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LEKHLIF
Désinfection
I. Généralités
La désinfection d'une eau peut donc être définie comme une opération dont l’objectif est d’éliminer
jusqu’à un niveau acceptable (Norme de rejet) le risque encouru par la présence des
microorganismes pathogènes.
Il existe différentes techniques pour réaliser la désinfection des eaux. Le choix d’une d’entre elles se
fait sur la base de considérations techniques, économiques et environnementales. Ces techniques
doivent répondre aux exigences suivantes :
III. La chloration
Le chlore est le désinfectant le plus utilisé. On l'emploie sous ses différentes formes : gaz (Cl2),
hypochlorite de sodium ou de calcium, dioxyde de chlore ou encore combiné à l'ammoniac
(chloramines).
En solution dans l'eau le chlore subit une réaction d'hydrolyse très rapide. Ceci donne lieu à l’acide
hypochloreux à pouvoir oxydant :
Cl2 + H2O HOCl + H+ + Cl-
Le sens de déplacement de ces réactions d'équilibre est régi par le pH et la température du milieu (fig.
1), pour un pH compris entre 5.6 et 10, ce qui est le cas de la plupart des eaux traitées au chlore.
Températures
♦ 0°C
○ 30°C
▲ 60°C
X 90°C
Le pH est un paramètre important dont dépend les différentes entités formées par le chlore en solution
aqueuse.
➢ pH < 4 Cl2 dissous (ce n’est pas notre cas, puisque l’eau d’jà ne répond pas au norme de pH)
➢ 4 < pH < 5.6 HOCl non dissocié
➢ 5.6 < pH < 10 HOCl et OCl- (domaine de pH des eaux naturelles)
➢ 9 < pH OCl- ion hypochloreux
L'agent désinfectant est principalement la forme non ionisée de l'acide hypochloreux HOCl. Il est
désigné par le terme «chlore libre actif». Ainsi, l'effet du chlore sous forme d’acide hypochloreux sur
une couche bactérienne dans de l'eau pure, en l'absence de corps interférant, sera d'autant plus efficace
que le pH et la température sont plus bas.
En plus de son pouvoir désinfectant, le chlore est un puissant réactif réagissant avec beaucoup d'autres
corps. Dans l'eau certains agents polluants peuvent en consommer une partie et le rendre indisponible
pour l'effet stérilisant recherché. A titre d’exemple :
En plus de ces réactions, on peut observer des réactions de substitution entre HOCl et la MO ce qui
risque et de former des trihalométhanes.
L'ammoniac ou l'ion NH4+ réagit avec le chlore, par substitution et forme des chloramines dont la
concentration est fonction du pH et des concentrations des réactifs :
• C : destruction des chloramines par ajout de chlore supplémentaire ; Point de rupture (break-
point) : les mono-, di et trichloramines ont pratiquement disparu. Il correspond à l'apparition de
chlore libre. Ce processus peut être décrit par les deux réactions suivantes :
Un traitement au point critique ou au-delà, utilisé en préchloration, entraînera les actions suivantes :
• D : production de chlore actif. Tout le chlore ajouté sera sous forme d’acide hypochloreux
(HClO), mais il reste du chlore combiné (trichloramines et autres sous-produits de
désinfection). Les trichloramines ont un très léger effet désinfectant, mais il donnent un goût
de chlore à l’eau. Il réagit comme s'il se trouvait en eau pure.
Désinfection des eaux potables Pr. B. LEKHLIF
Les processus de formation et de destruction des chloramines n'étant pas instantanés, il est
recommandé d'utiliser des temps de contact relativement élevés (30 minutes à 1 heure et plus)
de façon à bénéficier au maximum des avantages de la chloration au break-point.
Il faut assurer un brassage très énergique lors de l'introduction du chlore dans l'eau de façon
à utiliser l'effet bactéricide de HOCl pendant le court, mais non négligeable, laps de temps
où il n'est pas encore entré en combinaison.
Cette courbe montre que la désinfection peut se faire avec une dose optimale au-delà de laquelle aucune
amélioration n'est perceptible.
