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services écosystémiques
du territoire, biodiversité et
Aménagement
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BD SKILLS – Skills for Local Biodiversity
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Objectifs d’apprentissage
Ce chapitre est consacré aux activités de planification et
de mise en œuvre pouvant s’inscrire dans une approche
écosystémique. Il s’intéresse aux conditions que les autorités
publiques doivent réunir pour pouvoir tirer pleinement
profit des avantages de la biodiversité. Il s’adresse
également à certains des défis auxquels les spécialistes de
l’aménagement du territoire peuvent être confrontés.
Au terme de cette réflexion, le lecteur sera capable de mettre
en pratique une nouvelle approche de la conservation de la
biodiversité et des écosystèmes ; il aura aussi une meilleure
compréhension des différents enjeux et de solides arguments
pour mener une négociation.
Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Introduction
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences
Ce chapitre présente le rôle que l’aménagement du territoire peut jouer en permettant de trouver
un équilibre entre, d’une part, la biodiversité et les services écosystémiques et, d’autre part, d’autres
objectifs d’occupation du sol. Par ailleurs, il propose une réflexion sur la manière dont la biodiversité
peut être intégrée aux plans d’aménagement du territoire.
Définition de l’aménagement du territoire Il est clair que des actions doivent être menées pour enrayer la
« L’aménagement du territoire est perte de biodiversité. Les deux chapitres précédents proposent
l’expression spatiale des politiques à cet effet de nouvelles manières d’encadrer la biodiversité. Les
approches modernes abordent la biodiversité comme un service
économique, sociale, culturelle et écologique
permettant de réaliser des objectifs économiques et sociaux
de toute société. Il est à la fois une discipline
plus larges ; elle s’éloigne de l’approche traditionnelle de conser-
scientifique, une technique administrative et vation de la nature pour aller vers une démarche plus équilibrée
une politique conçue comme une approche de gestion, qui cherche à tirer le meilleur parti de l’environne-
interdisciplinaire et globale tendant à un ment naturel. L’aménagement du territoire joue donc un rôle
développement équilibré des régions et à central dans l’application de ces nouveaux principes aux niveaux
l’organisation physique de l’espace selon régional et local.
Il est évident que des liens étroits peuvent être tissés entre la biodiversité (habitats, espèces, éco-
systèmes, services écosystémiques et gènes) et l’aménagement du territoire. Quelle que soit le
sens que l’on donne à l’aménagement du territoire, celui-ci peut contribuer à éviter, à atténuer ou
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Une démarche peut être orientée vers un résultat unique (ex. : obtenir un ac-
cord entre différents acteurs).
Une démarche peut être sectorielle (ex. : lien entre entre transport et
biodiversité).
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences
Outre ces trois éléments, une autre dimension de l’interaction entre conservation de la biodiversité
et aménagement du territoire tient une place essentielle : l’évolution du contexte dans lequel ils
sont mis en œuvre. En effet, dans un grand nombre de pays européens, la législation encadrant la
conservation de la biodiversité et l’aménagement du territoire a radicalement changé au cours des
dix dernières années, alors que le lien entre ces deux domaines se faisait plus évident. Dans de nom-
breuses régions du monde, le concept traditionnel de zone protégée a commencé à évoluer afin de
répondre à de nouveaux défis. Le tableau ci-dessous récapitule les changements en question.
AVANT MAINTENANT
Les zones protégées étaient : Les zones protégées sont :
Objectifs – tenues à l’écart à des fins de conservation ; – associées à des objectifs sociaux et économiques ;
– créées principalement pour protéger la faune, la – créées pour des raisons scientifiques, écono-
flore et les paysages spectaculaires ; miques et culturelles ;
– gérées principalement pour les visiteurs et les – gérées en prenant davantage en compte les
touristes ; autochtones ;
– considérées comme précieuses pour leur nature – considérées comme précieuses pour leur valeur
sauvage ; culturelle ;
– protégées ; – restaurées et réhabilitées ;
Population locale – aménagées et gérées en écartant la population – gérées avec, pour et, parfois, par la population
locale ; locale ;
– gérées sans tenir compte de l’avis de la popula- – gérées pour répondre aux besoins de la popula-
tion locale ; tion locale ;
Techniques de – gérées « a posteriori » et à court terme ; – gérées de manière proactive et à long terme ;
gestion – gérées de manière technocratique ; – gérées en tenant compte d’objectifs politiques ;
Aspect financier – financées par les contribuables ; – financées par différentes entités ;
Compétences de – gérées par des scientifiques et des spécialistes – gérées par des individus polyvalents ;
gestion des ressources naturelles ; – alimentées par les compétences locales.
