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M1 Génie des précédés de l’environnement Cours production d’eau potable

Chapitre 3 : La coagulation-Floculation

1. Introduction.
La très grande majorité des eaux naturelles (et, en particulier, celle des eaux de surface), contient des
impuretés qui affectent leur apparence et peuvent avoir des effets néfastes pour le consommateur.
Ces solides peuvent être grossièrement classés comme suit :
 Impuretés dissoutes (sels minéraux dissous, molécules organiques ...),
 Colloïdes,
 Solides en suspension.
2. Caractéristiques des matières polluantes à éliminer
A) Les matières en suspension
-Matières d'origine organique (débris d'animaux et de végétaux) ou minérale (sables, limons,..
-Elles représentent la fraction décantable des MES, de la DCO, de la DBO5, de l'azote de Kjeldahl et du
phosphore total ;
-Taille de 1 µm à 1 mm et plus ;
- Ces matières sont naturellement décantables, donc peu visées par la phase chimique. Elles seront
éliminées lors de la décantation ;
B) Les matières colloïdales
-Matières de mêmes origines que les matières en suspension.
-Elles représentent une fraction (fraction colloïdale) de la DCO, de la DBO5, de l'azote de Kjeldahl et du
phosphore total non particulaire ;
-Taille : 50 à 500 nm ;
- La décantation naturelle de ces matières est extrêmement lente, puisqu'on estime qu'il leur faut de
2 à 200 ans (extrapolation) pour sédimenter dans une colonne de 1 mètre d'eau. Il faudra donc
provoquer leur insolubilisation pour pouvoir les éliminer par décantation.
C) Les matières dissoutes
- Matières d'origine organique (briques élémentaires de la matière vivante et polymères associés…) ou
minérale (phosphates, azote réduit pour les principaux). Elles représentent la fraction dissoute de la
DCO, de la DBO5 de l'azote de Kjeldahl et du phosphore total.
- Taille : 0,5 à 100 nm pour les matières organiques et de 0,1 à 1 nm pour les minéraux.
- La décantabilité naturelle de ces matières est nulle, on comptera donc sur le réactif chimique pour

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favoriser leur passage de la phase dissoute à la phase gazeuse ou pour favoriser leur passage de la
phase dissoute à la phase insoluble.
Tableau 1. Diamètre des matières en suspension

Diamètre des
particules Etat Exemple
(micromètre)

< 0,001 Etat dissous .

Oxydes et hydroxydes
Argile
0,001 à 1 Etat colloïdal
Huiles et graisses
Bactéries
Limon
>1 Solides décantables Sables
Pollen

La turbidité et la couleur d'une eau sont principalement causées par des particules très petites, dites
particules colloïdales. Ces particules, qui peuvent rester en suspension dans l'eau durant de très
longues périodes, peuvent même traverser un filtre très fin. Par ailleurs, du fait de leur grande stabilité,
elles n'ont pas tendance à s'accrocher les unes aux autres.

Tableau 2. Temps de décantation des particules dans l’eau

Diamètre des particules


Type Temps de décantation
(micromètre)
Gravier 10 000 1s
Sables grossiers 1 000 10 s
Sables fins 100 2 min
Argile 10 2h
Bactéries 1 8j
Colloïdes 0,1 à 0,001 2 à 200 ans

A la notion de dimension petite, s'ajoutent deux autres encore plus importantes qui sont celles
du rapport surface/volume des particules colloïdales qui leur confère des propriétés d'adsorption très
prononcées, et celle de leur charge électrique de surface.
Cette charge peut provenir :
 de la dissociation de groupes ionisables appartenant au colloïde lui-même,
 de l'adsorption d'ions contenus dans la solution,

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 d'une substitution isomorphique (remplacement dans un réseau macromoléculaire


d'un atome par un autre atome de valence différente) ; c'est le cas général des argiles.
Pour leur étude, les colloïdes sont classés, arbitrairement, en deux groupes principaux ;
 les colloïdes hydrophiles : ils proviennent de substances solubles présentant une affinité pour
l'eau, et qui adsorbent une couche d'eau liée, protectrice.
 Dans ce groupe se trouvent les protéines, les carbohydrates et, d'une façon générale, les
produits organiques.
 les colloïdes hydrophobes : généralement plus gros et n'ont pas de couche protectrice.
Ils proviennent de substances peu ou pas soluble tels que les métaux. Plus généralement, ce
sont des produits minéraux.

