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Arts du spectacle
et risques
professionnels
Ce dossier fait le point sur le secteur des arts
© G. KERBAOL POUR L’INRS.
Y. GANEM1,
auxquels les artistes ou les techniciens peuvent être ex- C. LARCHER2,
En résumé posés : caractère éphémère des projets ou des produc- A. CHAPOUTIER3,
L. LABORDE2,
Bien que les risques professionnels dans le domaine des tions, nature des structures, pluralité des intervenants J.P. ZANA4,
arts du spectacle vivant ou enregistré ne soient pas fonda- et des responsabilités, variété des métiers (techniques C. GRUSENMEYER5,
C. CHARDON6
mentalement différents des autres secteurs, il existe des et artistiques) et de leurs lieux d’exercice, facteurs de
1 Département Études
spécificités liées notamment à l’organisation de ce secteur risques liés à l’organisation même du secteur (co-acti- et assistance médicales
et à la gestion de la co-activité. Les professions artistiques, vité, rythmes de travail, polyvalence et statuts des sa- INRS
2 Département Produits
techniques et administratives regroupent plus de 850 mé- lariés, mobilité géographique). Dans ce contexte, la
d’information,
tiers. Les accidents de plain-pied, ceux liés aux manuten- prévention des risques professionnels doit être inté- INRS
tions et aux chutes de hauteur sont les plus fréquents. Les grée le plus en amont possible, dès le stade de la 3
Département
Études, Veille et assis-
maladies professionnelles les plus souvent reconnues sont conception d’une production, en réunissant l’ensem- tance documentaires,
les troubles musculosquelettiques. Le Conseil national des ble des intervenants impliqués dans le projet. Tout ce INRS
4 Département
professions du spectacle a créé la Commission nationale de qui favorise une réflexion collective, même brève, per- Expertise et conseil
la sécurité dans le spectacle vivant chargée de développer met de mieux prendre en compte les exigences de la technique, INRS
5 Département
et promouvoir la prévention des risques professionnels le création et celles de la prévention des risques profes- Homme au travail,
plus en amont possible lors de l’organisation et la gestion sionnels. INRS
6 Centre médical de la
des productions. Les artistes mettent en œuvre des straté-
Bourse (CMB)
gies d’adaptation, le plus souvent individuelles, pour proté-
Les auteurs tiennent
ger leur santé. Les spécificités de ce secteur nécessitent un à remercier pour leur
suivi médical renforcé des intermittents du spectacle dont
l’organisation a été confiée au Centre médical de la Bourse.
Les différentes professions participation à ce
dossier : H. Clermont
(Service Prévention
des risques profes-
sionnels, CRAM Ile-
Les arts du spectacle couvrent l’ensemble des pro- de-France) et
J. Puisais (consultant
fessions artistiques, techniques et administratives qui dans le domaine des
e domaine des arts du specta-
L
concourent à la production, à l’exploitation et à la dif- arts du spectacle).
cle, qu’il soit vivant ou enregis- fusion d’une œuvre. En présence d’un public, on parle
tré, ne présente pas de de spectacle vivant (théâtre, danse, concert de musique
différences fondamentales en instrumentale et vocale, cirque, arts de la rue). Le
terme de risques profession- terme de spectacle enregistré est utilisé quand il s’agit
nels avec les autres secteurs d’activités. de réaliser un produit télévisuel ou cinématographique, Documents
pour le Médecin
Cependant, quelques spécificités doivent être prises ou bien un enregistrement sonore et de le diffuser par du Travail
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en compte afin de mieux prévenir les risques variés l’intermédiaire d’un support. 4e trimestre 2009
421
DIFFÉRENTS INTERVENANTS SPÉCIFICITÉS
Les artistes
ENCADRÉ 1
Leurs débuts dans le métier (acteurs, comédiens,
Près de 850 métiers recensés
danseurs, chanteurs, artistes du cirque…) sont souvent
dans les arts du spectacle
précoces. L’évolution de leur carrière peut être marquée
par une usure physique liée au travail, les obligeant par-
Des artistes interprètes ou exécutants fois à envisager une reconversion professionnelle.
Danse : artiste chorégraphique, danseur…
Musique : chanteur lyrique ou de variétés, musicien…
Théâtre : comédien, conteur, marionnettiste, mime… Les techniciens
Cirque : acrobate, clown, funambule, trapéziste, volti-
geur…
Ils sont présents dans tous les types de spectacle. Les
Cinéma et production audiovisuelle : acteur, casca-
deur… prestations techniques, son et lumière notamment, sont
souvent sous-traitées, surtout dans le spectacle vivant.
