprend des cavités remplies de liquide et le réseau des canaux
situés à l’intérieur du cerveau forme le système ventriculaire. Ce liquide est
dénommé céphalorachidien, le même que celui de l’espace sous-arachnoïdien. Il
est produit par un tissu particulier, le plexus choroïde, situé dans les ventricules
des hémisphères cérébraux. Le LCR s’écoule des deux ventricules du c erveau vers
une série de cavités isolées reliées entre elles au cœur du tronc cérébral (Fig. 7.7).
À la sortie des ventricules, le LCR pénètre dans l’espace sous-arachnoïdien par Plexus Espace
de petites ouvertures ou orifices, situées près de l’endroit où le cervelet se trouve choroïde subarachnoïdien
rattaché au tronc cérébral. Dans l’espace sous-arachnoïdien, le LCR va être
absorbé par des vaisseaux sanguins, dans des structures particulières appelées Rostral
villosités arachnoïdiennes. Si l’écoulement normal du LCR subit une interrup-
tion, il y a un risque de lésion du cerveau (Encadré 7.1).
À la fin du chapitre, nous reviendrons sur le système ventriculaire avec plus
de détails. Comme nous le verrons, comprendre l’organisation du système ventri-
culaire fournit des clés pour comprendre l’organisation du système nerveux lui-
même.
Caudal cérébraux
mais cela présente naturellement quelques limites. Parmi celles-ci, il faut mention-
ner la difficulté de la représentation tridimensionnelle du cerveau et en particulier
de ses régions profondes. Sur ce plan, une avancée considérable est intervenue en
2013 lorsqu’il est apparu, en utilisant la méthode CLARITY, développée par les Figure 7.7 – Système ventriculaire.
chercheurs de Stanford University, qu’il était possible de visualiser cette structure Le liquide céphalorachidien (LCR) est produit
3D sans avoir recours à la dissection du cerveau. La méthode est basée sur l’im- dans les ventricules des deux hémisphères et
il remplit l’ensemble du système ventriculaire
mersion du cerveau dans une solution qui agit sur l’absorption de la lumière par
dans tout le cerveau et la moelle épinière. Le
les lipides en utilisant un gel soluble dans l’eau, rendant le cerveau quelque peu LCR s’écoule dans l’espace subarachnoïdien
translucide. Si le cerveau ainsi traité comprend par exemple des neurones rendus au travers de petites ouvertures situées à la
fluorescents comme avec la GFP (voir chapitre 2), en illuminant cette préparation base du cervelet. Dans l’espace subarachnoï-
avec une lumière de longueur d’onde appropriée, il est possible de visualiser ces dien, le LCR est absorbé dans la circulation
neurones particuliers avec leur position respective en 3D (Fig. 7.8). sanguine.
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184 1 – Bases cellulaires
Encadré 7.1 FOCUS
Bien entendu un cerveau « clarifié » ainsi traité reste un cerveau mort. Cela
évidemment en limite la portée de l’examen, notamment pour diagnostiquer les
maladies neurologiques. Dans ces conditions, il n’est alors pas exagéré de dire
que l’introduction de méthodes permettant d’obtenir des représentations du
cerveau vivant a constitué une véritable révolution dans le champ de la neuro-
anatomie. Quelques illustrations en sont données ci-après.
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Figure 7.8 – Méthode pour rendre le cerveau translucide et visualiser des neurones fluorescents
dans les profondeurs du cerveau.
(a) Vue de dessus d’un cerveau de souris. (b) Le même cerveau rendu transparent en remplaçant
les lipides par un gel soluble dans l’eau. (c) Le cerveau translucide est éclairé avec une lumière de
longueur d’onde adaptée, ce qui permet de visualiser en place les neurones qui expriment la GFP
(green fluorescent protein). (Source : courtoisie du Dr Kwanghun Chung, Massachusetts Institute of
Technology. Adapté de Chung et Deisseroth, 2013, Figure 2.)
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7 – Anatomie du système nerveux 185
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186 1 – Bases cellulaires
Sillon central
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Cervelet
Figure A Figure B
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7 – Anatomie du système nerveux 187
TEP et IRMf
Jusqu’à une période récente, les processus cognitifs Dans les faits, lors d’une expérience de TEP-scan,
n’étaient pas accessibles à l’imagerie. Les méthodes le sujet est placé avec sa tête située au niveau d’un dis-
de tomographie par émission de positrons (TEP-scan) positif formé d’un ensemble de détecteurs (Fig. A). Par
et d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle un procédé automatisé commandé par ordinateur, les
(IRMf) ont permis d’avoir accès au cerveau en train de photons qui résultent de l’émission de positrons attei-
penser ou de planifier et exécuter une action. gnant chacun des détecteurs sont enregistrés. Cela
Le TEP-scan a été développé dans les années 1970 permet alors de calculer le niveau d’activité de cha-
par deux groupes de physiciens, l’un à l’Université de cune des régions cérébrales, en fonction de l’émission
Washington, dirigé par M. Terpogossian et M.E. Phelps, de ces positrons, et de produire une cartographie sous
l’autre à UCLA, dirigé par Z.H. Cho. Le principe de forme d’images de cette activité cérébrale. Les cher-
base est simple. Une solution radioactive contenant un cheurs ont par exemple mesuré l’activité cérébrale de
atome qui émet des positrons (qui sont des électrons cette manière lors de tâches standardisées, telles que
chargés positivement) est injectée par voie intraveineuse. bouger un doigt ou lire à haute voix. Ces différentes
Les positrons émettent leur rayonnement quel que soit tâches comportementales sont ainsi proposées de
l’endroit du corps où ils se trouvent, par interaction avec façon à mettre en jeu des régions fonctionnellement
les électrons en produisant des photons de radiation différentes du cerveau. Pour mettre en évidence plus
électromagnétique. La localisation des positrons s’effec- facilement la région activée sélectivement, on utilise
tue alors en localisant les photons par des détecteurs une méthode de soustraction qui permet de ne pas
sensibles spécialisés. tenir compte de l’activité « de base » qui existe en per-
L’une des applications les plus importantes du TEP- manence dans le cerveau, y compris lorsqu’il est au
scan est la mesure de l’activité métabolique du cerveau. repos en l’absence de toute stimulation sensorielle.