– régies par des spécialistes.
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
qui répondent à des besoins nouveaux et toujours croissants, notamment en ce qui concerne le
travail ou les loisirs, tout en préservant un équilibre environnemental suffisant nécessaire à la
conservation des écosystèmes et du patrimoine culturel. Au fil des années, cette tension s’est
accrue dans les pays industrialisés et s’est faite de plus en plus présente dans les économies en
transition.
À présent, il apparaît clairement que cette perte importante et continue de la biodiversité en Europe
témoigne de la baisse constante de la capacité des écosystèmes à assurer des fonctions de support
et de régulation.
La biodiversité et les services écosystémiques ne doivent plus être considérés comme une contrainte
au développement, mais plutôt comme un solide atout pour la prospérité sociale et économique.
Toutefois, pour protéger et gérer efficacement la biodiversité et les services écosystémiques, il est
indispensable, comme dans n’importe quelle stratégie, d’établir une ligne d’action claire et de pro-
céder à une évaluation des priorités. Ces éléments doivent donc être intégrés et planifiés parallè-
lement aux demandes d’aménagement du territoire. Un tel processus se déroule à des échelles
territoriales diverses et par le biais de différents processus de planification. Ces deux aspects seront
examinés ci-dessous.
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Mise en pratique des compétences
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Le tableau ci-dessous montre les différents choix politiques possibles aux différentes échelles
territoriales.
• établir des principes de gestion de la biodiversité (ex. : développement sans perte nette d’espèces ou d’habitats impor-
tants et aboutissant à des gains nets)
• définir le besoin de croissance et les risques potentiels pour la biodiversité
• établir des liens avec des stratégies plus larges (ex. : plans de gestion du littoral, des estuaires et des bassins
Régional
hydrographiques)
• mener des études ayant un impact transfrontalier (ex. : études sur le cycle de l’eau)
• établir des cadres pour des projets de création d’habitats à grande échelle
• établir un réseau stratégique d’infrastructures vertes
• comprendre les liens entre le changement climatique et la biodiversité
• travailler avec les entités régionales de conservation de la biodiversité et de la nature
• trouver un juste milieu entre la protection de la biodiversité et des objectifs plus larges, et démontrer qu’il est possible
Sous-régional
• poursuivre les objectifs en matière de biodiversité fixés à des niveaux supérieurs et veiller à les intégrer dans tous les
secteurs de l’aménagement du territoire et du développement
• mettre en place un système de suivi du développement visant à promouvoir les avantages de la biodiversité
Local
• créer une base factuelle sur la biodiversité afin de répondre aux exigences de l’évaluation environnementale et de pou-
voir négocier avec les acteurs du développement
• faire participer l’ensemble des acteurs au processus d’élaboration du plan
• fixer des objectifs ambitieux mais réalisables pour suivre la concrétisation des efforts en faveur de la biodiversité
Il est nécessaire d’agir à tous les niveaux. En effet, avec les changements qui interviennent dans les
modalités de gouvernance, il existe un risque que la place accordée à la biodiversité soit moindre
(ex. : en Angleterre, l’aménagement régional a récemment été remplacé par une politique de dé-
veloppement économique au niveau sous-régional qui encourage les autorités à coopérer sur les
questions stratégiques).
