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16 Suites numériques : convergence et limite

1 Limite d'une suite. 1


1.1 Limite nie, limite innie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Suites convergentes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Limites usuelles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 Passage à la limite dans une inégalité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.5 Limites et opérations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

2 Théorèmes d'existence d'une limite. 6


2.1 Encadrement et convergence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2 Monotonie et convergence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

3 Compléments 9
3.1 Suites équivalentes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.2 Suites extraites. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3.3 Suites dénies par une relation un+1 = f (un ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.4 Traduction séquentielle de certaines propriétés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.5 Suites complexes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Preuves 13
Exercices 15

1 Limite d'une suite.

1.1 Limite nie, limite innie.


Dénition 1 (Convergence vers ` ∈ R).
Soit (un )n≥0 une suite réelle et ` ∈ R. On dit que (un ) converge vers ` (ou qu'elle tend vers `),
et on note un → ` si

∀ε > 0 ∃n0 ∈ N ∀n ∈ N n ≥ n0 =⇒ |un − `| ≤ ε.

1 MP2I PV
Cette dénition est écrite sous cette forme par Cauchy en 1821. Elle avait été donnée par d'Alembert
dans l'Encyclopédie (1767) :  On dit qu'une grandeur est la limite d'une autre grandeur quand la seconde
peut approcher de la première plus près que d'une grandeur donnée si petite qu'on la puisse supposer... 
Proposition 2.
Soit (un )n∈N et ` ∈ R. On a

un −→ ` ⇐⇒ |un − `| −→ 0.

Méthode.
Prouver une convergence du type un → `, c'est montrer que la distance |un − `| peut être rendue
 aussi petite que l'on veut . On cherchera donc
• à majorer |un − `| par un réel ε quelconque à partir d'un certain rang n0 qui dépend de ε.
C'est ce que nous ferons dans les preuves de ce cours mais dans les exercices, on dégainera
rarement ε !
• à majorer |un − `| par une suite convergeant notoirement vers 0. On pourra alors conclure
grâce à un théorème de comparaison démontré plus loin dans ce cours.

Exemple 3.
• Soit (un ) une suite constante égale à a ∈ R. Démontrer en revenant à la dénition que un → a.
• Soit la suite (un ) de terme général un = n+1
n .
Démontrer en revenant à la dénition que un → ` où ` est un réel à deviner.

Dénition 4 (Tendre vers +∞).


Soit (un ) une suite réelle. On dit qu'elle tend vers +∞ et on note un → +∞ si

∀M > 0 ∃n0 ∈ N ∀n ∈ N n ≥ n0 =⇒ un ≥ M.

2
Exemple 5.
Soit la suite (un )n≥2 dénie, pour n ≥ 2 par un = ln(ln(n)).
En revenant à la dénition, démontrer que un → +∞.

Proposition-Dénition 6 (Tendre vers −∞).


Soit (un ) une suite réelle. On dit qu'elle tend vers −∞ et on note un → +∞ si

∀M < 0 ∃n0 ∈ N ∀n ∈ N n ≥ n0 =⇒ un ≤ M.

On a l'équivalence
un → −∞ ⇐⇒ −un → +∞.

Proposition-Dénition 7 (Unicité de la limite).


Soit (un ) une suite réelle et L, L0 ∈ R. Si un → L et un → L0 , alors L = L0 .
Le nombre L est alors appelé limite de la suite (un ) et noté lim un .

1.2 Suites convergentes.


Dénition 8.
On dit d'une suite (un ) qu'elle est convergente si elle converge vers une limite nie.
Si une suite n'est pas convergente, elle est dite divergente.

Ainsi, on pourra dire d'une suite qui tend vers +∞ qu'elle diverge vers +∞.

Exemple 9.
On démontre (par l'absurde) que la suite de terme général (−1)n est divergente.

Proposition 10.
Toute suite convergente est bornée.

La réciproque est fausse, comme on le voit dans le cas de la suite de terme général (−1)n , bornée et
divergente.

