mémoire

d’avenir
LE JOURNAL DES ARCHIVES NATIONALES
n° 28
OCTOBRE
2017
- DÉCEMBRE

dossier
EXPOSITION
DESSINER POUR BÂTIR
Le métier d’architecte au xviie siècle
du 13 décembre 2017 au 12 mars 2018
édito
La rentrée 2017 se fera sous de riches couleurs culturelles et artistiques.
Honneur à l’architecture avec notre grande exposition sur le site de Paris,
Dessiner pour bâtir. Le métier d’architecte au xviie siècle, qui bénéficiera
d’exceptionnels prêts du musée de Stockholm. Honneur également à la
photographie et à la création, avec l’accueil d’une exposition de Mathias
Depardon, les installations de Karla Black à l’hôtel de Soubise dans le
cadre du Festival d’automne, ou encore les peintures de José Fernando
Muñoz accrochées dans la cour d’honneur pour célébrer l’année France-
Colombie.
Sur le site de Pierrefitte-sur-Seine, nous présentons les dessins des
survivants d’Hiroshima et de Nagasaki dans l’exposition Hibakusha
conçue avec le Centre Joë Bousquet de Carcassonne. À cette occasion,
il sera proposé à des classes du primaire ou du secondaire de participer
en amont à la scénographie de l’exposition en réalisant des orizuru, ces
origami en forme de grue, oiseau symbole de longévité au Japon, rendus
célèbres par l’histoire de Sadako Sasaki et qui participent chaque année
aux commémorations à la mémoire des enfants victimes du bombarde-
ment atomique.
Dans le champ de l’éducation artistique et culturelle, nous allons pour-
suivre nos activités musicales autour de l’opéra-ballet du compositeur
André Campra, Destin du nouveau Siècle (1700), dont la partition,
retrouvée en 2015 dans les fonds de la médiathèque de Saint-Denis,
a été jouée en mai 2016 à l’auditorium de Pierrefitte-sur-Seine,
en accueillant l’ensemble baroque La Tempesta, en résidence fin
novembre 2017. Tandis que la rentrée scolaire se fera en musique, autour
de l’œuvre du jeune Maurice Ravel et à partir des archives du Conserva-
toire de musique et de danse de Paris.
Ce numéro témoigne aussi de la volonté des Archives nationales de s’ins-
crire résolument dans le plan gouvernemental d’ouverture des données.
Outre l’adoption d’un nouveau régime de réutilisation des informations
publiques fondé sur la gratuité des droits, nous développons les projets
participatifs : ouverture de notre blog, projets collaboratifs sur les natu-
ralisations ou les testaments de Poilus conservés dans les minutes
notariales parisiennes qui font, par ailleurs, l’objet de plusieurs articles
dans ce numéro.
Enfin, l’aventure de l’archivage numérique continue : cette fois, un chantier mixte,
papier et numérique, vous est présenté sur les archives présidentielles de J. Chirac.
Bonne rentrée à tous !
Françoise Banat-Berger,
directrice des Archives nationales
2
actus
anonyme, [1867]. CP/F/12/11876/D, pièce 31.
Vue générale de l’exposition, aquarelle,
Exposition
universelle
de 1867 :
nouvelle
© Arch. nat.
publication
du
répertoire méthodique des
documents iconographiques
L’exposition universelle de 1867 a fait l’objet
d’innombrables représentations, de son édifica-
tion à sa démolition. Les Archives nationales en
gardent trace : plans, dessins au crayon, à l’encre
ou à l’aquarelle, photographies, permettent de
voir le Palais elliptique, son parc ou les objets
exposés. Les «  Albums du Parc  » réalisés pour
l’Empereur présentent les pavillons exotiques,
les jardins, les serres ou encore l’aquarium. Les
vues stéréoscopiques offrent des vues de l’inté-
rieur et de l’extérieur du Palais. Un album de
portraits d’exposants nous transmet les visages
de ceux qui ont fait le succès international de
cette exposition.
L’ensemble de ces documents est disponible
en ligne.
Voir : www.siv.archives-nationales.culture.
gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_052901
Exposition universelle de
1937 : mise en ligne d’un
millier de photographies
Conservées sous les cotes F/12/12114 à F/12/12118,
les 977 photographies réalisées à la demande du
commissariat général donnent à voir le chantier
et les réalisations de cette «  exposition inter-
nationale des arts et des techniques appliqués
à la vie moderne ». Elles ont été numérisées et
sont désormais disponibles en ligne sur le site
des Archives nationales. Elles représentent les
pavillons, les bâtiments éphémères connus ou
moins connus, ceux qui ont subsisté, parfois
transformés, tels le Palais du Trocadéro et le
musée d’Art moderne. Sont présentes aussi des
vues des passerelles et des ponts, des jardins et
des parcs. Les illuminations et les feux d’artifice,
symboles de la fête, ont également fait l’objet de
plusieurs prises de vues.
Voir : www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/
siv/IR/FRAN_IR_056106
photographique, Henri Baranger
Feu d’artifice tiré depuis la tour
[1937]. F/12/12118. © Arch. nat.
Eiffel et illuminations, tirage
 MÉMOIRE D’AVENIR Archives nationales - n° 28 - octobre - décembre 2017

Mise en ligne des rapports Les archives de

d’inspection des camps d’internement la Fondation pour
sous Vichy (F/7/15093 à F/7/15111) la mémoire de
la déportation
[FMD], acte I
La FMD, créée en 1990, est
la plus ancienne des fonda-
tions de mémoire issues de
la Seconde Guerre mondiale.
Elle a été la première à confier
Plaquette de présentation du FMD et dépliant sur
aux Archives nationales ses le système concentrationnaire nazi. © Arch. nat.
dossiers de fonctionnement
jusqu’en 2006. En février 2017, la sous-série 119AJ a ainsi
accueilli 20 mètres linéaires de documents. Ce fonds, appelé à
Rapport d’inspection du camp de Gurs. © Arch. nat.
s’enrichir, éclaire les principales réalisations de la FMD : Guide
Cent trente et un  rapports d’inspection ou de visites des des sources documentaires sur la déportation, corpus de témoi-
camps d’internement (cinquante-deux en métropole et neuf gnages audiovisuels (déjà déposés aux Archives nationales),
en Afrique du Nord) ont été numérisés. CD-Rom Mémoires de la déportation, recensement des lieux
Rédigés entre août 1940 et novembre 1944 par les inspecteurs d’internement, Livre-Mémorial des déportés partis de France.
généraux (notamment André Jean-Faure), mais aussi par des Il constitue un matériau prometteur pour une remise en pers-
directeurs de camp, des médecins de l’Inspection générale de pective des enjeux mémoriels liés aux années 1939-1945.
la santé et de l’assistance, des architectes départementaux ou
des délégués du Comité international de la Croix-Rouge, ils
décrivent, sous un angle administratif, l’état des camps d’inter- Infinités plurielles
nement français avec parfois photographies et plans à l’appui.
À partir du recensement de ces rapports, un travail de géolo- Site de Pierrefitte-sur-Seine
calisation des camps inspectés a été réalisé, avec un lien vers À partir du 9 octobre au 18 décembre
les images numérisées en SIV :
http://andji.carto.com/viz/e048fb3e-3ed5-11e6-a60e- Marie-Hélène Le Ny a invité 145 scienti-
0e3ff518bd15/public_map fiques à collaborer à la réalisation de leur
portrait photographique. Ses images et
leurs mots s’enrichissent mutuellement
Au Minutier pour donner à voir non pas un modèle
central des mais un sujet pensant. Vingt-cinq de ces
portraits seront exposés sur les grilles
notaires de Paris : des Archives nationales à l’occasion
les images de tous de la Fête de la science et de Savante
banlieue. Chercheuses, professeures Christiane Kamden
les inventaires ou ingénieures de toutes les disciplines Kengne, informaticienne -
docteure en informatique,
après décès de y racontent leurs métiers avec passion, LIG, université de Grenoble
© Marie-Hélène Le Ny
Salle des inventaires virtuelle, capture évoquant la place des femmes dans le
1751 en ligne ! d’écran des inventaires après décès de 1751
milieu scientifique.
© Arch. nat.
Autour de l’exposition, petites conférences, rencontres
Les analyses de la totalité des minutes produites par les
ouvertes à tous et gratuites, permettront de dialoguer
notaires de Paris durant l’année 1751 sont depuis longtemps
avec Claudie Haigneré, Rima Haddad ou Fatou Ba Sene
à la disposition des chercheurs. C’est, en effet, l’un des résul-
et nombre de leurs consœurs.
tats des grands programmes exhaustifs de dépouillements
informatisés lancés dans les années  1970, programmes
connus sous le nom de Minotaure puis ARNO, résultats que
l’on retrouve aujourd’hui pour 1751 comme pour 1551, 1761 et
1851 dans la salle des inventaires virtuelle.
Mathias Depardon
Pour 1751, cependant, la totalité des inventaires après décès, Transanatolia
type d’acte dont tous les utilisateurs des archives nota- Du 6 octobre au 6 novembre
riales connaissent bien le formidable potentiel en matière
© Mathias Depardon

