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INSTITUT SUPERIEUR TECHNIQUE D'OUTRE MER

CHCI. quai George V. 76600 LE HAVRE

MEfl//OIRE DE FIN 0 'ETUDES

SYSTEMES DE PRODUCTION
EN BASSE COTE D'IVOIRE

Caroline HOUZIAUX
72 ;ème Promotion

Stage effectué à l'O~R.S.T.O.M.


Adiopodoumé,
_ Côte d' Ivoire __ -------
["'---
.SOMMAIRE

Pages

IN'I'RDDUCTION : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . l
-Présentation du sujet
-La problématique

I. PRESENTATION DE L'ENQUETE ••••••••••••••••••••••••••••• 4


I.I. Le choix des villages ••••••••••••••••••••••••••• 4
I.I.I. 1'~~_~!~!!i~~_~~_!~_~~~~_!~~~~iE~ 4
~ Rappel historique de la mise en place des peuples

~ Debrimou, un village Adioukrou


• Djimini-Koffikro, un village allogène

1. l • 2. '~~~~E~E~!!!!!~~~ 7
• Populations de la zone lagunaire
~ Debrimou, un village fortement peuplé
• Djimini-Koffikro, un village jeune

I.I.3. Le milieu naturel ..•.•••••.••.•......... 9


• Unité physique de la région
• Debrimou, un paysage agraire homogène
• Djimini-Koffikro, un paysage diversifié

1.2. Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 12
I.2.I. S~!!~~E!~_2~_~~~i~i!i2~~ I2
I.2.2. Présentation de la méthode •••••••••••.• I4
--------------------------
I.2.3. !~~b~ig~~_~:~~~~!~ I5
• Les questionnaires
.Le parcellaire
I.2.4. ~~~i~~_~!!_~~~!i~~_~~_!:~~~~!~ I7
* Les problèmes rencontrés
• Suggestions

2. DEBRIMOU, HOMOGENEITE DES SYSTEMES DE PRODUCTION DANS UNE


SOCIETE AUTOCHTONE • • • • • • • . • . • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •• 20
2.I. Mise en évidence des similitudes •••••••••.••••• 20
2 • l • 1. Le s f am i Il es. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 20
------------
2 • l .2. ~~_~!?.1~~!i~~ 22
~ Objectifs à long terme
• Objectifs à moyen terme
* nh;pr"ri f~ ~ ("(')l1rr rpPT!p
. . . . . . . . . . . . . . . . .. 25

2.2 •
2.2.1. Les facteurs de production
--------------------------
:1{ La terre
* Le travail
2.2.2. ~!E~~!~E~~_~~_EE2~~~!!~~ 30
~ Le mode de faire valoir
~ Le mode d'utilisation du sol

2.3 Les fem~es Adioukrou . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35


2.3.T. La tradition . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.3.2. Résultat d'enmlête . 36
------------_.~---
~ Le rôle agricole
* Le budget
2.3.3. ~~~_EE~e!~~~~_~~~_~~~~~_~~_~~eE!~~~ . 39
2.3.4. ~~_E~!~~_~~~_~~~~~_~~~~_!~_~~~!~!~ . 40

2.4 Conclusion sur Débrimou •••••••••••••••••••••••••••• 40


2.4.1. ~~!ï~~_~~~E~E~!!Y~_E~~E_!~~~ ············40
• Les facteurs de production
• Les structures de production
if Fonctionnement de l'unité de production
2.4.2. ~~!ï~~_~!~~bE2~!~~_!_~y~!~!!~~_~~~_~~!!~~
~~_E!:~~~~!!S2~ ..••.....•.................. 45
2 • 4 • 3. Bi l an ..........•.•.........•..•.......••. 47
-----

3. DJIMINI-KOFFIKRO, DIVEPSIFICATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION


DANS UNE SOCIETE HETEROGENE ·····························49
3.1. Une mosaique de peuples ···························49
3 • l • 1. Le 5 f am i Il e s · . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 49
------------
3.1.2. ~~~_~e1~~!!~~ ····························50
* Objectifs à long terme
• Objectifs à moyen terme
if Objectifs à court terme
3.2. Les systèmes de production ························52
3.2.1 ~~~_~~~!~~E~_~~_EE~~~~!!~~ ................ 52
if La terre

if Le travail
3.2.2. ~~~_~!E~~~~E~~_~~_EE~~~~~!2~ 56
*
Le m0de de faire va10ir
~ Le m0de d'utilisation du sol

3.3. Les femmes de Djimini-Koffikro •••••••••••••••••••• 66


3.3.1. ~§!~_~2E!~~!~ 67
3.3.2. ~~_e~~g~!_~~~!~!~ 68
3 .3.3. L_~~_2E2~E~~~~_~ ' . .
t __f ~~~~~~~ . 72

3.4. Du statut d'immigrés à l'accès à la propriété ••••• 72


3.4.I. Histoire d'une vie ••••••••••••••••••••••• 72
3.4.2. 74
3.4.3. 76

3.5. Conclusion sur Djimini-Kofflkro ••••.•••••••••••.• 77


3.5.I. ~~!l~~_~2~E~E~!!~~_E~~E_!~~~ 77
~ Les facteurs de production

* Les structures de production

3.5.2. ~~2!~!!2~_~~~_~~!!~~_~~_EE2~~~!!2~ 82
3 ~ 5 • 3. Bi 1 an 85
-----
CONCLUS l ON GENERALE ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 87
- Comparaison de deux villages
- Comparaison du rôle des femmes
- Perspectives

Annexes •••••••....••.•.•••.•••....•••....•.•.....•.•.......• 9r

Table des cartes et des schémas •••••••••••••••••••••••••••• 96

Bibl·iàgraphie 97
-~-

INTRODUCTION

- Présentation du sujet.

Ce présent mémoire résulte d'une enquête de quatre mois et


demi effectuée au centre O.R.S.T.O.M. d'Adiopodoumé, département
d'Abidjan, en Côte d'Ivoire.
"Des échecs répétés concernant l'introduction d'innovations
techniques ou planifications hâtives ont conduit à prendre en
compte la réalité rurale. Les notions de potentialités agricoles
ne peuvent prendre un sens qu'à sont contact". (I)
Fort de cette constatation, l'O.R.S.T.O.M. d'Adiopodoumé a
mis au point un plan de recherche sur les systèmes de production
en Côte d'Ivoire forestière, zone à forte variabilité humaine et
milieu physique peu contrasté. Ce travail englobe certains aspects
du plan ivoirien créé principalement dans le cadre de l'objectif
d'auto-suffisance alimentaire fixé par le gouvernement qui souhaite
un renforcement des recherches sur vivrier en zone forestière.
Le laboratoire d'agronomie (2) a défini deux niveaux d'inter-
vention complémentaires' correspondant chacun aux champs d'inves-
tigation spécifiques de la discipline concernée
I) Etude du fonctionnement du manioc placé dans un peuplement
par analyse d~relations dans le système climat-sol-plante sous
l'influence des techniques.
2) Stratégies vivrières mises en place dans la région et con-
traintes à l'élaboration d'un rendement en milieu paysan.
Dans l'objectif global de l'investigation entreprise, les
chercheurs veulent apporter une contribution à la connaissance ré-
gionale.

C'est au sein de l'équipe étudiant la "Dynamique des systèmes


de production en Basse Côte d'Ivoire", que j'ai été intégrée à mon
arrivée.

(I) Note O.R.S.T.O.M. : "Dynamique des systèmes de production en


Basse tôte d'Ivoire".
(2) cf annexe l

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1 Avicam 2 M'Baiio 3 Abour~ 4 Essouma S Eholll~


Pour l'étude régionale agro-économique, 6 villages avaient déj~

été retenus dans un gradient de 30 à 90 km d'Abidjan, vis 2i vis


de la polarisation de la capitale. Des travaux de recherche étaient
en cours avec suivi hebdomadaire de certaines unités de produc-
tion : calendrier des travaux, enquêtes budgétaires ••. ainsi qu'un
suivi de parcelles paysannes de manioc et développement d'expéri-
mentations en parcelle. Le but de cette recherche est de déchiffrer
les logiques qu; soutendent les adaptations humaines si variées en
ce milieu naturel peu contrasté.

- La problématique

A mon arrivée à l'O.R.S.T.O.M., en août 84, Monsieur Mollard,


mon maître de stage m'a proposé un thème d'étude parallèle et corn"';'
plémentaire à son propre sujet de recherche. Dans le but d'une ap-
proche des stratégies paysannes variées dans ce milie~ physique
homogène, deux thèmes m'ont été soumis
- les systèmes de culture en Cote d'Ivoire forestière.
- le rôle de la femme dans les systèmes de production.
En raison d'un manque de temps évident, je n'ai pu effectuer
mon travail sur les 6 villages étudiés par le groupe de recherche.
Trois d'entre eux, choisis en fonction de leur diversité ethnique,
m'ont été attribués. Les deux thèmes ont été abordés sous forme
d'enquêtes, cette méthode a engendré quelques problèmes qui m'ont
finalement conduite à ne retenir que deux villages : Débrimou, ha-
bité par des autochtones d'ethnie Adioukrou et Djimini~Koffikro,

village allogène. Quelques unités de production ont été retenues


il en a résulté des monographies d'exploitation. Les hypothèses de
fonctionnement qw y sont développées n'ont pu en général, et faute
de temps, être vérifiées auprès des paysans. On se pose maintenant
la question de comment traiter ces informations consistant en beau-
coup de données sur peu d'individus.

Les systèmes de production sont abordés à travers une analyse


des unités de production agricoles qwvise à représenter le fonc-
tionnement du système. Deux grands thèmes sont retenus : la famille
et la terre.
Quelles sont les composantes familiales et les objectifs de
llunité de production?
Quelles stratégies sont adoptées pour répondre à ces objec-
tifs?
.. / ..
-3 -

(Moàe de faire-valoir et Mode d'ut11isation.du sol).


Ces premiers points visent à dégager les cohérences du fonc-
tionnement afin d'interpréter les conduites adoptées par les pay-
sans. Le sens d'évolution des exploitations pourra alors parfois
être prévu. Faire une analyse critique de ce fonctionnement afin
de pouvoir entreprendre des actions de développement pertinentes
serait peut-être ambitieux après une enquête de si courte durée,
quelques impressions personnelles peuvent néanmoins être données.

Le rôle de la femme dans les systèmes de production en côte


d'Ivoire forestière est abordé en fonction des contraintes qu'élIe
doit affronter :
- Quelle est la place dévolue à la femme dans les rapports
sociaux du groupe ethnique ?
- Quelle est la place dévolue à la femme au sein de l'exploi-
tation familiale ?
Nous dégagerons son niveau local d'indépendance économique et
de décision vis à vis des cultures vivrières dans le cadre de
l'accès à la terre et au crédit.
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1. PRESENTATION DE L'ENQUETE

1.1. Le choix des villages

Pour réaliser cette étude à caractère régional, donc


dans un milieu géographique homogène et soumis à la polarisation
abidjanaise, il nous a semblé intéressant de retenir 2 villages
à élément humain diversifié dont le mode de vie et l'organisation
sociale sont radicalement différents.

~ Rappel historique de la mise en place des


peuples.
Dans un milieu qui s'étire sur près de
300 km de lagune Ehy à l'est, jusqu'à Fresco à l'ouest, 14 peuples
sont regroupés sous l'appellation de "Lagunaires" en Basse Côte
d'Ivoire. Ces peuples sont divers par leurs origines, leurs lan-
gues et leurs cultures. Certains sont issus de groupes autochtones
attestés dés la période paléolithique puis de groupes venus par
vagues successives de l'ouest et de l'est. Le peuplement s'est ef-
fectué par migrations dans l'espace (de la forêt vers les lagunes)
et dans le temps (du XVe au XVIIe siècle). Les divers mouvements
du XV et du XVI sont assez peu connus.
Au XVII, les migrations, en provenance de l'est notamment con-
naissent une amplitude nouvelle à cause des ravages du commerce
négrier qui se développait sur la Côte de l'Or.
- Les Avikam et Alladian longent la côte et sont accueillis par
les Ehotilés.
- Les Nzima (ou Appoloniens) s'installent autour- de la lagune
Ehy, ils ne se déplacent plus.
- Les Abouré occupent la région s'étendant du fleuve Bia à la
lagune Aby.
- Les Adioukrou descendent de la forêt vers la lagune de Dabou
chassant vers Oumé les Gban primitivement installés dans la région.
- Les Essouma s'allient aux Ehotilé pour chasser les Avikam et
Alladian qui s'installent vers Lahou.
Au XVIII, d'importantes migrations du groupe Akan ont lieu
entrainant de nouveaux bouleversements du peuplement lagunaire •

.. / ..
- Les Agni-Brafê font la conquête du pays occupé par les Abouré
qui se réfugient vers Bonoua.
- Les Enotilé autour de la lagune Aby ainsi que les Essouma sont
soumis par les Agni.
- Les Baoulé forment (par métissage avec des groupes primitive-
ment installés) les Abbey dans la région d'Agboville et les Atié
dans celle d'Adzopé. Ils fournissent aussi la deuxième composante
des Adioukrou.
- Les Dida appartenant au groupe Krou occupent les rivages ouest
de la région lagunaire.
A la fin du XIX, l'installation française se réalise, le peu-
plement du monde lagunaire est déjà fixé et ne subira plus de chan-
gements profonds. On considère en effet que les 'nombreuses migra-
tions au XX dans cette riche région se font à l'état individuel et
n'ont rien à voir avec une invasion d'un groupe ethnique précis.

~ Débrimou un village Adioukrou

Notre premier village d'étude est Débrimou encore nommé Dibrm


ou bibrim, il se situe au coeur du pays Lodjoukrou. Après les va-
gues de migrations, fin XVIII, l'ethnie Adioukrou est complètement
formée et l'on peut dire que le noyau De Bobor Débrimou venu de
l'ouest est dominant. Démographiquement, c'est le plus considérable;
politiquement c'est autour de ce noyau que les 2 confédérations (ou
plus grandes unités politiques) se sont constituées : la confédéra-
tion de Bobor est celle de Débrimou qui devient dès cette époque une
capitale. C'est peut-être en grande partie à cause de cela que ce
village est resté de nos jours très uni et trés attaché à ses tradi-
tions.
Une des originalités de l'organisation sociale des peuples la-
gunaires et particulièrement des Adioukrou est le système des géné-
rations et des classesd'âge. Cette institution omnifonctionnelle
avait un rôle initial d'ordre militaire qui n'a maintenant plus lieu
d'exister mais les fonctions économiques, politiques, culturelles
et surtout esthétiques sont toujours conservées. Ces ensembles de
classes d'âge sont au ,nombre de 7 chez les Adioukrou. Filles et gar-
çons composent une même classe mais avec une initiation collective
pour les hommes et indivïduelle de modèle différent pour les femmes.
Le passage d'une classe d'âge à une autre occasionne de nombreuses
cérémonies qui peuvent se prolonger durant un mois lunaire et font
l'Objet de diverses festivités, in~tiations, défilés, manifestations
de richesse en se parant d'or et de pagne précieux •••
.. / --
-6-

Mais bien des occasions permettent aux Adioukrou de Débrimou de


se réunir (funérailles, appel des chets de quartier et de leurs
notables, têtes civiles, religieuse, païennes, familiales ou na-
tionales) et font, qu'entre autres raisons, les parcelles agricoles
semblent relat1vement peu fréquentées.
Quelques Dioulas se sont installés à Débrimou, quelques jeunes
ivoiriens y passent dans l'espoir d'y trouver un travail temporaire
mais pratiquement IOO % de la population est Adioukrou. On note
que les terres exploitées en mode de faire valoir direct le sont
exclusivement par des autochtones. En pays Lodjoukrou, la tradition
veut que la terre appartienne à la communauté villageoise et celui
qui travaille une parcelle peut transmettre "un droit de culture"
à ses héritiers. Cette notion a aujourd'hui tendance à disparaitre
pour faire place à des idées de propriété plus personnelles. Néan-
moins, on n·observe pas encore de location de terre, à des particu-
liers, contre rémunération en argent. Le seul énnoncé de cette idée
choque même encore quelques habitants.
En traversant Débrimou, on est frappé par l'impression d'unité
qu'il y règne. Cette ethnie s'est soudée en perpétuant ses tradi-
tions et fêtes collectives, même mode de vie, mêmes cultures prati-
quées qui rendent presque uniformes les paysages agraires, activités
féminines identiques et même petit élevage de porcs omniprésent
dans ce village. Ce paysage général homogène a tendance à dissimu-
ler des tentatives d'innovations effectuées par les plus jeunes.

~ Djimini-Koffikro, village allogène (I)

Notre 2ème village d~étude, Djimini-Koffikro, se situe dans


le pays Abouré. Ce village est récent et fut fondé vers 1920 par
une première vague de migrants Abouré, Agni et Baoulé qui s'instal-
lèrent à l'occasion de l'ouverture de la piste reliant Bonoua à
Adiaké. Cette région était alors inexploitée. Il n'y avait qu'un
seul D]imini (ethnie de groupe vOltaïque) parmi les fondateurs du
village mais, interprète 1 il fut le premier à le représenter vis
à vis des autorités coloniales qui le baptisèrent de son apparte-
nance ethnique et de son nom. Une 2ème vague de peuplement est cons-
tituée dans les années 70, par l'arrivée des Voltaïques et des Ma-
liens attirés par la culture de l'ananas.

(I) d'après J.P. COLIN - voir Bibliographie . ./ ..


-7-

Ce mode de ~ei.lplement récent et basé sur la cohabitation de


plusieurs etnnies fait qu'il n'y a pas de vie communautaire tra-
ditionnelle à Djimini-Koffikro. Les différenc~de culture se res-
sentent à travers les nombreuses langues et religions pratiquées
au village où cnaque peuple essaye plus ou I:loins de perpétuer ses
propres coutumes.
La population composite de Djimini-Koffikro est formée de I4
ethnies ivoiriennes et 9 pays y sont représentés. Trois groupes
ethniques dominent nettement : les Voltaïques, les Maliens et les
Baoulés 1 les Abourés autochtones sont peu nombreux.

Tableau l : Répartition de la population par ethnie ou nationalité


-------------_._---._------------------
. .
:
Ivoiriens 4 - :
Etrangers • :

Baoulés .... ............


Ivoiriens du Nord
20 %
I2 %
Voltaïques
Maliens
. . . . ..... . .
.. . ..... . . . .·
. .
22 %
20 %
Agni .... . ... ... ... ..
. 7 01 . Autres étrangers .....· 8 %
... .
/0

Autres ivoiriens 7 01
...............
/0 :
Abouré 4 % :
:-------------------------------:-----------------_._---:--------:
Total •.••••••...••• : 50 % Total . .. . ... ... ... ...
· 50 %

L'historique du peuplement a conditionné en partie l'accès


au foncier : Voltaïques et Maliens arrivés après les autres eth-
nies ne sont en général pas propriétaires. A l'inverse de Débrimou,
on note que les terres se louent contre rémunération en argent et
parfois même, certaines parcelles sont mises en vente.
En traversant Djimini-Koffikro, on est frappé par les diver-
sités de ce village, diversit~non seulement ethnique donc de mode
de vie et traditions, mais également paysages agraires très variés.
Une corrélation apparait entre le type de culture pratiquée et le
groupe ethnique par l'intermédiaire de l'accès au foncier.

~ populations de la zone lagunaire


Avec une densité moyenne de 27 habitants
au km2 (pour 2I de moyenne nationale et 20 de moyenne forestière),
la zone lagunaire est relativement peuplée mais inégalement occu-
pée. La côte Atlantique, les littoraux sud des lagunes, les deltas
du Bandama et de la Comoé sont pratiquement inhabités, l'insalu-
brité des zones basses et la pauvreté des sols peuvent expliquer
~ Djimini-Koffikro, un village allogène

La population résidente permanente était de 992 habitants en


début d'année 1983 dont 45 % ayant moins de 15 ans et 80 % moins
de 35 ans. On observe des différences de ~~2artition par sexe et
par ethnie chez les adultes : dominante féminine au sein des popu-
lations Baoulé et Agni, dominante masculine chez les Voltaiques.
La population adulte est non native de Djimini-Koffikro dans 80 %
des cas. Plus de 70 % des chefs d'unité d'exploitation ont entre
40 et 70 ans, la moyenn€ étant de SI ûnc.
L'existence d'un courant migratoire négatif a été mis en évidence,
il revêt deux formes principales : 1) migration définitive du plan-
teur vers d'autres régions, en quête de forêts disponibles, ou vers
son village d'origine lorsqu'il atteint un certain âge, 2) un
exode rural qui touche en particulier les natifs scolarisés(I).
Ce village se situe sur la route de Bonoua-Adiaké à 70 km en-
viron à l'est d'Abidjan. Les cases sont généralement bâties de
façon traditionnelle et souvent recouvertes d'un enduit peint, elles
ne sont pas alimentées par l'électricité, seul le chef du village
possède un groupe électrogène~ Une pompe à eau a été installée au
village, elle est payante.

1.1.3. Le milieu naturel


~ Unitê physique de la rêpion

L'ensemble de la région offre un paysage monotone et de fai-


ble altitude. Les collines et vallons au nord des lagunes sont ani-
formisées par la végétation. La carte géologique fait apparaître
des sables tertiaires homogènes et quelques sables quaternaires lon-
geant la côte Atlantique.
Le réseau hydrographique est important avec les différentes
lagunes et les fleuves Bandama à l'ouest et Comoé à l'est. Les bas-
ses vallées sont marécageuses et hydromorphes.
Le climat est de type subéquatorial avec une petite saison
sèche en aoQt et une grande saison sèche de décembre à avril.
L'harmattan est perceptible sur le littoral qui reçoit en moyenne
2 M de pluie par an.

(1) D'après J.P. COLIN - Cf Bibliographie


Trois points caractérisent la zone lagunaire par rapport aux ré-
gions forestières :
- des problèmes d'occupation du sol dûs à une forte compéti-
tion foncière et à une insuffisance globale des ressources locales.
- l'exode rural plus prononcé que dans d'autres régions fo-
restières. Outre, les raisons déjà citées, la scolarisation intense
et précoce, l'attraction de la capitale incite au départ une popu-
lation déjà initiée à l'économie moderne par l'ancienneté de ses
contacts avec le monde extérieur •
- L'ampleur de l'exode rural est masqua par un mouvement d'im-
migration de pêcheurs venus de l'est, de paysans venus du nord. Un
mouvement de remplacement des autochtones par les allochtones est
donc sensible.

~ Débrimou, un village fortement peuplé

Débrimou comptait près de 3000 habitants en 1966 (1), en 76


près de 5000 (2), nous n'avons pas de chiffre plus récent concernant
la population de ce village. Plus de 70 % des chefs d'unité de
production ont entre 50 et 80 ans, la moyenne étant de 60 ans (3).
Les hommes sont faiblement polygames, ceci est peut être da à la
forte influence de la religion chrétienne sur le village où ca-
tholicisme et protestantisme sont très pratiqués. Le maintien des
enfants adultes au sein de l'exploitation gonfle la famille, cer-
tains d'entre eux vont néanmoins travailler à l'extérieur du vil-
lage en attendant de pouvoir accéder aux terres occupées par leurs
pères. Débrimou semble vivre dans un système gérontocratique.
Ce village se situe à quelques kilomètres au nord de Dabou à
une cinquantaine de kilomètres à l'ouest d'Aoidjan. Il présente
une allure riche et moderne qui se dégage à travers l'habitat. On
voit peu de cases traditionnelles, les maisons sont bâties en dur
(parpaings et tôle ondulée ou même parfois tuiles), elles sont
toutes alimentées en électricité et eau courante. Certains Adiou-
krou, actuellement citadins, ont fait construire dans leur village
natal de luxueuses résidences secondaires équipées de "tout le
confort moderne". Frigidaire, radio, télévision et matériel de
haute fidélité ne sont pas chose rare à Débrimou.

(1) Memel-Foté
(2) H. Benon
(3) Pré-enquête O.R.S.T.O.M. - E. Mollard

.. / ..
-10-

Les températures subissent des variations très faibles tout au


long de l'année, les moyennes mensuelles sont de l'ordre de 20 à
23°. La moyenne de l'humidité atmosphérique est généralement su-
périeure à 80 % ; sauf au coeur de la grande saison sèche.
Le climat chaud et humide détermine le processus de ferral-
litisation des sols de la région.
Avant la mise en valeur par l'homme, la couverture végétale
était du type forêt dense sempervirente avec quelques forêts ma-
récageuses, ou des mangroves ; la présence de paysages de savanes
près du littoral reste encore inexpliquée.

~ Débrimou, un paysage agraire homogène

Le milieu naturel est fortement marqué par la présence humaine


le milieu forestier est très entamé par les défrichements et le
·Savane de Dabou" (constituée principalement d'impérata) est au-
jourd'hui largement reconquise par des formations végétales anthro-
piques.
Une palmeraie naturelle fournissait l'essentiel de leurs re-
venus aux habitants de Débrimou. La cueillette de cette palmeraie,
propriété villageoise, était réalisée par de jeunes grimpeurs Adiou-
krou. Les régimes étaient vendus par les hommes à Dabou, les graines
étaient vendues au détail par les femmes qui transformaient le pro-
duit brut en huile, savon et crème corporelle. Ce peuplement natu-
rel de palmier à huile a fait la fortune des Adioukrou à l'époque
de la traite. Une petite agriculture vivrière destinée à l'auto-
consommation était effectuée en parallèle. L'introduction, après
la première guerre mondiale, du café (1920) puis du cacao (1931)
ne changea rien au mode de vie des habitants, qui tout en adoptant
ces deux cultures, continuaient de vivre des rapports de la pal-
meraie.
Ce système prit une orientation différente après la deuxième
guerre mondiale, lors de l'installation dans la région de planta-
tions industrielles de palmiers à huile selectionnés (IRHO 1948
puis SODEPALM (I~. L'implantation de ces sociétés dans la région
fut ressentie plus comme une concurrence que comme une possibilité
d'accroître les gains grâce à des palmiers plus productifs. De plus,
les produits artisanaux féminins furent mis en compétition avec
les huiles industrielles.

(1) INSTITUT DE RECHERCHE DES HUILES ET OLEAGINEUX


SOCIETE POUR LE DEVELOPPEMENT DU PALMIER A HUILE
.. / ..
La culture du manioc prit alors une importance prépondérante,
les hommes cultivent aujourd'hui la plante et les femmes trans-
forment le tubercule en attiéké vendu sur Abidjan.
Est-ce à cause du mauvais accueil réservé aux plantations in-
dustrielles de palmiers à huile que les habitants se sont fermés a
d'autres innovations telles que la culture de l'hévéa introduite
par la SAPH (1) en 1956 puis la banane poyo introduite en 1964.
De nos jours, le paysage agraire de Débrimou est formé de
plantations de manioc en rotation sur jachère. Les restes de la pal-
meraie naturelle sont récoltés par des grimpeurs Adioukrou ou sou-
vent allogènes. Les gains servent à acheter la carte du PDCI (2).
Les quelques vieilles plantations de café, cacao qui ont survécu
sont récoltées mais ne font pas l'objet de soins particuliers,
certaines, complètement abandonnées, font office de réserve fon-
cière pour l'exploitant. Débrimou, comme bien des villages de
Basse Côte d'Ivoire, connait une saturation foncière, les terres
défrichables y sont rares.