3
1.3 Limites usuelles.
Les preuves des propositions de ce paragraphe se trouvent en annexe.

Proposition 11 (Limite d'une puissance de n).


Soit α ∈ R. La suite (nα )n∈N∗ a une limite, qui vaut

 +∞ si α > 0

α
lim n = 1 si α = 0
0 si α < 0.

Proposition 12 (Limite d'une suite géométrique).


Soit q ∈ R. On a
si q > 1

 +∞
si q = 1

1

lim q n =
n→+∞  0 si q ∈] −1, 1[
n'existe pas si q ≤ −1.

Proposition 13 (Croissances comparées).


Soit a ∈ R∗+ , p > 1 et q ∈] −1, 1[. On a les limites suivantes.
na
lim = 0, et lim na q n = 0.
n→+∞ pn n→+∞

Quand une puissance de n et une suite géométrique s'arontent, c'est toujours la suite géométrique
qui l'emporte.

1.4 Passage à la limite dans une inégalité.


Proposition 14 (Conservation des inégalités larges).
Si (un ) et (vn ) sont deux suites convergentes de limites respectives ` et `0 .
Si ∀n ∈ N un ≤ vn , alors ` ≤ `0 .
En particulier, si u est majorée par un réel M , alors ` ≤ M .
Si u est minorée par un réel m, alors ` ≥ m.

Par exemple, si une suite de réels positifs est convergente, sa limite sera positive.

" Les inégalités strictes ne sont pas conservées : ∀n ∈ N∗ n1 > 0 et lim n1 = 0.

4
1.5 Limites et opérations.
Pour énoncer les propositions suivantes, on se donne (un ) et (vn ) des suites réelles admettant une limite,
nie ou innie, ainsi que deux réels ` et `0 . Les tableaux donnent les limites de suites construites par opérations
sur (un ) et (vn ). Lorsqu'il n'y a pas de limite, on l'écrit. La mention F.I. ( forme indéterminée ) signale
que l'on ne peut rien dire en général.
Proposition 15 (Limite d'une somme).
Si (un ) (vn ) sont deux suites convergentes, alors (un + vn ) l'est aussi et la limite de la somme est
la somme des limites.
Ce résultat correspond à la première colonne du tableau ci-dessous.

lim un ` +∞ −∞ +∞
lim vn ` `0 `0 −∞
ou +∞ ou −∞
lim(un + vn ) ` + `0 +∞ −∞ F.I.

Lemme 16.
Le produit d'une suite bornée et d'une suite de limite nulle est une suite de limite nulle.

Lemme 17.
`
Une suite convergente de limite ` ∈ R∗+ est minorée par à partir d'un certain rang.
2

Proposition 18 (Limite d'un produit).

lim un ` +∞ +∞ +∞ −∞ −∞ −∞
lim vn `0 `0 >0 `0 <0 0 `0 >0 `0 <0 0
ou +∞ ou −∞ ou +∞ ou −∞
lim un vn ``0 +∞ −∞ F.I. −∞ +∞ F.I.

En prenant (vn ) constante égale à λ, on en déduit ce qu'il faut sur les limites et la multiplication par un
scalaire. Par exemple, si (un ) tend vers ` ∈ R, λun → λ` ; si un → +∞ et λ < 0, λun → −∞, etc...

On rappelle la notation courante ci-dessous : on écrit


· un → 0+ lorsque (un ) tend vers 0 en restant strictement positive à.p.d.c.r.
· un → 0− lorsque (un ) tend vers 0 en restant strictement négative à.p.d.c.r.

Proposition 19 (Limite et inverse).


Dans tous les cas ci-dessous, la suite (un ) ne s'annule pas à partir d'un certain rang.

lim un ` ∈ R∗ 0+ 0− +∞ −∞
lim u1n 1
` +∞ −∞ 0+ 0−

5
un 1
Un quotient s'écrit un · . En combinant les propositions 18 et 19, on obtient
vn vn

Proposition 20 (Limite et quotient).


