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Ce régime y fonctionne de façon satisfaisante car l’indépendance des pouvoirs

n’y exclut pas des mécanismes de collaboration minimale, appelés les « Checks
and Balances » (freins et contrepoids), de nature institutionnelle (fédéralisme,
partage de certains pouvoirs, discours annuel du président sur l’Etat de l’Union)
et politique (bipartisme, rôle des lobbys, dialogue officieux entre les pouvoirs).
Le régime américain est, actuellement, l’un des seuls régimes présidentiels
fonctionnant effectivement et de façon satisfaisante.

Pour aller plus loin : du « présidentialisme » au régime « semi-présidentiel »

Le « présidentialisme » est une dénaturation du régime présidentiel, constatée


dans certains Etats d’Amérique latine, puis d’Afrique ou de l’ex-bloc soviétique
(Géorgie, Ukraine). Le régime correspondant est caractérisé par un déséquilibre
des pouvoirs au profit du Président, qui bénéficie d’une légitimité populaire
issue de l’élection au suffrage universel, ce qui lui permet d’imposer son
autorité, au détriment du parlement. Dans les Etats dont la vie politique est
caractérisée par l’existence d’un parti dominant, voire unique, le président
bénéficie, en outre, du soutien de la majorité parlementaire. En l’absence de
contre-pouvoirs effectifs, ce régime a parfois pris un caractère dictatorial, en
particulier dans les Etats où le pouvoir présidentiel est appuyé par l’armée.

Par extension, cette expression est parfois utilisée pour qualifier la déviance
d’un régime parlementaire très déséquilibré au profit du chef de l’Etat doté
d’une forte légitimité populaire et exerçant de facto le rôle de chef de la majorité
parlementaire (Vè République française). Voir : P. Lauvaux, Destin du
présidentialisme, PUF, 2002, 137p.
Le régime « présidentialiste » doit être distingué du « régime semi-présidentiel »
(M. Duverger), désignant un régime mixte faisant appel à certaines
caractéristiques du régime présidentiel (président élu au suffrage universel et
doté d’importantes prérogatives) et à d’autres, propres au régime parlementaire
(existence d’un gouvernement responsable devant le parlement, droit de
dissolution). Le président domine alors les institutions et dirige le
gouvernement, face à un parlement affaibli (exemple de la Vè République
française, ou de la pratique du régime parlementaire dualiste dans certains Etats
africains).
Remarque : ces qualificatifs reflètent certaines variantes apparues en pratique et
mettent en évidence la relativité de la typologie classique des régimes politiques.
Ils sont cependant source de confusions : les régimes présidentiel et
parlementaire doivent, en première analyse, rester clairement distincts (selon
que le gouvernement est, ou non, responsable devant le parlement).
A. Des pouvoirs séparés mais interdépendants : le régime parlementaire

1) Les caractéristiques du régime parlementaire

a) La définition du régime parlementaire


Le régime parlementaire est un régime dans lequel le gouvernement (organe
exécutif) tire sa légitimité de la confiance que lui accorde la majorité du
parlement, en charge du pouvoir législatif. Pour que l’équilibre soit assuré entre
les pouvoirs, cette dépendance doit être réciproque (motion de censure contre
droit de dissolution).
En cela, par opposition au système présidentiel américain, on parle de séparation
souple des pouvoirs, puisque ceux-ci entretiennent d’étroites relations de
collaboration. Ils peuvent influer sur l’autre dans l’exercice de leurs fonctions et
peuvent se révoquer mutuellement. Les pouvoirs exécutif et législatif, bien que
séparés, sont donc interdépendants.
Apparu dans la pratique institutionnelle en Grande-Bretagne au XVIII è siècle, et
théorisé en France par des auteurs du XIX è siècle (Benjamin Constant,
Chateaubriand), le régime parlementaire est aujourd’hui pratiqué dans la quasi-
totalité des Etats européens. Il n’existe pas, cependant, de modèle type de
régime parlementaire, puisqu’il y a autant de régimes parlementaires qu’il y a
d’Etats qui le pratiquent.
Le régime parlementaire résulte d’un « ensemble d’éléments qui s’acclimatent
ou non en fonction des données économiques, sociales, psychologiques,
historiques d’un pays » (L. Michon). C’est pourquoi il fut parfois comparé à une
fragile « plante de terre » (Guizot). Cependant, ce régime est caractérisé par la
réunion de certaines conditions essentielles, des indices supplémentaires
permettant, le cas échéant, d’emporter la qualification.

