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dossier de presse

communiqué de presse p.3


press release p.5

comunicado de prensa p.7
plan de l’exposition p.9

textes des salles p.10
artistes exposés p.16

œuvres exposées p.17

cycle de lectures et performances Gertrude Stein conçu par Ludovic Lagarde p.30
programmation culturelle p.35

catalogue de l’exposition p.38
extraits du catalogue de l’exposition :
- Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage par Cécile Debray p.39
- Gertrude Stein par Pablo Picasso par Gertrude Stein, par Laurence Madeline p.42
- Gertrude Stein et l’avant-garde new-yorkaise : circularité d’un statut par Assia Quesnel p.44

- Différences et répétitions. Une sensibilité steinienne dans l’art minimal et conceptuel p.46
par Valérie Mavridorakis

- Gertrude Stein, icône lesbienne par Damien Delille p.49

- Gertrude Stein, une chrono-anthologie par Philippe Blanchon p.51


- citations de Gertrude Stein p.59
quelques notices p.61

autres publications p.63

informations pratiques p.65

visuels presse p.66

Musée du Luxembourg p.76

Shigeru Ban p.77
Musée national Picasso-Paris : le musée monographique d’un artiste-monde p.78
Célébration Picasso 1973-2023 p.79

mécène exclusif CHANEL p.81

partenaires médias p.82
autres partenaires p.83
notes p.84

couverture : Picasso, Femme aux mains jointes (étude pour Les Demoiselles d’Avignon), huile sur toile, 90,5 x 71,5 cm,
Paris, printemps 1907, Musée Picasso, Paris / Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau
© Succession Picasso 2023
communiqué

Gertrude Stein
et Pablo Picasso
L’invention du langage

13 septembre 2023 – 28 janvier 2024

Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard
75006 Paris

exposition organisée par la Réunion des musées


nationaux - Grand Palais avec la collaboration et le
soutien exceptionnel du Musée national Picasso-Paris.

« Un écrivain devrait écrire avec ses yeux et un peintre peindre avec ses oreilles1 »
Gertrude Stein

L’amitié entre l’artiste Pablo Picasso et l’écrivaine Gertrude Stein s’est cristallisée autour de leur travail
respectif, fondateur du cubisme, à partir de ce qui constitue leur pratique littéraire et picturale : décomposition
analytique des objets du quotidien, du langage et de la peinture, sérialité, circularité et répétition – autant de
formulations et de trouvailles fondatrices des avant-gardes picturales et littéraires du XXe siècle.

Gertrude Stein est une immigrée américaine, juive, homosexuelle, installée à Paris, rue de Fleurus, peu
après l’arrivée en 1901 de Pablo Picasso, jeune artiste espagnol. Leur position d’étrangers, maîtrisant
approximativement le français, leur marginalité fondent leur appartenance à la bohème parisienne et leur
liberté artistique.

Leur postérité est immense. Examiner leur complicité, leur inventivité et suivre le parcours de Gertrude Stein
entre Paris et les États-Unis, permet d’esquisser une traversée des approches conceptuelles, performatives
et critiques de l’art, de la poésie, de la musique et du théâtre à travers de grandes figures de l’art américain :
John Cage, Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Merce Cunningham, Nam June Paik, Yvonne Rainer,
Lucinda Childs, Trisha Brown, Ray Johnson, Bruce Nauman, Carl Andre, James Lee Byars, Joseph Kosuth,
Hanne Darboven, Andy Warhol, Glenn Ligon, Ellen Gallagher, Gary Hill, Deborah Kass, Felix Gonzalez-
Torres...

Ainsi l’exposition entend porter un éclairage inédit et documenté sur l’œuvre poétique mal connue de Gertrude
Stein, en regard des peintures et des sculptures de Picasso, le « Paris Moment » (rue de Fleurus et rue
Christine, à deux pas du musée du Luxembourg qu’elle fréquente assidument). La postérité américaine de
ce dialogue forme la seconde partie du parcours, l’« American Moment », avec des œuvres emblématiques
issues de l’écriture steinienne, des années 1950 à nos jours : depuis le Living Theater et les expérimentations
musicales, plastiques et théâtrales néo-dada et fluxus, en passant par l’art minimal autour du langage et du
cercle, jusqu’aux œuvres néo-conceptuelles et critiques.

1 - « A writer should write with his eyes and a painter paint with his ears » (Gertrude Stein, What Are Masterpieces, Los Angeles,
Conference Press, 1940, notre trad.).

Picasso, Femme aux mains jointes (étude pour Les Demoiselles d’Avignon), huile sur toile, 90,5 x 71,5 cm, Paris, printemps 1907,
Musée Picasso, Paris / Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau © Succession Picasso 2023
Une série de portraits et d’œuvres hommages, comme le fameux polyptique Ten Portraits of Jews of the
Twentieth Century d’Andy Warhol ou des photographies de Cecil Beaton, évoque l’icône Gertrude Stein.

Cette exposition est programmée dans le cadre de la Célébration Picasso 1973-2023, coordonnée par le
Musée national Picasso-Paris, qui à cette occasion partage sa collection par le prêt exceptionnel de 26
œuvres de sa collection essentiellement centrées autour des années héroïques des Demoiselles d’Avignon
et du cubisme, ainsi qu’un ensemble d’archives remarquable. La Célébration Picasso et l’exposition sont
placées sous le haut patronage de la Présidence de la République.

Un programme de performances conçues par le metteur en scène Ludovic Lagarde accompagne l’exposition
pour faire entendre l’écriture cubiste de Gertrude Stein. Ces performances de 30 à 40 minutes auront lieu à
l’occasion des nocturnes du lundi à 19h et 20h30, pendant toute la durée d’ouverture au public de l’exposition
(hors vacances scolaires et 2 octobre) dans la salle Tivoli adjacente aux espaces d’exposition (sur simple
présentation du billet de l’exposition).
.......................................
commissaire générale : Cécile Debray, Présidente du Musée national Picasso, Paris

commissaire associée : Assia Quesnel, historienne de l’art

scénographie : Studio Matters

mise en lumière : Aura Studio


.......................................
horaires d’ouverture : publication aux éditions de la Réunion des contacts presse :
tous les jours de 10h30 à 19h musées nationaux - Grand Palais, 2023 : Rmn - Grand Palais
nocturne les lundis jusqu’à 22h sauf le 2 254-256 rue de Bercy
octobre catalogue de l’exposition 75 577 Paris cedex 12
les 17 octobre, 24 et 31 décembre de broché, 20 x 29 cm, 200 pages,
10h30 à 18h 160 illustrations, 40 € Florence Le Moing
fermeture exceptionnelle le 25 décembre florence.le-moing@rmngp.fr
journal de l’exposition, 6 € 01 40 13 47 62
tarifs : 14 € ; TR 10 €,
spécial jeune 16-25 ans : 10 € pour 2 Svetlana Stojanovic
personnes du lundi au vendredi après 16h svetlana.stojanovic@rmngp.fr
réservation conseillée
gratuit pour les moins de 16 ans, @Presse_RmnGP
bénéficiaires des minima sociaux,
illimité avec le pass Sésame Escales

accès :
M° St Sulpice ou Mabillon
Rer B Luxembourg
Bus : 58 ; 84 ; 89 ; arrêt Musée du
Luxembourg / Sénat

informations et réservations:
museeduluxembourg.fr

#PicassoCelebration
#ExpoGertrudeStein

AVEC LE SOUTIEN EXCLUSIF DE


press release

Gertrude Stein
and Pablo Picasso
The invention of language

13th September 2023 - 28th January 2024

Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard
75006 Paris

exhibition organised by the Réunion des Musées


Nationaux – Grand Palais with the exceptional support
of the Musée National Picasso-Paris.

« A writer should write with his eyes, and a painter paint with his ears.1 »
Gertrude Stein

The friendship between Pablo Picasso and Gertrude Stein crystallised around their respective work, leading
to the founding of Cubism. The constitutive elements of their literary and pictorial practice – the analytical
decomposition of the simple elements of everyday life, language and painting, and seriality – form the
formal founding characteristics of the pictorial and literary avant-gardes of the twentieth century.

Gertrude Stein was a Jewish-American immigrant and homosexual who settled in Paris in rue de Fleurus
shortly after the arrival of Picasso, a young Spanish artist, in 1901. Their position as foreigners, with only a
rough-and-ready command of French, and their marginal status provided the basis for their membership of
the Parisian bohemian scene and their artistic freedom.

Their posterity is formidable. By exploring their close friendship and inventiveness, and by following Gertrude
Stein’s trajectory between Paris and the United States, we can begin to explore various conceptual,
performative and critical approaches in art, poetry, music and theatre through a host of key figures of
American art, including John Cage, Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Merce Cunningham, Nam June
Paik, Yvonne Rainer, Lucinda Childs, Trisha Brown, Ray Johnson, Bruce Nauman, Carl Andre, James Lee
Byars, Joseph Kosuth, Hanne Darboven, Andy Warhol, Glenn Ligon, Ellen Gallagher, Gary Hill, Deborah
Kass and Felix Gonzalez-Torres...

The exhibition aims to bring an original and documented perspective to Gertrude Stein’s little-known poetry
through an interaction with paintings and sculptures by Picasso – the “Paris Moment” (rue de Fleurus and
rue Christine, just a stone’s throw from the Musée du Luxembourg that she so keenly visited). The American
posterity of this dialogue forms the second half of the exhibition – the “American Moment” – with emblematic
works based on Stein’s writing, from the 1950s to today: from the Living Theater and the musical, artistic
and theatrical experimentations of Neo-Dada and Fluxus, through minimalist art centred on language and
circles, to neo-conceptual and critical works.

1 - Gertrude Stein, What Are Masterpieces, Los Angeles, Conference Press, 1940.

Picasso, Femme aux mains jointes (study for Les Demoiselles d’Avignon), oil on canvas, 90,5 x 71,5 cm, Paris, printemps 1907
Musée Picasso, Paris / Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau © Succession Picasso 2023
A series of portraits and tribute pieces, such as Andy Warhol’s famous polyptych Ten Portraits of Jews of the
Twentieth Century and photographs by Cecil Beaton, will illustrate the icon that was Gertrude Stein.

This exhibition is organised as part of Célébration Picasso 1973-2023, coordinated by the Musée National
Picasso-Paris, which is sharing its collection for the occasion through the exceptional loan of 26 of its pieces,
centred mainly around the glory days of the Demoiselles d’Avignon and Cubism, as well as a remarkable set
of archives. Célébration Picasso and the exhibition are taking place under the auspices of the President of
France.

A programme of performances conceived by the director Ludovic Lagarde accompanies the exhibition to
make Gertrude Stein’s cubist writing heard. These 30 to 40 minute performances will take place during the
Monday night sessions at 7 and 8:30 pm, while the exhibition is open to the public (except during school
holidays and october 2) in the Tivoli room adjacent to the exhibition areas (upon reservation of the exhibition
ticket).
.......................................
general curator: Cécile Debray, President of the Musée national Picasso, Paris

associate curator: Assia Quesnel, art historian

scenography : Studio Matters

lighting : Aura Studio


.......................................
opening hours : published by the Réunion des musées press contacts :
every day from 10.30 am to 7 pm nationaux - Grand Palais, 2023 : Rmn - Grand Palais
nocturne on Mondays until 10 pm except 254-256 rue de Bercy
2 October exhibition catalogue 75 577 Paris cedex 12
20 x 29 cm, 200 pages, 160 illustrations, 40 €
17 October, 24 and 31 December from
Florence Le Moing
10.30 am to 6 pm exhibition journal, 6 € florence.le-moing@rmngp.fr
exceptionally closed on 25 December 01 40 13 47 62
price : Svetlana Stojanovic
€14, €10 concessions svetlana.stojanovic@rmngp.fr
special young person’s rate 16-25:
€10 for 2 people Monday to Friday after @Presse_RmnGP
4pm
booking recommended
free for those under 16 and minimum
wage earners, unlimited entry with
the Sésame Stops pass

accès :
M° St Sulpice ou Mabillon
Rer B Luxembourg
Bus : 58 ; 84 ; 89 ; arrêt Musée du
Luxembourg / Sénat

information and booking:


museeduluxembourg.fr

#PicassoCelebration
#ExpoGertrudeStein

WITH THE EXCLUSIVE SUPPORT OF


comunicado de prensa

Gertrude Stein
y Pablo Picasso
La invención del lenguaje
13 de septiembre de 2023 - 28 de enero de 2024

Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard
75006 París (Francia)

exposición organizada por la Réunion des musées


nationaux - Grand Palais con la colaboración y el
apoyo excepcional del Musée national Picasso-Paris.

« Un escritor debe escribir con los ojos y un pintor pintar con los oídos1»
Gertrude Stein

La amistad entre el artista Pablo Picasso y la escritora Gertrude Stein cristalizó en torno a sus respectivos
trabajos, que dieron forma al cubismo, a partir de lo que constituye su práctica literaria y pictórica: la
descomposición analítica de los objetos cotidianos, el lenguaje y la pintura, la serialidad, la circularidad y la
repetición, formulaciones y descubrimientos que fundaron las vanguardias pictóricas y literarias del siglo XX.
Gertrude Stein era una inmigrante judía-estadounidense y homosexual que se instaló en París, en la rue
de Fleurus, poco después de la llegada del joven artista español Pablo Picasso, en 1901. Su condición de
extranjeros, con un dominio aproximado del francés, y su marginalidad explican su pertenencia a la bohemia
parisina y de su libertad artística.

Su posteridad es inmensa. Estudiar su complicidad, su inventiva y seguir el periplo de Gertrude Stein entre
París y Estados Unidos, nos permite esbozar un cruce de enfoques conceptuales, performativos y críticos
del arte, la poesía, la música y el teatro a través de los artistas estadounidenses más emblemáticos: John
Cage, Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Merce Cunningham, Nam June Paik, Yvonne Rainer, Lucinda
Childs, Trisha Brown, Ray Johnson, Bruce Nauman, Carl Andre, James Lee Byars, Joseph Kosuth, Hanne
Darboven, Andy Warhol, Glenn Ligon, Ellen Gallagher, Gary Hill, Deborah Kass, Felix González-Torres...

La exposición pretende arrojar una luz nueva y documentada sobre la obra poética apenas conocida de
Gertrude Stein, en relación con las pinturas y esculturas de Picasso, y el Paris Moment, los lugares que habitó,
como la rue de Fleurus y rue Christine, junto al Musée du Luxembourg, que tanto frecuentaba. La posteridad
norteamericana de este diálogo constituye la segunda parte de la exposición, el American Moment, con
obras emblemáticas derivadas de la escritura de Stein, de los años 50 hasta nuestros días: desde el Living
Theater y los experimentos musicales, plásticos y teatrales del neodadaísmo y Fluxus, pasando por el arte
minimalista basado en el lenguaje y el círculo, hasta las obras neoconceptuales y críticas.

1 - « A writer should write with his eyes and a painter paint with his ears » (Gertrude Stein, What Are Masterpieces, Los Angeles,
Conference Press, 1940).

Picasso, Mujer con las manos juntas (estudio para Las señoritas de Aviñón), óleo sobre lienzo, 90,5 x 71,5 cm, Paris, printemps 1907,
Musée Picasso, Paris / Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau © Succession Picasso 2023
Una serie de retratos y homenajes, como el célebre políptico de Andy Warhol, Ten Portraits of Jews of the
Twentieth Century o fotografías de Cecil Beaton, evocan la histórica figura de Gertrude Stein.

Se trata de una exposición programada en el marco de la Celebración Picasso 1973-2023, coordinada por el
Musée national Picasso-Paris, que en esta ocasión comparte sus fondos mediante el préstamo excepcional
de 26 obras de su colección, centradas en particular en los años heroicos de Las señoritas de Aviñón y del
cubismo, así como de un conjunto de archivos extraordinario. La Celebración Picasso y la muestra cuentan
con el alto patrocinio de la Presidencia de la República francesa.

Un programa de performances concebido por el director Ludovic Lagarde acompaña la exposición para
hacer oír la escritura cubista de Gertrude Stein. Estas representaciones, de 30 a 40 minutos de duración,
tendrán lugar durante las sesiones nocturnas de los lunes, a 19 y 20:30 horas, mientras la exposición esté
abierta al público (excepto durante las vacaciones escolares y el 2 de octubre) en la sala Tivoli, junto a las
zonas de exposición (previa reserva de la entrada a la exposición).
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comisaria general: Cécile Debray, presidenta del Musée national Picasso-Paris

comisaria asociada: Assia Quesnel, historiadora del arte

escenografía: Studio Matters

destacando : Aura Studio


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horario de apertura : publicación en la editorial de Réunion des contactos de prensa
todos los días de 10:30 a 19:00 musées nationaux - Grand Palais 2023 : Rmn - Grand Palais
sesiones nocturnas cada lunes hasta las 254-256 rue de Bercy
22:00 excepto el 2 de octubre catálogo de la exposición 75 577 Paris cedex 12
17 de octubre, 24 y 31 de diciembre de 20 x 29 cm, 200 pages, 160 illustrations, 40 €
10.30 a 18.00 horas Florence Le Moing
excepcionalmente cerrado el 25 de florence.le-moing@rmngp.fr
diciembre periódico de la exposición, 6 € 01 40 13 47 62

precios : 14 €; TR 10 €, Svetlana Stojanovic


especial para jóvenes de 16 a 25 años: svetlana.stojanovic@rmngp.fr
10 euros para 2 personas de lunes a
viernes después de las 16:00 @Presse_RmnGP
se recomienda reservar
gratuito para menores de 16 años
con prestaciones sociales mínimas,
ilimitado con el pase Sésame Escales

acceso :
Metro St Sulpice o Mabillon
Rer B Luxembourg
Autobús: 58; 84; 89; parada Musée du
Luxembourg / Sénat

información y reservas :
museeduluxembourg.fr

#PicassoCelebration
#ExpoGertrudeStein

CON EL APOYO EXCLUSIVO DE


plan de l’exposition

1
PARIS MOMENT

1.1
PORTRAITS
CUBISTES

1.2
PORTRAITS DE
CHOSES

2
AMERICAN
MOMENT

2.1
GRAMMAIRE

2.2
GÉOGRAPHIE ET
JEUX

2.3
CERCLES ET
MOTS

2.4
CONCEPTUELLE
EXCENTRIQUE

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 9


textes des salles

Gertrude Stein / Pablo Picasso


L’invention du langage

« A writer should write with his eyes and a painter paint with his ears »

« Un écrivain devrait écrire avec ses yeux et un peintre peindre avec ses oreilles »
Gertrude Stein, 1940

Gertrude Stein (1874-1946), première collectionneuse de Pablo Picasso (1881-1973), est une des grandes
figures de la littérature d’avant-garde américaine du XXe siècle. Le portrait que Picasso réalise en 1906,
quelques mois après leur rencontre, scelle aux yeux de la postérité leur alliance amicale et artistique autour
du cubisme, entre peinture et écriture. L’histoire de leur amitié est bien connue, grâce notamment au récit
de Gertrude Stein dans l’Autobiographie d’Alice Toklas (1933).
« Paris Moment ». La genèse croisée de leurs œuvres respectives a fondé en grande partie le cubisme dont
les œuvres auront des répercussions majeures durant la seconde moitié du XXe siècle sur l’art moderne et
contemporain – l’expressionnisme abstrait, l’art conceptuel et minimal, les scènes performatives.
« American Moment ». La radicalité poétique de Gertrude Stein, qui s’est élaborée à travers un dialogue
avec la peinture et surtout avec Picasso, est la pierre angulaire des premières avant-gardes de la culture
américaine sur laquelle se fondent les mouvements expérimentaux performatifs et musicaux des années
1950 et 1960, autour de John Cage et de Merce Cunningham, du Living Theater, de Fluxus, du Pop Art, de
l’art minimal.
Jusqu’à aujourd’hui, Gertrude Stein, qui a ouvertement affirmé son homosexualité, fait figure d’icône et
irrigue des relectures conceptuelles et queer très actuelles, depuis Warhol jusqu’à Felix Gonzalez-Torres,
Ellen Gallagher ou Glenn Ligon.

Cette exposition est organisée en collaboration avec le musée national Picasso-Paris dans le cadre de la
Célébration Picasso 1973-2023, à l’occasion des cinquante ans de la disparition du peintre.

Paris Moment

« America is my country and Paris is my hometown. »

« L’Amérique est mon pays et Paris est ma ville. »


G. Stein, 1936

Pablo Picasso arrive à Paris en 1902, Gertrude Stein, deux ans plus tard. Le peintre espagnol, s’installe
à Montmartre, dans un atelier précaire au Bateau-Lavoir, l’écrivaine américaine dans une petite maison
d’artisan, rue de Fleurus à deux pas du musée du Luxembourg. L’un et l’autre sont des étrangers attirés par la
métropole artistique et libérale qu’est Paris. La question de leur identité culturelle – espagnole ou américaine
– est au cœur de l’œuvre de Stein, dès son arrivée alors qu’elle imagine son grand livre The Making of
Americans. Elle est d’abord sous-jacente chez Picasso, pour s’affirmer franchement lorsque l’artiste se
placera en exil de l’Espagne franquiste. La position d’extériorité et de liberté de la jeune Américaine, loin de
l’atavisme du bon goût de la vieille Europe, mais aussi ses propres recherches sur la langue initiées lors de
ses études en psychologie auprès de William James à Harvard, la rendent très réceptive aux explorations
les plus radicales en art. Ainsi, elle achète avec son frère Leo la toile qui fait scandale au Salon d’automne
de 1905, La Femme au chapeau de Matisse, et rédige Three Lives face au Portrait de Madame Cézanne à
l’éventail, quand Picasso entrevoit de nouvelles voies pour sa peinture face aux tableaux de Cézanne et de
Matisse accrochés rue de Fleurus.

10 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Portraits cubistes

« Pablo is doing abstract portraits in painting. I am trying to do abstract portraits in my medium, words. »

« Pablo fait des portraits abstraits en peinture. J’essaie de faire des portraits abstraits avec mon médium, les
mots. »
G. Stein, 1945

Préoccupés par la question du réel et de sa représentation, Picasso et Stein partagent la même volonté
de ramener l’attention aux choses vues, ancrée dans l’expérience sensible du présent. Les Demoiselles
d’Avignon et The Making of Americans marquent le début de leurs recherches autour du registre du portrait
qui les a conduits respectivement vers le cubisme et les Word Portraits (« portraits de mots »). Chacun
développe sa propre écriture ; l’une, littéraire, fondée sur « l’insistance » syntaxique, sonore et lexicale,
et l’autre, picturale, sur la simplification et la décomposition des formes. À partir de quelques traits, Stein
suggère, par le rythme oral ou visuel de la répétition aux variations infimes, la pulsation de vie de son
modèle, tandis qu’avec quelques signes reconnaissables, Picasso restitue, par l’ordonnance des volumes
condensés, l’essence de ses figures.
Gertrude Stein accompagne les grandes étapes du cubisme de Picasso, en acquérant des œuvres de chaque
période et en construisant, en parallèle, son écriture selon des approches formelles voisines.

Portraits de choses

« Exact resemblance to exact resemblance the exact resemblance as exact as a resemblance, exactly as
resembling, exactly resembling, exactly in resemblance exactly a resemblance, exactly and resemblance.
For this is so. Because.. »

« Exiger ressemblance à l’exacte ressemblance l’exacte ressemblance aussi exacte qu’une ressemblance,
exactement comme ressemblant, exactement ressemblant, exactement en ressemblance, exactement une
ressemblance, exactement et ressemblance. Car ceci est ainsi.
Parce que. »
G. Stein, « If I told him. A Completed Portrait of Picasso », 1930

Dans les années 1910, Stein et Picasso entreprennent, à partir du registre de la nature morte, un tournant
radical. Leurs réflexions sur la relation qui unit les mots ou les images aux choses les mènent à élaborer une
écriture expérimentale relativement hermétique. Ils opèrent une déconstruction de la syntaxe, pour la poète,
et des volumes et plans, pour le peintre, aboutissant à l’éclatement final de la phrase et de la forme. Stein
rédige alors Tender Buttons, recueil de poèmes en prose sur la vie quotidienne, mais qui ne nomment rien,
suggérant davantage un état par le verbe et l’adverbe. Picasso et Braque explorent les voies du cubisme
analytique, frôlant l’illisibilité, avant d’intégrer littéralement des objets et matériaux ordinaires dans leurs
collages et assemblages du cubisme synthétique.
Si Stein soutient aussi Braque et Gris, elle témoigne d’une admiration sans faille pour Picasso qui est le
seul, selon elle, à être en relation avec l’objet même. Bien qu’il ne la lise pas, le peintre catalan la considère
comme son double littéraire et est respectueux de son travail d’écriture, ce qui lui vaut d’être surnommée
« la cubiste des lettres ».

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 11


American Moment

« It has always seemed to me a rare privilege, this, of being an American, a real American, one whose
tradition it has taken scarcely sixty years to create. »

« Il m’a toujours semblé que c’était un rare privilège que d’être une Américaine, une vraie Américaine, une
dont la tradition a mis à peine soixante ans à se créer. »
G. Stein, The Making of Americans, 1925

La réception américaine de l’œuvre de Stein a été lente, en dépit de la réputation de son Salon de la
rue de Fleurus et de son rôle de marraine de guerre pour les GI’s engagés dans la Grande Guerre. La
reconnaissance arrive avec l’Autobiographie d’Alice Toklas (1933), qui met en scène son amitié avec le
désormais célèbre Picasso, avec aussi, le succès, en 1934, de sa pièce Four Saints in Three Acts, mise en
musique par Virgil Thomson, le « Satie américain ». Elle effectue une tournée triomphale de conférences à
travers l’Amérique (Lectures in America, 1935). Au même moment, le cubisme est présenté à l’exposition du
MoMA de New York, « Cubism and Abstract Art » (1936), comme mouvement fondateur dans la généalogie
de l’art moderne américain. Les Demoiselles d’Avignon entrent, l’année suivante, dans les collections.
Il faut attendre les années 1950-1960 et l’influence majeure de John Cage et de son cercle sur l’avant-
garde new-yorkaise pour que la radicalité formelle et conceptuelle des écrits de Stein soit saisie. Son statut
d’écrivaine majeure de la littérature moderniste américaine est progressivement reconnu. En s’appropriant
son image et son langage, les artistes américains de la seconde moitié du XXe siècle ont contribué à réactiver
son œuvre.

Grammaire

« The grammar is the meaning »


« La grammaire est le sens. »
Merce Cunningham

À la suite des expérimentations initiées à l’université libre du Black Mountain College par le couple formé par
John Cage et Merce Cunningham, Stein s’impose comme modèle de référence de l’avant-garde américaine,
celle de l’anti-art et de la contre-culture, notamment dans les milieux du théâtre, de la musique et de la
danse du New York des années 1950-1960. Dans un contexte d’effervescence artistique, sociale et politique
contestataire, resserré autour de Greenwich Village, émerge une constellation de lieux et groupes alternatifs,
notablement le Living Theater, le Judson Poets’ Theater et le Judson Dance Theater, foyer de la danse post-
moderne, Fluxus et le Pop Art.
Ils diffusent les écrits de Stein par le biais de performances théâtrales ou musicales et s’identifient à son
esthétique, laquelle autorise, sinon coïncide avec leur démarche critique et expérimentale : pur présent et
pure présence des formes, rejet de la narration linéaire, exploration de la matérialité de leur médium (le
corps et le mouvement pour la danse ; le son pour la musique), manipulation de la syntaxe, du processus, en
utilisant la répétition, la sérialité ou en intégrant le quotidien à partir d’un lexique épuré.

Géographie et jeux

« Play, play every day, play and play and play away, and then play the play the play you played today, the play
you play everyday, play it and play it.»

