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Pour les Nuls est une marque déposée de Wiley Publishing, Inc.
ISBN : 978-2-7540-4133-1
ISBN numérique : 9782754067751
Dépôt légal : mai 2014
En 2001, trop vieux pour mimer les solos de ses guitar heros
préférés ou pour danser en rave jusqu’au petit matin, Philippe
Jugé quitte la presse musicale pour l’actualité économique. Son
passé le rattrape quelques années plus tard lorsque La Maison
du Whisky le recrute : fan de musique, la responsable des
ressources humaines de cette institution est encore et toujours
une fidèle lectrice de Magic ! Philippe Jugé se voit alors
confier l’édition déléguée de Whisky Magazine puis
l’organisation du salon de dégustation Whisky Live.
À propos de ce livre
Par où commencer ?
Vous pouvez parcourir cet ouvrage comme bon vous semble,
selon vos envies du moment. Histoire, fabrication,
dégustation… les différents chapitres et les lexiques de fin vous
permettront, du moins nous l’espérons, d’étancher votre soif de
connaissance.
Première partie
La naissance de la distillation
Dans ce chapitre :
Alexandrie, à l’origine de l’alchimie
La Mecque ou l’influence des Arabes
Trois hommes de science
Premiers éclaircissements
C’est à Aristote (384-322 av. J.-C.) que l’on doit la première
explication écrite du processus, dans un livre consacré à la…
météorologie. Il explique que « le soleil en chauffant la terre en
fait évaporer l’eau de la mer. En montant, cette vapeur d’eau se
refroidit, puis se condense et retombe en pluie sur la terre ». Un
peu plus loin dans ce même livre, il écrit également : « l’eau
salée devient douce lorsqu’elle est transformée en vapeur puis
condensée. Je le sais par expérience ». Il ajoute : « Le vin et
tous les fluides, quels qu’ils soient, redeviennent de l’eau après
s’être évaporés et condensés. » Son ouvrage ne décrit pourtant
que des phénomènes qui semblent naturels.
Parfums enivrants
Cet âge d’or arabe permet aux sciences en général et à l’art de
la distillation de reprendre sa marche en avant dans un contexte
de grand progrès scientifique et technique. Trois hommes vont
plus particulièrement apporter leur contribution à la science qui
nous intéresse.
Dans son livre Kitâb Sirr Al-Asrâr (Le Livre du secret des
secrets ), Rhazès (IXe siècle) utilise le mot « distillation » dans
le sens qu’on lui connaît aujourd’hui. « La distillation, c’est le
procédé qui permet de produire de l’eau de rose. Cela consiste
à placer les éléments dans un alambic. Allumer un feu en
dessous et recueillir l’eau qui s’évapore dans un récipient. »
Dans ce même livre, Rhazès décrit différentes sortes
d’alambics en fonction de l’utilisation que l’on veut en faire. Il
insiste également sur deux points qui selon lui améliorent le
rendement et l’efficacité du processus : lorsque l’eau bout dans
un chaudron de cuivre et si l’on chauffe directement l’alambic.
L’eau-de-vie, à la source
Dans ce chapitre :
Abulcasis et le chapeau de l’alambic
Magister Salernus et l’eau qui brûle
Elle court, elle court, l’eau-de-vie
Le chaînon manquant
Une nouvelle invention est donc probable, quoique non
expliquée : celle qui consiste à imaginer un système de
refroidissement du chapiteau de l’alambic, sur lequel viennent
se condenser les vapeurs. Plus la condensation est rapide et
précise, plus on concentre la teneur en alcool. On ne peut pas
assurer qu’il existait un système dédié (avec un refroidissement
par une source d’eau froide, par exemple) mais on peut
supposer que le ou les distillateurs s’étaient aperçus qu’en
utilisant du matériel en verre (la réputation de Murano est déjà
très grande), il était plus facile de contrôler les températures de
chauffe et de les rendre plus précises. Ce premier texte n’est
pas daté, ni datable avec précision. Plusieurs éléments
concordants attestent cependant qu’il aurait été écrit vers 1130.
Le cinquième élément
Le moine franciscain Jean de Roquetaillade (vers 1310-
1366) popularise le concept de quintessence. Pour cet
alchimiste, cet « esprit » tangible de la matière est le
cinquième élément essentiel de la création – quint
essentia –au côté l’eau, la terre, le feu et l’air. C’est un
produit miracle, capable de « préserver le corps humain
de la corruption, de le guérir de la paralysie et de la
peste ».
L’origine du whisky
Dans ce chapitre :
Les premières gouttes d’aqua vitae
L’honneur des Écossais
D’aqua vitae à uisge beatha
Dissolution et distillation
Cette décision est à l’origine de la dissolution des monastères.
Entre 1536 et 1541, plus de 800 communautés religieuses sont
dissoutes et des centaines de moines sont renvoyés à la vie
civile. Pour certains, la distillation est un des moyens qui leur
permet de subvenir à leurs besoins, popularisant un peu plus
l’art distillatoire.
La distillation « maison »
La livre britannique
Pour rappel, jusqu’en 1971, la livre britannique est
divisée en 20 shillings et chaque shilling vaut
12 pences. Il y a donc 240 pences dans une livre
jusqu’en 1971 et l’adoption du système décimal, 1 livre
= 100 pences. Pendant longtemps, le symbole du penny
est resté un d, du latin denarius (qui a donné le mot
« denier » en français).
Le droit d’accise
Dans ce chapitre :
L’Écosse et la Malt Tax
Irlande : whisky des villes, poitin des champs
Le whisky dans tous ses états… d’Amérique
Glenturret, la clandestine
Pourtant, la plus ancienne distillerie écossaise en activité
aujourd’hui est Glenturret (Hosh distillery jusqu’en 1875).
Située en plein cœur de l’Écosse, elle a été fondée en 1775 par
une poignée de distillateurs clandestins qui trouvent alors
refuge dans une ferme du Perthshire. Leur activité de
distillation n’est pas véritablement illégale. Jusqu’en 1781, il
est parfaitement autorisé de distiller à partir de ses propres
céréales pour sa consommation personnelle. Même si peu
nombreux sont ceux qui se déclarent afin de ne pas payer les
taxes. Et surtout pas les propriétaires de Glenturret.
La Highland Line
Nouveau changement de cap en 1784. Le Wash Act instaure…
deux nouvelles façons de taxer les spiritueux, que l’on se
trouve au Nord ou au Sud. C’est la fameuse Highland Line qui
sépare l’Écosse en deux. Dans les Lowlands, on taxe le brassin
(5 shillings). Dans les Highlands, la taxe est calculée sur la
taille de l’alambic, qui ne doit pas excéder une capacité de
30 gallons. Il faut s’acquitter de 1 £ par an et par gallon de
capacité. La nouvelle loi rend également solidaires le
propriétaire et le fermier en cas d’infraction. Elle introduit
aussi l’idée d’un document officiel devant accompagner tout
transport d’alcool. Enfin, elle révoque le droit perpétuel de
Ferintosh à distiller gratuitement (contre une indemnité de
21 580 £ versée par l’État).
Dubliners
La Whisky Rebellion
Côté océan Atlantique et au centre du pays, on distille plutôt du
seigle, une céréale importée d’Europe qui s’est mieux
acclimatée que l’orge ou le blé. Deux régions se révèlent vite
idéales : les montagnes du Cacoctin et le long de la rivière
Manongahela. Dans sa vallée, prend d’ailleurs naissance la
Whisky Rebellion , épisode fondateur des États-Unis tels qu’on
les connaît aujourd’hui. Petit rappel des faits.
Fin de partie
Entre 1791 et 1794, les incidents plus ou moins graves entre
distillateurs et autorité se multiplient : inspecteur recouvert de
goudron et de plume, général menacé physiquement par des
producteurs, coups de feu tirés en direction de deux
inspecteurs, jusqu’à la mort d’un négociateur mandaté par les
producteurs. L’insurrection est en passe de devenir une révolte.
En 1794, George Washington se décide alors à reprendre les
choses en main. Le 1er août, il envoie trois des plus hauts
responsables fédéraux négocier avec les opposants. En
parallèle, il demande au ministre de la Justice de déclarer
l’ouest de la Pennsylvanie en état d’insurrection. C’est chose
faite le 4 août, ce qui lui permet le 7 août d’annoncer « à son
grand regret », l’envoi d’une force militaire pour mater la
rébellion. 12 500 hommes de tous les États sont mobilisés et
envoyés sur place. Du jour au lendemain, plus personne ne
manifeste alors son opposition à la taxe.
La distillerie du président
George Washington fut aussi le propriétaire d’une des
plus importantes distilleries du pays. En 1771, le futur
premier président des États-Unis fait construire un
moulin dans sa grande propriété de Mount Vernon
(comté de Fairfax en Virginie) sur les rives d’un petit
affluent du Potomac. Des alambics sont installés pour
distiller du rhum. En 1797, James Anderson, le
responsable… écossais, de l’exploitation – qui
comprend également cinq fermes – suggère à
Washington de construire une distillerie de whisky.
Deux alambics sont rapidement installés et le premier
distillat est recueilli le 22 février 1797. 600 gallons (un
peu moins de 2 300 litres) sont produits la première
année. Dès 1799, avec une production de
11 000 gallons par an, elle devient l’une des plus
grosses du pays. À la mort de George Washington en
1799, la distillerie passe de main en main jusqu’à sa
destruction complète en 1814 à la suite d’un incendie.
Elle a été reconstruite à l’identique et a rouvert au
public en avril 2007. C’est aujourd’hui le point de
départ de l’American Whiskey Trail, un circuit de
visite qui relie tous les sites historiques de la
distillation aux États-Unis.
Chapitre 5
Dans ce chapitre :
Whisky made in USA , recette d’un succès
Le Vieux Continent et les Temps modernes
Une révolution planétaire
L’Excise Act
Alexander, quatrième duc de Gordon (1743-1827), l’un des
principaux propriétaires terriens du pays, milite alors pour une
loi encore plus souple. Sous l’autorité de Thomas Wallace
(1768-1844), secrétaire d’État au commerce, une commission
parlementaire est alors créée pour définir une réforme en
profondeur. Ses conclusions sont acceptées par le Premier
Ministre anglais, Frederick « prosperity » Robinson (1782-
1869). Et c’est ainsi qu’est voté le texte de l’Excise Act de 1823
qui structure une bonne fois pour toutes la production de
whisky. Désormais, la licence coûte 10 £ par an et par alambic.
Les droits sont fixés à 2s 5d par gallon produit (avec une
ristourne de 1s 5d par gallon si on distille à partir de malt).
Mieux, la loi crée les fameux chais sous douanes (bonded
warehouse) , ce qui permet d’acquitter les droits sur l’eau-de-
vie au moment de sa vente, pas de sa production. Désormais, le
distillateur, petit ou gros, au nord comme au sud va pouvoir
produire du whisky comme bon lui semble.
L’alambic labyrintic
À la même époque, un procédé de distillation en continu
apparaît (voir figure 8-2 ). Absolument révolutionnaire, il
s’appuie sur les travaux du descendant d’un huguenot français,
Anthony Perrier (1770-1845), qui travaille dans la distillerie de
son frère, Spring Lane à Cork. C’est lui qui a l’idée en 1823 de
verser le brassin à distiller dans un alambic dont l’intérieur
ressemble à un labyrinthe. Du coup, c’est par petite quantité
que le brassin entre en contact avec la source de chaleur. Il se
vaporise instantanément mais se re-condense aussi vite sur les
parois du labyrinthe, jusqu’à ce que l’éthanol arrive à
s’échapper vers le condenseur. Effet immédiat : le rendement
alcoolique est beaucoup plus élevé. L’Écossais Robert Stein,
propriétaire de la distillerie Kilbagie, reprend l’idée à son
compte mais en modifiant la forme de l’alambic : l’oignon
devient colonne à plateaux. Le principe est le même mais le
design rend l’invention encore plus efficace. C’est lui qui
nomme sa colonne à distiller patent still , car il dépose deux
brevets en décembre 1827. Sans grand succès, même si son
cousin John Haig y voit l’avenir du whisky. Il fait d’ailleurs
installer dans sa propre distillerie, Cameron Bridge, le premier
alambic de ce type dès 1828. C’est un certain Coffey, un ancien
officier des douanes, propriétaire de la distillerie Dock à
Dublin, qui perfectionne l’installation.
Mais les Molson ne vont pas rester seuls bien longtemps. Dans
les années 1830, les Anglais James Worts et son beau-frère
William Gooderham (1790-1881) débarquent du Yorkshire et
s’établissent en tant que meuniers. Suite au suicide de son
associé, Gooderham s’associe avec son fils aîné, James
Worts Jr (1818-1882). Ils construisent une distillerie en 1837.
C’est un bon moyen de valoriser le surplus de grain qu’on leur
apporte au moulin. Le succès est immédiatement au rendez-
vous. Il y a environ 200 distilleries en activité au Canada en
1840 mais celle de Gooderham & Worts est l’une des plus
connues. En 1859, les deux entrepreneurs s’offrent une toute
nouvelle distillerie pour 200 000 dollars de l’époque. Une vraie
fortune. L’investissement est payant puisque la distillerie
devient, dix ans plus tard, l’une des plus grosses au monde avec
une production qui dépasse les 2 millions de gallons par an.
Au XX e siècle, la mondialisation
Dans ce chapitre :
“What is whisky ?” case
1900-1950, la moitié chaos
1950-201…, le plein essor
Whisky banzaï
Paddy surnage
Les affaires ne tournent pas aussi bien en Irlande. C’est même
la catastrophe. Si le whiskey a survécu tant bien que mal à
l’erreur stratégique de ne pas installer des colonnes à distiller
en continu, la reconnaissance des blends en tant que whisky a
porté une première estocade. À partir de 1916, il subit de plein
fouet les conséquences des velléités d’indépendance de
l’Irlande : insurrection de Pâques (1916), guerre
d’Indépendance (1919-1921) et proclamation de l’État Libre
d’Irlande (1922-1936). Du jour au lendemain, le premier
marché des producteurs irlandais – la Grande-Bretagne – est
interdit d’accès. Mais aussi tout l’Empire britannique : Canada,
Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande et Inde, autant de
pays où le whisky irlandais est très fortement implanté. Le
coup de grâce est porté par la Prohibition aux États-Unis. Les
distilleries ferment alors les unes après les autres, certaines vite
(Marrowbone Lane, Monasterevan, North Mall, Phœnix Park),
d’autres en agonisant (Avoniel, Jones Road, Thomas Street,
Dundalk), les dernières à petit feu (Locke’s, Tullamore). Il faut
un coup de génie à Midleton pour survivre à cette crise majeure
et les aptitudes commerciales de Patrick O’Flaherty. En 1920,
Murphy’s whisky change de nom et prend le surnom de
meilleur vendeur, Paddy.
La production, un savoir-faire en
huit étapes
Il va sans dire que chacun des cycles moins/plus d’eau cache un ensemble
de paramètres qui rend un peu plus complexe chacune des opérations mises
en œuvre.
Chapitre 7
Dans ce chapitre :
À la ferme, la récolte des céréales
À la malterie, le sucre dans tous ses états
À la meunerie, la dissolution en moût
À la brasserie, la fermentation en bière
Le grain et l’ivraie
À l’exception du maïs qui craint le froid, les céréales existent
en variétés d’hiver (semis à l’automne, cycle végétatif long) ou
de printemps (semis en mars, cycle végétatif court). À maturité
et détachée de son épi (c’est-à-dire une fois récoltée et sèche),
la graine rentre naturellement en dormance. Cet état
d’hibernation est constitué d’une période incompressible – de
quatre à huit semaines – imposée par la nature pendant laquelle
le grain ne peut pas germer. Ce sont les conditions climatiques
naturelles (le redoux) ou créées artificiellement (le maltage) qui
le tirent de sa torpeur.
Un outsider : le seigle
Le seigle est une plante rustique qui se satisfait de terres
pauvres. Tout comme l’orge, elle a de grandes barbes et elle
peut se planter en hiver ou au printemps. Le rendement est
d’environ 5 tonnes par hectare et il faut une tonne de seigle
pour produire 500 litres d’alcool pur. Aujourd’hui, le whisky de
seigle revient peu à peu au goût du jour, grâce aux micro-
distillateurs mais aussi au renouveau du cocktail, puisqu’il est
l’ingrédient de base d’un certain nombre de recettes classiques.