3. Théorie de la double couche


Lorsqu'une particule colloïdale est suspendue dans un milieu polaire qui contient des ions, elle
attire électrostatiquement des ions de charge opposée. Il s'ensuit qu'aux abords de la particule
chargée, les charges électriques portées par des ions se répartissent en deux couches, comme illustré
par la Figure ci-dessous.
Les différentes espèces présentes dans la solution se rencontrent dans l'ordre suivant:
-la particule, souvent chargée négativement dans la nature;
-Une couche fixe d'ions de signe contraire (couche de STERN) ;
-Une couche diffuse de contre-ions, se raréfiant avec la distance, déformable et mobile (couche de
GOUY) ;
-La masse du liquide environnant.
Il existe entre ces deux couches un potentiel électrostatique ou de NERNST, qui varie en
fonction de la distance par rapport à la surface du colloïde.
Dans la couche liée, le potentiel de NERNST décroît linéairement car les cations constitutifs sont
empilés uniformément. En revanche, dans la couche de GOUY, le potentiel électrostatique varie de
manière non linéaire, étant donné que la répartition ionique résulte d'un mélange aléatoire de cations
et d'anions.
La valeur du potentiel à la surface de la couche de NERNST est appelé potentiel zêta. Les colloïdes étant
chargés négativement, ce potentiel est négatif. Dans les eaux naturelles, sa valeur varie de -30 à -35
mV. Les particules de potentiel zêta négatif se repoussent très fortement. C'est pourquoi, les colloïdes
sont très stables et inhibent toute agglomération.

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Figure 1. Théorie de la double couche

L'existence des systèmes colloïdaux dépend de l'interaction entre deux particules.


Elle met en jeu deux forces contraires :
 une force de répulsion qui tend à écarter les particules les unes des autres. Cette force dépend
de la charge des particules qui sont de même signe.
 une force d'attraction (type Van der Waals) qui tend à rassembler les particules pour atteindre
l'énergie potentielle minimum. Cette force est, bien entendu, fonction de la distance entre
particules.

Figure 2. Variation du potentiel de Nerst pour une particule colloïdale.

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4. Phénomène de coagulation
L’élimination des colloïdes passe par l'annulation du potentiel zêta afin d'annuler les forces de
répulsion. Considérons deux particules colloïdales A et B. Entre ces deux particules, il existe des forces
de répulsion électrostatiques, dues à la charge de surface, et des forces d'attraction intermoléculaires,
dues aux interactions de Van der Walls. L'énergie potentielle de A et B varie donc en fonction de la
distance les séparant.
Tableau 3. Nature d’intéraction et distance interpartulaire

Distance
Interprétation
interparticulaire

aucune interaction
d>d3
attraction faible
d3<d<d2
répulsion
d2<d<d1
attraction forte,
d<d1
adhésion

Pour permettre l'adhésion des particules, il faut donc vaincre la barrière énergétique de répulsion :
 soit en augmentant l'énergie cinétique des particules
 soit en abaissant la barrière de répulsion.
Dans le premier cas, il faudrait augmenter l'agitation des particules par élévation de température, ce
qui est impossible pour les volumes d'eau à traiter.
Dans le second cas, il faut annuler les forces de répulsion électrostatique, donc le potentiel zêta.
1) Stratégies théoriquement possibles
Pour annuler le potentiel zêta, on peut :
 ajuster le pH pour atteindre le point de charge nulle des particules colloïdales
 augmenter la salinité pour comprimer la couche diffuse
 neutraliser la charge de surface par des cations polyvalents
 piéger les colloïdes dans des précipités
 adsorber les colloïdes sur des polymères chargés à longue chaîne.

Vues les quantités à traiter, les deux premières possibilités ne sont pas applicables au niveau industriel.
La coagulation chimique, par apport de cations trivalents, est donc la meilleure solution.

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2) Les principaux coagulants


Les coagulants sont des produits qui neutralisent ou inversent les charges de la surface des
matières
Les principaux coagulants utilisés pour déstabiliser les particules et produire des flocs sont :
 le sulfate d'aluminium Al2(SO4)3, 18 H2O
 l'aluminate de sodium NaAlO2
 le chlorure ferrique FeCl3, 6 H2O
 le sulfate ferrique Fe2(SO4)3, 9 H2O
 le sulfate ferreux FeSO4, 7 H2O.
 Le sulfate de cuivre
L'efficacité de ces coagulants est directement liée à la valence des cations utilisés. Ainsi un ion
divalent est-il jusqu'à 200 fois plus efficace et un trivalent jusqu'à 10000 fois plus efficace qu'un
monovalent. Les doses de coagulant à mettre en œuvre peuvent donc varier d'un facteur 100.
On a longtemps pensé que les sels libéraient des ions Al3+ et Fe3+ qui neutralisaient la force de
répulsion entre les particules colloïdales et favorisaient ainsi la coagulation. On sait maintenant que les
mécanismes qui entrent en jeu sont plus complexes et que les produits d'hydrolyse des sels
d'aluminium et de fer sont des coagulants plus efficaces que les ions eux-mêmes.
La mise en solution d'un coagulant se déroule en deux étapes. Prenons l'exemple du sulfate
d'aluminium :