« Jouez, jouez tous les jours, jouez et jouez et jouez encore, et puis jouez la pièce la pièce que vous avez
jouée aujourd’hui, la pièce que vous jouez tous les jours, jouez-la et jouez-la. »
G. Stein, Portraits and Prayers, 1934

À partir de la fin des années 1950, les artistes de l’avant-garde new-yorkaise qui gravitent à Greenwich
Village autour de Cage-Cunningham – notamment depuis leurs études au Black Mountain College – et de la

12 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Judson Memorial Church, cherchent à remettre l’art au cœur de la vie et de la société en s’interrogeant sur
la capacité du langage visuel à saisir le réel. Ils fondent une esthétique du collage, parfois qualifiée de néo-
dada : une hybridation de techniques et de matériaux, objets du quotidien et images de la culture populaire,
selon une approche ludique et ironique de la société de consommation et de spectacle américaine. Cette
conception de l’art, en opposition à l’expressionnisme abstrait dominant, prend ses sources tant dans les
collages et assemblages cubistes de Picasso, les ready-mades de Duchamp et Dada que dans les écrits de
Stein. Quatre des ouvrages de la poète ont ainsi été réédités entre 1966 et 1972 par Something Else Press,
maison d’édition associée au mouvement Fluxus. xus.

Cercles et mots

« When I said. A rose is a rose is a rose is rose. And then later made that into a ring I made poetry. »

« Quand j’ai dit. Une rose est une rose est une rose est une rose. Et ensuite fait de cela un anneau j’ai fait
de la poésie.»

G. Stein, Lectures in America, 1935

Comme Fluxus, l’art minimal et conceptuel pose la question de la définition de l’art et de ses pratiques,
affirmant le primat de l’idée et de l’environnement de l’œuvre plutôt que de sa réalisation. Cela ouvre à
une multitude de formes artistiques à partir de modes alternatifs, tels que le langage et le discours, l’action
corporelle, le son, les chiffres, la documentation non-artistique ou l’architecture. D’autres, notamment Joseph
Kosuth, défendent une vision tautologique et littérale de l’art, à savoir « l’art est la définition de l’art ». Cette
acceptation plus restreinte trouve un précédent dans la pensée steinienne incarnée par son célèbre vers «
Rose is a rose is rose is rose ». Car, si le rôle de Marcel Duchamp en tant que source de l’art conceptuel
est pleinement reconnu, la poésie expérimentale de Stein a également ouvert un champ d’explorations
artistiques et poétiques, centrales dans les démarches conceptuelles, notamment autour de la plasticité
du langage, la dimension performative, et la matérialité visuelle et sonore des mots. Aussi, les formes et
procédés institués par l’écriture épurée, répétitive, sérielle et circulaire de Stein trouvent de nombreuses
affinités avec les œuvres minimalistes. Dès 1965, la critique Barbara Rose met en avant, dans un article
fondateur, le rôle de Stein dans l’émergence du minimalisme qu’elle qualifie de « ABC Art », en réaction au
mouvement romantique et subjectif de l’expressionnisme abstrait.

Conceptuelle excentrique

« And identity is funny being yourself is funny as you are never yourself to yourself except as you remember
yourself and then of course you do not believe yourself. »

« Et l’identité c’est drôle d’être toi-même c’est drôle car tu n’es jamais toi-même pour toi-même sauf quand
tu te rappelles toi-même et alors bien sûr tu ne te crois pas toi-même. »
G. Stein, Everybody’s Autobiography, 1937

Ancrée dans sa vie, l’écriture de Gertrude Stein mêle fiction et réalité pour déployer une longue interrogation
sur l’identité – mouvante et insaisissable si ce n’est indicible – des choses, des lieux, des êtres. Elle
s’intéresse aux individus tant dans leur dimension collective (l’américanité dans The Making of Americans
ou les spécificités françaises dans Paris-France) qu’intime (la vie quotidienne, la relation à l’autre, l’amour
et l’érotisme, l’homosexualité, le genre, ou encore le rapport de l’écrivain à son œuvre). Jouissant d’une
aura incontestable depuis son portrait peint par Picasso, Stein est devenue une véritable icône pop (Andy
Warhol) – américaine et juive –, héroïne des historiographies féministes et queer. Si son influence peut se
faire parfois plus diffuse, parfaitement assimilée dans les sources de l’art contemporain par le prisme de John
Cage (Gary Hill), nombre d’artistes continuent de se confronter à son esthétique, tant de son image que de
son langage. Qu’ils s’emparent directement et plastiquement de ses écrits (Glenn Ligon) ou revendiquent
clairement la filiation (Hanne Darboven, Félix Gonzalez-Torres, Deborah Kass, Ellen Gallagher), tous attestent
de l’actualité de son œuvre et de sa place tutélaire dans l’art américain.

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 13


Citations

« This one was one, some were quite certain, one greatly expressing something being struggling. This one
was one, some were quite certain, one not greatly expressing something being struggling. »
« Celui-là était quelqu’un, certains en étaient tout à fait certains, quelqu’un qui exprimait grandement quelque
chose en train de combattre. Celui-là était quelqu’un, certains en étaient tout à fait certains, quelqu’un qui
n’exprimait pas grandement quelque chose en train de combattre. »
G. Stein, « Henri Matisse », 1909

« This one was one who was working. This one was one being one having something being coming out of
him. This one was one going on having something come out of him. This one was one going on working. This
one was one whom some were following. This one was one who was working. »
« Celui-là était quelqu’un qui travaillait. Celui-là était quelqu’un en train de faire sortir quelque chose de lui.
Celui-là continuait à faire sortir quelque chose de lui. Celui-là était quelqu’un qui continuait à travailler. Celui-
là était quelqu’un que certains suivaient. Celui-là était quelqu’un qui travaillait. »
G. Stein, « Pablo Picasso », 1909

« Brack, Brack is the one who put up the hooks and held the things up and ate his dinner. He is the one
who did more. He used his time and felt more much more and came before when he came after. He did not
resemble anything more. »
« Braque, Braque est celui qui a mis les crochets et a accroché des choses et a pris son dîner. Il est celui qui
a fait plus. Il a utilisé son temps et s’est senti plus beaucoup plus et est arrivé avant quand il arrivait après. Il
ne ressemblait à rien de plus. »
G. Stein, « Braque », 1913

« J’étais à cette époque seule à comprendre Picasso, peut-être aussi parce que j’exprimais la même chose
en littérature […] »
« I was alone at this time in understanding Picasso, perhaps because I was expressing the same thing in
literature […] »
G. Stein, Picasso, 1938

« Juan Gris formally knows me. Juan Gris and I. Juan Gris and I and formally and knows me. When this you
see remember me, remember him to me. When this you see.
Many secrets many secrets, many many and no secrets. »
« Juan Gris me connaît officiellement. Juan Gris et moi. Juan Gris et moi et officiellement et il me connaît.
Quand cela vous verrez, souvenez-vous de moi, souvenez-vous de lui à moi. Quand cela vous verrez.
Beaucoup de secrets beaucoup de secrets, beaucoup beaucoup et pas de secrets. »
G. Stein, « Pictures of Juan Gris » (1924)

« Pain soup, suppose it is question, suppose it is butter, real is, real is only, only excreate, only excreate a
no since. »
« Soupe de douleur, supposez que ça fait question, supposez que c’est du beurre, réel c’est, réel c’est
seulement, seulement excréer, seulement excréer un pas depuis. »
G. Stein, Tender Buttons: Objects – Food – Rooms, 1914

« A Carafe, that is a blind glass.


A kind in glass and a cousin, a spectacle and nothing strange a single hurt color and an arrangement in a
system to pointing. All this and not ordinary, not unordered in not ressembling. The difference is spreading. »
« Une carafe, c’est un verre aveugle.
Une sorte en verre et sa cousine, un spectacle et rien d’étrange la simple couleur d’un coup et un dispositif
dans un système de visée. Tout ça et rien d’ordinaire, rien d’inordonné dans le non ressemblant. La différence
se répand. »
G. Stein, Tender Buttons: Objects – Food – Rooms, 1914

14 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


« Everything in modern theater has been touched by Stein’s reorganization of the English language. She
freed the theater in every dimension. She simply plowed everything under and it allowed us to experiment
with new forms. And the seeds she planted have continued to grow. »
« Tout dans le théâtre moderne a été touché par la réorganisation de la langue anglaise opérée par Stein. Elle
a libéré le théâtre dans toutes ses dimensions. Elle a simplement tout labouré, ce qui nous a ouvert un vaste
champ pour expérimenter de nouvelles formes. Et les graines qu’elle a plantées ont continué́ de pousser. »
Judith Malina fondatrice avec Julian Beck du Living Theater

« What did he do. He met boys of every nationality and they played together. »
« Qu’a-t-il fait. Il a rencontré des garçons de toutes les nationalités et ils ont joué ensemble. »
G. Stein, Geography and Plays, 1922

« White and black is black and white. What I recollect when I am there is that words are not birds. How easily
I feel thin. Birds do not. So I replace birds with tin-foil. Silver is thin. / Life and letters of Marcel Duchamp. /
Quickly return the unabridged restraint and mention letters. / My dear Fourth. »
« Blanc et noir sont noir et blanc. Ce dont je me souviens quand j’en suis là est que les mots ne sont oiseaux.
Avec quelle facilité je me sens mince. Les oiseaux non. Alors je range les oiseaux avec les feuilles d’étain.
L’argent est mince. / Vie et lettres de Marcel Duchamp. / Redonne vite la contrainte absolue et mentionne les
lettres. / Mon cher Quatrième. »
G. Stein, « Next. Life and Letters of Marcel Duchamp », vers 1920

« Five words in a line.


Bay and pay make a lake.
Have to be held with what.
They have to be held with what they have to be held.
Dependent of dependent of why.
With a little cry.
Make of awake. »
« Cinq mots dans un vers.
La baie et l’étang forment un lac.
Doivent être contenus avec quoi.
Ils doivent être contenus ce avec quoi ils doivent être contenus.
Dépendants de la dépendance de pourquoi.
Avec un petit cri.
Donner forme à l’éveil. »
G. Stein, « Five words in a line », 1930

« There are many men and women who have queerness in them, sometime there will be a history of all the
kinds of them. »
« Il y a beaucoup d’hommes et de femmes qui ont un caractère queer, un jour il y aura une histoire de tous
ces types d’hommes et de femmes. »
G. Stein, The Making of Americans, 1925

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 15


artistes exposés
Carl Andre (1935, États-Unis)
Cecil Beaton (1904-1980, Royaume-Uni)
Georges Braque (1882-1963, France)
Trisha Brown (1936-2017, États-Unis)
John Cage (1912-1992, États-Unis)
Al Carmines (1936-2005, États-Unis)
Paul Cézanne (1839-1906, France)
Lucinda Childs (1940, États-Unis)
Merce Cunningham (1919-2009, États-Unis)
Hanne Darboven (1941-2009, Allemagne)
Marcel Duchamp (1887-1968, France)
Ellen Gallagher (1965, États-Unis)
Heiner Goebbels (1952, Allemagne)
Felix Gonzalez-Torres (1957, Cuba-1996, États-Unis)
Juan Gris (1887, Espagne-1927, France)
Andy de Groat (1947, États-Unis-2019, France)
Gary Hill (1951, États-Unis)
Robert Indiana (1928-2018, États-Unis)
Ray Johnson (1927-1995, États-Unis)
Deborah Kass (1952, États-Unis)
Anne Teresa de Keersmaeker (1960, Belgique)
Joseph Kosuth (1945, États-Unis)
Sol LeWitt (1928-2007, États-Unis)
James Lee Byars (1932, États-Unis-1997, Égypte)
Glenn Ligon (1960, États-Unis)
Jacques Lipchitz (1891, Lituanie-1973, Italie)
Henri Matisse (1869-1954, France)
Peter Moore (1932, Angleterre-1993, États-Unis)
Bruce Nauman (1941, États-Unis)
Jasper Johns (1930, États-Unis)
Nam June Paik (1932, Corée du Sud-2006, États-Unis)
Pablo Picasso (1881, Espagne-1973, France)
Yvonne Rainer (1934, États-Unis)
Robert Rauschenberg (1925-2008, États-Unis)
Man Ray (1890, États-Unis-1976, France)
Gertrude Stein (1874, États-Unis-1946, France)
Virgil Thomson (1896-1989, États-Unis)
Carl Van Vechten (1880-1964, États-Unis)
Andy Warhol (1928-1987, États-Unis)
Marthe Wéry (1930-2005, Belgique)
Emmett Williams (Fluxus Group), (1925, États-Unis-2007, Allemagne)

16 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


œuvres exposées
79 œuvres
14 photographies
13 oeuvres audiovisuelles
12 ouvrages
15 documents

PARIS MOMENT

Georges Braque Juan Gris


Cinq Bananes et deux poires Nature morte au livre
printemps-été 1908 décembre 1913
Huile sur toile, 24 × 33 cm Huile sur toile, 46 × 30 cm
Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art
moderne / Centre de création industrielle, dation moderne / Centre de création industrielle,
en 1992 donation Louise et Michel Leiris en 1984

Georges Braque Juan Gris


Paysage de Carrières-Saint‑Denis La Bouteille d’anis
octobre 1909 1914
Huile sur toile, 41 × 33 cm Huile, collage et crayon
Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art graphite sur toile, 41,8 × 24 cm
moderne / Centre de création industrielle, legs Madrid, Museo Nacional
de Mme Marguerite Savaryen 1969 Centro de Arte Reina Sofía

Georges Braque Jacques Lipchitz


Compotier, bouteille et verre Gertrude Stein
Sorgues, août‑septembre 1912 1920
Huile et sable sur toile, 60 × 73 cm Bronze, 33,5 × 20 × 27 cm
Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art Chevreuse, fonderie Valsuani
moderne / Centre de création industrielle, Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art
donation Louise et Michel Leiris en 1984 moderne / Centre de création industrielle, achat
de l’État, 1947, attribution en 1947
Paul Cézanne
Pommes et biscuits Henri Matisse
1880 Nature morte aux oranges
Huile sur toile, 45 × 55 cm Tanger, début de 1912
Paris, musée de l’Orangerie, Huile sur toile, 95 × 84,8 cm
collection Walter-Guillaume, achat en 1959 Musée national Picasso‑Paris,
collection personnelle Pablo Picasso, donation
Juan Gris Picasso en 1978
Verres, journal et bouteille de vin
1913 Pablo Picasso
Collage, crayon de couleur, gouache et fusain Buste (étude pour Les Demoiselles d’Avignon),
sur papier collé sur carton, 45 × 29,5 cm Paris, printemps 1907
Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Huile sur toile, 60,5 × 59,2 cm
Sofía, prêt à long terme de Telefónica Musée national Picasso‑Paris,
Collection, 1997 dation Pablo Picasso en 1979

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 17


Pablo Picasso Pablo Picasso
Femme aux mains jointes Grenade, verre et pipe
(étude pour Les Demoiselles d’Avignon), Paris, 1911
Paris, printemps 1907 Huile sur toile collée sur carton, 24 × 29 cm
Huile sur toile, 90,5 × 71,5 cm Musée national Picasso‑Paris,
Musée national Picasso‑Paris, dation Pablo Picasso en 1979
dation Pablo Picasso en 1979
Pablo Picasso
Pablo Picasso Journal, porte-allumettes, pipe et verre
Trois Figures sous un arbre Paris, 1911
Paris, hiver 1907-1908 Huile sur toile, 26,8 × 21,8 cm
Huile sur toile, 99 × 99 cm Musée national Picasso‑Paris,
Musée national Picasso‑Paris, dation Pablo Picasso en 1979
don William McCarthy‑Cooper en 1986
Pablo Picasso
Pablo Picasso Verre, pommes, livres
Paysage aux deux figures Paris, printemps 1911
[Paris], automne 1908 Huile sur toile, 22,5 × 45,5 cm
Huile sur toile, 60 × 73 cm Musée national Picasso‑Paris,
Musée national Picasso‑Paris, dation Pablo Picasso en 1979
dation Pablo Picasso en 1979
Pablo Picasso
Pablo Picasso Guitare
Tête d’homme Paris, décembre 1912
Paris, automne 1908 Carton découpé, papier collé, toile, ficelle, huile
Gouache sur bois, 27 × 21,3 cm et crayon, 33 × 17 × 7 cm
Musée national Picasso‑Paris, Musée national Picasso‑Paris,
dation Pablo Picasso en 1979 dation Pablo Picasso en 1979

Pablo Picasso Pablo Picasso


Tête d’homme Guitare
Paris, printemps 1909 Paris, décembre 1912
Gouache sur bois, 27,1 × 21,3 cm Carton découpé, papier collé, toile, ficelle et
Musée national Picasso‑Paris, crayon, 21 × 14 × 7,5 cm
dation Pablo Picasso en 1979 Musée national Picasso‑Paris,
dation Pablo Picasso en 1979
Pablo Picasso
Tête de femme (Fernande) Pablo Picasso
Paris, automne 1909 Bouteille de Bass, verre et journal
Bronze, épreuve pour le marchand Paris, printemps 1914
Ambroise Vollard, 40,5 × 23 × 26 cm Construction : fer-blanc découpé et peint, sable,
Musée national Picasso‑Paris, fil de fer et papier
dation Pablo Picasso en 1979 20 × 14 × 8,5 cm
Musée national Picasso‑Paris,
Pablo Picasso dation Pablo Picasso en 1979
Pomme,
Paris, automne‑hiver 1909 Pablo Picasso
Plâtre, 10,5 × 10 × 7,5 cm Homme à la moustache
Musée national Picasso‑Paris, [Paris], [printemps 1914]
dation Pablo Picasso en 1979 Huile et textile imprimé collé sur toile,
65,5 × 46,6 cm
Musée national Picasso‑Paris,
dation Pablo Picasso en 1979

18 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Pablo Picasso Pablo Picasso
Verre Violon et bouteille sur une table
Paris, printemps 1914 Paris, automne 1915
Construction : fer-blanc découpé et peint, Éléments de bois de sapin, ficelle, clous, avec
clous et bois, 11,5 × 11 × 5 cm peinture et traits au fusain, 45 × 40 × 23 cm
Musée national Picasso‑Paris, Musée national Picasso‑Paris,
dation Pablo Picasso en 1979 dation Pablo Picasso en 1979

Pablo Picasso Pablo Picasso


Verre et dé Homme à la cheminée
Paris, printemps 1914 Paris, 1916
Construction : éléments de bois de pin peints, Huile sur toile, 130 × 81 cm
17 × 16,2 × 5,5 cm Musée national Picasso‑Paris,
Musée national Picasso‑Paris, dation Pablo Picasso en 1979
dation Pablo Picasso en 1979
Pablo Picasso
Pablo Picasso Verre et paquet de tabac
Verre et paquet de tabac Paris, 1921
Paris, printemps 1914 Tôle découpée, pliée, peinte et fil de fer,
Huile et perles collées sur bois, 26,5 × 35 cm 14,7 × 48,5 × 17,5 cm
Musée national Picasso‑Paris, Musée national Picasso‑Paris,
dation Pablo Picasso en 1979 dation Pablo Picasso en 1979

Pablo Picasso Pablo Picasso


Verre et paquet de tabac Guitare
Avignon, été 1914 Paris, printemps 1926
Huile et sable sur bois, 15,5 × 17,7 × 3 cm Tableau-relief : toile, bois, corde, clous et pitons
Musée national Picasso‑Paris, sur panneau peint, 130 × 96,5 cm
dation Pablo Picasso en 1979 Musée national Picasso‑Paris,
dation Pablo Picasso en 1979
Pablo Picasso
Verre, journal et dé Pablo Picasso
Avignon, été 1914 Guitare
Tableau-relief : éléments de bois et de fer-blanc Paris, printemps 1926
découpé peints, fil de fer, sur fond de bois peint Tableau-relief : cordes, papier journal, serpillière
à l’huile, 17,4 × 13,5 × 3 cm et clous sur toile peinte, 130 × 96 cm
Musée national Picasso‑Paris, Musée national Picasso‑Paris,
dation Pablo Picasso en 1979 dation Pablo Picasso en 1979

Pablo Picasso
Verre, journal et dé
Avignon, été 1914
Tableau-relief : éléments de bois peints et sable
sur fond de bois peint à l’huile,
17,5 × 15,2 × 3 cm
Musée national Picasso‑Paris,
dation Pablo Picasso en 1979

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 19


AMERICAN MOMENT Hanne Darboven
Quartet >88<
1990
Carl Andre Ensemble de six tirages offset avec
Short Words photographies montées et livre dans un coffret
1963 portfolio en lin rouge, 42 × 30,5 cm (feuillets) et
Tapuscrit à l’encre noire, ensemble de quatre 43,5 × 31,5 × 6 cm (coffret portfolio fermé)
pages, 27,6 × 21,3 cm chacune Hambourg, Hanne Darboven Foundation c/o
New York, Courtesy Paula Cooper Gallery Sprüth Magers

Carl Andre Marcel Duchamp


Short Fac-similés des Rotoreliefs
25 juillet 1964 nos 1, 3, 6, 8, 10, 12
Tapuscrit à l’encre noire, ensemble de cinq 1-Corolles, 3-Lanterne chinoise,
pages, 27,6 × 21,3 cm chacune 6-Escargot, 8-Cerceaux,
New York, Courtesy Paula Cooper Gallery 10-Cage, 12-Spirale blanche
2010
Carl Andre Papier collé sur Plexiglas, D. 20 cm chacun
Silver Ribbon Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art
2002 moderne / Centre de création industrielle
Feuille d’argent, 9 × 124 × 124 cm
New York, Courtesy of the artist and Paula Ellen Gallagher
Cooper Gallery Dance You Monster
2000
James Lee Byars Caoutchouc, papier et émail sur lin,
« One Page Book on Gertrude Stein », sheet 305,2 × 244,6 × 4 cm
one Reggio Emilia, Collezione Maramotti
1970
Tapuscrit, 43,2 × 27,9 cm, Ellen Gallagher
correspondance I. 58 Dance You Monster
New York, The Museum of Modern Art Archives 2000
Caoutchouc, papier et émail
James Lee Byars sur lin, 305,8 × 244,2 × 4 cm
The Halo Reggio Emilia, Collezione Maramotti
1985
Cuivre plaqué or, D. 220 cm Felix Gonzalez-Torres
Paris, Fondation Louis Vuitton « Untitled » (Alice B. Toklas’ and Gertrude
Stein’s Grave, Paris)
James Lee Byars 1992
Is C-print contrecollé sur carton, 12 × 17,8 cm
1989 Collection Chantal Crousel
Marbre doré, D. 60 cm
Paris, Fondation Louis Vuitton Gary Hill
AND (Engender Project)
2022
Plastique PVC, 17 × 29 × 18 cm,
édition de 2 ex. + 1 EA, éd. no 1/2
Galerie In Situ – fabienne leclerc, Grand Paris

20 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Gary Hill Robert Indiana
ELLE/IL (ELLE-IL), ELLE/IL The Mother of Us All
(AND), ELLE/IL (IL-ELLE), 1967
ELLE/IL (OR), ELLE/IL (XOR) Reproduction photomécanique,
(Engender Project) 91,4 × 58,4 cm
2022 New York, The Metropolitan Museum of Art,
Polyptyque de cinq pièces uniques, aquarelle bequest of William S. Lieberman, 2005,
sur papier 45 × 60 cm chacune
Galerie In Situ – fabienne leclerc, Grand Paris Jasper Johns
Targets
Gary Hill 1967-1968
HE-THEY (Engender Project) Lithographie, signée et numérotée
2022 86,4 × 63,5 cm
Plastique PVC, 17 × 62 × 18 cm, New York, The Metropolitan Museum of Art,
édition de 2 ex. + 1 EA, éd. no 1/2 Florence and Joseph Singer Collection, 1969
Galerie In Situ – fabienne leclerc, Grand Paris
Jasper Johns
Gary Hill Flags
OR (Engender Project) 1968
2022 Lithographie, signée et numérotée
Plastique PVC, 17 × 62 × 18 cm, 86,4 × 63,5 cm
édition de 2 ex.+ 1 EA, éd. no 1/2 New York, The Metropolitan Museum of Art,
Galerie In Situ – fabienneleclerc, Grand Paris Florence and Joseph Singer Collection, 1969

Gary Hill Jasper Johns


She/He (Engender Project) Target
2022 1971
Sérigraphie couleur, 70 × 100 cm chacune, Lithographie offset avec collage, dans un
édition de 5 ex. + 2 EA., éd. nos 1 et 2/5 coffret en plastique blanc avec le catalogue de
Galerie In Situ – fabienneleclerc, Grand Paris l’exposition « Technics and Creativity »,
26,4 × 21,3 cm (feuillets)
Gary Hill New York, The Metropolitan Museum of Art,
THEY-HE (Engender Project) bequest of William S. Lieberman, 2005
2022
Plastique PVC, 18 × 62 × 18 cm, Jasper Johns
édition de 2 ex. + 1 EA, éd. no 1/2 Untitled
Galerie In Situ – fabienne leclerc, Grand Paris 1984
Fusain sur papier, 111,4 × 84,1 cm
Gary Hill New York, Whitney Museum of American
XOR (Engender Project) Art, purchase with funds from the Burroughs
2022 Wellcome Purchase Fund, the Equitable
Plastique PVC, 18 × 62,5 × 18 cm, Life Assurance Society of the United States
édition de 2 ex. + 1 EA, éd. no 1/2 Purchase Fund, the Mr. and Mrs. Thomas
Galerie In Situ – fabienne leclerc, Grand Paris M. Evans Purchase Fund and the Mrs. Percy
Uris Purchase Fund

Ray Johnson
Untitled (Amaryllis or the Prettiest of Legs)
vers 1953‑1960
Technique mixte et collage sur papier cartonné,
27,9 × 19,1 × 5,1 cm
New York, Ray Johnson Estate

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 21


Ray Johnson Glenn Ligon
Wed Ded Lead Warm Broad Glow II
1968/1988/1989/1992/1994 2011
Technique mixte et collage sur papier Néon, peinture et support métallique,
48,3 × 34,3 × 5,1 cm 73,7 × 614,7 cm x 11,7 cm
New York, Ray Johnson Estate Londres, Zabludowicz Collection

Ray Johnson Glenn Ligon


Untitled (Gertrude Stein Urinating) Study for Negro Sunshine
1976/1987/1988/1989/1991 #139, #140, #141, #142, #143,
Technique mixte et collage sur papier, #144, #145, #146, #147, #148
35,9 × 38,1 × 5,1 cm 2023
New York, Ray Johnson Estate Bâton de peinture à l’huile, poussière de
charbon et gesso sur papier,
Ray Johnson 30,5 × 22,9 cm chacune
Untitled (Dear Gertrude Stein) Courtesy de l’artiste et de la galerie Chantal
10 février 1990/16 février 1991 Crousel, Paris
Technique mixte et collage sur papier cartonné,
25,4 × 20,3 × 5,1 cm Bruce Nauman
New York, Ray Johnson Estate Lip Sync
1969
Deborah Kass Bande vidéo U-matic, NTSC, numérisée 4/3,
Let Us Now Praise Famous Women #2 noir et blanc, son, 30’
1994-1995 Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art
Sérigraphie et acrylique sur toile, moderne / Centre de création industrielle
182 × 168 × 4,5 cm
Washington D.C., U.S. Bruce Nauman
Department of State Cultural Heritage Study for Pleasure, Pain, Life, Death, Love,
Collection, courtesy of the Foundation for Art Hate
and Preservation in Embassies 1983
Marqueur et encre sur papier, 127,2 × 97,5 cm
Joseph Kosuth Collection Matthys-Colle, prêt à long terme au
Self-defined in five colors S.M.A.K., Gand
1966
Néons, 12,5 × 232 × 3 cm Bruce Nauman
Paris, Fondation Louis Vuitton Good Boy, Bad Boy
1985‑1986
Joseph Kosuth Installation vidéo : deux moniteurs, deux
Quoted Clocks #14, #12, #11, bandes vidéo NTSC, couleur, son (anglais),
#10, #9, #8, #7, #13, #6, #5, 60’52’’, deux socles de 1,50 m, salle aux
#3, #1, #16, #15 (A.R.) dimensions variables
2022 Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art
Horloge et vinyle, 40 × 40 × 4,5 cm chacune moderne / Centre de création industrielle
Paris, galerie Almine Rech, courtesy of the
artist and Almine Rech Bruce Nauman
Thank You
Sol LeWitt 1992
Circles Moniteur, lecteur vidéo, source vidéo, couleur,
1973 son, lecture continue, dimensions variables
Lithographie, 22,5 × 22,6 cm Collection privée, courtesy of Sperone
New York, The Metropolitan Westwater New York
Museum of Art, gift of Robert Rauschenberg,
1976

