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Nature et aménagement du territoire

Mise en pratique des compétences

services écosystémiques
du territoire, biodiversité et
Aménagement
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BD SKILLS – Skills for Local Biodiversity

03
Objectifs d’apprentissage
Ce chapitre est consacré aux activités de planification et
de mise en œuvre pouvant s’inscrire dans une approche
écosystémique. Il s’intéresse aux conditions que les autorités
publiques doivent réunir pour pouvoir tirer pleinement
profit des avantages de la biodiversité. Il s’adresse
également à certains des défis auxquels les spécialistes de
l’aménagement du territoire peuvent être confrontés.
Au terme de cette réflexion, le lecteur sera capable de mettre
en pratique une nouvelle approche de la conservation de la
biodiversité et des écosystèmes ; il aura aussi une meilleure
compréhension des différents enjeux et de solides arguments
pour mener une négociation.
Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques

Introduction
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences

Ce chapitre présente le rôle que l’aménagement du territoire peut jouer en permettant de trouver
un équilibre entre, d’une part, la biodiversité et les services écosystémiques et, d’autre part, d’autres
objectifs d’occupation du sol. Par ailleurs, il propose une réflexion sur la manière dont la biodiversité
peut être intégrée aux plans d’aménagement du territoire.

Le rôle de l’aménagement du territoire


« L’ambition internationale de réduire de manière significative la perte de biodiversité n’a pas été
réalisée. Bien que les questions de la protection de la nature et de l’utilisation durable des res-
sources biologiques figurent parmi les préoccupations politiques majeures depuis plus d’un siècle, et
se fassent même de plus en plus présentes depuis une trentaine d’années, les trois principales com-
posantes de la biodiversité (gènes, espèces et écosystèmes) continuent de décliner alors que les
contraintes qui pèsent sur elles continuent d’augmenter. » (2011, Nilsson, Stockholm Environment
Institute)

Définition de l’aménagement du territoire Il est clair que des actions doivent être menées pour enrayer la
« L’aménagement du territoire est perte de biodiversité. Les deux chapitres précédents proposent
l’expression spatiale des politiques à cet effet de nouvelles manières d’encadrer la biodiversité. Les
approches modernes abordent la biodiversité comme un service
économique, sociale, culturelle et écologique
permettant de réaliser des objectifs économiques et sociaux
de toute société. Il est à la fois une discipline
plus larges ; elle s’éloigne de l’approche traditionnelle de conser-
scientifique, une technique administrative et vation de la nature pour aller vers une démarche plus équilibrée
une politique conçue comme une approche de gestion, qui cherche à tirer le meilleur parti de l’environne-
interdisciplinaire et globale tendant à un ment naturel. L’aménagement du territoire joue donc un rôle
développement équilibré des régions et à central dans l’application de ces nouveaux principes aux niveaux
l’organisation physique de l’espace selon régional et local.

une conception directrice. »


L’aménagement du territoire est un métier : les spécialistes dans ce
Source : Charte européenne de domaine sont capables de prendre en compte des objectifs contra-
l’aménagement du territoire adoptée à dictoires et de les concilier dans un seul et même espace, ou de trou-
Torremolinos en 1983 par la Conférence ver des points communs et une synergie entre différents modèles
européenne des ministres responsables de d’occupation du sol. La protection et la gestion de la biodiversité
l’aménagement du territoire. et des services écologiques sont des disciplines étroitement liées à
l’espace. Elles passent par la définition de zones spécifiques du ter-
ritoire qui sont importantes pour la vie sauvage ou qui fournissent
des biens et des services à la société (ex. : un bassin hydrographique). Même une espèce animale très
mobile a besoin d’une aire de reproduction, d’alimentation et de nidification délimitable dans l’espace.
Or les lois qui visent à protéger certaines espèces ne portent souvent que sur l’animal lui-même et, au
final, l’avenir de celui-ci sera déterminé par le niveau de protection et de gestion dont bénéficiera son
habitat. Les facteurs spatiaux (ex. : sources de nourriture, corridors écologiques ou conditions climatiques
locales) influencent les relations entre les espèces et leur habitat.

Il est évident que des liens étroits peuvent être tissés entre la biodiversité (habitats, espèces, éco-
systèmes, services écosystémiques et gènes) et l’aménagement du territoire. Quelle que soit le
sens que l’on donne à l’aménagement du territoire, celui-ci peut contribuer à éviter, à atténuer ou

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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques

Nature et aménagement du territoire


Mise en pratique des compétences
à réparer le préjudice causé à l’environnement, ainsi qu’à renforcer et à restaurer la biodiversité.
De nombreux plans d’aménagement placent la biodiversité parmi leurs objectifs premiers, mais il
convient de se demander dans quelle mesure ils participent véritablement à la conservation de la
biodiversité et si les politiques sont mises en œuvre de la manière la plus efficace possible.

Aménagement du territoire et biodiversité


Trois éléments-clés de l’aménagement du territoire contribuent à la conservation de la biodiversité :

Équilibre L’aménagement du territoire permet d’optimiser un large éventail de fonc-


tions et d’utilisations du sol et de renforcer la biodiversité.

La prise en compte de la biodiversité dans l’aménagement du territoire permet


d’avoir une vue d’ensemble des problématiques tout en mettant l’accent sur la
conservation de la nature.

Les approches traditionnelles ont tendance à opposer la biodiversité et les au-


tres objectifs.

L’approche fondée sur la biodiversité et les services écosystémiques est loin


d’être simpliste.

Organisation L’aménagement du territoire obéit à des directives gouvernementales.

Les programmes relatifs à la biodiversité peuvent prendre différentes formes


(ex. : ONG, recherche indépendante).

L’aménagement du territoire obéit à une hiérarchie administrative commune


et à un ensemble de plans sectoriels (ex.  : développement économique,
transport).

Les initiatives relatives à la biodiversité sont ponctuelles et leur nature, leur


échelle et leur structure peuvent être très variées.

Méthode Combiner biodiversité et aménagement du territoire permet de synthétiser et


d’organiser un vaste éventail de données économiques, sociales, environne-
mentales et géographiques.

Une démarche peut être orientée vers un résultat unique (ex. : obtenir un ac-
cord entre différents acteurs).

Une démarche peut être sectorielle (ex.  : lien entre entre transport et
biodiversité).

De nombreuses méthodes peuvent être utilisées dans le cadre de différentes


approches.

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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences

Outre ces trois éléments, une autre dimension de l’interaction entre conservation de la biodiversité
et aménagement du territoire tient une place essentielle : l’évolution du contexte dans lequel ils
sont mis en œuvre. En effet, dans un grand nombre de pays européens, la législation encadrant la
conservation de la biodiversité et l’aménagement du territoire a radicalement changé au cours des
dix dernières années, alors que le lien entre ces deux domaines se faisait plus évident. Dans de nom-
breuses régions du monde, le concept traditionnel de zone protégée a commencé à évoluer afin de
répondre à de nouveaux défis. Le tableau ci-dessous récapitule les changements en question.

