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Dissertation

La comédie sociale

Introduction

- « On ne doit écrire que pour l’instruction ; et s’il arrive que l’on plaise, il ne faut pas néanmoins s’en repentir, cela sert à
insinuer et faire recevoir les vérités qui doivent instruire » (LA BRUYÈRE, Préface des Caractères)
- « J’essaye, dans mon livre des Mœurs, de décrier, s’il m’est possible, tous les vices du cœur et de l’esprit, de rendre
l’homme raisonnable et le plus proche de devenir chrétien. » (LA BRUYÈRE, Discours de réception à l’Académie française)

I – L’image du théâtre pour dénoncer le règne des apparences et de l’avoir


Les apparences en tant que fait/Un monde d’apparences

Lexique I : théâtralisation ; rôles ; personnages ; acteurs ; scène ; public ; spectacle ; coutume ; habitudes ; mœurs ;
manières ; phrases toutes faites ; imiter/imitation ; singe/singerie ; affecter/affectation ; contrefaire ; mines/payer de
mines ; feindre ; masque/mascarade ; manège ; exagération ; dehors ; apparences ; paraître/règne du paraître ; règne
de l’avoir ; superflu/superfluités ; artifices/artificiel v.s. naturel, simplicité ; voir et être vu ; pulsion scopique ; avidité
optique ; image ; faste ; faux-semblants ; illusions ; faux/fausseté

- « Les hommes, ne pouvant guère compter les uns sur les autres pour la réalité, semblent être convenus entre eux de se
contenter des apparences. » (De la cour) Ce propos rend-il compte de votre lecture des Caractères de La Bruyère ?

A – Voir et être vu :

- « il est spectateur de profession » (De la ville)


- Un courtisan « sait où il faut se placer pour être vu. » (De la cour)
- « Le faste et le luxe dans un souverain, c’est le berger habillé d’or et de pierreries, la houlette d’or en sa main. […] Que
sert tant d’or à son troupeau ou contre les loups ? » (Du souverain ou de la république)

B – Des acteurs :

- « Un homme qui sait la cour est maître de son geste, de ses yeux et de son visage. » (De la cour)
- « Théodote avec un habit austère a un visage comique, et d’un homme qui entre sur la scène ; sa voix, sa démarche,
son geste, son attitude accompagnent son visage. » (De la cour)
- « ils payent de mines, d’une inflexion de voix, d’un geste ou d’un sourire. » (De la cour)
- « Dans cent ans, le monde subsistera encore en son entier : ce sera le même théâtre et les mêmes décorations, ce ne
seront plus les mêmes acteurs. […T]ous auront disparu de dessus la scène. Il s’avance déjà sur le théâtre d’autres
hommes qui vont jouer dans une même pièce les mêmes rôles. » (De la cour)
- « les Pamphile sont toujours comme sur un théâtre : gens nourris dans le faux, et qui ne haïssent rien tant que d’être
naturels ; vrais personnages de comédie. » (Des grands)

C – Avoir pour mieux paraître :

- La fortune, « elle lui donne du rang, du crédit, de l’autorité » (Périandre, Des biens de fortune)
- « Est-ce la maison d’un particulier ? Est-ce un temple ? Le peuple s’y perd. » (Périandre, Des biens de fortune)
- « Selon le plus ou le moins de l’équipage, ou l’on respecte les personnes, ou on les dédaigne. » (De la ville)
- « Il a hérité, il est donc très riche et d’un très grand mérite. » (Théramène, De la ville)
- « si elle a vu de sa fenêtre un bel attelage [… l’homme qui s’y trouve] elle l’en estime davantage, elle l’en aime mieux. »
(De la ville)
- « Un autre, avec quelques mauvais chiens, aurait envie de dire : Ma meute. » (De la ville)
- « par une dépense excessive et par un faste ridicule, […] ils croient éblouir et se ruinent ainsi à se faire moquer de soi. »
(De la ville)
- « Évitons d’avoir rien de commun avec la multitude ; affectons au contraire toutes les distinctions qui nous en
séparent. » (Des grands)
II – Les coulisses : derrière les apparences se dissimulent les passions, les intérêts, les prétentions, les vices
Les apparences en tant que moyens/Derrière les apparences