L'étape 1 : est une phase d'hydrolyse. Des intermédiaires polychargés positifs se forment. Ils sont très
efficaces pour neutraliser la charge des colloïdes. Il s'agit de la véritable forme coagulante qui
déstabilise les particules chargées négativement.
L'étape 2 : permet la formation du précipité d'Al(OH)3. Cette réaction dépend de l'agitation du milieu.
Ce précipité est l'élément qui assure la coalescence des colloïdes déstabilisés : c'est la forme floculante.
L’action des ions métalliques hydrolysés se fait par :
-Adsorption par la particule et neutralisation de charges
- Adsorption et pontage interparticulaire
- Piégeage dans des flocs
Certains ions sont éliminés des eaux par précipitation : Carbonates (alcalinité); Fer; Calcium;
Manganèse et Magnésium.

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Les produits les plus utilisés pour le traitement des eaux résiduaires sont les sels d’aluminium et de fer
qui libèrent des ions Al+3 et Fe+3. Ces sels réagissent avec l’alcalinité de l’eau et produisent des
hydroxydes : Al(OH)3 ou Fe(OH)3 insolubles et formant un précipité.
Al2(SO4)3.18H2O + 3Ca(HCO3)2 18H2O + 3CaSO4 + 2Al(OH)3 + CO2
Al2(SO4)3 + 14H2O + NaHCO3 2Al(OH)3 + 3Na2SO4 +6CO2 +H2O
2FeCl3 + 14H2O + 3Ca(OH)2 2Fe(OH)3 + 3CaCl2 + 14 H2O
3) Choix du coagulant :
Les coagulants doivent répondre à plusieurs impératifs. Ils doivent être :
 Peu couteux
 Inoffensifs (eux-mêmes et tous leurs sous-produits de décomposition)
 Permettre, par eux-mêmes ou leurs sous-produits, une coagulation efficace.
 Permettre, par eux-mêmes ou leur sous-produit, une floculation efficace.
Peu de produits répondent à la fois à toutes ces conditions.
4) Les facteurs influençant la coagulation
a. Influence du pH
Le pH l’un des paramètres les plus importants pour la coagulation. Pour chaque eau, il existe une plage
de pH pour laquelle la coagulation aura lieu rapidement .Cette plage dépend de la nature du coagulant
et de sa dose et la composition de l’eau à traiter. Pour les sels d’aluminium et de fer, la place du pH
optimale s’étant de 5.5 à 7.8. Dans ces gammes de pH, on minimise :
- le risque sanitaire par contamination de l’eau (Al+) ;
- la pollution colorée (Fe+3) ;
- La corrosion du réseau du fait de l'existence de ferrobactéries et de phénomènes
d'oxydoréduction.
b. Influence des sels dissout
Les sels contenus dans une eau exercent sur la coagulation les influences suivantes :
- modification de la plage du pH optimale ;
- modification du temps requis pour la coagulation ;
- modification de la quantité de coagulant requis ;
- modification de la quantité de coagulant résiduaire.
c. Influence de la température
Nous savons qu'une baisse de la température ralentit la cinétique des réactions chimiques.
L'équation d'Arrhénius décrit bien l'effet de la température sur les constantes cinétiques . Une
baisse de température se traduit par une réduction de la constante de vitesse k :
k = Ae- Ea / RT (1)

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Où A : constante de réaction propre au produits concernés;


Ea : énergie d'activation
R : constante des gaz parfaits.
T : température
Egalement, Toute diminution de la température est suivie d’une augmentation de la viscosité et par
conséquent le taux de formation des flocs diminue.
On peut surmonter par diverses manières les difficultés dues à la diminution de la température de
l’eau.
- Augmenter la dose de coagulant, ce qui permet d’augmenter la probabilité de la collision
entre les particules ;
- Augmenter la turbidité de l’eau afin d’alourdir le floc, ou on ajoute des poly électrolytes pour
renforcer le floc.
d. Influence de la dose de coagulant
La dose de coagulant conditionne le fonctionnement des ouvrages de séparation et il se trouve tout
simplement impossible de réaliser la clarification si cette dose est mal ajustée.
5. Détermination de la dose du coagulant :
Le Jar tests (essais de coagulation/floculation) est une procédure expérimentale simulant la
coagulation/floculation qui permet de déterminer les conditions optimales de coagulation (pH,
[coagulant]). Pour cela il faut :