Le nouveau paradigme des zones protégées (Phillips, 2003)

AVANT MAINTENANT
Les zones protégées étaient : Les zones protégées sont :

Objectifs – tenues à l’écart à des fins de conservation ; – associées à des objectifs sociaux et économiques ;
– créées principalement pour protéger la faune, la – créées pour des raisons scientifiques, écono-
flore et les paysages spectaculaires ; miques et culturelles ;
– gérées principalement pour les visiteurs et les – gérées en prenant davantage en compte les
touristes ; autochtones ;
– considérées comme précieuses pour leur nature – considérées comme précieuses pour leur valeur
sauvage ; culturelle ;
– protégées ; – restaurées et réhabilitées ;

Gouvernance – gérées par le gouvernement central ; – gérées par différents partenaires ;

Population locale – aménagées et gérées en écartant la population – gérées avec, pour et, parfois, par la population
locale ; locale ;
– gérées sans tenir compte de l’avis de la popula- – gérées pour répondre aux besoins de la popula-
tion locale ; tion locale ;

Contexte – créées de manière isolée ; – aménagées dans le cadre de systèmes nationaux,


– gérées comme des « îlots » ; régionaux et internationaux ;
– gérées comme des « réseaux » (zones strictement
protégées, entourées de zones-tampons et reliées
par des corridors écologiques) ;

Perception – considérées principalement comme un atout – considérées comme un atout communautaire ;


national ; – considérées aussi comme une préoccupation inter-
– considérées principalement comme une préoccu- nationale ;
pation nationale ;

Techniques de – gérées « a posteriori » et à court terme ; – gérées de manière proactive et à long terme ;
gestion – gérées de manière technocratique ; – gérées en tenant compte d’objectifs politiques ;

Aspect financier – financées par les contribuables ; – financées par différentes entités ;

Compétences de – gérées par des scientifiques et des spécialistes – gérées par des individus polyvalents ;
gestion des ressources naturelles ; – alimentées par les compétences locales.
– régies par des spécialistes.

Au cours des dernières décennies, l’accroissement de la population a entraîné une augmentation


de l’occupation de l’espace et, par conséquent, d’un besoin d’analyse territoriale. Le développe-
ment régional consiste aujourd’hui à aménager des espaces rares pour en faire des lieux de vie

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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques

Nature et aménagement du territoire


Mise en pratique des compétences
© Laurent Mignaux, METL-MEDDE
Panneau d’information pour visiteurs d’une zone protégée

qui répondent à des besoins nouveaux et toujours croissants, notamment en ce qui concerne le
travail ou les loisirs, tout en préservant un équilibre environnemental suffisant nécessaire à la
conservation des écosystèmes et du patrimoine culturel. Au fil des années, cette tension s’est
accrue dans les pays industrialisés et s’est faite de plus en plus présente dans les économies en
transition.

À présent, il apparaît clairement que cette perte importante et continue de la biodiversité en Europe
témoigne de la baisse constante de la capacité des écosystèmes à assurer des fonctions de support
et de régulation.

Le concept de services écosystémiques (voir le premier chapitre) a soulevé un certain nombre de


nouvelles questions et suppose de considérer d’une manière innovante les politiques relatives à
l’environnement et à la biodiversité, dont l’aménagement du territoire sera nécessairement un élé-
ment essentiel. Ainsi, nombre des interactions observées entre l’aménagement du territoire et la
biodiversité peuvent également être observées entre l’aménagement du territoire et les services
écosystémiques. Le potentiel d’intégration des services écosystémiques est important ; ils peuvent
permettre d’atteindre de multiples objectifs, notamment d’ordre socioéconomique ou en matière
de conservation de la biodiversité et de préservation de l’environnement en général.

La biodiversité et les services écosystémiques ne doivent plus être considérés comme une contrainte
au développement, mais plutôt comme un solide atout pour la prospérité sociale et économique.
Toutefois, pour protéger et gérer efficacement la biodiversité et les services écosystémiques, il est
indispensable, comme dans n’importe quelle stratégie, d’établir une ligne d’action claire et de pro-
céder à une évaluation des priorités. Ces éléments doivent donc être intégrés et planifiés parallè-
lement aux demandes d’aménagement du territoire. Un tel processus se déroule à des échelles
territoriales diverses et par le biais de différents processus de planification. Ces deux aspects seront
examinés ci-dessous.

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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences

© Arnaud Bouissou, METL-MEDDE


L’agriculture intensive est l’un des types d’utilisation des terres en concurrence avec la nature pour l’espace limité disponible

L’aménagement du territoire à des


échelles territoriales diverses
Lorsqu’on parle d’aménagement du territoire, il convient de connaître les types de plans d’amé-
nagement existants et la manière dont ces plans se complètent aux différentes échelles territo-
riales. Le diagramme ci-dessous présente les différents niveaux territoriaux auxquels les politiques
d’aménagement du territoire s’appliquent dans l’UE. Chaque niveau offre différentes possibilités
de réponse aux objectifs fixés en matière de biodiversité.

National Régional Sous-régional Local Municipal


• L égislation • Stratégies • Développement • Plan • Schéma
• Politique et territoriales économique d’occupation directeur
orientation régionales • Aménagement des sols • Plan de
• Stratégie • Planification des des zones de • Plan d’action voisinage
territoriale infrastructures concentration pour la • Plan par
nationale • Planification de urbaine biodiversité domaine
• Plan d’action pour l’énergie • Aménagement • Plan Action 21 d’action
la biodiversité des écosystèmes local • État technique
• Gestion
des bassins
hydrographiques

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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques

Nature et aménagement du territoire


Mise en pratique des compétences
L’encadrement politique de la biodiversité est important pour les décideurs politiques. L’orientation
des stratégies adoptées dans ce domaine au cours des dernières décennies a changé à plusieurs
reprises, notamment concernant l’échelle territoriale à privilégier (locale, régionale, nationale ou
mondiale).

Le tableau ci-dessous montre les différents choix politiques possibles aux différentes échelles
territoriales.

Choix politiques en matière de biodiversité

• désigner des habitats importants au niveau national


National

• établir un cadre politique large


• légiférer pour imposer des évaluations environnementales
• fournir des outils et une assistance (ex. : agences)

• établir des principes de gestion de la biodiversité (ex. : développement sans perte nette d’espèces ou d’habitats impor-
tants et aboutissant à des gains nets)
• définir le besoin de croissance et les risques potentiels pour la biodiversité
• établir des liens avec des stratégies plus larges (ex. : plans de gestion du littoral, des estuaires et des bassins
Régional

hydrographiques)
• mener des études ayant un impact transfrontalier (ex. : études sur le cycle de l’eau)
• établir des cadres pour des projets de création d’habitats à grande échelle
• établir un réseau stratégique d’infrastructures vertes
• comprendre les liens entre le changement climatique et la biodiversité
• travailler avec les entités régionales de conservation de la biodiversité et de la nature

• trouver un juste milieu entre la protection de la biodiversité et des objectifs plus larges, et démontrer qu’il est possible
Sous-régional

de gagner sur tous les plans


• gérer les espaces naturels qui servent de corridors et de zones tampons
• promouvoir l’application de normes environnementales strictes lors de la conception, de l’élaboration de plans direc-
teurs et de la gestion de zones de développement, afin de créer des lieux de vie attrayants, sains et sûrs
• Appuyer la croissance économique sur la protection et l’amélioration des espaces verts multifonctionnels

• poursuivre les objectifs en matière de biodiversité fixés à des niveaux supérieurs et veiller à les intégrer dans tous les
secteurs de l’aménagement du territoire et du développement
• mettre en place un système de suivi du développement visant à promouvoir les avantages de la biodiversité
Local

• créer une base factuelle sur la biodiversité afin de répondre aux exigences de l’évaluation environnementale et de pou-
voir négocier avec les acteurs du développement
• faire participer l’ensemble des acteurs au processus d’élaboration du plan
• fixer des objectifs ambitieux mais réalisables pour suivre la concrétisation des efforts en faveur de la biodiversité

• définir et gérer les habitats


• mettre en œuvre le plan d’action local pour la biodiversité
• assurer un suivi/tenir un journal de bord
Quartier

• faire naître chez la population locale un sentiment d’appropriation du patrimoine naturel


• encourager le volontariat
• préserver et gérer les atouts de la biodiversité de manière directe
• faire participer des groupes plus larges

Il est nécessaire d’agir à tous les niveaux. En effet, avec les changements qui interviennent dans les
modalités de gouvernance, il existe un risque que la place accordée à la biodiversité soit moindre
(ex. : en Angleterre, l’aménagement régional a récemment été remplacé par une politique de dé-
veloppement économique au niveau sous-régional qui encourage les autorités à coopérer sur les
questions stratégiques).

