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Evaluation des Politiques Publiques – Master 1 – Université Paris 1 Panthéon Sorbonne – Année 2012-2013

Evaluation des Politiques Publiques vendredi 8 novembre 2012


Cours de Master 1 Corrigé Interrogation n°1
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Question 1
Soit une économie d’échange à 2 biens (1 et 2) impliquant 2 individus (A et B).
Les préférences des individus A et B sont décrites par les fonctions d’utilité suivantes :
U A ( x1A , x2A ) = 2 log x1A + log x2A
U B ( x1B , x 2B ) = log x1B + 3 log x 2B
où xij désigne la consommation du bien i par l’individu j.
Les dotations initiales des agents sont ω A = (2,3) et ω B = (4,1) .
On note p1 et p2 les prix des biens 1 et 2.

a) Définissez les fonctions de demande de l'individu A (posez clairement le programme à


résoudre).
Pour trouver les fonctions de demande du consommateur A, on résout son programme, soit :
Max. U A ( x1A , x2A ) = 2 log x1A + log x2A
s.c. p1 x1A + p2 x2A = 2 p1 + 3 p2

Le Lagrangien s'écrit :
L( x1A , x2A , λ ) = 2 log x1A + log x2A + λ (2 p1 + 3 p2 − p1 x1A − p2 x2A )

Les conditions de premier ordre sont :


∂L 2
= A − λp1 = 0 (1)
∂x1A
x1
∂L 1
= A − λp 2 = 0 (2)
∂x2A
x2
∂L
= 2 p1 + 3 p2 − p1 x1A − p2 x2A = 0 (3)
∂λ

2
De (1), on déduit : λ = A
x p1
1

1
De (2), on déduit : λ = A
x p2
2

2 1 2 x 2A p p
D'où : A = A [ A
= 1  TMS 21A = 1 ]
x1 p1 x 2 p2 x1 p2 p2

 x1A p1 = 2 x2A p2

En remplaçant dans (3), on obtient :


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2 p1 + 3 p2 − 2 p2 x2A − p2 x2A = 0  2 p1 + 3 p2 = 3 p2 x2A


2 p1 + 3 p2
 x2A =
3 p2
2 p1
 x2A = +1
3 p2

On en déduit :
2 p + 3 p2 4 p1 + 6 p2
x1A p1 = 2( 1 ) p2  x1A =
3 p2 3 p1
4 p
 x1A = + 2 2
3 p1

b) Déterminez l'équation de la courbe des contrats (posez clairement le programme à résoudre).


La courbe des contrats est la courbe qui relie l’ensemble des optima de Pareto dans un
diagramme d’Edgeworth. Un optimum de Pareto étant une situation dans laquelle l’utilité d’un
des deux individus est maximale sous contrainte que celle de l'autre soit maintenue à son niveau
donné, il s'agit donc de résoudre le programme suivant (les rôles de A et B pouvant être
échangés) :
Max. U A ( x1A , x2A ) = 2 log x1A + log x2A
s.c. log x1B + 3 log x2B = U B (λ )
x1A + x1B = 6 (µ1 )
x2A + x2B = 4 (µ 2 )

Le Lagrangien s'écrit :
[ ] [ ] [
L = 2 log x1A + log x2A + λ log x1B + 3log x2B − U B − µ1 x1A + x1B − 6 − µ2 x2A + x2B − 4 ]
Les conditions de premier ordre sont :
∂L 2 ∂L
= A − µ1 = 0 (1) = log x1B + 3 log x2B − U B = 0 (5)
∂x1A
x1 ∂λ
∂L 1 ∂L
= λ B − µ1 = 0 (2) = x1A + x1B − 6 = 0 (6)
∂x1B
x1 ∂µ1
∂L 1 ∂L
= A − µ2 = 0 (3) = x2A + x2B − 4 = 0 (7)
∂x2A
x2 ∂µ 2
∂L 3
= λ B − µ2 = 0 (4)
∂x2B
x2

2
x1A
En utilisant (1) et (2), on obtient : λ =
1
x1B
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1
x2A
En utilisant (3) et (4), on obtient : λ =
3
x2B
2 1
x1A x2A 2 1 x2B
On en déduit : =  × x1
B
= ×
1 3 x1A x2A 3
x1B x2B
2 x2A x2B
 = B [ TMS 21A = TMS 21
B
]
x1A 3x1

2 x2A 4 − x2A
En utilisant (6) et (7), on trouve : =  6 x2A (6 − x1A ) = x1A (4 − x2A )
x1A 3(6 − x1A )
 36 x2A − 6 x1A x2A = 4 x1A − x1A x2A
 36 x2A − 5x1A x2A = 4 x1A
 x2A (36 − 5x1A ) = 4 x1A
4 x1A
 x =
A
2
36 − 5x1A

Question 2 : Expliquez la démarche utilisée en économie publique normative. 3 points

objectifs : normatif => on s’intéresse à ce que l’Etat devrait faire et non à ce qu’il fait dans la
réalité

L’économie publique normative a pour objet de définir le rôle idéal de l’Etat dans la société, et
plus précisément dans l’économie ; elle ne cherche pas à rendre compte du fonctionnement
effectif de l’Etat mais à formuler des jugements de valeur prenant la forme de recommandations
sur ce que devraient être les institutions et les actions de l’Etat.