On suppose si besoin que (vn ) ne s'annule pas à partir d'un certain rang.

lim un ` ` ` ` 0 +∞ +∞ ±∞
lim vn `0 ∗
∈ R ±∞ 0+ 0− 0 ` > 0 ou 0+ ` < 0 ou 0− ±∞
lim uvnn `
`0 0 +∞ −∞ F.I. +∞ −∞ F.I.

2 Théorèmes d'existence d'une limite.

2.1 Encadrement et convergence.


Théorème 21 (d'encadrement, ou des gendarmes).
Soient trois suites réelles (gn ), (un ), (dn ) telles que ∀n ∈ N gn ≤ un ≤ dn .
Si de surcroît, (gn ) et (dn ) convergent vers la même limite ` ∈ R, alors
(un ) est convergente et lim un = `.

Exemple 22.

Montrer que la suite de terme général b n+1c

n
converge et préciser sa limite.

Exemple 23 (Encadrer des sommes).


Convergence et limite des suites u et v de terme général
2n n
X 1 1 X
un = n 2
et vn = 2 bkπc.
n +k n
k=n+1 k=1

Méthode (Majorer la distance par une suite qui tend vers 0).
Pour montrer qu'une suite (un ) tend vers un réel `, il sut d'obtenir une majoration du type

|un − `| ≤ vn

où (vn ) est une suite qui tend vers 0.


En particulier, pour montrer qu'une suite tend vers 0, il sut de majorer sa valeur absolue par
une suite qui tend vers 0.

6
Exemple 24.
Démontrer que les suites de terme général ci-dessous tendent vers 0 :
1
xn sin(nx)
Z
n sin(n)
un = et vn = dx
1 + n2 0 1 + x2

Proposition 25 (de minoration, de majoration).


Soient (un ) et (vn ) deux suites réelles.
• Si ∀n ∈ N un ≤ vn et un → +∞, alors vn → +∞.
• Si ∀n ∈ N un ≤ vn et vn → −∞, alors un → −∞.

Exemple 26.
2n
1
Pour n ∈ N∗ , on pose un = √ . Démontrer que un → +∞.
X

k=n+1
k

2.2 Monotonie et convergence.


Théorème 27 (de la limite monotone).
Toute suite croissante et majorée converge vers une limite nie.
Toute suite croissante et non majorée diverge vers +∞.

Corollaire 28.
Toute suite décroissante et minorée converge vers une limite nie.
En particulier, toute suite positive et minorée est convergente.
Toute suite décroissante et non minorée diverge vers −∞.

Exemple 29.
Soit (un ) la suite dénie par :

u0 ∈ R
∀n ∈ N un+1 = un − u2n .

1. Que dire de la monotonie de u ?


2. Supposons que u0 ∈ [0, 1]. Montrer que (un ) est convergente et que lim un = 0.
3. Supposons que u0 < 0. Montrer que un → −∞.
4. Que dire si u0 > 1 ?

7
Dénition 30.
On dit que deux suites (un ) et (vn ) sont adjacentes lorsque
• (un ) est croissante,
• (vn ) est décroissante,
• vn − un → 0.

Théorème 31 (Convergence des suites adjacentes).


Deux suites adjacentes convergent vers une même limite nie.

Plus précisément, si (un ) et (vn ) sont deux suites adjacentes (u croissante et v décroissante), alors
elles convergent vers une même limite nie ` ∈ R. De plus,

∀n ∈ N un ≤ ` ≤ vn .

Exemple 32.
oient les suites réelles (un )n≥1 et (vn )n≥1 dénies par
n n
1 1 1
et vn =
X X
∀n ≥ 1 un = +
k! k! nn!
k=0 k=0

1. Démontrer que (un ) et (vn ) convergent vers une même limite nie.
2. On admet que e = lim un . Démontrer que e 6∈ Q.

Proposition 33 (des segments emboîtés, hors-programme).


Soit (In )n≥1 une suite de segments de R. On note, pour tout n ∈ N In = [an , bn ]. On suppose que
ces segments sont emboités, c'est-à-dire que pour tout entier n ≥ 1, In+1 ⊂ In .
Alors il existe un réel x appartenant à tousT les In .
De plus, si la suite (bn − an ) tend vers 0, n≥1 In = {x}.

