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Cours : « Traitement des eaux potables » - M1 Génie de l’environnement

Université Djillali Bounaama – Khemis Miliana


Mme Mesli Ch

Chapitre V
LA DECANTATION

I - Qu’est ce que la décantation ?


La décantation, ou sédimentation, est un processus physique de traitement de l’eau
utilisant la gravité pour éliminer les solides en suspension de l’eau. C’est un procédé solide-
liquide de séparation , utilisé dans la plupart des STEP.
Les particules solides entraînées en mouvement par la turbulence de l’eau peuvent être
éliminées naturellement grâce à la sédimentation dans une étendue d’eau calme, comme
des étangs ou des lacs.
Les bassins de décantation des stations de traitement des eaux, sont des ouvrages
construits dans le but de collecter les solides entraînés par la sédimentation. On utilise alors
la vitesse de sédimentation pour dimensionner les ouvrages.
La sédimentation dans le traitement de l’eau potable suit généralement une étape chimique de
coagulation et de floculation, ce qui permet d’agglomérer les particules en flocs de plus grande
taille. Cela augmente la vitesse de décantation des solides en suspension et permet de piéger et
décanter les colloïdes.
L’élimination des matières en suspension par sédimentation dépend de la taille et de la densité
des particules. Les particules suspendues traversant un bassin de décantation peuvent rester en
suspension si leur densité est similaire à celle de l’eau alors que des particules très denses
traversant le même ouvrage peuvent décanter.
On distingue 3 principales classes de décantation, selon la nature de la suspension :
1 – Décantation discontinue :
Appelée aussi,discréte ou individuelle.
Les particules conservent leur individualité et leurs propriétés physiques(forme, densité, poids….)

2 – Décantation floculante :
Elle se caractérise par l’agglomération des particules au cours de leurs chute.
Les propriétés physiques sont modifiées.

3 – Décantation en zone :
C’est le cas des suspensions denses de concentration supérieure à 10 g/L.
Les particules sédimentent en masse et forment des couches de particules qui reposent les
unes, sur les autres.
Il ya apparition d’une interface nette entre les solides décantés et l’eau.
II – Calcul de la vitesse de chute des particules

1- Cas de la décantation discontinue

Dans ce cas les particules sont indépendantes, elles sont toutes considérées comme étant
sphériques.
Les forces qui s’appliquent sur une particule pendant sa chute, sont : P, Fa, et Ft.

P : poids de la particule P= mp ∗ g = ρp ∗Vp ∗g


Fa : Poussée d’Archiméde Fa= ρL ∗ Vp ∗ g
Ft : Force de trainée Ft = 1/2 ∗ ρL∗ Ct ∗ A ∗ Up2

mp : masse de la particule
Vp : Volume occupé par la particule (m3).
ρp :masse volumique de la particule (Kg/m3)
ρL : masse volumique du liquide( eau ) (Kg/m3).
Ct : coefficient de trainée.
A : surface de la particule( m2)
Up : vitesse de chute de la particule (m/s)
g = accélération due à la pesanteur (m/s2)
µL : Viscosité dynamique (Pa · s).

Pour les particules sphériques, on sait que:

Vp = 4/3 ∗ 𝜋 ∗ R3 = 𝜋 ∗ ( d 3/ 6 )
A = 𝜋 ∗ R2 = 𝜋∗ (d2 /4)

La somme vectorielle des forces est nulle d'après la première loi de Newton.
Toutes les forces ont la même direction verticale ; le poids est dirigé vers le bas, la poussée
et la force de frottement sont dirigées vers le haut.

A l’équilibre, la somme des forces est nulle.


P – Fa - Ft = 0.

On calcule Up 2, puis on tire Up.


½
Up = [ 2∗ (Vp ∗ g / 𝐶t ∗A )∗ ( ρp − ρL / ρL ]

En combinant les équations, on obtient la vitesse égale à :

½
Up = [4/3∗ (g ∗ d /𝐶t )∗ ( ρp − ρL / ρL ]
Le coefficient de frottement, Ct est fonction du nombre de Reynolds 𝑅e et de la forme de la
particule.