Des techniciens
Mise en scène, réalisation, régie : metteur en scène,
réalisateur, régisseur, scripte… L’œuvre
Son : backliner, perchiste, technicien son, ingénieur du
son, opérateur du son, preneur de son, sonorisateur… L’objectif principal de l’entreprise de spectacle est la
Image : cadreur, cameraman, directeur photo, dessina-
teur, machiniste, rippeur, opérateur régie… mise sur pied d’une œuvre en réunissant des res-
Éclairage : groupman, électricien, technicien lumière… sources, tant humaines et techniques que financières et
Décors, accessoires, plateau, machinerie et struc- logistiques. Sa réalisation connaît plusieurs phases : la
ture scénique : constructeur de décors, décorateur, préparation, les répétitions, la construction des décors,
machiniste, rigger, technicien structure… les réglages, l’exploitation (montage et démontage, re-
Costumes, habillage : costumier, habilleur…
Coiffure et maquillage : coiffeur, maquilleur…
présentations, production, tournées…), dont les condi-
Montage : monteur son, monteur image, truquiste… tions de travail sont significativement différentes.
Production : chargé de production, chauffeur, techni-
cien de maintenance…
Le lieu de travail
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pour le Médecin D’après le travail réalisé par le Centre médical de la Bourse
du Travail (CMB) sur les accords et conventions existants Le lieu de préparation des spectacles n’est pas tou-
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4e trimestre 2009 jours le lieu de représentation, ce dernier pouvant
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Taux de fréquence et de gravité des accidents du travail pour le secteur des arts du spectacle. TABLEAU I
(Source CNAMTS, 2006)
changer d’un jour à l’autre (structure d’accueil, dimen- calculer des taux de fréquence et de gravité (cf. tableau I).
sions…). Des métiers techniques et artistiques variés
interagissent dans ces lieux de travail, souvent tempo- En 2006, les typologies des accidents de travail
raires et restreints, voire non prévus pour cette activité. répertoriés sont principalement :
Le domaine des arts du spectacle peut être qualifié - accidents de plain-pied (près de 23 %) ;
d’atypique : il comporte en effet très peu d’entreprises - accidents liés aux manutentions manuelles (envi-
de moyenne ou de dimension importante. La propor- ron 20 %) ;
tion de salariés intermittents par rapport aux salariés - chutes de hauteur (près de 13 %) ;
permanents est élevée. Les durées de vie des produc- - accidents liés à des véhicules (environ 5 %), des
tions, voire des entreprises elles-mêmes, sont courtes. masses en mouvement (environ 3 %), l’utilisation d’ou-
tils (2 %) ou de machines (1 %).
Il faut noter que près de 31 % des accidents relèvent
d’autres causes (rixes, attentats, incendies ou non clas-
DONNÉES STATISTIQUES
sées [3]).
Vingt-huit cas de maladies professionnelles ont été
Le secteur des arts du spectacle se caractérise par un reconnus en 2006 : 27 affections périarticulaires et une
nombre important d’établissements et un volume surdité.
d’emploi équivalent à celui du secteur automobile [1,
2]. La diversité des sources statistiques fournit les esti-
mations suivantes :
- 25 000 à 45 000 structures relèvent du domaine
d’activité du spectacle vivant et enregistré (variables se-
Les facteurs organisationnels
lon les sources), dont les trois-quarts comptent moins et les différents risques
de 5 salariés ;
- environ 100 000 employeurs n’ayant pas pour acti-
vité principale le spectacle vivant ont employé au moins Le monde du spectacle présente des particularités
une fois un artiste ou un technicien en 2004 (selon les liées à ses modes d’organisation et de gestion de l’ac-
données du Guso - Guichet unique du spectacle occa- tivité qui peuvent avoir un impact notable sur la santé
sionnel). Parmi eux, plus de la moitié sont des associa- et la sécurité des salariés du secteur. Il est caractérisé
tions et plus d’un quart des particuliers ; par une typologie des risques comparable à celles des
- la durée moyenne d’un contrat d’un artiste ou d’un autres secteurs d’activité [4 à 6].
technicien du spectacle est inférieure à une semaine
(d’après la Caisse des congés spectacles).