Proposition 34 (hors-programme).
R n'est pas dénombrable.

Plus précisément, R ne saurait s'écrire comme l'ensemble des termes d'une suite réelle.

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3 Compléments

3.1 Suites équivalentes.


La relation ∼ dénie ci-dessous est une relation d'équivalence, qui sera étudiée dans le cours Comparaisons
locales. On se contente ici d'un premier contact.
Dénition 35.
Soient deux suites (un ) et (vn ). On suppose que vn 6= 0 à.p.d.c.r.
u
On dit que (un ) est équivalente à (vn ) si n → 1. On note alors
vn
un ∼ vn .

On peut dire aussi que vn est un équivalent de un .

Proposition 36.
Soient deux suites (un ) et (vn ). On suppose que vn 6= 0 à.p.d.c.r.

un ∼ vn ⇐⇒ ∃(αn ) ∈ RN un = vn αn et αn → 1.

un
Situation courante : si → λ 6= 0, alors un ∼ λvn .
vn

Exemple 37.
• Soit α un réel. Montrer que (n + 1)α ∼ nα .
• Montrer que ln(n + 1) ∼ ln(n).
• L'équivalence un+1 ∼ un n'est pas vraie en général : montrer que par exemple en+1 6∼ en .

Exemple 38.
Donner un équivalent des suites de terme général
n n
X X n2 + 3en + 1
3n2 − 2n + 1, k, k2 , √ .
n + ln(n) + 2
k=1 k=1

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3.2 Suites extraites.
Dénition 39.
Soit (un ) une suite. Une suite extraite de (un ) est une suite (vn ) dont le terme général est de la
forme
vn = uϕ(n) ,
où ϕ : N → N une application strictement croissante.

Exemple. Soit (un ) une suite réelle. Les suites (u2n ) et (u2n+1 ) sont des suites extraites de (un ).
Lemme 40.
Soit ϕ : N → N une application strictement croissante. Alors, ∀n ∈ N ϕ(n) ≥ n.

Proposition 41.
Soit (un ) une suite convergente.
Toute suite extraite de (un ) converge vers la limite de (un ).

Méthode (Prouver la divergence d'une suite avec deux suites extraites).


Si une suite a deux suites extraites ne convergeant pas vers la même limite, alors elle diverge.

Exemple 42.
Montrer (à nouveau) que la suite de terme général (−1)n diverge.

Proposition 43.
Soit (un )n≥0 une suite réelle et ` ∈ C
Si u2n → ` et u2n+1 → `, alors un → `.

Théorème 44 (de Bolzano-Weierstrass).


Toute suite bornée possède une suite extraite convergente.

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3.3 Suites dénies par une relation un+1 = f (un ).
Soit f une fonction dénie sur un intervalle I . On rappelle que si I est stable par f , alors la donnée de

u0 ∈ I
∀n ∈ N un+1 = f (un ).

dénit une unique suite (un ) d'éléments de I . C'est de cette suite que l'on parle dans les encadrés méthodes
ci-dessous.

Méthode (Monotonie des suites dénies à partir de un+1 = f (un ) : utilisation de x 7→ f (x) − x).
Pour tout n ∈ N, un+1 − un = f (un ) − un . L'étude du signe de x 7→ f (x) − x permet de déterminer
la monotonie de f .
1. Si x 7→ f (x) − x est positive sur un intervalle J ⊂ I et que u0 ∈ J , alors (un ) est croissante.
2. Si x 7→ f (x)−x est négative sur un intervalle J ⊂ I et que u0 ∈ J , alors (un ) est décroissante.

Méthode (Monotonie des suites dénies à partir de un+1 = f (un ) : cas où f est croissante).
Si f est croissante, sur I , alors (un ) est monotone. Plus précisément, il est clair que les propriétés
 un ≤ un+1 , ainsi que  un ≥ un+1  sont héréditaires. Ainsi,
· Si u0 ≤ u1 , on peut montrer par récurrence que (un ) est croissante.
· Si u0 ≥ u1 , on peut montrer par récurrence que (un ) est décroissante.