de recherche historique, a été numérisée. Ces images sont Le ministère de la Culture

désormais également en ligne dans la salle des inventaires
virtuelle, attachées pour chaque inventaire après décès à
l’analyse correspondante.
Pour avoir l’ensemble du corpus aisément, tapez «inventaire
après décès 1751» dans l’onglet principal de la SIV et sélec-
tionnez «  Archives numérisées  ». Il y a 2116  résultats, soit
2116 inventaires pour le Paris de 1751…
Historia
N’oubliez pas notre rendez-vous mensuel dans
le magazine Historia à la rubrique L’inédit du mois !
et les Archives  nationales
vous présentent le travail
photographique de Mathias
Depardon réalisé au cours des années qu’il a passé en
Anatolie, mais également au-delà de ses frontières.
L’exposition nous emmène dans une déambulation poétique
sur les bords de la mer Noire, nous projette avec la jeunesse
issue des mouvements de révolte de Gezi à Istanbul, auprès
des femmes combattantes kurdes ou nous fait découvrir les
grands travaux d’aménagement du paysage et les enjeux
liés à la maîtrise de l’eau.

3
découverte d’un fonds
LE FONDS DES AFFICHES DE PROMOTION
DU TOURISME EN FRANCE (1946-1995)
par Elsa Louÿs et Geneviève Profit, département de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de l’Agriculture
Le cloître de
Moissac, [1966],
photographie de
Jean Dieuzaide dit
Yan, 20050042/279.
© Arch. nat./pôle
image
Les «  affiches du tourisme  » sont un fonds de
998  affiches collectées entre 1984 et 2004 par les
Archives nationales. Elles ont été créées après la
Seconde Guerre mondiale, entre 1946 et 1995, par le
commissariat au Tourisme, pour faire, à l’étranger
principalement, la promotion de la France et attirer
les touristes. Elles présentent un pays éternel bien
que démoli après la guerre, moderne à la fin des
Trente Glorieuses.
S elon une maquette presque uniforme, ces affiches
allient photographies ou dessins, et titres. Si elles
présentent, dès 1946, l’image d’une France paisible et
souriante, à travers l’art roman, l’art gothique (églises,
cathédrales), l’art de la Renaissance (châteaux), les tradi-
tions (danses, costumes, fêtes), elles accompagnent, par la
suite, la politique de reconstruction et de modernisation du
pays : apparaissent les autoroutes (autoroute de l’Ouest en
1946), les villes nouvelles (Le Havre en 1957), les bâtiments
modernes (le siège de l’ONU à Paris en 1958, la Maison de la
radio en 1963) ou des infrastructures innovantes (le radôme,
la station de télécommunications par satellite de Pleumeur-
Bodou en 1962). Les aménagements de loisir sont aussi mis
en avant : la plage (baignade, voile) ou la montagne avec
l’essor des sports d’hiver. La jeunesse, qui offre une image
tournée vers l’avenir, est souvent représentée.
Pour réaliser cet ensemble, le commissariat au Tourisme
a fait appel à de nombreux photographes ou artistes.
Citons, parmi les photographes, Ina Bandy, Marcel Bovis,
Jean Dieuzaide dit Yan, Émeric Feher, René Giton dit René-
Jacques, François Kollar, Jeanine Nièpce, Willy Ronis, et,
parmi les illustrateurs, Huguette Bucher-Cromières, Jean
Picart  Le  Doux. Tous avaient certainement signé des
contrats avec l’administration du Tourisme. Ceux-ci n’ont
malheureusement pas été retrouvés.
4
Le camping dans les Alpes, [1956], et Le Havre, [1957],
photographies de Karl Machatschek. 20050042/10. © Arch. nat./pôle image
En leur absence, les Archives nationales ne pouvaient pas
connaître les conditions d’utilisation ou de réutilisation
des affiches, éventuellement encore soumises à des droits
d’auteur. Pour proposer au public ces affiches sur Internet
et respecter la réglementation, il a donc été nécessaire
d’identifier les artistes, de les retrouver, eux-mêmes, leurs
ayant  droits ou leurs représentants, et de leur demander
une autorisation pour cette publication. Un travail conjoint
avec le service juridique a donc permis aux Archives natio-
nales de signer 105 cessions de droits à titre gracieux. Nous
remercions très chaleureusement toutes les personnes qui
ont bien voulu répondre favorablement à notre demande.
Grâce à elles, ce fonds, qui, dans un souci de bonne conserva-
tion, avait été entièrement numérisé en 2005, a pu, dans de
bonnes conditions, être mis presque entièrement en ligne sur
Internet. Cette mise en ligne ne dispense pas les personnes
qui voudraient réutiliser ces documents d’en demander
l’autorisation aux auteurs ou à leurs représentants.
Les affiches numérisées sont toutes accompagnées d’une
description et présentées par ordre chronologique puis par
localisation ou par thématique.
Ce fonds d’affiches est donc désormais aisément dispo-
nible. On pourra également consulter en salle de lecture
des Archives nationales, sur le site de Pierrefitte-sur-Seine,
d’autres fonds complémentaires issus de l’administration
du Tourisme, mais peu utilisés encore, comme ses archives
administratives, ses photographies ou ses dépliants publi-
citaires.
Voir  : www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/
FRAN_IR_054745