La germination
Le tambour de germination
L’industrie de la bière s’étant particulièrement
développée en France dans la seconde moitié du XIXe
siècle, deux ingénieurs français – Nicolas Galland
(1816-1886) et Jules Saladin (1826-1906) – vont
améliorer technique et matériel. Le premier dirige une
brasserie dans la ville de Maxéville, en Meurthe-et-
Moselle. Le second y travaille en tant que directeur
technique.
Jules Saladin met au point son fameux caisson de
germination en 1877. Il fonctionne sur le même
principe que l’automate pour laver votre voiture, les
deux rouleaux verticaux (et les détergents) en moins.
Imaginez une sorte d’immense bac de 50 mètres de
long sur 10 de large et 1 mètre de profondeur, que l’on
remplit à mi-hauteur d’orge qui vient tout juste d’être
réhydra-tée. Au-dessus, glisse par aller-retour une barre
horizontale munie de pales rotatives hélicoïdales qui
remuent le grain en profondeur, tout en l’aérant et en
l’humidifiant. Il équipa nombre de distilleries
écossaises jusqu’au milieu des années 1960 et devint
connu sous le nom de Saladin box.
En imaginant ses fameux tambours de germination
(drum malting ), Nicolas Galland a l’idée de fermer le
container dans lequel on veut faire germer le malt. Cela
a deux avantages : on peut mieux contrôler humidité et
température, tout en le faisant tourner. C’est le principe
de la machine à laver où on remplace le linge par du
grain.
La malteuse à tambour
Aujourd’hui, ce type de machine a trois programmes –
trempage, lavage et essorage – et fonctionne à l’eau, à la
vapeur d’eau ou à l’air. Le principe est simple mais les
possibilités multiples : on place le grain dans le tambour qui
peut soit rester immobile (trempage), soit pivoter par quart de
tour, soit tourner en continu. Pendant ces opérations, on remplit
d’eau (jamais complètement) ou de vapeur d’eau ou un
mélange des deux. De l’oxygène est également fourni afin que
la graine puisse respirer et se développer normalement. L’eau
est régulièrement changée et la dernière eau (ou vapeur d’eau)
est injectée tiède pour donner un dernier petit coup de boost à
la germination.
La réaction de Maillard
Le séchage du grain provoque également une réaction
chimique fameuse et très utile, la réaction de Maillard.
Ce phénomène, découvert par le Français Louis-
Camille Maillard en 1912, résulte de la rencontre d’un
sucre avec un acide aminé. Cela entraîne la formation
de molécules très aromatiques à l’origine des flaveurs
et des arômes du whisky.
Le maltage traditionnel
Jusque dans les années 1960, la plupart des distilleries
maltaient leur orge sur place et de manière traditionnelle, une
opération qui pouvait s’étaler sur sept à dix jours. On faisait
tremper le grain dans des cuves puis on l’étalait sur une hauteur
de 10 à 20 cm dans une aire de maltage qui n’était autre qu’une
immense surface plane, en pierre ou en béton. Les grains
étaient ensuite retournés régulièrement à l’aide d’une pelle à
malt et aérés avec une sorte de râteau à trois dents. Les ouvriers
en charge de ces opérations contractaient une arthrose qui leur
déformait l’articulation de l’épaule, appelée « monkey shoulder
» (littéralement « épaule de singe »). L’apparition d’une
radicule blanche à l’extrémité du grain était souvent le signe
qu’il fallait arrêter la germination. Pour s’en assurer, le malteur
avait une technique toute particulière : elle consistait à écrire
ses initiales avec un grain sur une pierre ou sur leur pelle. Si les
lettres étaient lisibles, la céréale était prête pour la troisième
opération : son séchage.
Chat alors !
En raison des grandes quantités de céréales stockées et
utilisées, chaque distillerie abrite au moins… un chat. Il
devient bien souvent la mascotte du lieu mais cela ne
doit pas le détourner de sa mission première : chasser
les souris. L’un de ces matous, aujourd’hui disparu, est
d’ailleurs resté célèbre, celui de la distillerie écossaise
Glenturret. On a en effet attribué à Towser, le petit nom
de cette chatte, l’extermination de… 28 899 souris en
(presque) 24 ans d’existence (1963-1987) ! Avec un
peu plus de trois souris par jour, c’est une belle
moyenne. Même si le record a été dument homologué
par le célèbre livre Guinness, ce nombre
invraisemblable – qui ne prend pourtant en compte que
les rongeurs retrouvés morts au pied des alambics – a
été déterminé statistiquement ! Towser a même sa
statue en bronze à l’entrée du centre d’accueil des
visiteurs de The Famous Grouse Experience, dont The
Glenturret est le malt de référence.
Le concassage traditionnel
Pour pouvoir extraire beaucoup plus facilement le sucre
emprisonné dans notre petit grain de céréale maltée, on va le
concasser en une mouture grossière. La formule idéale se
compose de la balle (ou enveloppe) des grains pour 20%, d’une
poudre de taille intermédiaire appelée gruau pour 70% et d’une
farine plutôt fine pour 10%. Pour moudre le grain, on utilise un
gros moulin équipé de deux ou trois paires de rouleaux. En
fonction de la taille des grains à moudre et/ou de la
composition de la mouture désirée, les paires de rouleaux sont
plus ou moins écartées. Le premier passage expulse le grain de
son enveloppe, les suivants – qui ne tournent pas forcément à la
même vitesse –le réduisent en gruau puis en farine.
Le concassage à marteau
Il faut savoir qu’il existe aussi des moulins à marteau mais qui
sont plutôt utilisés par les distilleries de grain pour leur
capacité à réduire les céréales aux grains plus gros (blé, maïs)
ou non maltées (orge en Irlande) en farine beaucoup plus fine
et uniforme. Les grains sont envoyés en continu dans un
caisson fermé et muni de petits marteaux rotatifs. Aujourd’hui,
certaines distilleries de grain en Écosse ou aux États-Unis
concassent le grain en le mélangeant à de l’eau. Cette technique
(wet milling ) permet de produire une sorte de pâte plus ou
moins liquide dont il est plus facile d’extraire les sucres parce
qu’elle se dissout mieux et/ou qu’elle est prête à la cuisson
pour l’étape suivante du brassage.
Le brassage
Le brassage en lui-même consiste à dissoudre dans de l’eau
tous les sucres fermentescibles de la céréale grossièrement
moulue en remuant (en brassant) sans cesse. C’est le principe
du sucre que l’on fait fondre en tournant la cuillère dans sa
tasse à café. Sous une simplicité apparente, cette étape est
absolument cruciale pour le futur rendement alcoolique. Elle
est réalisée dans une grande cuve, munie d’une pale rotative,
appelée « cuve-matière ». C’est généralement l’équipement le
plus coûteux de la distillerie, loin devant les alambics pourtant
en cuivre. Son acier inoxydable doit supporter un poids
colossal de plusieurs tonnes. Sa pale rotative munie de dizaines
d’ailettes articulées est souvent une petite merveille de
précision mécanique, chargée de mélanger en permanence, et
au mieux, mouture et liquide, afin d’extraire le maximum de
sucre.
par infusion ;
par décoction ;
par cuisson.
La décoction allemande
Il existe une autre méthode de brassage, issue des techniques
brassicoles allemandes, celle de la décoction. Principes et
séquences sont les mêmes, sauf que l’on commence par délayer
une petite quantité de malt dans une eau moins chaude (autour
de 50 °C). Ce mélange est porté à ébullition puis il est reversé
dans la cuve principale. C’est lui qui élève alors la température
de l’ensemble de la préparation et qui permet la
saccharification. Dans ce cas de figure, les paliers de
température sont fixés à 64, 68 et 72 °C.
Cette opération est conduite sous pression, soit dans une sorte
de grosse Cocotte-minute (principe de la cuvée), soit dans des
tubes (principe de la cuisson continue) chauffés à la vapeur. On
chauffe le mélange eau/farine de céréale entre 125 et 150 °C :
30 minutes pour le blé mais jusqu’à 1 h 30 pour le maïs. La
cuisson terminée, la chute soudaine de pression et la baisse
rapide de température – c’est l’effet pop-corn – permettent de
casser la structure des cellules et de libérer une partie des
sucres de la céréale. Le moût se présente alors sous une forme
de soupe, plus ou moins visqueuse.
Une céréale non maltée, quelle qu’elle soit, ne porte pas en elle
les enzymes nécessaires pour rendre ses sucres solubles et
fermentescibles. C’est donc à ce moment-là qu’on est obligé de
rajouter des enzymes afin de compléter le processus de
saccharification. Pour ce faire, deux possibilités : rajouter une
solution eau/orge maltée qui peut représenter de 5 à 15% du
volume total brassé ou rajouter des enzymes cultivés
spécifiquement. C’est interdit en Europe, autorisé aux États-
Unis.
Dans ce chapitre :
Le matériel, bouilloire ou colonne
Le monde magique de la distillation
Eau double ou triple, eau de colonne
Et cela s’avère relativement facile une fois que l’on sait que
leurs points d’ébullition ne sont pas identiques. Comme chacun
sait, l’eau bout à une température de 100 °C mais c’est
beaucoup plus bas pour l’alcool : très exactement 78,35 °C en
ce qui concerne l’éthanol. Une aubaine pour qui cherche à
extraire cet alcool potable. Mais pas si simple.
Le laboratoire de l’alchimiste
Les premiers alambics étaient de simples pots fabriqués en
terre, en céramique ou en verre (voir figure 1-1 ). Ils ont
ensuite été fabriqués en cuivre (du grec ancien Kúpros , qui
désignait Chypre, une île aux nombreux gisements). Ce métal
est facile à travailler, ce qui permet de lui faire prendre la forme
désirée. Très conducteur, il chauffe (et refroidit) rapidement. Il
a aussi la grande qualité de ne donner aucun goût particulier au
distillat. Mieux, on s’est ensuite aperçu que le cuivre
transforme les composants indésirables les plus soufrés en
sulfates de cuivre, des molécules qui ne passent l’étape de la
distillation et sont donc faciles à éliminer en fin de cycle.
Une fois que l’on sait tout cela, passons aux choses sérieuses,
la distillation proprement dite.
Figure 8-1 : Distillation
continue.
Une fois que l’on a dit cela, il faut tout de même respecter un
équilibre parfait et continu entre les fluides qui ne vont cesser
de se croiser en passant d’un état liquide à un état gazeux,
jusqu’à la condensation finale et définitive en eau-de-vie. Et les
opérations se déroulant 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et
365 jours par an. Cela suppose des installations gigantesques,
en amont et en aval la distillerie. C’est ainsi que souvent on y
remarque le moulin, immense, ou les nombreuses (et
gigantesques) cuves. Elles peuvent atteindre le demi-million de
litres. La production d’eau-de-vie se calcule en dizaines de
millions de litres d’alcool pur par an.
La distillation sous vide
Les principes de distillation sous vide sont bien connus
dans l’industrie cosmétique ou… chimique, un peu
moins du côté des producteurs de whisky. Une seule
distillerie de grain en Écosse applique ce principe, très
technique : Girvan. La distillation sous vide présente
plusieurs avantages évidents : elle permet de chauffer
moins fort pour atteindre le point d’ébullition de l’eau
et de l’alcool. En effet, l’eau bout à 100 °C dans une
atmosphère normale. Plus la pression baisse, plus le
point d’ébullition est bas. Par conséquent, cela permet
aussi de moins consommer d’énergie tout en distillant
plus lentement.
L’alambic
C’est un pot hermétiquement fermé prolongé par un tube plus
ou moins haut, le col-de-cygne ou chapiteau. Sa forme varie
selon les distilleries et les caractéristiques désirées par le
distillateur. La plus répandue est celle dite de l’oignon, en
raison de sa ressemblance bombée avec… un oignon. Il existe
aussi des alambics en forme de lanterne ou de poire dont le
nom dérive de la forme du chapiteau, généralement un cylindre
qui monte en se rétrécissant.
Le tube à reflux
Derrière ce nom barbare se cache le – plus ou moins – long et
gros tuyau qui relie la tête de l’alambic au condenseur. Il peut
être positionné soit tout à fait horizontalement, soit incliné vers
le bas ou légèrement dressé vers le haut. Sa fonction première
est donc de gérer le reflux. Cela influe directement sur les
caractéristiques du distillat. Plus le tuyau sera positionné
verticalement vers le condenseur et le reflux important, plus le
distillat sera léger. C’est donc tout sauf un simple bras de
liaison comme on pourrait le croire de prime abord.
Le condenseur
C’est l’appareillage qui permet de condenser les vapeurs qui
s’échappent de l’alambic – autour de 90 °C – en les
refroidissant à 20 °C. Il y en a un par alambic. Il existe deux
types de condenseurs. Le premier, traditionnel, se compose
d’un long serpentin de cuivre qui s’enroule dans une cuve
remplie d’eau. Le tuyau peut atteindre plusieurs dizaines de
mètres et son diamètre diminue progressivement. De l’eau très
froide entre par le bas de la cuve et s’évacue par débordement
par le haut. Historiquement, ce type de condenseur était placé à
l’extérieur de la distillerie. Parce que cela prend beaucoup de
place et la température (plus basse) de l’air ambiant aidait à
garder l’eau suffisamment froide.
La première distillation
À cette étape, le distillateur va porter à ébullition son brassin
d’orge maltée afin de concentrer une première fois l’alcool
qu’il contient. Ce sont les bas vins. On peut considérer cette
opération comme une simple étape intermédiaire. Elle ne
présente aucune difficulté particulière. D’ailleurs, pour gagner
du temps, on préchauffe le brassin, dans une cuve qui n’est pas
l’alambic lui-même. On remplit ensuite l’alambic de première
distillation aux deux tiers, pas plus.
Le rôle du savon
Le savon a la particularité d’empêcher la formation…
de bulles ! Qui l’eût cru ? En ajouter au cours de la
première distillation peut s’avérer très utile. Il prévient
de l’un des accidents les plus redoutés par tous les
distillateurs : le « fouler », c’est-à-dire lorsque le
liquide dans l’alambic bout si fort et violemment qu’il
reflue par son col sans s’être vaporisé.
L’ajout de savon, en amont, permet également de
chauffer plus fort l’alambic sans risque et donc
d’accélérer le processus de distillation et ainsi de
gagner du temps. Bien évidemment, le « savon » utilisé
lors de ces opérations n’a rien à voir avec celui que
l’on utilise pour se laver. Il est exempt de tout parfum.
Attention, toutes les distilleries ne pratiquent pas cette
technique. Certaines, grosses ou petites, n’en font pas
mystère. D’autres ont toujours refusé d’y recourir. Du
moins officiellement.
La bonne chauffe
Les bas vins collectés, on va les redistiller lors d’une seconde
distillation, appelée « bonne chauffe ». C’est à cette étape
qu’est produite l’eau-de-vie proprement dite. Autant dire que
ce distillat et la façon de l’obtenir vont être l’objet de toutes les
attentions.
Les têtes
Les têtes correspondent à la première fraction recueillie en tout
début de seconde distillation. Elles concentrent des éléments
vraiment indésirables car très toxiques : de l’acétone et du
méthanol. Faciles à identifier au nez (en raison d’un fort taux
alcoolique, autour de 80%), elles dégagent une horrible odeur
de solvant.
Les têtes sont collectées à part, dans une cuve spéciale. Elles
représentent moins de 5% du volume total à distiller. Il faut
donc rester très vigilant en début de distillation car leur collecte
ne dure que très peu de temps, de quelques minutes à peine à
une demi-heure dans les plus grosses distilleries.
Le cœur de chauffe
L’alcoomètre
Pour calculer la teneur en alcool d’un liquide, on utilise
un… hydromètre gradué de manière spécifique,
l’alcoomètre (ou pèse-alcool). Son fonctionnement
repose sur le principe d’Archimède et la densité du
liquide. L’éthanol étant une matière plus légère que
l’eau (densité de 0,79 contre 1 pour l’eau), le
thermomètre plongé dans une solution alcoolique s’y
enfoncera plus profondément. C’est donc un petit tube
lesté d’une bille de mercure, ce qui lui permet de se
tenir droit dans la solution à « peser ». Il est gradué de
façon à indiquer la concentration en alcool à la
température de 20 °C. D’où les tables de correction
qu’utilisent en permanence les distillateurs.
Dans ce chapitre :
Les fûts et le principe de la réaction en chêne
Les chais, temples spirituels
Les différentes phases du vieillissement
La réaction en chêne
Il existe plus de 200 variétés de chêne, toutes différentes en
fonction des sols et des climats où ils se sont peu à peu
acclimatés. L’industrie des spiritueux en général et du whisky
en particulier en utilise principalement quatre.
