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Essai au pénétromètre dynamique lourd (PDL)

I-Définition, principe et but

L’essai au pénétromètre dynamique est un essais mécanique in situ, simple rapide et


économique (jusqu’à une douzaine d’essai par jour, en fonction de la profondeur) pour
l’investigation et la reconnaissance des sols. Les dimensions relativement petites de l’appareil
et son faible poids fait qu’il peut être emmené et utilisé dans des zones difficiles d’accès
Cependant, il reste peu précis par rapport aux autres essais tels que le pressiomètre et le
pénétromètre statique (CPT).

Son principe est simple. Il s’agit d’enfoncer, par battage (dynamique) un ensemble de tige (train
de tige) métallique de faible diamètre muni à son extrémité d’une pointe conique et de mesurer
le nombre de coups de N nécessaire à l’enfoncement des tiges sur une profondeur donnée. Le
battage est assuré par la chute d’une masse en acier variable selon e type d’essai, appelée
mouton qui tombe en chute libre d’une hauteur fixe.

Il a pour but de :

- Définir la succession des différentes couches du terrain ainsi que leur géométrie
(épaisseur, continuité latérale….)
- Définir l’homogénéité d’une couche ou la présence d’anomalies (vide, cavité…)
- D’apprécier de manière qualitative la résistance des couches traversées.
- Définir la profondeur d’une couche résistante pouvant potentiellement accueillir
les fondations de l’ouvrage.
- Contrôler la qualité des remblais compactés
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Compactage_de_sol)
- Définir la pénétrabilité des pieux
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Pieu_(construction)) et des rideaux de palplanche
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Palplanche).

Ceci va servir à l‘ingénieur de :

- Orienter le choix de fondation (type, dimensions, profondeur…)


- Évaluer un ordre de grandeur de la capacité portante du sol, obligatoirement
précisée par d’autres essais.

Il existe deux types d’essais au pénétromètre dynamique :

• L’essai de type A (PDA) (NF P 94-115) : C’est l’essai de référence dans lequel le
frottement entre le train de tiges et le sol est rendu négligeable grâce à l’injection d’une
boue de forage à proximité de la pointe.
• L’essai de type de B (PDB). (NF P 94-115) : C’est le plus simple et le plus économique,
mis en œuvre sans boue de forage.

II-Domaine d’application

Les essais au pénétromètre dynamique se réalisent dans les sols fins et les sols grenus dont la
taille moyenne des grains ne dépasse pas 60mm.

La profondeur atteinte est généralement de 30 mètres pour le PDA et de 15 mètres pour le PDB.

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III-Appareillage

Le pénétromètre dynamique est constitué de 4 éléments essentiels :

• Le mouton : c’est la source d’énergie, tombant en chute libre d’une hauteur constante
le plus souvent.
• L’enclume : masse en acier solidaire du train de tiges, qui sert à réceptionner la chute
du mouton
• Le train de tiges : ensemble de tiges reliées entre elles, présentant une masse variable
en fonction de sa longueur.
• La pointe : à géométrie très particulière, généralement conique, débordante (son
diamètre est plus grand que celui des tige pour minimise le frottement), peut être perdue
ou récupérable.

Figure 1 : Appareillage et
principe de l’essai au
pénétromètre dynamique

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PDA (NFP94-114-90) PDB (NFP94-115-90)
*dispositif de battage *dispositif de battage

- mouton : 63,5±0,5kg (pouvant être de 32,96 - mouton :63,5±0,5kg


ou 128 kg) - enclume et système de guidage du
- enclume et système de guidage du mouton :30 kg maximum
mouton :25 kg maximum - système de relevage et de déclenchement de
- système de relevage et de déclenchement de la chute du mouton d’une hauteur de 75cm
la chute du mouton d’une hauteur de 75cm
*train de tige
*train de tige
3-5mm de diamètre, 8kg maximum et 2m de
- 32mm de diamètre, 6kg maximum et 2m de long maximum
long maximum
- système d’injection de boue de forage *pointe perdue (à gauche) ou récupérable (à
droite)
*pointe perdue

*énergie nominale spécifique par coup de


*énergie nominale spécifique par coup de battage En (mgh/A): 238kJ/m2
battage En (mgh/A): 194 kJ/m2
m : masse du mouton
m : masse du mouton h : hauteur de chute
h : hauteur de chute A : aire nominale de la base du cône
A : aire nominale de la base du cône

IV-Mode opératoire

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PDA (NFP94-114-90) PDB (NFP94-115-90)
- Cadence de battage : 15 à 30 coups par mn - Cadence de battage : 15 à 30 coups par mn
- noter le nombre de coups N pour un - noter le nombre de coups N pour un
enfoncement de 10 cm enfoncement de 20 cm
-injection de boue de forage - pas d’injection de boue de forage
- la masse du mouton doit être adaptée en cours -masse du mouton fixe (63,5kg)
de battage et choisie parmi l’une des quatre
masses 32, 64, 96, 128Kg afin que le nombre
de coups, pour un enfoncement de 10cm, soit
compris entre 2 et 30 inclus, sauf hétérogénéité
locale (blocs, passage faible ...).