vie de fonds
LES NATURALISATIONS À PORTÉE DE CLIC !
par Annie Poinsot et Céline Delétang, département de la Justice et de l’Intérieur
Exemple de recherche nominative « VICSIN » dans la SIV. © Arch. nat.
Taper un nom sur un clavier d’ordi-
nateur et retrouver un dossier de
naturalisation, c’est désormais
possible pour de longues périodes
chronologiques.
En effet, les migrations de la
base Nat et de la plate-forme
Natnum dans la salle des inven-
taires virtuelle [SIV], ainsi que
la saisie intégrale du fichier des
retraits et des déchéances dans
la base Dénat, améliorent très
sensiblement l’accès aux dossiers
de naturalisation conservés aux
Archives nationales dans la sous-
série BB/11.
L ’inventaire de tous les dossiers
de naturalisation, aboutis et non
aboutis, de 1814 à 1858, est désormais
accessible dans la salle des inventaires
virtuelle. En indiquant un nom de
personne, les chercheurs ont accès à
la description du dossier et au numéro
indispensable s’ils veulent le consulter.
Outre les dossiers de naturalisation,
de nombreux dossiers de titres et de
changements de noms figurent dans
cet instrument de recherche. En effet
le bureau du Sceau traitait ce type d’af-
faire au même titre que les admissions
à domicile et les naturalisations.
Lien : www.siv.archives-nationales.
culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_
IR_055996
MÉMOIRE D’AVENIR Archives nationales - n° 28 - octobre - décembre 2017
Depuis sa mise en place en 2007, l’appli-
cation de consultation et d’annotation
collaborative des décrets de naturalisa-
tion numérisés (1883-1930) Natnum est
en évolution. Dix-neuf  années ont été
à ce jour indexées par des agents des
Archives nationales (sur les trois sites)
et des lecteurs bénévoles.
Exemple de recherche nominative « PAONE »
dans la SIV © Arch. nat.
La conversion de la base en XML EAD
et sa migration dans la SIV permettent
désormais la mise en ligne progressive
de Natnum dans le respect de la régle-
mentation de la CNIL. D’ores et déjà,
les années 1883 à 1886 sont interro-
geables. L’ouverture de l’annotation aux
lecteurs hors-les-murs (généalogistes,
partenaires institutionnels et toute
personne souhaitant participer à ce
projet) permettra d’élargir le périmètre.
Le département de la Justice et de l’In-
térieur teste d’ailleurs actuellement un
formulaire qui permettra très bientôt
l’annotation en ligne.
Lien : www.siv.archives-nationales.
culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_
IR_055161, 55295, 55489, 56154
À l’issue du travail engagé dans le cadre
du PSCE 2013-2016, le fichier BB/27/1421
à 1445 (dénaturalisations et déchéances
de Vichy, 1940-1944) a été entièrement
saisi et fait l’objet d’une base Dénat
accessible en intranet sur tous les sites
des Archives nationales. Riche de près
de 15  500  noms, Dénat recense les
personnes touchées par la perte de la
nationalité (retrait ou déchéance) en
application des lois des  22 et 23  juillet
1940 . Outre des renseignements d’état
civil, les fiches portent les traces de la
procédure engagée et renvoient aux
numéros des dossiers de naturalisation
rouverts à l’occasion de leur examen
par la Commission de révision. Dans
le cadre d’un partenariat noué par les
Archives nationales avec le Mémo-
rial de la Shoah, une comparaison des
bases Victim (CDJC) et Dénat (AN) a
permis de mieux étudier les points de
convergence entre dénaturalisation et
déportation, en établissant des liens
renvoyant de la fiche dénaturalisation
à la notice du Mémorial lorsque la
personne dénaturalisée a été déportée.
Beaucoup reste à faire. L’annotation
de Natnum doit être poursuivie et
intensifiée. Plus les volontaires seront
nombreux, plus la recherche nomi-
native se développera. À terme, on
pourra interroger un nom de personne
et savoir immédiatement si elle a
été naturalisée ou non et connaître
le numéro de son dossier : la date du
décret de naturalisation ne sera plus
l’alpha et l’omega de la recherche.
Exemple de recherche nominative « ABRAHAMER »
© Arch. nat.
5
vie de fonds
LIRE, ÉCOUTER ET REGARDER LES ARCHIVES
DE LA PRÉSIDENCE DE JACQUES CHIRAC
par Nicole Even, département de l’Exécutif et du Législatif, et Isabelle Perez-Bastié, département de l’Archivage électronique
et des Archives audiovisuelles
Discours à l’occasion du transfert des cendres Discours au Sommet mondial du développe-
d’André Malraux au Panthéon (23 novembre 1996). ment durable, Johannesburg (2 septembre 2002).
AG/5(5)/Disc/6. © Arch. nat./pôle image AG/5(5)/Disc/28. © Arch. nat./pôle image
Les Archives nationales conservent le fonds présiden-
tiel de Jacques Chirac qui couvre ses deux mandats,
de 1995 à 2007. Remis sous protocole, signé par le
Président Jacques Chirac le 30 mars 2007, ce fonds
constitue un ensemble de 7 000 cotes environ, soit
1 000 mètres linéaires. Plus de 550 enregistrements
sonores, 1 545 supports audiovisuels, 3 800 repor-
tages photographiques argentiques et numériques,
et 1,4 Go de données numériques répondent aux
archives traditionnelles sur papier.
C onformément au protocole où sont définies les règles de
communicabilité du fonds, chaque demande d’accès par
dérogation est soumise à la décision de l’ancien président
de la République. Pour leur part, les reportages photogra-
phiques, hors protocole, sont librement communicables. Les
versements ont été organisés par le service des archives de la
présidence de la République, dont le tout premier est intervenu
le 19 juillet 2006.
Ce fonds, d’une richesse exceptionnelle, inhérente aux fonds
d’archives présidentielles, regroupe les documents émanant
directement du président de la République, manuscrits
annotés de ses discours, comptes rendus d’entretiens avec les
chefs d’État et de gouvernements étrangers, correspondance
envoyée et reçue. Le fonds contient également les archives des
conseillers diplomatiques, des conseillers économiques, des
conseillers sociaux ou des conseillers culture, pour ne citer que
ceux-là, ainsi que celles de Bernadette Chirac et de son cabinet.
Les productions du service audiovisuel et du service
photographique de la Présidence offrent une couverture
exhaustive de l’activité du Président.
6
Discours à l’occasion de l’inauguration
du musée du Quai-Branly (20 juin 2006).
AG/5(5)/Disc/46. © Arch. nat./pôle image
Comment décrire les manuscrits des discours sans
l’enregistrement sonore ou audiovisuel de ces mêmes
événements ? Et la correspondance de la Présidence sans
mentionner la base informatique du courrier présidentiel ?
En vertu du principe de respect des fonds, le département
de l’Exécutif et du Législatif, la mission Photographie et le
département de l’Archivage électronique et des Archives
audiovisuelles travaillent en étroite collaboration à la
rédaction d’un instrument de recherche, sans distinction de
support. Car un discours, c’est d’abord un manuscrit, mais
c’est aussi un enregistrement sonore, parfois audiovisuel
et des photographies qui l’illustrent. C’est particulièrement
vrai pour les archives de la Présidence Jacques Chirac.
Pour l’archiviste contemporain, il ne s’agit pas seulement
de garantir la cohérence de ce fonds d’archives exceptionnel
en rassemblant les différentes composantes de sa descrip-
tion sans distinction de support, il s’applique tout autant
à donner de la visibilité sur la transition numérique des
pratiques de la présidence de la République. En effet, les
usages des photographes de la Présidence sont l’exemple
de ces nouvelles tendances hybrides des années 2000 : le
passage au numérique transpose des pratiques en œuvre
avec les photographies argentiques. Celles-ci ont d’ail-
leurs évolué dès la mandature de la présidence de Nicolas
Sarkozy.
La salle des inventaires virtuelle [SIV] offrira bientôt au
lecteur un seul et unique point d’accès aux archives prési-
dentielles de Jacques Chirac, de quoi donner une large
audience à la richesse de ce fonds unique conservé et mis
en perspective par les Archives nationales.
 MÉMOIRE D’AVENIR Archives nationales - n° 28 - octobre - décembre 2017

dossier

EXPOSITION HIBAKUSHA, DESSINS DES SURVIVANTS

D’HIROSHIMA ET NAGASAKI 
du 8 décembre 2017 au 31 mars 2018
par Alexandra Hauchecorne, département de l’Action culturelle et éducative

Les Archives nationales et le Centre Joë Bousquet et son

temps ont organisé conjointement cette exposition
qui se tiendra jusqu’à la fin du mois d’octobre 2017 à
Carcassonne et sera ouverte au public à Pierrefitte-
sur-Seine à partir du 8 décembre 2017.