Dans une méthode développée par Louis Sokoloff et ses Ainsi, pour créer l’image des régions cérébrales acti-
collaborateurs au National Institute of Mental Health, vées par exemple pendant qu’un sujet détaille un
un isotope du fluor ou de l’oxygène est incorporé au tableau, cette activité correspondant à un « bruit de
2-déoxyglucose (2-DG). Ce traceur radioactif est injecté fond » est soustraite de l’activité mesurée pendant la
dans la circulation générale et parvient au cerveau. Les tâche comportementale (Fig. B).
neurones les plus actifs qui utilisent normalement le Cependant, même si le TEP-scan est une méthode
glucose en grande quantité, vont alors capter le 2-DG. d’investigation très importante, elle n’en comporte pas
Le 2-DG est phosphorylé à l’intérieur des neurones, ce moins certaines limites. En particulier, la résolution spa-
qui provoque son accumulation dans les cellules. Par tiale, de l’ordre de quelque 5 à 10 mm3, reste faible, ce
conséquent, l’accumulation de 2-DG et l’émission de qui représente l’activité de plusieurs milliers de cellules.
positrons correspondante sont un index de l’activité Par ailleurs, l’acquisition des données est relativement
métabolique neuronale. lente, de l’ordre de une à plusieurs minutes pour obtenir
Détecteurs
de photons
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Photon
Émission
de positrons
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188 1 – Bases cellulaires
– =
un seul scan. Cela, sans compter avec les radiations sente une résonance magnétique différente de celle de la
encourues par le sujet, limite le nombre de scans que déoxyhémoglobine (l’hémoglobine qui a donné son oxy-
l’on peut faire sur un seul sujet dans une période de gène). Comme les régions les plus actives du cerveau
temps raisonnable. Dès lors, le travail réalisé par reçoivent plus de sang, ce sang donne donc plus d’oxy-
S. Ogawa dans les laboratoires Bell, montrant que les gène. L’IRMf détecte les changements d’activité qui
méthodes IRM peuvent être utilisées pour mesurer loca- interviennent localement dans le cerveau en mesurant le
lement les changements de concentration d’oxygène en rapport entre oxyhémoglobine et déoxyhémoglobine. Il
rapport avec la circulation cérébrale, constituèrent une en est résulté une méthode de choix pour l’imagerie céré-
avancée considérable. brale car les scans sont rapides (50 ms) et présentent une
L’IRMf est fondée sur le fait que l’oxyhémoglobine, résolution spatiale très bonne (3 mm3) et qui s’avère
c’est-à-dire la forme oxygénée de l’hémoglobine, pré- complètement non invasive.
mentant localement les flux sanguins porteurs de ces nutriments essentiels pour
les neurones. Ainsi, les changements de débit sanguin détectés par le TEP-scan
ou l’IRMf révèlent les régions du cerveau qui sont les plus actives dans des
circonstances particulières et bien standardisées.
Les avantages fournis par ces méthodes ont ainsi permis aux scientifiques
de pénétrer pour la première fois les mystères du cerveau humain vivant, et cela
représente des moyens d’investigation formidables pour mieux comprendre
les bases des fonctions cérébrales et en particulier des processus cognitifs.
Néanmoins, comme vous pouvez l’imaginer, l’utilisation de ces méthodes néces-
site une parfaite connaissance de l’anatomie cérébrale et c’est la raison pour
laquelle nous la décrivons si longuement dans ce chapitre.
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7 – Anatomie du système nerveux 189
Comprendre l’organisation
du SNC par son développement
Tout le système nerveux prend son origine dans les parois d’un tube rempli de
liquide, qui se forme lors d’une phase précoce du développement embryonnaire
ou tube neural. Le tube lui-même forme la base de ce qui deviendra le système
ventriculaire adulte. L’observation des transformations du tube neural au cours
de l’évolution fœtale permet d’expliquer l’organisation du cerveau et l’ajuste-
ment des différentes parties les unes par rapport aux autres. C’est pourquoi, en
abordant l’étude du développement il est possible de mieux comprendre l’orga-
nisation du cerveau. Le chapitre 23 reviendra sur ce sujet, pour montrer d’où
proviennent les neurones, comment ils s’acheminent vers leur destination finale
dans le SNC, et comment ils établissent entre eux les connexions synaptiques
appropriées.
Les anatomistes utilisent plusieurs termes, qu’il faut connaître, pour dési-
gner les ensembles de neurones et d’axones. Quelques-uns des éléments de cette
nomenclature sont donnés dans les tableaux 7.1 et 7.2.
L’anatomie peut paraître très rébarbative mais elle reprend de l’intérêt
lorsque c’est le rôle fonctionnel des différentes structures qui est examiné. Tous
les chapitres qui suivent sont ainsi consacrés à l’organisation fonctionnelle du
système nerveux mais certaines relations structure-fonctions sont déjà abordées
dans ce chapitre, pour montrer comment différentes parties du cerveau contri-
buent, individuellement et ensemble, au fonctionnement du SNC.
Nom Description/Exemple
Substance grise Terme générique désignant une zone de corps cellulaires neuronaux, dans
le SNC. Lorsque l’on ouvre en deux un cerveau fraîchement disséqué, cette
région des neurones paraît grise
Cortex Ensemble de neurones qui forment une mince couche à la surface du cer-
veau. Cortex signifie « écorce » en latin. Exemple : le cortex cérébral repré-
sente les couches de neurones qui se trouvent juste sous la surface du
cerveau
Noyau Une masse de neurones clairement individualisée, en profondeur dans le
cerveau (à ne pas confondre avec le noyau d’une cellule).
Exemple : le corps
genouillé latéral, défini comme un noyau constitué d’un groupe de cellules
qui transmet l’information de l’œil au cortex cérébral
Substance Groupe de neurones reliés fonctionnellement entre eux dans les profondeurs
du cerveau, mais dont le contour est généralement moins bien délimité que
celui des noyaux. Exemple : la substantia nigra, en latin : substance noire ;
un groupe de cellules du tronc cérébral impliqué dans le contrôle du mou-
vement volontaire
Locus Petit groupe de cellules bien défini. Exemple : le locus coeruleus, en latin :
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190 1 – Bases cellulaires
Nom Description/Exemple
Nerf Groupe d’axones dans le SNP. Un seul ensemble d’axones du SNC porte
le nom d’un nerf : le nerf optique
Substance blanche Terme générique désignant un ensemble d’axones. Lorsqu’on ouvre en
deux un cerveau fraîchement disséqué, les régions occupées par les
axones paraissent blanches
Voie Ensemble d’axones du SNC dérivant du même site d’origine, ayant la
même destination. Exemple : la voie corticospinale, qui prend naissance
dans le cortex cérébral et se termine dans la moelle épinière
Faisceau Ensemble d’axones situés sur un même tracé mais qui n’ont pas néces-
sairement la même origine, ni la même destination. Exemple : le faisceau
médian du télencéphale, qui relie des cellules dispersées dans le cerveau
et le tronc cérébral
Capsule Ensemble d’axones reliant le cerveau antérieur au tronc cérébral.
Exemple : la capsule interne, qui fait communiquer le bulbe rachidien et
le cortex
Commissure Tout ensemble d’axones qui établit une communication entre les deux
côtés du cerveau
Lemnisque Un faisceau de fibres qui s’insinue dans le cerveau comme un ruban.
