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de la photo-interprétation
et de la télédétecticn
à la géologie de I'ingénieur
D. Galmier
R. Lacot
R. Richard
Ingénieurs-Conseils
R. Vyain, BRGM
G. Weecksteen, BRGM
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I
É.
RESUME SUMMARY
Applications pratiques de la photo-interprétation Practical {pplications of Photointerpretation and
et de la télédétection par D. Galrnier, R. Lacot, Teledetection, by D. Galmier, R" Lacot and, R.
R. Richard. Richard.
L'utilisation de la photo-interprétation permet de By detecting unusual site features, photointer-
mieux définir les secteurs à urbaniser en repérant pretation permits more precise definition of areas
les anomalies de terrain. Elle donne en outre une for urban development. lt is also an excellent
bonne approche des problèmes hydrogéologiques, approach to problems of hydrogeology, facilitates
facilite la recherche des matériaux et oriente les materials prospection and can guide designers in
études et reconnaissances de terrain à entrepren- deciding what field reconnaissance and study is
d re. needed.
Les nombreux exemples donnés montrent I'inté- The many examples described illustrate the
rêt que présente cette approche des problèmes. of this approach.
advantages
Exemple d'utilisation de la photogéologie en An Example of Photogeology Applied to Small
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uarfograPnre geulecnnrque a petrre ecneile par
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Vyain. This case history illustrates the use of photo-
L'exemple cité met en évidence une utilisation geology in the geotechnical mapping of an equa-
de la photogéologie appliquée à la cartographie torial zone. ll made it possible to cover a large
géotechnique en zone équatoriale. Elle a permis de area to locate geotechnically complex areas requir-
reconnaître une grande surface et de localiser les ing more r'horough study.
zones géotechniques complexes nécessitant une The Arnon (France) Dam Foundation Problem, by
étude plus approfondie. J.-Y, Scanvic, -
Problème posé par la fondation du barrage de Conventional aerial photography enables local
I'Arnon (Cher) par J.-Y. Scanvic. fracture systems to be found without indicating
La photo aérienne classique permet de déter- their regional im,portance. Comparing such cove.
miner les réseaux de f ractures à l'échelon local rage with satellite scenes revealed a regional
sans préciser leur importance régionale. L'examen fault crossing the dam site, found during cons-
comparé avec des images satellites a nrontré truction.
I'existence d'une faille
régionale passant sur le Seismotechnical Map of Provence at 1/250 000
site du barrage, retrouvée pendant les travaux. Scale, by G. Weecksteen.
Esquisse sismo-tecton'ique de Provence à A basic seismotechnical map of the Provence
1/250 A00 par G. Weecksteen. area in France was drawn up from satellite scenes
L'utilisation des images satellites et des photos and aerial photographs. Problems arise in the
aériennes a permis d'esquisser une carte sismo- methods to be used for handling this information.
tectonique de la Provence.
Des problèmes de méthodes se posent"dans le
traitement des informations.
Présentation de la séance (.)
par Denis GALMIER
Ingénieur-Conseil
1. INTRODUCTION
Quelques exemples d'interptéta.tion- d9 photographies Pour autant que l'étude ponctuelle doive se fate, la
aériennes et de téIédétection ont été choisis pour mettre vision de synthèse du sitè dans son environnement
l'accent sur certains types de phénomènes que ces tech- s'impose, en raison des interactions de l'un et de l'autre,
niques permettent de bien appiéhender, ainsi que sur les et la photo-interprétation est une méthode préférentielle
modes de raisonnement èf la logique des moyens
^
pour prendre de la << hauteur )> et conduire à une saine
employés pour obtenir les informations. réflexion.