E lle présente au public plus de 150  reproductions de

dessins réalisés par des hibakusha, terme qui désigne
au Japon les survivants des bombardements nucléaires
d’Hiroshima et de Nagasaki.
De rares photographies montrèrent l’ampleur des destruc-
tions en marquant de façon indélébile la conscience
historique mondiale. Mais elles avaient leurs limites  :
toute présence humaine, de blessés ou de morts, avait
été évacuée de la prise de vue, focalisée sur les champs
de ruines. Il a fallu le temps
d’une génération pour libérer
les souvenirs et la parole.
En 1974, après avoir reçu le
dessin d’un homme de 74 ans
souhaitant exprimer ce qu’il
avait vécu lors du bombar-
dement américain du 6  août
1945, la chaîne de télévi-
sion japonaise NHK lança
à travers tout l’archipel un
appel à témoignage auprès
des survivants du drame,
les hibakusha, devenus les
Harue Takashiba, la Fête d’Obon symboles de la lutte contre la
(15 août), été 1974. guerre et les armes atomiques
© Hiroshima Peace Memorial Museum
à travers le monde.
Ishizu Kazuhiro, 37 ans en 1945, Le 6 août 1945 à 8 h 15.
© Hiroshima Peace Memorial Museum
En contribuant au débat et aux réflexions sur les rapports
entre la mémoire et l’expression artistique, les Archives
nationales poursuivent leurs missions prioritaires de faire
connaître les sources de l’Histoire, notamment auprès de
la jeunesse. En choisissant de présenter cette exposition
exceptionnelle à Pierrefitte-sur-Seine, elles souhaitent
favoriser l’accès de tous au matériau le plus émouvant et
le plus sensible qui soit, le témoignage direct des victimes,
auxquelles cette manifestation rend hommage.
Cette exposition doit beaucoup au travail déployé par les
deux commissaires scientifiques, Bernard Esmein et René
Piniès. Les Archives nationales sont aussi très reconnais-
santes envers le Mémorial de la Paix d’Hiroshima, la chaîne
NHK, le musée de la Bombe atomique de Nagasaki et les
Archives municipales de Nagasaki, sans la contribution
desquels le projet n’aurait pu aboutir.

Les 3 600 dessins collectés entre 1974 et 2002 sont exposés

au musée du Mémorial de la Paix d’Hiroshima, ouvert en
1954. Précieux et fragiles, ces originaux ne peuvent pas
quitter le Japon et ne sont pas connus du public européen.
Ils témoignent de l’enfer qui s’est abattu sur les deux villes
japonaises, au moment du bombardement, puis dans les
heures et les jours qui ont suivi. Ils décrivent l’apocalypse
qu’ont vécu ces hommes, ces femmes et ces enfants, seuls
ou aux côtés de leurs familles, amis ou voisins.
La puissance graphique et l’expressivité de ces dessins
nous touchent immédiatement, sans doute parce qu’ils
ne proviennent pas d’artistes professionnels, mais aussi
parce qu’ils nous donnent accès à l’effroi et aux sentiments
intimes des survivants.
Matsushita Seiji, la bombe sur la cathédrale catholique de Nagasaki
le 9 août 1945. © Nagasaki Atomic Bomb Museum

7
dossier

EXPOSITION
DESSINER POUR BÂTIR.
LE MÉTIER D’ARCHITECTE AU xviie SIÈCLE
du 13 décembre 2017 au 12 mars 2018
par Alexandre Cojannot, département du Minutier central des notaires de Paris,
et Alexandre Gady, professeur d’histoire de l’art, université Paris-Sorbonne

École française, Portrait de Jean-Baptiste Alexandre Le Blond,

vers 1710. © Paris, coll. part. (fig.1)

Quelques grands noms, Lemercier, Le  Vau ou

Mansart, suffisent aujourd’hui à incarner dans la
mémoire collective le prestige des architectes français
du xviie  siècle. Leur célébrité individuelle, liée à des
bâtiments et à des commanditaires particulièrement
prestigieux, cache en réalité une autre histoire : celle
des changements de la pratique des arts et de la
construction en France, depuis le règne de Henri  IV
jusqu’à celui de Louis XIV.

D errière ces figures emblématiques, c’est en fait tout un

groupe professionnel qui émerge alors des anciens métiers
du bâtiment, pour occuper une place nouvelle dans la so-
ciété. À  travers quelque cent  soixante-dix  œuvres et docu-
ments exceptionnels, issus d’archives publiques, de musées
français et étrangers et de collections particulières, l’exposi-
tion Dessiner pour bâtir. Le métier d’architecte au xviie siècle
explore les enjeux artistiques et culturels de l’affirmation de
l’architecte moderne dans la France du Grand Siècle.

La première section, intitulée « Métier : être architecte », est

consacrée à la vie et à la carrière des architectes praticiens.
Elle éclaire successivement l’évolution de leur statut profes-
sionnel, leur formation technique et artistique, ainsi que les
changements du cadre institutionnel survenus sous Louis XIV
avec la création de l’Académie de France à Rome et de l’Aca-
démie royale d’architecture à Paris. Riche de nombreux docu-
ments d’archives et d’ouvrages imprimés, cette présentation
est accompagnée de portraits peints et gravés incarnant des Pierre Cottart, projet de villa à salon central octogonal, s.d. [vers 1680-1685].
figures représentatives de la profession et mettant en valeur © Stockholm, National Museum (fig.2)
la mutation de leur image dans la société (fig. 1).

8
 MÉMOIRE D’AVENIR Archives nationales - n° 28 - octobre - décembre 2017

documents contractuels ou la confection de maquettes et

de dessins d’exécution, jusqu’à la réception et le relevé des
ouvrages achevés. Derrière la figure de l’architecte-concep-
teur se profilent alors celles des architectes-conducteurs, des
contrôleurs et des experts, dont le rôle et le statut s’affirment
progressivement au cours du siècle.

En guise d’épilogue, l’exposition se conclut par la pré-

sentation chronologique d’un grand chantier parisien du
règne de Louis XIV : le collège Mazarin, dit des Quatre-Na-
tions, actuel palais de l’Institut de France. La documenta-
tion écrite et graphique exceptionnelle conservée par les
Archives nationales permet d’éclairer en détail le rôle de
l’architecte, depuis la conception du projet jusqu’à son exé-
cution, mettant ainsi en évidence la complémentarité entre
Michel Butterfield, Nécessaire de mathématiques à l’usage d’un architecte,
Paris, 1681-1684. © Coll.part. (fig.3)
histoire de l’art et histoire de la construction.

