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Réflexions et Maximes

(Vauvenargues)/701-945

Vauvenargues étroit et cruel : il n’y a que la nécessité qui puisse la rendre


Œuvres de Vauvenargues innocente[6] .
ie
Texte établi par D.-L. Gilbert, Furne et C , éditeurs, 709. S’il n’y avait de domination légitime que celle qui
1857 (pp. 472-493). s’exerce avec justice, nous ne devrions rien aux mauvais
◄ Maximes posthumes rois.
Maximes supprimées
710. Comptez rarement sur l’estime et sur le confiance
d’un homme qui entre dans tous vos intérêts, s’il ne vous
701. Les premiers écrivains travaillaient sans modèles, et parle aussi des siens.
n’empruntaient rien que d’eux-mêmes, ce qui fait qu’ils
sont inégaux, et mêlés de mille endroits faibles, avec un 711. C’est la conviction manifeste de notre incapacité que
génie tout divin. Ceux qui ont reussi après eux ont puisé le hasard dispose si universellement et si absolument de
dans leurs inventions, et par là sont plus soutenus[1] ; nul tout. Il n’y a rien de plus rare dans le monde que les grands
ne trouve tout dans son propre fonds. talents et que le mérite des emplois : la fortune est plus
partiale qu’elle n’est injuste[7] .
702. Qui saura penser de soi-même, et former de nobles
idées, qu’il prenne, s’il peut, hardiment, la manière et le 712. Le mystère dont on enveloppe ses desseins marque
tour des maîtres : toutes les richesses de l’expression ap- quelquefois plus de faiblesse que l’indiscrétion, et souvent
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partiennent de droit à ceux qui savent les mettre à leur nous fait plus de tort .
place. 713. Ceux qui font des métiers infâmes, comme les vo-
703. Il ne faut pas craindre non plus de redire une vérité leurs, les femmes perdues, se font gloire de leurs crimes,
ancienne[2] , lorsqu’on peut la rendre plus sensible par un et regardent les honnêtes gens comme des dupes : la plu-
meilleur tour, ou la joindre à une autre vérité qui l’éclair- part des hommes, dans le fond du cœur, méprisent la ver-
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cisse, et former un corps de raisons. C’est le propre des tu, peu la gloire .
inventeurs de saisir le rapport des choses, et de savoir 714. La Fontaine était persuadé[10] , comme il le dit, que
les rassembler ; et les découvertes anciennes sont moins l’apologue était un art divin : jamais peut-être de vérita-
à leurs premiers auteurs qu’à ceux qui les rendent utiles. blement grands hommes ne se sont amusés à tourner des
704. On fait un ridicule à un homme du monde du talent fables.
et du goût d’écrire[3] . Je demande aux gens raisonnables ; 715. Une mauvaise préface allonge considérablement un
Que font ceux qui n’écrivent. pas[4] ? mauvais livre ; mais ce qui est bien pensé est bien pensé,
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705. Cest un mauvais parti pour une femme que d’être et ce qui est bien écrit est bien écrit .
coquette : il est rare que celles de ce caractère allument 716. Ce sont les ouvrages médiocres qu’il faut abréger : je
de grandes passions ; et ce n’est pas à cause qu’elles sont n’ai jamais vu de préface ennuyeuse devant un bon livre.
légères, comme on le croit communément, mais parce que
personne ne veut être dupe. La vertu nous fait mépriser la 717. Toute hauteur affectée est puérile ; si elle se fonde
fausseté, et l’amour-propre nous la fait haïr. sur des titres supposés, elle est ridicule ; et si ces titres
sont frivoles, elle est basse[12] : le caractère de la vraie
706. Est-ce force dans les hommes d’avoir des pas- hauteur est d’être toujours à sa place[13] .
sions, ou insuffisance et faiblesse ? Est-ce grandeur d’être
exempt de passions, ou médiocrité de génie ? Ou tout 718. Nous n’attendons pas d’un malade qu’il ait l’en-
est-il mêlé de faiblesse et de force, de grandeur et de jouement de la santé et la force du corps ; s’il conserve
petitesse[5] ? même sa raison jusqu’à la fin, nous nous en étonnons ;
et s’il fait paraître quelque fermeté, nous disons qu’il
707. Qui est [le] plus nécessaire au maintien d’une société y a de l’affectation dans cette mort : tant cela est rare
d’hommes faibles, et que leur faiblesse à unis, la douceur, et difficile. Cependant, s’il arrive qu’un autre homme
ou l’austérité ? Il faut employer l’une et l’autre : que la loi démente, en mourant, ou la fermeté, ou les principes
soit sévère, et les hommes indulgents. qu’il a professés pendant sa vie ; si, dans l’état du monde
708. La sévérité dans les lois est humanité pour les le plus faible, il donne quelque marque de faiblesse....
peuples ; dans les hommes, elle est la marque d’un génie ô aveugle malice de l’esprit humain ! il n’y a point de

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contradictions si manifestes que l’envie n’assemble pour 739. L’espérance est le plus utile ou le plus pernicieux des
nuire[14] . biens.
740. L’erreur est la nuit des esprits, et le piége de
719. On n’est pas appelé à la conduite des grandes af- l’innocence[25] .
faires, ni aux sciences, ni aux beaux-arts, ni à la vertu,
741. Les demi-philosophes ne louent l’erreur, que pour
quand on n’aime pas ces choses pour elles-mêmes, indé- faire, malgré eux, les honneurs de la verité[26] .
pendamment de la considération qu’elles attirent ; on les
cultiverait donc inutilement dans ces dispositions : ni l’es- 742. C’est être bien impertinent de vouloir faire croire
prit, ni la vanité, ne peuvent donner le génie[15] . qu’on n’a pas assez d’illusions pour être heureux.
720. Les femmes ne peuvent comprendre qu’il y ait des 743. Celui qui souhaiterait sérieusement des illusions, au-
hommes désintéressés à leur égard[15] . rait au-delà de ses vœux.
721. Il n’est pas libre à un homme qui vit dans le monde 744. Les corps politiques ont leurs défauts inévitables,
de n’être pas galant[15] . comme les divers âges de la vie humaine. Qui peut ga-
rantir la vieillesse des infirmités, hors la mort[26] ?
722. Quels que soient ordinairement les avantages de la
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jeunesse, un jeune homme n’est pas bien venu aupres des 745. La sagesse est le tyran des faibles .
femmes, jusqu’a ce qu’elles en aient fait un fat[15] . 746. Les regards affables ornent le visage des rois.
723. Il est plaisant qu’on ait fait une loi de la pudeur aux
femmes, qui n’estiment dans les hommes que l’effronterie. 747. La licence étend toutes les vertus et tous les vices[28] .
724. On ne loue une femme ni un auteur médiocre comme 748. La paix rend les peuples plus heureux, et les hommes
eux-mêmes se louent. plus faibles.
725. Une femme qui croit se bien mettre ne soupçonne 749. Le premier soupir de l’enfance est pour la liberté.
pas, dit un auteur, que son ajustement deviendra un jour
aussi ridicule que la coiffure de Catherine de Médicis : 750. L’indolence est le sommeil des esprits.
toutes les modes dont nous sommes prévenus vieilliront 751. Les passions [les] plus vives sont celles dont l’objet
peut-être avant nous, et même le bon ton[15] . est le plus prochain, comme le jeu, l’amour, etc.
726. Il y a peu de choses que nous sachions bien[16] . 752. Lorsque la beauté règne sur les yeux, il est probable
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727. Si on n’écrit point parce qu’on pense , il est inutile qu’elle règne encore ailleurs .
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de penser pour écrire. 753. Tous les sujets de la beauté ne connaissent pas leur
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728. Tout ce qu’on n’a pensé que pour les autres est ordi- souveraine .
nairement peu naturel[18] . 754. Si les faiblesses de l’amour sont pardonnables, c’est
729. La clarté est la bonne foi des philosophes [19]
. principalement aux femmes, qui règnent par lui.

