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La désinfection des eaux usées

A-G Sadowski
Responsable du laboratoire UPR-SHU-ENGEES
2005

Introduction

‰ La station d'épuration a pour rôle d'éliminer les diverses


pollutions présentes dans l'eau brute de façon à rendre le rejet
écologiquement compatible avec le milieu récepteur.
‰ Si l'élimination des matières organiques et minérales est assez
bien maîtrisée à ce jour, la réduction de la pollution bactérienne
est restée marginale et la mise en oeuvre de traitement de
désinfection s'est peu développée.
‰ Les premiers traitements de désinfection découlent tout
naturellement des procédés mis au point pour l'eau potable.
‰ Mais l‘effluent de station de traitement est de matrice beaucoup
plus complexe que dans le cas des eaux à potabiliser.
MICROBIOLOGIE DES EAUX RESIDUAIRES

‰ Généralement, la pratique consiste à dénombrer les germes indicateurs


d'une contamination fécale (GTCF), à savoir :
- les coliformes totaux (CT),
- les coliformes fécaux (CF),
- les streptocoques fécaux (SF),

‰ leur dénombrement est simple et rapide. On semble admettre que la


présence de virus et de parasites dans l‘effluent sera d'autant plus
probable que la densité de GTCF sera élevée.
‰ Les concentrations en micro-organismes présents dans les eaux usées
sont dépendantes des variations saisonnières et des variations diurnes.
‰ Ces micro-organismes sont le plus souvent agrégés entre eux ou
adsorbés sur des matières en suspension ce qui rend souvent leur
numération difficile.

Teneurs en micro-organismes
dans les eaux usées brutes

Micro-organismes Dénombrements (nb/100 ml)

7 9
Coliformes Totaux 10 à 10
6 8
Coliformes fécaux 10 à 10
6 7
Streptocoques fécaux 10 à 10
6 8
Escherichia coli 10 à 10
4
Salmonella 2 à 10

Entérovirus 4 à 460
Pouvoir auto-épurateur d'une station
d'épuration
Coliformes totaux (nb/100 ml) Coliformes fécaux (nb/100
ml)

7 9 6 8
Eau brute 10 - 10 10 - 10

7 8 6 7
Sortie primaire 10 - 10 10 - 10

5 6 4 5
Sortie secondaire 10 - 10 10 - 10

4 5 3 5
Sortie tertiaire filtrée 10 - 10 10 - 10

Sur le primaire : abattement de l’ordre de : 40%, soit inférieur à 1 unité log


Sur le traitement bioloqique de l’ordre de : 90 à 99%, soit : 1 à 2 unité log
Sur une filtration tertaire de l’ordre de : 0,5 unité log

Niveau de rejet

ETATS UNIS EUROPE (3)

(1) (2)
Eau de baignade < 200 CF /100 ml < 10 000 CT/ 100 ml

< 2000 CF/100 ml

(4)
Eau de conchyliculture < 70 CT/100 ml < 300 CF/100 ml

< 14 CF/100 ml

Cours d'eau ordinaire < 1000 CT/100 ml < 10 000 CT/100 ml

< 200 CF/100 ml < 2 000 CF/100 ml

(1) Pour les eaux de baignade aux EU, la moyenne calculée est une moyenne géométrique.
De plus, moins de 10 % de tous les échantillons prélevés pendant une période
de 30 jours ne doit dépasser 400 CF/100 ml.
(2) CT = coliformes totaux, CF = coliformes fécaux.
(3) Directives européennes 76/160 et 79/923. (Dir du 8.12.1975)
(4) La concentration est calculée pour 100 ml de chair broyée.
Désinfection

• Pas d'impact direct sur le milieu.


• Uniquement un problème d'usage et de santé
publique.

• baignade
• conchyliculture
• irrigation
• recyclage
• réutilisation

L'infiltration-percolation
‰ L'élimination des micro-organismes est directement liée à la
charge spécifique traitée : c'est la relation "hauteur du massif
filtrant - charge appliquée en centimètre d'eau" qui définit la
qualité du traitement.
‰ Le pouvoir de désinfection dépend :
ƒ du temps de séjour de l'eau dans le massif filtrant;
ƒ de l'efficacité de l'oxydation;
ƒ du fractionnement des apports;
ƒ de l'homogénéité de la répartition des influents sur le massif filtrant.