Les données statistiques d’accidents du travail ou de
LES FACTEURS ORGANISATIONNELS
maladies professionnelles de la Caisse nationale de l’as-
surance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS)
concernent l’ensemble des salariés affiliés au Régime gé- Qu’ils soient techniciens, artistes, producteurs ou
néral de la Sécurité sociale. Les activités rentrant dans la metteurs en scène, on attend souvent des différents in-
catégorie « spectacle vivant et enregistré » sont les sui- tervenants un travail innovant axé sur la création, sur
vantes : l’initiative, et nécessitant un fort investissement per-
- activités de création, édition, fabrication, diffusion sonnel (acquisition de compétence, autoformation…),
de supports audiovisuels ; tout cela dans un environnement très contraint tempo-
- artistes pour toutes leurs activités ; rellement, mais aussi géographiquement. L’organisa-
- services annexes des spectacles. tion repose le plus souvent sur l’autonomie et Documents
pour le Médecin
Le nombre d’accidents du travail rapporté au nombre l’initiative des intervenants. Chaque individu va identi- du Travail
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de salariés ou au nombre d’heures travaillées permet de fier les risques auxquels il est exposé. 4e trimestre 2009
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De multiples acteurs et diverses logiques tique. Certaines spécialités artistiques ne peuvent dis-
d’action socier leur activité d’une prise de risque calculée (cas-
cadeurs, acrobates).
De nombreux acteurs sont concernés par la réali-
sation d’une œuvre : producteurs, diffuseurs et/ou en-
trepreneurs de tournées, exploitants de salles,
directeurs techniques, prestataires de services. Cette
LES RISQUES IDENTIFIÉS
multiplicité peut poser problème : co-activité, ordon-
nancement des tâches, coordination et concordance
des activités, autorités différentes selon les interve- À côté des risques liés à l’organisation du travail spéc-
nants. cifiques de ce secteur, des risques professionnels plus
« classiques » sont également identifiés et présentés ci-des-
sous, ce qui peut constituer une aide au repérage des
Des changements permanents et des risques [7].
situations inédites
Plus encore que dans tout autre secteur d’activité, Le risque physique
ce qui caractérise le monde du spectacle, c’est le ca-
ractère inédit des situations de travail, avec des Manutention manuelle et postures contraignantes :
changements permanents de lieux intérieurs ou ex- manutention de décors, d’éléments scéniques ou des
térieurs, de salles de répétitions et de représenta- équipements son et lumière, mauvaise réception d’un
tions (changements quelquefois quotidiens), des partenaire (danse et cirque principalement), contraintes
horaires de travail (entre les phases de préparation, posturales pour les artistes (danseurs, musiciens…) dans
de répétition, de déplacement), des collectifs de tra- l’exercice de leur art, ou évolution dans des espaces exi-
vail, et de l’activité elle-même (jouer, chanter ou gus, montages et démontages extérieurs…
danser). Ces caractéristiques rendent à la fois la pré- Expositions des artistes et techniciens aux intem-
paration en amont, l’ordonnancement des tâches et péries (foudre, forte chaleur, froid, humidité) : specta-
la coordination des activités plus difficiles, mais cles de rues ou sur des scènes en plein air, tournage ou
aussi essentielles. réalisation des infrastructures en extérieur, charge-
ment/déchargement des véhicules…
Expositions à des niveaux sonores importants
nants sont liés à la co-activité, une architecture ina- Exposition à des sources lumineuses puissantes
daptée des lieux de répétition, de représentation ou Risque d’incendie ou d’explosion (pyrotechnie, ef-
de tournage, la nécessité de maîtriser des techniques fets spéciaux, feu sur scène…)
ou des technologies variées pour une même activité,
pouvant aller du mécanique au tout informatique, des
cumuls de tâches notamment dans les petites struc- Le risque chimique
tures (transport, installation et prestation artistique),
des horaires atypiques et variables, des contraintes Exposition à des produits chimiques (poussières,
temporelles importantes, ne facilitant pas la mise en aérosols, vapeurs, fibres…) lors de la fabrication des
place des mesures de prévention, surtout si l’œuvre décors ou des costumes, de la réalisation des effets
est éphémère. De plus, les collectifs de travail sont spéciaux…
souvent fluctuants, voire même à chaque fois diffé- Affections ou réactions liées aux produits de ma-
Dans certains cas, « c’est la création qui prime ». (dispersion des lieux de spectacle, contraintes tempo-
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pour le Médecin
