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La Bière
Dédicace
Marty Nachel : Dédicacer ce livre à mon épouse Patti n’est qu’une manière extrê –
mement modeste de reconnaître la patience et la tolérance sans fin dont elle a fait
preuve pendant que je poursuivais ma vocation avec rage tout au long de ces quelque
20 dernières années (lesquelles se sont parfois déroulées de façon assez étrange). Pour
toutes les fois où elle m’a écouté babiller à propos d’une bonne bière que j’avais
goûtée ou d’une brasserie que j’avais visitée, ou m’a vu m’envoler pour une nouvelle
fête de la bière, je lui dois tellement, tellement plus.
J’aimerais aussi dédier ce livre à mes enfants, Drew et Jill, qui sont maintenant tous
les deux à l’université. Ils ont visité plus de brasseries au cours de leur enfance et de
leur adolescence que la plupart des gens au cours de leur vie entière. Pendant nos
vacances en famille, surtout, je programmais des arrêts dans des brasseries entre deux
visites de parcs nationaux ou de parcs à thème. Ils ont patiemment supporté ma manie
afin que je puisse continuer à cultiver mon amour de l’écriture sur la bière. J’espère
qu’un jour, ils retrouveront des bribes de leur jeunesse dans les pages de mes livres.
Remerciements
Marty Nachel : Les remerciements, c’est bien le moins que je puisse adresser à une
équipe constituée de personnes dévouées, chez Wiley, qui ont apporté à ce projet leur
soutien et leur enthousiasme indéfectibles. Il s’agit de Tracy Boggier et de David
Lutton, de mon éditrice Georgette Beatty, qui s’est montrée très patiente et atten –
tive, de la relectrice Jennette ElNaggar et de Carrie Sherrill, du service marketing, qui
a fait en sorte que mes demandes de matériel publicitaire soient traitées rapide – ment.
La dernière personne que je remercie dans cette équipe, mais non la moindre, est le
conseiller technique Clay Robinson, de chez Sun King Brewery, une brasserie
phénoménale à Indianapolis (dont je suis fan !).
Je me considère comme chanceux de faire partie des auteurs de la collection Pour les
Nuls. Je suis reconnaissant à l’éditeur et coauteur Steve Ettlinger d’avoir créé cette
opportunité en 1996, lorsque nous avons rédigé la première édition de La Bière pour
les Nuls. C’est grâce à la capacité de concentration de Steve et à l’attention qu’il a
portée aux détails que ce projet a pu être mené à bien mais avec son ironie, il a su
ajouter de l’humour là où c’était le plus nécessaire.
Mes chaleureux remerciements vont aussi à Candy Lesher, amatrice de bière par
excellence. Ses recettes originales, au chapitre 14 de ce livre, sont une contribution
ines – timable. Un grand merci à elle pour nous avoir fait profiter de ses talents et de
ses compétences remarquables. Ont aussi contribué à la réussite de ce chapitre sur la
cui – sine à la bière Emily Nolan, qui a testé les recettes, et la nutritionniste Patty
Santelli. Il ne fait aucun doute qu’elles aiment leur travail.
Merci également aux personnes qui nous ont permis d’utiliser les photos et autres
illustrations qui figurent dans ce livre, à savoir, Sarah Warman (pour BrewDog), Eric
Olson (de chez PedalPub), Alastair Macnaught (Cask Marque), Steve Krajczynski et
Mali Welch (Kona Brewing), ainsi que Paul Virant et Jimmy McFarland (Vie
Restaurant). Et merci à Liz Kurtzman pour les très belles illustrations qu’elle a créées.
Enfin, le chemin pour aboutir à ce livre a été long et agréable, et j’ai toujours été bien
accompagné. J’aimerais exprimer ma reconnaissance aux personnes et aux organi –
sations qui m’ont inspiré ma passion pour la bière, qui y ont contribué ou qui m’ont
soutenu : le « barde de la bière » Michael Jackson, Charlie Papazian, Randy Mosher,
Ray Daniels et bien d’autres membres de longue date de la Chicago Beer Society,
Steve Kamp, Dick Van Dyke et les Brewers of South Suburbia (BOSS), Robin
Wilson, et tous les voisins, amis et proches qui ont partagé leur temps avec moi, à un
moment ou à un autre, dans la recherche et la louange de la bonne bière.
Steve Ettlinger : En tout premier lieu, ma reconnaissance éternelle va à Marty
Nachel qui est devenu mon instructeur personnel et m’a patiemment expliqué, encore
et encore, les différences complexes entre les différents styles de bière. Tout ce que je
connais concernant la bière, c’est lui qui me l’a appris (mais c’est mon père qui m’a
appris à l’apprécier). Je suis aussi en admiration devant la sublime bière maison de
Marty.
Merci à tous ces brasseurs et vendeurs de boissons qui ont pris le temps de répondre à
mes interminables questions, à ma sœur Betsy et à ses amis pour leurs conseils en
matière d’appréciation de la bière et à ma mère, Marge, pour son travail de révision et
de test des recettes à la bière.
J’adresse des remerciements particuliers à la CAMRA, en Angleterre, pour son aide à
la recherche et à Tim Smith, mon correcteur, pour ses révisions constantes et
patientes et son travail de vérification des faits. Merci également au rédacteur
indépendant Ted Scheffler ainsi qu’à Hercules Dimitratos, expert de chez Fancy
Grocery à New York, chez qui j’achète ma bière. Par – dessus tout, je remercie Dylan
et Gusty (ainsi que Chelsea) pour leur soutien et leur enthousiasme, surtout quand il a
fallu allonger les délais et que j’ai dû passer tant de nuits loin de chez moi.
La bière est peut – être un plaisir, mais il a fallu beaucoup de travail pour en arriver
là. Je n’oublierai pas votre aide, à vous tous.
Introduction
Il était une fois un dénommé Pierre
Qui buvait beaucoup pour éviter les calculs,
Mais il ne connaissait rien du tout à la bière
Jusqu’au jour où il lut La Bière pour les Nuls,
Pour en connaître tout l’art et la manière.
Comme beaucoup de gens, j’ai découvert la bière assis sur les genoux de mon père.
Dans mon plus lointain souvenir, la bière que buvait mon père était toujours glacée et
moussait comme de la mousse de savon – et c’est probablement là un bon indice du
goût qu’elle devait avoir. Mon père achetait des trucs bon marché : dommage.
Après des années passées à acheter inconsciemment la bière la moins chère, comme
le faisait mon père, je me suis lassé de ce breuvage que je trouvais de moins en moins
attrayant. Par chance, la visite d’une fameuse brasserie, à savoir, la brasserie
Molson’s, à Toronto, qui fabriquait de la bière fraîche et savoureuse dans un certain
nombre de styles traditionnels, m’a ouvert les yeux sur un monde inconnu de types de
bières qui n’étaient pas disponibles aux États – Unis à cette époque. Pour moi, boire
de la bière ne serait plus jamais la même chose qu’auparavant, car je venais de
découvrir les secrets du vrai bonheur de la bière : la fraîcheur et la variété. À partir de
ce moment – là, je suis parti à la recherche de la bonne bière et j’ai appris à faire la
différence entre une bonne bière et une bière médiocre (ou pire).
Apprendre cette différence n’a pas été seulement facile, mais aussi amusant :
tellement amusant, en fait, que c’est ainsi que je gagne ma vie maintenant !
Cependant, même pour le buveur de bière occasionnel, quelques petites connais –
sances en matière de bière peuvent rendre agréable une expérience souvent
intimidante au départ. La bonne bière, contrairement au bon vin, est largement
disponible et relativement peu coûteuse, mais choisir parmi les différentes sortes de
bières risque d’être un peu déroutant sans une aide. Si vous êtes tombé amou – reux
de la bière, vous avez de nombreuses façons d’apprendre à mieux l’apprécier. Ce
livre devrait être utile aussi bien aux néophytes qu’aux amateurs sérieux. Et la
meilleure nouvelle, c’est qu’en France, de plus en plus de brasseurs proposent de la
bonne bière chaque jour.
Et une telle nouvelle, ça s’arrose !
À propos de ce livre
Ce livre est avant tout un outil de référence. Vous n’avez aucune obligation de le lire
en entier (cependant je n’y verrais aucun inconvénient) : vous pouvez consul – ter
directement la partie, le chapitre ou la section contenant l’information dont vous avez
besoin sur le moment. Si vous décidez de lire ce livre du début à la fin, vous
constaterez que les informations y sont présentées selon une progression logique.
Hypothèses gratuites
En rédigeant ce livre, je me suis permis une seule supposition vous concernant, cher
lecteur : vous voulez une ressource pour vous guider dans votre compré – hension,
dans vos achats, dans votre consommation, et plus généralement dans le plaisir que la
bière peut vous apporter, que vous soyez totalement novice en la matière ou que vous
soyez un amateur éclairé désireux d’en savoir encore plus. Vous avez fait le bon
choix !
Vous l’avez deviné, cette icône signifie : « Ne faites pas ça ! » ou bien : « Attention à
bien faire ceci du premier coup ! ». Chaque fois que vous verrez cette icône, ne la
négligez pas, car ce serait au détriment de votre expérience de la bière.
Il s’agit d’explications sur des aspects techniques qui ne sont importants que si vous
vous lancez vraiment dans une activité ou un loisir lié à la bière. Autrement, vous
pouvez ignorer ce genre de complément.
Par où commencer ?
Pourquoi ne pas prendre la direction de votre réfrigérateur et vous offrir une bière
avant de vous installer pour feuilleter ce livre ? Néanmoins, si vous êtes novice en la
matière, il est bon de commencer par apprendre comment la bière est fabriquée, en
lisant les chapitres 2 et 3. Si vous êtes déjà un buveur de bière mais ne connais – sez
pas encore très bien tous les types de bière, consultez le chapitre 4. Vous vous
considérez comme un fin gourmet ? Dans ce cas, vous êtes sûr de trouver quelque
chose d’intéressant dans les chapitres 13 et 14. Vous aimez les voyages et rêvez
d’aventures au pays de la bière ? Plongez – vous dans les chapitres 15, 16, 19 et 20.
Cependant, si vous êtes déjà en train de devenir un maniaque de la bière, passez
directement au chapitre 18 pour aller plus loin.
Remarque : Parce que la bière est très largement disponible et parce que tant de
personnes différentes fabriquent de la bière, les styles de bière ne sont pas tou – jours
cohérents d’une marque à l’autre. Les brasseurs artisanaux sont connus pour apporter
leur propre petite touche aux variétés de bières, si bien qu’une bière n’a parfois plus
les caractéristiques d’un certain type de bière auquel elle était censée appartenir. Ce
que j’ai essayé de faire dans ce livre, c’est de définir les variétés les plus importantes
dans le langage courant, mais il ne fait aucun doute que vous trouverez ailleurs des
descriptions différentes. La façon de décrire un style de bière reflète principalement la
perception qu’en a tel ou tel auteur et souvent, elle n’est pas vraiment définitive. Je
me suis fondé sur les directives du programme de certification des juges de bières
(BJCP) et j’y ai ajouté ma propre touche pour les rendre plus faciles à comprendre par
le lecteur moyen.
Si tout cela ne vous semble pas très clair, ne vous inquiétez pas. Il ne s’agit que de
bière, après tout. Servez – vous – en une maintenant !
Partie 1
Prendre goût à la bière
Chapitre 1
Vider son verre ! Le b.a.-ba de la bière
our la plupart des gens, la bière est un produit simple qui sert deux principaux
P objectifs : c’est un antidote contre la soif, et une drogue bon marché et qu’il est
facile de se procurer (notre point de vue change souvent avec l’âge). Dans la
culture occidentale, la bière a souvent été considérée comme une boisson
prolétarienne peu digne d’éloges et n’ayant pas sa place sur la table du dîner.
D’un point de vue plus général, en particulier dans les pays qui sont réputés pour leur
savoir-faire en matière de brassage, la bière est une boisson sans prétention, mais
respectable et socialement acceptée, pouvant être savourée en toute occasion et à tout
moment de la journée. Il existe des bières de différents parfums et de différents styles,
selon les pays et les régions, ce qui rend la bière plus propice aux dégustations
comparatives et même, aux discussions éclairées.
D’un point de vue historique, la bière a été pendant longtemps un aliment de base
dans l’alimentation humaine, et le produit d’un artisanat local respectable. La bière
était non seulement un moyen de se rafraîchir, mais également une source importante
de vitamines et de nutriments sous la forme d’une boisson agréable et digeste. Bien
avant que l’histoire commence à être écrite, la bière a aussi été théoriquement liée à la
civilisation et à la socialisation de l’humanité. Impressionnant, non ?
Un des avantages secondaires de l’engouement actuel pour la bière est la profusion de
sites internet que vous pouvez visiter lorsque vous cherchez des informations fiables.
Remarquez bien que j’ai parlé d’informations fiables : il existe aussi beaucoup
d’informations douteuses. Pour être sûr de n’obtenir que des informations fiables,
consultez les quelques sites que je vous propose ici :
• www.infobiere.net
• www.happybeertime.com
• www.thebeerlantern.com
• bierissima.com
• www.univers-biere.net
Le b.a.-ba de la bière
La bière, qu’est-ce que c’est exactement ? Pour une définition extrêmement simple,
on appelle bière toute boisson fermentée à base de céréales. Plus précisément, la bière
est fabriquée à partir de quatre ingrédients principaux :
• La céréale (principalement l’orge malté, mais on utilise aussi d’autres
céréales).
• Le houblon (on en cultive de nombreuses variétés).
• La levure (par laquelle se fait la fermentation, la souche étant spécifique au
style de bière).
• L’eau (qui représente jusqu’à 95 % du produit).
La céréale donne à la bière les cinq caractéristiques suivantes :
• La couleur : la couleur des grains de céréale utilisés pour fabriquer la bière a
une incidence directe sur la couleur de celle-ci.
• Le goût : le goût de la bière est principalement celui de l’orge malté, encore
que le houblon et la levure y jouent un rôle secondaire.
• Le maltose : ce terme désigne les sucres fermentescibles dérivés de la céréale
maltée. La levure transforme ces sucres en alcool et en dioxyde de carbone.
• Les protéines : les protéines contenues dans la céréale contribuent à former la
mousse.
• Les dextrines : ce sont les composantes de la céréale qui donnent du corps à la
bière (elles lui donnent une sensation de rondeur et de viscosité).
Les archéologues et les anthropologues ont contribué à faire la lumière sur le
développement de la bière dans le monde. Des preuves de fabrication de bière au
cours des millénaires ont été trouvées sur six des sept continents (pas de récolte en
Antarctique). Partout où les céréales poussaient à l’état sauvage, les indigènes en ont
fait une boisson semblable à de la bière. Voici quelques exemples :
• Les Asiatiques ont utilisé le riz.
• Les Mésopotamiens ont utilisé l’orge.
• Les Européens du Nord ont utilisé le blé.
• Les Américains ont utilisé le maïs.
• Les Africains ont utilisé le millet et le sorgho.
Avec le temps, les brasseurs ont constaté que c’était l’orge qui se prêtait le mieux à la
fabrication de la bière, les autres céréales jouant désormais un rôle moindre.
Le houblon confère à la bière les quatre caractéristiques suivantes :
• L’amertume : elle est essentielle à l’équilibre gustatif de la bière. Elle
contrebalance la douceur du malt.
• Le goût : le houblon donne à la bière un goût amer et aromatisé et contribue à
la complexité globale du breuvage.
• L’arôme : l’arôme piquant du houblon, qui en reflète la saveur, provient de ses
huiles essentielles.
• La stabilité : Le houblon contribue à la stabilité du breuvage et à sa
conservation, sachant que ses acides bêta évitent la contamination bactérienne.
Les brasseurs choisissent les souches de levure en fonction du style de bière qu’ils
fabriquent (pour une introduction aux styles de bière, reportez-vous à la section
suivante). On distingue deux grandes catégories de levures :
• La levure à Ale, ou levure de bière (Saccharomyces cerevisiae), à fermentation
haute.
• La levure à Lager, ou levure de bière (Saccharomyces uvarum), à fermentation
basse.
La qualité de l’eau de brassage est extrêmement importante, sachant que la bière
contient 90 à 95 % d’eau. La teneur de l’eau en minéraux peut être modifiée et ajustée
en fonction des exigences du style de bière que l’on brasse.
Pour plus de renseignements sur les ingrédients de la bière, reportez-vous au chapitre
2. Le chapitre 3 vous explique la magie avec laquelle ces ingrédients sont transformés
en bière au cours du processus de brassage.
Acheter de la bière
La bière est un aliment, et comme la plupart des aliments, en particulier le pain, la
bière est périssable et elle perd sa saveur avec le temps. Par conséquent, plus la bière
est fraîche, meilleure elle est. Les consommateurs de bière sur le chemin de
l’illumination veulent consommer de la bière fraîchement préparée et manipulée
correctement pour que sa fraîcheur soit intacte, surtout si elle ne contient aucun agent
de conservation comme c’est le cas pour la plupart des bonnes bières.
Question fraîcheur, la bière a trois ennemis : le temps, la chaleur et la lumière. Pour la
fraîcheur et pour le goût, faites tout ce que vous pourrez pour éviter d’acheter une
bière qui aurait été maltraitée (et vous éviterez ainsi, en même temps, de vous
maltraiter vous-même). Afin d’être plus sûr de faire un choix judicieux, consultez le c
hapitre 9.
Comme pour toutes les boissons contenant de l’alcool, les autorités gouvernementales
exercent un contrôle strict sur l’étiquetage des bières. Malheureusement, lorsqu’il
s’agit de la bière, les étiquettes n’aident pas toujours les consommateurs à
comprendre ce qu’ils achètent réellement. De même, les brasseries prennent des
libertés lorsqu’elles commercialisent leurs bières, ce qui n’est pas sans entraîner
également une certaine confusion chez le consommateur. Le chapitre 10 vous guide à
travers ce champ miné de lois et de libertés en matière d’étiquettes, pour que vous
puissiez faire de bons choix lorsque vous irez faire vos courses.
• Les bières de la catégorie des ales peuvent être considérées comme l’équivalent
du vin rouge. Comparées aux lagers, les ales présentent les qualités suivantes :
• elles sont généralement plus brunes
• elles sont plus rondes, plus corsées et plus chères
• elles ont un profil de saveur plus large, et donc un moindre degré de
« buvabilité » (ce qui signifie qu’elles ont tendance à plaire plutôt aux
consommateurs dont le palais est plus habitué).
Gardez à l’esprit qu’il s’agit de règles générales : il existe des Dark Lagers qui sont
corsées, tout aussi sûrement qu’il existe des Light Ales qui sont des bières légères.
Toujours curieux de prendre un repas avec de la bière ? Alors, rendez-vous au chapitr
e 13 pour en savoir plus sur la manière de réussir à accorder les bières et les mets.
En Amérique du Nord
Même si les origines de la bière sont résolument européennes, les aventuriers
américains et canadiens n’ont pas besoin d’aller très loin pour trouver de la bonne
bière. En Amérique du Nord, il y a de quoi faire dans les brasseries, les festivals de la
bière et les musées de la brasserie. Avec plus de 7 000 brasseries artisanales
aujourd’hui en activité aux États-Unis et au Canada (plus de 6 000 aux États-Unis),
on peut trouver de la bonne bière un peu partout. Dans la majorité de ces brasseries
artisanales, on peut savourer la bière locale tout en dégustant un bon repas. Il en va de
même pour le nombre croissant de bars à bière et de pubs gastronomiques qui
continuent de fleurir dans les zones urbaines.
Chapitre 2
Du sublime au farfelu : les ingrédients
d’une bière
a bière est presque entièrement constituée d’eau. C’est une eau onéreuse. Une eau
L qui a servi à infuser et qui a été bouillie, refroidie, aromatisée, vieillie, pompée
dans un tas d’endroits, conditionnée, et qui a finalement voyagé jusqu’à vous.
Cependant, même si l’eau est l’ingrédient dominant, la bière contient bien plus que de
l’eau. Le goût et le style de la bière dépendent étroitement de chacun des ingrédients
utilisés au cours du brassage, même si quatre ingrédients seulement sont absolument
nécessaires pour fabriquer une bonne bière. Ces quatre ingrédients indispensables
sont les suivants :
• Orge.
• Houblon.
• Levure.
• Eau.
Ces quatre ingrédients forment la base de la bière (la plupart des bières de qualité sont
fabriquées uniquement à partir de ces ingrédients). Ce chapitre explore les quatre
principaux ingrédients de la bière et leurs contributions à cette délicieuse bière.
Cependant, la fabrication de la bière ne se fait pas sans expérimentation, et des
ingrédients nouveaux et uniques sont maintenant utilisés dans le brassage pour
explorer différentes possibilités de saveurs. Je vous présente également certains de
ces ingrédients non traditionnels qui sont utilisés, pour le meilleur ou pour le pire, par
certains maîtres brasseurs.
L’orge : une céréale pour la bière, pas
pour le petit déjeuner
Quand on vous parle de céréales, quels produits vous viennent à l’esprit ? Corn-
Flakes, Chocapic ? Vous serez peut-être surpris d’apprendre que les grains de
céréales (pas les flocons, les grains) et de nombreux autres grains peuvent être utilisés
pour fabriquer différents types de bière. Mais la céréale qui se prête le mieux à la
fabrication de la bière est l’orge (voir figure 2-1).
Figure 2-1 L’orge est une céréale dont le grain contient naturellement de l’amidon que les brasseurs
transforment en sucres, lesquels alimentent la levure pendant la fermentation de la bière.
Avant d’être utilisables pour la fabrication de la bière, les grains d’orge doivent subir
un processus appelé le maltage, consistant à stimuler leur germination naturelle grâce
à l’humidité (pour plus de détails au sujet des processus de fabrication de la bière,
voir chapitre 3).
L’orge malté donne à la bière sa couleur, sa saveur douce maltée, des dextrines qui lui
donnent du corps, des protéines sous forme de bonne mousse, et ce qui est peut-être le
plus important, les sucres naturels nécessaires à la fermentation. Le rôle de l’orge
dans la fabrication de la bière est l’équivalent du rôle du raisin dans la vinification : il
est fondamental. L’orge malté est disponible dans une variété de couleurs, de saveurs
et de degrés de torréfaction qui ont une incidence marquée sur la couleur et le goût de
la bière.
Bien que l’orge soit la céréale la plus couramment utilisée dans la fabrication de la
bière, de nombreux brasseurs utilisent des céréales supplémentaires, telles que le blé,
l’avoine ou le seigle, pour imprégner leur bière de différentes saveurs. Ces céréales
de spécialité servent toutes à créer différentes saveurs et différents niveaux de
complexité dans la bière (et de perplexité chez les critiques). La principale différence
entre ces céréales et des céréales d’appoint moins chères comme le riz ou le maïs
(voir la section « Ailes de chauve-souris, œil de triton : des compléments qu’on peut
adorer ou abhorrer », plus loin dans ce chapitre) est que les céréales de spécialité
améliorent l’orge, mais ne la remplacent pas.
Le houblon : des fleurs pour la saveur et
l’arôme
Le houblon est constitué des fleurs en forme de pomme de pin d’une plante grimpante
femelle appartenant à la même famille que le cannabis (voir figure 2-2). Cette plante
est cultivée sur d’énormes treillis dont la hauteur atteint 5,50 m. Le houblon a
longtemps été cueilli à la main, car c’est une plante très fragile, mais la cueillette à la
main est devenue rare de nos jours.
Figure 2-2 Le houblon est une plante grimpante dont les fleurs coniques donnent à la bière son
amertume, ainsi que son arôme et sa saveur uniques.
Le houblon comporte des glandes de la taille d’une tête d’épingle qui contiennent de
la lupuline, une substance collante qui est sécrétée lorsqu’elle est bouillie. La lupuline
contient les huiles essentielles, les acides amers et les résines qui remplissent les
quatre importantes fonctions suivantes dans la fabrication de la bière :
• Ces éléments ajoutent de l’amertume pour contrebalancer la douceur de l’orge.
• Ils ajoutent de la saveur.
• Ils donnent à la bière son arôme.
• Ils contribuent à sa bonne conservation.
C’est beaucoup de responsabilités pour une petite fleur !
Les arômes incontestablement âcres du houblon (on parle parfois d’arômes d’épices,
d’herbe, de fleurs, de pin ou d’agrumes) sont uniques. Cependant, avant que l’usage
du houblon ne se généralise au Moyen Âge, on utilisait des herbes et des épices
amères comme les baies de genièvre (qui servent maintenant à faire du gin). Lorsque
l’arôme et la saveur du houblon sont prononcés, on parle de bière houblonnée. En
Amérique, les amateurs qui recherchent ce type de bière sont parfois surnommés
« hop-heads ». Pour eux, le houblon c’est tout bon !
Le quatrième avantage du houblon, son rôle de conservateur naturel de la bière, a été
constaté plusieurs siècles après la généralisation de son utilisation. Alors que les
acides alpha du houblon sont responsables de l’amertume de la bière, on s’est aperçu
que les acides bêta neutralisent et retardent les effets inévitables de la détérioration
bactérienne, donnant ainsi à la bière une durée de conservation plus longue.