Composition et structure du
bois de chêne
Le bois de chêne est principalement composé de
cellulose (50% de la matière sèche), d’hémicellulose
(20%), de lignine (15%) et de tannins hydrosolubles
(10%).
Si les fûts de vin sont légèrement toastés, les fûts qui servent au
vieillissement du whisky sont généralement bousinés. C’est-à-
dire qu’on en brûle la paroi interne sur 3 à 5 mm de profondeur.
Ce brûlage est impératif et essentiel – il est même obligatoire
aux États-Unis – car il va avoir un impact sur les qualités
organoleptiques du futur whisky. Il permet de détruire les
composés et les arômes indésirables (en particulier résineux)
du bois. Il dégrade les polymères du bois, ce qui a pour effet
d’augmenter le potentiel des flaveurs du bois. Sans oublier que
l’on sait aujourd’hui que la couche plus au moins épaisse de
carbone qui va se former a des propriétés filtrantes et
purificatrices de première importance.
Métier, tonnelier
Mille tonneliers exerçaient leur métier en Écosse en 1980, ils
sont seulement un peu plus de 200 aujourd’hui. Une baisse qui
s’explique par la disparition de ce corps de métier au sein
même des distilleries. Aujourd’hui, seules Balvenie et Loch
Lomond ont conservé une activité de tonnellerie intégrée. La
plus fameuse de toutes les tonnelleries écossaises, c’est la
célèbre Speyside Cooperage, fondée en 1947. Propriété du
groupe français Tonnellerie François Frères depuis 2008, elle
voit passer 40 000 visiteurs et… 150 000 fûts par an.
Avec plus de 1 500 fûts fabriqués par jour ( !), en chêne blanc
américain exclusivement, Brown-Forman Cooperage est la plus
importante tonnellerie au monde. Jack Daniel’s, son
propriétaire, est aussi son premier client puisqu’il achète 85%
des fûts fabriqués ! Un incroyable volume qui fait aussi de
Brown-Forman Cooperage le principal acteur de la revente de
fûts usagés dans le reste du monde, Écosse et Irlande en tête
bien sûr. Il est très rare de ne pas croiser un ex-fût de Jack
Daniel’s dans une distillerie écossaise. Pourtant aucune marque
ne parle de vieillissement en ex-fût de Tennessee whiskey. Que
font les responsables marketing de Jack Daniel’s ?
Le bourbon barrel
Dans le monde du whisky, c’est la star incontestée du
vieillissement sous bois. Il s’en fabrique aux États-Unis autour
d’1,5 million par an. Il sert en effet au moins deux fois (et bien
souvent beaucoup plus) : une première fois aux États-Unis pour
faire vieillir du bourbon (d’où son nom) et ensuite un peu
partout dans le monde. Il représente l’écrasante majorité des
fûts utilisés (90%).
Le hogshead
Ce fût largement utilisé au Royaume-Uni tire son nom étonnant
(tête de cochon) d’une vieille mesure anglaise, hogge hede , qui
au XVe siècle correspondait à 63 gallons, soit 238 litres
environ. Sa capacité actuelle s’échelonne entre 225 et
250 litres. Un hogshead est un fût de bourbon qui a été livré
démonté et auquel on a rajouté volontairement quatre ou cinq
douelles pour l’agrandir lors de son remontage de l’autre côté
de l’Atlantique. Le hogshead règne en maître dans les chais
irlandais et écossais.
Le sherry butt
C’est un grand fût assez étroit (140 cm de haut) originaire
d’Espagne et dans lequel vieillissent traditionnellement les vins
de xérès (sherry en anglais) produits dans la région de Jerez de
la Frontera. Il est assemblé à partir de chêne pédonculé
européen (Quercus robur ) souvent espagnol et plus rarement
avec du chêne blanc américain (Quercus alba ). Selon la
législation espagnole, sa contenance peut aller jusqu’à
1 000 litres mais dans les faits, elle tourne plutôt autour de
30 arrobas (une vieille unité de mesure espagnole), soit
500 litres. Son nom anglais, butt , a la même origine que le mot
bouteille, du latin buticula , petite outre. Les fûts de xérès ne
sont pas bousinés, au mieux légèrement toastés.
Figure 9-1 : Différents
types de fûts : le
bourbon barrel, le
hogshead et le sherry
butt.
Le puncheon
C’est un grand fût d’aspect assez trapu. D’origine espagnole, il
vient une nouvelle fois des producteurs de xérès. Avec une
hauteur maximum de 120 cm, c’est le petit frère du butt . Pas
étonnant lorsqu’on sait qu’il était assemblé à partir des chutes
des mêmes arbres (Quercus robur ) et des mêmes planches.
D’où une taille plus réduite mais de même ou plus grande
contenance (de 500 à 550 litres) en raison d’un ventre plus
rebondi. Ses douves, beaucoup plus larges et plus courtes, lui
donnent un aspect presque lourdaud. Très répandu en Écosse,
c’est souvent de lui dont on parle (sans le savoir) quand on fait
référence à un ex-fût de xérès, les fameux sherry casks .
Le quarter cask
Comme son nom l’indique, ce fût contient l’équivalent d’un
quart d’un fût de… xérès (butt ou puncheon ), soit l’équivalent
de 125 litres. Il est utilisé avec parcimonie dans l’industrie du
whisky en raison d’une plus grande interaction entre le bois et
l’eau-de-vie. Généralement fabriqué spécialement pour le
whisky, il est assemblé à partir de chêne blanc américain
(Quercus alba ). Les distilleries écossaises Ardmore et
Laphroaig en ont fait leur spécialité, la seconde en ayant même
popularisé le nom et l’existence avec l’un de ses
embouteillages phares.
Tous les types de fûts pouvant être utilisés, on voit aussi dans
certains chais des tonneaux de porto (port pipe ) ou de madère
(madeira drum ).
L’enfûtage
Les opérations de distillation terminées et les fûts sélectionnés,
il faut passer à l’étape suivante : remplir les barriques de notre
précieux distillat.
On perd…
Le fût contribue à un certain nombre de pertes (mécanismes
soustractifs), certaines plus ennuyeuses que d’autres, mais au
final toutes bénéfiques. La première d’entre elles, c’est
l’absorption par la barrique elle-même d’un peu du distillat. On
estime la quantité entre 9 et 10 litres pour un fût neuf de
bourbon (200 litres). Bénéfice immédiat de cette perte, la
barrique renforce son étanchéité. C’est aussi cette part de
liquide qui va commencer à extraire les composés présents
dans le bois. Le deuxième mécanisme soustractif est dû à la
paroi carbonisée des fûts. Cette fine couche de charbon de bois
de quelques millimètres d’épaisseur joue un rôle purificateur.
Le carbone « actif » a un pouvoir d’absorption très important.
C’est lui qui enlève le caractère immature au spiritueux. Il agit
de même sur les composés les plus soufrés, soit en les retenant,
soit en aidant à leur transformation.
On gagne…
Le plus visible des apports du fût, c’est la couleur que prend le
distillat au cours de sa période de maturation. De totalement
incolore, il peut devenir marron très foncé et presque opaque.
La couche de carbone joue encore une fois un rôle important,
mais elle n’est pas la seule. De nombreux composés du bois,
dont certains tannins, sont solubles dans l’eau. Ce sont eux qui
vont colorer l’eau-de-vie.
Outre la couleur, le bois de chêne – composé de cellulose,
d’hémicellulose, de lignine et de tannins – va se dégrader au
contact de l’eau-de-vie et certains de ses composés – lactone,
sucres, acides galliques et ellagiques – vont s’y dissoudre et
contribuer à la texture et aux arômes du futur whisky.
On échange…
Les mécanismes interactifs sont évidemment les plus
importants pour la maturation du whisky mais aussi les plus
méconnus des distillateurs. Ils impliquent de nombreuses
réactions et interactions dont tous les rouages ne sont pas
clairement identifiés, ni expliqués. La porosité du fût lui permet
de « respirer » et de s’imprégner de son environnement. C’est
primordial. En hiver, le fût et son contenu se contractent sous
l’action du froid. Les échanges sont réduits au strict minimum,
tout comme la surface de contact. Au contraire, en été, bois et
spiritueux se dilatent, ce qui a pour effet de modifier la surface
de contact entre les deux.
Ces échanges entre l’extérieur et l’intérieur du fût contribuent à
la maturation de l’eau-de-vie. Cela permet aussi de régénérer
l’air contenu à l’intérieur du fût et ainsi favoriser les
phénomènes d’hydrolyse (rupture d’une molécule d’alcool par
ajout d’une molécule d’eau) et d’oxydation, l’un de ces
principaux mécanismes qui permettent au spiritueux de vieillir
en se bonifiant.
Finitions et affinage
En règle générale, le whisky vieillit sans jamais changer de fût.
Pourtant, depuis quelques années maintenant, une nouvelle
tendance est apparue : celle des finitions.
Dans ce chapitre :
L’assemblage, le difficile art du mélange
Coloration, réduction, filtration, que d’émotions
L’embouteillage, enfin chez soi pour être chez vous
Colorer
Depuis plusieurs années maintenant, la plupart des whiskies
disponibles sur le marché sont artificiellement colorés. On peut
s’en plaindre mais c’est pourtant le consommateur qui est à
l’origine de cette dernière étape purement cosmétique avant
embouteillage. Dans sa quête du produit parfait, il n’aime pas
constater que son whisky préféré n’est pas toujours identique.
Diluer…
La dilution ou réduction est l’opération qui consiste à ajouter
de l’eau à l’eau-de-vie juste (ou peu de temps) avant son
embouteillage pour l’amener à son degré de dégustation. Car
même après plusieurs années passées en fût, le whisky affiche
un degré alcoolique souvent encore élevé, supérieur à 50%, et
rarement un compte rond !
Une fois que notre eau est prête, il ne reste plus qu’à la
mélanger avec le whisky afin de l’amener au degré de
dégustation. Il existe une petite formule magique pour calculer
la bonne quantité d’eau à ajouter :
Q x TI / 100 / TF / 100 – Q
Q = la quantité de whisky à diluer
TI = taux initial d’alcool
TF = taux final d’alcool
Prenons l’exemple de 200 litres de whisky à 58% que
l’on veut réduire à 43%.
200 x 0,58 / 0,43 – 200 = 116 / 0,43 – 200 = 269,76 –
200 = 69,76
Il faudra donc ajouter 69,76 litres d’eau.
… ou ne pas diluer
Depuis quelques années, sont apparus des embouteillages bruts
de fût (« cask strength » ou « straight from the cask » en
anglais). C’est-à-dire que le whisky n’a pas été réduit avant
d’être embouteillé. Il est alors vendu à son degré naturel, tel
qu’il était dans le fût ou après l’assemblage de plusieurs fûts.
Le degré de ces whiskies peut varier – d’un degré légèrement
supérieur à 40% à près de 60% – en fonction de l’âge, du type
de fût et des conditions de stockage.
Secouez-moi, secouez-moi
Pour savoir si une eau-de-vie a été diluée ou pas, il
existe une technique simple et presque infaillible :
secouer vigoureusement le flacon afin de faire
« mousser » le liquide en provoquant la formation de
bulles d’air. Dans le whisky embouteillé au degré
naturel, bulles et mousse disparaîtront en quelques
secondes. Ce sera beaucoup plus long pour le whisky
réduit à l’eau. Une légère écume pouvant perdurer à la
surface pendant une ou deux minutes. Eau et alcool
n’ayant pas la même densité, il leur faut un certain
temps pour former de nouveau un couple… sans nuage.
Filtrer
On filtre donc à froid pour pouvoir diluer le whisky sans risque
qu’il se trouble.
Le flacon
Jusqu’au XIXe siècle, le whisky est encore souvent vendu en
vrac. Ce n’est véritablement qu’avec l’apparition des premières
grandes marques de blend au XIXe que la bouteille s’impose
pour le whisky. Elle présente en effet deux avantages majeurs :
elle garantit la qualité et la constance du whisky.
Le vieillissement en bouteille
L’alcool ne vieillit plus en bouteille. Cette affirmation
n’est pas tout à fait exacte même si, effectivement, les
changements – couleur, goût – sont presque
imperceptibles. Souvent d’ailleurs, le seul signe
tangible de vieillissement, c’est la baisse du niveau de
liquide à l’intérieur de la bouteille. Tous les systèmes
de fermeture ne garantissant pas une étanchéité parfaite
(et surtout pas le bouchon de liège), le whisky
s’évapore. L’air remplace alors le liquide et un petit
phénomène d’oxydation peut alors se produire. Le
whisky change légèrement de couleur, il a plutôt
tendance à s’éclaircir et il n’est pas impossible que cela
ait aussi un effet sur le goût.
La planète whiskies
L’Europe du whisky
Dans ce chapitre :
Le Royaume-Uni, à l’origine du whisky
La France, une histoire à écrire
L’Europe continentale, à la recherche du temps perdu
(i) d’eau ;
(ii) de caramel alimentaire ; ou
(iii) d’eau et de caramel alimentaire.
Les terroirs
Comme ce qui n’est pas interdit est autorisé : les
céréales peuvent venir des quatre coins de la planète,
pas obligatoirement d’Écosse. Le whisky n’est pas
obligé de vieillir sur le lieu même de sa distillation.
Difficile dans ces conditions de revendiquer l’impact
ou l’influence d’un quelconque terroir. Ce qui
n’empêche pas l’arrêté de 2009 d’introduire la notion
de région de production. Il y a aujourd’hui cinq
Indications géographiques protégées (IGP) distinctes :
Les Lowlands , au sud d’une ligne fictive qui
coupe l’Écosse en deux, de Greenock à l’ouest à
Dundee et l’embouchure de la rivière Tay à l’est ;
Les Highlands , au nord d’une ligne fictive qui
coupe l’Écosse en deux, de Greenock à l’ouest à
Dundee et l’embouchure de la rivière Tay à l’est ;
Le Speyside qui, géographiquement, appartient aux
Highlands mais qui a été isolé en raison de sa grande
concentration de distilleries ;
Campbeltown , cette grande péninsule au sud-
ouest de l’Écosse ;
Islay qui est constitué de la seule île d’Islay, pas
même de la grande île de Jura à quelques encablures à
l’est.
Chaque région produit pourtant des whiskies qui lui
ressemblent, des whiskies de caractère.
Les Lowlands
La plupart des grandes distilleries de grain sont situées dans les
Lowlands. Cinq sur les sept existantes ! Ce qui a conduit
l’amateur de whisky à cataloguer cette région plutôt côté
quantité que qualité. Il y a tout d’abord l’immense Cameron
Bridge qui domine la production de whisky en Écosse avec
140 millions de litres d’alcool pur par an, l’équivalent de
500 millions de bouteilles ! Girvan et Strathclyde , North
British et Starlaw (entre 60 et 25 millions de litres par an
chacune) paraissent bien petites. Avec de tels volumes, les
Lowlands sont encore le principal centre de production de
whisky de grain en Écosse. Ses cinq distilleries en activité
produisent presque autant de whisky que toutes les distilleries
de malt du pays ! Leur production est destinée aux whiskies
d’assemblage même si Cameron Bridge (parfois) et plus
récemment Girvan – qui a lancé une vraie gamme –
embouteillent leurs eaux-de-vie en tant que single grain.
Campbeltown
Campbeltown est une petite ville de 5 000 habitants sur la côte
intérieure du Kintyre, cette grande presqu’île à l’ouest de
l’Écosse. Aujourd’hui, la production dans cette région très
enclavée ne tient qu’à un fil car elle ne repose que sur trois
distilleries.
Springbank est la plus ancienne puisque sa création remonte à
1828 même si elle a connu deux longs arrêts, 1926-1933 et
1979-1989. Aujourd’hui, la vétusté de ses installations rend sa
production un peu erratique et miraculeuse. Les incidents
techniques sont fréquents mais la qualité du whisky, puissant,
n’en souffre pas. Trois whiskies différents sont produits à
Springbank, en fonction du nombre de distillations : 2 fois pour
Longrow qui est fumé, 2,5 pour le malt éponyme et 3 fois pour
Hazelburn. Ses propriétaires, descendants du fondateur William
Mitchell, ont même racheté en 2000 et relancé en 2004 une
distillerie voisine, Glengyle . Son whisky commence à être
commercialisé sous le nom de Kilkerran, en très petite quantité.
Les Highlands
La région des Highlands, en matière de whisky n’en est pas
vraiment une : il faudrait plutôt parler de régions avec un S.