Certaines obligations de sécurité ou la mise en place relles des tournées…)
du Travail de mesures de prévention peuvent être ressenties Fréquence et durée des déplacements sur les routes
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4e trimestre 2009 comme une entrave à la création ou à la liberté artis- Tournage sur routes ou autoroutes
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Les risques psychosociaux
Surinvestissement émotionnel
du cirque
Affections liées à des rassemblements
Les accidents
Gestion de la co-activité
APPROCHE GÉNÉRALE
Se maintenir en forme
Tous les artistes rencontrés insistent sur l’importance
de se maintenir en forme et de développer une bonne
hygiène de vie. La plupart des artistes ayant subi une
blessure significative mettent en place des stratégies
afin d’éviter de nouvelles blessures : exercices régu-
liers… © T. BONAVENTURA / CONTRASTO RÉA
ENCADRÉ 2
Organisation d’un spectacle vivant:bonnes pratiques de prévention [4]
Conception sécurité, afin de mieux en tenir compte
►Faciliter le dialogue entre les intervenants (interprètes,
►S’assurer que les différents intervenants ont une forma- metteurs en scène, chorégraphes, directeurs tech-
tion en santé et sécurité adéquate niques…) et désigner si besoin un médiateur
►Intégrer des éléments de prévention dès la conception ►Planifier des répétitions le plus tôt possible dans le
de la production, en impliquant le plus tôt possible la décor et avec les accessoires et costumes, pour adapter
direction technique dans le processus au besoin les mesures de prévention
►Prendre en compte les impératifs de la logistique liée à ►Formaliser le descriptif technique et les conditions
la vie de la production (contraintes liées aux lieux de d’exécution matérielle de la production, en précisant les
tournage, dimensionnement aux plateaux d’accueil, mon- mesures de prévention correspondantes
tage/démontage, manutention et transport)
►Associer le médecin du travail à l’identification des
postes présentant des particularités (aptitude physique, Représentation
temps de travail…)
►Planifier les horaires et les tâches pour la durée de la
Réalisation production et prendre en compte les périodes de récu-
pération entre deux phases exigeantes (aussi bien pour
►Coordonner dans le temps et dans l’espace les interac- les artistes que pour les techniciens)
tions des artistes, techniciens ou autres intervenants afin ►Prévoir si besoin des espaces et des horaires affectés
d’éviter les risques dus à la co-activité aux entraînements ou échauffements
►Favoriser la présence des concepteurs, du responsable ►Mettre en place des conditions permettant aux artistes
technique de tournée et des autres acteurs impliqués, de préserver leur santé et leurs aptitudes à exercer
lors du premier montage/démontage ►Vérifier lors des tournées que les conditions techniques
►Faciliter les retours d’information des interprètes et
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pour le Médecin d’exécution prévues sont respectées, en ajustant si
du Travail des techniciens concernant des aspects de leur santé et besoin les mesures de prévention
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culture de métier des différents collectifs de travail. ENCADRÉ 3
Toutes les mesures prises ou les actions conduites doi-
Définition et catégories
vent être conçues pour faciliter la pratique des artistes
d’entrepreneur de spectacle vivant
et des techniciens du spectacle, et pour faire face aux
exigences des différents métiers. Le « capital » santé de
Est considérée comme entrepreneur de spectacle vivant
chacun est donc à prendre en compte, avec notam- « toute personne qui exerce une activité d’exploitation des
ment une surveillance médicale adaptée. lieux de spectacle, de production ou de diffusion de specta-
cles, seul ou dans le cadre de contrats conclus avec d’autres
entrepreneurs de spectacles vivants, quel que soit le mode
de gestion, public ou privé, à but lucratif ou non, de ces acti-
vités ».
Les aspects juridiques Ils sont classés en trois catégories :
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pour le Médecin
du Travail
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Points à retenir
Le domaine des arts du spectacle, qu’il soit vivant ou enregistré, ne présente pas
de différences fondamentales avec d’autres professions en terme de risques.
Artistes et techniciens sont le plus souvent des salariés intermittents (bénéficiant
de l’assurance chômage de l’intermittence du spectacle). Ils sont occupés de façon
discontinue, sur des emplois de courte durée, en général par de multiples
employeurs.
L’organisation du travail dans les arts du spectacle ainsi que des modes de gestion
particuliers peuvent avoir un impact notable sur la santé et la sécurité des salariés
du secteur.