730. La netteté est le vemis des maîtres[19] . 755. La constance est la chimère de l’amour[31] .

731. La netteté épargne les longueurs, et tient lieu de 756. Ceux qui ne sont plus en[32]état de plaire aux femmes,
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preuves aux idées . et qui le savent, s’en corrigent .

732. La marque d’une expression propre est que, même 757. Les premiers jours du printemps ont[33] moins de grâce
dans les équivoques, on ne puisse lui donner qu’un que la vertu naissante d’un jeune homme .
sens[20] . 758. Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les pre-
miers regards de la gloire[33] .
733. Les grands philosophes sont les génies de la 759. L’utilité de la vertu est si manifeste, que les méchants
raison[21] . la pratiquent par intérêt.
734. Pour savoir si une pensée est nouvelle, il n’y a qu’à 760. Rien n’est si utile que la réputation, et rien ne donne
l’exprimer bien simplement[22] . la réputation si sûrement que le mérite[34] .
735. Il y a peu de pensées synonymes, mais beaucoup
d’apprechantes[23] . 761. La gloire est la preuve de la vertu.
736. Lorsqu’un bon esprit ne voit pas qu’une pensée 762. La trop grande économie fait plus de dupes que la
puisse être utile, il y a grande apparence qu’elle est profusion[35] .
fausse[24] .
763. La libéralité de l’indigent est nommée prodigalité.
737. Nous recevons quelquefois de grandes louanges,
764. La profusion n’avilit que ceux qu’elle n’illustre pas.
avant d’en mériter de raisonnables.
765. Si un homme, obéré et sans enfants, se fait quelques
738. Les réputations mal acquises se changent en mépris.
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rentes viagères, et jouit par cette conduite des commodi- avait placés le plus loin du ministère[43] .
tés de la vie, nous disons que c’est un fou qui s mangé son 787. La science des projets consiste à prévenir les diffi-
bien. cultés de l’execution.
766. La libéralité et l’amour des lettres ne ruinent per- 788. La timidité dans l’exécution fait échouer les entre-
sonne ; mais les esclaves de la fortune trouvent toujours
prises téméraires[44] .
la vertu trop achetée.
789. On promet beaucoup, pour se dispenser de donner
767. On fait bon marché d’une médaille, lorsqu’on n’est peu[44] .
pas curieux d’antiquités : ainsi, ceux qui n’ont pas de sen-
timent pour le mérite, ne tiennent presque pas de compte
des plus grands talents. 790. L’intérêt et la paresse anéantissent les promesses
quelquefois sincères de la vanité[45] .
768. Le grand avantage des talents paraît en ce que la
fortune, sans mérite, est presque inutile. 791. La patience obtient quelquefois des hommes ce qu’ils
n’ont jamais eu l’intention d’accorder[45] ; l’occasion peut
769. On tente d’ordinaire sa fortune par les talents qu’on même obliger les plus trompeurs à effectuer de fausses
n’a pas. promesses.
770. Il vaut mieux déroger à sa qualité qu’a son génie : 792. Les dons intéressés sont importuns.
ce serait être fou de conserver un état médiocre, au prix
d’une grande fortune ou de la gloire[36] . 793. S’il était possible de donner sans perdre, il se trou-
verait encore des hommes inaccessibles.
771. Il n’y a point de vice qui ne soit nuisible, dénué
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d’esprit . 794. L’impie endurci dit à Dieu : Pourquoi as-tu fait des
misérables[46] ?
772. J’ai cherché s’il n’y avait point de moyen de faire sa
fortune sans mérite, et je n’en ai trouvé aucun[38] . 795. Les avares ne se piquent pas ordinairement de beau-
coup de choses[47] .
773. Moins on veut mériter sa fortune, plus il faut se don-
ner de peine pour la faire. 796. La folie de ceux qui réussissent est de se croire ha-
biles.
774. Les beaux-esprits ont une place dans la bonne
compagnie, mais la dernière. 797. La raillerie est l’épreuve de l’amour-propre.
798. La gaîté est la mère des saillies.
775. Les sots usent des gens d’esprit comme les petits 799. Les sentences sont les saillies des philosophes.
hommes portent de grands talons[39] .
800. Les hommes pesants sont opiniâtres.
776. Il y a des hommes dont il vaut mieux se taire que de
les louer selon leur mérite[40] . 801. Nos idées sont plus imparfaites que la langue.

777. Il ne faut pas tâcher de contenter les envieux. 802. La langue et l’esprit ont leurs bornes ; la vérité est
inépuisable.
778. Le mépris de notre nature est une erreur de notre
raison[41] . 803. La nature a donné aux hommes des talents divers :
les uns naissent pour inventer, et les autres pour embellir ;
779. Un peu de café après le repas fait qu’on s’estime ; il mais le doreur attire plus de regards que l’architecte.
ne faut aussi, quelquefois, qu’une petite plaisanterie pour
abattre une grande présomption. 804. Un peu de bon sens ferait évanouir beaucoup d’es-
prit.
780. On oblige les jeunes gens à user de leurs biens
comme s’il etait sûr qu’ils dussent vieillir. 805. Le caractère du faux-esprit est de ne paraître qu’aux
dépens de la raison.
781. A mesure que l’âge multiplie les besoins de la nature,
il resserre ceux de l’imagination. 806. On est d’autant moins raisonnable sans justesse,
qu’on a plus d’esprit[48] .
782. Tout le monde empiète sur un malade, prêtres, mé-
decins, domestiques, étrangers, amis ; et il n’y a pas jus-
qu’a sa garde qui ne se croie en droit de le gouverner[42] . 807. L’esprit a besoin d’être occupé ; et c’est une raison
de parler beaucoup, que de penser peu.
783. Quand on devient vieux, il faut se parer[42] .
808. Quand on ne sait pas s’entretenir et s’amuser soi-
784. L’avarice annonce le déclin de l’âge et la fuite préci- même, on veut entretenir et amuser les autres.
pitée des plaisirs.
809. Vous trouverez fort peu de paresseux que l’oisiveté
785. L’avarice est la dernière et la plus absolue de nos n’incommode ; et, si vous entrez dans un café, vous verrez
passions. qu’on y joue aux dames.
786. Les plus grands ministres ont été ceux que la fortune 810. Les paresseux ont toujours envie de faire quelque
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chose. 833. Ce qui fait qu’on goûte médiocrement les philo-


