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Fac. Sci. Dép. Géol. Agadir Md. Gîtologie et Métallogénie (2012/2013) -ABIA E. H.-
I) Gisements orthomagmatiques
I-1) Gisements chromifères
I-1-1) Gisements chromifères lités
I-1-2) Gisements chromifères podiphormes
I-2) Gisements cupro-nickélifères sulfurés
I-2-1) Gîtes de Ni-Cu-EGP des complexes effusifs komatiitiques
I-2-2) Gîtes de Ni-Cu-EGP des filons-couches ultramafiques à mafiques
I-2-3) Gîtes de Ni-Cu-EGP des complexes stratifiés
I-3) Gisements de titane et fer
I-3-1) Gisements associés aux complexes d’anorthosite
I-3-2) Les gîtes associés aux intrusions litées
I-4) Gisements des EGP
I-4-1) EGP lités
I-5) Les gisements diamantifères
I-6) Gisements de REE, Nb, U, Th … associés aux carbonatites
II) Gisements pegmatitiques
III) Gisements pneumatolytiques
III-1) Gisements de départ acide « Coupoles à étain-tungstène »
III-2) Gisements pyrométasomatiques
IV) Gisements hydrothermaux
IV-1) Les porphyres
IV-2) Gisements épithermaux
IV-2-1) Dépôts de type épithermal acide ou sulfate-acide
IV-2-2) Dépôts de type épithermal neutre
IV-3) Gisements liés au volcanisme sous marins
IV-3-1) Gisements de sulfures massifs volcanogènes (VMS)
IV-3-1-1) Type Kuroko (Cu-Zn-Pb)
IV-3-1-2) Type Chypre (Cu-Zn)
IV-3-2) Gisements de type Sedex
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Les processus de l'activité ignée sont responsables de plusieurs types de gîtes métallifères.
Un magma est constitué de minéraux fondus et d’éléments volatiles (H2O, CO2, H2S …). Il contient
aussi des éléments métalliques (Fe, Cu, Ti, Au, Ag etc.). Lors de sa différenciation, les minéraux
réfractaires donnent naissance à des roches magmatiques ainsi qu’à des gîtes dits
orthomagmatiques. Les constituants volatiles, lorsqu’ils se séparent du foyer magmatique,
engendrent des gisements pegmatitiques, des gisements pneumatolitiques et des gisements
hydrothermaux. Théoriquement, l’ensemble de ces gîtes constitue une suite continue Fig.(1).
Le diagramme de Niggli montre le rapport entre la phase solide (silicates) et la phase volatile (H2O,
CO2, SO2, H2S, F, Cl, B…) pendant le refroidissement du magma.
A gauche est représentée la courbe de la concentration de la phase volatile dans la chambre
magmatique à mesure que la température du système baisse.
A droite est figurée la courbe de variation de la pression du composant volatile (courbe d’élasticité de
la phase volatile).
Au cours de la cristallisation du magma, la pression fluide augmente progressivement vers le stade
pegmatitique et pneumatolytique, puis baisse vers la fin du stade hydrothermal. Au stade
orthomagmatique, la phase volatile, constituée essentiellement d’eau, est composée de vapeur et
liquide. Au stade pneumatolityque, la pression fluide atteint son maximum et le fluide volatile
s’homogénéise en phase vapeur ; c’est la solution pneumatolytique (les pneumatolytes). A ce
stade, le transport des éléments métalliques, dans les fractures, se fait à l’état de vapeur. Au stade
hydrothermal, avec la chute de la pression, le fluide (eau) se condense et se divise en solution
aqueuse liquide et vapeur ; c’est la solution hydrothermale.
De ces conceptions, les gisements liés à la différentiation magmatique peuvent être divisés en quatre
grandes familles : gisements orthomagmatiques « ou magmatiques », gisements pégmatitiques,
gisements pneumatolitiques et gisements hydrothermaux.
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I) Gisements orthomagmatiques
Les gîtes orthomagmatiques ou tout simplement magmatiques sont liés à la différenciation
magmatique basique et ultabasique, et rarement à la différenciation acide. Ils s’associent à des roches
comme péridotites, pyroxénolites, norites, gabbros, anorthosites … Ces roches sont d’origine
profonde (magma du manteau supérieur). La différenciation magmatique contrôle en grande partie
l’évolution de ces magmas et conduit à des concentrations primaires d'éléments métalliques.
Les métaux concernés dans ce groupe de gisements sont des éléments de transition: principalement
le Ti, V, Cr, Ni (70% de la production mondiale), Cu (2% de la production mondial) et les platinoïdes
(99% de la production mondial). Fe, Mg, Sn, S et Co constituent parfois des sous-produits. Ces
métaux présentent des propriétés sidérophiles (Fe, Cr, Ti, Pt...) et/ou chalcophiles (Ni, Cu, Pt, Pd...).
Deux phénomènes magmatiques sont responsables de la formation des gisements
orthomagmatiques:
i) cristallisation fractionnée (Fig. 2) : accumulation de cristaux par différence de densité ce qui
produit des niveaux riches en un seul minéral (chromite, magnétite …) ;
ii) liquation : immiscibilité d'un liquide (sulfuré ou oxydé) dans le magma silicaté, liée à un
changement de composition du magma qui survient au cours de la différenciation. Les métaux
chalcophiles (Ni-Cu-Fe-EGP-Au) se combinent avec le soufre et se concentrent dans le liquide
sulfuré, alors que les métaux lithophiles (Fe-Ti) sont accaparés par le liquide oxydé. Les liquides
sulfurés ou oxydés sont plus denses que le magma silicaté, ils s'enfoncent dans la chambre
magmatique.
Les principaux gisements orthomagmatiques mondiaux sont donnés par le tableau (1).
Nom Pays Substance principale Teneur % Tonnage TV Mt Autre substance Age encaissant
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Les couches de chromite sont parallèles entre elles et parallèles au litage général (Fig. 5). Leur
puissance est centimétrique à métrique et leur extension est plurikilométrique. Elles se répètent
plusieurs fois.
La disposition en lits des minéralisations chromifères s'explique par le processus de cristallisation
fractionnée et de ségrégation magmatique : dans la chambre magmatique, au cours du
refroidissement, la chromite prend naissance, et sous l’effet de sa densité descend vers le fond du
réservoir magmatique. La cristallisation de la chromite est accompagnée et suivie par celle de l’olivine
et du pyroxène. La succession répétitive d’une même séquence lithologique (unité cyclique) s’explique
par des apports de magma neuf.
Fig. (4) : Coupe schématique du complexe stratifié du Bushweld montrant la localisation des principales minéralisations
(Willemse, 1969). En encadré : schéma de localisation des complexes de Selukwe, de Great Dyke et du Bushweld.
Il est vrai que la chromite est un produit de la cristallisation fractionnée du magma, mais ce
mécanisme n’est pas suffisant pour produire autant de chromite, d'autres processus doivent être actifs
pour former une chromitite (Naslund & McBirney, 1996).
Si le magma a une composition située dans le champ de la chromite, seule la chromite va précipiter
avant d'atteindre la courbe olivine-chromite. Deux mécanismes principaux peuvent stimuler cette
précipitation (Fig.6):
assimilation de matériel riche en silice, à partir des roches encaissantes, par exemple (Fig.6a).
Le problème est que l'assimilation doit se faire de manière uniforme pour produire des lits de chromite
;
injection de magma primitif dans une chambre magmatique où le magma est plus différencié
suite à la cristallisation fractionnée (Fig.6b).
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Fig. (6) : Précipitation de chromite lors de mélanges de magmas (Naslund & McBirney, 1996). Dans un diagramme SiO2-
Olivine-Chromite (notez les différences d’échelle sur les deux axes), le champ de la chromite s’élargit vers le pôle SiO2,
traduisant sa plus faible solubilité dans les magmas acides. Un magma A (Fig. a) évolue sur le cotectique Ol-Chr, formant des
péridotites à chromite. Si on le mélange à un magma felsique F, la composition M du mélange se trouve dans le domaine où la
chromite est la phase au liquidus ; on précipite donc de la chromite, jusqu’à ce qu’on rejoigne le cotectique Ol-Chr et qu’on
recommence à former des péridotites chomifères. On continue ensuite jusqu’au champ de l’orthopyroxène. On devrait alors
suivre le cotectique Orpy–Chr et former ces deux minéraux; en réalité, on peut incorporer un peu de Cr dans le pyroxène, si
bien qu’on se retrouve plutôt au point C. En (b), la même chose se passe si on mélange le magma primitif A avec du magma
différencié C, ou même B : le mélange M1 ou M2 se situe dans le champ de la chromite.
Ex : Moa (Cuba) : 500 000t à 35% Cr2O3 ; Nouvelle Calédonie : 3.85 Mt à 53% Cr2O3 Cr/Fe = 3 ;
Albanie : 2,675 Mt ; Coto (Philipines) : 14 Mt ; Troodos (Chypre) ; Coleraine (Québec) ; Andrieamana
(Madagascar).
Les ophiolites représentent des fragments de la lithosphère océanique, mis en place par obduction sur
le continent. Elles sont subdivisées en deux types :
- les ophiolites lherzolithiques formées au niveau des rides océaniques (MORB), riches en TiO2 et à
chromites pauvres en Cr ;
- les ophiolites harzburgitiques des arcs insulaires et des bassins marginaux, pauvres en TiO2 et à
chromites riches en Cr.
Les gisements de chromitites ophiolitiques apparaissent plutôt dans les ophiolites harzburgitiques
(Ohnenstetter, 1985).
Ex : chromitites de Bou-Azzer (Anti-Atlas, Maroc) (Fig. 8)
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Fig.(8) : Log synthétique du complexe ophiolitique de Bou-Azzer (Nicolas, Leblanc et al., 1979).
Dans l’ophiolite de Bou-Azzer (cf. cours de Géologie Régionale), les corps minéralisés en Cr se
présentent de deux manières (Fig.8) :
- en lits et en lentilles à chromite disséminée ou massive (Fig. 9), situés dans des péridotites litées
(dunites), à la base des cumulats ;
- en amas entourés par des dunites, dans la partie supérieure des harzburgites (manteau supérieur
résiduel). L'ensemble chromite + dunite présente souvent une forme de sac ou de gousse (gisements
podiformes).
Fig. (9) : Chromitites de Bou-Azzar ; A) échantillon de chromite disséminée dans les dunites; B) minerai de chromite massif
(photo de Maacha et al., 2011).
echelle = 5 cm)
Les chromitites encaissées dans les dunites à la base des cumulats ultrabasiques, au dessus de
l'unité des tectoniques, sont liées au processus de cristallisation fractionnée et de ségrégation
magmatique et des réalimentations successives de la chambre magmatique par des magmas neufs
moins différenciés. Quant aux chromites de la partie supérieure des harzburgites, elles sont
interprétées comme formées par le processus de cristallisation fractionnée d’un magma issu de la
fusion partielle de l’harzburgite sous l'effet d'une phase fluide riche en volatils (CO2, CH4, HO), à
1000°C et 2-5 Kb, dans des failles précoces ou dans des conduits magmatiques (Lago et al., 1982 ;
Leblanc et Nicolas, 1992) (Fig.10). Initialement discordants, les corps de chromites se parallélisent
progressivement avec la déformation ductile (Cassard et al., 1981), pour s’alignés selon la foliation de
la masse harzburgitiques.