22 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Nam June Paik Photographies
Gertrude Stein
1990
Installation de moniteurs de télévision anciens,
techniques mixtes, deux canaux vidéo, Anonyme
248,9 × 195,9 × 94 cm Gertrude Stein dans les jardins du Luxembourg
The Ekard Collection non daté [vers 1905]
Épreuve gélatino-argentique
Robert Rauschenberg (tirages d’exposition)
Front Roll New Haven, Yale University Library, Beinecke
1964 Rare Book and Manuscript Library, Gertrude
Lithographie, 105,3 × 75,4 cm Stein and Alice B. Toklas Papers
New York, The Metropolitan Museum of Art,
bequest of William S. Lieberman, 2005 Cecil Beaton
Gertrude Stein au premier plan, Alice B. Toklas
Robert Rauschenberg en costume de tweed à l’arrière-plan, atelier
Centennial Certificate MMA de Cecil Beaton à Londres
1969 vers 1937
Lithographie couleur, 91,4 × 63,5 cm Épreuve gélatino-argentique, 24 × 19 cm
New York, The Metropolitan Museum of Art, Londres, Cecil Beaton, Condé Nast
Florence and Joseph Singer Collection, 1972
Cecil Beaton
Andy Warhol Gertrude Stein et Alice B. Toklas se faisant
Gertrude Stein face,
1980 tirage triple exposition réalisé par Cecil Beaton
Acrylique et sérigraphie sur toile en superposant des négatifs, atelier de Cecil
101,9 × 101,9 cm Beaton à Londres,
New York, Whitney Museum of American Art, vers 1937
gift of Ronaldand Frayda Feldman Épreuve gélatino-argentique, 29 × 24 cm
Londres, Cecil Beaton, Condé Nast
Andy Warhol
Ten Portraits of Jews of the Twentieth Century Cecil Beaton
1980 Gertrude Stein, portant un manteau, au premier
Sérigraphie couleur, 101,5 × 81,2 cm chacune plan et sans manteau, en surimpression à
Paris, Fondation Louis Vuitton l’arrière plan, atelier de Cecil Beaton à Londres,
Courtesy of Ronald Feldman Gallery, New York vers 1937
Épreuve gélatino-argentique, 23,7 × 21 cm
Marthe Wéry Londres, Cecil Beaton, Condé Nast
Écritures (Gertrude Stein)
1981 Ken Howard
Diptyque, encre sur papier, 130 × 98 cm The Mother of Us All,
chacun Santa Fe Opera, août 1976
Charleroi, musée d’Art de la province de Textes et livret de Gertrude Stein (1946),
Hainaut, collection BPS22 musique de Virgil Thomson,
décor et costumes de Robert Indiana
Emmett Williams Épreuves gélatino-argentiques
13 Variations on 6 words of Gertrude Stein (tirages d’exposition)
1965 Santa Fe Opera Archives
Impression en six couleurs sur carton blanc
plié en accordéon, 23 × 292 cm, dans un
coffret noir 28 × 28 × 0,5 cm, signé et numéroté
62/111
Collezione Bonotto

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 23


Man Ray Peter Moore
Alice B. Toklas, Gertrude Stein Judson Poets’ Theater
1922 What Happened
Image positive obtenue par inversion des Judson Memorial Church,
valeurs de la numérisation du négatif original New York, 12 octobre 1963
(tirage d’exposition), D’après Gertrude Stein,
négatif original : 10 × 12,5 cm musique d’Al Carmines,
Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art mise en scène de Lawrence Komfeld
moderne / Centre de création industrielle De gauche à droite :
Masato Kawasaki, John Quinn, Al Carmines,
Man Ray Hunt Cole, Yvonne Rainer, Arlene Rothlein,
Gertrude Stein Lucinda Childs, Joan Baker, Aileen Passloff
1922 Épreuve gélatino-argentique, 27,9 × 35,6 cm
Image positive obtenue par inversion des New York, Estate of Peter Moore, courtesy
valeurs de la numérisation du négatif original Paula Cooper Gallery
(tirage d’exposition),
négatif original : 9 × 12 cm Peter Moore
Paris, Centre Pompidou, Musée national Judson Poets’ Theater,
d’art moderne / Centre de création industrielle In Circles,
Judson Memorial Church,
Man Ray New York, 16 octobre 1967
Jo Davidson, Gertrude Stein et son portrait D’après Gertrude Stein,
sculpté musique d’Al Carmines
vers 1923 Épreuve gélatino-argentique, 20 × 25,1 cm
Image positive obtenue par inversion des New York, Estate of Peter Moore, courtesy
valeurs de la numérisation du négatif original Paula Cooper Gallery,
(tirage d’exposition),
négatif original : 18 × 13 cm Carl Van Vechten
Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art Four Saints in Three Acts,
moderne / Centre de création industrielle, New York, March 1, 1934,
dation en 1994 44th Street and Empire Theatres, Broadway,
New York, 1er mars 1934
Peter Moore Textes et livret de Gertrude Stein (1927),
Judson Poets’ Theater, musique de Virgil Thomson (1928),
What Happened Épreuve gélatino-argentique (tirage
Judson Memorial Church, New York, d’exposition), 25,3 × 16,4 cm
12 octobre 1963 New Haven, Yale University Library, Beinecke
D’après Gertrude Stein, Rare Book and Manuscript Library, Gertrude
musique d’Al Carmines, Stein and Alice B. Toklas Papers
mise en scène de Lawrence Komfeld
De gauche à droite : Carl Van Vechten
Masato Kawasaki, Joan Baker, John Quinn, Gertrude Stein, New York, January 4 1935,
Lucinda Childs, Hunt Cole, Arlene Rothlein, 1935
Yvonne Rainer, Aileen Passloff Épreuves gélatino‑argentique,
Épreuve gélatino-argentique, 25,4 × 20,3 cm 25,4 × 20,3 cm chacune
New York, Estate The New York Public Library, Astor, Lenox
of Peter Moore, courtesy and Tilden Foundations, Henry W. and Albert
Paula Cooper Gallery, A. Berg Collection of English and American
Literature

24 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Carl Van Vechten Al Carmines
Four Saints in Three Acts [Marquee at Broadway In Circles
Theatre], New York, 1952, 1968
1952 Extrait sonore, 0’58’’
Épreuve gélatino-argentique Texte : Gertrude Stein / Musique : Al Carmines
(tirage d’exposition) Avant Garde Records, 1968
New Haven, Yale University Courtesy Levin Gann PA
Library, Beinecke Rare Book and Manuscript
Library, Gertrude Stein and Alice B. Toklas Lucinda Childs
Papers Calico Mingling
1973
Vidéo, 10’
Performance sur la place Robert-Moses,
université de Fordham, 1973
Audiovisuel Chorégraphie : Lucinda Childs /
Réalisation :
Babette Mangolte /
Interprétation : Susan Brody, Lucinda Childs,
Nancy Fuller et Judy Padow
Trisha Brown
Pantin, médiathèque du Centre national de la
Accumulation
danse, fonds association Cinémathèque de la
1971
danse
Vidéo, 14’45’’, Enregistrement du PARCO
(en collaboration avec le Centre national de la
« Dance Today ‘75 », festival au Seibu
danse CND)
Theater, Tokyo, 12 décembre 1975
Courtesy of Trisha Brown Dance Company
Lucinda Childs
Dance
John Cage
1979
Three Songs
Vidéo, 16’ (extrait)
1932-1933
Film réalisé par Marie‑Hélène Rebois et produit
Enregistrement sonore, 3’
par Daphnie Production, 2015
Textes : Gertrude Stein
Chorégraphie : Lucinda Childs /
(« Twenty Years After », « If It Was To Be »,
Musique : Philip Glass /
« At East And Ingredients ») /
Film-décor : Sol LeWitt /
Musique : John Cage /
Lumière : Beverly Emmons /
Interprétation : Natalia Pschenitschnikova et
Costumes originaux : A. Christina Giannini /
Alexei Lubimov Used by arrangement with
Interprétation originale : Susan Brody, Lucinda
ECM Records, Licence Courtesy Peters Edition
Childs, Nancy Fuller et Judy Padow /
Limited
Interprétation (film) : Lucinda Childs Dance
Company : Ty Boomershine, Katie Dorn, Kate
John Cage
Fisher, Sarah Hillmon, Anne Lewis, Sharon
Living Room Music
Milanese, Matt Pardo, Patrick John O’Neill,
1940
Lonnie Poupard Jr., Caitlin Scranton, Stuart
Vidéo, 9’54’’ (extrait)
Singer, John Sorensen‑Joliink et Shakirah
Enregistrement du concert Chautauqua
Stewart
Inter-Arts Collective, McKnight Hall,
Pantin, médiathèque du Centre national de la
Chautauqua, 17 juillet 2016
danse, fonds Marie-Hélène Rebois
Musique : John Cage / Mise en scène et direction
(en collaboration avec le Centre national de la
artistique : Julian Loida / Co-direction : Kevin
danse CND)
Gupana et Kyle Johnson / Son et vidéo :
Stephen Rudman / Musiciens : Brian Cannady,
Matt Flanders, Julian Loida et Cameron Leach
Courtesy Julian Loida
Licence Courtesy Peters Edition Limited

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 25


Merce Cunningham Anne Teresa De Keersmaeker
Minutiae Rosas danst Rosas
1954 1983
Vidéo, 0’53’’ (extrait) Vidéo, 5’ (extrait)
Enregistrement pour l’émission « Dance in Film réalisé par Thierry De Mey,
America », 1977 1997
Chorégraphie : Merce Cunningham / Chorégraphie : Anne Teresa De Keersmaeker /
Musique : John Cage (Music for Piano 1-20) / Direction artistique et conception : Thierry De
Décor : Robert Rauschenberg / Mey /
Costumes : Remy Charlip / Musique originale : Thierry De Mey et Peter
Réalisation : Merill Brockway / Vermeersch /
Interprétation : Carolyn Brown, Remy Charlip, Photographie : Michel Houssiau /
Merce Cunningham, Anita Dencks, Viola Farber, Caméra : Philippe Guilbert et Jorge Leon /
Jo Anne Melsher et Marianne Preger-Simon Montage : Rudi Maerten /
Merce Cunningham Trust, The WNET Group, Son : Ricardo Castro /
NEOS Music GmbH, Licence Courtesy Mixage : Thomas Gauder /
Peters Edition Limited Assistante réalisatrice :
Anne Van Aerschot /
Andy De Groat Production vidéo : Avila et Sophimages /
Red Notes Co-production : NPS, BRTN TV2, ZDF/Arte,
1977 Le Fresnoy, Rosas Soutien Fonds Film in
Vidéo, 3’ (extrait) Vlaanderen, direction de l’Audiovisuel de la
Enregistrement de « Andy De Groat, une Communauté française de Belgique, Nationale
histoire post-moderne », MC93 – Maison de la Loterij et P.A.R.T.S. /
culture de Seine-Saint-Denis, Interprétation : Cynthia Loemij, Sarah Ludi,
Bobigny, 17 juin 2022 Anne Mousselet et Samantha Van Wissen
Texte : Gertrude Stein / Pantin, médiathèque du Centre national de la
Chorégraphie : Andy De Groat – Réactivation danse, fonds association Cinémathèque de la
Centre chorégraphique international de nulle danse
part (CCINP andy de groat) / (en collaboration avec le Centre national de la
Conseil artistique et dramaturgie : Martin Barré / danse CND)
Musique originale : Philip Glass, Michael
Galasso / Heiner Goebbels
Réalisation : Stéphane Caroff / Hashirigaki
Costumes : Suzanne Veiga Gomes / 2000
Direction technique et régie générale : Éric Vidéo, 7’28’’ (extrait)
Fassa / Enregistrement au FACYLFestival,
Notation en cinétographie Laban : Vincent Salamanque, 2010 ;
Lenfant et Noëlle Simonet / création au théâtre Vidy‑Lausanne, 2000
Administration : Marie Maubert / Texte : Gertrude Stein /
Interprétation : Stéphanie Bargues, Séverine Mise en scène : Heiner Goebbels /
Bennevault Caton, Katy Béziex (en alternance), Musique : Tony Asher et Brian Wilson /
Pierre Chauvin-Brunet, Laurent Crespon, Lola Lumière et décor : Klaus Grünberg /
Kervroëdan, Tom Lévy, Lilou Magali Robert, Costumes : Florence von Gerkan /
Zowie Belhassen, Jeanne Boutillot, Lou Brezot, Interprétation : Charlotte Engelkes,
Jorge Castaneda, Rosalie Frecon, Véronique Marie Goyette et Yumiko Tanaka
Labbé, Flore Laplace, Mona Marie, Esther Courtesy Heiner Goebbels, Universal Music,
Meunier, Sony
Angèle Michard, Sarah Muller, Élodie Raison,
Francesca Veneziano et Claudia Waldmann
Pantin, médiathèque du Centre national de la
danse, fonds Andy De Groat
(en collaboration avec le Centre national de la
danse CND)
26
Yvonne Rainer Ouvrages
Three Seascapes
1962
Vidéo, 8’11’’ (extrait)
Performance à la Dia Beacon, Gertrude Stein
New York, février 2012 Three Lives: Stories of The Good Anna,
Direction artistique et chorégraphie : Yvonne Melanctha and The Gentle Lena
Rainer / New York, The Grafton Press,
Musique : Sergueï Rachmaninov 1909
(Piano Concerto no 2) et La Monte Young Collection privée
(lecture du poème « 89 VI 8 c. 1:42-1:52 AM
Paris Encore », Poem for Chairs, Tables, Gertrude Stein
Benches, Etc.) / Portrait of Mabel Dodge at the Villa Curonia
Réalisation : Character Generators / Florence, édition privée imprimée à
Lumière : Les Dickert / Galileiana, 1912
Production : Performa / Musée national Picasso‑Paris, bibliothèque
Interprétation : Patricia Hoffbauer /
Régie générale : Rebecca Sealander Gertrude Stein
New York, courtesy Dia Art Foundation « Pablo Picasso » (1909)
Camera Work,
Gertrude Stein numéro spécial, août 1912
If I Told Him. A Portrait Completed of Pablo Fac-similé
Picasso Collection particulière
1923
Enregistrement sonore Gertrude Stein
New York, 1934-1935, 3’37’’ Tender Buttons: Objects – Food – Rooms
New York, Claire Marie, 1914
Gertrude Stein Collection particulière
et Virgil Thomson
Four Saints in Three Acts Gertrude Stein
1928 Geography and Plays
Vidéo, 3’ (extrait) Boston, The Four Seas
Documentaire Virgil Thomson Composer Company, 1922
réalisé par John Huszar, 1980 Collection particulière
Textes et livret : Gertrude Stein (1927) /
Musique : Virgil Thomson (1928) / Gertrude Stein
Chorégraphie : Frederick Ashton / The Making of Americans. Being A History
Décor et costumes : Florine Stettheimer / of A Family’s Progress
Mise en scène : John Houseman / Paris, Contact Editions, 1925
Choeur de Harlem dirigé par Eva Jessye (non Collection particulière
enregistré) /
Photographie : Harold Swahn Gertrude Stein
Courtesy FilmAmerica and Yale University The Autobiography of Alice B. Toklas
New York, Harcourt Brace,
1933
Collection particulière

Gertrude Stein
Lectures in America
New York Random House,
1935
Collection particulière

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 27


Picasso
Gertrude Stein Carte postale d’Etta Cone à Gertrude Stein,
Everybody’s Autobiography 2 janvier 1908
New York, Random House, Papier imprimé et manuscrit
1937 Musée national Picasso‑Paris, don Succession
Collection particulière Picasso, 1992, archives personnelles Pablo
Picasso
Gertrude Stein
Picasso Carte postale de Gertrude Stein à Pablo
Paris, Floury, 1938 Picasso,
Collection particulière 15 juillet 1909
Papier imprimé et manuscrit
Gertrude Stein Musée national Picasso‑Paris, don Succession
The World Is Round Picasso, 1992, archives personnelles Pablo
Illustrations de Clement Hurd, Picasso
New York, William R. Scott, 1939
(Édition anglaise : illustrations de Francis Carte postale de Gertrude Stein à Pablo
Rose, Londres, B. T. Batsford, 1939) Picasso,
Musée national Picasso‑Paris, bibliothèque 8 septembre 1928
Papier imprimé et manuscrit
Gertrude Stein (texte) et Virgil Thomson Musée national Picasso‑Paris, don Succession
(musique) Picasso, 1992, archives personnelles Pablo
The Mother of Us All. An Opera Picasso
New York, Music Press, 1947, partition
Musée national Picasso‑Paris, bibliothèque Lettre-carte de Gertrude Stein à Pablo
Picasso,
avec enveloppe [vers 1928]
Musée national Picasso‑Paris, don Succession
Picasso, 1992, archives personnelles Pablo
Picasso
Documents
Lettre de Gertrude Stein à Pablo Picasso
(deux feuillets), avec enveloppe portant un
cachet postal du 23 février 1918
Musée national Picasso‑Paris, don Succession
Carte postale de Gertrude Stein à Pablo Picasso, 1992, archives personnelles Pablo
Picasso, Picasso,
9 mars 1906
Papier imprimé et manuscrit Lettre de Gertrude Stein à Pablo Picasso,
Musée national Picasso‑Paris, don Succession avec enveloppe de l’American Fund for French
Picasso, 1992, archives personnelles Pablo Wounded portant un cachet postal du 20 janvier
Picasso 1919
Musée national Picasso‑Paris, don Succession
Carte postale d’Etta Cone à Gertrude Stein, Picasso, 1992, archives personnelles Pablo
2 janvier 1908 Picasso
Papier imprimé et manuscrit
Musée national Picasso‑Paris, don Succession Programme du Judson Poet’s Theater,
Picasso, 1992, archives personnelles Pablo Asphodel de John Wieners et What Happened
Picasso de Gertrude Stein
Judson Memorial Church, New York,
Carte postale d’Etta Cone à Gertrude Stein, octobre 1963
2 janvier 1908 Ronéotypie, 21,6 × 14 cm
Musée national Picasso‑Paris, don Succession New York, Estate of Peter Moore, courtesy
Picasso, 1992, archives personnelles Pablo
28 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage
Paula Cooper Gallery
Programme du Judson Poet’s Theater, In
Circles de Gertrude Stein et Big Projects,
I Suppose d’Alex Kemeny,
Judson Memorial Church, New York, octobre
1967
Ronéotypie, 21,6 × 14 cm
New York, Estate of Peter Moore, courtesy
Paula Cooper Gallery

Gertrude Stein (texte) et Al Carmines


(musique)
In Circles, 1968
Vinyle
Avant Garde Records
Collection particulière

Télégramme de Gertrude Stein à Pablo


Picasso, 29 février 1936
Papier imprimé et manuscrit
21,5 × 17,5 cm
Musée national Picasso‑Paris, don Succession
Picasso, 1992, archives personnelles Pablo
Picasso

The Living Theatre


« An Evening of Bohemian Theatre » :
Ladies’ Voices de Gertrude Stein, Desire de
Pablo Picasso, Sweeney Agonistes de T. S.
Eliot
Cherry Lane Theatre, New York,
première le 2 mars 1952
Affiche (tirage d’exposition), 53,3 × 35,5 cm
Claremont, Scripps College, Addison M.
Metcalf Collection of Gertrude Steiniana, Ella
Strong Denison Library

Une du Time
« Gertrude Stein », Time.
The Weekly Newsmagazine, vol. 22, no 11,
11 septembre 1933
Musée national Picasso‑Paris, bibliothèque

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 29


cycle de lectures et performances Gertrude Stein
conçu par Ludovic Lagarde
quatorze performances durant les nocturnes du lundi

L’œuvre littéraire de Gertrude Stein est polymorphe et d’un volume impressionnant. « Toute une vie
d’écriture » selon les mots de Claude Grimal, spécialiste et traductrice de Stein, qui lui a consacré plusieurs
ouvrages. L’écrivaine s’est essayée à tous les genres littéraires : poésie, romans, pièces de théâtre, livrets
d'opéra, essais, autobiographies, récits. Son écriture a évolué au fil du temps, abandonnant l’approche
traditionnelle signifiant/signifié pour une écriture cubiste rythmique et sonore. La poète qui revendiquait
être le « Picasso de la littérature », en faisant parler sa compagne pour se raconter à travers elle dans The
Autobiography of Alice B. Toklas, permettra à Pablo Picasso de se nourrir de ses idées, et s’inspirera en
retour de la créativité du peintre dans ses écrits.

Metteur en scène des œuvres de Brecht, Bond ou Tchekhov, Ludovic Lagarde a voulu faire du théâtre pour
« apprendre à lire les textes littéraires ». Comme d’autres artistes tels que Robert Wilson, Heiner Goebbels,
ou la chorégraphe Anne Teresa de Keersmaker, il a une grande admiration pour l’écriture de Stein, qu’il
découvre au début des années 2000 grâce à son complice, l’auteur Olivier Cadiot.

Pour l’exposition « Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage », Ludovic Lagarde a conçu un
programme de lectures et performances pour faire entendre l’œuvre littéraire de Gertrude Stein.

À l’occasion des nocturnes du lundi, pendant toute la durée de l’exposition (hors vacances scolaires,
et 2 octobre), une performance a lieu en soirée dans la salle Tivoli adjacente aux espaces d’exposition
du Musée du Luxembourg, à la scénographie intimiste dans l’esprit d’un salon indien (tapis au sol
pour l’auditoire, éclairage tamisé, coin salon pour les lectures et performances).

Entrée gratuite avec le billet de l’exposition, dans la limite des places disponibles.

le programme détaillé
(disponible sur le site museeduluxembourg.fr)

Lectures en Amérique, à 19h et 20h30 à chaque date


18 septembre avec Daphné Biiga Nwanak puis 25 septembre avec Christèle Tual,
9 octobre avec Valérie Dashwood puis 16 octobre avec Christèle Tual,
6 novembre avec Léa Luce puis 20 novembre avec Daphné Biiga Nwanak,
4 et 11 décembre avec Dominique Reymond puis 18 décembre avec Valérie Dashwood,
8 janvier avec Léa Luce

Soirée Fairy Queen, d’Olivier Cadiot, à 20h


lundi 27 novembre

Carte blanche à Yves-Noël Genod, à 20h


lundi 13 novembre, 15 et 22 janvier

30 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Ludovic Lagarde, metteur en scène

© Marthe Lemelle

Ludovic Lagarde et Gertrude Stein

Il crée pour l’édition 2004 du festival d’Avignon deux spectacles : Fairy Queen, texte d’Olivier Cadiot inspiré
de l’univers de l’artiste américaine, et Oui dit le très jeune homme, avant-dernière pièce de Gertrude Stein.
Oui dit le très jeune homme est un texte de Gertrude Stein inspiré de son expérience singulière de la Seconde
Guerre mondiale. Elle réside pendant cette période à la campagne, dans un village savoyard, entourée de
sa compagne et éditrice Alice B. Toklas. Juive non exilée – et non déportée –, elle n’a cessé de prendre des
notes sur la honte de la défaite, les dérives pétainistes et collaborationnistes, les engagements résistants, les
errements et hésitations de la population.

En 2010, Ludovic Lagarde réalise une création radiophonique pour France Culture à partir de textes de
Gertrude Stein, d’extraits de Doctor Faustus lights the lights,  Oui dit le très jeune homme,  To be sung,
l’Autobiographie d’Alice Toklas, avec les comédiennes Valérie Dashwood, Constance Larrieu, Christèle Tual
et Camille Panonacle, et les musiques de Rodolphe Burger, John Cage et Pascal Dusapin.
En 2011, il met en scène au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris Docteur Faustus lights the light, texte
de Gertrude Stein dans une adaptation d’Olivier Cadiot, et une création musicale de Rodolphe Burger.

Actualités

Il prépare actuellement l’adaptation pour la scène du dernier ouvrage d’Olivier Cadiot, Médecine générale,
dont la première aura lieu en septembre 2023 à la MC93 de Bobigny.

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 31


Lectures en Amérique

Lectures en Amérique1 (publié en 1935) regroupe des textes que Gertrude Stein a écrits à différentes pé-
riodes de sa vie et qui sont pour la plupart des conférences ou de courts écrits didactiques portant sur des
sujets chers à Stein : la prose, la peinture, le théâtre, le roman, la poésie … Dans ces textes, Gertrude Stein
illustre son propos de courts extraits de ses poèmes, romans et pièces.

Ludovic Lagarde a tenu à rassembler des femmes pour lire cet ouvrage traduit en français à la fin des an-
nées 1970. Il a dirigé cinq comédiennes complices, de générations différentes. Daphné Biiga Nwanak, Léa
Luce Busato, Valérie Dashwood, Dominique Reymond, Christelle Tual prennent chacune en charge une des
thématiques abordées dans Lectures en Amérique.

Chaque lecture jouée par une comédienne dure entre 30 et 40 minutes et sera interprétée à deux re-
prises au cours d’une nocturne du lundi, à 19h et 20h30.

Daphné Biiga Nwanak est diplômée d’un master de philosophie de l’EHESS de Paris où
elle consacre son mémoire à l’œuvre de Jérôme Bel. Elle se forme à l’Ecole de la Comédie
de Reims (Ludovic Lagarde), puis intègre l’école du Théâtre National de Strasbourg (groupe
44, diplômée 2019). Attachée au répertoire contemporain, elle joue dans Cancrelat mis en
scène par Jean-Pierre Vincent, puis dans Les Nègres mis en scène par Bob Wilson. Elle
participe aux créations de Maxime Kurverset collabore régulièrement avec (La) Horde. Elle
se lance dans l’écriture de ses propres pièces avec Maya Deren, projet chorégraphique et
vidéo présenté en mars 2023 au théâtre de la Cité internationale de Paris.
© Jean-Louis Fernandez

Léa Luce Busato a été formée à l’Ecole Supérieure du Théâtre National de Strasbourg
(groupe 45, formée 2020) auprès de Stanislas Nordey, Dominique Valadié, Valérie Dréville,
Laurent Poitrenaux, Julien Gosselin, Bruno Meyssat, Annie Mercier, Thomas Jolly, Claude
Duparfait, Loic Touzé. Elle a joué sous la direction de Jean Massé (Les Disparitions, 2018),
Simon-Elie Galibert (Portrait de Tony, 2019), Julien Gosselin (Dekalog, 2020) et Ludovic
Lagarde (Quai-Ouest de Bernard-Marie Koltès, 2021-2022).