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
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Mise en pratique des compétences
Ces plans élaborés à différents niveaux doivent s’articuler entre eux pour parvenir à une conservation de
la biodiversité et faire en sorte que les messages soient cohérents et complémentaires. La biodiversité,
les habitats, les écosystèmes et les paysages ne suivent pas les frontières administratives et il est donc
nécessaire que les autorités locales, sous-régionales et régionales coopèrent sur les questions environne-
mentales. La hiérarchie des plans d’aménagement et la nécessité d’une collaboration transfrontalière
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Ces mécanismes se complètent les uns les autres. Par exemple, on peut associer une politique de
catégorie A pour protéger un site contre le développement, une politique de catégorie B pour le
faire gérer par des volontaires engagés dans le cadre d’une politique de catégorie D, et une poli-
tique de catégorie C pour informer les personnes sur l’histoire naturelle du site.
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Mise en pratique des compétences
B. Politiques locales/municipales
Les politiques de la catégorie B sont liées aux fonctions et aux responsabilités élargies de la muni-
cipalité. Il peut être important de les intégrer au plan d’action local pour la biodiversité établi par
une municipalité (voir ci-après) car elles ne font pas nécessairement partie intégrante d’un plan
d’aménagement. Ces politiques peuvent porter sur les domaines suivants :
1. Gestion des sols. L’objectif de ce type de politique est de faire en sorte que la municipalité
adopte ou impose des pratiques professionnelles favorisant la conservation et le renfor-
cement de la biodiversité et des services écosystémiques sur son territoire, ainsi que l’im-
plantation et la conservation d’espèces sauvages. Par exemple, il peut s’agir de : réduire la
superficie des zones de pelouse tondues par la municipalité pour laisser la place à d’autres
types d’habitats ; former les agents municipaux participant à l’aménagement du terri-
toire à l’utilisation de techniques respectueuses de l’environnement et leur faire prendre
conscience de l’importance de leur travail pour la conservation de la nature ; et consa-
crer une partie des espaces verts de la municipalité à la vie sauvage. Pour être efficace,
cette politique doit être associée à un programme de localisation des sites où il est urgent
d’appliquer un plan de gestion et où l’on obtiendra les effets les plus bénéfiques pour la
conservation de la nature. En cas de sous-traitance de ces activités, les contrats doivent
refléter cette politique.
2. Base de données. Afin de suivre la concrétisation des objectifs de la municipalité en
faveur de la biodiversité et des services écosystémiques, et de mieux comprendre les res-
sources locales, il est indispensable de disposer d’une base de données. Les informations
concernant les habitats, les espèces et les services écosystémiques sont des éléments es-
sentiels du processus de protection et de gestion des ressources naturelles. Une politique
de ce type doit viser à créer et tenir à jour (une base de données sur la biodiversité et les
services écosystémiques de la municipalité. Celle-ci permettra de disposer d’informations
sur l’état des ressources et ainsi de pouvoir suivre et évaluer les changements visés et
effectifs de l’occupation et de la gestion des sols. Dans la mesure du possible (car certains
sites naturels sont particulièrement vulnérables), cette base de données devra être acces-
sible au public.
3. Suivi. Le suivi des politiques en matière de biodiversité et de services écosystémiques est
nécessaire pour veiller à leur bonne mise en œuvre par la municipalité et à leur efficacité. Ce
processus sera facilité par la définition d’objectifs précis et mesurables. Le suivi et l’examen des
politiques peuvent être assurés, par exemple, par les parties prenantes. Ainsi, il peut être prévu
par le texte de la politique que « la municipalité assurera le suivi des politiques et des objectifs
en matière de conservation de la nature et mesurera régulièrement les progrès réalisés ».
(Remarque : le suivi et la base factuelle sont abordés dans le chapitre suivant.)
4. Sensibilisation. L’éducation à la biodiversité est un objectif culturel qu’il est souhaitable
d’atteindre car elle enrichit la vie des personnes et leur apprend à utiliser leurs temps libre
de manière épanouissante, grâce au contact avec la nature. Elle permet de sensibiliser plu-
sieurs groupes d’acteurs, à savoir la population, les décideurs politiques et les administra-
teurs, ainsi que d’autres responsables de l’aménagement du territoire qui, collectivement,
ont une grande influence sur l’utilisation de nos ressources naturelles. Ses objectifs poli-
tiques peuvent être de créer de nouveaux espaces naturels à but éducatif, d’encourager
un nombre minimum d’établissements scolaires à participer à des concours annuels liés
à la conservation de la nature, d’inclure la conservation de la nature et l’écologie au pro-
gramme scolaire à tous les niveaux, etc.