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Fig. (10) : Modèle de concentration par le phénomène de «snowballing» qui consiste en une cristallisation par nucléation dans
des ouvertures en transtension guidée par les cellules de convection et un dépôt par l’effet de densité (d’après Lago et al.,
1982).
Fig.(11) : Tonnages, teneurs et répartition dans le temps (âge) des gisements de Ni-Cu-EGP (Eckstrand et al., 2004). A)
tonnages de minerai, B) teneurs en Ni, C) teneurs en Cu, D) teneurs des EGP, E) âge des gîtes de Ni-Cu-EGP.
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longueur de 1km à 2km. Ils occupent des paléo-dépressions topographiques qui peuvent représenter
soit le plancher de la lave parfois liées à la présence de failles anciennes, soit le résultat de l'érosion
thermique du plancher par la lave komatiitique.
Fig.(12) : Coupe générale d'une coulée komatiitique et gîtes apparentés de nickel (d'après Lesher, 1989).
Les sulfures sont composés de po, pentl, cpy, mag, py. Ils sont massifs à la base et disséminés au
sommet. On ne connaît pas de stockwerk dans les volcanites sous-jacentes.
La formation de ces gisements est liée à une sursaturation en soufre du magma avant sa
cristallisation. L’origine du soufre est discutée, pouvant provenir d’une contamination par la croûte
continentale ou par les sédiments déposés entre les coulées, ou d’une saturation lors du
refroidissement ou de la décompression du magma. Au delà d’un rapport limite entre les liquides
sulfuré et silicaté, des gouttelettes de sulfures se séparent, puis se déposent par gravité.
Les gisements type Kambalda sont limités aux ceintures de roches vertes d’âge fini-Archéen à
Protérozoïque (2,9 à 2,7 Ga). On sait qu’à l’Archéen, les proto-croûtes continentales était relativement
minces et de composition générale granodioritique et tonalitique. Des distension linéaires ont pu
affecter ces croûtes permettant d’initier un processus de « rifting » accompagné de remontée
mantellique (Fig. 13) (Rocci et al., 1980). Le magma ainsi effusé s'étend sur les fonds océaniques à la
manière des dorsales modernes.
Fig. (13) : Genèse de komatiites (Rocci et al., 1980). Formation de cellules de convention dans un contexte de rifting et montée
du matériel ultrabasique.
Le modèle de Naldrett et Cabri (1976) propose un gradient géothermique plus élevé à l'archéen
nécessaire pour produire des komatiites (Fig.14). Dans ces conditions, la zone de fusion partielle du
magma komatiitique se trouve au-dessus du solidus des sulfures. Les sulfures en fusion auraient
percolé dans le manteau pour s'accumuler et produire des magmas komatiitique saturés en soufre.
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Fig.(14) : Solidus des sulfures en lien avec les conditions postulées à l'Archéen pour la création de magmas komatiitiques.
(Naldrett et Cabri, 1976 in Naldrett, 2007). Le magma komatitique est Issu de la fusion partielle du manteau supérieur
péridotitique à un taux de plus de 50%. A: 5% de fusion partielle ; montée adiabatique jusqu'à B où le degré de fusion partielle
atteint 30%. Un magma basaltique qui se sépare du diapir mantellique à B remonte le long de la courbe BF. Le diapir
mantellique à B devient ainsi appauvri et plus magnésien. Si la montée adiabatique se poursuit, le % de fusion partielle
augmente pour produire un magma riche en Mg et saturé en S qui forme les komatiites. Lorsque le magma komatiitique fait
effusion, il s'écoule à très haute température sur le plancher océanique. Le soufre dans des sédiments marins pyriteux serait
assimilé par l'érosion thermiquement causée par l'écoulement des komatiites très chaudes sur des sédiments saturés en eau.
Fig.(15): Conceptual model for Voisey’s Bay deposit, showing levels of errosion in different parts of the deposit (in Naldrett et al.,
1997). Section du gîte de Voisey's Bay. Tirée de Naldrett et al. (1997).
Le liquide sulfuré est plus dense et tend à se concentrer par gravité à la base des filons-couches. La
saturation en soufre est probablement le résultat de l'assimilation de soufre présent dans les roches
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encaissantes. Les isotopes du S dans les sulfures massifs sont généralement similaires à ceux des
sulfures ou sulfates des roches encaissantes.
Ex : Le gisement de Noril’sk (Oural, Russie) (Fig. 16) : 1640 Mt à 3.8 ppm EGP, 2.7% Ni, 2.07% Cu.
ème
C’est le 2 producteur mondial des EGP après le Bushweld.
Le gisement est lié à un puissant ensemble de basaltes de plateau (3,7km d'épaisseur) d’âge fini-
Permien à Trias (250 Ma), à la limite occidentale du craton sibérien (Naldrett, 1989; Lightfoot et
Naldrett, 1994).
La minéralisation est massive (5 à 25m) ou disséminée, avec principalement pyrrhotite, troilite,
pentlandite, chalcopyrite, cubanite. L’essentielle de la minéralisation apparaît en périphérie
notamment à la base du filon couche.
La coupe géologique simplifiée et le profil stratigraphique typique du filon couche minéralisé sont
donnés respectivement en figures 16 et 17.
Fig.(17) : Profil stratigraphique typique du filon couche minéralisé de Noril'sk-Talnakh (Distler, 1994).
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granites pegmatitiques. A ces roche s’associés des dykes de diorites quartzifères intrusifs dans la
norite.
Le complexe se serait mise en place suite à la chute d'un astroblème (10 km de diamètre) vers 1850
Ma (Dietz, 1964; Pye et al., 1984). La formation sus-jacente riche en clastes a été interprétée comme
une brèche de retombée suite à l’impact. L'ensemble est recouvert de shales et de roches détritiques
(Fig.18).
Fig.(18) : Complexe igné de Sudbury : Carte géologique (De Shanks et Schwerdtner, 1991).
Fig. (19) : Morphologie des minéralisations de Sudbury (d'après Owen et Coats, 1984).
Origine : ségrégation d'un liquide sulfuré immiscible avec le liquide silicaté suite à une contamination
du magma basique par la croûte continentale riche en soufre. Quoique les évidences pour
l'assimilation de roches silicatées soient abondantes (lithogéochimie, isotopes du Sr), il est intéressant
de noter que le soufre est typique du manteau et que les isotopes de l'Os indiquent aussi une source
mantellique ou météoritique pour les métaux nobles.
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Fig. (20) : (a) exsolution d'illménite dans la magnétite, (b) exsolution d'hématite dans l'illménite (Hébert et al, 2005)
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Genèse : séparation d'un liquide oxydé de Ti-Fe dense et immiscible avec le magma ferro-dioritique.
Le liquide oxydé par cristallisation fractionnée et prolongée du plagioclase s’enrichit d’avantage en Fe-
Ti. Le magma résiduel aurait été injecté dans des fractures dans la partie inférieure de cumulats
anorthositique de l'intrusion. L'exsolution d'hématite dans l'ilménite est l'évidence d'un liquide oxydé de
Ti-Fe qui a cristallisé lentement suite au refroidissement du liquide.
Pour Lindsley (2001), la formation des dépôts d'oxydes de Ti-Fe par un processus d'immiscibilité est
impossible et ces dépôts ne sont que le produit d'une cristallisation à partir d'un liquide silicaté riche
en Fe, Ti et P. Également, l'approche de l'immiscibilité pour Duchesne (1999) est très peu
convaincante, car les silicates doivent cristalliser simultanément avec les oxydes.
Ex. Gisement de Tellnes
Le gisement de Tellnes (province anorthositique de Rogaland, Sud de Norvège) correspond à une
intrusion noritique riche en ilménite d'environ 3 km de longueur et 400m de largeur logée dans
l'anorthosite de Ana-Sira (Fig. 21,22 et 23). Cette intrusion forme le plus grand corps de minerai
d'ilménite connu dans le monde. Les réserves sont évaluées à 380 Mt avec une moyenne de 18% de
TiO2 (Krause et al., 1985) dont 15% de TiO2 sous forme d'ilménite, et 3% TiO2 concentrée dans
d'autres minerais.
Fig. (21). Carte géologique de la province de Rogaland (modifié d'après Duchesne et al, 1985.) (EGOG : Egersund-Ogna, HH :
Haland-Helleren, AS: Ana-Sira, BKSK: Bjerkreim-Sokndal), avec la géologie détaillée de la suite anorthositique de Ana-Sira
(modifié d'après Krause et Pedall, 1980; Krause et al, 1985).
Fig. (11) : Carte géologique du gisement d'ilménite de Tellnes (série anorthositique de Ana-Sira) (Krause et al, 1985).
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Fig. (22): (a) représentation 3D du corps minéralisé TID (dépôt ilménite Tellnes) reconstruite à partir des données
microgravimétrique. (b) le modèle tectonique proposé pour mise en place du TID, avec l'emplacement des profils de A à J de
(a) (Diot et al., 2003).
La norite minéralisée est formée de plagioclase (53,2%), ilménite (28,6%), orthopyroxène (10,2%),
biotite (3,9%), magnetite (0,7-2,5%) et d'apatite (3,4%) (Krause et al., 1985) (Fig.23).
D'après les données isotopiques, la norite à ilménite peut être dérivée de la cristallisation d'un liquide
noritique relié à la cristallisation des anorthosites de Ana-Sira (Wilmart et al. 1989). Cependant, selon
Duchesne (1999), la nature exacte du magma parental reste indéfinie.
Fig. (23) : Aspect microscopique du minerai de TID (dépôt ilménite Tellnes) (Charlier et al, 2006.).
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Fig. (24) : Position de la minéralisation de fer et titane dans le massif stratifié de Bushveld.
Fig. (25) : Répartition mondiale des gisements d’EGP lités (source BRGM 2003)
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Fig.(27) : Carte géologique montrant la trace sismique de l'horizon Merensky et les mines de platine (modifiée d'après Campbell
et al., 1983) ;
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Fig.(28) : Stratigraphie locale typique de l'horizon Merensky et profil des teneurs en EGP (d'après Naldrett, 1989)
Les platinoïdes sont présents dans des sulfures : po, pn, cpy, auxquels sont associés des arséniures,
antimoniures et sulfures d'EGP : sperrylite (PtAs2), braggite ((Pt, Pd, Ni)S), laurite (RuS2).
Genèse : le modèle de formation des accumulations des EGP litées doit tenir compte des constats
suivants (Beaudoin, 2005) :
1) EGP dans des sulfures disséminés.
2) Sulfures à, ou proche, de la base d'unités cycliques, caractérisées par la réapparition de minéraux
cumulus de plus haute température.
3) Sulfures dans des roches pegmatitiques ou dans des lits de chromite
Les platinoïdes présentent une grande affinité vis-à-vis du soufre. Ils se concentrent soit (Beaudoin,
2005) :
– par le biais de fluides deutériques, riches en S, qui auraient le pouvoir de dissoudre les platinoïdes
présents dans toute la pile des cumulats traversée par ces liquides. En arrivant à l’interface entre les
cumulats et les magmas, les sulfures pourraient donc précipiter, avec leur contenu en platinoïde. Les
textures pegmatitiques sont le résultat de ces fuides deutériques ;
– par mélange de deux magmas, l’ancien différencié et le nouveau primitif. Le mélange doit être à
grande échelle. Des gouttelettes de sulfures (immiscibles produit du mélange) absorbent les
platinoïdes, à forte affinité pour le soufre. Elles seraient ensuite entraînées vers le bas, comme les
chromites, et piégées dans les niveaux de chromitite.