© Yann Morrison

Valérie Dashwood a été formée à la classe libre du Cours Florent puis au Conservatoire
national supérieur d’art dramatique. Elle a travaillé au théâtre avec Emmanuel Demarcy-
Mota, Stuart Seide, Antony Vassiliev, Carole Thibault, Daniel Jeanneteau. Depuis 2002
elle a régulièrement travaillé avec Ludovic Lagarde : Retour définitif et durable de l’être
aimé (2002), Fairy Queen (2004), et Un nid pour quoi faire d’Olivier Cadiot (2010), Docteur
Faustus lights the lights de Gertrude Stein adapté par Olivier Cadiot (2011), ainsi que La
Collection de Harold Pinter (2019).
© Carlotta Forsberg

Dominique Reymond a eu Antoine Vitez pour professeur au Conservatoire national


supérieur d’art dramatique et l’a suivi au théâtre national de Chaillot. Au théâtre, elle a
travaillé entre autres avec Antoine Vitez, Jacques Lassalle, Bernard Sobel, Luc Bondy,
Klaus Michael Grüber, Pascal Rambert, Jean Pierre Vincent, Georges Lavaudant, Alain
Françon, Stéphane Braunschweig ou encore Daniel Jeanneteau. Au cinéma, elle a
notamment tourné sous la direction de Leos Carax, Claude Chabrol, Catherine Corsini
Benoît Jacquot, Olivier Assayas Chantal Akerman Danis Tanović et François Ozon. Sous
la direction de Ludovic Lagarde, elle a joué dans Quai Ouest de Bernard Marie Koltès en
© Alexia Vic 2021.

Christelle Tual a été formée à l’école du Théâtre National de Strasbourg. Au cinéma,


elle tourne notamment sous la direction de Pascale Ferran, Robert Guédiguian, Judith
Godrèche, Yasmina Reza, Thomas Lilti, Karine Albou. Au théâtre, elle a travaillé entre
autres avec Jean Marie Villégier, Joël Jouanneau, Frédéric Bélier Garcia, Élisabeth
Chailloux, Xavier Marchand, Mikaël Serre, Jean François Sivadier. Sous la direction de
Ludovic Lagarde, elle a joué dans Un nid pour quoi faire et Fairy Queen d’Olivier Cadiot,
Oui dit le très jeune homme de Gertrude Stein, Richard III de Peter Verhelst, L’Avare de
© droits réservés
Molière (2014), Sur la voie royale d’ Elfriede Jelinek (2022). En 2014, Ludovic Lagarde et
Lionel Spycher la mettent en scène dans son premier texte.

1 - Lectures In America, Gertrude Stein, ©The Estate of Gertrude Stein, 1935


32 © Christian Bourgeois éditeur, 1978 pour l’édition française. Traduit de l’anglais et présenté par Claude Grimal
Carte blanche à Yves-Noël Genod

Metteur en scène, acteur, chorégraphe, performeur et auteur, Yves-Noël Genod travaille d’abord avec
Claude Régy et François Tanguy. À partir de la pratique du contact improvisation, il entre dans le champs
de la danse et collabore avec le chorégraphe Loïc Touzé.
En 2003, celui-ci lui propose à l’occasion d’une carte blanche au Lieu Unique de Nantes, de fabriquer son
premier spectacle. Intitulé En attendant Genod, il s’appuie sur le modèle des stand-up anglo-saxons. Les
commandes s’enchaînent ensuite : spectacles – près d’une centaine à ce jour – et performances, présentés
le plus souvent dans des festivals, lieux de danse ou de formes hybrides.
« Un théâtre dont on aurait enlevé le drame, l’action, et dont il ne resterait que la poésie, le fantôme, la
trace. Icône des marges, génie de l’incongru, Yves-Noël Genod a travaillé avec de nombreux interprètes
qu’on retrouve désormais sur les plus grandes scènes ; on peut dire dans ce sens qu’il a marqué une
génération. »
Yves-Noël Genod souhaite s’emparer de l’Autobiographie d’Alice Toklas le livre qui apporta un succès
inattendu et tardif à Stein. Écrit en six semaines au cours de l’automne 1932, « par plaisanterie, pour
s’amuser » dira t-elle, elle invente avec l’Autobiographie d’Alice Toklas un dispositif inédit pour écrire ses
mémoires : elle se fait décrire par Alice Toklas, sa compagne qui partagea toute sa vie.  Se dévoile ainsi,
à travers de vifs et volubiles échanges, les débuts de son salon artistique à Paris et ses rencontres avec
les avant-gardes qu’elle a contribué à faire découvrir, à commencer par Picasso et les peintres cubistes.
Un livre savoureux sur cette époque effervescente et fondatrice du Paris des années 1900-1920 alors en
pleine mutation intellectuelle.

© Louis Malecek

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 33


Soirée Fairy Queen d’Olivier Cadiot

Texte d’Olivier Cadiot


Mise en lecture Ludovic Lagarde
Avec Valérie Dashwood, Philippe Duquesne et Laurent Poitrenaux

« Une fée post-moderne, électrisée à l’idée de rencontrer la grande prêtresse américaine de la vie littéraire et
parisienne d’avant-guerre, est invitée à déjeuner chez Gertrude Stein. Ressuscitée pour l’occasion dans son
célèbre appartement de la rue de Fleurus, la papesse du “cubisme littéraire” y fait et défait les réputations de
ses invités. Pour une jeune artiste survoltée, c’est le passage obligé, mais aussi le risque de terminer dans
le salon des Refusés. Survitaminée dans sa combinaison noire à pois bleus, cette fée clochette azimutée a
concocté une “performance maison” sur l’amour, “peu banale et non-sentimentale”. Délurée, tranchante et
gratinée, la patronnesse Gertrude Stein la cuisine en débitant des phrases toutes faites sur les airs d’un livre
de recettes, alors que sa secrétaire Alice B. Toklas ne manque aucune occasion de toiser la prétendante.
Mais voici la fée lancée comme une fusée : dans une virevoltante et désopilante envolée, elle fait valser l’art
poétique “comme un bouchon de radiateur”, invente en direct le “neuron’art”, parle à la vitesse du son et de
la lumière. Le personnage magique de cette “reine des fées” fait passer le texte d’Olivier Cadiot à un certain
régime : celui d’un moteur à réaction et à accélérations brutales. C’est aussi l’histoire d’une femme du XXIe
siècle qui va chercher dans le XXe une réponse à ses questions. Un voyage dans le temps, l’exploration d’une
île mystérieuse, celle de nos pensées. »

Fairy Queen, d’Olivier Cadiot a été mis en scène par Ludovic Lagarde pour le Festival d’Avignon 2004. A
l’occasion du cycle de performances autour de Gertrude Stein, le metteur en scène rassemble de nouveau
les trois protagonistes de 2004, Valérie Dashwood, Philippe Duquesne, Laurent Poitrenaux, pour faire revivre
le salon de Gertrude Stein en lecture.

Valérie Dashwood a été formée à la classe libre du Cours Florent puis au Conservatoire national supérieur
d’art dramatique. Elle a travaillé au théâtre avec Emmanuel Demarcy-Mota, Stuart Seide, Antony Vassiliev,
Carole Thibault, Daniel Jeanneteau. Depuis 2002 elle a régulièrement travaillé avec Ludovic Lagarde :
Retour définitif et durable de l’être aimé (2002), Fairy Queen (2004), et Un nid pour quoi faire d’Olivier Cadiot
(2010), Docteur Faustus  lights the light de Gertrude Stein adapté par Olivier Cadiot (2011), ainsi que La
Collection de Harold Pinter (2019).

Philippe Duquesne. De 1993 à 2002, Philippe Duquesne est membre de l’équipe des Deschiens. Dans la
série diffusée sur Canal+, il joue les rôles de Monsieur Duquesne ou de Madame Duquesne.
Il joue également de petits rôles dans Élisa, Les Apprentis ou J’ai horreur de l’amour. Il rencontre Jean-Marc
Barr qui le choisit pour deux de ses films, Lovers et Being Light. En 2004, après l’arrêt de la série sur Canal+,
Yolande Moreau, sa complice des Deschiens, l’engage dans son film Quand la mer monte…, qui se déroule
dans le Nord. À partir de 2005, il a joué quatre fois pour Albert Dupontel, dans Enfermés dehors, Le Vilain, 9
mois ferme et Au revoir là-haut.
En 2008, il est à nouveau remarquable dans Bienvenue chez les Ch’tis, un film hommage à la Région Nord-
Pas de Calais.
En 2020, il interprète le rôle du député européen Michel Specklin, l’un des personnages principaux de la série
télévisée Parlement sur france.tv, créée par Noé Debré.

Laurent Poitrenaux est un acteur virtuose et fidèle de Ludovic Lagarde et il a joué dans nombre de ses
spectacles : Soeurs et frères,  Le Colonel des Zouaves,  Retour définitif et durable de l’être aimé, Fairy
Queen, Un nid pour quoi faire, Un mage en été, L’Avare, Quai ouest, La Collection, L’Amant.
Cette fidélité n’empêche pas Laurent Poitrenaux de suivre sa propre route. Il passe avec un égal bonheur
de Racine ou Tchekhov à Beckett ou Lagarce. Arthur Nauzyciel le dirige dans Jan Karski, La Mouette et Le
Malade imaginaire ou le silence de Molière. Il tourne régulièrement au cinéma, il est à l’affiche en 2022
de  Cinq hectares  d’Émilie Deleuze, La Montagne de Thomas Salvador ou encore La Grande Magie de
Noémie Lvovsky. Laurent Poitrenaux est responsable pédagogique de l’école du TNB (Théâtre National de
Bretagne) de Rennes.

34 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


programmation culturelle

cycle de conférences

au cinéma Les 3 Luxembourg, 67, rue Monsieur le Prince, Paris 75006


réservation obligatoire sur museeduluxembourg.fr, entrée gratuite

les conférences sont disponibles à la réécoute sur museeduluxembourg.fr

conférence de présentation
jeudi 21 septembre à 18h30
Avec Cécile Debray, conservatrice générale du patrimoine, présidente du Musée national Picasso-Paris et
Assia Quesnel, historienne de l’art

Dès 1905, Gertrude Stein et Pablo Picasso, fraîchement arrivés à Paris, nouent une amitié étroite. De ce
dialogue artistique entre le peintre et l’écrivain naît le cubisme, ainsi qu’une postérité immense sur la scène
américaine du vingtième siècle. Dans cette conférence, les commissaires présentent leur exposition conçue
comme une traversée des avant-gardes picturales et littéraires.

Gertrude Stein : que serait une poésie "cubiste"?


jeudi 12 octobre à 18h30
avec Chloé Thomas, enseignante-chercheuse

Gertrude Stein est l’autrice d’une œuvre extrêmement fournie, explorant tous les genres (romans, poèmes,
pièces de théâtre, livrets d’opéras...) pour mieux les remettre en question. Devant ces textes qui peuvent
paraître troublants, la critique a parfois parlé de langue ou de poésie «cubiste». Dans cette conférence,
on s’interrogera sur le sens et la pertinence de cette analogie en s’appuyant sur la lecture commentée de
poèmes choisis.

Penser le commun avec John Cage


jeudi 16 novembre
avec Antonia Rigaud, maîtresse de conférence à l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

Compositeur, poète, peintre, philosophe, John Cage est un artiste multiple. Par ses expérimentations for-
melles, il cherche à trouver un langage artistique fondé sur le commun de l’expérience du quotidien, du ba-
nal. Mais le commun, chez Cage, est aussi la traduction d’un intérêt pour la communauté, celle de penseurs
et des artistes qui participent avec lui à repenser l’expérience démocratique.

À propos de quelques chaises : quotidien et jeux de langage dans l’art et la littérature contemporains
jeudi 14 décembre à 18h30
avec Cécile Mahiou, enseignante et chercheuse en art et littérature

Depuis les premiers collages, il n’est plus étonnant de trouver des objets communs en lieu et place de pein-
tures et de sculptures. Il en est de même en littérature, comme on le voit dans Tender Buttons de Gertrude
Stein. Cette conférence reviendra sur les représentations du quotidien dans les productions artistiques bien
au-delà du simple effet de rupture ou de la manifestation temporaire d’un art qui vouerait un culte au banal
par provocation.

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 35


événements

cycle de lectures et performances Gertrude Stein


18 et 25 septembre, 9 et 16 octobre, 6, 13, 20 et 27 novembre, 4, 11 et 18 décembre 2023, 8, 15 et 22 jan-
vier 2024 en début de soirée, entrée gratuite avec le billet de l’exposition

L’œuvre littéraire de Gertrude Stein est polymorphe et d’un volume impressionnant. Son écriture a évolué au
fil du temps, abandonnant l’approche traditionnelle signifiant/signifié pour une écriture cubiste rythmique et
sonore. Afin de la faire entendre, le metteur en scène Ludovic Lagarde a conçu spécialement pour l’exposition
un programme de lectures et performances à découvrir lors des nocturnes du lundi soir.

Plus d’informations page 31. Tout le programme sur museeduluxembourg.fr

week-end inspiré
samedi 11 et dimanche 12 novembre de 10h30 à 19h. Nocturne gratuite le samedi soir de 19h30 à 23h

Vous êtes plutôt promenade, visite guidée en anglais ou atelier philo en famille ? Tout le week-end, le Musée
du Luxembourg vous fait découvrir l’exposition sous des perspectives différentes : choisissez celle qui vous
inspire et, le samedi soir, profitez d’une nocturne gratuite ainsi que d’un concert exceptionnel donné par l’en-
semble Libertrio.

soirée carnet de dessin


mercredi 18 octobre de 19h à 21h
sur réservation. Gratuit pour les moins de 26 ans, 10 € au-delà

Lors de chaque exposition, la soirée carnet de dessin est un temps privilégié pour dessiner face aux œuvres.
Habitué ou débutant, venez avec votre matériel pour croquer vos coups de cœur : que vous préfériez le
cubisme, le Pop art ou encore l’art conceptuel, la postérité de Gertrude Stein et de Pablo Picasso saura vous
inspirer !

médiation

visite guidée générale


L’exposition éclaire les liens forts qui unissaient Gertrude Stein et Pablo Picasso, ainsi que la postérité
immense de leur amitié. Du cubisme au Pop Art, de la peinture à la vidéo en passant par la performance,
la musique et le théâtre, un conférencier vous guide dans une aventure artistique qui met au cœur de la
création le rapport au réel et l’expérimentation sur le langage.

visite en famille
Qui aurait cru que Gertrude Stein, Américaine venue s’installer à Paris voici plus d’un siècle, serait à l’origine
d’une œuvre si féconde qu’elle inspire encore aujourd’hui les artistes plasticiens, les musiciens, les écrivains
ou encore les danseurs ? Cette visite vous fera découvrir en famille ce personnage extraordinaire, sa com-
plicité artistique avec Pablo Picasso ainsi que son influence majeure sur l’art occidental.

36 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


visite scolaire
de la maternelle au supérieur
durée : 45 mn à 1h15 en fonction des niveaux

Que diriez-vous d’emmener vos élèves dans un voyage à la rencontre du cubisme et d’une poésie singulière
? Prenant Gertrude Stein pour guide, un conférencier accompagne les élèves de tous âges dans leur
découverte de nombreuses formes artistiques (peinture, sculpture, danse, musique…) ayant en commun
une recherche originale sur le langage.

promenade guidée : le Paris de Gertrude Stein


mardi 31 octobre, vendredi 3 novembre et samedi 11 novembre à 10h30 et 14h30
à partir de 13 ans
durée : 2h

De la rue de Fleurus en bordure du jardin du Luxembourg aux rives de la Seine, cette promenade guidée
vous emmènera sur les traces de Gertrude Stein et de ses amis artistes, écrivains, photographes ou encore
libraires et éditeurs.

visite-atelier enfants
mercredi 1er novembre, dimanche 12 novembre, dimanche 3 décembre, jeudi 28 décembre, jeudi 4 janvier
à 14h15
durée : 2h
à partir de 6 ans

Gertrude Stein aimait créer des portraits en mots de ses amis ou même des objets qui l’entouraient et, à leur
tour, les artistes l’ont représentée avec une grande variété d’expressions et de techniques. Après une visite
de l’exposition avec une plasticienne, les enfants pourront travailler en atelier des matériaux divers pour ré-
aliser un portrait en assemblage, à la manière cubiste.

atelier philo-art : L’invention du langage


atelier animé par Les petites Lumières
à partir de 6 ans
samedi 14 octobre, samedi 11 novembre, mardi 2 janvier et vendredi 5 janvier à 14h15
durée : 2h

Qu’est-ce que le langage ? En famille, découvrez l’exposition sous l’angle de la philosophie : partant de
l’observation des œuvres, la conférencière accompagnera les enfants dans leurs questionnements. Après
la visite, un temps d’échange collectif puis un atelier créatif permettront à toute la famille d’expérimenter
différents modes d’expression.

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 37


catalogue de l’exposition
GERTRUDE STEIN
publication aux éditions Rmn – Grand Palais ET PABLO PICASSO
broché, 20 x 29 cm, 40 € - 200 pages - 160 illustrations L’INVENTION
DU LANGAGE
en librairie le 13 septembre 2023 Réunion des musées nationaux – Grand Palais Musée du Luxembourg

sous la direction scientifique de Cécile Debray, présidente du Musée


national Picasso-Paris, et Assia Quesnel, historienne d’art

Cet ouvrage est publié à l’occasion du projet


« Célébration Picasso 1973-2023 : 50 expositions et
événements pour célébrer Picasso ».

en vente dès parution dans toutes les librairies et sur boutiquesdemusees.fr

sommaire :

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Cécile Debray

PARIS MOMENT

Miss Stein et Picasso, l’héritage de Cézanne


Philippe Blanchon

Gertrude Stein par Pablo Picasso par Gertrude Stein


Laurence Madeline

Portraits cubistes

Portraits de choses

AMERICAN MOMENT

Gertrude Stein et l’avant-garde new-yorkaise : circularité d’un statut


Assia Quesnel

Grammaire

Géographie et jeux

Différences et répétitions. Une sensibilité steinienne dans l’art minimal et conceptuel


Valérie Mavridorakis

Cercles et mots

Gertrude Stein, icône lesbienne


Damien Delille

Conceptuelle excentrique

GERTRUDE STEIN, UNE CHRONO-ANTHOLOGIE


Philippe Blanchon

Liste des œuvres


Index
Bibliographie sélective

38 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


extraits du catalogue de l’exposition

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage

[…] L’histoire de leur amitié est bien connue, grâce notamment au récit de Gertrude Stein dans The
Autobiography of Alice B. Toklas / Autobiographie d’Alice Toklas (1933), et la place du cubisme et son rôle
en art moderne ont été largement explicités et montrés. En revanche, l’étude de la genèse croisée de leurs
oeuvres respectifs et de l’influence de l’écriture steinienne sur la scène artistique, surtout américaine, l’est
beaucoup moins. Pourtant, la radicalité poétique de Gertrude Stein, qui s’est élaborée à travers un dialogue
avec la peinture et surtout avec celle de Picasso, forme la pierre angulaire des premières avant-gardes de
la culture américaine, sur laquelle se fondent les mouvements performatifs et musicaux des années 1950
et 1960, autour de John Cage et de Merce Cunningham, du Living Theatre, de Fluxus, du Pop Art, de l’art
minimal et conceptuel. Gertrude Stein, qui a affirmé ouvertement son homosexualité, tant dans sa vie que
par son image, fait également figure d’icône et irrigue aujourd’hui des relectures conceptuelles et queer, plus
politiques et très actuelles, depuis Andy Warhol jusqu’à Roni Horn, Felix Gonzalez-Torres ou Glenn Ligon.
[…]

PARIS MOMENT. GERTRUDE ET PABLO

« L’Amérique est mon pays et Paris est ma ville1 »


Gertrude Stein

[…] L’un et l’autre sont des étrangers attirés par la métropole artistique et libérale qu’est Paris. La question
de leur identité culturelle – espagnole ou américaine – est au coeur de l’oeuvre de Gertrude Stein dès son
arrivée en France, où elle imagine son grand livre The Making of Americans / La Fabrication des Américains,
et demeure sensible et sous-jacente chez Picasso, jusqu’à s’affirmer délibérément lorsqu’il s’exilera de
l’Espagne franquiste. La position d’extériorité et de liberté de la jeune Américaine, loin de l’atavisme du bon
goût de la vieille Europe, mais aussi ses propres recherches sur la langue, la perception et l’automatisme
initiées lors de ses études en psychologie et en philosophie auprès de William James, à Radcliffe College, la
rendent très réceptive aux explorations les plus radicales en art. […]
La rencontre avec Picasso, à partir de l’achat de la grande toile de l’époque rose Jeune Fille au panier
de fleurs (1905), a lieu davantage autour de leurs personnes, d’affinités ressenties, que de la découverte
de leurs oeuvres respectifs, l’un et l’autre en devenir. Comme Stein le suggère dans son récit de 1933,
leur relation se cristallise pendant la création du fameux portrait de 1905-1906 selon une relation en écho
avec celui de Cézanne, mais aussi avec l’autoportrait du peintre exécuté dans la foulée et dont il offre une
petite étude à son amie. Stein amplifie de façon hyperbolique les séances de pose, afin d’« insister » sur
ces moments d’exception en tête à tête, emblématiques de leur amitié naissante et de leur communion
autour d’une recherche de formes nouvelles. Ce magistral portrait est parachevé après un séjour de Picasso
en Espagne, à Gósol, où il découvre la sculpture romane ibérique. Seul, à distance de son modèle, de
mémoire, il peint la tête, stylisée à la manière d’un masque, empreint toutefois de réminiscences du regard
dissymétrique de Madame Cézanne. La plupart des historiens y voient le départ des recherches pré-
cubistes de Picasso. On y lit également le début d’une interrogation sur la représentation, la ressemblance,
qui nourrit le cheminement vers le cubisme comme vers les Word Portraits de Stein, qui ne cherche pas
à décrire une personne, à rendre son reflet, mais à capter ce qui émane du modèle. En 1909, elle écrit le
portrait de Picasso. Par touches successives, à la manière encore de Cézanne, elle forge un environnement
syntaxique et sonore où se détachent quelques traits singuliers sur le mode de la litanie : « Celui que certains
certainement suivaient était celui qui était complètement charmant. Celui que certains certainement suivaient
était celui qui était charmant. Celui que certains suivaient était celui qui était complètement charmant. Celui
que certains suivaient était celui qui était certainement complètement charmant. »
La série d’énoncés déclinés en motifs rythmiques crée par l’« insistance » (et non par une pure répétition)
l’idée d’un Picasso charmant et travailleur : « Celui-là avait toujours quelque chose qui sortait de lui-même
qui était une chose solide, une chose intéressante, une chose dérangeante, une chose repoussante, une
très jolie chose. »
1 - « America is my country, and Paris is my hometown » (Stein, « An American and France » (1936), in Stein, op. cit. à la note 1).

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 39


Stein, à partir de son portrait, a suivi, accompagné les grandes étapes du cubisme de Picasso, en acquérant
des œuvres de chaque période et en construisant en parallèle son écriture, selon des approches formelles
voisines. Elle est, avec Guillaume Apollinaire, parmi les rares visiteurs de l’atelier des Demoiselles d’Avignon
(1907). Le premier, dans son Journal intime y fait allusion : « Le soir dîné chez Picasso, vu sa nouvelle peinture :
couleurs égales, rose des chairs, de fleurs, etc. têtes de femmes pareilles et simples, têtes d’hommes aussi.
Admirable langage que nulle littérature ne peut indiquer, car nos mots sont faits d’avance. Hélas ! » Stein, a
contrario, pose l’équivalence plastique de la peinture et de la littérature, en laquelle elle croit ; elle aborde la
langue et le texte – le mot, la phrase, le paragraphe – comme un matériau, à l’égal d’un peintre. Elle acquiert
le carnet d’étude no 10 de Picasso, correspondant aux recherches autour des Demoiselles d’Avignon et du
Nu à la draperie (1907). Le caractère sériel de ces variations de visages rejoint ses propres expérimentations
en écriture. Elle ébranle la composition, la phrase, la grammaire, le vocabulaire. Préférant les adverbes,
prépositions, conjonctions et articles, aux noms et aux adjectifs, elle revisite également la ponctuation et
la composition, dont tous les éléments sont nivelés au même niveau, non hiérarchisés, à la manière d’une
composition de Cézanne. Plutôt que raconter une histoire, Stein choisit de reprendre les catégories de la
peinture – portrait, nature morte, paysage – et de rendre de manière sensible la sensation de l’expérience, le
« présent continu » ; s’inspirant là de la notion de « courant de conscience » de son maître William James,
la conscience vue comme un courant dans une rivière […]

Dans les textes de Stein, les recherches sur l’objet, sur la planéité d’un présent continu, le recours à une
syntaxe dépliée, déconstruite, qui joue sur l’oralité de la répétition, le lent déroulement continu de portraits
qui rappelle le cinéma – une succession d’unités avec des variations infinitésimales qui élargit peu à peu la
vision et le sens, en une longue suspension du présent – s’apparentent aux assemblages et décompositions
picassiens […]

AMERICAN MOMENT. NOTRE MÈRE À TOUS


(THE MOTHER OF US ALL)

« La grammaire est le sens2 »


La réception américaine de l’oeuvre de Stein a été lente, en dépit de la réputation de son salon de la rue
de Fleurus et de son rôle de marraine de guerre pour les GI’s engagés dans la Grande Guerre. Elle a été
lancée sur un quiproquo, le succès d’une oeuvre « alimentaire », The Autobiography of Alice B. Toklas, ses
souvenirs et anecdotes au sujet du Paris héroïque d’avant-guerre, donc son amitié avec le désormais célèbre
Picasso. En 1934, le succès de sa pièce Four Saints in Three Acts [Quatre saints en trois actes] (écrite en
1927), mise en musique par Virgil Thomson, le « Satie américain » selon les codes des revues musicales
de Broadway, avec des musiciens, danseurs et chanteurs africains-américains de Harlem, est décisif. Est
révélée la potentialité rythmique, performative et contemporaine de son écriture. Elle effectue une tournée
de conférences aux États-Unis (Lectures in America, 1935) pour expliciter sa conception de la littérature et
de l’art et se prête aux séances de photographie de son ami Carl Van Vechten, renforçant ainsi sa dimension
iconique, depuis les portraits de Picasso, Félix Vallotton, Man Ray, Francis Picabia… […]

Avec l’entrée des Demoiselles d’Avignon au MoMA, en 1937, le cubisme se targue d’une place déterminante
dans la généalogie de l’art moderne américain, mais comme une source clairement européenne. Celle de
l’œuvre de Stein est du côté américain, jouant souvent avec des marqueurs vernaculaires ou nationaux – les
gospels et hymnes américains, les romans de la Lost Generation, le rapport au présent, à la modernité, à la
culture populaire… En outre, son ouvrage The Making of Americans rejoint la longue et prégnante exploration
sur l’identité, et en particulier de l’américanité, poursuivie par les écrivains et artistes américains. […]

Au tournant des années 1960, la référence à Gertrude Stein, grâce au rôle que jouent Cage et
Cunningham, est grandissante dans les milieux de la contre-culture new-yorkaise et le mouvement néo-dada
Fluxus. Julian Beck et Judith Malina créent en 1947 le haut lieu de cette scène, le Living Theatre, et créent
en 1951 l’opéra Doctor Faustus Lights the Lights [Docteur Faust allume les lumières], sur un livret de Stein.
À l’espace culturel de la Judson Memorial Church se retrouvent la troupe de danseurs de Cunningham,
celle du Judson Dance Theater d’Yvonne Rainer, les artistes Robert Rauschenberg, Emmett Williams, Ray
2 - « The grammar is the meaning » (Merce Cunningham cité par Richard Kostelanetz, Dancing in Space and Time, Pennington, A Cappella Books,
1992, p. 30, notre trad. [Jean‑François Allain]).