Car cette appellation un peu fourre-tout couvre une grande
partie du territoire écossais. Tout ce qui se trouve au nord de la
fameuse Highland line qui sépare le mainland, de Greenock au
sud-ouest à l’embouchure de la Tay et Dundee à l’est. À
l’intérieur de cette immense zone, seul le Speyside a eu le droit
à sa propre indication géographique. Pourtant, les hommes de
lois du whisky auraient pu faire ce que nombre d’amateurs
éclairés de whisky font : séparer des territoires (et des
whiskies) qui n’ont finalement que peu en commun.
Le Speyside
Pour tous les amateurs de whisky de malt, le Speyside, c’est le
triangle d’or. Autant dire que cette région fait encore et
toujours figure de référence dans le monde du single malt. Il
faut dire qu’avec 50 distilleries de malt en activité (sur les
108 que compte l’Écosse en 2013), cela fait une belle
concentration. C’est la raison pour laquelle, il a été décidé que
cette partie de l’Écosse – qui, géographiquement, fait partie des
Highlands –constituerait une région de whisky à part entière.
Autour de Dufftown
Autour de Keith
Si Dufftown est la capitale du single malt, Keith serait celle des
whiskies d’assemblage. Les sept distilleries de ce sous-groupe
sont en effet toutes destinées en priorité aux blends. En tête de
gondole, Strathisla , assurément l’une des plus jolies
distilleries d’Écosse est la maison spirituelle de Chivas. Ses
plus proches voisines Aultmore et Strathmill n’ont pas le
même charme. Quant à Glen Keith , juste en face, construite
en 1958 sur le même modèle que… l’irlandaise Bushmills, elle
a été modernisée et remise en activité en 2013.
Autour de Rothes
La ville de Rothes abrite la société Forsyths qui fournit des
alambics à repasse pour la majeure partie des distilleries
écossaises depuis 1933. On le sait moins mais c’est aussi le
siège de la Combination of Rothes Distillers (CoRD), une
association de producteurs fondée en 1904 afin de gérer
collectivement les résidus de la distillation (drêches et
vinasses).
Autour d’Elgin
Autour d’Elgin, onze distilleries sont en opération, dont
quelques-unes parmi les préférées des amateurs de malt. On
peut ainsi citer Benriach , Linkwood , Longmorn ou la plus
petite distillerie du Speyside (c’est aussi la plus à l’ouest),
Benromach .
Plein nord, sur la côte est, Bunnahabhain et Caol Ila font face
à l’île de Jura. La première produit un malt délicat, le seul de
l’île qui ne soit ni fumé, ni tourbé, à l’exception de sa cuvée
Toiteach (qui signifie… fumée en gaélique). La seconde affiche
la plus grande capacité de production de l’île et ce depuis 1974
et la construction de la nouvelle distillerie.
L’Irlande
Les Irlandais ont dominé le monde du whisky jusqu’au milieu
du XIXe siècle avant de connaître une longue descente aux
enfers. C’est en devenant whiskey en 1966 que l’irish whiskey
renaît de ses cendres.
Midleton
Entre Cork et Youghal, Midleton (de l’anglais middle town ) est
un complexe de distillation plutôt qu’une distillerie tant ses
installations sont uniques en leur genre. Sur le site, trois
distilleries cohabitent : Old Midleton (1825) et son alambic à
repasse de 143 200 litres (le plus grand jamais construit)
aujourd’hui fermée et transformée en musée ; New Midleton
(1975) qui permet de produire tous les types de whiskey dans
ses trois colonnes et ses quatre alambics à repasse ; New
Midleton II (2013) qui va porter la capacité de la distillerie à
64 millions de LAP (22 millions de whiskey pure pot still et
42 millions de whiskey de grain).
Cooley
La distillerie Cooley a été créée en 1987 par un entrepreneur
irlandais, John Teeling qui a fait fortune dans le diamant. Il a
été conseillé par l’Écossais Billy Walker (propriétaire
aujourd’hui des distilleries en Écosse Benriach, Glendronach et
Glenglassaugh). Ce qui explique la double distillation et
l’usage de malt tourbé pour certains distillats. Équipée
d’alambics à repasse et d’une colonne à distiller, elle produit de
nombreuses marques, en propre (Kilbeggan, Tyrconnell,
Conemarra, Locke’s ou Greenore, un whisky de grain), ou pour
le compte de tiers. Cooley a été rachetée par le géant américain
Jim Beam en 2011.
Kilbeggan
Avant d’être une marque de blend produite et assemblée à
Cooley, Kilbeggan est une distillerie. En plein centre de
l’Irlande, c’est la plus ancienne du pays (elle date de 1757)
même si elle a été remise en activité en 2007, année de son
250e anniversaire et pile 53 ans jour pour jour après sa
fermeture en 1954. Aujourd’hui, l’ancienne distillerie a été
définitivement transformée en musée et les opérations de
distillation ont lieu dans un bâtiment adjacent. Sa production
est encore confidentielle.
À suivre…
Deux distilleries sont en activité depuis fin 2012 : Carlow à
Bagenalstown et Dingle dans la ville du même nom. Les
premiers whiskies ne sont pas attendus avant 2016.
Côté Royaume-Uni
La Bretagne
Quatre distilleries sont aujourd’hui en activité en Bretagne
même si trois seulement vendent déjà du whisky. Elles sont
totalement différentes les unes des autres mais produisent
chacune avec leurs propres caractéristiques. À défaut de parler
d’un whisky breton, il existe aujourd’hui des whiskies de
Bretagne.
Warenghem
Léon Warenghem, un ancien contrôleur des impôts du Pas-de-
Calais, a fait la réputation de sa distillerie – créée en 1900 à
Lannion – avec l’Élixir d’Armorique, une liqueur à base…
d’armagnac. En 1967, le petit-fils du fondateur s’associe avec
Yves Leizour. Les deux hommes prennent la décision de
déménager la société à l’extérieur de la ville. Quand Gilles
Leizour, le fils, reprend le flambeau à la fin des années 1970, il
rachète même les parts de Paul-Henri Warenghem, sans
descendant. C’est lui qui se lance dans la production de whisky
en 1984 pour sauver la distillerie de son lent déclin.
Glann Ar Mor
La distillerie Glann Ar Mor (« bord de mer » en breton) à
Pleubian (Côtes-d’Armor) est le rêve un peu fou de Jean
Donnay et de sa femme Martine. Cet ancien publicitaire
parisien a d’abord monté Celtic Whisky Compagnie pour
affiner des whiskies écossais en Bretagne dans des fûts de
sauternes, de coteaux-du-layon ou d’armagnac. Une simple
étape. En 2005, après six ans d’efforts, son rêve aboutit enfin
sous la forme d’une merveilleuse petite distillerie à l’ancienne :
distillation à feu nu et condensation par serpentin. Le premier
whisky est commercialisé en septembre 2008. Kornog, une
version tourbée, suit en 2009. Chaque embouteillage est le
résultat de l’assemblage d’un tout petit nombre de fûts,
principalement ex-bourbon. Chaque année, le 19 mai, Glann Ar
Mor célèbre la Saint-Yves et la Saint-Erwan, saints patrons de
la Bretagne et des Bretons en commercialisant deux éditions
limitées.
Kaerilis
À l’initiative de Fabien Mueller, Kaerilis (« Belle-Île » en
breton) propose depuis 2006 une gamme de whiskies écossais
dont la maturation se poursuit sur l’île chantée par Laurent
Voulzy. C’est aussi depuis 2011 une toute petite distillerie
artisanale nichée dans une boutique du Palais, la capitale de
Belle-Île-en-Mer. Encore un peu de patience pour les premiers
whiskies.
L’Alsace
Pourtant terre de brasseurs et de distillateurs, il aura fallu
attendre la fin du XXe siècle pour qu’un premier whisky voie
le jour en Alsace. Avec la Bretagne, c’est aujourd’hui la région
française qui compte le plus de distilleries de whiskies.
Holl
Tout juste installé comme caviste, Gilbert Holl découvre la
distillation. En 1979. Il achète un premier alambic en 1982 et
s’exerce avec ses propres fruits. Au début des années 2000, il
se lance dans la production de whisky, à l’aide d’un tout petit
alambic de 150 litres ! Il est le premier en Alsace. Le single
malt Lac’Holl – quelques centaines de bouteilles vendues dans
un drôle d’étui en osier – sort en 2004. La gamme s’élargit en
2007 avec Lac’Holl Junior puis en 2009 avec Lac’Holl Vieil
Or. La production de ce whisky de malt léger, floral et très
parfumé reste encore aujourd’hui très limitée.
Lehmann
À la tête de la distillerie familiale depuis 1982, Yves Lehmann
se met à produire du whisky en 2001. Il opte pour un
vieillissement en fût de vin blanc exclusivement : sauternes,
bordeaux et coteaux-du-layon. Les premiers single malts ont
été lancés en 2008 sous le nom de Elsass Whisky. Ils sont
toujours disponibles en deux versions différentes : les whiskies
de malts vieillis huit ans en fûts de sauternes sont embouteillés
à 50%, les autres après sept années passées en ex-fûts de
bordeaux blanc sont réduits à 40%.
Meyer
Après avoir conseillé Mavela au début des années 2000, Jean-
Claude Meyer franchit le pas peu après en Alsace, avec ses
deux fils Arnaud et Lionel. Deux whiskies Meyer’s voient
simultanément le jour en 2007, un single malt et un blend. La
disparition de Jean-Claude Meyer en juillet 2008 ne stoppe pas
le développement et l’activité de la distillerie. Plus de
5 000 fûts vieillissent aujourd’hui dans un chai flambant neuf.
Oncle Meyer, un second blend, a vu le jour en 2013.
La Corse
Le whisky corse est devenu réalité en deux étapes, sans aucun
lien entre les deux.
P&M
Jean-Claude Venturini distille des eaux-de-vie depuis 1991.
Dominique Sialelli brasse depuis 1996 une bière aromatisée à
la châtaigne. C’est en octobre 2001 que Mavela et Pietra
s’associent pour lancer un whisky corse. Le single P&M est
embouteillé pour la première fois en décembre 2004, réduit
avec l’eau de la célèbre source Saint-Georges. Un Blend et un
Blend Supérieur suivront peu de temps après, assemblés avec
le single malt corse et du whisky de grain distillé sur le
continent. Depuis 2011, il existe aussi un 7 ans d’âge.
Nord-Pas-de-Calais
La région du Nord-Pas-de-Calais compte plusieurs brasseries et
distilleries mais seulement une produit du whisky.
Claeyssens
Classée monument historique en 1999, la distillerie Claeyssens
a été l’une des premières en France à se lancer dans l’aventure
du whisky. Dès 2003, Wambrechies 3 ans d’âge est lancé sur le
marché. En 2009, un 8 ans apparaît. Et la distillerie a créé
l’événement en 2013 en commercialisant les premiers 12 ans
d’âge français, vieillis en ex-fûts de madère et en ex-fûts de
xérès.
Haute-Normandie
Northmaen
La ferme brasserie de Northmaen, fondée en 1997 par
Dominique Camus et sa femme est la seule distillerie de
whisky de toute la Normandie. Depuis 2005, le couple met en
vente son Thor Boyo, un whisky de malt âgé de 3 ans distillé
dans un petit alambic ambulant. Son grand frère âgé de 5 ans et
embouteillé à 59% est disponible depuis 2010. En 2013, un
8 ans a été lancé sous le nom de Sleipnir.
Auvergne
La distillation de whisky est aussi arrivée en Auvergne mais
elle a pris des chemins détournés, à l’initiative d’un drôle de
personnage.
Lorraine
En Lorraine, l’eau-de-vie locale est distillée à partir de
mirabelle, moins souvent à partir d’orge maltée. Pas étonnant
donc que La Maison de la Mirabelle soit à l’origine du premier
whisky lorrain.
Grallet Dupic
Hubert Grallet est distillateur de père en fils depuis plusieurs
générations lorsque sa fille se marie avec Christophe Dupic, un
jeune agriculteur céréalier. La Maison de la Mirabelle fera donc
aussi du whisky. En 2007, G. Rozelieures voit le jour. Il est
aujourd’hui disponible en trois versions, vieillies en ex-fûts de
xérès, en ex-fûts de sauternes et fumée en ex-fûts de vin du
Sud-Ouest.
Franche-Comté
En Franche-Comté, deux distilleries coexistent dans cette
région frontalière de la Suisse.
La brûlerie du Revermont
La distillerie de Pascal et Joseph Tissot, basée à Neuvy-sur-
Seille (39), distillait autrefois pour le compte de Rouget de
Lisle, aujourd’hui pour la marque maison Prohibition lancée en
2011. Après un premier essai en fûts de savagnin, la gamme
comprend aujourd’hui des single malts vieillis dans de tout
petits fûts de 114 litres, ex-fût macvin et ex-vin de paille.
Limousin
Depuis peu, le Limousin est devenu acteur et plus seulement
fournisseur (de bois de chêne pour les fûts). Une petite
révolution.
Michard
Chez les brasseurs Michard, les premiers essais ont commencé
en 2005 à partir d’orge récoltée à Pithiviers et d’une levure
maison, patiemment sélectionnée et cultivée. Vendu en
mignonnette à la brasserie exclusivement dans un premier
temps, le whisky de malt a été lancé officiellement en
décembre 2012. Avec succès. Ce qui a conforté Julie et son
père Jean à poursuivre la distillation et les investissements
nécessaires.
Poitou-Charentes
On recense 5 000 alambics en Poitou-Charentes : record
mondial ! Mais on ne se bouscule pour produire du whisky au
pays du cognac. Un comble lorsqu’on sait que la distillation à
repasse – la marque de fabrique du whisky de malt – est
probablement originaire du coin.
Brunet
La distillerie Brunet produit un single malt certifié bio. Une
initiative qui a trouvé un écho favorable de l’autre côté de
l’Atlantique avec Brenne, un single malt exclusivement
disponible sur le marché américain.
Midi-Pyrénées
Aujourd’hui, le whisky s’installe même plein sud comme en
Midi-Pyrénées où les activités de distillation sont pourtant
l’apanage des eaux-de-vie de fruits.
Castan
Après plusieurs dizaines d’années de bons et loyaux services,
l’alambic ambulant de la famille Castan est définitivement
installé à Villeneuve-sur-Vère en 2010. Villanova Berbie, un
single malt certifié bio et vieilli en ex-fûts de gaillac, a été
commercialisé en avril 2013. Castan prévoit de mettre en vente
deux fûts par an. Bon courage pour trouver le seul whisky
tarnais !
Rhône-Alpes
Lyon et ses environs sont restés longtemps à l’écart du micro-
boom de la distillation de whisky en France. Encore
aujourd’hui, aucun whisky rhodanien n’est disponible. Et c’est
dans la montagne qu’il faudra bientôt aller cherche son
bonheur.
Domaine des Hautes Glaces
Jérémy Bricka et Frédéric Revol se sont mis en tête de réunir
sur un même site tous les savoir-faire : agriculture, maltage,
brassage, fermentation, distillation, vieillissement et
embouteillage. Un ingénieux système de droit à tirage permet
d’ores et déjà de réserver sa propre bouteille en attendant la
commercialisation des premiers whiskies. Pas avant 2015.
Champagne-Ardenne
Bénie des dieux pour ses vins, la Champagne-Ardenne ne
connaît pas la même réussite avec le whisky. Deux distilleries
existent pourtant dans cette région réputée pour son agriculture
céréalière, Guillon et la distillerie du Pays d’Othe. Elles
connaissent aujourd’hui des fortunes diverses.
L’Allemagne
L’Italie
L’Italie a été un grand pays consommateur de whisky en
général et de single malt en particulier. On cite souvent la
marque J&B (Justerini & Brooks) – du nom d’un certain
Giacomo Justerini émigré au Royaume-Uni au XVIIIe siècle
après avoir suivi une chanteuse d’opéra britannique – pour
appuyer le propos. Mais c’est surtout pour une poignée
d’embouteilleurs indépendants que le pays s’est taillé une
sacrée réputation auprès des amateurs du monde entier. Les
embouteillages des années 1970 ou 1980 de (Silvano)
Samaroli, Moon Import, Sestante ou Intertrade s’échangent
aujourd’hui à des prix qui défient l’entendement. Quelques-
unes des plus grandes collections de whisky sont italiennes et
plusieurs Italiens – Giuseppe Begnoni, Fernando « Nadi »
Fiori, Massimo Righi ou Diego Sandrin – font toujours la pluie
et le beau temps sur le marché des whiskies de collection.
