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La chloration:
une solution encore inégalée
 Applications sur trois réseaux du canton de Neuchâtel

Chlorierung: eine nach wie vor Paul-Etienne Montandon


unübertroffene Lösung
Anwendungsbeispiele in Neuenburg
Chlor und Chlordioxid werden in der Schweiz zur
Desinfektion von Rohwasser oder als Netzschutz
zum Erhalt der bakteriologischen Wasserqualität
im Leitungsnetz eingesetzt. Chlorierungsversu-
che mit Chlorgas oder elektrolytisches Chlor im
Versorgungsnetz der Stadt Neuenburg und de-
ren Umgebung zeigten, dass die Desinfektions-
Le chlore et le dioxyde de chlore (ClO2) sont couramment utilisés en Suisse
wirkung und die Trihalomethanbildung für beide
pour traiter les eaux brutes (désinfection) ou pour maintenir la qualité de
Chlorprodukte vergleichbar waren. Um die Bil-
l’eau sur le plan bactériologique dans le réseau de distribution (protection
dung von Trihalomethan und assimilierbarem or-
du réseau). Des essais de chloration effectués sur des eaux de source ainsi
ganischen Kohlenstoff einzuschränken sind eine
que sur le réseau de la ville de Neuchâtel et des montagnes neuchâteloises
Mehrzahl Chlorinjektionspunkte einem einzelnen
montrent que l’efficacité de désinfection et le taux de formation de tri­
Injektionspunkt vorzuziehen. In einem konkreten
halométhanes sont comparables quelle que soit la source de chlore employé
Fall konnte der Restgehalt an Desinfektionsmittel
(chlore gazeux ou chlore électrolytique). Ils révèlent qu’il est préférable de
(0.08 bis 0.1 mg ClO2/L) vorübergehende Verun-
répartir les injections de chlore en différents points du réseau plutôt que
reinigungen des Netzes nicht verhindern. Zusätzli-
che Massnahmen wurden eingeleitet. de procéder à une injection unique pour limiter la formation de trihalo­
méthanes et de carbone organique assimilable. Dans un cas précis, la teneur
résiduelle du désinfectant (dioxyde de chlore, 0.08 à 0.1 mg ClO2/¬) n’a pas
Chlorination: a solution that is
empêché des contaminations passagères du réseau par des bactéries fécales
still unequalled
et des mesures de désinfections supplémentaires furent mises en place.
Three applications in Neuchâtel area
Chlorine and chlorine dioxide are commonly used
in Switzerland for water treatment or for system
protection of the water mains system. Chlorina-
tion tests performed with chlorine gas and elec-
trolytic chlorine in the water supply system of
Neuchâtel showed comparable effectiveness of 1 Introduction
disinfection and trihalomethanes formation rate.
Several chlorine injections at different points are
preferable than one single injection in order to
L’ eau, denrée essentielle à la vie, est un bon
solvant. Lors de son ruissellement et de
son infiltration dans le sol, elle se charge de di-
limit the formation of trihalomethanes and as- vers éléments chimiques, de matières en sus-
similable organic carbon. In a specific case, the pension, de déchets et de micro-organismes.
residual content of the disinfectant (0.08 to 0.1 En même temps, le sol joue également le rôle
mg ClO2/L) did not prevent short-lived contamina- de filtre au passage du précieux liquide.
tions of the mains system and additional disinfec- La pression démographique, l’utilisation in-
tion measures were put in place. tensive des sols et l’industrialisation peuvent
se répercuter sur la qualité des eaux et des sols

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100

90

80

70

60

par l’arrivée et le dépôt de divers % 50

polluants. La contamination des 40

eaux de surface puis des eaux sou- 30

terraines par des substances chimi- 20

ques indésirables et par des micro- 10

organismes pathogènes peut causer Fig. 1 Pourcent des formes 0


5.5 7.5
5.0 6.0 6.5 7.0 8.0 8.5 9.0
de sérieux problèmes aux distribu- acide et basique du couple pH
acide hypochloreux/ion
teurs d’eau. C’est pourquoi, les eaux hypochlorite en solution
Acide Hypochloreux ( HOCl ), T = 0°C
Acide Hypochloreux ( HOCl ), T = 30°C
destinées à la consommation sont aqueuse (HClO/ClO-) en Ion Hypochlorite ( ClOˉ ), T = 0°C
traitées en général. fonction du pH Ion Hypochlorite ( ClOˉ ), T = 30°C