Méthode (Oscillations dans le cas où f est décroissante).


Si f est décroissante sur I alors les suites extraites (u2n ) et (u2n+1 ) sont monotones, de monotonie
contraire. En eet,

∀n ∈ N u2n+2 = f ◦ f (u2n ) et u2n+3 = f ◦ f (u2n+1 ),

où f ◦f est une fonction croissante. Par décroissance de f , si u0 ≤ u1 , alors u1 ≥ u2 et inversement.

Proposition 45.
Soit f une fonction dénie sur un intervalle I , stable par cette fonction f et u une suite satisfaisant
∀n ∈ N un+1 = f (un ).

Si (un ) converge vers une limite `, que ` ∈ I et que f est continue en `, alors ` est un point xe
de f , c'est à dire que
f (`) = `

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Exemple 46.

u0 ∈ [−1, +∞[ √
Soit (un ) la suite dénie par
∀n ∈ N un+1 = 1 + un .
Démontrer que (un ) converge et trouver sa limite.

Exemple 47.

u0 ≤ 2
Soit (un ) la suite dénie par √
∀n ∈ N un+1 = 2 − un .
En vous intéressant aux suites extraites (u2n ) et (u2n+1 ), démontrer que (un ) converge et trouver
sa limite.

3.4 Traduction séquentielle de certaines propriétés.


Dénition 48.
Soit X une partie de R. On dit que X est dense dans R s'il rencontre tout intervalle ouvert de
R. Plus précisément, si
∀a < b ∈ R X∩]a, b[6= ∅.

Exemple. Dans le cours Parties de R, on a démontré que Q, l'ensemble des rationnels, est dense dans R.
C'est aussi le cas de l'ensemble des irrationnels.
Exemple 49.
Sur le segment [0, 1], essayer de mettre une goutte d'encre verte sur les rationnels et une goutte
d'encre rouge sur les irrationnels. Que se passe-t-il ?

Proposition 50 (Caractérisation séquentielle de la densité).


Soit X une partie de R. Il y a équivalence entre les assertions
1. X est dense dans R.
2. Pour tout réel α, il existe une suite d'éléments de X qui tend vers α.

Retour sur la notion de borne supérieure.


Proposition 51.
Si X est une partie de R non vide et majorée (resp. non majorée), alors il existe une suite
d'éléments de X de limite sup X (resp. +∞).

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3.5 Suites complexes.
Dans ce cours, on a considéré des suites réelles. On a déni la convergence d'une telle suite vers un réel `
en considérant la distance |un − `|, où |·| est la valeur absolue. Pour dénir une notion de convergence sur
C, il sut de remplacer la valeur absolue par le module.

Dénition 52.
Soit (un )n≥0 ∈ CN et ` ∈ C. On dit que (un ) converge vers ` et on note un → ` si

∀ε > 0 ∃n0 ∈ N ∀n ∈ N n ≥ n0 =⇒ |un − `| ≤ ε.

Proposition 53.
Soit (un )n≥0 ∈ CN et ` ∈ C. On a

Re(un ) → Re(`)
un → ` ⇐⇒
Im(un ) → Im(`)

Au programme : une extension du théorème de Bolzano-Weierstrass. Si (un ) est une suite de nombres
complexes bornée (c'est-à-dire telle que la suite des modules (|un |)) est majorée), alors il existe une suite
extraite de (un ) qui est convergente.

Preuves

Preuve de la proposition 11. Soit α un réel.


• Supposons α > 0 et montrons nα → +∞.
Soit un réel M > 0. Pour n ∈ N∗ ,
nα ≥ M ⇐⇒ n ≥ M 1/α
(on prouve les implications ci-dessus en appliquant les fonctions x 7→ xα et x 7→ x1/α , réciproques l'une de l'autre et
croissantes). Posons n0 = bM 1/α c + 1. On est alors sûr que
∀n ≥ n0 nα ≥ M.