~ Djimini-Koffikro, un paysage diversifié

Dans un cadre physique semblable à celui de Débrimou, bien


que moins valloné et où n'apparait pas le phénomène de "Savane ll ,

Djimini-Koffikro a été défriché rapidement et, aujourd'hui, on


note une saturation foncière totale.
Le café et le cacao étaient les principales productions anté-
rieures, le cola y était souvent associé. L'implantation des com-
plexes agro-industriels dans la région a été bien accueillie par
les populations. Cela a favorisé la création de diverses plantations
villageoises : palmiers à huile et cocotiers sélectionnés par
Palmindustrie (3), plantations d'hévéas encadrés par la SAPH, plan-
tations d'ananas de conserve sur blocs de culture encadrés par la
SODEFEL (4). Depuis 2 ans, l'attribution des codes d'exportation
pour la production d'ananas frais dans la région a pour effet l'es-
sor spectaculaire de la culture d'ananas "hors bloc" donc non en-
cadré par la SODEFEL. Les planteurs-exportateurs trouvent en effet
avantagea compléter leur propre production par celle de petits plan-
teurs "sous-traitants".
(1) Société Africaine des Plantations d'Hévéa
(2) Parti Démocratique de Côte d'Ivoire
(3) Sociéte d'Etat qui a repris l'essentiel des attributions de
l'ancien groupe SODEPALM
(4) Société d'Etat pour le Développement des Fruits et Légumes •
../ ..
Ces diverses plantations industrielles forment un paysage
varié, on remarque qU'elles sont prat1quées par des ethnies dif-
férentes. Les Voltaïques et Maliens, étant rarement propriétairesJ
cultivent peu les cultures arborées et se spécialisent dans la pro-
duction d'ananas dont le cycle de culture, de 16 à 24 mois, n'exi-
ge pas un contrôle permanent du foncier.
Les cultures vivrières sont également très diversifiées et
font l'objet de spécialisations ethniques: le manioc, plante par-
ticulièrement bien adaptée au milie~ est cultivé par tous, l'igna-
me est surtout produit par les Baoulés et les plantes à cycle court
maïs, patates, divers légumes sont caractéristiques des Dioula.
On constate que, quelle que soit leur ethnie, les familles de
Djimini-Koffikro s'efforcent de produire les plantes vivrières au
moins nécessaires à leur auto-consommation, les surplus étant ven-
dus.

On peut donc conclure que les 2 villages Choisis dans un mi-


lieu homogène sont doublement différents par leur population et
leur mode de production. Débrimou, village traditionnel Adioukrou
vit de la mono-culture du manioc alors que Djimini-Koffikro, récent
village allogène, a adopté une production agricole diversifiée.

I.2. Métnodologie

L'analyse de l'Unité de Production Agricole


vise à représenter le fonctionnement d'un système, c'est-à-dire
"l'enchainement de prises de décisions dans un ensemble de contrain-
tes en vue d'atteindre un ou plusieurs objectifs en mobilisant des
moyens" (Sebillotte).
L'unité de production englobe trois communautés où se mani-
festent des échanges privilégiés : les communautés de production,
de consommation et d'accumulation.
"La communauté de production est composée des personnes qui.
contribuent à la création et à la fourniture du produit. La commu-
nauté de consommation contient celles qui participent à la destruc-
tion d'une fraction du produit en vue de la reconstitution de la
force de travail.

..1..
-13-

La communauté d'accumulation regroupe les personnes qui mettent


en commun le surplus obtenu aprés la consommation." (Gastellu)
L'unité de production agricole mise en valeur par le Chef
d'unité de production (ou planteur) doit être composée, d'au moins,
une parcelle. "Une parcelle est une portion de terre cultivée par
un seul exploitant, d'un seul tenant et qui a été mise en culture
en totalité la même année. Elle porte sur toute son étendue une cul-
ture ou une seule association de cultures" (Républ1que de Côte
d'Ivoire). Un bloc de culture ou "plantation résulte de la juxta-
position de parcelles mitoyennes, mises en culture à des époques
différentes, et se trouvant à divers stades de production ll
(Gastellu). Le chef d'Unité de Production (CUP) peut détenir plu-
sieurs plantations au sein du village ou dans d'autres régions.

Trois éChelles de temps régissent l'Unité de Production (UP)


qui peuvent être définies en fonction des niveaux d'objectifs et
donc des types de décision :
- la finalité, c'est l'ensemble des objectifs que se propose
d'atteindre la famille à long terme (niveau de vie souhaité, pro-
fit, succession ••• ).
- la finalité met en oeuvre une stratégie à moyen terme qui
lai permet de tirer parti des possibilités de l'environnement phy-
sique, économique et social. C'est la mise en place d'un système
de production (choix des cultures vivriéres et des plantations par
exemple) •
- Enfin la famille est confrontée à des choix tactiques réa-
lisables dans le court terme et qui assurent la réalisation sur
le terrain du système de production choisi (options quotidiennes
dans le choix des travaux).
L'ensemble des objectifs peut évoluer dans le temps, particu-
liérement en fonction de l'âge d~ Chef d'Unité de Production.

Trois niveaux géographiques sont privilégiés : les systémes


de culture, les systèmes de production, le système agraire. Le
système de production se caractérise par un capital de départ, soit
une famille et une terre ; il est soumis aux champs socio-économi-
ques du système agraire de Basse Côte d'Ivoire auquel il doit s'a-
dapter, mais qu'il peut également modifier (créations de coopéra-
tives ••• ). Ce système de production nécessite une organisation
interne sous forme d'un ou plusieurs systèmes de culture faisant
intervenir rotations culturales et assolements localisés •
. . 1. ·
Deux critères économiques sont retenus comme outils d'analyse.
les facteurs et les structures de production
Parmi les quatres éléments généralement admis comme facteurs
de production, (terre, travail, capital et consommation intermé-
dia1re), nous en étudierons particulièrement deux: la terre, utili-
sée indifféremment en mode de faire valoir direct ou indirect et le
travail réalisé par la main d'oeuvre permanente, temporaire ou la
famille.
La structure de production découle de l'agencement des fac-
teurs de production équilibrés et ajustés par le chef d'exploita-
tion. Les divers ajustements possibles et réalisés rendent cette
structure dynamique.

Au cours du temps, on peut détecter des changements d'orien-


tation, les états de l'exploitation évoluent traçant ce que l'on
peut appeler une trajectoire d'évolution. L'analyse des exploita-
tions, de leur histoire et de leur fonctionnement actuel, permet
de dégager des types, c'est-à-dire des groupes de ressemblance.
Cette typologie "jusqu'à présent est essentiellement une approche
d'experts" (Sebillotte). D'apres les quelques exploitations suivies,
un petit essai de typologie pourra être proposé en fin de dossier.

I.2.2. Présentation de la métnode

L'étude en terme de systèmes de pro-


duction s'est axée sur la composante stratégique des décisions con-
cernant le mode de faire valoir et le mode d'utilisation du sol. On
cherche donc à révéler les déterminants de ces 2 choix, ainsi que
ce qu'ils impliquent en terme d'organisation de l'exploitation. Le
rôle de la femme est étudié au sein de l'Unité de Production fami-
liale afin de dégager son indépendance économique vis à vis de
l'homme.
La méthode suivie a consisté à donner une description très
précise de la terre et de la famille avec un essai de reconstitu-
tion des cultures et rotations des dernières années et un essai
de budjet féminin. Cette méthode a engendré 2 techniques d'enquête
complémentaires : les questionnaires et le parcellaire •

. . 1 ..
Les deux villages contrastés qui ont été choisis pour réali-
ser cette étude sont séparés l'un de l'autre par I20 km. Le sujet
globa~ et ?articu~ièrementle suivi du budget féminin nécessitait
une collecte d'informations régulière et surtout peu espacée dans
le temps afin de réduire les erreurs d'omission involontaires. Je
devais donc me déplacer fréquemment e-t mon emploi du temps fût or-
ganisé de façon hebdomadaire: lundi - mardi enquête à Djimini-
Koffikro où je logeais, mercredi enquête à Débrimou, jeudi - ven-
dredi classement des données au centre d'Adiopodoumé.
Le choix des unités de production retenues pour l'étude de
Débrimou se réalisa "au hasard" : une pré-enquête faite par
l'O.R.S.T.O.M. avait mis en évidence l'homogénéité des systèmes de
production dans ce village. Des volontaires se proposèrent pour
travailler avec nous et le choix s'effectua parmi eux, cette métho-
de ayant pour avantage de devoir confirmer ou infirmer l'hypothèse
d'homogénéité émise au départ. A Djimini-Koffikro, l'O.R.S.T.D.M.
suivait, à mon arrivée, une douzaine d'exploitants, le choix fut
donc fait en fonction des diversités déjà mises en évidence, "grands"
et "petits planteurs" furent ainsi retenus.
Les trois chefs d'unités de production avec qui nous avons
travaillé à Débrimou ne parlant pas couramment et leurs fewnes
ne comprennant pas le français, nous avons dû prendre un inter-
prête. Jean-Baptiste, Adioukrou du village, me fut d'un grand se-
cours, il maîtrisa rapidement le questionnaire sans avoir tendance
à se substituer aux enquêtés et me donna de nombreux renseigne-
ments sur la vie quotidienne traditionnelle. A Djimini-Koffikro
les 4 exploitants retenus parlaient le français, 2 épouses compren-
naient dont une parlait un peu notre langue. Deux enquêteurs ayant
été recrutés dans ce village pour répondre aux besoins de diffé-
rentes études qui y étaient menées, l'un d'entre eux, Nestor, fut
mon interprète. Son sérieux et sa parfaite intégration à la vie
villageoise ont facilité grandement mon accès aux informations.

2Les questionnaires.
• Questionnaires réalisés auprès des épouses du CUP •

. .1 ..
Au début de l'enquête, et à titre de présentation, un question-
naire à passage unique fût réalisé en collectant des informations
<jénérales devant me c:'_;nner ;.me idée dl rôle de l'épouse <'tU se1n de
l'unité de production: participation aux travaux agricoles, par-
celle personnelle, décision des plantes cultivées, utilisation des
récoltes, principales activités non agricoles, principales sources
de revenus, participation au budget familial, appartenance à un
groupe féminin ou ~ une tontine ••• Ce questionnaire fût réalisé
sous forme de conversation semi-dirigée.
Un deuxième questionnaire à passage hebdomadaire fut entre-
pris afin de mieux connaitre l'emploi du temps féminin ainsi que
les entrées et sorties d'argent •

• Questionnalres réalisés auprès du CUP.


Dans un premler temps, les fiches familles qui avaient déjà
été faites à Djimini-Koffikro pour l'étude de M. Colin en 83 fu-
rent mises à jour. Cela nous a permis de mettre en évidence la
rapidité avec laquelle la famille africaine évolue. Ces fiches fu-
rent réalisées pour la 1ère fois à Débrimou, elles furent remaniées
tout au long de mon séjour.
Un deu."Ciëme questionnaire devait a.lors être effectué sur .les
systèmes de culture. La fiche sur l'historique des parcelles, le
mode d'utilisation du sol et le mode de faire valoir aurait pu être
complétée en tête à tête avec le planteur, dans son exploitation.
Cette m~thode s'est av~rée inadaptée à la précision des renseigne-
ments demandés. L'agriculteur, en constante conversation avec les
membres de sa famille présents dans la cour, ne répondait pas ef-
fectivement aux questions. Le questionnaire fut donc effectué au
cours de la visite des différentes parcelles. La nécessité de la
réalisation du parcellaire se fit alors ressentir. La planification
devait donner une idée plus claire d'une situation parfois bien
confuse sur le terrain. Les surfaces pourraient être déterminées
avec une assez bonne ~récision. Les différents systèmes de culture
devaient également pouvoir y apparaître.
Enfin, au cours de conversations semi-dirigées avec les Chefs
d'unité de production, on a essayé de dégager les objectifs fami-
liaux.

~ Le parcellaire
Le parcellaire complet de chaque unité de production a été
tracé.
. ./ ..
Il comprend toutes les terres en propriété (quel que soit leur
mode de mise en valeur et leur mode de faire valoir) plus toutes
les parcelles louées par l'exploitant ou qui lui ont été prêtées.
Le parcellaire a été réalisé au topofil et à la boussole. Le
traitement des données a été fait sur ordinateur, le programme
mis au point par M. Mollard donnant les surfaces et les données
cartésiennes à l'échelle, il était alors facile de tracer les plans.
On note que le parcellaire du terroir de Djimini-Koffikro
avait déjà été effectué par M. Colin. La comparaison des plans de
chacun donnant des résultats similaires a permis de mesurer la
fiabilité des relevés. Les parcellaires ayant été tracés à une
année d'intervalle, les rotations de cultures vivrières, les créa-
tions de nouvelles plantations arbustives et les défriches ont pu
être repérées avec une assez bonne précision.

1.2.4 B~~!~~_~~_9~~~~!~~_~~_!~~~9~§~~
~ Problèmes rencontrés
Trois villages avaient initialement
été choisis pour cette enquête. Il ne m'a pas été possible de réa-
liser l'étude sur le 3ème village où le seul exploitant retenu
était fort peu disponible.
Les réponses apportées au questionnaire budjet féminin se
révélèrent approximatives. Le dépouillement en bureau fut abandonné
au profit d'un rapide calcul de bilan devant l'intéressée à qui
l'on posait la question suivante "Aujourd'hui, combien te reste-t-il
d'économies 1" La différence entre la somme théorique calculée et
la somme réellement possédée était généralement rapidement expli-
quée (le plus souvent oubli de petits achats). Cette discussion était
bien perçue par l'épouse.
L'ensemble des questionnaires a engendré des problèmes das aux
réponses contradictoires données par des personnes différentes pour
une même question posée (contradiction époux-épouse ou propriétaire-
locataire). En général des interrogations identiques répétées par
la même personne se soldent par une réponse faisant comprendre que
le sujet a déjà été abordé •••
La réaction des enquêtés de Débrimou et Djimini-Koffikro fut
très différente face aux mêmes thèmes abordés.

../ ..
-18-

Dans le premier village, des questions nous étaient posées en re-


tour, des bénéfices étaient espérés en l'échange des réponses, le
parcellaire fut bien accueilli dans la mesure. où, ni ayant jamais
été réalisé, il fit connaître aux exploitants la surface de leurs
propriétés alors que dans le 2ème village le travail a été ressen-
ti comme une répétition de l'étude de M. Colin, les populations
ont bien voulu nous répondre, faisant preuve de beaucoup de pa-
tience, mais de moins de spontanéîté que les habitants de Débrimou.

Jt Suggestions
Le manque de temps pour réaliser cette enquête ne mla pas
permis de remettre en cause sur le terrain les méthodes adoptées.
Les questionnaires ayant pu être ajustés, je me demande si le sys-
tème de passages hebdomadaires était la meilleure solution. Le
travail une ou deux journées sur le terrain n'était pas très ren-
table si lion prend en compte le temps perdu pour aller chercher
le planteur, lui faire accepter de renoncer à ses occupations
pour m'accompagner sur le terrain (et cela n'était pas toujours
possible surtout à Débrimou en raison des nombreuses fêtes aux-
quelles la présence du chef d'exploitation est indispensable).
Il en a résulté une mise au point des parcellaires très lente et
très fastidieuse, et les moments réservés à la discussion avec le
planteur s'en sont trouvés proportionnellement écourtés. C'est
pourquoi on trouvera beaucoup d'hypothèses dans ce dossier qu'il
ne nous a pas été permis de vérifier auprès des interessés, par
manque de temps.
Je pense qu'un séjour de longue durée dans les villages au-
rait été plus profitable. Il m'aurait permis de réaliser rapide-
ment les parcellaires donc de pouvoir ensuite vérifier les hypo-
thèses émises· Il m'aurait également permis d'aborder les réali-
tés et les problèmes villageois de plus près, en m'intégrant plus
activement à la vie de la communauté.

Le travail avec certains planteurs m'a amenée à me poser des


questions quant au bien fondé de leur présence parmi les enquêtés.
Un des notables du village de Débrimou en faisait partie. Les obli-
gations dQes à sa charge le rendait peu disponible et les r~ponses
apportées, lorsque des points financiers étaient abordés, étaient
très évasives.

. .1..
- .
~~
~--

Avant d'aborder les résultats d'enquête, je signale que certains


points ont été argumentés à partir d~fiches d'enquête famille
(main d'oeuvre et consommation familiale par exemple). A ce ni-
veau d'approche, les chiffres annuels proprosés sont surestimés
par rapport à la réalité puisque les déplacements des divers
membres de la famille n'ont pa être pris en compte. Ces moyennes
"potentielles" sont à pondérer.
-20-

2. DEBRIMOULJiOMOGENEITE DES SYSTEMES DE PRODUCTIŒ~ DANS UNE


SOCIETE AUTOCHTONE
2.1 Mise en évidence des similitudes
2.1.1 Les familles

Les 3 CUP retenus pour l'enquête et leurs épouses sont Adioukrou.

Tableau 2 : Etude du nombre de personnes à la charge du CUP par


rapport au nombre de résidents sur l'uP.

CUP EPOUSES ...


<:. 15 ANS AUTRES ADULTES TOTAL A CHARGE TOTAL RESIDENTS UC

N° ,
1
AGE TOTAL H
1 F
11
TOTAL 1 H
1

F TOTAL
1

.1 H
1

' F TOTAL
,.1 H
, F

,
1 ,· 1
1 1
1 7I
1 1 4 3 1 3
,
1 2 1 9 1 6 3 7 1 5 2 4.6
1
1
1

,
1
1
1
1
1

1
.
1

1
1 1 3 1 2
1
6 4.5
1 3 0 • 4 2 9 3 6 7 1 1
2 1 61
1
•1
1
1
·1
1
,
1

1 1 r
1 1
3
1
1 56 2 4 3
1
1 2 1
, 1 1 9 ..
1 5 4 8 14
, 4 5.8

·
J
1 •

Pour l'explièation des sigles et calculs, se reporter en annexe.

Les CUP sont relativement âgés et ont eu leur premier enfant


tardivement: respectivement pour les CUP 1,2 et 3 à 44, 31 et 35
ans.
L'épouse du CUP nOI et la première épouse du CUP nO) sont malades.
La femme malade ne peut plus continuer d'assumer totalement le
rôle qui lui incombe au sein de la famille i il faut donc que
l'époux entreprenne les ajustements nécessaires à la conservation
de l'équilibre de l'exploitation momentanément bouleversé.
Les moins de 15 ans et les autres adultes sont des membres
de la famille. On note ici une exception chez le CUP n02 qui a
pris à sa charge une vieille amie de sa mère •

.. / ..
On remarque que le no~)re total de résidents est inférieur
au total à charge et ceci dans les 3 cas étudiés. L'analyse de ce
point montre que tous les résidents sur l'exploitation, même s'ils
ont des revenus personnels propres, prennent au moins leurs repas
avec le planteur; en général, ils couvrent leurs petites dépenses
grâce à leur budget indépendant. (On peut prendre pour exemple la
mère du CUP n02 qui s'occupe d'un petit commerce de piments et de
tabac). La différence entre le nombre de personnes à charge et les
résidents est égale, dans les 3 cas, au nombre d'enfants scolarisés
en dehors de Débrimou, dans les lycées ou écoles supérieures.

Les travailleurs potentiels sont le CUP, leurs épouses, leurs


enfants d'au moins 12 ans non-scolarisés et les adultes de moins
de 70 ans. On remarque que le rapport travailleurs potentiels/ré-
sidents est faible dans les 3 cas.
Ceci est da à un fort taux de scolarisation et à un manque d'adul-
tes sur l'exploitation. L'analyse montre qu'aucun des exploitants
n'a gardé un fils sur l,uP pour l'aider, les jeunes sont scolarisés
et les adultes sont partis travailler en dehors de Débrimou, en
général dans les villes.

. ./ ..
Les paysans ne sont pas Inûs par la seule
recherche d'un profit monétaire. Les besoins familiaux à satis-
faire constituent la motivation la plus tangible à leurs investis-
sements. En général, la commercialisation des produits ne se fait
pas dans un but de gagner de l'argent mais comme moyen de se pro-
curer les marchandises. C'est une sorte de troc au moyen d'argent.

3t Les ob"j ectifs à long terme


Certains niveau et mode de vie sont désirés par l'exploitant.
En vue de l'accumulation, un profit brut doit être dégagé. Le pro-
blème de la succession doit être envisagé par le CUP dont on a dé-
jà vu que les fils étaient scolarisés ou travaillaient en dehors
de l'exploitation.
- Mode de vie : le système Adioukrou avait instauré un mode de vie
basé sur le partage sexuel des tâches : le planteur travaillait les
palmiers à huile, il vendait une partie des graines qui lui rappor-
tait un bénéfice i les femmes transformant l'autre partie eu huile
et sous-produits, ses bénéfices devaient couvrir les dépenses ali-
mentaires familiales. Le système n'a pu se perpétuer Fuisque les
produits artisanaux ont été concurencés par les huiles usinées. Les
Adioukrou, très attachés à ce partage sexuel des tâches et des dépen-
ses budgétaires, ont donc dû mettre en place un système de produc-
tion équivalent qui permette de perpétuer le mode de vie tradition-
nel. Le niveau de vie adopté par les Adioukrou étant assez élevé
(dépenses pour les nombreuses fêtes, facturesd'électricité ••• ),
le système choisi devra donner la possibilité de disposer de liqui-
dités tout au long de l'année.
- La scolarisation: on a déjà vu le taux de scolarisation qui
est très élevé dans les UP étudiées. Sur les 5 enfants de plus de
16 ans qui sont scolarisés, une fille de 24 ans poursuit des études
de secrétariat à Abidjan (UP.I). Cette émigration implique une
double dépense financière: fournitures, inscriptions, entretien
des jeunes ne disposant d'aucune ressource et, obligation d'embau-
cher de la main d'oeuvre agricole extérieure puisqu'aucun fils ne
travaille sur l'UP. Ce fort taux de scolarisation peut s'expliquer
de trois façons: choix politique par l'envoi de représentants
Adioukroll qui forment une élite et défendent les intérêts du peuple

../.
-23-

aupr~s du gouvernement; choix agricole, le village connait une


saturation foncière Et une intensification des cultures peut ne
pas sembler raisonnable aux CUP conscients (tU p.!:oblème de la con-
servation de la fertilité des sols, d'où envoi des jeunes à l'école
afin qu'ils puissent ensuite trouver un emploi; enfin choix so-
cial, les enfants possédant de bonnes situations financières peu-
vent aider leurs parents, L)ar-ticulièrement lorsque ceux-ci sont tr-0f
âgés ;;:>0ùr mettre les terres en valeur, il y a donc formation d'une
sorte \'J:) ·'L~;".flj.tal retraite".
- L'héritage: parmi les 3 exploitants étudiés, l'héritage ne
semble pas poser de problème particulier. Dans cette société ma-
trilinéaire, les CUP nous ont toujours dit que ce serait un de
leurs fils qui reviendrait travailler la terre. Ce fils ne sera
pas obligatoirement l'aîné, mais par exemple, celui qui aura la
moins belle situation. Si aucun enfant ne désire retourner au vil-
lage alors, pour le CUP l c'est le fils d'un premier mariage de
son épouse qui prendra la succession, pour le CUP 3 c'est un cou-
sin qui héritera, l'arbre généalogique n' a pas pu être fait avec
assez de précision pour déterminer s'il s'agit d'un cousin utérin.
On note que ces deux héritiers éventuels sont aujourd'hui présents
sur l'exploitation. Le sujet de la succession n'a pas pu être abor-
dé avec autant de soin que cela aurait été nécessaire et il ne
faut pas se fier à l'impression de simplicité qui se dégage à la
lecture de ces quelques lignes. Le CUP l, qui lui même a hérité
des terres travaillées par son frère aîné, nous a confié que les
fils de ce àernier avaient un droit de regard sur les systèmes de
production mis en place. Une chose est apparue clairement au cours
ùe l'enquête: les filles n'héritent pas du patrimoine foncier.

~ Les objectifs à moyen terme


Il s'agit donc, en tirant parti de l'environnement social,
physique et économique, du choix du système de production. Les
trois CUP étudiés ont désiré conserver les traditions sociales
Adioukrou et ont mis en place un système où la femme joue un rôle
important prenant à sa charge les dépenses alimentaires grâce à
ses bénéfices sur les ventes après transformation de la plante cul-
tivée. L'environnement physique permet de produire de nombreuses
plantes fructifiant tout au long de l'année, d'où possibilité d'
avoir des rentrées d'argent peu espacées dans le temps. On peut

. . 1 ..
-24-

mettre en évidence deux points importants dans l'environnement


économique: les plantes pérennes sont devenues l'apanage des so-
ciétés industrielles, particulièrement pour les transformations .
Dabou, ville voisine de Débrimou, créa une importante demande
de vivrier et au déclin de cette cité, des moyens de communication
rapides ayant été mis en place, il devenait alors facile de satis-
faire les demandes de vivrier toujours croissantes de la capitale.
Le système de production s'axa donc autour de la monoculture du
manioc. Les hommes cultivent aujourd'hui le tubercule, le vendent
sur pie~aux femmes du village qui le transforment en attiéké dont
la commercialisation se réalise sur Abidjan grâce à une vendeuse
intermédiaire. On remarque la parfaite dépendance des deux sexes
vis à vis de l'autre: l'homme reçoit le produit de ses ventes par
les femmes; la femme obtient la matière première,(donc indirec-
tement ses 9ains~ nécessaire à son travail par les hommes. Le
système de production, pratiqué par tous les villageois, a été
adopté par les trois exploitants.

~ Les objectifs à court terme


Ce sont les tactiques choisies par le CUP pour mettre en place
le système de production. Elles ne seront pas étudiées ici puisque
ces tactiques englobent particulièrement les méthodes culturales
qui doivent faire l'objet d'un chapitre postérieur. Les autres mo-
yens pouvant assurer la réalisation du système sur le terrain (ges-
tion, utilisation de matériel ••• ) sont peu utilisés en milieu tra-
ditionnel africain.
Globalement ces choix et objectifs évoluent avec l'âge du CUP.
Logiquement, les enfants ayant fini leurs études, les besoins fi-
nanciers diminuent donc, à court terme, les surfaces plantées peu-
vent devenir moins importantes, le cont en main d'oeuvre extérieure
peut rester équivalent car le CUP vieillissant développe une force
de travail moins conséquente et devra donc embaucher un nombre de
travailleurs à l'hectare plus élevé. Mais ceci est un schéma tout
à fait théorique qu'il serait bon de vérifier dans la réalité. Cer-
tains évènements imprévisibles peuvent également bouleverser l'UP,
les épouses malades perturbent l'équilibre de l'exploitation et
le CUP devra ajuster ses choix tactiques à court terme s'il veut
conserver exactement le même système de production ou obtenir les
mêmes gains.

..1..
-25-

2.1.3 Le Doids des traditions


--_.-------------------
Dans cette société gérontocratique on peut èonc juger du poids
des traditions qui rend homogène les trois UP étudiées. Les struc-
tures familiales et les objectifs sont similaires et l'ancien sys-
tème de production s'est transféré, puisque de part les environne-
ments, il n'était plus viable, mais il ne s'est pas transformé
totalement, la distribution des tâches et le partage des dépenses
restant identiques. Les récentes modifications de l'environnement,
comme le déclin de Dabou compensé par l'extension d'Abidjan et la
mise en place des moyens de communication rapides, ont permis de
perpétuer ce système jusqu'à nos jours.
Les 3 CUP: bien qu'étant déjà âgés, n'en sont pas moins de
jeunes planteurs puisqu'ils n'ont pu accéder à la terre que très
tardivement.