L’histoire du houblon
C’est au IXe siècle, en Europe centrale, que le houblon a été cultivé pour la
première fois et non plus cueilli dans la nature. Des écrits indiquent que la culture
du houblon s’est développée en Bohême en 859. Avant d’utiliser le houblon, les
brasseurs, pour rendre leur bière amère, utilisaient des fleurs, des feuilles, des
baies, des épices et un tas d’autres ingrédients douteux, parmi lesquels un bon
nombre n’ont rien donné de probant. Au XVIe siècle, le houblon était devenu l’épice
la plus couramment acceptée pour la bière.
Dans les sections suivantes, j’aborde les variétés de houblon, leur potentiel
d’amertume, leurs propriétés aromatiques et leurs qualités gustatives. Je précise aussi
quels types de houblon les brasseurs utilisent au cours des différentes étapes du
brassage.
Rien de ce qui se produit naturellement dans le processus de brassage ne présente un
danger bactériologique ou viral pour la santé (j’ai bien employé le mot
naturellement…)
Une grande majorité des variétés de houblon (ou cultivars) sont des hybrides des
variétés initiales, lesquelles ont fait l’objet de croisements pour tirer parti de leurs
qualités génétiques particulières, en particulier les rendements élevés et la résistance à
la maladie. Les efforts consacrés à la culture du houblon ont été considérables, si l’on
tient compte du fait qu’il n’est utilisé qu’avec parcimonie dans le processus de
fabrication de la bière, presque comme les herbes dans la cuisine.
Chapitre 3
Un peu de magie, ou comment la bière
est fabriquée
e brassage de la bière est un processus assez complexe qui nécessite un
L équipement important, surtout si on le compare à la vinification. Les ingrédients
sont grillés, moulus, chauffés, refroidis, bouillis, agités, etc. Les maîtres brasseurs
ont toute latitude pour affirmer leur goût et démontrer leur talent, mais le brassage
demande beaucoup de travail et d’habileté. Le symbole du maître brasseur est le
même que celui de l’alchimiste, une étoile à six branches.
Après avoir lu ce chapitre, vous saisirez l’importance du travail du maître brasseur
pour atteindre un équilibre entre les saveurs, arômes et textures que les divers
ingrédients et procédés apportent à cette boisson complexe. Les efforts pour
équilibrer l’arôme, la saveur et le rendu de la bière et pour prendre en compte toutes
les variables justifient le prix d’une pinte quand le résultat est probant (afin de savoir
dans quels cas le résultat est probant, consultez le chapitre 12 à propos des nuances
d’appréciation de la bière, le chapitre 2 pour un aperçu des ingrédients de la bière et
le chapitre 4 pour un aperçu des styles de bière).
En visitant des brasseries, vous pourrez constater que même si toutes les brasseries
exercent la même activité, il n’existe pas deux brasseries identiques en termes
d’équipement qu’elles utilisent et de processus qu’elles suivent. Les brasseurs aiment
généralement faire visiter leur établissement. Dans les brewpubs, ces restaurants ou
tavernes associés à de petites brasseries, le processus est moins automatisé et tout est
à plus petite échelle.
Figure 3-1 Ce schéma montre le processus de brassage, sachant qu’en réalité la taille et la complexité
du matériel et du processus peuvent varier.
Le maltage
La première étape du brassage est le maltage, au cours duquel l’orge brute (ou parfois
le blé) est convertie en orge malté (également appelé malt d’orge ou tout simplement
malt). Pour entrer dans la technique, le processus de maltage consiste à préparer
l’intérieur amylacé du noyau (l’endosperme) et à le transformer en sucre soluble, le
maltose, en stimulant le processus naturel de germination grâce à l’humidité.
Le plus souvent, les malteurs professionnels, qui disposent de vastes installations de
maltage, gèrent l’ensemble du processus et vendent le malt aux brasseries. En
revanche, certains méga-brasseurs effectuent souvent le maltage eux-mêmes, dans le
souci d’un meilleur contrôle du processus et d’une limitation des dépenses.
Comme s’il se trouvait dans une prairie printanière humide, et non sur le sol d’une
énorme usine, le grain d’orge commence à pousser. Lorsque la petite pousse (appelée
l’acrospire) atteint une certaine longueur, le malteur insuffle de l’air chaud à travers
le lit de grains, ce qui arrête la germination et transforme le grain en orge malté.
Une fois que le malt est sec, le malteur en torréfie une partie dans un four pour donner
à la bière des couleurs et des saveurs de pain grillé, tout comme on torréfie les grains
de café.
Le malteur chauffe également le malt jusqu’à ce qu’il soit cristallisé, carbonisé, ou
bien bruni. On parle de malt cristal (crystal malt), de malt noir (black malt) ou de
malt chocolaté selon le cas. Le malt cristal est un peu croquant et amusant à manger à
ce stade (demandez-en une poignée à un brasseur), et il peut également être utilisé
pour fabriquer d’autres produits, comme le lait malté (qui n’est pas aussi attrayant que
la bière).
La mouture
Avant de pouvoir verser le grain (il peut s’agir d’un mélange de grains maltés et non
maltés) dans la cuve d’empâtage et commencer le brassage (pour plus de détails, voir
la section suivante), il faut le moudre. La mouture est ici une notion relative : il ne
s’agit pas d’obtenir de la farine, mais seulement de faire éclater l’enveloppe du grain
d’orge pour en faire sortir les amidons. On parle plutôt de concassage.
Le brasseur transfère ensuite le grain concassé, maintenant appelé mouture, dans la
cuve d’empâtage. Le transfert se fait souvent par l’intermédiaire d’un transporteur à
vis ou d’un convoyeur (autrefois, tout était déplacé d’un étage à l’autre par gravité).
L’empâtage
Une fois que la mouture est dans la cuve d’empâtage, le brasseur la fait infuser dans
de l’eau chaude, comme on ferait infuser du thé. Bien souvent, il mélange plusieurs
sortes de malt ou de grains de spécialité (voir chapitre 2) pour obtenir des couleurs et
des saveurs uniques. Il mesure ensuite le pH de l’eau (le degré d’acidité ou
d’alcalinité) et corrige si nécessaire. Ensemble, la mouture et l’eau vont former une
pâte épaisse appelée la maische. Des contrôles stricts du temps et de la température
permettent de transformer comme il convient les amidons en sucres naturels dans les
grains de céréales.
L’ébullition
Après l’empâtage, la filtration et le transfert, le moût est bouilli dans une cuve
chauffante pendant une heure environ. L’ébullition accomplit beaucoup de choses,
dont la moindre n’est pas la stérilisation complète du liquide et de tout autre
ingrédient qui y est ajouté.
C’est aussi dans la cuve chauffante que le brasseur s’efforce d’équilibrer le moût
sucré avec les effets amers agréables du houblon. En choisissant une quantité mesurée
d’une certaine variété de houblon ou d’un mélange de plusieurs variétés et en les
ajoutant à des moments prescrits (houblon amer au début, houblon aromatisé en fin
d’ébullition et houblon aromatique à la toute fin), le brasseur donne à la bière sa
signature indélébile de houblon. Lorsqu’ils sont ajoutés habilement et équitablement,
les attributs d’amertume, de saveur et d’arôme du houblon sont en parfait contraste et
équilibre avec la saveur et la complexité du malt. C’est là tout l’art du brasseur.
Le brasseur peut infuser un caractère de houblon aromatique supplémentaire grâce à
un processus appelé houblonnage à froid (bizarrement appelé Dry Hopping en
anglais), consistant à mettre du houblon aromatique directement dans le fermenteur
secondaire avec la bière froide après sa fermentation primaire. La section suivante
parle plus en détail du processus de fermentation.
Après une heure ou deux d’ébullition, le brasseur arrête de chauffer et prépare ce que
l’on appelle alors le moût amer ou moût houblonné pour le transférer dans la cuve de
fermentation. Ensuite, le moment est venu de retirer le houblon. Pour cela, on peut
utiliser un extracteur de houblon, dont le fonctionnement ressemble à celui du faux
fond de la cuve-matière, ou bien créer un tourbillon (appelé whirlpool) pour entraîner
toute la matière solide vers le centre de la cuve. Le moût clarifié s’écoule alors en
périphérie.
Le brasseur pompe le moût de la cuve chauffante en utilisant un refroidisseur de moût
ou un échangeur de chaleur, lequel fonctionne comme le radiateur d’une voiture :
l’eau froide ou un liquide de refroidissement de qualité alimentaire fait rapidement
baisser la température du moût. Débarrassé des matières solides indésirables, le moût
chaud doit en effet refroidir rapidement, pour deux raisons :
• Un liquide tiède et sucré est un milieu idéal pour la prolifération bactérienne.
• Le moût doit être prêt pour la levure, laquelle risquerait de mal supporter une
température supérieure à 38 oC.
La fermentation
Après avoir fait bouillir le moût et l’avoir laissé refroidir, le brasseur le transfère dans
le fermenteur et y ajoute de la levure fraîche. Les brasseurs professionnels utilisent
environ 100 grammes de levure sèche pour chaque hectolitre de bière (100 litres). Ce
petit peu de levure est ce qui change tout.
À cette étape, le brasseur ferme le fermenteur de manière hermétique, ou bien il le
laisse ouvert, selon le style de bière qu’il fabrique, pour la fermentation primaire.
Durant la fermentation primaire, la levure consomme le maltose liquéfié qui a été créé
au cours du processus d’empâtage, et produit du dioxyde de carbone et de l’alcool.
Dans les 24 heures qui suivent l’ensemencement avec la levure, il se produit une
importante fermentation et une couche épaisse de mousse dense se forme au-dessus
du liquide trouble. Le processus se prolonge pendant cinq à dix jours, selon la souche
de levure et la température de fermentation, lesquelles dépendent, là encore, de la
recette utilisée (plus basse est la température de fermentation, plus lent est l’effet de la
levure).
La maturation
La bière vieillit vite, comparée au vin et aux personnes (et surtout aux personnes qui
boivent de la bière, bien sûr). Comme je l’ai mentionné précédemment dans ce
chapitre, une fois la fermentation primaire terminée, le brasseur transfère la bière dans
une cuve de vieillissement, aussi appelé cuve de fermentation secondaire. La
fermentation secondaire s’accompagne d’une maturation sur une période allant de
deux semaines (pour les ales) à deux mois (pour les lagers). Le brasseur d’un pub à
bières pourra réduire la période de maturation et transférer la bière tout droit dans une
cuve de bière clarifiée ou cuve de service en guise de dernière étape, puis vendre la
bière pression ainsi obtenue (voir section suivante).
Le conditionnement
Une fois que la maturation voulue a eu lieu (on parle aussi de conditionnement), la
bière est prête à être emballée et proposée aux consommateurs.
Dans les brasseries où la bière est destinée à être servie sur place (les brewpubs), le
brasseur transfère la bière finie dans une cuve de finition qui, dans ce cas, est souvent
appelée cuve de service, cuve de stockage ou cuve de bière clarifiée. En général, ce
réservoir, utilisé comme un fût géant, est relié directement aux becs du bar d’où la
bière est tirée.
Dans la plupart des brasseries qui emballent et expédient la bière, le brasseur tire des
cuves la quantité de bière appropriée pour le conditionnement. La bière est alors
filtrée et mise en fûts ou en bouteille, ou conditionnée en cannettes. La bière en
bouteille ou en cannettes peut être pasteurisée pour tuer toutes les cellules de levure
ou bactéries indésirables qui auraient pu s’infiltrer dans le système. Cette
pasteurisation n’est toutefois pratiquement jamais utilisée par les brasseries
artisanales, qui préfèrent garder vivante leur bière. Cependant, la bière en fût qui n’est
pas expédiée à l’étranger est rarement pasteurisée, ce qui revêt une grande importance
pour certains buveurs. Pourquoi cela ? L’inconvénient de la pasteurisation est que,
bien qu’elle rende le produit plus stable, elle le dégrade aussi dans une certaine
mesure, détruisant autant le goût de la bière que les mauvais micro-organismes.
La pasteurisation stabilise la bière en la chauffant à des températures relativement
élevées. La pasteurisation en tunnel, qui a la préférence des mégabrasseries, consiste
à pulvériser de l’eau chaude sur les bouteilles et les canettes pendant une période
pouvant durer jusqu’à une heure. Une méthode plus douce, privilégiée par certains
brasseurs, est la pasteurisation flash, qui s’effectue à l’aide d’une eau extrêmement
chaude ou même de vapeur, mais ne dure pas plus d’une minute environ.
En Allemagne, seule la bière pression destinée à l’exportation est pasteurisée.
Ailleurs dans le monde, une bière pression destinée à l’exportation a une chance sur
deux d’avoir été pasteurisée. Il faut garder à l’esprit qu’une bière non pasteurisée a
généralement meilleur goût, mais seulement si elle est fraîche, sachant qu’elle se gâte
plus vite.
Le nettoyage
Les brasseurs disent que davantage d’eau se retrouve sur le sol de la brasserie que
dans la cuve à cause de tout le nettoyage et de tout le rinçage qui doivent être
effectués avant et après chaque brassage (n’oubliez pas de vous munir de bottes en
caoutchouc lors de votre visite). Désinfecter l’équipement de brassage est aussi
essentiel pour faire de la bonne bière que nettoyer la cuisine l’est pour cuisiner de la
bonne nourriture (les cuisines gastronomiques sont généralement impeccables). Le
nettoyage fait donc partie intégrante du processus de brassage.
Partie 2
Les anciennes, les nouvelles et celles
qui reviennent
Chapitre 4
Connaître les grandes catégories de
bières : les ales, les lagers et les autres
e qui manquait depuis de nombreuses années dans le monde de la bière revient
C maintenant à la mode : le style même (le style de la bière, pour être plus précis).
La bière est maintenant brassée dans une grande profusion de styles, à tel point
qu’on en invente encore de nouveaux. Or, il n’en a pas toujours été ainsi.
Si l’on se penche sur l’histoire de la bière, les ales peuvent être considérées comme
les bières de l’Antiquité. Finalement, au milieu du XIXe siècle, la lager, ou bière
blonde, s’est imposée, et quelque part en cours de route, le concept de bière hybride
est apparu.
Dans ce chapitre, je passe au crible les principales différences entre les ales, les lagers
et les bières hybrides. Je note également quelques caractéristiques qui sont
importantes pour décrire les différents styles de bière.
Gardez à l’esprit que si ces chiffres en disent beaucoup sur l’aspect et le goût d’une
bière, c’est tout de même la levure qui fait que la bière est une ale ou une lager (voir
la section « C’est la levure qui fait la bière », précédemment dans ce chapitre).
Les ales
Les ales présentent une vaste gamme de saveurs et de styles. La liste suivante en cite
les plus connus (la figure 4-1 représente l’arbre généalogique des ales).
• La Barley wine : La Barley wine, ou vin d’orge, est une bière puissante avec
des arômes fruités et caramélisés, des saveurs de malt complexes et autant
d’alcool que certains vins. C’est un des rares styles de bière sensiblement plus
forts que les autres. Le Barley wine est souvent servi dans un verre à vin ou un
verre à cognac (il est vrai qu’il est souvent considéré comme la version bière du
cognac, et qu’il vieillit bien également). Il est généralement produit en quantités
limitées pour les fêtes d’hiver. Il en existe des sous-styles anglais et américains :
l’anglais penche vers le malté, l’américain penche vers le houblonné.
• La Dubbel, ou bière double belge : Originaire des monastères au Moyen Âge,
la bière double belge a connu un nouvel essor après l’ère napoléonienne. C’est
une bière rouge foncé, modérément forte, maltée et complexe.
Traditionnellement, cette bière est conditionnée en bouteille (elle subit une
subtile fermentation secondaire en bouteille, ce qui signifie qu’elle contient de
la levure).
• La Belgian Pale Ale : La Belgian Pale Ale est une ale fruitée, maltée,
légèrement épicée et de couleur cuivre que l’on trouve couramment dans les
provinces belges d’Anvers et du Brabant. Elle est considérée comme une bière
de style « Session », ce qui signifie que sa teneur en alcool est modérée, si bien
qu’on peut la boire au cours de longues soirées (sessions) festives sans trop en
craindre les conséquences.
• La Belgian Tripel, ou bière triple : La Belgian Tripel est une bière jaune d’or
effervescente avec une mousse blanche. Elle présente un caractère de malt épicé
et fruité avec des notes citriques. Ce style a été popularisé à l’origine par la
brasserie trappiste de Westmalle, en Belgique.
Remarque : Sachant que seuls les brasseurs religieux – les moines trappistes –
peuvent utiliser le terme trappiste, les brasseurs laïques commercialisent des
bières de style trappiste sous le nom de bières d’abbaye (ou bien Abby, Abt,
Abdij).
• La Berliner Weisse : C’est une ale de Berlin à base de blé, très pâle, aigre-
douce. Pour réduire l’acidité, on ajoute souvent dans le verre une cuillerée de
framboise ou d’aspérule avant de boire.
En 1809, Napoléon avait parlé de la Berliner Weisse comme d’un champagne
du Nord, en raison de son caractère élégant et vif.
• La Bitter : Ce style de bière n’est pas si amer, malgré ce nom que la bière a
reçu il y a plusieurs siècles, quand les brasseurs anglais ont commencé à utiliser
le houblon. C’est une bière très populaire dans les pubs anglais. On distingue
une série de sous-styles : Ordinary Bitter, Special/Best Bitter et Extra Special/
Strong Bitter (ESB).
• La Blonde Ale : D’un jaune clair brillant ou doré avec une mousse blanche, la
Blonde Ale s’apparente à une Pale Ale en termes de saveur mais son caractère
houblonné est moins affirmé. La Blonde Ale est une bière de base relativement
nouvelle dans de nombreuses brasseries, et elle est positionnée sur le marché
comme une bonne bière de transition d’entrée de gamme.
• Les Brown Ales : Elles se déclinent entre versions anglaises et américaines.
Les Brown Ales sont de bonnes bières pour les débutants et les buveurs de bière
qui cherchent timidement à essayer quelque chose qui sorte de l’ordinaire (mais
elles peuvent aussi convenir aux buveurs plus expérimentés). Ni trop maltées, ni
trop fines, avec des saveurs subtiles de fruits et de caramel, les Brown Ales sont
moelleuses mais savoureuses. Les versions américaines ont tendance à être plus
agressivement houblonnées.
• La Dry (Irish) Stout : La Dry (Irish) Stout est une bière très brune, aux
accents de malt grillé, qui donne en bouche une sensation crémeuse. Sa saveur
de malt grillé et de café est plus prononcée que celle d’une Porter. C’est le genre
de bière que l’on peut savourer lentement.
• La Dunkelweizen : De couleur sombre, avec des arômes épicés, la
Dunkelweizen est la version brune de la Weizenbier (ou Weissbier), une bière
bavaroise très populaire. Son profil aromatique unique associe le clou de girofle
à la banane, et parfois au chewing-gum.
• L’Oud Bruin, ou bière brune de Flandre-Orientale : C’est une Brown Ale
bien vieillie, fruitée et aigre de Flandre (en Belgique). De couleur brun
rougeâtre foncé, cette bière maltée présente une complexité fruitée, rappelant
souvent les raisins secs, les prunes, les figues, les dattes et les pruneaux.
Les lagers
Le nom lager est tiré du mot allemand lagern, qui signifie stocker. La plupart des
bières produites en série dans le monde sont des lagers, mais il existe une gamme de
styles plus large que ce que ces marques commerciales peuvent vous laisser croire (la
figure 4-2 représente l’arbre généalogique des lagers).
• Les Pale Lagers américaines : Bien qu’elles diffèrent grandement d’une
marque à l’autre dans l’esprit du consommateur non averti (par suite des
campagnes publicitaires), ces bières sont la plupart du temps identiques en goût
et en force (environ 4 à 5 % d’alcool vol.). Les versions light, standard et
premium étaient à l’origine basées sur le style Pilsner classique que je décris
plus loin dans cette section, mais elles sont maintenant très différentes de ce
style. Elles sont de couleur claire, gazéifiée et aqueuse, avec une douceur
délicate et un arôme et une saveur dus à un complément (le maïs ou le riz, ajouté
à l’orge). Les versions light n’ont pratiquement aucun goût ni aucun arôme.
Essentiellement désaltérantes, ces bières sont censées être servies bien froides.
Malgré la résurgence de l’industrie brassicole mondiale et la réintroduction de
nombreux styles de bière traditionnels, plus de 80 % de toutes les bières
fabriquées dans le monde sont toujours de style Pale Lager.
• Les lagers brunes américaines : À l’instar des lagers plus légères, ce sont de
pâles versions des lagers européennes. Elles n’ont pas la rondeur ni la riche
saveur maltée des Läger brunes allemandes et elles aboient plus qu’elles ne
mordent, aussi peuvent-elles facilement être les meilleures amies de l’homme.
Cependant, on ne les trouve pas partout.
• Les Bock : Les Bock traditionnelles sont généralement brunes, assez fortes et
plutôt fortement maltées. Ce style trouve son origine dans la ville brassicole
d’Einbeck, dans le nord de l’Allemagne, et il a été introduit en Bavière où il est
devenu encore plus populaire.
• La Doppelbock : Maltée, sombre et tout à fait délicieuse, riche en corps et
fortement alcoolisée, la Doppelbock a d’abord été brassée dans les Alpes
italiennes par les moines du monastère de saint François de Paule pour les
sustenter tout au long du Carême. Souvent appelées pain liquide, les
Doppelbocks sont facilement repérables sur les cartes de bière grâce au suffixe
- ator (Celebrator, Salvator, Maximator, Culminator, Triumphator, etc.).
• La Dortmunder Export : Cette lager dorée et brillante est originaire de la
région industrielle de Dortmund, en Allemagne. Elle associe le malté d’une
Munich Helles au houblonnage d’une Pilsner et elle est légèrement plus forte
que l’une et l’autre. Le terme export fait référence au titre d’alcoométrie de la
bière et peut également s’appliquer à d’autres styles de bière. Ce style est en
déclin et n’est pas toujours facile à trouver en dehors de l’Allemagne.
• L’Eisbock : On dit que cette bière aurait vu le jour par erreur dans le monde
brassicole. Si l’Eisbock (bock de glace) a beaucoup de corps et est très
alcoolisée, ce n’est pas par suite d’un processus naturel. Les brasseurs
soumettent une bière déjà fermentée à des températures inférieures au point de
congélation, et peuvent alors tamiser les cristaux qui s’y forment. Ce qui reste
est une version beaucoup plus concentrée de la bière initialement fabriquée (la
concentration va de 7 à 33 %).
Le processus de congélation partielle de la bière pour extraire les cristaux de
glace et concentrer la bière est appelé distillation par le froid. S’il ne nécessite
pas la possession, réglementée, d’un alambic, il s’agit tout de même d’un
processus de distillation réglementé.
• La Helles Bock : Cette bière est une version blanche de la Bock Beer
traditionnelle (Helles signifie clair).
• La Maibock : Ce nom fait référence au mois pendant lequel la bière est
brassée (le mois de mai). Cette version plus claire et plus houblonnée de la
Bock Beer est une création plus récente que les autres bières de la famille des
Bock.
• La Märzenbier, ou Oktoberfest : La Märzenbier a été la réponse de la
Bavière à la Vienna Lager autrichienne. Elle est maltée, couleur d’ambre et très
facile à boire. Traditionnellement, elle était brassée au mois de mars (Marz), à la
fin de la saison du brassage, stockée dans des grottes durant l’été, puis servie en
automne pour célébrer les récoltes. La Märzenbier est devenue la bière officielle
de l’Oktoberfest.
• La Munich Dunkel : Cette lager brune classique de Munich est plus foncée et
plus maltée que la Munich Helles. Elle est devenue très populaire dans toute la
Bavière, et plus particulièrement en Franconie.
• La Munich Helles : Cette bière blonde (Helles signifie clair) est agréablement
maltée et limpide. La création de ce style de bière remonte à 1895 lorsque la
brasserie Spaten, à Munich, a lancé une bière bavaroise plus maltée pour
concurrencer les fameuses Pilsner.
• La Pilsner (aussi appelée Pils, Pilsener, et Plzensky en Tchéquie) : La
Pilsner est l’authentique bière tchèque que de nombreuses marques cherchent à
imiter. C’est une lager houblonnée, aromatisée, subtilement maltée, amère et
rafraîchissante. Ce breuvage est un grand classique. Il est brassé depuis 1842
par ses créateurs (la Pilsner Urquell a été la première bière dorée et claire) et
c’est le style de bière le plus imité au monde.
• La Rauchbier (bière fumée) : La Rauchbier peut avoir un agréable goût fumé
rappelant la bonne odeur d’un feu de camp, ou bien un goût piquant intense et
âcre. C’est à coup sûr un goût auquel il faut s’habituer, mais vous n’avez pas
vécu tant que vous n’avez pas goûté cette bière avec du jambon fumé ou de la
saucisse et du fromage cheddar fort. Cette bière est à siroter, pas à inhaler ! Le
bois traditionnellement utilisé pour fumer les malts de la Rauchbier est le bois
de hêtre, qu’on utilise également pour le vieillissement de la Budweiser.
• La Schwarzbier : La Schwarzbier est une bière de spécialité régionale du nord
de la Bavière. On pense qu’il s’agit d’une variante du style Munich Dunkel,
mais plus sombre et plus sèche (moins sucrée) en bouche. Certains comparent la
Schwarzbier à la Pilsner noire.