La deuxième section, «  Dessin  : l’expression du projet  »,

illustre l’invention architecturale à travers une sélection INFORMATIONS PRATIQUES
d’œuvres graphiques, présentées suivant une progression
chronologique. Regroupés tantôt par architectes, tantôt par Exposition du 13 décembre 2017 au 12 mars 2018
dossiers thématiques (le palais du Luxembourg, les Bâti- Hôtel de Soubise - Musée des Archives nationales
ments du roi sous Colbert, l’église royale des Invalides), les 60, rue des Francs-Bourgeois
dessins ont été choisis pour leur qualité et leur variété du 75003 Paris
point de vue de l’exécution graphique et beaucoup d’entre
eux sont inédits ou n’ont jamais été exposés. Dans le cadre Horaires
d’un partenariat exceptionnel avec le Musée national de Du lundi au vendredi de 10 h à 17 h 30
Stockholm, une vingtaine de pièces sont tirées des riches Samedi et dimanche de 14 h à 19 h
collections suédoises, dont certaines n’ont pas été vues en Fermé le mardi et les jours fériés
France depuis leur vente sous Louis XIV et Louis XV (fig. 2).
L’examen des dessins conduit à s’interroger sur leur statut, Tarifs
leurs fonctions et les conditions de leur production par les Plein tarif : 10 euros
architectes et leurs collaborateurs, afin de dépasser la va- Tarif réduit : 6 euros
leur illustrative à laquelle on les limite trop souvent. Afin
de mettre en valeur la matérialité des œuvres et les progrès Catalogue de l’exposition
techniques que connaissent les arts graphiques à Paris au Alexandre Cojannot, Alexandre Gady, Dessiner pour
xviie siècle, de rares instruments de dessins en argent issus bâtir. Le métier d’architecte au xviie siècle,
d’une collection particulière sont exposés, accompagnés éditions du Passage, 364 pages, 39 euros,
d’un dispositif multimédia pour en montrer l’utilisation à paraitre en novembre 2017
pratique (fig. 3).
www.archives-nationales.culture.gouv.fr
Intitulée « Chantier : l’architecte à pied d’œuvre », la troisième
et dernière section donne à voir de manière très concrète de
quelle manière l’architecte s’implique dans le processus de
construction : depuis les relations avec les commanditaires,
en passant par la présence sur le chantier, la préparation des Jules Hardouin-Mansart, élévation du pont de Moulins et projet de cintres
de charpenterie, vers 1705. © Arch. nat./pôle image (fig.4)

9
réseaux et partenaires

RENCONTRES AUTOUR DU DESTIN DU NOUVEAU

SIÈCLE D’ANDRÉ CAMPRA (1660-1744)
Résidence de l’ensemble La Tempesta : une semaine
de médiation pédagogique
par Ludovic Lavigne, département de l’Action culturelle et éducative

Un opéra en kit, le 25 mai 2016 à Pierrefitte-sur-Seine. © Arch. nat./SED

En mai 2016, le projet Un opéra en kit avait permis au

public de réentendre la musique du Destin du nouveau
Siècle d’André Campra, dont la partition était consi-
dérée comme perdue. Sa redécouverte avait été le
point de départ de ce projet qui se proposait de trans-
poser les visées pédagogiques de cet opéra-ballet dans « La Paix », dessin de décor par J. Bérain pour Tancrède (1702)
les conditions d’aujourd’hui. d’André Campra. CP/O/1/3242/B2/49b © Arch. nat./pôle image

C omposé en 1700 pour les élèves du collège Louis-le-

Grand, Le Destin du nouveau Siècle possède toutes les
caractéristiques des pièces pédagogiques écrites pour les
collèges jésuites au xviie siècle par de grands compositeurs,
dont les représentations lors des remises de prix étaient
très suivies par l’élite intellectuelle et sociale de l’époque.
Ces œuvres, très soucieuses de coller à la mode du temps
pour obtenir l’adhésion de leurs destinataires, soutenaient
la comparaison avec les représentations de l’Académie
royale de musique, dont elles employaient largement les
membres pour encadrer et soutenir les jeunes interprètes.
Le Destin du nouveau Siècle figure donc dans le corpus des
opéras pédagogiques de la seconde moitié du xviie siècle aux
cotés, par exemple, du David et Jonathas (1689) de Marc-
Antoine Charpentier (1643-1704), composé dans les mêmes
circonstances.
On retrouve dans cet opéra-ballet écrit en « Trois récits et un
Prologue » de nombreuses idées musicales réemployées par
Campra dans des pièces précédentes comme L’Europe galante,
ou suivantes comme Idoménée (1712). Par l’importance qu’il
donne aux musiques de danses et ses références au monde
pastoral, il s’inscrit dans le changement de goût qui s’amorce
nettement au début du xviiie siècle. Mais son livret, opposant
le « Parti de la Paix  » et celui «  de la Guerre  », le rattache
au règne de Louis XIV par sa conclusion, qui en propose un
saisissant raccourci : « Aimons les armes, cultivons les arts ».
Les représentations qui concluaient le parcours Un opéra en
kit en 2016 n’avaient permis au public que d’entendre des
extraits significatifs de l’œuvre. Conduites sous la direction
de Patrick Bismuth, elles étaient l’aboutissement d’un an
de travail des étudiants et des professeurs du département
de musique ancienne du CRR93, qui initiait la restitution
de la partition. La résidence de La Tempesta s’inscrit dans
la continuité de cette entreprise qui permettra au public de
découvrir l’œuvre dans son intégralité.
Cette semaine de médiation pédagogique comprendra
des répétitions ouvertes, des rencontres avec les artistes
interprètes, des ateliers pédagogiques spécifiques, ainsi
qu’une exposition sur panneaux présentant les décors que
Jean Bérain (1740-1711) a dessinés pour des opéras d’André
Campra et qui sont conservés aux Archives nationales.
Rencontres autour du Destin du nouveau Siècle
d’André Campra (1660-1744)
du 27 novembre au 1er décembre à Pierrefitte-sur-Seine
(auditorium et service éducatif)
La Tempesta (direction musicale : Patrick Bismuth)
est en résidence au CRR93 en 2017-2018
Le Destin du nouveau Siècle sera représenté
le 15 décembre 2017 à L’Embarcadère (Aubervilliers),
puis en mars 2018 au lycée Louis-le-Grand (Paris)