Cm . t = k
L'action d'un agent bactéricide sur un micro-organisme dépend de plusieurs facteurs. En particulier de
sa vitesse de pénétration à l'intérieur de la cellule bactérienne. La membrane cytoplasmique étant
électriquement neutre, son franchissement sera plus ou moins aisé lorsque la molécule est de plus petite
taille et surtout neutre électriquement. Ceci explique le fait que le chlore soit d'autant plus efficace que
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le pH est bas. L'acide hypochloreux non dissocié pénètre beaucoup plus facilement à l'intérieur du corps
microbien.
Des durées de contact de 10 à 20 minutes sont généralement considérées comme satisfaisantes avec des
teneurs de résiduel (HOCl + OCl-) de l'ordre de 0,2 mg/l à 0,3 mg/l.
En plus de son action destructrice directe sur la structure même de la cellule vivante (à des doses
résiduelles élevées), l'agent bactéricide peut agir par d'inhibition enzymatique (surtout lorsqu'il s'agit de
traces de chlore résiduel). Ainsi, la cinétique de la stérilisation des germes est gouvernée, d'une part par
la vitesse de diffusion des molécules oxydantes à travers la membrane cellulaire et, d'autre part, par la
modification des enzymes situés à l'intérieur de la cellule.
b) Condition d'utilisation
La présence des matières en suspension réduit l’efficacité des désinfectants chimiques sur les eaux, car
elles protègent les organismes pathogènes. Lorsque la désinfection est mise en œuvre sur une eau
préalablement clarifiée et de turbidité inférieure à 1 NTU, 0,1 à 0,2 mg/l de chlore libre résiduel pendant
10 à 15 minutes sont nécessaires à l'élimination des bactéries. La cinétique d'attaque des virus est plus
lente ; il semble qu'il faille maintenir des concentrations de 0,3 à 0,5 mg/l pendant 30 à 40 minutes pour
avoir une action définitive sur les virus du type de l'hépatite infectieuse.
Généralement, les quantités de chlore nécessaires sont calculées sur la base d'une teneur résiduelle
variant de 0,2 mg/l après 15 minutes de contact. Habituellement, on adopte en eau potable 0,1 - 0,2 mg/l
après 30 minutes de contact.
La surchloration est pratiquée lorsque la chloration au point critique ne permet pas d'atteindre le but
visé, soit que la durée de contact est insuffisante pour obtenir l'effet bactéricide voulu, soit que les
odeurs et les goûts ne soient pas totalement éliminés. La quantité de chlore appliquée est de ce fait
nettement supérieure. Le chlore résiduel est alors tellement important qu'une déchloration au bioxyde
de soufre (SO2) est nécessaire avant que l'eau ne soit utilisée.
La propriété d'oxydation dont sont doués les désinfectants chimiques leur permet de réagir avec de
nombreux polluants. Ceci présente un nombre d'avantages pour le traitement : le chlore réagit avec le
fer et le manganèse qui précipitent sous forme d'hydroxydes. Il détruit l'ammoniaque en formant des
chloramines.
Néanmoins, la chloration de l'eau conduit, dans certaines conditions, à des sous-produits indésirables,
comme les composés organohalogénés. Parmi eux, les halométhanes (composés volatiles du chlore et
du méthane, dont le chloroforme) sont les plus connus et leur présence présente des dangers certains
pour les consommateurs.
Les halométhanes sont impossibles à éliminer une fois formés ; il faut donc prévenir leur formation :
IV.1. Préparation
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Le bioxyde de chlore (ClO2) est un gaz dangereux à des concentrations supérieures à 10% dans l'air. Il
est perceptible dans l'air à des concentrations de 1.4 à 1.7%. A 4.5%, il irrite les muqueuses respiratoires
et cause des maux de tête violents. Il n'y aurait pas d'effet cumulatif en cas d'expositions répétées.
Il est également instable ; il doit être donc être utilisé en solution dans l'eau préparée immédiatement
avant usage.
Cette réaction nécessite un pH très acide obtenu soit par addition d'acide sulfurique, soit par emploi
d'un excès de chlore.
En pratique, on fait réagir dans la colonne de réaction une eau de chlore à 0.5 à 5 g/l, sur une solution
de chlorite de sodium contenant 15 à 200 g/l de NaClO2. La réaction dure moins de cinq minutes. La
solution obtenue qui a une teneur en ClO2 de quelques grammes par litre doit être immédiatement
injectées dans l'eau.