• La Vienna Lager : La Vienna Lager est la cousine maltée, ambrée et
moyennement corsée de la Märzenbier. Elle est aujourd’hui plus répandue au
Mexique qu’en Autriche, son pays d’origine, depuis le règne de l’empereur
Maximilien Ier vers le milieu du XIXe siècle.
Chapitre 5
Découvrir la Real Ale
ors de leurs excursions, les buveurs de bière ont parfois la possibilité de
L commander une pinte de « real ale », ou « vraie bière ». Ce n’est pas qu’une fausse
bière ait vraiment existé, mais certaines bières sont plus réelles que d’autres. Vous
êtes curieux d’en savoir plus ? Cela vous laisse perplexe ? Lisez ce chapitre pour tout
savoir sur la « vraie bière », comment elle est fabriquée et comment elle est servie.
Enfin, bien que la Grande-Bretagne soit le seul pays au monde qui serve couramment
de la Real Ale, il devient rapidement plus fréquent d’en trouver dans les autres pays
dans lesquels la culture de la bière évolue et progresse.
La pompe à bière type pouvant tirer environ une demi-pinte de bière à chaque traction
de la poignée, un barman efficace devrait être capable de remplir votre verre à bière
avec deux tirages complets. À votre santé !
Bien que certaines tireuses à bière puissent avoir des becs verseurs courts et un petit
robinet à clapet, les plus sophistiquées ont des becs allongés qui se déplacent d’abord
vers le haut puis vers le bas en décrivant une élégante courbe à 180 degrés. Ce type de
bec est appelé col-de-cygne. Dans certains pubs, on fixe également un sparkler
réglable (fonctionnant comme une petite pomme de douche) à l’extrémité du col-de-
cygne, pour réguler le débit de bière dans le verre.
Lorsque le sparkler est fermé, la bière est agitée au fur et à mesure qu’elle s’écoule,
ce qui se traduit par beaucoup de mousse et moins de carbonatation dans la bière.
Lorsque le sparkler est grand ouvert, cela crée moins de mousse, mais la bière est plus
effervescente.
Verser « correctement » en utilisant une pompe à
bière Cask
Certains clients pouvant être vraiment pointilleux sur la façon dont leur pinte de Real
Ale est tirée et servie, les barmans ont intérêt à faire attention. Savoir tirer une pinte
est peut-être plus une science qu’un art, mais il est toujours possible de le faire avec
brio. Il suffit de suivre ces étapes :
❶ S’assurer que les verres sont absolument propres (voir chapitre 11).
➋ Exercer une pression continue et régulière sur la poignée.
❸ Avant de tirer à nouveau la poignée, attendre quelques secondes que la
mousse monte et commence à retomber un peu.
❹ Veiller à ce que le client obtienne une pleine mesure de bière, c’est-à-dire
un verre à bière rempli jusqu’au bord avec une mousse minimale.
Quand la pinte est versée comme il convient, la mousse s’élève juste au-dessus du
bord du verre. Il existe une controverse quant à savoir si le verre à bière doit être
maintenu contre la tireuse à bière, afin que le col-de-cygne soit immergé dans la bière
pendant qu’elle est tirée. Certains disent que cette méthode réduit au minimum la
formation de mousse pendant que la bière est versée, mais d’autres affirment que le
col-de-cygne peut devenir un terrain fertile pour les bactéries s’il n’est pas bien rincé
après chaque versement. Le débat fait rage.
La présentation de la bière, malgré tout ce qu’elle a d’agréable à regarder, ne sert à
rien si la bière elle-même n’est pas dans un état agréable au goût. Le tuyau et la
chambre du piston dans la machine à bière contiennent encore de la bière entre deux
tirages, et cette bière s’évente lorsqu’elle stagne jusqu’au lendemain. Il est donc de la
plus haute importance que le barman jette la première ou les deux premières pintes
tirées le lendemain et ne serve pas une bière éventée à un client sans méfiance.
La CAMRA fait passer son message de diverses manières, à commencer par les
publications. Outre son bulletin mensuel What’s Brewing et son magazine trimestriel
très intelligemment intitulé Beer, la CAMRA publie également chaque année le Good
Beer Guide, un annuaire des pubs et des brasseurs qu’elle recommande. Quiconque
envisage de faire un petit tour des bonnes bières au Royaume-Uni pourra se servir de
ce guide avec profit. Pour plus d’informations à ce sujet et sur tout ce qui concerne la
CAMRA, rendez-vous sur www.camra.org.uk
Elle gère également le Pub Heritage Group, un organisme créé pour identifier,
enregistrer et protéger les intérieurs des Public House d’importance historique et/ ou
architecturale. Cet organisme gère deux inventaires des pubs du patrimoine :
• Le National Inventory recense les pubs qui ont conservé leur aspect initial
depuis au moins 30 ans. En 2009, le National Inventory recensait 289 pubs.
• Le Regional Inventory, de plus grande ampleur, recense les pubs qui ne sont
pas éligibles pour le National Inventory.
Enfin, la CAMRA assure chaque année le soutien et la promotion de nombreuses
fêtes de la bière (et du cidre) dans les îles britanniques, dont le Great British Beer
Festival (voir chapitre 20). C’est lors de cet événement annuel, qui a lieu chaque
année au mois d’août à Londres, que la CAMRA décerne son prix le plus convoité :
le titre de Champion Beer of Britain.
DANS CE CHAPITRE
Différencier la bière vieillie en fût de bois et vieillie avec du bois
•
Déterminer quel bois est le plus adapté pour le vieillissement de la bière
•
Connaître certaines étapes du processus de vieillissement
Chapitre 6
À la découverte de la bière vieillie en fût
et en barrique
eut-être avez-vous entendu, chanté ou même dansé sur Roll Out the Barrel, cette
P ancienne polka sur le thème du tonneau de bière qui nous rappelle l’époque où la
bière était stockée dans des barriques en bois. Cette chanson est toujours aussi
populaire, et c’est aussi une bonne chose car les tonneaux en bois sont à nouveau
utilisés pour stocker de la bière. Si cela ne vous fait pas danser la polka, rien ne le
fera.
Dans ce chapitre, vous allez apprendre la différence entre une bière vieillie dans un
fût en métal et une bière vieillie dans un tonneau en bois, découvrir les meilleurs
types de fûts à utiliser pour faire vieillir la bière et étudier quelques étapes de ce
processus.
• Les fûts de whisky : Les fûts de whisky donnent à la bière des saveurs
similaires à celles que lui donnent les fûts de bourbon, mais on n’en trouve pas
autant.
(67 %) qui a été élevée en fûts de chêne pendant deux ans. Le pourcentage élevé
de la bière vieillie en fût de chêne donne au Grand Cru son bouquet complexe et
intense et sa longue finale. Les deux bières sont fermentées avec la même levure
multisouches, qui comprend des lactobacilles et des Brettanomyces.
• Pediococcus : Pediococcus est également une bactérie acidifiante pour la
bière. Elle est anaérobie (c’est-à-dire qu’elle vit sans oxygène) et elle est donc
une des principales bactéries potentiellement nuisibles pour n’importe quelle
bière. Un des principaux phénomènes aromatisants résultant de la présence de
Pediococcus dans la bière est la production de diacétyle, un arôme et une saveur
de beurre.
• Acétobacter : L’acétobacter est une bactérie qui produit de l’acide acétique.
Une bière qui est contaminée avec l’acétobacter ne tarde pas à devenir un
vinaigre malté. Il ne s’agit pas de boire ça !
Avant que quiconque ne parte à la recherche d’une bière vieillie en fût et acide dans
son style de bière préféré, je dois souligner que seuls quelques styles de bière sont
conçus pour devenir acides pendant le processus de vieillissement en fût. Si vous êtes
un fan de la bière tchèque Pilsner, de la Dortmunder Export ou de la Bock bavaroise,
je crains que vous n’ayez pas de chance. En fait, aucun style de bière blonde n’est
intentionnellement acidifié. Notez le mot intentionnellement. Certains styles de lagers
sont vieillis en fûts, mais uniquement dans le but de les imprégner de la saveur du
bois, et non de faire intervenir les microbes acidifiants de la bière. Et même les lagers
vieillies en fûts non acidifiées sont rares.
Si vous souhaitez déguster les meilleurs exemples de bières vieillies en fûts d’Europe,
partez à la découverte de la bière rouge (le style Rouge des Flandres) de la province
belge de Flandre-Occidentale, près de la ville de Roeselare. Attendez-vous à être
surpris et impressionné. Attendez-vous également à faire une petite dépense : ces
bières ne sont pas produites à la chaîne.
Mélanger les bières de deux ou plusieurs
fûts
Un des talents méconnus des brasseurs qui pratiquent le vieillissement en fût est leur
capacité d’en mesurer la progression. De plus, ces brasseurs doivent mélanger
habilement et astucieusement le contenu de deux ou plusieurs fûts pour atteindre
l’équilibre parfait en termes de saveur et d’intensité, avant de conditionner la bière.
Le mélange est un des plus grands défis auxquels les brasseurs sont confrontés, mais
cela peut aussi être une de leurs plus grandes réussites. Il faut aussi des années
d’expérience.
Dans l’industrie brassicole, le mélange de bières se pratique constamment. Les bières
de grandes marques sont régulièrement mélangées pour assurer la cohérence d’un lot
à un autre. Au niveau artisanal, le mélange de la bière sert à développer des saveurs
uniques et complémentaires entre deux ou plusieurs fûts de bière, mais aussi à obtenir
une certaine homogénéisation. Voici une courte liste de bières mélangées :
• Cuvée Du Jongleur, brassée par la Cascade Brewing Company (USA).
• Dame nature, brassée par la brasserie La Montagnarde (France).
• Burton Baton, brassée par la Dogfish Head Brewing Company (USA).
• Cuvée Symphonie, brassée par la brasserie Amonite (France).
Chapitre 7
Découvrir la bière extrême
i vous demandiez à une douzaine de brasseurs artisanaux de concevoir une bière
S extrême, vous obtiendriez probablement une douzaine de recettes différentes,
chaque brasseur pouvant avoir de ce mot une notion différente. Une chose est
sûre : chacune de ces bières se caractériserait par la démesure en termes d’arôme, de
saveur, de sensation en bouche et de puissance. La subtilité ne serait pas au rendez-
vous.
Fabriquer une bière extrême, c’est repousser les limites de toutes les manières
possibles. Plus votre bière sera grossière, audacieuse et mauvaise, plus elle aura de
chances de trouver des fans passionnés. Certes, tout le monde ne trouve pas les bières
extrêmes faciles à boire et à apprécier, mais nombreux sont les gens plus ou moins
fanatiques qui semblent tout simplement ne jamais en avoir assez.
Ce chapitre vous présente les caractéristiques des bières extrêmes et de certaines
versions originales. Il vous permet également de découvrir un des types les plus
courants de bières extrêmes modernes et les différentes façons dont les fabricants de
bières extrêmes essaient de se surpasser.
Plus de corps
Le fait que les bières extrêmes aient plus de corps que les bières normales est lié au
processus de brassage. Pour obtenir plus de saveur et plus d’alcool dans la bière, il
faut que celle-ci soit plus corsée. Le processus de création d’une bière plus corsée est
vraiment simple. Il suffit d’y mettre davantage de malt. Ajouter plus de malt au
breuvage, c’est lui ajouter un supplément de tout ce que le malt fournit : couleur,
saveur, texture et sucres de malt fermentescibles.
Même si la plus grande part des sucres du malt est consommée par la levure pendant
la fermentation, cette consommation ne dépasse pas, en moyenne, 75 à 80 % des
sucres disponibles. Cela signifie qu’en moyenne 20 à 25 % des sucres du malt restent
en solution après la fermentation. Ces sucres restants se traduisent par de la douceur
et du corps.
Les dextrines sont un autre composant important dérivé du malt. Bien qu’on ne puisse
pas en apprécier le goût, elles donnent à la bière une sensation de plénitude et
d’épaisseur en bouche. La consistance d’une bière contenant beaucoup de dextrines
est plus proche de l’huile de moteur que de l’eau.
Tableau 7-1 Donner du punch et de la saveur à une bière à partir de divers ingrédients.
Ingrédient(s) Exemples Raison de Effet
l’ajout
Grains torréfiés Orge torréfiée, malt noir, Saveur plus Saveurs de chocolat grillé ou carbonisé ou de
malt chocolaté intense chocolat noir
Différents malts Malt cristal, malt de bois Plus de douceur Complexité et saveur prononcée
fumé, malt fumé à la maltée,
tourbe complexité
supplémentaire
Différentes Cascade, Centennial, arôme et saveur Caractère houblonné globalement plus
variétés de Simcoe de houblon intense
houblon (ou renforcés, plus
d’amertume
quantités
accrues)
Sources de Fruit et extraits de fruits, Plus de saveur, Complexité et saveur intense
sucres et sirops sucre brun, miel, sirop saveurs
d’érable, mélasse inhabituelles,
teneur en alcool
augmentée
Herbes, épices Gousse de vanille, Plus de saveur, Complexité et saveur intense
et arômes non réglisse, café, thé, racine saveurs
fermentescibles de gingembre, citrouille, inhabituelles
bruyère, camomille et
piments
Levure Souches de levures Degré de Plus d’alcool, bière plus sèche, arômes de
sauvages et de bactéries fermentation plus banane, de chewing-gum et de clou de
du champagne élevé, saveurs girofle. Les levures sauvages peuvent rendre
inhabituelles la bière acide (Sour Beer, voir chapitre 6).
Les brasseurs ont également la possibilité de faire vieillir leur bière en fûts de chêne
pendant de longues périodes. Le vieillissement en fût donne lieu à une large gamme
de caractéristiques boisées aux notes de chêne et de cèdre qui ne sont pas sans
rappeler celles que vous pouvez rencontrer dans certains vins ou whiskies. Pour en
savoir plus sur les bières vieillies en fût, rendez-vous au chapitre 6.
Chapitre 8
Les bières bio et sans gluten
our une raison ou une autre, certaines personnes ne peuvent pas boire ce que le
P reste d’entre nous considère comme de la bière « ordinaire ». Pour certains, c’est
un choix personnel ; pour d’autres, c’est une question de santé. Si vous appartenez
à l’un de ces groupes, vous êtes au bon endroit. Ce chapitre vise à vous fournir les
informations dont vous avez besoin pour continuer à profiter de la bière (de variétés
biologiques ou sans gluten) sans compromettre votre santé, votre conscience ou vos
convictions.
Ici, je vais être honnête : la bière à base de céréales sans gluten n’est pas susceptible
d’égaler le goût et la qualité de la bière ordinaire, mais pour une personne confrontée
à une restriction à vie en la matière, la bière sans gluten est comme la manne du ciel –
une manne sans gluten, bien sûr !
Le sorgho, le millet et le sarrasin sont les trois substituts les plus courants aux
céréales utilisées pour le brassage, mais voici une liste plus complète de céréales et
d’amidons pouvant être consommés sans problème :
• Les haricots.
• Le sarrasin.
Le sarrasin est une herbe de la famille des Polygonacées, originaire du centre et
de l’ouest de la Chine. Ses petites faînes sont moulues, ce qui sépare les gruaux
comestibles de leurs coques. Ces gruaux sont ensuite torréfiés et utilisés comme
produit céréalier.
• Le maïs.
• Le millet.
Le mot millet est un terme générique désignant une famille de graminées qui
fait partie des plus anciennes cultures de l’histoire. Les graines de millet sont
récoltées et utilisées pour l’alimentation humaine ou animale : dans ce cas, cette
nourriture est de la bière ! Le millet a régulièrement été utilisé pour fabriquer de
la bière en Afrique, et il est maintenant une des céréales les plus largement
utilisées pour le brassage de la bière commerciale sans gluten.
• La pomme de terre.
• Le quinoa.
• Le riz.
• Le sorgho.
Le sorgho est originaire du nord-est de l’Afrique. C’est une précieuse source de
nourriture, qui a suivi les routes commerciales à travers l’Inde et la Chine et a
finalement gagné l’Amérique et, dans une moindre mesure, l’Europe. Le sorgho
est une herbe vigoureuse qui tolère le temps sec et qui fait couramment partie
des ingrédients de la bière africaine.
• Le soja.
• Le tapioca.
Sans gluten mais savoureuses : une liste
de bonnes bières
Vous êtes à la recherche d’une bière sans gluten ? Le tableau 8-2 présente un
échantillon de bières sans gluten produites commercialement que vous pouvez
essayer.
La plupart des brasseurs de bière sans gluten ont formulé leurs produits avec des
ingrédients et des procédés 100 % sans gluten qui en garantissent la pureté.
Cependant, certains procédés de filtrage utilisés par les sociétés brassicoles rendent le
gluten indétectable dans les bières à faible teneur en gluten. Ainsi, à moins qu’une
bière soit totalement sans gluten, les personnes atteintes de la maladie cœliaque n’ont
aucune assurance qu’elle soit totalement sûre. Acheteurs et buveurs, faites attention !
Chapitre 9
La meilleure façon d’acheter de la bière
a bière est un aliment. Elle est parfois qualifiée de pain liquide (bien qu’il soit
L assez difficile de se confectionner un sandwich avec de la bière). Comme la
plupart des aliments, le pain en particulier, la bière est périssable et se gâte avec le
temps. Par conséquent, plus la bière est fraîche, mieux cela vaut. Les consommateurs
de bière sur le chemin de l’illumination veulent consommer une bière récemment
brassée et ayant été manipulée correctement, de manière à en préserver la fraîcheur,
surtout si elle ne contient aucun agent de conservation (la plupart des bonnes bières
sont sans conservateur).
La fraîcheur de la bière a quatre ennemis : le temps, la chaleur, la lumière et
l’oxydation. Dans ce chapitre, je vous explique comment faire face à ces problèmes et
devenir ainsi un consommateur plus averti.
Un des avantages des canettes par rapport aux bouteilles est l’élimination complète
des dommages causés par la lumière et une réduction considérable des dommages dus
à l’oxydation (une bière oxydée est une bière qui a été exposée à l’oxygène). La
chaleur, cependant, peut toujours être un problème car elle accélère le processus
d’oxydation.
Qu’elle soit en bouteille ou en canette, la bière doit avoir le même goût. Cependant, si
les brasseurs artisanaux ont traditionnellement utilisé des bouteilles, c’est souvent
parce que l’équipement pour la mise en canettes était plus cher que l’équipement pour
l’embouteillage. Mais le vent tourne. Les canettes en aluminium redeviennent
l’emballage de prédilection, même au sein de l’industrie brassicole artisanale.
En France, plusieurs brasseries artisanales ont investi dans une encanetteuse, jouant
sur des motifs et dessins tendances pour redonner un peu d’allure à un
conditionnement qui était jusqu’alors l’apanage des bières bas de gamme bon marché.
Rapporter un fût
Vous n’aurez peut-être pas besoin d’acheter un fût de bière très souvent, mais cela
vous arrivera probablement au moins une fois pour un pique-nique, un tournoi de
football, un anniversaire ou la célébration d’un événement. De plus, acheter un fût est
la seule façon d’avoir de la bière pression fraîche. Dans les sections suivantes, je
décris différentes tailles de fûts et différents modèles, et je fournis quelques conseils
pratiques pour l’utilisation d’un fût.
Il est facile d’acheter un fût, mais il est plus difficile de le transporter. Les gros fûts
sont vraiment très lourds, ils pèsent plusieurs dizaines de kilos. N’en soulevez pas un
vous-même ! Demandez à quelqu’un de grand et fort de le transporter avec vous, ou
faites-le livrer directement à votre fête.
La taille du fût
La taille de fût à commander dépendra du nombre de personnes participant à la fête.
Pour connaître les dimensions des fûts, consultez le tableau 9-1.
Un modèle assez répandu dans la bière artisanale est le Sodakeg de 10 ou 20 litres
(également appelé fût Corny de 5 ou 10 gallons). Ce récipient mince et cylindrique
est identique à ceux que les producteurs de boissons gazeuses utilisent depuis des
années pour distribuer des boissons gazeuses à la pression. Certains brasseurs
artisanaux vendent maintenant leur bière dans ces minifûts, à la fois pour les marchés
de gros et de détail.
Sachez qu’il existe deux styles de Sodakeg : avec fermeture à bille et avec fermeture à
broche. Il s’agit des différentes manières dont les tuyaux de CO2 et les tuyaux de
bière se fixent au fût. Assurez-vous d’avoir le matériel de connexion approprié
lorsque vous vous procurez votre fût Sodakeg.
Figure 9-1 Le fût de bière American keg, et sa version européenne Euro keg de 30 litres, est un des
modèles les plus pratiques à utiliser.
• Soyez prêt à récupérer les restes. Certains vous diront qu’on n’a jamais trop
de bière et qu’aucun hôte digne de ce nom ne veut en manquer. Cela signifie
qu’il peut vous rester de la bière après la fête. Si vous ne voulez pas rendre ce
précieux nectar avec le fût, prévoyez de le garder : nettoyez soigneusement des
pots en plastique – ou des growlers, si vous en avez – et videz-y le contenu du
fût. Réfrigérez immédiatement, et buvez tout dans les deux jours. Je suis
sérieux. La bière en fût se périme très rapidement.
Éviter la lumière
Toute forme de lumière est nocive pour la bière. La lumière produit des réactions
chimiques dans les composés du houblon. Ces réactions créent une légère odeur
poisseuse. L’éclairage à incandescence est déjà assez mauvais, mais l’éclairage
fluorescent – le plus courant dans les magasins – est encore pire (non, la lumière dans
votre réfrigérateur ne va pas dégrader votre bière). Cependant, le pire ennemi de la
bière est le soleil, car il est à la fois lumière et chaleur.
On dit qu’une bière qui sent le soufre est une bière qui a été « frappée par la
lumière ». C’est une bière qui a été exposée à une lumière ultraviolette. Cette
exposition provoque une réaction qui décompose l’isohumulone, une molécule
dérivée du houblon. Une autre molécule qui résulte de cette réaction est le 3-
méthylbut-2ène-1-thiol, dont l’odeur est très proche de la défense naturelle musquée
de la mouffette.
Le verre coloré est une forme de protection contre les dommages causés par la
lumière. Plus le verre est opaque, mieux cela vaut : le vert c’est bien, mais l’ambre (le
brun), c’est mieux.
Alors pourquoi certaines bières en bouteilles transparentes, comme la Corona ou la
Miller High Life, ne prennent-elles pas une odeur de pourriture ? Parce qu’elles sont
brassées selon un processus particulier, en utilisant un extrait de houblon
chimiquement modifié qui ne contient pas d’isohumulones. Pas d’isohumulones, pas
de réaction à la lumière, pas d’odeur de mouffette !
On en ouvre une
Pour évaluer la bière que vous venez d’acheter, il s’agit tout d’abord de décapsuler la
bouteille. La bouteille a-t-elle émis un sifflement rapide et sain ? A-t-elle libéré de la
carbonatation comme le Vésuve, ou pas du tout ? À moins que la bouteille ait
séjourné au chaud ou que vous l’ayez bien secouée juste avant de l’ouvrir, des
effluves qui jaillissent du goulot sont le signe d’une fermentation sauvage potentielle
dans la bouteille : ce n’est pas une bonne chose, mais ce n’est rien qui puisse vous
être fatal. Vous pouvez vérifier cela en reniflant rapidement, ou en goûtant tout de
suite la bière. Un goût ou un arôme de vinaigre est généralement le signe fiable d’une
fermentation sauvage, mais c’est une chose rare lorsque la bière a subi une
fermentation maîtrisée. Gardez à l’esprit que certains styles de bière sont censés avoir
un goût acide et que certaines bières sont naturellement plus gazeuses que d’autres.
Ne jugez donc pas trop vite.
Si vous n’obtenez pas le pétillement habituel, soit la bière a été mal gazéifiée à la
brasserie (très peu probable), soit la capsule avait une fuite qui a permis à la
carbonatation de s’échapper. Ce genre de problème n’arrive pratiquement jamais avec
les bières de marque bien connues et ne concerne généralement que les produits des
petites brasseries.
Chapitre 10
Le carnaval des étiquettes et la jungle du
marketing
l n’est pas toujours facile de faire un choix éclairé quand on achète de la bière. La
I réglementation et la licence poétique du brasseur ne concourent pas toujours à
assurer la clarté de l’étiquetage et de la publicité de la bière. Il est parfois difficile de
savoir précisément ce que l’on achète ou ce que l’on paye en plus.
Les précisions données par le brasseur sont généralement évidentes (elles concernent
le goût, ce qui est utile, ou bien les ingrédients et les processus de brassage, des
informations qui ne sont généralement pas pertinentes pour le consommateur moyen).
Les mots malté et houblonné peuvent vous donner une bonne idée du goût, mais une
liste des malts ou des houblons spécifiques ne signifie pas grand-chose pour la plupart
des gens, même si elle est appétissante et intéressante, voire éducative. D’autres
informations, comme la finesse des grains, prêtent parfois à confusion. Est-ce que
tout cela rend la bière meilleure ? L’amateur de bière est-il censé comprendre ces
termes et faire un choix en fonction de ces informations ? La plupart du temps, la
réponse est non. Ce qui ne figure pas sur l’étiquette est plus préoccupant et soulève
encore plus de questions dans l’esprit du consommateur averti. Ce chapitre vous
donne un aperçu de l’étiquetage et du marketing de la bière afin que vous puissiez
consommer en toute confiance.