Ces exemples permettront de fournir une nouvelle L'interprétation se f.ait à des échelles d'images variant
approche dei problèmes de sécutité du sol et du sous-sol, du | /4 000 (par exemple analyse de sites routiers très
airirroche immédiatement utilisable à des fins pratiques. limités), au 1/1 000 000 (ERTS, Landsar, Skylab) ; les
Parmi les problèmes dont l'approche est ainsi réalisée, premières pour des études très particulièr:es avec pour
citons, tant en plaine qu'en montagne : résultat une bien meilleure organisation du budget ;
- les problèmes d'excavations : tassernents, affais- les secondes permettent parfois de faire apparaître- des
éléments importants et inconnus autrement (par exemple
sements, karsts colmatés ou non ;
découverte d'un chenal de sous-écoulement à fort debit
- f.taeturation et microfracftJtation ; dans une vallée, appuyé sur un linéarnent ERTS).
- zones de rétention d'humidité ; Chaque type de problèmes exigera une échelle et des
- anomalies morphologiques et micromorphologiques documents particuliers. De toutes manières, il y a intérë,t
diverses ; à exploiter ce qui existe déjà ; une couverture photo-
- ruptures de pente, risques de glissement de terrain, graphlque d'un site en vue d'une photogrammétrie
en petit ou en grand ; détaillée n'est pas forcément utilisable poui la photo-
- approche des problèmes hydrogéologiques ; interprétation. Il est aussi très utile de comparer les
- recherches de matériaux, graves, emprunts divers. informations obtenues pat plusieurs séries de photogra-
phies aériennes, ce qui permet d'apporter une -apprécia-
En montagne, glissements de terrain, étude de pentes, tion du degré du risque et son évolution possible, donc
zones de chutes de pierres , etc.; les problèrnes de géo- un aspect dynamique.
logie de f ingénieur peuvent se trouver 1à plus aigus.
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2. EXEMPLES MONTRANT LE DEGRE DE FINESSE DE L'INTERPRETATION DANS LE DOMAINE
DE LA DEFINITION DE LA GONSTRUCTIBILITE DE TERRAINS
2.1 . Ville de M'Buji-Mayi, Kasaï Oriental, Zaïre séries jurassiques calcaires, recouvertes par les maté-
riaux d'une haute terrasse.
L'exploitation du diamant est à l'origine de l'essor
démographique exceptionnel de Ia ville qui atteint les Lors du début des travaux préparatoires à la
250 000 habitants pour une surface bâtie de 40 km2
construction d'un groupe d'immeubles collectifs, des
environ. Cette ville est établie sur un plateau couvert désordres importants au niveau du sous-sol sont
par d'épaisses formations argilo-sableuses (de 0 à 15 m) apparus, nécessitant le remaniement du plan de masse.
surmontant des formations calcaréo-dolomitiques diver- 11 s'agissait notamment d'une < bétoire >> ou doline
ses de 250 m d'épaisseur reposant sur le socle. située dans la zone même de construction et d'un
La ville s'est développée assez harmonieusement certain nombre d'autres petites dépressions. Une étude
jusqu'en 1960 (plan d'urbanisme, canalisation des eaux, géophysique relativement lourde fut faite qui permit
boisement des zones non construites) : à partir de cette de déterrniner une zone non-aedificandi.
date le développement devient totalement anarchique, L'étude rapide des photographies
-heures,aériennes au
sans plan de voirie, avec un déboisernent total des 1/20 000 a permis, er quelques de localiser
nouvelles zones urbanisées. I1 se produit alors une immédiatement et avec précision une série de petites
érosion intense, notamment de la voirie non revêtue, dépressions bien marquées dans la morphologie et
l'accumulation de l'eau de pluie et des eaux usées dans réparties sur le plateau . C'était 1à un paysage carac-
les points bas non drainés, et I'enfoncement de plusieurs téristique d'un ancien karst ennoyé par des alluvions.
quartiers ou blocs d'immeubles. Cet exemple montre que I'examen âttentif av niveau
Les questions qui furent posées en janvier 197 | de l'avant-projet des photographies aériennes, aurait
pu, pour une dépense minime par rapport au coût total
étaient les suivantes :
de I'opération, orienter l'architecte et- éviter des pertes
a) Nature et extension des zones dangereuses en ville. de temps et d'argent.