Lexique II : plaire ; complaire/complaisance ; flatter/flatterie ; tromper ; rengorgement/se rengorger (se faire valoir) ;
faveur ; considération ; mérite personnel ; appât du gain ; désir de gloire ; profit ; intérêt ; estime ; songer à soi ;
s’élever/élévation ; se distinguer, distinction ; supercheries ; fourberie ; calculs ; stratégies ; finesses ; brigues ;
cabales ; intrigues ; manœuvres ; subtilités ; détours ; dissimulation ; hypocrisie ; regard lucide ; démystification ;
l’envers du décor ; rapports de force.

- « Les meilleures actions s’altèrent et s’affaiblissent par la manière dont on les fait, et laissent même douter des
intentions. » (Des grands)

A – Une mécanique sociale inaltérable :

- « Si vous allez derrière un théâtre et si vous nombrez les poids, les roues, les cordages […] quels efforts ! quelle
violence ! » (Des biens de fortune)
- « Les roues, les ressorts, les mouvements sont cachés ; rien ne paraît d’une montre que son aiguille, qui insensiblement
s’avance et achève son tour : image du courtisan. » (De la cour)
- « À la cour, à la ville, mêmes passions, mêmes faiblesses, mêmes petitesses, mêmes travers d’esprit […] ces hommes
si grands […] ces femmes si polies […], tous méprisent le peuple et ils sont peuple. » (Des grands)

B – La passion des petits intérêts particuliers :

- « Les hommes n’aiment point à vous admirer, ils veulent plaire » (De la société et de la conversation)
- Ergaste a « une faim insatiable d’avoir et de posséder » (Des biens de fortune)
- « Criton, il n’est touché que de ses seuls avantages. » (Des biens de fortune)
- « Les cours seraient désertes, et les rois presque seuls, si l’on était guéri de la vanité et de l’intérêt » (De la cour)
- « L’on se couche à la cour et l’on se lève sur l’intérêt » (De la cour)
- « On croit même être responsable à soi-même de son élévation et de sa fortune. » (De la cour)
- « L’on dit à la cour du bien de quelqu’un […], afin qu’il en dise de nous. » (De la cour)
- « L’on me dit tant de mal de cet homme […], que je commence à soupçonner qu’il n’ait un mérite importun qui éteigne
celui des autres. » (De la cour)
- « Que d’amis, que de parents naissent en une nuit au nouveau ministre ! » (De la cour)

C – L’art de la dissimulation :

- « Les hommes ne veulent pas que l’on découvre les vues qu’ils ont sur leur fortune, ni que l’on pénètre qu’ils pensent à
une telle dignité. » (De la cour)
- « Il y a un pays où les joies sont visibles, mais fausses, et les chagrins cachés, mais réels. » (De la cour)
- Le courtisan, « pensant mal de tout le monde, il n’en dit de personne ; ne voulant du bien qu’à lui seul, il veut persuader
qu’il en veut à tous, afin que tous lui en fassent. » (De la cour)
- Le courtisan, « non content de n’être pas sincère, il ne souffre pas que personne le soit. » (De la cour)
- « Le ministre ou le plénipotentiaire est un caméléon. » (Du souverain ou de la république)
- Le diplomate, « Toutes ses vues, toutes ses maximes, tous les raffinements de sa politique tendent à […] n’être point
trompé et [à] tromper les autres. » (Du souverain ou de la république)
III – Un bûcher des vanités ou L’aliénation de l’homme réduit au vide moral
Les apparences devenues une fin/Une vision pessimiste de l’homme, dégradé par les apparences
Redresser les mœurs/Fonction morale des Caractères

- « Un esprit sain puise à la cour le goût de la solitude et de la retraite. » (De la cour)

Lexique III : ridicule ; vanités ; narcissisme ; orgueil ; arrogance ; prétention ; présomption ; infatuation/infatué ; fatuité ;
hauteur ; dédain/dédaigneux/dédaigner ; mépris ; ensorceler ; vices ; folie ; perdition ; aliénation ; amoralité/immoralité ;
perversion/pervers v.s. honnête homme