Comprendre la réglementation
En France, les brasseries sont supervisées par les services de douanes (qui perçoivent
les taxes spécifiques à la production d’alcool) et les services de répression des fraudes
et de la consommation. Depuis 2014, un règlement européen sur l’information des
consommateurs est venu préciser les informations obligatoires sur les étiquettes de
bières. Il complète le « décret bière », dont la dernière version date de 2017, et qui
définit notre breuvage favori.
Le « décret bière » définit celle-ci comme une boisson obtenue par fermentation
alcoolique d’un moût préparé à partir de malts de céréales, de houblon, d’eau potable
et de levure. Les malts (quelles que soient les céréales utilisées pour les fabriquer)
doivent représenter au moins 50 % des matières amylacées (contenant de l’amidon) et
sucrées nécessaires à la fermentation.
Les dernières évolutions de ce décret sont venues autoriser, tout en les limitant,
l’ajout de fruits, fleurs, plantes, et ont créé la dénomination « pure malt » pour les
bières comprenant 100 % de malts.
Vous pourrez en faire certaines déductions à la lecture des publicités qui abondent sur
la bière. Lorsque la mention « bière » n’est pas mentionnée, comme c’est le cas sur
certaines boissons mixtes contenant de la bière (avec fruits, alcools forts,
limonades…) proposées par les industriels de la bière, c’est tout simplement qu’elle
n’en contient pas suffisamment.
De même, hormis les brasseries artisanales qui utilisent rarement autre chose que du
véritable malt, il est courant que certaines grosses brasseries industrielles ajoutent
d’autres éléments apportant l’amidon et les sucres à moindre coût (riz, farine de
maïs), dans une teneur de 49 % au maximum pour fabriquer des bières à moindre coût
(et moindre goût…).
Dans certains pays d’Europe, la teneur en alcool est habituellement indiquée par un
chiffre ou par un terme consacré. En Allemagne, les étiquettes des bouteilles de bière
mentionnent généralement une des trois désignations légales suivantes : schankbier
(bière légère), vollbier (bière moyenne) ou starkbier (bière forte). La Belgique utilise
quatre catégories, de la Catégorie III (bières les moins fortes) aux Catégories II et I,
puis à la Catégorie S (strong) pour les bières les plus fortes.
Si vous voulez connaître les détails du brassage et certaines caractéristiques d’une
bière en particulier, vous pouvez lire de bonnes critiques sur Internet (pour des
suggestions de sites Web, voir chapitre 18), ou consulter l’annexe A pour obtenir des
informations sur la teneur en alcool de diverses bières.
Les méga-brasseries ne sont pas les seules à faire preuve de légèreté en matière de
publicité et d’étiquettes : de nombreuses étiquettes de bières artisanales vantent la
variété de houblon ou l’eau utilisée (pouvez-vous imaginer qu’on vous dise quel type
de maïs a été utilisé dans vos corn-flakes ?). Ce genre de détail compte pour les
brasseurs, mais pour le reste d’entre nous, c’est surtout du battage médiatique. Ce qui
importe réellement, c’est la façon dont tous les ingrédients sont assemblés et le
résultat obtenu. Ce qui compte, les gars, c’est la bière. Vous pouvez ignorer le reste.
Au Royaume-Uni, les grands brasseurs promeuvent la bière nitrokeg (une bière en fût
filtrée, pasteurisée, gazéifiée artificiellement et pressurisée avec un mélange d’azote
et de dioxyde de carbone), qu’ils font passer pour une ale conditionnée en fût et
naturellement gazéifiée, non filtrée, non pasteurisée et pompée à la main (de telles
bières sont plus coûteuses). Les brasseurs fournissent même de fausses pompes à
main. Les traditionalistes protestent avec véhémence.
Ce qu’il en est vraiment du brassage sous
contrat
Les petites brasseries (en France, celles qui produisent moins de 200 000 hectolitres
par an) sont en train d’accaparer le marché de l’image de la bière gastronomique : la
plupart de ces bières se vendent plus cher parce que les consommateurs les
considèrent comme supérieures, en grande partie en raison de leur fraîcheur, sachant
qu’elles viennent d’être fabriquées localement et en petites quantités. Les
consommateurs sont également prêts à payer plus cher une bière certifiée petite et
fabriquée de façon artisanale, comme le pain artisanal ou les meubles artisanaux.
Certaines bières ne sont pas brassées directement par le brasseur à l’origine de la
recette, mais sont brassées sous contrat dans des volumes plus importants que ce
qu’une petite brasserie locale pourrait gérer. Les brasseurs sous contrat font appel à
des brasseries régionales sous-utilisées mais bien équipées pour produire leur propre
recette de bière, avec leurs propres ingrédients et leurs propres formules. En France,
cette pratique commence à être de plus en plus contrôlée afin de ne pas tromper le
consommateur sur le lieu et les conditions de fabrication. L’étiquette doit préciser le
lieu de fabrication et de conditionnement.
Certaines brasseries artisanales françaises ont développé ces dernières années des
bières, notamment des bières très houblonnées de style IPA, qui connaissent un grand
succès et sont très recherchées auprès des réseaux de distributions, commerces et
bars. Plutôt que de passer par un brassage sous contrat, en faisant appel à un brasseur
de taille plus importante, elles sont créées par de nouvelles installations de brassages
dans d’autres régions, afin de pouvoir proposer au plus près du lieu de fabrication leur
gamme de bière. Certaines mégabrasseries disposent de plusieurs usines en France,
comme Heineken et ses trois usines françaises, brassant sous contrat pour plusieurs
marques de bières.
Votre bière pleine de caractère, avec son étiquette artistique et son nom accrocheur
suggérant la bonne chose fabriquée maison et la fraîcheur locale, n’est peut-être pas
produite à proximité par des génies de la bière merveilleusement talentueux utilisant
un matériel fait maison : en réalité, elle peut très bien être produite sur un site
industriel à des centaines de kilomètres, financée par du capital-risque et promue par
un marketing de premier ordre. Toutefois, si la bière a bon goût, ne vous inquiétez
pas ! Le goût – et votre satisfaction –, voilà tout ce qui compte vraiment.
Chapitre 11
Servir la bière
ervir une bière à quelqu’un est un geste simple qui n’a pas besoin d’être fait avec
S panache, mais d’un autre côté, on ne devrait pas se contenter de glisser une
canette glacée d’Euro Pils sur le bar ou sur la table de la cuisine.
Si vous aimez la bonne bière, vous aimez la déguster correctement, et pour la goûter
correctement, vous devez faire attention au verre que vous utilisez, à la façon dont
vous versez la bière et à la façon dont vous nettoyez et rangez le verre lorsque vous
avez fini de l’utiliser. Dans ce chapitre, vous allez découvrir tous ces aspects du
service de la bière. Vous assurer que la bière que vous servez est aussi bonne que
possible, pour vous et vos invités, ne demande qu’un petit effort. Ce petit effort, je
sais que les brasseurs l’apprécient, et vous aussi.
Tableau 11-1 Les bons verres pour une sélection de styles de bière.
Type de verre Bière
Verre tulipe Bières fortes, comme les ales belges
Verre à pinte simple Ales légères et ales brunes, porters, stouts
Petit verre à cognac, ou même, verre Barley Wine riches et alcoolisés, Old Ales et Imperial Stouts
à cordial
Flûtes Certaines bières trappistes et aromatisées, bières d’abbaye et bières
fruitées belges
Verres hauts et étroits Bières légères, gazeuses et aromatisées comme les Pilsner et les
Witbiers
Verres hauts et larges Bières de blé
Coupes larges Bières aromatisées comme la Berliner Weisse
Figure 11-1 Une vaste gamme de verres vous permet de choisir celui qui convient à un style de bière
particulier.
• Le verre à bière Stiefel : Le Stiefel est un verre en forme de botte (figure 11-
2). Sa taille peut varier, mais sa contenance est le plus souvent comprise
entre 2,3 et 2,9 litres. Il est prisé dans les groupes de jeunes buveurs, car il est
destiné à la consommation collective (et celui qui boit la dernière gorgée achète
le tour suivant). Boire dans une botte remplie de bière pose un problème
similaire à celui d’un verre d’un mètre. La solution ? Boire avec la pointe à la
verticale.
• Le verre Kwak : Autre curiosité dans la verrerie, le verre Kwak est
spécialement conçu pour une seule marque. Le brasseur belge de la Kwak, une
bière sombre et riche en herbes, encourage les propriétaires de bar à servir cette
bière dans le célèbre verre Kwak. Ce verre mesure une trentaine de centimètres
de haut et tient à la fois du verre à bière Weizen et du yard glass (voir la figure 1
1-2). En raison de sa forme et de sa taille, le verre Kwak ne peut pas tenir
debout sans son propre cadre en bois de soutien. Ensemble, le verre et le cadre
représentent un investissement équitable de la part du brasseur.
Figure 11-2 De gauche à droite : le yard glass et son support, le Stiefel en forme de botte et le Kwak
maintenu par un cadre en bois.
Afin d’éviter que leurs clients ajoutent le verre Kwak à leurs collections personnelles,
de nombreux barmans belges exigent l’une des chaussures du client comme dépôt de
garantie sur le verre.
La ligne de Plimsoll
Les intérêts des consommateurs de bière sont protégés dans de nombreux pays,
où il est exigé que les verres à bière soient munis d’une marque de mesure
appelée ligne de Plimsoll (du nom de Samuel Plimsoll, qui a inventé la façon de
marquer les lignes de profondeur de coque sur la proue des navires). Cette ligne
permet aux clients de vérifier qu’ils obtiennent le bon volume de bière. Les buveurs
des pubs anglais doivent savoir que le gouvernement britannique a depuis
longtemps pris ses distances avec l’application de cette loi.
Verser la bière
Bien qu’il soit courant de boire de la bière dans une canette, boire directement à la
bouteille est à peu près aussi chic que de porter à la bouche une bouteille de vin. Ne la
buvez pas au goulot : versez-la !
Pouvez-vous croire que vous être en train de lire dans un livre la façon dont vous
devez verser une bière ? Ne riez pas, vous allez découvrir quelque chose de nouveau
dans les sections suivantes, c’est promis. La vie est pleine de surprises.
• La plupart des lagers de qualité supérieure doivent être servies entre 6 et 9 oC,
et les ales entre 7 et 12 oC.
• Servez les stouts authentiques à pas moins de 13 oC, la température de cave en
Grande-Bretagne.
• Pour les Barley Wine à gravité élevée, les Old Ales et les stouts vieillies en fût,
il convient de les servir très légèrement frappés ou à température ambiante,
comme un verre de cognac.
Les bières sont la plupart du temps servies beaucoup trop froides pour pouvoir être
appréciées comme il se doit. En fait, une température glaciale ruine la saveur d’une
bonne bière. Les réfrigérateurs sont généralement réglés pour conserver les aliments
et les boissons au frais à 4 oC environ, mais servir des bières à cette température
présente plusieurs inconvénients :
• Plus la bière est froide, moins elle libère de carbonatation ; et moins la bière
libère de carbonatation, moins elle livre son arôme.
• Votre palais est engourdi au point de ne plus pouvoir discerner les nuances de
saveur de la bière (ce qui explique qu’il vaille mieux servir certaines bières juste
au-dessus de leur point de congélation !). Pourquoi vous embêter à boire une
bière si vous ne pouvez pas la savourer ? Autant boire un vulgaire soda.
Basses températures = moins de carbonatation = moins d’arôme = moins de goût = à
quoi bon ? Réservez les températures vraiment basses à une pils de marque de grande
distribution, le genre de bière qu’on avale d’un trait quand on vient de tondre la
pelouse (le goût ? on s’en balance !).
• Les bières de blé et les bières en bouteille à bouchon : Soyez un peu moins
vigoureux lorsque vous versez ces types de bières, car elles ont tendance à
former une mousse plus importante que la normale. Une mousse appropriée doit
avoir au moins 2,5 cm d’épaisseur, soit deux doigts de profondeur (ces deux
mêmes doigts sont également utiles pour mesurer les shots de tequila, mais c’est
une autre histoire et ce sera pour une autre fois).
• Les bières conditionnées en bouteille : Vous voudrez peut-être verser ces
bières de manière à laisser les derniers millimètres de lie dans la bouteille. Il n’y
a absolument rien de mal à boire les sédiments de levure déposés, si ce n’est
que cela peut provoquer des flatulences excessives : la levure vivante poursuit le
processus de fermentation dans votre système digestif ! De plus, tout le monde
n’est pas friand de ce goût concentré de levure, même si certains amateurs de
bière ne jurent que par lui. Il est vrai que certaines personnes aiment aussi les
anchois.
• Les Pale Lagers : Des bières comme la Budweiser et la Heineken doivent être
versées de préférence lentement le long de la paroi d’un verre incliné, faute de
quoi le verre se remplira de mousse. Sachant que ces bières contiennent peu de
protéines, cette importante mousse se dissipe vite. La formation d’une mousse
importante ralentit inutilement le transvasement de la bière (sans compter le
risque de renverser de la bière sur la table).
Chapitre 12
Éduquer ses papilles : goûter et
apprécier
ous avez déjà goûté de la bière. Vous vous demandez ce qu’il peut y avoir de
V compliqué dans une dégustation de bière ? Vous ouvrez la bière, la versez dans un
verre (ou pas), la portez à vos lèvres, sirotez, avalez, et le tour est joué, n’est-ce
pas ?
• Lorsque la bière est versée, une mousse doit à la fois se former et tenir (avec
certains styles plus que d’autres, bien sûr), cette dernière qualité étant aussi
importante que la première.
• Les bulles doivent être petites et former rapidement une mousse serrée.
• La mousse de la bière peut également prendre un aspect instable, si
suffisamment de protéines (issues du grain) sont présentes.
Si aucune mousse ne se forme, c’est que la bière est mal gazéifiée ou qu’elle a été
versée dans un récipient sale.
Si les bulles de bière qui se forment collent aux parois de votre verre à bière et
n’atteignent pas la surface, votre verre est probablement poussiéreux ou sale.
Consultez la section du chapitre 11 consacrée au nettoyage des verres à bière.
Si une mousse se forme mais se dissipe en grosses bulles d’apparence savonneuse, il
est probable qu’un stabilisateur de mousse ait été ajouté à la bière (certains
stabilisateurs de mousse sont fabriqués à partir d’un dérivé d’algues). La plupart des
grandes brasseries utilisent des stabilisateurs de mousse : un mal nécessaire, compte
tenu du processus de clarification. Les microfiltres éliminent également toutes les
protéines coagulantes de la mousse. Les meilleures bières à base de malt produisent
des petites bulles et des mousses denses et crémeuses.
Enfin, il doit rester au moins une partie de la mousse au-dessus de la bière jusqu’à ce
que le verre soit vide. En cours de route, une partie des résidus de la mousse devrait
laisser sur les parois du verre ce qu’on appelle communément la dentelle belge.
Normalement, les saveurs acides sont considérées comme un défaut de la bière, mais
pour plusieurs bières belges bien connues, l’acidité est en fait un prérequis, comme
c’est le cas pour quelques bières étranges (pour en savoir plus sur les bières acides,
consultez le chapitre 6 et l’annexe A). Une lager ne doit certainement pas être acide.
D’autres saveurs que vous pouvez rencontrer sont les odeurs de levure ou de pain des
bières conditionnées en bouteille (voir chapitre 3) et les saveurs vineuses ou
alcoolisées des bières plus fortes. Après avoir affiné les différentes saveurs, essayez
d’évaluer leur intensité. La plupart des styles de bière partagent des saveurs
communes, mais l’intensité est différente pour chaque style de bière (voir chapitre 4).
Hou, Mamie !
Jusqu’à une époque assez récente, les quatre saveurs primaires – le sucré, l’acide,
le salé et l’amer – étaient considérées comme les seuls goûts détectables par la
langue humaine. Or, aucune de ces saveurs primaires ne peut être reproduite en
mélangeant les autres. Cependant, on sait maintenant qu’il existe en réalité une
cinquième saveur de base appelée l’umami.
Lorsque nous mangeons, que nous en ayons ou non conscience, nous utilisons la
plupart de nos sens (la vue, l’odorat, le goût et le toucher) pour former des
jugements sur notre nourriture. Bien sûr, le goût est le plus influent des sens
lorsqu’il s’agit de déterminer à quel point un aliment est délicieux.
Maintenant, voici la partie technique : Umami est un mot japonais qui fait référence
à un goût salé savoureux donné par le glutamate (un type d’acide aminé) et les
ribonucléotides, naturellement présents dans de nombreux aliments : légumes,
poisson, viande et produits laitiers tels les fromages à pâte dure.
Le goût de l’umami est très subtil et se marie bien avec d’autres goûts pour élargir
et compléter les saveurs. La plupart des gens ne reconnaissent pas l’umami
lorsqu’ils le rencontrent, mais il joue un rôle important pour rendre les aliments
savoureux et agréables. C’est pourquoi je garde une bouteille d’umami dans mon
garde-manger juste à côté de l’huile d’olive et du vinaigre de xérès (je plaisante,
bien sûr).
Des adjectifs très parlants comme faible, voluptueux, massif, robuste et moelleux, sont
efficaces pour faire passer le message. De toute évidence, tout comme pour les
personnes, un type de corps n’est pas nécessairement meilleur qu’un autre : s’il
n’existait pas des personnes minces, des personnes fortes et beaucoup de monde
réparti entre les deux extrêmes, le monde serait moins riche.
Gagnez des amis et influencez les gens en utilisant certains autres termes utilisés par
les pros, comme astringent, croquant, plat, plein, gazeux, léger, tranchant, lisse, fin,
épais, vineux, visqueux ou aqueux. Ouf !
Chapitre 13
Accompagner son repas avec de la bière
ertaines bières vont avec certains plats… comme un gant : la bière et le plat sont
C faits l’un pour l’autre. Toutefois, contrairement aux gants (ou aux mains), la bière
est faite pour être consommée. Dans ce chapitre, vous vous embarquez dans un
nouveau cours culinaire dont l’objet est d’associer la bière à la nourriture. Alors, que
l’aventure commence !
Il a peut-être fallu une éternité aux restaurateurs, aux gourmands et aux artistes
culinaires pour s’adapter au concept d’accord entre bière et mets, mais maintenant
qu’ils ont franchi ce pas, c’est recherché. Et pourquoi pas ? La bière est considérée
comme la boisson la plus populaire au monde, et la bière artisanale est de plus en plus
populaire. Je suis heureux de pouvoir enfin annoncer que les perspectives, pour les
buveurs de bière, sont prometteuses. Grâce à l’enthousiasme des brasseurs, des
restaurateurs et des consommateurs de bières artisanales savoureuses, la bière a repris
sa juste place sur nos tables.
Dans les sections suivantes, je donne quelques conseils généraux sur la substitution
de la bière au vin, sur l’association de la bière avec différents aliments et sur le
nombre de bières qu’il convient de servir au cours d’un repas.
Une bonne bière artisanale peut être beaucoup plus intéressante que le vin : elle est
fraîche et rafraîchissante et, selon le style, elle peut être beaucoup plus riche, plus
complexe et plus savoureuse que le vin. De plus, si vous avez le budget et les moyens
d’une personne moyenne, vous constaterez que la dégustation de plusieurs bières
différentes au cours d’un repas est préférable à la dégustation de plusieurs vins
différents.
Trouver des lignes directrices
Dans le monde parfois déroutant du vin et de la nourriture, même les néophytes
peuvent se référer au vieil axiome viande rouge-vin rouge. En revanche, les buveurs
de bière n’ont pas de ligne directrice ni d’axiome sur lesquels s’appuyer, car il n’en
existe pas, et peu de gens maîtrisent suffisamment les différents styles de bière et les
différents profils de saveurs pour pouvoir facilement faire des choix.
En réalité, vous risquerez peu de vous tromper en associant une bière à un plat. Ce qui
est intéressant, c’est d’essayer de faire mieux que de ne pas se tromper.
En théorie, à chaque type de nourriture correspond une bière appropriée. La beauté de
la bière réside dans sa polyvalence. Vous pouvez généralement trouver un style de
bière qui correspondra naturellement à un aliment donné. La bière est même mieux
assortie que le vin avec certains plats, notamment les plats particulièrement épicés ou
aigres, et les bières légèrement acides excellent à mettre en valeur les aliments riches.
En général, les gens aiment avoir des directives à suivre. Aussi, dans les sections
suivantes, j’énumère les principales directives concernant la bière. Mais s’il vous
plaît, ne les suivez pas servilement. Par souci de simplicité, j’ai pris l’exemple du vin
pour décrire les deux principales catégories de bières et la manière de les associer à
des aliments particuliers.
Gardez à l’esprit qu’il s’agit de règles générales : il existe des lagers brunes et
corsées, tout aussi sûrement qu’il existe des ales légères et douces.
La prochaine fois que vous êtes sur le point de vous servir du vin par habitude,
pourquoi ne pas boire plutôt de la bière ? Le tableau 13-1 vous donne quelques
bonnes idées (pour une introduction aux types de bière mentionnés, reportez-vous au
chapitre 4).
Gardez à l’esprit que ces substitutions suggérées doivent être envisagées non pas en
termes de goût, mais en termes de style. En d’autres termes, ne vous attendez pas à ce
que l’Imperial Stout ait le goût d’un porto : elle sert simplement le même objectif
agréable qu’une libation riche et fougueuse après le dîner.
Munich Dunkel ou
Pumpernickel ou pain de seigle et beurre Schwarzbier
Saucisses Bock ou Märzenbier/
Oktoberfest
Pizza Vienna/Amber Lager
Le tableau 13-2 est uniquement destiné à vous donner quelques idées d’accords entre
la bière et la nourriture. La gamme de styles allant du clair au foncé, du sec au sucré
et du doux au robuste, il existe un nombre illimité de combinaisons culinaires et cela
laisse beaucoup de place à l’expérimentation.
Quant aux plats spécifiques qui vont bien avec de la bière, ou qui vont mieux avec de
la bière qu’avec du vin, consultez l’ouvrage The Beerbistro Cookbook, coécrit par
Stephen Beaumont et Brian Morin (Key Porter Books), qui est consacré à ce sujet
délicieux. En France, d’excellentes revues, telles « Bière & Mets » fourmillent de
bonnes idées et adresses pour aller plus loin.
Compensation, contraste et
complémentarité entre les saveurs
Entre la bière et la nourriture, on peut apprécier les saveurs complémentaires, mais les
saveurs contrastées ne sont pas nécessairement une mauvaise chose. Une bière acide
comme la Berliner Weisse servie avec une salade garnie de vinaigre et d’huile, ce
sont des saveurs complémentaires, tandis qu’une Witbier belge fruitée servie avec
cette même salade apporte une saveur contrastée. Les deux options peuvent
fonctionner aussi bien : c’est juste une question de préférence. L’expérimentation,
c’est la moitié du plaisir !
La bière sert aussi à contraster les saveurs. Les bières très houblonnées, par exemple,
aident à équilibrer le gras des viandes, comme le canard ou l’agneau, tandis que les
bières blondes et pétillantes sont efficaces pour compenser l’effet des piments forts et
le piquant excessif.
Avec des plats épicés, plutôt que d’essayer d’éteindre les flammes en vous rinçant la
bouche avec tout ce qui est froid et humide, optez pour une lager crémeuse, maltée et
moyennement corsée et ne vous la servez pas glacée. Pour atténuer la chaleur des
épices, il vous faut des bières plus douces, et non plus sèches : l’alcool
supplémentaire que contiennent les bières plus fortes agit également contre la chaleur.
L’eau n’est pas le meilleur moyen d’éteindre le feu sur la langue.
Lors de la préparation des repas, les grands cuisiniers essaient d’impliquer autant que
possible les quatre récepteurs de saveur de la langue humaine (sucré, salé, acide et
amer), ce qui rend le repas plus complet et plus attrayant. Cependant, si l’une de ces
saveurs domine complètement ou fait défaut, l’équilibre du repas s’en ressent. Ce que
la bière apporte à la table du dîner, c’est principalement le sucré et l’amer : vous
pouvez donc faire des choix en conséquence.
En apéritif
Les bières légèrement ou moyennement corsées, acidulées et bien houblonnées
(amères) font de bonnes boissons avant le dîner car elles aiguisent l’appétit. En voici
quelques exemples :
• Une Pilsner sèche et bien houblonnée (l’équivalent en bière d’un vin blanc sec
passe-partout comme le chardonnay).
• Berliner Weisse.
• California Common Beer (Steam Beer).
• India Pale Ale.
• American Pale Ales.
• Gueuze ou Lambic (les bières fruitées comme la Kriek ou la Framboise ne
conviennent que si l’on aime le jus de fruit en guise d’apéritif).
• Rouge des Flandres.
En digestif
Les bières postprandiales, ou d’après-dîner, doivent être légèrement gazeuses et
légèrement à moyennement corsées. En voici quelques exemples :
• Brown Ale/English Mild Ale.
• British Bitters.
• Kölsch.
• Flanders Oud Bruin/Brown Ale
Réduire la chaleur
La bière est une formidable boisson complémentaire à d’autres boissons.
Malheureusement, comme elle chasse le goût de la vodka, du gin, de la tequila et
de diverses liqueurs, elle se retrouve rétrogradée au rôle de rinçage de la bouche
et de la gorge, pour réduire la chaleur de l’alcool distillé. La combinaison la plus
populaire est le chaudronnier (boilermaker) : un shot de whisky avec une bière.
