Vous êtes sur la page 1sur 46

1. Suites 2.

Séries

1. Suites et séries

MTH1101

C. Audet, G. Jomphe, S. Le Digabel, T. Vidal


Polytechnique Montréal

A2022
(v5)

MTH1101: Calcul I 1/40


1. Suites 2. Séries

Préambule : Preuve par récurrence (ou induction)

Pour démontrer qu’une propriété est vraie au rang k :

1. Montrer que la propriété est vraie au 1er rang (en général


c’est pour k = 0 ou k = 1)

2. Hypothèse de récurrence (HDR) : Supposer que la propriété


est vraie au rang k

3. Montrer, en se basant sur l’HDR, que la propriété est vraie au


rang k + 1

MTH1101: Calcul I 2/40


1. Suites 2. Séries

Plan

1. Suites

2. Séries

MTH1101: Calcul I 3/40


1. Suites 2. Séries

Historique (1/2)
▶ La notion de suite est présente dès qu’apparaissent des
procédés illimités de calcul. On en trouve, par exemple, à
l’époque babylonienne, chez Archimède, spécialiste des
procédés illimités d’approximation pour des calculs d’aires et
de volumes, ou, plus récemment en Égypte au 1er siècle après
Jésus-Christ, dans le procédé d’extraction d’une racine carrée
par la méthode de Héron d’Alexandrie

▶ Quelques siècles plus tard, des mathématiciens comme


Bernoulli, Newton, De Moivre, Stirling et Wallis, se sont
intéressés aux suites pour approcher des valeurs numériques.
C’est à Lagrange que l’on doit, semble-t-il, la notation
indicielle

MTH1101: Calcul I 4/40


1. Suites 2. Séries

Historique (2/2)

▶ L’étude des suites a ouvert la porte à celle des séries entières


dont le but est d’approcher, non plus des nombres, mais des
fonctions

▶ Dans la seconde moitié du 20ème siècle, le développement des


calculateurs et des ordinateurs a donné un second souffle à
l’étude des suites en analyse numérique grâce à la méthode
des éléments finis

▶ L’usage des suites et des séries, en particulier la série


géométrique, est largement répandu en mathématiques
financières

MTH1101: Calcul I 5/40


1. Suites 2. Séries

Motivation pour les suites et séries


▶ Un ordinateur ne sait faire que les quatre opérations
élémentaires
▶ Comment calculer les valeurs des différentes fonctions avec
seulement les opérations élémentaires ? Quelles sont les
erreurs, les précisions ?
▶ On utilise des séries pour cela
▶ On peut aussi les utiliser pour intégrer certaines fonctions
▶ La notion de série repose sur la notion de suite
▶ Nous allons étudier la convergence des séries infinies
▶ Ceci permettra ensuite d’étudier les séries de Taylor pour la
représentation des fonctions
MTH1101: Calcul I 6/40
1. Suites 2. Séries

1. Suites

2. Séries

MTH1101: Calcul I 7/40


1. Suites 2. Séries

Définitions
Une suite est une liste infinie de nombres, notée

{a1 , a2 , . . .}
ou

{an }
ou

{an }∞
n=1

(n ne commence pas forcément à 1)

MTH1101: Calcul I 8/40


1. Suites 2. Séries

Définitions

Il existe 2 façons de définir une suite :

▶ Par une relation de récurrence :


1
an+1 = (an + 4) + 2 avec n ≥ 0 et a0 = 6
2

▶ À l’aide d’un terme général :

n+1
an = avec n ≥ 0
n+2

MTH1101: Calcul I 9/40


1. Suites 2. Séries

Exemple 1

Trouver le terme général de la suite


 
3 4 5 6 7
,− , ,− , , ...
5 25 125 625 3125

MTH1101: Calcul I 10/40


1. Suites 2. Séries

Suite géométrique
Considérons la suite géométrique {an } définie par

a0 = a
an+1 = r an , n ≥ 1
où a et r (la raison) sont deux réels. Le terme général s’écrit
an = arn avec n ≥ 0
Illustration :
a0 = a
a1 = ra0 = ar
a2 = ra1 = ar2
a3 = ra2 = ar3
..
.
an = ran−1 = arn
MTH1101: Calcul I 11/40
1. Suites 2. Séries

Suite de Fibonacci
C’est la suite
{1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, . . .}
définie par
a1 = 1, a2 = 1, an = an−1 + an−2 pour n ≥ 3
Propriété : La suite {an /an−1 } converge vers le nombre d’or :
1/1 = 1
2/1 = 2
3/2 = 1.5
5/3 ≃ 1.667
8/5 = 1.6
13/8 = 1.625
21/13 ≃ 1.615

.
.
.