811. La raison ne doit pas régler, mais suppléer la vertu. sophes, c’est qu’ils ne nous parlent pas assez des choses
que nous savons.
812. Socrate savait beaucoup moins que Bayle et que
F.[49] ; il y a peu de sciences utiles. 834. La paresse et la crainte de se compromettre ont in-
troduit l’honnêteté dans la dispute.
813. Aidons-nous des mauvais motifs pour nous fortifier
dans les bons desseins[50] . 835. Quelque mérite qu’il puisse y avoir à négliger les
grandes places, il y en a peut-être encore plus à les bien
814. Les conseils les plus faciles à pratiquer sont les plus remplir[59] .
utiles[51] .
836. Si les grandes pensées nous trompent, elles nous
815. Conseiller, c’est donner aux hommes des motifs amusent[60] .
d’agir qu’ils ignorent[51] .
837. Il n’y a point de faiseur de stances qui ne se pré-
816. Nous nous défions de la conduite des meilleurs es- fère à Bossuet, simple auteur de prose ; et, dans l’ordre de
prits, et nous ne nous défions pas de nos conseils[52] . la nature, nul ne doit penser aussi peu juste qu’un génie
817. L’âge peut-il donner droit de gouverner la raison ? manqué.
818. Nous croyons avoir droit de rendre un homme 838. Un versificateur ne connaît point de juge compétent
heureux à ses dépens, et nous ne voulons pas qu’il l’ait de ses écrits : si on ne fait pas de vers, on ne s’y connaît
lui-même. pas ; si on en fait, on est son rival.
839. Le même croit parler la langue des dieux, lorsqu’il
819. Si un homme est souvent malade, et qu’ayant mangé ne parle pas celle des hommes ; c’est comme un mauvais
une cerise, il soit enrhumé le lendemain, on ne manque comédien qui ne peut déclamer comme l’on parle.
pas de lui dire, pour le consoler, que c’est sa faute[53] . 840. Un autre défaut de la mauvaise poésie est d’allonger
820. Il y a plus de sévérité que de justice. la prose, comme le caractère de la bonne est de l’abréger.

821. Il faudrait qu’on nous pardonnât, au moins, les fautes 841. Il n’y a personne qui ne pense d’un ouvrage en prose :
qui n’en seraient pas, sans nos malheurs. Si je me donnais de la peine, je le ferais mieux. Je dirais
à beaucoup de gens : Faites seulement une réflexion digne
822. L’adversité fait beaucoup de coupables et d’impru- d’être écrite.
dents.
842. Tout ce que nous prenons dans la morale pour défaut
823. On n’est pas toujours si injuste envers ses ennemis n’est pas tel[61] .
qu’envers ses proches[54] .
843. Nous remarquons beaucoup de vices, pour admettre
824. La haine des faibles n’est pas si dangereuse que leur peu de vertus[61] .
amitie[55] .
844. L’esprit est borné jusque dans l’erreur, qu’on dit son
825. En amitié, en mariage, en amour, en tel autre com- domaine[61] .
merce que ce soit, nous voulons gagner ; et, comme le
commerce des parents, des frères, des amis, des amants, 845. L’intérêt d’une seule passion, souvent malheureuse,
etc., est plus continu, plus étroit et plus vif que tout autre, tient quelquefois toutes les autres en captivité ; et la raison
[62]
il ne faut pas être surpris d’y trouver plus d’ingratitude et porte ses chaines sans pouvoir les rompre .
d’injustice. 846. Il y a des faiblesses, si on l’ose dire, inséparables de
826. La haine n’est pas moins volage que l’amitié. notre nature[63] .
827. La pitié est moins tendre que l’amour. 847. Si on aime la vie, on craint la mort[64] .

828. Les choses que l’on sait le mieux sont celles qu’on 848. La gloire et la stupidité cachent la mort, sans triom-
n’a pas apprises[56] . pher d’elle[65] .