Les conditions essentielles les indices supplémentaires


- Un chef d’Etat irresponsable politiquement ; - Droit d’accès et de parole des ministres
- Un gouvernement (ou cabinet ministériel) doté dans les chambres du parlement ;
d’un chef ; - Partage de l’initiative législative entre le
- Un transfert de la responsabilité politique du parlement et le gouvernement ;
chef de l’Etat par le mécanisme du contreseing ; - Possibilité de cumuler le mandat
- Une responsabilité politique (ou ministérielle) parlementaire et la fonction ministérielle ;
du gouvernement (cabinet ministériel) qui - Bicamérisme ;
répond collégialement de sa politique devant le - structuration des partis politiques et de
parlement ; l’opposition parlementaire, face à la
- Un droit de dissolution de la chambre basse ou majorité de soutien au gouvernement
des deux chambres composant le parlement,
confié au pouvoir exécutif

La principale caractéristique du régime parlementaire réside donc dans


l’exercice de mécanismes de collaboration et de pression réciproque qui sont
autant de moyens de résoudre d’éventuels conflits entre les pouvoirs.

b) Le schéma commenté du régime parlementaire


En régime parlementaire, les pouvoirs exécutif et législatif, séparés, peuvent
interférer mutuellement, jusqu’à se mettre en cause dans leur existence même :
ils disposent ainsi d’un « pouvoir de vie et de mort » l’un sur l’autre. Le
gouvernement peut être renversé par le parlement et, en contrepartie, le
parlement peut être dissout sur décision du pouvoir exécutif. Le régime
parlementaire est donc fondamentalement, lui aussi, un régime d’équilibre des
pouvoirs.

Le régime parlementaire

Chef d’Etat irresponsable

Contreseing Droit de
dissolution
Gouvernement
et son chef
Parlement bicaméral

Responsabilité ministérielle

Ce schéma permet d’illustrer le caractère bicéphale de l’exécutif en régime


parlementaire

Le chef de l’Etat Le gouvernement et son chef


Tirant sa légitimité de l’élection (président de la Sous la direction de son chef (dénommé
République) ou de son hérédité (monarque, il premier ministre, président du conseil des
incarne la continuité de l’Etat et constitue l’élément ministres, ou encore chancelier), le
stable, permanent, et politiquement neutre du gouvernement est plus impliqué dans la vie
pouvoir exécutif. politique et joue un rôle de « courroie de
C’est pourquoi il est irresponsable politiquement, transmission » entre le parlement et le pouvoir
ce qui signifie qu’il n’a pas à répondre de ses actes exécutif.
devant le parlement, qui ne peut le révoquer. Les membres du gouvernement sont
la responsabilité de ses actes est en réalité solidairement responsables devant le parlement
transférée au gouvernement, par le mécanisme du de la politique menée : en cas de crise
contreseing, qui correspond à une deuxième institutionnelle, c’est le gouvernement,
signature que les membres du gouvernement collégialement, qui assume la responsabilité
apposent sur les actes du chef de l’Etat, manifestant des échecs et peut voir son existence mise en
ainsi le fait qu’ils en endossent la responsabilité. cause par une ou les deux chambres. Le
gouvernement fait donc figure de « fusible »,
puisqu’en cas de difficulté, c’est lui qui
« saute »

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