La préparation de l’eau potable


s’effectue selon un système multi-
barrières [1]: une protection des
captages prévient une contamina- 2 Le chlore et ses dérivés Au contact de l’eau, le chlore gazeux et l’hypo-
tion à la source et des procédés de chlorite de sodium se dissocient immédiate-
traitement chimique et/ou physique
selon la composition de l’eau brute L e chlore, de symbole Cl et de nu-
méro atomique 17, est un élé-
ment chimique de la famille des
ment en acide hypochloreux (HOCl) et en ion
hypochlorite (ClO–). L’acide hypochloreux est
le composé le plus actif dans les mécanismes
assurent une qualité irréprochable
halogènes. On le trouve en abon- de la désinfection; c’est pourquoi, il est égale-
de l’eau tout au long de l’année.
dance dans la nature; sa forme la ment appelé chlore actif. La proportion des
Suivant la qualité de l’eau brute, on deux composés dépend essentiellement de la
plus répandue est le chlorure de so-
envisagera différents traitements: valeur du pH et de la température de l’eau,
dium ou sel de table (NaCl).
– désinfection au chlore ou par comme l’indique la figure 1. La part d’acide
Le chlore moléculaire ou chlore ga-
passage dans une installation hypochloreux, qui est d’environ 100% à un pH
zeux (Cl2), est un gaz jaune-vert
UV, lorsque l’eau brute est de de 6 et à une température de 0°C, s’abaisse à
hautement toxique dont la densité
bonne qualité chimique, mais 40% à un pH de 8.
aux conditions normales de tempé-
parfois contaminée par des bac-
rature et de pression est 2.5 plus
téries d’origine fécale;
élevée que celle de l’air. Le chlore
– désinfection au chlore ou par Méthodes d’analyse des composés chlorés
gazeux est un agent oxydant et bac-
passage dans une installation UV téricide largement utilisé pour la Le chlore est présent dans l’eau sous forme d’acide
à laquelle s’ajoute une étape désinfection de l’eau. Il peut être ­hypochloreux (HOCl), d’hypochlorite (OCl-) ou d’un mé-
préalable de filtration, pour pré- employé tel quel, mais, pour des rai-
lange des deux. II est exprimé en chlore libre. Le chlore
venir une contamination réguliè- a été analysé sur place par la méthode utilisant le réac-
sons de sécurité, il est peu à peu tif N-N diéthyl-p-phénylènediamine (méthode DPD) qui
re et importante par des bacté- remplacé par de l’eau de Javel ou donne une coloration rose, dont l’intensité est propor-
ries fécales, lorsque que l’eau de l’hypochlorite de sodium en so- tionnelle à la concentration en chlore libre dans l’eau. Le
brute contient des teneurs éle- lution aqueuse. chlore total, qui correspond à la somme du chlore ­libre
vées de matières en suspension L’hypochlorite de sodium en solu- et du chlore combiné, comprenant les chloramines et
ou qu’elle connaît des fluctua- tion aqueuse, qui porte aussi le nom les dérivés provenant de la réaction du chlore et de la
tions importantes; matière organique, est ensuite obtenu en ajoutant du
d’eau de Javel, est un mélange d’hy-
iodure de potassium. Ce dernier réagit avec les chlora-
– enfin, des traitements plus com- pochlorite de sodium (NaOCl) et mines pour donner du iode qui oxyde le DPD. La teneur
plexes sont nécessaires, si l’eau de sel de cuisine (NaCl). Cette solu- en chlore combiné est donnée par soustraction de la
brute ne répond pas aux normes tion, claire et légèrement jaune pré- valeur du chlore libre à celle du chlore total.
de qualité sur le plan chimique. sentant une odeur caractéristique, Le dioxyde de chlore est mesuré par la méthode DPD
Dans cet exposé, nous présentons contient du chlore actif et peut être après addition de glycine qui élimine l’interférence du
les applications du chlore pour le utilisée pour la purification de l’eau, chlore libre.
traitement de l’eau brute ou pour le le nettoyage de surface, le blanchi- Les trihalométhanes (THM), sous-produits de la chlora-
maintien de la qualité de l’eau dans ment et l’élimination d’odeurs. tion au chlore, ont été dosés par chromatographie en
un réseau et le comparons aux par- L’eau de Javel peut être produite phase gazeuse avec un détecteur ECD. Enfin, les ger-
mes aérobies mésophiles et les coliformes ont été dé-
ticularités et performances des sur place par électrolyse de sel de
terminés par mise en culture d’échantillons d’eau sur
autres oxydants utilisés pour la dés­ cuisine, on parle alors de chlore des géloses spécifiques selon les méthodes usuelles.
infection de l’eau. électrolytique.

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Chlore Dioxyde de chlore Ozone UV


Puissance de la désinfection moyenne forte la plus forte moyenne
Action rémanente heures jours minutes aucune
Relation avec le pH extrême aucune moyenne aucune
Sous–produit de la désinfection THM chlorite év. bromate év. nitrites
Investissements faible–élevé moyen élevé moyen
Entretien moyen moyen faible faible

Tab. 1 Désinfection de l’eau potable

Désinfectant Critère CT 1 pour une élimination de 99% des microorganismes (mg/¬ x min) Tolérance dans le
réseau (mg/¬)
E. coli Poliovirus Rotavirus Giardia Giardia Cryptosporidium
lamblia muris parvum
Chlore (pH 6–7) 0.034–0.05 1.1–2.5 0.01–0.05 47–150 30–630 7200 0.1
Dioxyde de chlore (pH 6–7) 0.4–0.75 0.2–6.7 0.2–2.1 26 7.2–18.5 78 2
0.05
Ozone (pH 6–7) 0.02 0.1–0.2 0.006–0.06 0.05–0.6 1.8–2.0 5–10 0.05
Monochloramine (pH 8–9) 95–180 768–3740 3806–6476 2000 1400 7200 33
Tab. 2 Pouvoir désinfectant de quelques oxydants (adapté selon [2]). Notes:
1
Critère CT = concentration en désinfectant (mg/¬) x temps de contact (min). Exemples:
(1) pour éliminer 99% de la bactérie E. coli, il faut 0.034 mg/¬ minute de chlore ou 0.4 mg/¬ min de dioxyde de chlore;
(2) pour éliminer 99% des kystes de Cryptosporidium parvum, il faut 7200 mg/¬ min de chlore ou 78 mg/¬ min dioxyde de chlore.
2
Inactivation de 99% des kystes à pH 7 et à 25°C.
3
Recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé.