L’exercice de certains métiers artistiques (danseur, cascadeur, musicien, acro-
bate…) exige une hygiène de vie particulière et une gestion de sa santé, afin de pré-
server ses capacités physiques le plus longtemps possible et assurer ou ne pas com-
promettre le maintien dans la profession.
Les organisations d’employeurs des arts du spectacle ont confié au Centre médical de
la Bourse (CMB, créé en 1958) le soin d’organiser la médecine du travail des inter-
mittents sur le plan national.
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Documents
pour le Médecin
du Travail
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ANNEXE
C’est la problématique que le CMB doit continuer à résou- Ces salariés sont âgés en moyenne de 36 ans.
dre, notamment dans le cadre de la réforme de la santé au 57 % d’entre eux travaillent en Ile-de-France où sont réalisées
En 2005, l’ANPE dénombrait 135 397 demandeurs d’emploi se répartissant en 78 992 artistes et 56 461 techniciens.
* Les chiffres indiqués dans la présente note émanent de la Commission permanente sur l’emploi du Conseil national des professions du spectacle. Les mon-
tants en euros émanant de la Caisse des congés spectacles sont donnés en euros constants 2004.
longue durée, impliquant des découchés que ce soit en Par ailleurs, un accord national interbranches a été signé en
France ou à l’étranger. juillet 2009 par les partenaires sociaux représentatifs du
Compte tenu de ces spécificités, il est difficile, pour les méde- spectacle, vivant et enregistré (cf. encadré d).
cins du travail, d’assurer un suivi des salariés sur leurs lieux
de travail et de rencontrer leurs employeurs (cf. encadré c).
L’accord collectif national interbranches relatif
à la santé au travail des salariés intermittents
Un suivi médical sur mesure du spectacle
Les salariés intermittents changent d’employeurs au cours Cet accord a été signé en juillet 2009 par les partenaires
de la même année. Ces employeurs ne peuvent pas pren- sociaux du spectacle.
dre rendez-vous pour la visite médicale périodique,
comme le stipule le Code du travail. Il entérine, précise ou améliore l’existant en matière de :
La consultation a le plus souvent lieu hors du temps de tra- - modalités d’adhésion des employeurs de salariés inter-
vail, contrairement aux salariés des autres secteurs d’acti- mittents du spectacle ;
vité. Ainsi, le médecin du travail voit en visite des salariés : - périodicité du suivi médical des salariés intermittents du
- qui sont la plupart du temps en période de chômage ou spectacle en confirmant la périodicité annuelle de la visite
sans travail, certains d’entre eux n’ayant pas ou plus de médicale, tout en précisant, aussitôt, que cette forme de
droits pour bénéficier de l’assurance chômage ; surveillance annuelle pourra cependant évoluer et intégrer
- exerçant successivement ou concomitamment plusieurs au mieux les différents personnels médicaux ;
métiers … alors que le Code du travail pose l’obligation - convocation annuelle des salariés intermittents du spec-
pour le médecin du travail de s’assurer de l’aptitude à un tacle qui doivent prendre directement rendez-vous avec
poste de travail précis. leur service de santé au travail ;
Organisé dès 1958 pour répondre aux spécificités du suivi - aptitude délivrée par rapport à des métiers dans la limite de
de la santé au travail des intermittents du spectacle, le trois.
CMB doit s’adapter désormais aux objectifs portés par la
réforme de 2004. Il crée une nouvelle instance et un outil d’observa-
C’est dans ce but que le CMB s’est rapproché des tion L’article 5 de l’accord précise « … la spécificité des
branches du spectacle afin d’organiser avec elles le suivi de emplois des intermittents du spectacle et la volonté des par-
la santé au travail des intermittents du spectacle sur le plan tenaires sociaux de mettre en place une politique de préven-
national en entérinant un certain nombre de pratiques en tion primaire de branche, qui, au-delà de la réparation du
vigueur depuis de nombreuses années et en créant les dommage, vise le maintien dans l’emploi, la prévention du
conditions d’un meilleur suivi dans le futur. Ceci a conduit handicap, physique, psychique ou social, et participe à la
en février 2009 à la signature d’une ADEC (Action pour le sécurisation des parcours professionnels, implique une pré-
développement de l’emploi et des compétences) ayant Documents
sence forte de ces partenaires sociaux au sein du CMB. pour le Médecin
pour objectif la sécurisation du parcours professionnel des La création d’un Conseil de gestion des intermittents du spec- du Travail
N° 120
intermittents du spectacle. tacle… serait à même de répondre à cet objectif ». 4e trimestre 2009
435
encadré d
Les nouveaux statuts du CMB ont donc créé un Conseil de
L’Action pour le développement gestion des intermittents du spectacle, instance paritaire
de l’emploi et des compétences (nombre identique de représentants employeurs et de
(ADEC) du spectacle vivant représentants salariés) dont les membres seront désignés
dans chacun des collèges par les organisations d’em-
En février 2009, le CMB a signé un projet d’engagement avec ployeurs et de salariés représentatives du secteur du spec-
les partenaires sociaux de la branche du spectacle vivant, mais tacle.