2.2 Le système de produc~ion

2.2.1 ~~~_É~~~~~E~_~~_E~~~~~!~~_~~_!~~~~
~i~~~~~~~~~
2 La terre
- Mode d'accès à la terre: nous avons vu que, de nos jours,
les jeunes ont des difficultés pour accéder à la terre mais les
planteurs étudiés ont dû affronter ces mêmes problèmes. Les CUP l,
2 et 3 ont respectivement hérité des terres de leurs pères depuis
20, 19 et 6 ans aux âges de SI, 42 et 50 ans. La moyenne d'âge à
laquelle ils ont pû mettre en valeur les terres familiales est donc
élevée.
On est en droit de se demander si cette difficulté d'accès à
la terre n'a pas joué un rôle dans la paternité tardive des exploi-
tants. En effet, la création d'une famille nécessite des revenus
fixes et conséquents alors qu'une situation stable n'est pas chose
facile à trouver à l'extérieur du village.
Ce blocage gérontocratique incite les jeunes à quitter l'exploi
tation. Le CUP 3, par exemple, faisait du commerce de tabac à Dé-
brimou où il était également grimpeur sur palmiers à huile. Lors-
qu'il atteint 26 ans, son père meurt et, malgré sont âge raisonna-
ble pour devenir planteur, il est obligé de s'incliner devant son
oncle paternel qui reçoit le patrimoine familial en héritage. A
35 ans, le CUP abandonne le métier de grimpeur et quitte le village •

..1 ..
-26-

(Il se peut que l'activité de grimpeur soit réservée chez les


Adioukrou à une classe d'âge se terminant à 35 ans). Il devient
alors chauffeur et touche à l'époque 10 000 F/mois, ce qui lui per-
met d'accumuler des économies et d'acheter un réfrigérateur de
40 000 F. En 76~ le CUP, toujours chauffeur, revient au village et,
chose exceptionnelle défriche une parcelle sur la savane de Dabou.
Cette savane n'était traditionnellement pas exploitée par les Adiou-
krou et nous ne savons pas pourquoi (croyance ancestrale ?).
En 78, l'oncle malade ne peut plus assurer la mise en valeur des
terres; le CUP reprend l'exploitation, ses 2 frères ayant de belles
situations. En 80, il continue à s'étendre sur la savane. Cet
exemple déérit les 2 principaux mode d'accès à la terre: héritage
et défriche de terrains vierges. De part le blocage foncier, cette
2ème méthode devient exceptionnelle.

Tableau 4 Mode d'accès au "droit de culture".

:
cUP l CUP 2 CUP 3
:----------------------------------:----------:---------:--------:
Héritage par le père 78 % :
Héritage par l'oncle paternel 44 %
·- Héritage
Héritage
par
par
un oncle
le frère 100 %
5 cl
/0

17 %
· Défriche
._._-......56-
01
/U :
·
· :

Pour le CUP 2 nous ne savons pas si l'héritage provient d'un


oncle paternel ou maternel, ce pourcentage est peu important. Il y
a plus de 20 ans que la succession se transmet patrilinéairement
puisque le frère du CUP l avait déjà hérité des terres de son père.
On note que le frère du CUP 2 avait acheté les parcelles données en
héritage. La raison de cet achat, mode d'appropriation tout à fait
exceptionnel à Débrimou, n'est pas connue. On remarque simplement
que ces terres se situent derrière le cimetière, très près du
village.

. ./ ..
SITUATION DES PARCELLES A DEBRIMOU

/"
/
/

~
\
\
. , ~
,
1

\
\
1
1
/
/
.,//

l: UP nOl
2: UP n02 N
3: UP N°3
Grande piste
Piste carrossable

1km

SAVANE DE
DABOU
-27-

_Les propriétés foncières: d'après la pré-enquête réalisée


par l'O.R.S.T.O.M., la surface moyenne d'une plantation à Débrimou
a été estimée à II Ha environ.

Tableau 5 Comparaison des surfaces sous·la responsabilité du CUP.

.
Surface en hectare nb de groupes :Distance village:
:----------:---------------------:---------------:----------------:
CUP l · 14.2 3 0.7 à 2.4 km
: CUP 2 ·.. 14.8 4 O.I à 3.0 km

..
CUP 3 · 12.2 4 2.4 à 3.5 km

Ce tableau met en ~vidence une certaine homogénéIté dans la


taille et l'éclatement des plantations. Les CUP étùdiés disposent
d'une surface relativement équivalente à la moyenne villageoise,
nous n'avons donc pas à faire à de "grands ou petits planteurs".
On remarque que certains groupes de parcelles sont assez éloignés
du village, la savane de Dabou étant à environ 3 km de Débrimou,
on ne peut pas conclure que cet éloignement soit l'unique cause de
~cm
la~mise en culture traditionnelle de cette zone. Les CUP l et 2
nous ont affirmé qu'ils n'avaient pas l'intention d'augmenter leur
patrimoine, le CUP 3, bien que moins affirmatif, n'envisage pas de
s'étendre dans l'immédiat.

~ Le travail
• La main d'oeuvre familiale

Tableau 6 Quantification des Unités de Travail Humain Familial

· ··· · UTHF A/UC


: UTHF M : UTHF F : UTHF T : UTHF T/UC
:-----------:--------:--------:--------:-----------:-------------:
CUP l 0.5 0.4 · 0.9 0.2 O.II
· CUP 32
CUP
. I.4 ··· I.4
0.6 I.6 · 2.2
·· 2.8
0.49 · o. 13 ·
·
·· ··
0.48 0.24
· · ·
Pour l'explication des sigles et calculs, se reporter en Annexe.

Si l'~tude des structures familiales nous avait donné des


chiffres homogènes (nombre de résidents, de travailleurs potentiels,
et d'UC), il n'en est plus de même pour les r~sultats de ce tableau

/
-28-

qui varient du simple au quadruple mettant en évidence l'impor-


tance de l'organisation intra-familiale.
Le CUP l dispose d'une main d'oeuvre familiale totale parti-
culièrement peu importante : lui-même est très âgé, son épouse
est malade et son beau-fils, bien que résidant sur l'exploitation,
l'aide peu dans les travaux agricoles car il possède sa propre
plantation.
Il semble néanmoins bon de moduler tous ces chiffres qui ne
prennent en compte que le travail fourni par les résidents per-
manents sur l'UP. On a pu constater durant l'enquête une grande
variabilité de la main d'oeuvre familiale dûe aux visites des en-
fants, à charge ou non, particulièrement pendant les vacances.
Ces fluctuations n'ont pas pu être quantifiées et les chiffres in-
diqués sont donc sous-estimés. Par contre, si l'on adopte une ana-
lyse plus fine en comptabilisant le temps réel des travaux (une
moyenne annuelle globale de 5 jours pleins de travail par semaine
correspondant à lUTH) alors les chiffres indiqués sont surestimés
puisque je n'ai pas pris en compte les nombreuses fêtes ou impré-
vus qui empêchent les enquêtés de travailler. L'exemple du CUP 3
est particulièrement intéressant, en tant que notable du village,
les obligations dûes à sa charge lui prennent un temps qu'il serait
bon de quantifier plus précisément. La charge de notable n'est pas
rémunérée et implique même certaines dépenses (pagne de chef et
main d'oeuvre supplémentaire pour compenser les absences du CUP).
On peut donc se demander si cette charge n'est pas réservée aux
privilégiés ou bien encore à ceux disposant d'une main d'oeuvre fa-
miliale importante.
Il est également assez délicat d'estimer les ajustements de
main d'oeuvre familiale. En effet, on observe une grande mobilité
des résidents particulièrement au niveau des jeunes. Par exemple,
le CUP 2 a repris à sa charge en 84, deux de ses filles qui habi-
taient antérieurement chez leurs aînés, l'une d'entre ell~a été
exclue de l'école mais il se peut que la seconde ait été rappelée
sur l'exploitation pour seconder sa mère maintenant qu'elle a IS ans
et est donc capable de travailler. Le CUP 3 a pris une seconde
épouse en décembre 84 (mariage coutumier puisque la bigamie n'est
pas reconnue par le gouvernement), alors que sa femme légitime con-
naissait de sérieux problèmes de santé l'empêchant d'assumer son
rôle au sein de l'exploitation. D'après les explications du plan-

.. / ..
-29-

teur, il semble évident que les possibilités de travail apportées


par la jeune et nouvelle épouse, aient été prises en compte lors
de la décision de cette union car il est très attaché au partage
traditionnel du bud~et et ne désire pas utiliser ses propres gains
pour couvrir les dépenses alimentaires. Pour nos trois CUP, les
ajustements de main d'oeuvre agricole familiale, donc masculine,
semblent difficiles à réaliser dans la mesure où tous les jeunes
gens sont scolarisés et tous les fils adultes travaillent en de-
hors du village. Le CUP l travaille pratiquement seul puisque son
beau-fils de 30 ans l'aide peu, le CUP 2 travaille seul, le CUP 3
travaille avec son jeune neveu de 15 ans qui n'est plus scolarisé •

• La main d'oeuvre extérieure


Pour combler la carence en main d'oeuvre agricole familiale,
les 3 CUP sont obligés d'embaucher de la main d'oeuvre exogène. Au
moment des gros travaux, pour défricher et désherber sur parcelle
de manioc, ils embauchent des manoeuvres temporaires payés à la
tâche. Le salaire est défini en fonction du travail à effectuer,
estimation de la surface et exhubérance de la végétation. Les ma-
noeuvres temporaires sont disponibles à Débrimou, ce sont des al-
logènes, les tarifs qu'ils pratiquent obligent parfois le CUP à
modifier ses projets. Par manque de liquidités, le CUP 2 a da renon-
cer à faire défricher la parcelle sur laquelle il avait décidé de
planter son manioc en 85. Cette parcelle, depuis 6 ans en jachère,
s'est pratiquement transformée en bois ce qui demande un important
travail de nettoyage. A llinverse, je suppose que des disponibili-
tés financières peuvent inciter le CUP à faire faire un travail r~s
important que celui qu1il avait initialement prévu.
Les planteurs n'embauchent pas des manoeuvres exclusivement
sur parcelle de manioc, le CUP 2 emploie des temporaires pour des-
herber, traiter et récolter son café i le CUP 3, quand il ne peut
aller sur sa plantation d'hévéas, embauche un saigneur également
payé à la tâche.
Les planteurs étudiés n'emploient ni manoeuvres permanents,
ni métayers, ils n'utilisent la main d'oeuvre extérieure qu'en
tant qu'ajustement de leur propre main d'oeuvre agricole •

../ ..
EVOLUTION DU MODE DE FAIRE VALOIR

Unité de Production n0 1

1982 1983

oV

1984 1985

ow

f
200m

c=J Terr. Iravaill" par le cup

~ Terre ml.. en local ion

~ T.rre prel.e li la ramill.


-30-

X Le mode de faire valoir.


Il est assez difficile de parler du mode de faire valoir des
3 exploitants, il existe sans doute une stratégie foncière mais
elle n'a pas pu être mise en évidence •
• Les locations : à Débrimou, la terre est collectivité villageoise,
le planteur ne possède qu'un droit de culture et, bien qu'il y
ait évolution de cette idée au profit d'une appropriation plus
personnelle, il n'y a globalement pas de location contre rémunéra-
tion en argent entre particuliers. Les trois planteurs étudiés res-
pectent cette règle. L'évolution des mentalités s'explique par les
environnements socio-économiques qui se modifient, l'influence des
grandes sociétés est importante et une dualité se fait sentir à
Débrimou entre tradition et modernisme.
Palmindustrie, qui a besoin de terres pour ses pépinières,
propose aux planteurs de louer leurs parcelles. Le CUP l a reçu
2 offres de cette société et les a acceptées : la première pro-
position a eu lieu en ao pour occuper pendant 5 années consécu-
tives une parcelle de 0.6 Ha i la deuxième a eu lieu en ae pour
occuper un an une parcelle de 5.3 Ha. Je n'ai pas pu définir,
d'après ces deux exemples, le prix payé par palmindustrie à l'Ha.
Lorsqu'on demande au CUP quelles sont les raisons qui l'ont con-
duit à accepter ces offres, il nous répond que la demande ayant
été faite par une société d'Etat, il s'est "senti obligé" de louer.
Le refus restant néanmoins possible, on peut se demander s'il n'au-
rait pas agi de la même façon avec une société privée dans le seul
but du profit, dans la mesure où ces parcelles ne lui font pas dé-
faut •
• Les prêts : les 3 CUP étudiés prêtent de petites parcelles (de
0.05 à 0.4 Ha). On peut émettre plusieurs hypothèses pour expli-
quer ces prêts : le CUP l, en mettant une terre à la disposition
de son beau-fils, désire peut-être l'inciter A travailler réguliè-
rement sur la plantation familiale, donc recherche de main d'oeuvre
familiale agricole plus importante i les CUP l et 2, en tant que
responsables de leur famille, prêtent à leur frère et cousin i en-
fin le CUP 3 nous a expliqué avoir mis une terre à la disposition
d'un éleveur de poules et lapins en échange de la surveillance de
ses propres parcelles limitrophes et de quelques volailles, occa-
sionnellement. On s'aperçoit du plus ou moins grand désintéresse-

.. / ..
-31-

ment de chaque planteur.


• Les métayers les 3 planteurs n'ont pas de métayer, néanmoins,
le CUP 2 a voulu en prendre un pour une parcelle de vivrier, celui-
ci a quitté le village précipita~ment.

• Le mode de faire valoir direct a donc été adopté en grande ma-


jorité. Respectivement pour les CUP l, 2 et 3 en 84, les terres
exploitées par ce mode représentaient 95 %, 98 % et 97 % des sur-
faces en propriété. On note l'absence de parcelles féminines.

~ Le mode d'utilisation du sol


• Le système de culture

Tableau 7 : Comparaison du mode d'utilisation du sol des 3 UP pour


l'année 84 en pourcentage de surface exploitée en mode de faire
valoir direct.

.
Café-Cacao : Maniocjjachère: Hévéa : Autres
:----------_.-:-_.~.---------:--------------:---------
-:----------:
CUP l IOO %
CUP 2 7 % 90 % 3 %
CUP 3 . 82 % I3% 5 % ..
On distingue trois grands systèmes de culture, 2 traditionnels
le café-cacao et principalement le manioc sur jachère. Parmi les
systèmes non traditionnels, on remarque surtout la plantation d'~­
véas.
Le système manioc sur jachère est dominant. Il se caractérise
par une jachère au moins égale à 3 ans et un cycle de culture de
2 ans. La parcelle est défrichée en décembre-janvier puis les bou-
tures de manioc AMER sont plantées, exclusivement par les hommes,
et légèrement buttées. Pendant les 12 mois de croissance précédant
la récolte, l'homme effectue quelques désherbages. La récolte
s'étale sur une année et est effectuée par les femmes. Le planteur
divise sa parcelle en 2 parties: une pour son épouse qui l'utili-
sera pour l'auto-consommation et vendra le surplus, l'autre sera
divisée en lopins de 500 m2 environ vendus aux femmes du village
pour une somme de 20 000 f sur pied~ mais ce prix peut être discu-
té suivant la récolte effectivement obtenue (taille et densité des
tubercules). En général, l'exploitant ne possède qu'une plantation
de manioc en croissance et une de manioc en récolte •

. .1 ..
-32-

Cette méthode traditionnelle est plus ou moins adaptée par


chacun, particulièrement les 3 ans de jachère ne sont pas toujours
respectés. Les planteurs nous donnent diverses explications. Le
CUP l invoque la contiguïté d'une parcelle de palmiers sur laquelle
est épendu de l'engrais qui profiterait R ses sols: on remarque
que cette parcp.lle est la plus proche de son domicile. Le CUP 2
nous fait observer. que le lopin planté est en jachère depuis un an :
on note qu'il se situe en face de sa nouvelle plantation. Le CUP 3
ne laisse qu'une année de jachère sur une parcelle en savane de
Dabou où il nous dit que la terre étant cultivée depuis peu de temps
elle est plus fertile.
Le système café-cacao, anciennement introduit, nécessite un
travail minimum. Il faut nettoyer la plantation, parfois la trai-
ter et effectuer la récolte de fin novembre à début février. Cette
récolte est réputée pénible et est généralement confiée à des ma-
noeuvres. A cette époque de l'année, le planteur travaille sur sa
nouvelle parcelle de manioc pour laquelle il a dû embaucher des
temporaires. Il y a donc concurence entre les 2 plantes qui peut
expliquer le déclin de la culture du café à Débrimou. L'emploi du
métayer, s'il résoud ce problème, fait apparaître celui de la ren-
tabilité d'une plantation de café par rapport au manioc. Ce pro-
blème reste à étudier.
Seul le CUP 2 dispose de deux vieilles plantations ; la pre-
mière, de café-cacao, est la plus éloignée du village et est à
l'état d'abandon; la deuxième, de café uniquement, est entret.enue
par un manoeuvre.
Récemment, introduit dans la région, l'hévéa nécessite non seu-
lement un investissement de terre puisque la plante ne produit que
5 années environ après le planting, mais également un travail impor-
tant et délicat, l'arbre devant être saigné 2 à 3 fois par semaine.
Espérant en tirer les profits annoncés par la SAPH, le CUP 3
a planté des hévéas dans ~a savane de Dabou à une époque où il ne
disposait pas encore de terre sur le village. En cas d'extension
de Dabou, les terres sont récupérées par la commune qui indemnisera
uniquement les paysans y exploitant des plantations à caractère
industriel. Ce fait peut être une des causes de la non exploitation
complète de la savane alors que le village connait aujourd'hui une
forte saturation foncière. Le CUP commence par planter des arachi-
des en septembre puis, en janvier, complante manioc et hévéas. La

. . 1. ·
DYNAMIQUE 0" UTILISATION DU SOL
Unité de Production

1982 1983

...;...", ....
13

1984 1985

....."" .. ....
...':
~ ~
-; ..... :.

f
200m

~ Manioc de moins de 12 mois

~ Manioc en recolte
.....
EITJ
.... . Jachère

CJ Terre non exploltëe par le cup


plantation d'hévéas est menée de façon traditionnelle, les plants
sont issus de graines sauvages, les jeunes arbres ne sont pas ali-
gnés et sont en densité hétérogène. Après la récolte de manioc,
les hévéas sont exploités en culture pure. Ce système mis en place
fin 76 se perpétue aujourd'hui et le CUP continue d'a0randir sa
plantation, tout en effectuant lui-même les saiynées depuis pres-
que 2 ans. L'exploitant est assez maladroit et n'utilise aucun pro-
duit de traitement, il met en péril la longévité de sa plantation.
Lorsqu'il ne peut le fai~e lui-même, le CUP embauche un manoeuvre
pour faire la saignée.
On a p~ remarquer au cours de l'enquête d'autres systèmes de
culture marginaux: Le CUP 2 a fait une parcelle d'arachide-mais-
manioc, le CUP 3 a mis en place une bananeraie de 0.35 Ha sur la
savane.
On ne peut que constater l'absence de petites cultures vi-
non
vrières destinées à l'auto-consommation familiale, dûe à la~parti-

cipation des femmes de Débrimou aux travaux agricoles. Les autres


plantes vivriàres dont la mise en place est généralement réservée
aux hommes (manioc doux, igname et banane plantain) sont peu culti-
vées et font l'cl)jet ùe convoitises allant jusqu'au vol. Cest pour-
quoi le CUP l a planté ses bananiers-plantain dans sa cour, le
CUP 2 a câché ses ignames au milieu de sa plantation de manioc et
le CUP 3 fait surveiller sa bananeraie.

• Organisation de la production

Tableau ~ : Comparaison des surfaces de manioc récolté de 82 à 85.

------------_._. -~------_._---_.~ .. -_
- .._ - - - - , ~ - -

· en HA Récolte 82 Récolte 83 : Récolte 84 : Récolte 85 ···


:--------:-------------;._----~-------:-------------:- ------_._----:

nées à titre indicatif qui nous permettent d'avoir une idée de l'é-
volution de l'UP. De plus, si l'on considère que le manioc est la
principale source de revenu de l'exploitant, alors, la récolte de
l'année n, de part les gains permettant l'embauche de manoeuvres,

. .1..
OYNAMIOUE 0" UTILISATION DU SOL
Unité de Production n02

·· ~

p ~ &7
\j
P
...........
..........
,
............
............ . .
.... . ..... -::: . ............
- ..

~ t
r•
.....
.......

1 200m

Ijjl Manioc de moins de 12 mois ~ Café cacao abandonne

WiJ Manioc en récolte [!=:!J Café en production

1.:.:.:-:] Jachère o Terre non exploitee par Je cup


conditionne en partie la surface plantée l'année n + l, donc la
surface récoltée de l'année n + 2.
Les récoltes du CUP l sont homogènes en surface ; en 84, il
a vendu 12 lopins pour 240 000 F. Les difficultés financières res-
senties au moment de la scolarisation prouvent que cette somme n'a
pas permis à l'exploitant d'épargner. En 85, il avait prévu de plan-
ter une surface supérieure. Veut-il augmenter ses gains pour épar-
gner ou en prévision des dépenses supplémentaires daes à la mala-
die de son épouse? L'exploitant avait prévu de défricher une par-
celle à proximité du village, il a finalement opté pour l~ par-
celle la plus éloignée sur laquelle ses neveux, qui ont un droit
de regard sur les systèmes choisis, désiraient mettre en place une
plantation de type industriel de palmiers ou hévéas. Veut-il em-
pêcher la réalisation du projet de ses neveux ou a-t-il tout sim-
plement trouvé des manoeuvres bon marché pour travailler cette
parcelle ?
La surface récoltée par le CUP 2 en 84 est inférieure à la
moyenne des 4 années, pourtant la surface récoltée en 82 était
importante. La longue discussion qui a eu lieu pour essayer de com-
prendre ce fait n'a pas abouti. Là encore, je ne peux émettre que
des hypothèses. L'enquête de l'évolution familiale a mis en évi-
dence à cette époque, une diminution des résidents avec baisse des
unités de consommation et de la main d'oeuvre féminine. Le plan-
teur a-t-il estimé devoir diminuer sa surface plantée proportion-
nellement ? Y-a-t-il eu surestimation de la surface récoltée en 82,
la récolte a-t-elle été mauvaise, le CUP a-t-il épargné ou fait
face à une grosse dépense greffant son budget main d'oeuvre? Au-
tant de questions qui sont restées malheureusement sans réponse.
En 84, l'exploitant a vendu 2 parcelles pour 40 000 F, il désirait
faire défricher une parcelle depuis 6 ans en jachère mais le prix
demandé par le manoeuvre a rendu son souhait irréalisable et il a
da én faire défricher ure autre.
Pour le CUP 3, c'est l'importante différence entre les récoltes
de 84 et 85 qui nous semble être le fait le plus marquant. L'en-
quête montre que l'exploitant a planté près de 2 hectares sur la
savane de Dabou au mois de juillet, il explique son geste par son
projet de mariage qui a eu lieu en décembre. La nouvelle épouse
pourra ainsi disposer du manioc nécessaire à la fabrication de
l'attiéké. De plus 2.4 Ha ont été plantés en mars 84, date à la-

..1..
DYNAMIQUE D'un IJSI\TION DU SOL

Unité de Production n03

~
1982
- 1983

W # .. - - -
...

~

1984 1985

1
200m

Ëi~j Manioc de moins de 12 mois ~1~.i;i~J Arachide


./.~.---""

M Manioc en rècolte B Hèvèas


J.:,:.:.:! Jachère D Terre non exploitèe par le cup
~Banane
-35-

quelle le CUP a reçu IOO 000 F de la SAPH pour les ventes de la-
tex coagulé réalisées sur une année. Seul 0.6 Ha avaient été plan-
tés en janvier, période à laquelle l'exploitant a peut-être éprou-
vé des difficultés financières. Le planteur nia pas vendu de manioc
en 84. Il a donc vécu sur les gains de son épouse, sur les recettes
de ses hévéas, sur ses locations immobilières qui lui rapportent
environ la 000 F par mois.

La coutume a déterminé à Débrimou qu'une jachère de 3 ans


était nécessaire à la reconstitution de la fertilité des sols sous
manioc. Cette idée devra être confirmée ou infirmée scientifique-
ment. Quoiqu'il en soit, elle implique pour le CUP un seuil limi-
tant à ne pas franchir s'il veut conserver l'équilibre de sa plan-
tation. Ce seuil est égal en surface utilisable chaque année à I/s
de l'espace réservé au système manioc, soit 2.7 Ha pour lesCUP l
et 2.et
J
2 Ha pour le CUP 3. Par rapport à cette croyance tradition-
nelle, on en déduit que le planteur l travaille en dessous de ses
possibilités, le planteur 2, en moyenne, utilise son patrimoine au
maximum et le CUP 3 a dépassé le seuil coutumier, i l s'en explique
par le fait qu'il cultive des terres sur la savane. On remarque
que cette classification par rapport au respect des coutumes est
à mettre en relation avec l'âge du CUP, le planteur l, le plus âgé
est celui qui prend le moins de risques et n'adopte aucune innova-
tion, le planteur 3, le plus jeune, semble se détacher des sys-
tèmes de culture traditionnels.

2.3 Les femmes Adioukrou


2.3.1 ~~_~~~~~!~~
Le rôle traditionnel a déjà été évoqué et, d'après les en-
tretiens avec les femmes les plus âgées, il semble que l'épouse
Adioukrou ait toujours été une transformatrice des produits récol-
tés par l'homme. Aucun souvenir antérieur à la fabrication de
l'huile, savon et crèmes tirés des régimes de palmier ne nous a été
rapporté. Ces produits étaient troqués à Dabou puis i~y furent
vendus. Les femmes n'ont eu l'accès à la monnaie que tardivement,
avec leurs gains elles devaient nourrir la famille.
La femme Adioukrou avait donc un rôle complémentaire à celui
de son époux ce qui lui permettait de gérer son propre budget et

..1..
-36-

d'acquérir une certaine indépendance. L'installation des sociétés


industrielles metta t en danger uniquement les gains féminins puis-
que les hommes pouvaient vendre leurs régimes aux usines. Mais,
petit à petit, les planteurs ont transféré leurs efforts sur la
culture du manioc, soit qu'ils estimaient inintéressants les prix
pratiqués par les industries, soit par désir de conserver le tra-
ditionnel partage des tâches et des dépenses au sein de la cellule
familiale, soit sous l'influence féminine défendant son autonomie.
Aujourd'hui, la transformation des fruits du palmier est to-
talement abandonnée au profit du manioc et, si ce n'est ce trans-
fert de matière première, la tradition se perpétue. L'homme effec-
tue seul les travaux agricoles et réserve une parcelle à son épouse
qui en fera la récolte dont le produit sera transformé pour être
consommé. Avec la récolte d'une parcelle qu'elle achète, la femme
prépare de gros paniers d'attiéké et les vend, au village, à des
commerçantes venues d'Abidjan. Les détaillantes écoulent les pro-
duits sur les marchés de la capitale et reviennent ensuite à Débri-
mou pour payer les paniers sur lesquels elles gardent une commission.
L'épouse doit, avec ses bénéfices, nourrir la famille et réaliser
des économies en vue de l'achat d'une nouvelle parcelle de manioc.