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
C. Politiques de promotion
Les politiques de la catégorie D concernent la mise en œuvre des décisions sur le terrain, générale-
ment par les professionnels chargés de l’aménagement du territoire.
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Bien que les politiques établies dans le cadre du plan permettent déjà de guider l’examen de projets
d’aménagement spécifiques, la liste de questions à poser aux acteurs du développement présentée
ci-dessous peut s’avérer tout aussi utile.
À quelles compétences
a-t-on eu recours pour
déterminer ces effets ?
Pour aménager la biodiversité de manière efficace, il est important de disposer d’une base factuelle et d’une
solide compréhension des enjeux locaux et régionaux. Ces points sont abordés dans le chapitre suivant.
Le processus d’élaboration d’un PLB comprend plusieurs étapes bien définies (ex. : Jones-Walters et
al., 2010). Toutefois, il ne s’agit pas d’un processus linéaire et le schéma au verso le représente de
manière dynamique et réaliste.
Comme tout autre projet ou programme, un PLB doit être correctement administré. Ainsi que le
montre le schéma, le processus comprend un ensemble d’étapes-clés depuis le lancement jusqu’au
suivi et à l’évaluation. La phase dynamique du processus se concentre autour de deux activités :
l’étape d’inventaire de la biodiversité et d’enquête, pour répondre à la question « qu’avons-nous ? »,
et l’étape participative, pour répondre à la question « que voulons- nous ? ».
Le point culminant de cette phase est l’élaboration d’un document, le PLB, contenant : une descrip-
tion des ressources en biodiversité et des services écosystémiques existants et des cartes montrant leur
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Enquête et inventaire
Le PLB doit servir de cadre pour l’élabora-
tion et l’application de politiques de biodi-
Processus participatif versité compréhensibles et réalisables dans
le cadre de l’aménagement du territoire. Il
Consultation et
publication
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences
2020. Ce concept est aujourd’hui l’une des grandes priorités de cette stratégie et de la vision pour
2050, qui consiste à enrayer la perte de biodiversité sur le territoire des États membres de l’UE et à
répondre aux Objectifs d’Aichi, signés lors de la dixième conférence des parties de la Convention sur
la diversité biologique (EC, 2011).
L’infrastructure verte permet l’élaboration d’une politique et d’une démarche intégrées de conservation
de la biodiversité et des services écosystémiques dans les zones rurales, urbaines ou métropolitaines.
Il est probable qu’une définition commune de l’infrastructure verte sera formulée en temps voulu.
Aujourd’hui, il s’agit d’un concept articulé désignant une démarche qui vise à protéger et à réhabi-
liter les écosystèmes de manière à renforcer leur résilience et leur capacité de fournir des services
essentiels, à atteindre les objectifs de conser-
vation fixés et à permettre aux États membres
de faire face au changement climatique. Le
Promenade plantée (Paris, France)
Forum européen des habitats, membre du
La Promenade Plantée est un parc construit sur l’emplacement groupe de travail de la Commission euro-
d’une ancienne ligne de chemin de fer. Les arcades de l’ancien péenne sur l’infrastructure verte, a proposé la
viaduc sur lequel elle a été aménagée ont été réhabilitées et définition suivante : l’infrastructure verte est
transformées en ateliers d’art et d’artisanat. Cette section est un réseau d’espaces verts de haute qualité
appelée le « Viaduc des Arts ». Depuis sa création, le quartier et d’autres éléments naturels aménagé et
a vu s’implanter de nombreux commerces (aménagement de fourni de manière stratégique. Elle doit être
7 000 m2 de surface commerciale) et bureaux (18 500 m2). La conçue et gérée comme une ressource mul-
seule présence de la Promenade Plantée a contribué à augmen- tifonctionnelle capable de fournir un vaste
ter la valeur locative du quartier : les loyers ont progressé de éventail de services importants pour le bien-
10 % et le prix au mètre carré fluctuait entre 8,5 et 11 EUR en être des communautés locales. Elle se com-
2002. Ce projet démontre que les espaces élevés peuvent eux pose de forêts, de rivières, de zones côtières,
aussi suivre le train du changement. Il prouve également que le de parcs, de corridors écologiques et de tout
caractère d’une ville tient aussi à la valorisation de son passé, qui autre élément naturel ou semi-naturel qui
peut être embelli par une touche de modernisation. contribue de manière pertinente à l’offre de
services écosystémiques.