Le dioxyde de chlore (ClO2) est un autre agent port au chlore. La désinfection par dioxyde de chlore, peut s’utiliser
oxydant à base de chlore utilisé pour la désin- les rayons UV supprime l’activité pour désinfecter l’eau brute ou
fection de l’eau. Il est produit sur place à par- des microorganismes sans modifier pour maintenir la qualité bactério-
tir de chlore gazeux et de chlorites ou à partir la composition chimique de l’eau. logique de l’eau dans un réseau.
d’acide chlorhydrique et de chlorites. Le di­o­ L’utilisation des UV est particuliè- En absence de chlore, des bactéries
xyde de chlore a une action rémanente plus rement intéressante pour inactiver peuvent se développer dans un ré-
longue que celle du chlore (tableau 1) et il est, les virus et les parasites ([2]; tab. 1). seau si les conditions de températu-
en général, plus efficace que le chlore pour la Comme dans le cas de l’ozone, il n’y re et de carbone organique assimi-
destruction des spores, des bactéries, des virus, a pas de rémanence. La chloration, lable sont favorables. Le chlore in-
des kystes de parasites et des autres organis- c’est-à-dire l’ajout de chlore sous hibe la croissance des bactéries
mes pathogènes ([2]; tableau 2). Contraire- forme de Cl2 ou NaOCl, ou de mais, en oxydant la matière organi-
ment au chlore, il ne réagit pas avec l’ammo-
nium pour former des chloramines, en même
temps il est plus efficace pour le traitement du Bases légales delà de laquelle la denrée alimentaire est
fer et du magnésium. Le dioxyde de chlore dé- considérée comme souillée ou diminuée
Sur le plan légal, l’eau distribuée doit être
d’une autre façon dans sa valeur intrin­
truit les précurseurs des trihalométhanes, les exempte de germes pathogènes; elle doit
sèque. Le traitement de l’eau avec du chlo-
phénols et n’a pas d’odeur distincte. À l’oppo- satisfaire aux exigences hygiéniques, micro-
biologiques et elle doit être propre à la con- re gazeux, de l’eau de Javel ou du chlore
sé du chlore, le pouvoir de désinfection du électrolytique génère des sous-produits de
sommation du point de vue physico-chi-
dioxyde de chlore n’est pas influencé par le la chloration, les trihalométhanes (THM),
mique. Les dispositions légales figurent
pH dans l’intervalle de pH des eaux de bois- dans la Loi fédérale sur les denrées alimen- des substances généralement cancérigènes,
son (pH 6.8 à 8.2; tableau 1). taires et les Ordonnances qui s’y rappor- dont la tolérance pour la somme de ces
tent, notamment l’Ordonnance sur les sub- composés est de 0.025 mg/¬.
3 La désinfection de l’eau stances étrangères et les composants du La tolérance pour le dioxyde de chlore dans
26 juin 1995 (OSEC; RS 817.021.23) et
l’eau distribuée est de 0.05 mgClO2/¬. Dans

L
l’Ordonnance sur l’hygiène du 23 novemb-
e tableau 1 compare les différentes métho- le réseau, la réduction du dioxyde de chlore
re 2005 (OHyg; RS 817.024.1).
des de désinfection de l’eau par traitement par les composés organiques de l’eau pro-
avec du chlore, du dioxyde de chlore, de l’ozo- Le Législateur a fixé des valeurs de tolérance duit de la chlorite, qui est donc un sous-
ne et enfin par les rayons ultra-violets (UV). pour la teneur en chlore libre de 0.1 mg Cl/¬ produit et un additif du dioxyde de chlore.
dans l’eau distribuée. La valeur de tolérance La tolérance pour les chlorites est fixée à
L’ozone est le désinfectant et l’oxydant le plus
correspond à la concentration maximale au- 0.2 mg/¬.
puissant mais la rémanence est faible par rap-

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Kooij a énoncé en 1999 qu’une eau est stable


sur le plan biologique lorsque la teneur en car-
bone organique assimilable se situe en-des-
sous de 10 µg/¬ dans un réseau [5]. Plus récem-
ment, une étude portant sur une période de 18
Fig. 2 Le carbone mois a montré la stabilité biologique de l’eau
Carbone organique dissous (COD) organique assimilable,
qui est une fraction du réseau de la ville de Zurich qui contient
Carbone organique non dégradable (80 - 99%)
infime du carbone une teneur moyenne en carbone organique as-
Réaction chimique
(par ex. ozonation,
organique dissous similable de 32 µg/¬ [6]. Dans ce travail, 90%
favorisant la croissance
chloration, etc)
bactérienne, est aussi des valeurs mesurées se situaient entre 10 et
Carbone organique dégradable (1-20%) produit par réaction 90  µg/¬. On peut donc admettre qu’une
Carbone organique Fraction complexe de carbone organique
chimique (adapté à concentration en carbone organique assimila-
Cellules en partir d’une figure de
suspension
assimilable qui est dégradée dans les biofilms
F. Hammes, EAWAG). ble supérieure à environ 50  µg/¬ en même
Fixation Biofilm Carbone organique
assimilable libéré
temps que l’augmentation de la température
Croissance Mort
de l’eau favorisent une croissance bactérienne.
Dans ces conditions, on peut s’attendre à une
Migration de substances provenant de matériaux
(plastiques, époxy, etc)
dégradation de la qualité de l’eau du réseau
pendant la période estivale.

que présente dans l’eau, il produit Le développement de bactéries dans 4 Essais de chloration
également du carbone organique un réseau d’eau potable dépend de
facilement assimilable par les bac- la présence de carbone organique 4.1 Traitement d’eaux de source
téries et favorise ainsi le développe- assimilable qui est une fraction du Afin de comparer l’efficacité du chlore gazeux
ment bactérien, lorsque le chlore a carbone organique dissous (figure à celle du chlore électrolytique, des essais de
été consommé. La production de 2, [4]). Le traitement d’une eau avec traitement sur l’eau des sources de la ville de
carbone organique assimilable dé- un oxydant, du chlore ou de l’ozone Neuchâtel ont été effectués en 2003 avec pour
pend de la quantité du désinfectant par exemple, accroît la fraction de but d’étudier en particulier:
ajouté. carbone organique biodégradable,
a) le taux des sous-produits de chloration en
assimilable par les bactéries. La pré-
3.1 Le traitement de l’eau brute fonction de la source de chlore (chlore
sence de carbone organique assimi-
­gazeux ou chlore électrolytique),
La qualité des eaux brutes est géné- lable favorise le développement de
ralement bonne en Suisse, car 38% bactéries lorsque la teneur en chlo- b) l’efficacité du désinfectant sur la flore bac-
de l’eau distribuée n’est pas traitée. re n’est plus suffisante. Van der térienne.
Un tiers des eaux de réseau subit un
traitement à un palier (chloration,
UV, etc.) et le reste passe par un
traitement complexe. La chloration
de l’eau est utilisée fréquemment
en Suisse, notamment lorsqu’une
teneur résiduelle en désinfectant SIVAMO

est nécessaire pour maintenir une


bonne qualité de l’eau dans le ré- L'Areu
se

seau. Le chlore gazeux, qui nécessi-


te des mesures particulières de sé-
curité, est progressivement rempla-
cé par le chlore électrolytique. Lac de Neuchâtel
3.2 La protection du réseau
L’eau de réseau doit être consom-
mée assez rapidement après traite-
ment pour prévenir le risque d’une
détérioration bactérienne. L’ajout Fig. 3 Approvisionnement en eau de la ville de Neuchâtel à partir des sources situées dans les Gorges de
de chlore à faible concentration l’Areuse: 15 sources réparties entre 2 secteurs, les sources supérieures situées sur la rive droite de l’Areuse en
permet d’éviter un développement amont de Champ-du-Moulin et les sources inférieures situées en aval de Champ-du-Moulin. L’eau des sources
supérieures est traitée par chloration à Champ-du-Moulin et celle des sources inférieures également par chlo-
bactérien et assure donc une «pro- ration à Combe-Garot. Ces eaux traitées se rejoignent au lieu-dit le Numet puis sont acheminées par gravité
tection du réseau». dans un aqueduc jusqu’au réservoir du Chanet à Neuchâtel.