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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences

© Arnaud Bouissou, METL-MEDDE


Les jardins familiaux, s’ils sont cultivés de façon biologique, permettent une action locale en faveur de la biodiversité

Revitalisation d’un site défavorisé grâce à la restauration de l’environnement


à Barnsholme (Royaume-Uni)
Dans les années soixante, un projet de construction routière aurait dû voir le jour sur les terres agricoles de
Barnsholme. Or, ce projet n’a jamais été finalisé et la zone est restée à l’abandon jusqu’au milieu des années
quatre-vingt dix, époque à laquelle la création d’un parc naturel a été envisagée en raison des zones humides que
le site abrite. En décembre 2011, le statut de réserve naturelle locale a été attribué au site. Il restait alors à trouver
comment utiliser cette zone humide naturelle et ces terres agricoles à l’abandon pour renforcer la biodiversité
locale tout en créant un espace attrayant pour la faune, la flore et les populations défavorisées habitant les envi-
rons. L’idée a émané d’un réseau d’individus et d’organisations, mais le projet a été porté par toute la communau-
té. Les 48 hectares du parc regorgent d’habitats variés qui abritent des espèces locales et des espèces migratoires.
Ces zones humides renferment notamment des espèces rares de coléoptères aquatiques, des tritons à crêtes, des
couleuvres à collier et des campagnols. Ils sont aussi un refuge pour les oiseaux, comme la bécassine des marais, le
coucou, la tourterelle des bois, le faucon pèlerin, le martin-pêcheur, le vanneau huppé et bien d’autres. La création
de cette réserve naturelle locale, une première pour la ville de Hull, a été largement saluée et applaudie. Les plans
d’action locaux pour la biodiversité, soutenus par le bureau gouvernemental Government Office for Yorkshire and
Humber, et le spécialiste en écologie de la mairie de Hull ont contribué à la réussite de cette initiative. Cependant,
ce sont avant tout les habitants qui ont joué un rôle prépondérant dans ce projet. Ils ont participé à chaque étape
du processus et ont développé un véritable sentiment d’appropriation. Cette participation active des citoyens, et
les connaissances et compétences qu’ils en ont retirées sont l’une des plus grandes réussites du projet.

Ces plans élaborés à différents niveaux doivent s’articuler entre eux pour parvenir à une conservation de
la biodiversité et faire en sorte que les messages soient cohérents et complémentaires. La biodiversité,
les habitats, les écosystèmes et les paysages ne suivent pas les frontières administratives et il est donc
nécessaire que les autorités locales, sous-régionales et régionales coopèrent sur les questions environne-
mentales. La hiérarchie des plans d’aménagement et la nécessité d’une collaboration transfrontalière

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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques

Nature et aménagement du territoire


Mise en pratique des compétences
donnent lieu à une mosaïque stratégique complexe qui peut paraître décourageante. Le schéma ci-des-
sous met en évidence les liens entre le plan de gestion d’un bassin hydrographique et la création d’une
infrastructure verte dans une zone de concentration urbaine.

Plan d’action national en faveur Stratégie nationale


Politiques nationales
de la biodiversité de développement durable

Plan d’action régional en faveur Stratégie régionale


Schéma de cohérence territoriale
de la biodiversité de développement économique

Plan de gestion d’un bassin Création d’une infrastructure verte


hydrographique dans une zone urbaine

Plan d’action local en faveur de la


Plan local d’urbanisme Plans directeurs
biodiversité

Intégrer la biodiversité dans les plans


d’aménagement du territoire
L’aménagement du territoire à différentes échelles et dans le cadre de différents plans peut contri-
buer à la conservation de la biodiversité et des services écosystémiques. Dans chaque plan, divers
mécanismes entrent en jeu :

A. les politiques d’aménagement du territoire ;


B. les politiques locales/municipales ;
C. les politiques de promotion ;
D. les politiques de mise en œuvre ;
E. le suivi et la base factuelle (voir chapitre suivant).

Ces mécanismes se complètent les uns les autres. Par exemple, on peut associer une politique de
catégorie A pour protéger un site contre le développement, une politique de catégorie B pour le
faire gérer par des volontaires engagés dans le cadre d’une politique de catégorie D, et une poli-
tique de catégorie C pour informer les personnes sur l’histoire naturelle du site.

A. Politiques d’aménagement du territoire

Différents types de politiques d’aménagement du territoire


1. Politique générale. Ce type de politique vise à garantir que les conséquences de tout projet
de construction ou de développement sur la biodiversité et les services écosystémiques soient

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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences

prises en compte au moment de d’examiner les projets d’aménagement. L’objectif premier de