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Tab. (2) : Comparaison minéralogique entre les principaux types de roches lamprophyriques (Mitchell 1995).
La forme la plus courante des pipes (cheminées) kimberlitiques et lamproïtiques est la forme de cône,
bien qu’elle puisse aussi se présenter sous la forme de dyke et filons-couches.
Une pipe kimberlitique est constituée schématiquement de trois zones (Fig.29).
Fig.(29) : Les trois zones d'une cheminée kimberlitique et leur faciès (Field et Scott-Smith, 2003).
Distribution et âge
- les kimberlites diamantifères sont intrudées uniquement dans des cratons stables Archéens à
Protérozoïques précoces (moins de 1.5 Ga), caractérisés par une grande épaisseur et un gradient
géothermique faible.
- Les lamproïtes se trouvent en plus dans des ceintures de roches protérozoïques à la périphérie
d’un craton Archéen. L’âge des intrusions est varié, du Protérozoïque au Cénozoïque, celles d'Afrique
du Sud sont Crétacées, tandis qu’Ekati est Eocène.
Les principaux gisements diamantifères sont donnés dans la figure (30).
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Fig. (30) : Carte des cratons archéens à travers le monde et leurs relations avec la présence de kimberlites diamantifères
(Kjarsgaard, B.A, 1996).
Modèle génétique
Les diamants sont des xénocristaux transportés par le magma kimberlitique au cours de son
ascension. Ils se forment dans des zones cratoniques épaisses et froides (géothermique faible),
constituées de péridotites (harzburgite ou lherzolite à grenat) et/ou des éclogites de haute pression
(Fig.31). Ils sont transportés rapidement (10-30 km/h) vers la surface (pour éviter la résorption du
diamant).
Fig.(31) : Coupe hypothétique d'un craton archéen (Winter 2001, d’après Mitchell 1995).
Le diamant se forme donc à grande profondeur dans le manteau. Sa genèse et sa préservation est
restreinte aux régions stables avec une lithosphère relativement épaisse (> 150 km) et un flux de
-2
chaleur de surface inférieur à 40 - 45 mW /m (Gurney 1989, Morgan 1995). Pour un gradient
géothermique sous cratonique moyen la formation des diamants est restreinte à une température de
950 à 1150°C et une pression de 45 à 65 kbar. Cet i ntervalle correspond à la fenêtre des diamants
(Fig.32).
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Fig.(32) : Diagramme P-T. La ligne en trait continu représente la transition graphite-diamant (Kennedy et al. 1976) et la courbe
en tireté représente le gradient géothermique sous-continental en régime continu correspondant à un flux de chaleur en surface
de 40 mWm-2 (Pollack et al. 1977).
En conclusion la formation de diamant exige (1) un lithosphère épaissie (> 150 km), (2) un
magmatisme et (3) une remontée rapide.
Fig. (34) : Coupe et vue en plan (à mi-hauteur) schématique d’une carbonatite, montrant la forme cylindrique de l’intrusion, qui
passe au sommet à une brèche de diatrème et des tufs lités. Les dykes tardifs (traits gras) ont une attitude radiale ou
concentrique. L’intrusion comprend trois phases : une sövite (carbonatite riche en calcite), une carbonatite magnésienne
ferrugineuse et une ijolite (roche à néphéline-pyroxène). L’encaissant est fénitisé (métasomatisme alcalin) et désilicifié.
Elles se mettent en place dans des rifts continentaux en domaine cratonique « intracraplaque »,
parfois en bordures de plaques (rifts ou orogénies) (Fig.35). Elles s’associées toujours à des roches
ultabasiques (péridotites, kimberlites), et à des roches alcalin ou hyper-alcalin (syénites,
néphéliniques, ijolites, laves à néphéline ou à mélilite).
Fig.(35) : Coupe schématique d'un panache du manteau asthénosphérique sous un environnement de rift continental et la
genèse de néphélinite-carbonatites et de kimberlite-carbonatites.
Elles se sont manifestées en quatre grandes périodes de l’histoire de la terre « âge » 1.8-1.55 Ga, 1.1
Ga, 750-500 Ma et <200 Ma.
La mise en place des carbonatites s’accompagne d’une altération « fénitisation » en auréoles
3-
périphérique (Fig.34) : perte de SiO2 (désilicification), ajout de Fe , Na et K ; concentrations anomales
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de terres rares légères, éléments lithophiles à grand rayon ionique et autres éléments incompatibles.
Cette altération s’accompagne d'un développement d'aegyrine, de riebeckite et de feldspaths alcalins.
Génétiquement, il existe deux sous-types de gîtes associés aux carbonatites:
- les gîtes magmatiques, qui résultent de la cristallisation de magmas alcalins à forte teneur en
carbonates ;
- les gîtes «métasomatiques» hydrothermaux, qui sont issus de la réaction de mêmes types de
magmas avec des eaux souterraines ou d’autres fluides, tels que des fluides métamorphiques.
Les gîtes magmatiques se présentent sous forme de croissants riches en minéraux tels pyrochlore,
monazite, appatite … au cœur de la carbonatite. Ces croissants sont eux-mêmes composés de
groupes de lentilles ou de colonnes minéralisées irrégulières. Pour les gîtes hydrothermaux
«métasomatiques», ils se présentent sous forme de filons, stockwerks ou amas de remplacement à
l’extérieur de la carbonatite (filons et dykes dans structures radiales et annulaires).
La taille relativement modeste et ne dépassent pas le million de tonnes. Les teneurs sont plutôt
appréciables en phosphate (> 5.0% P2O5) en niobium (> 0.6% Nb2O5) et en terres rares (> 5%
OTR), ainsi qu’en titane (3-4% TiO2) et en fluorite (30-50% CaF2) (Richardson et Birkett, 1996). La
teneur en REE varie de 0.37% à 1% en moyenne (Wall et Mariano, 1996).
Les phases minérales exploités sont : pyrochlore, fluorocarbonates ou phosphates de terres rares
(bastnaésite, parisite, monazite), apatite.
La gangue est constituée de calcite, dolomite, quartz, barytine, hématite, magnétite, zircon, allanite, …
Signalons que deux minéraux dominent la production de terres rares légères : la monazite et la
bastnaésite. Les concentrés de monazite contiennent 55-60% d’oxydes d’ÉTR, 3-10% de Th, un peu
d’yttrium et un peu d’U. La bastnaésite possède davantage d’oxydes d’ÉTR, sans Th ni yttrium. La
production de terres rares lourdes provient principalement du xénotime, un minéral présent dans les
roches granitiques et les placers dérivés. Certaines apatites associées à des roches alcalines peuvent
être enrichies en ÉTR (possiblement extractibles lors de la production d’acide phosphorique).
Quant au niobium, il est concentré dans le pyrochlore. Mais, d’autres minéraux sont exploités pour ce
métal, comme la columbite, la lattrapite, la niocalite, la loparite et la lueshite… (Jébrak et Marcoux,
2008).
Modèle génétique
Les carbonatites se forment à partir de magma enrichi en CO2 et en Ca, selon des modalités mal
connues :
1- fusion partielle à très faible degré d'un manteau enrichi préalablement en CO2 et en CaO par des
circulations de fluides (métasomatisme). Cette fusion produit un magma carbonaté très riche en
éléments incompatibles et volatils. Ce magma peut alors remonter vers la surface et donner naissance
à des carbonatites.
2- différenciation et demixion entre magmas : un carbonaté riche en éléments volatils (souvent un
magma sous-saturé en silice) et un magma silicatées « immiscibilité à partir d'un magma silicaté ».
Ces deux magmas immiscibles, vont se séparer physiquement et avoir des trajets différents dans la
croûte, pour donner naissance à des roches volcaniques ou plutoniques de composition silicatée ou
carbonatée. Cette hypothèse est en bon accord avec le fait que les carbonatites se rencontrent
souvent en association avec des roches de type phonolites ou syénites.
L'enrichissement en éléments économiques (Nb, Ta, U, Th, …) se produit souvent au cours de
processus d'altération hydrothermal post-magmatique. L’interaction avec des fluides météoritiques
permet le dépôt sur le site de mélange (Palmer et Williams-Jones, 1996).
Avec la différenciation, il se forme une phase alcaline très riche en volatile. C’est ce fluide
magmatique qui génère la fénitisation. Ces fluides tardifs, riche en F-REE-Sr-Ba-U-Th, génèrent un
remplacement partiel de la calcite par de l’ankérite et de la dolomite « phénomène de métasomatose »
et forment ainsi des filons et pipes de stade tardif (Fig. 36).
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Fig. (36) : coupe schématique d’un complexe carbonatitique (Tirée de Winter, John D., 2010).
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Classification : Les pegmatites sont fréquemment associées aux roches felsiques. Les pegmatites
plus mafiques composées d’olivine, pyroxène et plagioclase sont moins fréquentes.
Selon leur composition minéralogique, trois types sont distinguées (Nicolini, 1990) :
- pegmatites granitiques à feldspath sodi-potassique (surtout microcline), quartz, plagioclase
sodique, accessoirement muscovite, tourmaline, béryl, mica lithinifère, spodumène et minéraux rares ;
- pegmatites alcalines liées aux roches éruptives alcalines, à néphéline, microcline, sodalite,
hornblende alcaline, aegyrine, biotite et minéraux d’éléments tels Zr, Ti, Be, Li, Th, Nb, …;
- pegmatites basiques liées aux roches basiques et ultrabasiques, à plagioclases calciques,
hornblende, magnétite, ilménite, apatite, sulfures et platinoïdes.
Selon leur profondeur de mise en place, elles sont classées en 4 types (Ginsburg,1984 ; Cerny,
1990,1991b ; Eckstrand et al. 1995) : pegmatites miarolitiques, pegmatites à éléments rares,
pegmatites à muscovite et pegmatites abyssales (Tab.3) (Fig.38).
Tab. (3) : Classification des gisements de pegmatites (d’après Ginsburg (1984) et Cerny (1990,1991b) ; Eckstrand et al. 1995).
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Fig. (38): Diagramme pression-température des différents types de pegmatite (Jébrak et Marcoux 2008).
Le tableau (4) indique le tonnage et la teneur de quelques-uns des plus grands gisements
pegmatitique exploités jusqu’à maintenant (Jébrak et Marcoux 2008).
Tab. (4): Exemples de gisements mondiaux de pegmatites à métaux rares (Jébrak et Marcoux 2008).
Forme : Les pegmatites se présentent, le plus souvent, sous forme de lentilles, de filons ou d’amas
ovoïdes de petites dimensions (L<1 km, l < 100m) à l'exception de quelques monstres tels les
pegmatites à terres rares de Bikita (Zimbabwe), ou de Greenbushes (42Mt à 2,93% LiO2, Australie).
Souvent, plusieurs corps minéralisés forment un champ de lentilles de pegmatites en périphérie du
pluton granitique source (Fig. 39).
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Fig. (39) : Représentation schématique d’un champ de lentilles pegmatitiques (Jébrack et Marcoux 2008).
Contexte : Les pegmatites se forment dans des environnements géodynamiques différents ; la seule
condition est de produire un magma felsique riche en volatiles. Les zones de subduction continentale
et les orogenèses sont parmi les systèmes géodynamiques les plus favorables.