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Sources
La ville de Neuchâtel est alimentée en eau
principalement par les sources des Gorges
de l’Areuse et, de part variable au cours de
l’année, par de l’eau du Lac de Neuchâtel [3].
Les sources exploitées, au nombre de quinze, rieures rejoignent celles des sources Essai A:
sont réparties en deux secteurs (figure 3): inférieures au lieu-dit Le Numet. chloration électrolytique aux sour-
De là, elles sont acheminées par ces supérieures et aux sources infé-
– les sources ­supérieures en amont de Champ- gravité jusqu’au réservoir du Cha- rieures;
du-Moulin, dont l’eau est traitée par chlora- net à Neuchâtel.
tion à Champ-du-Moulin, et Essai B:
Chloration
– les sources inférieures situées entre Champ- chloration au chlore gazeux aux
du-Moulin et l’usine de Combe Garot, où Lors des quatre essais la source de sources supérieures et chloration
ces eaux sont traitées par chloration. chlore et le lieu d’injection ont été électrolytique aux sources inférieu-
Les eaux traitées provenant des sources supé- varié de manière suivante (tab. 3): res;

350 0.35 350 0.35

(a) Essai A Germes aérobies Germes aérobies mésophiles


mésophiles
(b) Essai B
300 0.3 300 Coliformes 0.3
Coliformes
Chlore libre
Chlore libre
250 0.25 250 0.25
UFC/100 m¬ (Col. 2)

UFC/100 m¬ (Col. 2)

200 0.2
UFC/m¬ (GAM1)

UFC/m¬ (GAM1)

200 0.2
mg Cl/¬

mg Cl/¬
150 0.15 150 0.15
118 127

100 0.1 100 0.1

50 32 0.05 50 0.05
18 14 10
10 4 4 7 4 8 7 6 4
0 2 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
0 0 0 0
Ravine-Pré Sources Sources Numet Réservoir Réseau Rés. Ravine-Pré Sources Sources Numet Réservoir Réseau Rés.
Dernier supérieures inférieures (sources inf. Chanet Chaumont Dernier supérieures inférieures (sources inf. Chanet Chaumont
(eaux + sup) (eaux brutes) + sup)
brutes)

350 0.35 350 0.35


329
(c) Essai C
(d) Essai D Germes aérobies mésophiles
Germes aérobies mésophiles 301
300 0.3 300 Coliformes 0.3
Coliformes
Chlore libre
Chlore libre
250 0.25 250 0.25
UFC/100 m¬ (Col. 2)

UFC/100 m¬ (Col. 2)
UFC/m¬ (GAM1)

UFC/m¬ (GAM1)

200 0.2 200 0.2


mg Cl/¬

mg Cl/¬
150 0.15 150 0.15

100 0.1
100 0.1 78
69
60
50 0.05
50 0.05
25 6 7 6
2 0 0 0 5 0 0
10 10 5 7 3 3
0 0 2 0 0 0 0 0
0 0
Ravine-Pré Sources Sources Numet Réservoir Réseau Rés.
Ravine-Pré Sources Sources Numet Réservoir Réseau Rés. Dernier supérieures inférieures (sources inf. Chanet Chaumont
Dernier (eaux supérieures inférieures (sources inf. Chanet Chaumont (eaux brutes) + sup)
brutes) + sup)

Fig. 4 Essais de désinfection réalisé avec l’eau des sources de Neuchâtel (12 février – 7 mai 2003): résultats des analyses bactériologiques (germes aérobies mésophiles: 3 jours à
30°C; coliformes: 2 jours à 37°) et chimique (teneur en chlore libre) dans l’adduction et dans le réseau; (a-d): Essais A à D.

Essais Dates Traitement


Station d’essai des Dosage Station de Combe Dosage Sous-produits de la
Moyats mg Cl/¬ Garot mg Cl/¬ chloration dans Tab. 3 Essais de
l’adduction et dans désinfection réalisés
le réseau avec l’eau des sources de
Neuchâtel (12 février
A 17–22.02.2003 Chlore électrolytique 0,25 Chlore électrolytique 0,25 5 à 7 µg/¬ au 7 mai 2003): doses
B 10–14.03.2003 Chlore gazeux 0,25 Chlore électrolytique 0,16 7,6 à 12,2 µg/¬ du chlore et teneurs
en sous-produits de
C 16.04.2003 Chlore gazeux 0,30 Hors service – 4 à 4,4 µg/ ¬ la chloration dans
l’adduction et dans le
D 07.05.2003 Hors service – Chlore électrolytique 0,30 5,1 à 7,8 µg/¬ réseau.