Le nombre de Reynolds étant défini par l’expression suivante :

𝑅e = ( ρL ∗ U𝑝 ∗ 𝑑 ) / µL
Où µL : Viscosité dynamique (Pa · s).

Ou bien : 𝑅e = U𝑝 ∗ 𝑑 ∗( 1 / 𝜸L )
Où 𝜸L : viscosité cinématique de l’eau (m2/.s)

Et 𝜸L = µL / ρL

Par ailleurs, pour ces particules sphériques, on peut estimer la valeur du coefficient de
frottement pour 3 cas :

a° - Nombre de Reynolds inférieur ou égal à 1 : Equation de STOKES

On obtient Le coefficient de frottement, Ct


Ct =24 / U𝑝 ∗ ρL ∗ 𝑑

Ct =24 / 𝑅e

Puis, on obtient la vitesse de chute

U𝑝 = 1/18 ∗ g ∗ 𝑑2 ∗ ( ρp − ρL / µL ) : équation de STOKES

b° - Nombre de Reynolds compris entre 1 et 500 : Equation des cas intermédiaires

Ct =18.5 / Re 0.6

U𝑝 = 0.153∗ g0.71 ∗ 𝑑1.14 ∗ ( ρp − ρL / ρL0.89 ∗ µL0.43 ) : équation des cas intermédiaires

c° - Nombre de Reynolds supérieur à 500 : Equation de NEWTON

Ct = 0.44
Et U𝑝 = 1.74∗ [ g ∗ 𝑑 ∗ ( ρp − ρL / ρL) ]1/2 : équation de NEWTON

2- Calcul de la vitesse de chute d’une particule de vitesse connue

Par manipulation algébrique, on définit le nombre K.


K=d[ ρL∗ g ∗ ( ρp − ρL) / µL2 ] 1/3

Selon les valeurs trouvées de K, on appliquera une équation pour le calcul de la vitesse
de décantation de la particule.
On aura pour :

K˂ 2.6 : Ct = 24/Re : équ de STOKES


2.6 ≤ K ≤44 : Ct =18.5 / Re 0.6 : équ cas intermédiaires
K > 44 : Ct =0.44 : équ de NEWTON
III - Décantation piston

Au sein d'une suspension concentrée, on considère de manière individuelle les particules en


sédimentation, les plus rapides étant freinées par les plus lentes.

Ce mouvement de sédimentation s'accompagne d'un déplacement d'eau d'un volume


équivalent s'écoulant avec une certaine vitesse ascendante, et diminuant la vitesse de
sédimentation.

On représente globalement ce phénomène par l'existence d'une interface nette entre un


surnageant clarifié et une phase fluide contenant la quasi totalité des MES.

La position de l'interface du liquide clarifié en fonction du temps est décrite par la courbe
de sédimentation.
 région I : interface nette, correspondant à une phase de coalescence des flocons
 région II : partie rectiligne traduisant une vitesse de chute constante vo, égale à la
pente
 région III : ralentissement progressif de la vitesse de chute due aux interactions entre
flocons
 région IV : les particules se touchent et exercent une compression sur les couches
inférieures

Théorie de la sédimentation de KYNCH

La modélisation de la sédimentation est due à KYNCH (1952), qui propose la théorie


suivante :

La vitesse de chute de particules rigides en sédimentation libre ne dépend que de la


concentration locale en solide de la suspension.
Elle est une fonction décroissante de la concentration en solide.
Les particules de même dimension, de même forme et de même masse volumique sont
équitombantes et leur concentration est uniforme pour chaque niveau de la colonne de
sédimentation.

Il n'existe donc qu'une seule vitesse de sédimentation (v) pour chaque concentration en
solide.
Cette vitesse est calculée, en traçant les pentes des droites de la section 2 du graphe
H=f (t),
d’où : dh / dt = v (C) = cte,

Une expérience, facile à faire, effectuée à l'aide d'un mélange dans une éprouvette,
permet de constater la formation au cours du temps de plusieurs couches straetifiées dans le
mélange.