Genèse : La présence de volatiles (H2O, B, F …) dans le magma générateur, joue dans le sens
d’abaissé la température de fusion, ainsi que celle de la cristallisation, d’amélioré la miscibilité entre
les constituent moins soluble, d’abaissé la viscosité du magma et d’augmenté le taux de diffusion.
Les éléments incompatibles vont se dissocier du pluton-mère, lors de sa mise en place, pour former,
avec l’H2O résiduel plutonique, un fluide riche en éléments incompatibles. Vers la fin de la
cristallisation du pluton, la pression du liquide résiduel va dépasser la pression lithostatique et va être
propulsée dans l’encaissant prenant comme chemin préférentiel les failles déjà établies ; c’est ainsi
que les lentilles de pegmatites vont être créées.
Contrairement aux granites qui se cristallisent au alentour de 750°C, les pegmatites peuvent avoir un
point de solidus beaucoup plus bas allant jusqu’à 350°C. Ceci est causé par la forte concentration des
éléments volatils dans le système. Comme l’indique la figure 40, la température de cristallisation du
magma pegmatitique issue du granite mère diminue de plus en plus lorsque l’on s’éloigne de la
source. Ceci implique que ratio (éléments volatils / fluides) s’enrichie et abaisse le solidus du magma
restant.
Fig. (40) : Température de cristallisation d'un fluide pegmatitique selon la distance (London 2008)
Origine des métaux : Les métaux de valeurs contenues dans les pegmatites peuvent avoir plusieurs
origines. Ils peuvent, en effet, être issus : de la fusion partielle d’une croute continentale donnant un
granite de type-S, de la contamination d’un magma par sont encaissant, du mélange de deux magmas
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différents ensemble. Toutes ces situations peuvent enrichir le magma en minéralisation lithophile et
incompatible. Éventuellement, après plusieurs cycles de différenciations, ces éléments vont ce
concentré dans le fluide réfractaire de fin de cristallisation du pluton et vont être expulsé en même
temps que le liquide riche en volatiles (Simmons 2007).
Dans ce qui suit, seules les pegmatites granitiques seront développées.
Ex : Pegmatites granitiques
Les pegmatites granitiques résultent de magmas résiduels d’une différenciation acide. Elles sont
caractérisées par :
- présence de texture graphique : coopénétration de deux ou plusieurs minéraux tels que quartz et
feldspath. Cette structure s’explique par une cristallisation simultanée des minéraux voisins ou par une
métasomatose partielle du premier minéral formé par le second ;
- développement de cristaux de grande taille, atteignant des dimensions géantes ; dans les
pegmatites d’Etta (USA) on a décelé des cristaux de quartz longs de 7m, des cristaux de spodumène
2
allant jusqu’à 14 m et des plaques de muscovite de 5m . La taille énorme des cristaux serait due au
caractère fluide du magma générateur (faible degré de polymérisation), ce qui permet une forte
mobilité des éléments ;
- répartition des minéraux en zones (rubanement) avec, le plus souvent, de la périphérie vers le
centre (Norton, 1983) : (1) Plg-Qtz-Mus, (2) Plg-Qtz, (3)Plg-Qtz-Perth, (4) Perth-Qtz, (5) Qtz-Plg-
Perth-Spo, (6) Qtz-Spo, (7) Qtz-Mic-Perth, (8) Qtz, (9) Lép-Plg-Qtz-Mic. Cette séquence a été vérifiée
sur les plus grandes pegmatites différenciées du monde, telle BIKITA (Zimbabwe).
Suivant leur composition minéralogique, les pegmatites granitiques sont subdivisées en deux types :
- les pegmatites simples ou banales composées essentiellement de quartz et microcline auxquels
s’ajoute la muscovite et la tourmaline en petite quantité. Elles sont caractérisées par une texture
graphique (Fig.41);
- les pegmatites complexes ou différenciées caractérisées par une composition minéralogique très
variée (présence de minéraux pneumatolitiques) avec une répartition des minéraux en zones
concentriques parallèles aux contours extérieurs du corps pegmatitique (Fig.42).
Les pegmatites complexes résulteraient d’un remaniement métasomatique (pneumatolytique) des
pegmatites simples dont lesquelles quartz et microcline sont partiellement résorbés et remplacés par
des minéraux pneumatolytiques (béryl, topase, cassitérite, spodumène, tourmaline, tantalite…) Ainsi,
la genèse des pegmatites complexes peut être divisée en deux stades :
Fig.(41) : Coupe d’une pegmatite simple. 1- noyau de quartz, 2- pegmatite de structure graphique, 3- lisière micacée, 4- granite
(in Raguin, 1976).
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Fig.(42) : pegmatite complexe Altaï de Mongolie (in Raguin, 1976). 1- zone à texture graphique, 2- complexe à albite, béryl et
tantalite, 3- zone à microcline, 4- zone à quartz, muscovite, béryl, tantalite et résidus de microcline, 5- complexe à quartz,
spodumène,, 6- albite et tantalite,7- zone quartzique, 8- zone à lépidolite et albite. La roche encaissante (gabbro a été laissé en
blanc.
- stade pegmatitique : à ce stade, le magma résiduel riche en volatiles lors qu’il se sépare du foyer
magmatique engendre des pegmatites simples, de même composition minéralogique que le granite
dont elles dérivent. Elles se distinguent de celui-ci par la taille des minéraux. La formation de ces
pegmatites se fait dans un système clos ;
- stade pneumatolytique : au cours de ce stade, le système devient ouvert et sous l’influence des
solutions pneumatolitiques émanant du granite, s’effectue les transformations métasomatiques des
minéraux déposés antérieurement dans les pegmatites simples.
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Fig. (43) : Géologie des coupoles montrant la zonalité à l’échelle régionale des métaux associés à ce type de gisement dans le
cas de Cornouailles et du Devonshire ainsi que les différentes formes de la minéralisation (Tirée de Marcoux et Jébrak, 2008).
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Teneur et tonnage : Le tableau (5) donne une idée sur tonnage, teneur et âge des principaux gisements
mondiaux à Étain-Tungstène.
Tab. (5) : Tonnage, Teneur et Âge des principaux gisements à Étain-Tungstène (Modifié d’après Marcoux et Jébrak, 2008 ;
Kirkham et Sinclair, 2007 et Kooiman et al., 1986).
Ex : Gisement de Cinovec
Il s’agit d’une minéralisation stannifère et wolframifère qui se présente en filons et en amas dans la
partie apicale d’une coupole granitique. Le granite affleure de manière intrusive au sein de porphyres
quartzifères. La coupole granitique est profondément transformée par le développement d’albitite à la
base et de greisen à l’apex. Le greisen est composé de quartz et lépidilite et accessoirement topaze,
fluorine, cassitérite et wolframite.
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La minéralisation exploitable se développe surtout en filons montrant un parallélisme avec les bords
de la coupole. Le remplissage filonien est bien organisé. Le greisen jalonne ici les épontes des filons
(Fig.43 et 44). Il apparaît aussi en amas dans le granite.
Fig.(43) : Coupe géologique du gisement de greisen de Cinovec en République Tchèque (in Smirnov). 1- granite, 2- granite
profondément transformé, 3- porphyres à quartz greisenifiés, 4- porphyres à quartz., 5- greisens minéralisés, 6- filons
minéralisés.
Fig.(44) : Coupe schématique d’un filon minéralisé de Cinovec. G : granite, Gr : greisen, Qtz : quartz, L : mica lithinifère, Cas :
cassitérite, W : wolframite, Sch : scheelite.
Fig.(45) : Intrusion qui s’injecte dans une séquence de carbonate et gts pyrométasomatiques.
Ils constituent une importante classe de gisements pour les métaux comme W, Sn, Mo, Fe, Pb-Zn et
Cu. Jusqu’à la fin des années 90 du dernier siècle, ils représentaient 70% de la production mondiale
de W et plus de 20% de l’Sn, mais leur production s'est considérablement réduite depuis. Les
principaux gisements mondiaux sont regroupés dans le tableau (8).
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Contexte et âge : Les gisements de skarns apparaissent dans des contextes divers. Ils sont moins
fréquents au précambrien, sans doute, du fait de la faible abondance des carbonates et du niveau
d’érosion généralement important. Les facteurs nécessaire à leur formation sont (i) intrusion
magmatique, (ii) carbonates encaissantes et (iii) failles et fractures (circulation et pièges).
Classification : Ils sont classés en fonction de leur métal économique dominant (Fe, W, Cu, Pb-Zn,
Sn) (Nicolini, 1990) :
- gîtes Fe associés aux diorites-andésites des arcs insulaires ;
- gîtes W, Cu, Pb-Zn associés aux granodiorites et monzonites des marges continentales ;
- gîtes Sn-W associés aux granites post-orogéniques ou non orogéniques.
Forme : La majorité des skarns se localisent dans l’encaissant au contact de l’intrusion (exoskarns).
Parfois, ils s’éloignent de l’intrusion à une distance allant jusqu’à 1km. La skarnification peut affecter
aussi l’intrusion magmatique par endométamorphisme (endoskarns) ; le granite est remplacé par un
assemblage souvent à silicates calciques.
La forme des gîtes de skarns est généralement assez compliquée et varié : masse tabulaire, lentille,
filon, nid, nodule…, suivant que la roche réceptrice est plus ou moins homogène, plus ou moins
fissurée, plus ou moins perméable.
Proche de l’intrusion, la morphologie et la localisation des skarns sont contrôlées par la nature du
contact : le contact concordant est moins favorable à la mise en place des skarns que le contact
discordant ; les joints stratigraphiques assurent une perméabilité et un dégagement progressif et plus
loin des fluides expulsés du magma.
Plus loin du contact, la répartition des skarns est contrôlée par les dislocations tectoniques (diaclases,
fissures, failles…) qui affectent précocement l’encaissant. Ces structures tectoniques permettent aux
solutions métasomatiques de s’échapper plus loin de l’intrusion (Fig. 46).
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Fig. (46) : Trilogie porphyre-skarn-épithermal dans un environnement volcano-plutonique.Les skarns se développent dans les
carbonates (tiré de Sillitoe 2010).
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W Sn Mo Fe Cu
Taille (Mt) 0,1-2 0,1-3 0,1 5-200 1-400
Teneur 0,5% 0,1-0,7% 1-2% 40% 9-15%
Métaux associés Mo, Cu, Zn, Bi W, F, Cu, Zn Cu, U, W, Ni Cu, Co, Au Mo, Zn, W, Ag
Teneur et tonnage : Pour les gisements de tungstène, les teneurs exploitées sont de l’ordre de 1 à
1.5% de WO3 et peuvent atteindre 2.5%. Les tonnages sont rarement très importants. Les plus gros
gisements atteignent 100 000t de WO3 (Flat River, Canada), ce serait le plus gros du monde dans sa
catégorie. Au Maroc, le gisement d’Azegour (Haut-Atlas) a fourni 7000t de WO3, 19 000t de Cu et 3
750t de Mo.
Pour les skarns type Cu-Au associés à un porphyre, ils ont un tonnage relativement élevé par rapport
aux autres types de skarns. En effet, leurs tonnages varient autour d’une moyenne de 50 Mt à 100 Mt
grâce à d’importants gîtes tels « Mission » (É-U., 320 Mt) et « Galore Creek » (Canada, 284 Mt). Les
teneurs moyennes varient autour de 1% Cu (de 0,38% Cu à Mount Polley (Canada), jusqu’à 2,2% Cu
dans le site de Carr Fork, en Utah (É-U, 80 Mt)). Les teneurs en or tournent autour de 1 ppm (de 0,1
ppm (Mission, É-U, 320 Mt) jusqu’à 2,6 ppm dans le petit gisement de Red Dome (15 Mt), en
Australie).