Tous les termes de la suite sont supérieurs à M à partir d'un certain rang, CQFD.
• Supposons α = 0. Ici (n0 ) est la suite constante égale à 1, et elle tend bien vers 1.
• Supposons α < 0. Alors, pour n ≥ 1,
1
nα = n−|α| = .
n|α|
Ayant |α| > 0, on peut appliquer le premier point et obtenir n|α| → +∞. Par passage à l'inverse, on obtient bien
nα → 0.

Preuve de la proposition 12. Soit q un réel.


• Supposons q > 1 et montrons q n → +∞. Soit un réel M > 0. On a

q n ≥ M =⇒ n ln(q) ≥ ln(M ) ⇐⇒ n ≥ logq (M ).


Posons n0 = blogq (M )c + 1. On est alors sûr que
∀n ≥ n0 qn ≥ M CQFD.

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• Supposons q = 1. Ici (1n ) est la suite constante égale à 1, et elle tend bien vers 1.

• Supposons q ∈] −1, 1[. On veut utiliser l'inverse de q . Écartons le cas où q = 0 : la suite (0n ) est alors la suite nulle
et tend bien vers 0. Supposons désormais que q est non nul. Alors,
1
∀n ∈ N |q n | = |q|n = .
(|q|−1 )n

Or, puisqu'on a supposé |q| < 1, on a |q|−1 > 1 donc d'après le premier point, (|q|−1 )n → +∞. Par passage à l'inverse,
on obtient que |q|n → 0.
• Supposons q ≤ −1. On a alors
n
∀n ∈ N q n = (−|q|) = (−1)n |q|n .
On peut démontrer par l'absurde que dans ce cas-là, il n'y a pas de limite. Puisqu'on a détaillé la preuve plus haut
pour ((−1)n ), on donne seulement l'idée. Deux termes consécutifs de cette suite sont séparés d'une distance supérieure
à 2. Cette suite ne saurait donc être connée dans un segment de longueur inférieure strictement à 2, ce qui interdit
la convergence.

Preuve de la proposition 13 Soit a ∈ R∗+ • Soit p > 1. On a, pour n ∈ N,


na na −a (n ln(p))
a
= = (ln(p)) · .
pn en ln(p) en ln(p)

Puisque p > 1, on a ln(p) > 0 et n ln(p) −→ +∞. De plus, on avait démontré que Xa
−→
eX X→+∞
0. Par composition
n→+∞
(théorème démontré dans le cours sur les limites de fonctions) on a
na
−→ 0.
pn n→+∞

• Soit maintenant q ∈] −1, 1[. Dans le cas particulier où q = 0, la suite de terme général na q n est la suite nulle : elle
tend vers 0. Supposons désormais que q 6= 0. Alors, pour n ∈ N,
na na
|na q n | = −n
= .
|q | (|q|−1 )n

Or, ici, |q| < 1 donc |q|−1 > 1. D'après le premier point de la preuve, on a
na
|na q n | = −→ 0.
(|q|−1 )n

Moralité : quand une forme indéterminée fait s'aronter une puissance de n et une suite géométrique, c'est toujours
la suite géométrique qui gagne.

Preuve de la proposition 14. Soit (un ) une suite réelle convergeant vers une limite ` ∈ R.
• Supposons (un ) majorée par un réel M . Montrons que ` ≤ M et pour cela, supposons que ` > M . Posons ε = `−M 2 .
On sait qu'il existe un rang n0 tel que |un0 − `| ≤ ε. Notamment, un0 ≥ ` − ε = ` − 2 = 2 . Or, puisque ` > M ,
`−M `+M

on a `+M2 > 2M2 = M . Ainsi, un0 > M , ce qui contredit l'hypothèse de départ. On a bien ` ≤ M .
• Supposons que (un ) est minorée par un réel m. Alors, (−un ) est majorée par −m. De plus −un → −` donc d'après
le point précédent, −` ≤ −m, ce qui prouve bien que ` ≥ m.
• Soit une suite (vn ) convergeant vers une limite `0 ∈ R et telle que ∀n ∈ N un ≤ vn . On a donc ∀n ∈ N vn − un ≥ 0.
Ainsi, 0 minore la suite (vn − un ) qui converge vers `0 − ` (somme de suites convergentes). D'après le point précédent,
`0 − ` ≥ 0, ce qui prouve bien que ` ≤ `0 .