ce type de politique doit être d’éviter les effets néfastes du développement sur les écosystèmes
et la biodiversité. Le point fort d’une telle politique est qu’elle s’applique sur l’ensemble du ter-
ritoire d’une municipalité. Ainsi, elle peut servir à demander l’entretien d’éléments urbains tels
que les arbres ou les haies, à empêcher d’endommager inutilement des cours ou des plans
d’eau, ou à exiger la présence d’espèces autochtones dans les plans d’aménagement paysager.
2. Protection des sites. Une politique claire et ferme est
Compensation de la perte de biodiversité
nécessaire pour protéger les sites sauvages les plus riches
Un bon projet de développement doit d’une municipalité. L’objectif d’une politique de ce type doit
prendre en compte la conservation être de contrôler les demandes d’aménagement du terri-
de la biodiversité dans sa conception, toire susceptibles d’endommager ces sites.
mais peut tout de même entraîner 3. Zones spéciales. Une telle politique peut s’avérer utile
une perte de biodiversité lorsque pour les municipalités rurales. Elle peut servir à définir des
zones présentant un intérêt particulier en termes de biodi-
certains de ses effets ne peuvent être
versité et de services écosystémiques (ex.  : vallée fluviale,
évités au moyen d’un changement
zone d’habitat naturel ou littoral). Ces zones ont également
de conception ou d’emplacement, ou souvent une grande valeur paysagère. Il est important que
atténués par d’autres mesures. les effets d’une telle politique ne soient pas dilués à cause
La compensation de perte de d’une mise en application trop large.
biodiversité concerne les mesures de 4. Protection spécifique des habitats. Ce type de politique
conservation visant à produire des complète efficacement une politique générale (voir type 1
ci-dessus). Il est souhaitable d’y avoir recours lorsque la liste
gains de biodiversité mesurables afin
des sites ayant une importance pour la biodiversité n’a pas
de compenser des pertes. Dans le
encore été établie ou que ces derniers ne font pas l’objet
cadre d’un projet d’aménagement, les d’une politique appropriée. Parmi les différents habitats
acteurs du développement répondent naturels, on peut classer les forêts ou les zones boisées,
aux exigences de compensation en les marécages, les marais, les landes, les prairies sauvages,
travaillant avec des spécialistes qui les cours d’eau, les marais salants, les étangs, les lacs, etc.
exécutent des projets de conservation. L’objectif est de protéger ces habitats contre les effets du
développement qui pourraient nuire à leur biodiversité et
Afin de satisfaire les exigences de
réduire l’offre de services écosystémiques.
compensation, une méthodologie
5. Réseaux écologiques/infrastructure verte. Les éléments
précise est appliquée. biologiques linéaires jouent le rôle de corridors dans les-
Le district de Doncaster Metropolitan quels la faune et la flore sauvages vivent et se déplacent.
Borough (www.doncaster.gov.uk, en La continuité est un facteur crucial pour de nombreuses
anglais) est l’une des six localités à espèces ; plus un site est isolé, moins les espèces capables
tester et à évaluer cette approche au de le coloniser sont variées. Or les corridors peuvent être
endommagés, rendus inutiles car trop étroits, voire complè-
Royaume-Uni.
tement sectionnés. Dans les zones urbaines, les corridors
Plus d’informations sont disponibles
qui permettent le déplacement des espèces sauvages sont
sur le site du Department for parfois appelés « espaces naturels linéaires ». Ces espaces
Environment, Food and Rural sont utiles à la fois pour la vie sauvage et pour les loisirs.
Affairs (ministère britannique de Les objectifs d’une politique d’infrastructure verte doivent
l’environnement, de l’alimentation être d’éviter la réduction de la superficie (en longueur ou
et des affaires rurales) : http://www. en largeur) des corridors écologiques, d’empêcher la pré-
sence d’obstacles dans ces corridors, de refuser les projets
defra.gov.uk/environment/natural/
qui pourraient porter préjudice aux corridors et réduire leur
biodiversity/uk/offsetting/ (en anglais)
utilité (services écosystémiques).

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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques

Nature et aménagement du territoire


Mise en pratique des compétences
6. Création d’habitats. Outre le fait de déli-
miter les sites propices à la construction Un programme d’activités complet
et à d’autres projets de développement, lié à la protection de l’azuré des
un plan d’aménagement du territoire per- anthyllides (Lanaken, Belgique)
met de mettre en évidence les zones où
Dans le cadre du projet Gemeenten Adopteren Limburgse
il est possible de renforcer la biodiversité
Soorten (les municipalités défendent les espèces du
et les services écosystémiques. Une telle
Limbourg), coordonné par la province néerlandaise du
politique signifie que la municipalité veut
Limbourg, la mairie de Lanaken (Belgique) a choisi de faire
soutenir les projets susceptibles  : d’ac-
de l’azuré des anthyllides (Polyommatus semiargus, un pa-
croître le nombre, la superficie et la diver-
pillon) son emblème. La municipalité a décidé de lancer un
sité des zones présentant un intérêt pour
projet innovant visant à protéger ces papillons et à renforcer
la biodiversité, des réseaux écologiques
leur population. L’entité chargée de la maintenance des ber-
et des zones fournissant des services
ges du canal, un habitat riche en verdure et vital pour les pa-
écosystémiques  ; de créer de nouveaux
pillons, a également participé au projet. Dans la continuité
habitats  ; d’augmenter la population de
de ce plan, la mairie a également amélioré la gestion des
certaines espèces, etc. Des objectifs chif-
prairies de Pietersheim dans le but de répondre aux besoins
frés d’accroissement de la superficie d’un
des papillons et de développer un programme éducatif au-
habitat naturel peuvent également être
tour du site. De plus, plusieurs événements publics autour de
fixés.
ces papillons ont été organisés (sorties, ateliers de forma-
7. Accès/accessibilité. Une politique de
tion et animations). Le projet a eu pour effet de renforcer les
cette nature vise à garantir l’accès du
populations de papillons grâce à la restauration d’espèces
public, notamment des personnes handi-
végétales (dont le trèfle violet et l’anthyllide vulnéraire) et de
capées, à certaines zones présentant un
sensibiliser les citoyens à la protection des papillons. La réus-
intérêt pour la biodiversité (sauf lorsque cet
site de ce projet tient, entre autres, à la collaboration entre
accès se ferait au détriment des intérêts
la municipalité et nv De Scheepvaart (partenaire du projet
écologiques ou de l’occupation des sols
propriétaire des berges du canal) et à la décision de changer
dans cette zone). Voici un exemple d’objec-
le statut de certaines zones constructibles afin de protéger
tif que cette politique peut fixer : « Grâce à
les papillons et leur habitat. Le projet est aujourd’hui arrivé à
la maîtrise du développement et à l’aide
son terme. Cependant il reste encore à effectuer un suivi et
à la création d’habitats naturels, l’autori-
des recherches sur les populations de papillons.
té locale fera en sorte que l’ensemble des
habitants de la municipalité aient accès © Albert Vliegenthart, Saxifraga

à un site représentant un intérêt pour la


biodiversité dans un rayon de 500 mètres
à partir de leur domicile.  » La formula-
tion qui précède est particulièrement bien
adaptée aux zones urbaines. Elle repose
sur l’idée que les habitats semi-naturels
contribuent à la qualité de la vie et que, par
conséquent, il devrait exister des normes
concernant l’offre de ce type d’espaces, de
la même manière qu’il existe des normes
concernant l’offre de terrains de jeu, d’es-
Azuré des anthyllides (Polyommatus semiargus)
paces verts publics, etc.

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Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences

B. Politiques locales/municipales

Les politiques de la catégorie B sont liées aux fonctions et aux responsabilités élargies de la muni-
cipalité. Il peut être important de les intégrer au plan d’action local pour la biodiversité établi par
une municipalité (voir ci-après) car elles ne font pas nécessairement partie intégrante d’un plan
d’aménagement. Ces politiques peuvent porter sur les domaines suivants :