1+ 5
an /an−1 → = 1.6180339 . . .
2

MTH1101: Calcul I 12/40


1. Suites 2. Séries

Suites et fonctions
▶ L’étude d’une suite {an } peut se faire à l’aide de la notion de
fonctions. Pour cela, reportons sur un graphique quelques
éléments de la suite et considérons une fonction f qui passe
par les points de coordonnées (1, a1 ), (2, a2 ), (3, a3 ), . . .

▶ Il est donc possible de définir une suite à l’aide de la notion de


fonction
▶ Une suite est une fonction f telle que f (n) = an , le domaine
de la fonction étant l’ensemble des entiers naturels
MTH1101: Calcul I 13/40
1. Suites 2. Séries

Représentation graphique
Deux façons de représenter la suite an = n/(n + 1), n ≥ 1 :

Ces graphes semblent indiquer que les termes tendent vers 1


lorsque n devient grand

MTH1101: Calcul I 14/40


1. Suites 2. Séries

Convergence et divergence d’une suite


Une suite {an } admet une limite L, et l’on écrit

lim an = L ou bien an → L lorsque n → ∞,


n→∞

si pour tout ε > 0 il existe un entier positif N (ε) tel que

|an − L| < ε pour tout n > N (ε)

▶ Cela signifie que les termes de la suite peuvent être rendus


aussi proches que l’on veut de L en prenant n suffisamment
grand
▶ Si limn→∞ an existe, on dit que la suite est convergente.
Sinon elle est divergente

MTH1101: Calcul I 15/40


1. Suites 2. Séries

Illustration

a1 , a2 , . . . , a10

MTH1101: Calcul I 16/40


1. Suites 2. Séries

Illustration

a1 , a2 , . . . , a20

MTH1101: Calcul I 16/40


1. Suites 2. Séries

Illustration

a1 , a2 , . . . , a100

MTH1101: Calcul I 16/40


1. Suites 2. Séries

Illustration

a1 , a2 , . . . , a5000 : Semble converger vers 1

MTH1101: Calcul I 16/40


1. Suites 2. Séries

Illustration

ε = 0.1 : à partir de a250 on a 0.9 < an < 1.1

MTH1101: Calcul I 16/40


1. Suites 2. Séries

Illustration

ε = 0.01 : à partir de a20000 on a 0.99 < an < 1.01

MTH1101: Calcul I 16/40


1. Suites 2. Séries

Illustration

ε = 0.0001 : à partir de a200000000 on a 0.9999 < an < 1.0001


Peu importe le ε, on peut toujours trouver un seuil N (ε)

MTH1101: Calcul I 16/40


1. Suites 2. Séries

Divergence vers l’infini

{an } diverge vers l’infini si pour tout nombre positif M il existe un


entier N tel que
si n > N alors an > M

On note
lim an = ∞
n→∞

Exemple de suite divergente “pas vers l’infini” : an = (−1)n

MTH1101: Calcul I 17/40


1. Suites 2. Séries

Exemple 2

1
Démontrer en utilisant la définition que la suite n converge vers
zéro

Travailler avec cette définition n’est pas toujours facile. C’est


pourquoi on a développé d’autres outils

MTH1101: Calcul I 18/40


1. Suites 2. Séries

Liens avec la limite d’une fonction


▶ Si lim f (x) = L et f (n) = an lorsque n est entier, alors
x→∞

lim an = L
n→∞

▶ Exemple : Comme lim (1/xr ) = 0 lorsque r > 0, on a


x→∞

lim 1/nr = 0 si r > 0


n→∞

▶ Si lim an = L et si la fonction g est continue en L, alors


n→∞

lim g(an ) = g(L)


n→∞

▶ Exemple 3 : Calculer lim sin(π/n)


n→∞

MTH1101: Calcul I 19/40


1. Suites 2. Séries

Propriétés des limites


Considérons les deux suites convergentes {an } et {bn } et telles que

lim an = a et lim bn = b
n→∞ n→∞

alors

P1. lim (an ± bn ) = lim an ± lim bn = a ± b


n→∞ n→∞ n→∞

P2. lim (Kan ) = K lim an = Ka où K est une constante


n→∞ n→∞

an
 lim an a
n→∞
P3. lim = = pour b non nul
n→∞ bn lim bn b
n→∞

P4. lim K = K lorsque K est une constante


n→∞

MTH1101: Calcul I 20/40


1. Suites 2. Séries

Théorème du sandwich ou des gendarmes


Si, pour un certain N on an ≤ bn ≤ cn pour n ≥ N , et que

lim an = lim cn = L
n→∞ n→∞

alors
lim bn = L
n→∞

Cas particulier :
Comme −|an | ≤ an ≤ |an |, si limn→∞ |an | = 0, alors

lim an = 0
n→∞

MTH1101: Calcul I 21/40


1. Suites 2. Séries

Exemples

▶ Ex. 4 : Étudier la convergence de an = n!/nn

▶ Ex. 5 : Étudier la convergence de an = ln n/n

▶ Ex. 6 : Étudier la convergence de an = rn selon les valeurs


de r

MTH1101: Calcul I 22/40


1. Suites 2. Séries

Monotonicité
Une suite {an } est :