14
Preuve de la proposition 33. • Soit (In ) une suite de segments emboîtés, et les suites (an ) et (bn ) telles que
∀n ∈ N In = [an , bn ]. Pour n ∈ N, l'inclusion In+1 ⊂ In amène an ≤ an+1 ≤ bn+1 ≤ bn . La suite (an ) est croissante,
majorée par b0 donc converge vers un réel α. La suite (bn ) est décroissante, minorée par a0 donc converge vers un
réel β . [On retrouve les arguments utilisés dans la preuve du théorème de convergence des suites adjacentes. C'est
encore plus facile ici puisque le fait que (an ) reste inférieure à (bn ) nous est donné par l'énoncé.] Par stabilité des
inégalités larges, α ≤ β et même, ∀n ∈ N an ≤ α ≤ β ≤ bn d'où [α, β] ⊂ In . Puisque [α, β] est inclus dans tous les In ,
il est inclus dans leur intersection (la convexité est une propriété stable par intersection)
+∞
\
[α, β] ⊂ In .
n=0

Ainsi, l'intersection est bien non vide.


• Supposons maintenant que (bn −an ) tend vers 0. Par unicité de la limite, β −α = 0. Notons x la valeur commune
+∞ +∞
de α et β . On sait déjà que x ∈ In . Soit réciproquement un élément y dans In . Pour tout n ∈ N, y ∈ In donc
T T
n=1 n=1
an ≤ y ≤ bn . En passant à la limite, x ≤ y ≤ x d'où y = x. On vient bien de montrer que l'intersection des segments
In était réduite à {x}.

Preuve de la proposition 34. La preuve classique par procédé diagonal de Cantor repose sur l'existence d'un
développement décimal pour tout réel (n d'année : cours sur les séries). La preuve suivante s'appuie sur le théorème
des segments emboîtés.
Raisonnons par l'absurde et supposons que R peut s'écrire comme l'ensemble des termes d'une suite (xn ) :
R = {x0 , x1 , x2 . . .} .

Considérons le segment [0, 1] que l'on découpe en trois sous-segments [0, 31 ], [ 13 , 32 ] et [ 23 , 1]. Prenons x0 : il ne peut pas
se trouver dans les trois segments à la fois [Si on avait coupé en deux seulement, il pouvait encore se trouver dans les
deux à la fois... au milieu !] L'un des trois segments (au moins) ne contient x0 ; notons I0 un tel segment. Coupons-le

en trois : l'une des trois parties ne contient pas x1 : notons I1 une telle partie. On a donc I1 ⊂ I0 et I1 ne contient ni
x0 , ni x1 . En itérant le procédé, on construit une suite de segments emboîtés (In ) tels que pour n xé, In ne contient
aucun des nombres. x0 , x1 , . . . , xn . Pour n donné, xn 6∈ In donc xn 6∈ n≥1 In . Ainsi, n≥1 In ne contient aucun des
T T

xn donc par hypothèse ne contient aucun nombre réel : l'intersection de nos segments emboîtés est vide ! Ceci est en
contradiction avec le théorème des segments emboîtés : on tient notre absurdité.

Exercices

Encadrement.
16.1 Soit a > 1. Pour n ≥ 1, on dénit un = (ban c)1/n .
Montrer que (un ) est convergente et donner sa limite.
1! + 2! + . . . + n!
16.2 Étudier la convergence de la suite de terme général .
n!