1. Gestion des sols. L’objectif de ce type de politique est de faire en sorte que la municipalité
adopte ou impose des pratiques professionnelles favorisant la conservation et le renfor-
cement de la biodiversité et des services écosystémiques sur son territoire, ainsi que l’im-
plantation et la conservation d’espèces sauvages. Par exemple, il peut s’agir de : réduire la
superficie des zones de pelouse tondues par la municipalité pour laisser la place à d’autres
types d’habitats  ;  former les agents municipaux participant à l’aménagement du terri-
toire à l’utilisation de techniques respectueuses de l’environnement et leur faire prendre
conscience de l’importance de leur travail pour la conservation de la nature  ; et consa-
crer une partie des espaces verts de la municipalité à la vie sauvage. Pour être efficace,
cette politique doit être associée à un programme de localisation des sites où il est urgent
d’appliquer un plan de gestion et où l’on obtiendra les effets les plus bénéfiques pour la
conservation de la nature. En cas de sous-traitance de ces activités, les contrats doivent
refléter cette politique.
2. Base de données. Afin de suivre la concrétisation des objectifs de la municipalité en
faveur de la biodiversité et des services écosystémiques, et de mieux comprendre les res-
sources locales, il est indispensable de disposer d’une base de données. Les informations
concernant les habitats, les espèces et les services écosystémiques sont des éléments es-
sentiels du processus de protection et de gestion des ressources naturelles. Une politique
de ce type doit viser à créer et tenir à jour (une base de données sur la biodiversité et les
services écosystémiques de la municipalité. Celle-ci permettra de disposer d’informations
sur l’état des ressources et ainsi de pouvoir suivre et évaluer les changements visés et
effectifs de l’occupation et de la gestion des sols. Dans la mesure du possible (car certains
sites naturels sont particulièrement vulnérables), cette base de données devra être acces-
sible au public.
3. Suivi. Le suivi des politiques en matière de biodiversité et de services écosystémiques est
nécessaire pour veiller à leur bonne mise en œuvre par la municipalité et à leur efficacité. Ce
processus sera facilité par la définition d’objectifs précis et mesurables. Le suivi et l’examen des
politiques peuvent être assurés, par exemple, par les parties prenantes. Ainsi, il peut être prévu
par le texte de la politique que « la municipalité assurera le suivi des politiques et des objectifs
en matière de conservation de la nature et mesurera régulièrement les progrès réalisés  ».
(Remarque : le suivi et la base factuelle sont abordés dans le chapitre suivant.)
4. Sensibilisation. L’éducation à la biodiversité est un objectif culturel qu’il est souhaitable
d’atteindre car elle enrichit la vie des personnes et leur apprend à utiliser leurs temps libre
de manière épanouissante, grâce au contact avec la nature. Elle permet de sensibiliser plu-
sieurs groupes d’acteurs, à savoir la population, les décideurs politiques et les administra-
teurs, ainsi que d’autres responsables de l’aménagement du territoire qui, collectivement,
ont une grande influence sur l’utilisation de nos ressources naturelles. Ses objectifs poli-
tiques peuvent être de créer de nouveaux espaces naturels à but éducatif, d’encourager
un nombre minimum d’établissements scolaires à participer à des concours annuels liés
à la conservation de la nature, d’inclure la conservation de la nature et l’écologie au pro-
gramme scolaire à tous les niveaux, etc.

64
Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques

Nature et aménagement du territoire


Mise en pratique des compétences
© Laurent Mignaux, METL-MEDDE
La surveillance de variables environnementales et de la biodiversité est essentielle pour la planification, et exige une
connaissance spécialisée, ainsi que des ressources humaines et financières

C. Politiques de promotion

Les politiques de la catégorie C concernent la promotion et la communication s’adressant au grand


public. Il peut être important de les intégrer au plan d’action local pour la biodiversité établi par une
municipalité (voir ci-après) car elles ne font pas nécessairement partie intégrante d’un plan d’amé-
nagement. Elles peuvent prendre les formes présentées ci-dessous.
1. Promotion. Une politique de ce type vise à renforcer les efforts de la municipalité pour pro-
mouvoir et valoriser la biodiversité et la vie sauvage sur son territoire. Il s’agit d’une activité
essentielle car la conservation de la biodiversité dépend directement des connaissances
et de la préoccupation de la population à son égard. Les municipalités peuvent chercher
à rendre la population locale fière des habitats semi-naturels situés sur son territoire afin
d’accroître son intérêt pour la conservation de la biodiversité et de lui permettre d’y contri-
buer. Les objectifs politiques peuvent être de publier ou de financer la publication d’un ou-
vrage traitant de la richesse du patrimoine naturel local, de brochures sur la vie sauvage/les
sentiers de randonnée locaux, d’affiches présentant les manifestations/organismes locaux
liés à la conservation de la biodiversité, etc.
2. Participation collective. La municipalité n’est qu’une entité parmi d’autres qui jouent un
rôle dans la conservation de la biodiversité. Bien que son rôle soit extrêmement impor-
tant, elle ne peut se passer de collaborer avec d’autres organismes publics, privés ou civils.
Une telle politique permet de traduire l’ambition de la municipalité de faire participer les
individus, les groupes et les organisations à la création, à l’amélioration, à la gestion et à
l’interprétation des sites ayant une importance pour la conservation de la biodiversité.

D. Politiques de mise en œuvre

Les politiques de la catégorie D concernent la mise en œuvre des décisions sur le terrain, générale-
ment par les professionnels chargés de l’aménagement du territoire.

65
Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences

Bien que les politiques établies dans le cadre du plan permettent déjà de guider l’examen de projets
d’aménagement spécifiques, la liste de questions à poser aux acteurs du développement présentée
ci-dessous peut s’avérer tout aussi utile.

Informations Prévention Atténuation Compensation Amélioration

Des informations Quels sont les effets Peut-il y avoir des


Les effets néfastes Lorsque les effets
supplémentaires qui ne peuvent effets positifs
ont-ils été évités aussi néfastes sont
concernant les ressour- être évités ou supplémentaires
souvent que possible ? inévitables,
ces biologiques du atténués ? pour la nature ?
peuvent-ils être
site sont nécessaires
Quelles informations atténués ?
Comment les pertes Comment s’assurer
sont fournies pour
Quels sont les effets vont-elles de ces effets ?
justifier les effets Comment parvenir
potentiels du être compensés ?
inévitables ? à atténuer ces effets
développement ?
(conditions/accords
Comment parvenir
d’aménagement) ?
L'ampleur de ces à une compensation
effets est-elle -
(conditions/accords
clairement établie ? d’aménagement) ?

À quelles compétences
a-t-on eu recours pour
déterminer ces effets ?

E. Suivi et base factuelle

Pour aménager la biodiversité de manière efficace, il est important de disposer d’une base factuelle et d’une
solide compréhension des enjeux locaux et régionaux. Ces points sont abordés dans le chapitre suivant.

Plans d’action locaux pour la biodiversité


Pour que la biodiversité soit protégée et aménagée, et les services écosystémiques préservés malgré la
pression croissante et constante du développement, les municipalités se tournent de plus en plus sou-
vent vers des approches de conservation de la nature cohérentes et stratégiques, qui font intervenir
les différentes parties prenantes. Les plans d’action locaux pour la biodiversité (PLB), anciennement
appelées « stratégies de conservation de la nature », sont le résultat concret de leurs efforts.

Le processus d’élaboration d’un PLB comprend plusieurs étapes bien définies (ex. : Jones-Walters et
al., 2010). Toutefois, il ne s’agit pas d’un processus linéaire et le schéma au verso le représente de
manière dynamique et réaliste.

Comme tout autre projet ou programme, un PLB doit être correctement administré. Ainsi que le
montre le schéma, le processus comprend un ensemble d’étapes-clés depuis le lancement jusqu’au
suivi et à l’évaluation. La phase dynamique du processus se concentre autour de deux activités :
l’étape d’inventaire de la biodiversité et d’enquête, pour répondre à la question « qu’avons-nous ? »,
et l’étape participative, pour répondre à la question « que voulons- nous ? ».

Le point culminant de cette phase est l’élaboration d’un document, le PLB, contenant  : une descrip-
tion des ressources en biodiversité et des services écosystémiques existants et des cartes montrant leur

66
Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques

Nature et aménagement du territoire


Mise en pratique des compétences
Processus d’élaboration d’un PLB emplacement ; une série d’objectifs (pouvant
se présenter, dans le cas d’une municipalité,
sous la forme d’une politique publiée – voir
Lancement du
processus plus haut) ; des cibles liées aux objectifs et des
actions prioritaires. Les actions peuvent être
planifiées sous la forme de priorités à court
Promotion et
communication terme (ex. : plan d’action d’un an) et d’ambi-
tions à moyen et à long terme.