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Essai C: Des essais organoleptiques ont aus-


chloration unique au chlore gazeux si été effectués pendant ces campa-
aux sources supérieures; gnes avec la même eau brute traitée
soit avec du chlore gazeux, soit avec
Essai D: du chlore électrolytique. Les résul-
une chloration unique au chlore élec- tats révèlent que plus la teneur en
trolytique aux sources inférieures. chlore libre est élevée, moins l’eau
est appréciée. Par contre, après l’en-
Les dosages et les résultats des ana- treposage des eaux traitées pendant
lyses sont illustrés dans le tableau 3 quelques jours et la disparition du
et les figures 4a à 4d. Le taux de for- chlore libre, les eaux sont toutes ju-
mation des trihalométhanes le long gées excellentes, quel que soit le
de l’adduction et dans le réseau est traitement appliqué. De plus, l’équi-
semblable pour les essais A, C et D, libre calco-carbonique initial n’est
alors que les valeurs de l’essai B pas perturbé par ces traitements.
sont un peu plus élevées, ce qui est Fig. 5 Le réseau du SIVAMO qui alimente le Val-de-Ruz et les
4.2 Protection du réseau contre le ­Montagnes neuchâteloises en eau d’appoint et de secours à partir
vraisemblablement dû à la contami-
développement bactérien du réservoir de Pierre-à-Bot à Neuchâtel.
nation élevée en bactéries des sour-
ces supérieures, en particulier de Le réseau du SIVAMO (30 km) ali-
celles de la Ravine et de Pré-Der- mente en eau de secours et d’ap- Le réseau, mis en service au début du mois de
nier. Les analyses ont aussi révélé point le Val-de-Ruz (Communes juin 1995, a été exploité sans traitement addi-
une teneur moyenne en chlore libre de Boudevilliers, de Coffrane, de tionnel pendant quelques jours. Toutefois, on a
comparable pour les quatre essais. Montmollin, des Geneveys-sur-Cof- noté très rapidement une baisse du chlore li-
La valeur du chlore libre diminue frane, des Hauts-Geneveys, de Cer- bre, puis une croissance de bactéries en fin de
progressivement le long de l’adduc- nier, de Fontainemelon, de Fontai- réseau, l’eau circulant lentement dans le ré-
tion pour atteindre 0.13 à 0.14 mg nes, de Chézard St-Martin, de Dom- seau. On compte environ 1 jour pour parvenir
Cl/¬ au réservoir du Chanet (fig. 3). bresson, de Villiers, de Savagnier et au réservoir de Boinod, situé à mi-distance en-
Dans le réseau, les teneurs varient de Fenin-Vilars-Saules) et les Mon- tre le réservoir de Pierre-à-Bot et celui de
entre 0.07 et 0.11 mg Cl/¬ et s’abais- tagnes neuchâteloises (Communes l’Essert, 5 jours pour arriver au réservoir des
sent à 0.01 mg Cl/¬ en fin de réseau, de La Chaux-de-Fonds, du Locle et Monts au Locle et même 7 jours pour attein-
au réservoir de Chaumont. S’agis- des Brenets) depuis le réservoir de dre celui de l’Essert aux Brenets. Par consé-
sant de l’efficacité de la désinfec- Pierre-à-Bot à Neuchâtel ([7]; [8], fi- quent, il a fallu prendre des dispositions afin
tion, les analyses produisent égale- gure 5). L’eau du réseau est une eau d’assurer le maintien de la qualité de l’eau sur
ment des résultats similaires (fig. 4). traitée provenant des sources si- toute la longueur du réseau.
Aucune bactérie indicatrice de tuées dans les Gorges de l’Areuse Une chloration utilisant de l’eau de Javel a été
contamination fécale n’est détectée et du Lac de Neuchâtel selon une installée à titre provisoire à Pierre-à-Bot dans
ni dans l’adduction à partir du lieu- proportion qui varie au cours de l’an- le courant du mois de juin 1995. Durant l’été
dit Le Numet, ni dans le réseau. née. Chaque jour, environ 1500 m3 1995, le nombre de germes aérobies mésophi-
Quant au nombre de germes aéro- d’eau sont injectés dans le réseau à les a progressivement augmenté en bout de
bies mésophiles, il fluctue entre les partir du réservoir de Pierre-à-Bot réseau. Une deuxième chloration utilisant de
valeurs de 0 à 10 par m¬, avec une à Neuchâtel; le volume total des l’eau de Javel, puis du chlore gazeux dès le
valeur un peu plus élevée en fin de conduites et des réservoirs inter- mois d’octobre 1996, a été ajoutée au réservoir
réseau, lors de l’essai C (fig. 4c). médiaires s’élève à environ 5000 de Boinod. L’aménagement de cette chlora-
En conclusion, les essais de chlora- m3. Les prélèvements d’eau princi- tion n’a pas permis de résoudre la question
tion de l’eau des sources de Neu- paux sont effectués à Boudevilliers du développement de bactéries en fin de ré-
châtel démontrent que le chlore ga- (5.8%), à Fontainemelon (16.2%), seau, même lorsque la consigne de chloration
zeux n’est pas plus performant que aux Foulets à La Chaux-de-Fonds ­exigeait une valeur comprise entre 0.3 et
le chlore électrolytique. Il n’y a pas (60.6%) et, bien sûr, en fin de ré- 0.45 mg Cl/¬.
de différence quant à la production seau, au Locle, au lieu-dit les Monts La conduite fut même hygiénisée à plusieurs
des trihalométhanes et le pouvoir (15.6%) et au réservoir de l’Essert reprises sur le tronçon situé entre le réservoir
de désinfection est très semblable. aux Brenets (1.8%). du Vuillème (La Chaux-de-Fonds) et celui des

162 gwa 3/2011


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> 100
1800 140
(tolérance) (a)
Germes aérobies
mésophiles > 300 (tolérance)
1600
Trihalométhanes 120
1704
1400
Chlore libre

Trihalométhanes, µg/¬
100
1200

Chlore libre µg Cl/¬


Germes, (UFC/m¬)2

1000 80

800 60
Monts (Le Locle), en 1995, 1997 meilleure répartition du chlore dans
600

> 25 (tolérance)
40 (deux fois) et en 1998 [8]. Pendant le réseau. L’installation d’une troi-
400
184 20
cette période, la teneur en tri- sième chloration dans le secteur cri-
200
17 53
4
28 halométhanes, les sous-produits de tique était indiquée. Ainsi la chlora-
0
Pierre-à-Bot Fontaine- Boinod Beauregard Les Monts L'Essert
0
la chloration au chlore, dépassait tion de Beauregard inférieur (chlo-
melon inf.
régulièrement la tolérance à l’ex- re électrolytique) fut aménagée en
trémité du réseau. D’autres mesu- juillet 2001.
1800
Germes aérobies (b)
140
res ont été prises, mais sans réel suc- Dès lors, de nouveaux essais de chlo-
> 100 (tolérance)
1600 mésophiles
Trihalométhanes 120 cès. La recrudescence du nombre ration devaient déterminer si la ré-
1400
Chlore libre
des germes aérobies mésophiles se partition du dosage de chlore dans
100
produisait lorsque la part de l’eau le réseau permettait de limiter la re-
ug/L