2.3.2 ~~~~!~~~~_~:~~g~§~~
les résultats d'enquête montrent des différences notables
entre le schéma traditionnel théorique et la réalité •
• Le rôle agricole
Les trois épouses étudiées ne participent pas aux travaux
agricoles avec leurs époux, néanmoins, deux d'entre elles sont
responsables de petites parcelles.
L'épouse du CUP l a décidé, début 84, de cultiver un petit
lopin de manioc. Elle s'est installée sous les pylones électriques;
zone normalement vierge. Elle a payé des manoeuvres pour défricher
son champ et y faire planter les boutures de manioc. Etant donné
son mauvais état de santé, elle ne va jamais sur sa parcelle et ce
sont ses enfants qui font l'entretien et désherbent. Je suppose
qu'elle a pris cette décision sous l'influence de son fils alné qui,
présent lors de l'~nquête, nous a lui-même dit qu'il allait lui
conseiller de cultiver également des légumes.
Le CUP 2 a confié à son épouse, pour la première fois en 84,
un petit jardin de quelques mètres carrés afin qu1elle y cultive

..1 ..
-37-

des maniocs doux et amers destinés à l'auto-consommation familiale.


Le manoeuvre qui a planté les boutures a été payé par le CUP, et,
vu l'état d'abandon dans lequel se trouve ce jardinet, on en déduit
que l'épouse n'est pas très intéressée par les travaux agricoles.

~ Le budget
Dans les trois cas étudiés, l'épouse n'a pas acheté de par-
celle de manioc à son mari. Les ventes d'attiéké ont été réalisées
à partir des tubercules récoltés sur la partie réservée à l'auto-
consommation familiale. C'est seulement à la soudure entre les 2
récoltes, en décembre, que deux des épouses étudiées ont acheté du
manioc à l'extérieur. A cette époque, les plantations de leur mari
avaient été totalement récoltées et le planteur attendait janvier
pour ouvrir la nouvelle plantation.

Tableau 9 : Exemple d'un budget féminin, compte d'exploitation de


l'épouse du CUP 2.

-----_.. _-~---'--._-----_. __._._- .. --------_._._--------·


CHARGES : SOMME · PRODUITS SOMME
:-----------------------:-------:---------------------:----------:
Achats familiaux
- Alimentaires . ... . . 41
·
500:
Report antérieur
- .........
9 000
· Non-alimentaires . . · 500: Attiéké .. . . . . . ... 13 000
Ventes
- ........ .: 30
Achat parcelle manioc IO 000: Transferts 000 ·
··· ............... · ... . ......... 52 ·
Total 52 000: Total 000 ·
· ·
L'enquête a été effectuée sur 14 semaines, du 23.08 au 28.II.84.
Ce budget met en valeur les deux principales sources de revenus
féminins: les ventes d'attiéké et les transferts intra-familiaux.
Les ventes d'attiéké réalisées sont faibles car, en plus des pro-
blèmes communs à toutes les femmes du village et qui seront évo-
qués plus loin, l'épouse disposait de peu de temps pour travailler.
Pendant les vacances scolaires, elle reçut ses enfants et petits
enfants et fat donc très occupée par les-tâches ménagères, puis,
à l'occasion des diverses fêtes villageoises et funérailles, elle
participa activement aux travaux collectifs. On remarque, que les
transferts sont particulièrement importants et soulignent la soli-
darité familiale, l'épouse reçQt le plus souvent des cadeaux en
espèce de. ses filles travaillant à Abidjan.

. .1..
-38-

Les deux principales sources de dépenses sont, comme le veut


la tradition, les achats alimentaires et de manioc. L'épouse, de
part ses gains de faible importance, n'a pas pu épargner pour ac~e­

ter une parcelle, c'est son beau-frère qui a payé le lopin puis la
récolte a été partagée et c'est après avoir reçu ses bénéfices sur
la vente qu'elle a pu rembourser. Cette pratique d'emprunt auprès
de membres de la famille est très commune, la dette est àlors pa-
yée sans intérêt. L'étude parallèle des budgets masculins et fémi-
nins a permis de conclure que l'épouse du CUP 2, en dépensant en
moyenne 3 000 F par semaine pour la nourriture, participait à 43 %
du budget alimentaire familial.
L'épouse du CUP I n'a pas eu à acheter de parcelle de manioc
pendant l'enquête puisque la plantation de son mari n'était pas
encore totalement récoltée. Le schéma budgétaire est similaire au
cas précedairunent étudié avec pour principaux revenus 2I 000 F de
vente d'attiéké et IS 000 F de transferts. Avec une dépense hebdo-
madaire de 2 600 F, l'épouse participe également à 43 % du budget
alimentaire familial. Pour subvenir à ses dépenses, elle a dû con-
tracter une dette de IO 000 F auprès de ses frères, cette somme
n'a pas été totalement renilloursée pendant l'étude.
L'épouse du CUP 3 ayant eu d'importants problèmes de santé
au cours de l'année 84, a modifié son rythme de travail et, ne
pouvant plus sortir faire le marché, elle donne maintenant tous
ses bénéfices directement à son mari, soit 4I 700 F pendant l'en-
quête. Aucun autre revenu ne nous a été déclaré. Le planteur n'a
pas répondu assez précisemen~ à nos questions pour que l'on puisse
juger de la participation de son épouse aux dépenses alimentaires
familiales. Il apparait néanmoins que cette somme globale de 3 000 F
par semaine ne soit pas suffisante pour couvrir les frais. De plus,
et bien qu'il n'ait vendu aucune parcelle de manioc, le CUP a dû
acheter un autre lopin pour 20 000 F.
L'étude de ces trois cas montre la différence existant entre
le schéma théorique qui nous avait été expliqué à notre arrivée à
Débrimou et la réalité. Aucune des femmes étudiées ne réussit à
assumer la tâche traditionnelle : alimenter la famille. De plus ne
disposant pas d'un budget suffisant, elles sont obli~ées d'emprunter
et d'utiliser les cadeaux qui leur sont faits pour l'achat de nour-
riture. Les trois épouses ne nous ont jamais signalé avoir effectué
de dépense personnelle (pagnes, bijoux ••• ) ou même d'achat de sa-

.. 1 ..
-39-

von , ayant particulièrement insisté sur ce point pendant les en-


tretiens, j'en déduis que ces frais sont à la charge du mari. Il
semble donc que les femmes étudiées soient très dépendantes de
leur époux. Je ne peux néanmoins pas généraliser au niveau du vil-
lage où la vente des parcelles de manioc, tout au long de l'année,
prouve que certaines femmes doivent avoir une capacité de trans-
formation plus élevée que celles étudiées et qui sont mainte~ant
âgées. La fabrication de l'attiéké est une activité assez pénible
et fatiguante ce qui laisse supposer une possibilité de produc-
tion plus importante pour les jeunes, donc peut-être une plus
grande autonomie.

2.3.3 ~~~_E~~è!~~~~.~~~_!~~~~_~~_Q~­
brimou
Un problème souvent évoqué fut la baisse des cours du manioc
à Abidjan qui se répercutait sur les prix de l'attiéké. Y-a-t-il
eu surproduction ou baisse de la demande ? Les épouses des CUP l
et 2 ont diminué leur production pour cette raison.
Le principal problème soulevé par les femmes est celui de la
commercialisation. Les épouses doivent confier leurs paniet:s à des
intermédiaires qui les détaillent sur les marchés de la capitale.
Il semble que les fabriquantes aient une confiance toute limitée
en leurs intermédiaires. La différence ethnique entre les deux
groupes serait à l'origine de certains abus et du manque de soli-
darité dans la filière fabrication-commercialisation. Les paniers
ne sont payés que 2 à 3 semaines après la livraison alors que
l'attiéké ne se conserve qué 4 jours. On peut se demander où est
placé cet argent pendant ce laps de temps. Des cas de vol ont même
été signalés, puisque la détaillante, après avoir pris la marchan-
dise, n'est plus revenue au village. Pour essayer de mieux organi-
ser la commercialisation, une réunion a eu lieu, présidée par le
chef de Débr imou, mais n'a pas abouti. Seule l'épouse du ..CUP l
s'est plainte de ce problème; l'épouse du CUP 2 l'a résolu en con-
fiant ses paniers à sa fille qui habite Abidjan; l'épouse du CUP 3,
depuis sa maladie,' donne sa production à sa soeur de Dabou qui la
détaille sur le marché ; et depuis peu, elle livre également un
panier par semaine à l'hôpital protestant de Dabou qui la payera
après une année de fabrication. Ce système constitue une sorte
d'épargne et il serait intéressant de savoir si cette femme, comme

.. / ..
-40-

à son habitude, donnera la totalité de la somme reçue à son époux.

2.3.4 ~~_e~!~2_~~2_~~~~~_~~~~_~~_2~S!~~~
Les femmes nlont pas un accès direct à la terre et ne culti-
vent pas. Les ouvertures qui slamorcent dans ce domaine ne sem-
blent pas les intéresser encore totalement. Elles nlont pas dlof-
ficiel pouvoir de décision sur les systèmes de culture mis en
place par leur époux. La femme est donc dépendante du mari qui
plante pour elle le manioc de variété amère nécessaire à la fabri-
cation de llattiéké et qui accepte de lui vendre. La méthode de
commercialisation du manioc la plus répendue dans la région est la
vente par "bâchée". Les hommes de Débrimou ont essayé, en 83,
dladopter ce système, se demandant slil nlétait pas plus lucratif
que la vente aux femmes du village. Les épouses reçurent alors un
fixe quotidien ou hebdomadaire afin de pouvoir faire le marché.
Les femmes, démunies de leur seule source de revenu et alors tota-
lement soumises aux ma~is, ont entamé une action de révolte. Nlayant
plus la possibilité de fabriquer llattiéké destiné à la vente, elles
ont décidé de ne plus faire llattiéké familial, il y a eu une
grl~ve générale "de la cuisi.ne". Une réunion villageoise a eu lieu

pour régler ce probl~me, et les femmes, en récupérant leurs droits


à llachat de parcelies de manioc, ont vu leur revendication accep-
tée par la communauté.

2.4 Conclusion sur Débrimou


2.4. I ~~!~~~_ç:2œe~~~!Y~_e~~E .. ~~~1
2 Les facteurs de production

Tableau IO : Quelques ratios


<

------_._~ .. _. __ . ~--------------
· UC
·:UTHF A ~: :. : :
:UTHFAjUC:UTHFTjUC:Surface:UTHFA!ha:UC/ha:
:.':

· . . . ..
._-----_._-------_._------_._------_._------_._-~---_. .
--------------­ . ..
·· CUP I · 4.6
·· 0.5 · O.II 0.2 : 14.2
. 0.04
·: 0.32:
CUP 2 4.5 0.6 ·: o. 13 0.49 : 14.8 0.04 0.30:
· · · 0.48:.
· ··
CUP 3 5.8 I.4 0.24 0.48 12.2 : O.II
· · ·
On ne peut que remarquer la similitude des potentiels de
production des 3 unités d'exploita. tion c.onc.ernées. Les familles étu-
diées sont réduites, l'âge avancé du CUP entraine un manque d'

. .1 ..
-41-

enfants sur la plantation et les aînés poursuivent leurs études


ou travaillent en dehors du village. Le faible nombre d'hommes
adultes sur l'VP et la non participation des femmes aux travaux
champêtres rendent la part des actifs familiaux peu importante :
la moyenne est de plus de 6 unités de consonuna'tion pour un seul
travailleur agricole.
Les surfaces des trois planteurs sont équivalentes. La main
d'oeuvre agricole familiale faisant défaut, les CUP sont obligés
d'embaucher des manoeuvres extérieurs, le caractère temporaire
des contrats rend la quantification de leur participation tr~s
délicate mais ils sont indispensables aux exploitants qui ne peu-
vent fournir seuls le travail nécessaire à l'entretien de la plan-
tation. Théoriquement, plus le nombre de personnes.à nourrir par
hectare est faible, plus le profit dégagé devrait être élevé.

~ Les structures de production

Tableau II : Comparaison des productions

: : : UTHFAj: : Surface : Somme ~~: Somme 'f)a.n:ee;..:


: :SAI1 en HA: HA SAU: UC / HA SAU:récoltée :vendu : acheté :
:------:---------:-------:---------:---------:-----~---:----------:
.
·· CUP ··· ·· 240 ··
I: 3.2 : O.IG I.4 · I.5 000 0
CUP 2: 4.95 ·: 0.I2 0.9 ·: I.4 40 000 IO 000 :
·· CUP 3:: 7.9
·
O. lB
·
0.7
·
I
·
: 0
··
20 000 :

Les surfaces et les sommes représentent le manioc.


Les surfaces (en HA) et les sommes (en F CVA)

L'analyse synchronique par rapport à la surface agricole uti-


lisée réellement, c'est à dire la surface cultivée en mode de faire
valoir direct moins les jachères, donne des résultats plus signi-
ficatifs. On constate que, si les surfaces des différents propri~
taires sont homogènes, la SAU varie du simple à plus du double en-
tre le CUP I qui ne fait q~e du manioc, le CUP 2 qui possède encore
quelques vieilles plantations café-cacao plus ou moins abandonnées
et le CUP 3, planteur d'hévéas. Les résultats de quantité de tra-
vail par hectare de SAU sont assez constants et faibles. Le système
de culture mis en place, basé sur la monoculture du manioc, ne.né-
cessite pas une main d' oeuvre fC.t"rr\~ nc.1\ i;;c. t;.,.-è,s ft4)",,'bt"c.vse et les
embauches de travailleurs extérieurs se font surtout pour les tra-

.. / ..
-42-

vaux pénibles comme la défriche d'une parcelle en jachère, le


planting et le désherbage. Le CUP 3 possède le plus faible nombre
de consommateurs par hectare, il serait intéressant de vérifier
s'il dégage le profit par hectare le plus important. La chose sem-
ble possible dans la mesure où il a le plus fort taux de main d'oeu-
vre donc ses embauches devraient être inférieures à celles du CUP
l et 2, de plus la main d'oeuvre féminine est maintenant importante.
La nouvelle épouse devrait permettre la réalisation d'un des objec-
tifs du planteur qui désire que le traditionnel partage du budget
soit conservé donc que les femmes produisent suffisamment pour pou-
voir subvenir à toutes les dépenses alimentaires familiales. Néan-
moins, on a pu voir que le CUP 3 prenai~ un risque en mettant en
place son système de production puisque l'intensification ne
permet plus le traditionnel respect des trois ans de jachère. Dans
le conflit modernisme-coutume, le planteur choisit la solution qui
lui permet d'augmenter ses gains, mais peut-être uniquement à court
terme.

A Débrimou où le système de production est basé sur la mono-


culture du manioc amer, le CUP l apparait comme un exemple type:
il ne cultive aucune autre plante exepté quelques bananiers-plan-
tain dans sa cour, il ne fait aucune association. Avec la récolte
de 1.5 Ha de manioc, il a obtenu un bénéfice brut de 240 000 F aux-
quels il faut oter 80 000 F de frais de main d'oeuvre. Les gains
nets sont donc de 160 000 F.
Son épouse, pendant l'enquête, a vendu 21 000 F d'attiéké,
grâce à des cadeaux qu'elle a reçu de sa famille, elle a pu dépen-
ser 2 600 F par semaine pour l'alimentation. Le CUP a dépensé 3 000
par semaine ce qui représente une somme annuelle de 156 000 F. Il
est évident que malgré la vente éventuelle de quelques régimes de
bananes et environ 13 000 F reçu par la SODEPALM pour les locations,
il est impossible que ces gains suffisent au planteur pour vivre.
En plus des frais alimentaires, il doit payer les livres scolaires
de ses enfants (ce qu'il fait avec difficulté), prendre en charge
l'habillement familial et tous les autres frais dont l'électricité.
Comment faire alors pour payer les manoeuvres qui vont défricher
la nouvelle plantation ? Le CUP l ayant, à notre départ, embauché
les temporaires dont il avait besoin, on en déduit qu'il a trouvé
les fonds nécessaires donc qu'il a une source de revenusqui nous
.... ,: '.

. .1..
-43-

est inconnue, sa famille lui prête ou lui donne peut-être de l'ar-


gent.

Le cas du CUP 2 est identique, il nous a déclaré avoir réa-


lisé une vente de manioc de 40 000 F auxquels il faudrait oter les
frais de manoeuvre qui n'ont pas été déterminés avec précision.
Les cultures pratiquées sont plus diversifiées mais on peut suppo-
ser que les bénéfices réalisés sur la vieille caféière de 0.4 Ha
ne sont pas très importants, cette plantation manque de soin et il
f1.us
serait4\juste de parler de cueillette et non de récolte à son sujet.
Les ignames qui ont été plantés par le CUP ont été en grande partie
volés dans le champ. Enfin, en 84, sur une parcelle de 0.4 Ha ont
été plantés avant le manioc, des arachides puis du mats qui n'a pas
fructifié. Le CUP possède également quelques bananiers-plantain •
L'épouse, pendant l'enquête, a vendu pour seulement 13 000 f
d'attiéké, grâce à l'argent reçu de sa famille elle a pu dépenser
3 000 F par semaine pour l'alimentation, le planteur a dépensé en
moyenne pendant l'enquête 4 000 F par semaine soit 208 000 F par
an uniquement pour la nourriture. Même, si.cette somme est suresti-
mée à cause de la faible participation conjonctuelle de l'épouse
dae à la présence, pendant les vacances, d'une famille nombreuse
qui a augmenté les charges, on ne peut que rester sceptique en cons-
tatant que les seules dépenses alimentaires sont 5 fois plus im-
pDrtantes que la principale source de revenu qui nous a été signa-
lée. De plus, cette année, l'exploitant a fait construire, en dur,
une cuisine pour son épouse. Le planteur, qui est parallèlement le
guérisseur du village, nous a dit que cette activité annexe ne lui
rapportait pas de gain conséquent et pendant les 3 mois d'enquête,
ne nous a jamais signalé de bénéfice da à ses dons. On comprend les
difficultés éprouvées pour payer les manoeuvres devant défricher la
nouvelle plantation. La récolte ayant été terminée avant la fin de
l'année, l'épouse ne disposait même plus du manioc nécessaire à la
consommation familiale et a donc da acheter une parcelle.

Le cas du planteur 3 semble moins critique, bien qu'il n'ait


pas vendu de manioc, et comme le CUP 2, ait même da en acheter pour
clore l'année, il a des revenus plus diversifiés. Sa plantation
d'hévéas lui a rapporté 100 000 F, il possède une bananeraie de
0.35 Ha et a également récolté des arachides. De plus, il loue une
case dans le village à des allogènes, le loyer effectivement perçu
n'a pas pu être clairement déterminé mais seràit d'environ 10 000 F

.. / ..
-44-

par mois. Les gains totaux minimum pour l'année s'élèvent donc à
220 000 F.
L'épouse, pendant l'enquête, a vendu pour 41 700 F d'attiéké,
malgré son état de santé critique, c'est elle qui réalise le meil-
leur chiffre de vente, elle est également la seule à ne nous avoir
jamais signalé recevoir de l'argent de sa famille et déclaré donner
tous ses gains à son mari. Le planteur ne nous a répondu que très
évasivement au sujet de son budget alimentaire et déclare dépenser
globalement l 000 F par jour. En otant les 3 000 f hebdomadaires
qu'il a reçu en moyenne de sa femme, il dépenserait donc 4 000 f
par semaine soit 208 000 F par an. Cette somme est très proche de
ses principaux gains et il semble peu probable que les bénéfices de
la bananeraie soient suffisants à couvrir les frais de main d'oeu-
vre, de scolarité et tous les autres frais inhérents à la vie de
l'exploitation.

~ Fonctionnement de l'unité de production


Il peut paraître prétentieux de parler de la simplicité de
fonctionnement des UP à Débrimou alors que les lignes précédentes
suggèrent que le système qui a pu·être décrit après trois mois
d'enquête n'est pas viable. Je ne parlerai donc que d'hypothèses
de fonctionnement.
La terre est propriété villageoise à Débrimou. Bien que cette
idée ait tendance à s'estomper, elle joue encore un rôle impor-
tant dans l'utilisation des terres en mode de faire valoir direct.
Le village connait une importante saturation foncière et la surface
moyenne d'une plantation est d'environ II Ha. Le système géronto-
cratique en place à Débrimou rend la moyenne d'âge des CUP élevée,
il y a peu de jeunes sur la plantation, tous les fils sont scola-
risés ou travaillent en dehors de l'exploitation. La femme ne par-
ticipe pas aux travaux agricoles. Cette faible main d'oeuvre fami-
liale n'est pas un facteur limitant puisque les agriculteurs peu-
vent faire appel à des temporaires allogènes.
Le rôle traditionnel de transformatrice de l'épouse a pu jouer
un rôle dans l~ choix du mode d'utilisation du sol basé aujourd'hui
sur la monoculture du manioc, plante qui ne nécessite pas une
main d'oeuvre permanente importante. Afin de ne pas remettre en
cause le bilan de fertilité des terres, une jachère de 3 ans est
pratiquée. Il a été montré que seul le CUP l ne cultivait pas la
surface maximale permise par ce système, il peut donc se permettre
de mettre ses terres en location. Le CUP 3, en dépassant le seuil

1
-- .----~__:_, semble remettre en cause le bilan de fertilité de ses
r.E.:._..c:=-= --= ., E l'étude montre qu'il ne respecte pas la jachère de 3
____ .-.::;:nent sur les parcelles situées dans la savane de Dabou
::'c.n:=: .' "'-'- -~ande partie , progressivement plantée d' hévéas, ne pourra
=-::.~ :=-::::-" -=voir de culture de manioc. L'effet conjoncturel ne doit
ë..::::.m:= ~,:=-o:r ·::§tre sousestimé.
~ ~celle de manioc est traditionnellement divisée en deux
nar--=s l'une réservée à l'épouse, l'autre à la vente. On remar-
:r'~e _Iloe: ~~::c.lusles autres revenus du planteur sont diversifiés, moins
les; -".......... ~- de manioc sont importantes (café du CUP 2, hévéas et 10-
ca-- -"~' CUP 3).
~' ~~use en ne participant qu'à une petite moitié du budget
al ~ ttt"""""! . F - e familial ne parvient pas à assumer sont rôle tradition-
n~ 7..c~udrait qu'elle le prenne entièrement à sa charge. Elle
.:reç:::::--~ sommes d'argent non négligeables de sa famille mais ne
pa:: ~ .. =--?as à épargner suffisanunent pour couvrir ses dépenses per-
Sor! =- -= 1 elle est dépendante de son époux.
~ =ésultats de l'enquête du budget masculin montrent que
les ==,J~S signalés ne sont pas suffisants pour couvrir les frais
de :.. =~- oitation. Comme il est peu probable que l'année 84 ait
~té- ?ëfL:=;::;u::ulièrement mauvaise et qae les déficits aient été cou-
ve=~ '1=;ace à des épargnes réalisées sur les exercices précédents,
ex:. §!!le'!= =- "hypothèse que les planteurs sont aidés par des membres
de - -,....- =a.mille.

2.4.2 ~~~!~2~_~!~~~E~~!S~~_~_~Y~!~~!~~_~~2

~~!~~2_2~_EE~~S~!~~·
~<; dix dernières années, le nombre de résidents sur l'UP l
a f=rte-œent diminué, seulement trois enfants sont encore à la char-
ge ,~= ~ dont deux, étudiants, ne vivent pas au village. Le fils
qui.. nac--'-e sur la plantation possède ses propres parcelles donc
aiê~ F~ l'exploitant. Il est vraissemblable que le départ des fils
ai.t pu .~.:=='!"·trainer une baisse des unités de travail humain familial
agr.:t.co T -= car, même si leurs activités ne leur permettaient pas de
p~ic~-~ quotidiennement aux travaux champêtres, il devaient par-

foLs a~;er leur père. Le départ des filles a, d'une façon beau-
c~ p~ certaine, privé l'épouse d'une aide importante. Depuis
1978, ~ assiste à l'arrivée sur l'exploitation des petits enfants
du p1.amteur , qui ne sau.raient fournir une main d'oeuvre agr icole

.. / ..
-47-

aux épouses d'obtenir des gains plus importants afin de couvrir


les frais alimentaires. Le planteur dégagera alors des bénéfices
plus élevés qui permettront un certain dynamisme.
Dès son arrivée à Débrimou, l'exploitant a choisi de mettre
en place un système de production mixte résolument en marge des
traditions, basé sur les cultures de manioc et les plantations
d'hévéas.

Cette trajectoire d'évolution permet de dégager, deux grands


types d'Unité de Production: les plantations traditionnelles (I et
2) et celles tournées vers l'avenir (3). Le CUP I, âgé, semble
proche de la retraite, le CUP 2 innove depuis peu, le CUP 3 semble
partagé entre tradition et modernisme puisqu'il désire que
ses épouses conservent leur rôle coutumier, mais lui-même, en ex-
ploitant ses hévéas, se particularise au sein du village.

2.4.3 Bilan
Débrimou, village pimpant, affiche une richesse évidente et
parfois même tapageuse. Visites de villas équipées d'appareils les
plus sophistiqués. Apperçu d'une fête de richesse: promenade d'une
jeune fille parée de ses plus beaux pagnes, couverte de bijoux d'or j

puis d'argent puis d'ivoire. Regard sur la fête des générations:


imposant défilé de tous les jeunes gens du village, pagne de chef,
pagne de velours, bij oux d'or et verroter ie. Passac;e à l'âge at"lulte
rcanonGement aux richesses, pour seule parure écorce et feuille
de palme, terre humectée de bangui sur les visages, initiation. Le
village est comme enfermé entre un passé révolu qui a procuré gloire
et fortune à la communauté et un avenir aux mains de leurs fils dont
certaans occupent des postes très importants sur Abidjan : gloire
et fortune individuelles. Mais la gérontocratie qui régit Débrimou
laisse peu de place aux j eunes Jan~ le \lillage.
Entre passé et avenir, le présent est moins brillant, décevant
même. Les revenus sont faibles et semblent insuffisants à faire vi-
vre la famille. Les bénéfices basés sur la monoculture du manioc
sont à la merci d'un effondrement des cours. La femme ne parvient
pas, malgré l'aide de sa famille, à assurer son rôle traditionnel;
elle ne réalise aucune dépense personnelle et reste très dépen-
dante de son mari qui reçoit également certainement de l'argent de
l'extérieur de l'unité de production. Les enfants ayant terminé

.. / ..
-48-

leurs études doivent aider leurs parents. Les plus jeunes plan-
teurs de Débrimou n'ont pas attendu d'hériter pour s'installer
et comme le planteur 3, ils ont défriché des terres, dans la li-
mite des surfaces disponibles, souvent situées aux frontières du
terroir villageois. Ils y exploitent des plantations d'hévéas,
des bananeraies ••• Il est difficile de ~.n'~ser après une étude
sur 3 cas, mais il semble qu'il y ait une légère évolution à Dé-
brimou : les cultures se diversifient quelque peu et la femme prend
la responsabilité d'une parcelle de manioc. On peut supposer que
ces mesures sont prises par nécessité car le système traditionnel
ne suffit plus aux besoins actuels. On imagine que Débrimou aura
une physionomie différente lorsque la jeune génération prendra la
place des planteurs actuels. Il semble donc que le village, comme
après la 2ème guerre mondiale, amorce une profonde mutation.
3. DJIMINI-KOFFIKRO, DIVERSIFICATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION
DANS UNE SOC IETE HETEROGENE

3.1 Une mosaïque de peuples


3.1.1 Les familles
------------
Les 4 CUP retenus pour l'enquête sont d'ethnies différentes
le 21 est Abouré, le 22 est Appolonien, le 23 est Baoulé et le 24
Malien, est Dioula ; son cas, difficilement comparable à celui des
autres planteurs, fera l'objet d'une étude particulière.

Tableau 12 : Etude du nombre de personnes à la charge du CUP.