A – Confondre les moyens avec les fins et s’illusionner sur soi-même :

- Lorsque j’apprends que quelqu’un est riche, « si je commence à le regarder avec d’autres yeux, et si je ne suis pas
maître de faire autrement, quelle sottise ! » (Des biens de fortune)
- « À force de […] sentir son argent grossir dans ses coffres, on se croit enfin une bonne tête. » (Des biens de fortune)
- « Il y a même des stupides, et j’ose dire des imbéciles, qui se placent en de beaux postes, et qui savent mourir dans
l’opulence. » (Des biens de fortune)
- « Il se croit des talents et de l’esprit. Il est riche. » (Giton, Des biens de fortune)
- « L’on impose à ses semblables et l’on se trompe soi-même. » (De la cour)
- « Nous sommes si accoutumés à nous déguiser aux autres qu’enfin nous nous déguisons à nous-mêmes. » (LA
ROCHEFOUCAULD, Maximes)
- Ceux qui réussissent, « Comme si la stupidité et la fortune étaient deux choses incompatibles, […] ils se croient de
l’esprit. » (De la cour)

B – Folie et perdition :

- « L’on ne se rend point sur le désir de posséder et de s’agrandir » (Des biens de fortune)
- Pour quelques-uns, « le quartier où ils habitent : c’est le seul théâtre de leur vanité. » (De la ville)
- Nos ancêtres, « ils ne savaient point encore se priver du nécessaire pour avoir le superflu, ni préférer le faste aux
choses utiles » (De la ville)
- « ce qui est dans les grands splendeur, somptuosités, magnificence est dissipation, folie, ineptie dans le particulier. »
(De la ville)
- Celui qui vient d’être nommé à un nouveau poste, « combien il est content et pénétré de soi-même. » (De la cour)

C – Sous les apparences, le vide :

- « Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi » (De la société et de la conversation)
- « Apprenez du moindre avocat qu’il faut paraître accablé d’affaire, froncer le sourcil et rêver à rien très profondément. »
(De la ville)
- « Il ne faut rien de moins dans les cours qu’une vraie et naïve impudence pour réussir. » (De la cour)
- « Ils n’ont point d’opinion qui soit à eux, qui leur soit propre ; ils en empruntent à mesure qu’ils en ont besoin. »
(Pamphile, Des grands)
- « C’est une politique sûre et ancienne [… de] laisser le peuple s’endormir dans les fêtes, dans les spectacles, dans le
luxe, dans le faste, dans les plaisirs, dans la vanité et la mollesse ; le laisser se remplir du vide et savourer la bagatelle. »
(Du souverain ou de la république)

D – Des âmes de boue :

- « La politesse […] fait paraître l’homme au dehors comme il devrait être intérieurement. » (De la société et de la
conversation)
- « un désir secret et enveloppé de la mort d’autrui » (Des biens de fortune)
- « Il y a des âmes sales, pétries de boue et d’ordure […] capables d’une seule volupté, qui est celle d’acquérir et de ne
point perdre. » (Des biens de fortune)
- Le courtisan, « tyran de la société et martyr de son ambition. » (De la cour)
- « Il pleure d’un œil et il rit de l’autre. » (De la cour)
- « L’esclave n’a qu’un maître ; l’ambitieux en a autant qu’il y a de gens utiles à sa fortune. » (De la cour)
- « L’on voit des gens enivrés, ensorcelés de la faveur [… qui] dégouttent l’orgueil, l’arrogance, la présomption. » (De la
cour)
- « Ici se cache une sève maligne et corrompue sous l’écorce de la politesse. » (Des grands)
- « Il demande ensuite qui est celui qu’il a embrassé. » (Theognis, Des grands)

Conclusion

- « Le monde entier est un théâtre et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons
plusieurs rôles » (William SHAKESPEARE)
- Le Grand Siècle voit le « développement d’une nouvelle « élite » sociale, qui ne peut se définir que par ses mœurs, ses
habitudes de comportements et de langage » (Bérengère PARMENTIER)

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