* Arrêt de l’essai * Arrêt de l’essai


L’essai est arrêté si, en général, l’une de ces L’essai est arrêté si, en général, l’une de ces
conditions, est satisfaite : conditions, est satisfaite :

- la profondeur préalablement prévue est - la profondeur préalablement prévue est


atteinte, atteinte,
- l’enfoncement sous 100 coups de mouton est -l’enfoncement sous 30 coups de mouton est
inférieur ou égal à 20cm ou l’enfoncement inférieur ou égal à 10cm avec la masse de
sous 50 coups est inférieur à 10 cm, 128Kg,
- le rebond du mouton sur l’enclume est -le rebond du mouton est supérieur à 5cm.
supérieur à 5cm.

L’arrêt de l’essai à cause d’une des deux L’arrêt de l’essai à cause d’une des deux
dernières conditions est appelé refus dernières conditions est appelé refus

V-Résultats et interprétation

La résistance du sol à pénétration de la pointe dynamique Rd (ou Rp) est calculée en utilisant
des formules développées à partir de considérations énergétiques. La formule la plus utilisée
est celle des Hollandais :
"! ×$×% ' )
𝑅! = × ( × *+ (1)
"×"&
Avec,

• Rd : résistance de la pointe (bars)


• M : masse frappante = mouton (kg)
• h : hauteur de chute (m)
• g : accélération terrestre (m / s2)
• M’: masse frappée = enclume + tiges (kg)
• A : section droite de la pointe (m2)
• N : nombre de coups pour un enfoncement de 20 cm

La seule variable dans cette équation étant le nombre de coups N, l’équation peut alors s’écrire :

𝑅! =∝. 𝑁 (2)

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Le facteur a varie tous les mètres (tige d’un mètre de long) puisque la masse du train de tige
varie tous les mètres. Le facteur a est donc donné par le fournisseur de l’appareil pour chaque
mètre.

Les résultats sont ensuite mis sous forme d’un graphique appelé courbe pénétromètrique qui
donne la variation de la résistance du sol en fonction de la profondeur (une valeur de Rp tous
les 20cm).

Figure 2 : Exemple d’un pénétrogramme. L’axe horizontal est l’axe des


résistance en megaspacals ; l’axe vertical est celui des profondeurs en mètres

Remarque : Il faut être prudent à appliquer cette formule dans le cas du pénétromètre
dynamique du type B. En effets, le fait que les frottements entre train de tige et sol ne sont pas
totalement annulés (absence d’injection de boue), la résistance à la pointe Rd ainsi obtenue à
tendance à être surestimée.

C’est pour cette raison que, selon la norme, le graphique doit représenter la variation du nombre
de coup N en fonction de la profondeur.

VI-Influence des conditions de terrain sur la résistance à la pointe


VI-1. Granulométrie

La taille mais aussi la forme des grains peut avoir une influence sur la résistance du sol. Dans
les sols grenus grossier (cailloux et graviers), la résistance varie fortement et la présence de
gros blocs et galets peut donner beaucoup de faux refus. Dans les sables et les sols fins, la
résistance varie dans de plus faibles proportions. La résistance est plus grande lorsque les grains
sont anguleux

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Dans les sols fins, tels que les argiles, le frottement latéral entre le train de tige et le terrain a
une influence considérable. Si le frottement latéral n’est pas éliminé, les résistances obtenues
peuvent être fortement surestimées

VI-2- Nappe d’eau

La présence de nappe a également une influence sur la résistance du sol. Dans les sols grenus,
la résistance obtenue en dessous de la nappe est souvent inférieure à celle obtenues au-dessus
de la nappe du fait de la diminution des contraintes effectives sous a nappe. Dans les sols fins,
l’effet de capillarité peut faire augmenter la résistance.

Par ailleurs, la pression interstitielles et l’écoulement de l’eau peut avoir une influence sur la
résistance.