b) Ces zones existent-elles aussi à l'est de la ville où
sont prévus des extensions ? 2,3. Saint-Witz (Val d'oise)
L'étude par interprétation des photographies aériennes
paraîssait la seule solution dans un premier temps car Le domaine à urbaniser, d'une surface d'environ
le tissu urbain ne permettait pas des campagnes de 60 ha, se situe sur le flanc sud-ouest de la butte de
sondages ou une prospection géophysique. L'interpré- Montmélian (fig. 1 et 2).
tation des photographies a couvert largement la banlieue L'étude a consisté à étudier I'environnement du site
de la ville (sur 400 km2) ; les photographies étaient à en particulier dans son aspect géomorphologique et
l/30 000, prises quelques mois plus tôt. En étudiant la l'aptitude à la fondation.
zone non urbanisée, on a pu confirmer qu'il s'agissait
,lesLaproblèmes
complication est plus grande , et pour approcher
d'un phénomène de réactivation d'un kaist. On a pu d'une telle - étude, sept couvertures
ensuite localiser très nettement les zones déprimées en aériennes différentes ont été utilisées séchelonnant de
forme de dolines dans les faubourgs ; ces zones non mai 1955 à août 1972, d'échelle variant entre le
perturbées par I'urbanisation étaient en équilibre. On a | / 15 000 et le 1 /30 000.
pu délimiter avec précision les zones effondrées et
surtout les zones déprimées particulièrement sensibles, La série stratigraphique intéressant le domaine est
dans la ville. la suivante :
=->- N
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Fig. 4. Vue aérienne du chaî-
non de Vuache (Haute-Savoie).
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720.04. Fig. 5.
géologique
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fnterprétation photo-
du chaînon de Vua-
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Urgoniên : colcoires compocts
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l-.!1--J--14r--l--l--J-|
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Les exemples cités apportent les renseignements permettent de cerner 1'ensemble des problèmes,
suivants : d'expliquer plus rapidement des anomalies ressenties
1) les techniques de photo-interprétation et télédétec- par une autre discipline, et d'orienter les travaux
les études vers les zones les plus sensibles.
:iffi,#"i,Tt#3,iï.'i."î,",Ë'uf,?#i"' Naturellement, ces mêmes enseignements sont appli-
cables à des domaines très variés, comme le prouvent
2) ces techniques permettent la compréhension des rela- les résultats concrets que nous avons obtenus en géo-
tions entre le site et son environnement. donc une technique, hydrogéologie, recherche minière, aména-
bonne synthèse ; gement, etc.
3) elles permettent de définir la nature des risques et Il est certain que ces techniques ont un très grand
parfois le degré de risque ; intérêt pour l'hydrogéologie et pour les études prélimi-
4) elles présentent une souplesse d'utilisation, en raison naires d'aménagement du territoire (analyse des pay-
des possibilités d'adaptation des documents à chaque sages, et des différents tissus naturels et artificiels),
type de problèmes ; d'environnement, pour la préparation des SDAU, des
5) elles engagent des moyens matériels extrêmement POS, etc.
modestes, les interventions sont rapides et discrètes ; I1 s'agit donc finalement d'un très vaste domaine,
6) par une collaboration pluridisciplin afue avec géo1o- dont toutes les possibilités sont loin d'avoir été entiè-
gues de terrain, géotechniciens, géophysiciens, elles rement explorées.
Une carte géotechnique à l'échelle du | 1500 000 était pas encore été entreprise, il n'est pas possible actuel-
prévue dans une région d'Afrique équatoriale couverte lement de préciser la correspondancê entre unités
aux deux tiers par la forêt et au tiers par Ia savane. photogéologiques et géotechniques.