10
 MÉMOIRE D’AVENIR Archives nationales - n° 28 - octobre - décembre 2017
réseaux et partenaires
RUMEURS ET COMPLOTS AUX ARCHIVES NATIONALES
par Jean-François Moufflet, département du Moyen Âge et de l’Ancien Régime,
et Annick Pegeon, département de l’Action culturelle et éducative
L’atelier Rumeurs et complots : flyer et cartes mis à disposition des élèves. © Arch. nat./SED
Il ne s’agit pas de la dernière « fake news » véhiculée
par les médias mais d’un authentique atelier pédago-
gique, élaboré conjointement par le service éducatif
des Archives nationales et le musée d’Art et d’his-
toire du judaïsme, avec la complicité du département
du Moyen Âge et de l’Ancien Régime...
S i Maurice Druon, en livrant de sa plume une peinture
sombre et dramatique des derniers Capétiens (1314-
1328), a volontiers affabulé pour servir l’intensité de son
intrigue, il n’en demeure pas moins qu’il a utilisé avec
profit certains faits historiques. L’épisode romanesque
de l’empoisonnement de Louis X (1314-1316) par Mahaut
d’Artois, dans le décor crépusculaire des intrigues de cour,
fait écho avec un événement trouble, cette fois bien réel,
survenu au temps de son frère Philippe V le Long (1316-1322).
Le règne de ce dernier est en effet terni par une affaire
d’empoisonnement des chrétiens du royaume de France,
dont furent injustement accusés les lépreux, prétendument
soutenus par les juifs. La chronique de Saint-Denis le
rapporte : des paquets contenant des potions vénéneuses,
qu’une lépreuse aurait laissé tomber, sont retrouvés
dans une fontaine. Philippe V, informé de ces bruits
d’empoisonnement des eaux, produit en juin et août 1321
deux ordonnances particulièrement cruelles contre les
lépreux, cédant aux rumeurs – et profitant au passage pour
mettre la main sur les biens des léproseries.
Les Archives nationales conservent, dans la layette « Juifs »
du Trésor des chartes, un document contemporain des faits
– il est daté du 2 juillet 1321 – qui reflète les fantasmes de la
population autour de ce présumé complot et sert de point
de départ à l’atelier pédagogique. À Mâcon, un médecin
nommé Pierre d’Acre (et donc, visiblement originaire
d’Orient) traduit en présence du bailli royal deux lettres
en arabe, l’une du roi de Grenade, l’autre du roi de Tunis,
adressées à des juifs. Elles sont accablantes pour eux : ils
ont reçu de ces deux princes or et venin qu’ils ont ensuite
transmis aux lépreux afin d’empoisonner « l’eau que boit
et utilise le roi [de France] ». La traduction est transcrite,
corroborée par des notaires royaux et validée par le sceau de
la commune de Mâcon. Bien des choses peuvent être dites,
tant sur la forme naïve, caricaturale et peu authentique de
la traduction que sur le développement de la rumeur et
l’imaginaire apeuré des chrétiens agglutinant pêle-mêle
dans une construction mensongère leurs ennemis : rois
arabes, juifs traîtres et lépreux impies.
La séance pédagogique repose, dans le cadre prestigieux
des Grands Dépôts aux Archives nationales, sur l’analyse
de ce document, pour en vérifier l’authenticité et la
véracité. Les élèves sont amenés, sous la forme d’un Cluedo
médiéval — rappelons que le nom du célèbre jeu vient de
l’anglais clue, « indice », et du latin ludo, « je joue » — à
s’interroger sur l’identité des personnages, leur existence
avérée ou incertaine, sur le contexte enfin dans lequel est
lancée la rumeur et la manière dont elle se propage. L’atelier
se poursuit au musée d’Art et d’histoire du judaïsme où les
questions de la rumeur et du complot sont appréhendées
en fonction de problématiques plus contemporaines :
pourquoi une information est-elle propagée ? Par qui ? Où
et comment vérifier qu’une information est vraie ?
L’étude de ce document du xive siècle, qui permet d’aborder
les notions de rumeurs et de théories complotistes, est ainsi le
prétexte pour inciter les plus jeunes à vérifier la véracité d’une
information, d’un texte voire d’une image ou d’une vidéo.
Renseignements et réservation de l’atelier :
service-educatif.an@culture.gouv.fr, 01 75 47 20 06
11
réseaux et partenaires

LES PARTENARIATS ARTISTIQUES

AUX ARCHIVES NATIONALES
par Anne Rousseau, département de l’Action culturelle et éducative

En lien direct avec le matériau archivistique ou avec le
patrimoine architectural, la programmation artistique
aux Archives nationales repose le plus souvent sur
une démarche partenariale associant un acteur
culturel à la conception et à la production du projet. Le
croisement des univers professionnels et culturels est
alors l’occasion d’aborder l’institution et ses missions
sous un autre angle et de la faire connaître à de
nouveaux publics. Inciter les artistes à s’emparer du
matériau archivistique est ainsi une façon d’aiguiser
la curiosité du public et de lui proposer une lecture
sensible et poétique de l’archive et de l’histoire.
C’est dans cette dynamique qu’à l’automne 2017, les
Archives nationales accueillent une œuvre de Karla
Black produite par le Festival d’automne à Paris et
une exposition de José Fernando Muñoz produite
par l’association Aluna dans le cadre de l’année de la
Colombie en France.
L’artiste présentera par ailleurs une autre œuvre créée in
situ dans la salle Melpomène de l’École nationale supé-
rieure des Beaux-Arts de Paris.
À l’initiative de l’Institut français, les saisons et années
font dialoguer la France avec un pays choisi autour de l’art
et la culture, mais aussi désormais autour de la recherche,
du sport ou encore du tourisme, durant une période de trois
à six mois.
En 2017, le pays à l’honneur est la Colombie et les Archives
nationales accueillent l’association Aluna pour une présen-
tation sur bâches dans la cour d’honneur de l’hôtel de
Soubise, d’œuvres de l’artiste José Fernando Muñoz. Son
travail est marqué par la densité de la ville contemporaine,
l’intersection entre l’espace gigantesque de l’architec-
ture contemporaine et le flux d’images et d’informations
provenant des panneaux, affichages et écrans qui habitent
l’espace urbain. Avec le trait fin, le maniement pâteux de la
peinture, la tache et la juxtaposition de couleurs, l’espace
devient à la fois abstraction et allusion au territoire métro-
politain.

Karla Black, Appears Peripheral,

2016 (détail)
Poudre de plâtre, produits cos-
métiques, paillettes,
papier toilette
– 10 x 1017 x 398 cm
Courtesy Galerie Gisela Capitain,
Cologne ; Galleria Raffaella
Cortese, Milan; Stuart Shave/
Modern Art, London ; and David
Zwirner, New York/London
© Simon Vogel 

D epuis 1972, le Festival d’automne s’associe à diffé-

rentes structures culturelles de Paris et de sa région
avec lesquelles il présente une programmation artistique
Accrochage des œuvres de José Fernando Muñoz dans la cour de l’hôtel
de Soubise. © Association Aluna, Culture de la Colombie en France

contemporaine, pluridisciplinaire et internationale.

Pour l’édition 2017, le festival accueille Karla Black, plasti-
cienne écossaise qui intègre l’utilisation de matériaux du
Festival d’automne à Paris
quotidien dans son travail pour développer une recherche
Karla Black
subtile sur la lumière, la couleur, la fluidité, l’évanescence
du 20 octobre au 20 novembre 2017
des formes. La plupart du temps, les œuvres réalisées in situ
prennent en compte leur lieu d’apparition et s’adressent au
Association Aluna – Année de la Colombie en France
visiteur comme une véritable expérimentation physique José Fernando Muñoz
et visuelle. D’une extrême fragilité, les formes aériennes du 21 septembre 2017 au 7 janvier 2018
ou déposées délicatement sur le sol offrent une sensation
d’immatérialité. Sa proposition au musée des Archives Renseignements :
nationales répond à la dimension décorative du salon ovale www.archives-nationales.culture.gouv.fr
de l’hôtel de Soubise.

