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La pornographie : qu’en penses-tu?

Enquête Bénédicte de Soultrait / Fil Santé Jeunes


Contexte de l’enquête
Un site référent auprès des jeunes sur les
questions liées à la sexualité
Cibler une population aléatoire de jeunes de 12
à 25 ans
Enquêtes en ligne

 Collecte des données du 1er février 2016 au 15 mars 2017

 851 réponses – 643 réponses exploitables


28 questions divisées en 5 parties

• 3 questions portant sur le profil des participants


• 6 questions sur le 1er accès aux images pornographiques
• 6 questions sur les effets ressentis suite à ce visionnage et
sur la consommation
• 9 questions sur l’impact de ces images sur les
représentations sexuelles et l’influence éventuelle sur la
sexualité
• 4 questions sur la propension à partager et à
communiquer sur ces images pornographiques
Les résultats
Profil des répondants

71,5% de
mineurs
66% de
collégiens
et lycéens

=> Objectif de toucher des mineurs atteint


Accès généralisé à la pornographie

83,3% ont déjà vu des images pornographiques

92% des garçons

78% des filles

 Tendance à la non différenciation des sexes


 Pornographie accessible pour tous et non réservée à une catégorie
 99% des jeunes de 12-17 ans connectés*
 En 2013, 89% des enfants de +12 ans sont équipés de téléphone portable*

*Enquête « Conditions de vie et aspirations des Français », Paris, Credoc, n° 297, nov 2013
Régis Bigot et Patricia Croutte, « La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française »
Certains restent à l’écart de ces images

21,5% déclarent de jamais avoir vu d’images pornographiques

73% Ça ne m’intéresse pas

51% C’est sale


23% Ça ne se fait pas

16% C’est interdit

14% Ça ne sert à rien

8% Contrôle parental

6,5% Ne sait pas de quoi il s’agit


85% ont vu ces images avant 15 ans

92% des garçons avant 15 ans

81% des filles avant 15 ans

43% des garçons avant 12 ans

34% des filles avant 12 ans

 Un 1er accès à la pornographie de plus en plus jeune


 Un accès en pleine puberté, voire avant
Des jeunes seuls face aux écrans

78% sur un ordinateur

43,5% sur un smartphone

18,6% sur la télévision

 99% des adolescents ont un ordinateur à la maison*


 55% des foyers reliés en 2011 à une connexion fixe*
 1,7 poste de télévision actif par logement*
 62% des adolescents résident dans un foyer multi-équipé*
*Enquête « Conditions de vie et aspirations des Français », Paris, Credoc, n° 297, nov 2013
Régis Bigot et Patricia Croutte, « La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française »
Un 1er accès volontaire ou pas

32,7% déclarent le 1er accès à la pornographie par accident

70,8% sont allés voir par curiosité

42,5 % sont allés voir pour s’exciter

14,6% voulaient avoir des renseignements sur la sexualité

22,5% voulaient savoir comment se passait un rapport sexuel

20% sont allés pour voir ce type d’images


La sexualité rend curieux

Besoin d’informations
Les jeunes cherchent des réponses à leurs
questions

 Le porno fonctionne comme une sorte d’initiation à la sexualité


 Le porno peut alors donner des modèles identificatoires
La transgression à l’adolescence

 11,3% déclarent être allés voir ces images parce qu’ils voulaient faire
quelque chose d’interdit

12,7% des filles

9,3% des garçons


Un 1er accès qui se fait seul

80,8%
 Une activité non partagée ou alors
éventuellement entre pairs à l’adolescence
chez les garçons mais très rarement chez les
filles *