Depuis 2012, il existe aussi Puni , la première et unique
distillerie italienne de single malts. Oui, malts avec un « s »
puisque la mouture est constituée d’orge, de blé et de seigle
maltés. Le premier single malts européen.
Dans ce chapitre :
Les États-Unis, le retour des pionniers
Canada, après l’hiver le printemps
Les belles promesses de l’Amérique du Sud
Un secteur bouillonnant
Depuis la fin de la Prohibition en 1933 jusqu’au milieu des
années 1980, seule une vingtaine de distilleries était en activité
et concentrée dans deux États, le Kentucky et le Tennessee. À
tel point que beaucoup d’amateurs encore aujourd’hui sont
persuadés que l’appellation bourbon est intimement liée à
l’État du Kentucky. Ce qui n’est pas le cas. Et fort
heureusement pour les 175 distilleries en activité aujourd’hui.
À l’origine de cet engouement pour la micro-distillation, des
brasseurs installés depuis plusieurs années qui franchissent une
étape supplémentaire. Mais aussi des Américains qui agissent
comme leurs ancêtres en pionniers, libres et entrepreneurs.
Cette génération presque spontanée de distillateurs fait souffler
un vent nouveau sur le marché américain des spiritueux en
général et du whiskey/bourbon en particulier. Toutes les
expérimentations sont possibles, ce qui peut déboucher sur le
meilleur mais aussi le pire.
L’alternative artisanale
Cette extrême liberté pousse tous les producteurs ou presque à
adhérer à l’American Distilling Institute. Fondé par un pionnier
brasseur, Bill Owens, ce regroupement avait initialement pour
but d’apporter une aide technique et juridique aux nouveaux
venus en partageant les expériences. Il s’est peu à peu
transformé en syndicat protégeant les distillateurs mais aussi
leur esprit artisan. C’est ainsi qu’est né le label « certifié
distillé de façon artisanale » (certified craft distilled ). Il
concerne les spiritueux :
Les historiques
Le Kentucky
Le Kentucky et son bourbon sont aux États-Unis ce que sont
l’Écosse et son single malt au Royaume-Uni. On dit même
qu’il y aurait plus de fûts de bourbon en vieillissement
(5 millions) dans l’État que d’habitants (4,7 millions). C’est
dire. Mieux, les villes de Louisville, Bardstown et Frankfort
forment un triangle d’or, comme Keith, Dufftown et Elgin dans
le Speyside. C’est en effet dans ce territoire du nord du
Kentucky que l’on retrouve toutes les grandes distilleries de
bourbon, pour la plupart mondialement connues. Depuis le
début des années 2000, d’autres distilleries ont ouvert leurs
portes, colonisant peu à peu l’ensemble de l’État.
Autour de Frankfort
Située au centre-nord du Kentucky, la ville de Frankfort en est
la capitale. Quatre distilleries sont installées dans ses parages,
parmi les plus mondialement connues. Four Roses produit dix
eaux-de-vie différentes à partir de deux recettes (OE : 75% de
maïs, 20% de seigle et 5% d’orge et OB : 60% de maïs, 35% de
seigle et 5% d’orge) et cinq types de levure : F, K, Q, O et V.
Sa création remonte à 1818 et elle partage des chais de
vieillissement avec sa voisine, Wild Turkey . Elle date de 1869
mais doit son succès à un seul homme : Jimmy Russell qui en
est resté cinquante-cinq ans ( !) le maître distillateur de 1955 à
2010 ! Buffalo Trace est un véritable trésor. Classée
monument historique en 2013, elle peut se targuer de produire
du whisky sans interruption (même pendant la Prohibition)
depuis sa création en 1812.
Autour de Louisville
La ville natale de Mohamed Ali abrite deux distilleries :
Bernheim/Heaven Hill et la petite Early Times, toutes deux
situées dans la banlieue de Shively.
Autour de Bardstown
Même si elle est considérée comme la capitale du bourbon, la
ville de Bardstown n’accueille plus qu’une seule distillerie,
Willett , qui a été remise en activité en 2012, de manière plus
ou moins expérimentale. De Heaven Hill, qui a été détruite par
un incendie en 1995, il ne reste que les chais de vieillissement,
gros Lego blanc à perte de vue posés sur une pelouse verte
immaculée.
Cela dit, la ville vaut aussi pour son incroyable musée dédié au
bourbon, le Oscar Getz Museum of Whiskey History et son
festival qui a lieu chaque année en septembre, le Kentucky
Bourbon Festival. C’est aussi de là que partent les deux circuits
de visite de toutes les distilleries du Kentucky : le Kentucky
Bourbon Trail passe par les distilleries historiques et le
Kentucky Bourbon Trail Craft Tour par les distilleries
artisanales.
Le Tennessee
Cet État frontalier du Kentucky est au moins aussi connu que
son illustre voisin. Car il abrite l’une des marques les plus
mondialement connues : Jack Daniel’s. Il se différencie par une
petite subtilité, le Lincoln County Process (voir chapitre 9).
Derrière ce terme barbare, se cache un procédé relativement
simple : la filtration à travers une épaisse couche de bois.
Depuis 1941, Jack Daniel’s – qui était la seule distillerie en
activité du Tennessee – avait décrété que son whisky n’était pas
un bourbon mais un Tennessee whisky à cause de cette
particularité. Créée en 1956, la distillerie George Dickel en a
aussi adopté le principe. Ce fameux Tennessee whiskey n’a
donc été produit que par deux distilleries pendant de longues
années. Et l’appellation Tennessee whisky n’existe légalement
que depuis le 1er juillet 2013.
Jack Daniel’s
Plus personne ne sait quand Jasper Newton Daniel a construit
sa distillerie. Probablement vers 1866. Plus personne ne sait
non plus pourquoi la version la plus vendue de ce whisky, qui
contient une faible proportion de seigle (8%), porte le nom de
Old n° 7. Comble de l’ironie, la ville de Lynchburg, siège de
Jack Daniel’s se situe dans un comté qui ne voit pas l’alcool
d’un très bon œil… L’interdiction de production a été levée en
1938 mais la vente d’alcool à la distillerie n’est possible que
depuis 1995. Et depuis 2012, Jack Daniel’s est autorisée à faire
goûter ses visiteurs : 1 once (3 cl) par personne maximum.
1 goutte d’eau(-de-vie) au regard des 150 millions de bouteilles
vendues chaque année (deuxième marque mondiale).
George Dickel
La distillerie George Dickel porte le nom d’un émigré allemand
arrivé en 1853 dans le Tennessee où il s’établit en tant que
grossiste… en whiskey. C’est son beau-frère, un certain Victor
Schwab, qui racheta en 1888 la distillerie Cascade dont Dickel
embouteillait et vendait le whisky depuis longtemps (sans
« e », George Dickel pensait que le whisky qu’il vendait était
aussi bon que celui des Écossais). L’actuelle distillerie George
Dickel, située à… Cascade Hollow, date de 1958, son whisky
de 1964.
L’appellation Tennessee
whisky
Voici les termes de cette appellation : Une boisson
alcoolisée ne pourra pas faire l’objet d’une publicité,
être décrite, étiquetée, appelée, marketée et vendue
sous les appellations « Tennessee Whiskey »,
« Tennessee Whisky », « Tennessee Sour Mash
Whiskey » ou « Tennessee Sour Mash Whisky » sauf si
elle a été :
1. Fabriquée dans le Tennessee ;
2. Empâtée à partir de grains dont au moins 51% de
maïs ;
3. Distillée à un degré inférieur à 160 ° proof (80%) ;
4. Vieillie dans un fût de chêne neuf et bousiné ;
5. Filtrée à travers une couche de charbon de bois
d’érable avant son vieillissement ;
6. Logée en fût à un degré maximum de 125 ° proof
(62,5%) ;
7. Embouteillée au degré minimum de 80 ° proof
(40%).
Tout producteur qui violerait ce décret pourrait se voir
infliger une suspension ou une révocation de sa licence
pour une période minimum d’un an.
La filtration sur charbon de bois d’érable préalablement
au vieillissement ne s’applique pas à la distillerie située
dans un comté qui a autorisé la distillation par
référendum entre le 1er janvier 1979 et le 1er janvier
1980, à la condition que cette distillerie ait obtenu sa
première licence entre le 1er janvier 2000 et le 1er
janvier 2001*.
*Cet alinéa a été rajouté pour que la distillerie Prichard,
créée en 2000 dans le comté de Lincoln mais ne
pratiquant pas la filtration sur charbon de bois, puisse
continuer à bénéficier de l’appellation Tennessee
Whiskey.
Les challengers
Pour toute la communauté des micro-distillateurs américains de
whiskey, la figure tutélaire a pour nom Fritz Maytag. Basé à
San Francisco (Californie), ce pionnier de la micro-brasserie (il
a acheté Anchor Brewing en 1965) crée l’événement en 1993
avec Old Potrero, un whiskey de seigle distillé comme au
XVIIIe siècle. Clear Creek en 1985 à Portland (Oregon) est
ensuite la première à commercialiser MacCarthy, un véritable
single malt 100% américain en 1999. Il est suivi par St
George et Charbay , deux autres distilleries californiennes.
Autour de Toronto
Toronto a abrité la plus grande distillerie canadienne, celle de
la société Gooderham & Worts entre 1860 et 1990 (elle
distillait du rhum depuis 1957). Aujourd’hui, cet immense
complexe industriel, dont une partie a été classée monument
historique, est un quartier huppé – Distillerie District – de la
capitale de l’Ontario. Une micro-distillerie, Toronto Distillery
, a vu le jour en 2013, ressuscitant un passé pas si lointain.
Plus à l’est
Glenora créée en 1990 a tenu tête à la Scotch Whisky
Association qui voulait lui interdire de commercialiser ses
whiskies sous la marque Glen Breton. Avec succès puisque le
nom de ce cap de la… Nouvelle-Écosse lui a été officiellement
attribuée en 2010. Deux micro-distilleries ont vu le jour en
2012 dans l’Ontario, Still Water à Concord et Dillon à
Beamsville.
Au centre
Crown Royal a été lancé en 1939 à l’occasion de la visite du
roi britannique George VI, sa femme et leur fille Elizabeth. Ce
whisky est aujourd’hui produit à Gimli, une distillerie
construite en 1969 dans l’État de Manitoba, un peu au nord de
Winnipeg. La distillerie est équipée de plusieurs types
d’alambics, dont certains uniques au Canada (alambic à
chaudière, Coffey still). Ce qui lui permet de produire plein de
styles de whiskies différents pour assembler la marque
canadienne la plus vendue dans le monde.
En Alberta
Les grandes plaines fertiles d’Alberta au pied des montagnes
Rocheuses sont idéales pour la production de céréales.
D’ailleurs le Grand Ouest canadien est historiquement un
territoire d’agriculteurs. Trois distilleries sont installées dans
cette région, Alberta depuis 1967, Highwood et Black Velvet
qui existent respectivement depuis 1974 et 1973.
Plus à l’ouest
La Colombie britannique et plus particulièrement la région de
Vancouver attirent l’attention des amateurs aujourd’hui. En
quelques années à peine, cinq distilleries de malt ont vu le jour.
Urban en 2007, Pemberton , Shelter Point et Victoria en
2008 et Okanagan à Vernon (la société avait déjà une
distillerie d’eau-de-vie à Kelowna) en 2011. Urban whisky est
une curiosité : chaque bouteille est vendue avec un morceau de
douelle, supposée infuser le whisky. Selon son producteur,
chaque semaine passée équivaut à une année de vieillissement
supplémentaire. Hum.
Le Canada, après avoir connu une période très faste fin XIXe ,
début XXe , semble revenir sur le devant de la scène. Même si
le marché américain reste toujours celui qui intéresse en
priorité les producteurs de whisky canadien, l’Europe sera
probablement une destination de choix pour la nouvelle
génération de distillateurs. Et particulièrement pour ceux qui
ont fait le choix du whisky de malt. À suivre donc.
Un monde de whiskies
Dans ce chapitre :
Le Japon, dans la cour des grands
L’Inde, un géant en embuscade
Taiwan, l’île au trésor
L’Australie et cette diablesse de Tasmanie
Afrique, le Sud ne perd pas le nord
Yamazaki
Agrandie pour la troisième fois en 2013 (après 1968 et 2006),
Yamazaki ne ressemble que peu à la distillerie mise en service
en 1924. Tous les alambics sont de taille et de formes
différentes et tous les types de fûts (ex-bourbon, ex-xérès,
chêne neuf ou chêne mizunara japonais) sont utilisés : le
nombre de whiskies différents pouvant être produit sur place
est presque infini.
Yoichi
Seule distillerie d’Hokkaïdo (cette région ressemble beaucoup
à l’Écosse), Yoichi est aussi la plus artisanale du Japon,
toujours chauffée au charbon de bois. Six alambics, quatre de
première distillation et deux de seconde distillation, produisent
eux aussi une grande variété d’eaux-de-vie, en fonction du
niveau de tourbe (de 0 à 35-50 ppm).
Hakushu
Hakushu, ouverte en 1973, est située dans la ville de Hokuto
(préfecture de Yamanashi), à l’ouest de Tokyo. Dans les années
1980, cette distillerie – ses 36 alambics et ses deux salles de
distillation ( !) – était l’une des plus grandes distilleries du
monde. Aujourd’hui, les douze alambics à repasse tiennent
dans une seule salle. Mais une distillerie expérimentale de
grain vient d’être installée dans l’autre salle. Son single malt
connaît un développement sans précédent.
Miyagikyo
Construite en 1969, Miyagikyo a longtemps hébergé une
distillerie de malt avant d’accueillir aussi une colonne à
distillation continue. En 1999, est rajoutée la paire d’alambics
de type Coffey (fabriqués à Glasgow) de la distillerie
Nishinomiya d’Osaka. C’est avec cette installation que sont
produits trois types de whisky aujourd’hui presque uniques en
leur genre : un whisky 100% maïs, un whisky 100% orge
maltée (le fameux Coffey Malt, qui est embouteillé en tant que
tel) et un whisky distillé à partir d’un mélange maïs/orge
maltée.
Fuji-Gotemba
Créée en 1973, Fuji Gotemba produit des whiskies de malt et
de grain à hauteur de 12 millions de LAP par an. Une quantité
considérable, sans véritable rapport avec sa notoriété. Son seul
single malt est un 18 ans commercialisé exclusivement au
Japon sous le nom de Fujisanroku. Quand on pense que ses
propriétaires ont sacrifié Karuizawa, aujourd’hui fermée et
devenue culte, pour développer Fuji-Gotemba, ça laisse rêveur.
Chichibu
Fondée en 2008, Chichibu porte le nom de la petite ville – au
centre de Honshu, à l’ouest de Tokyo – où elle est située. Elle a
commencé à commercialiser ses whiskies en 2011. Ichiro
Akuto, son fondateur et propriétaire, possède aussi le stock de
la distillerie fermée Hanyu qu’il embouteille dans une gamme
devenue culte, Ichiro’s Malt Card. Sur le site de Chichibu sont
aussi stockés les derniers fûts de deux distilleries mythiques
japonaises, Karuizawa et Kawasaki.
Eigashima
Cette distillerie, aussi connue sous le nom de White Oak (en
fait la traduction de son nom en anglais) a lancé son premier
single malt en 2007. Elle fait parfois vieillir quelques-unes de
ses eaux-de-vie, dans un type de chêne – konara (quercus
serrata ) – très peu utilisé par l’industrie des vins et spiritueux.
Chita
À Nagoya, Chita est la seule et unique distillerie japonaise qui
ne produit que du whisky de grain pour les whiskies
d’assemblage du groupe Suntory, dont l’emblématique et très
réputé Hibiki. Elle fait l’objet d’un embouteillage permanent,
Chita, introuvable en Europe.
Shinshu
Cette distillerie, située à l’ouest de Tokyo dans la préfecture de
Yamanashi depuis 1969, est… déménagée en 1985 dans la ville
de Miyata (préfecture de Nagano). En 1992, faute de ventes, la
production s’arrête jusqu’à sa remise en activité en
février 2011. Ce qui explique cet embouteillage étonnant :
Mars Maltage, 3 + 25. C’est un whisky qui a vieilli 3 ans à
Kagoshima et 25 ans à Miyata.
Monde Shuzu
Située dans la ville de Fuefuki (préfecture de Yamanashi), c’est
la plus petite et la moins connue des distilleries du Japon. Il
faut dire que le single malt produit ici est presque entièrement
destiné aux whiskies d’assemblage. Presque car, en 2010, un
25 ans d’âge a été commercialisé par un embouteilleur
indépendant japonais, la compagnie Tokuoka. Sous le nom de
Usuikyou.