Dit autrement, l’objectif est de définir les circonstances dans lesquelles l’Etat doit intervenir
- Les 3 fonctions de l’Etat : allocation, distribution, stabilisation (0.5 points)

Pourquoi le gouvernement devrait intervenir ? => approche normative centrale qui nous
intéresse

Etapes du raisonnement néoclassique : (cf cours)


- situation de départ théorique et abstraite sans Etat. Les marchés fonctionnent librement
de manière parfaitement concurrentielle. Grâce au 1er théorème du bien-être => A
l’équilibre on est à l’optimum (0.5 points)
- est-ce que les hypothèses assurant l’équivalence entre équilibre et optimum sont vérifiées
dans la réalité ? dans les cas où la réponse à cette question est « non », on définit ce qu’on
appelle des « défaillances de marché » (0.5 points)
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- comment corriger les défauts qui empêchent l’équilibre d’être réalisé ? => on fait appel à
l’Etat qui dispose du pouvoir de contrainte et on définit ce qu’il doit faire pour corriger
les défauts (0.5 points)

Cette démarche peut être interprétée de plusieurs façons :

- soit on considère qu’elle accorde implicitement dès la 1ère étape du raisonnement


une plus grande efficacité du marché par rapport à l’Etat. Le rôle de l’Etat n’est
défini que par défaut, pour remédier aux défaillances de marché => par construction du
raisonnement, on accorde la priorité au marché. = le rôle de l’Etat est limité au minimum (0.5
points)

- à l’inverse, on peut aussi estimer que l’Etat est présenté comme le grand sauveur : il
n’intervient qu’en dernier recours mais toujours avec le plus grand succès. (0.5 points)

Question 3 : Enoncez et expliquez le 2nd théorème du bien-être. Quel rôle joue-t-il dans le
raisonnement utilisé en économie publique normative ?

Le second théorème du bien-être postule que : "si les préférences des individus sont convexes, s'il
existe un marché pour chaque bien, si l'information est parfaite et si des transferts forcés de
ressources de type forfaitaire peuvent être effectués, toute allocation optimale peut être réalisée
en tant qu'équilibre concurrentiel avec des transferts appropriés."

Ce théorème peut être vu comme une simple réciproque du 1er théorème du bien-être, permettant
l’équivalence entre équilibre et optimum. De manière plus intéressante, il peut aussi être
interprété comme apportant la démonstration formelle de la possibilité pour l’Etat de faire
atteindre à l’économie une situation efficace et juste. Tandis que le 1er théorème met en avant
l’efficacité de l’économie de marché de concurrence, le 2nd théorème du bien-être insiste sur
l’inéquité des marchés et le rôle redistributif de l’Etat. En effet, le 1er théorème du bien-être
indique que si on laisse les marchés fonctionner librement, on atteint un optimum. On sait
cependant que l’optimum ainsi atteint n’est pas forcément satisfaisant en termes d’équité,
autrement dit, que ce n’est pas forcément l’optimum optimorum. Le 2nd théorème du bien-être
indique que ce n’est pas un problème car, à partir d’un système de marché concurrentiel,
n’importe quel optimum est atteignable sous réserve de modifier les dotations initiales de manière
appropriée. Ainsi, si on peut redistribuer sans coût (transferts forfaitaires), on pourra mettre en
œuvre une politique de redistribution qui permettra d’atteindre l’optimum optimorum.

Question 4 :

Pourquoi se fonder sur l’analyse du surplus pour étudier l’efficacité d’une politique publique ? 2
points
On se fonde sur l’analyse du surplus pour étudier l’efficacité d’une politique économique car
l’analyse du surplus permet la mise en œuvre du critère de Hicks-Kaldor (« un état y est
socialement préférable à un état x lorsque les individus qui gagnent à ce changement de x à y
peuvent compenser les perdants et conserver malgré tout un gain »), qui est préféré au critère de
Pareto pour évaluer les décisions publiques, ce dernier étant trop exigeant (suppose l’unanimité et
risque donc d’aboutir à de nombreux blocages).
De manière générale, le surplus mesure les gains de l’échange. Développé par Jules Dupuit, le
concept de surplus du consommateur mesure le bénéfice que les individus tirent de leur
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consommation. Plus précisément, il s’agit de la différence entre ce qu’ils seraient prêts à payer
(valeur qu’ils accordent à leur consommation) et ce qu’ils payent effectivement. De manière
symétrique, le surplus du producteur mesure le bénéfice dégagé par la production d’un bien. Il
s’agit de la différence entre les prix auxquels le producteur était prêt à vendre le bien et le prix
obtenu (le prix d’équilibre), ce qui correspond aussi au profit dégagé.
L’évaluation d’un projet ou d’une politique publique suppose de mesurer les variations de surplus
qu’il engendre pour chaque type d’agent touché par la politique et la politique sera considérée
comme souhaitable si la somme des gains (variations de surplus positives) excède celle des coûts
(variations de surplus négatives et coût de mise en œuvre de la politique). Ce critère est
compatible avec la logique Hicks-Kaldor grâce au principe de compensation : si le surplus global
est positif, cela signifie que les gagnants sont en mesure de dédommager les perdants tout en
conservant un gain net. Il est donc théoriquement possible d’opérer des transferts
compensatoires entre les agents de manière à ce que le bilan avantages-coûts de chaque individu
soit positif.

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