‰ Pour obtenir une désinfection performante (abattement de 5 à 6


Ulog sur les coliformes fécaux) il faut pouvoir maintenir un
temps de séjour dans le massif filtrant de plus de 30 heures.
heures
‰ L'expérience a montré que ce temps minimum est obtenu pour
des vitesses d'infiltration de 0,50 m/j et une hauteur de massif
filtrant de 4 m (sable dunaire).
Le lagunage de finition
‰ Une lagune de finition est un bassin peu profond en général
0,5 à 1 m, la surface requise est de 2,5 m2 par équivalent
habitant,
‰ Les expériences françaises montrent que pour des temps de
séjour de 60 à 90 jours les abattements en micro-organismes
sont en moyenne de 3 à 4 Ulog, en période estivale et de 1 à 2
Ulog en période hivernal.

Désinfection par chloration


‰ L'opération consiste à mettre en contact de la façon homogène le
réactif avec l'effluent et de maintenir un temps de réaction
approprié pour que l'inactivation des micro-organismes ait lieu.

Réactions :
− Cl2 + H2O → HCLO + H+ + Cl- (à pH faible)
− NaOCl + H2O → HCLO + OH- + Na+ (à pH élevé)

‰ Le point d'injection du réactif doit être dans une zone de mélange


parfait. De plus, le temps de contact entre le désinfectant et
l'effluent à traiter ne peut être assurée que par une hydraulique
de type flux piston.
Taux de traitement au chlore
Site Objectif Qualité de l'eau dosage CL2 Temps de
(mg/l) contact (mn)

Montpellier Réduction 3 Ulog Eau clarifiée 3,5 à 4 30 à 40

Réduction 3 Ulog Eau filtrée 2,5 à 3,5 30 à 40

La 1000 CT/100 ml Floculation-Décantation 10 30


Tremblade
100 CT/100 ml Floculation-Décantation 15 30

1000 CT/100 ml Epuration biologique 8 30

100 CT/100 ml Epuration biologique 10 30

1000 CT/100 ml Effluent nitrifié 4 30

100 CT/100 ml Effluent nitrifié 6 30

Dosage de 8 à 10 mg/l de Cl2


Temps de contact de 30 mn

Désinfection par chloration


‰ Le chlore réagit de façon préférentielle avec l'ammoniaque
pour former en cours de réaction des produits intermédiaires
que sont les mono, di et trichloramines :

Production de chloramines :

NH4+ + HOCl → NH2Cl + H2O + H+ (monochloramines)
NH2Cl + HOCl → NHCl2 + H2O (dichloramines)
NHCl2 + HOCl → NCl3 + H2O (trichloramines)

‰ La rémanence des composés comme la monochloramine pose


un problème de toxicité vis-à-vis de la faune du milieu
récepteur.

‰ Des effets toxiques marqués ont été notés pour des teneurs
inférieures à 0,1 mg/l.
Désinfection par chloration

‰ La chloration est une technique simple, fiable et employant très


peu d'équipement, c’est la technique la plus couramment utilisée.
‰ L'équipement nécessaire pour la régulation de la chloration est un
chloromètre permettant le réglage du débit de chlore gazeux à
injecter. La régulation se fait sur le chlore résiduel qui doit se
maintenir entre 1 et 2 mg/l.
‰ Pour supprimer les effets indésirables du chlore, une étape de
déchloration, mettant en jeu un composé réducteur tel que le
dioxyde de soufre ou le bisulfite de sodium, peut être ajouté.

Désinfection par l’ozone


‰ L'ozone est un puissant oxydant dont la fonction bactéricide et virucide est
marquée. Il agit en dégradant les composés organiques internes
constituant les bactéries et les virus.
Réactions :
O3 + H2O → H3O + OH-
‰ Sa production s'effectue soit à partir d'air, d'oxygène ou d'un mélange des
deux. Dans un générateur, les molécules d'oxygène, sous l'effet d'un arc
électrique, sont dissociées en atomes d'oxygène, celles-ci rentrent en
collision formant des molécules d'ozone.
‰ il est injecté à contre-courant du liquide à traiter.
‰ L'excès d'ozone récupéré dans l'air de sortie du contacteur est détruit par
moyens thermiques ou thermo- thermo-catalytiques afin d'empêcher toutes
possibilités d'effets irritants ou toxiques sur les exploitants.
Désinfection par l’ozone
Site Type d’eau Objectifs Dosage Temps de contact
(mg/l) (mn)