Exemple : le lemnisque médian, qui véhicule l’information du toucher, de
la moelle épinière au tronc cérébral
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7 – Anatomie du système nerveux 191
Rostral
Caudal
Gouttière Tube Somites Crête Tube
Plaque Replis
Mésoderme neurale neural neurale neural
neurale
Ectoderme
Rostral
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Prosencéphale
ou cerveau antérieur
Mésencéphale
ou cerveau médian
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192 1 – Bases cellulaires
Encadré 7.4 FOCUS
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7 – Anatomie du système nerveux 193
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194 1 – Bases cellulaires
Ventral
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Diencéphale
Mésencéphale
Cerveau
postérieur
Diencéphale
Bulbes
Caudal Coupelles optiques olfactifs
(a) Différenciation (b)
Figure 7.14 – Différenciation du télencéphale.
(a) Au cours du développement, les hémisphères cérébraux se développent postérieurement et latéralement, de telle sorte qu’ils enveloppent le
diencéphale. (b) Les bulbes olfactifs émergent de la surface ventrale de chaque vésicule télencéphalique.
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7 – Anatomie du système nerveux 195
Télencéphale
Cortex cérébral
Thalamus
Hypothalamus
Diencéphale Télencéphale basal
(a) (c)
Substance
Troisième ventricule blanche corticale
Capsule interne
(b) (d)
Les neurones corticaux projettent aussi leurs axones dans le sens inverse, vers
le tronc cérébral par exemple, à travers la capsule interne. Les axones corticaux se
projetant jusqu’à la moelle épinière forment le faisceau corticospinal. C’est l’une
des voies par lesquelles le cortex contrôle le mouvement. Un autre système neu-
ronal passe par les ganglions de la base, un ensemble de structures situées dans
le télencéphale ; le terme basal qualifie les structures profondément ancrées dans
le cerveau, tels que les ganglions de la base situés dans la profondeur du cerveau.
La fonction des ganglions de la base n’est pas encore très bien connue mais une
atteinte de ces structures supprime tout contrôle du mouvement volontaire. Il
existe aussi d’autres structures dans le télencéphale, qui contribuent à d’autres
fonctions cérébrales, telle que l’amygdale, structure impliquée dans la peur et
l’émotion, qui sera présentée plus loin dans le chapitre 18.
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196 1 – Bases cellulaires
Bien que l’hypothalamus soit situé juste sous le thalamus il est fonctionnel-
lement plus proche de certaines structures télencéphaliques, comme l’amygdale
que nous venons de voir. L’hypothalamus remplit de nombreuses fonctions
primitives et n’a donc pas beaucoup évolué chez les mammifères, le terme de
« primitif » ne signifiant pas inintéressant ou sans importance. En fait, l’hypotha-
lamus contrôle le système nerveux (autonome) viscéral, qui régule les fonctions
du corps en réponse aux besoins de l’organisme. Par exemple, si une menace pèse
sur un individu, l’hypothalamus orchestre la réponse viscérale du corps, qui peut
conduire à adopter soit une attitude de combat, soit au contraire un compor-
tement de fuite. Parmi les ordres donnés au système nerveux autonome (SNA),
l’hypothalamus commande l’augmentation de la fréquence cardiaque, un apport
de sang plus important aux muscles en cas de fuite, y compris le fait que les
cheveux se dressent sur la tête. En revanche, après un bon repas l’hypothalamus
témoigne du bon approvisionnement du cerveau par les ordres donnés au SNA
qui augmente le péristaltisme (les contractions du tractus gastro-intestinal) et
oriente le flux sanguin vers l’appareil digestif. Chez les animaux, l’hypothalamus
joue aussi un rôle déterminant dans la motivation à se nourrir, boire, ou s’ac-
coupler, selon leurs besoins. En plus de la mise en jeu des connexions avec le
SNA, l’hypothalamus commande aussi certaines réponses comportementales au
moyen des connexions qu’il établit avec l’hypophyse située sous le diencéphale.
Cette glande très importante communique avec de nombreuses parties du corps,
en libérant des hormones dans la circulation sanguine.
Différenciation du mésencéphale
Contrairement au cerveau antérieur, le mésencéphale se différencie relative-
ment peu pendant le développement (Fig. 7.17). La surface dorsale de la vésicule
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7 – Anatomie du système nerveux 197
Cerveau
antérieur
Cerveau
médian
Cerveau
postérieur
Différenciation
Tectum
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198 1 – Bases cellulaires
Cerveau
antérieur
Cerveau
médian
Cerveau
postérieur
Différenciation
Cervelet
Quatrième
Lèvres rhombencéphaliques ventricule
Pont
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7 – Anatomie du système nerveux 199
Cerveau
antérieur
Cerveau
médian
Cerveau
postérieur
Différenciation
Quatrième
ventricule
Bulbe
Pyramides
bulbaires
Quiz Liste
des structures dérivées du mésencéphale
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et du cerveau postérieur
Figure 7.20 – Décussation des pyramides.
Le faisceau corticospinal croise d’un côté à
Vésicule primitive Structures adultes
l’autre, au niveau bulbaire.
Mésencéphale Tectum
Tegmentum mésencéphalique
Aqueduc cérébral
Cerveau postérieur (rhombencéphale) Cervelet
Pont
Quatrième ventricule
Bulbe
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200 1 – Bases cellulaires
Cerveau
antérieur
Cerveau
médian
Cerveau
postérieur
Différenciation
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Figure 7.21 – Différenciation de la moelle
épinière. Colonnes
La région en forme d’ailes de papillon de la de substance blanche
moelle épinière représente la substance grise,
sous-divisée en cornes dorsale et ventrale, Corne dorsale
et en une zone intermédiaire. Autour de la
substance grise se trouvent localisés les fais- Zone Substance
ceaux de fibres représentant les colonnes de intermédiaire grise
substance blanche qui parcourent la moelle
de bas en haut et de haut en bas, dans l’axe Corne ventrale
rostrocaudal. La région centrale remplie de
Canal
LCR représente le canal spinal (les schémas
spinal
ne sont pas à l’échelle).
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7 – Anatomie du système nerveux 201
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202 1 – Bases cellulaires
Bulbe olfactif
Télencéphale Bulbe
Hypothalamus Pont
Diencéphale Rhombencéphale
(cerveau postérieur) Tegmentum
(thalamus)
(b)
Cerveau antérieur
(a)
Ventricule latéral
Aqueduc
cérébral
Canal spinal
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7 – Anatomie du système nerveux 203
Proportions
respectives
Rat Homme
Hémisphères
Hémisphères cérébraux
cérébraux
Cervelet
(a)
Troisième Aqueduc
ventricule cérébral
Télencéphale
Troisième Aqueduc
ventricule cérébral
Quatrième
Télencéphale Quatrième
ventricule
ventricule
Cervelet
Bulbe
Diencéphale
Diencéphale
Mésencéphale
Mésencéphale Pont Pont
(b)
Bulbe Cervelet
Bulbe olfactif
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(c)
Bulbe olfactif
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204 1 – Bases cellulaires
Ventricules latéraux
Sillon central
Lobe pariétal
Lobe frontal
Troisième
ventricule
Quatrième
ventricule
Lobe occipital
Lobe temporal
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7 – Anatomie du système nerveux 205
Alligator Rat
Surface
de la pie-mère
Couche
moléculaire
Couche
II
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Dendrite
apicale III
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206 1 – Bases cellulaires
Scissure rhinale
Bulbe olfactif
Néocortex
Ventricules
Hippocampe latéraux
Figure 7.27 – Trois types de cortex chez les
mammifères.