Dans le cas du single malt écossais, cependant, une bière de qualité est plus une
boisson d’accompagnement qu’un vulgaire rinçage de bouche, et pour une bonne
raison : le whisky écossais commence comme une bière, sans amertume de
houblon, avec cette différence que le Scotch est distillé. La désignation single malt
fait référence au fait que le whisky écossais est composé à 100 % de malt d’orge et
qu’il est sans mélange, contrairement aux whiskies fabriqués aux États-Unis à
partir de grains considérés comme inférieurs pour la fabrication de la bière, comme
le maïs et le seigle.
DANS CE CHAPITRE
Utiliser la bière dans la cuisine
•
Impressionner ses amis avec des recettes à la bière éprouvées
Chapitre 14
Cuisiner avec la bière
a bière n’est pas seulement une excellente boisson au moment des repas, c’est
L aussi un ingrédient formidable, peu coûteux, pauvre en graisses, polyvalent et
facile à utiliser dans le processus de cuisson. Par rapport au vin, la bière arrive en
tête à plus d’un titre. La bière, c’est simple et c’est sympa, et c’est un ingrédient qui
ne contient ni graisse ni cholestérol. Ses calories proviennent surtout de l’alcool,
lequel est souvent cuit lorsque vous l’utilisez dans une recette, et c’est quelque chose
qui ne se produit pas avec la plupart des autres aliments.
En fait, le vin n’est plus la vedette en tant que boisson alcoolisée de choix ni en tant
qu’ingrédient alimentaire. Dans de nombreux cas, c’est la bière qui est le partenaire
alimentaire idéal. On peut même dire que la bière lui est intrinsèquement supérieure,
quoiqu’il ne soit pas indispensable de porter un jugement. Grâce à la large
disponibilité de bières artisanales savoureuses et de haute qualité, sans additifs ni
conservateurs, une nouvelle porte s’ouvre dans le domaine gustatif.
Dans ce chapitre, j’explique dans quels cas on peut utiliser de la bière dans une
recette et quels types de bière on peut utiliser. Je propose également plusieurs
délicieuses recettes à base de bière : profitez-en !
• La Pale Lager pour épaissir une pâte ; vous pouvez aussi l’utiliser à
concurrence de la moitié du liquide dans toute recette de pain et d’un cinquième
ou un quart du liquide dans une recette de soupe.
• Une ale ou une lager légère (et de l’eau) pour les moules à l’étuvée.
• Une Pale Lager mélangée avec de l’eau (et des épices) pour les crevettes à la
vapeur.
• Une lager légèrement ou moyennement corsée pour les marinades légères.
• Une lager ou une ale corsée pour les marinades au goût plus prononcé (comme
celles à la chinoise).
Une bonne nouvelle pour les végétariens : une bière savoureuse comme la Scottish
Ale fait merveille pour remplacer le bouillon de bœuf ou de poulet. Fabriquée avec
des grains, la bière présente naturellement une affinité avec les plats à base de
céréales.
Chaque fois que vous utilisez de la bière dans une recette, il faut que le plat cuise
assez longtemps pour qu’elle délivre sa saveur. Cette saveur dépend grandement de la
bière que vous utilisez mais également de ce que vous préparez.
Un exemple simple, pour commencer à cuisiner avec de la bière, est le poulet rôti :
versez simplement le contenu d’une bouteille d’une bière savoureuse comme la
Märzen ou une Brown Ale sous la grille de cuisson, de telle sorte qu’elle se mélange
avec le jus de la cuisson puis, une fois la cuisson terminée, ajoutez de la fécule de
maïs ou de la farine et de la bière fraîche pour obtenir une sauce merveilleuse et sans
grumeaux (le reste dépend de vous).
Ne présumez pas automatiquement que la bière est un ingrédient complémentaire
dans chaque recette. Après tout, des quatre saveurs de base (sucré, aigre, salé, amer),
la plupart des bières n’apportent que le sucré et l’amer. Il arrivera que la bière ne
fasse tout simplement pas l’affaire, généralement parce que son amertume ou sa
douceur naturelle se concentrent lors de la cuisson (normalement, le vin n’est pas
amer et les vins doux ne sont pas couramment utilisés pour la cuisine). Déterminez si
la douceur ou l’amertume concentrée de la bière peut nuire ou non au plat que vous
préparez.
Choisir la bière qui convient pour une
recette donnée
Compte tenu du large éventail de styles disponibles, vous devez choisir la bière que
vous pourrez utiliser dans une recette. Bien que les lagers du commerce de tous les
jours, au corps léger, conviennent généralement bien, elles n’ajoutent évidemment
pas autant de saveur que les autres styles de bière. Lorsque vous choisissez une bière
pour la cuisson, tenez compte des facteurs suivants :
• Sa couleur : Les bières brassées avec un pourcentage élevé de grains noirs,
comme la Stout et la Porter, sont susceptibles de transposer leur couleur à votre
repas, et ce ne serait pas une teinte appétissante pour les fettucine Alfredo, ni
pour les œufs brouillés.
• Le fait qu’elle soit plutôt douce (maltée) ou amère (houblonnée et
astringente, de par la céréale dont elle est faite) : Le malt est de loin la saveur
prédominante de la bière dans une recette donnée, mais l’amertume de la bière
peut facilement prendre le dessus, sachant qu’elle s’accentue avec la réduction
(c’est-à-dire la diminution de volume qu’entraîne l’ébullition). À un stade
ultérieur, ajoutez de la bière amère, ou si la bière cuit depuis un bon moment,
optez pour un style de bière plus malté. De façon générale, préférez une bière
douce à une bière au goût prononcé, et évitez les bières fortement houblonnées
comme le sont certaines Pale Ales ou India Pale Ales. Les bières plus sucrées et
plus lourdes doivent être réservées aux mélanges à dessert et aux glaçages.
Remarque : À mesure que l’eau et l’alcool s’évaporent, les saveurs douces et
amères de la bière s’intensifient.
• Les saveurs inhabituelles : Gardez à l’esprit qu’on a aujourd’hui le choix
entre divers styles de bière, souvent avec des saveurs qui ne sont pas
traditionnellement associées à la bière. Vous pouvez trouver des bières fruitées,
des bières chocolatées, des bières aigres et des bières fumées. Ce n’est pas que
ces bières ne présentent pas beaucoup de possibilités culinaires à part entière,
mais elles ne sont tout simplement pas destinées à être utilisées dans des
recettes de cuisine.
À moins que vous ne connaissiez bien les styles de bière et que vous sachiez à quoi
vous attendre de chacun, vous trouverez la Munich Helles, pâle mais savoureuse (une
lager pâle de style Munich), bien adaptée à l’utilisation d’un mélange en cuisine.
Méfiez-vous des nombreuses recettes qui circulent et qui mentionnent simplement la
bière comme ingrédient, sans spécifier de marque ni de style particulier (consultez le
chapitre 4 pour plus d’informations sur les styles de bière). Cette généralisation est le
signe d’une mentalité simpliste et mal informée selon laquelle « une bière est une
bière ». Un auteur de recettes demanderait-il simplement des légumes sans préciser
lesquels, ou de la viande sans préciser laquelle ? Étant donné la grande diversité de
bières qui existe aujourd’hui, en n’utilisant pas le style de bière approprié on
risquerait de préparer un repas désastreux. D’un autre côté, si l’auteur de la recette
imprécise est américain, vous pouvez supposer qu’une lager pâle est le style souhaité.
Si vous voulez aller plus loin dans la cuisine avec de la bière, de nombreux magazines
dédiés à la bière proposent généralement une recette ou deux dans chaque numéro, et
de nombreux livres sur la bière en proposent davantage encore.
Chapitre 15
Le tourisme des bières en Amérique du
Nord
ême si les origines de la bière sont résolument européennes, les aventuriers
M américains et canadiens n’ont pas besoin d’aller très loin pour satisfaire leur
curiosité. En Amérique du Nord, il y a de quoi faire dans les brasseries, les
festivals de la bière et les musées de la brasserie. Et parce que la plupart des bières
des microbrasseries et des brewpubs ne sont pas distribuées à l’échelle nationale, le
tourisme de la bière aux États-Unis, au Canada et même au Mexique peut offrir de
grandes récompenses à chaque tournant, comme vous le découvrirez dans ce chapitre.
Vous parlez d’une gratification instantanée !
Avec plus de 7 000 brasseries artisanales et brewpubs aujourd’hui en activité aux
États-Unis et au Canada, on peut trouver de la bonne bière un peu partout, même si
elle est bien plus abondante dans les grandes agglomérations. La bière n’y est
généralement pas une spécialité régionale comme en Allemagne ou en Belgique (voir
chapitre 16), mais il est au moins une région qui mérite une mention spéciale : la côte
pacifique nord-ouest – le nirvana de la bière, la terre promise pour les aventuriers
nord-américains de la bière – avec ses magnifiques pubs, ses microbrasseries et ses
brasseurs innovants. C’est là que sont cultivés quelque 30 % des houblons du monde
entier, ainsi que 30 000 tonnes d’orge par an.
Renaissance ou révolution ?
Avons-nous vécu une renaissance ou une révolution dans l’industrie brassicole ? La
réponse est oui. Les experts en bière ont utilisé alternativement les deux termes et,
honnêtement, les deux sont appropriés. Nous avons vécu à la fois un revirement et un
grand changement dans les manières de faire au sein de l’industrie brassicole, y
compris aux États-Unis. Par ailleurs, nous sommes toujours au milieu d’une
renaissance des anciens styles et méthodes de production de bière. Tant que rien n’est
renversé par la violence et que l’on ne revient pas au XVe siècle, la révolution et la
renaissance sont de bonnes choses.
En parlant de révolution : juste pour vous amuser, intéressez-vous à la Revolution
Brewing Company de Chicago (www.revbrew.com), et si vous êtes de passage à
Chicago, arrêtez-vous au Haymarket Pub & Brewery (www.haymarketbrewing. com)
près du site des émeutes de Haymarket Square en 1886.
Bien que la partie révolution de cette nouvelle expérience de la bière nord-américaine
soit terminée, la partie renaissance est toujours en cours, depuis plus de quatre
décennies (ce qui n’est rien : en Europe, la Renaissance a duré près de trois siècles !).
Même si le nombre de brasseries artisanales continue d’augmenter en Amérique du
Nord, il reste toujours de la place. Tant qu’il existe une ville qui n’a pas encore sa
propre taverne et qu’il reste un buveur de bière non converti, il y a de la place pour
plus de brasseries et plus de bière.
Ô Canada
Les racines brassicoles du Canada sont à peu près aussi anciennes et aussi bien
établies que celles des États-Unis. En fait, l’histoire du Canada, pour une grande part,
est étroitement liée à l’histoire américaine car le Grand Nord blanc a été découvert et
colonisé par les mêmes personnes au même moment. Il va de soi que l’histoire du
brassage suit une chronologie similaire dans les deux pays.
L’Anglais John Molson a été le premier à fonder une brasserie au Canada en 1786,
ironiquement au Québec, une province viticole dominée par les Français. L’Irlandais
Eugene O’Keefe l’a suivi en 1862 et a ensuite fait fusionner son entreprise avec la
brasserie de Thomas Carling. John LaBatt s’est fait un nom en acquérant la brasserie
qui a été vendue à son père en 1866. Tous ces noms emblématiques sont vénérés par
les buveurs de bière canadiens (mais quel était donc le prénom de ce type de
Moosehead ?) Pratiquement inconnues des Américains qui se sont toujours limités
aux Golden Lagers et aux Pale Ales canadiennes, les méga-brasseries populaires du
pays à la feuille d’érable comme Molson, O’Keefe, Carling et Labatt produisent une
assez grande variété de marques et de styles de bière que les Canadiens gardent pour
eux. En fait, la Molson Porter a été pour moi une révélation en 1982, et c’est là
l’origine de mon intérêt pour la bonne bière.
Quoi qu’il en soit, à l’image du mouvement de la bière artisanale aux États-Unis, les
brasseurs artisanaux canadiens ont produit les mêmes bières de haute qualité dans la
même grande variété de styles. Certaines marques emballées de premier plan, à
rechercher au nord de la frontière, sont les suivantes :
• Amsterdam, Toronto, Ontario.
• Brasserie McAuslan (St. Ambroise), Montréal, Québec.
• Brick Brewery, Waterloo, Ontario.
• Granite Brewery, Halifax, Nova Scotia.
• Granville Island Brewing, Vancouver, Colombie-Britannique.
• Okanagan Spring, Vernon, Colombie-Britannique.
• Sleeman Brewing & Malting, Guelph, Ontario.
• Unibroue, Chambly, Québec.
Les plus grandes villes du Canada abritent aussi d’excellents pubs réputés pour leur
bière, en particulier :
Les brewpubs
Un des meilleurs endroits pour déguster différentes bières en Amérique du Nord est le
brewpub : c’est un pub, et généralement un restaurant, qui sert sa propre bière
fabriquée dans une petite brasserie sur place, un peu comme un restaurant avec sa
propre boulangerie.
Par définition, un brewpub ne vend pas plus de 50 % de sa bière à l’extérieur – et la
plupart des brewpubs ne vendent rien à l’extérieur – bien que l’on puisse
généralement la transvaser dans de petits fûts et dans des growlers (pour en savoir
plus sur ces conteneurs, voir chapitre 9). Les brasseries sont de toutes tailles, il peut
s’agir du passe-temps d’un aubergiste avec une production annuelle de quelques
centaines de fûts comme il peut s’agir d’énormes entreprises commerciales brassant
plusieurs milliers de fûts par an.
Même avec les quelque 3 000 brewpubs actuellement en activité aux États-Unis et de
nouvelles ouvertures ailleurs en Amérique du Nord et en Europe (en particulier au
Royaume-Uni, voir chapitre 16), la majorité des consommateurs ne disposent
toujours pas d’un brewpub à proximité de chez eux. Cependant, les brewpubs
apparaissent comme des champignons dans tous types d’endroits, en particulier dans
les zones urbaines mais aussi dans les lieux de villégiature et dans des zones
suburbaines et rurales. Même des chaînes de brewpubs sont apparues aux États-Unis
et au Royaume-Uni, bien que tout le monde ne soit pas convaincu que le brassage
artisanal puisse être franchisé.
La meilleure et la plus simple façon de trouver un brewpub est d’utiliser votre moteur
de recherche internet préféré. Si cela ne fonctionne pas, consultez les sites Web
dédiés à la bière répertoriés au chapitre 18.
Les amateurs de bière chérissent les brewpubs pour un certain nombre de bonnes
raisons, notamment les suivantes :
• La bière fraîche : La bière d’un brewpub est un produit frais (les brewpubs
font valoir que si la bière des méga-brasseries peut parcourir des centaines de
kilomètres avant d’atteindre votre verre, leur propre bière ne parcourt que
quelques mètres, des réservoirs de service aux pompes à bière). La fraîcheur est
primordiale pour préserver la saveur de la bière.
• La variété : Les brewpubs proposent différents styles de bière, une ou deux
bières spéciales de saison et une ou deux bières de style exotique, normalement
sur une période de temps limitée (pour vous inciter à revenir régulièrement voir
quelle nouveauté ils vous proposent). Les brasseurs aiment tester l’étendue de
leurs compétences autant qu’ils aiment faire plaisir à votre palais. Des bières
importées ou invitées sont souvent présentées aux côtés des bières maison, juste
pour le plaisir. De nombreux établissements illustrent certaines de leurs bières
les plus populaires sur leurs sets de table afin que les clients les voient dès qu’ils
s’assoient (la figure 15-2 en montre un exemple).
• Le savoir-faire en matière de service : Les brewpubs savent servir la bière.
Par exemple, aucun buveur de bière sérieux ne voudrait d’une chope givrée, et
on ne m’en a encore jamais servi une dans un brewpub. Ces établissements
servent généralement la bière à des températures appropriées et dans les verres
appropriés (à propos de la manière correcte de servir la bière, voir chapitre 11).
• Un apprentissage élémentaire : Les gens curieux peuvent voir le matériel de
brassage, et ils ont parfois la chance de pouvoir observer le maître brasseur au
travail et de poser des questions. Avec un peu de chance, vous pourrez peut-être
même faire un tour dans les installations. Ce qui est vraiment sympathique,
c’est lorsque le brasseur offre à un client particulièrement intéressé la possibilité
de passer une journée à travailler à ses côtés.
• Les travaux universitaires : les brasseries peuvent parrainer des séminaires de
week-end sur la bière et le brassage, ou bien, des clubs de dégustation. La
Goose Island Brewing Company, à Chicago, a été parmi les premières à le faire.
Cette entreprise propose son programme Master of Beer Appreciation (MBA),
qui encourage les clients à découvrir un programme de styles tout au long de
l’année et à gagner des points pour obtenir, par exemple, des T-shirts MBA et
de la bière gratuite (vous vous attendiez à du parchemin ?)
• L’esprit de camaraderie : C’est une chose que vous pouvez être sûr de
trouver dans les brasseries artisanales. Il ne s’agit pas de la camaraderie des
vestiaires des stades, à base de testostérone, mais de celle des amateurs de bière,
des passionnés du houblon, de la chope et de la mousse. Engager des
conversations sur la bière est assez facile dans ces endroits (et certains
propriétaires de brasseries artisanales sont d’anciens brasseurs amateurs). La
météo et les sports sont également au rendez-vous, bien sûr, mais la bière est le
sujet de prédilection.
• La nourriture : Mais oui, la nourriture. Les bons brewpubs aiment
généralement cuisiner des recettes qui mettent en vedette leurs bières, et ils sont
heureux de suggérer des accords de bière et de mets. Néanmoins, la nourriture
est secondaire par rapport à la bonne bière (dommage pour les rares brewpubs
qui servent de mauvaises bières). Lorsque la nourriture est imaginative et
excellente, l’expérience est vraiment heureuse (reportez-vous au
chapitre 13 pour plus de détails sur les repas avec de la bière, et au
chapitre 14 pour en savoir plus sur la cuisine à la bière).
Un bon brewpub se définit par une bonne bière, bien sûr, mais aussi par la preuve de
la passion du brasseur, voire de la révérence et du respect pour la bière. Ces qualités
font que le brasseur prend le temps de parler bière avec vous, de vous faire visiter la
brasserie et de former les serveurs. Les brasseurs doivent diriger leur brewpub avec
passion, sinon il s’agit juste d’un bar.
À faire
Voici ce qu’il faut faire quand on participe à une fête de la bière :
• Venir avec un conducteur désigné, qui ne boira pas, ou prévoir d’utiliser les
transports publics.
• Arriver tôt pour éviter la cohue. Quand il y a trop de monde, toute conversation
que vous essayez d’avoir avec un brasseur peut vite devenir impossible. Par
ailleurs, le stationnement pose moins de problèmes quand on arrive parmi les
premiers. Vous pouvez également avoir envie de repartir plus tôt, s’il y a des
problèmes de circulation.
• Vous procurer le programme, le garder sur vous et vous en servir. Les grands
festivals bien établis délivrent des programmes détaillés remplis d’informations
amusantes et éducatives qui peuvent être utiles pendant des mois après la date
du festival. De plus, il s’agit de suivre le calendrier des démonstrations et des
cours qui peuvent être proposés.
• Porter des chaussures confortables. Attendez-vous à marcher beaucoup et à
rester longtemps debout et aussi, à vous faire marcher sur les pieds. Les fêtes de
la bière ne sont pas précisément connues pour vous permettre de vous asseoir
dans des chaises longues.
• Vous habiller comme il convient, pour être protégé des éléments si la fête se
déroule en plein air.
• Apporter un petit sac à dos ou un grand sac banane s’ils sont autorisés. La
plupart des grands festivals en salle n’autorisent plus les sacs à dos.
• Apporter de l’eau potable. Trop souvent, les stations de rinçage du verre
manquent d’eau et les fontaines à eau sont difficiles à trouver ou attirent de
longues files d’attente. La chaleur, l’humidité et la consommation de bière ne
sont pas les meilleurs partenaires. La déshydratation est un problème à éviter. Et
puis, vous devez aussi vous rincer le palais, n’est-ce pas ?
• Apporter du pain, des bretzels, des crackers ou autres en-cas (évitez tout ce qui
est gras ou épicé, du moins, si vous prenez au sérieux la dégustation de bière).
• Avoir sur soi un stylo ou un crayon et un petit bloc de papier, et prendre des
notes (lisibles) sur les bières que vous goûtez. Vous serez surpris de
l’importance de ces notes, si elles sont bien prises, la prochaine fois que vous
vous rendrez dans votre magasin de bière ou à votre festival préféré. Vous serez
également surpris de voir tout ce que vous pouvez avoir oublié au bout de
quatre heures de dégustation de bière !
• Accepter tout ce qui vous est donné gratuitement. Tous ces boutons, ces pins,
ces sous-verre, ces posters et ces boîtes d’allumettes ne vous intéressent peut-
être pas, mais ils pourraient bien intéresser quelqu’un que vous connaissez.
À ne pas faire
Voici ce qu’il faut éviter de faire quand on participe à une fête de la bière :
• Ne laissez pas le mauvais temps vous empêcher d’aller à un festival de la bière
en plein air, à moins que le temps soit vraiment exécrable. La plupart des
festivals sont protégés des éléments sous de grandes tentes. Un peu de pluie
dans votre bière n’est pas un problème.
• N’allez pas à une fête de la bière l’estomac vide, sauf si vous êtes sûr que de la
nourriture y est servie. La plupart des festivals de bière proposent de la
nourriture, mais la qualité et la variété peuvent varier considérablement. Il
arrive aussi que tout y soit vendu incroyablement cher.
• N’emmenez pas d’enfants. Pour la sécurité de votre enfant comme pour votre
propre plaisir, trouvez-lui une autre sortie.
• N’achetez pas de livre ou autre objet lourd avant d’être prêt à partir, sinon vous
devrez le trimballer avec vous. Bien sûr, ces objets risquent aussi d’être vendus
d’ici là !
• Ne restez pas sur place une fois que vous avez reçu votre bière. Rien n’est plus
énervant que de devoir jouer des coudes pour aller chercher sa bière. Hâtez-
vous de laisser la place aux autres !
• Ne traînez pas toute la journée ou toute la soirée autour de la table ou du
comptoir qui sert votre bière préférée. Ayez de l’audace et faites votre
expérience : essayez ces bières que vous ne pourrez pas retrouver chez votre
commerçant habituel. Les festivals de la bière sont les meilleurs endroits pour
découvrir une grande variété de bières et de styles de bière inhabituels. Ne faites
pas d’un des stands votre taverne du coin.
• Ne faites pas de la dégustation de chaque bière du festival votre objectif. Dans
certains cas, c’est impossible, et la plupart du temps ce ne serait pas opportun
du tout.
• Ne prenez pas le volant après avoir bu de la bière tout l’après-midi ou toute la
soirée.
Chapitre 16
La bière en Europe, en Asie et partout
ailleurs
i vous faites partie des fans de la bière, vous aurez envie d’éprouver le frisson que
S procure la consommation d’une bière fraîche là où elle a toujours été la meilleure,
la plus aimée et la mieux servie. Oui, je parle bien de l’Europe (même si les États-
Unis ne sont pas vraiment à plaindre, comme le montre le chapitre 15). Bien que la
bière ne soit pas née en Europe, c’est là qu’elle a connu son essor et c’est grâce aux
brasseurs européens qu’elle est devenue la boisson la plus populaire au monde. Le
brassage commercial est une affaire sérieuse en Europe depuis le XIIe siècle. Il est
donc temps d’entreprendre la tournée de la bière la plus sérieuse. Après tout, vous
aimeriez sûrement pouvoir dire un jour : « Ah, oui, j’y ai été, j’ai bu ça ! »
En dehors de l’Europe, à l’exception peut-être de l’Australie, les États-Unis et le
Canada sont sans doute les seuls pays à avoir créé une culture de la bière dont vous
puissiez réellement prendre connaissance. Aucun autre pays n’offre beaucoup à
découvrir aux amateurs de bière. Les grandes brasseries établies en dehors de
l’Europe et de l’Amérique du Nord ont généralement été créées par des brasseurs
allemands ou britanniques (le fief de la bière Tsingtao, en Chine, ressemble à un
village bavarois) et ne sont pas vraiment locales : les recettes et les styles sont
européens (ce sont principalement des lagers légères, bien que des stouts soient
brassées au Ghana, au Nigeria, en Afrique du Sud, au Sri Lanka, à la Barbade, en
Jamaïque et à Singapour, entre autres). Reconnaissons-le, une tournée mondiale des
bières, c’est surtout un tour de l’Europe.
Vous pouvez bien boire et vous délecter de bières dans presque tous les pays
d’Europe, mais les joyaux de la couronne pour les touristes de la bière sont de loin
l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Irlande, la Belgique et la République tchèque. Si la
France est d’abord connue pour être un pays de vin, la bière artisanale y a pris une
importance grandissante ces dernières années et mérite de prendre place dans votre
tour d’Europe de la bière. Dans ce chapitre, je fais le tour de ces pays, et plus encore.
Amateurs de bière certifiés, votre pèlerinage vous attend, avec des sanctuaires de la
bière (le plus grand, le plus ancien, le plus original, etc.). Même à l’occasion d’un
voyage d’affaires ou de vacances en famille, quelques excursions sur le thème de la
bière pourront joliment agrémenter votre séjour (pour des informations générales sur
les voyages et les visites de la bière, reportez-vous au chapitre 16).