Quelle que soit la manière d’interpréter ce terme, il est clairement admis que l’infrastructure verte
est, par essence, un réseau écologique cohérent. Ainsi, il est logique de prendre en compte les
travaux réalisés à différents niveaux géographiques afin de définir les zones où une connectivité
écologique existe ou pourrait exister. À une échelle inférieure à celle des corridors écologiques qui
traversent les frontières et les territoires nationaux, l’infrastructure verte est constituée des trames
vertes et bleues qui composent la mosaïque des paysages multifonctionnels gérés de manière tra-
ditionnelle et qui restent au cœur de la description des réseaux écologiques donnée ci-dessus.
Les éléments qui peuvent composer une infrastructure verte sont les suivants (EC, 2010a) :
• zones protégées, tels que les sites Natura 2000 ;
• écosystèmes sains et zones de grande valeur naturelle situés en dehors des zones protégées,
tels que les plaines inondables, les zones humides, les zones côtières, les forêts naturelles, etc. ;
• éléments paysagers naturels, tels que les petits cours d’eau, les espaces boisés, les haies
pouvant faire office de corridors écologiques ou de zones de transition pour la faune
sauvage ;
• habitats recréés pour des espèces en particulier (ex. : pour élargir une zone protégée,
une zone d’alimentation, de reproduction ou de repos pour ces espèces et favoriser leur
migration/dissémination) ;
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
• éléments artificiels, tels que des écoducs, destinés à permettre aux espèces de franchir les
obstacles insurmontables qui fragmentent le paysage ;
• zones multifonctionnelles où le paysage est utilisé à des fins de préservation et de restau-
ration des écosystèmes sains plutôt que dans d’autres buts ;
• zones où des mesures sont mises en œuvre pour améliorer la qualité écologique générale
et la perméabilité du paysage ;
• éléments urbains, tels que les parcs, les toitures et les murs végétalisés, abritant une biodi-
versité et permettant aux écosystèmes de fonctionner et de fournir des services en reliant
des zones urbaines, périurbaines et rurales ;
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences
La Commission européenne a mis en évidence un certain nombre d’avantages que l’on peut obtenir
grâce à une infrastructure verte :
• des avantages environnementaux, économiques et sociaux, notamment grâce à des par-
tenariats (la participation active des parties prenantes et des acteurs possédant un certain
nombre de ressources utiles sur le terrain est un élément crucial) ;
• une politique d’aménagement du territoire intégrée grâce à la définition de zones multi-
fonctionnelles et à l’insertion de mesures de restauration des habitats et d’autres éléments
de connectivité dans différents plans et politiques d’occupation des sols ;
• le bon fonctionnement des écosystèmes, leur protection, l’obtention de services et de biens
écosystémiques durables et, en parallèle, l’accroissement de leur résilience grâce à l’atté-
nuation des effets néfastes du changement climatique. Plus particulièrement :
• l’infrastructure verte est un moyen efficace et rentable d’absorber et d’emprison-
ner le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’atmosphère ;
• elle contribue à réduire les risques de catastrophe naturelle grâce à la mise en
œuvre de démarches fondées sur les écosystèmes, notamment en protégeant les
zones côtières par la restauration de marais ou de plaines inondables plutôt que
par la construction de digues ;
• l’utilisation efficace d’une infrastructure verte permet de réduire la consommation
d’énergie grâce au chauffage et au refroidissement passifs, de filtrer les polluants
présents dans l’air et l’eau, de réduire les entrées de chaleur par insolation, de
créer des habitats pour la vie sauvage, de réduire les dépenses publiques servant