Sur cette coupe de cerveau de rat, les ventri-
cules latéraux s’étendent entre le néocortex
et l’hippocampe, de chaque côté. Les ventri-
cules ne sont pas très visibles car, à ce niveau,
ils sont allongés et étroits. Au-dessous du
télencéphale se trouve le tronc cérébral. Pou-
vez-vous identifier la région à laquelle appar- Tronc cérébral
tient le tronc cérébral, notamment en rapport Scissure
rhinale
avec la présence d’un espace central rempli
Cortex olfactif
de LCR ?
au cortex olfactif, le néocortex n’existe que chez les mammifères. C’est pourquoi,
lorsque l’on dit que le cortex s’est développé au cours de l’évolution de l’homme,
cela signifie en fait que c’est le néocortex qui s’est développé. De même, lorsque
l’on dit que le thalamus est le passage obligé vers le cortex, cela signifie que c’est
un relais vers le néocortex. En fait, les scientifiques (et c’est le cas des auteurs…
et du traducteur) sont si concernés par le néocortex, qu’ils utilisent le mot cortex
pour parler du néocortex, à moins de préciser de quelle partie du cortex il s’agit.
Le chapitre 8 décrit le cortex olfactif dans le contexte de l’olfaction. Une
présentation plus approfondie de l’hippocampe fera l’objet de la 3e partie de ce
manuel, en relation avec sa fonction dans le système limbique (chapitre 18) et
dans la mémoire et l’apprentissage (chapitres 24 et 25). Enfin, dans la 2e partie
de l’ouvrage, le néocortex occupe une place essentielle dans la discussion sur la
vision, l’ouïe, la sensation somatique et le contrôle du mouvement volontaire.
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7 – Anatomie du système nerveux 207
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208 1 – Bases cellulaires
Ma carrière est faite de zigs-zags ! plutôt qu’au travers d’un logiciel qui le com-
Lorsque je fus proche de terminer mon mande.
PhD en physique théorique, mon directeur Comme j’avais créé des algorithmes
de thèse m’a envoyé effectuer un séjour permettant à des neurones artificiels d’ap-
dans les laboratoires Bell dans le New prendre, j’ai développé des théories mathé-
Jersey, pour un travail d’été. Le laboratoire matiques du fonctionnement d’un circuit
Bell, bras armé en recherche et développe- neuronal particulier du tronc cérébral,
ment de la compagnie de télécommunica- dénommé « intégrateur oculomoteur ». J’ai
tion AT&T, a produit des prix Nobel pour poursuivi ce travail au Massachusetts
ses découvertes et de nombreuses innova- Institute of Technology, où je suis devenu
tions technologiques, dont les transistors. Sebastian Seung assistant-professeur. Je suis devenu profes-
Lors de mon séjour, j’étais supposé formu- seur en 2004, ce qui aurait du me rendre
ler quelques théories sur la supraconductivité. J’y ai ren- heureux. Paradoxalement, j’étais plutôt déprimé. Ma
contré Haim Sompolinsky, qui rentrait d’une année sab- théorie de l’intégration oculomotrice était intéressante
batique en Israel. Haim avait développé des modèles et même plausible si l’on en croit mon collègue David
mathématiques sur l’interaction des particules dans un Tank à Princeton, qui l’a testée. Mais d’autres propo-
champ magnétique et travaillait maintenant avec saient des théories alternatives, et il y avait ainsi une
enthousiasme sur les interactions entre neurones. Il était absence de consensus sur cette problématique. En fait,
complètement fasciné par les théories sur les réseaux ma théorie supposait l’existence de connexions récur-
neuronaux, et c’est ainsi que je l’ai suivi à Jérusalem rentes entre les différentes parties de l’intégrateur. Mais
pour effectuer mon post-doctorat. Nous avons dès lors après plus de dix ans, je n’étais toujours pas sûr que ces
appliqué les concepts de la physique statistique pour interconnexions existent !
tenter de comprendre ce qu’il se passait lorsque des neu- Lorsque je m’en ouvris à David, il m’a suggéré de
rones artificiels – c’est-à-dire des neurones modélisés – changer de problématique. Dans les années 1990 nous
« apprenaient », non pas graduellement mais au avions travaillé ensemble dans les laboratoires Bell avec
contraire soudainement. Lorsque je n’étais pas pris Winfried Denk, qui avait depuis rejoint l’Institut de
dans mes calculs innombrables, j’apprenais l’Hébreu ou recherche biomédicale du Max Planck à Heidelberg.
encore cuisinais de l’hummus. Winfried avait développé un ingénieux dispositif per-
Après deux années à Jérusalem, je suis retourné aux mettant d’obtenir une représentation d’une coupe de
laboratoires Bell où je fus rattaché au département de tissu nerveux et de réaliser successivement plusieurs
physique théorique 11111, en rapport avec la charte représentations à différents niveaux de ce tissu. En pro-
d’organisation de ce laboratoire. Est-ce à dire que nous gressant systématiquement, il était alors possible d’ob-
étions les meilleurs ? Certainement pas mais la pression tenir une représentation 3D de cette région du cerveau.
était bien là, non pas de produire de nouveaux prix Ce dispositif étant basé sur une analyse d’images en
Nobel, mais bien des applications rentables pour AT&T, microscopie électronique, sa résolution était suffisante
à tel point que l’on nous disait « Plus votre département pour envisager une représentation de toutes les synapses
comprend de 1, moins vous êtes utile »… et de tous les neurones présents dans l’échantillon ana-
Mais les laboratoires Bell sont un peu comme lysé (souvenez-vous que Cajal avec son microscope et la
Disneyland pour ce qui concerne la créativité, avec des méthode de coloration de Golgi ne pouvait voir qu’un
milliers de chercheurs travaillant sur une variété de sujets tout petit nombre de neurones et en aucun cas les
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absolument considérables. La plupart d’entre eux lais- synapses). En principe, il était donc possible de procéder
saient leur porte ouverte, de telle manière que les interac- à partir de ces images à la représentation de l’ensemble
tions étaient fréquentes et qu’à n’importe quel moment des connexions présentes dans le tissu nerveux analysé.
vous pouviez poser des questions à des spécialistes. Les Le recueil d’un nombre considérable de données
départements de physique expérimentale et de biologie était la partie la plus longue de notre analyse. Le dispo-
computationnelle étaient pionniers dans l’utilisation de sitif créé par Winfried nous donnait la possibilité de
l’IRM fonctionnelle et de la microscopie pour appréhen- travailler sur un échantillon d’environ 1 mm3, l’équiva-
der l’activité neuronale. A l’autre bout du bâtiment se lent de milliards d’images numérisées. La reconstruc-
trouvaient des informaticiens travaillant sur une machine tion manuelle aurait donc été impossible à envisager.