* 5 à 6 % déclarent regarder avec un(e) ami(e) de même sexe


Quels ressentis face à ces images ?
49% ont été excités 47% ont été mal à l’aise

62% des garçons 31,5% des garçons

40% des filles 58% des filles

 Différences excitation sexuelle homme / femme


 Importance canal visuel dans l’excitation sexuelle masculine

31% ont été éprouvés du plaisir 37% ont éprouvés de la honte

37% des garçons 23,5% des garçons

27% des filles 45% des filles

 Différences de perception à la vue de la sexualité


37% ont envie de continuer à regarder 21% ont envie d’arrêter de regarder

43% des garçons 11% des garçons

33% des filles 28% des filles

 Côté incitatif ou dissuasif des images


 Ressentis face à l’impudeur

25% ont été éprouvés du dégoût 11% ont ressenti une grande violence

11% des garçons 4% des garçons

34,5% des filles 16% des filles

 11% déclarent aussi ne rien avoir compris du tout


J’ai trouvé ça particulièrement
dégoûtant

Il y a des trucs vraiment bizarrement


drôles !

Commentaires recueillis au cours du questionnaire sur réponse Autres


Une envie d’y retourner
Seulement 8%
déclarent ne jamais
avoir revu d’images
pornographiques

35,5% d’entre eux


97% des garçons y regardent très 25% d’entre eux y
souvent ce type retournent
retournent d’images par la quelquefois
suite

10% d’entre elles


88,5% des filles y regardent très 49% d’entre elles y
souvent ce type retournent
retournent d’images par la quelquefois
suite

 Une habitude de consommation régulière qui semble plus masculine


Pour quelles raisons ?

 Un fort pouvoir d’excitation : « ça m’excite »

66% des garçons


73% des filles

 Une consommation qui peut devenir addictive

• Des garçons déclarent ne plus pouvoir se passer de ces images


12%

• Des filles déclarent ne plus pouvoir se passer de ces images


4%
Selon mon humeur: une légère
excitation, de l’indifférence ou de
l’agacement

Commentaires recueillis au cours du questionnaire à la réponse « Autres »


Habitudes de consommation

50% des consultations ont lieu à n’importe quel


moment de la journée
25,8% ont lieu le soir

17% ont lieu la nuit

92% des consultations ont lieu dans la chambre

13% ont lieu dans les toilettes

14% ont lieu dans la salle de bains


Activités liées à cette consommation

72% déclarent se 88% des 61% des


masturber garçons filles

 La masturbation est une activité clairement corrélée au visionnage


d’images pornographiques
 La pornographie sert de support à l’activité masturbatoire
 Activité plus pratiquée chez les garçons que chez les filles
Impact sur les représentations sexuelles

Déclarent que ces images ne représentent en rien la réalité

89% d’un rapport sexuel


11% pensent le contraire

Estiment que rien n’est calculé à l’avance dans un


78,5% scénario sexuel
Pour eux, un rapport sexuel doit comporter

49,5% un baiser
une pénétration vaginale
40,5%
une fellation
17%

15% un cunnilingus

7% une pénétration anale

5% Une éjaculation faciale

5,5% Tout à la suite

3,4% Plusieurs partenaires


 Les garçons sont plus dans la pénétrance que les filles (46% contre 36%)

 Les relations oro-génitales sont plus souhaitées par les garçons


Fellation obligatoire pour 23% des garçons contre 13% des filles
Cunnilingus obligatoire pour 19% des garçons contre 12% des filles

 La pénétration anale citée à 11,4% par les garçons contre 4,7% des filles

 L’éjaculation faciale plus citée par les garçons que par les filles (6% contre
1%)

 Différence image de la sexualité entre les 2 sexes


 Les garçons sont plus dans la pénétrance, dans la
performance, dans le côté génital et l’expérience de virilité
 Le porno montre plus les codes sexuels masculins
 L’importance du baiser dans l’éveil psycho-sexuel des ados
court-circuité par les codes pornographiques
Pouvoir d’identification

26% aimeraient être à la place des acteurs

42,6% des garçons

14,5% des filles

 Place de l’agir dans la sexualité


 Le garçon a plus envie de s’identifier à l’acteur porno qui est dans la toute
puissance, fierté de la domination masculine, seul l’homme agit et pénètre
 Pulsions sexuelles et affectives se réalisent plus sur le mode relationnel pour les
filles
 Côté physique de l’amour attire plus l’esprit du garçon
Mise en scène