1200
Trihalométhanes,µg/ ¬
Germes, (UFC/m¬)2

Chlore libre µg Cl/¬

80 du lac était importante dans le ré- croissance des bactéries et la forma-


Trihalométhanes,

1000
1001
800
> 300
(tolérance) 60 seau, suggérant que le carbone or- tion de sous-produits de la chlora-
600 ganique, dont la teneur était plus tion. Le chlore était introduit en deux
40
400 élevée dans l’eau du lac que dans points lors du premier ­essai, trois
200
20 celle des sources, était responsable points d’injection ont été testés lors
0
5
41
0 2 30
0
du développement de ces bactéries. des deuxième et troisième essais. De
Pierre-à-Bot Fontaine-
melon
Boinod Beauregard
inf.
Les Monts L'Essert
L’utilisation de doses élevées de plus, l’utilisation du dioxyde de
chlore lors du traitement de l’eau chlore pour maintenir la qualité de
du réseau devait, en outre, provo- l’eau fut également étudiée lors du
1800 140
Germes aérobies
mésophiles
(c) quer la formation significative de troisième essai ­(tableau 4).
1600 Trihalométhanes

Chlore libre
> 100
(tolérance)
120
carbone organique assimilable. Les résultats des analyses réalisées
1400
100 Afin de vérifier cette hypothèse, des au cours de l’essai 1 montrent un
µg/¬
Trihalométhanes, ug/L

1200
Chlore libre µg Cl/¬

essais de chloration furent entrepris dépassement de la tolérance pour


Germes, (UFC/m¬)2

Trihalométhanes,

1000 80

800
en 2000. Les résultats montrèrent les trihalométhanes en fin de réseau,
60

600
que la matière organique de l’eau soit aux réservoirs des Monts (Le Lo-
400
40
du lac associée à l’élévation saison- cle) et de l’Essert (les Brenets, fig. 6a).
200
244
20 nière de la température conduisait La teneur moyenne en germes aéro-
0
6 72 1 13 29
0 à la multiplication d’une certaine bies mésophiles est également élevée,
Pierre-à-Bot Fontaine-
melon
Boinod Beauregard
inf.
Les Monts L'Essert
flore bactérienne. Par conséquent, mais respecte la tolérance au réser-
pour diminuer la teneur en carbone voir de l’Essert, même si la valeur du
organique de l’eau du lac, il fut dé- dernier prélèvement est nettement
Fig. 6 Valeurs moyennes des germes aérobies mésophiles, du­
chlore et des trihalométhanes mesurées dans le réseau du cidé de puiser l’eau à une profon- supérieure à la tolérance. La tolé-
SIVAMO lors des campagnes d’essai. (a–c) Essais 1 à 3 comme deur plus basse de –60 m au lieu de rance est dépassée pour les germes
décrits en tableau 4. (c) Essai 3: La teneur en dioxyde de chlore n’a –27 m jusqu’alors (disposition réali- aérobies mésophiles dans l’eau arri-
été mesurée qu’une seule fois dans les eaux des réservoirs de
Pierre-à-Bot et de l’Essert. Les valeurs obtenues sont de 0,06 mg sée en 2005) et de réduire la forma- vant au réservoir de Beauregard, soit
ClO2 /¬ dans les deux eaux analysées. tion de carbone assimilable par une avant la chloration, indiquant un

Essais Traitement a Composition


de l’eau
Pierre-à-Bot Dosage du chlore Boinod Dosage du chlore Beauregard inférieur Dosage du chlore (% eau du lac)

Essai 1 b
Hors service – Chlore gazeux 0,2 mg Cl /¬ Eau de Javel 0,1 mg Cl /¬ 43%
Essai 2 c
Eau de Javel 0,1 mg Cl /¬ Chlore gazeux 0,15 mg Cl /¬ Eau de Javel 0,1 mg Cl /¬ 40%
Essai 3d Dioxyde de chlore 0,1 mg ClO2 /¬ Chlore gazeux 0,15 mg Cl /¬ Eau de Javel 0,1 mg Cl /¬ 64%
Tab. 4 Essais de chloration du réseau du Sivamo: lieux d’introduction du chlore et dosage. Notes:
a
En parallèle à la chloration standard du réseau de Neuchâtel: dioxyde de chlore en préchloration à Champ-Bougin et chlore gazeux en post-chloration; chlore électrolytique et
chlore gazeux pour les sources.
b
Prélèvements les 3, 10, 12, 13, 18, 19, 20 et 21 septembre 2001.
c
Prélèvements les 24, 25 et 28 septembre 2001 ainsi que les 1 et 3 octobre 2001.
d
Prélèvements les 15, 17, 19, 22 et 24 octobre 2001. Injection de dioxyde de chlore à Pierre-à-Bot et de chlore aux deux autres points.