Monotonie.
Z e
16.3 Pour n ∈ N, on pose In = (ln(x))n dx. Justier que (In ) est une suite convergente.
1
n
16.4 Soit α un réel de ]0, 1[. Pour tout n ∈ N∗ , on pose un = (1 + αk ).
Y

k=1
1. Montrer que ∀x ∈ R 1 + x ≤ ex .
2. Démontrer que (un ) est une suite convergente, et que lim un ≤ exp( 1−α
α
).

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16.5 Soient (un ) et (vn ) deux suites dénies par
2n
X 1 1
∀n ∈ N∗ un = et vn = un + .
k n
k=n+1

Démontrer que (un ) et (vn ) convergent vers une même limite.


16.6 On dénit la suite (Sn )n≥0 , en donnant pour n ∈ N son terme général :
n
X (−1)k
Sn = .
k+1
k=0

Notons un = S2n et vn = S2n+1 .


1. Démontrer que (un ) et (vn ) sont adjacentes.
2. En déduire que (Sn ) converge.
16.7 Soient (un ) et (vn ) deux suites dénies par u0 > v0 > 0 et
un + vn 2un vn
un+1 = ; vn+1 = .
2 un + vn
Montrer que ces deux suites convergent vers une limite commune. En examinant la suite (un vn ), exprimer
cette limite en fonction de u0 et v0 .

un+1 = f (un )

u0 ∈ R
16.8 Étudier la suite u dénie par ∀n ∈ N un+1 = 13 (4 − u2n ).

À vous de choisir.
un+1
16.9 Soit (un ) une suite de réels non nuls telle que → 0.
un
Montrer que (un ) converge et préciser sa limite.
16.10 Pour n ∈ N∗
n n
X 1 1 1 1 X 1 1 1 1 1
un = = 1 + + + ··· + et vn = 2
= 2 + 2 + 2 + ··· + 2.
k 2 3 n k 1 2 3 n
k=1 k=1

1. Pour chacune des deux suites u et v , faire un pronostic : convergente ou divergente ?


2. Justier que pour tout entier k supérieur à 2, on a k12 ≤ k(k−1)
1 1
= k−1 − k1 . En déduire que la suite (vn )
est majorée par 2 puis qu'elle converge vers une limite nie.
3. (a) Montrer que pour tout n ∈ N∗ , u2n − un ≥ 1/2.
(b) Démontrer par l'absurde que (un ) tend vers +∞.
16.11 (*) Soit la suite (un ) dénie par
r

q
∀n ∈ N un = a1 + a2 + · · · + an .

où an est la nème décimale de π . Étudier la convergence de (un ).


16.12 (*)
Prouver que pour tout n ∈ N∗ , il existe un unique xn > 0 tel que xnn + xn = 3. Prouver que (xn ) converge et
déterminer sa limite.

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Exercices avec epsilon.
16.13 Montrer qu'une suite d'entiers qui converge est stationnaire.
16.14 Cesàro. Soit (an )n≥1 une suite de nombres complexes. On dénit (cn ) la suite des moyennes de
Cesàro, de terme général
n
1X
cn = ak
n
k=1

Démontrer que si (an ) converge vers un réel `, alors (cn ) converge aussi, vers `.
16.15 Soit (un ) une suite réelle. Prouver l'équivalence
un
un → 0 ⇐⇒ → 0.
1 + |un |

Suites extraites.
16.16 Soit (un ) une suite telle que (u2n ), (u2n+1 ) et (u3n ) sont convergentes.
Montrer que (un ) est convergente.
16.17 (*) Soient (an )n∈N et (bn )n∈N deux suites d'entiers telles que
∀n ∈ N : bn > 0
an
→ ` et ` ∈
/ Q.
bn
Montrer que bn → +∞.
16.18 (*) On veut montrer que la suite de terme général sin(n) diverge.
On note un = sin(n). On raisonne par l'absurde en supposant que (un ) est convergente, de limite `.
1. En considérant sin(n + 1) − sin(n − 1), montrer que (cos n)n∈N tend vers 0.
2. En déduire une contradiction.
16.19 (**) Démontrer la divergence de la suite de terme général sin(ln(n)).

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