40 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Johnson, Nam June Paik ou Andy Warhol, qui, tous, se réfèrent à l’oeuvre de Stein ainsi qu’à ceux de
Duchamp et de Cage dans leurs performances, collages et sérigraphies, tendus vers une fusion entre l’art
et la vie. La pièce de danse Three Seascapes (1962) de Rainer repose sur des juxtapositions aléatoires
inédites – immobilité, répétition, objets domestiques, gestes quotidiens. Le compositeur Al Carmines, qui
monte avec Yvonne Rainer, en 1964 au Judson Dance Theater, la pièce de Stein What Happened. A Five
Act Play [Ce qui s’est passé. Une pièce en cinq actes], parle de pièce de théâtre abstraite : « Nous avions
créé un théâtre de danse et un théâtre d’art dramatique. Et j’étais compositeur. Ce qui s’est passé, c’est
que nous avons combiné beaucoup d’éléments de ces deux structures pour concevoir l’une des premières
pièces de théâtre abstraites jamais jouées à New York. Il s’agissait de la pièce de Gertrude Stein intitulée
What Happened. Musique, danse, mots abstraits : tous ces éléments s’unissant dans une sorte de magie. »
Dance (1979) de Lucinda Childs avec une musique de Philip Glass et une mise en scène de Sol LeWitt,
mêle musique répétitive, surimpression et démultiplication des rythmes et des images par des projections
vidéo, à la manière d’une décomposition cubiste, pour une danse autoréférentielle. Cette oeuvre inouïe
élargit, à partir de la poétique de Stein, les frontières de la danse ; elle les annihile en créant un objet/temps
entre création chorégraphique, composition musicale, image et performance plastique.

Cette fusion des disciplines au profit de la pure forme apparaît comme l’apport majeur des textes de Stein
et innerve grandement l’art minimal et l’art conceptuel américain. […]

par Cécile Debray

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 41


Gertrude Stein par Pablo Picasso par Gertrude Stein

Elle par lui


Au commencement d’une amitié de quarante ans exactement entre Pablo Picasso et Gertrude Stein, il y a
ce portrait qu’il peint d’elle en 1905-1906. Un portrait qui revêt toutes les dimensions de la légende avec, no-
tamment, une origine obscure – « … Picasso commença le portrait de Gertrude Stein, maintenant si fameux ;
mais comment cela se produisit, personne ne se le rappelle plus au juste » – qui exprime l’évidente curiosité
du peintre pour le modèle [...]

Holbein, Degas, Ingres, Cézanne


Le premier échange épistolaire entre le peintre et son modèle se compose d’une carte postale que Stein
adresse à Picasso le 9 mars 1906, annonçant qu’elle passera le lendemain pour son portrait. Le recto de la
carte porte une reproduction du Portrait de l’épouse et des enfants de Hans Holbein le Jeune [...]

Quatre-vingt-dix séances de pose


La référence à Cézanne dépasse l’allusion à la masculinité de Stein. Cézanne est le peintre des cent quinze
séances de pose du Portrait d’Ambroise Vollard, qui révolutionne la notion de portrait. Car, la légende du
portrait de Gertrude Stein, présente les mêmes interminables rendez-vous à l’atelier du Bateau-Lavoir.
« …Gertrude Stein prit sa pose, et Picasso, assis sur le rebord de sa chaise, le nez contre sa toile, tenant
à la main une très petite palette couverte d’un gris brun uniforme, auquel il ne cessait d’ajouter encore du
gris brun, commença à peindre. Ce fut la première des quatre-vingts ou quatre-vingt-dix séances. » Et Stein
insiste sur le phénomène qui échappe à l’entendement. « Mais enfin cela arriva, elle posa pour ce portrait et
elle posa quatre-vingt-dix fois, et durant ce temps bien des choses arrivèrent. »
Ce qui arrive donc, c’est la consolidation de l’amitié de l’Américaine et de l’Espagnol. Des heures durant, ils
sont assis face à face dans une proximité qu’ils ne cesseront de reproduire [...]
Ce qui se produit encore, c’est une double révolution, picturale et littéraire. Selon le récit « steinien » en effet,
tout s’organise avec une logique implacable par laquelle Cézanne ouvre la voie à Picasso. Stein écrit : « Dans
son long effort pour peindre Gertrude Stein, Picasso passa des Arlequins, charmante fantaisie italienne du
début de sa carrière, à cette formule de combat que l’on devait nommer cubisme. » Le portrait de Gertrude
Stein devient le tremplin vers la modernité picturale où s’invite l’écrivaine, qui opère de même, au cours de la
très laborieuse élaboration du portrait, sa révolution. [...]

Peinture = littérature = peinture


Ainsi les expériences, picturale et littéraire, se mènent-elles en parallèle, avec la même volonté de sortir du
XIXe siècle et le même désir d’accéder chacun, peintre et écrivain, à la gloire. [...]
Si Gertrude soutient Picasso par des achats – les deux paysages cubistes de Horta de Ebro dont elle fait la
promotion et livre les explications (« Dans ces tableaux il mettait en relief pour la première fois la méthode
de construction des villages espagnols, où les lignes des maisons ne suivent point les lignes du paysage,
mais semblent le découper, et semblent se perdre dans le paysage, en découpant le paysage ») et la Table
de l’architecte du printemps de 1912, qui met en scène leur amitié –, le peintre encourage également l’amie.
C’est, en 1909, une petite toile, toute cézanienne, Homaje à Gertrude, avec de vigoureuses femmes nues qe
Stein accroche au-dessus de son lit, ou la déclaration, en décembre 1912, de Picasso à Stein : « Ma chere
Gertrude vous fairez la gloire de l’Amerique [...]

Lui par elle


Avec Gertrude Stein, Picasso fixe l’image de l’écrivaine, qui la synthétise en un geste unique qui résiste au
temps. Gertrude Stein revient, elle, plusieurs fois, sur la figure de Picasso la passant au crible de ses curiosi-
tés et de ses expérimentations littéraires.

1912
Dans l’atelier du 27, rue de Fleurus, sur une table de bois massif, sous le Portrait de Gertrude Stein par
Picasso, Stein écrit, entre 1909 et 1910, le « Portrait de Picasso » publié dans Camera Work en août 1912. [...]
Comme le Portrait de Gertrude Stein par Picasso, le portrait de Picasso par Stein constitue un effort créatif
colossal. Stein rejette la description, le narratif, et se concentre sur ce qu’elle a capturé de son ami dans le
processus écouter/parler qui est le sien. L’individu Picasso est ainsi décrit selon des constantes – « solide », «
charmant », « que l’on suivait », « qui travaillait et qui produisait quelque chose », « qui sortait quelque chose

42 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


de lui » – qui se complètent, s’enrichissent, se détaillent, s’approfondissent, par légers décalages, répétitions
et adjonctions de mots. Cette décomposition/recomposition obsessionnelle possède quelque chose de ciné-
matographique, quelque chose du « multifacettisme » du cubisme sous la bannière duquel se range Stein.

1923
La guerre a éloigné les deux amis, qui se retrouvent à la fin de l’été de 1923, à Antibes. Le peintre est
avec sa femme Olga, son fils Paulo et sa mère. Gertrude est accompagnée d’Alice : « C’est cet été-là
que Gertrude Stein, charmée par le remous des petites vagues sur le rivage d’Antibes, écrivit Le Portrait
complété de Picasso. » Napoléon apparaît tout à coup (comme il avait surgi après son évasion de l’île
d’Elbe), faisant de Picasso un conquérant qui a emporté le petit milieu de l’avant-garde montmartroise. Une
métaphore annoncée dans le premier portrait, « quelques-uns le suivaient certainement » et qu’elle explicite
dans l’Autobiographie d’Alice Toklas : « … il semblait Napoléon suivi de quatre énormes grenadiers. » Une
autre qui se dessine : « Deux. J’atterris. Trois La terre » et préfigure la conclusion du Picasso de 1938 : « La
terre vue d’un avion est une autre terre… » [...]

1933
Et puis Gertrude Stein s’éloigne de l’hermétisme des poèmes et livre sa vision épique de sa vie à Paris dans
l’Autobiographie d’Alice Toklas. Picasso y est immédiatement mis en scène, avant même Henri Matisse, que
Stein a pourtant rencontré le premier. Mythologie de la bohème, de Paris, de Montmartre ? Il semble que
Picasso, son œuvre, ses amis, ses amours, occupent une place majeure dans le livre. Au point que Fernande
Olivier, qui publie au même moment ses propres souvenirs, dont elle avait confié à Stein le manuscrit, estime
avoir été pillée : « Je suis certaine que mes souvenirs ont pour une part inspiré les siens », s’indigne-t-elle .
L’amie aussi bien que l’ex-compagne ont bien compris que la gloire de Picasso est leur chance de renom-
mée. Stein connaît, en effet, avec l’Autobiographie d’Alice Toklas un succès qui lui permet de publier tout son
œuvre : « C’était assez sentimental », admet-elle. Est-ce la jalousie d’Olga, généralement incriminée ? Ou
bien Picasso a-t-il été choqué, « furieux », même , par cet opportunisme, par l’autoproclamation du génie de
Stein (même si le sien propre est abondamment reconnu), par l’indiscrétion de l’autrice ? Stein et Picasso ne
se voient plus jusqu’en 1935, jusqu’à la séparation du couple Picasso.

1938
Rue Christine, avec un Autoportrait de Picasso et Gertrude Stein sous les yeux, Stein écrit Picasso. Une
biographie, une étude d’œuvre, qui est aussi une subtile construction mêlant ce qu’elle sait de l’artiste, ce
qu’elle ressent de ses œuvres et ce qui la définit, elle, avec ses souvenirs, la mise en scène de sa personne
et son écriture. [...]

Elle par lui par elle


Pablo Picasso, Gertrude Stein se sont rencontrés parce qu’ils pouvaient percevoir et créer la beauté et la
vérité du XXe siècle, parce qu’ils pouvaient percevoir et créer le cubisme.
Au plus haut du cubisme, Picasso a fait les portraits de Vollard, de Kahnweiler et de Wilhelm Uhde. Trois
tableaux atomisés, fondamentaux, mais qui sont rapidement désolidarisés de leurs modèles, vendus ou
confisqués lors de la Première Guerre mondiale.
Gertrude Stein, elle, a écrit sous son portrait, a écrit sur son portrait, a fait photographier son portrait sur les
murs de ses maisons, a posé devant son portrait, a emporté son portrait sur les routes de l’exode en 1939,
l’a ramené à Paris, l’a légué au Metropolitan Museum of Art, de New York, la collection historiquement la
plus importante des États-Unis, le musée fait par les Américains épris de culture, de modernité, d’Europe,
de France.
Gertrude Stein a habité son portrait, est devenue son portrait, a réalisé son portrait, autant que Picasso l’a
peint.

par Laurence Madeline

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 43


Gertrude Stein et l’avant-garde new-yorkaise : circularité d’un statut

Jusque dans les années 1930, les écrits de Gertrude Stein constituent une œuvre confidentielle, lue et
commentée par quelques initiés dans les cercles restreints des avant-gardes artistique, littéraire et
intellectuelle [...]
Si certains de ses écrits – lorsqu’elle parvient à les faire publier – ont fait l’objet de critiques plutôt positives,
cela n’en demeure pas moins assez exceptionnel et s’amoindrit avec son style littéraire dit cubiste, amorcé
par Tender Buttons / Tendres Boutons (publié en 1914), proche de la non-lisibilité et souvent incompris.
En outre, sa réception est limitée à un milieu littéraire spécialisé et intrinsèquement lié aux événements
artistiques de son temps, au grand dam de la poète, qui cherche à être reconnue en tant qu’autrice à part
entière, convaincue de son propre génie : « Pablo et Matisse ont une virilité qui appartient au génie. Moi
aussi, peut-être », suggérant, par là, que son œuvre relève bien de la modernité.

Une célébrité des années 1930


Malgré les campagnes de défense et de diffusion menées par ses proches depuis les années 1920, il faut
attendre 1933 pour que survienne aux États-Unis – et 1934 en France – la grande reconnaissance publique
de Stein, en dehors des réseaux d’avant-garde, avec la publication de The Autobiography of Alice B. Toklas
[...] La publication, éloignée de son travail habituel, a eu comme répercussion non négligeable de la révéler
comme chroniqueuse plutôt qu’écrivaine, perpétuant son statut de personnage des lettres et des arts.
Toujours est-il que le livre est un best-seller, ce qui n’est pas pour déplaire à Stein. [...]
L’année suivante, Stein connaît un autre succès populaire aux États-Unis, plutôt inespéré cette fois-ci, avec
la mise en scène de son opéra Four Saints in Three Acts [Quatre saints en trois actes], écrit en 1927 en
collaboration avec le compositeur et ami Virgil Thomson, le « Satie américain ». [...] Événement exceptionnel
dans l’Amérique ségrégationniste des années 1930, Thomson fait appel à un chœur noir, recruté dans les
églises et boîtes de nuit de Brooklyn et de Harlem, en pleine renaissance, dirigé par Eva Jessye. La première
mondiale se tient à guichets fermés le 7 février 1934 au Wadsworth Atheneum Museum of Art, à Hartford,
dans le cadre de l’ouverture de la première rétrospective aux États-Unis consacrée à Pablo Picasso [...]
Thomson a permis d’introduire les écrits de Stein à une audience américaine plus large et a contribué à
transformer Stein, personnage phare de l’avant-garde parisienne, en une célébrité populaire aux États-Unis.
Ces récents succès finissent par convaincre Stein, accompagnée de Toklas, de se rendre aux États-Unis
en 1934-1935 pour donner une série de conférences sur son esthétique, son rapport à la peinture et à la
littérature ; [...] La tournée – triomphale – vient confirmer sa nouvelle notoriété et se double d’une intense
campagne photographique menée par la presse américaine et Carl Van Vechten. Il réalise notamment une
série de portraits de la poète placée devant le drapeau américain, dont la large diffusion achève d’établir
Stein en icône patriote [...] Enfin, la consécration populaire semble totale en 1947 avec la mise en scène de
The Mother of Us All / Notre mère à tous, toujours sur une musique de Thomson et à l’argument, rare prise
de position directe de Stein sur le féminisme, centré sur Susan B. Anthony, figure majeure de la lutte pour le
droit de vote des femmes aux États-Unis.

John Cage, clef de la transmission steinienne


Parallèlement, de jeunes artistes américains, en dehors des milieux littéraires confirmés ou du microcosme
parisien, ont commencé dans les années 1930 à explorer pleinement l’œuvre littéraire de Stein [...]. John
Cage est l’un des premiers parmi eux. Si l’on en croit sa biographie, le compositeur se serait emparé de la
langue steinienne bien avant le succès médiatique de la poète. [...]
Si Cage semble être entré en contact avec la poète, comme il était coutume de le faire depuis la guerre chez
les jeunes artistes et écrivains américains, intéressés par un patronage prestigieux ou un mentorat judicieux,
il est signifiant de noter qu’un autre lien s’établit avec Stein : celui-ci ne se fonde plus sur sa personnalité
auréolée, mais bien sur ses écrits, qui, dès lors, lui échappent.
La poétique steinienne apparaît comme l’une des sources des compositions des débuts de Cage : Three
Songs (1933) fait écho au titre de l’un des premiers recueils publiés de Stein, Three Lives / Trois Vies
(1909) et intègre des textes de la poète, ainsi que Living Room Music (1940), une pièce pour quatuor de
percussion et de discussion. Le protocole de Living Room Music indique, en outre, un jeu sur des objets
domestiques – début de la réflexion de Cage sur la musicalisation du bruit – à la manière de Stein et de ses
« natures mortes » (still lifes) dans Tender Buttons, où elle manipulait les mots de la vie quotidienne par la
syntaxe en jouant sur les sonorités et rythmes de la répétition. Le compositeur s’est exprimé à plusieurs
reprises sur la poète, qu’il identifie comme modèle à suivre [...].

44 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Progressivement, Cage s’impose au sein de l’avant-garde new-yorkaise, localisée plus précisément dans
Greenwich Village (Downtown Manhattan), où il retrouve son compagnon, le danseur et chorégraphe Merce
Cunningham [...].
Sur le modèle de l’atelier européen, Cage, Cunningham, Rauschenberg, Jasper Johns, bientôt rejoints par
Andy Warhol ou Nam June Paik, parmi d’autres, développent une pratique expérimentale et collaborative
mais dans une logique intermédiale, où chaque médium existe indépendamment à l’intérieur d’une même
performance. Toutes les formes d’art doivent être autonomes, partageant simplement un espace-temps
commun. [...] Néanmoins, là où Stein privilégie une approche par l’intuition, ils ont laissé une plus grande
place à l’aléatoire. [...] S’ouvre alors un champ des explorations poétiques et artistiques : un jeu sur la
matérialité – linguistique, sonore, corporelle ou plastique – à manipuler, étirer, tordre, voire pulvériser, par
la syntaxe, c’est-à-dire par le processus. Cunningham aimait ainsi à rappeler à ses danseurs [...] la maxime
steinienne : « La grammaire est le sens » [...].
En utilisant et en interprétant ses écrits, en étudiant sa pensée, Cage et son cercle ont non seulement généré
de nouvelles formes artistiques, mais aussi façonné sous une autre forme le legs artistique de Stein. [...]

« Notre mère à tous »


Concomitamment, d’autres scènes performatives liées à Cage-Cunningham, au Living Theatre et à la
Judson Memorial Church que sont la Beat Generation, la poésie concrète, Fluxus et le Pop Art s’emparent
de Gertrude Stein. [...] En 1967, Robert Indiana met en scène The Mother of Us All au Tyrone Guthrie
Theater à Minneapolis, mais c’est sa reprise en 1976 pour le Santa Fe Opera qui a marqué les esprits. Il
ajoute un nouveau personnage à l’opéra, celui de Gertrude Stein, et l’érige, aux côtés de Susan B. Anthony,
en personnage majeur de l’Histoire américaine : la « mère de tous les Américains ». Stein devient une figure
pop, comme en témoignent les nombreuses effigies à son image, depuis Andy Warhol jusqu’à Faith Ringgold
(Dinner at Gertrude Stein’s: The French Collection Part II, #9, 1991, Collection Stanley and Muriel Weithorn).
Beaucoup se considèrent aujourd’hui comme ses héritiers. Le metteur en scène Robert Wilson, approché
dès les années 1970 par Cunningham pour collaborer sur une production de Four Saints in Three Acts, a
rappelé le rôle joué par Stein dans sa formation en tant qu’artiste [...].

De même, la seconde génération de la danse postmoderne s’inscrit dans la filiation de la poète. Le


chorégraphe Andy de Groat, après avoir travaillé à ses débuts avec Wilson, utilise un texte de Stein dans
une musique minimaliste composée par Philip Glass et Michael Galasso pour Red Notes, en 1977. Anne
Teresa de Keersmaeker, qui développe une danse réflexive dans un style minimaliste au cours des années
1980, nomme sa compagnie Rosas après Stein, en 1983. La poésie de Stein a donc inspiré des générations
successives d’artistes performatifs, jusqu’à ses réminiscences les plus contemporaines : son autorité
artistique paraît être devenue incontestable.

Après avoir acquis un statut populaire dans les années 1930, mais détaché de son esthétique, puis artistique
à partir des années 1940, grâce à une interprétation féconde et réfléchie, l’œuvre de Stein a continué de faire
l’objet d’une appropriation polymorphe dans les décennies suivantes. Par un jeu de réseaux et d’identification
subtile, les artistes américains des années 1950-1960 ont contribué à la légitimation du statut de la poète en
tant qu’autrice majeure de la littérature moderniste américaine. Il semble donc que ses écrits, alors que ceux-
ci étaient compris et publiés difficilement à ses débuts en raison de leur radicalité, deviennent progressive-
ment une sorte de rituel obligé pour tout artiste souhaitant inscrire son œuvre du marqueur avant-gardiste,
c’est-à-dire jouir à son tour d’une légitimation artistique et critique ; et ce, alors même que ce sont ces artistes
qui ont contribué à réactiver son œuvre, à réhabiliter sa personne, et à en faire une source de la créativité
contemporaine, au point que Stein incarne aujourd’hui un parangon de l’art américain : « Notre mère à tous ».

par Assia Quesnel

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 45


Différences et répétitions.
Une sensibilité steinienne dans l’art minimal et conceptuel
« Mais l’œuvre de Stein n’a été bien comprise que récemment. »
David Antin

“ Pour commencer voilà ce que chacun doit savoir : chacun est contemporain de son époque ” C’est ainsi
qu’en 1934 Gertrude Stein introduit sa conférence « Comment l’écrit s’écrit ». Qu’entend-elle par époque ?
Le temps qui coïncide avec son existence ? Mais alors, comment expliquer que les artistes américains dont
l’œuvre émerge vingt ans après sa mort semblent à ce point être ses contemporains ? Proposons que cela
est concevable si, par « époque », nous entendons deux moments du modernisme, celui de Stein, ce Paris
moment de la première moitié du XXe siècle, et celui du modernisme dit tardif, où elle resterait la contempo-
raine des artistes qui l’ont lue et tirent le bilan de ce que sa génération a inventé.
Vincent Broqua a abordé ce dernier moment comme étant la seconde phase de la « traduction en art » de
l’écrivaine :
« Le paradigme est le suivant : avant 1945, c’est-à-dire lorsque Stein est encore vivante, « traduire Stein en
art » signifie souvent dessiner, peindre ou sculpter un portrait d’elle. Après sa mort, malgré des exceptions, le
rapport entre ce que désigne Gertrude Stein et ses représentations s’inverse. À mesure que l’oeuvre de Stein
se diffuse, d’une traduction en portrait de la personne, on passe à la traduction, souvent intersémiotique, de
ses textes et de sa poétique. »

Par quoi la lecture de Stein contribue, entre autres, au processus de textualisation de l’art, sur lequel nous
allons revenir. Auparavant, arrêtons-nous sur ce qui, dans la sensibilité minimaliste de l’art américain des
années 1960, fait écho à l’écriture steinienne.

La complication jusqu’à la simplicité : une filiation

[...] Évoquons ces deux axes, celui de la transgression, puis celui de l’expérience empirique, pour discerner
les liens sensibles qui rattachent les principes du minimalisme à l’esprit littéraire de Stein.

La liste des transgressions formelles produites par cette dernière est longue : agrammaticalité, usage res-
treint de la ponctuation, réduction du vocabulaire, neutralisation du temps, répétition (ou insistance selon sa
propre dénomination), autant de procédés qui lui permettent de « développer l’idée de chaque partie d’une
composition comme étant aussi importante que le tout », ainsi que le lui a enseigné l’observation prolongée
de Madame Cézanne à l’éventail. Tout occupée à repousser les conventions romanesques du XIXe siècle,
Stein expérimente en poésie et en théâtre. Ses romans, ses poèmes, ses pièces et ses portraits démontent
les conventions de leur genre. Paradoxalement, l’écrivaine tient aux catégories. [...]

À l’orée des années 1960, Donald Judd, qui a lui aussi bien regardé Paul Cézanne, envisage d’opérer des
bouleversements comparables dans son propre domaine. Mais c’est avec les genres artistiques qu’il com-
mence par rompre. Les « objets spécifiques » qu’il repère dans l’art de son temps ne relèvent à ses yeux
ni de la peinture – trop conventionnelle –, ni de la sculpture – trop anthropomorphe. Ce sont des œuvres
tridimensionnelles aux qualités réduites. « Il suffit qu’une œuvre soit intéressante », écrit-il en une formule
décisive pour tout l’art qui viendra. Plus simple est la forme, plus complexe est le dessein de l’artiste. Plus
cohérent est son objet, plus celui-ci peut être perçu immédiatement comme un tout et non pas comme
une construction faite de parties séparées. Si les formes minimalistes qui découleront de tels objectifs sont
d’un dépouillement sans équivalent, les objectifs en eux-mêmes semblent relever d’une tradition moderniste
déjà ancienne. Stein, cherchant à rendre les choses intéressantes autrement, n’essayait-elle pas, dès The
Making of Americans / La Fabrication des Américains, « d’obtenir cette immédiateté du moment sans rien
ajouter de superflu » ? [...]

Percevoir le texte ou l’œuvre tridimensionnelle comme un tout unifié dont nulle partie ne vaut plus qu’une
autre est non seulement une intention commune à Stein et aux artistes des années 1960, mais aussi un
type d’expérience similaire pour leurs lecteurs ou spectateurs. William James avait pour projet de décrire et
analyser l’expérience, tout type d’expérience. Stein reconnaît avoir été profondément marquée par l’homme
et par sa pensée. [...]

46 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Langage, matière opaque

[...] même lorsqu’elle se veut descriptive, la poésie expérimentale de Stein invente son propre « réalisme »,
celui-ci obéissant à sa logique intime et non plus à la mimesis et au vouloir-dire habituel. Travailler la maté-
rialité de la langue est l’enjeu de The Making of Americans et de Tender Buttons / Tendres Boutons :
« Je pris des mots séparément et les pensais jusqu’à ce que je saisisse leurs poids et volume complets et
les mis l’un après l’autre et en même temps je compris très vite qu’il n’y avait rien de tel que de les mettre
ensemble sans sens. Il est impossible de les mettre ensemble sans sens. » [...]

C’est une pareille conception de la poésie qu’adopte à son tour Carl Andre. Ce dernier a beau citer Ezra
Pound, c’est à Stein qu’il emprunte son credo. [...]
Cependant, là où Stein réinvente la grammaire selon ses propres règles, Carl Andre, lui, la supprime pure-
ment et simplement dans ses arrangements de mots. Ainsi, le célèbre vers de Stein « Rose is a rose is a rose
is a rose » devient-il, dans son tapuscrit, l’accrétion du seul substantif, « roseroseroseroserose », sur huit
lignes superposées formant un rectangle dans lequel l’Éros fusionne avec la fleur et sa couleur.
Dans ses pages, les lettres, les signes de ponctuation ou les unités lexicales sont équivalentes aux unités
matérielles de sa sculpture dans l’espace :

« Préface à mon travail lui-même


dans, est, mon, de, acte, le, en,
fait, même, ce, travail, morceaux,
empilés, piles, brisés, pièces,
superpositions, clastiques, superposés,
identiques, interchangeables. » [...]

Parmi ces « récupérateurs de langage » figure Joseph Kosuth, dont le mode d’expression privilégié est la
tautologie. En 1965, il répond lui aussi aux Five words in a line de Stein, mais de façon littérale, par exemple
avec Five Words in Blue Neon (1965). [...]
Stein elle-même ne se targuait-elle pas, par l’intermédiaire d’Alice Toklas, d’avoir vu son œuvre souvent
comparé à celui d’un mathématicien en vertu de sa passion pour l’exactitude ? [...]

De quoi Gertrude Stein est-elle toujours le nom ?

[...] C’est de cette matière composite (images, chiffres, mots, signes) qu’est faite l’œuvre intitulée Quartett
>88<. Couvrant sept cent quarante-cinq feuilles, auxquelles s’ajoutent trente-six feuilles d’index et un man-
nequin de cire dans la version exposée , l’œuvre met en exergue ce que Carl Andre a pu formuler ainsi en
aparté : « Si Stein avait été un homme, elle aurait été considérée comme le plus grand écrivain américain
du XXe siècle. Mais bien sûr, si elle avait été un homme, elle n’aurait pas été le grand écrivain qu’elle est. »
Quartett >88< rend hommage à ces femmes qui se sont mesurées aux hommes dans leur domaine réservé,
et ce, à travers quatre figures emblématiques – Marie Curie, Rosa Luxemburg, Gertrude Stein et Virginia
Woolf. [...]