12
 MÉMOIRE D’AVENIR Archives nationales - n° 28 - octobre - décembre 2017
expérience et création
LE PROJET « TESTAMENTS DE GUERRE DE POILUS
PARISIENS »
par Mélisa Locatelli, département du Minutier central des notaires de Paris,
et Maïwenn Bourdic et Pauline Berni pour le blog des Archives nationales
Dépôt du testament olographe de M. Laurent (13 février 1915).
MC/ET/CXX/1536. © Arch.nat./DMC
Avec la reprise, en janvier 2013, de la collecte des
minutes notariales du début du xxe  siècle, les fonds
des Archives nationales se sont enrichis de centaines
de testaments de Poilus, déposés au rang des minutes
des notaires parisiens.
F aisant suite à une première édition numérique d’un
corpus de 134 testaments provenant de 3 études*, une
plate-forme de transcription collaborative en ligne verra le
jour début 2018.
Le projet, soutenu par le LabEx PATRIMA et pour lequel les
Archives nationales, l’École nationale des chartes, l’univer-
sité de Cergy-Pontoise, l’université Paris  8 et les Archives
départementales des Yvelines se sont associées, porte sur
l’identification, la numérisation et l’édition numérique de
testaments de guerre de Poilus décédés lors du conflit ou
de ses suites.
La première étape (pour laquelle des bénévoles prêtent
déjà leur concours) consiste à repérer, parmi toutes les
autres archives notariales reconditionnées pour la période
août  1914-juillet  1922, les testaments des «  Morts pour la
France » (mention qui apparaît en juillet 1915), mais dont le
règlement de la succession a pu se faire plus tardivement,
comme dans le cas d’une disparition reconnue par jugement.
Parmi ces testaments, seuls sont retenus les testaments
de guerre, c’est-à-dire rédigés entre les derniers jours de
juillet 1914 et le 11 novembre 1918. Ces testaments olographes
(écrits intégralement de la main du testateur) seront ensuite
numérisés pour être intégrés à la plate-forme collaborative.
L’internaute pourra alors sélectionner un testament en
fonction de différents critères (par exemple la date de décès
ou la profession du Poilu) et en proposer une transcription.
Que le testament soit rédigé soigneusement sur du papier
timbré avant le départ au front ou griffonné sur un petit
bout de papier froissé à la hâte sur le champ de bataille, son
contenu peut se révéler à la fois très instructif et poignant.
Les dernières dispositions du Poilu contiennent parfois une
réflexion sur la vie et bien souvent des mots affectueux à
destination des êtres aimés :
«  Ma chère mère, ma chère femme, mes enfants adorés,
avant toutes choses, je vous recommande de rester bien
unis : j’y vois la condition essentielle de votre bonheur et de
votre prospérité à tous ».
Même s’il est difficile d’avancer un chiffre, l’on estime que
le nombre de ces testaments parmi les fonds du Minutier
central pourrait atteindre plusieurs centaines : la participa-
tion de toutes les bonnes volontés sera donc la bienvenue !
*
Nougaret (Christine) et Clavaud (Florence) [dirs.], Testaments de guerre de Poilus
parisiens (1914-1918) : une édition critique, Paris, École nationale des chartes, 2017-...
Édition numérique en ligne : http://elec.enc.sorbonne.fr/testaments-de-poilus/
Blog « Archives nationales participatives »
Les Archives nationales lancent le blog «  Archives natio-
nales participatives  » sur la plate-forme hypotheses.org.
Cet outil permet de mettre en lumière les projets collabo-
ratifs de transcriptions, d’annotations et d’indexations de
l’institution.
Ainsi, les Archives nationales font appel aux internautes
pour participer à l’enrichissement de leurs inventaires.
Les projets participatifs sur les tables et répertoires du
Conseil général des Ponts et Chaussées (département de
l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de
l’Agriculture) ou encore sur les contrats de mariage de
commerçants, 1829-1934 (département du Minutier central
des notaires de Paris) proposent d’indexer et de dépouiller
des corpus de documents d’archives, à un niveau très fin,
difficilement atteignable par les archivistes au regard du
volume des fonds d’archives conservés.
Les contributions des internautes sont ensuite intégrées
aux inventaires et publiées dans la salle des inventaires
virtuelle. Interrogeables via le moteur de recherche, les
contenus collaboratifs bénéficient à tous en permettant
d’améliorer les résultats des recherches.
N’hésitez pas à consulter le blog et à participer !
http://archivnat.hypotheses.org/
13
expérience et création
LES ARCHIVES NATIONALES ENTRENT
DANS L’ÈRE DE L’OPEN DATA !
par Françoise Banat-Berger, directrice des Archives nationales
L es Archives nationales, dans le
cadre de la politique gouverne-
mentale, s’inscrivent résolument dans
l’ouverture des données. C’est ainsi
qu’elles viennent d’adopter un nouveau
régime de réutilisation des informa-
tions publiques, en optant pour la
gratuité. C’est également dans ce cadre
que les modalités techniques de récu-
pération des métadonnées (inventaires
et notices producteurs) avec la mise en
place de permaliens, viennent d’être
définies et publiées sur notre site.
Par ailleurs, plusieurs jeux de données
ont été déposés sur la plate-forme de
données ouvertes du ministère de
la Culture (data.culturecommunica-
tion.gouv.fr), qu’il s’agisse de corpus
d’archives numérisées (discours et
reportages photographiques de la
archives électroniques
DES FICHIERS QUI SE DÉCRIVENT EUX-MÊMES ?
par Thomas Van de Walle, direction de l’Appui scientifique
Dans l’article précédent, nous
avons souligné l’importance de la
qualité des métadonnées dans le
contexte actuel. Peut-on espérer
que le besoin de disposer de ces
métadonnées diminue et que l’on
puisse exploiter directement le
contenu des fichiers ? En d’autres
termes, peuvent-ils se décrire eux-
mêmes ?
Pour répondre à cette question, il faut
d’abord rappeler la grande variété
des fichiers concernés. Les probléma-
tiques documentaires et techniques
ne sont pas les mêmes selon la nature
des contenus : textuels (bureautique,
messagerie), audiovisuels, plans, etc.
Attachons-nous au cas des fichiers
textuels. Dans notre système d’archi-
14
Présidence, cartes, plans et dessins d’ar-
chitecture etc.) ou, pour la première fois,
du registre des entrées d’archives aux
Archives nationales en 2016. Ces dépôts
sont la suite des publications déjà
effectuées sur Wikimédia Commons,
dans le cadre de notre partenariat avec
Wikimédia France, de 426 grands docu-
ments de l’histoire de France conservés
aux Archives nationales.
C’est également dans ce contexte, que
nous souhaitons organiser pour la
première fois, le 9 décembre prochain,
un «  barcamp  » avec des partenaires
externes, nous permettant de mieux
connaitre le degré d’exploitabilité et les
usages de nos corpus. Nous en avons
pré-sélectionné, pour ce faire, une
Discours de Robespierre du 26 juillet
quinzaine. À partir de là, nous pour- 1794, document publié dans Wikimédia
rons organiser un hackthon à la fin du Commons.
683AP-1-dossier 12. © Arch. nat./pôle image
premier semestre 2018.
vage électronique, nous pourrions
imaginer de disposer d’outils qui
interpréteraient automatiquement
leur contenu en fonction des besoins
© Arch. nat./pôle image
de recherche. Cependant, une diffi-
culté majeure existe : la masse de
données à exploiter, qui équivalent à
des milliards de pages d’informations.
Pour faire face à cette contrainte, il
faut disposer d’outils de traitement
sémantique puissants et efficaces, L’auto-description des fichiers reste
qui permettent d’obtenir des réponses un pari sur l’avenir.
pertinentes. Pour parvenir à des
résultats satisfaisants, les grands
moteurs de recherche mobilisent
aujourd’hui des moyens techniques
considérables, qu’ils complètent avec
des actions d’indexation menées par Prochain épisode :
des humains. Données structurées =
données de qualité
 MÉMOIRE D’AVENIR Archives nationales - n° 28 - octobre - décembre 2017

métiers d’archives

UN EXEMPLE DE COLLECTE D’ARCHIVES : LES MINUTES ET

RÉPERTOIRES DES NOTAIRES DE PARIS
par François Chancerel, département du Minutier central des notaires de Paris