Dans les sections suivantes, vous découvrirez tout ce que vous avez toujours voulu
savoir sur la bière en Allemagne, y compris les régions brassicoles, les plus grandes
villes brassicoles, les meilleures fêtes de la bière et les musées de la bière qui ne
demandent qu’à être visités.
Les sanctuaires
Voici quelques sanctuaires de la bière à visiter en Allemagne. Notez que vous ne
pouvez pas goûter toutes les bières de Munich au même endroit : chaque site a ses
quelques bières favorites ou est un établissement lié, c’est-à-dire appartenant à l’une
des brasseries et ne proposant que la marque de celle-ci. De bons guides répertorient
les bières servies sur chaque site.
• La Hofbräuhaus (brasserie de la Cour), à Munich : C’est la brasserie la plus
ancienne et la plus célèbre de toute l’Allemagne (et donc, probablement, du
monde). En raison de sa taille gigantesque (elle peut accueillir plus
de 4 000 personnes sur trois niveaux), de son âge (elle avait été commandée en
1589 par le duc Guillaume V) et de son histoire politique (Adolf Hitler et
Vladimir Lénine y ont comploté l’un et l’autre), la bière peut sembler
secondaire, mais ce n’est pas le cas ! Les standards et les produits saisonniers,
tels que la Delicator en mars, la Maibock en mai et la Märzen de septembre à
octobre, sont autant de merveilles.
• Zum Uerige, à Düsseldorf : On dit que ce brewpub de renommée locale
brasse la meilleure Altbier de toute l’Allemagne.
• Cologne (Köln) : On y trouve plusieurs dizaines de petites brasseries (P.J.
Früh est une des préférées des touristes), et toutes servent de la bière Kölsch,
spécialité locale.
• Les villages : Certains petits villages possèdent leurs propres brasseries,
chacune avec une recette distinctive. Essayez les produits locaux : le litre parfait
peut vous attendre (et du fait des moyens modernes, ces petites unités sont
quelque peu menacées).
Les musées
La bière étant un élément si important de l’histoire et de la culture allemandes (et les
musées étant d’excellents endroits pour en savoir plus sur l’histoire et la culture
locales), vous ne pouvez pas être un vrai touriste de la bière en Allemagne si vous ne
visitez pas plusieurs musées de la bière :
• Brauerei Museum (Dortmund) : ce musée de la bière est situé dans ce qui
faisait autrefois partie des ateliers de brassage de la bière Kronen. Consultez le
site www.brauereimuseum.dortmund.de/en.
• Brauereimuseum (Lüneburg) : Ce musée est situé dans un bâtiment qui a
servi de brasserie pendant plus de 500 ans. Il abrite surtout une vaste collection
de chopes.
• Schwaebisches Brauereimuseum (Stuttgart) : Si vous passez dans les
environs, ne manquez pas de visiter ce musée consacré à l’histoire du brassage
et aux techniques de brassage actuelles.
La bière au Royaume-Uni
Le Royaume-Uni ne dispose peut-être pas d’autant de brasseurs que l’Allemagne,
mais il le compense par la variété des bières proposées et le grand nombre de pubs,
environ 55 000. Le tourisme de la bière y est une tâche ardue, même si vous
n’envisagez de vous rendre que dans un petit pourcentage de tous ces pubs.
Le Royaume-Uni est le bastion de la bière du monde. À l’instar de l’industrie
brassicole américaine, une poignée de grandes brasseries nationales dominent le
marché, mais plusieurs centaines de brewpubs, microbrasseurs et brasseurs régionaux
produisent les versions les plus intéressantes et les plus savoureuses des styles
traditionnels pour les consommateurs passionnés, en particulier la bière conditionnée
en fûts (non pasteurisée, non filtrée, naturellement gazeuse, pompée à la main, aussi
appelée real ale : voir chapitre 5).
Ces brassins délicats sont traités localement comme les vins mis en bouteille au
domaine le sont en France, et pour cause : ils ne voyagent pas, et c’est là une raison
supplémentaire d’y aller vous-même. Bref, on boit bien en Grande-Bretagne. Donc,
que vous fassiez votre petit tour des bières en Angleterre, au Pays de Galles ou en
Écosse, ou dans ces trois contrées, je vous présente dans les sections suivantes un
aperçu de la bière que vous y trouverez et je mentionne les meilleurs pubs et festivals
que le Royaume-Uni peut vous proposer.
Les buveurs de bière qui ne connaissent pas encore le Royaume-Uni peuvent être
déconcertés par les noms étranges, humoristiques et parfois vulgaires donnés aux
bières britanniques par leurs brasseurs : Baz’s Bonce Blower, Bishop’s Tipple,
Blackout, Croaker, Double Dagger, Enoch’s Hammer, Head Cracker, Once un
Knight, Roger & Out, Tanglefoot, Topsy-Turvy, Willie Warmer et Wobbly Bob, ces
bières peuvent toutes être commandées le plus sérieusement du monde.
Un avant-goût de l’Irlande
L’ironie de la chose est que même si l’Irlande est bien connue à la fois pour sa
merveilleuse culture des pubs (les contes ! la musique !) et ses brasseurs Guiness,
Murphy et Beamish qui sont réputés dans le monde entier, on n’y trouve pas
beaucoup de brasseries, de musées ni de fêtes de la bière. On y trouve néanmoins
beaucoup de pubs, et des pubs merveilleux. La Dry Stout est la bière nationale, et les
grandes marques affichent toute une gamme de bières sèches. Cependant, ne pensez
pas que vous ne pouvez pas y trouver d’autres ales et lagers savoureuses ou que
l’Irlande ne vaut pas le détour, car vous pouvez en trouver – je vous montre comment
et où dans les sections suivantes – et l’Irlande vaut le détour.
Les musées
La Belgique a aussi son lot de musées consacrés à la bière et au brassage. Certains
sont grands et grandioses, d’autres petits et intimes.
• Het Brouwershuis, ou la Maison des Brasseurs (Bruxelles) : Bien qu’il ne
s’agisse pas d’une brasserie, ce somptueux musée (siège des Chevaliers du
Fourquet de Brasseurs, anciennement maison de la Guilde des brasseurs) est un
des plus grands sanctuaires de la bière d’Europe, idéalement situé sur la
Brouwersstraat (rue des brasseurs), au niveau de la Grand-Place. Une fameuse
ironie est que la célèbre fontaine connue sous le nom de Manneken-Pis (un
enfant chérubin déchargeant sa vessie) se trouve également à cet endroit.
• De Geuzen Van Oud Beersel (Beersel) : Les artefacts de brassage dans ce
petit musée constituent une extension de la visite de la brasserie. Pour organiser
une visite de la brasserie, rendez-vous sur www.vzwdegeuzen.be
• Brugse Brouwerij Mouterijmuseum (Bruges) : Ce site retrace l’histoire du
brassage dans la ville de Bruges. Le musée est situé dans une brasserie en sous-
sol, De Halve Maan.
• Musée bruxellois de la Gueuze (Bruxelles) : Ce musée vivant de la brasserie
Cantillon, une des meilleures brasseries de Gueuze et Lambic en activité, avec
des expositions sur l’histoire du brassage, organise des séances de brassage
publiques deux fois par an. Le prix de la visite, de 7 euros, donne droit à un
échantillon de bière gratuit.
Et ailleurs ?
Il y a de quoi faire avec aujourd’hui plus de 2 000 brasseries en activité (contre 30 il y
a 30 ans). De toutes les tailles, de tous les styles, se contentant pour certaines de
bières très classiques, là ou d’autres inventent et tentent de renouer avec un terroir et
des styles oubliés. La Bretagne a été, à partir de la fin des années 1980, l’une des
premières régions françaises qui a vu réapparaître des brasseries locales, certaines
devenant au fil des ans des brasseries régionales très présentes, telle Coreff, Lancelot,
Britt ou Tri Martolod.
Une autre région, le Rhône Alpes s’illustre également par la vivacité de ses
brasseries, s’appuyant notamment sur les eaux alpines pour proposer des bières de
grande qualité. Citons notamment la Brasserie du mont Blanc ou Ninkasi (qui dispose
de nombreuses succursales dans la région).
Comme dans de nombreux pays, les brasseries françaises ont commencé à
redécouvrir, et faire découvrir aux amateurs français, la diversité des styles de bières
popularisés par les amateurs du monde entier. Avec le temps et l’expérience,
plusieurs d’entre eux en sont venus à expérimenter de nouvelles manières de se
réapproprier des notions si chères à la gastronomie et aux vins français, telle celle du
« terroir ». Cela passe par exemple ces dernières années par la multiplication de
bières de type « wild ale », fermentations spontanées ou mixtes utilisant les levures
endogènes et s’appropriant le savoir-faire des tonneliers et des viticulteurs pour
proposer des bières originales. La culture du houblon, qui s’était restreinte à quelques
régions françaises est en plein redéveloppement, ainsi qu’un vigoureux mouvement
de fermes-brasseries qui produisent orge, houblons et donc bière.
En Autriche
Tout un style de bière – la Vienna Lager – est attribué à cette bonne vieille ville de
Vienne, qui compte environ une douzaine de merveilleuses brasseries mais dont une
seule produit la bière, la brasserie Ottakringer. Dans tout le pays, les brasseries sont
également connues pour exploiter de très bons restaurants. La cuisine est typiquement
tyrolienne (très similaire à la bavaroise), riche en viandes et en féculents – en d’autres
termes, on peut y faire de bons repas à la bière !
Comme en Allemagne, en Belgique et en Grande-Bretagne, de nombreuses petites
villes autrichiennes ont leurs propres brasseries locales (qui ne sont cependant pas
aussi nombreuses qu’en Allemagne).
Au Danemark
Le Danemark n’est pas souvent considéré comme un pays producteur ou exportateur
de bières de renom, mais cela ne veut pas dire qu’on n’y fait pas d’expériences
intéressantes de la bière. Le Danemark a simplement la malchance d’être dans
l’ombre de son voisin du sud (l’Allemagne).
La brasserie Carlsberg, située à Copenhague, est la plus grande du Danemark et elle
est le site de nombreuses études et de nombreux développements du style de bière
lager. Elle abrite une exposition présentant un siècle d’histoire du brassage au
Danemark, et la visite autoguidée se termine par quelques échantillons gratuits.
Aux Pays-Bas
La bière néerlandaise est connue grâce à une marque qui est peut-être la moins
intéressante, Heineken. C’est dommage, compte tenu de tout ce que les brasseurs
néerlandais ont à offrir. Les Néerlandais sont également très friands de bière et en
importent une grande variété du monde entier. Voici quelques-uns des sites liés à la
bière que vous devez visiter si vous vous rendez aux Pays-Bas :
• Amsterdam : La brasserie Heineken est une des plus grandes brasseries du
monde, et il est vraiment intéressant d’en visiter les installations à Amsterdam
(le site principal, en dehors d’Amsterdam, est la plus grande brasserie
d’Europe).
• Biermuseum de Boom (Alkmaar) : Ce musée présente des expositions sur le
brassage, le maltage et la tonnellerie installées dans une ancienne brasserie.
• La brasserie De Konigshoeven (Berkel-Enschot) : L’une des seules bières
trappiste produite en dehors de la Belgique est fabriquée à l’abbaye (Abdij en
néerlandais) de Koningshoeven et vendue sous le nom de La Trappe en Europe.
• Bokbier Festival (Amsterdam) : En automne, le groupe néerlandais PINT
(Promotie Informatie Traditioneel Bier) célèbre les bières néerlandaises dans le
cadre de la plus grande fête de la bière des Pays-Bas. Fondé en 1980, PINT est
l’une des plus anciennes organisations de consommateurs de bière au monde.
En Norvège
Le brassage de la bière en Norvège date de plus de 1 000 ans, et une tradition de
brassage de ferme y perdurait encore il y a quelques siècles. Malheureusement, la
plupart des bières traditionnelles norvégiennes font maintenant partie de l’histoire
ancienne. Aujourd’hui, les grands brasseurs Carlsberg-Ringnes et Hansa-Borg
dominent le marché.
Du côté positif, la brasserie artisanale s’est implantée dans ce froid pays, avec des
microbrasseries bien établies à Oslo (Oslo Mikrobryggeri) et à Grimstad (Nogne O).
L’Aass (prononcez ohss) Bryggeri (brasserie), à Drammen, propose des bières de
qualité exceptionnelle dans une variété de styles. Pour plus de renseignements,
consultez le site www.aass.no
Son voisin finlandais a lui conservé une spécialité de bière qui fait briller les yeux des
amateurs de bière du monde entier. Le Sahti est un style traditionnel de boisson
fermentée de céréales (pas loin de la bière donc) faite à partir d’un mélange de
différents malts, de l’ajout de genévrier et de levures de pain. Au total c’est une bière
fermière fragile, au goût de banane lié aux levures utilisées et aux fermentations
rustiques. Elle est aujourd’hui protégée et il vous faudra vous rendre dans les
quelques villages de Finlande qui ont aujourd’hui le droit de brasser ce breuvage.
En Australie et en Nouvelle-Zélande
Les Australiens sont connus pour leur consommation élevée par habitant, comparable
à celle des Allemands et des Tchèques. Ce fait ne devrait pas surprendre, pour un
pays chaud et aride avec un passé de frontière sauvage. Les Australiens préfèrent leur
bière glacée (ils ne reçoivent probablement pas beaucoup de plaintes des Yankees en
visite), et c’est une des raisons pour lesquelles les bars australiens servent de la bière
dans de petits verres : ainsi, elle peut être bue plus rapidement sans subir de perte de
fraîcheur.
Malgré la profonde influence anglaise sur l’industrie brassicole australienne et la
possibilité de boire à l’occasion une bonne ale, c’est la lager qui prévaut en Australie.
Parmi les bières les plus remarquables, citons la Coopers Real Ale et la Coopers
Stout, la Tooth’s Sheaf Stout et la Castlemaine XXXX (appelé affectueusement
Fourex).
Les Australiens peuvent être un peu provinciaux à propos de leur bière. Vous buvez
de la XXXX si vous êtes du Queensland, mais vous préféreriez une Victoria Bitter si
vous veniez de Victoria. La Swan est appréciée en Australie-Occidentale, tandis que
l’on boit la Tooheys dans les Nouvelle-Galles du Sud. Et n’oublions pas la Boag’s en
Tasmanie, avec une brasserie dont la visite est agréable et où la dégustation est
excellente !
Parmi les endroits qui méritent le détour en Australie, il y a de nombreuses brasseries.
Comme vous vous en doutez, ces brasseries ont tendance à être concentrées dans et
autour des centres métropolitains de Sydney, Melbourne et Perth.
La Nouvelle-Zélande est le paradis des amateurs de bière. Non seulement la bière y
est la boisson la plus populaire, mais elle est produite dans une grande variété de
styles. Même si le marché est dominé par les deux plus grandes brasseries du pays
(Lion Nathan et DB Breweries), la Nouvelle-Zélande a également sa part de
microbrasseries (15) et de brasseries (18), principalement regroupées autour
d’Auckland, de Christchurch, de Nelson et de Wellington.
Si jamais vous vous trouvez à Auckland à la fin du mois de mars, achetez un billet
pour l’Auckland Craft Beer and Food Festival. Cette célébration du kiwi propose plus
de 150 bières provenant de plusieurs dizaines de brasseries.
Au Japon
Dans toute l’Asie, l’influence allemande sur le brassage est indéniable et les lagers
légères prédominent. Les mégabrasseries japonaises de renommée internationale ont
des Biergarden (Sapporo a le plus célèbre) et des pubs à thème, et de plus en plus de
bars ouvrent avec de grandes sélections de bières internationales, des bières belges et
américaines microbrassées. La brasserie artisanale a fait son chemin. Et n’oubliez pas
que les Japonais brassent depuis longtemps : le saké est, en fait, une bière,
entièrement à base de riz.
En Thaïlande
La Thaïlande compte quelques mégabrasseries bien établies, telles que la Boon Rawd
Brewery, qui produit les marques populaires Singha et Leo. Thai Beverages, fabrique
la marque concurrente Chang, avec une teneur en alcool légèrement élevée (les
habitants mettent en garde contre la « gueule de bois »). En outre, le célèbre brasseur
allemand Paulaner exploite une brasserie à Bangkok.
Chapitre 17
Brasser la bière chez soi
ne des questions récurrentes sur le brassage à domicile est la suivante : « Pourquoi
U devrais-je me donner la peine de brasser de la bière, si je peux simplement acheter
ma bière préférée au magasin ? » Après avoir fait du brassage à domicile
pendant 25 ans, écrit plusieurs articles sur le sujet, donné occasionnellement des cours
et réalisé deux vidéos sur le sujet, je peux vous proposer plusieurs bonnes réponses à
cette question.
• Premièrement, la bière brassée chez soi peut être tout aussi bonne qu’une bière
commerciale ou même meilleure, avec autant de saveur et de caractère que la
plupart des bières artisanales. Bien qu’éviter la bière commercialisée en masse
ait été ce qui a initialement inspiré le brassage maison, imiter sa bière artisanale
préférée est maintenant devenu une des principales motivations de ceux qui
s’adonnent à ce passe-temps.
• Deuxièmement, si vous savez cuisiner, vous pouvez faire de la bière (avec de
l’extrait de malt vendu dans le commerce). C’est facile !
• Troisièmement, avec de la pratique et de l’expérience, vous pouvez fabriquer le
style de bière que vous voulez.
Voici quelques autres raisons pour lesquelles les gens fabriquent de la bière dans leur
cuisine :
• Participer à la tendance actuelle du « faites-le vous-même » : quel autre passe-
temps vous permet de boire le fruit de votre travail ? (à part, peut-être, cultiver
des pommes pour le cidre ou des raisins pour le vin ?)
• Fabriquer des bières comparables à des microbrasseries qui sont difficiles à
trouver ou à des bières importées qui coûtent cher.
• Gagner des prix dans des concours de brassage amateur.
• Partager avec ses amis ou les membres de la famille un passe-temps
divertissant.
• S’entraîner lorsqu’on démarre sa propre microbrasserie.
J’ai écrit ce chapitre pour ceux d’entre vous qui n’ont jamais brassé de bière et qui
veulent connaître les outils et les procédures essentiels nécessaires pour produire une
bière simple et sans fioritures.
L’achat de fournitures
Pour acheter des fournitures de fabrication artisanale, commencez par trouver un
distributeur. Lancez sur Internet une recherche en tapant une expression comme
« matériel et fournitures de brassage de bière à domicile ». Procurez-vous, dans la
mesure du possible, un catalogue et une liste de prix. Examinez le matériel et les
fournitures et posez des questions sur le stock, en particulier les ingrédients.
Si vous n’avez pas la chance d’avoir près de chez vous un magasin pour vous
approvisionner en matériel de brassage amateur, vous pouvez simplement commander
ce dont vous avez besoin sur Internet. Une simple recherche vous permettra d’accéder
à un large éventail de sources.
Nous vous conseillons 3 adresses pour vous procurer tout le matériel et les
ingrédients :
• Rolling Beers : www.rolling-beers.fr/
• Brouwland : www.brouwland.com/fr
• Le Comptoir du Brasseur : www.lecomptoirdubrasseur.fr.
Un capsuleur
Un capsuleur fixe les capsules neuves sur les bouteilles qui viennent d’être remplies.
On trouve différents modèles, de différentes tailles, et leurs prix varient grandement
(il existe également des boucheuses, ou bouchonneuses, qui servent à fixer non pas
des capsules, mais des bouchons en liège). La plupart des modèles fonctionnent bien,
mais je vous suggère de choisir un capsuleur sur pied plutôt qu’un capsuleur de type
tenaille, à deux poignées, même si les capsuleurs sur pied coûtent plus cher. Le
capsuleur sur pied est autonome et peut être fixé à une surface de travail, laissant une
main libre pour maintenir la bouteille stable, tandis que les capsuleurs à deux
poignées peuvent être difficiles à utiliser si rien ne maintient la bouteille en place. À
noter qu’il existe en France deux tailles de capsules : 26 mm pour les bouteilles de
bière classiques, 29 mm pour les capsules de bouteilles de cidre ou de champagne.
Généralement, les capsuleurs à pied permettent d’utiliser les deux formats. Coût : à
partir de 10 € environ (à deux poignées) et entre 20 et 40 € (modèles sur pied).
Un lave-bouteilles
Le lave-bouteilles le plus simple est un dispositif métallique incurvé qui se visse sur
un robinet. Il nettoie les bouteilles en pulvérisant l’eau à l’intérieur. Ce n’est pas une
nécessité, mais autant en profiter. Coût : 10 €.
Si vous achetez un lave-bouteilles, notez le modèle de robinet que vous utiliserez
chez vous. Sur les robinets utilitaires, le filetage est généralement plus large. Sur les
robinets de salle de bains et de cuisine, par exemple, le filetage est fin, si bien qu’un
adaptateur est nécessaire. Assurez-vous que le lave-bouteilles et les adaptateurs que
vous achetez sont munis d’un joint en caoutchouc.
Figure 17-1 De nombreux magasins spécialisés vendent du matériel de base, en guise de kit de
démarrage.
Des bouteilles
Recherchez des bouteilles lourdes et consignées, sans ouverture filetée (une capsule
ne peut pas être scellée correctement sur un pas de vis). Il vous faut de quoi
contenir 20 litres de bière : 60 bouteilles de 33 cl, ou 40 bouteilles de 50 cl, ou toute
autre combinaison qui totalise 20 litres. Le coût des bouteilles est le coût du dépôt du
détaillant, ou jusqu’à 20 € par caisse, selon le modèle, si vous les achetez.
Vous pouvez acheter de nouvelles bouteilles auprès d’un fournisseur de matériel,
mais les bouteilles usagées des brasseries commerciales sont beaucoup moins chères,
même si elles deviennent beaucoup plus rares. Essayez de trouver un magasin
d’alcools qui vendrait de la bière dans des bouteilles consignées (pas du type bon
marché et recyclable), achetez quelques caisses, buvez la bière, et vous voilà
avec 48 bouteilles (sans parler d’une vessie enflée) pour le coût de la consigne.
Une alternative (coûteuse) consiste à se procurer des bouteilles à bouchon mécanique
(également appelées bouteilles Grolsch, d’après la bière hollandaise qui les a
popularisées). L’avantage est que vous n’avez pas besoin d’acheter des capsules, ni
un capsuleur. L’inconvénient (outre la dépense initiale) est que les joints en
caoutchouc finissent par s’user. Les bouteilles à bouchon mécanique nécessitent
également une plus grande attention au moment du nettoyage que les bouteilles
ordinaires, et elles ne sont pas autorisées dans la plupart des compétitions de brassage
amateur.
Un seau de fermentation
Il vous faudra un récipient en plastique HDPE (polyéthylène haute densité – le
plastique de qualité alimentaire) le jour de la mise en bouteille. Un couvercle n’est
pas indispensable, mais ce récipient sera considérablement plus efficace s’il est muni
d’un embout amovible à la partie inférieure. Ce récipient en plastique est également
appelé cuve de resucrage, car votre bière fermentée est mélangée avec du sucre juste
avant la mise en bouteille (un processus examiné en détail plus loin dans ce chapitre).
Coût : autour de 15 €.
Un fourquet
Un fourquet est une cuillère en inox ou en plastique avec un manche long d’au
moins 45 cm. De nombreux brasseurs utilisent des fourquets en bois sculpté. C’est un
instrument plus difficile à nettoyer et nous vous conseillons d’utiliser du bois non
traité. Utilisez votre fourquet uniquement pour brasser de la bière. Coût : entre 3 € (en
plastique) et 8 € (en inox).
Un bouchon de caoutchouc
Ce bouchon en caoutchouc doit s’adapter sur la tige de la bonde ou du barboteur pour
agir comme un coin scellé lorsque la bonde est insérée dans le trou du couvercle du
fermenteur. La dimension de ces bouchons, appelés bouchons percés, est indiquée par
un chiffre (par exemple, les bouchons #3). Achetez un bouchon qui s’adapte à
l’ouverture du couvercle de votre fermenteur : votre fournisseur saura ce dont vous
avez besoin. Coût : souvent moins de 2 €.
Un densimètre
Le densimètre est un appareil utilisé pour déterminer la densité de votre brassin,
laquelle, à son tour, vous permet de calculer la teneur en alcool (voir figure 17-2, plus
loin dans ce chapitre). Il est facile à utiliser et pas très cher. Je vous suggère
d’apprendre à en utiliser un si vous voulez progresser dans le brassage amateur. Ne
manquez pas, non plus, d’acheter un tube gradué en plastique ou en verre pour
contenir l’échantillon de test. On parle de densimètre double ou triple échelle car le
plus souvent celui-ci permet de définir la densité selon plusieurs échelles utilisées
dans le monde la bière : la gravité, le degré Plato, l’alcool potentiel. Coût :
environ 20 € pour les deux articles.
Un densimètre, qu’il soit ou non à triple échelle, est un appareil de mesure fragile,
utilisé uniquement pour déterminer la densité des liquides. Lorsque l’extrémité lestée
est immergée dans le liquide, la tige calibrée fait saillie hors du liquide à une hauteur
déterminée par la densité du liquide, et cette hauteur vous donne la mesure. Pour plus
d’informations sur la lecture du densimètre, reportez-vous à la section « À vos
marques, prêts… brassez ! », plus loin dans ce chapitre.