829. Au défaut des choses extraordinaires, nous aimons 849. Le terme du courage est l’intrépidité à la vue d’une
qu’on nous propose à croire celles qui en ont l’air. mort sûre.
830. L’esprit développe les simplicités du sentiment, 850. La noblesse est un monument de la vertu, immortelle
pour s’en attribuer l’honneur[57] . comme la gloire[66] .
851. Lorsque nous appelons les réflexions, elles nous
831. On tourne une pensée comme un habit, pour s’en fuient ; et quand nous voulons les chasser, elles nous ob-
servir plusieurs fois[58] . sèdent, et tiennent malgré nous nos yeux ouverts pendant
la nuit[67] .
832. Nous sommes flattés qu’on nous propose comme un
mystère ce que nous avons pensé naturellement. 852. Trop de dissipation et trop d’étude épuisent égale-
ment l’esprit, et le laissent à sec ; les traits hardis en tout
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genre ne s’offrent pas à un esprit tendu et fatigué[67] . éminentes, une grande imagination et peu de jugement,
853. Comme il y a des âmes volages que toutes les pas- ou beaucoup de force et peu d’art, etc. ; et, quoique je
sions dominent tour a tour, on voit des esprits vifs et n’admire pas beaucoup l’esprit humain, je ne puis cepen-
sans assiette que toutes les opinions entraînent successi- dant le dégrader jusqu’à mettre dans le premier rang un
vement, ou qui se partagent entre les contraires, sans oser génie si défectueux, qui choque continuellement le sens
décider[67] . commun.
870. Nous voudrions dépouiller de ses vertus l’espece hu-
854. Les héros de Corneille étalent des maximes fas-
tueuses et parlent magnifiquement d’eux-mêmes, et cette maine, pour nous justifier nous-mêmes de nos vices, et
enflure de leurs discours passe pour vertu parmi ceux qui les mettre à la place des vertus détruites ; semblables à
n’ont point de règle dans le cœur pour distinguer la gran- ceux qui se révoltent contre les puissances légitimes, non
deur d’âme de l’ostentation[68] . pour égaler tous les hommes par la liberté[76] , mais pour
usurper la même autorité qu’ils calomnient.
855. L’esprit ne fait pas connaître la vertu[68] .
871. Un peu de culture et beaucoup de mémoire, avec
856. Il n’y a point d’homme qui ait assez d’esprit pour quelque hardiesse dans les opinions et contre les préjugés,
n’être jamais ennuyeux. font paraître l’esprit étendu.
857. La plus charmante conversation lasse l’oreille d’un 872. Il ne faut pas jeter du ridicule sur les opinions res-
homme occupé de quelque passion[69] . pectées ; car on blesse par là leurs partisans, sans les
confondre[77] .
858. Les passions nous séparent quelquefois de la socie- 873. La plaisanterie la mieux fondée ne persuade point,
té, et nous rendent tout l’esprit qui est au monde aus- tant on est accoutumé[78] qu’elle s’appuie sur de faux prin-
si inutile que nous le devenons nous-mêmes aux plaisirs cipes.
d’autrui[70] .
874. L’incrédulité a ses enthousiastes, ainsi que la super-
859. Le monde est rempli de ces hommes qui imposent stition : et, comme l’on voit des dévots qui refusent à
aux autres parleur réputation ou leur fortune ; s’ils se Cromwell jusqu’au bon sens, on trouve d’autres hommes
laissent trop approcher, on passe tout à coup à leur égard qui traitent Pascal et Bossuet de petits esprits[79] .
de la curiosité jusqu’au mépris, comme on guérit quel-
quefois, en un moment, d’une femme qu’on a recherchée 875. Le plus sage et le plus courageux de tous les hommes,
M. de Turenne, a respecté la religion ; et une infinité
avec ardeur[70] .
d’hommes obscurs se placent au rang des génies et des
860. On est encore bien éloigné de plaire, lorsqu’on n’a âmes fortes, seulement à cause qu’ils la méprisent[80] .
que de l’esprit[71] .
876. Ainsi[81] , nous tirons vanité de nos faiblesses et de
861. L’esprit ne nous garantit pas des sottises de notre nos folles erreurs. Osons l’avouer : la raison fait des phi-
humeur[71] . losophes, et la gloire fait des héros ; la seule vertu fait des
[72]
862. Le désespoir est la plus grande de nos erreurs . sages.
863. La nécessité de mourir est la plus amère de nos 877. Si nous avons écrit quelque chose pour notre instruc-
afflictions[73] . tion, ou pour le soulagement de notre cœur, il y a grande
apparence que nos réflexions seront encore utiles à beau-
864. Si la vie n’avait point de fin, qui désespérerait de sa coup d’autres ; car personne n’est seul dans son espèce,
fortune ? La mort comble l’adversité[73] . et jamais nous ne sommes ni si vrais, ni si vifs, ni si pa-
865. Combien les meilleurs conseils sont-ils peu utiles, si thétiques, que lorsque nous traitons les choses pour nous-
nos propres expériences nous instruisent si rarement[73] ! mêmes[82] .
866. Les conseils qu’on croit les plus sages sont les moins 878. Lorsque notre âme est pleine de sentiments, nos dis-
proportionnés à notre état[73] . cours sont pleins d’intérêt.
867. Nous avons des règles pour le théâtre qui passent 879. Le faux, présenté avec art, nous surprend et nous
peut-être les forces de l’esprit humain, et que les plus heu- éblouit ; mais le vrai nous persuade et nous maîtrise.
reux génies n’exécutent que faiblement. 880. On ne peut contrefaire le génie.
868. Lorsqu’une pièce est faite pour être jouée, il est in- 881. Il ne faut pas beaucoup de réflexions pour faire cuire
juste de n’en juger que par la lecture[74] . un poulet[83] , et cependant nous voyons des hommes qui
869. Il peut plaire à un traducteur[75] d’admirer jusqu’aux sont toute leur vie mauvais rôtisseurs ; tant il est néces-
défauts de son original, et d’attribuer toutes ses sottises à saire, dans tous les métiers, d’y être appelé par un instinct
la barbarie de son siècle. Lorsque je crois toujours aper- particulier et comme indépendant de la raison.
cevoir dans un auteur les mêmes beautés et les mêmes 882. Nous sommes tellement occupés de nous et de nos
fautes, il me paraît plus raisonnable d’en conclure que semblables, que nous ne faisons pas la moindre attention à
c’est un écrivain qui joint de grands défauts à des qualités tout le reste, quoique sous nos yeux, et autour de nous[84] .
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883. Qu’il y a peu de choses dont nous jugions bien[85] ! faibles, ligués contre un puissant, lui imposent la nécessi-
[96]
884. Nous n’avons pas assez d’amour-propre pour dédai- té de modérer son ambition et ses violences .
gner le mépris d’autrui[86] . 902. Il était plus facile aux Romains et aux Grecs[97] de
885. Personne ne nous blâme si sévèrement que nous nous subjuguer de grandes nations, qu’il ne l’est aujourd’hui de
conserver une petite province justement conquise, au mi-
condamnons souvent nous-mêmes[86] .
lieu de tant de voisins jaloux, et de peuples également ins-
886. L’amour n’est pas si délicat que l’amour-propre[87] . truits dans la politique et dans la guerre, et aussi liés par
887. Nous prenons ordinairement sur nous nos bons et leurs intérêts, par les arts, ou par le commerce, qu’ils sont
nos mauvais succès ; et nous nous accusons ou nous nous séparés par leurs limites.
louons des caprices de la fortune[88] . 903. M. de Voltaire[98] ne regarde l’Europe que comme
une république formée de différentes souverainetés. Ain-
888. Personne ne peut se vanter de n’avoir jamais été si, un esprit étendu diminue en apparence les objets, en
méprise[89] . les confondant dans un tout qui les réduit à leur juste éten-
due ; mais il les agrandit réellement, en développant leurs
889. Il s’en faut bien que toutes nos habiletés ou que toutes rapports, et en ne formant de tant de parties irrégulières
nos fautes portent coup ; tant il y a peu de choses qui dé- qu’un seul et magnifique tableau.
pendent de notre conduite[90] !
904. C’est une politique utile, mais bornée, de se déter-
890. Combien de vertus et de vices sont sans miner toujours par le présent, et de préférer le certain à
conséquence[90] ! l’incertain, quoique moins flatteur ; et ce n’est pas ainsi
891. Nous ne sommes pas contents d’être habiles, si on que les États s’élèvent, ni même les particuliers.
ne sait pas que nous le sommes ; et, pour ne pas en perdre 905. Les hommes sont ennemis-nés les uns des autres,
ie mérite, nous en perdons quelquefois le fruit[90] . non à cause qu’ils se haïssent, mais parce qu’ils ne peuvent
892. Les gens vains ne peuvent être habiles, car ils n’ont s’agrandir sans se traverser ; de sorte qu’en observant
pas la force de se taire[91] . religieusement les bienséances, qui sont les lois de la
guerre tacite qu’ils se font, j’ose dire que c’est presque
893. C’est souvent un grand avantage pour un négocia-
toujours injustement qu’ils se taxent de part et d’autre
teur, s’il peut faire croire qu’il n’entend pas les intérêts de
d’injustice[99] .
son maître, et que la passion le conseille ; il évite par là
qu’on le pénètre, et réduit ceux qui ont envie de finir a se 906. Les particuliers négocient, font des alliances, des
relâcher de leurs prétentions, les plus habiles se croyant traités, des ligues, la paix et la guerre, en un mot, tout ce
quelquefois obligés de céder à un homme qui résiste lui- que les rois et les plus puissants peuples peuvent faire[100] .
même à la raison, et qui échappe à toutes leurs prises[92] . 907. Dire également du bien de tout le monde est une
894. Tout le fruit qu’on a pu tirer de mettre quelques petite et mauvaise politique[101] .
hommes dans les grandes places, s’est réduit à savoir qu’ils 908. La méchanceté tient lieu d’esprit[101] .
étaient habiles.
909. La fatuité dédommage du défaut de cœur[101] .
895. Il ne faut pas autant d’acquis pour être habile que
pour le paraître[93] . 910. Celui qui s’impose à soi-même, impose à
d’autres[102] .
896. Rien n’est plus facile aux hommes en place que de
s’approprier le savoir d’autrui. 911. Le lâche a moins d’affronts à dévorer que l’ambi-
tieux.
897. Il est peut-être plus utile, dans les grandes places, de
savoir et de vouloir se servir de gens instruits, que de l’être 912. On ne manque jamais de raisons, lorsqu’ou a fait
soi-même. fortune, pour oublier un bienfaiteur ou un ancien ami ; et
on rappelle alors avec dépit tout ce que l’on a si longtemps
898. Celui qui a un grand sens sait beaucoup[94] . dissimulé de leur humeur[103] .
899. Quelque amour qu’on ait pour les grandes affaires, il 913. Tel que soit un bienfait, et quoi qu’il en coûte, lors-
y a peu de lectures si ennuyeuses et si fatigantes que celle qu’on l’a reçu à ce titre, on est obligé de s’en revancher,
d’un traité entre des princes[95] . comme on tient un mauvais marché, quand on a donné sa
900. L’essence de la paix est d’être éternelle, et cepen- parole[103] .
dant nous n’en voyons durer aucune l’âge d’un homme, et 914. Il n’y a point d’injure qu’on ne pardonne, quand on
à peine y a-t-il quelque règne où elle n’ait été renouve- s’est vengé.
lée plusieurs fois. Mais faut-il s’étonner que ceux qui ont
eu besoin de lois pour être justes, soient capables de les 915. On oublie un affront souffert, jusqu’à s’en attirer un
violer[96] ? autre par son insolence[103] .