CUP EPOUSES ~ 15 ANS AUTRES TOTAL TOTAL ue


ADULTES A CHARGE RESIDENTS
,
N°:Age T
1
H' F
1
T , H'F
1
T 1H 1 F
1 1
T 11 HIF
1
1

, 1 1
1 1 1 1 r '.
l,
21' 31 l 7 1
4
1
3 5 1
3 ,2 14
1
1
8 16 13
1 r
7, 6 9.9

1 1
1

1 1
1
,
1
1
1
1
1

,
,
1 1
1 1 1 1 1
221 42 2 13 19 14 5 31 2 21 ,13 /8 20 , 12 1 8 14.4
1 1 1
, 1 1 1 ,
1 1 1 1 1 1 f
1 1 1
1 1
1
1 1
23, 45
1
2 12
1
3 1'9 7 1
1
3 1, 4 22 1
7 ,15
1
22 1
1 ,
7 115 I5.8

Contrairement aux CUP de Débrimou, les planteurs de Djimini-


koffikro sont jeunes et dynamiques. En tant que responsables de
l'exploitatiDn familiale, ils se doivent de prendre à leur charge
les membres ne pouvant subvenir à leurs propres besoins, ce qui
explique les totaux importants. Le CUP 21 loge et nourrit trois de
ses plus jeunes frères dont un est marié et père de famille. Le CUP
22 s'occupe de son frère aîné malade et de toute sa famille ainsi
que des jeunes enfants (non encore indépendants) de l'oncle dont il
a hérité. Le CUP 23 a pris à sa charge les enfants d'un de ses
frères décédé.
De même qu'à Débrimou, la différence entre le nombre de person-
nes à charge et les résidents est ~gale, au nombre d'enfants sco-
larisés en dehors du village. Un des frères du CUP 21 est boursier à
Abidjan mais le planteur lui verse 15 000 F mensuellement. Un fils de l 'oncle du
CUP 22 est au collège de Bonoua.
..1..
Tableau 13 : Effet de la structure familiale sur le nombre de
travailleurs potentiels.

CUP EPOUSES ENFANTS ADULTES TRAVAILLEURS RESIDENTS


POTENTIELS
'iNon 1
~ 6 ANS , scolar isés 1 Scolar isés 1
1 16-70 ans ~ 7I ans
.1
r
; ~I2a 1 ~I2a
1 1 1
1
!

21 1 3 1 3 1 1 1 0 4
1
0 6 13

,
1
1 1 1
, 5 1 l 3 4 1
1
1
0 10 20
22 2 4 1
.
1 1

23 2 4
1
,1 6
1
1
1
2 •
1 0 5 .
1
1
2 8 22
J
1 i
1 r
1 ,.1

On retrouve la même proportion de travailleurs potentiels par


rapport aux résidents qu'à Débrimou. Mais, contrairement au premier
village, ceci n'est pas da à un manque d'adultes sur l'exploitation
mais à un nombre très important de jeunes enfants ne pouvant parti-
ciper activement aux travaux agricoles. De plus, on remarque que
le taux de scolarisation est plus faible qu'à Débrimou. A Djimini-
Koffikro, et dans chaque UP étudiée, aes enfants n'ayant pas en-
core atteint 12 ans ont déjà été retirés de l'école, notamment le
fils unique du CUP 23 qui a été rappelé sur l'exploitation en 81,
il est âgé de 10 ans. Les fils du CUP 23 sont scolarisés au villa-
ge,-l'aîné n'a que 14 ans. L'unique fils du planteur 21 réside en
dehors de l'UP, il a 8 ans. Les neveux et héritiers des exploitants
21 et 22, respectivement âgés de 9 et 8 ans, vivent sur l'UP et ne
sont pas scolarisés.

3.I.2 ~~~_2èi~~~!~~
~ Les objectifs à long terme
Ils sont sensiblement différents de ceux des planteurs de Dé-
brimou. Il n'y a pas, dans ce deuxième village, de mode de vie
traditionnel à respecter et le système de production choisi ne
devra pas répondre à une organisation déterminée. Le taux de sco-
larisation, particulièrement en dehors de Djimini-koffikroest
faible et ne nécessite pas de dépense importante.
Par contrel l'héritage semble soulever certains problèmes. Ce

.../ ..
sont les neveux utérins, comme le veut la tradition matrilinéaire,
qui hériteront des plantations de~ CUP 21 et 22. La question n'a
pas pu être abordée avec le CUP 23 parti , à la fin de mon enquête,
à Abidjan, pour y résoudre des problèmes familiaux. On note sim-
plement qu'il a rappelé sur l'UP son fils unique.
Pour son fils, l'exploitant 2I, a acheté IO Ha à Gagnoa. Il
désire en faire une plantation de café-cacao et doit pour cela
embaucher des manoeuvres permanents qui seront surveillés par sa
mère résidant à Gagnoa. Il aurait été plus simple d'acheter au
village, mais celui-ci connait une forte saturation foncière. Le
CUP a payé la terre 300 000 F en faisant un emprunt de 200 000 F
auprès de sa famille. A la fin de l'enquête, il n'avait pas rem-
boursé sa dette, ni encore trouvé les fonds nécessaires à l'em-
bauche des manoeuvres. De plus, en tant que chef de famille, il
est contraint à verser de l'argent à ses frères cadets, on a déjà
évoqué les 15 000 F donnés à son frère étudiant, il doit, en outre,
verser 15 000 F à deux autres de ses frères. Cela fait une somme
théorique de 30 000 F à débourser mensuellement, l'étude montre
que le CUP n'a pu faire face à une telle dépense et n'a versé que
14 000 F par mois. Le planteur éprouve donc de forts besoins finan-
ciers et devra mettre en place un système de production lui procu-
rant des gains mensuels fixes et importants.
Après une réunion de famille, il a été décidé que les fils du
CUP 22 hériteraient uniquement, sur L'exploitatio~ familiale;. des
plantations d'hévéas, à concurrence de 6 Ha. Son objectif est donc
de mettre en place cette plantation. De plus, pour couvrir les
frais de sa nombreuse famille, il doit disposer d'une trésorerie
importante. L'exploitant effectue des voyages, de courte durée
mais fréquents, au Ghana où il a de la famille, cela occasionne des
dépenses supplémentaires.
Le CUP 23 ayant également à sa charge une famille nombreuse
cherche à mettre en place un système de production lucratif.

~ Les objectifs à moyen terme


Les choix des systèmes de production mis en place par les 3
CUP s'est réalisé en tirant parti d'environnements sociaux,
physiques et économiques très favorables. Contrairement aux femmes
de Débrimou, et comme dans la majorité des ethnies africaines, les
épouses considérées, participent aux travaux agricoles, particu-

.. / ..
lièrement elles ont la charge d~cultures vivrières ce qui laisse
la possibilité à l'époux de se consacrer à d'autres tâches. Djimini-
Koffikro est situé sur l'axe goudronné BONOUA-ADIAKE et est entou-
ré de nombreuses plantations industrielles. Ces sociétés ont été
très bien acceptées par les habitants qui ont compris que les
plantations villageoises encadrées permettraient d'obtenir des
revenus mensuels importants. Les trois exploitants étudiés ont mis
en place un système de production mixte, basé sur l'association
des cultures vivrières et industrielles.

~ Les objectifs à court terme


Cette intensification et diversification des cultures néces-
sitent à l'origine, de gros investissements: dans un premier temps
de terres, puisqu'une plantation à caractère industriel ne
devient productive, au plus tôt qu'à 5 ans; ensuite, en main
d'oeuvre pour récolter la production qui s'échelonne tout au long
de l'année. Les tactiques choisies par les CUP devront leur permet-
tre d'obtenir des bénéfices au moins suffisants à couvrir les di-
vers frais familiaux et payer les manoeuvres.

3.2 Les systèmes de production


3.2.I ~~~_~~S~~~E~_~~_eE~~~S~!9~
~ La terre
• Mode d'accès à la terre: les planteurs ont hérité alors qu'ils
étaient encore jeunes p~is les CUP 2I et 23 ont ensuite agrandi
leur patrimoine foncier.

Tableau I4 : Mode d'accès à la terre

·:% de terre
·
: Héritage :Héritage Achat ·· ·
Méteyage: Location
du père :de l'oncle:
:-------------~----------:----------:-------:---------
:----------:
· ·· · ·
CUP 2I 67 % ·· 27 % · 6 %
· · ·· ·
··
: CUP 22 IOO %
· ·
: CUP 23 50 %
·· · 50 %
·: ·
· · · ·
Après une réunion de famille, le CUP 2I a réussi à obtenir
l'héritage des terres de son père en 74, il avait à cette époque

..1..
SITUATION DES PARCELLES DJIMINI

,El
..),
,, "
,,,

-
sv
1
,('
1

,
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1
1
1
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1
,, KONGODJAN

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..:p yera KONGODJAN

\
\
,,
1

1
1
\ ,,
ta''''- · . 1
,
\ ,
1
1

\
1
\
\
\
1= uP n° 21 N
2= UP n° 22
3= UP n° 23
4= UP n° 24 1
SOOm
. .....
. ..... Plate CIIrro5sabie
...
......
,
......

\
!
-53-

21 ans. Ses terres ne reviendront pas à son fils. En 75, une tante
du planteur résidant à Abidjan lui confie la gestion d'un groupe
de parcelles, il contrôle uniquement les travaux effectués et ne
peut rien faire sans son accord. Enfin, en 84, et pour la première
fois, il prend des terres en location chez un de ses cousins. L'a-
chat de la plantation de Gagnoa n'est pas mentionnée car elle se
situe en dehors de la zone étudiée.
A 32 ans, le CUP 22 a hérité des terres de son oncle décédé
en 74, à cette époque, le planteur était tailleur à Daloa.
Le père du CUP 23, en 6I, offre à son fils âgé de 22 ans une
plantation de 4 Ha. En 62, le père meurt mais le CUP ne récupèrera
le reste des terres familiales que 5 années plus tard, durant
cette pér iode, les terres ont été gérées par une personne plus âgée.
En 72, le planteur achète la Ha pour ISO 000 F soit 15 000 F/Ha et,
en 76, il achète 8 Ha pour 450 000 F soit 56 000 F/Ha. Les prix
à Gagnoa sont moins élevés puisque le CUP 21 y a obtenu, en 84,
la Ha pour 300 000 F. Le CUP 23, doit encore hériter, à Djimini-
Koffikro, des plantations d'un des ses vieils oncles actuellement
à sa charge.

• Les propriétés foncières : D'après la pré-enquête réalisée par


l'O.R.S.T.O.M., la surface moyenne d'une plantation à Djimini-Kof-
fikro est de 12 Ha.

Tableau 15 : Comparaison des exploitations début 84

: :Surface en : Surface : Nombre de : Distance du :


~ ~eE~EE!~~~ ~ __ ~~~~!~ ~_SE~~E~~ ~_Y!!!~~~ ~

··:CUP .. · · ·
21 18.2 HA 27 HA 4 · O.I à I.5 km
:CUP 22 34.5 liA · 34.5 HA ·
·
l · I.5 km
:CUP 23 : 36.3 HA 36.3 HA
·· 4 · O.I à 5 km :
·
Les CUP étudiés possèdent des exploitations beaucoup plus
importantes que la moyenne du village. Ce sont de "grands planteurs"
Seul le CUP 21 cultive des terres dont il n'est pas propriétaire,
particulièrement, il a pris en location I.5 HA ce qui est assez
étonnant puisqu'il possède une surface importante. C'est en étu-
diant le mode d'utilisation du sol que l'on pourra essayer de sa-

.. / ...
-5~-

voir ce qui l'a poussé à agir de la sorte. Le eup 22 possède ses


34.5 lm en un seul bloc. Le CUP 23 est propriétaire de parcelles
assez éloignées du village, le groupe situé à 5 km a été acheté
en 76.

x Le travail
• Main d'oeuvre familiale

Tableau 16 Quantification des unités de travail humain familial

UTHF M UTHF F UTHF T UTHF T/ue: UTHFA/UC


:--------:-----------:-----------:-----------:----------:----------:
CUP 21 2.2 1.4 3.6 0.36 0.3
eup 22 : l
. 2 3 0.21 0.14 ·
CUP 23 1.8 4.8 6.6 0.42 0.27 ·
Le CUP 21 dispose d'une main d'oeuvre familiale masculine im-
portante, i l travaille à plein temps sur l'exploitation et est aidé
par 2 de ses frères qui doivent également s'occuper de leurs propres
parcelles. La main d'oeuvre féminine n'est pas très nombreuse, le
CUP n'a qu'une épouse qui est aidée par sa soeur et, occasionnelle-
ment par la belle soeur de son mari.
Le eup 22 travaille seul sur son exploitation avec ses deux
épouses aidées par la jeune soeur du planteur.
Le eup 23 est secondé par son cousin éloigné qui doit travail-
ler sur ses propres parcelles. La main d'oeuvre féminine, très im-
portante est composée des 2 épouses du CUP ainsi que de 2 tantes,
une cousine et la soeur du planteur.
De même qu'à Débrimou, il faut moduler ces chiffres qui ne
prennent en compte que le travail qui pourrait potentiellement être
fourni par les résidents permanents sur l'UP.
Les ajustements de main d'oeuvre agricole familiale n'ont pas
pu être clairement mis en évidence à Djimini-Koffikro. On a pu
néanmoins constater une évolution dans le temps. Les 2 frères du
CUP 21, possédant depuis peu leurs propres plantations, travaillent
de moins en moins avec le chef de famille. Le CUP 23 a accueilli,
en 82, une cousine et une tante. Il aurait été intéressant de sa-
voir si elles avaient été appelées par le planteur pour augmenter
sa main d'oeuvre ou peut-être en vue de compenser le départ d'un ne-
veu adulte qui travaillait sur la plantation et l'a quittée en 83 •

. . / ..
-55-

• La main d'oeuvre extérieure


Les résultats d'UTH familial agricole par unité de consomma-
tion ne sont que très faiblement supérieurs à ceux de Débrimou alors
que le système de production choisi est plus intensif. Il va donc
falloir que les 3 CUP étudiés compensent cette carence en utilisant
une main d'oeuvre extérieure plus nombreuse et plus régulièrement
que dans le premier village enquêté. Pour répondre à cette demande
des planteurs, un maquis de contrats s'est développé à DJIMINI-KOF-
FIKRO.
Le principe du métayage à part de frui~ : l'abougnon et l'abous
san. L'abougnon est un système ~ 2 parts: l pour le manoeuvre,
l pour le propriétaire. L'aboussan est un système à 3 parts : l pour
le manoeuvre, 2 pour le propriétaire. Dans ces deux cas, la terre
est fournie par le planteur qui ne loge ni ne nourrit le métayer,
celui-ci doit entretenir la parcelle et en faire la récolte qui se-
ra partagée suivant le contrat. A l'origine, ces systèmes étaient
surtout pratiqués sur des plantations de café ou de cacao, aujour-
d'hui, ils s'utilisent également sur des parcelles de vivrier. Ce
contrat a l'avantage de laisser une grande liberté au métayer qui
devrait être stimulé dans son travail puisqu'il est intéressé di-
rectement par les rendements. Le planteur à l'avantage de n'avoir
aucune surveillance directe à exercer. Les résultats obtenus sont
de qualité tout à fait hétérogène •
Les employés temporDraires ou permanents. A l'inverse de Débri-
mou, les employés temporaires ne sont généralement pas payés à la
tâche mais à la journée, environ l 000 F par jour sans être nourris.
Ce système implique une surveillance du planteur ou d'un membre de
sa famille. Les employés permanents sont embauchés le plus souvent
pour 6 mois ou un an, ils sont logés et nourris, leur salaire est
fonction du travail à effectuer~et ffies conditions de nourriture et
de logement. Les manoeuvres sont toujours des allogènes.

Les 3 CUP étudiés emploient des abougnons. En outre; le CUP 21


embauche parfois des temporaires ; le CUP 22 a un permanent payé
30 000 F pour 6 mois ; le CUP 23 a pris 2 permanents pour un contrat
d'un an. L'exploitant21 prendra, en 85, 2 permanents pour défri-
cher la plantation de Gagnoa, ils seront payés 70 000 F pour 6 mois,
ce tarif peut sembler élevé mais est fonction de la pénibilité du
travail 7 il aimerait également prendre un permanent sur l'UP mais

.. 1..
EVOLUTION DU MODE DE FAIRE VALOIR

Exemple de l ·Unitê de Production 21

o Terre travaillée par le cup ~ Terre prëtée à la 'amIDe


~ Terre prIse en location ~ Terre prëtëe
~ Abougnon du cup ~ Terre donnée
r:::J Terre mise en location m Champ de répouse
-56-

il connait des difficultés financières et cela ne sera donc pos-


sible que lorsque son frère aura terminé ses étudès à Abidjan.
Pour effectuer un travail d'entretien, le permanent payé
30 000 F pour 6 mois reçoit donc 166 F par jour, au lieu des l 000
que demande un temporaire. Même si l'on prend en compte les frais
de nourriture et de logement, il semble que l'embauche d'un perma-
nent soit avantageuse.

X Le mode de faire valoir


La stratégie foncière mise en place par les 3 exploitants
étudiés est assez complexe.

Tableau 17 Mode de faire valoir en 84

----------~._--------_._~._~. --- ---


en % de terre : CUP 21 CUP 22 CUP 23
:----------------------------------:----------:--------:---------:
- Mode de faire valoir direct 36 35 49
- parcelle des fenunes
- Prêt à la famille .
. l
12
3
l
II
2
- Travaillé par un Abougnon II 9 5
· - ~1is en location
- Autres prêts
30
6
52
0 .
22
4
- Don 4 0 7
- Total :IOO % sùr :IOO % :IOO cl
/Q sur:

:27 HA : !3br 34.5:36.3 HA ·


...

· - Double utilisation
CUP + Abougnon 7 % 5 % 3 0/

. /0

·· CUP + Location 7 %
·
• Les prêts à la famille : le CUP 21 prête une surface irnpor-
tante aux membres de sa famille, particulièrement à deux de ses
frères cadets. Le planteur apparaît donc comme le responsable des
terres et est contraint, non seulement à donner de l'argent, mais
également à distribuer des parcelles à ceux de ses frères qui ne
peuvent subvenir à leurs besoins. Le CUP 22 prête une petite par-
celle à son frère aîné malade qu'il a pris à sa charge avec sa fa-
mille. Le CUP 23 a mis à la disposition de ses cousins deux lopins
de terre. Il semble .que, plus encore qu'à Débrimou, les planteurs
aident leurs proches dans le besoin.
• Les terres travaillées par un Abougnon : le CUP 21 emploie
des abougnons sur vivrier et sur ananas, il va également prendre un

.. / ..
-57-

un abougnon pour travailler une des parcelles qu'il a louée, il y


plantera des patëtl:es. Le CUP 22 ne cultive pas les vivriers, il
préfère s'occuper de ses plantations de type industriel, travail
plus "noble". Pour combler cette Ci'trence, les abougnons qu'il em-
ploie n'ont la responsabilité que des parcelles vivrières. Le CUP
23 a pris, plus traditionnellement, un abougnon sur café.

~ Les terres mises en location : contrairement à Débrirnou, la


location des terres est pratique courante à Djirnini-Koffikro où
le concept de propriété personnelle est parfaitement entré dans les
moeurs. Les terres se louent pour la durée d'un cycle de culture,
en général pour une somme de 20 000 F/HA/an. Le CUP 21 a mis des
parcelles en location chez sa tante, celle-ci récupère presque la
totalité des gains. En 83, et pour la première fois, il met en lo-
cation ses propres terres. Les locations rapportent moins qu'un
travail d'abougnon. Le planteur nous a expliqué avoir choisi cette
solution car les parcelles n'étaient pas défrichées. Les unes
étaient recouvertes d'une caféière abandonnée, les autres d'une
plantation d'avocats. La mise en location de ces terres a donc
permis au CUP de faire effectuer d'importants travaux de défriche
à moindre frais. On se souvient que l'exploitant est endetté, il a
des problèmes financiers.
Le CUP 22 loue plus de 50 % de ses terres dont 15.5 HA à la
SODEFEL. Le contrat a été signé en 76 pour une durée de 20 ans,
le planteur reçoit 75 000 F par an soit 5 OOOF/HA/an. Ce loyer est
nettement inférieur à ceux pratiqués entre particuliers. Le plan-
teur disposait, à l'époque de la mise en location, d'une vieille
caféière lui servant de réserve foncière dont le défrichage complet
s'est terminé en 84, (l'exploitant met en place la plantation d'hé-
véas pour son fils). Il commence à connaître une saturation fon-
cière et désirerait rompre le contrat avec la Sodefel. Les surfaces
qu'il n'utiliserait pas lui même pourraient alors être louées à des
particuliers, ce qui est plus avantageux. Le planteur lOUE égale-
ment des parcelles à des particuliErs, à l'inverse du CUP 2I, la
mise en place d'une culture sur ces terres ne nécessite pas de gros
travaux de défriche. Le CUP 22 emploie ce mode d'utilisation du
sol pour obtenir des revenus supplémentaires. En comparant les
surfaces louées en 83, 84 et prévision 85, on observe une diminu-
tion sensible, tout à fait logique dans ce contexte de début de

.. / ..
-58-

saturation fonci~re.

Le CUP 23 lOUE 22 % de ses surfaces à la SODEf'EL, le contrat


a été signé en 78. Le planteur reçoit 84 000 F par an soit
ID 000 F/HA/an. Ce loyer est le double de celui re;u par le CUP 22,
cette différence n'a pas pu être ex~liquée. Les terres mises en
location sont celles qui ont été achetées en 76 pour 450 000 F, elle
sont situées R 5 km du village, ce qui aurait impliqué une perte
de temps en déplacement si le CUP les avait lui même mises en va-
leur. En 84, le planteur ayant reçu 588 000 F de la Sodefel (somme
des loyers sur les 7 années) avait donc récupéré l'argent investi
et avait même fait des bénéfices. En général, le CUP réalise tous
les ans des contrats de location avec des particuliers ce qu'il
n'a pas fait en 84, année où les femmes ont cultivé une surface
tout à fait conséquente. En 85, le planteur louera une parcelle à
un particulier, celle-ci ne nécessite pas un travail de défriche-
ment important; les femmes cultiveront alors une partie des terres
du CUP mais disposeront également de parcelles chez l'oncle au-
jourd'hui nourrit par le planteur qui est son héritier.

Les autres prêts : Le CUP 21 prête 2 petites ~arcelles ~ 0e


vieux amis. En 84, il prête également à une femme du village 1. 15 HA
Le planteur explique ce prêt par le fait que la terre soit envahie
Q' impérata ce qui nécessite un travail de sarclage im2ortant,
il a même fait effectuer, pour la première fois, un labour mécani-
que sur une partie de cette parcelle (0.8 HA pour 30 000 F). On
peut être étonné que le CUP prête une surface si importante et sur
laquelle il a eu des frais, la bénéficiaire du "prêt" nous a dit
avoir lou8 ces parcelles. Le propriétaire n'est pas revenu sur ses
déclarations et les a même étayées en nous informant qu'il était.
obligé de faire faire une culture sur cette terre avant d'y planter
des palmiers, sinon ceux-ci risqueraient de moins bien fructifier.

:Le elJ? 23 prête des terres à. ses employés : abougnon sur café
et manoeuvres permanents. Les parcelles prêtées demandent de gros
travaux de défriche avant d'être mises en valeur, elles sont en-
suite récupérées par le planteur qui en distribue d'autres. Cette
méthode permet non seulement de faire faire des défrichements sans
débourser de fonds, mais elle incite également les ouvriers à' res-
ter sur la plantation, certains ayant tendance à quitter le village
avant la fin de leur contrat.

../ ..
• Les dons : le CUP 21 a donné en 84 une parcelle de un hectare
'l. lIn cousin, il n'est clone :")1us propr iétaiL"P sue de 17.3 HA sur les
26 dont il a maintenant la responsabilité à Djimini-Koffikro.
Le CUP 23 a donné, en 84, une parcelle de 2.5 HA à son cousin qui
travaille depuis I I ans avec lui, il n'est donc plus propriétaire
que de 33.8 HA. En 85, une route i)assera sur sa propr iété, il ne
p()ss.~dera 2lu8 'lue 33. 7 T-!A •
• Certa.ines parcelles sont utilisées (l.ou~)lement, cette pré".-
t telue est fréquente sur les jeunes ,21antations de type industr ie1
dont l'exploitation ne débute que la Sème année. L'année du plan-
ting, alors que la culture pérenne est peu développée, l'exploi-
tant associe des cultures vivrières. En fin de deuxième année la
plante pérenne est laissée en culture pure afin de réduire les
compétitions. Ce système permet d'écourter la pér iode de "non pro-
ductivité" de la terre, il est pratiqué par les 3 CUP étudiés. Il
serait néanmoins bon qu'une étude scientifique confirme que ces as-
sociations ne nuisent pas aux plantations. Le CUP 22, en 84, a
même donné en location, pour une culture de manioc, une parcelle
sur laquelle il avait planté des cocotiers en 76, il a décidé de
ne pas renouveller ce contrat VLt les diff icul tés rencontrées pour
effectuer sa récolte.
• Les épouses des planteurs 6tuJi0s sont toutes responsables
d'au moins une parcelle sur l'exploitation familiale. Le cas sera
étudié dans le chapitre qui leur est réservé •
• Le mode de faire valoir direct : alors que les planteurs de
Débrimou mettent en valeur pratiquement la totalité de leurs terres
par ce mode, ceux de Djimini-Koffikro ne l'utilisent même pas pour
50 % de leur exploitation, ceci s'explique par une différence de
mode d'utilisation du sol.

~_Mode d'utilisation du sol


• les syst€mes de culture.

Tableau l8 : Comparaison du mode d'utilisation du sol en 84.