Genèse : L’action d’une intrusion magmatique sur les terrains carbonatés est double. D’une part, elle
réchauffe ces terrains en induisant leur recristallisation (auréole de métamorphisme thermique),
d’autre part, l’émission de composés volatils, à partir de l’intrusion, déclenche des transformations
métasomatiques « skarnification ».
Les gisements de skarns se forment en deux étapes. Tout d’abord, une étape de métasomatisme
prograde s’effectuant à l’aide d’un fluide supercritique très chaud et dont l’origine serait entièrement
magmatique. Une seconde étape rétrograde, impliquant un fluide de plus basse température d’origine
météorique qui se mélange avec le fluide magmatique (Jebrak et Marcoux, 2008). L’origine des
métaux serait à la fois magmatique ou issues des roches encaissantes, et c’est principalement la
circulation hydrothermale lors de l’étape rétrograde qui serait à l’origine de l’enrichissement de la
minéralisation.
Ex : Les figures (47) et (48) présentent deux exemples de minéralisation de skarn à Ayzama (district
de Evciler, en Turquie) et à Salau (Pyrénées, France).
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Fig.(47) : Gisement de Salau (France, Pyrénées) : (a) Carte géologique simplifiée et (b) Coupe géologique 1 : granodiorite, 2 :
marbre, 3 : tactite, 4 : cornéenne, 5 et 6 : skarns (d’après Derré, 1978).
Fig. (48) : Vue schématique du skarn d’Evciler , Turquie. (Öztürk et Helvaci, 2008)
A Salau, les minéralisations se localisent dans des niveaux carbonatés paléozoïques affectés par des
transformations métasomatiques au contact d’une granodiorite tardi-varisque. Le minerai est d’une
teneur de 1.6% en WO3 avec un potentiel de 30 000t de WO3 (tonnage exploité + réserves), dont 5
300t extraites de 1971 à 1977. La paragenèse minérale est constituée essentiellement de scheélite,
de pyrrhotite plus ou moins abondante et accessoirement d’arsénopyrite, sphalérite, chalcopyrite et
molybdénite. Ces phases minérales et les silicates calciques remplacent des niveaux de calcaires de
la série sédimentaire encaissant la granodiorite. Les corps minéralisés ont une forme en lentilles
contrôlées par les irrégularités de la bordure de l’intrusion granodioritique et par la disposition des
roches encaissantes par apport au contact.
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Les gisements hydrothermaux résultent de la précipitation des substances minérales à partir des
solutions aqueuses gazo-liquides chaudes « solutions hydrothermales » circulantes dans l’écorce
terrestre. Généralement, ces solutions sont liées à la fin d’une éruption volcanique ou à la fin d’une
cristallisation plutonique. Elles contiennent des éléments tels que Cu, Pb, Sn, Zn, Hg, U, Sb… issus
du magma ou prélevés des roches traversées. Ces éléments peuvent ensuite précipiter et se
concentrer pour donner des gîtes hydrothermaux.
Les fluides hydrothermaux ne sont pas toujours en liaison avec des magmas. Il peut s’agir d’eaux
météoriques qui s’infiltrent dans la croûte terrestre, se réchauffent en profondeur et se minéralisent en
traversant des formations géologiques.
La forme des gîtes hydrothermaux est fonction de la morphologie des cavités remplies. La forme la
plus typique est celle des filons. Cependant, ils se présentent parfois en d’amas, stock, nid, stockwerk
…etc.
Leur mise en place s’accompagne généralement d’une altération des roches bordières :
kaolinitisation, chloritisation, propylitisation (séricite, épidote, chlorite, calcite, albite, pyrite) .... Ils sont
souvent entourés d’une auréole de minéralisation diffuse, qui s’amortie progressivement à leur
périphérie (auréole de dispersion).
Dans la genèse des gisements hydrothermaux l’eau joue un rôle primordial. Dans l’écorce
terrestre, l’eau est soumise à un recyclage permanent. Elle s’infiltre par le haut et s’y déplace
verticalement et horizontalement.
Dans un site géologique soumis à un flux thermique induisant le développement d’un gradient de
température (dorsale océanique, intrusion magmatique …), l’eau peut être animée de mouvements
cycliques au sein de cellules de convection (cellules de Bernard).
La forme et les dimensions de ces cellules sont fonction de la perméabilité et de la porosité des
terrains traversés.
Cette convection, conséquence hydrodynamique du gradient géothermique, met en mouvement
vers le haut les parties les plus chaudes des fluides et vers le bas les parties plus froides selon un
circuit convectif (Fig.1).
Fig.(1) : Distribution des isothermes dans un modèle convectif de laboratoire (haut) et à Wairekei (Nouvelle Zélande).
D’après Elder (1965).
Ce circuit joue un rôle important en métallogénie des gîtes hydrothermaux. Les eaux descendantes
s’échauffent, lessivent les terrains traversés et s’enrichissent en éléments métalliques (se
minéralisent), puis elles remontent perpendiculairement au gradient de température. En arrivant vers
le haut les filets liquides s’évasent vers l’extérieur en se refroidissant. Avec le retour à l’équilibre
thermique avec l’environnement, le fluide recommence un nouveau cycle par lessivage descendant,
tout en continuant à utiliser le même itinéraire (même réseau fissural).
L’origine des eaux impliquer dans les circuits convectifs est variable :
- magmatique « juvénile » : eau séparée du magma au cours de son refroidissement ;
- métamorphique : eau libérée au cours des stades métamorphiques (déshydratation, …) ;
- atmosphérique ;
- marine (océanique).
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La figure (2a) illustre la participation des eaux atmosphériques dans la formation des gîtes
hydrothermaux. L’eau atmosphérique de circulation profonde, en arrivant dans la sphère thermique
d’un appareil magmatique, est aspirée vers le bas, se réchauffe, se minéralise et monte vers le haut.
A mesure que varient les paramètres physico-chimiques, en particulier la température, les substances
dissoutes dans la solution hydrothermale se précipitent en formant un minerai hydrothermal. L’eau
refroidie, après avoir précipiter la masse minérale, est de nouveau entraînée dans le courant
descendant en engendrant le recyclage qui n’exige pas une grande quantité d’eau pour le long
processus de formation des gîtes hydrothermaux.
Le schéma de la figure (2b) montre la participation des eaux marines dans la formation des gîtes
hydrothermaux. La mise en place d’une extrusion réchauffe l’encaissant et sous l’action du gradient
thermique se créent des courants de convection aspirant vers le bas les eaux marines.
Quelque soit le schéma envisagé dans la genèse des gîtes hydrothermaux, les solutions ayant
données naissance à un grand nombre de gîtes avait, dans la majorité des cas, une origine mixte et, il
est rare de trouver des gîtes formés exclusivement à partir d’un seul type d’eau. Le plus souvent, les
gîtes hydrothermaux sont des produits de mélange des différentes eaux. Généralement, les eaux
magmatiques se mélangent en profondeur avec les eaux atmosphériques et ou marines, entraînant
aussi bien les substances d’origine juvénile que les produits arrachés aux roches traversées. Le
transport s’effectue sous forme de complexes chlorurés, sulfurés ou organiques.
La précipitation se fait par plusieurs mécanismes qui peuvent jouer seul ou en combinaisons
diverses : baisse de température, de pression, changement de pH, d’état d’oxydoréduction, ébullition,
immiscibilité d’une phase gazeuse, réaction avec les roches encaissantes et mélange de fluides qui
peut provoquer une saturation, un changement de température, de pH ou de Eh.
Fig.(2) : (a) : Formation de gîtes hydrothermaux avec participation d’eaux atmosphériques et magmatiques. 1- roche
magmatique, 2- zone de formation de gîtes hydrothermaux, 3- courants hydrothermaux. (b) : Formation de gîtes hydrothermaux
avec participation des eaux marines. 1- socle, 2- roches volcaniques sous-marines, 3- rhyolites, 4- eaux de mer, 5- minerai
sulfuré, 6- circulation d’eaux chaudes.
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Fig. (5) : L'environnement de formation des gîtes porphyriques : un batholithe en voie de cristallisation avec une coupole
saturée en éléments volatiles et un stratovolcan constitué d’andésite et de tufs pyroclastiques (Kirkham et Sinclair, 1988).
Les porphyres concentrent les éléments tels Cu, Mo, Sn, Au, Ag, Pt, Bi, Se, Rh. Lorsque le Cu est
seul ou très prépondérant, on parle de porphyres cuprifères lorsque c’est le Mo, de « moly-porphyry »,
lorsque c’est l’Sn, de « tin-porphyry ». Au total on en reconnaît plusieurs types : porphyre à Cu,
porphyre à Cu-Mo, porphyre à Cu-Au, porphyre à Mo, porphyre à Sn, porphyre à W (Mo) et dont la
paragenèse dépend de la nature de l’intrusion associée (Fig.6). La minéralisation se présente souvent
sous forme de stockwerk, filonnet, veine, dissémination, pipe bréchique.
Fig. (6) : Variation SiO2-(Fe2O3/FeO) des granitoïdes associés aux gîtes porphyriques de Cu, Cu-Mo, Cu-Au, Mo, W-Mo et
Sn (Lehmann, 1990).
Age : Les porphyres sont principalement mésozoïques à cénozoïques (Fig.7). Les gisements
précambriens sont plus difficiles à identifier, et peuvent avoir été modifié au cours de l'histoire
géologique subséquente à leur mise en place.
Contexte : Les gisements de type porphyrie apparaissent dans les ceintures orogéniques ;
environnements d'arcs insulaires ou de marge continentale active (Fig.8). Ils sont bien développés
dans les chaînes récentes à la périphérie du Pacifique, que ce soit à l'Est dans la marge active des
Amériques, ou à l'Ouest dans les arcs insulaires des Philippines, Papouasie Nouvelle Guinée, Iles
Salomon … (Fig.10). Ils sont tardifs dans l'évolution de l'orogenèse, et les intrusions s'injectent dans
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des zones de failles et des zones d'extension locale. Le magmatisme de ces environnements est
d’origine mantellique et d’affinité calco-alcaline. Au cours de son évolution, il assimile des quantités
variables de matériel supracrustal.
Fig. (8) : Coupe transversale d’une zone de subduction et de l’arc continental qui lui est associé. La déshydratation de la
croûte océanique entraine la fusion partielle du manteau et une remontée de magma. Les magmas plus évolués vont remonter
jusqu’à la croûte continentale (tiré de Richards 2003).
Fig. (9) : Injection de magmas de plus en plus différenciés, la minéralisation est spatialement et génétiquement liée à
l’intrusion porphyrique tardive (Tiré de Richards 2003).
Fig.(10) : Distribution mondiale des gîtes porphyriques. Noter l’importante concentration de gîtes sur la marge est de l’océan
Pacifique.
Genèse : Au cours de la différenciation du magma, les éléments incompatibles (Cu Mo, Sn, …)
se concentrent dans les fluides résiduels. Vers la fin de la différenciation, la pression crée par ces
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fluides entraîne une fracturation très fine du toit du réservoir magmatique. La fracturation entraîne une
chute de pression des fluides hydrothermaux, leur ébullition et le dépôt de la minéralisation et
l'altération des roches intrusives bordières.