901. La politique fait entre les princes ce que les tribu- 916. S’il est vrai que nos joies soient courtes, la plupart
[104]
naux de la justice font entre les particuliers : plusieurs de nos afflictions ne sont pas longues .
7

rons Dieu comme il est, sicuti est, facie ad factiem[114] . »


917. La plus grande force d’esprit nous console moins 935. Les maladies suspendent nos vertus et nos vices[115] .
promptement que sa faiblesse[105] .
936. Le silence et la réflexion épuisent les passions,
918. Il n’y a point de perte que l’on sente si vivement, et comme le travail et le jeûne consument les humeurs[116] .
si peu de temps, que celle d’une femme aimée[105] . 937. Les hommes actifs supportent plus impatiemment
919. Peu d’affligés savent feindre tout le temps qu’il faut l’ennui que le travail[117] .
pour leur honneur[105] . 938. Toute peinture vraie nous charme, jusqu’aux
920. Nos consolations sont une flatterie envers les louanges d’autrui.
affligés[106] . 939. Les images embellissent la raison, et le sentiment la
921. Si les hommes ne se flattaient pas les uns les autres, persuade[117] .
il n’y aurait guère de société[106] . 940. L’éloquence vaut mieux que le savoir.
922. Il ne tient qu’à nous d’admirer la religieuse franchise
de nos pères, qui nous ont appris à nous égorger pour un 94l. Ce qui fait que nous préférons très-justement l’esprit
démenti[107] ; un tel respect de la vérité, parmi des bar- au savoir, c’est que celui-ci est mal nommé, et qu’il n’est,
bares qui ne connaissaient que la loi de la nature, est glo- ordinairement, ni si utile ni si étendu que ce que nous
rieux pour l’humanité. connaissons par expérience, ou pouvons acquérir par ré-
923. Nous souffrons peu d’injures par bonté[108] . flexion. Nous regardons aussi l’esprit comme la cause du
924. Nous nous persuadons quelquefois nos propres men- savoir, et nous estimons plus la cause que son effet : cela
est raisonnable. Cependant, celui qui n’ignorerait rien au-
songes pour n’en avoir pas le démenti, et nous nous trom-
pons nous-mêmes pour tromper les autres [108]
. rait tout l’esprit qu’on peut avoir ; le plus grand esprit du
monde n’étant que science[118] , ou capacité d’en acquérir.
925. La vérité est le soleil des intelligences[109] .
942. Les hommes ne s’approuvent pas assez pour s’attri-
926. Pendant qu’une partie de la nation atteint le terme buer les uns aux autres la capacité des grands emplois ;
de la politesse et du bon goût, l’autre moitié est barbare c’est tout ce qu’ils peuvent, pour ceux qui les occupent
a nos yeux, sans qu’un spectacle si singulier puisse nous avec succès, de les en estimer après leur mort. Mais pro-
ôter le mépris de la culture[110] . posez l’homme du monde qui a le plus d’esprit : oui, dit-
927. Tout ce qui flatte le plus notre vanité n’est fondé que on, s’il avait plus d’expérience, ou s’il était moins pares-
sur la culture, que nous méprisons. seux, ou s’il n’avait pas de l’humeur, ou tout au contraire ;
car il n’y a point de prétexte qu’on ne prenne pour don-
928. L’expérience que nous avons des bornes de notre ner l’exclusion à l’aspirant, jusqu’à dire qu’il est trop hon-
raison nous rend dociles aux préjugés, et ouvre notre nête homme, supposé qu’on ne puisse rien lui reprocher
esprit aux soupçons et aux fantômes de la peur[111] . de plus plausible : tant cette maxime est peu vraie, qu’il
est plus aisé de paraitre digne des grandes places, que de
929. La conviction de l’esprit n’entraîne pas toujours celle les remplir[119] .
du cœur[112] . 943. Ceux qui méprisent l’homme se croient de grands
930. Les hommes ne se comprennent pas les uns les hommes.
autres : il y a moins de fous qu’on ne croit[112] . 944. Nous sommes bien plus appliqués à noter les contra-
931. Pour peu qu’on se donne carrière sur la religion et dictions, souvent imaginaires, et les autres fautes d’un au-
sur les misères de l’homme, on ne fait pas difficulté de se teur, qu’à profiter de ses vues, vraies ou fausses.
placer parmi les esprits supérieurs[112] . 945. Pour decider qu’un auteur se contredit, il faut qu’il
932. Des hommes inquiets et tremblants pour les plus pe- soit impossible de le concilier.
tits intérêts affectent de braver la mort[112] .
933. Si les moindres périls dans les affaires nous donnent 1. ↑ Add. : [ « Nous qui ne savons pas les langues
de vaines terreurs, dans quelles alarmes la mort ne doit- mortes, nous puisons parmi ces derniers ; on dit là-
elle pas nous plonger, lorsqu’il est question pour toujours dessus que rien n’est plus facile ; mais c’est une er-
de tout notre être, et que l’unique intérêt qui nous reste, reur très-injuste. » ]
il n’est plus en notre puissance de le ménager, ni même
quelquefois de le connaître[113] ! 2. ↑ Rapprochez de la Maxime 398e . — G.

934. Newton, Pascal, Bossuet, Racine, Fénelon, c’est-à- 3. ↑ [Oui, mais imprimer ? — V.]
dire les hommes de la terre les plus éclairés, dans le plus
philosophe de tous les siècles, et dans la force de leur es- 4. ↑ Dans les éditions précédentes, cette Maxime est
prit et de leur âge, ont cru Jésus-Christ ; et le grand Condé, suivie d’une pensée répétée, mot pour mot, du 28e
en mourant, répétait ces nobles paroles : « Oui, nous ver- chap. de l’Introduction à la Connaissance de l’Esprit
8