▶ Croissante si an+1 ≥ an pour tout n

▶ Décroissante si an+1 ≤ an pour tout n

▶ Strictement croissante si an+1 > an pour tout n

▶ Strictement décroissante si an+1 < an pour tout n

▶ (Strictement) monotone si elle est (strictement) croissante ou


(strictement) décroissante

Exemple 7 : Montrer que la suite an = n/(5n + 3) pour n ≥ 1 est


strictement croissante

MTH1101: Calcul I 23/40


1. Suites 2. Séries

Majoration
Une suite {an } est :

▶ Bornée supérieurement s’il existe M tel que an ≤ M pour


tout n
▶ Bornée inférieurement s’il existe m tel que an ≥ m pour
tout n
▶ Bornée si elle est bornée supérieurement et inférieurement

Théorème des suites monotones :


Toute suite monotone et bornée est convergente.
De même, toute suite croissante et bornée supérieurement
converge, et toute suite décroissante et bornée inférieurement
converge
MTH1101: Calcul I 24/40
1. Suites 2. Séries

Exemple 8

Étudier la suite {an } définie par a1 = 2 et an+1 = (an + 6)/2 pour


n≥1

MTH1101: Calcul I 25/40


1. Suites 2. Séries

Exemple 9

x n
pour tout x, converge vers ex
 
Montrer que la suite 1+ n ,

MTH1101: Calcul I 26/40


1. Suites 2. Séries

1. Suites

2. Séries

MTH1101: Calcul I 27/40


1. Suites 2. Séries

Introduction

Tout nombre peut s’écrire sous la forme d’une somme infinie,


comme par exemple :

1 4 1 5 9 2 6 5
π =3+ + + + + + + + + ...
10 102 103 104 105 106 107 108
= a1 + a2 + a3 + a4 + a5 + a6 + a7 + a8 + a9 + . . .
X∞
= ai
i=1

MTH1101: Calcul I 28/40


1. Suites 2. Séries

Séries numériques : Définitions


▶ Une série est la somme des termes d’une suite {an }∞
n=1 :

X
an = a1 + a2 + a3 + . . .
n=1
(la série peut aussi commencer à un autre rang, comme n = 0)

▶ Suite des sommes partielles : {S1 , S2 , S3 , . . . } avec


S1 = a1 , S2 = a1 + a2 , . . ., Sn = a1 + a2 + a3 + . . . + an
n
▶ Attention aux indices : Sn =
P
ak
k=1
▶ La somme d’une série, notée S, est définie par
X∞
S = lim Sn = an
n→∞
n=1
▶ Si cette limite existe alors la série est dite convergente. Dans
le cas contraire, elle est dite divergente
MTH1101: Calcul I 29/40
1. Suites 2. Séries

Exemple 10

Montrer que la somme de la série géométrique est



X a
arn = a + ar + ar2 + ar3 + . . . =
1−r
n=0

pour a, r ∈ R et |r| < 1


P 1
Autre exemple : La série de Riemann np converge si p > 1 et
n=1
diverge si p ≤ 1. La série divergente pour p = 1 s’appelle la série
harmonique

MTH1101: Calcul I 30/40


1. Suites 2. Séries

Test de divergence


▶ Théorème : Si
P
an converge alors lim an = 0
n=1 n→∞

1 ∞
▶ L’inverse n’est pas forcément vrai :
P 1
n → 0 mais n =∞
n=1

▶ La contraposée est vraie : Si la suite {an } diverge ou converge


à autre chose que zéro, alors la série ∞
P
n=1 an diverge

▶ Ce dernier point constitue un test de divergence

MTH1101: Calcul I 31/40


1. Suites 2. Séries

Test de l’intégrale (pour séries à termes positifs)



▶ Soit la série
P
an avec an ≥ 0 pour tout n ≥ 1
n=1
▶ Soit une fonction f telle que f (n) = an pour tout n ≥ 1 et
telle que sur l’intervalle [1; +∞[, elle est positive, continue,
décroissante
▶ Alors
P∞ R∞
an convergente ⇐⇒ f (x)dx converge
n=1 1