Ainsi, à partir d’essais en éprouvette, Kynch trace le diagramme (H, t )

Les courbes expérimentales, donnant l'évolution H= fct (t), établies par Kynch, mettent en
évidence 5 états successifs du lit de boue :

A – Début de la décantation:
Au départ homogène, le mélange commence à se séparer en une phase claire, située au-
dessus de l'interface, et une phase concentrée. Dans cette étape, les particules en
suspension ont commencé à couler, ce qui fait diminuer la concentration à la couche
superficielle. La hauteur H de l'interface, initialement égale à la hauteur de la surface libre,
commence à diminuer, mais de façon non linéaire au début.

B – Sédimentation en particules séparées:


La hauteur H diminue linéairement avec le temps (la courbe est assimilable à un segment de
droite): la vitesse de chute est constante car les particules chutent isolément .
Dans cette phase, la concentration C n'est pas encore suffisamment importante pour
provoquer la floculation.

C – Zone de transition, qui se subdivise en deux sous-étapes:

• Décantation en masse (ou « sédimentation troublée »):


Dans la phase mélangée, du fait de la diminution de H, et donc du volume du mélange, la
concentration devient suffisamment élevée pour que les particules interagissent
hydrodynamiquement pendant leurs chutes: la floculation commence à se produire, les
particules grossissent et deviennent plus lourdes.

•.Ralentissement:
Les particules, devenues plus volumineuses, se freinent mutuellement entraînant donc un
ralentissement de la diminution de H.

D – Phase de compression (ou tassement):


Les particules solides agglomérées acquièrent un poids suffisant pour exercer une
compression du milieu. Les particules se compactent et la concentration devient d'autant
plus élevée. Il n'y a plus décantation mais tassement.

Puis les particules s'accumulent au fond de la colonne, formant des couches superposées
de concentration décroissante à partir du fond.

Les vitesses diminuent du fait des collisions entre particules.


.

L'interface entre la zone claire et le mélange est repérée par la hauteur H.


Cette hauteur diminue avec le temps par effet de sédimentation.

Les particules qui ont sédimenté s'accumulent au fond sous forme d'un lit de boue.
La zone au-dessus du lit de boue est le surnageant: c'est une zone de liquide clair.

Le volume des boues décantées, se calcule comme suit, en utilisant une éprouvette (de
forme cylindrique ) remplie d’eau brute qui a déjà décantée.

V boues = H boues X S éprouvette

V boues = H boues X ( 𝜋 D2/ 4 )

IV - Dimensionnement d’un bassin de sédimentation (décanteur) parfait


Le dimensionnement des bassins de sédimentation peut se faire à l’aide de la théorie du
décanteur idéal.

Les hypothèses suivantes sont préalablement admises :


1) Les dispositifs d’admission et de la sortie assurent une équirepartition.
2) Le courant est dépourvu de turbulence (Régime d’écoulement laminaire).
3) Les particules en suspension dans l’eau à l’arrivée sont uniformément reparties et
obéissent aux lois de sédimentation décrites ci-dessus.
4) Une particule est considérée comme étant retenue lorsqu’elle atteint le fond du bassin.

Considérons maintenant un bassin de décantation idéal .

Le bassin comprend une zone de d’entrée, une zone de sortie et une des boues.
La vitesse d’écoulement est constituée de deux vitesses selon les directions x et y , qui sont
veau et vp..
La composante horizontale veau : vitesse d’écoulement horizontal

Dans un tel bassin, les paramètres sont les suivants :

A = la section longitudinale de la zone de décantation (A = L ∗ 𝑙 )


A’ = la section transversale de la zone de décantation ( A’ = H∗ 𝑙 )
H = profondeur totale de la zone de décantation
h = profondeur partielle de la zone de décantation
L = longueur de la zone de décantation
l = largeur de la zone de décantation

Q = débit de l’eau

Veau= vitesse horizontal de l’eau ( Veau = Q / A’)


Vp = vitesse de chute d’une particule
V0 = vitesse de chute (cible) d’une particule
La particule B est soumise à deux vitesses qui sont représentées par Veau et Vp. On a :