« à apprendre » : une sorte de dispositif conduisant l’or- J’ai donc décidé de m’attaquer à augmenter la vitesse
dinateur à apprendre à partir de sa propre expérience d’analyse des images en automatisant la procédure. En
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7 – Anatomie du système nerveux 209
2006, j’ai débuté une collaboration avec le laboratoire neurones qui sont comme des câbles dans le cerveau
de Winfried pour combiner nos deux méthodes. (Fig. A).
L’automatisation de l’analyse s’avérait être une grande En 2014, Nature a publié la première représentation
amélioration, augmentant à la fois la vitesse de traite- d’un réseau dans la rétine. Cette découverte suggère une
ment des images et la précision des informations dans solution nouvelle à une question restée sans réponse
la reconstruction 3D des neurones. Toutefois, la depuis une cinquantaine d’années : comment les neurones
machine faisait encore quelques erreurs et ne pouvait de la rétine contribuent-ils à la détection des stimuli visuels
en tout état de cause pas remplacer totalement l’inter- en mouvement ? Plusieurs chercheurs ont alors lancé des
vention de l’homme. En 2008, nous avons créé un logi- expérimentations pour vérifier notre théorie. Seul le temps
ciel susceptible de reconstruire les circuits neuronaux. pourra nous dire si nous avons raison. Mais il est clair
Nous avons rejoint le projet « EyeWire » regroupant toutefois que cette technologie de reconstruction des
plus de 150 000 joueurs de plus de 100 pays depuis connexions cérébrales est à même de nous fournir de nou-
sa création en 2012 (http://blog.eyewire.org/about). velles clés pour mieux comprendre le fonctionnement
EyeWire analyse les images en utilisant un jeu qui res- cérébral. Je travaille maintenant au Princeton Neuroscience
semble à un livre à coloriser en 3D. Avec cette méthode, Institute, où je poursuis mes travaux vers ce rêve de recons-
nous avons contribué à reconstruire les branches de truire un jour le connectome d’un cerveau entier.
Figure A – Sept neurones d’une toute petite région de la rétine sont reconstruits avec leurs dendrites à partir d’images obte-
nues en microscopie électronique. Les neurites appartenant à chaque neurone sont colorés de façon différentielle. (Source :
courtoisie du Dr Sebastian Seung, Princeton University, et Kris Krug, Pop Tech.)
primaires, qui sont les premières à recevoir les informations à partir des voies
sensorielles. Par exemple, l’aire 17 correspond à l’aire visuelle primaire appelée
aussi V1 car elle reçoit les informations de l’œil par une voie directe, allant de
la rétine au cortex en passant par le thalamus. Le deuxième type de néocortex
est représenté par les aires sensorielles secondaires, ainsi désignées parce qu’elles
sont étroitement connectées aux aires sensorielles primaires. Le troisième type de
néocortex est représenté par les aires motrices qui, in fine, sont impliquées dans
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210 1 – Bases cellulaires
Moteur Visuel
Somatosensoriel Sensorimoteur
Visuel
Sensorimoteur
Visuel
Bulbe olfactif
Auditif Bulbe olfactif
Auditif
Auditif
Conclusion
La neuroanatomie est seulement effleurée dans ce chapitre. Il est évident que
le cerveau représente la matière la plus complexe de l’univers. Ce qui a été décrit
dans ce chapitre ne donne par conséquent qu’une vision schématique du système
nerveux et de quelques-uns de ses constituants.
Il est cependant indispensable de bien connaître la neuroanatomie pour
comprendre comment fonctionne le cerveau. Aujourd’hui cette neuroanato-
mie connaît un renouveau d’importance avec l’arrivée de méthodes permettant
d’aborder le cerveau vivant (Fig. 7.30).
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7 – Anatomie du système nerveux 211
QUESTIONS DE RÉVISION
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ANNEXE
GUIDE ILLUSTRÉ DE L’ANATOMIE
DU CERVEAU HUMAIN
ANATOMIE GÉNÉRALE
DU CERVEAU
Aspect externe du cerveau (vue latérale)
(a) Organisation générale
(b) Sillons, scissures et gyrus
(c) Lobes cérébraux et cortex insulaire
(d) Principales aires sensorielles, motrices et associatives du cortex
Aspect interhémisphérique (vue médiane)
(a) Structures du tronc cérébral
(b) Structures du cerveau antérieur
(c) Ventricules
Aspect ventral du cerveau (vue ventrale)
Aspect du cerveau vu de dessus (vue dorsale)
(a) Hémisphères cérébraux
(b) Après avoir retiré les hémisphères cérébraux
(c) Après avoir retiré les hémisphères cérébraux et le cervelet
ANATOMIE DU CERVEAU
EN COUPES CORONALES
(FRONTALES)
Section 1 : cerveau antérieur à la jonction entre thalamus et télencéphale
(a) Organisation générale
(b) Principales structures et faisceaux nerveux
Section 2 : cerveau antérieur au niveau du thalamus moyen
(a) Organisation générale
(b) Principales structures et faisceaux nerveux
Section 3 : cerveau antérieur à la jonction entre thalamus et mésencéphale
(a) Organisation générale
(b) Principales structures et faisceaux nerveux
Section 4 : mésencéphale rostral
Section 5 : mésencéphale caudal
Section 6 : pont et cervelet
Section 7 : partie antérieure du tronc cérébral
Section 8 : partie centrale du tronc cérébral
Section 9 : jonction tronc cérébral-moelle épinière
ANATOMIE DE LA
MOELLE ÉPINIÈRE
Surface dorsale de la moelle épinière et nerfs spinaux
Surface ventrolatérale
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NERFS CRÂNIENS
CIRCULATION CÉRÉBRALE
Vue ventrale
Vue latérale
Vue médiale (sans le tronc cérébral)
QUESTIONNAIRE
D’AUTO-ÉVALUATION
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INTRODUCTION
C
omme nous le constaterons dans la suite de cet ouvrage, l’une des façons
les plus efficaces d’explorer l’anatomie du système nerveux est de la
considérer sous l’angle fonctionnel. Ainsi, le système olfactif est repré-
senté par les différentes régions cérébrales qui sont impliquées dans l’olfaction,
le système visuel par toutes les régions impliquées dans la vision, et ainsi de
suite. Cette façon d’analyser l’organisation du système nerveux présente de nom-
breux avantages ; toutefois, elle a pour inconvénient de s’opposer à une vision
plus globale du système nerveux, en d’autres termes de ne pas nous permettre
d’apprécier comment tous ces systèmes fonctionnent ensemble pour réaliser les
comportements. L’objectif de ce guide est de présenter l’anatomie des structures
dont nous parlerons dans les chapitres qui suivent. Ici nous nous concentrerons
plus spécifiquement sur les termes anatomiques, notamment la dénomination
des structures nerveuses et des différentes parties du cerveau. Nous verrons aussi
combien toutes ces structures sont reliées entre elles pour former un ensemble,
le cerveau, leur implication fonctionnelle étant décrite dans la suite de l’ouvrage.