·:. Abougnori en Ha ·: caf~ ·: ananas ·: vivrier ·:


J
or .~~_.-

·:-----~----------:-------:----------:---------:
CUP 21
· 0 · 3.5 · 1.4 ··
·
· CUP 22 · 0 · 00
· 4.75 ·
·: CUp 23 · 1.8 · ·: 0 ·
· ·
. .1..
-60-

PALMIER COCOTIER HEVEA ANANAS TOTAL VIVRIER JACHERE TOTAL


en HA
PLANTATION ,
H F
1

CUP 21 7.25 0 0 0.35 7.60 1.6 1 0.25 0.6 10.05


1
1.3 2.4 0 9.75 0.251 0.9 2.2 13. l
CUP 22 6.05

CUP 23 8.5 0 0 0 8.5 3.4 11 4 5.8 21.7


,
1

Le deuxième tableau comptabilise la somme des surfaces cultivées


par .les femmes sur l'exploitation et par le planteur en mode de
faire valoir direct.
Le premier tableau prend en compte toutes les surfaces cultivées
par les abougnons du CUP.
On distingue deux grands systèmes de culture : les plantations
et le vivrier en rotation sur jachère.
Les palmeraies: à l'inverse de Débrimou, elles ne sont pas
naturelles, ce sont des plantations villageoises encadrées par
palmindustrie. En plus des travaux d'entretien, la récolte est ef-
fectuée tous les IS jours. Il n'y a pas de grimpeur comme dans le
premier village étudié, les palmiers sélectionnés sont de taille
assez réduite ce qui permet de faire la cueillette des régimes avec
une grande perche au bout de laquelle est fixée une sorte de fau-
cille. Les 3 exploitants possèdent de grandes palmeraies, la ré-
colte nécessite au moins une journée de travail complet, toute la
famille y participe. Une telle plantation est exploitée une ving-
taine d'années, celles des CUP étudiés ayant respectivement été
misas en place en 67 et 68 elles devront bientôt être régénérées,
1

c'est pourquoi, tous trois, faisant preuve de prévoyance, replanten1


de jeunes palmiers dès maintenant.
Le CUP 22 possède également une cocoteraie et une plantation
d'hévéas dont les plus vieux arbres ne sont âgés que de 2 ans et
n'ont pas été encore mis en saignée. Ces deux plantations sont en-
cadrées par Palmindustr ie et la SAPH.
Le CUP 21 cultive une petite parcelle d'ananas sur les terres
de sa tante avec qui il doit en partager les bénéfices. La culture
de l'ananas dont le cycle est de 16-24 mois a été comptabilisée danl
les plantations vu son caractère spéculatif ; elle nécessite un

. .1. ·
-61-

travail relativement important: planting, nettoyage, entretien,


normonage, récolte, coupe des rejets. L'exploitant emploie sur une
surface importante des Abougnons cultivant des ananas, sur des
terres dont il est propriétaire.
Les trois planteurs possédaient des plantations de café, le
CUP 21 a pratiquement tout défriché (par lui même ou par l'inter-
médiaire de ses locataires), il ne lui reste plus que 0.4 HA de
caféière abandonnée ou réserve foncière, la plantation de son père
couvrait environ 6.7 HA. Le CUP 22 a terminé d'arracher ses café-
cacao en 84 1 le CUP 23 dispose encore d'I.8 HA de café en produc-
tion qui est entretenu par un abougnon, il défriche petit à petit
ses plantations abandonnées et il ne dispose plus que d'un hectare
de réserve foncière. Ces trois exemples illustrent un fait qui
semble assez général à Djimini-Koffikro où les caféières ne sont
pas régénérées, deviennent des réserves foncières actuellement dé-
frichées alors que l'on met en place les nouvelles palmeraies.

Les systèmes vivriers mis en place sont assez variés mais


comportent pratiquement tous du manioc.
On distingue les cultures de manioc pur, cette forme d'exploi-
tation serait récente et répondrait A des besoins financiers. Elle
est mise en place chez les 3 exploitants étudiés. Le manioc est
planté toute l'année et, à l'inverse de Débrimou, est rapidement
récolté lorsqu'il arrive à maturité.
Les associations igname-manioc sont également pratiquées par
les trois exploitants. L'igname est planté en janvier et est butté,
le manioc est planté en avril, on associe très souvent divers lé-
gumes et des bananiers-plantain.
On distingue des systèmes mineurs comme mais-manioc ou patate-
manioc. Le mals est planté en mai, les patates sont plantées en
juillet, le manioc un mois plus tard. Ces systèmes sont pratiqués
chez les 3 CUP.
Enfin, on relève des pratiques plus marginales comme chez le
CUP 21 la culture de tomate pure également mise en place chez le
CUP 23 qui possède un champ de gingembre. Ces 2 planteurs font éga-
lement parfois des arachides.

..1..
DYNAMIQUE D'UTIUSATION DU SOL

Unité de Production 21

[ill Café abandonné Ld Manioc moins de 12rnois • Arachide


[ill Avocat abandonné • Manioc en récolte [!::::!] Tomate
1* *1 Palmier F:::§ Igname· Manioc . P:':'l Jachère
~Ananas •
Patate· Manjoc 0 Terre non exploitée
parlecup
1+ +lHévéas kM§ Maïs àbougnon
culture ~
-62-

• Organisation de la production

Tableau I9 : Comparaison de l'utilisation des s~rraces de 82 à 85.

en HA PLANTATIONS VIVRIER JACHERE


------- -~;-~-~i-;--~~-r-~;- ----po---- .---- po---- po----------
-~;-f-~i- 84 85 82 83 84 85
---- ---- 1

-----~---- ---- ----


1
---- ---- ---- ---- ---- -----
CUP 2I 6.2 6.6 7.25: 14 2.35: 1.7 1.85 ? 12.7 8.95 0.6: ?
CUP 22 8.1 6.55 9.75 r I2.7 2.1 ;0.65 1.15 2 2.75 2.7 2.2: 0
CUP 23 7.4 7.4 8.5 f 9 4.8 • 7.5 7.4 6.4 13.3 10.1 5.8: 5.9
:
r
: ,,

Ce tableau prend en compte les surfaces cultivées par les CUP


et les femmes sur la plantation. On rappelle que les chiffres donnés
pour 82 et 85 sont des estimations, il est bon de les moduler mais
ils permettent néanmoins de juger de l'évolution générale de l'ex-
ploitation sur ces quatre années.
Pour le planteur 21, on observe sur les schémas une importante
restructuration de l'exploitation avec spécialisation des cultures
dans l'espace, par groupe de parcelles; seule la palmeraie du grou-
pe l n'évolue pas. Le groupe 2, initialement destiné aux cultures
vivrières et culture d'ananas se transforme en une jeune palmeraie
destinée à remplacer l'ancienne qui devra bientôt être abattue.
Le groupe 3 appartient à la tante du CUP, il était recouvert d'une
plantation d'avocats aujourd'hui totalement défrichée par des lo-
cataires ou par l'exploitant et sa famille. La tante désire mettre
en place sur l'intégralité de ses terres une plantation d'hévéas,
les premiers arbres seront plantés en 85. Le CUP embauchera des
manoeuvres et n'effectuera pas le travail lui-même, il était même
contre cette idée, car une plantation d'hévéas nécessite un tra-
vail fréquent et délicat : la saignée doit être effectuée 2 à 3 fois
par semaine, de plus elle doit être faite très tôt le matin ce qui
dérange le planteur dans ses habitudes. Il nous a également signalé
que ce travail n'était pas agréable vu l'odeur dégagée par le latex
coagulé. L'exploitant surveillera donc uniquement les manoeuvres.
Le groupe 4, initialement plantation de café du père du CUP, a pro-
gressivement été abandonné, se transformant en réserve foncière en-

$~i~e défrichée par les locataires ou par l'exploitant et sa famille.


Le CUP nous a dit ne pas savoir ce qu'il y plantera en 85, on
remarque néanmoins que ce sont les seules terres disponibles pour

.. / ..
OYNAMIQUE O' UTiUSATION DU SOL

Unité de Production 22

1982 1983

1984 1985

[§] Cacao abandonné iii Manioc moins de 12 mois 1_:_:.;,] Jachëre


1* *\ Palmier III Manioc en rëcolte O Tern! non exploitëe
par Iecup
~ Ananas ~::f:f~ Igname - Manioc abougnon
B Hévëas • Patate-Manioc culture féminine
E2] Cocotier [!] Maïs
faire du vivrier.
En 82, le planteur ne connait pas de problème particulier, il
embauche de la main d'oeuvre, plante 2.35 HA de vivrier et comme~ce
à régénérer sa palmeraie. En 83, il doit rembourser une dette de
115 000 F auprès de sa famille, cet emprunt avait été utilisé pour
couvrir les frais de scolarité de son frère à Abidjan alors qu'il
n'était pas encore boursier. Le CUP commence à avoir des problèmes
financiers, il est obligé de réduire ses embauches de main d'oeuvre
extérieure ce qui entraine une baisse des surfaces vivrières. En
tenant compte de la moitié des surfaces travaillées par les abou-
gnons) la récolte vivrière fût de 2.2 ha en 83
C'est à cette époque qu'il met en location, pour la première fois
ses terres, cela lui rapporte 90 000 F.Il défriche activement sa
réserve foncière, il agrandit peu sa palmeraie, on note une augmen-
tation des cultures à but spéculatif : ananas, arachide et même to-
mate.
En 84, le CUP achète d Gagnoa et a 200 000 F de dettes. Il met
en place sur ses propres terres 0.85 HA de vivrier • Cette surface
est faible mais le CUP n'a plus de terre disponible exepté une par-
celle de 0.2 HA de jachère et 0.4 HA de réserve foncière qu'il
désire défricher en 85. On rappelle que d'importantes surfaces sont
utilisées en mode de faire valoir indirèct . T.. es terres distribuées
aux ahou'Jnons pour faire du vivr ier couvrent 0.9 HA mais un des
métayers ne met pas en place sa plantation de manioc. La récolte
vivrière totale du CUP ne sera alors que d'un hectare. L'exploi-
tant se rend compte que ce ne sera pas suffisant pour couvrir les
besoins familiaux, il loue un hectare et demi chez un cousin car
celui-ci lui ferait des prix "avantageux'~ L'enquête montre que le
loyer pratiqué corresponi à la moyenne villageoise. Donc) si le CU?
pensait réaliser une affaire de type spéculation foncière, il n'y
est pas parvenu. On remarque que cette location était en fait obli-
gatoire si le planteur désirait garder sur ses terres une parcelle
de jachère. Sur les schémas, on voit que les parcelles louées (qui
n'apparaissent pas en 82-83), sont mitoyennes du groupe où le CUP
produit son vivrier, c'est peut-être le seul avantage d'une loca-
tion chez le cousin. Parallèlement, en 84, le planteur augmente peu
sa palmeraie et opte pour les cultures de rente qu'il confie à des
abougnons : 3.5 HA d'ananas et 0.5 HA de patates, ce qui lui rappar-
tera rapidement des gains assez conséquents.

. .1..
-60:;-

En 85, le CUP récupèrera 3 HA qu'il avait mis en location sur


le groupe 4, il disposera alors de 6.25 I~ pour faire du vivrier et
installer ses jachères, ne C onsiùéc ons pas tr 0.i.) v i·l.:.e que le pro-
bl8me de saturation fonci8re sera alors résolu car le 2lanteur de-
vra encore certainement distri1mer l.les i:,,=.Oys ;\ sa Ea:nille et aux
abougnons. L'exploitant envisaye de doubler ses surfaces de p+anta-
tion, ce qui senilile ambitieux en une seule année.

Le planteur 22 est également obligé de restructurer totalement


son exploitation autour de deux modifications importantes : la
mise en place de la plantation d'hévéas et la nouvelle palmeraie.
Pour cela, dès 82, il défriche sa réserve fonci~re de cacao pour
y planter du vivrier, la parcelle étant réservée à ses épouses
puisque lui même ne travaille C]ue les ~')lan·tations. La surface to-
tale de vivrier récolté, en tenant compte du demi fruit des abou-
gnons est de 2.6 HA.
En 83, il défriche les vieux cocotiers locaux au sud-ouest et
au nord de sa plantation pour les remplacer en partie par des hévéas,
la cocoteraie conservée est encadrée par la Sodepalm, les arbres
sélectionnés ont été plantés en 76. En 79, le CUP avait voulu agran-
dir sa plantation par l'est sur la parcelle qui apparait sur le
schéma en jachère mais les cocotiers ont été ravagés par les agoutis.
En 83, les surfaces vivrières sont en nette diminution ne totalisant
que 1.3 HA en tenant compte des abougnons. Cette année là, le plan-
teur avait prêté d'importantes surfaces à son frère, comme toute la
famille prend ses repas ensemble, on peut supposer que les récoltes
ont été partagées.
Ei1 84·, le CU? défr iche totalement sa réserve foncière, agran-
dit sa plantation d'hévéas et commence à mettre en place la jeune
il "~c..",p"'''''''''
palmeraie. Parallèlement,~la seule parcelle qu'il prêtait au sud-est
de son exploitation, il coupe les vieux manguiers qui la recouvraient
et prend un abougnon sur vivr ier. Ses locations de terres vierges di-
minuent au profit d'une double utilisation des jeunes plantations.
La surface totale de vivrier récoltée en 84 est de 2.6 HA, les prêts
à la famille ont nettement chuté. En 85, le CUP compte étendre ses
plantations et particulièrement planter des cocotiers, il coupera
alors la parcelle ravagée pour la louer. Si l'exploitant fait cul-
tiver du vivrier sur toute la surface libre au nord-ouest, il ob-
tiendra une récolte de 2.8 HA au maximum, avec les abougnons et

.. / ..
DYNAMIQUE D'UTILISATION DU SOL

Unité de Production 23

E:!J Cafë en production trSl Mariac moins de 12mois }if]" Arachide


[]!] Café cacao abandonné. • Manioc en récolte ~ Tomate
[:!l Palmier Ë=:=:=3 Igname· Manioc ~ Gingembre
[ill Bas fond • Patate· Manioc l!:!J Banane
D Terre non exploit" par le CtJPC!!] Maïs t·:-:·:-~ Jachêre
cul ture féminine abcugnon
sans aucune jachère, il attein<l [lonc lln seuil cr it ique qui ne peut
que s'accentuer avec l' aueJmentationdes surfaces· en plantation. On
peut même envisager une complète saturation foncière en 1990 épo-
que à laquelle le CUP aura mis en place ses 6 HA d'hévéas, aura
doublé sa palmeraie actuellement en production en vue du remplace-
ment soit 8.5 HA et possàdera 1.8 HA de cocotiers, ce qui·r8~)"('p.­

sente une surface totale de près de 16.5 HA. On sait que le CUP
loue 15.5 HA à la SODEFEL, il ne lui restera ùonc ~ue 3.5 HA culti-
vable pour le vivrier, les jachères, les aLougnons (etc) puisque
ses jeunes plantations, même si elles ne sont pas toutes exploita-
bles à cette époque, seront "he âl.lc.ou.p l:rop li e "eleppé.c.s pour permettre
une association de cultures vivrières. L'ancienne palmeraie a été
plantée en 68, Palmindustrie coupe les arbres entre 20 et 25 ans
soit entre 1988 et 1993, le CUP prend donc le risque de connaître
trois années difficiles o~ il ne disposera pas d~surfaces néces-
saires pour planter le vivrier suffisant à l'auto-consommation fa-
miliale. L'exploitant aurait pu éviter cette saturation en mettant
en place sa plantation d'hévéas plus tard, il est conscient du pro-
blème et nous dit qu'il le résoudra en résiliant son contrat de
location avec la Sadefel. Cela sera-t-il possible ?

Le CUP 23, sans réaliser des modifications aussi importantes


que les planteurs 21 et 22, intens if ie él]aleinent ses p~f.)(jjlr~t ions.

En 82, il possède une grande palmeraie de 7.4 HA et cultive 4.8 ha


de vivrier qui incluent de vastes parcelles d'igname~respectant

ainsi la tradition Baoulée. On rappelle que le Cup travaille en


général avec 2 manoeuvres permanents ce qui peut expliquer les im-
portantes surfaces vivrières.
En 83, le système connait peu d'évolution, les plantations ne
sont pas modifiées mais la caféière au nord-ouest du bas-fondcom-
mence à être défrichée pour faire place aux cultures vivrières en
nette aU':Jlnentation :. 7.5 HA. Le CUP n'emploie pas d' abougnon sur
vivrier et n'a pas embauché, à notre connaissance, une main d'oeuvre
extérieure plus nombreuse; par contre, deux femmes sont arrivées
sur la plantation en 82, créant ainsi une main d'oeuvre agricole
féminine plus importante. Bien que les femmes soient spécialisées
dans les cultures vivrières leur venue n'est pas la seule explica-
tion à cette brusque augmentation, le CUP a également pris à sa
charge d'importantes surfaces de manioc.
En 84, le planteur continue de défricher sa parcelle de vieux

.. / ..
café et la surface de vivrier est similaire à l'année précedente.
Le nouveau champ d'ignames se situe à quelques dizaines de mètres
de la cour et il est donc très facile pour les femmes de s'y rendre.
La parcelle sur laquelle a été planté du maIs en 84, a été labourée
mécaniquement en début d'année, le planteur désirait ainsi recons-
tituer la fertilité du sol de ce champ ayant reçu plusieurs cultures
consécutives de manioc sans jachère. La même année, l'exploitant
commence à planter des jeunes palmiers en vue du remplacement de
l'ancienne palmeraie datant de 1967. Il donne également à défricher
une parcelle~u nord de sa caféière en productio~à son abougnon.
Ces diverses décisions contribuent à la forte diminution des sur-
faces en jachère en 84. On note une petite parcelle de gimgembre
qui confirme l'ouverture des planteurs de Djimini-Koffikro aux in-
novations. La parcelle qui apparaît en 84 a été prêtée pour quel-
ques mois au CUP qui y a planté des arachides, ne ne connait pas
la raison exacte de ce prêt. En 85, le planteur cDntinuera dtéten-
dre sa jeune palmeraie, la surface de vivr ier diminue.ra Usèrement
puisque les femmes iront cultiver sur des terres de l'oncle ce qui
perme~ra& conserver une surface de jachère équivalente. Le CUP dé-
frichera également une partie de son bas-fond pour y faire une cul-
ture de tomates qui seront buttées. La plante, dont le cycle végé-
tatif est court) pourra se développer pendant la saison sèche; l'ex-
ploitant contourne de cette façon le problème dtexcès dthumidité
de la parcelle.

3.3 Les femmes de Djimini-Koffikro

Traditionnellement, la femme africaine participe aux travaux


agricoles. Elle a, en général, la responsabilité dtune petite par-
celle sur laquelle elle cultive les plantes destinées à Itauto-con-
sommation familiale. La femme Baoulée a coutume de travailler acti-
vement dans les champs mais plus particulièrement sur la parcelle
d'igname du mari. Lthomme fait les buttes et plante les semenceaux 1

la femme stoccupe du sarclage et plante aussi de petits légumes


entre les buttes. Souvent elle fait la récolte qui est vendue par
le mari, elle reçoit une partie des bénéfices ce qui lui permet de
participer au budget alimentaire de la famille et de subvenir à ses
petites dépenses personnelles.

../ ..
-Gï-

Le CUP 2I a une épouse d'ethnie Baoulée. Le CUP 22 a deux


épouses, une seule Hait: présente sur l'exploitation lor s de l'en-
quête, la deuxième femme du planteur était partie pour quelques
temps au Ghana, dans sa famille. Le CUP 23 a deux épouses dont une
fùt absente une grande partie de l'étude.
L'épouse du CUP 21 participe activement aux travaux agricoles
familiaux, elle aide son mari sur les champs de manioc qu'ils plan-
tent, désherbent et récoltent ensemble. Les jours de la récolte des
graines de palmier à huile, elle se rend sur la palmeraie, ramasse
les graines tombées à terre et empile les régimes sur le bord du
chemin. De plus, comme le veut la tradition, elle travaille sur la
parcelle d'ignames, elle sarcle et plante des petits légumes mais
elle aide simplement son mari qui effectue aussi ces travaux et elle
ne reçoit pas une part déterminée de gains. Tous les ans, elle cul-
tive seule une-petite parcelle que son époüx lui confie. En 84,
elle possède un champ de manioc de O.IS HA, elle a payé 4 000 F de
main d'oeuvre pour le faire défricher. Le CUP lui a donné les bou-
tures de manioc doux, seule variété cultivée au village, qu'elle
a plantées elle-même~ elle effectue également seule la récolte qui
est auto-consommée et qu'elle transforme en attiéké et placali ven-
dus au détail au village. Si la récolte est abondante, elle vendra
les tubercules en surplus à une femme d'Abidjan. L'épouse cultive
également 3 lopins de patates d'une surface totale de O.I HA. Elle
a payé 6 000 F de main d'oeuvre pour faire faire les buttes, la
récolte sera vendue.
L'épouse du CUP 22 aide aux travaux agricoles des plantations:
elle épend les engrais, participe à la récolte des palmiers et gar-
de les graines tombées à terre, désherbe les parcelles d'hévéas.
Elle s'occupe des parcelles de vivrier familial après que son mari
ait fait ou fait faire le défrichement et les buttes d'igname. Elle
fait l'entretien et plante tous les légumes, après trois mois, elle
plante le manioc. Une grande partie de la récolte est auto~consommée.:
Les surplus d'ignames sont vendus par le CUP, les surplus de lé-
gumes et de manioc sont vendus par l'épouse. Elle a également la
totale responsabilité d'une parcelle de O.IS HA et a payé 3 000 F
pour la faire défricher, puis elle y a planté du manioc. L'épouse
pourra conserver la totalité des gains de cette parcelle. Enfin la
femme de l'exploitant a défriché un petit carré pour y planter des

. .1. ·
PARCELLES CULTIVEES PAR LES EPOUSES

1984

200m
..

cultures féminines

E!J Café en production F--; MaOOc moins de 12 mols 111 Arachide


cm Ca" cacao âbandonM • Mari>c en nteolte ~ Tomate
[:!l Palmier ~==:;=j Igname· Manloè ~Glngembre
[![) Bas fond • Patate· Manioc I!:!J Banane
o Terre non exploit" par le alPr::!il Mais t·:-:q Jachère
-ôG-

arachides données par son mari, un petit champ de tomatesen culture


pure a été récolté. Pour ces deux lopins, le planteur nous a dit
que son épouse devrait lui donner une part des gains qui reste in-
définie. Il semble que la femme décide elle-même de la somme à re-
mettre à son mari.
L'épouse du CUP 23, d'ethnie Baoulée, participe aussi à la
récolte des graines de palmiers à huile et au chargement des régi-
mes, en contrepartie, son mari lui donne des régimes qu'elle trans-
forme en huile de palme. Lorsque le planteur cultivait des ananas,
elle participait à l'épendange des engrais. En 84, l'épouse est
responsable de Zlopins situés dans les parcelles 8 et 14 (voir sché-
ma). La parcelle 8 est cultivée par 5 femmes: les deux épouse~

les deux tantes et la cousine du CUP. L'exploitant a fait faire les


buttes, il a planté les semenceaux d'ignames et des bananiers-plan-
tains. Ce sont les femmes qui font l'entretien de la parcelle et
chacune a planté les légumes de son choix sur son lopin, elles gar-
deront leurs récoltes. Puis le manioc sera planté et la récolte
sera partagée avec le CUP. La parcelle 14 de manioc pur est culti-
vée par 4 femmes : les deux épouses et les deux tantes du CUP. Les
récoltes seront également partagées avec le planteur donc les femmes
travaillent comme abougnon. La parcelle 21 a été exploitée de la
même façon que la numéro 8. La parcelle 13 est cultivée par la soeur
du CUP, il s'agit d'un prêt: la jeune femme ne donnera à son frère
qu'une faible partie de la récolte en guise de cadeau de remercie-
ment, une partie de cette récolte est consommée en famille , puis-
que, de même que toutes les femmes cultivant des parcelles du plan-
teur, la soeur réside sur l'exploitation.

3.2.2 ~~_è~2~~~_~~~!~!~
Les épouses des CUP 22 et 23 étaient enceintes pendant l'en-
quête et ont eu leur bébé au mois d'octobre. Leur travail en a été
perturbé et l'étude de leur budget est peu révélatrice d'une moyenne
annuelle. On choisit donc de présenter le cas de l'épouse du CUP 2I .

. ./ ..
Tableau 20 Budget de l'épouse du CUP 21

CHARGES SOMME PRODUITS · SOMME


:-----------------------:-------:-----------------~._- -:---------:
Achats familiaux :3 l 4IO Report antérieur 3 800
- alimentaires 19 6IO Ventes SI 260
· - Non-alimen. II 800
Achats personnels 6 950 . -- oeufs
Tomates
200
500
Achats de matière Ière: 2 000 - Graines 12 IOO
Transfert 7 950 - Placali 18 200
· Prêt 6 000 - Attiéké 20 260
Salaire 200
·
~54 3IO
Bénéfice 950
:
:55 260
:
55 260
·
:-----------------------:-------:----------------------:---------:
L'enquête a été effectuée sur 12 semaines du 28.08 au 19. II.84.

Ce budget montre que la principale source de revenusde l'épouse


est constituée de ses propres ventes qui sont très diversifiées. On
distingue trois activités commerciales : la vente au détail de pro-
duits achetés en gros, la vente de produits agricoles non transfor-
més et les ventes de manioc transformé.
L'épouse achète parfois des oeufs en gros (30 pour 800 F) et
les revend au détail 50 F la pièce. Elle réalise ainsi un hénéfice
de 700 F. Parfois, mais cela ne s'est pas présenté lors ~e l'en-
quête, elle achète 20 litres de Koutoukou (alcool local) pour 8 000 E
et réalise un bénéfice de 4 000 F. Cette possibilité de vente au
détail nécessite un capital de départ assez important dans ce deu-
xième cas.
La femme du planteur a vendu ses surplus de tomates et des
graines de palmier à huile. parfois, son mari lui donne des régimes
qu'elle revend 500 F la pièce, elle ramasse aussi les graines tom-
bées pour les détailler. L'épouse espère faire une bonne récolte
de manioc qui lui permettrait de commercialiser ses tubercules en
surplus, les patates seront également vendues non transformées.
Avec sa soeur, elle préparait du placali (pâte de manioc) et
de l'attiéké qui étaient vendus au détail dans la rue, les gains
étaient partagés entre les deux femmes. Sa soeur venant de partir
pour la Sodepalm, l'épouse travaillera maintenant seule. Il faut
remarquer que l'épouse n'hésite pas à acheter du manioc si les ré-

.. / ..
-70-

coItes ne sont pas suffisantes afin de pouvoir continuer son com-


merce ; pendant l'enquête, 2 000 F de manioc ont été achetés en
dehors de l'exploitation.
La femme du planteur a reçu 200 F d'un voisin pour qui elle
avait effectué un petit travail agricole. On note qu'à l'inverse
des épouses de Débrimou, elle n'a pas reçu d'argent de sa famille
qui lui donne très irrégulièrement de petites sommes.

Les dépenses alimentaires ne représentent que 35 % des charges


totales, l'épous~ du CUP 21, en dépensant en moyenne l 600 F par se-
maine participe à 40 % du budget alimentaire familial mais elle
fait également d'autres achats pour la famille comme, par exemple,
des ustensils ménagers ou d~ savon, elle a aussi payé elle-même les
frais médicaux pour un de ses enfants. Les dépenses personnelles
représentent les achats d'habits, pag~e ou petits bijoux. La fem-
me du planteur désire s'acheter un pagne de 28 000 F, elle a déjà
versé 10 000 F au vendeur dont 3 000 F pendant l'enquête, elle
n'obtiendra le pagne que lorsqu'elle l'aura complètement payé.
Les transferts sont assez importants, l'épouse donne souvent
de l'argent aux membres de sa famille, particulièrement à sa soeur
cadette. Enfin la femme du planteur prête de l'argent à des per-
sonnes étrangères à la cellule familiale. Avant l'enquête, on lui
devait 15 000 F, ayant prêté pendant l'étude 6 000 F, ses crédits
s'élevaient donc à 21 000 F à 'mon départ. L'épouse éprouvant des
difficultés pour se faire rembourser, on peut se demander ce qui la
pousse à agir de la sorte. En 83, elle faisait partie d'une tontine
où elle épargnait 4 000 F par mois, elle se retira après 8 mois et
acheta, avec les 32 000 F,un pagne. Elle nous a expliqué être par-
tie du groupe pour pouvoir garder de l'argent chez elle. Cette
raison ne semble pas tout à fait exacte puisqu'elle continue à pla-
cer ses économies en dehors du foyer. La somme de 4 000 F versée
mensuellement pour la tontine était peut-être trop importante pour
l'épous~mais il apparait comme un besoin de constituer un capital
à l'extérieur de la cellule familiale où elle est trop tentée de le
dépenser et n'arrive pas à accumuler.