𝑉0=𝐻/ 𝑡 ⇒ 𝑡=𝐻 / 𝑉0

A’ = H∗ l ( la surface traversée par l’eau )

𝑉𝑒𝑎𝑢 = 𝐿 / 𝑡 ⟹ 𝑡= 𝐿 / 𝑉𝑒𝑎𝑢 ⇒ 𝐻 / 𝑉0 = 𝐿 / 𝑉𝑒𝑎𝑢


⇒ 𝑉𝑒𝑎𝑢 ∗/ 𝐿 = 𝑉0 / 𝐻
⇒𝑉0 = (𝐻/ 𝐿) ∗𝑉𝑒𝑎𝑢

Il faut considérer tout le flux d’eau et pas seulement le tranche qui contient la particule, en
conséquence, on multiplie par la largeur ( 𝑙 ).

On a alors : 𝑉0 = (𝐻 ∗𝑙 ) / (𝐿 ∗ 𝑙 ) ∗ 𝑉𝑒𝑎u

D’où : 𝑉0 = 𝑄𝑒𝑎𝑢 / A

Donc : On remarque que toutes les particules dont la vitesse de chute est supérieure à V0
sont éliminées. Quant aux particules dont la vitesse de chute est inférieure à V 0 (par
exemple, Vp), elles ne sont éliminées que si elles pénètrent dans la zone de décantation à
une hauteur inférieure à h.

On appelle V0 : charge hydraulique superficielle


On constate que la vitesse limite de décantation v0 ne dépend pas de la profondeur du
bassin
Lorsque les particules de diverses dimensions sont uniformément introduites sur toute la
hauteur du bassin, les particules ayant une vitesse verticale supérieure à vo seront
totalement éliminées.
Tandis que les particules ayant des vitesses vi < v0 seule une fraction de celles ci aura le
temps d’atteindre le fond du bassin.

Bassin de décantation rempli

Boue accumulée au fond d’un bassin de décantation


Cours : « Traitement des eaux potables » - M1 Génie de l’environnement
Université Djillali Bounaama – Khemis Miliana
Mme Mesli Ch

SERIE DE TD 02

EXERCICE 01

Calculer la vitesse de décantation d’un grain de sable, dans l’eau , à une température
T°=5°C.
On donne :d = 0.1 mm , ρsable=2650 Kg/m3 , ρeau = 1000 Kg/m3 et µL = 0.0015 Pa.s

Solution

On calcule K par l’équation suivante :


1/3
K = d [ ρL∗ g ∗ ( ρp − ρL) / µL2 ]
On trouve K = 1.93 ce qui est ˂ à 2.6
D’où on applique l’équation de STOKES pour calculer la vitesse de chute de la particule.
U𝑝 = 1/18 ∗ g ∗ 𝑑2 ∗ ( ρp − ρL / µL )
U𝑝 = 1/18 ∗ 9.81 ∗ (0.1 ∗ 10-3) 2 ∗ ( 2650 − 1000 / 0.0015 ) =5.99 m/s
U𝑝 = 6 m/s
EXERCICE 02

Calculer la vitesse de décantation d’un grain de sable, dans l’eau, à une température
T°=10°C.
On donne :d = 0.05 mm , ρsable = 2.7 g/cm3 et 𝜸L = 1.306 10 -6 m2/.s

Solution

On a 𝜸 L = µ L / ρL

D’où µL = 𝜸L ∗ ρL

µL = 10+3 ∗ 1.306 ∗ 10-6 = 1.306 ∗ 10-3 Pa.s

On calcule K par l’équation suivante :


1/3
K = d [ ρL∗ g ∗ ( ρp − ρL) / µL2 ]
On trouve K = 1.06 ce qui est ˂ à 2.6
D’où on applique l’équation de STOKES pour calculer la vitesse de chute de la particule.
U𝑝 = 1/18 ∗ g ∗ 𝑑2 ∗ ( ρp − ρL / µL )
U𝑝 = 1/18 ∗ 9.81 ∗ (0.05 ∗ 10-3 ) 2 ∗ ( 2700 − 1000 / 1.306 10-3 ) =1.77 m/s
U𝑝 = 1.77 m/s

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