à financer les infrastructures de gestion des eaux pluviales et à prévenir les inon-
dations, de créer des sources de nourriture, de stabiliser le sol et de prévenir ou
réduire l’érosion ;
• elle peut contribuer à embellir les paysages, à préserver le patrimoine archéolo-
gique et culturel, à offrir des espaces verts accessibles, des moyens de transport et
des solutions énergétiques durables, à organiser des activités de sensibilisation à
l’environnement, à renforcer le sentiment collectif d’appropriation à la nature et à
améliorer le bien-être ;
• la participation au développement d’une économie durable grâce à l’investissement dans
des démarches fondées sur les écosystèmes comportent de nombreux avantages, offrent
des solutions techniques et atténuent les effets néfastes liés au transport et à l’infrastruc-
ture énergétique. En d’autres termes, son objectif final est de servir de cadre au développe-
ment sur le territoire d’une économie verte à faible émission de CO2.
L’infrastructure verte permet d’améliorer les résultats déjà obtenus (avec les réseaux écologiques)
en éclairant les décisions importantes qui doivent être prises en matière d’aménagement et de
gestion des zones rurales entourant des zones protégées et autres sites particuliers. Grâce à elle,
les questions relatives aux services écosystémiques, à l’adaptation au changement climatique, à
la résilience écologique et aux avantages économiques et sociaux qui en découlent peuvent être
intégrées à une nouvelle démarche.
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Il est donc logique que de nombreux pays aient intégré la création d’habitats à leur plan d’action
national pour la biodiversité. Ces mesures nationales, qui sont à l’origine de bon nombre de propo-
sitions de création et de restauration d’habitats et doivent être intégrées aux plans locaux, se sont
ajoutées aux obligations de compensation de certaines pertes de biodiversité dues, notamment,
au développement industriel. Un autre élément moteur a été le concept de « compensation pour
Types d’infrastructure J
verte : F
A: Principaux « cordons verts »
B. Zones urbaines
B
C. Zones industrielles
D. Zone résidentielle
A
périurbaine E
E. Centre communal
C
F. Zones côtières H
G. Parcs naturels
H. Parcelles de terre et vergers G
I. Systèmes d’évacuation
durables Schéma d’infrastructure verte
http://www.landscapeinstitute.org/
J. Hautes terres
D I policy/GreenInfrastructure.php (en anglais)
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences
la création d’habitats de réserve », venu d’Amérique du Nord, qui consiste à atténuer ou à com-
penser la disparition d’habitats tels que les plaines inondables. Par exemple, lorsqu’un projet de
développement situé sur une plaine inondable au bord d’un fleuve ou d’un estuaire entrave les pro-
cessus naturels et augmente les risques d’inondation des zones résidentielles alentours, celui-ci doit
s’accompagner de la création d’un habitat offrant à la fois des services écosystémiques (prévention
des inondations) et un renforcement de la biodiversité afin de compenser la perte entraînée.
En matière de restauration des habitats, les connaissances et les expériences ne cessent de s’étof-
fer. De toute évidence, la restauration d’habitats doit être l’un des principaux mécanismes utilisés
par les municipalités pour garantir un développement durable, dans lequel la préservation de la
biodiversité et des services écosystémiques a toute sa place.
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
En zone urbaine, la création d’infrastructure verte repose sur l’aménagement des espaces verts.
Dans la mesure du possible, elle doit être intégrée au cycle d’aménagement de l’infrastructure clas-
sique, dite « grise », et ne pas venir ensuite. L’intégration des infrastructures verte et grise peut
donner lieu à de nombreux avantages.