À la date de la mort de ces quatre illustres personnalités, c’est en effet leur portrait qui remplace l’image de la
sténographe-femme-parmi- les-femmes – en l’occurrence, pour Stein, une photographie de sa statue par Jo
Davidson (1920-1922). Une effigie solennelle, donc, plus encore qu’un portrait. La date de leur naissance est
suivie par des informations bio-bibliographiques tapuscrites prélevées dans l’encyclopédie Brockhaus. Dans
la dernière partie de l’oeuvre, on trouve « A Birthday Book » de Stein, qui ajoute son calendrier poétique au
long calendrier ésotérique qui précède.
L’écrivaine américaine est par conséquent à l’honneur dans le quatuor de Darboven et le fait que son por-
trait y soit sculpté ne manque pas d’alluder à sa détermination. Loin des tourments de Woolf, du martyre
de Luxemburg, du sacrifice de Curie, elle n’aura pas cessé d’affirmer sa puissance, de se revendiquer sans
fléchir supérieure à ses pairs. Si son statut littéraire a été conquis de haute lutte, sa liberté sociale n’est pas
un moindre exploit. Stein a vécu, agi, collaboré, paru en société avec Alice Toklas, à laquelle une part de sa
prose et de ses vers est dédiée.
Bien qu’elle ne se soit pas déclarée féministe et qu’elle aitvolontiers arboré une posture virile concurrençant
celle des écrivains qui l’entouraient, ses poèmes, ses pièces, ses romans sont remplis de voix de femmes

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 47


ironiques, indépendantes, voire émancipatrices. [...]
On entrevoit ainsi comment les remises en question radicales de la représentation poétique engagées par
l’écrivaine ont pu voisiner avec les recherches des artistes modernistes, sinon les stimuler et les nourrir. Mo-
dernistes et descendants du modernisme, que l’on ne qualifiera pas de post pour autant, ces artistes ont cha-
cun à leur tour opté, tout comme Stein l’avait fait en littérature, pour une économie de moyens draconienne
dans la fabrication de leurs objets ou dans leurs usages du langage. Ils ont condensé leur art, l’ont analysé,
l’ont réduit au nécessaire pour qu’en ressorte l’irrémissible complexité. Pour eux, in fine, l’ambiguïté de l’art
n’est pas un tabou mais un défi à l’intelligence

par Valérie Mavridorakis

48 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Gertrude Stein, icône lesbienne

[...].

De la médecine à l’art. Gertrude Stein, troisième sexe

Avant d’être l’écrivaine et collectionneuse que l’on connaît, Stein s’oriente entre 1893 et 1901 vers des
études de psychologie, à Radcliffe College, alors annexe pour femmes de l’université de Harvard, puis de
médecine, à l’université Johns-Hopkins, de Baltimore. Les rencontres et les écrits de l’époque jalonnent sa
trajectoire littéraire, mais aussi la vision qu’elle a des rapports sociaux de genre. Dans une série d’articles
publiés entre 1901 et 1904, Stein interroge la place des femmes et leur rôle dans la société. La baisse de la
natalité, notamment américaine, liée à la contestation de l’« idéal de maternité », préoccupe à l’époque les
psychologues et les économistes. Stein constate que les femmes ont tendance à délaisser la procréation et à
investir le domaine de l’intelligence associée à l’économie, alors occupé par les hommes. Cette vision binaire
où les femmes appartiennent au foyer et les hommes au travail est caractéristique de l’antiféminisme. Stein
semble y adhérer, tout en apportant une nuance culturaliste : le statut social désavantage les femmes à être
l’égal des hommes, non leur condition biologique.
Empreinte des débats à Radcliffe au sujet de l’égalité des sexes, Stein se démarque deux ans plus tard lors
d’une conférence sur « La valeur de la formation universitaire pour les femmes ». Selon elle, il faut élargir leur
accès à l’éducation, afin que celle-ci profite à la société et à l’économie. Stein conteste la destinée biologique
des femmes, soulignant que « les différences entre les sexes, hormis les organes génitaux, sont purement
superficielles » et qu’« une mère ne devient une femme que pendant la maternité – elle n’est pas concernée
par son sexe à d’autres moments ». La différence sexuelle disparaît lorsque les femmes et les hommes ont
une capacité de travail similaire, comme l’indique l’universitaire Linda Martin, qui inscrit les réflexions de
Stein dans le sillage du taylorisme appliqué à la psychologie sociale de Hugo Münsterberg, professeur de
Stein à Radcliffe.
Ces réflexions sur les rapports sociaux de genre coïncident avec la lente élaboration du roman The Making
of Americans / La Fabrication des Américains, commencé peu de temps après l’installation de Stein au
27, rue de Fleurus à Paris, à l’automne de 1903. Elle découvre à cette période le brûlot antiféministe et
antisémite d’Otto Weininger Sexe et caractère, publié en allemand en 1903, qui place au coeur des débats la
psychologie sexuelle appliquée à la création artistique. Weininger envisage les êtres humains à partir d’une
distinction entre un pôle mâle, masculin, productif et actif, et un pôle féminin, passif, improductif et amoral.
Pour lui, afin d’éviter la décadence de la société, l’être humain doit se détacher de sa composante sexuelle
et sensible, ainsi les femmes masculines, notamment les lesbiennes, et certains hommes qui s’abstiennent
de toute activité sexuelle peuvent-ils dépasser ces pôles et devenir des génies. Stein voit dans ces écrits
le moyen de conforter l’idée selon laquelle l’homosexualité – dont les premières théories s’appuient sur les
principes moraux de la dégénérescence – doit prétendre au génie dans la création.
C’est à la fin des années 1860 qu’apparaît en Allemagne la théorie d’un troisième sexe, homosexuel, lié à
l’idéal romantique de l’androgyne. L’homosexuel, homme ou femme, n’est pas attiré par son opposé, mais
par le même pôle sexuel, son état se trouvant inversé par rapport à l’hétérosexuel et se situe donc entre les
deux pôles masculin et féminin.
Cette théorie de l’entre-deux sexuel inversé est réinterprétée par la suite à travers la psychiatrie et la médecine
légale, jusqu’aux écrits de Weininger. Stein s’en inspire pour construire une vision plus fluide et elliptique de
l’homosexualité, miroir de son existence. Dans Three Lives / Trois Vies, nouvelles écrites entre 1905 et 1906,
le personnage de Hortense Sänger se manifeste en tant que son alter ego solitaire, éloignée de la sexualité
et au plus près des livres. Comme Hortense, Stein se sent « active » et « passive » dans ses relations avec
les femmes, dominante et dominée, homme et femme par intermittence, répondant ainsi aux ambivalences
de la conscience, loin des déterminismes moraux de la psychopathologie. The Making of Americans forge
un style complexe, fait de répétitions de mots et de phrases qui tentent de saisir l’individu dans le collectif,
à partir de ses ressemblances et de ses dissemblances. Dans son écriture, Stein insiste sur le fait qu’il y
ait plusieurs sortes d’hommes et de femmes, venant contester les distinctions essentialistes de genre et de
sexualité, à la frontière entre homme et femme.
[...]

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 49


Devenir une icône lesbienne
Associée à l’avant-garde parisienne, Stein acquiert une renommée internationale aux États-Unis lors d’un
voyage en 1933. « Portraits and Repetitions », sa conférence donnée à Vassar College, avant d’être publiée
dans Lectures in America / Lectures en Amérique, en 1935, apporte une justification au projet avant-gardiste
de clarté et de confusion, qui est perçu à l’époque par la critique. Stein envisage le mouvement continu de
l’existence à travers la parole et le texte, comme un processus cinématographique de prises de vues sur
l’être humain : « Je faisais une succession continue de déclarations sur ce qu’était cette personne jusqu’à ce
que je n’en aie plus beaucoup mais qu’une seule. »
Les artistes de la seconde moitié du XXe siècle se saisissent de cette esthétique de la répétition issue du
cinéma et de la production en série. Fasciné par l’image devenue célèbre de Stein, Andy Warhol lui rend
un hommage détourné en 1955, dans sa série proustienne dédiée à la chaussure perdue ayant appartenu
à Toklas. Nœud rouge et motifs à plume sur une teinte rosée, en référence au vers « Rose is a rose is a
rose is a rose » de Stein, cet accessoire de mode illustre l’ultra-féminité de Toklas, qui vient contraster avec
la part plus masculine de Stein. Plus tard, en 1980, Warhol replacera le visage de Stein, provenant de sa
photographie d’identité à l’âge de soixante-cinq ans, au cœur de l’ensemble des Ten Portraits of Jews of the
Twentieth Century. Évoquant le visage dessiné par Picabia et le visage-masque par Picasso, Warhol sépare
en deux celui qu’il redessine de Stein, pour mieux affirmer la dualité de genre exprimée par les tonalités de
rose et de bleu.
[...]
Figure démultipliée, abstraite et insaisissable, Stein est irrémédiablement associée à sa compagne, Toklas,
dans la photographie de la tombe qui les unit toutes deux, réalisée par Felix Gonzalez-Torres en 1992, sur
fond de crise d’épidémie du VIH/ sida. Paysage de fleurs au cadrage resserré, la prise de vue suggère
l’intimité disparue de ces deux femmes réunies dans la mort. Plusieurs des œuvres de Gonzalez-Torres
rappellent la disparition de ses amants et de ses proches, mais ce dernier refusera de réduire son art à
l’homosexualité pointée par la maladie : « Comme vous le savez, les étiquettes sont très pratiques quand
vous voulez contrôler les choses. En fait, je crois que mon travail concerne surtout la forme. Je déteste le
formalisme, et partout il inclut vraiment certaines interprétations, car tout ce que nous voyons dans la culture
nous l’attribuons au langage. Nous lui attribuons un récit. »
Ces propos valent également quant au statut d’icône lesbienne que l’on peut attribuer à Stein. Ayant très
tôt contesté les typologies psychologisantes de l’homosexualité, l’écrivaine américaine n’a eu de cesse
de reconfigurer les récits de l’identité lesbienne à travers un langage et des images complexes qu’elle a
livrées d’elle-même. Ses amis-artistes tout comme les artistes-idolâtres mentionnés ont su insuffler le trouble
nécessaire pour rendre visibles des identités toujours instables. Cette icône de l’art reconfigura en profondeur
les rapports de genre et les subjectivités féminines dans le couple qu’elle forma avec Toklas [...].

par Damien Delille

50 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


chronologie extraite de Gertrude Stein, une chrono-anthologie

1874. Gertrude Stein naît le 3 février à Allegheny (Pennsylvanie). Elle est la dernière d’une fratrie de cinq
enfants. Sa famille est juive, non pratiquante et de milieu aisé, grâce aux affaires menées par son père,
Daniel. Personnage singulier, il passe d’une idée à l’autre concernant l’éducation des enfants, quitte à se
montrer tyrannique. Sa mère, Amelia, est très effacée.

1874-1878. La famille Stein s’installe à Vienne (Autriche).

1878-1879. Après un passage à Paris, retour aux États-Unis, à Baltimore.

1880. Installation de la famille Stein à Oakland (Californie). La jeune fille se lie avec tous ses camarades
d’école quels que soient leurs milieux sociaux ou origines nationales et est très proche de son frère Leo.

1888. Décès d’Amelia Stein, après une longue maladie.

1891. Décès de Daniel Stein. C’est l’aîné, Michael, qui devient chargé de famille et gère l’héritage paternel.
Sa réussite sociale, à la suite de la fusion qu’il réalise des compagnies de Railway de San Francisco, met à
l’abri toute la famille, en assurant une rente à chacun.

1892. Gertrude et Bertha Stein vivent à Baltimore dans leur famille maternelle. Leo fait ses études à Harvard.

1893. Gertrude Stein devient étudiante à Radcliffe College (annexe de Harvard réservée aux femmes).

1894-1895. Mariage de Michael Stein avec Sarah Samuels. Gertrude Stein écrit ses premières ébauches
de fiction, notamment In The Red Deeps [Dans les profondeurs rouges] et Temptation [Tentation]. Elle mène
des travaux sous la tutelle de William James – qui enseigne la philosophie et la psychologie – et expérimente
l’écriture automatique.

1896. Première et seule publication universitaire de Gertrude Stein, dans la Psychological Review.

1897. Gertrude Stein commence des études de médecine à l’université Johns-Hopkins, à Baltimore, où son
frère Leo s’inscrit également, en zoologie et en biologie. Son intérêt se porte sur la neurologie. Elle rencontre
May Bookstaver, dont elle tombe amoureuse alors que cette dernière est déjà attachée à une autre jeune
femme, Mabel Haynes.

1900. Leo Stein quitte l’université et part pour l’Europe.

1901. En tant qu’interne à l’hôpital de Baltimore, Gertrude Stein travaille dans un service dédié aux patients
noirs. Elle abandonne ses études après avoir échoué en quatrième année.

1902. Gertrude Stein séjourne dans différentes villes européennes auprès de Leo. Elle s’installe avec lui à
Londres.

1903-1904. Retour ponctuel à New York et départ pour l’Europe. Gertrude Stein s’installe à Paris, chez Leo,
au 27, rue de Fleurus. Ensemble, ils visitent des Salons, la galerie d’Ambroise Vollard et découvrent Paul
Cézanne, Henri Matisse, Pablo Picasso. Acquisition commune de Madame Cézanne à l’éventail. Gertrude
écrit Q.E.D. [C.Q.F.D.]. Elle commence Fernhurst et The Making of Americans / La Fabrication des Américains.
En 1904, Sarah et Michael Stein s’installent rue Madame, à Paris. La famille séjourne en Italie.

1905-1906. Gertrude Stein commence à écrire Three Lives / Trois Vies. Les acquisitions de la sœur et
du frère s’accélèrent : Cézanne, Paul Gauguin, Matisse et Picasso. L’Américaine et l’Espagnol deviennent
immédiatement proches et ce dernier est bouleversé par Cézanne, dont il découvre aussi les toiles acquises
par les Stein. En 1906, Gertrude pose pour Picasso et termine d’écrire Melanctha, assise face au portrait de
Cézanne. Elle rencontre Guillaume Apollinaire et Marie Laurencin.

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 51


1907. Gertrude Stein rencontre Alice B. Toklas, qui arrive à Paris. Cette dernière s’est liée à Sarah, épouse
de Michael Stein, lors d’un séjour californien du couple. Picasso peint Les Demoiselles d’Avignon.

1908. Gertrude Stein rencontre Juan Gris, auquel elle sera très attachée, comme à sa peinture.

1909. Alice B. Toklas s’installe rue de Fleurus.

1910. Gertrude Stein écrit A Long Gay Book [Le Long Livre joyeux] et Many Many Women [Beaucoup
beaucoup de femmes] ainsi que ses premiers portraits, dont Ada, Picasso et Matisse.

1911. Gertrude Stein termine d’écrire The Making of Americans.

1912. Alfred Stieglitz publie dans Camera Work les portraits de Picasso et de Matisse écrits par Gertrude
Stein en 1909. Alice B. Toklas et Gertrude séjournent en Espagne, au Maroc puis en Italie chez Mabel Dodge,
où Gertrude écrit Portrait of Mabel Dodge at the Villa Curonia [Portrait de Mabel Dodge à la Villa Curonia],
publié à titre privé à 300 exemplaires.

1913. Gertrude Stein rencontre l’éditeur John Lane, à Londres. Elle prête des œuvres pour l’exposition
« Armory Show » à New York, et y fait la rencontre de Carl Van Vechten. Elle commence Tender Buttons /
Tendres Boutons. L’incompréhension de Leo pour le travail de sa sœur ne cesse de croître et il est en proie
à de nombreuses difficultés d’ordre personnel, tant et si bien qu’il quitte la rue de Fleurus et part pour l’Italie :
tous deux se partagent les œuvres de leur collection.

1914. Gertrude Stein et Alice B. Toklas rencontrent Alfred Whitehead, en Angleterre, et restent chez lui lors
de l’entrée en guerre. Retour à Paris à l’automne.

1915. Elles se rendent à Palma de Majorque, où elles vivent une année durant. Gertrude Stein écrit Lifting
Belly / Lève bas-ventre.

1916. Gertrude Stein et Alice B. Toklas reviennent en France en juin et participent à l’effort de guerre avec le
Fonds américain pour les blessés français. Gertrude obtient le permis et achète sa première Ford, pour faire
des livraisons jusque dans le sud de la France.

1917. Entrée en guerre des États-Unis. Gertrude Stein et Alice B. Toklas deviennent marraines de plusieurs
soldats américains, dont William Rogers, qu’elles surnomment Kiddie. Gertrude écrit « The Great American
Army » [La Grande Armée américaine], qui sera l’occasion d’une première publication dans Vanity Fair, en
juin 1918. Elle y publiera ensuite des entretiens et son second portait de Picasso. Elle écrit Useful Knowledge
[Connaissance utile].

1918. Alice B. Toklas et Gertrude Stein découvrent la vallée du Rhône. Décès d’Apollinaire, en novembre.

1919. Alice B. Toklas et Gertrude Stein partent pour l’Alsace, missionnées par le Fonds américain pour les
blessés français. Retour à Paris au printemps.

1921. Gertrude Stein retrouve Picasso à Antibes et Juan Gris à Bandol (fig. 051). Elle rencontre Sherwood
Anderson, de passage à Paris. Elle écrit As Fine as Melanctha [Aussi beau que Melanctha].

1922. Gertrude Stein se lie d’amitié avec Ernest Hemingway, à qui elle prodigue avis et conseils littéraires
judicieux. Elle séjourne à Saint-Rémy-de-Provence jusqu’en février 1923. Sherwood Anderson rédige la
préface de Geography and Plays [Géographie et pièces], recueil de cinquante-deux portraits, pièces et
« paysages », dont « Susie Asado », « Ada », « Braque », « Sacred Emily », etc., publié à compte d’auteur
chez Four Seas Company. Pour remercier Anderson, elle écrit « A Valentine for Sherwood Anderson » [« Une
carte de Saint-Valentin pour Sherwood Anderson »]. Elle écrit la pièce A Saint in Seven [Un saint sur sept].
Gertrude s’éloigne progressivement de Picasso, qui s’est rapproché, de son côté, du cercle de Jean Cocteau
puis de celui d’André Breton.

1923. Gertrude Stein écrit Elaboration et le livret d’opéra Capital Capitals. Première publication dans la Little
Review.

52 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


1924. Gertrude Stein et Alice B. Toklas découvrent et tombent sous le charme de Belley, un village de l’Ain.
Gertrude publie If I Told Him. A Completed Portrait of Picasso / Si je lui disais. Un portrait complété de Picasso.

1925. Gertrude Stein rencontre le peintre Pavel Tchélitchev et Francis Scott Fitzgerald, qui a beaucoup fait
pour Hemingway et pour qu’elle soit publiée. Elle achève A Novel of Thank You [Un roman de remerciements].

1926-1927. Gertrude Stein fait la connaissance de Virgil Thomson, René Crevel, Bernard Faÿ et Georges
Hugnet. Elle donne des conférences en Angleterre, où elle rencontre Virginia et Leonard Woolf. Daniel-Henry
Kahnweiler, avec la galerie Simon, publie le poème A Book Concluding with As a Wife Has a Cow [Un livre
qui se termine par Comme une épouse a une vache], illustré par des lithographies de Juan Gris. Il s’agit du
premier ouvrage de Gertrude publié par un éditeur français. Juan Gris meurt en mai 1927 et Gertrude écrit
« Vie et mort de Juan Gris », publié dans la revue transition. Période prolifique, écriture et/ou publication de :
An Elucidation [Une élucidation], Composition as Explanation [Composition comme explication], Elaboration
[Élaboration], Four Saints in Three Acts [Quatre saints en trois actes], Patriarchal Poetry [Poésie patriarcale],
Alphabets and Birthdays [Alphabets et anniversaires], An Acquaintance with Description [Une connaissance
avec description] et Lucy Church Amiably [Lucy Church aimablement].

1928. Gertrude Stein écrit un livret d’opéra dédié à Alice B. Toklas, Lyrical Opera / Made by Two / To be Sung
[Opéra lyrique / Fait à deux / Afin d’être chanté]. La galerie Simon publie la pièce A Village. Are You Ready
Yet Not Yet [Un village. Êtes-vous prêt pas prêt], illustrée par Élie Lascaux.

1929. Alice B. Toklas et Gertrude Stein acquièrent une maison à Billignin, où elles se rendront chaque
printemps, jusqu’à l’automne.

1930. Premières traductions par Georges Hugnet et Virgil Thomson d’une sélection de portraits publiés ou
inédits, dont Dix Portraits et Morceaux choisis de La Fabrication des Américains. Gertrude Stein fonde la
maison d’édition Plain Edition, sous la direction d’Alice B. Toklas, et publie Lucy Church Amiably. Gertrude
rencontre le peintre Francis Rose.

1931. Gertrude Stein rencontre l’écrivain-compositeur Paul Bowles. Elle achève How to Write [Comment
écrire] et commence Winning His Way [Gagner sa place]. Après la rupture amicale avec Georges Hugnet,
elle publie, chez Plain Edition, Before the Flowers of Friendship Faded Friendship Faded. Written on a Poem
by Georges Hugnet [Avant que les fleurs de l’amitié ne se fussent fanées l’amitié s’est fanée. D’après un
poème de Georges Hugnet].

1932. Gertrude Stein écrit Stanzas in Meditation / Strophes en méditation et The Autobiography of Alice B.
Toklas / Autobiographie d’Alice Toklas. Publication d’Operas and Plays [Opéras et pièces] chez Plain Edition,
un recueil de vingt-deux livrets, pièces et scénarios écrits depuis 1920.

1933. Succès fulgurant de l’Autobiography. En France, publication d’Américains d’Amérique. Gertrude Stein
écrit Blood on the Dining-Room Floor / Du sang sur le sol de la salle à manger et Four in America [Quatre en
Amérique].

1934-1935. Convaincue par Kiddie, Gertrude Stein accepte de faire une tournée de conférences aux États-
Unis, coïncidant avec la tournée de Four Saints. Nombreuses retrouvailles et rencontres, dont Thornton
Wilder, à Chicago, qui sera un de ses éditeurs. Elle signe un contrat avec l’éditeur Bennett Cerf, qui s’engage
à publier au moins un ouvrage de l’autrice par an. Avec lui paraît Portraits and Prayers. La traduction de
l’Autobiography paraît chez Gallimard. Certains artistes vont très mal recevoir l’ouvrage : « Testimony Against
Gertrude Stein » [Témoignage contre Gertrude Stein] est publié par transition, signé Georges Braque, Eugene
Jolas, Maria Jolas, Henri Matisse, André Salmon et Tristan Tzara. Écrit Lectures in America / Lectures en
Amérique et une brève autobiographie, And Now [Et maintenant]. Retour en France en mai 1935.

1936. Gertrude Stein écrit et publie The Geographical History of America / L’Histoire géographique de
l’Amérique. Elle donne des conférences en Angleterre et écrit What Are Masterpieces [Que sont les chefs-
d’œuvre] et, vraisemblablement en français, la pièce Écoutez-moi. La déception de Gertrude à découvrir les
poèmes écrits par Picasso aurait pu les éloigner davantage encore, mais ils vont se rapprocher à nouveau
alors que le peintre travaille à Guernica.

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 53


1937. Gertrude Stein termine et publie Everybody’s Autobiography / Autobiographie de tout le monde. Elle
écrit Picasso, Ida, le livret Daniel Webster, le ballet A Wedding Bouquet [Un bouquet de mariage].

1938. Gertrude Stein et Alice B. Toklas quittent la rue de Fleurus pour la rue Christine. Gertrude écrit le livret
Doctor Faustus Lights the Lights [Docteur Faust allume les lumières] et The World is Round / La Terre est
ronde, illustré par Clement Hurd.

1939-1940. Gertrude Stein et Alice B. Toklas se réfugient à Billignin lorsque la guerre est déclarée. Elles
emportent le portrait de Gertrude par Picasso et Madame Cézanne à l’éventail. Gertrude écrit et publie Paris
France. En juin 1940, les Allemands sont dans l’Ain, quand le maréchal Pétain signe l’armistice. Gertrude
écrit le livre pour enfants To Do [À faire] et commence Mrs. Reynolds.

1941. Une exposition « Gertrude Stein » est organisée à l’université Yale en février. Gertrude Stein termine
et publie Ida. Four Saints est joué au MoMA.

1942-1943. Gertrude Stein et Alice B. Toklas s’installent à Culoz, près de Billignin. Gertrude, étant juive,
figure dans la liste Otto, qui recense les livres interdits durant l’Occupation. Pour survivre, elle vend Madame
Cézanne à l’éventail.

1944. Débarquement des Américains. Gertrude Stein finit Wars I Have Seen / Les guerres que j’ai vues.
Retour à Paris en décembre.

1945-1946. Gertrude Stein rencontre de nombreux GI et écrit l’opéra The Mother of Us All / Notre mère
à tous, Brewsie and Willie / Brewsie et Willie et Reflection on the Atomic Bomb [Réflexion sur la bombe
atomique]. Bennett Cerf publie, chez Random House, l’anthologie Selected Writings of Gertrude Stein [Écrits
choisis de Gertrude Stein]. Gertrude Stein meurt le 27 juillet 1946, d’un cancer à l’estomac.

par Philippe Blanchon

54 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Textes extraits de la chrono-anthologie

THE MAKING OF AMERICANS


Roman monumental qui retrace l’histoire de deux familles depuis quatre générations.

“Mostly always sometime each one is a whole one to me, very often each one is in pieces to me. Always
every one is repeating, repeating and repeating the being in them and always repeating is coming out of
each one, always all through all the living they are doing, always all their living and sometimes it is exciting to
know it in them, sometimes a very dreary thing, sometimes a very discouraging feeling for living, sometimes a
friendly one and sometimes then it makes of some one not such an important one as one had thought them,
sometimes then it makes of some one a more important one than one had thought them, sometimes it is a
habit in one to expect it of them the repeating from some one.”

« La plupart du temps parfois chacun est un tout pour moi, très souvent chacun est fragmentaire
pour moi. Toujours chacun répète, répète et répète l’être qui est en lui et toujours la répétition émane
de chacun, toujours à travers toute la vie qu’il mène, toujours dans toute sa vie et quelquefois c’est
excitant de savoir cela en lui, parfois c’est une chose très ennuyeuse, parfois c’est un sentiment très
décourageant envers la vie, parfois c’est un sentiment amical et parfois alors cela rend quelqu’un un
peu moins important que ce que l’on pensait, parfois alors cela rend quelqu’un un peu plus important
que ce que l’on pensait, parfois c’est une habitude pour qui attend d’eux la répétition de quelqu’un. »

Écrit en 1903-1906.
Dactylographié en 1908-1909 par Alice B. Toklas.
Épreuves prêtes à être éditées dès 1911.
Publié en 1924, en feuilleton, sous l’impulsion d’Ernest Hemingway, par Ford Madox Ford dans la Transatlantic Review.
Publié en 1925 : The Making of Americans. Being A History of A Family’s Progress, Paris, Contact Editions (extraits p.
348, 485 et 519) ; en 1926 : New York, A & C. Boni.
Extraits traduits en français en 1930 par Georges Hugnet et Virgil Thomson, Morceaux choisis de La Fabrication des
Américains, Paris, Éditions de la Montagne.
Nouvelle traduction en 1933 par la baronne J. Seillière et Bernard Faÿ : Américains d’Amérique, Paris, Stock, rééd.,
Paris, Bartillat, 2018.

PABLO PICASSO
Poésie en prose

“One whom some were certainly following and some were certainly following him, one whom some were
certainly following was one certainly working.
One whom some were certainly following was one having something coming out of him something having
meaning, and this one was certainly working then.”

« Celui que certains suivaient certainement et d’autres le suivaient certainement, celui que certains
suivaient certainement était celui qui travaillait certainement.
Celui que certains suivaient certainement était celui qui avait quelque chose qui sortait de lui quelque
chose qui avait un sens, et celui-là travaillait certainement alors. »

Écrit en 1909.
Publié en août 1912 : « Pablo Picasso », Camera Work, numéro spécial (extrait p. 29).

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 55


TENDER BUTTONS
Poésie en prose

“A light in the moon the only light is on Sunday. What was the sensible decision. The sensible decision was
that notwithstanding many declarations and more music, not even notwithstanding the choice and a torch
and a collection, notwithstanding the celebrating hat and a vacation and even more noise than cutting,
notwithstanding Europe and Asia and being overbearing, not even notwithstanding an elephant and a strict
occasion, not even withstanding more cultivation and some seasoning, not even with drowning and with the
ocean being encircling, not even with more likeness and any cloud, not even with terrific sacrifice of pedes-
trianism and a special resolution, not even more likely to be pleasing. The care with which the rain is wrong
and the green is wrong and the white is wrong, the care with which there is a chair and plenty of breathing.
The care with which there is incredible justice and likeness, all this makes a magnificent asparagus, and also
a fountain.”