Depuis 2013, le Minutier a ainsi accueilli

Conservation de liasses d’actes notariés dans les locaux d’une étude parisienne (grenier).
© Arch. nat./pôle image
Premier maillon de la chaîne
archivistique, la collecte porte au
Minutier central sur deux types
de documents bien définis : les
minutes des actes et les répertoires,
registres dans lesquels sont
inscrits de manière synthétique
tous les actes passés dans l’étude
au cours d’une période donnée.
Dans les deux cas, le versement
revêt un caractère obligatoire
depuis 1979 en tant qu’archives
publiques, ce qui n’empêche pas,
avec l’accord de l’office, la collecte
ponctuelle de documents issus de
son activité privée (« dossiers » ou
« tables » de clients par exemple).
au début du xx e siècle à Paris) bien
souvent en quête de place…
Une procédure bien établie est alors
mise en oeuvre. Une visite orga-
nisée avec l’aide du département de
la Conservation des Archives natio-
nales, afin de s’assurer de l’état des
actes vieux de plus de 75 ans (en
référence au délai de communication
standard fixé par la loi de juillet 2008).
Ces minutes sont en effet entrepo-
sées soit dans les locaux même de
l’étude ou annexes (caves, greniers
le plus souvent), soit chez un presta-
taire extérieur (hangars, souterrains).
Dans un même souci d’ordre sani-
taire, la transmission d’un dossier
technique amiante des bâtiments qui
un peu plus de 4,2 kilomètres linéaires
d’archives, ce qui correspond au verse-
ment de 57 des 122 études historiques.
Les entrées ont toutefois été réduites
depuis plusieurs mois, tenant compte
des hypothèses de restructuration du
site de Paris, mais aussi de l’ampleur
du travail de reconditionnement et
de description de versements qui ne
peuvent être, dès leur arrivée, mis en
communication au CARAN, les actes
sont tout de même consultables « par
extrait » après avoir rempli un formu-
laire de « demande de recherche ».
À ce jour, plus d’un tiers des minutes a
été traité (soit 13 000 nouvelles cotes).
Les répertoires font quant à eux,
l’objet d’une numérisation, puis d’une
mise en ligne en salle des inventaires
virtuelle (plus de 400 registres au début
de l’année 2018).
Autant d’étapes qui rappellent tout
l’intérêt de ces documents, précieux
témoignages de la vie parisienne et,
plus généralement, de l’histoire de
France, des années 1900 à la fin des
années 30.

D epuis 2013 et l’ouverture du bâti-

ment de Pierrefitte-sur-Seine, les
versements ont pu reprendre sur le
site de Paris après plusieurs années
de statu quo – les actes les plus
récents datant jusqu’alors en général
de la fin du xix e siècle.
Le travail de collecte consiste, dans
les faits, à prendre contact avec des
offices (héritiers des 122 existants
hébergent ces documents constitue
une autre étape obligatoire depuis le
1er janvier 2017. Si, dans les deux cas,
le diagnostic est concluant, le prin-
cipe du déménagement est validé.
En cas de problèmes, les études sont
alors invitées, avant tout transfert, à
envoyer les documents chez un pres-
tataire en vue d’une décontamination, Actes notariés arrivés aux Archives nationales
suivie d’un dépoussiérage. après reconditionnement. © Arch. nat./pôle image

15
publications
LA SOCIÉTÉ NATIONALE DES ANTIQUAIRES DE FRANCE
par Éric Landgraf, département de l’Action culturelle et éducative, membre correspondant national

majoritairement originaires d’Île- correspondance internationale qu’elle

Statuette de sanglier découverte sur la route
départementale n° 9 près du Mont Beuvray,
15 août 1842. 36AS/87. © Arch. nat./département
des Archives privées
Les archives de la Société nationale
des Antiquaires de France, déposées
dès  1977 aux Archives nationales,
constituent un riche fonds d’études
de 8  000  documents souvent reliés.
Il complète les sources des services
déconcentrés du ministère de la
Culture, les fonds des Archives dépar-
tementales et les sources écrites des
musées locaux et nationaux.
Fondée en 1804, alors présidée par
le préfet Jacques Cambry, la Société
réhabilite d’abord l’étude des monu-
ments et des coutumes celtiques
et antiques, dénommée jusqu’en
1813 l’Académie celtique. En 1827, un
nouveau règlement approuvé par
ordonnance du roi Charles  X, crée la
Société des Antiquaires de France.
Dès lors, 213  présidents se succèdent,
de-France, tels que le numismate
Ernest Babelon, l’archéologue Antoine
Héron de Villefosse et, plus récem-
ment, le médiéviste archiviste Jean
Favier. À l’initiative du comte Alfred
Émilien de Nieuwerkerke, directeur
des musées de Napoléon III, le bureau
siège au Louvre depuis 1854 et publie
son premier bulletin en 1857, dont les
dossiers préparatoires sont classés
dans le fonds.
La Société (socius  : associé) s’orga-
nise en une association de savants
(ingénieurs, conservateurs, hommes
d’église, élus) dont les archives
reproduisent l’organisation (statuts,
comptabilité, bibliothèque, présence).
Les séances hebdomadaires sont, quant
à elles, détaillées dans 54 registres de
procès-verbaux de réunions jusqu’en
2013. Les dossiers de candidatures,
accompagnées de leurs parrainages,
sont classés par ordre alphabétique.
Du milieu du  xixe et au xxe  siècle, les
Antiquaires (antiquarius  : «  celui qui
aime l’Antiquité  ») se sont largement
ouverts à une variété de champs patri-
moniaux, valorisant les savoirs locaux,
nationaux et internationaux, de la
préhistoire aux Lumières. Le prestige
de la Société s’exprime aussi dans la
entretient avec ses confrères du
monde entier : John Evans (Royaume-
Uni), Jacques London (Canada), Ludwig
Lindenschmidt (Allemagne) et Joseph
Henry (États-Unis). Enfin, les études
des érudits (archivistes, archéologues,
numismates, linguistes) permettent
d’appréhender la richesse patrimo-
niale de la France avec des relevés
d’Alexandre Lenoir (Paris), de Joseph
Déchelette (Roanne), de l’abbé Cochet
(Rouen) et de Jean Schweighauser
(Strasbourg), accompagnées de dessins
inédits d’objets et de sites. C’est de fait
une source nouvelle pour la recherche
sur les réseaux d’érudits en France.
Pour plus d’informations :
www.antiquairesdefrance.net
Représentations de la déesse Oga. Rapport de
M. André, de Poitiers, de janvier 1829, planche II.
36AS/79. © Arch. nat./département des Archives privées

infos pratiques
• Pierrefitte-sur-Seine Imprimerie PDI • Nagasaki Atomic Bomb Museum
59, rue Guynemer 90001 2, avenue de Bourgogne – ZA des Béthunes • Stockholm, National Museum • Simon Vogel
93383 Pierrefitte-sur-Seine Cedex 95310 SAINT OUEN L’AUMÔNE
Tél. 01 75 47 20 00 Réalisation graphique
Directeur de la publication Léa Pinard
• Fontainebleau Françoise Banat-Berger
2, rue des Archives 77300 Fontainebleau Visuel de couverture
Tél. 01 72 79 91 00 Secrétaire de la publication © Paris - Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais /
Pascal Segrette, © Stockholm - National Museum
Léa Pinard
• Paris
60, rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris Comité de rédaction Mémoire d’avenir en ligne :
ISSN 2108-2421 / Dépôt légal à parution

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60, rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris
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