également avec les organismes sociaux de cette branche, les L’accord prévoit également la création de l’Observatoire
ministères de la Culture, du Travail et la Direction générale du de la santé au travail des artistes et des techniciens du
travail (DGT),. spectacle – LOBSTATS, qui aura pour mission d’assurer le
L’ADEC du spectacle vivant comprend quatre axes d’actions :
suivi médical professionnel des salariés intermittents du
- Axe 1 : Améliorer la connaissance du marché du travail et ren-
spectacle et de fournir aux employeurs, aux élus et salariés
forcer le lien emploi/formation ;
- Axe 2 : Optimiser les pratiques d’emploi ; mandatés, une aide à l’évaluation des risques. Le suivi col-
- Axe 3 : Adapter et développer les compétences des salariés et lectif de la population devrait produire des statistiques sur
concourir à la construction des parcours professionnels ; les dommages et les astreintes subis et alimenter le pro-
- Axe 4 : Développer une politique de prévention pour préserver cessus d’évaluation des risques.
la santé et la sécurité des salariés. Enfin, l’accord prévoit la mise en place, par le CMB, d’an-
Ce dernier axe se décline en deux actions : tennes autonomes et entérine un modèle d’accord pou-
- la première action concerne les salariés : prévenir les patholo- vant intervenir entre le CMB et un service interentreprises
gies professionnelles lors de l’exercice du métier ; de santé au travail (SIST) de région lorsque la mise en place
- la deuxième action visant à aider les employeurs à évaluer et
d’antennes autonomes ne sera pas possible.
maîtriser les risques professionnels.
Les médecins du travail et les IPRP du CMB sont en train d’éla-
Dans un souci de coordination et d’opérationnalité, cet
borer des fiches médico-professionnelles en liaison avec le accord cadre national s’articule également avec les accords
CISME sur la base des priorités définies par la branche du spec- et les dispositifs régionaux en particulier avec ceux qui
tacle. Par ailleurs, deux groupes de travail initiés par le CMB éla- fixent les politiques et les engagements territoriaux.
borent un guide destiné aux danseurs (sortie prévue en novem-
bre 2009) et un autre destiné aux artistes de cirque. D’autres
guides devraient voir le jour en 2010 (artistes du chant, techni- En conclusion, la médecine du travail a un rôle impor-
ciens du décor notamment). tant à jouer en matière de préservation de la santé au tra-
Ces populations sont confrontées à des problématiques
vail et de sécurisation des parcours professionnels des
d’usure physique ou à l’exercice d’une profession soumise à des
risques CMR mais également à la quasi absence de prévention intermittents du spectacle, mais également en matière de
primaire compte tenu des spécificités de l’emploi intermittent. structuration professionnelle de la branche du spectacle.
Ces guides se veulent pragmatiques et didactiques. En laissant C’est dans cette voie que le CMB s’est engagé avec l’appui
le soin aux salariés de mentionner, par écrit, un certain nombre des partenaires sociaux et des pouvoirs publics.
d’informations sur sa santé et son parcours professionnel ou de Il s’agit d’une démarche qui donnera des résultats sur le
formation, les guides sont une aide à la réflexion et à la prise de long terme. Elle demande un grand effort de restructura-
recul du salarié tant sur sa santé que sur sa vie professionnelle. tion organisationnelle du CMB, la mise en place d’un plan
Cet outil a également pour objectif d’assurer une traçabilité
de formation ambitieux s’étalant sur au moins trois ans et
des problèmes rencontrés au cours de la carrière du salarié qui
l’adhésion de tous et, en premier lieu, de ses médecins du
peut aider un médecin à mieux comprendre son patient.
travail.
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