Deux processus, qui évoluent dans le temps, contribuent en proportions diverses dans la genèse
des porphyres : magmatique et météorique (Fig. 11).
a) Processus magmatique : les volatiles et les métaux sont concentrés au sommet de l'intrusion
par cristallisation fractionnée. La carapace cristallisée de l’intrusion confine les fluides magmatiques
dans des zones où la pression des fluides augmente. Lorsque la pression dans la zone
d'accumulation devient trop forte, la carapace de roche ignée est fracturée et le fluide hydrothermal
est expulsé, ce qui provoque aussi la fracturation de la roche encaissante indurée.
b) Processus de convection : l’eau (météorique, de bassin, de mer, ou mixte) se trouvant dans la
roche encaissante intrudée, est chauffée par conduction. Le réchauffement induit des cellules de
convection ; l’eau réchauffée s’élève par flottabilité tandis que l’eau froide plus dense percole vers le
bas où elle est chauffée à son tour. Cette convection peut fonctionner jusqu'à ce que toute l'énergie du
pluton ait été extraite de l’intrusion par conduction ou par convection ou bien que le système de
fracturation soit obstrué par la cimentation des fractures par la minéralisation et que les fluides ne
puissent plus circuler. Cette circulation peut provoquer une redistribution importante des métaux et
une superposition des faciès d’altération.
Fig. (11) : Modèle de genèse des porphyres montrant les différents apports de fluides et leurs relations avec les faciès
d’altération (Tirée de McMillan et Panteleyev, 1980).
Ex : Porphyres à Cu (Mo)
Les porphyres cuprifères constituent la principale ressource de cuivre dans le monde. Valley
Copper (C-B) 692 Mt avec 0.4% Cu et 0.007% Mo, Bingham (Utah) 2068 Mt avec 0.78% Cu, 0.032%
Mo, 2.4 g/t Au, Chuquicamata (Chili) 10838 Mt avec 0.6% Cu, 0.024 % Mo et El Teniente (Chili) 8350
Mt avec 0.7% Cu, 0.03% Mo.
Un gisement de type porphyre cuprifère comporte les éléments suivants (Fig.12) :
- des petites intrusions subvolcaniques (2km de diamètre) polyphasées, émanant d’un réservoir
magmatique plus large et plus profond. Ces injections présentent des caractères intermédiaires entre
intrusifs francs et extrusifs volcaniques dans le stratovolcan (andésites et pyroclastites mises en place
en milieu aérien) ;
- des zones d'altération hydrothermale qui se disposent d'une manière zonaire autour de l'intrusion
porphyrique ;
- des minéralisations à pyrite, chalcopyrite et accessoirement molybdénite, sous forme de veinules
ou disséminations, étroitement associés aux faciès porphyriques.
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Fig.(12 : Coupe type d’un porphyre cuprifère (d’après Sillitoe, in Routhier, 1980)
La répartition des minéralisations est calquée en grande partie sur celle des zones d'altération
hydrothermale. De la périphérie vers le cœur, on distingue (Fig.13) :
- une zone corticale qui renferme de faibles teneurs en pyrite (2%), un peu de chalcopyrite et éventuellement un peu de
galène, sphalérite, or et argent. Cette minéralisation apparaît en veinules. Elle coïncide avec la zone d'altération propylitique et
la zone d'altération argilique ;
- une zone à pyrite (10%) avec des teneurs en chalcopyrite comprises entre 0.1 et 3% ; la molybdénite n’apparaît qu’à
l’état de traces. Les minéralisations y sont davantage sous forme de veinules que de disséminations. Cette zone minéralisée
correspond à la zone d’altération phyllique ;
- une zone de minerai exploitable, pauvre en pyrite, refermant 1 à 3% de chalcopyrite et 0.03% de molybdénite. Le
minerai est davantage sous forme disséminé que sous forme de veinules. Cette zone, économiquement la plus intéressante, se
situe dans la partie externe de la zone potassique, à la limite de la zone phyllique ;
- une zone interne pauvre en sulfure, qui correspond à la partie centrale de la zone d’altération potassique. Les sulfures y
sont disséminés et en veinules ;
- une zone centrale et profonde à magnétite plus abondante que pyrite + chalcopyrite. Latéralement et sensiblement à la
même profondeur, existe une zone à magnétite plus abondante que la pyrite.
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Fig.(13) : Schéma des zones d’altérations et de minéralisations dans le porphyre cuprifère de San Manuel-Kalamazoo,
Arizona. a) : altération, b) : paragenèse minérale, c) : morphologie de la minéralisation (Lowell et Guilbert, 1970).
Les teneurs en Cu sont comprises entre 0,2 et 3%. Les tonnages sont très variables. Il existe de
7
petits porphyries à 10 t de minerai à 0,2% de Cu (soit 40 000t de Cu métal), et des "monstres"
9
renfermant plus de 10 t de minerai à 0,6% de Cu. La plus grosse porphyrie Chuquicamata (Chili) a
6 7
produit 17 x 10 t de Cu métal entre 1917 et 1978. Le gisement de Bingham (U.S.A.) a produit 10 t de
Cu de 1865 à 1972. L’exploitation est à ciel ouvert, elle atteint 800m de profondeur pour un diamètre
2km. Quelques exemples de gisements de porphyres cuprifères sont donnés en tableau (1).
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Fig.(14) : Modèle schématique proposant les relations génétiques entre les gisements de type porphyre et épithermaux
acide et neutre (Hedenquist et Lowenstern 1994, Hedenquist et R.Antonio. 2000).
Les exemples les plus spectaculaires sont surtout localisés sur le pourtour de l’Océan Pacifique ou
en Europe de l’Est (Dube et al. 1998, Eilu et al. 2003, Levresse et al. 2004, Sundblad 2003, Turner et
al. 2001, Zhou et al. 2002) (Fig.15).
Fig.(15) : Distribution des principaux gisements de type épithermal acide « high sulfidation » et neutre « low sulfidation » : a)
Sur la ceinture de feu péri-Pacique et b) En Europe Centrale (Hedenquist et R.Antonio. 2000).
Contexte : La majorité des gîtes épithermaux connus sont associés à des zones d’extension dans
un contexte de subduction. La ceinture de feu du Pacifique est d’ailleurs l’hôte de nombreux gîtes
épithermaux (Fig. 10). Toutefois, certains apparaissent dans des contextes géodynamiques différents
tels que bassin en pull-apart, horst et graben lié à l’amincissement crustal, point chaud … (Fig. 16).
L'environnement le plus commun est celui d’une caldera (souvent à la bordure de la caldera), dans
des roches volcaniques de composition andésitique à rhyolitique (principalement rhyodacitique pour le
type sulfate-acide et plus varié pour le type séricite-adulair). La précipitation des métaux apparaît
500.000 ans après le magmatisme initial. La durée de fonctionnement des systèmes varie entre
100.000 et 1.000.000 d’années.
Fig. (16) : Contextes géodynamiques des gîtes épithermaux. a) arc volcanique en extension ou sans contraintes. b) Bassin
d’arrière arc au cours du volcanisme d’arc et sous des contraintes de compression. c) Arc avec volcanisme modéré et sous des
contraintes compressives. d) Arc en extension. e) Bassin d’arrière arc durant le volcanisme d’arc et sous des contraintes
d’extension. f) Bassin d’arrière arc sous des contraintes d’extension durant la transition subduction - rift liée au rollback de la
plaque subductée. g) Extension de la marge continentale suivant la fin de la subduction et lors de l’avènement d’une faille
transformante. h) Domaine compressif lié à une limite transformante. i) Magmatisme restreint lors d’un événement post-
collisionnel provoquant la rupture de la plaque subductée et dans un domaine compressif. j) Extension causée par un
effondrement tectonique post-collisionel. (Tirée et traduite de Silitoe et Hedenquist, 2003).
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Association minérale : la minéralisation est constituée d’Ag, Au, sulfosels et sulfures de métaux
de base, dans des systèmes complexes de fractures (Fig. 17). Les remplissages montrent de
nombreuses phases de dépôt, avec des textures rubanée et bréchique (Genna et al., 1996).
Fig. (17) : Diverses formes de minéralisations. La minéralisation est indiquée par les hachures (Tirée de Hedenquist J.W. et
al., (2000)).
Age : la plupart des gisements épithermaux est d’âge cénozoïque, mais on connu des gisements
de ce type dès l’Archéen tels Hope Brook (Terre Neuve) et Imiter et Bou-Madine (Maroc) d’âge
Protérozoïque.
Fig. (18) : Graphique montrant la relation entre les teneurs d'Au en g/t en fonction des tonnages en millions de tonnes de
différents gisements aurifères (Tiré de Jébrak M. et Marcoux E., (2008)).
La paragenèse est constituée l’énargite (Cu3AsS4), pyrite ± chalcopyrite, bornite, covellite (CuS),
or natif, électrum, tellures dans une gangue à quartz. Cette paragenèse caractérise des minéraux qui
se forment dans des conditions de fugacité d’oxygène élevées, à partir de fluides relativement acides
et oxydés dans un environnement magmatique. La minéralisation est fréquemment disséminée dans
l’encaissant altéré ou bien localisée dans des veines diffuses ou dans des filons.
L’altération de ces gts est zonée avec ; une altération silicitique (quartz-alunite) au voisinage
des corps minéralisés puis argilitique (kaolinite et illite) en périphérie (Fig. 19)
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Fig. (19). Variation latérale de l'altération hydrothermale des gîtes sulfate-acide (Tiré de Hedenquist J.W., et al. (2000)).
Genèse : ces gisements sont associés à l’évolution terminale de magmas relativement oxydés, en
particulier des dômes de rhyolites. Lors de son ascension vers la surface, deux processus dominants
font varier les conditions du fluide hydrothermal émanant du volcanisme, soit l’ébullition soit le
mélange avec eaux météorique.Au cours de l’ébullition, Il se dégaze et perd rapidement son CO2, en
s’enrichissant relativement en soufre et en se condensant, devient très acide (pH<2). Les
températures de dépôts oscillent entre 225 et 275°C , avec des salinités variables de 6% jusqu'à 13%
éq NaCl. La zonalité de l’altération est la conséquence de la neutralisation des fluides vers l’extérieur.
IV-2-2) Dépôts de type épithermal neutre : se forment dans une position nettement plus
distale par rapport à la source magmatique (Fig. 14) et ils se mettent en place plus tardivement après
les éruptions volcaniques majeures. Ils constituent des gisements de petite taille souvent riches en
argent, avec Au, Pb et Zn.
La paragenèse est formée de pyrite, galène, sphalérite, chalcopyrite, argentite, acanthite,
tétraédrite, Au natif dans une gangue de quartz et carbonate et ± fluorine et barytine. Il s’agit de
minéraux de bas degrés d’oxydation, déposés en position distale à partir d’un fluide de pH neutre
fortement contaminé par les circulations météoriques. Les corps minéralisés sont fréquemment des
veines verticales de puissance métrique contrôlées par des failles. Les remplissages montrent de
nombreuses phases de dépôt avec des textures rubanées et bréchiques.
L’altération hydrothermale est zonée latéralement. Au cœur, une zone d’altération potassique
expliquant le nom d’épithermaux à adulaire (adulaire un type de feldspath potassique) et silicique.
Vers l’extérieur, celle-ci devient phyllique, avec un assemblage de mica (communément la séricite,
expliquant le nom d’épithermaux à séricite) et d’argiles (smectites). Dans la zone externe, l’altération
est plus argileuse, et l’encaissant peut être caractérisé par une altération dite propylitique (quartz,
chlorite, albite, carbonate et quelques fois séricite).