Le guide est organisé en six parties principales. La première partie est consa-
crée à l’anatomie générale du cerveau, en particulier aux différentes subdivisions
qui apparaissent déjà lorsque l’on examine macroscopiquement le cerveau entier
ou simplement séparé en deux parties selon la ligne médiane inter-hémisphérique
(plan sagittal médian). Puis nous explorerons l’anatomie du cerveau en décrivant
des coupes anatomiques réalisées dans le plan coronal (frontal) à des niveaux
choisis présentant les principales structures du système nerveux. Les parties 3
et 4 décrivent de façon plus succincte l’organisation de la moelle épinière et du
système nerveux autonome. La cinquième partie du guide est consacrée aux
nerfs crâniens et à leurs fonctions et la dernière partie décrit la vascularisation
cérébrale.
Le système nerveux présente un nombre considérable de structures. Dans
ce guide, nous n’avons pas de prétention exhaustive mais nous voulons plutôt
mettre l’accent sur les régions dont nous discuterons la fonction dans la suite de
l’ouvrage. Néanmoins, rien que pour cela, un nombre très important de struc-
tures nerveuses sera décrit, ce qui suppose d’acquérir un vocabulaire en rapport
avec cette anatomie. Pour vous aider, vous pourrez alors tester vos connaissances
en répondant au questionnaire d’auto-évaluation présenté en fin de chapitre.
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214 1 – Bases cellulaires
Postérieur Postérieur
(0,5X) (0,5X)
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 215
Hémisphère cérébral
Bulbe olfactif
Cervelet
Tronc cérébral
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(1X)
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216 1 – Bases cellulaires
Sillon central
(0,5X)
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1. NdT : ce qui est nommé ici sillon central correspond à la scissure centrale, encore
dénommée scissure de Rolando. De ce fait, les gyri post-central et précentral corres-
pondent à ce que l’on nomme aussi, respectivement, gyrus post-rolandique et prérolan-
dique. Corrélativement, la scissure de Sylvius présentée ci-après, est encore nommée
scissure latérale.
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 217
(c) Lobes cérébraux et cortex insulaire. Par convention, les hémisphères céré-
braux sont subdivisés en lobes, désignés par rapport aux os du crâne qui les
recouvrent. Le sillon central sépare quant à lui le lobe frontal du lobe pariétal.
Le lobe temporal s’étend dans le territoire situé au-dessous et latéralement par
rapport à la scissure de Sylvius. Le lobe occipital représente la partie postérieure
du cerveau, limité dans sa partie supérieure par le lobe pariétal et dans sa partie
inférieure par le lobe temporal. Une partie du cortex est située à l’intérieur des
replis de la scissure de Sylvius. Ce cortex « caché » est dénommé cortex insulaire
ou insula (du latin : « île »). Le cortex insulaire est situé entre le lobe temporal
et le lobe frontal.
Lobe pariétal
Lobe frontal
Lobe occipital
Cortex insulaire
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218 1 – Bases cellulaires
3 1 2
4 5
8 6
7
9 40
10 46 39 19
41
42 17
18
22 37
45
21
11
38 (0,4X)
20
Cortex visuel
(aires 17, 18, 19)
(0,7X)
Cortex préfrontal
Cortex inférotemporal
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Aires sensorielles
Aires associatives
Cortex gustatif
(aire 43)
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 219
Thalamus
Glande pinéale
Hypothalamus
Tegmentum
Pont
Bulbe
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(1X)
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220 1 – Bases cellulaires
(b) Structures du cerveau antérieur. Sur le schéma sont représentées les prin-
cipales structures du cerveau antérieur observables à partir de la face interne,
après avoir séparé les deux hémisphères. La section permet de distinguer le corps
calleux, un énorme faisceau de fibres nerveuses qui relie normalement les deux
hémisphères. Particularité intéressante, lorsque le corps calleux est sectionné
chirurgicalement pour des raisons médicales, cela donne la possibilité aux neu-
ropsychologues d’étudier séparément les fonctions des deux hémisphères (voir
chapitre 20). Le fornix représente un autre faisceau de fibres important, qui
connecte l’hippocampe à l’hypothalamus. Le terme fornix vient du mot latin
signifiant « arche ». Une partie des axones du fornix contribue aux régulations
des processus mnésiques (voir chapitre 24).
Le schéma de la partie basse figure le cerveau en position légèrement pivo-
tée vers le haut pour montrer l’emplacement de l’amygdale et de l’hippocampe.
Cette représentation n’est pas compatible avec leur observation directe car elles
sont enfouies dans le cerveau. Elles sont donc représentées sous forme de « fan-
tômes » puisqu’elles sont recouvertes par le cortex. Nous découvrirons ces struc-
tures plus directement dans les prochaines planches de ce guide. L’amygdale est
une structure nerveuse importante pour la régulation des
états émotionnels (voir chapitre 18) et l’hippocampe
pour la mémorisation (voir chapitres 24 et 25).
Gyrus cingulaire
Fornix
Bulbe olfactif
Scissure
Chiasma optique calcarine
(0,7X)
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Amygdale
(recouverte par le cortex)
(0,7X)
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 221
Troisième ventricule
Aqueduc cérébral
Quatrième ventricule
(0,7X)
Canal spinal
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(0,7X)
Ventricule latéral
(recouvert par le cortex)
Tronc cérébral et cervelet retirés
et cerveau en position légèrement pivotée
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222 1 – Bases cellulaires
Bulbe olfactif
Chiasma optique
Tractus optique
Nerf optique
Hypothalamus
Corps
mamillaires
Mésencéphale
Nerfs crâniens
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Pont
Bulbe (1X)
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 223
Corps calleux
Sillon central
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224 1 – Bases cellulaires
(b) Après avoir retiré les hémisphères cérébraux. Dans ce cas, c’est le cerve-
let qui apparaît de façon prédominante, notamment si l’on bascule un peu le
cerveau vers l’avant. Le cervelet est une structure essentielle de la coordination
motrice (voir chapitre 14). Il est lui-même divisé en deux hémisphères latéraux et
en une région médiane, dénommée vermis cérébelleux.
Vermis
Hémisphère Hémisphère
cerebelleux gauche cerebelleux droit
(0,95X)
Moelle épinière
(c) Après avoir retiré les hémisphères cérébraux et le cervelet. Cette interven-
tion permet d’observer la partie supérieure du tronc cérébral. Sur le schéma,
ont été reportées à gauche les principales parties du tronc cérébral, alors que
des structures plus spécifiques sont mentionnées à droite. La glande pinéale, qui
se trouve au-dessus du thalamus, sécrète la mélatonine et est impliquée dans la
régulation des états de sommeil et les comportements sexuels (voir chapitres 17
et 19). Le colliculus supérieur reçoit directement des informations visuelles (voir
chapitre 10) et se trouve impliqué dans la régulation des mouvements des yeux
(voir chapitre 14). Le colliculus inférieur représente une structure importante
du système auditif (voir chapitre 11). Les pédoncules cérébelleux sont de larges
faisceaux d’axones qui connectent le cervelet au tronc cérébral (voir chapitre 14).