VII-Exploitation des résultats de l’essai au pénétromètre dynamique

VII-1- Analyse des résultats des essais au PDL

L’un des buts essentiels de l’essai au pénétromètre dynamique est d’étudier la succession des
couches et leur résistance, verticalement en analysant une courbe pénétrométrique) mais aussi
latéralement pour étudier l’homogénéité du terrain d’étude en comparant les différents courbes
pénétrométriques obtenues au niveau de chaque sondage pénétrométrique.

Le faible cout et la rapidité d’exécution de l’essai au pénétromètre dynamique permettent d’en


réaliser un grand nombre dans une étude de sol. Les points d’essais doivent être répartis de
façon à couvrir toute la surface à étudier.

Un essai au PDL doit être réalisé à coté de chaque sondage carotté, le plus près possible
(idéalement à l’intérieur d’un rayon de 1m autour du trou de sondage) ; et ceci dans le but
d’attribuer les résistances mesurées aux différentes couche lithologiques révélées par les
sondages. Les autres essais au PDL seront par la suite répartis entre les sondages carottés dans
toutes les directions de l’espace. Dans le but d’étudier l’homogénéité latérale du terrain. (Figure
2)

P1 P13 P3
Sc1 P2
Sc2 Figure 2 : Exemple de la distribution des essais in
situ sur une surface plane d’environ 50mx50m. Cinq
P4 P9 sondages carottés (ronds noirs) et treize essais au
Sc3 P12
pénetromètre dynamique lourd (triangles noirs) ont
P8
été répartis de façon plus ou moins uniforme.
P5 P11
P7 Sc5
P10
Sc4
P6

Échelle : 1/5000

Dans la pratique, il s’agit d’abord de découper la courbe pénétromètrique en tranches de sol


homogène (du point de vue des résistances). Dès qu’il y a un changement notable de résistance,
une limite est alors tracée (Figure 3). Ainsi, chaque tranche identifiée est caractérisée par son
épaisseur et sa résistance en pointe moyenne (et éventuellement sa résistance minimale et
maximale) (Tableau 1).

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P1
Sc1
Tableau 1 : Résultats de l’interprétation du
Remblai sondage pénétromètrique
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Tranche Lithologie Epaiss Rpmoy
Argiles
2 (m) (bars)
sableuses
1 Remblai 1.9 13
Argiles 2 Argile 1.9 38
graveleuses 3 sableuse
3 Argile 2.1 42
Argiles graveleuse
4
sableuses 4 Argile 1 72
Grès 5 sableuse
5 Grès >2 > 42
Figure 3 : Courbe pénétromètrique et son
interprétation

NB : Notez que la tranche 2 et 4 sont semblable (même résistance et même lithologie). Pour ce
qui est du substratum gréseux on ne connait pas son épaisseur car la limite inférieure est
inconnue. De même pour la résistance des grés, on connait sa valeur minimale mais pas sa
valeur maximale. Néanmoins le grès possède une plus grande résistance par rapport aux
couches sus-jacentes et surtout qu’elle augmente de manière continuelle avec la profondeur.

Une fois ce travail effectué sur toutes les courbes pénétromètriques obtenues (treize dans
l’exemple de la figure 2), il s’agira ensuite de regrouper les courbes en catégories en fonction
de leur allures (variation de Rp avec la profondeur) et du nombre de tranches de sol identifié.

Pour l’exemple de la figure 12, les courbes ont été regroupées en 4 catégories (groupes). Huit
des treize courbes sont illustrées sur la figure 4 (les cinq courbes non illustrées ici appartiennent
à ces 4 catégories).
Groupe 1 Groupe 2

P1 P4 P2 P3

Groupe 3 Groupe 4

P5 P8 P11 P12

Figure 4 : Regroupement
des pénétrogrammes en 4
différentes catégories

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Ainsi, l’analyse de chacune des 4 catégorie de courbes pénétrométriques est comme suit :

Groupe 1

Les courbes de cette catégorie ont en commun le fait de montrer la même succession, c’est-à-
dire cinq tranches de sol (la succession complète jusqu’au substratum représenté par les grès).
Il faut noter la variation de l’épaisseur des 4 première tranches, ainsi que la variation de
profondeur à laquelle chacune d’elle est rencontrée. De plus il faudra noter la variation de la
valeur moyenne de la résistance en pointe Rp pour chaque tranche (et éventuellement la
variation de la valeur minimale et maximale. Ainsi, on pourra résumer tout ça, par ce qui suit
(en détaillant l’exemple de la tranche 2) :