Genèse : les fluides impliqués dans ce type de gisement sont essentiellement météoritiques
présentant une faible salinité (<3,4% eq. poids NaCl) et un caractère neutre à légèrement acide, en
équilibre avec les roches encaissantes (Fig.20). Ils ont le plus souvent un caractère pulsatif, avec des
températures qui s’échelonnent entre 320 et 60°C. L’écoulement des fluides est contrôlé par les
fractures et failles dans lesquelles le panache de fluide hydrothermal se mélange avec les eaux
souterraines. La précipitation se fait par mélange, baisse de température et ébullition. Les métaux
seraient pour l’essentiel extraits de la croûte sous-jacente.
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Fig. (20) : Schéma synthétique montrant la nature des fluides participants dans la genèse des gîtes acide-sulfate et gîtes
séricite- adulaire (Tiré de Arndt, (2010) modifié d'après Hedenquist et al., 2000)
Le tableau (2) compare les gisements épithermaux acides et neutres (d’après White et Hedenquist,
1995).
Caractères épithermaux neutres épithermaux acides
Minéraux py, sph, ga, chpy, tennantite- py, sph, ga, chpy, énargite -
fréquents tetraédrite, arspy, électrum, au luzonite, tennantite- tétrédrite,
natif, tellurures et séléniures covellite, Au natif
Association Au, Ag, As, Sb, Hg, Zn, Pb, Au, Ag, As, Cu, Sb, Bi, Hg, Te,
géochimique Zn, Se, K, Ag/Au Sn, Pb, Mo, Te/Se
Tab.(2) : Comparaison des gisements épithermaux acides et neutres (d’après White et Hedenquist, 1995).
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Ils apparaissent généralement dans tous les contextes de volcanisme sous-marin, en particulier
dans les dorsales océaniques, les arcs insulaires, les bassins d’arrière arc, les plates-formes ...etc.
On connaît des gisements de cette classe depuis l'Archéen jusqu'à l’actuel. Les gîtes actuels
montrent des cheminées « évents » d’où s’échappent des fluides hydrothermaux, avec des fumeurs
noirs (350°C) déposant pyrite, marcasite, wurzite, sphalérite, anhydrite, chalcopyrite, bornite, et des
fumeurs blancs (200°C) déposant barytine et opale ( Fig. 21).
Le contraste chimique et thermique entre le fluide hydrothermal ventilé sur le fond océanique «
fumeurs noirs » (300-350 C, pH=3.5, H2S>>>SO4) et l’eau de mer (2 °C, pH=7.8, SO4>>> H2S) est à
l’origine de la précipitation des sulfures.
TYPE KUR O KO
Z n , P b , C u (A u , A g )
A r c s s o u s - m a r in s
Fig.(22) : Gisements associés au volcanisme sous marin « amas sulfurés » dans leur contexte géodynamique.
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Les gîtes « sulfures massifs volcanogènes » ou « Volcanogenic Massive Sulphides » VMS sont le
produit de fluides hydrothermaux ventilés sur le fond océanique dans un environnement volcaniques
avec une participation sédimentaire discrète « shales ou de grauwackes».
Ils constituent la source principale de Zn, Cu, Pb, Ag et Au, et à moindre mesure de Co, Sn, Se,
Mn, Cd, In, Bi, Te, Ga et Ge. Les tonnages s’échelonnent entre 0.1 et 10 Mt (<155 Mt, Kidd Creek)
avec des teneurs variant de 0.5 à 2 % Cu, 1 à 15 % Zn, <0.1 à 7 % Pb.
Morphologie et répartition : Les amas syngénétiques se présentent le plus souvent sous forme
de corps lenticulaires. Ils se localisent à proximité de failles synvolcaniques qui canalisent
l’écoulement des fluides hydrothermaux à travers la séquence volcanique. La partie supérieure de ces
failles correspond la racine épigénitique caractérisée par des minéralisations en stockwerk.
La figure (23) illustre une coupe transversale d’un VMS montrant une lentille concordante de
sulfures semi-massifs à massifs reposant sur un réseau discordant de filons et stockwerks et
associées à un halo, ou « cheminée », d'altération.
Fig.(23) : Architecture d'un amas sulfuré de type VMS et de son stockwerk d'alimentation (tiré de Jébrack et Marcoux,
2008). On remarque la zonalité de l’altération hydrothermale autour du stockwerk et la zonalité minérale au sein de l’amas.
Cette dernière n’est pas toujours présente et varie largement selon les gisements; la richesse en cuivre dans le stockwerk et à
la base de l’amas est probablement le caractère le plus constant
Dans une province métallifère, les amas se répartissent généralement en essaims liés à des
niveaux particuliers (Fig.24) ; des niveaux présentant des horizons marqueurs caractérisés par des
dépôts d’exhalites (mélange de sédiment hydrothermaux cherteux et pyriteux enrichis en métaux
comme le Cu et le Zn avec des cendre volcaniques).
Fig.(24) : Distribution stratigraphique des amas dans le complexe volcanique de Noranda. La majorité des amas se trouvent
sur deux horizons marqueurs (Main contact et C contact) qui se caractérisent par la présence des exhalites (in Beaudoin, 2005).
La paragenèse minérale est constituée principalement de Py, Po, avec une quantité variable de
Cpy, Sph, Ga. Ces minéraux se répartissent en zones. La zonation couramment observée se traduit
par un enrichissement en Cu à la base ou au centre et un enrichissement en Zn, Pb, et Ba vers le
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Contexte : Les VMS apparaissent dans des environnements géodynamiques volcaniques soumis
à une extension : bassin d’arrière arc insulaire, dorsale océanique et rift sur une marge continentale.
L'extension entraîne un amincissement de la croûte, une dépressurisation du manteau et la production
de liquide basaltique (Fig.26). Selon l'épaisseur et la densité de la croûte, ce liquide peut s'accumuler
à la base de la croûte, ce qui entraîne une fusion partielle et la formation de liquide granitoïde. Ces
bains anhydres à haute température peuvent rapidement monter jusqu'à un environnement en
dessous du plancher marin (<3 km sous le fond marin), où la chaleur peut induire des cellules
hydrothermales convectives (Fig.26).
Nature de l’encaissant : Les basaltes encaissant les VMS sont identiques à ceux de la dorsale
océanique ou d’arc continental moderne. La séquence marque le changement d’une séquence d’arc à
des basaltes avec des signatures de MORB (± boninites).
Les andésites ne seraient pas un produit de la cristallisation fractionnées mais plutôt celui d’une
contamination d’un magma basaltique par un magma issue de la fusion partielle de la croûte hydratée,
ce qui indique une chambre magmatique intermédiaire.
Les rhyolites les plus abondamment associées aux VMS sont plus siliceuses, avec une affinité
tholéiitique.
Age : Les VMS se sont formés durant 6 périodes principales de l’histoire de la Terre, à l’archéen,
le paléoprotérozoïque, l’ordovicien, le dévonien, le permien, le jurassique, le crétacé et cénozoïque
tardif (Fig.28).
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Altérations (Fig.29) : Les districts de VMS se caractérisent communément par de grandes zones
semi-concordantes d'altération hydrothermale, qui s'intensifient en zones d'altération discordantes au
mur et au toit des amas sulfurés. De minces, mais vastes unités de sédiments chimiques ferrugineux
formés par exhalaison de particules hydrothermales caractérisent également les gîtes de VMS.
Fig. (29) : Zones d’altération discordante des VMS dans le camp minier de Bathurst. Les VMS sont affectés d’un
métamorphisme schistes verts (De Goodfellow et al. 2003).
Source des métaux : Dans les VMS, les métaux proviennent probablement de deux composantes
:
1) les roches encaissantes dans la zone d’altération semiconcordante qui interagissent avec les
fluides hydrothermaux de haute température (300°C) sous des conditions de ratio fluide/roche bas (<
10) ;
2) une contribution directe des magmas subvolcaniques, comme le suggère l’enrichissement des
sulfures en Co, Bi, Se, Te, Sn.
La composition isotopique du plomb indique que la source essentielle des métaux se trouve dans
la séquence volcano-sédimentaire sous-jacente aux VMS.
La composition isotopique du soufre des VMS révèle une variation dans le temps qui coïncide avec
celle de la composition de l’eau de mer contemporaine (Fig. 30). Ceci indique que le soufre est
principalement dérivé de l’eau de mer par réduction thermochimique du sulfate durant l’oxydation du
fer dans les roches volcano-sédimentaires sous-jacentes. Aux températures de 200-400°C, le
fractionnement isotopique sulfure-sulfate est comparable à la différence de composition isotopique du
soufre entre l’eau de mer et les sulfures (~ 17 ‰) (Franklin et al., 2005).
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Fig. (30): Evolution dans le temps de la composition isotopique des sulfures des VMS (après Huston, 1999). Carrés vides =
sulfure massif ; carrés plein sulfate. Pour la période après 1,0 Ga, le trait gris représente l’évolution dans le temps de la
composition isotopique soufre des eaux de mer. Notez la distribution parallèle de sulfure et eau de mer.
Selon Franklin et al (2005), le modèle de formation des VMS peut être décrit en six étapes
distinctes (Fig. 31).
(1) Premièrement, il doit y avoir une intrusion syn-volcanique à faible profondeur (2-12 km). Cette
source de chaleur (300-400° C) entraine la convecti on de l’eau de mer dans la roche fracturée.
(2) Ensuite, le fluide hydrothermale forme une zone d’altération semi-concordante. Cette zone doit
contenir une barrière imperméable formée par la précipitation de la silice et qui va agit comme barrière
permettant la formation d’un réservoir où sont confinés les métaux arrachés aux roches volcaniques et
sédimentaires par convection.
(3) Par la suite, des failles synvolcaniques peu briser la continuité de l’aquifère ce qui permet
focaliser l’écoulement des fluides hydrothermaux à partir du réservoir vers un point à la surface du
plancher océanique.
(4) les fluides ascendants provoquent des zones d'altération discordante sur les murs et sur les
toits. Ces zones de forme d'une cheminée d'altération, peuvent s'étendre jusqu'à une centaine de
mètres sous le gisement.
(5) la formation d’un amas sulfuré est liée à la précipitation des métaux induite par le mélange des
fluides avec l’eau de mer. Les particules de sulfures s’oxydent rapidement et sont entrainées sur le
fond océanique sous forme d’un panache noir («black smokers»).
(6) Finalement, le modèle des VMS doit contenir des dépôts d’exhalite, généralement, en position
distale. Ceux-ci, sont plutôt minces, mais s'étendent sur de très grandes distances (dizaine de
kilomètres). La présence d'un exhalite dans une séquence volcanique sous-marine est un très bon
indicateur que de l'activité hydrothermale.
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Fig. (31) : Modèle général de la formation d'un gisement VMS (tiré de Franklin et al, 2005)
Des exemples mondiaux de gisements de sulfures massifs volcanogènes, sont donnés dans la
figure (32).
Fig.(32) : Distribution des gisements de sulfures massifs volcanogènes, avec les principaux districts mis en valeur par
rapport aux réserves géologiques (tiré de Galley et al, 2007).
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Fig. (33): Map showing the locations of Kuroko- and Besshi-type massive sulphide deposits of Japan. Modified from
Yamaoka (1962) and Scott (1985).