Enquête et inventaire
Le PLB doit servir de cadre pour l’élabora-
tion et l’application de politiques de biodi-
Processus participatif versité compréhensibles et réalisables dans
le cadre de l’aménagement du territoire. Il

Consultation et
publication

Développement et mise en œuvre d’un


Mise en œuvre des plan vert municipal (Feyzin, France)
priorités du PLB
Située au sud de Lyon, la commune de Feyzin est une pe-
tite ville dynamique et attrayante. Son territoire est com-
Suivi et évaluation posé à parts égales de zones résidentielles, de terrains à
usage industriel et d’espaces naturels (parcs et espaces
boisés, plateau agricole, étangs et berges du Rhône). En
2004, la ville s’est dotée d’un « plan vert municipal » qui des-
doit relier la biodiversité et les services écosystémiques sine les grandes lignes d’un programme d’actions destiné à
aux politiques économiques et sociales. Par exemple, l’amélioration du cadre de vie, ainsi qu’à la préservation et à
il peut favoriser le tourisme et le développement la valorisation de la biodiversité. Son objectif est d’intégrer
économique sur le territoire d’une municipalité en les espaces verts au développement urbain, grâce à un pro-
montrant que celle-ci soutient activement la conser- jet global et cohérent qui prenne en compte les corridors
vation de son patrimoine naturel et la création de nou- écologiques. Des consultants spécialisés ont été chargés de
velles richesses naturelles sur ce territoire. réaliser des études et des plans d’aménagement urbain qui
ont ensuite été rassemblés dans un « plan vert municipal »
Les principes fondateurs de ce processus sont présen- par le pôle Cadre de vie de la mairie : un pôle multidisciplinai-
tés dans le document publié par l’ECNC (European re chargé de l’aménagement et du développement urbain,
Center for Nature Conservation) : Local Biodiversity de l’aménagement du territoire, de la gestion des espaces
Action Planning for Southeastern Europe, Jones- verts et de la protection de l’environnement. Le document
Walters et al., 2010, Tilburg, Pays-Bas, ECNC. de référence ainsi élaboré offre une vision transversale de la
Aujourd’hui, on trouve également de nombreuses ville, où la protection de la nature fait partie intégrante de
études de cas très utiles qui illustrent les processus la planification urbaine, et permet d’établir un lien entre le
d’élaboration et de mise en œuvre d’un PLB. réseau de corridors écologiques et le développement urbain.
Ce document officiel est un moyen pour la ville de Feyzin de
valoriser la nature en milieu urbain auprès des institutions
Infrastructure verte partenaires, mais également auprès des acteurs du secteur
privé. Il sert de point de départ aux discussions et permet
Le terme « infrastructure verte », qui était aupara- aux partenaires et aux acteurs de connaître très précisément
vant utilisé pour désigner un habitat naturel non la position de la mairie en matière de planification urbaine et
fragmenté au sein d’une zone urbaine, a pris un environnementale.
nouveau sens grâce à la Stratégie de l’UE pour

67
Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences

2020. Ce concept est aujourd’hui l’une des grandes priorités de cette stratégie et de la vision pour
2050, qui consiste à enrayer la perte de biodiversité sur le territoire des États membres de l’UE et à
répondre aux Objectifs d’Aichi, signés lors de la dixième conférence des parties de la Convention sur
la diversité biologique (EC, 2011).

L’infrastructure verte permet l’élaboration d’une politique et d’une démarche intégrées de conservation
de la biodiversité et des services écosystémiques dans les zones rurales, urbaines ou métropolitaines.
Il est probable qu’une définition commune de l’infrastructure verte sera formulée en temps voulu.
Aujourd’hui, il s’agit d’un concept articulé désignant une démarche qui vise à protéger et à réhabi-
liter les écosystèmes de manière à renforcer leur résilience et leur capacité de fournir des services
essentiels, à atteindre les objectifs de conser-
vation fixés et à permettre aux États membres
de faire face au changement climatique. Le
Promenade plantée (Paris, France)
Forum européen des habitats, membre du
La Promenade Plantée est un parc construit sur l’emplacement groupe de travail de la Commission euro-
d’une ancienne ligne de chemin de fer. Les arcades de l’ancien péenne sur l’infrastructure verte, a proposé la
viaduc sur lequel elle a été aménagée ont été réhabilitées et définition suivante  : l’infrastructure verte est
transformées en ateliers d’art et d’artisanat. Cette section est un réseau d’espaces verts de haute qualité
appelée le « Viaduc des Arts ». Depuis sa création, le quartier et d’autres éléments naturels aménagé et
a vu s’implanter de nombreux commerces (aménagement de fourni de manière stratégique. Elle doit être
7 000 m2 de surface commerciale) et bureaux (18 500 m2). La conçue et gérée comme une ressource mul-
seule présence de la Promenade Plantée a contribué à augmen- tifonctionnelle capable de fournir un vaste
ter la valeur locative du quartier : les loyers ont progressé de éventail de services importants pour le bien-
10 % et le prix au mètre carré fluctuait entre 8,5 et 11 EUR en être des communautés locales. Elle se com-
2002. Ce projet démontre que les espaces élevés peuvent eux pose de forêts, de rivières, de zones côtières,
aussi suivre le train du changement. Il prouve également que le de parcs, de corridors écologiques et de tout
caractère d’une ville tient aussi à la valorisation de son passé, qui autre élément naturel ou semi-naturel qui
peut être embelli par une touche de modernisation. contribue de manière pertinente à l’offre de
services écosystémiques.

Quelle que soit la manière d’interpréter ce terme, il est clairement admis que l’infrastructure verte
est, par essence, un réseau écologique cohérent. Ainsi, il est logique de prendre en compte les
travaux réalisés à différents niveaux géographiques afin de définir les zones où une connectivité
écologique existe ou pourrait exister. À une échelle inférieure à celle des corridors écologiques qui
traversent les frontières et les territoires nationaux, l’infrastructure verte est constituée des trames
vertes et bleues qui composent la mosaïque des paysages multifonctionnels gérés de manière tra-
ditionnelle et qui restent au cœur de la description des réseaux écologiques donnée ci-dessus.

Les éléments qui peuvent composer une infrastructure verte sont les suivants (EC, 2010a) :
• zones protégées, tels que les sites Natura 2000 ;
• écosystèmes sains et zones de grande valeur naturelle situés en dehors des zones protégées,
tels que les plaines inondables, les zones humides, les zones côtières, les forêts naturelles, etc. ;
• éléments paysagers naturels, tels que les petits cours d’eau, les espaces boisés, les haies
pouvant faire office de corridors écologiques ou de zones de transition pour la faune
sauvage ;
• habitats recréés pour des espèces en particulier (ex.  : pour élargir une zone protégée,
une zone d’alimentation, de reproduction ou de repos pour ces espèces et favoriser leur
migration/dissémination) ;

68
Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques

Nature et aménagement du territoire


Mise en pratique des compétences
© Laurent Mignaux, METL-MEDDE
Les écoducs sont des passages spécialement construits pour permettre aux animaux et plantes de traverser les
routes et autres obstacles. Ils aident à rétablir la connectivité entre les espaces naturels.