« Une lumière dans la lune la seule lumière sur dimanche.


Quelle était la décision sensée. La décision sensée était que malgré de nombreuses déclarations et
davantage de musique, et même malgré le choix et une lampe et une collection, malgré le chapeau
de fête et les vacances et même davantage de bruit que la coupe, malgré l’Europe et l’Asie et d’être
dominateur, et même malgré un
éléphant et une occasion précise, et même malgré davantage de culture et un peu d’assaisonnement,
et même la noyade et l’encerclement de l’océan, et même avec encore plus de ressemblance et un
nuage, et même avec le sacrifice terrible du piétinement et de la résolution, et même davantage de
chances d’être agréable. Le soin avec lequel la pluie est fausse et le vert est faux et le blanc est faux,
le soin avec lequel il y a une chaise et une grande respiration. Le soin avec lequel il y a une justice et
une ressemblance incroyables, tout cela fait une asperge magnifique, et aussi une fontaine. »

Écrit en 1913.
Publié en 1914 : Tender Buttons: Objects – Food – Rooms, New York,
Claire Marie (extrait tiré de Selected Writings…, op. cit., p. 450 ; il s’agit du dernier paragraphe de l’ouvrage).
Traduit en français en 2005 par Jacques Demarcq : Tendres Boutons, Caen, Nous.

USEFUL KNOWLEDGE
Méditation sur l’Amérique, les Américains et la poésie

“Grammar.
Grammar was a festival.
So was spelling.
So was permission.
So was it all.
I have started permission.
Please be neat.
Please be complete.”

« La grammaire.
La grammaire était un festival.
Tout comme l’orthographe.
Tout comme la licence.
Tout s’est passé ainsi.
Je me suis permis la licence.
S’il te plaît sois appliquée.
S’il te plaît sois complète. »

Écrit en 1917.
Publié en 1928 : Useful Knowledge, New York, Payson & Clarke (extrait tiré de Useful Knowledge, New York, Station
Hill Press, 1988, p. 7).

56 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


IF I TOLD HIM. A COMPLETED PORTRAIT OF PABLO PICASSO, IN AN ECCENTRIC MODERN MANNER
Poésie en prose.

“Exact resemblance to exact resemblance the exact resemblance as exact as a resemblance, exactly as
resembling, exactly resembling, exactly in resemblance exactly a resemblance, exactly and resemblance.
For this is so.
Because.
Now actively repeat at all, now actively repeat at all, now actively repeat at all. Have hold and hear, actively
repeat at all.”

« La ressemblance exacte à l’exacte ressemblance la ressemblance exacte


comme la ressemblance exacte, exactement comme ressemblant, exactement ressemblant, exacte-
ment dans la ressemblance exactement et la ressemblance. Car c’est ainsi. Car.
Maintenant répéter activement à tous, maintenant répéter activement à tous, maintenant répéter acti-
vement à tous. Tenir et entendre, répéter activement à tous. »

Écrit en 1923.
Publié en avril 1924 dans Vanity Fair (extrait p. 40) ; en 1934 :
Portraits and Prayers, New York, Random House.
Traduit en français en 1930 par Georges Hugnet et Virgil Thomson, Dix Portraits, Paris, Éditions de la Montagne, rééd.,
Paris, Deuxtemps Tierce, 1991.

HOW TO WRITE
Essai

“A sentence is made by coupling […].”


“Sentences may be alike.”
“A sentence does not make a division.”
“A sentence is never displaced. […] Sentences are indubitable.”
“A sentence makes a rhyme.”
“Think of a sentence as an equivalent. […] A sentence does have parts.”
“Think again of a sentence it is not anything.”
“And so a sentence is always connected.”

« Une phrase est faite par accouplement […]. »


« Les phrases peuvent être semblables. »
« Une phrase ne crée par une séparation. »
« Une phrase n’est jamais déplacée. […]
Les phrases sont indubitables. »
« Une phrase fait une rime. »
« Pensez à une phrase comme à un
équivalent. […] Une phrase a des
parties. »
« Pensez encore à une phrase ce n’est
pas n’importe quoi. »
« Et donc une phrase est toujours liée. »

Écrit et publié en 1931 : How to Write, Paris, Plain Edition (extraits tirés de How to Write, New York, Dover Publica-
tions, 1975, p. 115, 117, 139, 143, 177, 182, 192, 209).

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 57


WINNING HIS WAY
Poésie philosophique

“Winning his way. A narrative poem.


Winning his way a narrative poem.
There. Is. A pleasure. In. Winning.
But. They will. Have. A pleasure. In. Winning.
They will make. Whether. In. A pleasure.
That is. That there. Is. A pleasure.
Will it be a pleasure.
Winning his way a long narrative poem.
Of poetry. And friendship. And. Fame.”

« Réussir à sa façon. Un poème narratif.


Réussir à sa façon un poème narratif.
Là. C’est. Un plaisir. De. Réussir.
Mais. Ils. Auront. Plaisir. À réussir.
Ils le feront. Si. C’est. Un plaisir.
Ce n’est. Que là. Qu’est. Un plaisir.
Est-ce que ce sera un plaisir.
Réussir à sa façon un long poème narratif.
De poésie. Et d’amitié. Et. De gloire. »

Écrit en 1931-1932.
Publié en 1956 : Stanzas in Meditation and Other Poems [1929-1933], préface de Donald Sutherland, vol. 6, in Unpu-
blished Writings of Gertrude Stein, op. cit. (extrait p. 202-203)

58 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


citations de Gertrude Stein

J’étais à cette époque seule à comprendre Picasso,


peut-être aussi parce que j’exprimais la même
chose en littérature […].

I was alone at this time in understanding Picasso, perhaps because I was expressing the same thing in
literature […].

Gertrude Stein, Picasso, écrit en français, Paris, Floury, 1938, édition anglaise Londres, B. T. Batsford, 1938.

Pablo is doing abstract portraits in painting.


I am trying to do abstract portraits
in my medium, words.

Pablo fait des portraits abstraits en peinture. J’essaie de faire des portraits abstraits avec mon médium,
les mots.

Gertrude Stein, propos rapportés par Arnold Rönnebeck, « Gertrude Was Always Giggling », Books Abroad, vol. 19,
no 1, hiver 1945, notre trad.

America is my country and Paris


is my hometown.

L’Amérique est mon pays et Paris est ma ville.

Gertrude Stein, « An American and France » (1936), What Are Masterpieces, Los Angeles, Conference Press, 1940,
notre trad.

I had begun again some time before in working


at grammar and sentences and paragraphs
and what they mean and at plays and how they
disperse themselves in relation to anything seen.
And soon I was so completely concerned with
these things that melody, beauty if you like was
once more as it should always be a by-product.

J’avais recommencé quelque temps auparavant en travaillant la grammaire,


les phrases, les paragraphes et leur signification, les pièces de théâtre et la façon dont
elles se dispersent en rapport avec la chose vue.
Et bientôt j’étais si totalement concernée par tout cela que la mélodie,
la beauté si vous voulez, était une fois de plus ainsi qu’elle devait l’être secondaire.

Gertrude Stein, « Portraits and Repetition », Lectures in America, New York, Random House, 1935 / Lectures en
Amérique, Paris, Christian Bourgois, trad. Claude Grimal, 1978, rééd. 2011, p. 163-164.

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 59


It has always seemed to me a rare privilege,
this, of being an American, a real American,
one whose tradition it has taken scarcely
sixty years to create.

Il m’a toujours semblé que c’était un rare privilège que d’être une Américaine,
une vraie Américaine, une dont la tradition a mis à peine soixante ans à se créer.

Gertrude Stein, The Making of Americans, Paris, Contact Editions, 1925, notre trad.

Play, play every day, play and play and play


away, and then play the play the play you played
today, the play you play everyday, play it and
play it.

Jouez, jouez tous les jours, jouez et jouez et jouez encore, et puis jouez la pièce la pièce que vous avez jouée
aujourd’hui, la pièce que vous jouez tous les jours, jouez-la et jouez-la.

Gertrude Stein, extrait de « Play » (1909), Portraits and Prayers, New York, Random House, 1934, notre trad.
(Jean-François Allain).

Rose is a rose is a rose is a rose.

Rose est une rose est une rose est une rose.

Gertrude Stein, « Sacred Emily » (1913), Geography and Plays, Boston, The Four Seas Company, 1922, notre trad.

And identity is funny being yourself is funny


as you are never yourself to yourself except
as you remember yourself and then of course
you do not believe yourself.

Et l’identité c’est drôle d’être toi-même c’est drôle car tu n’es jamais toi-même pour toi-même
sauf quand tu te rappelles toi-même et alors bien sûr tu ne te crois pas toi-même.

Gertrude Stein, Everybody’s Autobiography, New York, Random House, 1937 /


Autobiographie de tout le monde, Paris, Seuil, trad. Marie-France de Paloméra, 1978.

60 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


quelques notices
par Assia Quesnel
Portraits cubistes

FIGURES

Absorbés par la question du réel et de sa représentation (picturale ou linguistique), Pablo Picasso et Gertrude
Stein partagent la même volonté de ramener l’attention aux personnes ou aux choses vues, selon une vision
directe du monde, vierge de toute mémoire ou savoir, ancrée dans l’expérience sensible du présent. Le
registre du portrait marque le début de leurs recherches respectives. À la suite de Three Lives, achevé en
1906 et publié en 1909, l’écrivaine reprend la rédaction de The Making of Americans, son roman monumental
qui dépeint l’histoire de deux familles sur quatre générations. Le peintre, lui, entreprend de nombreuses
études préparatoires de ce qui est devenu son imposant tableau Les Demoiselles d’Avignon (1907). En
vue de restaurer la représentation, figée dans des conventions artistiques et littéraires érodées, vidées de
leur sens, car relevant d’un autre temps, Stein comme Picasso procèdent à une décomposition analytique
du modèle, du langage et de la peinture, qu’ils déclinent selon un processus de sérialité et en adoptant
un vocabulaire ou une palette dépouillés. Chacun développe sa propre écriture dans une composition où
tous les éléments sont traités de manière égale : l’une, littéraire, fondée sur une narration non linéaire au
moyen de « l’insistance » syntaxique, sonore et lexicale ; l’autre, picturale, sur la distorsion de la forme
à partir d’une perspective modifiée et de la stylisation géométrique des visages et des corps selon un
système de hachures, de courbes et de contre-courbes. Stein accompagne l’évolution radicale de Picasso
en lui achetant directement, avec son frère Leo, des tableaux et dessins contemporains de la genèse des
Demoiselles d’Avignon, en particulier un carnet aux études multipliées, y voyant, sans doute, une résonance
avec sa propre pratique littéraire.

Portraits de choses

PAYSAGES

Présentés en novembre 1907 par Guillaume Apollinaire, Georges Braque et Pablo Picasso se lient
rapidement d’amitié, impressionnés par leurs productions respectives. Durant l’été de 1908, le premier
voyage sur les traces de Paul Cézanne à l’Estaque, où il peint Le Viaduc à l’Estaque, alors que le second
réalise une série de paysages de La Rue-des-Bois, en Île-de-France, lesquels intègrent la collection de Leo
et Gertrude Stein avec le Paysage aux deux figures, achevé à l’automne de 1908. C’est par le paysage,
au centre des recherches fauves sur les formes et leur ordonnance chromatique et spatiale, que Georges
Braque, accompagné par Pablo Picasso, glisse vers la transformation radicale de l’espace pictural, l’analyse
cubiste des formes. Les maisons, arbres et autres figures peuplant ces environnements sont schématisés,
réduits en cubes et volumes géométriques. Ceux-ci sont imbriqués les uns dans les autres et juxtaposés au
même niveau, mais demeurent discernables grâce à la couleur, hachurée ou posée en aplats contrastés,
dans une perspective inversée à même de construire un espace propre à la toile, et non plus assujetti à
l’imitation du réel. Le genre du paysage occupe également une place essentielle dans l’oeuvre de Stein. La
dissolution des principes narratifs traditionnels la conduit à élaborer des poèmes, romans et pièces sans
histoires organisées avec un début, un milieu et une fin, ni personnages, mais consacrés à des lieux, à des
espaces. Dès Tender Buttons (écrit en 1913), la troisième partie est dédiée aux « Rooms » (« chambres » ou
« pièces »). Ou encore dans son roman Lucy Church Amiably (écrit en 1927), dont le sujet est un paysage
et le sous-titre indique « A Novel of Romantic Beauty and Nature and Which Looks Like an Engraving »,
soulignant la persistance de sa pratique littéraire sur le modèle des arts visuels.

NATURES MORTES

Dans les années 1910, le registre de la nature morte chez Gertrude Stein, chez Pablo Picasso et chez
Georges Braque prend un tournant radical assez similaire. Leurs réflexions sur la relation qui unit les mots
ou les images aux choses les mènent à élaborer une écriture expérimentale relativement hermétique.
Les deux peintres explorent les voies du cubisme analytique par la représentation fragmentée et presque
Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 61
monochromatique de l’objet, aux limites de la lisibilité. Leurs tableaux, acquis par la poète, viennent la confirmer
dans sa propre démarche littéraire. Elle élargit ses portraits d’individu aux portraits de chose dans Tender
Buttons. Les trois parties de ce recueil renvoient, par leurs titres, « Objects », « Food » et « Rooms », à
la vie quotidienne, mais ne nomment rien, privilégiant l’emploi de verbes et d’adverbes. Tous opèrent une
véritable déconstruction de leur langage, de la syntaxe pour la poète, et des volumes pour les peintres, laquelle
aboutit à l’éclatement final de la phrase et de la forme. Les insistances poétiques de Stein sont à l’image de la
multiplication des points de vue des cubistes. Stein comme Picasso et Braque procèdent dans un rapport direct
avec l’objet, ils scrutent avec attention la manière dont « volumes, sons, saveurs, poids, couleurs » et textures
vont se déployer et rythmer l’espace du tableau ou du paragraphe, afin de forcer l’attention du lecteur ou du
spectateur, d’élargir sa vision. Leurs oeuvres sont une invitation à être dans une présence sensible, matérielle,
au monde, au plus près de la réalité et loin des habitudes de perception.

COLLAGES ET ASSEMBLAGES

À partir de 1912, afin de redonner de la lisibilité à leurs tableaux, Pablo Picasso et Georges Braque simplifient
la représentation de l’objet en réintroduisant de la couleur et en privilégiant des facettes significatives. À côté
de signes peints, ils commencent à insérer des lettrages appliqués au pochoir sur leurs œuvres, ainsi que des
matières organiques, comme le sable. Puis, le peintre espagnol se livre à de surprenantes constructions avec
collages et assemblages d’objets et de matériaux, papier journal et toiles, qualifiées de cubisme synthétique
par le galeriste Daniel-Henry Kahnweiler et accueillies avec enthousiasme par Gertrude Stein. Après avoir frôlé
l’abstraction, que ni le peintre ni la poète ne souhaitent, trop attachés à la relation avec le visible, Picasso réifie
le réel en intégrant littéralement des éléments du quotidien dans ses oeuvres, à l’instar de l’univers domestique
déplié par Stein dans Tender Buttons, où défilent « côtelette, guitare, parapluie, pomme de terre… ». Leurs
oeuvres établissent une esthétique du collage, où tous les éléments, qui relèvent à la fois de la représentation
et de la présentation, sont juxtaposés sans hiérarchie ni centre, dans un jeu circulaire à la saisie impossible.
Aucun sens n’est caché derrière la banalité de ces objets ordinaires. À l’encontre d’un réalisme illusionniste,
d’un symbolisme ou d’une abstraction pure, Stein et Picasso affirment joyeusement la réalité matérielle par
et de leurs oeuvres respectives, lesquelles forcent la modification de la vision et des sens dans un présent
suspendu. Bien qu’il ne lise pas l’anglais, Picasso considère son amie comme son double littéraire et il est
respectueux de son travail. Son écriture va jusqu’à être assimilée au cubisme au moment de l’Armory Show, en
1913 à New York, où circulent ses Word Portraits d’Henri Matisse et de Picasso parus en 1912 dans Camera
Work ainsi que Portrait of Mabel Dodge at the Villa Curonia (1912). Dans son premier article sur l’écrivaine, Carl
Van Vechten la qualifie de « cubiste des lettres ».

Grammaire

GERTRUDE STEIN ET VIRGIL THOMSON,


FOUR SAINTS IN THREE ACTS, 1934

Comptant quelque quatre-vingts pièces, les écrits de Gertrude Stein se prêtent particulièrement à la mise en
voix par ses jeux sur les sons et par ses répétitions. Pourtant, Four Saints in Three Acts est l’une de ses rares
pièces montées de son vivant. À la demande de son ami le compositeur américain Virgil Thomson (1896-1989),
Stein écrit en 1927 un livret d’opéra sur la vie artistique, qu’elle assimile à celle des saints – leur quête de la
présence permanente lui paraissant analogue.
L’opéra est finalement mis en scène en février 1934, dans le cadre de la première rétrospective consacrée à
Pablo Picasso aux États-Unis, au Wadsworth Atheneum Museum of Art, de Hartford. La musique, composée
en 1928 par Thomson, procède d’un assemblage moderne des hymnes américains et du gospel baptiste du
sud noir des États-Unis, dans un style simplifié qui incarne avec efficacité l’écriture rythmique, abstraite mais
sensible de Stein. Le choeur, dirigé par Eva Jessye, compte uniquement des interprètes africains-américains,
recrutés dans les églises et boîtes de nuit de Brooklyn et de Harlem, en pleine renaissance, choix qui détonne
dans l’Amérique ségrégationniste des années 1930. La chorégraphie, par Frederick Ashton, qui reprend les
codes des revues musicales de Broadway, et l’exubérance des costumes et décor, fait de Cellophane et d’un
éclairage brillant, par la peintre Florine Stettheimer parachèvent la dimension spectaculaire de l’opéra. Si le
texte de Stein pouvait dérouter un public inaccoutumé à ses expérimentations sur le langage, la pièce connaît
toutefois un immense succès. Des représentations sont ensuite données à New York et à Chicago, participant
à faire connaître Stein à une audience américaine beaucoup plus large.
62 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage
autres publications

journal de l’exposition
MUSÉE DU LUXEMBOURG JOURNAL DE L’EXPOSITION ÉDITIONS DE LA RÉUNION
13 SEPTEMBRE 2023 PAR ASSIA QUESNEL DES MUSÉES NATIONAUX –
28 JANVIER 2024 6€ GRAND PALAIS

GERTRUDE STEIN
ET PABLO PICASSO
publication aux éditons Rmn - Grand Palais L’INVENTION
28 x 43 cm, 24 pages, 40 illustrations, 6 € DU LANGAGE
COMMISSAIRE GÉNÉRALE CÉCILE DEBRAY COMMISSAIRE ASSOCIÉE ASSIA QUESNEL

parution le 13 septembre 2023

Cet ouvrage est publié à l’occasion du projet « Célébration Picasso 1973-


2023 : 50 expositions et événements pour célébrer Picasso »

Ce journal se propose de relater, à la manière de la poète, l’Histoire


géographique de Gertrude Stein, à partir des différents lieux qui ont ponctué
son existence, sa vie et son parcours. Et ce, à partir des écrits de G. Stein,
mais aussi en donnant la parole, par divers témoignages, à celles et ceux
qui l’ont fréquentée ou regardée, laissant ainsi place à d’autres subjectivités.
Andy Warhol, Gertrude Stein, 1980, acrylique et sérigraphie sur toile, 101,9 × 101,9 cm, New York, Whitney Museum of American Art, gift of Ronald and Frayda Feldman, inv. 2015.296

auteur : Assia Quesnel, historienne d’art

en vente dès parution dans toutes les librairies et sur boutiquesdemusees.fr

carnet de l’exposition

coédition Rmn - Grand Palais / Découvertes Gallimard


broché, 12 x 17 cm, 64 pages, 44 illustrations, 9,90 €

parution le 14 septembre 2023

Elle était américaine, juive, homosexuelle et poète en devenir ; lui était


espagnol, peintre et ambitieux. Gertrude Stein (1874-1946) et Pablo Picasso
(1881-1973) avaient une profonde estime pour leur travail respectif. La poète
n’aura de cesse de défendre, promouvoir et collectionner l’oeuvre du cubiste
tout en construisant son écriture poétique selon des approches formelles
voisines.
Les éléments constitutifs de leur pratique littéraire et picturale - décomposition
du langage et de la représentation, sérialité, répétition, épures - forment
autant de caractéristiques formelles fondatrices des avant-gardes artistiques
du XXe siècle. Examiner leur complicité, leur inventivité permet d’esquisser
une traversée des approches conceptuelles et performatives de l’art, de
la poésie, de la musique, de la danse et du théâtre à travers de grandes
figures de la scène américaine, notamment celles de Robert Rauschenberg
et d’Andy Warhol, de Lucinda Childs et de Bruce Nauman.

auteurs :
Conservatrice générale du patrimoine, Cécile Debray a notamment été la
commissaire de l’exposition « Matisse, Cézanne, Picasso… L’aventure des
Stein » (Grand Palais, 2011). Elle préside le Musée national Picasso-Paris
depuis novembre 2021.
Historienne de l’art, Assia Quesnel est spécialiste en histoire de l’art moderne
et contemporain. Elle est notamment la co-autrice du catalogue raisonné de
Raymond Duchamp-VIllon et a été commissaire de l’exposition «Charles
Camoin, un fauve en liberté» (musée de Montmartre, 2022).

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 63


informations pratiques
adresse
Musée du Luxembourg
19 rue Vaugirard
75006 Paris

téléphone
01 40 13 62 00

ouverture
tous les jours de 10h30 à 19h
nocturne tous les lundis jusqu’à 22h sauf le 2 octobre
les 17 octobre, 24 et 31 décembre de 10h30 à 18h
fermeture exceptionnelle le 25 décembre

tarifs
14 € ; TR 10 €,
spécial jeune 16-25 ans : 10 € pour 2 personnes du lundi au vendredi après 16h
réservation conseillée
gratuit pour les moins de 16 ans, bénéficiaires des minima sociaux, illimité avec le pass Sésame Escales

accès
métro St Sulpice ou Mabillon
rer B Luxembourg
bus : 58 ; 84 ; 89 ; arrêt Musée du Luxembourg / Sénat
informations et réservations : museeduluxembourg.fr

l’application mobile du Musée du Luxembourg


Le musée du Luxembourg met à disposition une application mobile gratuite (informations pratiques, actuali-
tés, préparer sa venue, événements du musée, parcours thématique gratuit Le monde est rond autour de 5
oeuvres emblématiques de l’exposition en français et en anglais).

Les audioguides peuvent y être téléchargés directement, en achats intégrés, au prix de 3,49 €
adulte (français, anglais, espagnol, allemand, italien)
enfant (français)

téléchargez l’application

le site internet du Musée du Luxembourg


museeduluxembourg.fr

Prolongez et accompagnez sa visite grâce à l’agenda autour de l’exposition, des articles thématiques, des
anecdotes coulisses, des focus oeuvres et de multiples ressources vidéo, audio et activités ludiques adap-
tées à tous les publics.

la chaine youtube du Grand Palais


bande annonce de l’exposition;
présentation de l’exposition par la commissaire, Cécile Debray et Assia Quesnel

#ExpoGertrudeStein
#MuseeduLuxembourg

64 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


les sites pédagogiques
MOOC Picasso proposé par la Rmn-GP en 2019, toujours consultable sur la plateforme de la Fondation
Orange

Picasso, artiste total, est puissamment connecté aux mouvements et aux artistes qui l’ont précédé et suivi.
Personnage hors-norme à la créativité démesurée, il a aussi introduit des ruptures radicales dans la plupart des
formes artistiques qu’il a investies. Au travers de productions vidéos originales et de nombreuses ressources
complémentaires en ligne, le MOOC Picasso vous permettra également d’entrer dans le processus créatif
de l’artiste : chaque séquence vous proposera une analyse d’oeuvres et un exposé montrant le dialogue
permanent entre la vie et l’environnement de Picasso d’une part, son activité artistique d’autre part.

https://mooc-culturels.fondationorange.com/course/view.php?id=58

analyse d’oeuvres de Pablo Picasso


Panorama de l’art :

https://panoramadelart.com/analyse/lhomme-la-guitare

https://panoramadelart.com/analyse/la-lecture-de-la-lettre

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 65


visuels disponibles pour la presse
autorisation de reproduction uniquement pendant la durée de l’exposition
et pour en faire le compte rendu.
reproduction authorised only for reviews published during the exhibition.

chaque photographie doit être accompagnée de sa légende et du crédit photographique appropriés.


each image should include the proper credit line.

toute reproduction en couverture ou à la une devra faire l’objet d’une demande d’autorisation
auprès du service presse de la Réunion des musées nationaux-Grand Palais.
no publication may use an image as a cover photo for a magazine, special insert, Sunday magazine, etc., without
the prior consent of the press office of Réunion des musées nationaux-Grand Palais

Les conditions de reproduction des oeuvres de Pablo Picasso :


La reproduction des oeuvres de Pablo Picasso n’est pas libre de droits. Cependant, pour les reproductions
dans la presse, les droits de reproduction seront exonérés pour les formats inférieurs au quart de la page
dans le cadre d’articles faisant le compte-rendu de l’exposition et des activités
entourant cette manifestation.
Dans tous les cas, il convient de se rapprocher de Picasso Administration : Elodie de Almeida Satan /
elodie@picasso.fr

Le justificatif de parution est à adresser à : Florence Le Moing, Service de presse / Réunion des musées
nationaux-Grand Palais / 254/256 rue de Bercy / 75012 Paris

Conditions for reproducing works of art by Pablo Picasso:


Reproduction of works of art by Pablo Picasso is not copyright free. However, exemption of reproduction rights is
granted for reproduction in the press, provided that images are no larger than one quarter of a page, and are fea-
tured in an article covering the exhibition and the activities related to this event.
In any case, please contact Picasso Administration : Elodie de Almeida Satan /
elodie@picasso.fr

« Tout ou partie des œuvres figurant dans ce dossier de presse sont protégées par le droit d’auteur.
Les œuvres de l’ADAGP (www.adagp.fr) peuvent être publiées aux conditions suivantes :
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et ce, quelle que soit la provenance de l’image ou le lieu de conservation de l’œuvre. 
• Ces conditions sont valables pour les sites internet ayant un statut de presse en ligne étant entendu que pour les publications de
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Suite à la reproduction illégale d’images et à la mise en vente de contrefaçon, toutes les hd fournies devront être détruites après utilisation
spécifiée dans les conditions ci-dessus.