humain, et que, pour cette raison, nous avons sup- 13. ↑ Voyez la Maxime 472e . — G.
primée. — G.
14. ↑ Rapprochez de la Maxime 141e . — G.
5. ↑ Ici, Vauvenargues ne conclut pas ; mais, partout
ailleurs, il déclare que le manque de passions n’est 15. ↑ a, b, c, d et e
[Faible. — V.]
que faiblesse, et médiocrité de génie. — G. 16. ↑ [La belle nouvelle ! — V.]
6. ↑ Rapprochez cette Maxime et la précédente des 17. ↑ [Louche. — V.]
302e −305e . — G.
18. ↑ Var. : « Il n’y a rien de si froid au monde que ce
7. ↑ [Obscur, et peu lié. — V.] — Cette pensée est obs- qu’on a pense pour les autres. »
cure ; l’auteur veut dire, je crois, que c’est la convic-
tion que nous avons de notre incapacité, qui nous fait 19. ↑ a, b et c
[Mauvais. — V.]
abandonner tant de choses au hasard. Il n’y a rien de
20. ↑ [Louche. — V.]
plus rare dans le monde, dit-il ensuite, que les grands
talents et que le mérite des emplois ; le mérite des em- 21. ↑ Ici, Voltaire emploie ironiquement l’affirmation
plois est une ellipse forcée. L’auteur ajoute : la for- allemande ia, comme pour signifier que la propo-
tune est plus partiale qu’elle n’est injuste, c’est-à-dire sition de Vauvenargues va de soi, et n’a pas besoin
qu’entre des concurrents sans moyens, elle n’est pas d’être énoncée. — G.
injuste en refusant un emploi à tel qui ne le mérite
pas, mais partiale, en l’accordant à tel autre, qui ne le 22. ↑ [Non. — V.]
mérite pas davantage. — S. — Suard explique très-
23. ↑ [On le sait. — V.]
bien la dernière phrase ; mais il n’a pas compris la
première ; conviction est employé par Vauvenargues 24. ↑ [Fausse, non ; mais fade. — V.]
dans le sens de preuve, et, en substituant ce dernier
mot à l’autre, la phrase devient très-claire. — G. 25. ↑ [Obscur. — V.]

8. ↑ Rapprochez de la Maxime 104e . — G. 26. ↑ a et b [Faible. — V.]

9. ↑ [Cela est-il bien vrai ? — V.] — Var. : [ « Il n’est 27. ↑ [Obscur. — V.] — Il faut chercher dans quelques
donc pas décidé qu’ils soient plus sensibles au gain Maximes précédentes, notamment dans la 20e et ses
qu’a l’honneur, tel qu’ils l’imaginent. » ] variantes, l’explication de celle-ci. Vauvenargues ne
fait pas grand état de la raison, de la réflexion, de la
10. ↑ On ne voit pas quelle est la liaison des deux parties prudence, de la sagesse, etc. : il leur préfère le senti-
de cette Maxime, ce qui la rend très-obscure. En di- ment, l’instinct, le courage, ou ce qu’il appelle la ver-
sant que jamais de véritablement grands hommes ne tu, en prenant le mot dans le sens de force active ; et,
se sont amusés à tourner des fables, vent-il dire que comme il a déclaré plus haut que la raison est inutile
c’est un art d’instinct, d’inspiration ? Mais cela pour- ou impuissante pour les faibles, il déclare ici que la
rait se dire de beaucoup d’autres genres de talents sagesse n’est bonne qu’à les tourmenter, sans profit
poétiques. Faut-il le prendre dans un sens défavo- pour eux, parce que la faiblesse est un mal sans re-
rable ? On a peine à le concevoir d’après les éloges mède. — Voir aussi la Maxime 430e , et la note qui
qu’il donne à La Fontaine dans ses Réflexions sur s’y rapporte. — G.
les poètes. On voit plus vivement encore, dans ses
Lettres à Voltaire, l’admiration que lui inspirait le ta- 28. ↑ La pensée de Vauvenargues est que : si la liber-
lent de La Fontaine, qu’il a même défendu contre té illimitée étend tous les vices, elle étend aussi toutes
Voltaire. — S. — La liaison des deux parties de cette les vertus ; dans la 675e Maxime, il dit à peu près de
pensée est immédiate. Vauvenargues faisait grand même que les hommes ne font jamais de si grandes
cas du génie de La Fontaine (voir la 1re Réflexion choses, que lorsqu’ils peuvent faire impunément bien
critique, page 233), mais il n’estimait que médiocre- des sottises. Tel est son goût pour le mouvement,
ment la fable, de même que le roman, l’allégorie et, que la licence même ne lui, déplaît pas ; les 5e et
en général, tous les genres de fiction. — (Voir des 42e Caractères (Lentulus et Clodius) en fournissent
Romans, page 70 ; Sur le merveilleux, page 102, et la preuve, et pourraient servir de commentaire aux
un passage sur les Allégories de Rousseau, page 260.) deux Maximes dont nous parlons. — G.
Du reste, Voltaire qui, certes, n’etait pas prévenu en 29. ↑ [Mauvais. — V.]
faveur de La Fontaine, trouvait cette réflexion mau-
vaise (exemplaire d’Aix), et c’est lui qui l’a fait re- 30. ↑ [Obscur. — V.] — La Maxime 625e fait com-
trancher à Vauvenargues. — G. prendre celle-ci. — G.
11. ↑ [Mauvais. — V.] 31. ↑ [Trivial. — V.]
12. ↑ [Non. — V.] 32. ↑ [Commun. — V.]
9

33. ↑ a et b [Faible ; poésie. — V.] — Voila les deux cé- 47. ↑ Sans doute, parce que toutes leurs passions sont
lèbres Maximes dont nous parlons dans notre Éloge ; concentrées en une seule, ou peut-être parce qu’ils
Voltaire les biffe sur l’exemplaire d’Aix, et Vauve- craindraient qu’on ne les crut riches. — G.
nargues les met au rebut ; en effet, elles ont disparu
de la 2e édition. — Voir la note de la Maxime 159e . 48. ↑ C’est-à-dire que, lorsqu’on n’a point de jugement,
— G. plus on a d’esprit et plus ou déraisonne. — S.