L'épouse du CUP 22 a eu pendant l'enquête un budget moins


important mais presque aussi diversifié que celui de l'épouse du
CUP 21. Sa grossesse l'a empêché de travailler normalement, parti-

.. / ..
culièrement les 3 semaines après l'accouchement où il est de tra-
dition de ne pas aller aux champs. Ses principales sources de re-
venus sont constituées par les bénéfices qu'elle réalise sur les
ventes de pain (qu'elle détaille apr2s l'avoir acheté en gros),
les ventes de ses surplus de légumes ou de manioc et)de placali
qu'elle fabrique elle même. En général, elle participe cl la récolte
de la palmeraie et commercialise les graines au détail. L'épouse
a reçu pendant l'enquête de l'argent de sa famille et d'amis à
l'occasion de la naissance de son fils, elle a également été rem-
boursée d'un prêt de 2 000 F.
Ses dépenses bien que peu importantes, sont restées variées i

les achats alimentaires ne représentent que 32 % de ses charges to-


tales. Pendant l'enquête, l'épouse n'a participé qu'à lO % du budget
alimentaire familial. Durant cette période le planteur a dépensé
3 500 F par semaine alors qu'aux mois de juillet et août, il ne
dépensait que l 500 F en moyenne, il semble alors logique de sup-
poser que la grossesse moins avancée de l'épouse lui permettait
de travailler normalement et de prendre en charge une part du bud-
get alimentaire plus importante. Les autres dépenses pendant l'étu-
de ont été faites pour des produits ménagers. L'épouse a également
acheté des sandales pour ses enfants, c'est le planteur (ancien
tailleur) qui habille la famille, il a aussi pris en charge les
frais de layette du bébé. Enfin l'épouse distribue tous les jours
un peu d'argent à ses enfants et a donné l 000 F à 'son mari sur ses
ventes de tomates s'élevant à 3 000 F.

La femme du planteur 23 qui a mis au monde une petite fille


pendant l'enquête, a eu un budget un peu diminué. Ses principales
sources de revenus sont la vente de produits agricoles bruts ou
transformés (huile de palme et attiéké). Ses économies au début
de l'enquête représentaient une somme importante (II 000 F) qu'elle
avait épargnée sur ses ventes d'huile. On remarque qù'elle ne fait
pas de commerce pur en détaillant des produits achetés en gros.
A l'occasion de la naissance, elle a également reçu de l'argent de
sa famille et de ses amis .
.Ses dépenses alimentaires représentent 50 % de son budget et
ne couvrent que 16 % des achats familiaux. De même que pour l'épou-
se du CUP 22, on suppose que cette faible participation n'est pas

..1 ..
-..,
-1'--

révélatrice d'une moyenne annuelle puisque le planteur a dépensé


pour l'alimentation des sommes plus élevées que les mois précé-
dents. La femme de l'exploitant a également eu des dépenses non
alimentaires, en particulier, elle a dû couvrir ses frais de trans-
port pour aller à la visite médicale de contrôle à l'hôpital
d'Adiaké (où les consultations sont gratuites). L'épouse donne tous
les jours un peu d'argent à sa fille et, malgré son budget réduit,
elle a pu s'acheter pour 3 200 F de pagne.

3.3.3. ~~~_9E~~e~~~~~~_~~~!~!~~
Les épouses des CUP 22 et 23 font partie d'Anoazé, l'asso-
ciation des femmes de Djimini-Koffikro. Ce groupe est composé de
30 femrnes qui travaillent ensemble le samedi. Elles font des tra-
~ux d'entretien dans les champs: si la femme du propriétaire fait
partie du groupe, le tarif est de 3 000 F, sinon de 7 000 F. Ces
femmes se cotisent en plus de 200 F par mois. Tout l'argent gagné
jusqu'à aujourd'hui a été placé à la banque de Bonoua, il n'y a
pas encore eu d'achat particulier. L'argent d'Anoazé peut être
prêté à des villageois connaissant des difficultés financières. Le
remboursement se fait avec ou sans intérêt suivant que l'on fasse
partie du groupe ou non.
Les épouses du CUP 22 et 23 n'ont plus travaillé ni cotisé pour
Anoazé en fin de grossesse, mais ne se sont pas retirées du groupe.

3.4 Du statut d'imrnigré à l'accès à la propriété

3.4.1. Histoire d'une vie

Le CUP 24 est malien et a 64 ans. En 1970, il quitte son pays


natal où il cultivait du coton que sa femme filait, elle faisait
aussi le beurre de Karité. Le couple s'installe à Agboville avec
ses trois jeunes enfants de 10, 3 et 2 ans. Le CUP travaille comme
abougnon sur café, sa"lfernme l'aide dans cette tâche. En 72, ils
ont un deuxième fils et partent en 74 pour Djimini-Koffikro où le
CUP reprend le même travail. Trois enfants naissent au village. En
84, la. famille n'est pas très étendue puisque le planteur vit avec
sa femrne et 5 de ses enfants, l'aînée s'étant mariée et un fils
de 12 ans étant inscrit à l'école coranique d'Adiaké où il est à
la charge d'un autre membre de sa famille. Il y a donc 5.2 unités

.. / ..
de consommation sur l'exploitation et quatre travailleurs poten-
tiels : le CUP, sa femme, leur fille de 17 ans et leur fils de 16
ans i les trois autres enfants sont trop jeunes pour participer
activement aux travaux agricoles, parmi eux, le fils de la ans va
à l'école coranique du village.
Comme beaucoup d'immigrés, le planteur économise pour envoyer
de l'argent à sa famille restée au Mali. Tous les ans, il envoie
30 000 F à son grand frère. L'épouse, avec ses gains, offre annuel-
lement à sa mère un ensemble boubou d'une valeur de 7 000 F envi-
ron. L'objectif du planteur est atteint en 84 lorsque, en achetant
pour la première fois des terres à Djimini-Koffikroi il accède à
la propriété. Maintenant, il désire augmenter ses surfaces cultivées
en mode de faire valoir direct et surtout de ne plus travailler
comme abougnon. Il doit donc continuer à épargner pour disposer
desfonds nécessaires à un éventuel achat ou à des locations de par-
celles. Ce sont les fils du planteur qui hériteront des terres en
propriété.
En arrivant à Djimini-Koffikro, le CUP ne disposait ni de
terre, ni de main d'oeuvre familiale importante ni de capital. Le
propriétaire de la parcelle de café sur laquelle il est abougnon
lui prête une terre ce qui lui permet de faire quelques cultures
vivrières et du manioc. Dès 74, l'épouse aide non seulement son ma-
ri mais elle cultive quelques arachides et des petits légumes. Ce
n'est qu'en 76 qu'elle plante du manioc. Le CUP prend des contrats
d'abougnon sur culture vivrière et sur ananas. Cela nécessite beau-
coup de travail mais est d'un bon rapport. La famille commence à
se faire connaître au village et on lui prête de la terre. On dis-
tingue les prêts de longue durée, par exemple, de la part du pro-
priétaire de la parcelle de café, ce qui permet au CUP de cultiver
une plante à cycle de 12 mois minimum : le manioc. Les prêts de
courte durée, de la part d'amis, sont mis en valeur avec des plantes
à cycle court de quelques mois tomates, patates, autres petits
légumes et arachides.
Le CUP fait des économies et commence à prendre des terres en
location où il cultive des ananas et du manioc. Il réussit à épar-
gner. En 84, le planteur achète 1.5 HA et devient ainsi propriétaire.
Cette terre a été payée 125 000 F soit 83 000 F par hectare. (On
rappelle que le dernier achat du CUP 23 s'est effectué en 76 à
56 000 F l'hectare/et que le CUP 2I)en 84) a acheté à Gagnoa à

..1. ·
SYSTEME DE PRODUCTION
Unité de Production 24

MODE DE· FAIRE VALOIR UTILISATION OU SOL

1984 1984

€1>
. ~ ~ t
~ ~
~lb G j.. .4fjj jJ

200m

o Terre en propriété III Manioc


~ Terre prise en location ~Ananas
~ Terre prëtée au cup ~:::~==I'gname
(__1 Le cup est Aboussan • Patate

" . . ,• •) Le cup est Abou~ • Arachide


. I~~~.l Champ de '"épouse ~Maïs
[]Lég ume
o Terre non exploitée par le cup
-74-

30 000 F l'ha). A cause d'une saturation foncière évidente, les


prix s'enflamment à Djimini-Koffikro où les terres en vente sont
très rares. Le CUP 24 a bénéficié d'une opportunité en acquérant
cette parcelle.

3.4.2. ~~_~~~~~~~_~~_EE2~~~~!2~
En 1984, la famille qispose de 5.3 ha à cultiver : I.S ha sont
donc en propriété: I.I ha sont pris en location: I.4 ha sont
prêtés au CUP qui en plus, est bougnon sur 0~7 ha et dont l'épouse
a pris un contrat d'aboussan sur 0.6 ha. Deux parcelles n'ont pas
été mesurées : la caféière sur laquelle le planteur a rompu .son
contrat après avoir accédé à la propriété et un lopin qui a été
prêté à la famille et qui est sous la responsabilité du fils du
CUP.
La main d'oeuvre familiale est peu nombreuse, le CUP commence
à être âgé, il travaille beaucoup mais se dit fatigué, il est aidé
de son épouse très active et de son fils âgé de 16 ans qui l'aide
quotidiennement. Les jeunes enfants et la jeune fille de 17 ans
n'aident pas régulièrement aux travaux agricoles. Le nombre des uni-
tés de travail humain agricole s'élève donc à 2 sur l'uP. La fa-
mille ne dispose pas d'une trésorerie très importante et surtout
essaye d'épargner le plus possible afin de pouvoir payer des loca-
tions, c'est pourquoi elle n'emploie pas de main d'oeuvre extérieure
sauf lorsque cela est indispensable. : travaux urgents (planting
des rejets d'ananas) ou fatiguants (butta~e).

La parcelle ach8b~(-' en juillet a corrunencé à être exploitée


dès le mois d'août. Le CUP d8sire y cultiver des ananas, il doit
pour cela se procurer les rejets nécessaires ; en décembre, il
n'avait pu en planter que 0.5 ha. Le reste de la parcelle était
encore nu exepté 0.25 ha de patates qui ont été remplacées pa~ des
arachides. L'exploitant, après sa récolte d'anana~désire planter
des palmiers à huile sur ses terres, ceux-ci r:>rocl1rent des gains ..
mensuels fi..."<:es et ne nécessitent pas un travail tr'3s important.
I,e planteur prépare donc ses vieux jours.
Deux parcelles louées étaient travaillées par le CUP en 84.
La première de 0.4 ha avait été louée en 83 pour une somme de
12 500 F, le planteur y cultivant des ananas occupera donc la terre
pendant I8 Mois. Cela représente un loyer de 20 800 F par an et par
-75-

hectare, tarif moyen à Djimini-Koffikro. La deuxième parcelle, de


0.7 HA, a été louée début 84 pour 30000 F pour un an. Le CUP s'est
rendu compte que la surface était inférieure à un hectare et a
contesté le loyer. Il a été décidé avec le propriétaire qu'il gar-
derait la terre deux années consécutives, ce qui représente main-
tenant un loyer de 21 000 F/ha/an. L'exploitant y a planté du manioc
et y a associé du mars. Ces associations sont très souvent pratiquée
par des l~migrésr cela leur permet d'obtenir une double récolte,
de plus, le mars est une plante que les Dioulas affectionnent par-
ticulièrement puisqu'elle permet de préparer le tô, plat de leur
pays.
Trois parcelles sont prêtées au CUP en 84 dont deux, d'une
surface totale de 0.9 ha, appartiennent au propriétaire de la par-
celle de café sur laquelle le planteur était abougnon. Le CUP a
rompu ce contrat après avoir accédé à la propriété, en milieu d'an-
née. Le propriétaire lui permet donc de cultiver les terres jus-
qu'à la récolte mais ne renouvellera pas le prêt. L'exploitant
avait planté en début d'année du manioc associé à du mars; son
épouse, responsable de la deuxième parcelle, y a fait des cultures
plus diversifiées : sur une partie du champ, elle a planté du ma-
nioc, sur l'autre du mars, puis des arachides, enfin des patates
en juillet. La troisième parcelle de 0.5 ha qui a été prêtée au
coupl~ appartient au cousin du CUP 23. Des liens d'amitié unissent

les femmes des deux familles. Sur cette jeune palmeraie, il est im-
possible de cultiver du manioc, plante qui connait un développement
important. Le CUP 24 cultive des ignames et son épouse a planté
divers légumes: tomates, aubergines, piments ••• Une petite par-
ce~le prêtée au fils du planteur n'a pas été mesurée, il y cultive

des patates sous de jeunes palmiers.


Le CUP est abougnon sur une parcelle de 0.7 ha de vivrier. En
janvier 83, il Y a planté des ignames puis du maïs, le manioc n'a
été planté qu'en septembre, à la récolte des ignames. Le CUP qui
ne veut plus reprendre de contrat d'abougnon, désirerait louer
cette parcelle en 85.
Enfin, l'épouse du planteur a pris une parcelle de 0.6 ha sur
laquelle elle travaille comme aboussan. Elle nous a expliqué qu'elle
garderait les 2/3 de la récolte et n'en remettrait qu'I/3 au pro-
priétaire alors que, généralement, c'est le métayer qui ne garde
qu'un tiers de la récolte. L'épouse a peut-être eu un important

..1..
-76-

travail de nettoyage à accomplir, ou la culture pratiquée étant


celle des patates, il est peut-être habituel de laisser la majeure
partie de la récolte à l'aboussan qui a du fournir un pénible tra-
vail de buttage. Les frais de main d'oeuvre, pour faire faire les
buttes, ont été partagés entre le CUP et son épouse. Après la ré-
colte des patates, la femme fera sur cette même parcelle une cul-
ture de manioc, elle a accepté un contrat d'abougnon.

Comme on l'a vu, l'épouse a un rôle agricole très important


puisqu'elle cultive seule 25 % des surfaces familiales, prend en
charge une par~ie des frais des manoeuvres qu'elle utilise et aide
son mari.
Pendant l'enquête réalisée sur II semaines d~ 04.09 au 19.II.8~
son budget fut le suivant :

·· ·· SOMME ·
· ·· SOMME ·
·
· CHARGES PRODUITS
:------------------------:-------:-----------------------:-------: ·
·:-Achats familiaux
16 500 ·
: 24 600: Economies · 41
IO 000:
alimentaires
a IOO ·
: Ventes
- légumes · 600:
23 000:· - tomates
:- Non aliment. 2 900 ·
: Achats personnels
· 7 700
.. ·
·
· · - · ·
·· 50 700~ -- huile
Frais d'exploitation 3 IOO: patates 21 500
· a 400 ·
: Bénéfice 900:
tô de mais l IOO
· ··
·· ·
· · SI 600: · SI 600:
:------------------------:-------:~------------------- ---:-------:

L'épouse avait un fort capital de départ qu'elle avait écono-


misé en prévision de la Tabaski •. Les ventes de produits agricoles
non transformés sont très importantes particulièrement les patates
et les tomates qui ont été récoltées sur des parcelles prêtées.
Avec le maIs récolté par son mari, l'épouse prépare du tô qu'elle
vend au détail au village. Sa fille aînée l'aide à piler. Enfin elle
a vendu une quantité d'huile de palme assez importante qu'elle a
fabriquée avec des graines qui lui ont été données par ses amis.
Les charges sont également importantes et variées 1 l'épouse
a dépensé l 500 F par semaine pour l'alimentation ce qui repré-
sente 31 % du budget familial. Cette participation peut ne pas sem-
bler exceptionnelle et est même inférieure à celle des autres fem-
mes étudiées, cela s'explique par les importantes dépenses effec-

..1. ·
-77-

tuées par le planteur pour la tabaski. Les achats de viande, pois-


son, sucre et autres denrées ont gonflé le budget alimentaire mas-
culin pendant l'enquête entrainant une sousestimation de la parti-
cipation féminine. Les dépenses non alimentaires englobent les
frais médicaux et les ustensils ménagers. L'épouse a acheté pour
23 000 F de pagne à l'occasion de la fête. Les 3 IOO F de frais
d'exploitation ont été donnés aux manoeuvres pour faire les buttes
du champ de patates.

L'épouse fait partie d'un groupe de femmes Dioulas qui vend


ses services pour nettoyer des parcelles, comme Anoazé. Les béné-
fices sont économisés et, peu avant la fête, une des participante
va acheter le même pagne pour tout le groupe, en gros, à Abidjan.
L'épouse fait également partie d'une tontine de femmes Dioulas où
elle épargne 2 000 F par mois. En fait, cette tontine ne fonctionne
que de janvier à juin car les femmes ne peuvent économiser de telles
sommes tout en préparant la tabaski. Elles préfèrent donc garder
leur argent chez elles, et sont même parfois obligées d'emprunter.
L'épouse du CUP 24 a emprunté et remboursé pendant l'enquête I 400 F

3.5. Conclusion sur Diimini-Koffikrq


3.S.I. ~~~!~~~_s~~e~~~~!~~_e~~~_!2ê1
~ Les facteurs de production
Tableau 21 : Comparaison des ratios

· · UC :: UTHFA: UTHFA/UC ·: UTHFT/UC : SURFACE: SAU :.UTHFA UC/ : MOEF


·:-------:----:-----:---------:---------:-------:----:-------;------:----
· : : :/ha SAU:ha SAU:
:CUP 21 · 9.9: 2.9 0.3 · 0.21
0.36 26 :9.45: 0.31 I ·· 0
:CUP 22 : 14. 4: 2 o. 14 : : 34.5 :IO.9: o. 18 I.3 : I
:CUP 23 : 15. 8: 4.2 0.27 0.42 33.8 : IS. 9: 0.26 I · 2
:CUP 24 · 5.2: 2 5.3 . 5.3: 0.38
· · .
. .
0.38
..
0.46
.
_____________ e _____ - _________ • _________ -
.. .
I
.
0
____________________ - ______ • ____

Pour l'explication des sigles, se reporter en annexe.

~espotentiels de production des quatFe exploitations sont rela-


tivement variés. Exepté sur l'unité de production 24, les familles
sont nombreuses, les CUP aident leurs frères ne pouvant subvenir
à leurs propres besoins. Les planteurs sont encore jeunes et pra-
tiquement tous les enfants résident encore sur l'exploitation, ils

.. / ..
ne sont pas tous scolarisés ; les femmes participent activement
aux travaux agricoles, elles ont, en particulier, la responsabilité
des cultures vivrières. Avec une moyenne de quatre unités de con-
sommation pour un seul travailleur agricole, la par·t des actifs
est plus importante qu'à Débrimou.
Les surfaces des quatre plant~~~~~ ~ltérogènes, le CUP 21
n'est propriétaire que de 17.2 ha, mais il gère les terres de sa
tante. Le CUP 22 a hérité d'une vaste exploitation, le CUP 23 a
acheté 50 % de ses terres et doit encore hériter d'un vieil oncle.
Seul le CUP 24, immigré, n'est propriétaire que d'une très petite
surface, mais l'achat de ses I.S ha est l'aboutissement des efforts
d'une vie. Les quatres planteurs eniliauchent de la main d'oeuvre
extérieure temporaire ou permanente. Les CUP 2I, 22, 23 embauchent
des métayers (abougnons) mais le CUP 21 travaille également comme
abougnon chez sa tante puisqu'il doit lui remettre la moitié de la
récolte d'ananas.

~ Les structures de production


L'analyse synchronique des unités de production par rapport
à la surface agricole utilisée fait apparaître des différences qui
laissent supposer des variations de mode de faire valoir et de mo-
de d'utilisation du sol.

La SAU du CUP 21 représente 36 % de ses surfaces. Les terres


en location en 84 ont été distribuées afin, nous a-t-il expliqué,
de les faire défricher sans débourser d'argent. On se souviènt que
le planteur a des problèmes de trésorerie, il est endetté. Il est
le seul, parmi les grands propriétaires à ne pas avoir embauché de
manoeuvre permanent mais il emploie des teluporaires. Il prête
d'importantes surfaces aux membres de sa famille.
En 84, il continue d'étendre sa jeune palmeraie en vue du rem-
placement de l'ancienne et prend en location I.S ha pour faire des
cultures vivrières, il peut ainsi se garder une parcelle de jachère.
Les cultures d'ananas sont en augmentation, cela lui rapportera
rapidement des gains importants.
L'épouse participe activement aux travaux agricoles et au
budget familial. Elle a dépensé l 650 F par semaine pour l'alimen-
tation, son mari a dépensé pour la même période 2 530 F par semaine
soit I31 000 F par an. Les gains de sa palmeraie couvrent large-

.. 1..
gement cette somme.

En 84, la SAU du CUP 22 représente 3I % de ses terres, il met


en location plus de 50 % de ses surfaces. Le planteur travaille
toujours avec un ou deux manoeuvres permanents, pendant l'enquête,
il n'en avait embauché qu'un, le nombre d'unité de travail humain
agricole par hectare de Surface Agricole utilisée est alors de
0.27. On remarque que le rapport d'unité de consommation par hec-
tare de SAU est le plus élevé pour l'exploitant 22 ; il faut mo-
duler ce chiffre qui ne prend pas en compte les surfaces cultivées
par les abougnons. On se souvient que le planteur ne travaille pra-
tiquement que sur les cultures arborées, les femmes et les abou-
gnons sont responsables des cultures vivrières. Les récoltes des
métayers (dont les surplus sont vendus) sont consommées par la fa-
mille. Si l'on tenait compte du demi fruit des abougnons, le nom-
bre de personnes nourries par un hectare récolté diminuerait.
Cette remarque est valable pour les trois grands planteurs étudiés.
L'exploitant continue d'agrandir ses plantations, ces par-
,elles sont généralement doublement utilisées puisque des abougnons
y font du vivrier ou elles sont mises en location. Parallèlement,
le CUP défriche complètement sa réserve foncière et récupère une
parcelle qu'il prêtait. On note, qu'en 84, il ne prête pas de terre
exepté à son fràre.
L'épous~dont la fin de la grossesse a modifié son rythme de

travail et sa participation au budget familia~n'a pris part qu'à


ro % des dépenses alimentaires. rI est difficile d'estimer avec
quelque précision quel est le budget alimentaire moyen annuel du
CUP auquel les deux épouses doivent généralement participer plus
activement. Outre ses revenus agricoles, l'exploitant travaille
aussi chez d'autres planteurs, pendant l'enquête, il a accepté de
nettoyer une palmeraie. Ce contrat a nécessité 4 ,jours de travail
du CUP et ro jours de la part du manoeuvre permanent. Le planteur
a été payé 20 000 F.

En 84, la SAU du CUP 23 représente 47 % de ses terres, il met


en location 22 % de ses surfaces. Le planteur travaille avec deux
manoeuvres permanents à qui il prête de petites parcelles. Le nom-
bre d'unité de travail humain agricole par hectare de SAU s'élève
alors à 0.39. C'est le taux le plus important. Cela peut s'expli-
quer par le mode d'utilisation du sol choisi par le planteur.
Il ne possède qu'une palmeraie de 7.4 ha en exploitation et

..1 ..
-80-

cultive 7.4 ha de vivrier. La palmeraie nécessite une main d'oeuvre


permanente importante puisque la récolte est effectuée tous les
15 jours, le vivrier nécessite une main d'oeuvre saisonnière nom-
breuse puisqu'il faut défricher la parcelle et surtout faire les
buttes pour les ignames. La réalisation des buttes revêt une im-
portance toute particulière chez le planteur Baoulé qui, tous les
ans, met en place un grand champ d'iynames.
L'entretien des parcelles vivrières est réalisé en partie par
les femmes qui participent activement aux travaux agricoles, elles
sont responsables de 4 ha de vivrier. De même, que pour l'exploi-
tation 22, la faible participation de l'épouse au budget familial
alimentaire (16 %) ne reflète qu'un aspect conjoncturel. La gros-
sesse de la première épouse et l'absence de la deuxième épouse ne
permettent pas d'avoir une idée précise du budget alimentaire an-
nuel du planteur.

En 84, le CUP 24 cultive les 5.3 ha dont il est responsable.


Les terres dont il est propriétaire sont donc exploitées en mode
de faire valoir direct et il n'y a pas de jach~re au sens propre
du terme car les surfaces non encore cultivées au moment de l'en-
quête devaient être rapidement plantées. Les autres parcelles sur
lesquelles· le planteur travaille comme abougnon ou comme ~ocataire
sont exploitées avec des plantes à cycle long : ananas ou manioc
rarement en culture pure. Des plantes à cycle court sont cultivées
sur les parcelles prêtées qui sont généralement de jeunes planta-
tions. L'accès à la propriété a poussé le CUP à abandonner son con-
trat d'abougnon. sur café.
L'épouse, en 84, a accepté des contrats de métayer. Elle est
responsable de 1.3 ha ce qui représente 25 % des surfaces totales.
Elle participe activement au budget familial alimentaire qui a été
surestimé pendant l'enquête de part les dépenses inhérentes à la
Tabaski. Il est ùonc difficile d'estimer exactement le budget ali-
mentaire moyen annuel du planteur.

~ Fonctionnement de l'unité de production


L'accès à la terre à Djimini-Koffikro est assez diversifié.
Les planteurs sont devenus propriétaires en héritant ou en achetant.
Le village connait une forte saturation foncière qui a entrainé
une forte hausse des prix à l'hectare. Les terres peuvent être cul-
tivées en mode de faire valoir indirect par le biais des loca-
,./~ 1" .

.-<."'- : .....

. .1..
nT
-U.1,-

tions, des prêts et des divers contrats de métayer.


Les familles étudiées, exeptée la 24, sont nombreuses, jeunes
et dynamiques, l'épouse participe aux travaux agricoles, néanmoins,
la main d'oeuvre familiale est insuffisante. Pour combler cette
carence, le propriétaire embauche des manoeuvres permanents ou tem-
poraires. Il emploie également des métayers : abougnon sur caféière
dont l'exploitation a la réputation d'être pénible, abougnon sur
ananas qui nécessite un travail important mais est d'un bon rapport
abougnon sur vivrier dont la récolte peut être consœnmée ou vendue.
Le CUP 21 a invoqué un manque de main d'oeuvre pour expliquer la
mise en location ou le prêt de certaines parcelles qui sont ainsi
défrichées à moindre frais. En général, les locations sont plutôt
pratiquées dans le but d'augmenter la trésorerie. Les prêts s'ef-
fectuent principalement au sein d'une même famille, ils peuvent
ainsi inciter les manoeuvres à ne pas quitter l'exploitation ou en-
tretenir des relations amicales.

Le mode d'utilisation du sol à Djimini-Koffikro est basé sur


un système mixte plantation-vivrier. Les plantations sont plutôt
anciennes: le café-cacao n'est pratiquement plus exploité, il n'est
pas régénéré, les plus anciennes caféières ont progressivement été
abandonnées et se sont transformées en réserves foncières, les
palmeraies ont été mises en place autour de 1968, les tr'Qis grands
planteurs veulent les remplacer , pour cela ils plantent de nou-
velles parcelles de palmiers à huile et défrichent parallèlement
leur réserve foncière. Il semble que le CUP 21 ait un problème de
saturation foncière et qu'il ait été obligé de prendre des parcelles
en location afin de pouvoir conserver une jachère.
Les cultures vivrières sont très variées et bien que les cul-
tures de manioc, ignames, mais et légumes soient globalement pra-
tiquées par tous, on observe une spécialisation par groupe ethnique.
Les peuples du sud cultivent principalement le manioc, les Baoulés
l'igname, les Dioulas le mais, l'arachide et les plantes à cycle
court.
Les Dioulas n'étant généralement pas propriétaires, ils ne
peuvent pas exploiter les cultures arborées, ils se sont spéciali-
sés dans la culture des ananas qui leur procure une rente. A l'in-
verse, les grands planteurs ne cultivent pas ou très peu les ananas
qui ne semblent donc pas être considérés comme une plante "noble"

.. / ..
-02-

à l'image des cultures arborées. Les Dioulas se sont pratiquement


octroy~le monopole de l'ananas qui rapporte des bénéfices impor-

tants mais qui nécessite un travail assez fastidieux. On remarque


que les plantations d'ananas sont pratiquement toujours exploitées
par des abougnons sur les grandes exploitations, de même que les
caféières dont le travail est pénible.