Nancy Maxeville 99,9 % sur CF 5 11

1 Ulog sur virus 2,5 19

2 Ulog sur CF 2,5 19

2 Ulog sur SF 2,5 19

Colombes 3 Ulog sur CF 9,5 à 14 20

Montpellier Eau clarifiée 3 Ulog sur CF 5à8 14 à 16

1 Ulog sur CF 12 2

Eau filtrée 3 Ulog sur CF 4à5 14 à 16

6 Ulog sur CF 12 2

Abattement de 3 à 4 Ulog de CF
Temps de séjour 10 minutes
Dosage : 6 mg/l

Désinfection par l’ozone


‰ La réactivité de l'ozone ne semble pas générer de sous-produits
toxiques pour le milieu récepteu,r quoique l'on signale depuis peu
l'influence possible des ions bromates.
bromates
‰ Le pouvoir germicide de l'ozone concerne, outre les bactéries, les virus
et les protozoaires.
‰ Aucun phénomène de reviviscence des germes traités n'a été observé
à ce jour.
‰ Les coûts de construction et de consommation électrique sont élevés.
Le procédé est complexe et demande une main d'oeuvre qualifiée,
surtout si l'oxygène pur est utilisé.
‰ L'ozone est explosif à des concentrations de 240 g/m3 et toxique pour
l'homme à 0,6 g/m3, pour une inhalation de plus de 10 minutes. Il
demande donc l'installation d'appareillage de détection et d'alarme pour
la protection du personnel.
Désinfection par U.V
‰Le rôle des U.V. comme bactéricide et virucide est bien
établi. Les radiations (à (à 254 nm) pénètrent la paroi
cellulaire, atteignent et modifient les acides nucléiques
porteuses de l'information génétique de la cellule et
empêchent ainsi la division cellulaire. Le germe reste
vivant mais, incapable de se diviser, ne peut engendrer
une infection.
‰La source artificielle d'énergie U.V. la plus répandue est la
lampe à mercure.
‰La radiation est générée en créant un arc électrique à
travers une vapeur de mercure. La désactivation des
molécules de mercure ainsi excitées s'accompagne d'une
émission de lumière U.V.

Désinfection par U.V


‰ L’atténuation de l'énergie U.V. est due à l'absorption par les
composés chimiques présents dans l'eau à traiter.
‰ Ceci est appelé la "demande
demande U.V." de l'eau à traiter.
‰ Elle est quantifiée par une mesure spectrophotométrique à 253,7 nm
et exprimée en unité d'absorbance d'éd'énergie par unité
unité de profondeur
(u.a/cm).
‰ On emploie plus facilement la transmittance :
% transmittance = 100 × 10-(absorbance).
‰ Les matières colloïdales, les matières organiques solubles et surtout
les MES, après un traitement secondaire efficace, absorbent la
lumière U.V
Transmittance et absorbance pour
différents types d’eau

TRANSMITTANCE ABSORBANCE (u.a/cm)

Eau potable 95 % 0,02

Effluent tertiaire 80 % 0,10

Effluent secondaire bonne 65 % 0,19


qualité

Effluent secondaire mauvaise 35 % 0,46


qualité

Eaux pluviales 20 % 0,70

Effluent primaire 5% 1,30

Intensité des lampes U.V


‰ Le nombre de lampes nécessaire augmente de façon
exponentielle avec la baisse de la transmittance d'une eau
résiduaire urbaine.
‰ un effluent ayant une transmittance de 50 % peut demander deux
fois plus de lampes qu'un effluent ayant une transmittance de 65
%.
‰ La dose nécessaire à une réduction de 4 Ulog en CF sera de
30 000 W.s/cm2 pour une eau usée ayant une transmittance de
65 % et une concentration en MES de 30 mg/l.
‰ tandis que 16 000 - 20 000 W.s/cm2 suffisent aux eaux filtréfiltrées
pour un même abattement de coliformes.
‰ Les dépôts de sels (Ca2+, Fe3+, PO43-), d'huiles, de graisses et de
biofilms sur ces tubes entraînent une diminution de la
transmittance des U.V. et donc du rendement de désinfection.
‰ Les sels de fer absorbent les U.V. Les stations physico-
chimiques employant du FeCl3 comme coagulant devront donc
employer des doses en U.V. plus importantes.
Coût de la désinfection

capacité en EH Chloration Ozone Dioxyde de U.V.


chlore

1000 0,1 à 0,36 0,24 0,19 0,11

5000 0,03 à 0,1 0,08 0,05 0,04

25000 0,015 à 0,026 0,046 0,023 0,026

75000 0,01 à 0,014 0,04 0,015 0,023

Coût de différents traitements de désinfection (euros /m3).

Comparaison des différents procédés de


désinfection

Chlore Eau de Ozone UV ClO2


gazeux javel

Action bactéricide + + + + +

Action virucide - - + + +

Reviviscence + + - + ?

Toxicité résiduelle + + - - +

Taille toute toute moyenne petite à moyenne


d'installation taille taille à grande moyenne à grande

faible faible élevé modéré modéré


Coûts

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