Les zones urbaines et industrielles sont des lieux dynamiques, où la démolition du vieux et la construction du
neuf modifient constamment le paysage et créent de nouvelles possibilités. Les friches industrielles constituent
des zones de colonisation temporaire pour les espèces pionnières. Ces espèces sont très mobiles et peuvent
donc survivre tant qu’elles disposent d’espaces non bâtis où elles peuvent vivre et se reproduire. Les friches
industrielles et les parcelles de terrain en attente de construction sont donc des habitats parfaits pour elles.
Toutefois, comme des espèces recensées et protégées sont souvent présentes sur ces zones, les
acteurs du développement ont tendance à en empêcher la colonisation en semant de l’herbe et en
tondant celle-ci régulièrement.
La création d’endroits de nidification et de repos pour les animaux peut améliorer la situation d’un grand nombre
d’espèces animales en milieux urbains. La photo montre l’inauguration d’un hôtel à insectes en France
Éco-construction
La construction d’immeubles d’habitation et d’entreprise peut contribuer de manière significative
à la protection de la nature et de la biodiversité, et à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’une dé-
marche d’éco-construction. Les avantages pour l’environnement peuvent être directs ou indirects.
Les avantages directs de l’éco-construction pour la biodiversité urbaine se traduisent notamment
par l’intégration d’éléments verts dans la conception, tels que des murs ou des toits végétalisés, ou
encore des nids artificiels pour les martinets.
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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences
Alors que la création de nichoirs pour les oiseaux et d’abris pour les chauves-souris et les insectes
bénéficient en premier lieu à la biodiversité urbaine (bien que ces éléments apportent également
aux habitants un certain bien-être puisqu’ils invitent la nature dans la ville), des adaptations à plus
grande échelle, telles que les murs ou les toits végétalisés, ont des effets bénéfiques à la fois pour
la nature et la société.
Le concept de toiture végétalisée est à l’essai depuis plusieurs années ; les limites et les contraintes
qu’il comporte sont bien connues. Par conséquent, on considère que la construction de toitures
végétalisées peut à présent se faire en toute sécurité, sans risque important de fuite ou d’autres
effets indésirables.
Si la toiture est bien conçue, la végétation et le gazon qui le composent peuvent fournir un certain
nombre de services écosystémiques très utiles.
1. Filtration : la végétation présente sur les toitures végétalisées capture les particules fines
et autres agents polluants présents dans l’air. Elle contribue ainsi à améliorer la qualité de
vie dans les zones urbaines. De même, elle permet de purifier l’eau absorbée par les végé-
taux et la terre avant d’atteindre le réseau d’évacuation urbain.
2. Isolation : les couches de gazon et de végétation d’une toiture végétalisée isolent très
efficacement un bâtiment des températures extrêmes. Si les toitures végétalisées com-
portent des arbres ou de hauts buissons, leur ombre accentue encore l’isolation contre la
chaleur. Cet effet isolant permet d’économiser de l’énergie (effet bénéfique indirect pour
la biodiversité) et de l’argent.
3. Régulation de l’écoulement de l’eau : l’un des principaux services que les toits végétalisés
offrent aux villes est la rétention, puis le stockage de l’eau de pluie, avant de la libérer len-
tement dans le réseau d’évacuation urbain.
Les points 2 et 3 sont des mesures importantes d’adaptation au changement climatique dans les
villes qui souffrent de plus en plus de l’effet d’îlot de chaleur urbain. L’isolation est une mesure
d’adaptation qui profite en premier lieu à ceux qui vivent et travaillent dans les bâtiments équipés
d’une toiture végétalisée, alors que la régulation de l’écoulement de l’eau bénéficie à l’administra-
tion publique locale, qui est de plus en plus souvent amenée à gérer des inondations en raison de
l’intensification des tempêtes de pluie liées au changement climatique.
Les avantages indirects de l’éco-construction pour la biodiversité sont ceux liés aux économies
d’énergie réalisées et à l’analyse du cycle de vie du processus de construction dans son intégra-
lité, deux éléments qui allègent les contraintes pesant sur les ressources naturelles. Cependant, ces
avantages sortent du cadre de la présente formation.
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