Elle avait pour but de mettre en évidence les princi-
pales contraintes naturelles pouvant influencer l'amé- Cependant, il est possible de donner ulle estirnation de
nagement de cette province dans les domaines routiers, l'aptitude de la photogéologie à définir des ensembles
urbains, agricoles et industriels. homogènes à cette échelle du 1/200 000. Basés sur des
critères de pentg, d'affleurement, de réseau hydrogra-
On disposait d'une couverture cartographique uni- phique, d'inondabilité, de végétation, de structure ei de
quement planimétrique et d'une esquisse géologique peu tectonigue, Ia cartographie a perrnis de distinguer une
fiable. vingtaine de faciès différents dont la surface -cumulée
Etant donné l'étendue de l'étude (i5 000 km2), les couvre environ 90 o/o du secreur. Quelques profils
essais géotechniques devaient être répartis judicieuse- judicieusement placés devraient suffire dans- la rnâjo ûté
ment afin qu'un minimum de mesures reste signific atif des cas à en définir les caractères géotechniques. Les
de l'ensemble. 10 o/o rcstant sont des zones à morphologie ou à structure
Aussi, une étude photogéologique a-t-elle été entre- go_mpJexe qu'il est difficile de cartographier à cette
prise afin de servir d'instrument de travail préliminaire échelle. Ils ont été simplement délimité.s. I1 est d'ailleurs
à I'établissement de cette carte. Une couverture aérienne probable que ces zones complexes soient également
à | /40 000 a été utilisée pour établir une carte géomor- rebelles à une analyse géotechnique à petite échélle.
phologiqueà 1 /200 000. Cette carte tendait à- définir A l'échelle utilisée , la préparation phorogéologique
des ensembles hornogènes à f intérieur desquels on semble bien adaptée dans des ensembles géologiqùes
pouvait penser que les contraintes géotechniques à structure monotone ou Épétitive. Elle a- I'avânfage
seraient comparables. également de permettre de localiser les zones nécàs-
L'étude au sol par les équipes géotechniques n'ayant sitant une échelle de cartographie plus grande.
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C. - problème posé par la fondation du barrage
de l'arnon (cher)
par Jean-Yves SCANVIC
Cette note présente les résultats d'une étude compa- 110o (type 4). Aucune de ces failles ne semblait avoir
rée de photo-fracturation réalisée à partir de d'importance réelle et les premières observations sur le
photographies aériennes et d'images de satellite. terrain le confirmaient.
Situé dans le département du Cher (France), le bar- L'étude non stéréoscopique des images orbitales ERTS
rage de l'Arnon est un barrage poids en béton d'une sur la bande spectrale (0.8 à 1.1 Lt) (fig. 2) a perrnis de
hauteur totale de 29 m. Il est destiné à la desserte en repérer avec une précision satisfaisante le site retenu
eau du syndicat inter-comnnunatr, à régulariser le débit pour le barcage et a attfté l'attention sur l'existence de
de l'Arnon et à participer à l'aménagenûent touristique trois accidents d'importance régionale, 1'un pouvant
de la région. passer dans l'axe de la vallée (no 2 sur la figure), le
second recoup ant la vallée un peu en aval du barcage (4),
Les études géologiques et géotechniques ont été réa- le dernier enfin étant oblique au précédent (3).
lisées par le BRGM. La division photogéologie et téIé-
détecti on a été charyée d'une analyse de la fracturation
L'ensemble des investigations géologiques ultérieures
sur les documents de téIédétection existants, photogra- a mis en évidence l'existe.nce et f importance de Ia
phies aériennes panchromatiques à 1/25 000 de I'IGN faille de type 2 (longitudinale) et de la faille du type 4
(transversale à pendage amont) au niveau du site du
et images ERTS-I à L million de la NASA.
barrage : cette dernière, il convient de le souligner,
L,'étude des photographies aériennes a montré (fig. 1) n'a pu être mise en évidence, malgté son irnportance
l'existence de quatre f amilles de failles N 1,7 A" est (remplissage argileux de 2 m d'épaisseur) qu'après les
(type 1) N 20o est (type 2) N 7A" est (type 3) nord premiers travaux de décapage du site.
Tone du borroge
3 .--
t2
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I
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Fig. 2. Barrage de I'Arnon (Cher).
fnterprétation de I'image ERTS : .-ê-(
MSST ERTS t243 10141.
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D. - esquisse sismo-tectonique de provence à 1/2soooo if
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