Ont l’idée de se mettre en scène avec leur partenaire dans


7,5% une vidéo amateur

Estiment pouvoir diffuser la vidéo sur les


réseaux sociaux 3%

 Piège de l’exhibition sur les réseaux sociaux


 Limite floue entre la sphère privée et la sphère publique
 Confusion intime et public, pudeur et impudeur
Une influence qui interroge

35,6% estiment que ces images influencent


leur sexualité

46,5% des garçons

28,5% des filles

25% ne savent pas


Epilation zone pubienne
18,5% C’est bien plus hygiénique

16% C’est plus beau

27% C’est juste pour mieux voir les parties intimes

26% Ne se posent pas la question

11% Trouvent cela choquant

 On retrouve l’indication du canal visuel excitatoire masculin avec des taux


plus élevés chez les garçons sur le côté esthétique (27,3% contre 8%)
Le rapport homme - femme

Estiment que ces images représentent uniquement du sexe et


77,5% en aucun cas une relation

69% N’y voient aucun sentiment

60,8% Considèrent que la femme est traitée comme un objet

45,8% Considèrent que l’homme est dominateur

42% Estiment que c’est très caricatural


Trouvent ces images violentes et
32,5%
choquantes
9% Trouvent tout cela normal

5,5%
En rigolent
 Les garçons voient moins la femme objet que les filles (46% vs 66%)

 La pornographie semble rester le seul lieu où l’homme peut assumer sa


place de dominant contre tous les codes actuels de la société

 La pornographie reste un lieu où les clichés peuvent encore être décrits


et affirmés

 51,5% des filles ne relèvent pas ce côté dominateur chez l’homme dans
ces images: ce côté dominateur est-il attendu dans la sexualité ?

 La pornographie perpétue et banalise les stéréotypes homme / femme


Ne proposeraient pas ou sûrement pas à leur partenaire
60% de regarder des images pornographiques ensemble

24% Le proposeraient éventuellement


Le porno : un passage obligé ?

Estiment que ce n’est pas un passage obligé mais


76,6% ils en consomment quand même
« On peut très bien s’en passer »

 11,5% estiment que c’est un passage obligé


 Contradiction des réponses: difficulté de la compréhension
rationnelle de ce phénomène qu’est la pornographie
 Veulent-ils dire qu’ils pourraient s’en passer si la pornographie ne
leur était pas proposée?
Un sujet non évoqué, non parlé

59,5% ne parlent jamais de ce sujet


22% abordent le sujet avec quelques rares personnes de confiance
70% des filles n’en parlent jamais
49% des garçons n’en parlent jamais
25% des garçons en parlent entre amis
13% des filles en parlent entre amies

 Sujet encore plus tabou pour les filles


 Tabou de la sexualité féminine et du plaisir féminin
Avec qui en parler ?
Voir n’est pas comprendre *

40% N’ont aucune idée avec quel adulte partager ce sujet

 Des éducateurs, des personnes qui connaissent le sujet sont envisagés (23,4%)
 Evoquer le sujet avec les parents est exclu (6%)
 Les moyens préconisés sont des moyens anonymes comme Internet (49%) ou des
lieux de consultation confidentiels (40%)
 Le téléphone est cité à 11%

* José Morel Cinq Mars, psychanalyste


Les conclusions
 Un accès généralisé des adolescents à la pornographie
 Un accès en pleine puberté et de plus en plus jeune, de manière volontaire en
majorité

 Un accès indifférencié pour les deux sexes : 9/10 des garçons et 8/10 des filles
 Diffusion avec accessibilité immédiate en tous lieux, à toute heure

 Activité majoritairement solitaire liée à la puberté, liée à la masturbation


 Ressentis excitation, plaisir mais aussi honte, dégoût
 Ressentis de violence, malaise
 Mais une envie d’y retourner pour la majorité des garçons
 25% des filles en consomment régulièrement

 Regard critique mais influence – côté fascinant de la pornographie – Paradoxe

 Filles n’osent pas parler de ce phénomène alors que les garçons ont moins de
mal à en parler

 Besoin de paroles
Bénédicte de Soultrait

benedictedesoultrait@orange.fr

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