Figure 3. Jar test

Détermination du pH optimal (pour un coagulant donné)


• Remplir les béchers avec l’eau à traiter
• Ajuster le pH de chaque bécher à une valeur
prédéterminée ( eg. pH: 5.0; 5.5; 6.0; 6.5; 7.0; 7.5)

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• Ajouter la même concentration de coagulant dans chaque bécher.


• Agitation intense (100-150 rpm) pendant 1 minute
• Réduction de l’agitation à 25-30 rpm pendant 15-20 minutes (Cette agitation favorise la formation
de floc (floculation)
• Arrêt de l’agitation
• Sédimentation des flocs de 30-45 minutes
•Mesure de la turbidité résiduelle dans chaque bécher
• Répéter les étapes précédentes, mais :
• Ajuster le pH de la solution au pH optimal
Détermination de la [coagulant] optimale :
• Tester différentes concentrations de coagulant (eg. 5; 7; 10; 12; 15; 20 mg/L)

6. Cinétique de coagulation
La coagulation est considérée comme le résultat de deux mécanismes :
1) la déstabilisation qui conduit à l’agrégation des particules et qui détermine l’efficacité des
collisions entre les particules.
2) Le transport qui régit la fréquence des collisions entre les particules
L’étape de transport est souvent plus lente que celle de déstabilisation. Le processus physique du
transport détermine donc la vitesse de coagulation, tandis que les facteurs chimiques influencent
l’agglomération des particules et l’efficacité de cette étape de transport.
Dans un réacteur statique la diminution des particules suit une loi de vitesse de deuxième ordre :
dN/dt = Kp α N2 (2)
ou après intégration : 1/N- 1/N0 = Kp α t (3)
Avec N et N0 nombre de particules par cm3 au temps t et au temps 0 respectivement
Kp constante de vitesse, cm3/s
α fraction des collisions efficaces
Si les particules considérées comme sphérique, Kp est calcule à l’aide de la relation :

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Kp = 4D π d (4)
ou D coef. de diffusion, cm2/s
d diamètre de la particule, cm
Comme le coefficient de diffusion peut être estimé à l’aide de la relation d’Eistein-Stokes :
D = KT/3πηd (5)
ou K constante de Boltzman , 1.38 . 10-23J/K
η viscosité dynamique, g/cm.s
il vient :
Kp = ¾(KT/η) (6)

7. La Floculation
La floculation est l’agrégation des particules déjà déstabilisées (les microflocons formés et
constitués des particules emprisonnées par les hydroxydes métalliques fraîchement précipités), par
collision les unes contre les autres ce qui conduit à l’agglomèration. Les flocons seront plus gros et
sédimenteront plus rapidement.
La floculation peut être provoquée par trois mécanismes:
-Le mouvement brownien : on parlera alors de la floculation péricinétique ; elle est fonction du produit
KT où K est la constante de Boltzmann et T est la température absolue de la suspension. Son importance
est limitée dés que le diamètre des particules ou des micro-flocs dépasse le micron.
-L’écoulement du fluide donnant naissance à un gradient de vitesse : c’est la floculation
orthocinétique.
-Le mouvement relatif des particules dû à la différence de densité entre les particules (cas de la
sédimentation).
8. Types de floculation.
A) La floculation péricinétique :
Pour fixer les idées, il faut imaginer une multitude de particules de colloïdes et/ou de micros-flocs. Les
probabilités de rencontres entre ces petites particules sont uniquement le fait de l’agitation
thermique des molécules d’eau qui les bombardent chaque fois qu’elles les touchent. Leur
déplacement est donc aléatoire et peut être modélisé par un mouvement de type brownien.
L’équation suivante rend compte de l’évolution du nombre de particules de flocs pour des tailles de
particules (colloïde, micro-flocs) inférieures à 10µm.

k : contante de Boltzman (1,38×1023 J/K)

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(7) T : température [K]


N : concentration des particules au temps t [particules/m3]
a : fraction des chocs efficaces (donnant lieu à l’agglomération de 2
particules)

µ : viscosité dynamique de l’eau [Pa.s]