Pour être complète, cette réaction exige un pH très bas (excès de HCl de 250%). Le temps de réaction
est compris entre 5 et 20 minutes selon la température. Le rendement est supérieur à 95%. La solution
obtenue qui contient 22 à 23 g/l de ClO2 doit être immédiatement injectée dans l'eau.
Les deux procédés de fabrication imposent des conditions de sécurité très sévères pour pallier aux
dangers de préparation et de manipulation du bioxyde de chlore.
Les précautions telles que la ventilation des locaux, sécurités anti-incendie du stockage du chlorite, sont
similaires pour les procédés au chlore et à l'acide.
- mise hors service automatique en cas de défaut d'eau de dilution par éjecteur ou par manque de
dépression.
b) Conditions d'utilisation
Le bioxyde de chlore est utilisé à 0.1 à 0.2 g/m3 sur une eau de bonne qualité. Ceci assure l'inactivité
des germes pathogènes. La cinétique d'attaque des virus étant plus lente, des doses de 0.3 à 0.5 g/m3 de
bioxyde de chlore sont appliquées pendant 30 à 40 minutes.
Le bioxyde de chlore peut se maintenir dans l'eau claire pendant au moins 48 heures. L'efficacité
bactéricide est, dès lors, garantie dans un laps de temps plus long que celui du chlore.
Le bioxyde de chlore est très efficace pour la destruction de certains composés organiques, comme les
phénols qu'il oxyde sans former de composés malodorants. Des doses de 1 à 1.7 g de ClO 2 sont
nécessaires par gramme de phénol, des doses de 0.17 à 0.25 ppm de ClO2 suffisent pour garantir des
qualités organanoléptiques durables à des eaux faiblement phénolées.
Il oxyde le fer qui précipite sous forme d'hydroxyde et est ensuite éliminé lors de la floculation-
décantation-filtration.
Cependant d'autres produits organiques sont formés comme des quinones à partir de phénol.
IV. L’ozone
L'ozone est un désinfectant fort. Sa synthèse a lieu lorsque l'on fait passer un courant d'air ou d'oxygène
sec entre deux électrodes soumises à une différence de potentiel alternative. Un diélectrique est accolé
à l'une ou aux deux faces internes des électrodes afin d'éviter l'établissement d'un régime d'arc. La
différence de potentiel varie entre 10.000 et 20.000 volts. Les décharges électriques qui ont alors lieu
produisent de l'ozone.
Dans les stations de traitement, l'ozone est produit sur place, généralement par le procédé d'effluve
électrique.
Afin d'assurer le transfert de l'ozone dans l'eau à traiter, on le fait à l'aide des diffuseurs poreux qui
permettent de délivrer de très fines bulles dans un système étagé. L’échange air-eau se fait dans une
tour de contact où s’établit un contact intime à contre courant entre l'air ozoné et l'eau. Le rendement
de dissolution n'étant jamais de 100%, il faut prévoir la destruction de l'excès ou son réemploi en tête
de station.
Pour la désinfection seule, l'ozone est beaucoup plus cher que le chlore. Mais l'ozone devient presque
compétitif lorsqu'il est appliqué en ozonation combinée afin d'assurer simultanément: la désinfection,
l'amélioration des goûts et odeurs, l'élimination du fer, manganèse et matières organiques de l'eau.
➢ de sa rapidité d'action : l'inactivation des bactéries par l'ozone serait de 300 fois plus rapide
que celle du chlore ;
➢ de son large spectre d'action : l'ozone détruit aussi bien les bactéries que les virus, les
champignons que les protozoaires. Il attaque également les micro-organismes qui se trouvent
sous forme sporulée ou enkystée. Ainsi, à 12°C, à pH 7 et pour une concentration initiale
d’Escherichia Coli variant de 2 à 4.107 par 100 ml, une destruction de 99.99% est obtenue en
moins d'une minute avec une concentration de 9 mg O3/l ;
➢ de l'invariance d'action selon les conditions du milieu : l'efficacité désinfectante de l'ozone ne
varie quasiment pas pour des pH allant de 5.6 à 9.8 et des températures de 0 à 37°, à condition
de maintenir un résiduel d'ozone dissous constant.
Modes d’action
Les réactions directes sont souvent des réactions lentes et hautement sélectives, alors que les
réactions indirectes sont non sélectifs et rapides. De plus, La décomposition de l'ozone est catalysée
par OH~ ions et se produit rapidement lorsque le pH augmente.