Fig.(34): a) Gisement de kuroko, Japan (Sato, 1974, in Rhoutier, 1980). B) Représentation graphique des lithologies d’un gîte de
VMS de type kuroko « ou type bimodal felsique» (Galley, Hannington, 2007).
Les textures sont principalement massives mais peuvent être localement litées ou bréchiques. Le
grain est très fin. Les teneurs des Kurokos japonais sont de l’ordre de 2% Cu, 5% Zn, 1.5% Pb,
95ppm Ag, 1.5ppm Au. Les tonnages exploités sont variables d’un gisement à l’autre et s’échelonnent
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de 10 à 10 t.
Le fluide impliqué correspondrait à l’eau de mer modifiée par des échanges chimiques avec les
roches volcaniques encaissantes durant la diagenèse et l'altération hydrothermale. Température
150-350°C ; salinité de 3 à 8 % éq. NaCI (moyenne = 4.5%).
Le soufre serait celui dissout dans l'eau de mer et celui des sulfures disséminés dans les roches
volcaniques encaissantes.
Pour les métaux, les isotopes du Pb suggèrent les roches volcaniques sous-jacentes.
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Il s'agit de gisements déposés dans les zones d’accrétion actuelles (Atlantique et Pacifique) ou
fossiles (ophiolites) : Chypre, Oman, Turquie, Philippines, Terre-Neuve etc. Chypre (ophiolite de
Trodoos) constitue le modèle de référence pour ce type de gisement (Fig.35).
Le type est reconnu presque exclusivement au Phanérozoïque.
Fig.(35) : Carte géologique du complexe ophiolitique de Chypre et localisation des amas sulfurés (d’après Searle, simplifié,
in Guilbert et Park, 1986).
Les VMS de ce type se trouvent dans la partie sommitale d'une séquence ophiolitique, dans les
basaltes en pillow lavas (Fig.36). Les lentilles de sulfures sont souvent à proximité de failles normales
syn-volcaniques. Elles sont de forme tabulaires assez petites, généralement < l Mt à 3-4% Cu et 1 %
Zn (<5%).
L’amas comprend souvent 3 zones :
- à la base : minerai siliceux de py-cpy dans un ciment de quartz, Sp parfois abondante, plus que la
cpy.
- au milieu : sulfures massifs à py-cpy+/-sp, matrice sablonneuse de grains de sulfures entre des
blocs qui varient de 80% à la base vers 20% au sommet.
- au sommet : sédiment ferrugineux ocre massif à finement laminé.
La racine épigénique est à chalcopyrite, sphalérite disséminés en profondeur, plus fissurales vers
la surface.
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amas sont répertoriés, mais seulement six d’entre eux dépassent 10 t de minerai. Les textures des
minerais sont massives, parfois colloformes ou bréchiques.
L’hydratation des basaltes conduisant à la formation de minéraux comme amphiboles, chlorites,
épidotes et serpentines. Au voisinage des minéralisations s'observe une altération formant un pipe de
200 m de diamètre (Chypre) avec silice, chlorite, pyrite, au cœur, puis quartz - chlorite magnésienne
et montmorillonite en périphérie.
Ces gisements sont formés par la circulation convective d'eau de mer dans la croûte océanique.
En pénétrant dans la croûte, cette eau se réchauffe rapidement car le flux thermique est important au
niveau de l’axe de la dorsale en raison du magmatisme. Elle dissolve et draine des éléments
chimiques contenus dans les basaltes et les roches sous-jacentes (Cu, Zn Fe,…). Les métaux
proviendraient aussi du fractionnement de la chambre magmatique. Cette eau devient donc très
chaude et enrichie en éléments métalliques. Au delà d’une certaine profondeur, elle remonte et altère
la pile volcanique dans l’axe de la dorsale (chloritisation des basaltes). Elle dépose la majeure partie
des éléments qu’elle contient en débouchant sur le fond océanique. Le dépôt des sulfures est dû à un
brutal contraste des conditions physico-chimiques entre les fluides hydrothermaux de haute
température (350°C, pH acide) et les eaux océanique s froides (1 à 2°C, pH alcalin) (Fig.37). Une
baisse de température affecte les fluides hydrothermaux ascendants et entraîne la précipitation d’une
partie des sulfures dans des fissures des basaltes, sous l’amas sulfuré. Ces dépôts constituent le
stockwerk sulfuré.
Ils sont de taille importante, en moyenne 10 à 100Mt, avec des teneurs de 2 à 10% Zn et de 1 à 4
% Pb (Fig.38 et 39). Le rapport Zn/Pb varie de 1 à 0.1. A titre d’exemple, le gisement de Sullivan
(Canada) avec 116 Mt, 5,8 % de Zn et 6,7 % de Pb.
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Fig.(38) : Histogrammes de teneur et tonnage métal pour les gisements SEDEX mondiaux.
Fig.(39) : Variations temporelles des teneurs et tonnages des gisements Sedex mondiaux.
Les gts de ce type sont connus à toutes les époques. Ils sont particulièrement importants au
Protérozoïque ; Sullivan (Canada) et Broken Hill, Mt. Isa, McArthur River (Australie). Le Cambrien et le
Dévonien sont aussi des époques avec une accumulation importante de minéralisation de type
SEDEX (Fig. 40 et 41). Cette distribution temporelle est en relation directe avec la constitution du
stock de soufre dans les océans après le retrait du fer par les formations de fer et l'établissement
d'océans stratifiés avec des eaux basales réductrices au cours du Protérozoïque et du Paléozoïque
(Sangster, 1990). Leur abondance particulière autour de Paléozoïque (Fig.40 et 41) a aussi été mise
en relation avec la rupture du supercontinent (Hutchinson, 1982; Yong 1992).
Fig.(40) : Distribution dans le temps des gisements SEDEX, VMS et MVT, formation de fer, évaporites et périodes
anoxiques riches en H2S (Goodfellow, 2004).
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Fig. (42) : Architecture du bassin sédimentaire pour les gisements sédimentaires exhaltifs.
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à des formations de fer. La structure interne des amas est régie par la distance entre les évents
relâchant les fluides et lieu de dépôt. Dans un gîte SEDEX, Il est possible de distinguer quatre facies
différents, soit le complexe de griffons, le minerai stratifié, les produits hydrothermaux distaux et
parfois même la zone nourricière (stockwerk) (Fig. 43).
La partie épigénétique comprend des brèches et stockwerks le long de structures cassantes ; cette
partie est souvent peu développée, voire tout à fait absente. A Mt Isa, un important gîte de cuivre sous
forme de remplacement a été interprété comme la racine d'un gîte Sedex.
La minéralogie est constituée de ga, sp, py et/ou po, cpy et apy. La barytine est présente dans
certaines gîtes mais complètement absente dans d'autres. Elle précipite principalement à la marge et
au sommet des sulfures massifs. Les sulfures sont finement grenus et en proportions variables dans
les lits de roches sédimentaires. Les lits avec sulfures sont souvent intercalés de lits pauvres en
sulfures. À Sullivan et Rammelsberg il y a un coeur de sulfures de Fe massif bordé de sulfures de Pb-
Zn lités.
La zonalité métallique est parfois bien développée, du bas vers le haut Cu→Zn→Pb→Ba et
latéralement du griffon vers la périphérie Pb→Zn→Fe→Ba→Mn (Fig. 45).
L'altération se développe parfois au toit et au mur des amas mais surtout au niveau de la racine
épigénitique. Il s'agit surtout de silicification et d'albitisation.
À Sullivan (Fig. 46), la cheminé d’altération est affecté d’une tourmalinisation qui s’étend sous la
minéralisation. De façon latérale, l’altération devient plus chloritisée et pyrrhotisée, pour finir avec une
altération distale à muscovite. (Lydon, 2000) (Jébrak et Marcoux, 2008)
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À Rammelsberg (Allemagne) et Mt. Isa (Australie), la zone d'altération est caractérisée par une
silicification intense associée à la minéralisation cuprifère.
Dans plusieurs Sedex, la zone d'altération n'est pas connue : cela peut être le résultat de
l'exhalation d'un fluide hydrothermal dense qui remplit une dépression éloignée du point d'exhalation.
Mode de genèse : les fluides hydrothermaux ayant donné naissance à ce type de gîtes ont une
température de 150 à 300 °C et une salinité qui var ie de 5 à 25 %wt. éq. NaCl. Il s’agit de fluides de
bassins, mis en mouvement par convection ou par expulsion due à une surpression dans le bassin.
Quant au soufre, il proviendrait de deux sources :
i) soufre lessivé des roches sédimentaires ou bien du soufre marin réduit thermochimiquement par
réaction avec les minéraux;
ii) soufre des sulfates marins réduits par des bactéries en H2S qui induit la précipitation des
sulfures par mélange avec le fluide hydrothermal.
Les isotopes du plomb indiquent que les métaux sont lessivés de la séquence sédimentaire
sousjacente.
Lydon (1983) a proposé un modèle qui fait intervenir un aquifère sur-pressurisé dans des roches
terrigènes isolées par un intervalle imperméable. La production des fluides est assurée par
l’enfouissement (compaction et déshydratation) et par le gradient géothermique élevé typique d'un
environnement en extension.
Les fluides sont piégés dans l’aquifère de roches terrigènes gréseuses et arkosiques par une
couverture de roches sédimentaires finement grenues déposées durant la fin du remplissage du
bassin dans des milieux marins de faible énergie à lacustre (Fig.47). Les fluides sont graduellement
réchauffés durant l’enfouissement et pressurisés par la colonne de roches sus-jacente.
Le jeu des failles syn-sédimentaires peu briser la continuité de l’aquifère ce qui permet d’expulser
rapidement un volume considérable de fluides hydrothermaux à un moment et dans un endroit
particulier. Les fluides salins et denses s’accumulent dans des dépressions topographiques où les
sulfures précipitent dans la colonne de saumure. La sédimentation de particules détritiques dilue plus
ou moins la concentration en métaux dans la boue métallifère, ce qui donne l’alternance de lits
pauvres et riches en sulfures.
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Fig. (47) : Représentation schématique du modèle de formation de gisement SEDEX (Lydon 1983).
Le milieu marin montre parfois des indices d'une stratification des eaux. Les sulfures se
déposeraient dans des zones anaérobiques tandis que les sulfates correspondraient à des dépôts
d’eaux un peu plus oxydantes.
Plusieurs sources thermales déposent ce type de minéralisation de nos jours ; les exemples les
mieux connus sont ceux d'Atlantis II, en Mer Rouge (Pouit, 1988). Les dépôts sont constitués de
sédiments multicolores à grain fin, avec de la montmorillonite ferrifère, goethite, manganite,
manganosidérite et sulfures (pyrite, sphalérite, chalcopyrite). Les sources thermales de la Mer Noire,
associées à des volcans de boue constituent des analogues en milieu sédimentaire, sans volcanisme
(Slack et al., 1998). De la barytine se dépose sur la marge côtière de la Californie, à 2300 m de
profondeur (Naehr et al., 2000).
La source des éléments a été recherchée dans les séries sous-jacentes, souvent riches en
évaporites et susceptibles de produire des fluides riches en métaux comme à Salton Sea (Californie).
Selon toute probabilité, les gîtes Sedex ont été formés de fluides oxydés, donc pauvres en H2S
produits par des réservoirs hydrothermaux géopressurés dans les sédiments clastiques (et
évaporitiques), contemporains au rift, enveloppés par des carbonates ou des sédiments marins à
grain fin.
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