gwa 3/2011 163


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voirs des Foulets et du Vuillème. L’adduction


passe par deux galeries qui sont taillées dans la
roche karstique et dans lesquelles l’eau circule à
l’air libre: les ­galeries de Jogne (longueur: 760m)
et de la Corbatière (longueur: 1080m), toutes
développement bactérien dans le par plusieurs dosages successifs à deux construites en 1886–1887.
tronçon de conduite entre le réser- faible concentration que par un ou Les analyses effectuées dans le cadre de l’auto-
voir de Boinod et la station de deux dosages à concentration éle- contrôle ont révélé la présence occasionnelle
Beauregard inférieur. vée. En effet, la répartition des do- et passagère d’entérocoques, des bactéries indi-
Dans l’essai 2, la tolérance pour les sages permet de limiter la formation catrices de contamination fécale, dans l’eau du
trihalométhanes est globalement de carbone organique assimilable, réseau. Des études montrèrent que cette conta-
respectée, alors que celle des ger- produit en quantité proportionnelle mination provenait d’eaux parasitaires qui s’in-
mes aérobies mésophiles est de à la concentration d’oxydant ajoutée. filtraient dans la galerie de la Corbatière lors
nouveau dépassée à Beauregard in- La qualité de l’eau en fin de réseau de fortes précipitations. Ces eaux d’infiltrations,
férieur. La valeur moyenne des ger- du SIVAMO fut donc améliorée pro- dont le débit pouvait atteindre 1 à 2% du débit
mes aérobies mésophiles est, toute- gressivement par la mise en place de l’eau traitée, contenaient des bactéries E. coli
fois, moins élevée que lors de l’essai de la chloration à Beauregard infé- et des entérocoques. Un système de mesure de
1 (fig. 6b). Enfin, dans l’essai 3, les rieur, le remplacement de la chlora- la turbidité en continu fut installé aux deux ex-
valeurs moyennes des trihalomé- tion de Pierre-à-Bot par une chlo- trémités de la galerie en 2005, il combinait un
thanes et des germes aérobies mé- ration électrolytique à Boudevil- prélèvement d’échantillons automatique à la
sophiles sont conformes aux tolé- liers en 2003 et l’aménagement de sortie de la galerie, lorsque la valeur de la tur-
rances dans tout le réseau (fig. 6c). la crépine puisant l’eau du lac de bidité de l’eau traitée dépassait 2 FNU.
Ces essais indiquent que l’ajout de Neuchâtel à –60 m, mise en service L’analyse des données relatives aux infiltra-
chlore sous forme d’eau de Javel en mai 2005. La consigne de chlora- tions d’eaux dans la galerie entre 2005 et 2007
(essai 2, fig. 6b) ou de dioxyde de tion au réservoir de Boinod put montrent l’apparition d’entérocoques, notam-
chlore (essai 3, fig. 6c) à Pierre-à- alors être abaissée peu à peu, puis ment dans le secteur Ouest du réseau 24 à 36
Bot permet d’abaisser la consigne de l’installation fut supprimée en heures après une augmentation subite de la
chloration à Boinod et, par consé- 2007. turbidité induite par la galerie de la Corbatiè-
quent, de limiter la formation de re. Les entérocoques sont détectés dans le ré-
4.3 Protection du réseau contre les
trihalométhanes et la recroissance seau malgré des teneurs résiduelles en dioxy-
infiltrations d’eaux contaminées
de germes dans le réseau, en parti- de de chlore de l’ordre de 0.08 à 0.1 mg ClO2/¬,
culier dans le secteur compris entre L’alimentation en eau potable de la mesurées à l’entrée des réservoirs des Foulets et
le réservoir de Boinod et la station de ville de La Chaux-de-Fonds est assu- du Vuillème. Ce résultat est surprenant puisqu’on
Beauregard inférieur. Par ailleurs, le rée par des sources et des captages estime que les bactéries sont éliminées rapide-
dioxyde de chlore, dont l’action ré- situés sur la rive gauche de l’Areuse ment au contact de telles concentrations, res-
manente est plus longue que celle en amont de Champ-du Moulin (fig. pectivement de telle durée de contact (concen-
du chlore, produit de meilleurs ré- 7, [9]). L’eau, traitée avec du dioxy- tration x temps de contact) de dioxyde de chlore.
sultats (essai 3, fig. 6c). Ces analyses de de chlore à l’usine des Moyats, Il conduit à la mise en place, à la fin de 2007,
confirment ainsi qu’il est préférable est acheminée à Jogne par pompa- d’une chloration de secours à la sortie de la
d’introduire le chlore dans le réseau ge, puis par gravité jusqu’aux réser- galerie, qui introduit du chlore sous la forme
d’hypochlorite de sodium, lorsque la turbidité
de l’eau atteint ou dépasse 2 FNU. La mesure
toutes vos énergies
Fig. 7 Approvisionnement a permis d’améliorer la situation dans l’atten-
en eau de la ville de La
Chaux-de-Fonds à partir
te de l’assainissement de la galerie.
des sources situées dans Ces problèmes de qualité de l’eau ainsi que la
les Gorges de l’Areuse: mise en place de l’autocontrôle ont mis à jour
L’eau traitée avec du dioxy-
de de chlore à l’usine des
les faiblesses d’installations qui datent de 1887.
Moyats est pompée jusqu’à Afin de corriger ces défauts, un crédit impor-
Jogne d’où elle coule par tant fut accepté par les autorités de la ville de
gravité jusqu’aux réservoirs
de tête, les réservoirs du
La Chaux-de-Fonds pour l’aménagement d’une
Vuillème et des Foulets. nouvelle galerie de La Corbatière et pour la
L’eau est acheminée dans construction d’une usine de filtration aux
une conduite, à l’excep-
tion des passages dans les
Moyats utilisant la technologie des membranes
galeries de Jogne et de la [10]. Ainsi en 2010, la chloration de secours à
la sortie de la galerie fut démontée après avoir
L'A
reu
se Corbatière, où elle circule
à l’air libre.
été remplacée par des chlorations provisoires

164 gwa 3/2011


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Ar ticle de fond

placées dans les deux réservoirs des Foulets et


du Vuillème.