Colliculus supérieur
Mésencéphale
Colliculus inférieur
Pont
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(1X)
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 225
2 1
3
(0,6X)
Sections réalisées au niveau du tronc cérébral
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4
5
(0,6X)
7
8
9
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226 1 – Bases cellulaires
Lobe frontal
Ventricule latéral
Thalamus
Cortex insulaire
Scissure de Sylvius
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Troisième
ventricule
Lobe temporal
(1X)
Cerveau antérieur basal
Hypothalamus
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 227
Structures nerveuses
Groupes de fibres nerveuses
Cortex cérébral
Corps calleux
Aire septale
Substance
blanche corticale Putamen
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Capsule interne
Globus pallidus
(pallidum)
(1X)
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228 1 – Bases cellulaires
Lobe pariétal
Ventricule latéral
Thalamus
Cortex insulaire
Scissure de Sylvius
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Troisième ventricule
Lobe temporal
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 229
Fornix
Noyau caudé
Noyau
ventro-postéro-latéral
(VPL) du thalamus
Putamen
Capsule interne
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Globus pallidus
(pallidum)
Substance blanche
corticale
Amygdale
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230 1 – Bases cellulaires
Lobe pariétal
Troisième ventricule
Ventricule latéral
Thalamus
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Lobe temporal
(1X)
Mésencéphale Aqueduc cérébral
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 231
Pulvinar
Corps genouillé
latéral
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Substance
blanche corticale
Hippocampe
(1X)
Corps genouillé médian
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232 1 – Bases cellulaires
Substance noire
(2X)
Noyau rouge
4
5
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 233
Quatrième ventricule
Cortex cérébelleux
Noyaux du pont
Noyaux du raphé
Olive supérieure
Olive inférieure
7 (2X)
Pyramide bulbaire
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234 1 – Bases cellulaires
Quatrième ventricule
Noyaux vestibulaires
Olive inférieure
(2X)
Lemnisque médian
8
Pyramide bulbaire
Lemnisque médian
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9 (2,5X)
Pyramide bulbaire
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 235
Queue de cheval
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5e nerf lombaire
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236 1 – Bases cellulaires
Surface ventrolatérale
Ce schéma illustre la façon dont les nerfs spinaux sont rattachés à la moelle
épinière et comment les méninges sont organisées au niveau spinal. Dès que
les nerfs pénètrent à l’intérieur de la colonne vertébrale, ils se séparent en deux
faisceaux distincts dénommés « racines ». Les racines dorsales véhiculent les
informations sensorielles. Les axones des neurones sensoriels sont situés dans
les ganglions rachidiens. Les racines ventrales véhiculent les messages moteurs
issus des neurones moteurs situés dans la substance grise de la région ventrale
de la moelle épinière. L’aspect « en ailes de papillons » de la moelle épinière vue
en coupe coronale représente la substance grise, c’est-à-dire principalement les
corps cellulaires des neurones spinaux. Cette substance grise est subdivisée en
régions dorsale, latérale et ventrale, dénommées « cornes »2. Notez que l’orga-
nisation de la substance grise et de la substance blanche de la moelle épinière
est un peu différente de celle du cerveau antérieur. Dans le cerveau antérieur, la
substance grise entoure complètement la substance blanche. Dans la moelle épi-
nière, on note une épaisse coque de substance blanche qui contient les nombreux
faisceaux d’axones parcourant la moelle dans les deux sens, de haut en bas et de
bas en haut. Ces faisceaux de fibres sont divisés en trois colonnes, dénommées
respectivement colonnes dorsales, colonnes latérales et colonnes ventrales.
Colonnes dorsales
Corne dorsale DORSAL
Colonne latérale Canal spinal
Corne ventrale
Corne latérale
Colonne ventrale
Racine dorsale
Ganglion rachidien
Pie-mère spinale
Nerf spinal
Espace
subarachnoïdien
Membrane
arachnoïdienne spinale
Racine ventrale
Dure-mère spinale
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Filaments
des racines ventrales
(6X)
VENTRAL
2. NdT : dans une autre nomenclature, on désigne les parties « dorsale » et « ventrale »
de la moelle épinière par rapport à la position de cette dernière. Ainsi désigne-t-on aussi
les régions ventrales comme « antérieures » et les régions dorsales comme « postérieures ».
De ce point de vue, les racines ventrales peuvent être aussi désignées comme « racines
antérieures » et les racines dorsales comme « racines postérieures ».
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 237
Faisceau Système
corticospinal moteur
latéral
Faisceau
rubrospinal
(9X)
Faisceau réticulospinal
bulbaire
Voie spinothalamique
Voie tectospinale
Faisceau réticulospinal
pontique
Système moteur
Faisceau vestibulospinal ventromédian
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238 1 – Bases cellulaires
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 239
Plan de coupe
Nerf vague
Nerf spinal
Colonne vertébrale
Cœur
Côtes (section)
du côté droit du corps
Estomac
Rein
Intestin grêle
Ganglions sympathiques
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Vessie
Prostate
Fibres sympathiques
Fibres parasympathiques
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240 1 – Bases cellulaires
Nerfs crâniens
Douze paires de nerfs crâniens émergent de la base du cerveau. Les deux
premiers nerfs font partie du SNC, impliqués dans l’olfaction et la vision. Les
autres nerfs sont équivalents à des nerfs spinaux en ce sens qu’ils contiennent des
axones du système nerveux périphérique. Comme l’illustre le schéma, le même
nerf est souvent impliqué dans plusieurs fonctions à la fois. Une bonne connais-
sance de ces nerfs et de leur fonction est un atout essentiel pour l’aide au dia-
gnostic d’un grand nombre de troubles neurologiques. En effet, il est important
de se souvenir que les nerfs crâniens sont associés à des noyaux correspondants
du tronc cérébral, tant au niveau du mésencéphale que du pont ou du bulbe.
Par exemple, les noyaux cochléaires et vestibulaires reçoivent leur information
de la huitième paire de nerfs crâniens (VIII). La plupart de ces noyaux des nerfs
crâniens ne sont cependant pas illustrés ici car leur fonction n’est pas discutée
dans la suite de cet ouvrage.