L'épouse participe activement aux travaux agricoles sur l'ex-


ploitation et elle est responsable d'au moins une parcelle de vi-
vrier. Ses revenus sont diversifiés, elle vend ses récoltes brutes
ou transformées, elle fait parfois du petit commerce. Ses dépenses
ne se limitent pas à acheter des denrées alimentaires, elle achète
aussi des produits ménagers, paye complètement ou en partie les ma-
noeuvres qui ont travaillé pour elle, réussit à épargner ce qui lui
permet de faire des dépenses personnelles. Elle fait également
souvent partie d'un groupe de femmes qui travaillent ou épargnent
ensemble.
Exepté le planteur 22, qui vend ses services en effectuant des
travaux agricoles, on ne nous a signalé aucun revenu outre les
bénéfices agricoles et les loyers reçus pour les locations de terre,
Le CUP 21 a également mis une case en location. Les seuls revenus
de la palmeraie couvrent largement les dépenses alimentaires. Le
bilan aunnuel d'exploitation devrait être positif.

3.5.2~Y2!~~!~~~S!!_Q~!~~~_~!_f~2~~S~!2~
Pour le CUP 2I, l'analyse diachronique des dix dernières années
montre une croissante évolution des factèurs de production. L'ar-
rivée de l'épouse sur l'exploitation en 78 entraine un élargissement
de la cellule familiale, elle donne naissance à, trois enfants. Un
des frères de planteur se marie. Les unités de consommation aug-
mentent, parallèlement les UTH ont suivi la même évolution jusqu'en
83 date à laquelle les frères du CUP travaillent de plus en plus
leurs parcelles personnelles. Donc, dans les années à venir, si
les frères ne quittent pas l'exploitation, l'écart entre les per-
sonnes consommant, et les travailleurs ne fera que s'accentuer.
L'embauche d'un permanent deviendra une nécessité en attendant que
le neveu du CUP, héritier de la plantation, puisse travailler à
plein temps et efficacement : il a actuellement 9 ans. Les surfaces
en propriété ou sous la responsabilité du CUP augmentent en 75
~ 1: '.~. _,. _'-~ .. ~

~ .. / ..
-83-

(terres de la tante) puis en 84 (achat à Gagnoa). En 84, le plan-


teur donne l ha à un cousin.
En 83, pour la première fois, l'exploitant met des terres en
location, cela lui procure une entrée d'argent pour payer ses det-
tes, cela lui permet de faire défricher sa réserve foncière qui re-
cevra des cultures vivrières alors que les parcelles anciennement
destinées à cet effet se transforment en jeune palmeraie. En 84,
pour la premi~re fois, il prend des terres en location, peut-être
pour pouvoir garder une jachère. La même année, on observe une
importante surface travaillée par des abougnons sur ananas, le CUP
cherche à renflouer sa trésorerie. Dans un avenir proche, les terres
de la tante seront recouvertes d'une plantation d'hévéas, il serait
intéressant de savoir quels ser nt les bénéfices réservés au CUP
qui ne fera que surveiller l'exploitation.

L'évolution de la famille du planteur 22 ne révèle pas une


croissance très marquée. L'arrivée des deux épouses en 80 et 81
ainsi que la naissance des enfants sont compensées par le départ
des neveux ou des cousins du CUP. Les épouses entrainent une aug-_
mentation des UTH, le planteur emploie un ou deux permanents. Un
des fils,âgé de 14 ans, actuellement encore à l'école, travaillera
certainement bientôt à plein temps sur l'exploitation. Le patri-
moine foncier n'a pas évolué ces diX dernières années.
En 76, alors qu'il dispose encore d'une réserve. foncière, le
CUP loue pour 20 ans 15 ha à la Sodefel. La même année ; il plante
des cocotiers sélectionnés, en 79,il désire agrandir cette planta-
tion mais les arbres seront ravagés par les agoutis. En 82, l'ex-
ploitant commence à d~fricher sa reserve foncière, i l plante des
. hévéas pour son fils en 83. En 84, la réserve foncière est complè-
tement défrichée, le CUP plante de jeunes palmiers à huile en vue
de remplacement de l'ancienne palmeràie .et agrandit la plantation
d'hévéas. En 85, il compte mettre en place une nouvelle plantation
de cocotiers, étendre sa jeune palmeraie et la plantation d'hévéas.
On assiste à une saturation foncière qui se débloquera lorsque les
vieux palmiers seront abattus car il est peu probable que, comme le
croit le propriétaire, la Sodefel accepte de rompre le contrat de
location.

Ces dix dernières années, on assiste sur l'UP 23 à une nette


.\

. .1..
augmentation de la cellule familiale dCe à l'arrivée de femmes et
ù'enfants. Les UTH suivent la même évolution bien que cela soit
moins sensible car les enfants ne participent pas aux travaux agri-
coles. Le fils' du planteur n'a que ro ans et bien qu'il ne soit
pas scolarisé, il ne travaille pas à plein temps sur l'exploita-
tion.Le CUP emploie deux manoeuvres permanents. Le patrimoine fon-
cier a augmenté en 72 et 76, années où le CUP a acheté des terres,
en 84 il donne 2.5 ha à un cousin qui travaille avec lui.
Le mode d'utilisation du sol ne subit pas de modification
profonde ces dernières années. La SAU augmente ce qui semble logi-
que puisque cette évolution suit celle du nombre de consommateurs
et de travailleurs familiaux. L'exploitant a axé ses productions
sur un système mixte plantation-vivrier. Les cultures vivrières
et particulièrement l'igname ont un rôle très important, les femmes
en ont la responsabilité pour plus de 50 % des surfaces. En 83,
le CUP qui est le seul à posséder une caféi~re encore en produc-
tion, commence à défricher sa réserve foncière et met en place une
parcelle de jeunes palmiers en 84 pour remplacer l'ancienne pal-
meraie.

Le CUP 24 est arrivé à Djimini-Koffikro il y a IO ans, la fa-


mille s'est étendue mais l'alnéfa quitté l'exploitation familiale
et un des fils est scolarisé en dehors du village. Globalement,
les UTH familiaux ont augmenté, un des fils travaille maintenant
à plein temps sur l'UP, il semble prendre la succession du plan-
teur vieillissant.
Le CUP, initialement abougnon, réussit à économiser pour
prendre des locations. Sur ces parcelles, il cultive des ananas,
ses bénéfices lui permettent d'épargner et en 84, il achète I.S ha.
Maintenant propriétaire, le planteur espère ne plus avoir à accep-
ter de contrat d'abougnon. Il désire effectuer sur ses terres une
récolte d'ananas puis planter des palmiers à huile qui lui rappor-
teront des gains mensuels. On peut supposer que le CUP traversera
une période critique de deux ou trois ans lorsque ~es palmiers
seront encore improductifs mais trop développés pour permettre une
association avec des cultures vivrières. Il faut donc que le plan-
teur continue à épargner pour pouvoir prendre en charge les frais
de location auxquels il devra faire face dans un avenir proche •

. .1 ..
cette trajectoire d'évoluti0n permet de dégager trois grands ty-
pes d'Unité de Production. On distingue les exploitations où do-
minent les plantations villageoises encac1rées. I.e CUP 22 fait par-
tie de cette catégorie i depuis 76, il ne cesse d'agrandir ses
plantations arborées, il exploite des palmiers, des cocotiers et
des hévéas. Le CUP 2I, à un moindre degré fait également partie de
cette catégorie car ses principaux revenus proviennent de sa pal-
meraie, il exploite également des ananas. Il surveillera les hévéas
chez sa tante.
Le CUP 23 se situe dans la catégorie des exploitations à do-"
minante de cultures vivrières. IL cultive plus de 7 HA de vivrier
dont la large place réservée à.l'igname nous rappelle son a~­
2artenance 1 l'ethnie Baoulée. Le vivrier implique une main d'oeu-
vre importante dont la femme fait pleinement partie.
Le CUP 24 a travaillé IO ans pour passer du statut d'immigré
à celui de petit propriétaire. IL fait partie du groupe social
généralement employé comme manoeuvre et qui réussit à épargner
grâce à la culture des ananas.

3.5.3 ~!!~!!
Djimini-Koffikro ne semble pas être un village riche lorsqu'on
le traverse. Les cases sont généralement construites par des procé-
dés traditionnels. Le village doit subir des travaux d'urbanisation
des rues vont être tracées. Les trois grands planteurs ont fait
construire une nouvelle case pendant l'enquête, mais il semble que
seule la case originelle du CUP 21 doive être "démolie. Le village
ne dispose ni de l'electricité ni d'une pompe à eau gratuite. La
population est hétérogène et récemment installée, les autochtones
sont minoritaires, les fêtes traditionnelles sont rares et ne
donnent pas lieu à des démonstrations de richesse.
Sous une apparence modeste, les planteurs "semblent pourtant
connaître une richesse discrète. Leurs revenus sont diversifiés et
relativement importants. Leur bilan annuel devrait être positif.
On remarque que tous les planteurs étudiés ont obtenus des revenus
suffisants pour leur permettre d'épargner. Les CUP 2I, 23 et 24 ont
acheté des terres, le CUP 22 se fait construire une nouvelle case
et envisageait l'achat d'un groupe électrogène. Les planteurs uti-
lisent des méthodes agricoles relativement modernes, ils font tous
emploi d'engrais chimiques au moins sur les cultures arborées et

. .1..
les parcelles d'ananas. Les CUP 2I et 22 ont fait faire pour la
Ière fois en 84, un labour mécanique sur leurs terres. Les cultures
sont variées tant pour les plantations encadrées que pour le vi-
vrier. Certains innovent comme le CUP 23 qui cultive du gingembre.
On note donc une certaine ouverture d'esprit dans ce village.
L'épouse paraît être assez assez autonome. Elle est respon-
sable de ses propres parcelles. Elle participe au budget alimen-
taire et fait ùivers achats pour la famille. De plus, elle réussit
à épargner ce qui lui permet de s'acheter du pagne ou de subvenir
à ses petites dépenses personnelles. Souvent, elle fait partie
d'un groupe de femmes.
-,
.- 1- r

CONCLUS ION (;BNERA LE

Comparaison des deux villages

L'étude des deux villages nous a mis en présence d'un 6ven-


tail cte situations socio-économiques extrêmes qui contraste avec
l'homogénéité du milieu biophysique et de l'environnement écono-
mique.
Débrimou, village autochtone, capitale des Adioukrou, est
régit par '.ln système gérontocratique 3ecenb,,~ par le resfee~ des tra-
(li.tions. Entre un ;:)ël.ssé r~vo~ '1 '1'1.5. ~_S:'L!: a ~')er!Uis de fonder leT!:'-
f<};:-time ~·t ,ln avenir au..'\{ mains des 'Jénérations montantes armées
d'un niveau scolaire élevé, les Adioukrou semblent aujourd'hui
avoir acquis une mentalité économique de subsistance qui s'a2pa-
rente ;\ une agr icul tllreancestrale de cueillette, de "butinage des
champs", selon l'expression (le :-<oU<;,ie.t" :i.8. A l'inverse, Dj imini-'::~0ffi­
kro est nn village récent otl cohabitent des allogènes tournés vers
l'avenir et qui se sont établis l~ dans le but de créer leur for-
tune.

Les systèmes de production sont fondamentalement différents.


Les facteurs de production à Débrimou se caractérisent par des ex-
ploitations relativement homogèes d'une surface d'une dizaine d'hec-
tares et une force de travail familial agricole faible (0.15 UTHFA/
HA de SAU) compensée par une main d'oeuvre extérieure tem~oraire
qllogène. Djimini-KoffiJcro est composé d'exploitations ùe surfaces
très hétérogènes : les.f~milles , jeunes, fournissent une force de
travail conséquente (0.28 UTHFA/HA DE SAU) à laquelle s'ajoute une
main d'oeuvre extérieure allogème permanente ou temporaire.
Les structures de production ~ Débrimou sont homog~nes et
marquées par la pt"édominance du mode de faire valoir direct dûe au
concept traditionnel de propriété collective des terres et égale-
ment dûe au mode d'utilisation du sol, basé sur la monoculture du
manioc l'ÜS en place après 3 ans cle j aC}1:~re. Au contraire, les struc-
tures de production ri. Dj imini-Koffii:ro sont d'une diversité ex·tr~­
me. Modes de faire valoir directset indirects se mêlent, différents
systèmes de culture s'imbriquent les uns aux~autres. Cultures ar-
borées, cultnres vivrières et petites cultures de rente forment un
système agraire villa0eois.

.-. / ..
Les revenus dEs ?lanteurs de Debrimou paraissent faibles et
insuffisants \ couvrir les frais Ill:' l' f-'x;.-)loi-cat ion et mê'rt8 uni-
que;.nent les :CJ_-a LS aliNntaires çpi suni.: i::t'è~::, é:Le\,(~s. (I. 300 .F ~:)a-:.­
selTIp.ine r]·t ~)êl.J:~ 'lnii:'3 ,~(:~ C:'Y'lSCn'ilatio,l) .Les frais alimentaires sont
1)eaucou.:? 1110ins impo:ctani:s il Dj Ï!nini-1Zo:ZfF.ro (500 F pa.t' selllaine
et par unité de conso~nation), ceci s'explique par les productions
agricoles très diversifiées qui permettent pratiquement aux plan-
teurs de vivre en autharcie. Ces dépenses sont lar'jeinent couvertes
par les seuls revenus de la palmeraie. Les autres gains permettent
tle prendre en charge les divers f:r:êl.is inh!~rents à l'exploitation"

- Comparaison du rôle des femmes

rJes EeJ:ul\es tles Clf-)UX villages on-t un rôle très différent.


L'épouse de De1)rirnou ne ~)c;.!:.. tici~)e ~)as au,~ travaux a'J.!::'icoles J

sa sE'ule activité est la transformation du manioc en attiéké


qu'elle vend à des co~erçants le détaillant à Abidjan. Avec ses
bénéf ices, la. 1:'8;:1)':1e r.tevrai t llourr ir lct fa:mille et acheter sa ma-
tière premi;:;ce lorsque le luanioc \lient .illlanquer sur la plantation
du mari. En fait, ses ventes sont faibles et malgré l'apport de ca-
pitaux extérieurs, ses gains totaQX ne couvrent pas 50 % des dé-
penses alimentaires sur l'exploitation.
Les fCill.meS de J)j imini-Koffikro i)articipent dans les mêmes pro-
portions au budget alimentaire familial mais, avec des gains corll~H­
rables à ceux des épouses du premier village. elles réalisent des
ventes plus importantes puisqu'elles ne reçoivent que très peu de
capitaux extér ieurs. Elles r61.1ssi··;·';"~:l't à 6p;tc]ner et peuvent ainsi
faire des achats personnels. Leurs activités sont diverses, elles
cultivent, transforment, font du co~nerce, vendent leurs services
agricoles effectués individuellement ou en groupe.

De l'enquête, on conclue que la fe~ae de Djimini-Koffikro a


une plus grande autonomie, pourtant une impression personnelle me
pousse à dire que la ferame de Debrimou ~ une place beaucoup plus
importante dans la société et que son statut est plus enviable.
Elle a un rôle parfaitelnent défini dans le village, sa tâche est
complémentaire à celle de l'hœnme à l'inverse de Djimini-Koffikro
où l'épouse doit non seulement assumer les travaux ménagers, ven-

. . 1 ..
dre pour se constituer un budget mais participe également aux tra-
vau:.;: ;,il-- .~ i~:3 plantations arborées où elle fa it of fice de main à' oeu-
dctivités frlit,
qu'à l'inverse de Debrimou, on ne perçoit pas le poids du groupe
féminin au sein de la soci6t6 villageoise, ce qui n'ote rien A
son rôle au sein de l'unité de production qui, au contraire, semble
plus important qu'à Debrimou. La femme de Djimini-Koffikro reste
dépendante de l'homme qui, le plus souven-t, lui fournit les terres
et a un "droit de regard sur les cultures pratiquées dont il ~~êlàve

parfois une part des bénéfices. Elle pratique néanmoins parfois


des activités cOffilnerciales parfaitei"'ll:mt indépenrlan·tes tl_e l'unité
de Production. Dans les deux villages, la femme trouve facilement
à em~:)rl1nter auprès de sa famille ou de ses amis.
La femme de Debrimou a la chance de vivre dans un milieu mo-
dernisé, certaines corvées lui sont épargnées grâce par exemple,
à la présence d'eau courante dans chaque cour, c'est elle qui dé-
,
t1ent III e rob'1ne t• lApres
/, .
son prem1er accoueh emen t , e Il e ne va pas
aux champs pendant 3 mois et pendant 2 mois pour les naissances
suivantes alors que la femme de Djimini-Koffikro ne se repose que
3 semaines.

- Perspectives

Il est dÉjà délicat d'élargir les résultats d'enquête au ni-


veau du village, sur le petit nombre de cas étudiés, il n'est
donc pas dans notre objectif de faire une extrapolation régionale.
Le poids des traditions se,nble être une entrave aux innovations
à Débrimou, si des actions de développement devaient être entre-
prises en Basse Côte d'Ivoire, il semblerait plus judicieux de
choisir un village à l'image de Djimini-Koffikro où les habitants
sont plus ouverts et entreprenants. Il ne faut pas pour autant en
conclure hâtivement et de fa<;on simi.)l iste que les allogènes sont
exemplaires et que les autochtones sont médiocres. Ce même clivage
se retrouve dans l'étude de Bouet. Il semble finalement logique
dans la mesure où les allogènes n'ayant ~ien à perdre, ils ont
tout intérêt ~ innover dans le but de trouver le syst~me de pro-
duction le plus avantageux qui leur permettra d'accumuler un capi-
tal que les autochtones on-t déjà.

. .1..
Il serait intéressant de suivre l'évolution des deux villages.
La chute des cours dn manioc fin 84 ne pourra ~ue pr~cipiter

Jne évolution qui s'esquisse ~ ~eine } 0ebrimou Et o~ les jeunes


joueront un rôle important. La chute des cours de l'ananas et
l'augmentation des surfaces cultivées en mode de faire valoir di-
rect~dae au remplacement des palrneraie~ risquent d'obliger les
i~nigrés à moùifier complètement leur systèlue de production.
-S1-

TABLE DES ANNEXES


-----------------

ANNEXE l Programme manioc, O.R.S.T.O.M.

ANNEXE II : Coefficients utilisés

ANNEXE III L'attiéké

ANNEXE IV : Définitions des termes culinaires employés.


RELATIONS ENTRE PROGRAMMES ET.OPËRATIONS O.R.S.T.,O.M. PORTANT
PARTIELLEMENT OU TOTALEMENT SUR MANIOC EN CÔTE D'IVOIRE

~n'tique du manioc . Bilan radiatif sur manioc


(U.R. 507)~~~
1
-Bioc
- -Umato logie

nl0~
--- --
Al """~ ........ B. lELLER (U.R. 506)
-----
Gênêtique
'I~ ~ R. N'GUETTIA YAO (U.R. 506)
\J
;0
0
Ci">
;0
MosaIgue Africaine du Manioc ~ ~ Elaboration du rendement du ..

L
"b
.3:
~i!.01.0gi!. Agronomie ..s:
rrl

~
C. FAUQUET (U.R. 506) /j! J .P. RAFFAILLAC (U.R.503)--- 3: ~
z
D. FARGETTE (U.R. 506) G. NEDELEC (U.R. 503) ~ z
...... rrl
J. LAVILLE (U.R. 506) 0 X

1~ Utilisation des stocks en eau du n rrl


Stagiaires ......
0
sol BOUS manioc ·
: ;0

Maladies fongiques #
1 ,7 Agronomie
-----
B. GOUE (U.R. 506) ·
·
tn
~

0
3:
S. SAVARY (U.R. 506) Fertilité des sols/vivriers
Phytopethologie Agronomie

IF
-----
GOOO (U.R. 509)
GBALLOU CU.R. 509)

Cultures essociées Système da production/Manioc


A. BIARNES (U.R. 503)
~------
Il . E. MOLLARD lU.R. 503) Agronomie
Agrononiie Il'
~
---- (VSN 1)

Système de produçtion
(agroêconomie) Economio
J .Ph. COLIN (U.R. 503)-
~i~c1pE-~ ~on~rnê!- 1
l.D
l')
1
-93·-

ANNEXE II

Coefficients utilisés

U.C. L}J..nité de _Çonsomma~icm


Hommes de 16 à 60 ans ::: l UC
Ferrunes de 16 à 60 ans = 0.9 UC
Ho~nes et femmes ~15 ans et ~ 61 ANS = 0.6 UC
Seuls les résidents ont été pris en compte.

UTHFM : unité de, Travail Hu.main Familial Masculin


Hommes de 16 à 60 ans = l UTH
...
Honunes de 61 a 70 ans = 0.6 UTH
Hommes ~ 71 ans = 0.3 UTH
Hommes de 12 à 15 ans non écoliers = 0.4 UTH

UTHFF : Unité de Travail Hqmain Familial Féminin


Femmes de 16 à 60 ans = 0.8 UTH
...
Fenunes de 61 a 70 ans ..,.. 0.4 UTH
Femmes) 71 ans = 0.3 UTH
Femmes de 12 à 15 ans non écolières = 0.4 UTH

UTHFT : unité de Travail ~umain Familial Tota~

UTHF M + UTHF F = UTHF T

UTHFA ~ Unité d~ Travail Humain Familial Agricole


- Pour Débrimou : UTHF M = UTHF A
- Pour Djimini-Koffikro : UTHF M + 1/2 UTHF F = UTHF A

Certains coefficients ont été pondérés en fonction du travail


réel effectué. Par exemple, les frères du CUP 21, malgré leur âge
adul~e, ont été comptés pour 0.6 UTHFM puisqu'ils ne travaillent
pas à plein temps avec le CUP.
Toùtes les sommes sont données en francs CFA : 100 F CFA = 2 FF

SAU : Surfa.c~ Ag,,;- icole lJt.:i:,l isée


Surface cultivée en Mode de Faire Valoir direct moins les
jachères = SAU

MOEP : Main d'Oeuvre Extérieure Permanente


l MOEP = l 'UTH
.. j.f-

ANNEXE ru

L'Attiéké

L'attiéké est un produit alimentaire obtenu à


partir du manioc,' il s'apparente au couscous nord africain.
Il se ccnsomme généralement froid, tel quel accompagné de
sauces, viandes ou poissons. WL'attiéké apporte à l'orga-
nisme essentiellement des glucides, au cours de sa prépara-
tionvitamines et sels minéraux ont été éliminés. Il reste
cependant du calcium et à dégrés moindres du sodium, du
potassium; du fer. En même temps que disparaIt l'acide
cyanhydrique apparaissent d'autres acides favorisant la
digestion, acide lactique notamment-

~ES DIFFERENTES OPERATIONS ET ~ES EquIPEMENTS

A 1 .1de de couteaux, de ••tchettes le. produc-


1
SOit la mouture est d~po!~e dans de. cuvette.
trices 4pluchent le. racines ~e
. . nloc~ ce. racines .ont qui .ont recouverte. d• •aC ou de toile pendant la durf.
alors d4barass4e. de l"corce, des ·yeux· et d'autre. d4taut•. d. la nuit. Ensuite elle est ais. dans de. sacs de .isal
En.uite ce. racines .ont dfcoup'e. en -arceaua pour enl.v.r perforfs de troua et prfls'. 6 ll.ide dlune pres •• 8ft~c,­
le. parties 119neuses qui •• ~rouv.nt". l'lnt'rleur. Cette ft;~& de fabrication artisanal••
op6ration •• t tr'. lonque .t fa.tidieu.e.
5èzne op<!ration la formation d. grains ou
granulation

La -eu;ure pre.sée elt ensuite transfcrm4e en


Le .... nioc d4coup' en acre•• wc. .ubit un lava9_ grain. dan. de. ecuelle• •n bol. appelfe. abqln .n tbri'
dan. d•• bAln• • ucce •• if • • l'alde d'eau contenue dans de et na9ftO~fou en Adioukrou. Cette opiration .u1vi. du
.~ande. cuvett••. Le. acrc.aux .ont frot~'. 1•• Uft• • ur t . . l •• a9. permet la sfparation de la pite de manioc -oins
le. autre. par brassaqe ju.qu'. ce qu'il. deViennent trls humide en grain. de taille diff'rente : gro••e, -oyenn.,
propre•• petite.

14me op4ratlon t 1. DOuture

Le. ~rceaux de manioc lavfs dont On a'oute une Le produit en grain est ensuite ital' dans des
petlte quantit' de . .nioc f.rment' sont broyf. par un van. et ~ • • •'cher au .ol.il, • l'air libr•• L. produit
~ulln. Ce. -aulin. appartiennent • de. priv'. qui lou.nt .lch' est en.ulte vann' pour etre d'barras.' d•• impure t'.
leur .ervic. aua productric••• con.titu'•••••• nti.ll.ment de boi ••

.... opfration 1 ta fer.entation - pre••aqe 7lme op4ration 1 la Cui••on

La -auture •• t, .Olt ~'po.'. dan. d•••ac. d• •1.al ta cui••on •• t r'ali.fe ~ la vapeur dan. une
qui sont en.uit. plac'•••ou. d•• cailloux pendant 11 heur•• aar.lt. dont 1. fond &st pere' de trou•• au dei SUI d'un.
environ pour lai ••er 1. 'us qui conti.nt l'. .idon .t de ..rait. d'.au bouillant•• Il faut .ouligner toute foi. que
l'acide cyanhydriqu•• Le produit obt.nu • la fin e.t nOn chez llAdloukrou 11 nl ••l.te qy1un• • • ul. quallt'
..ul.ment fer..nt' .. i. d'barra•• ' d'une grand. parti. d. d'atti'k' obt.nu • partir de la cui ••on du a'lanqe de.
l'h...iditf. grain. d. diff'rent•• taill•••

D'après KANGA N'ZORE


-95-

AtlliEXE IV

Définitions des termes culinaires employés

Le Placali : c'est une pâte de manioc. Le tubercule est épluché,


bouilli écrasé. Le placali est translucide et a la
consistance d'une purée ferme. Il se sert en boule.

Le Tô : c'est une semoule de mil. Le mil est pilé puis cuit


à l'eau jusqu'à l'obtention d'une consistance de pu-
rée.

Le Koutoukou : cette boisson serait originaire du Ghana ou du


Libéria. Elle serait préparée à partir d'eau sucrée
à laquelle on ajoute de la levure, il faut laisser
fermenter 15 à 20 jours avant de consommer.
Dans la zone étudiée, le koutoukou est prépa-
ré à partir de bangui win de palme) qui est distillé.
TABT,E DES CArTES ET SCHE/I,1AS

PAGES
Carte de 10calisation ... .. .... ... . .......... . ...... 2

d'utilisation du sol (UP T) ..............


d'utilisati')n du sol (UP 2) •••••••••••••••
d'utilisation du sol (UP 3) • • • • • • • • • • • • • • •

d'utilisation du s ')1 (UP 2 I) ••••••••••••••


d'utilisation du s01 (UP 22) . • . . . . . . . . . . . •
d'utilisation du sol (UP 23) ••••••••••••••
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