On a par intégration l’expression du nombre de particules à l’instant t : avec

avec (8)
où t1/2 est le temps t tel que la concentration en particules soit réduit de moitié.
Il est dès lors intéressant d’étudier t1/2. On remarque que toutes choses égales par ailleurs, plus le nombre de
particules initiales est élevé et plus les chocs sont efficaces, plus t1/2 est réduit. Ce constat aura son importance
lors de la conception des équipements de floculation en station où l’on va optimiser ces paramètres,
notamment par une recirculation de boue afin d'augmenter ainsi les probabilités de rencontre

B) La floculation orthocinétique :
Les flocs atteignent la taille critique des 10µm, l’agitation thermique ne joue plus qu’un rôle
extrêmement mineur sur le déplacement des particules. Seule une agitation mécanique de l’eau
correspondant à un régime turbulent faible mais non négligeable, peut alors « faire » bouger les
particules et faire grossir les flocs. La loi qui régit l’agglomération des flocs est la suivante :
a : constante
N : concentration des particules au temps t [particules/m3]
G : gradient de vitesse [Pa.s]
(9)
d : diamètre de la particule [m]
On constate que la loi a la même « forme » que celle de la floculation péricinétique.
Le résultat est donc le suivant :

avec (10)
où t1/2 est le temps t tel que la concentration des particules soit réduit de moitié.
N0 et t=0 correspondent respectivement à la concentration en particules et au temps où la
floculation péricinétique cesse et ou la floculation orthocinétique débute. Il est utile d'augmenter
N0 afin d'augmenter ainsi les probabilités de rencontre.

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On remarque que t1/2 et donc le nombre de particule N(t) dépend cette fois-ci du diamètre des
particules, du gradient de vitesse ainsi que du nombre de particules initialement présentes. Ainsi,
toutes choses égales par ailleurs, un diamètre élevé de particule favorise la floculation, ce qui n’est
guère étonnant puisque cela ne fait qu’augmenter les chances de rencontre entre flocs. De plus,
toutes choses égales par ailleurs, un gradient de vitesse G élevé favorise également les rencontres
inter-particules. Il ne faut tout de même pas l’augmenter trop exagérément, sans quoi le floc
risquerait de se rompre du fait de forces de cisaillement trop élevées. L’ordre de grandeur de G est
en floculation de 100s-1.

Remarque : La vitesse d’agglomération des particules est, comme en floculation péricinétique, plus
grande lorsqu’une grande concentration en particule existe déjà. Cela aura son importance lors de la
mise au point de floculateurs efficaces.

Tableau: Phénomènes se produisant durant la coagulation - floculation


Ajout du Ionisation
coagulant Hydrolyse
Compression de la double couche
Coagulation
Adsorption du coagulant à la surface du colloïde
Déstabilisation Inclusion du colloïde dans un précipité d’hydroxyde
Liaisons intermoléculaires par des espèces polymérique du Floculation
coagulant
Floculation
Agitation thermique
péricinétique
Transport
Floculation
Energie mécanique dissipée
orthocinétique

9. L’agitation et le gradient de vitesse :


L’intensité du mélange dans la cuve peut être évaluée par le gradient de vitesse moyen G :

(11)
Le taux de collision est proportionnel à G
Le nombre de collisions à GXt = GXV/Q (12)
on sait que la puissance P de l'agitateur peut être calculée selon la formule suivante (N P caractérise le coefficient
de traînée de l'agitateur dans le fluide) : p = pNpN3D5
Le gradient de vitesse moyen G peut ainsi être calculé selon la formule suivante :

(13)
où : Qp est le débit de pompage (m .s" ) Np est le nombre de puissance

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N est la vitesse de rotation de l'agitateur (tr.mn 1)


D est le diamètre de l'agitateur (m)
p est la densité du fluide (kg .m 3)
μ est la viscosité cinématique du fluide (kg.s^.m 1)
V est le volume de la cuve (m3)
P est la puissance de l'agitateur (kg.m2.s 3)
G est le gradient de vitesse moyen (s 1)
Le phénomène de floculation est décrit par la théorie de SMOLUCHOWSKI dont les hypothèses sont les
suivantes :
 régime permanent
 mélange parfait
 pas d'attrition, ni de fragmentation
 chaque collision conduit à une agrégation.
On obtient alors l'équation suivante :
𝑑𝑁 2
= − 3 𝐺𝑑𝑝3 𝑁 2 (14)
𝑑𝑡

avec N : nombre de particules par unité de volume (m-3)


G : gradient de vitesse (s-1)
dp : diamètre de particule (m).

Figure 4. La coagulation-Floculation

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