I. Nerf olfactif
V. Nerf trigéminal
X. Nerf vague
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 241
Nerf olfactif
Nerf optique
Nerf oculomoteur
Nerf trochléaire
Nerf trigéminal
Nerf abducens
Nerf facial
Nerf auditif et vestibulaire
Nerf glossopharyngien
Nerf vague
Nerf spinal accessoire
Nerf hypoglosse
III. Nerf oculomoteur Moteur somatique Mouvements des yeux et des paupières
Moteur viscéral Contrôle parasympathique du diamètre de la pupille
VII. Nerf facial Sensoriel somatique Mouvements des muscles de l’expression faciale
Sensoriel (spécifique) Sensation du goût (2/3 antérieur de la langue)
VIII. Nerf auditif et vestibulaire Sensoriel (spécifique) Audition et équilibre
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IX. Nerf glossopharyngien Moteur somatique Mouvements des muscles de la gorge (oropharynx)
Moteur viscéral Contrôle parasympathique des glandes salivaires
Sensoriel (spécifique) Sensation du goût (1/3 postérieur de la langue)
Sensoriel viscéral Détection de la pression artérielle au niveau de l’aorte
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242 1 – Bases cellulaires
Circulation cérébrale
Vue ventrale
Deux paires d’artères irriguent le cerveau : les artères vertébrales et les
artères carotides internes. Les artères vertébrales convergent à la base du pont
pour former l’artère basilaire. Les artères vertébrales et basales irriguent le
tronc cérébral et le cervelet. Dans le mésencéphale, l’artère basilaire se sépare
en plusieurs branches : les artères cérébelleuses supérieures droite et gauche et
les artères cérébrales postérieures. Les artères cérébrales postérieures forment les
artères communicantes postérieures, qui les connectent aux carotides internes. Les
carotides internes, quant à elles, se divisent pour former les artères cérébrales
moyennes et les artères cérébrales antérieures. Les artères cérébrales antérieures
de chaque hémisphère sont interconnectées par l’artère communicante anté-
rieure. Par conséquent, les artères cérébrales postérieures et communicantes, les
carotides internes et les artères cérébrales antérieures et communicantes, forment
un anneau d’artères interconnectées à la base du cerveau. Ce réseau dense repré-
sente le cercle de Willis.
Artère cérébrale
antérieure
Artère communicante
antérieure
Artère cérébrale
moyenne
Artère
carotide interne
Artère
communicante
postérieure
Artère cérébelleuse
postérieure
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Artère cérébelleuse
supérieure
Artère basilaire
(1X)
Artères vertébrales
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 243
Vue latérale
L’essentiel de la surface latérale du cerveau est irrigué par l’artère cérébrale
moyenne. Cette artère irrigue également les structures profondes du cerveau
antérieur.
Parties terminales
de la branche corticale
de l’artère cérébrale antérieure
(0,7X)
Artère cérébrale moyenne Parties terminales
de la branche corticale
de l’artère cérébrale postérieure
(0,7X)
Artère cérébrale antérieure
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244 1 – Bases cellulaires
Questionnaire d’auto-évaluation
Les pages suivantes sont organisées comme un livre d’exercices, pour vous
aider à apprendre la neuroanatomie qui vous a été présentée. Les schémas du
guide sont reproduits sans les noms des structures nerveuses. En revanche, les
structures sont numérotées afin que vous puissiez mettre sur la ligne correspon-
dante le nom de la structure à identifier. Cette méthode vous sera très utile pour
tester vos connaissances et vous aider à retenir les termes anatomiques qui seront
utilisés dans les chapitres suivants.
QUESTIONNAIRE
Vue latérale du cerveau
1.
2.
3.
4.
1
4 3
7
8
6
5.
6.
7.
8.
9
9.
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 245
2.
3.
4
4.
5
5.
1
QUESTIONNAIRE
Vue latérale du cerveau (suite)
11
12 6.
10
13
9
7.
8.
14
9.
10.
11.
12.
8
15
13.
7
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6
14.
15.
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246 1 – Bases cellulaires
QUESTIONNAIRE
Aspect interhémisphérique
7
2.
8 3.
4.
5.
6
4 6.
3 9
5 2
1 7.
8.
9.
13 14
12
10.
11.
11 15
10 12.
13.
14.
15.
16.
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17.
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 247
QUESTIONNAIRE
Aspect interhémisphérique
(c) Ventricules
4 1.
3
2.
2
1
3.
4.
5.
5
Identification des structures
après avoir retiré
le tronc cérébral et le cervelet,
cerveau légèrement pivoté
6.
8.
9
10 9.
10.
11
11.
8
12
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12.
13
14
13.
7
15
14.
6
15.
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248 1 – Bases cellulaires
QUESTIONNAIRE
Aspect du cerveau vu de dessus
1.
2.
2
3.
4.
5
5.
6.
7
7.
8.
6 8
9.
10.
(c) Après avoir retiré les hémisphères cérébraux et le cervelet
11.
13 12.
12
14
11 15 13.
10
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14.
16
15.
17
16.
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 249
QUESTIONNAIRE
Cerveau antérieur au niveau de la jonction entre le thalamus et le télencéphale
6
1.
7
2.
3.
8
5 4.
4 5.
9
6.
3
7.
2 1
8.
9.
(b) Principales structures et faisceaux nerveux
10.
13 14
11.
15
12
12.
16
13.
11
17
14.
10
15.
18
16.
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17.
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250 1 – Bases cellulaires
QUESTIONNAIRE
Cerveau antérieur au niveau du thalamus moyen 1.
2.
(a) Organisation générale
3.
6 4.
7
5.
5
6.
4 7.
8
8.
9.
3 9
10.
2
1
11.
12.
16 15.
20
16.
15
17.
14 21
18.
19.
13
20.
12 22
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11 21.
10 23
22.
23.
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 251
QUESTIONNAIRE
Cerveau antérieur au niveau de la jonction entre thalamus et mésencéphale
5 1.
2.
4
3.
6 4.
3
5.
6.
2 7.
1 7
8.
10
9
9.
11
10.
12 11.
12.
8
13.
13
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14.
14
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252 1 – Bases cellulaires
QUESTIONNAIRE
Mésencéphale rostral
4 5
1.
3 2.
3.
2 4.
1 5.
Mésencéphale caudal
8 9
6.
7
7.
8.
9.
6
Pont et cervelet
14
10.
13 11.
12.
12
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13.
14.
11
10
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 253
QUESTIONNAIRE
7
6
5
1.
4
2.
3
3.
2
1 4.
5.
Partie centrale du tronc cérébral
6.
14
13 7.
12 8.
11 9.
10
10.
9 11.
8
12.
17 18
14.
15.
16.
16
17.
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18.
15
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254 1 – Bases cellulaires
QUESTIONNAIRE 1.
2.
5.
6
11
5 6.
12 7.
13 8.
14
9.
4
15 10.
3
11.
2
16
12.
1
13.
17
14.
15.
VENTRAL 16.
17.
20 21 19.
19
20.
22 24 21.
23
22.
23.
25
24.
18
26
25.
27
29
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28
26.
27.
28.
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Annexe – Guide illustré de l’anatomie du cerveau humain 255
QUESTIONNAIRE
Nerfs crâniens
1.
2.
1
3.
2
4.
3 5.
4
6.
5
7.
6
7 8.
8
9 9.
10
10.
11
12 11.
12.
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256 1 – Bases cellulaires
QUESTIONNAIRE
Circulation cérébrale
1.
2
7 2.
8
1
3.
4.
9 5.
11
6.
7.
8.
9.
10.
10 12
11.
12.
13.
14.
15.
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13
14
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