5 Conclusion

L a chloration est couramment utilisée en


Suisse pour désinfecter et protéger les eaux
brutes de qualité satisfaisante sur le plan chimi-
Le chlore résiduel permet aussi de
protéger le réseau contre des infiltra-
tions d’eaux contaminées. Cette pro-
dans un réseau, pour autant que son
dosage soit approprié.

que. Or, le chlore est un gaz toxique et son uti- tection n’est cependant pas absolue, Bibliographie
lisation est soumise à des mesures de sécurité surtout si la contamination est im-
1] Bosshart, U. (2000): Multibarrierensystemen
très strictes qui exigent une formation adé- portante. Dans ce cas, une chloration zur Aufbereitung von Oberflächenwasser, gwa
quate du personnel de maintenance. Le res- supplémentaire est nécessaire pour 1/00, 5–9.
pect de ces dispositions de sécurité induit des supprimer les bactéries. Lors d’infil- [2] Lisle, John T. and Joan, B. Rose (1995): Crypto-
sporidium contamination of water in the USA
investissements relativement importants dans trations répétées, l’installation doit and UK: a mini review, J. Water SRT-Aqua 44,
la détection et la neutralisation des fuites de être assainie. En l’absence de chlo- 103–117.
chlore gazeux. C’est pourquoi le chlore élec- re résiduel, la contamination d’une [3] Bonnard, D. (1987): Alimentation en eau de la
ville de Neuchâtel, Gas-Wasser-Abwasser; 9/87,
trolytique qui présente des avantages par rap- eau de réseau par des bactéries fé- 544–550.
port au chlore gazeux sur le plan de la sécurité cales peut avoir des conséquences [4] Egli, T. (2010): Neue Methoden für die Wasser-
d’utilisation est de plus en plus employé dans relativement graves, à l’exemple analytik, Gas-Wasser-Abwasser; 4/10, 315–324.
[5] van der Kooij, D.; Hein, J.; van Lieverloo, M.;
la désinfection de l’eau. Les essais de chlora- d’un réseau d’une station de ski de Schellart, J.; Hiemstra P. (1999): Maintaining
tion effectués sur l’eau des sources de Neu- Nouvelle Zélande où une épidémie quality without a disinfectant residual, Journal

châtel ont montré que le chlore électrolytique de gastroentérites due à un norovi- AWWA, 51, 55–64.
[6] Hammes, F.; Berger, C.; Köster, O.; Egli, T. (2010):
a un pouvoir désinfectant semblable à celui du rus s’est déclarée en juillet 2006 Assessing biological stability of drinking water
chlore gazeux. Le taux de formation des tri- [11]. Les investigations épidémiolo- without disinfectant residuals in a full scale

halométhanes est comparable pour les deux giques montrèrent un lien entre la water supply system. J Water SRT-Aqua, 59,
31–40.
désinfectants et aucune différence marquée consommation d’eau potable et la [7] Agustoni, J.-G. (1997): Réalisation d’une ad-
de goût n’a été révélée lors des essais organo- maladie, de plus, elles constatèrent duction de secours et d’appoint, l’exemple du

leptiques. Le chlore électrolytique représente la présence de bactéries fécales SIVAMO: historique et réalisation, gwa 8/97,
520–523.
donc une bonne solution pour remplacer le dans l’eau potable, qui dans le cas [8] Montandon, P.-E. (1997): Réalisation d’une
chlore gazeux dans la désinfection de l’eau. présent était traitée par une filtra- adduction de secours et d’appoint, l’exemple

La production d’une eau stable sur le plan bac- tion et une dés­infection aux UV. Il du SIVAMO: travaux d’hygiénisation et con-
trôle bactériologique, gwa 8/97, 530–536.
tériologique, c’est-à-dire d’une eau ne conte- en succéda des mesures d’hygiène, [9] Agustoni, J.-G. (1987): 1887–1987, alimentati-
notamment une chloration de l’eau on en eau de la ville de La Chaux-de-Fonds,
nant pas ou peu de carbone organique assimi-
du réseau, qui permirent d’éradi- gwa 9/87, 551–560.
lable, constitue bien entendu la meilleure pro- [10] Blant, M.; Burri, P.; Montandon, P.-E.; Rod, J.
quer l’épidémie. Il s’avéra, quelques
tection vis-à-vis du développement de bactéries (2003): La modernisation du réseau, Dans:
jours plus tard, qu’elle avait été cau- Point(s) d’eau, une contribution des institutions
dans le réseau. Néanmoins, la production d’une
sée par le débordement d’une fosse culturelles de la ville de La Chaux-de-Fonds à
telle eau implique souvent des traitements com- l’occasion de l’année internationale de l’eau
septique dans la station.
plexes pour éliminer le carbone organique douce, Ed. Michle Blant, CH-2003 La Chaux-
Finalement, le chlore reste donc un de-Fonds, ISBN 2-88423-046-7, 89–97.
biodégradable et le carbone organique assimi-
acteur indispensable du traitement [11] Hewitt, J.; Bell, D.; Simmons, G.B.; Rivera-Aban,
lable. De tels traitements ne sont pas toujours M.; Wolf, S.; Greening, G.E. (2007): Gastroen-
et du maintien de la qualité de l’eau
envisageables, notamment pour les petits et teritis outbreak caused by waterborne Noro-
virus at a New Zealand ski resort, Appl. Envi-
moyens distributeurs d’eau. La protection du ron. Microbiol., 73, 7853–7857.
réseau peut également être assurée en ajoutant
un désinfectant à action rémanente, notamment Remarques Keywords
du chlore ou du dioxyde de chlore, mais les Les essais de chlorations de l’eau des Chloration – désinfection – protec-
quantités introduites doivent être aussi faibles sources de la ville de Neuchâtel et de l’eau tion du réseau – Neuchâtel
du SIVAMO ont été effectués avec M. Ro-
que possible afin de limiter la formation de
land Stettler, alors responsable du labora-
carbone organique assimilable, qui peut favo- toire des Services industriels de Neuchâtel
Auteur
riser le développement bactérien si les condi- et actuellement à la retraite; l’auteur était Paul-Etienne Montandon,
tions dans le réseau, notamment la températu- responsable du laboratoire de la ville de Responsable du laboratoire
re, sont propices à la croissance des bactéries. La Chaux-de-Fonds. Les deux laboratoires Viteos SA,
Les essais de chloration effectués dans le ré- ont été réunis en décembre 2007 lors de Rue du Collège 33
seau du SIVAMO montrent qu’une bonne la fusion des Services industriels des Mon- Case postale 1465
tagnes neuchâteloises et des Services in-
gestion des additions de chlore permet d’assu- CH-2301 La Chaux-de-Fonds
dustriels de Neuchâtel qui a abouti à la
rer le maintien de la qualité de l’eau dans un formation de Viteos SA.
Tél +41 32 886 04 71
réseau où l’eau circule lentement. paul-etienne.montandon@viteos.ch

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