Miyashita
Située au sud-ouest à Okayama, capitale de la préfecture du
même nom, c’est la dernière née des distilleries de whisky du
Japon. Pourtant, son propriétaire, le brasseur Miyashita Shuzo,
s’est lancé dans la production de single malt pour fêter ses
100 ans en 2015 ! Seulement 1 000 litres – après leur
distillation en juin 2012 – ont été enfûtés en ex-barriques de
bourbon.
Kasauli
Brasserie et distillerie ont été fondées dans les années… 1820
par un Écossais, Edward Dyer. Les quatre alambics à repasse
sont toujours ceux de l’époque même si deux petites colonnes
ont été installées en 1955. La distillerie ne produit pourtant que
du whisky de malt. Autre subtilité, l’eau-de-vie distillée en
colonne vieillit en cuve, celle produite à repasse sous bois !
Solan n° 1 est resté pendant longtemps le whisky le plus vendu
en Inde. Kasauli produit aussi Solan Gold, un single malt 100%
indien.
Amrut
Amrut est située dans la ville de Bangalore au sud de l’Inde.
Elle produit des whiskies de grain et de malt. Seuls les singles
malts sont disponibles en Europe. La forte évaporation (16%
par an en moyenne à cause des conditions météo) accélère le
processus de vieillissement. Malgré la jeunesse des distillats,
plusieurs embouteillages ont gagné des concours de
dégustation à l’aveugle et ont séduit les amateurs.
John Distilleries
John Distilleries a été créée en 1992 à Bangalore pour
commercialiser des blends. En 2008, elle se lance dans la
construction d’une distillerie de malt à Goa. Paul John a été
commercialisé en Europe en 2012 avec des single casks dans
un premier temps puis deux embouteillages réguliers, Paul
John Edited et Paul John Brilliance.
Rampur
Cette toute petite distillerie de malt a été créée en 1993 dans la
ville du même nom, située à l’est de New Delhi dans l’État de
Uttar Pradesh. Son whisky est revendu en vrac et parfois sous
forme de distillat non vieilli.
Radico Khaitan
Deuxième groupe de spiritueux indien juste derrière UB
Spirits, Radico Khaitan ne possède que cinq unités de
production mais elle peut se targuer de posséder l’une des plus
grosses distilleries d’alcool au monde. Rampur est située dans
la ville du même nom, à l’est de Delhi au nord du pays. Sa
capacité de production frôle les 125 millions de LAP par an
mais seulement 460 000 LAP de whisky de malt. Aucun
embouteillage en tant que tel n’est donc commercialisé.
Pour trouver la trace d’un whisky de malt en tant que tel, il faut
se rendre sur l’île de Taiwan. Grand pays consommateur de
whisky écossais (dans de top 10 depuis des années), Taiwan
compte une seule distillerie de single malt, King Car ,
opérationnelle depuis avril 2005. Elle est située dans une
région montagneuse tout au nord de cette île indépendante au
large de la Chine. Alors que la législation taiwanaise impose
deux ans de vieillissement, les plus jeunes Kavalan
embouteillés affichent 3 ans minimum. Mais pas beaucoup plus
tant l’évaporation importante et les conditions de maturation
sont à la limite de l’extrême.
L’Australie et cette diablesse de Tasmanie
La colonisation de la Nouvelle-Zélande et de d’Australie par
les Britanniques au XVIIIe siècle aurait pu, aurait dû conduire
aux mêmes résultats qu’aux États-Unis. Les premiers migrants
ont été des Scotch-Irish qui maîtrisaient parfaitement l’art
distillatoire. L’histoire mouvementée de ces deux pays et leur
rapport à l’alcool (les deux pays ont connu une sorte de
prohibition) font qu’aujourd’hui, leur situation est bien
différente. La production en Nouvelle-Zélande, après avoir
quasiment disparu, revient timidement alors que la distillation
explose en Australie, et plus particulièrement en Tasmanie,
cette immense île perdue au sud du continent australien.
La Nouvelle-Zélande
Comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande avait tout pour
devenir un pays producteur. L’île sud de ce pays des antipodes
pourrait être une province d’Écosse. Tous ses habitants (à
l’exception des Maoris) ont probablement une ascendance
écossaise. D’ailleurs, la capitale de la province d’Otago
s’appelle Dunedin, du nom celte d’Édimbourg, Dun Eideann.
Et pourtant, l’histoire de la distillation de whisky dans ce pays
tient en quelques lignes.
P our déguster un whisky, nul besoin d’un grand cérémonial mais il faut
quand même respecter un certain nombre de principes. Certains relèvent du
bon sens, d’autres sont plus des petits trucs. Lorsqu’on déguste, il faut aussi
savoir mettre tous ses sens en éveil. La dégustation constitue une vraie
expérience sensorielle qui implique la vue, le nez, la bouche et le toucher.
Ensuite, la palette aromatique du whisky est tellement large (au moins aussi
large que celle du vin) que tout n’est plus qu’une affaire de goût(s). Ou plus
exactement de roue. À vous faire perdre la tête.
À tel point que rédiger ses propres commentaires de dégustation peut être
un bon moyen de se souvenir de ce que l’on a aimé (ou pas) et pourquoi. Et
si on ne se sent pas l’âme d’un grand dégustateur, il sera toujours temps de
se plonger dans la lecture des nombreux guides traitant du sujet.
Pour terminer et pouvoir recommencer, nous vous donnons une liste des
meilleures adresses où acheter, où déguster votre whisky préféré. Ainsi que
quelques trucs pour constituer votre cave à whisky.
Il sera ensuite toujours temps de rentrer dans votre agenda les temps forts
du whisky. Cette fois, c’est sûr, d’amateur vous êtes devenu(e) spécialiste.
Chapitre 14
Dans ce chapitre :
Savoir apprécier un whisky, un art au service de Sa
Majesté
Donner ses sens à l’eau-de-vie
La roue des arômes, une révolution sensorielle
Le choix du verre
C’est l’une des étapes essentielles de la dégustation. Pendant
longtemps, le tumbler ou verre à whisky a eu les préférences
des amateurs. Quelle erreur. Massif et à fond plat, il est
intimement associé à la dégustation de whisky sur glace, un
mode de consommation popularisé à une époque où seuls les
blends étaient disponibles sur le marché.
Le service du whisky
On ne se sert pas tous les jours de son verre à whisky ! Il peut
donc rester stocké longtemps dans un bar ou une armoire. Ou
pire, dans un carton. Et même si ce n’est pas le cas, les eaux
calcaires ou le produit vaisselle font qu’il n’est pas inutile de
bien essuyer son verre avant de se servir quelques centilitres de
son single malt préféré. L’alcool est un formidable révélateur
d’odeurs. Bonnes ou mauvaises.
Déguster à point
La plupart des grands amateurs et/ ou dégustateurs
appliquent d’ailleurs une petite règle simple : une
minute de repos par année d’ancienneté. Un whisky de
15 ans d’âge s’appréciera donc mieux après un petit
quart d’heure d’attente. C’est encore plus vrai si le
whisky a été embouteillé sans réduction, à son degré
naturel.
Le whisky craint le froid…
L’alcool (éthanol) gèle à une température si basse (– 114,4 °C)
que cela ne peut arriver qu’en laboratoire. Et c’est plutôt une
bonne chose pour l’amateur car comme tous les (grands) vins
et les (vieux) spiritueux, le whisky craint le froid. Et plus
particulièrement le cube de glace. Que le whisky soit servi
avant ou après son ajout, il entraîne invariablement un terrible
choc thermique. Pour dévoiler l’ensemble de sa palette
aromatique, le whisky n’aime pas être brutalisé. Le froid
modifie instantanément ou presque la structure des molécules
de l’alcool. Ce qui condamne les parfums les plus volatils et les
arômes les plus subtils à rester prisonniers jusqu’au retour à des
conditions plus clémentes. Pour éviter ce choc thermique, tout
en ayant la possibilité d’apprécier un whisky servi frais, mieux
vaut placer votre bouteille préférée dans votre réfrigérateur. Un
whisky « frais » qui se réchauffe peu à peu dévoile alors
progressivement l’étendue de sa palette aromatique. Une
expérience étonnante.
L’exception iceball
En parlant de glace, la dégustation d’un bon whisky
façon iceball est aussi une merveilleuse expérience.
Qui commence par la taille d’un glaçon en forme de
boule parfaite, idéalement ajustée à la forme exacte de
votre verre. Les Japonais sont passés maîtres dans cet
art difficile. Le secret : qu’aucune bulle d’air (même
microscopique) ne soit piégée lors de la formation de la
glace. Si tel est le cas, le cube de glace sera totalement
translucide et beaucoup plus facile à tailler (façon de
parler) avec une sorte de mini-pic à glace. La boule de
glace est ensuite placée dans le verre. Lorsque le
whisky est versé dessus, elle tourne sur elle-même dans
un joli effet et de merveilleux reflets. La taille du
glaçon permet au whisky d’être rafraîchi sans que la
glace ne fonde et vienne diluer le précieux nectar.
Le dram
En Écosse, un verre de whisky est souvent appelé
« dram », un terme d’origine… grecque. Dans
l’Antiquité, « drachme » voulait dire poignée (du verbe
grec « drássomai », attraper) avant de devenir une
unité monétaire qui correspondait à six brins de métal,
que l’on pouvait tenir dans sa main. Au gré des
échanges commerciaux, la drachme est devenue
« dirham » pour les Arabes et « dram » dans le monde
anglo-saxon. Aujourd’hui, dans un pub, si vous
commandez un dram, on vous sert 35 ml de whisky en
Écosse mais seulement 25 ml en Angleterre. En 2013,
les organisateurs du festival écossais Spirit of the
Speyside – qui célèbre le whisky pendant une semaine
chaque année au mois de mai – ont demandé au bureau
national des mesures de Grande-Bretagne (National
Measurement Office ) de réintroduire officiellement le
dram dans les unités légales de mesure. Un dram pour
25 ml de whisky, un grand dram (large dram ) pour
35 ml. La demande a été rejetée sans même avoir été
examinée. Pour tous les Écossais, un vrai… drame.
La vue
Avant de déguster son whisky, il est toujours intéressant d’en
apprécier la couleur et les reflets. Évidemment, cela présente
plus d’intérêt si le whisky a été embouteillé à sa couleur
naturelle. La palette chromatique du whisky va du jaune très
pâle à l’acajou le plus foncé, en passant par toutes les nuances
de beige, marron, doré ou bronze. Cela dépend du type de fût
utilisé bien sûr.
La couleur est une chose, ses reflets une autre. C’est plutôt le
facteur durée qui va donner au whisky ses jolis reflets dorés ou
cuivrés. Plus le temps de maturation sera long en fût, plus les
reflets deviendront complexes.
L’odorat
Sans l’odorat, il n’est pas possible de bien goûter. Mieux, les
maîtres-assembleurs, responsables du goût de toutes les
marques de blends, « goûtent » les whiskies en se contentant de
les sentir. Contrairement à une idée reçue, le nez humain est un
organe d’une incroyable sensibilité. On sent directement par le
nez ou par la bouche et les voies rétro-nasales grâce à des
neurones olfactifs qui tapissent la cavité nasale. Un
professionnel bien entraîné sera capable de déceler l’odeur
d’un composé dilué un milliard de fois. Pour l’amateur lambda,
ce sera un pour un million. Largement de quoi déceler les
différents arômes du whisky et d’en apprécier toutes les
subtilités.
Le goût
C’est évidemment le sens qui joue un rôle central dans la
dégustation. Quatre saveurs fondamentales ont été identifiées :
le sucré, le salé, l’acide et l’amer. Une cinquième, l’umami, fait
l’objet de controverses entre experts et gastronomes.
Le toucher
On oublie trop souvent que le toucher joue aussi un rôle
prépondérant dans la dégustation. Car au-delà des goûts et
arômes perçus, le whisky laisse une vraie sensation en bouche.
Cela peut aller du plus plaisant au plus déplaisant : frais et/ou
pétillant, huileux et cireux (c’est-à-dire qui tapisse l’ensemble
de la bouche et du palais), épicé et poivré ou au contraire
astringent et tannique (c’est-à-dire qui assèche la bouche),
voire alcooleux et brûlant.
Un parfum de whisky
C’est un truc que connaissent bien les dégustateurs
professionnels : se verser un peu de whisky dans la
paume ou sur le dos de la main. Si vous frottez,
certains arômes – les céréales, la tourbe ou les fruits
secs – du whisky vont se révéler avec acuité, comme
un parfum.
Arôme Arôme
Arômes tertiaires
primaire secondaire
Céréalier bouillie porridge, corn-flakes…
solvant chewing-gum,
dissolvant, peinture,
Cellophane…
Modes de consommation
Dans ce chapitre :
Crèmes, liqueurs et whiskies aromatisés
Cocktails, l’autre art du mélange
Alliances gourmandes, le whisky fait la paire
Liqueurs et crèmes
Drambuie est la plus ancienne liqueur de whisky du marché.
Sa commercialisation date de 1910 mais son histoire, ou plutôt
sa légende, remonte au XVIIIe siècle. Après la terrible bataille
de Culloden, le prince Charles Edward Stuart (Bonnie Prince
Charlie), défait, échappe aux Anglais en s’enfuyant déguisé en
femme et se réfugie sur l’île de Skye. Il est hébergé
secrètement par la famille MacKinnon avant de réussir à
regagner la France. La légende raconte qu’il remercie ses hôtes
en leur donnant une recette secrète de cette liqueur à base de
whisky de malt écossais, de miel de bruyère, d’herbes et
d’épices. La recette passe de main en main avant que la marque
ne soit déposée pour la première fois en 1893. Dix-sept années
supplémentaires s’écoulent avant son lancement. Si les débuts
sont difficiles, son succès est aujourd’hui planétaire.
Irish Mist n’est pas une crème de whisky mais une liqueur.
Cette marque est une infusion d’herbes et de miel dans un
assemblage de whiskey irlandais et… de whisky écossais. La
recette a été créée en 1829 par Desmond E. William,
propriétaire de la distillerie Tullamore dans la ville irlandaise
du même nom. Il cherchait à reproduire une boisson
traditionnelle irlandaise, le vin de bruyère. Ce n’est pourtant
qu’en 1947 que cette liqueur est commercialisée pour la
première fois. Depuis, la marque est passée de main en main.
Elle appartient au groupe Campari. Son degré a été réduit de
40% à 35%. Elle se boit pure, sec ou sur glace. Elle peut aussi
se mixer.
Baileys Irish Cream est, comme son nom l’indique, une crème
de whiskey, dont la recette inclut du whiskey irlandais, de la
crème mais aussi des herbes aromatiques et du sucre. La
version originale a été lancée en 1974, destinée en premier lieu
au marché américain et ses nombreux habitants d’origine
irlandaise. Elle est aujourd’hui déclinée dans de nombreux
parfums : mint chocolate, crème caramel, café, noisette ou
orange truffe ainsi que des éditions limitées.
Highball et mizuwari ,
quesako ?
Les Japonais consomment souvent le whisky allongé
d’eau plate ou gazeuse. Un mizuwari , c’est une mesure
de whisky pour deux ou trois d’eau. Un highball , c’est
la même chose mais avec de l’eau pétillante.
Évidemment ce mode de consommation suppose
l’utilisation d’un blend, pas de votre single malt hors de
prix ou celui qui affiche plusieurs années de
vieillissement au compteur ! Ce mode de
consommation est encore plus rafraîchissant si on
ajoute… quelques cubes de glace. Oui, oui de la glace.
Comme quoi tout est possible et… appréciable.
Les cocktails classiques
Le succès du single malt a transformé le statut du whisky en
eau-de-vie de dégustation. Un statut peu compatible avec la
consommation en cocktail. Mais les raisons sont plus profondes
et anciennes. Le cognac a positionné les spiritueux vieillis sous
bois vers ce snobisme de bon aloi. La Prohibition aux États-
Unis a aussi joué un rôle non négligeable. Les whiskies
disponibles sous le manteau à cette époque étaient réputés
n’avoir que peu de goût et être de couleur très pâle (pour ne pas
attirer l’attention de la police). Ce qui a ouvert un boulevard à
la vodka et condamné durablement le bourbon et les whiskeys
forts en goût et hauts en couleur.