(35 visuels)

66 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Andy Warhol
Gertrude Stein
1980
acrylique et sérigraphie sur toile
101,9 × 101,9 cm
New York, Whitney Museum of American Art,
gift of Ronald and Frayda Feldman
© Digital image Whitney Museum of American Art / Licensed by
Scala © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. /
Licensed by ADAGP, Paris 2023

Paul Cézanne
Pommes et biscuits
1880
huile sur toile
45 × 55 cm
Paris, musée de l’Orangerie, collection Walter-Guillaume,
achat en 1959
© Rmn - Grand Palais (musée de l’Orangerie) / Franck Raux

Pablo Picasso
Pomme
Paris, automne‑hiver 1909
plâtre, 10,5 × 10 × 7,5 cm
Musée national Picasso‑Paris, dation Pablo Picasso en 1979
© RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Adrien
Didierjean / Mathieu Rabeau
© Succession Picasso 2023

Anonyme
Gertrude Stein dans les jardins du Luxembourg
non daté, [vers 1905]
épreuve gélatino-argentique (tirage d’exposition)
New Haven, Yale University Library, Beinecke Rare Book and
Manuscript Library, Gertrude Stein and Alice B. Toklas Papers
© Yale Collection of American Literature, Beinecke Rare Book and
Manuscript Library

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 67


Man Ray
Gertrude Stein, 1922
Image positive obtenue par inversion des valeurs
de la numérisation du négatif original (tirage d’exposition),
négatif original : 9 × 12 cm
Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne /
Centre de création industrielle
© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais /
image Centre Pompidou, MNAM-CCI © Man Ray 2015 Trust /
Adagp, Paris 2023
© Succession Picasso 2023

Pablo Picasso
Femme aux mains jointes
(étude pour Les Demoiselles d’Avignon)
Paris, printemps 1907
huile sur toile
90,5 × 71,5 cm
Musée national Picasso‑Paris, dation Pablo Picasso en 1979
© RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) /
Mathieu Rabeau
© Succession Picasso 2023

Pablo Picasso
Trois Figures sous un arbre
Paris, hiver 1907-1908
huile sur toile, 99 × 99 cm
Musée national Picasso‑Paris, don William McCarthy‑Cooper
en 1986
© RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris)
/ Mathieu Rabeau
© Succession Picasso 2023

Pablo Picasso
Tête de femme (Fernande)
Paris, automne 1909
bronze, épreuve pour le marchand Ambroise Vollard
40,5 × 23 × 26 cm
Musée national Picasso‑Paris, dation Pablo Picasso en 1979
© RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Adrien
Didierjean
© Succession Picasso 2023

68 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Pablo Picasso
Journal, porte-allumettes, pipe et verre
Paris, 1911
huile sur toile
26,8 × 21,8 cm
Musée national Picasso‑Paris, dation Pablo Picasso en 1979
© RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu
Rabeau
© Succession Picasso 2023

Pablo Picasso
Guitare
Paris, décembre 1912
carton découpé, papier collé, toile, ficelle et crayon
21 ×14 × 7,5 cm
Musée Picasso, Paris, dation Pablo Picasso en 1979
© RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Adrien Didierjean
© Succession Picasso 2023

Pablo Picasso
Guitare
printemps 1926
tableau-relief, toile, bois, corde, clous et pitons
sur panneau peint
130 x 96,5 cm
Musée national Picasso‑Paris,
dation Pablo Picasso en 1979
© RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) /
Adrien Didierjean
© Succession Picasso 2023

Carl Van Vechten


Gertrude Stein, New York, January 4 1935
1935
épreuve gélatino‑argentique
25,4 × 20,3 cm
The New York Public Library, Astor, Lenox and Tilden Foundations,
Henry W. and Albert A. Berg Collection of English and American
Literature,
© NYPL © Van Vechten Trust, Edward M. Burns, administrateur

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 69


Carl Van Vechten
Four Saints in Three Acts, New York, March 1, 1934
44th Street and Empire Theatres, Broadway,
New York, 1er mars 1934
Textes et livret de Gertrude Stein (1927), musique de Virgil Thomson
(1928), Épreuve gélatino-argentique (tirage d’exposition),
25,3 × 16,4 cm
New Haven, Yale University Library, Beinecke Rare Book and Manuscript
Library, Gertrude Stein and Alice B. Toklas Papers,
© Yale Collection of American Literature, Beinecke Rare Book
and Manuscript Library © Van Vechten Trust, Edward M. Burns,
administrateur

Al Carmines (musique)
Gertrude Stein (texte)
In Circles
1968
vinyle
Avant-Garde Records
© Droits réservés

The Living Theatre


« An Evening of Bohemian Theatre » :
Ladies’ Voices de Gertrude Stein
1952
affiche (tirage d’exposition)
53,3 × 35,5 cm
Claremont, Scripps College
© Denison Library, Scripps College, Claremont

Nam June Paik


Gertrude Stein
1990
installation de moniteurs de télévision anciens, techniques
mixtes, deux canaux vidéo
248,9 × 195,9 × 94 cm
The Ekard Collection
© Courtesy James Cohan Gallery, New York
© Nam June Paik Estate.

70 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Ray Johnson
Untitled (Gertrude Stein Urinating)
1976/1987/1988/1989/1991
technique mixte et collage sur papier
35,9 × 38,1 × 5,1 cm
New York, Ray Johnson Estate
© Ray Johnson Estate, New York

Robert Rauschenberg
Centennial Certificate MMA
1969
lithographie couleur
91,4 × 63,5 cm
New York, The Metropolitan Museum of Art,
Florence and Joseph Singer Collection, 1972
© The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais
/ image of the MMA © Robert Rauschenberg Foundation /
Adagp, Paris, 2023

Jasper Johns
Untitled
1984
fusain sur papier
111,4 × 84,1 cm
New York, Whitney Museum of American Art,
purchase with funds from the Burroughs Wellcome
Purchase Fund, the Equitable Life Assurance Society of the
United States
Purchase Fund, the Mr. and Mrs. Thomas
M. Evans Purchase Fund and the Mrs. Percy Purchase Fund
© Digital image Whitney Museum of American Art / Licensed
by Scala © Jasper Johns / ADAGP, Paris 2023

Jasper Johns
Target
1971
lithographie offset avec collage, dans un coffret en plastique
blanc avec le catalogue de l’exposition « Technics and
Creativity »
26,4 × 21,3 cm (feuillets)
New York, The Metropolitan Museum of Art, bequest of
William S. Lieberman, 2005
© The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Pa-
lais / image of the MMA © Jasper Johns / ADAGP, Paris
2023

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 71


Bruce Nauman
Study for Pleasure, Pain, Life, Death, Love, Hate
1983
marqueur et encre sur papier
127,2 × 97,5 cm
Collection Matthys-Colle, prêt à long terme au S.M.A.K., Gand
© Collection Matthys-Colle - prêt à long terme au S.M.A.K /
Photo: Dirk Pauwels © Bruce Nauman / ADAGP, Paris 2023

Joseph Kosuth
Quoted Clocks #14
2022
horloge et vinyle
40 × 40 × 4,5 cm chacune
Paris, galerie Almine Rech, courtesy of the artist and Almine Rech
© Courtesy of the Artist and Almine Rech / Photo: Nicolas Brasseur
© ADAGP, Paris 2023

Carl Andre
Short Words
1963
tapuscrit à l’encre noire, ensemble de quatre pages
27,6 × 21,3 cm chacune
New York, Courtesy Paula Cooper Gallery
© Courtesy Paula Cooper Gallery, New York © ADAGP, Paris 2023

Joseph Kosuth
Self-defined in five colors
1966
néons, 12,5 × 232 × 3 cm
Paris, Fondation Louis Vuitton
© Primae / David Bordes © ADAGP, Paris 2023

72 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Andy Warhol
Ten Portraits of Jews of the Twentieth Century
1980
sérigraphie couleur
101,5 × 81,2 cm chacune
Paris, Fondation Louis Vuitton
© Primae / Louis Bourjac
© ADAGP, Paris 2023
© The Andy Warhol Foundation for the Visual
Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2023 /
Ronald Feldman Gallery, New York

Deborah Kass
Let Us Now Praise Famous Women #2
1994-1995
sérigraphie et acrylique sur toile
182 × 168 × 4,5 cm
Washington D.C., U.S.
Department of State Cultural Heritage Collection, courtesy
of the Foundation for Art and Preservation in Embassies
© ADAGP, Paris 2023

Hanne Darboven
Quartet >88<
1990
ensemble de six tirages offset avec photographies
montées et livre dans un coffret portfolio en lin rouge,
42 × 30,5 cm (feuillets) et 43,5 × 31,5 × 6 cm (coffret
portfolio fermé)
Hambourg, Hanne Darboven Foundation c/o Sprüth
Magers
© Hanne Darboven Foundation, Hamburg Courtesy
Sprüth Magers / Photo: © Felix Krebs © ADAGP, Paris
2023

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 73


Glenn Ligon
Study for Negro Sunshine
(#139, #140, #141, #142, #143,
#144, #145, #146, #147)
2023
bâton de peinture à l’huile, poussière de charbon et gesso sur
papier
30,5 × 22,9 cm chacune
© Photo Jiayun Deng / © Glenn Ligon; courtesy of the artist,
Galerie Chantal Crousel, Paris

Gary Hill
ELLE/IL (ELLE-IL), ELLE/IL
(AND), ELLE/IL (IL-ELLE),
ELLE/IL (OR), ELLE/IL (XOR)
(Engender Project)
2022
polyptyque de cinq pièces uniques, aquarelle sur papier
45 × 60 cm chacune
Galerie In Situ – fabienne leclerc, Grand Paris

Ellen Gallagher
Dance You Monster
2000
caoutchouc, papier et émail sur lin
305,2 × 244,6 × 4 cm
Reggio Emilia, Collezione Maramotti
© Ellen Gallagher

Felix Gonzalez-Torres
« Untitled » (Alice B. Toklas’ and Gertrude Stein’s Grave, Paris)
1992
C-print contrecollé sur carton
12 × 17,8 cm
Collection Chantal Crousel
© Estate of Felix Gonzalez-Torres - Courtesy of The Felix
Gonzalez-Torres Foundation / Photo Suzanne Nagy

74 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


MUSÉE DU
LUXEMBOURG
13/09/23
28/01/24

Pablo Picasso, Femme aux mains jointes (étude pour «Les Demoiselles d’Avignon»), 1907, Huile sur toile, 90,5 .71,5 cm , Musée Picasso, Paris © Succession Picasso 2023 - Design : Fabrice Urviez - laika-design.fr
affiche de l’exposition
© Réunion des musées nationaux - Grand Palais, 2023
GERTRUDE
STEIN
& PABLO
PICASSO
L’INVENTION DU LANGAGE
AVEC LE SOUTIEN EXCLUSIF DE

EN COLLABORATION AVEC

GERTRUDE STEIN
ET PABLO PICASSO
L’INVENTION couverture du catalogue
DU LANGAGE
broché, 20 x 29 cm, 200 pages, 160 illustrations, 40 €
parution : 13 septembre
Réunion des musées nationaux – Grand Palais Musée du Luxembourg

© Réunion des musées nationaux - Grand Palais, 2023

MUSÉE DU LUXEMBOURG JOURNAL DE L’EXPOSITION ÉDITIONS DE LA RÉUNION


13 SEPTEMBRE 2023 PAR ASSIA QUESNEL DES MUSÉES NATIONAUX –
28 JANVIER 2024 6€ GRAND PALAIS

GERTRUDE STEIN
ET PABLO PICASSO couverture du journal
L’INVENTION 28 x 43 cm, 24 pages, 40 illustrations, 6 €
DU LANGAGE parution : 13 septembre
© Réunion des musées nationaux - Grand Palais, 2023
COMMISSAIRE GÉNÉRALE CÉCILE DEBRAY COMMISSAIRE ASSOCIÉE ASSIA QUESNEL

Andy Warhol, Gertrude Stein, 1980, acrylique et sérigraphie sur toile, 101,9 × 101,9 cm, New York, Whitney Museum of American Art, gift of Ronald and Frayda Feldman, inv. 2015.296

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 75


Musée du Luxembourg

En 2019 à la suite d’une procédure de mise en concurrence, le Bureau du Sénat a décidé, de confier à
nouveau la délégation de service public pour la gestion du Musée du Luxembourg à la Réunion des musées
nationaux - Grand Palais du 1er janvier 2020 au 31 juillet 2026.

Depuis février 2011, la Rmn - Grand Palais a produit dans l’écrin du Musée du Luxembourg 20 expositions
dont la qualité scientifique a été saluée par la critique. Elles ont permis au public de découvrir ou redécouvrir
de grandes figures et thématiques de l’histoire de l’art. La programmation a été marquée par d’immenses
succès populaires, notamment l’exposition Chagall. Entre guerre et paix en 2013, Alphonse Mucha en
2018, Peintres femmes. 1780-1830. Naissance d’un combat, et Vivian Maier en 2021 ou plus récemment
Pionnières, artistes dans le Paris des Années folles et Miroir du monde. Chefs-d’oeuvre du Cabinet d’art de
Dresde. Le Musée a exposé dernièrement Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur.

D’abord installé dans le Palais du Luxembourg, que Marie de Médicis fait construire entre 1615 et 1630, le
Musée du Luxembourg est le premier musée français ouvert au public en 1750. Les visiteurs peuvent alors
y admirer les vingt-quatre toiles de Rubens à la gloire de Marie de Médicis et une centaine de tableaux
provenant du Cabinet du Roi, peints par Léonard de Vinci, Raphaël, Véronèse, Titien, Poussin, Van Dyck ou
encore Rembrandt. Après le transfert de ces œuvres au Louvre, le Musée du Luxembourg devient, en 1818,
le « musée des artistes vivants », c’est-à-dire l’équivalent du musée national d’art contemporain. David,
Ingres, Delacroix, entre autres, y sont exposés.

Affectataire du Palais et du Jardin du Luxembourg en 1879, le Sénat fait édifier le bâtiment actuel entre 1884
et 1886. Les impressionnistes y sont pour la première fois exposés dans un musée national, grâce au legs
Caillebotte qui comporte des œuvres de Pissarro, Manet, Cézanne, Sisley, Monet, Renoir... Cette collection
se trouve aujourd’hui au musée d’Orsay. Fermé après la construction d’un musée national d’art moderne
au Palais de Tokyo en 1937, le Musée du Luxembourg rouvre ses portes au public en 1979. Le Ministère
de la Culture y organise des expositions sur le patrimoine des régions et les collections des musées de
province, le Sénat conservant un droit de regard sur la programmation et l’usage du bâtiment. En 2000, le
Sénat décide d’assumer à nouveau l’entière responsabilité du Musée du Luxembourg, afin de conduire une
politique culturelle coordonnée dans le Palais, le Jardin et le Musée.

S’il a pour missions premières, en sa qualité d’assemblée parlementaire, le vote de la loi, le contrôle du
Gouvernement, l’évaluation des politiques publiques et la prospective, le Sénat se doit également de mettre
en valeur le patrimoine dont il est affectataire. Pour garantir un rayonnement et un niveau d’excellence dans la
production et l’organisation des expositions présentées au Musée du Luxembourg, le Sénat a choisi de faire
appel à des professionnels de ce secteur. Le Musée du Luxembourg s’est ainsi imposé au fil des ans comme
l’un des principaux lieux d’expositions parisiens, en permettant à ses très nombreux visiteurs d’apprécier les
chefs-d’œuvre de Botticelli, Raphaël, Titien, Arcimboldo, Véronèse, Gauguin, Matisse, Vlaminck, Modigliani,
Chagall, Fragonard…

La Rmn – Grand Palais est l’un des premiers organisateurs d’expositions dans le monde. Exposer, éditer,
diffuser, acquérir, accueillir, informer : elle contribue, pour tous les publics, à l’enrichissement et à la meilleure
connaissance du patrimoine artistique aux niveaux national et international.

toute l’actualité du Musée du Luxembourg sur museeduluxembourg.fr


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Shigeru Ban
Le Musée du Luxembourg a fait appel à Shigeru Ban et Jean de Gastines, architectes renommés pour
la qualité esthétique et le souci environnemental de leurs réalisations, pour concevoir l’ensemble des
aménagements intérieurs des espaces publics du Musée. Ils ont notamment créé spécialement une série de
mobiliers en tubes de carton recyclé (bancs, tables, comptoirs), installés dès 2011.

© Nicolas K

© Didier Boy de la Tour

Deux structures temporaires extérieures ont également été érigées pour abriter, à l’avant du Musée, le
restaurant-salon de thé et à l’arrière, les ateliers pédagogiques ou des manifestations privées. Ces deux
structures ont fait en 2020 l’objet d’importants travaux de rénovation, de leurs façades notamment, afin de
leur restituer la transparence souhaitée par leur concepteur et permettre ainsi une parfaite synergie entre
l’intérieur des bâtiments et leur environnement immédiat.

pour les 2 visuels © droits réservés


Shigeru Ban est un architecte japonais de notoriété internationale. Il est réputé pour l’utilisation, dans
ses constructions, de matières de type papier et carton, en lien avec ses préoccupations humanitaires et
environnementales. On lui doit en 1994 le Miyake design studio Gallery à Tokyo, en 1995 l’église de papier
de Kobe, en 2000 le pavillon du Japon en collaboration avec Frei Otto à l’exposition universelle d’Hanovre,
en 2013 la Cardboard Cathedral de Christchurch.

L’identité forte de ses réalisations a incité des institutions telles que le MoMa de New York ou la Fondation
Guggenheim à lui commander des projets pour des installations temporaires. En 2014, il a reçu le Pritzker
Prize qui récompense chaque année le travail d’un architecte vivant qui a montré, à travers ses projets et ses
réalisations, les différentes facettes de son talent et qui a eu un apport significatif à l’architecture.

Il a, avec Jean de Gastines, livré le Centre Pompidou de Metz en mai 2010 et la Seine Musicale à Boulogne-
Billancourt en 2017.

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 77


Musée national Picasso-Paris : le musée
monographique d’un artiste-monde
Installée dans un hôtel particulier du 17e siècle dans le quartier du Marais, comme nichée au cœur historique
de la culture française, la collection du Musée national Picasso-Paris est issue de la dation de la succession
de Picasso. D’une valeur inestimable, symbole incontestable de l’art moderne, elle est représentative de
l’ensemble du parcours de l’artiste, composée d’œuvres issues du fonds d’atelier, conservées par Picasso
jusqu’à sa mort, et de l’ensemble de ses archives (plus de 200 000 pièces), elle forme une sorte de portrait
fidèle et intime d’un des artistes modernes les plus emblématiques.

Cette collection est connue du monde entier mais aussi des territoires et des publics français. À l’initiative
du musée, engagé dans une grande politique de rayonnement international, la collection a fait l’objet de
nombreuses expositions itinérantes et in situ qui ont permis des approches inédites et des études très
diverses et séduisantes, participant à une démocratisation de l’œuvre de Picasso.

Au même moment, Sophie Calle célèbre à sa manière les 50 ans de la mort de Pablo Picasso, en investissant
la totalité des quatre étages de l’hôtel Salé avec une proposition d’exposition inédite intitulée A toi de faire,
ma mignonne, présentée du 3 octobre 2023 au 7 janvier 2024.

La plus grande collection au monde


Par sa qualité, son ampleur comme par la diversité des domaines artistiques représentés, la collection du
Musée national Picasso-Paris est la seule au monde qui permette à la fois une traversée de tout l’œuvre
peint, sculpté, gravé et dessiné de Picasso, et l’évocation précise, grâce à des esquisses, études, croquis,
carnets de dessins, états successifs de gravures, photographies, livres illustrés, films et documents du
processus créateur de l’artiste.
Véritable traversée dans l’art moderne, elle est issue de trois dations, successivement consenties à l’État par
les héritiers de Pablo Picasso en 1979 puis par l’héritière de Jacqueline Picasso en 1990 et enfin par Maya
Ruiz-Picasso en 2021.
Elle a été complétée par d’exceptionnels ensembles : la collection personnelle de Picasso (des pièces de
statuaire ibérique, des masques africains ou océaniens, des toiles de Le Nain, Corot, Vuillard, Cézanne,
Gauguin, Matisse, le Douanier Rousseau, Renoir, Braque, Modigliani, Miró, ou encore des dessins de Degas,
Chirico ou Giacometti) donnée à l’État selon le vœu de l’artiste par ses héritiers.

Des archives exceptionnelles


Quelques années après la mort de Picasso en 1973, ses héritiers ont décidé de confier à l’État français
ses archives personnelles : papiers, manuscrits, imprimés et photographiques, pour faciliter l’étude de son
œuvre tout en garantissant l’intégrité d’un ensemble constitué et conservé par l’artiste tout au long de sa vie.
Associés aux œuvres entrées dans les collections nationales par la dation de 1979, ces objets et documents
fondent le socle d’un des plus remarquables ensembles jamais réunis sur Picasso. Ce fonds d’archives a
été remis aux représentants de ce qui était alors le ministère de la Culture et de la Communication, d’abord
physiquement, en 1980, puis juridiquement, par un don manuel, en 1991.
La responsabilité scientifique en est partagée conjointement dès l’origine par les représentants du Musée
national Picasso-Paris et des Archives nationales. Il a été affecté au Musée national Picasso-Paris par un
arrêté de février 1992, avec charge d’en assurer le classement définitif, l’inventaire, la gestion et la valorisation
scientifique dans le cadre de la loi sur les archives.
L’ensemble est évalué à près de 17 000 photographies et 200 000 archives écrites et imprimées. Ce fonds
exceptionnel est en voie de numérisation et sera rendu accessible par le portail du Centre d’Études Picasso
à partir de 2024.
Cette collection remarquable couplée à un positionnement de pointe dans le monde de la recherche
fondamentale sur les matériaux et les techniques, confère au Musée national Picasso-Paris un rôle central
au plan international tant pour la présentation de l’œuvre d’un des artistes les plus inventifs, que pour la
recherche relative à sa vie, à son œuvre, ou à l’art moderne en général.

78 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


Sous le haut patronage de
Monsieur Emmanuel MACRON
Président de la République

Célébration Picasso 1973-2023


Célébration Picasso 1973-2023 : 50 expositions et évènements pour célébrer Picasso

2023 marque le cinquantième anniversaire de la disparition de Pablo Picasso et place ainsi


l’année sous le signe de la célébration de son oeuvre en France, en Espagne et à l’international.
Célébrer aujourd’hui l’héritage de Picasso c’est s’interroger sur ce que cet oeuvre majeur pour
la modernité occidentale représente aujourd’hui. C’est montrer sa part vivante, accessible et
actuelle.

La Célébration Picasso 1973-2023 est initiée par le Musée national Picasso-Paris, principal
prêteur de l’évènement et coordinateur, et Bernard Picasso, petit-fils de l’artiste et président de
la FABA et du musée Picasso de Malaga. Elle s’articule autour d’une cinquantaine d’expositions
et de manifestations qui se tiendront dans des institutions culturelles de renom, en Europe
et en Amérique du Nord et qui, ensemble, grâce à des relectures et des approches inédites,
permettront de dresser un état des études et de la compréhension de l’oeuvre de Picasso.

Les gouvernements français et espagnols ont souhaité porter ensemble cet événement
transnational d’ampleur, ainsi la commémoration sera rythmée par des temps de célébrations
officiels en France et en Espagne et se terminera par un grand symposium international à
l’automne 2023, au moment de l’ouverture du Centre d’Études Picasso à Paris.

C’est un « Picasso aujourd’hui » qui incarne cette Célébration et qui pose les jalons du musée
national Picasso-Paris de demain.

#PicassoCelebration
#CelebracionPicasso

Pablo Picasso, « L’acrobate », 1930, Huile sur toile, 162 x 130 cm, MP120,
Musée national Picasso-Paris
© RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Adrien Didierjean
© Succession Picasso 2022

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 79


événements en cours ou à venir :

Musée Magnelli, Musée national Picasso-Paris, Paris


Musée de la céramique-Vallauris À toi de faire ma Mignonne.
Formes et métamorphoses : Sophie Calle au Musée Picasso
la création céramique de Picasso 03.10.2023 – 07.01.2024
06.05.2023 - 30.10.2023
Palais princier de Monaco,
La Casa Encendida, Madrid Monaco Modernité et Classicisme
Late Picasso 1963 - 1972 16.09.2023 – 15.10.2023
19.05.2023 – 17.09.2023
Von der Heydt-Museum Wuppertal
Museu del Disseny de Barcelona Pablo Picasso – Max Beckmann
Picasso et les céramiques espagnoles 17.09.2023 – 07.01.2024
Juin-septembre 2023
Museo Guggenheim Bilbao,
Brooklyn Museum, Brooklyn Picasso : matière et corps
It’s Pablo-matic: Picasso According to Han- 29.09.2023 – 14.01.2024
nah Gadsby
02.06.2023 – 24.09.2023 Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid
Picasso. Le sacré et le profane
Museo Nacional del Prado, Madrid 02.10.2023 – 14.01.2024
Picasso - El Greco
13.06.2023 –17.09.2023 Museo Picasso, Málaga
L’écho de Picasso
Casa Natal Picasso, Málaga 02.10.2023 – 24.03.2024
Les âges de Picasso
21.06.2023 – 01.10.2023 Petit Palais, Paris
Le Paris des modernes 1905 - 1925
Cincinnati Art Museum, Cincinnati 17.10.2023 – 28.04.2024
Picasso Landscapes : Out of Bounds
24.06.2023 – 11.10.2023 Centre Pompidou, Paris
Picasso. 2023 dessins
Musée Goya 18.10.2023 – 22.01.2024
Musée d’art hispanique, Castres
Goya dans l’oeil de Picasso Museu Picasso, Barcelona
30.06.2023 – 01.10.2023 Fundació Joan Miró, Barcelona
Miró – Picasso
Collection Lambert, Avignon 19.10.2023 – 25.02.2024
Picasso à la Collection Lambert
en Avignon 50 ans après
13.07.2023 – 15.10.2023

Hispanic Society, New York


Picasso et la Célestine
Automne 2023

Casa de Velázquez, Madrid


Picasso Vs. Velázquez
Septembre – novembre 2023

The Metropolitan Museum of Art, New York


Les peintures pour Hamilton Easter Field
12.09.2023 – 14.01.2024

80 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


AVEC LE SOUTIEN EXCLUSIF DE

À l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Pablo Picasso, la Réunion des musées


nationaux – Grand Palais organise avec la collaboration et le soutien exceptionnel du musée national
Picasso-Paris, l’exposition « Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage », présentée au
Musée du Luxembourg de septembre 2023 à janvier 2024. Cette exposition bénéficie du soutien de
la Maison CHANEL.

Gertrude Stein était une femme de lettres visionnaire, une artiste œuvrant à l’émancipation des
femmes et dont le rayonnement sur la scènes artistiques américaine et française fut immense.
Photographiée par Man Ray, peinte par Pablo Picasso, citée par Ernest Hemingway en exergue de
Le soleil se lève aussi, amie de Francis Picabia, Henri Matisse, Jean Cocteau, ou James Joyce,
Gertrude Stein est un témoin de l’effervescence créative dans les domaines de la peinture et de la
littérature. Comme elle, Gabrielle Chanel côtoie des artistes de toutes disciplines. Elle exerce un rôle
de mécène auprès notamment de Picasso, Igor Stravinsky, Serge Diaghilev et les Ballets russes,
Pierre Reverdy et Jean Cocteau.

Attentive à l’avant-garde de la première moitié du XXe siècle et à ceux qui l’inventent, au dialogue
entre les arts et le quotidien, Gertrude Stein pense la modernité qui se dessine en écrivant des textes
sur le cubisme naissant, sur la fiction et l’abstraction, ou sur les années héroïques des Demoiselles
d’Avignon et du cubisme, lesquels font écho aux publications de la revue Nord-Sud, initiée par Pierre
Reverdy. Durant ces décennies, Gabrielle Chanel crée les costumes de différentes pièces de Jean
Cocteau, entre autres ceux du ballet Le Train bleu pour lequel Pablo Picasso conçoit aussi le rideau
de scène et le programme. Avec Picasso, que Chanel rencontre aux alentours de 1917, probablement
par l’intermédiaire de Misia Sert, Gabrielle et Gertrude s’inscrivent chacune à leur manière dans le
Paris des corps qui se libèrent, de la garçonne, des Années folles et d’un appétit de vivre.

À travers cette exposition, dans le prolongement des précédentes « Peintres femmes. 1780-1830
Naissance d’un combat » (2021), « Vivian Maier » (2021-2022), et « Pionnières. Artistes dans le Paris
des Années folles » (2022), la Maison CHANEL réaffirme son soutien au Musée du Luxembourg et à
la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, dans leur travail de mise en lumière des femmes
artistes.

Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage 81


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82 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage


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notes

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84 Gertrude Stein et Pablo Picasso. L’invention du langage

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