• Tranche 1
• Tranche 2
- Épaisseur : 1.9 (P1) à 2.8m (P4)
- Profondeur :1.3 (P4 à 1.9m (P1)
- Rpmoy : 32 (P1) à 38 bars (P4)
• Tranche 3
• Tranche 4
• Tranche 5

Groupe 2

Notez que les courbes ne montrent la succession que de 2 tranches de sol. Ces 2 tranches,
d’après la valeur moyenne de leur résistance, sont la tranche 2 (argiles sableuses) et le
substratum gréseux. Le remblai n’est plus recoupé dans la zone ou les essais de cette catégorie
ont été réalisé. De plus, on remarque que la tranche 3 (argile graveleuse) caractérisée par une
Rp moyenne d’environ de 70 bars n’est plus présente, ce qui permet de conclure que la couche
d’argiles graveleuses ne représente en fait qu’une lentille dans le site d’étude.

Groupe 3

La couche de remblai, en surface est de nouveau recoupée, surmontant la couche d’argiles


sableuse et enfin le substratum gréseux

Groupe 4

Des refus ont été obtenus en sub-surface entre 1.4 (P12) et 1.8m (P11). Il est alors difficile
d’interpréter ces courbes. Néanmoins, vu que le reste des courbes vont jusqu’à 9 mètres de
profondeur, il est fort probable que les refus obtenus pour les courbes de ce groupe ont été dû à
la rencontre de gros élément durs (bloc, gros galet….) qui ont arrêté ces essais en sub-surface.

VII-2- Ancrage et capacité portante du sol

Le travail d’analyse et d’interprétation exposé plus haut va servir à :

- Déterminer une profondeur possible à laquelle sera poser les fondations de


l’ouvrage (profondeur d’ancrage des fondations),
- Estimer une capacité portante du sol.

Pour choisir une profondeur d’ancrage, il faut trouver un niveau suffisamment résistant, continu
sous la surface destinée à recevoir les fondations ; et le plus proche possible de la surface.

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La première intention de l’ingénieur est de chercher un niveau aux qualité requises dans la
tranche des fondations superficielles, entre 0 et 5m en général. Au-delà, c’est le domaine des
fondations semi-profonde et profondes, en utilisant des pieux pouvant aller jusqu’à plusieurs
dizaines de mètres.

La contrainte admissible est la contrainte maximale (capacité portante) que peut supporter un
sol (calculé pour un système de fondations donné), que l’on divise un certain nombre (facteur
de sécurité). Dans le cas du pénéromètre dynamique lourd, la contrainte admissible du sol est
donnée par la relation :
qd= Rp/F (3)
avec :
- qd : contrainte admissible
- Rp : résistance en pointe
- F : facteur de sécurité (entre 20 et 30 en fonction de la nature fine ou grenue du
sol).

Application de l’exemple présenté plut haut

Dans l’exemple présenté plus haut, il y a lieu d’abord de préciser que les fondations doivent
être, en premier lieu, posées en dessous du remblai du fait de sa faible résistance (et
éventuellement du fait de sa forte compressibilité). Donc les fondations seront posées à -1.2m
(épaisseur maximale du remblais, tiré de P8 sur la figure 4).

Sachant, qu’en général, on considère que la contrainte admissible d’un sol de fondation doit
être supérieur à 1 bars pour pouvoir supporter des charges usuelles (transmises par les ouvrages
communs); on doit alors chercher une profondeur sur les courbes pénétromètrique, de sorte à
ce que la résistance en pointe Rp nous donne une contrainte admissible qd supérieure à 1 bars,
en utilisant la formule (3).

Ainsi, sur la figure 4, la valeur de Rp moyenne minimale à considérer est de 38 bars (P1) en
dessous de l’épaisseur maximale du remblai. Nous pouvons alors proposer une profondeur
d’ancrage des fondations de 1.5 à 2.0m, avec une contrainte admissible de :

Qd = 38/20 ou 30 = 1.25 à 1.9 bars. (3)

NB : Il faut rappeler que cette contrainte admissible ne doit être donnée qu’à titre indicatif et
qu’elle doit être précisée à partir des résultats d’autres essais mécaniques (essais de cisaillement
au laboratoire et essais au pressiomètre).

Liens utiles

Voici quelques liens vers des vidéos instructives

- https://www.youtube.com/watch?v=db1EhDPAfQA
- https://www.youtube.com/watch?v=7_Vwb4OEhBw
- https://www.youtube.com/watch?v=-o-Nrer3EEs
- https://www.youtube.com/watch?v=6u60_mis6_I
- https://www.youtube.com/watch?v=TZb18C7IZ4M

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