Le bourbon crusta
Cocktail créé à la Nouvelle-Orléans au début du XIXe siècle,
sa base première était le brandy ou le cognac (brandy crusta).
On peut indifféremment utiliser du whisky de seigle ou du
bourbon tout comme du curaçao ou du Cointreau. Pour
certains, le mélange des deux liqueurs (orange et cerise) est une
erreur. C’est donc aussi au choix. Le nom vient du sucre qui
habille le rebord du verre.
Le Collins
C’est la version allongée du whisky sour, le blanc d’œuf en
moins. Selon le type de whisk(e)y utilisé, il changera de nom :
Sandy Collins avec un whisky écossais, Mike Collins avec un
whiskey irlandais, Captain Collins avec un whisky canadien ou
Colonel Collins avec un bourbon.
Le Manhattan
C’est le roi des cocktails au whiskey. Son origine et son nom
restent un mystère. On en trouve la première trace écrite dans
un livre datant de 1891, The Flowing Bowl signé d’un certain
William Schmidt. Il aurait été créé à l’occasion d’un banquet
donné dans le quartier new-yorkais de Manhattan. La version
originale utilise un whisky de seigle (rye whiskey ).
Les twists
Rob Roy : le whisky est obligatoirement un single malt
écossais. Il a été créé en 1894 par un barman de l’hôtel Waldorf
Astoria à New York à l’occasion de la première de l’opérette du
même nom inspirée de la vie du Robin des Bois écossais,
Robert Roy MacGregor.
L’irish coffee
Fierté des Irlandais, l’irish coffee a été créé vers 1940 par Joe
Sheridan, le chef du restaurant de l’aéroport de Shannon.
Certains vols transatlantiques avaient lieu en hydravion et
lorsque les passagers atterrissaient en Irlande, ils étaient
souvent complètement congelés. Sheridan les accueillait avec
un café bouillant recouvert d’une épaisse couche de crème. Ce
qui permettait de le boire sans se brûler et tout en se
réchauffant. La recette traversa l’Atlantique en 1952 grâce à un
journaliste du San Francisco Chronicle qui travaillait aussi
derrière un bar, le Buena Vista Café, dans la ville californienne.
Le succès fut immédiat. La recette originale utilise de la crème
liquide (pas de la crème Chantilly), qui peut flotter sur le café
si celui-ci est sucré.
Le mint julep
Associé au Sud des États-Unis, c’est pourtant dans un livre
publié à Londres en 1803 que l’on trouve la première recette
écrite. « En Virginie, les habitants boivent le matin un verre de
bourbon avec de la menthe écrasée », écrit l’auteur, un certain
John Davies ! Un drôle de petit déjeuner dont le mojito est la
variante rhum.
Le old fashioned
Classique parmi les classiques, il a donné son nom au verre
tumbler dans lequel il est traditionnellement servi. On attribue
sa création au barman d’un club de Louisville (Kentucky) en
1881, en l’honneur du colonel James E. Pepper, célèbre
propriétaire de la distillerie Old Pepper.
Le rusty nail
Bien que ce cocktail basique soit mixé à partir d’ingrédients
typiquement écossais (du scotch et Drambuie), son origine
remonte à la Prohibition américaine. La piètre qualité de
quelques whiskies écossais qui arrivaient jusqu’aux États-Unis
conduisait certains amateurs à les adoucir avec du Drambuie.
N’hésitez pas à utiliser un whisky de malt plutôt qu’un blend,
c’est encore meilleur.
Le Sazerac
Soyons honnêtes : à l’origine, ce cocktail – né au début du
XIXe siècle du côté de la Nouvelle-Orléans – était à base de
cognac. Les Américains le remplacèrent petit à petit par du
whisky de seigle, puis définitivement lorsque le phylloxéra eut
raison des vignes françaises et du cognac.
Le whisky cola
Beaucoup d’amateurs de single malt ont dégusté leur premier
whisky (un blend) allongé de cola. Et c’est encore un mélange
qui a de nombreux adeptes parmi les jeunes mais aussi aux
États-Unis. Le Jack (Daniel’s) & Coke est l’un des
incontournables de la carte de nombreux bars américains. Il
faut dire qu’un bourbon se prêtera mieux à ce type de mélange
qu’un whisky de malt. Le problème du whisky cola, c’est
souvent le whisky – un blend de mauvaise qualité – et le cola,
toujours beaucoup trop sucré.
Le whiskey sour
Il se situe entre un punch simplifié et le toddy. Sa création est
probablement bien plus ancienne que sa première mention
écrite qui date de 1856, retrouvée sur la carte des cocktails d’un
hôtel de Toronto. Malgré l’apparente simplicité de sa recette, il
faut trouver le bon équilibre entre l’amer et le sucré. Un vrai
whiskey sour est shaké avec un peu de blanc d’œuf, qui aide au
mélange des arômes et apporte la douceur et le soyeux du
cocktail. La version originale est à base de bourbon ou de
whisky de seigle canadien. Il fonctionne aussi très bien avec un
whisky de malt écossais ou un pure pot still irlandais.
Le whisky en cuisine
La palette aromatique du whisky est si large – en cela elle
ressemble à celle du vin – qu’il est facile de l’associer avec
succès avec tous types de gastronomie. L’écossaise en tête,
bien sûr, mais pas seulement. Au cours d’un repas, on peut
associer le whisky de différentes façons : comme un ingrédient
de la recette, en recherchant l’accord parfait entre le plat et le
whisky ou en le servant à table comme on le ferait avec un vin
après l’avoir réduit autour de 12-13%.
Dîner au whisky
On peut aussi dîner au whisky, sans spécifiquement rechercher
des accords parfaits sur tous les plats. Pour cela, il suffit de
diluer un whisky en l’allongeant avec de l’eau dans une carafe.
Pour réduire à 13% un whisky titrant initialement à 40%, il
suffit de mélanger dans une carafe whisky et eau, la plus neutre
possible, dans une proportion de 1/3-2/3. Selon notre petite
formule de calcul du taux d’alcool après réduction, sur la base
de 35 cl de whisky à 40% : 40% x 35 cl de whisky/35 cl + 70 cl
d’eau = 1 400/105 = 13,33%.
Choisissez plutôt un single malt âgé de 10-12 ans d’une qualité
et d’un prix moyens. Il faut un spiritueux qui tienne la route
mais pas non plus la meilleure bouteille de votre bar. Ce mode
de dégustation n’est pas courant en Europe, ni aux États-Unis.
En revanche, il est relativement répandu au Japon. L’essayer,
c’est l’adopter !
Dans ce chapitre :
Les mots pour le dire
Les ouvrages pour le lire
Les concours de dégustation, pour le meilleur et pour le
pire
Les clubs de whisky, les occasions de se réunir
L’agenda du whisky, une année d’enfer
Un whisky de référence
Les dégustateurs professionnels (et quelques amateurs
avertis) commencent toujours chaque dégustation par
goûter un whisky de référence. C’est généralement un
whisky de base – et évidemment toujours le même –
dont ils connaissent le profil aromatique absolument
par cœur. Cela va leur servir de maître-étalon pour
juger et commenter les autres spiritueux. Mais aussi
s’assurer que tous leurs organes de dégustation (nez et
bouche) sont aussi en état normal de fonctionnement.
Le corps humain est une mécanique de précision
parfaitement capable d’analyser finement et
précisément mais aussi de se dérégler sans crier gare. À
cause d’un début de maladie (grippe ou angine) ou
simplement par la faute d’un aliment ingurgitée
précédemment et dont le goût est tout simplement trop
fort ou incompatible avec une dégustation.
www.thewhiskyfair.com
www.theislayfestival.co.uk
www.ardbeg.com
www.whiskylive.fr ; www.whiskylive.com
www.aberlour.fr
Address To A Haggis
Fair fa’ your honest, sonsie face,
Great chieftain o’ the puddin-race !
Aboon them a’ ye tak your place,
Painch, tripe, or thairm :
Weel are ye wordy o’ a grace
As lang’s my arm.
His knife see rustic Labour dicht,
An’ cut you up wi’ ready slicht,
Trenching your gushing entrails bricht,
Like ony ditch ;
And then, O what a glorious sicht,
Warm-reekin, rich !
Hymne Au Haggis
Bienvenue à toi, honnête et heureux visage,
Grand chef du clan des épicuriens !
Au-dessus d’eux, tu as pris place.
Boyaux, tripes et panses :
Vous valez bien une belle prière,
Aussi longue que mon bras.
www.internationalwhiskyday.org
Le 31 décembre : Hogmanay
Les Écossais changent d’année en fêtant Hogmanay. Une
célébration du Nouvel An qui consiste à se rendre en premier
(first-footing ) chez son voisin ou chez des amis en apportant
un petit cadeau. L’occasion de trinquer avec un verre de
whisky. Aujourd’hui, Hogmanay dure jusqu’au 2 janvier, qui
est aussi un jour férié.
Chapitre 17
Dans ce chapitre :
Savoir lire une étiquette
Dix bouteilles pour faire salon
Collectionner le whisky
Les bonnes adresses
La contenance ;
La quantité nette contenue dans la bouteille est exprimée
en millilitre (ml), centilitre (cl) ou litre (l) ;
Le degré alcoolique. En France, il est obligatoire de
mentionner le titre alcoométrique volumique, autrement dit
le degré, pour toute boisson titrant plus 1,2% vol (directive
du 15 avril 1987). Il s’affiche en pourcentage par volume
(% vol.) calculé à une température de 20 °C. Il sera en
pourcentage d’alcool par volume au Royaume-Uni (% ou
ABV pour « alcool by volume ») et en degré proof aux
États-Unis ou certaines bouteilles en provenance des États-
Unis (1% = 2 degrés proof). Dans ce cas précis, pour être
vendue en France ou en Europe, une bouteille doit
obligatoirement faire apparaître son équivalent en
pourcentage alcoolique selon les normes en vigueur
(% vol.).
Collectionner le whisky
Les collectionneurs de whisky sont de plus en plus nombreux.
Pas seulement pour les mignonnettes, les étiquettes ou les étuis,
comme cela était fréquemment le cas par le passé. Non,
désormais ce sont bien les bouteilles – pleines et intactes – qui
ont leur préférence. Les motivations du collectionneur peuvent
être diverses et variées mais une forte demande et la sortie
d’embouteillages en édition limitée créent les conditions d’un
marché de collection, voire de spéculation.
www.ebay.fr
www.leboncoin.fr
www.scotchwhiskyauctions.com
www.christies.fr
www.mctears.co.uk
www.bonhams.com
www.mulberrybankauctions.com
www.whisky-onlineauctions.com
Les bonnes adresses
En France, la plus grande partie des whiskies est vendue par la
grande distribution, hyper et supermarchés. La barre des
100 millions de litres écoulés sur douze mois a même été
franchie en septembre 2011. Cela représente 143 millions de
bouteilles (sur les 200 millions vendus chaque année dans notre
pays). Les blends écossais de moins de 12 ans comptent pour
85% des volumes.
Dès la fin des années 1960, les premiers ont joué le jeu du
whisky et au détriment du cognac. Les grandes marques de
blends n’ont eu aucun scrupule (et les stocks suffisants) pour
être vendues en libre-service. Le cognac, pour garder son
image de produit de luxe, préférait être vendu sur la
prescription et/ou la recommandation d’un vendeur.
Aujourd’hui, la plupart des enseignes montent des foires aux
whiskies (fêtes des Pères, à l’automne et/ ou en fin d’année), à
l’image des foires aux vins, et leur succès ne se dément pas
année après année.
www.nicolas.com
www.intercaves.fr
www.comptoir-irlandais.com
www.cavavin.fr
www.vandb.fr
www.comptoirdesvignes.fr
www.lesdomainesquimontent.com
Alsace
Le Comptoir du Whisky à Mulhouse. Patrick Bertrand est un
amoureux du whisky. Sa passion l’a conduit à ouvrir une
boutique 100% whisky, la troisième française. Une folie en
2003, un vrai succès aujourd’hui. Le Comptoir du Whisky (ex-
Caveau du Couvent) propose 500 whiskies différents. Parmi les
références, quelques embouteillages exclusifs, dont certains de
l’embouteilleur alsacien AWA (Authentic Whisky Alsace).
Aquitaine
Art & Vin : 2, place du Palais – 33000 Bordeaux –
tél. 05 56 06 35 44
Auvergne
Cave Marcon : place du Marché-Couvert – 43000 Le Puy-en-
Velay – tél. 04 71 09 62 98
Basse-Normandie
Les Caves de Rosel : 7, rue du Clos-Joli – 14740 Rosel –
tél. 02 31 80 05 75
Bourgogne
Whiskies & Spirits à Beaune. Pendant dix-huit ans, Christophe
Grémeaux a été sommelier pour quelques-uns des fleurons de
la gastronomie française. Sa dernière expérience en tant que
responsable de la sélection des vins et spiritueux dans une
épicerie fine le pousse à franchir le pas. Whiskies & Spirits
ouvre en 2011. Christophe propose plus de 400 références dont
les whiskies de Michel Couvreur.
Bretagne
Cave du Trégor : ZA de Keringant – 22700 Saint-Quay-Perros
–tél. 02 96 48 83 40 – www.cavedutregor.com
Whisky & Rhum. C’est une toute petite boutique nichée dans le
vieux Rennes, ouverte et tenue par un jeune couple depuis
2009. Le Français Tristan a rencontré la Polonaise Anna en
Écosse et leur passion du whisky les a conduits à se lancer dans
une aventure (presque) 100% maltée. Au-delà d’une très belle
sélection de whiskies officiels et indépendants, la boutique
propose depuis peu ses propres embouteillages sous l’étiquette
L’Esprit.
Centre
La Cave du Lion d’Argent : 6, avenue du Lion-d’Argent –
36400 La Châtre – tél. 02 54 48 01 13
Corse
Le Chemin des Vignobles : 16, avenue Noël-Franchini –
20000 Ajaccio – tél. 04 95 51 46 61
Franche-Comté
Les Gourmands Lisent : 12, rue Bersot – 25000 Besançon –
tél. 03 81 65 45 08
Haute-Normandie
La Cave du Beffroi : 6, rue de l’Horloge – 27000 Évreux –
tél. 02 32 31 07 18
Île-de-France
Inter Caves : 4, quai Hyppolyte-Rossignol – 77000 Melun –
tél. 01 64 37 54 15
Languedoc-Roussillon
Aux Grands Vins de France : 1-3, rue de l’Argenterie –
34000 Montpellier – tél. 04 67 60 75 48
Limousin
La Halle Aux Vins : 226, avenue du Général-Leclerc –
87000 Limoges – tél. 05 55 37 80 50
Lorraine
Les Domaines : 2, rue Claude-Charles – 54000 Nancy –
tél. 03 83 30 53 39 – www.lesdomaines.eu
Midi-Pyrénées
Chai Vincent : 38, rue d’Astorg – 31000 Toulouse –
tél. 05 61 12 34 51
Nord-Pas de Calais
Les Vins Gourmands : 33, rue Esquermoise – 59000 Lille –
tél. 03 20 30 12 20
Paris
La Maison du Whisky à Paris. Créée en 1956 par Georges
Bénitah, La Maison du Whisky a compté jusqu’à cinq
boutiques à Paris avant de concentrer son offre dans le seul
magasin de la rue d’Anjou, ouvert en 1968. C’est aujourd’hui
une véritable institution en France mais aussi pour tous les
amateurs partout dans le monde. Un peu comme si un whisky
acheté à la Maison du Whisky était forcément meilleur. Même
pour le client averti, il n’est jamais facile de faire son choix
dans le petit millier de flacons disponibles en permanence, de
30 à 5 000 euros (et parfois plus !). Ici les grandes étiquettes de
single malt se déclinent aussi côté embouteilleurs
indépendants, voire embouteillages maison et exclusifs. Un
petit cabinet de curiosités abrite également une
impressionnante sélection de whiskies de collection. Tous sont
en vente et régulièrement renouvelés. Dirigée par le fils du
fondateur, Thierry Bénitah, l’enseigne est devenue l’un des
principaux distributeurs français sur le segment des whiskies
moyenne, haut et très haut de gamme. La boutique n’a
cependant pas perdu son âme, loin de là, grâce à son
responsable, le (très) connaisseur et facétieux Jean-Marc
Bellier, sosie (presque parfait) d’Elton John.