L’ozone oxyde les composants de la paroi des microorganismes, notamment les protéines, les acides
aminés et les divers groupes fonctionnels. Outre la paroi bactérienne, la membrane plasmique est
également altérée du fait de la présence de nombreuses protéines fonctionnelles et conduit à une
rupture osmotique. De même, à l’intérieur des microorganismes, les enzymes, les protéines et les
acides nucléiques, ADN et ARN sont altérés. Ce qui conduit à la lyse des microorganismes.
L’efficacité de l'ozone sur les micro-organismes dépend des paramètres pH, température, présence
d'autres composés oxydables et de la concentration en MES :
Les radicaux produits dans la réaction 2 peuvent introduire d'autres réactions avec l'ozone,
entraînant la formation de plus de radicaux-OH.
- bien que la température joue en sens inverse sur la solubilité de l'ozone et sur la vitesse
d'inactivation, l'efficacité de désinfection augmente à température croissante ;
- les matières organiques contribuent à la demande en ozone de l'eau et entrent en compétition
avec les micro-organismes ;
- les matières en suspension peuvent protéger les micro-organismes et, de ce fait, rendre la
désinfection plus difficile.
Conditions d'utilisation
La post ozonation a pour but essentiel la désinfection des eaux, mais elle a aussi une action très
favorable quant à l'amélioration des saveurs et couleurs des eaux traitées. Des auteurs ont démontré que
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si un résiduel d'ozone dissous équivalent à 0.4 mg/l peut être mesuré après 4 minutes d'ozonation, le
degré d'inactivation des virus dépasse 99.9%. A la suite de ces travaux, les conditions d'utilisation
suivantes sont appliquées en France : l'ozone est introduit en deux chambres ou plus. Dans la première
chambre de contact, l'eau séjourne en moyenne 2 minutes et circule à contre courant avec l'air ozoné
afin de satisfaire la demande à court terme de l'eau en ozone. Le taux de traitement à introduire dépend
de la quantité d'impuretés dissoutes présentes dans l'eau, du pH, de la température, il est ajusté de façon
à ce que le résiduel d'ozone dissous atteigne 0.4 mg O3/l à la sortie. La dernière chambre de contact sert
au maintien de ce résiduel pendant 4 minutes afin d'assurer la désinfection de l'eau en permettant la
destruction de toutes les bactéries pathogènes et des particules virales.
Actuellement, la désinfection n'est plus la seule fonction de l'ozone, ses propriétés oxydantes sont
largement utilisées tout au long de la chaîne de traitement.
L'ozone a une action très énergique sur le fer et le manganèse qui précipitent sous forme de complexe
organique. Par contre, comme le bioxyde de chlore, il n'agit pas sur l'ammoniaque.
L'ozone détruit les molécules organiques complexes responsables de goûts, d'odeurs, couleurs, en
molécules plus simples, ce qui améliore considérablement les qualités organoléptiques de l'eau.
Alors que le chlore donne avec les phénols des chlorophénols qui, à une concentration de 1g/l rendent
l'eau imbuvable, l'ozone oxyde les phénols et l'on obtient des composés qui ne donnent pas de goût :
gaz carbonique, acides et diacides.
L'ozone ne produit pas de composés halogénés. Par contre, l'ozonation doit être effectuée pendant un
temps suffisamment long afin d'éviter la formation de composés intermédiaires indésirables (dans le
cas des phénols, une ozonation insuffisamment prolongée entraîne la formation de catéchol, reconnu
comme précurseur des haloformes).
L'ozone modifie la structure de certaines matières organiques en les rendant plus facilement
biodégradables. Ces produits peuvent constituer une source de substances nutritives assimilables,
favorables à la multiplication bactérienne, pouvant conduire à la formation de goûts et de zooglées dans
les conduites.
Une pratique courante est de faire suivre l'ozonation d'une filtration sur charbon actif qui permet
l'élimination par voie biologique des substances. organiques rendues biodégradables par l'ozone.
Il faut mettre en garde les exploitants de réseau de distribution d'eau contre la réviviscence bactérienne
dans les eaux ozonées qui risque de se produire dans les réservoirs d'eau ou les réseaux.