• éléments artificiels, tels que des écoducs, destinés à permettre aux espèces de franchir les
obstacles insurmontables qui fragmentent le paysage ;
• zones multifonctionnelles où le paysage est utilisé à des fins de préservation et de restau-
ration des écosystèmes sains plutôt que dans d’autres buts ;
• zones où des mesures sont mises en œuvre pour améliorer la qualité écologique générale
et la perméabilité du paysage ;
• éléments urbains, tels que les parcs, les toitures et les murs végétalisés, abritant une biodi-
versité et permettant aux écosystèmes de fonctionner et de fournir des services en reliant
des zones urbaines, périurbaines et rurales ;

Paysage multifonctionnel offrant tout un éventail de services écosystémiques


(Source : Bonnin et al., Arbres et Paysages, 2007, p. 32).

69
Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences

• éléments permettant de faire face au changement climatique et de l’atténuer (ex. : marais,


marécages et forêts alluviales, qui contribuent à prévenir les inondations, à stocker l’eau et
à absorber le CO2), et donnant aux espèces la possibilité de s’adapter aux nouvelles condi-
tions climatiques.

La Commission européenne a mis en évidence un certain nombre d’avantages que l’on peut obtenir
grâce à une infrastructure verte :
• des avantages environnementaux, économiques et sociaux, notamment grâce à des par-
tenariats (la participation active des parties prenantes et des acteurs possédant un certain
nombre de ressources utiles sur le terrain est un élément crucial) ;
• une politique d’aménagement du territoire intégrée grâce à la définition de zones multi-
fonctionnelles et à l’insertion de mesures de restauration des habitats et d’autres éléments
de connectivité dans différents plans et politiques d’occupation des sols ;
• le bon fonctionnement des écosystèmes, leur protection, l’obtention de services et de biens
écosystémiques durables et, en parallèle, l’accroissement de leur résilience grâce à l’atté-
nuation des effets néfastes du changement climatique. Plus particulièrement :
• l’infrastructure verte est un moyen efficace et rentable d’absorber et d’emprison-
ner le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’atmosphère ;
• elle contribue à réduire les risques de catastrophe naturelle grâce à la mise en
œuvre de démarches fondées sur les écosystèmes, notamment en protégeant les
zones côtières par la restauration de marais ou de plaines inondables plutôt que
par la construction de digues ;
• l’utilisation efficace d’une infrastructure verte permet de réduire la consommation
d’énergie grâce au chauffage et au refroidissement passifs, de filtrer les polluants
présents dans l’air et l’eau, de réduire les entrées de chaleur par insolation, de
créer des habitats pour la vie sauvage, de réduire les dépenses publiques servant
à financer les infrastructures de gestion des eaux pluviales et à prévenir les inon-
dations, de créer des sources de nourriture, de stabiliser le sol et de prévenir ou
réduire l’érosion ;
• elle peut contribuer à embellir les paysages, à préserver le patrimoine archéolo-
gique et culturel, à offrir des espaces verts accessibles, des moyens de transport et
des solutions énergétiques durables, à organiser des activités de sensibilisation à
l’environnement, à renforcer le sentiment collectif d’appropriation à la nature et à
améliorer le bien-être ;
• la participation au développement d’une économie durable grâce à l’investissement dans
des démarches fondées sur les écosystèmes comportent de nombreux avantages, offrent
des solutions techniques et atténuent les effets néfastes liés au transport et à l’infrastruc-
ture énergétique. En d’autres termes, son objectif final est de servir de cadre au développe-
ment sur le territoire d’une économie verte à faible émission de CO2.

L’infrastructure verte permet d’améliorer les résultats déjà obtenus (avec les réseaux écologiques)
en éclairant les décisions importantes qui doivent être prises en matière d’aménagement et de
gestion des zones rurales entourant des zones protégées et autres sites particuliers. Grâce à elle,
les questions relatives aux services écosystémiques, à l’adaptation au changement climatique, à
la résilience écologique et aux avantages économiques et sociaux qui en découlent peuvent être
intégrées à une nouvelle démarche.

70
Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques

Nature et aménagement du territoire


Mise en pratique des compétences
© Arnaud Bouissou, METL-MEDDE
Éléments de l’infrastructure verte urbaine, les parcs assurent des fonctions telles que le chauffage et le
refroidissement passifs, les espaces de loisir et la régulation de ruissellements de pointe

Restauration des habitats


En Europe, comme cela a déjà été évoqué, les contraintes de développement ont entraîné et en-
traînent encore une fragmentation et une dégradation de notre environnement. Des habitats et
des espèces ont déjà disparu et continuent de disparaître au profit du développement, alors que
la population augmente, que les processus démographiques s’accentuent et que la compétition
foncière s’intensifie.

Il est donc logique que de nombreux pays aient intégré la création d’habitats à leur plan d’action
national pour la biodiversité. Ces mesures nationales, qui sont à l’origine de bon nombre de propo-
sitions de création et de restauration d’habitats et doivent être intégrées aux plans locaux, se sont
ajoutées aux obligations de compensation de certaines pertes de biodiversité dues, notamment,
au développement industriel. Un autre élément moteur a été le concept de « compensation pour

Types d’infrastructure J
verte : F
A: Principaux « cordons verts »
B. Zones urbaines
B
C. Zones industrielles
D. Zone résidentielle
A
  périurbaine E
E. Centre communal
C
F. Zones côtières H
G. Parcs naturels
H. Parcelles de terre et vergers G
I. Systèmes d’évacuation
  durables Schéma d’infrastructure verte
http://www.landscapeinstitute.org/
J. Hautes terres
D I policy/GreenInfrastructure.php (en anglais)

71
Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences

la création d’habitats de réserve », venu d’Amérique du Nord, qui consiste à atténuer ou à com-
penser la disparition d’habitats tels que les plaines inondables. Par exemple, lorsqu’un projet de
développement situé sur une plaine inondable au bord d’un fleuve ou d’un estuaire entrave les pro-
cessus naturels et augmente les risques d’inondation des zones résidentielles alentours, celui-ci doit
s’accompagner de la création d’un habitat offrant à la fois des services écosystémiques (prévention
des inondations) et un renforcement de la biodiversité afin de compenser la perte entraînée.

© Laurent Mignaux, METL-MEDDE


Restauration des habitats d’une gravière abandonnée et de ses alentours sur les bords de la Seine en France

En matière de restauration des habitats, les connaissances et les expériences ne cessent de s’étof-
fer. De toute évidence, la restauration d’habitats doit être l’un des principaux mécanismes utilisés
par les municipalités pour garantir un développement durable, dans lequel la préservation de la
biodiversité et des services écosystémiques a toute sa place.

Biodiversité et environnement urbain


Dans le Nord-Est de l’Europe, de nombreuses régions connaissent une urbanisation rapide. Les espaces
non bâtis disparaissent, les paysages sont fragmentés par les voies de circulation et autres infrastruc-
tures, et l’étalement des villes entraîne l’imperméabilisation des sols. Les services écosystémiques sont
mis à rude épreuve et se dégradent. Toutefois, la nature apprend aussi à faire face cette nouvelle situa-
tion : de plus en plus d’animaux et de plantes s’adaptent à l’environnement urbain. Il n’est pas rare de
voir des renards en ville, des bécasses de mer, des goélands bruns et des petits gravelots nicher sur les
toits plats, ou des faucons pèlerins nicher sur les cathédrales et les hauts immeubles.