Le houblon
Le houblon est disponible dans de nombreuses variétés différentes, qu’il faut choisir
en fonction du style de bière que le kit est conçu pour brasser. Le houblon est
généralement conditionné en granulés, appelés « pellets », plus faciles d’usage. Selon
le style de bière, votre kit peut inclure plusieurs variétés différentes.
La levure
Il existe aussi un certain nombre de types différents de levure, à choisir également en
fonction du style de bière que le kit est conçu pour brasser. La levure présente dans
les kits de bière est sèche et conditionnée en petits paquets de 11 g. Sachez que des
produits à base de levure liquide sont également disponibles, mais ils ne se trouvent
généralement pas dans les kits car les produits à base de levure liquide doivent être
conservés au réfrigérateur.
Le sucre
Au moment de la mise en bouteille, vous avez besoin de sucre, généralement, raffiné
pour préparer la bière juste avant sa mise en bouteille. Le resucrage est la procédure
par laquelle une quantité mesurée de sucre est mélangée à la bière déjà fermentée afin
de créer une carbonatation dans la bouteille (voir la dernière section, « Mettez votre
brassin en bouteille ! »). N’importe quel vrai sucre fera l’affaire, mais les sucres non
raffinés pourront apporter un peu de couleur et de goût. Pour un lot de 20 litres de
bière, vous avez besoin de 60 g de sucre pour le resucrage, pas davantage.
L’eau
L’eau est l’ingrédient qui constitue l’essentiel de votre brassin maison, mais souvent
on ne lui accorde pas assez d’attention. Je ne vous recommande l’eau en bouteille que
si vous n’êtes pas sûr de la qualité de votre eau du robinet. L’eau du robinet peut
parfois poser des problèmes :
• Si votre eau provient d’une source souterraine, il se peut qu’elle présente une
teneur trop élevée en fer ou qu’elle contienne d’autres minéraux perceptibles au
goût.
• Si votre eau est adoucie, elle présente probablement une teneur élevée en
sodium.
• Si votre eau est distribuée par un réseau public, elle risque de présenter une
teneur élevée en chlore. Le chlore est volatil et peut facilement être évacué en
faisant bouillir l’eau, mais vous devriez faire bouillir les 20 litres, une tâche
ardue. Le chlore peut également être filtré. Ou bien, si vous laissez reposer l’eau
dans un récipient ouvert pendant 24 heures, le chlore finira par s’évaporer.
Les capsules
Les capsules de bouteilles sont parfois vendues par lots de 60 capsules, ce qui est
suffisant pour 54 bouteilles, mais plus généralement par lots plus importants
(de 100 capsules). Bien qu’on ait tendance à les voir comme du matériel plutôt que
comme un ingrédient, les capsules sont des objets consommables : on ne peut les
utiliser qu’une seule fois. C’est la raison pour laquelle je les considère comme des
ingrédients (pas très savoureux, certes).
L’importance de la stérilisation et de la
désinfection
Je ne sais pas qui a dit le premier que « la propreté est à côté de la piété », mais je
serais prêt à parier que cette personne a brassé de la bière. Un équipement
scrupuleusement propre et un environnement de brassage vierge sont les clés pour
faire de la bonne bière. La propreté, cela ne signifie pas seulement un nettoyage à
l’eau et au savon : lorsqu’il s’agit de bière, un assainissement sérieux est une
nécessité. Pourquoi donc ?
Les champignons et les bactéries, ces deux ennemis issus du monde des germes, dont
vous devez vous soucier quand vous voulez brasser la bière, sont opportunistes : si
vous leur donnez la moitié d’une chance d’avoir un repas gratuit, ils accourent sans
hésiter (et vous, que feriez-vous si l’on vous proposait une merveilleuse bière ?).
Voici contre qui vous devez vous battre :
• Les champignons sont ici constitués de spores, de moisissures et de levures
sauvages. La levure de bière entre dans la catégorie des champignons, mais
c’est une variété conviviale.
• Seules quelques souches de bactéries apparaissent dans la bière, généralement
dans les bières fermentées spontanément.
Les champignons et les bactéries se développent à des températures élevées, souvent
jusqu’à 49 oC. L’activité microbienne ayant tendance à diminuer à mesure que la
température baisse, il est impératif de refroidir le moût chaud le plus rapidement
possible (pour plus d’informations sur cette tâche, voir la section « Prêt, prêt,
brassage ! », plus loin dans ce chapitre).
Vous ne pouvez pas tuer tous les champignons et bactéries dans votre maison. L’idée
est d’empêcher les germes d’apprécier votre bière avant que vous-même n’en ayez eu
la possibilité. S’ils goûtent la bière en premier, vous n’en voudrez peut-être plus.
Je ne saurais trop insister sur ce point : tout ce qui entre en contact avec votre bière, à
un moment ou à un autre, doit être stérilisé ou désinfecté.
❽ Lorsque 1 heure se sera écoulée depuis que vous avez versé l’extrait de
malt, éteignez le brûleur. Ensuite, placez le couvercle sur la cuve de
brassage.
❾ Faites refroidir le moût (mélangé avec de l’eau, l’extrait bouilli se
transforme en moût).
Bouchez l’évier, puis placez-y avec précaution la cuve de brassage couverte. Faites
couler l’eau froide du robinet jusqu’à ce que l’évier soit plein, en veillant à ce que
l’eau ne s’infiltre pas dans la cuve ni dans le moût bouilli. La chaleur de la cuve sera
absorbée par l’eau froide, qui ne restera pas froide longtemps.
Vidangez l’eau et répétez cette procédure deux ou trois fois, ou aussi souvent que
nécessaire. Lorsque l’eau entourant la cuve de brassage ne devient plus sensiblement
chaude au cours des deux premières minutes, vous pouvez vous arrêter.
L’ajout de glace à l’eau accélère le processus de refroidissement. Si vous vivez dans
un climat froid, la neige est efficace pour refroidir le moût. N’ajoutez pas de glace
directement dans la cuve de brassage, ou vous risqueriez de contaminer le moût.
À ce stade, vous devez refroidir le moût le plus rapidement possible, car le
refroidissement inhibe la croissance des bactéries et prépare le moût pour l’ajout de la
levure. Tout ce qui réduit le temps nécessaire au refroidissement du moût est un
élément positif pour obtenir une meilleure bière, c’est pourquoi vous pourrez peut-
être envisager de fabriquer ou d’acheter un refroidisseur de moût par immersion (voir
la section « De nouveaux joujoux pour améliorer votre équipement », plus loin dans
ce chapitre).
❿ Pendant que le moût refroidit, remplissez d’eau tiède (environ 27 oC)
votre tasse ou votre bol désinfecté, ouvrez le sachet de levure et saupoudrez
la levure dans l’eau.
Pour éviter la contamination, ne remuez pas. Laissez le mélange reposer pendant au
moins 10 minutes, recouvert d’une pellicule de plastique pour éviter la contamination
aéroportée. Ce processus, appelé levage, est un doux réveil pour la levure dormante et
la prépare à la fermentation.
⓫ Une fois que la cuve de brassage est froide au toucher, versez
délicatement le moût refroidi dans le fermenteur aseptisé.
Assurez-vous que le robinet est en position fermée (n’imaginons même pas les
conséquences s’il restait ouvert).
Figure 17-2 Lisez attentivement la mesure donnée par le densimètre, en tenant compte de la surface
réelle du moût et non pas des crêtes du ménisque.
Enregistrez les valeurs sur les échelles (voir l’encadré « en toute simplicité ») et
retirez le densimètre.
⓮ Versez la levure dans le moût refroidi pour démarrer le processus de
fermentation.
Les brasseurs appellent cette étape l’ensemencement de la levure. Afin de ne pas
détruire la levure vivante, le moût doit être refroidi à environ 27 oC. Une température
de 21 oC est idéale.
Versez délicatement la levure en décrivant un large cercle pour bien la disperser.
⓯ Fermez le fermenteur avec son couvercle en laissant le sas ou le barboteur
à l’extérieur, et placez le fermenteur dans un endroit frais et sombre
comme un sous-sol, un vide sanitaire ou un placard.
Ne placez pas le fermenteur à la lumière directe du soleil ni dans un endroit où la
température quotidienne fluctue (comme votre garage). Ces températures fluctuantes
perturberaient le processus de fermentation naturelle, ce qui ne serait pas bon pour
votre bière.
⓰ Une fois le fermenteur en place, fixez le bouchon en caoutchouc au sas,
remplissez-le d’eau à moitié et enclenchez le bouchon du sas ; puis,
positionnez le sas (ou le barboteur) solidement dans le trou du couvercle du
fermenteur.
Pour vous assurer que le couvercle du fermenteur et le sas sont correctement scellés,
appuyez doucement sur le couvercle. Cette poussée devrait faire monter le flotteur
intérieur. Si le flotteur ne bouge pas, la fermeture n’est pas étanche : dans ce cas,
vérifiez le couvercle et le sas.
⓱ Attendez huit à dix jours.
Cette étape est la plus difficile, surtout pour les débutants.
Fabuleuse fermentation
L’activité de fermentation peut commencer à n’importe quel moment au cours
des 12 à 24 premières heures qui suivent l’ajout de levure au moût. La fermentation
commence lentement, augmente progressivement en intensité et atteint généralement
un crescendo le deuxième ou le troisième jour. Lorsque la fermentation atteint son
apogée, le sas peut ressembler à un piston de moteur à bas régime, avec des bulles de
dioxyde de carbone faisant leur sortie précipitée du fermenteur. Une bouffée rapide
de gaz qui s’échappe vous procure votre première expérience aromatique de la
fabrication de la bière.
Laissez le fermenteur seul pendant toute la durée de la fermentation. La durée exacte
de la fermentation dépend de la santé et de la viabilité de la levure, ainsi que de la
température. Même si l’activité ralentit et que les bulles dans le sas commencent à
émerger lentement, une à la fois, la fermentation peut se poursuivre pendant plusieurs
jours. Il s’agit d’être patient. Ne retirez pas le sas ni le couvercle du fermenteur pour
jeter un coup d’œil à l’intérieur : vous risqueriez de contaminer la bière. La règle
générale est d’attendre dix jours au minimum.
Le densimètre en toute simplicité
Au niveau débutant, la lecture du densimètre est une option, pas une nécessité,
mais effectuer cette tâche simple vous aide à mieux comprendre et apprécier la
magie de la fermentation. Tout d’abord, le densimètre sert à mesurer la densité de
votre brassin, et connaître la densité du brassin vous permet de calculer sa teneur
en alcool. Plus important encore, cela vous permet d’avoir la certitude que votre
brassin a fini de fermenter (dans le cas contraire, vos bouteilles pourraient
exploser !). Le densimètre est vraiment un appareil simple, comme les
thermomètres. Il peut cependant vous rebuter au premier abord. Voici comment il
fonctionne : l’échelle de gravité spécifique compare tous les liquides à une eau
ordinaire à 15 oC, dont la gravité spécifique est de 1,000.
La lecture du densimètre après le refroidissement du moût vous indique la densité
initiale (DI), ce qui vous donne une idée de la quantité de sucre fermentescible
dans votre infusion avant la fermentation (c’est le degré d’alcool potentiel).
En procédant à une seconde lecture du densimètre après la fin de la fermentation
(juste avant la mise en bouteille), vous obtenez une densité finale (DF).
En soustrayant la DF de la DI, on obtient par conversion la quantité de sucre
consommée par la levure. Comment cela ? Lorsque la levure mange du sucre, elle
produit de l’alcool, de sorte que chaque diminution de la densité entraîne une
augmentation du volume d’alcool. Sur le densimètre à triple échelle, l’échelle du
potentiel d’alcool est juste à côté de l’échelle de densité (si vous êtes prêt à
commander une pizza, vous n’êtes pas le seul. Mais c’est plus facile la deuxième
fois, croyez-moi).
La principale raison pour laquelle vous avez besoin d’un densimètre est qu’il faut
éviter que les bouteilles explosent. Une bouteille explose lorsqu’il est resté
beaucoup de sucre dans la bière lors de sa mise en bouteille, en raison de
problèmes de fermentation. En moyenne, une levure saine consomme au
moins 70 % des sucres disponibles. Si la mesure de la densité finale de votre bière
fermentée n’atteint pas 30 % de la gravité d’origine, il se peut qu’il y reste trop de
sucre. Si la bière est mise en bouteille avec du sucre rajouté, préparez-vous à
assister à la version brassicole des feux d’artifice. Mieux vaut laisser la bière
fermenter quelques jours de plus, puis vérifier à nouveau.
Voici un exemple de calcul simple : si votre bière a une densité initiale de 1,048,
soustrayez 1 pour obtenir 0,048, puis multipliez par 0,30, ce qui vous donne 0,014.
Si la densité finale de votre bière est supérieure à 1,014, vous devrez différer de
plusieurs jours la mise en bouteille.
Remarque : Quelques points à retenir lors de l’utilisation d’un densimètre :
Si la température de votre liquide au moment de la mesure n’est pas proche
de 15 oC, les chiffres seront faussés. Les mesures de moût chaud (DI) seront
inférieures à ce qu’elles devraient être et les mesures lors de l’embouteillage à
froid (DF) seront plus élevées qu’elles ne devraient l’être.
Assurez-vous de lire la mesure au point le plus bas du ménisque (au milieu de la
forme concave de la surface, dans le tube gradué).
Lecture facultative : Juste au cas où vous seriez curieux, la troisième échelle du
densimètre à triple échelle est l’échelle de Balling. Ses gradations sont appelées
les degrés Plato. Sur cette échelle, l’eau à 15 oC équivaut à 0 degré Plato. Vous
pouvez l’utiliser exactement de la même manière que vous utilisez l’échelle de
densité. En fait, de nombreux méga-brasseurs, utilisent l’échelle de Balling. Le
même brassin avec une DI de 1,048 aura une densité de 12,5 degrés Plato. La
plupart des brasseurs amateurs et des brasseries artisanales préfèrent travailler
avec l’échelle de densité.
Votre brassin maison doit subir une phase de conditionnement de deux semaines, au
cours de laquelle les cellules de levure restantes se nourriront de sucre et
carbonateront votre bière.
Mettre votre brassin au réfrigérateur ne serait pas une bonne idée (du moins, pour les
deux premières semaines) car des températures trop basses retardent l’activité de la
levure.
⓳ Nettoyez votre matériel de brassage, rincez-le soigneusement à l’eau
chaude et rangez-le dans un endroit relativement exempt de poussière et de
moisissure.
Cette étape est peut-être la plus importante de toutes, pas tant pour votre nouveau
brassin que pour le suivant. Considérez cette procédure comme une police
d’assurance sur votre prochain lot de bière : c’est ennuyeux mais utile, comme la
plupart des polices d’assurance.
Au bout de deux semaines, vérifiez si les bouteilles se sont clarifiées : le trouble issu
de la levure devrait s’être dissipé. Réfrigérez une bouteille ou deux en vue d’une
dégustation.
La bière maison, comme toute bière du commerce, doit être décantée (versée dans un
verre) avant d’être bue. Non seulement la décantation libère la carbonatation et les
arômes de la bière, mais elle permet également de verser une bière claire. Au
contraire, quand on boit la bière à la bouteille, les sédiments sont remués et la bière
devient trouble.
Félicitations ! Votre premier brassin de bière est prêt à être dégusté. Comme vous
pouvez le voir dans cette section et les sections précédentes, le brassage maison, à ce
niveau, est facile.
Vous créez de la bière uniquement à partir d’un kit : vous ajoutez simplement un
concentré de moût à de l’eau, puis vous chauffez le mélange, vous le faites fermenter
et vous le mettez en bouteille. Si vous pouvez fabriquer du pain, vous pouvez tout
aussi bien fabriquer une bière savoureuse.
Figure 17-3 Une dame-jeanne en verre et un moulin à grain à manivelle sont parmi les ajouts les plus
importants que vous pourrez peut-être apporter à votre brasserie à domicile.
• Une fois que votre ébullition d’une heure est terminée, placez avec précaution
votre cuve de brassage remplie près d’un évier ou d’une baignoire. Plongez le
refroidisseur de moût propre dans le moût encore très chaud (cela le désinfecte
par la même occasion). Connectez l’extrémité filetée du tuyau au robinet, et
dirigez l’autre extrémité du tuyau dans l’évier (ou directement dans le drain).
Faites couler l’eau froide, et voilà ! Refroidir votre moût à la température de
fermentation (environ 27 oC) ne devrait pas prendre plus de 5 minutes.
• Une balance : Après avoir commencé à brasser de la bière selon des recettes
de brassage amateur, vous constaterez que de nombreux ingrédients (comme le
houblon et les céréales de spécialité) sont nécessaires en petites quantités,
souvent moins de 30 g. Une bonne balance de cuisine ou postale (il faut une
balance capable de mesurer des poids en grammes) est vitale pour déterminer
les quantités correctes. Coût : 13 à 30 €.
• Des sacs de brassage : Ce sont essentiellement des sachets de thé géants. Les
sacs de brassage sont efficaces pour faire tremper le grain concassé ou pour
garder le houblon sous contrôle dans la cuve de brassage. Vous pouvez acheter
dans les magasins spécialisés des sacs en nylon réutilisables avec des cordons
de serrage, ou bien des sacs à fromage jetables et bon marché. Coût : 5 € (nylon
réutilisable), 0,50 € (mousseline jetable).
Dans les sections suivantes, je donne quelques conseils sur l’utilisation des céréales
de spécialité et j’en énumère certains types populaires.
• Si vous n’utilisez pas de sac de brassage, vous devez filtrer tout le grain avant
de pouvoir porter le moût à ébullition.
• Si le grain est dans la cuve de brassage en même temps que l’extrait de malt,
son rendement risque de ne pas être optimal, en raison de la viscosité du moût.
L’empâtage dans l’eau claire capture tout ce que le grain a à offrir. Essayez de faire
tremper le grain de spécialité dans une cuve séparée, puis de l’ajouter à l’extrait de
malt ou de le tremper dans la cuve de brassage avant d’ajouter celui-ci. Une fois que
le grain est correctement trempé, versez l’eau maintenant enrichie dans la cuve de
brassage à travers une passoire, de telle sorte que les grains restent hors de la cuve.
Afin de capturer autant de saveur de céréale que possible, ne manquez pas de rincer le
grain, le rinçage consistant à verser de l’eau chaude à travers le grain dans la passoire
(et dans la cuve) jusqu’à ce que l’eau soit claire. Une dizaine de litres d’eau devrait
faire l’affaire.
Les types de céréales de spécialité
Voici les céréales de spécialité les plus courantes et leurs utilisations typiques :
• Le Black malt : Le Black malt est un malt qui a été torréfié à un degré si élevé
que toute la saveur et tout l’arôme du malt ont été brûlés. En raison de la
carbonisation de son arôme et de sa saveur, il convient de ne l’utiliser qu’avec
parcimonie, sous peine d’obtenir une dureté désagréable dans la saveur et la
sensation en bouche. Le Black malt est généralement utilisé dans la
Schwarzbier, la Porter et la Stout.
• Le malt chocolat : Le malt chocolat est un malt qui a été torréfié jusqu’à
obtenir une couleur brun foncé tout en conservant un soupçon de son caractère
malté. Utilisé en quantités mesurées, il imprègne la bière d’un arôme et d’un
goût nettement chocolatés. Ce malt est utilisé, entre autres, dans les Brown Ales
et les Bock Beers.
• Le malt cristal : Le malt cristal tire son nom de la procédure de touraillage qui
cristallise les sucres de type caramel à l’intérieur du grain encore humide. Il
ajoute une douceur caramélisée à la bière, ainsi qu’un peu de couleur, et il
améliore la rétention de la mousse (on l’appelle parfois malt caramel, pour des
raisons évidentes).
• L’orge torréfiée : Cette orge n’est pas maltée avant le touraillage, et n’est
donc pas considérée comme un malt. La procédure de touraillage nécessite des
augmentations progressives de la température afin que le grain ne soit pas
carbonisé comme le malt noir. Ce grain brun foncé donne un arôme et une
saveur riches, torréfiés et semblables à ceux du café, et il est principalement
utilisé dans les Stouts.
• Le malt Biscuit : Le malt Biscuit est un grain légèrement torréfié qui est
principalement utilisé dans les Pale Ales et dans plusieurs marques de bière
rousse. Son parfum et son goût rappellent le pain grillé. Il peut aussi donner à la
bière une note de noisette.
Il convient de ne pas moudre des grains hautement torréfiés. Parce qu’ils sont un peu
cassants, ils ont tendance à s’effriter pendant la procédure de mouture, et cette poudre
de grain fin et foncé doit être évitée car elle donnerait à la bière une saveur âpre.
Compte tenu de la possibilité d’ajouter de la couleur et de la saveur à votre bière en
utilisant des céréales de spécialité, vous n’avez plus besoin de vous procurer des
extraits ambrés ou foncés pour fabriquer des bières ambrées ou foncées, car vous
pouvez les préparer toutes avec de l’extrait de malt léger. En fait, une fois que vous
vous êtes habitué à utiliser les céréales de spécialité, le mieux est de dériver ces
couleurs et saveurs des céréales : la différence de goût est appréciable, et c’est plus
authentique. Vous maîtrisez mieux le goût et la couleur en utilisant du vrai grain
qu’en utilisant un extrait préfabriqué.
La fermentation secondaire et l’art du
siphonnage
La fermentation secondaire consiste à transférer votre bière de la cuve de
fermentation primaire à une autre cuve secondaire. Ce faisant, vous laissez la plupart
des restes de levure et des boues organiques derrière vous, permettant ainsi à votre
bière de se clarifier, de vieillir et de s’adoucir dans un récipient frais et propre.
L’expression fermentation secondaire est en réalité un terme impropre, car le
processus de fermentation a lieu, pour la plus grande part ou même en totalité, dans le
fermenteur primaire. Je suppose que personne n’a trouvé mieux pour qualifier cette
phase du brassage.
Le seul nouvel équipement dont vous avez besoin pour ce processus se résume à une
dame-jeanne (voir la section « De nouveaux joujoux pour améliorer votre
équipement », précédemment dans ce chapitre) et à quelques objets connexes. Une
dame-jeanne est une grande bonbonne en verre comme en utilisaient les entreprises
d’embouteillage d’eau avant de les remplacer par des bonbonnes en plastique – et
non, ces bonbonnes en plastique ne sont pas recommandées pour le brassage.
Pour éviter toute confusion, certaines bonbonnes en plastique HDPE (de qualité
alimentaire) sont spécialement conçues pour le brassage. Comme les bonbonnes en
verre, elles sont disponibles dans les magasins spécialisés en matériel de brassage
amateur.
Pour compléter la configuration de la dame-jeanne, vous avez besoin d’une autre
bonde de fermentation ainsi que d’un bouchon en caoutchouc percé, d’une taille
appropriée. Il vous faut également une canne de soutirage incurvée, pour siphonner la
bière. Sans être absolument nécessaire, une brosse de nettoyage incurvée spéciale
pour la dame-jeanne serait tout de même un achat judicieux.
Le transfert de votre bière du fermenteur principal à la dame-jeanne ne diffère pas de
la méthode décrite précédemment dans la section « Mettez votre brassin en
bouteille ! » pour transférer la bière dans le seau d’embouteillage. La seule chose qui
diffère est le récipient dans lequel la bière coule.
La durée pendant laquelle la bière doit rester dans un fermenteur secondaire est
normalement de deux semaines, ce qui suffit généralement pour qu’elle se clarifie.
Cependant, si vous avez brassé une bière à haute densité et à forte teneur en alcool,
cette durée risque de ne pas suffire pour qu’elle vieillisse et s’adoucisse. Il n’est pas
inhabituel de laisser un Barley wine ou une bière de style similaire reposer dans une
dame-jeanne pendant un mois ou plus avant de l’embouteiller.
Une fois que votre bière est clarifiée et adoucie (selon le style de bière), il est temps
de la mettre en bouteille, comme vous le faisiez avant d’utiliser la fermentation
secondaire. La seule différence est que maintenant, vous devez transférer votre bière
de la dame-jeanne vers le seau d’embouteillage.
Aucune phase du brassage amateur n’est exempte de nettoyage et de désinfection.
Ajouter une autre phase de fermentation implique de désinfecter tout le matériel qui
l’accompagne. Autant s’y habituer et cesser de se plaindre.
L’utilisation d’une dame-jeanne dans le brassage à domicile oblige le brasseur à
pratiquer des techniques de siphonnage, car les dames-jeannes ne sont pas équipées
d’un robinet. Avec le tube relié à la canne de soutirage, l’ouverture du tuyau de
siphon doit être plus basse que le fond du récipient à partir duquel la bière est
siphonnée (le plus bas sera le mieux). Garder le vide ou les grosses bulles d’air hors
du tuyau de siphon augmente l’efficacité du siphonnage : en effet, les bulles d’air et
les vides peuvent ralentir ou même arrêter l’écoulement du liquide, et peuvent
également oxyder la bière (voir figure 17-5).