Pays de la Loire
Inter Caves : 39, boulevard du Doyenné – 49100 Angers –
tél. 02 41 34 78 67
Picardie
La Cave de Chantilly : 68, avenue du Maréchal-Joffre –60500
Chantilly – tél. 03 44 21 79 68
Poitou-Charentes
L’Ambassade du Vin : ZAC de la Mude – 79000 Niort –tél. 05
49 75 37 71
Provence-Alpes-Côte d’Azur
Whisky Prestige à Cannes. Chez les di Mercurio, le whisky
était d’abord la passion de Christophe avant de devenir le
gagne-pain d’Aurore. Cette ancienne clerc de notaire n’a pas
hésité une seconde lorsqu’elle a décidé de changer de vie. Elle
aussi s’était prise d’intérêt pour le single malt et son incroyable
palette aromatique. Quelques flacons en provenance d’une jolie
collection viennent idéalement compléter une très belle
sélection de 400 bouteilles.
Rhône-Alpes
L’Échanson : rue Belledone – 38920 Crolles – tél. 04 45 04 93
La whisky Web
www.whisky.fr
L’incontournable référence est en ligne depuis 1997 ! À ce
titre, whisky.fr a été l’un des premiers sites marchands
français ! Et il est resté seul de longues années. Le temps de
convaincre les acheteurs potentiels qu’une bouteille pouvait
voyager par La Poste sans casse. Le nombre de références est
évidemment impressionnant (plus de 1 000 en permanence). Et
aucune mauvaise surprise concernant la disponibilité puisque le
stock est mis à jour en temps réel. Un système ingénieux
d’alerte permet d’être prévenu lorsqu’un embouteillage sort ou
revient en stock.
www.cdiscount.fr
Le numéro un français du commerce en ligne propose une large
sélection de whiskies écossais mais aussi américains. Sans
véritable tri, ni sélection, il n’est pas facile de s’y retrouver si
l’on ne s’y connaît pas un minimum. Mais tous les
embouteillages font l’objet d’une fiche descriptive et l’effet
loupe permet de bien lire chaque étiquette.
www.territoirewhisky.fr
Ce site a été créé par deux amateurs de whisky devenus des
vrais pros du commerce en ligne. Leur sélection de
250 whiskies reste classique mais un ingénieux (et tout simple)
système de recherche permet de trouver en quelques clics le
bon whisky pour soi ou à offrir.
www.cote-aperitif.com
Depuis 2007, ce petit site dédié à l’art de l’apéro a réussi à
trouver sa place. On cherche son whisky de prédilection en
décidant si c’est pour l’apéro, pour un cocktail ou une
dégustation. Les rubriques nouveautés ou cadeaux complètent
le dispositif. Simple et efficace.
Whisky bars
Andorre
Cava Bénito : avenue Carlemany 82 – 500 Andorre-la-Vieille –
tél. (+37) 682 04 69
Autriche
Potstill, Strozzigasse 37, 1080 Vienne – tél. +43 (0)6641
188 541 – www.potstill.org
Belgique
La Tête d’Or : 13, rue de la Tête-d’Or – 1000 Bruxelles – tél.
(02) 512 34 18
We Are Whisky : avenue Rodolphe Gossia 33 – 1350 Orp
Jauche –tél. 472 134 556
La Cave Saint-Jacques : rue Piquet 21 – 7500 Tournai –
tél. (069) 23 20 20
Broekmans : Molenstraat 19 – 3550 Heusden Zolder –tél. (011)
537 060
Whisky Corner : Kraaistraat 18 – 3530 Houthalen –tél. (089)
38 62 33
Crombé : Engelse Wandeling 11 – 8500 Kortrijk –tél. (056) 211
987
Jurgen’s Whiskyhuis : Gaverlan 70, 9620 Zottegem –tél. +32
(0)93 36 51 06
Canada
Kesington Wine Market : 1257 Kensington road NW – Calgary
–tél. (+1) 403 283 8000
Irlande
Celtic Whisky Shop : 27-28 Dawson street – Dublin –
tél. (+353) 1675 9744
Luxembourg
Vino Selects – Maxivins : 148, route d’Arlon – 8010 Strassen –
tél. 26 31 15 52
Monaco
Les Grands Chais : 11, rue Baron-de-Sainte-Suzanne –98000
Monaco – tél. (+377) 93 30 26 80
Pays-Bas
Whiskyslijterij de Koning : Hinthamereinde 41 –
s’Hertogenbosch – tél. (+31) 73 614 3547
Van Wees : Leuderweg 260 – Amersfoort – tél. (+31) 33 461
53 19
Royaume-Uni
Il existe de nombreux cavistes spécialisés en Angleterre parmi
lesquels on citera à Londres, l’historique Berry Bros & Rudd
qui date de 1698, le classique Milroy’s of Soho créé par les
frères John et Wallace Millroy, le pédagogique The Whisky
Exchange au cœur de Vinopolis des frères collectionneurs
Singh ou la magnifique boutique Hedonism en plein cœur de la
City.
Berry Bros & Rudd : 3 St. James street, Londres –tél. +44
(0)8709 004 300 – www.bbr.com
Hedonism : 3-7 Davies street, Londres – tél. +44 (0)2079
890 085 –hedonism.co.uk
Milroy’s of Soho : 3 Greek street, Londres –tél. +44 (0)2074
372 385 – www.milroys.co.uk
The Whisky Exchange : Vinopolis, 1 Bank End, Londres –
tél. +44 (0)2074 038 688 – www.thewhiskyexchange.com
The Whisky Shop : 20 boutiques à Londres, Oxford, Norwich,
Birmingham, Brighton, Stoke On trent, etc.,
www.whiskyshop.com
Master of Malt : 8a London road, Turnbridge Wells –tél. +44
(0)8005 200 474– www.masterofmalt.com
Cadenhead : 172 Canongate, Royal Mile, Édimbourg –tél. +44
(0)1315 565 864 ; 30-32 Union street, Campbeltown –tél. +44
(0)1586 551 710 – www.wmcadenhead.com
Gordon & MacPhail : 58-60 South street, Elgin –tél. +44
(0)1343 545 110– www.gordonandmacphail.com
Loch Fyne Whiskies : Main street, Inveraray –tél. +44 (0)1499
302 219 – www.lfw.co.uk
The Scotch Whisky Experience : 354 Castlehill, Royal Mile,
Édimbourg – tél. +44 (0)1312 200 441 –
www.scotchwhiskyexperience.co.uk
Russie
Whisky World Shop : 9 Tverskoy boulevard – Moscou –
tél. (+7) 495 787 9150
Suisse
Canton de Bâle
Canton de Genève
Canton de Vaud
Canton de Zürich
États-Unis
Park Avenue Liquor Shop : 292 Madison avenue – New York –
tél. (+1) 212 685 2442
Cask : 17 3rd Street – San Francisco – tél. (+1) 415 281 64 86
Cinquième partie
A u fil de ces chapitres, vous glanerez des informations pour vous divertir,
vous faire voyager et épater vos amis : les dix endroits mythiques du
whisky, les dix idées reçues, les chiffres les plus affolants de la planète
whiskies. Vous verrez que la belle boisson ambrée est aussi une source
d’inspiration pour de nombreux artistes, qu’ils soient écrivains,
compositeurs ou cinéastes.
Chapitre 18
Whisky folie
L e whisky et ses dix chiffres les plus affolants.
Le plus fort
On dit souvent qu’un mauvais whisky à 40% paraît plus
alcooleux qu’un très bon brut de fût. Il faut donc une maîtrise
parfaite de toutes les étapes de la production pour proposer des
eaux-de-vie qui titrent plus de… 70%, comme cet
embouteillage de George T Stagg, un bourbon, qui titrait 143 °
(71,5%). Fort.
Proverbe irlandais
Trop (de n’importe quoi) est toujours mauvais. Sauf d’un très
bon whisky, dont c’est à peine assez.
Whisky ou whiskey ?
Par convention, « whisky » en américain s’écrit « whiskey »,
avec un « y » pour se différencier des Écossais (mais être
confondu avec les Irlandais). Seuls Maker’s Mark et George
Dickel tiennent avec force et obstination qu’on les appelle et
qu’on les écrive whisky. Le premier à cause de ses origines
écossaises. Le second pour exister à côté de son encombrant
voisin du Tennessee, Jack Daniel’s.
Une mini-distillerie
Edradour est l’une des plus petites distilleries d’Écosse avec
une production d’environ 120 000 litres d’alcool pur par an
(l’équivalent de 430 000 bouteilles). La plus grosse en produit
le double… par semaine.
Le trésor de Tormore
Lors de sa construction en 1960, les propriétaires de Tormore
ont enterré une sorte de capsule en cuivre (et de la forme d’un
alambic) contenant des verres et un tregnum (2,25 litres, soit
trois bouteilles) du blend Long John. Pour la déterrer en 2060,
comme c’est prévu, il faudra casser la dalle de béton à l’entrée
de la distillerie.
Chapitre 22
C’est à Berthold Brecht et Kurt Weill que l’on doit l’un des
grands classiques de la chanson faisant référence au whisky.
Texte (peut-être initialement en allemand) et musique ont été
écrits en 1927 mais en deux étapes. Alabama Song paraît dans
le recueil Hospostille (Liturgies domestiques en français) avant
d’être mis en musique pour un spectacle musical, Mahagonny
Songspiel . En 1930, les deux hommes reprennent la chanson
pour l’opéra Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny .
Boris Vian, The Doors en 1967, David Bowie en 1970, Dalida,
Marilyn Manson ou Dyonisos ont tous repris ce titre, devenu
un classique.
Hedonism (Londres)
Si vous êtes amateur, amatrice de vins et spiritueux, préparez-
vous à un choc. Visuel et émotionnel. Hedonism est l’une des
plus belles boutiques au monde. C’est aussi (et de loin) la plus
incroyable et impressionnante collection au monde de vins et
de spiritueux en vente chez un caviste. Hors norme. L’amateur
de whiskies y perdra la tête devant les centaines de flacons,
dont quelques-uns uniques.
Midleton (Irlande)
Le plus grand alambic en cuivre se trouve à Midleton. Il n’est
plus en activité mais trône majestueusement dans l’une des
salles du centre des visiteurs dont il est l’incontestable vedette.
Construit en 1825, il a une capacité de 31 618 imperial gallons
(143 740 litres, 143,74 mètres cubes !)
Yoichi (Japon)
Yoichi est située tout au nord du Japon, sur l’île de Hokkaïdo.
Installée (presque) au bord de la mer, c’est l’une des dernières
distilleries au monde à chauffer ses alambics (de première
chauffe) au charbon. La distillerie, construite en 1934, est aussi
une merveille d’architecture qui emprunte autant à l’Écosse
qu’au Japon avec ses toits et ses pagodes rouge carmin.
Superbe.
Ageing : Vieillissement.
Barley : Orge.
Cask : Fût.
Cratur : Nom parfois donné au whisky par les Écossais (ou les
Irlandais).
Peat : Tourbe.
Peated : Tourbé.
Poitin : C’est ainsi que les Irlandais (poteen pour les Anglais)
appellent leur eau-de-vie traditionnelle, domestique et non
vieillie. Par extension, c’est l’alcool produit illégalement en
Irlande.
Rye : Seigle.
Still : Alambic.
Stillage (mot américain) : Vinasses restant au fond de l’alambic
après la première distillation. Elles sont composées de résidus
de grain et d’un liquide pas ou peu alcoolisé et très acide.
Synonymes : pot ale ou spent lees (anglais), setback, sour mash
ou stillage (américain), thin slop, yeast back .
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A
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Belgique
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C
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Carl Artisan Distilleries
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Céréales
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Charles II
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Chita
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Churchill (Winston)
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Concours
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Craigellachie
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Cremona (Gerardo da)
Crow (James C.)
D
Daftmill
Dailuaine
Dalmore
Daniel (Jack)
Deanston
Dégustation
Destillatia
Dewar’s
Dillon
Dimple
Dioscoride
Distillat
Distillation clandestine
Distillation
Distillers Company Limited (DCL)
Doig (Charles)
Drake (Sir Francis)
Dram
Droit d’accise
Dublin Whisky Distillery
Dublin
Dufftown
E
Early Times
Eau-de-vie
Écosse
Edgefield
Edradour
Égypte
Elizabeth Ire
Embouteillage
Empire romain
Enfûtage
Espagne
États-Unis
Étiquette
Etter
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F
Faber
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Ferintosh
Fermentation
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Filliers
Filtration
Finition
Forbes of Culloden (Duncan)
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Fuji-Gotemba
G
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Gammelstilla
Geber
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George Ier
George II
George IV
Germination
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Gillespie (Malcolm)
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Glann Ar Mor
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Glen Grant
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Glen Ord
Glen Scotia
Glen Spey
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Glencadam
Glendronach
Glendullan
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Glenfiddich
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H
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Longmorn
Louis XVI
Lowlands
M
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MacBeatha
MacBeth Ier
Macduff
Mackmyra
MacLean (Charles)
MacManus
MacRaghnaill (Risteard)
Mageoghegan (Connell)
Magister Salernus
Mahomet
Maillard (Louis-Camille)
Maker’s Mark
Malt Tax
Maltage
Malterie
Malteuse
Maltose
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Marrowbone Lane
Martin (Martin)
Mary II
Mendeleïev (Dmitri)
Menhirs (distillerie des)
Meunerie
Meyer
Micro-distillation
Miltonduff
Miyagikyo
Miyashita
Molasses Act
Molino de Arco
Molson (John)
Molson (Thomas)
Monde Shuzu
Moonshine Whisky
Mortlach
Moût
Müller
Murano
Murray (Jim)
N
Nashoba
New Midleton
Nikka
Norrtelje
North British
Nouvelle-Zélande
O
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Oban
Octomore II Beast
Okanagan
Old Midleton
Old Raven
Ørbæk
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Owens (Bill)
P
Paddy
Pain liquide
Palestine
Pasteur
Patrick (saint), voir Succat (Maewyn)
Pays-Bas
Pearson (William « Billy »)
Péluse
Pemberton
Penderyn
Pernod Ricard
Perrier (Anthony)
Pimlico
Plato (échelle de)
Pline l’Ancien
Poitin
Prichard
Prohibition Party
Prohibition
Pulteney
Puni
Pur malt
Pure pot still
R
Rabel
Radermacher
Radico Khaitan
Raleigh (Sir Walter)
Rampur
Réduction
ReisetBauer
Repasse
Rhazès
Rhum
Rock Of Cashel
Roggenhof
Roquetaillade (Jean de)
Roseisle
Royal Brackla
Royaume-Uni
Ruggerro di Frugardo (dit Roger de Parme)
Rye
S
Saladin (Jules)
Salerne
Samuels (Robert)
Scapa
Scotch Whisky Association (SWA)
Scotch Whisky Research Institute
Scuela Medica Salernitana
Seagram
Séchage
Setsu Shuzo
Shakespeare
Shelter Point
Shinshu
Single Grain Scotch Whisky
Single Malt Scotch Whisky
Slyrs
Smögen
Sonnenschein
Sour mash
Spears (Jacob)
Speyburn
Speyside Cooperage
Speyside
Spreewälder
Springbank
Springbank
St. George
Starlaw
Stauning
Stein (famille)
Still Water
Stranahan
Strathclyde
Strathisla
Strathmill
Succat (Maewyn, dit saint Patrick)
Suisse
Suntory Shirofuda
Suntory
T
Taiwan
Talisker
Talon (Jean)
Tamdhu
Tamnavulin
Teaninich
Teerenpeli
Tennessee
The Owl Distillery
Thomas Street
Thompson (James)
Thorpe (James)
Tom Moore
Tomatin
Tomintoul
Tonnelier
Torabhaig
Tormore
Toronto Distillery
Toronto
Triple Eight
Trolden
Tullamore Dew
Tullibardine
Tuthilltown
U
Union Distillery
United Brewery & Spirits
Us Heit
Usher (Andrew)
V
Vallei Distilleerderij
Valleyfield
Vendome Cooper
Villeneuve (Arnaud de)
Volstead Act
W
Wade (George)
Walker (Hiram)
Walker (John)
Walpole (Robert)
Wannborga
Warenghem (Paul-Henri)
Warenghem
Wash Act
Washington (George)
Weutz
Whiskey de grain (single grain whiskey)
Whiskey de malt (single malt whiskey)
Whiskey Excise Act
Whiskey pure pot still (irish pot still whiskey)
Whiskey Trail
Whisky Castle
White Horse
White Oak
Wild Turkey
Willett
Williams (Evan)
Wilson (Woodrow)
Wiser (John Philip)
Wolfburn
Wolfram Ortner
Woodford Reserve
Y
Yamazaki
Yoichi
Z
Zuidam