34. ↑ Var. : « Qui fait plus de fortunes que la réputa- 49. ↑ Fontenelle. — G. — L’auteur veut dire que So-
tion ? et qui donne si sûrement la réputation que le crate était plus sage, et Bayle plus savant. La vie de
mérite ? » ces deux hommes a été si différente, qu’elle ne peut
guère être mise en opposition, et il fallait un fait plus
35. ↑ Rapprochez cette Maxime, et les quatre suivantes, évident pour prouver qu’il y a peu de sciences utiles.
de la 51e . — G. Sans doute, celui qui n’est que savant, et qui reste
enfermé dans son cabinet, sans instruire ses sem-
36. ↑ Voltaire trouve cette Maxime obscure. Rappelons blables par un ouvrage véritablement utile, ne vaut
que Vauvenargues l’écrivait, sans doute, au moment pas l’homme vertueux qui a lu peu de livres, mais qui
où il aspirait à la gloire des lettres ; elle devient très- a consacré sa vie à faire du bien à ses semblables.
claire. — G. Si cette vérité est celle que l’auteur a voulu prou-
37. ↑ Cette Maxime laisse à penser, par contre, que le ver par cette Maxime, elle n’avait besoin que d’être
vice, accompagné de quelque esprit, peut encore être énoncée ; mais il semble que Vauvenargues avait
utile, et, en effet, Vauvenargues a plusieurs fois ex- une sorte d’animosité contre Bayle. — F. — Vau-
primé cette idée, sous différentes formes. (Voir la 4e venargues n’a pas plus d’animosité contre Bayle que
note dela page 53.) — G. contre Fontenelle ; mais il n’a jamais varié dans cette
opinion que le bon sens vaut mieux que le savoir, de
38. ↑ Var. : « J’ai cherché s’il n’y avait aucun moyen de même que l’instinct, ou le sentiment, vaut mieux que
faire sa fortune sans mérite ; et, me proposant tour la raison. Voltaire ne reprend rien à cette Maxime,
à tour le service des grands, celui des femmes, la quant au fond ; il remarque seulement qu’elle n’est
souplesse et l’adulation, etc., j’ai conclu de tous ces pas bien écrite. — G.
chemins ce qu’on dit ordinairement des jeux de ha-
sard, qu’ils ne conviennent proprement qu’à ceux qui 50. ↑ [Mauvais. — V.] — Rapprochez de la Maxime
n’ont rien à perdre. » — Rapprochez des Maximes 157e ; voir aussi la 4e note de la page 53. — G.
380e , 760e , et 768e . — G.
51. ↑ a et b [Commun, mauvais. — V.]
39. ↑ [Un sot est-il jamais monté sur un homme d’es-
52. ↑ [Obscur. — V.] — Voici, je crois, le sens de cette
prit ? — V.]
pensée, dont, en effet, l’expression n’est pas assez
40. ↑ Cest-à-dire, je crois, qu’il y a des gens dont le mé- nette : Nous ne voulons nous laisser gouverner par
rite est dans un genre si frivole et si misérable, que personne, mais nous n’en voulons pas moins gouver-
les louer selon leur mérite serait les rendre ridicules. ner les autres. — G.
— S.
53. ↑ [Trivial. — V.] — Rapprochez de la Maxime 559e .
e e
41. ↑ Rapprochez des Maximes 75 , 285 , 458 , 461 ete e — G.
463e ; cette idée est chère à Vauvenargues. — G.
54. ↑ [Mauvais. — V.] — Cette Maxime n’est pas
42. ↑ a et b [Faible — V.] aussi mauvaise que le dit Voltaire, pour ceux qui
l’entendent à demi-mot : Vauvenargues avait à se
43. ↑ La même pensée se retrouve, presque en mêmes plaindre de ses proches, qui ne se défiaient pas de
termes, dans la lettre de Vauvenargues au Roi, datée leurs conseils (Maxime 816e ), qui, par leur âge, se
d’Arras, le 12 décembre 1743. — G. croyaient en droit de gouverner sa raison (Maxime
8l7e ), qui voulaient le rendre heureux à ses dépens
44. ↑ a et b [Commun. — V.]
(Maxime 818e ), en cherchant à le rétenir, malgré
45. ↑ a et b [Commun. — V.] lui, en Provence (voir la 3e note de la page 371),
qui lui reprochaient la cerise imprudemment man-
46. ↑ C’est demander à Dieu pourquoi il a fait des geé (Maxime 819e ), qui se montraient, à son égard,
hommes ; car s’il y avait seulement deux êtres parfai- plus sévères que justes (Maxime 820e ), qui lui re-
tement heureux, il y aurait deux dieux, ce qui impli- prochaient des fautes qui n’en eussent pas été, sans
querait contradiction. Puisqu’il existe des êtres qui ses malheurs (Maximes 821e ), car c’est l’adversité,
ne sont pas des dieux, il doit exister des malheu- seule, qui l’a fait paraître imprudent er coupable
reux. — F. — Mais si l’on demandait à M. de Fortia : (Maxime 822e ), tandis que le succès l’eût justifié.
pourquoi les uns, plutôt que les autres ? — G. Bien n’est plus logique et plus intéressant que cette
10

suite de pensées qui s’expliquent les unes par les 75. ↑ Il semble que dans cette remarque l’auteur a en
autres. — G. vue M. et Madame Dacier, traducteurs d’Homère et
d’autres anciens écrivains grecs et latins. C’est prin-
55. ↑ [Commun. — V.] cipalement Homère dont il paraît qu’il est ici ques-
56. ↑ [On a cependant appris à lire. — V.] tion. Si cela est, Vauvenargues a eu raison de suppri-
mer dans sa seconde édition un jugement qui ne fait
57. ↑ [Mauvais. — V.] — Voir la Maxime 475e , qui ne pas honneur à son goût. — S. — Nous croyons que
diffère de celle-ci que que par deux mots. — G. Vauvenargues veut parler de Shakespeare, et non pas
d’Homère que, dans le Discours sur le Caractère des
58. ↑ [Mauvais. — V.]
différents siècles, il défend précisément contre les re-
59. ↑ [Horace l’a dit, et mieux. — V.] proches qu’il lui ferait ici. — G.

60. ↑ [Obscur. — V.] — L’auteur veut dire qu’alors 76. ↑ Il faut égaliser. — S. — Voyez les Maximes 219e
même que l’occasion de les exécuter nous manque, et et 288e . — G.
que, par conséquent, ils restent à l’etat de chimères, les
grands desseins nous consolent, du moins, de la réali- 77. ↑ [Trivial. — V.]
té. Dans cette Maxime, Vauvenargues trahit une fois
de plus la secrète ambition qu’il a couvée pendant 78. ↑ Il faut, je crois, accoutumé à voir ou à croire qu’elle
toute sa vie. — G. a’appuie, etc. Il faudrait aussi, je crois, au lieu de
qu’elle s’appuie, répéter que la plaisanterie s’appuie,
61. ↑ a, b et c
[Inutile. — V.] autrement la phrase n’est pas claire. — S.
62. ↑ Voir la Maxime 16e . — G. 79. ↑ [Faux. — V.]
63. ↑ [Faible et répété. — V.]
80. ↑ [Déclamation triviale. — V.] — Voltaire, en effet,
64. ↑ [Faible. — V.] — Cela paraît hors de doute. Ce- ne devait guère goûter cette Maxime, pas plus que
pendant on rencontre souvent telle ou telle personne les quatre qui précèdent. — G.
qui aime peu la vie, et qui craint infiniment la mort.
— F. — Voir les Maximes 698e −700e . — G. 81. ↑ Cette Maxime est la conclusion de la précédente.
— G.
65. ↑ Il faut, je crois, l’amour de la gloire. Sans triompher
d’elle, c’est-à-dire, je pense, sans la faire mépriser. 82. ↑ Rapprochez de la Maxime 366e et de la note qui
— S. — Gloire veut dire ici, je crois, forfanterie, s’y rapporte. — G.
et sans triompher d’elle signifie sans parvenir à la
mépriser, ou à ne pas la craindre. — G. 83. ↑ [Bas. — V.]

66. ↑ [Faux. — V.] Rapprochez des Maximes 364e et 84. ↑ En effet, jusqu’à ce que J.-J. Rousseau le rappelle
365e . — G. au spectacle de la nature, le XVIIIe siècle n’est guère
occupé que du spectacle de la société. — G.
67. ↑ a, b et c
[Commun. — V.]
68. ↑ a et b [Répéte.] — En effet, Vauvenargues revient 85. ↑ [Trivial. — V.] — Voir la Maxime 726e . — G.
bien souvent sur la première de ces deux pensées. —
86. ↑ a et b [Commun et répété. — V.] — Il faut, je
G.
crois, aussi sévèrement, et ensuite, que nous ne nous
69. ↑ [Commun.] — V. condamnons. — S.