Cette colonisation spontanée des nouveaux habitats urbains témoignent de la résilience et de la


capacité d’adaptation de nombreuses espèces. Ce processus naturel peut être consolidé par des
politiques d’aménagement du territoire réfléchies se traduisant par des effets bénéfiques acces-
soires. La création d’habitats naturels en villes permet de préserver les services écosystémiques
de régulation, tels que la régulation de l’écoulement de l’eau, la rétention des eaux de pluie, la

72
Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques

Nature et aménagement du territoire


Mise en pratique des compétences
régulation de la température grâce à l’apport d’ombre, ou la régulation de la qualité de l’air par la
filtration des particules fines et autres agents polluants.

En zone urbaine, la création d’infrastructure verte repose sur l’aménagement des espaces verts.
Dans la mesure du possible, elle doit être intégrée au cycle d’aménagement de l’infrastructure clas-
sique, dite «  grise  », et ne pas venir ensuite. L’intégration des infrastructures verte et grise peut
donner lieu à de nombreux avantages.

Les zones urbaines et industrielles sont des lieux dynamiques, où la démolition du vieux et la construction du
neuf modifient constamment le paysage et créent de nouvelles possibilités. Les friches industrielles constituent
des zones de colonisation temporaire pour les espèces pionnières. Ces espèces sont très mobiles et peuvent
donc survivre tant qu’elles disposent d’espaces non bâtis où elles peuvent vivre et se reproduire. Les friches
industrielles et les parcelles de terrain en attente de construction sont donc des habitats parfaits pour elles.

Toutefois, comme des espèces recensées et protégées sont souvent présentes sur ces zones, les
acteurs du développement ont tendance à en empêcher la colonisation en semant de l’herbe et en
tondant celle-ci régulièrement.

© Bernard Suard, METL-MEDDE

La création d’endroits de nidification et de repos pour les animaux peut améliorer la situation d’un grand nombre
d’espèces animales en milieux urbains. La photo montre l’inauguration d’un hôtel à insectes en France

Éco-construction
La construction d’immeubles d’habitation et d’entreprise peut contribuer de manière significative
à la protection de la nature et de la biodiversité, et à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’une dé-
marche d’éco-construction. Les avantages pour l’environnement peuvent être directs ou indirects.
Les avantages directs de l’éco-construction pour la biodiversité urbaine se traduisent notamment
par l’intégration d’éléments verts dans la conception, tels que des murs ou des toits végétalisés, ou
encore des nids artificiels pour les martinets.

73
Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques
Nature et aménagement du territoire
Mise en pratique des compétences

Alors que la création de nichoirs pour les oiseaux et d’abris pour les chauves-souris et les insectes
bénéficient en premier lieu à la biodiversité urbaine (bien que ces éléments apportent également
aux habitants un certain bien-être puisqu’ils invitent la nature dans la ville), des adaptations à plus
grande échelle, telles que les murs ou les toits végétalisés, ont des effets bénéfiques à la fois pour
la nature et la société.

Le concept de toiture végétalisée est à l’essai depuis plusieurs années ; les limites et les contraintes
qu’il comporte sont bien connues. Par conséquent, on considère que la construction de toitures
végétalisées peut à présent se faire en toute sécurité, sans risque important de fuite ou d’autres
effets indésirables.

Si la toiture est bien conçue, la végétation et le gazon qui le composent peuvent fournir un certain
nombre de services écosystémiques très utiles.
1. Filtration : la végétation présente sur les toitures végétalisées capture les particules fines
et autres agents polluants présents dans l’air. Elle contribue ainsi à améliorer la qualité de
vie dans les zones urbaines. De même, elle permet de purifier l’eau absorbée par les végé-
taux et la terre avant d’atteindre le réseau d’évacuation urbain.
2. Isolation  : les couches de gazon et de végétation d’une toiture végétalisée isolent très
efficacement un bâtiment des températures extrêmes. Si les toitures végétalisées com-
portent des arbres ou de hauts buissons, leur ombre accentue encore l’isolation contre la
chaleur. Cet effet isolant permet d’économiser de l’énergie (effet bénéfique indirect pour
la biodiversité) et de l’argent.
3. Régulation de l’écoulement de l’eau : l’un des principaux services que les toits végétalisés
offrent aux villes est la rétention, puis le stockage de l’eau de pluie, avant de la libérer len-
tement dans le réseau d’évacuation urbain.

Les points 2 et 3 sont des mesures importantes d’adaptation au changement climatique dans les
villes qui souffrent de plus en plus de l’effet d’îlot de chaleur urbain. L’isolation est une mesure
d’adaptation qui profite en premier lieu à ceux qui vivent et travaillent dans les bâtiments équipés
d’une toiture végétalisée, alors que la régulation de l’écoulement de l’eau bénéficie à l’administra-
tion publique locale, qui est de plus en plus souvent amenée à gérer des inondations en raison de
l’intensification des tempêtes de pluie liées au changement climatique.

Les avantages indirects de l’éco-construction pour la biodiversité sont ceux liés aux économies
d’énergie réalisées et à l’analyse du cycle de vie du processus de construction dans son intégra-
lité, deux éléments qui allègent les contraintes pesant sur les ressources naturelles. Cependant, ces
avantages sortent du cadre de la présente formation.

Références

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Jones-Walters (Eds.) (2008) Interactions between policy concerning spatial planning policy and
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Europe: Strasbourg.

74
Aménagement du territoire, biodiversité et services écosystémiques

Nature et aménagement du territoire


Mise en pratique des compétences
Promouvoir les multiples avantages (sociaux, économiques et
écologiques) des toitures végétalisés à Düsseldorf
Les avantages des toitures végétalisées sont de plus en plus reconnus, que ce soit sur le plan
de l’adaptation au changement climatique ou sur ceux de la rétention des eaux pluviales ou
de l’amélioration de la qualité de vie en milieu urbain. Ils constituent une isolation bon mar-
ché contre la chaleur et le froid, retiennent les eaux pluviales et les libèrent lentement dans
le réseau urbain d’évacuation des eaux à la manière d’une éponge, et enfin participent à la
filtration de l’air. Outre ces avantages sociaux-économiques concrets, les toitures végétalisées
contribuent également à créer un cadre de vie urbain plus vert tout en offrant un habitat à
un certain nombre d’animaux et de plantes. Consciente de ces atouts, la ville de Düsseldorf
a lancé une campagne de promotion auprès des citoyens et des entreprises afin de les inciter
à installer des toitures végétalisées sur leurs maisons et leurs bâtiments. Puisque les toitures
végétalisées présentent un intérêt communautaire, la municipalité a non seulement mis en
place des subventions pour réduire l’investissement nécessaire, mais elle intègre également ce
procédé dans la construction de ses nouveaux bâtiments et réfléchit à la possibilité d’exonérer
de taxe d’assainissement les propriétaires ayant opté pour cette solution.
Pour plus de détails sur cette campagne, rendez-vous sur le site www.biodiversityskills.eu

Bouwma. I.M., van Apeldoorn, R.D. and Kamphorst, A. (2010). Current practices in solving multiple use
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cc2011.earthsystemgovernance.org/pdf/2011Colora_0221.pdf)

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