P R∞
an divergente ⇐⇒ f (x)dx diverge
n=1 1

▶ Exemple 11 : Montrer que
P ln n
n diverge
n=1

MTH1101: Calcul I 32/40


1. Suites 2. Séries

Test de l’intégrale : Estimation du reste



▶ Soit la série convergente
P
an = S avec an ≥ 0 ∀n ≥ 1
n=1
∞ ∞ n ∞
▶ S=
P P P P
an = ak = ak + ak = Sn + Rn
n=1 k=1 k=1 k=n+1

▶ Le reste Rn = S − Sn est l’erreur commise lors de


l’approximation de S par Sn
▶ Avec f telle que f (n) = an pour tout n ≥ 1 et que sur
[1; +∞[, f est positive, continue, décroissante, alors
Z∞ Z∞
f (x)dx ≤ Rn ≤ f (x)dx
n+1 n

MTH1101: Calcul I 33/40


1. Suites 2. Séries

Test de comparaison (séries à termes positifs)


∞ ∞
▶ Soient
P P
an et bn deux séries à termes positifs (an ≥ 0
n=1 n=1
et bn ≥ 0 pour tout n ≥ 1)

▶ Si an ≤ bn pour tout n (ou à partir d’un certain N ) et
P
bn
n=1

P
converge, alors an converge
n=1

▶ Si an ≥ bn pour tout n (ou à partir d’un certain N ) et
P
bn
n=1

P
diverge, alors an diverge
n=1


▶ Exemple 12 : Montrer que
P 1
n! converge
n=1

MTH1101: Calcul I 34/40


1. Suites 2. Séries

Test du quotient (séries à termes positifs)

∞ ∞
▶ Soient
P P
an et bn deux séries à termes positifs à partir
n=1 n=1
de n ≥ N

▶ Si lim ab n = C avec C > 0 fini, alors les deux séries


n→∞ n
convergent ou divergent en même temps


▶ Exemple 13 : Est-ce que la série
P n3
n4 +4n+2
converge ou
n=1
diverge ?

MTH1101: Calcul I 35/40


1. Suites 2. Séries

Test de Leibniz pour une série alternée


▶ La série alternée

X
(−1)n+1 an = a1 − a2 + a3 − a4 + . . .
n=1
converge si les conditions de Leibniz suivantes sont
respectées :
▶ an ≥ 0 pour tout n ≥ 1
▶ {an } est décroissante
▶ {an } converge vers 0

▶ Si les conditions de Leibniz ne sont pas respectées, on ne peut


rien dire sur la convergence de la série

▶ Exemple 14 : Étudier la convergence de (−1)n+1 n1
P
n=1

MTH1101: Calcul I 36/40


1. Suites 2. Séries

Estimation de la somme d’une série alternée


Soit une série alternée ∞ n+1 a telle que les conditions de
P
n=1 (−1) n
Leibniz sont satisfaites. On veut mesurer la qualité d’approximation
de S par Sn , avec

X ∞
X
k+1
S= (−1) ak = Sn + (−1)k+1 ak = Sn + Rn
k=1 k=n+1

On a


X
(−1)k+1 ak ≤ (−1)n+2 an+1 ≤ |an+1 | = an+1

|S−Sn | = |Rn | =


k=n+1
R 0.1
Exemple 15 : Estimer la valeur de 0 1+x1100 dx avec une
garantie que l’erreur commise est inférieure à 10−100

MTH1101: Calcul I 37/40


1. Suites 2. Séries

Série absolument convergente



P
La série an est dite
n=1
▶ absolument convergente si ∞
P
n=1 |an | converge
▶ semi-convergente si n=1 an converge mais que ∞
P∞ P
n=1 |an |
diverge

Théorème : Si une série est absolument convergente, alors elle est


convergente

P∞ n 1
P∞ n1
Exemple 16 : Étudier les séries n=1 (−1) n2 et n=1 (−1) n

MTH1101: Calcul I 38/40


1. Suites 2. Séries

Test du rapport (de d’Alembert)



P
Soit la série an et
n=1

an+1
L = lim
n→∞ an

▶ Si L < 1 : La série est absolument convergente (et donc elle


converge)
▶ Si L > 1 : La série diverge

▶ Si L = 1 : On ne peut rien dire

MTH1101: Calcul I 39/40


1. Suites 2. Séries

Test de Cauchy

P
Soit la série an et
n=1

n
p
L = lim |an |
n→∞

▶ Si L < 1 : La série est absolument convergente (et donc elle


converge)
▶ Si L > 1 : La série diverge

▶ Si L = 1 : On ne peut rien dire

MTH1101: Calcul I 40/40

Vous aimerez peut-être aussi