Vous pouvez démarrer le siphonnage de plusieurs manières, mais qui ne sont pas
toutes acceptables pour le brassage à domicile. Pour plus de rapidité et de simplicité,
aspirer à une extrémité du tuyau du siphon permet certainement d’obtenir un débit,
mais cela ouvre la porte à divers risques de contamination. Certains brasseurs
estiment qu’un bon gargarisme et un bon rinçage avec du whisky ou de la vodka sont
un bon moyen d’éviter ce problème (se limiter au rinçage pour ne pas gâcher le reste
du travail).
Une autre pratique plus largement acceptée consiste à remplir d’eau le tuyau en
plastique juste avant de le relier à la canne de soutirage. Une fois la canne et le tuyau
de soutirage connectés (la canne reposant dans la tourie), il suffit de laisser tomber
l’extrémité ouverte du tuyau dans le seau d’embouteillage pour que la bière s’écoule
automatiquement. Plusieurs essais peuvent être nécessaires.
Quel est le principe du siphonnage ? La force agissante est le produit de l’accélération
gravitationnelle par la masse (F = mg). La bière (ou tout autre liquide) est tirée par
gravité et entraînée par le poids de sa propre masse. À mesure que sa propre masse
diminue, la pression de poussée diminue également, l’attraction gravitationnelle
restant constante.
Une fois que la bière a été transférée de la dame-jeanne dans le seau d’embouteillage,
suivez simplement les instructions concernant l’embouteillage dans la section
« Mettez votre brassin en bouteille ! », précédemment dans ce chapitre.
Figure 17-5 Le transfert de la bière de la dame-jeanne vers le seau d’embouteillage, à l’aide d’un
siphon.
Partie 5
La Partie des Dix
Chapitre 18
Dix manières de mieux apprécier la bière
e nos jours, vous pouvez vous immerger dans la bière de nombreuses manières –
D au sens figuré, bien sûr. Qu’il s’agisse de consommer, de brasser, de
collectionner ou simplement de vous associer à la bière, les occasions de vous
impliquer ne manquent pas. Ce chapitre vous propose quelques idées pour vous aider
à démarrer.
Se lier de passion
Une chose à propos de nous, les brasseurs : nous aimons nous réunir. Nous avons
tendance à former des clubs et des associations aussi naturellement qu’une bonne
bière a tendance à former de la mousse. Que vous souhaitiez faire avancer la cause de
la consommation d’alcool, du brassage ou des collectionneurs, vous pourrez toujours
trouver, pour vous aider, des amateurs de bière partageant les mêmes idées que vous.
Comme on peut le supposer, les clubs et autres groupements de personnes dédiés à la
consommation de bière ont considérablement proliféré au cours des deux dernières
décennies. Comme on peut également le supposer, les brasseries et les bars à bière
peuvent s’attribuer une grande partie du mérite, car un certain nombre d’entre eux ont
formé des clubs : les clients adhérents obtiennent régulièrement des offres qui
concernent la bière, la nourriture ou les événements au sein de leurs établissements.
Renseignez-vous auprès de votre fournisseur de bière artisanale pour savoir s’il
organise ce genre de rencontres, et sinon, prenez-en vous-même l’initiative !
Un des plus anciens groupes d’amateurs de bière aux États-Unis est la Chicago Beer
Society (CBS). Lors de sa création en 1977, il comptait des dizaines de membres et
ne se réunissait chaque année que pour des événements trimestriels. Lorsque le
brassage artisanal a commencé à gagner du terrain au début des années 1980, la liste
des membres comprenait un nombre croissant de personnes qui brassaient leur bière à
la maison et la CBS a commencé à organiser des événements sur la bière tous les
deux mois. Aujourd’hui, la CBS est un des clubs de bière les plus importants et les
plus dynamiques des États-Unis, avec plus de 500 membres. Elle accueille également
une bonne dizaine d’événements brassicoles très attendus tout au long de l’année. La
CBS peut également se vanter d’être le club qui accueille Ray Daniels et Randy
Mosher, deux auteurs spécialisés dans la bière (je n’en suis plus un membre actif,
mais je l’ai été dans les années 1980 et 1990).
Au Royaume-Uni et au Canada, les amateurs de bière ont la possibilité de faire partie
d’une des organisations brassicoles les plus importantes et les plus actives au monde.
La CAMRA (Campaign for Real Ale) défend la bière depuis plusieurs décennies.
Pour en savoir plus sur la CAMRA, consultez le chapitre 5. Ailleurs en Europe, deux
groupes de consommateurs de bière parmi les plus actifs sont Zythos (anciennement
Objectiv Bierprovers) en Belgique (www.zythos.be) et PINT aux Pays-Bas (www.pin
t.nl).
Chapitre 19
Les dix plus grandes villes de la bière (et
quelques autres)
mesure que s’est affirmée la préférence des gens pour la bière, des traditions
À régionales se sont développées. Dans diverses villes du monde, elles se sont bien
conservées. Ce chapitre se concentre sur les villes qui représentent le mieux les
traditions de la bière et du brassage.
Les villes qui apparaissent dans ce chapitre ont été choisies pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, il s’agit de villes qui offrent beaucoup de bonne bière, et de préférence
dans une variété de styles. Cependant, au-delà de la consommation, ces villes doivent
aussi justifier d’une culture de la bière (ce qui signifie que la bière y fait partie
intégrante de la vie quotidienne et que l’histoire de la ville a été façonnée en partie
par la bière ou le brassage) et/ou offrir une expérience unique en matière de bière.
Voici donc les meilleures villes brassicoles au monde, sans ordre particulier (mais
regroupées par continent).
Munich (Allemagne)
Vous pouviez vous attendre à ce que je commence par Munich. Dès que l’on parle de
la bière en Allemagne, c’est d’abord à la Bavière (dont Munich est la capitale) et aux
Bavarois que l’on pense. C’est sans doute parce que les brasseries sont
particulièrement nombreuses dans l’État de Bavière : il en existait environ 1 200
jusqu’au XXe siècle, et il en subsiste environ 800 aujourd’hui.
Cela pourrait aussi être lié au nombre de fêtes de la bière organisées dans et autour de
Munich, dont l’Oktoberfest de Munich, qui n’est pas la moindre et qui attire
environ 6 millions de participants chaque année (pour plus de renseignements,
consultez les chapitres 15 et 19).
Il ne faut pas oublier que certaines marques de renommée mondiale proviennent de
Munich et de ses environs :
• Augustiner Bräu.
• Hacker-Pschorr.
• HofBräu.
• Löwenbräu.
• Paulaner.
• Spaten.
• Weihenstephan.
Bien sûr, je ne saurais oublier de mentionner les nombreuses brasseries – la
Hofbräuhaus, qui date des années 1500, étant la plus célèbre de la ville – qui
proposent certaines des meilleures victuailles de Munich, comme la wienerschnitzel,
le sauerbraten, le jarret de porc et le meilleur des wursts (les bratwursts). Ces salles
varient en taille et en étendue, certaines plus immenses et plus bruyantes que d’autres.
Une bonne bière, accompagnée d’un excellent repas à la bière et d’une excellente
musique de bière, rendent ces lieux incontournables à Munich.
Forts de tout cela, les Munichois peuvent être fiers de leur histoire et de leurs
traditions. Le public et les visiteurs ressentent cette atmosphère particulière que l’on
appelle la gemütlichkeit et qui est associée aux notions de confort, de gaieté et de
convivialité. Voilà ce qui fait de Munich une grande ville de la bière.
Bamberg (Allemagne)
La ville franconienne de Bamberg, en Allemagne, n’est qu’à trois heures de route de
Munich (voir la section précédente). Bien qu’elle soit considérablement plus petite et
plus pittoresque, elle offre au touriste de la bière tout ce que Munich fait dans l’esprit
et la tradition. Cependant, les expériences réelles de la bière y sont assez différentes,
c’est pourquoi Bamberg mérite sa propre distinction.
La Franconie se trouve dans la partie nord de la Bavière et peut revendiquer la plus
grande densité de brasseries de toute l’Allemagne. La ville même de Bamberg compte
plus de brasseries que toute autre ville allemande de sa taille (environ
70 000 habitants), avec actuellement huit brasseries, un brewpub (Ambrausianum), et
de nombreuses autres brasseries parsemant la campagne locale.
Bamberg est réputée pour sa bière fumée ésotérique et est considérée comme la
capitale mondiale de la Rauchbier. Plusieurs brasseurs locaux fabriquent cette bière
au cuivre bruni, en utilisant du malt fumé au feu de bois de hêtre pour donner à leur
bière sa saveur inhabituelle. On dit que la Rauchbier a un goût acquis, et c’est bien
mon avis. J’y ai pris goût dès ma première gorgée !
Bruges (Belgique)
Une grande ville brassicole n’est pas nécessairement une ville qui compte une
profusion de brasseries. La ville médiévale de Bruges, dans le nord-ouest de la
Belgique, en est un parfait exemple. S’il existait à une certaine époque plus
de 30 brasseries à Bruges et dans ses environs, une seule d’entre elles restait jusque
récemment en activité, la Brouwerij Straffe Hendrik/De Halve Maan (la demi-lune).
Fort heureusement, deux autres brasseries sont venues ces dernières années renforcer
la « demi-lune » et proposer des bières de tradition : la Bourgogne des Flandres et la
Brouwerij Fort Lapin.
De nos jours, ce qui frappe le plus l’imagination des amateurs de bière à Bruges, ce
sont les nombreux cafés, bars et magasins de boissons populaires de la ville – ainsi
que l’occasionnelle fête de la bière. On trouve à Bruges plus de 400 marques de bière
différentes, et vous pourriez passer des jours (ou plus probablement des semaines) à
toutes les chercher.
Dans le cadre de vos recherches sur la bière, vous voudrez peut-être visiter le musée
Gruuthuse. Ce musée est situé dans la maison de Gruuthuse, qui appartenait à la
famille Van Brugghe-van der Aa à la fin du Moyen Âge. Cette famille possédait le
monopole de la vente de gruut (un mélange médiéval d’épices utilisé pour faire de la
bière). La Société Archéologique de Bruges a commencé les collections d’antiquités
et d’art actuelles en 1865. En 1955, la ville de Bruges a acquis et agrandi la collection
et le musée.
Londres (Angleterre)
Londres a été et sera à jamais associée à ses pubs, et à juste titre. Omniprésent, le pub
de quartier – le mot pub est l’abréviation de Public House – est inextricablement lié à
la vie quotidienne dans toute la Grande-Bretagne.
Quant à la bière elle-même, les non Britanniques la voient souvent comme un produit
un peu singulier : une bière chaude et plate. Comparativement parlant, la bière à
Londres n’est pas aussi froide ni aussi gazeuse que celles auxquelles la plupart des
buveurs de bière sont habitués, mais elle fait partie intégrante de l’expérience de
consommation de bière au Royaume-Uni (pour plus de détails, consultez le chapitre 1
5).
Attendez-vous à découvrir de nombreuses variations sur les Bitters et les Mild Ales à
Londres, avec occasionnellement de la Porter ou de la Stout pour faire bonne mesure.
De plus, soyez à l’affût de tout ce qui concerne le tirage manuel, ou Cask beer (voir c
hapitre 5), et essayez-le à des fins de « recherche ».
À elle seule, Londres a eu sa part de brasseries et d’histoire brassicole. Voici
quelques-uns des noms les plus célèbres qui lui sont associés :
• Bass.
• Courage.
• Fuller’s.
• Watney’s.
• Whitbread.
• Young’s.
Mis à part les brasseries, c’est dans les pubs que la dégustation de bière se présente
sous son meilleur jour. Sachez que la plupart des pubs de Londres sont des
établissements sous contrat, ce qui signifie que les produits servis à la pression sont
ceux de la brasserie dont le nom ou le logo figure à l’entrée du pub. Avoir sur soi un
bon guide des pubs de Londres est fortement recommandé pour une tournée sérieuse
dans cette ville. Vous pouvez trouver de nombreux guides de bonne qualité, mais le
meilleur est celui qui peut être obtenu auprès de la CAMRA (Campaign for Real Ale,
www.camra.org.uk/).
Portland, dans l’Oregon (États-Unis)
Portland est une des deux villes américaines qui ont rapidement pris de l’importance
pendant la révolution (ou la renaissance) des microbrasseries (l’autre étant Seattle,
dans l’État de Washington : voir la section suivante), et 35 ans plus tard, elle est
toujours la ville brassicole préférée des Américains.
Par rapport à sa taille (avec une population de moins de 600 000 habitants), Portland
peut se vanter de compter non seulement 105 brasseries dans les limites de la ville,
mais aussi beaucoup plus de brasseries au-delà de sa périphérie. Le barde de la bière
Michael Jackson (l’écrivain respecté de la bière) a appelé Portland la « capitale
mondiale de la bière ». La Portland Oregon Visitors Association suggère Bervana et
Brewtopia comme surnoms pour la ville. En janvier 2006, le maire, Tom Potter, a
donné à la ville un nouveau surnom non officiel : Beertown.
Bien que l’histoire du brassage à Portland reste limitée, au-delà de l’ancienne
brasserie établie par Henry Weinhard en 1862, cette ville a laissé sa marque dans
l’histoire par son rôle dans le mouvement de la bière artisanale. Les visiteurs peuvent
y découvrir une gamme remarquablement vaste de styles de bière, depuis les bières
traditionnelles (bières simples) jusqu’aux bières avant-gardistes (bières robustes
vieillies en fûts).
Outre un grand nombre de brasseries artisanales, Portland présente également une
scène brassicole dynamique dans ses nombreux bars à bière et pubs gastronomiques.
Les brasseurs artisanaux de Portland, avec l’aide de l’Oregon Brewers Guild,
organisent également des fêtes de la bière parmi les plus anciennes, les meilleures et
les plus populaires des États-Unis, comme l’Oregon Brewers Festival (pour plus de
renseignements sur les fêtes de la bière, reportez-vous au chapitre 20).
Une promenade tranquille vers le sud en direction de Corvallis, dans l’Oregon, offre
également aux amateurs de bière l’occasion de découvrir des fermes de houblon
parmi les plus grandes et les plus productives de toute l’Amérique du Nord.
Paris (France)
Alors que Paris disposait jusqu’au milieu du XXe siècle d’une importante industrie
brassicole issue des grandes familles alsaciennes qui avaient également mis à la main
sur de nombreux restaurants (avez-vous besoin que l’on vous cite quelques-unes des
« brasseries » parisiennes ou l’on vous sert de copieuses choucroutes ou jarrets ?),
celle-ci a été emportée après la Seconde Guerre mondiale. Il aura fallu attendre le
début des années 2000 pour que ressurgissent des brasseries artisanales produisant sur
place leur bière.
D’une poignée il y a vingt ans en région parisienne, ce sont aujourd’hui près d’une
centaine de brasseries qui se sont installées sur toute l’Île-de-France. Certaines sont
devenues d’importantes brasseries artisanales, dont vous trouverez la production dans
les grandes surfaces, quand d’autres privilégient la vente directe et le circuit des
épiceries et des caves spécialisées. Beaucoup d’entre elles créent des lieux de
dégustation et des bars liés à la brasserie et les brewpubs se multiplient. Après être
restée timide face à la révolution mondiale de la bière artisanale, Paris rattrape
rapidement son retard et il se crée régulièrement de nouvelles bonnes adresses de
bières. Renseignez-vous auprès du Paris Beer Club, club d’amateurs de bière qui
organise de nombreux événements tout au long de l’année – www. parisbeerclub.fr
Paris n’est pas la seule ville française qui mérite le détour si vous
aimez la bonne bière !
De nombreuses villes en région valent le détour pour les brasseries, brewpub,
caves et bars qui sont apparus ces dernières années : citons parmi elles
Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Lille, Strasbourg, Rennes, Nantes, Lyon…
Quelques bonnes adresses en ligne pour vous renseigner :
• Syndicat National des Brasseries Indépendantes (SNBI) : www.brasseurs-i
ndependants.fr
• Brasseurs de France : www.brasseurs-de-france.com
• Bières et Brasseries : bieres-et-brasseries.fr
• Bière Art : biere-art.com
En région :
• Bières bretonnes : www.bieresbretonnes.fr
• Route de la Lorraine de la Bière : routelorrainedelabiere.com
• En Rhône-Alpes : www.bonnesbieres.fr
Chapitre 20
Les dix meilleures fêtes de la bière dans
le monde
e toutes les façons de boire de la bière, aucune n’est peut-être aussi amusante que
D d’assister à une fête de la bière ou à un festival consacré à la bière. Rien d’autre
n’est aussi important. Bien sûr, grignoter une nourriture savoureuse et écouter de
la musique est également agréable, mais ce n’est que secondaire. L’important, c’est la
bière.
Voici quelques raisons pour lesquelles j’aime les festivals de la bière :
• Il existe peu d’autres occasions de profiter d’une telle variété de styles et de
marques de bière sous un même toit ou sous une seule tente, ou même, sous un
magnifique ciel bleu !
• Il existe encore moins d’occasions de rencontrer et de saluer les personnes
responsables de la fabrication de ce merveilleux élixir, de les abreuver de
superlatifs et de les submerger d’adulation.
• La plupart des fêtes et festivals de la bière sont organisés de telle sorte que
vous puissiez essayer de nombreuses bières différentes sans dépenser une
fortune ni perdre connaissance. Les formules tout compris permettant d’obtenir
une infinité d’échantillons – en petites quantités – sont l’idéal.
• Partager avec d’autres passionnés cette merveille qu’est une bonne bière est
une chose formidable. D’après mon expérience, les gens qui aiment la bonne
bière sont de bonnes personnes. En outre, la bière est un excellent lubrifiant
social.
Donc, avec tout cela en tête, je présente dans ce chapitre mes dix coups de cœur pour
les grands festivals de la bière aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Gardez à
l’esprit que cette liste n’est en aucun cas complète. Des dizaines de fêtes de la bière
ont lieu chaque année dans le monde, et cette liste est susceptible de susciter la
controverse, principalement parmi ceux qui seront déçus de me voir faire l’impasse
sur leurs événements préférés. Je sais que je ne fais ici qu’effleurer le sujet : je
pourrais écrire encore un livre entier rien que sur les fêtes de la bière.
Pale Ale Classic Pale Ale Bass (Angleterre) ; Ninkasi – Pale Ale (France)
American Pale Ale Sierra Nevada Pale Ale (Californie)
India Pale Ale (IPA) Eldridge Pope Royal Oak (Angleterre) ; Grizzly – Golden Bridge
(France)
Double/Imperial IPA Russian River Pliny the Elder (Californie) Volcelest Double
IPA (France)
Porter Brown Porter Samuel Smith’s Taddy Porter (Angleterre) ; Bouledogue – Porter
(France)
Robust Porter Meantime London Porter (Angleterre) ; Brasserie
St Germain – Robust Porter (France)
Baltic Porter Sinebrychoff Porter (Finlande) ; Southampton
Imperial Baltic Porter (New York)
Stout Dry (Irish style) Guinness Extra Stout (Ireland) ; Rogue
Shakespeare Stout (Oregon)
Sweet (London style) Mackeson XXX (Angleterre) ;
Phinaert Brune (France)
Oatmeal McAuslan St. Ambroise
Oatmeal Stout (Canada) ;
Piggy Brewing Company – Noxy X6 (France)
Russian Imperial Samuel Smith’s Imperial
Stout (Angleterre) ;
La Débauche – Nevermore (France)
Foreign Dragon Stout (Jamaïque,
Angleterre) ; Elysian
Dragonstooth Stout (Washington)
Strong Ale English Old Ale Old Peculier (Angleterre) ;
La Malpolon – Old Ale Barrle
Aged (France)
Scotch Ale MacAndrew’s Scotch Ale (Écosse) ; Samuel Adams
Wee Heavy (Massachusetts)
Wheat Beer Blue Coast – Blanche (France)
Berliner Weisse Berliner Kindl Weisse (Allemagne) Popinh – Berliner Weisse Framboise
(France)
Dunkelweizen Hopf. Dunkel Weisse (Allemagne) ; La Vieille Mule – Mule Vagabonde
(France)
Hefeweizen Franziskaner (Allemagne) ;
L’Instant – Hefeweizen (France)
Weizenbock Schneider Aventinus (Allemagne) ; Page 24 – Imperial Weizenbock
(France)
Les ales
Tableau A-5 American-Style Ale.
Style Gravité initiale (en degrés Plato) Teneur en alcool par volume (par poids)
American Pale Ale 1,044 – 1,056 (11 – 14) 4,5 – 5,5 (3,5 – 4,2)
Barleywine 1,090 – 1,120 (22,5 – 29) 8,5 – 12 (6,7 – 9,6)
Lagers
Tableau A-15 Bock.
Style Gravité initiale (en degrés Plato) Teneur en alcool par volume (par poids)
Doppelbock 1,074 – 1,080 (18,5 – 20) 6,5 – 8 (5,2 – 6,2)
Eisbock 1,092 – 1,116 (23 – 29) 8,6 – 14,4 (6,8 – 11,3)
Helles Bock 1,066 – 1,068 (17 – 17,5) 6 – 7 (5 – 5,8)
Maibock 1,066 – 1,068 (17 – 17,5) 6 – 7 (5 – 5,8)
Traditional Bock 1,066 – 1,074 (17 – 19) 6 – 7,5 (5 – 6)
• Les premiers Européens accordaient une telle importance à la bière que les
légendes nordiques promettaient aux guerriers particulièrement méritants, en
guise de récompense ultime dans l’au-delà, une corne débordante de bière. Les
cornes de bière nordiques typiques portaient des runes de bière, des inscriptions
pour se protéger des poisons. Les bières nordiques étaient souvent servies avec
de l’ail pour conjurer tous les maux (en créant ainsi un nouveau, non ?).
• En Europe centrale, le houblon est utilisé dans la fabrication de la bière depuis
le VIIIe siècle en remplacement d’autres fleurs, feuilles, baies, épices et objets
étranges utilisés pour rendre la bière plus amère. Cependant, le houblon n’a été
largement accepté qu’à partir du XVIe siècle.
• Dans l’Angleterre du XVe siècle, les brasseurs commençaient tout juste à
utiliser le houblon dans le processus de fabrication de la bière. Les buveurs de
bière faisaient une distinction claire entre les brasseurs qui refusaient
obstinément d’utiliser le houblon et ceux qui l’utilisaient, et de nombreux
buveurs de bière étaient si farouchement opposés à l’utilisation du houblon
qu’en 1436, le roi dut délivrer une assignation aux shérifs de Londres, leur
ordonnant de protéger les brasseurs de bière houblonnée contre les actes de
violence.
• Avec l’essor du commerce et la croissance des villes au Moyen Âge, le
brassage est devenu plus qu’une activité domestique. Des brasseries
municipales ont été créées, ce qui a finalement conduit à la formation des
guildes de brasseurs. Le brassage commercial à une échelle nettement plus
importante a commencé vers le XIIe siècle en Allemagne. À la fin du XIVe siècle,
la bière était bien établie en Angleterre en tant que boisson nationale. Ses
qualités rafraîchissantes étaient appréciées aussi bien par les gens du peuple que
par la noblesse.
• Selon les archives de la ville, le brassage commercial à Pilsen et à Budweis
remonte au XIIIe siècle. Au XVIe siècle, la brasserie Budweis fournissait de la
bière à la Cour royale de Bohême, ce qui a inspiré la devise « Bière des rois ».
• En 1502, Christophe Colomb découvrait quelque chose de plus important que
l’Amérique : la bière amérindienne, à base de maïs et de sève d’arbre. Il se dit
qu’il en a bu quelques-unes avec les habitants des environs.
• La lager a balayé l’Europe comme une peste au milieu du XIXe siècle, avec
cette différence qu’elle était bienvenue. Ce nouveau style de bière était de
couleur et de corps plus clairs que l’ale, et grâce au processus de vieillissement,
plus moelleux. Les anciennes traditions de consommation de bière ont cédé la
place à cette bière nouvelle et améliorée, plus douce et plus facile à boire.
Seules les îles britanniques et la Belgique ont résisté, encore que leur résistance
se soit atténuée ces dernières années.
Couverture
La Bière pour les Nuls
Copyright
À propos des auteurs
Dédicace
Remerciements
Introduction
À propos de ce livre
Ce que vous n’êtes pas obligé de lire
Hypothèses gratuites
Comment ce livre est organisé
Les icônes utilisées dans ce livre
Par où commencer ?
Ailes de chauve-souris, œil de triton : des compléments qu’on peut adorer ou abhorrer
Chapitre 3. Un peu de magie, ou comment la bière est fabriquée
Cuves et fermenteurs : le matériel de brassage
À peu près tout ce que l’on peut imaginer : les bières de spécialité
Quand c’est impérial : intensifier les styles de bière pour plus de punch
Un espoir pour les personnes atteintes de la maladie cœliaque : la bière sans gluten
Verser la bière
Le moment de la réflexion : la bière entière vaut-elle plus que la somme de ses parties ?
La bière au Royaume-Uni
Un avant-goût de l’Irlande
Se lier de passion
Chapitre 19. Les dix plus grandes villes de la bière (et quelques autres)
Munich (Allemagne)
Bamberg (Allemagne)
Bruges (Belgique)
Londres (Angleterre)
Paris (France)
Partie 6. Annexes
Annexe A. Petit guide des styles et des statistiques sur la bière
Un échantillon de styles de bière
Densité et teneur en alcool de divers styles de bière
Annexe B. Une petite histoire de la bière (pour les vrais fans de la bière)
La bière à l’aube de la civilisation et à travers l’histoire du monde