70. ↑ a et b [Commun. — V.] 87. ↑ [2 et 2 font 4. — V.] — La Maxime 677e est le


commentaire de celle-ci. — G.
71. ↑ a et b [Répété et faible — V.]
72. ↑ [Trivial. — V.] — C’est-à-dire, en d’autres termes, 88. ↑ [Mauvais. — V.]
qu’il n’y a point de mal sans remède, et que le sui-
89. ↑ [Qu’importe ? — V.] — Il importait beaucoup à
cide est un acte de folie. — F. — Il est douteux que
Vauvenargues, dont l’âme douce, mais fière, était
Vauvenargues pense ici au suicide ; son idée est plus
sensible aux affronts. Voir la 2e Lettre à M. Amelot,
générale. — Rapprochez des Maximes 252e , 455e
et les 1er et 60e Caractères (Clazomène et Sénèque).
et 456e . — G.
— G.
73. ↑ a, b, c et d [2 et 2 font 4. — V.]
90. ↑ a, b et c
[Commun et dit. — V.]
74. ↑ Var. : « Si une pièce est faite pour être jouée, il
n’en faut pas juger par la lecture, mais par l’effet des 91. ↑ [La Fontaine l’a mieux dit. — V.] — Sans doute,
représentations. » dans le Renard et le Corbeau. — G.
11

92. ↑ [Mieux dit dans Saint-Réal, et dans Manlius — V.] 104. ↑ [2 et 2 font 4. — V.] — Pascal avait dit : « Peu
— Voltaire fait allusion à le Conjuration de Venise de de chose nous console, parce que peu de chose nous
Saint-Réal, et à la tragédie de La Fosse. — Rappro- afflige. » — Pensées, 1re Partie, art. IX, 25. — G.
e e
chez des Maximes 568 —574 , qui ont également
trait à la diplomatie. — G. 105. ↑ a, b et c [Trivial. — V.] — Rapprochez cette der-
nière pensée et la suivante des Maximes 535e et
93. ↑ [Faux. — V.] — La Maxime 942e est le dévelop- 536e . — G.
pement de celle-ci. — G.
106. ↑ a et b [Commun. — V.] — La Rochefoucauld a
94. ↑ [2 et 2 font 4. — V.] dit à peu près de même (Max. 87e ) : Les hommes ne
vivraient pas longtemps en société, s’ils n’étaient les
95. ↑ [C’est bien la peine d’imprimer cela ! — V.] dupes les uns des autres. — G.
96. ↑ a et b [2 et 2 font 4. — V.] 107. ↑ [Et aussi, pour s’envoyer promener. — V.] — Ce
97. ↑ On sait que les Grecs ont renversé et conquis le n’est pas tout à fait le texte de la note de Voltaire ;
royaume de Perse, et que les Romains ont envahi nous avons adouci l’expression, celle dont il se sert
presque toute la partie du monde connue de leur étant à ce point énergique, qu’il n’était pas possible
temps. Il est vraisemblable que l’auteur veut mettre de la transcrire. — G.
ici en opposition, avec ces conquêtes, l’acquisition
108. ↑ a et b [Commun. — V.]
de la Lorraine faite par Louis XV, roi de France, en
1736. — F. 109. ↑ [Mauvais. — V.]
98. ↑ Dans son Siècle de Louis XIV, ch. II, Voltaire déve- 110. ↑ Culture désigne, comme l’on voit, dans cette pen-
loppe effectivement cette grande et belle idée. Vau- sée et la suivante, l’état d’un esprit cultivé par l’ins-
venargues ne le désignait ici que par la lettre initiale truction. — F. — Voir la Maxime 303e . — G.
de son nom. — F. — Var. : « L’équilibre que les
souverains tâchent de maintenir dans l’Europe, les 111. ↑ Voir la note de la Maxime 317e .
oblige à n’être pas plus injustes que leurs sujets, et ne
fait, en quelque manière, qu’une république de tant 112. ↑ a, b, c et d [Commun. — V.] — Var. : « Nous sied-il
de royaumes. » — Vauvenargues ajoute, en note : de braver la mort, nous qu’on voit inquiets et trem-
« On trouvera cette pensée mieux développée dans blants pour les plus misérables interêts ? »
un ouvrage de M. de Voltaire, où je l’ai prise. » — Il
est à propos de remarquer que Vauvenargues n’a pu 113. ↑ [Vieux sermons. — V.] — Vauvenargues a sacrifié
trouver la pensée dont il s’agit que dans l’Essai sur cette version à Voltaire ; mais il ne lui a pas sacrifié
le siècle de Louis XIV, et non pas dans le Siècle de l’idée, car on la retrouve, sous une forme plus vive
Louis XIV lui-même, ainsi que Fortia semble l’indi- encore, dans la Maxime 322e , qui appartient à la se-
quer ; ce dernier ouvrage n’a paru qu’en 1751, quatre conde édition. — G.
ans après la mort de Vauvenargues, tandis que le pre-
mier est de la fin de 1739. — G. 114. ↑ [Capucin ! — V.] — Voir la lettre datée du mois
de février 1746, où Voltaire se sert du même mot.
99. ↑ [Vous contredites le chap. du Bien et du mal mo- — G.
ral. — V.] — Voltaire a voulu dire vous contredisez,
et il fait allusion au 43e chap. de l’Introduction à la 115. ↑ [Répété. — V.]
Connaissance de l’Esprit humain. Il faut remarquer
que cette idée se retrouve à peu près identique dans 116. ↑ [A examiner. — V.]
la Maxime 311e , où Voltaire, loin d’y rien reprendre,
117. ↑ a et b [Trivial ; répété mille fois. — V.]
l’a notée du mot Bien. — G.
118. ↑ [Faux ; on peut savoir tous les vers, et en faire mal.
100. ↑ [C’est dans la Préface du plat livre de Pecquet. —
e — V.]
V.] — Pecquet est un obscur écrivain du 18 siècle,
qui a laissé, entr’autres ouvrages, un traité sur l’Art 119. ↑ [Contradiction. — V.] — Il n’y a là aucune contra-
de négocier. — G. diction ; la pensée est que, s’il est difficile de rem-
a, b et c plir les grandes places, il est plus difficile encore
101. ↑ [Commun. — V.]
d’en être jugé capable, tant les hommes ont de
102. ↑ [Obscur. — V.] — Cette pensée nous paraît très- peine à croire au mérite qui n’a pu faire encore ses
claire ; on en peut, d’ailleurs, trouver l’explication preuves. Cette Maxime n’est, sans doute, comme
e
dans la Maxime 459 . — G. beaucoup d’autres, qu’un retour de Vauvenargues sur
lui-même, au moment où il sollicitait un emploi dans
103. ↑ a, b et c [Commun. — V.] les affaires, et ou ses amis l’accusaient peut-être de
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présomption. Quant à la dernière phrase, que Vau-


venargues souligne, comme une citation, nous ne sa-
vons à qui l’attribuer ; mais La Rochefoucauld ex-
prime une idée à peu près semblable dans sa 164e
Maxime : Il est plus facile de paraître digne des em-
plois qu’on n’a pas, que de ceux que l’on exerce. —
G.
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1 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image


1.1 Texte
• Réflexions et Maximes (Vauvenargues)/701-945 Source : https://fr.wikisource.org/wiki/R%C3%A9flexions%20et%20Maximes%
20(Vauvenargues)/701-945?oldid=2497984 Contributeurs : Maltaper et Hubert22

1.2 Images

1.3 Licence du contenu


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